Chapitre 97 : Un manque qui ne pourrait être comblé

ShiroiRyu
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Chapitre 97 : Un manque qui ne pourrait être comblé

« Farankard, merci encore pour votre aide. »

« C’est bon, c’est bon, Gigana. Bon… Il faut recommencer à se concentrer, c’est ça ? »

« C’est exact… La formation d’une île volante requiert beaucoup de mental et avec vous, ça sera bien plus simple et rapide. Il faut que l’on fasse s’adapter les différentes îles suivant les différentes régions où elles se trouvent. »

« Je m’en rappelle à peu près. Ce n’est pas trop difficile. »

« Ce n’est pas difficile… mais fatiguant. Rocagiri, Iglaré, Sterivia ? Mettons nous en position si vous le voulez bien. Nous devons nous préparer. »

« Ouiiiii ! J’arrive grande sœur ! C’est bon ! »

Rocagiri en tête, les trois petites filles se dirigèrent vers l’adolescente aux cheveux blancs. Farankard, de son côté, s’était mise à fermer ses yeux rubis, passant une main dessus pour être sure de ne pas rêver. Oui… Elle avait bien ses deux yeux. Elle n’était plus…laide.

« Comme d’habitude… La création d’une île requiert à nous toutes une coordination exemplaire. Nous allons faire renaître une des îles d’Iglaré aujourd’hui. »

« La ville capitale de ma région ? Ca va demander du temps ! »

« Nous devons le faire… pour le Dieu Originel. »

Le Dieu Originel… Rien qu’à ce nom, les quatre filles étaient déjà en osmose entre elles. Farankard les observa, ayant un fin sourire en se disant qu’elles devaient vraiment aimer leur Père. Elles en avaient de la chance… Mais elle… Elle avait aussi quelqu’un à aimer. Les cinq personnes se coordonnèrent ensemble, une lumière émanant de chacune d’entre elles. Les trois jeunes filles parlèrent à la suite, accompagnées par Gigana :

« Pour qu’un jour, notre Père puisse revenir. »

« Pour qu’un jour, notre Père puisse se reposer. »

« Pour qu’un jour, notre Père puisse nous revoir. »

« Nous créerons et gérerons ce monde en son absence ! Que Père puisse être fier de nous ! »

Qu’elles étaient motivées… C’était plaisant à voir. Ca lui réchauffait un peu le cœur. Des jeunes filles aussi motivées… ne pouvaient qu’être heureuses en fin de compte. Elle devait faire de même ! Elle s’écria :

« Car un jour, Charkrowos et Xano reviendront ! Nous les accueillerons ! »

Les cinq personnes s’illuminèrent complètement, la pièce baignant dans un flot de lumière alors que rien, ni personne ne pouvait venir les déranger. Une nouvelle île allait être crée… Encore une nouvelle île. Mais c’était ça, son lot quotidien à elle ! Elle ne rechignait pas à sa tâche… Charkrowos lui avait permis d’avoir sa propre existence, elle ne pouvait pas refuser une telle chose même si… Xano n’était plus là, elle l’attendrait !

« Encore une nouvelle journée qui se termine. Je vais vous quitter. »

« D’accord, Farankard ! Tu reviendras demain ? »

Elle fit un petit sourire en se tournant vers Rocagiri. Cela faisait déjà trois semaines voir un mois qu’elle était revenue. Elle lui posait à chaque fois la même question depuis environ une semaine. Au départ, la relation avait été assez froide mais maintenant, cela avait bien changé. Elle répondit d’une voix douce :

« Pourquoi je ne viendrais pas ? On a encore besoin de moi. »

« Alors tu seras encore là demain, c’est super ! »

« Bon… Maintenant, il va falloir que vous alliez vous reposer. »

« Alors bonne nuit, Farankard ! »

Rocagiri s’éloigna en rigolant alors qu’Iglaré et Sterivia s’inclinaient plus respectueusement pour la remercier d’être présente le lendemain. Elle fit la même chose, se retournant pour recommencer à marcher et à s’éloigner de cet endroit. Elle vivait maintenant dans une petite maisonnette éloignée de tout et surtout, près d’une plage.

