Archives par mot-clé : Chevalier Servant

Chapitre 3 : Bien jeune pour cela

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 3 : Bien jeune pour cela

« Qu’est-ce que les Rapions et les Drascores ont pensé en nous envoyant ce Rapion ? »

« Il est si jeune ! Il est sûrement à peine sorti des jupes de sa mère ! »

Ne pas bouger. Rester immobile. Le Rapion garde la tête basse, un genou au sol alors qu’il est dans la salle du trône. La reine Seiry et le roi Tanator sont tous les deux déjà présents ainsi que plusieurs généraux et nobles. Les paroles fusent dans tous les sens.

« Allons allons ! S’il vous plaît ! Un peu de calme ! Qui sommes-nous pour juger les Rapions et les Drascores ? S’ils nous envoient ce jeune enfant, c’est qu’ils ont une raison, n’est-ce pas ? Quel est ton nom, jeune Rapion ? »

« Olistar, madame la reine Seiry. »

Il n’avait toujours pas relevé le visage. Ce n’était pas à lui de le faire. Il devait attendre que la reine Seiry lui ordonne de se relever et il le ferait. Cela ne tarda pas puisqu’il entendait maintenant la reine Seiry qui s’avançait doucement en disant :

« Quel âge as-tu, Olistar ? Un Rapion aussi jeune mais pourtant courageux au point de partir de son village natal est surprenant. »

« Cinq ans, bientôt six, madame la reine Seiry. »

« Six ans déjà ? Et si tu décidais de marcher à mes côtés ? J’ai tellement de questions à te poser. Mais d’abord, je veux que tu me montres ce visage. Pardonnes-donc aux nobles de cette cour. Nous manquons parfois d’éducation dans nos propos. »

« Ce n’est pas grave, reine Seiry. »

L’enfant releva enfin son visage, voyant celui de la reine Seiry. Malgré le fait qu’elle avait une trentaine d’années, elle était si belle et radieuse. Une véritable déesse pour les insectes. Il ne pouvait pas le renier. C’était impossible à ignorer.

« Reine Seiry … est-ce que j’ai le droit de marcher à vos côtés ? »

« Pourquoi n’en aurais-tu pas le droit si je te le proposes ? »

« Je ne sais pas, je ne connais pas les mœurs de la cour. »

« Alors, il va falloir les apprendre. Viens donc. Si je te le proposes, c’est bien parce que je suis d’accord pour que tu marches à mes côtés, n’est-ce pas ? »

« Comme vous le désirez, reine Seiry. »

Finalement, il se devait d’accepter la proposition de la reine. S’il refusait, il sentait qu’il se ferait encore plus d’ennemis que maintenant. Et ce n’était pas ce que son peuple voulait. Il se redressa, se tenant droit et fier pour que la reine Seiry n’ait pas honte de lui … ni de son peuple. Que son peuple n’ait pas honte de lui, oui.

« Alors, que sais-tu faire exactement ? »

« Je ne sais pas lire, je ne sais pas écrire. Du moins, je ne connais pas le langage du royaume des insectes donc je ne veux rien promettre, reine Seiry. »

« Hum? Etrange … » murmura la femme aux cheveux blonds, un rubis planté dans son front bien que cela ne semblait guère la faire souffrir. Elle vint s’accroupir devant Olistar, posant ses mains sur ses épaules. « Est-ce que tu peux me répéter cela ? »

Comme elle désirait. Qu’est-ce qu’il y avait de si bizarre dans son langage ? Il ne voyait pas où elle voulait en venir mais puisque c’était la reine Seiry qui lui demandait. Il se répéta avec nonchalance, n’osant pas détourner ses yeux du visage de l’Apireine.