« Farankard… C’est difficile non ? »

« Gigana ? Tu ne devais pas surveiller tes sœurs ? »

« Elles dormiront tranquillement sans mon aide. Est-ce que tu veux parler ? »

Lui parler ? Ce n’était qu’une adolescente aux cheveux blancs mais bon… C’était Gigana et elle lui avait montré à plusieurs reprises qu’elle était loin d’être une adolescente ordinaire. Elle continua de marcher, ralentissant ses pas pour que Gigana la suive.

« De quoi tu veux parler ? Nous n’avons pas grand-chose à nous dire. »

« Mes sœurs ne le montrent pas mais elles sont tristes. Elles attendent encore le retour de Charkrowos. En fait… Nous avons été réunis lorsqu’il est revenu et même si ce n’était pas physiquement… Nous savions que nous étions tous ensembles. »

« Je m’excuse Gigana mais je ne suis pas douée pour être psychologue. »

« Je ne veux pas parler de ça… mais de toi. »

« De moi ? Il y a un souci ? Je ne suis pas apte à faire ce que tu veux ? »

« Non… Je veux dire… Ton comportement a changé. Tu étais bien plus… vivante auparavant. Tu étais aussi bien moins… amicale dira t-on. Ne le prend pas mal mais ce n’est pas toi. »

Ce n’est pas elle ? Pfff… Cette adolescente était très douée en ce qui concernait de lire son cœur mais ce n’était pas pour ça qu’elle allait l’apprécier plus pour autant. Elle s’arrêta de marcher, se positionnant devant elle avant de reprendre :

« Que veux-tu que je te dise ? Que sans Xano, je n’ai plus de raison de m’énerver ? Qu’il était le catalyseur de toute ma gentillesse ? Que sans lui, je n’ai plus besoin d’être méchante, égoïste et de ne penser qu’à moi-même ? »

« Papa me manque… vraiment… mais je le cache. »

« Pfff… Je n’ai plus de famille, c’est même à se demander si finalement, j’en ai réellement eu. Maintenant que je sais qui je suis, je ne considère plus vraiment ceux qui étaient avec moi comme ma famille. De toute façon… »

« Je pensais que je pourrais le revoir, en chair et en os. »

« Et tu crois que moi, je penses quoi ? Moi aussi, j’aimerais revoir Xano. »

Voilà, elle était contente ?! Elle avait annoncé à Gigana qu’elle aussi aurait aimé voir le jeune homme aux cheveux blancs. Ce n’était pas si difficile que ça à savoir pourtant ! Comme si elle pouvait penser à autre chose que lui !

« Tu dévoiles vraiment avec difficulté tes sentiments. »

« Qu’est-ce que tu je te dise d’autre ? Je ne suis pas comme ça, c’est bon. »

« Moi aussi… Je ne suis pas très expressive. Je me dis à chaque fois que je pense à Papa que si j’avais été plus expressive ce jour là, j’aurais pu éviter un drame. »

« Ce n’est pas de ta faute. On est juste deux imbéciles. »

« Mais maintenant… Si Papa revient un jour, je l’empêcherais de partir, quitte à utiliser la force même si je déteste ça. »

« Utiliser la force ? Tu as vu où tout cela à mener en utilisant la force ? »

« Ce n’était qu’une expression. »

Elle ne comptait pas réellement blesser son père. Surtout pas. Elle ne le toucherait jamais pour le blesser. Surtout pas ! C’était une chose qu’elle s’interdisait. Elle n’arrivait même pas à se mettre en colère contre lui. C’était impossible.

« Bon, il se fait tard. Bonne nuit, Gigana. »

L’adolescente aux cheveux blancs lui souhaita de même alors qu’elle se dirigeait vers sa maisonnette. Quand elle pénétra à l’intérieur, elle observa les murs de bois, passant une main dessus avant de se diriger vers sa chambre. Elle se coucha sur le lit à deux places, sa tête plongée dans l’oreiller. Encore une nouvelle journée où elle avait accompli encore des prouesses mais ce n’était pas ça qui allait le faire revenir.

« Rocagiri, nous avons de la visite. Iglaré et Sterivia… Regardez qui est présent. »

Les yeux des trois jeunes filles pétillèrent de bonheur en apercevant les six personnes qui s’avançaient vers elles. Elles… Elles ne rêvaient pas ! C’était bien…

« Granor ! Gaiarma ! Vous êtes à nouveau vivants ?! »

La plus jeune des sœurs s’était mise à courir vers les six personnes, sautant dans les bras de l’homme à l’armure verte de roche qui la souleva en souriant. Elle alla l’embrasser plusieurs fois sur les joues avant de faire de même avec Gaiarma. Elle s’était rapidement mise à sangloter en leur disant qu’ils lui avaient tant manquée. Iglaré s’était approchée de la jeune femme à lunettes et aux cheveux blonds ainsi que du jeune homme aux cheveux blancs et aux yeux violets. Avec un petit trémolo dans la voix, elle leur dit :

« Professeur… Orvonix… Vous voilà donc enfin revenus parmi nous. »

« Nous n’étions jamais réellement disparus. »

Du côté de Sterivia, elle s’était positionnée devant la jeune femme en armure grise et devant le robot. A la place de ses longs droits griffus, il avait deux mains normales bien que faites de métal. Il n’avait pas réellement changé mais elle le regarda en murmurant :

« Je veux un bilan de tout ce qui se situe dans ton corps… Birébot. »

« Circuits opérationnels, fonctions vitales stables, énergie à son maximum, je suis en parfait état de fonctionnement, maî… mademoiselle Sterivia. »

« Je suis heureuse… de savoir que tu vas bien. Et pour vous aussi, Ekriné. »

La femme hocha la tête pour dire qu’elle pensait de même à son égard. Birébot posa sa main droite sur l’épaule de Sterivia, lui signalant avec un peu de difficultés qu’il était content de savoir qu’elle allait bien elle aussi. Tout le monde était réuni… Il manquait seulement deux personnes, deux personnes qui se positionnèrent derrière Gigana. Une bulle de chewing-gum éclata à côté de son oreille, l’adolescente aux cheveux blancs ne détournant pas son regard de ses trois sœurs et des six Atouts.

« On ne réagit même plus ? On n’est pas heureuse de me retrouver ? »

« Bien sûr que si, Heyrisi. Ta sœur t’attend dans l’une des pièces de notre demeure. A toi de la trouver si tu en as le courage. »

Sa sœur ? Elle arrêta de mâchonner son chewing-gum ainsi que de sourire. Si sa sœur était là, ça changeait tout dans l’histoire ! Elle signala à Gigana qu’elle avait une course à faire alors que des ailes blanches entouraient l’adolescente.

« Comment allez vous, Gigana ? Est-ce… »

« Miviari, Papa… fait de l’excellent travail. Mais il s’épuise et je suis… inquiète. Je ne sais pas quoi penser. Il en fait vraiment trop. »

« C’est ainsi… que ça doit se passer. Il en a bientôt terminé avec les âmes normales, c’est pour ça qu’il nous a ramenés. Nous allons vous aider le plus tôt possible mais… Vous étiez toutes seules ? Vous n’aviez pas d’aide ? »

« Si. Bien sûr. Farankard était avec nous. Elle doit être… »

Les ailes blanches arrêtèrent d’entourer Gigana, l’adolescente tournant sur elle-même pour rechercher la jeune femme aux cheveux dorés. Où était-elle ? Elle avait complètement disparue de la circulation ? Miviari lui signala que ce n’était pas grave et qu’il valait mieux la laisser seule puisque c’était ce qu’elle désirait.

Elle se retrouvait assise là, sur la plage, observant l’eau qui s’écoulait devant elle. C’était l’île principale… L’île capitale… C’était là que se trouvaient la ville où était localisées Gigana et ses trois sœurs donc il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’une plage se trouve là. C’était un endroit plutôt tranquille et elle se coucha sur le sable.

« Ils viennent les uns après les autres. Xano n’est qu’un humain… »

Il n’était qu’un humain… puisque DornRek était réellement Charkrowos. C’était si compliqué qu’elle ne savait pas si ce qu’elle disait était vrai ou non. Si c’était aussi facile que ça, Xano serait de retour depuis longtemps et il serait avec elle, hein ? Il n’aurait jamais été avec quelqu’un d’autre même si… Elle s’était battue jusqu’à la mort avec lui.

« Qui aime bien châtie bien… J’espère que tu comprends ça… Xano… »

Elle se parlait toute seule, étendant ses bras en regardant le ciel. D’une main, elle prit ses cheveux dorés, remarquant qu’ils avaient grandement poussés pendant son séjour dans le corps de Charkrowos. Est-ce que… Xano préférait les cheveux longs ? Elle ne lui avait jamais posé la question. Elle ne savait même pas ce qu’il aimait.