« C’est bien ce que je pensais. Ah … Pauvre enfant. Tu parles comme si tu avais déjà tout d’un adulte. C’est vraiment malheureux. »

« Je ne suis pas malheureux, reine Seiry. Je peux vous le confirmer. »

« Ce n’est pas de cela dont je parle. Bref, continuons à marcher, j’ai temps à parler avec toi. »

« Reine Seiry, est-ce normal que vous soyez auprès de moi ? Ne faut-il pas que vous soyez auprès de votre peuple ? Je ne suis que l’ambassadeur des Rapions et des Drascores. »

« Malheureux, vraiment malheureux. » soupira la monarque en soulevant le Rapion. Celui-ci, surpris, se laissa faire avant qu’elle ne le serre contre son coeur. « Tu es de mon peuple, Olistar. Ne l’oublie jamais. Ce n’est pas parce que certains insectes ne sont pas d’accord avec ce principe que je suis ainsi. »

Chaleur. Cette chaleur … Cela faisait si longtemps qu’il ne l’avait plus ressenti. Il hoqueta d’étonnement mais resta parfaitement immobile alors qu’elle reprenait avec tendresse :

« Tu es un Rapion, tu es un insecte, tu es donc une personne issue de mon peuple, Olistar. La raison de ta présence en ce lieu est que nous allons travailler ensemble pour que tous et toutes puissent le comprendre. Est-ce que tu es là pour m’aider ? »

« Je suis là pour servir le royaume des insectes mais aussi mon peuple. »

Finalement, elle le retira de ses bras, l’enfant poussant un léger soupir avant que la reine Seiry ne pose une main sur son crâne, caressant ses cheveux violets.

« Alors, il est bon que toi et moi restions souvent ensemble. Nous avons beaucoup à faire. Il se peut que tu sois avec moi pour de nombreuses années. Est-ce que tu te sens prêt à cette tâche, Olistar ? A m’accompagner dans tous mes déplacements ? »

« Je suis là pour cela, reine Seiry. Mon devoir est de vous servir. »

« Me servir, me servir … Ah . Oui, c’est cela. Mais je vais éviter que tu deviennes comme quelques nobles de ce royaume. Continuons alors notre marche, j’ai beaucoup à savoir à ce sujet. Il faudra que tu me racontes tout par rapport à ce que tu es, d’accord ? »

Il hocha la tête positivement sans pour autant prendre la parole. Pourquoi est-ce qu’il se sentait épié ? Quelqu’un en voulait à la reine Seiry ? Subitement, il fit un pas sur le côté, tournant sur lui-même avant de se jeter en avant pour s’approcher de l’ombre.

« Que voulez-vous à la reine Seiry ? »

Le dard était déjà apparut dans son dos, au niveau des fesses, dressé et menaçant alors qu’il regardait qui avait osé tenter cela. Il haussa un sourcil en voyant un visage juvénile, d’une enfant encore moins âgée que lui.

« Ma … Maman ! Maman ! »

Qu’est-ce que … Il cligna des yeux. L’enfant aux cheveux blonds devait avoir trois ans au grand maximum. Ses cheveux blonds et sa petite marque rouge sur le front ne laissaient planer aucun doute sur ses origines. Et les sanglots accompagnant la course en direction de la reine Seiry non plus. La princesse du royaume ? Aussitôt, il s’écria :

« Pa … PARDON ! Reine Seiry ! Je ne savais pas ! »

« Allons, allons, ne t’en fait pas. Ce n’est pas grave. Terria ? Terria ? »

« Maman ! Il m’a fait peur, le vilain garçon ! Il m’a fait peur ! »

« C’est fini, ma fille. C’est fini. Olistar, je dois te remercier. » murmura la reine Seiry alors qu’il clignait des yeux. Le remercier ? Pour … Pour quelle raison ? Comment est-ce qu’elle pouvait le remercier après ce qu’il venait de faire. Est-ce qu’elle se moquait de lui ? « J’ai put voir aussitôt à quel point tu étais réactif et prêt à me sauver. »

« Je n’ai fait que ce que je pensais être bon .Rien de plus, reine Seiry. Mais mon excès de zèle m’a emmené à faire une décision irréfléchie. Je devrais être plus prudent néanmoins. »

« C’est le cas, il faut le reconnaître. Néanmoins, tu n’as pas à t’en faire. Je suis sûre que Terria est déjà prête à te pardonner, n’est-ce pas, Terria ? »

« Je … sais pas trop. C’est quoi ton nom ? » demanda la petite fille en regardant Olistar avec de grands yeux rouges, brillant comme la pierre inscrite sur le front de sa mère.