« Je suis stupide… Complètement stupide… J’aime un homme dont je ne connais rien. »

Et c’était de sa faute. A force de lui crier dessus, elle avait complètement oublié les choses réellement importantes à son sujet. Ah… Si il pouvait seulement apparaître devant ses yeux, elle se promettait de venir le serrer dans ses bras pendant une heure sans discontinuité.

« Ca ne te fera pas revenir… Comme si ça pouvait le faire revenir de toute façon. »

« Tu dialogues avec le vent maintenant ? »

Elle se redressa subitement dans le sable, tournant son visage pour apercevoir trois personnes. Elles aussi… C’était vrai… C’était plus que normal qu’elles soient là. Charkrowos faisait de l’excellent boulot. Tout le monde revenait peu à peu. Elle ne répondit pas à la femme aux cheveux violets alors que celle aux cheveux blonds ne disait rien, l’adolescente aux cheveux bruns dorés restant immobile en lui souriant.

« Ca te va pas si mal que ça les cheveux longs. »

« Dommage que tu sois pas restée plus longtemps là-bas. Ca me faisait des vacances. Je dois t’appeler comment maintenant ? Shala ou Oriane ? »

« Et toi ? Tyrania ou Farankard ? Je pense que tu connais déjà Aliréna et Pandora. »

Bien sûr qu’elles les connaissaient, c’était évident quoi. Elle salua brièvement du regard les deux autres personnes alors que Shala venait s’asseoir à côté d’elle bien qu’elle n’était pas invitée. Quel toupet quand même !

« Je peux savoir ce que me vaux l’honneur de ta visite ? »

« J’avais simplement envie de voir comment la sac à puces se débrouillait seule sans son maître. Ca doit te faire bizarre, n’est-ce pas ? »

« Ce n’est pas drôle. C’est même loin de l’être. »

Elle savait pertinemment qu’elle ne se moquait pas d’elle, qu’elle voulait détendre l’atmosphère mais ce n’est pas ça qui allait lui permettre de revoir Xano. Aliréna alla s’asseoir de l’autre côté de Farankard tandis que Pandora s’asseyait près de Shala.

« Qui a dit que c’était sensé être drôle ? Enfin bon… Les trois mondes recommencent à vivre et cette fois-ci, il n’y aura plus de perturbations majeures. »

« Tant mieux pour eux… Si les quatre enfants n’ont plus besoin de moi, c’est bien mieux. »

« Ils ont retrouvé tout le monde et à part quelques vagues criminelles, on n’a plus à s’inquiéter d’une quelconque catastrophe. »

« C’est bien… C’est très bien même mais ne me raconte pas ta vie. »

« Que tu es grincheuse, c’est bon quoi. J’essaye de t’aider ! »

De l’aider ? Ah ! Elle n’avait pas besoin d’aide ! Ce n’était pas de l’aide dont elle avait besoin, c’était d’autre chose. Elle s’était mise à trembler, ne regardant que sa robe rouge et bleue sans rien dire. Qu’elles partent, c’est tout ce qu’elle voulait !

« Dis Tyrania… Si je peux t’appeler comme ça… »

« Qu’est… Qu’est-ce que tu veux encore ? »

« Un être vous manque et tout est dépeuplé. Je sais que c’est dur mais bon… Xano… »

« Qu… Quoi ? Qu’est-ce cela a à voir avec… »

Elle ne termina pas sa phrase, s’arrêtant de parler avant d’exploser en larmes, sa tête enfouie dans ses genoux. C’était évident qu’il lui manquait ! Qui serait assez stupide pour ne pas remarquer que Xano était tout pour elle, qu’elle n’arrivait pas à vivre sans lui, hein ? Une main se posa sur son épaule puis une autre alors qu’elle retirait sa tête pour venir pleurer dans les bras de Shala. La jeune femme aux cheveux violets lui caressait le dos, lui signalant qu’elle devait pleurer, pleurer tout ce qu’elle pouvait. Aliréna avait baissé les yeux tandis que Pandora jouait du doigt dans le sable. Plus le temps passait, plus elle souffrait.

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