« Olistar, princesse Terria. Je suis l’ambassadeur des Rapions et des Drascores. »

Il s’inclina devant la jeune fille, comme pour expier sa faute mais aussi à cause de son rang. Elle ne comprit pas le geste avant de rigoler faiblement :

« Tu parles bizarrement, Olistar ! On dirait presque une grande personne ! »
Il ne savait pas pourquoi mais il se sentait un peu vexé par les propos de la jeune fille. Enfin bon, elle n’était qu’une enfant et … ah. Voilà le souci en fait. Elle était qu’une enfant mais lui aussi. Elle venait de le lui rappeler. Un peu confus et embêté, il se remit correctement debout pour regarder la reine. Celle-ci semblait maintenant avoir une idée en tête mais laquelle ? Il pencha la tête sur le côté, attendant qu’elle prenne la parole à son tour.

« Oh, je vois, je vois … Soit ! »

Hein ? Juste ça ? La reine allait juste parler de la sorte ? Cela rajoutait à la confusion ambiante mais bon … la jeune fille aux cheveux blonds restait dans les bras de sa mère. Elle semblait parfaitement l’adorer.

« Au moins, l’amour familial est présent. » murmura t-il à voix basse, la reine se tournant vers lui comme pour savoir de quoi il parlait.

Le sourire sur les lèvres de cette dernière resta figé pendant un long moment. L’idée qu’elle venait d’avoir lui semblait parfaite ! Néanmoins, le problème allait être de convaincre une autre personne à ce sujet. Hum …

« Je vais devoir vous laisser les enfants. Olistar ? »

« Oui, reine Seiry ? Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? »

« Est-ce que tu peux rester auprè de ma petite fille adorée pendant que je retourne à mes obligations ? Je pense que cela l’occupera et puis, ça sera ta façon de te faire pardonner. Qu’est-ce que tu en dis ? Est-ce que tu te sens capable de cette tâche ? »

« Je l’accomplirais sans faillir, reine Seiry. »

Il posa sa main sur son coeur, la jeune fille aux cheveux blonds le regardant étrangement, clignant des yeux comme pour se demander ce qui se passait exactement. Enfin, avec son jeune âge, elle ne savait pas trop mais bon, sa mère venait de lui dire de rester aux côtés de ce garçon plus grand qu’elle.

Chapitre 2 : Refus de le voir partir

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 2 : Refus de le voir partir

« Olistar ! Olistar ! Je peux savoir ce que tu as décidé de faire ?! »

« Oh ? Tu es là ? On t’a déjà mis au courant non ? Je ne devrais pas me répéter. »

« Mais mais mais … T’es super jeune ! C’est juste n’importe quoi ! Pourquoi est-ce qu’ils t’envoient là-bas ? C’est pas normal ! T’as à peine cinq ans ! Peut-etre six ! »

« Car j’ai gagné le tournoi auquel tu as décidé de ne pas participer, c’est tout. Enfin, la mêlée générale, rien de plus, rien de moins. »

« Mais … pourquoi tu as accepté ça ? Est-ce que je dois te rappeler ce que le royaume des insectes a fait aux Rapions et aux Drascores ? Mais surtout à nous ? »


L’enfant aux cheveux violets pose son regard sur l’autre qui lui fait face. Bien plus grand que lui, il doit avoir une dizaine d’années alors que ses cheveux de même couleur sont plaqués sur son visage, une mèche cachant son œil gauche.

« Je me le rappelle parfaitement. C’est pour cela que je vais là-bas. Pour éviter que les erreurs du passé ne se reproduisent dans l’avenir. »

« Mais tu n’es … tu n’as que cinq ans ! Juste cinq ans ! Rien de plus ! Rien de moins ! Pourquoi est-ce que tu n’acceptes pas ça ? Ce n’est pas à toi de le faire ! »

Les yeux violets de l’enfant se posent sur celui du garçon plus grand que lui Ils le toisent avec lenteur, comme pour tenter de le cerner avant que l’enfant ne soupire. Il se retourna pour reprendre la route, chuchotant :

« Ma décision est prise. Nul ne pourra m’en empêcher, Novon. »

« Mais tu .. Je vais en parler avec le chef du village. Ça sera bien plus facile de le convaincre que c’est juste complètement stupide et bête ! Un enfant de cinq ans ! »

« Il ne t’écoutera pas. Je pars dans la soirée normalement. »

« RAAAAAAAH ! » s’exclama le Rapion âgé de dix ans alors qu’Olistar haussait les épaules. Novon était son principal ami dans le village. Il fallait dire que tous les deux avaient quelque chose en commun mais … cela, il avait préféré le mettre de côté. Ce n’était pas très intéressant et dans le fond, ça n’aurait mené à rien. Il n’avait plus le temps pour ces sottises.

« Je dois me préparer … quelques affaires. »

Quelques affaires. Rien que cette idée a de quoi faire sourire. Le tout fût facilement mis dans un baluchon alors qu’il quittait sa petite demeure. Près de la sortie du village, il attendait, il attendait, encore et encore. Mais au bout de deux heures, Novon était revenu, en colère.

« Le chef du village et le vénérable n’ont pas voulu m’écouter ! »

« Ce n’est pas étonnant. Tu n’as pas participé à cette mêlée générale. »

« Mais réfléchis un peu, Olistar ! Tu seras loin de tout le monde, loin de moi ! »

« Ce n’est pas comme si j’avais quelqu’un à qui je tiens, Novon, à part toi. »

« Si tu tiens à moi, pourquoi est-ce que tu ne m’écoutes pas ? C’est de la folie ! Aller au royaume des insectes ne te créera que des problèmes, rien de plus ! Ils ne méritent pas que l’on se déplace pour eux ! Il vaut mieux tous les éradiquer ! »

« Tu racontes encore des choses déplaisantes, tu ne t’en rends pas compte. »

« Je m’en rend plus que compte, justement ! C’est pour ça que je tente de t’arrêter ! Pour que tu ne fasses pas de bêtises ! Ils ne nous accepteront jamais et même si la plupart des Rapions veulent la paix, il ne faut pas oublier tout ce qui s’est passé ! »

« Ta haine t’aveugle, Novon. S’il te plaît, laisses-moi tranquille. Je partirais, que tu le veuilles ou non, ma décision est prise et je ne comptes pas revenir en arrière. »

« Tu es un imbécile. Tu ne comprends pas à quel point tu fais souffrir les autres. »

Souffrir les autres ? Il ne s’en rendait jamais compte. Pour lui, rien ne lui importait. Rester dans ce village ne le dérangeait pas … mais en même temps, le quitter non plus. Voilà tout, c’était aussi simple que cela et il ne voyait rien d’autre.

« Maintenant que tu as terminé, est-ce que tu peux partir ? J’attends ceux qui vont m’emmener. Je n’ai pas que … »

« Est-ce que tu pourras au moins essayer de m’écrire de temps à autre ? Que je tentes de te convaincre par les mots puisque je n’y arrive pas avec la parole. »

« Il me faudra apprendre l’écriture donc … oui. »

« Alors bon voyage même si je n’accepte pas que tu partes. » déclara finalement le Rapion avant de s’éloigner sans plus de conversation entre eux.

C’est fini ? Il abandonnait enfin ? Le garçon poussa un soupir, fermant les yeux. Il commençait à avoir froid. Pourtant, il ne dormait pas. Quelques heures passèrent et enfin, on chercha à le réveiller mais dès l’instant où la main s’approcha, ses yeux s’ouvrirent :

« Nous pouvons y aller dès maintenant, je vous attendais. »

« Tu es bien pressé. Tu sais que ce voyage sera très long ? Peut-être d’un ou deux mois ? »

« Je le sais, le vénérable m’a prévenu à ce sujet. »

« Et tu n’as que ça comme objets personnels à prendre? » demanda l’un des Drascores en regardant le baluchon avec étonnement. « Tu sais que tu risques de partir pour quelques années hein ? Tu reverras personne. »

« Ce n’est pas grave. Est-ce que nous pouvons y aller dès maintenant ? »

« Tu es bien pressé … rien ne t’oblige à aller aussi vite. »

Pourtant, l’enfant prend les devants par rapport aux deux Drascores. Ce n’est même pas de l’entrain qui est peint sur son visage, rien du tout. Il avance juste plus vite que les deux hommes qui se mettent en route.

Ils marchèrent, marchèrent, marchèrent … et cela sans interruption. L’enfant aux cheveux violets ne semblait pas vouloir s’arrêter et ce furent les deux adultes qui demandèrent une pause, reprenant leur souffle tout en disant :

« Hey mais t’es … intenable en fait, non ? »

« Pourquoi dites-vous cela ? Nous n’avons fait qu’une partie du voyage. »

« Qu’une partie du voyage, oui. Nous sommes loin, très loin d’être arrivé. Nous devons ménager ton corps, tu n’es qu’un enfant. »

« Je peux encore marcher quelques heures. Je n’ai guère faim aussi. Vous ne devriez pas vous préoccuper trop de ma personne. Je peux encore me déplacer. »

« Mais pas nous. Laisses-nous souffler une dizaine de minutes, peut-être une heure en fin de compte et nous reprendrons alors la route. »

« Comme vous le désirez. » déclara l’enfant avant de chercher un rocher. Il s’y installe derrière, en plein ombre avant de fermer les yeux, bras croisés. Il semblait s’être endormi bien rapidement car au bout de cinq minutes, son corps se soulève légèrement.

« J’y crois pas. Il fanfaronne mais c’est le premier qui s’endort. »

« Ca reste un enfant hein ? Bon, par contre, les prochaines fois, faudra le forcer à faire une pause. Sinon, il ne tiendra jamais ces prochaines semaines. »

« Quand même, quelle idée que de prendre un enfant aussi jeune Je sais bien que … »

Le premier Drascore intima au second de fermer la bouche et de ne rien dire. Difficile d’ignorer que l’enfant ne dormait pas. Il avait légèrement tressaillit en attendant la suite de la conversation, chose qui n’arrive pas.

Quelques heures plus tard, les revoilà en route. Cette fois-ci, l’enfant avait décidé de rester non-loin des deux adultes. Ces derniers n’avaient aucun problème à le nourrir et le faire boire, lui montrant comment s’abreuver par rapport aux Cactus. Il n’avait fallut que quelques minutes pour que l’enfant comprenne exactement faire.

« Mais tu n’es pas un petit prodige par hasard ? Enfin, ça expliquerait pourquoi le vénérable te confie cette mission. » déclara l’un des deux Drascores tandis que le Rapion ne répondit pas, regardant uniquement devant lui comme si de rien n’était. Il ne voulait pas chercher la confrontation et il n’allait pas le faire. Ce mois allait paraître long pour les deux hommes, très longs, surtout que l’enfant n’était pas des plus éloquents ou souriants. Mais voilà, cela avait toujours été ainsi depuis des années.

« Nou y voilà ! Les portes du royaume des insectes ! Nous avons normalement prévenu par un Ninjask que nous arrivions ! Tu as bien tenu le coup. Par contre, lorsque tu seras là-bas, essaies alors de manger un peu, ça te fera du bien. Tu es chétif et ridicule. »

« Je verrais cela … tant que je reste en pleine forme. »

« Allez, bonne route et ne t’en fait pas, des Ninjasks nous font réceptionner les lettres que tu nous envois et inversement. Malgré la haine et le dégoût du royaume des insectes envers notre peuple et inversement, les Ninjasks sont toujours là pour transmettre le courrier. »

S’ils le disaient. Il les regarda partir sans aucune parole, haussant simplement les épaules alors qu’il se dirigerait vers les deux gardes. Ouvrant son baluchon, il en sortit un bout de papier, portant le sceau royal : un petit visage souriant avec un triangle rouge sur le haut intérieur du visage. Le tout était entouré par un hexagone.

« C’est donc toi le futur ambassadeur des Rapions et des Drascores ? Ben bon sang, ils les prennent au berceau. Suis-nous, on va t’emmener jusqu’à la Reine Seiry. »

Chapitre 1 : Au beau milieu du désert

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 1 : Au beau milieu du désert

« Aujourd’hui est le jour où nous déciderons celui ou celle qui deviendra l’ambassadeur des Rapions et des Drascores pour le royaume des insectes. Sachez une chose : cette tâche ne sera pas aisée et bien que vous n’êtes que des enfants, il vous sera demandé des tâches normalement difficiles, même pour des adulte. »

Nul ne répondait au vieil homme aux cheveux violets. La mine usée par le poids des années, il regardait la dizaine d’enfants qui se trouvait en face de lui, reprenant la parole :

« Nous ne ferons pas de tournoi. Cela est beaucoup trop basique. Non, nous allons faire tout simplement une mêlée générale. Vous pourrez alors affronter qui vous le désirez, vous allier ou non et ainsi voir lequel d’entre vous survira à cette affrontement. Survivre est un bien grand mot, n’est-ce pas ? N’ayez pas peur, vous ne devez pas tuer vos adversaires. »

Quelques Rapions poussèrent un soupir de soulagement avant que chacun ne prenne place dans ce qui ressemblait à un cercle tout ce qu’il y avait de plus basique. L’âge moyen devait tourner aux environs de huit ans pour aller de cinq à douze ans au grand maximum.

« Vous pouvez commencer le combat … MAINTENANT ! »

Bien que le combat avait débuté, aucun Rapion ne fît de mouvement. Chaque enfant observait les autres, attendant que l’un d’entre eux débute les hostilités. Chose facile et raisonnable, nul ne voulait perdre le combat en premier.

« Puisque c’est comme ça, j’y vais, moi ! J’ai pas peur ! »

Un Rapion d’une dizaine d’années, les cheveux hirsutes, se jeta sur celui qu se trouvait à côté de lui, l’un des plus jeunes. L’enfant fit un pas sur le côté, donnant un croche-pattes pour faire s’écrouler son adversaire. Comme ce n’était pas suffisant, sa queue de Rapion, bien que petite et minuscule se planta dans le dos de son adversaire.

« Et voilà ! Un en moins ! Le poison va faire son effet ! »

« Il en faudra plus que ça pour tenter de m’empoisonner ! Tu vas voir ! »

Le carnage avait tout simplement débuté. Lorsque l’enfant d’une dizaine d’années s’était relevé, chacun avait déjà son adversaire choisie. La bataille venait de commencer ! Chaque Rapion cherchait à en affronter un, les plus petits se liguant ensemble s’il le fallait mais chacun faisait attention à ses alentours.

« Ils sont prometteurs. C’est vraiment une belle et future génération. »

« Où est donc Olistar parmi eux ? Je n’arrive pas à remarquer Olistar. »

« Par ici, tu peux facilement le trouver non ? Celui avec le dard un peu plus épais que les autres. Regarde donc un peu mieux, tu finiras par le trouver. »

Mais le plus simple était de voir tout simplement le jeune Rapion qui arrivait à se défaire de ses adversaires sans réellement se fatiguer. Car oui, cette mêlée était plus que ça, bien plus.

Oui, le Rapion, l’un des plus jeunes, se déplaçait avec aisance et agilité, esquivant les attaques de ses confrères et consœurs, n’ayant aucune difficulté pour repousser ses adversaires sans réellement s’épuiser. Après une vingtaine de minutes, il ne restait plus que trois Rapions. Chacun représentait une tranche d’âge : Le plus jeune âgé de cinq ou six ans, celui qui devait en avoir neuf et enfin le plus vieux du groupe avec une douzaine d’années.

« Laissez-vous faire tous les deux. Vous ne pourrez pas survivre hors du désert. »

« Ça, c’est à nous d’en juger, pas vrai, Olistar ? » dit le Rapion d’environ neuf ans.

« Cela m’indiffère légèrement, sans plus, dira t-on. Je ne suis pas vraiment inquiet à ce sujet. Mais ne perdons pas de temps, s’il n’y a pas de vainqueur d’ici dix minutes, aucun d’entre nous ne sera qualifié et ce n’est pas ce que nous voulons non ? »

« Toujours à parler ainsi alors que tu es le plus jeune du groupe hein ? Mais t’en fait pas ! HEY ! On y va à deux, tu en penses quoi ? »

« Hors de question ! Je me méfies de toi autant que d’Olistar ! Je suis pas bête ! »

L’enfant aux cheveux violets haussa les épaules comme pour montrer que ça ne le dérangeait pas qu’ils s’y mettent à deux contre lui. Pourtant, ce ne fut que l’enfant d’une douzaine d’années qui arriva en sa direction, aveuglant celui de neuf ans avec du sac. Le plus jeune des Rapion vint décocher un coup de pied dans la mâchoire avant que sa queue ne se plante dans le cou du Rapion d’une douzaine d’années. Sans plus attendre, il donna un coup de pied pour l’envoyer au loin mais surtout hors du cercle.

« Je me doutes que le poison ne serait pas assez efficace. Mesure de précaution. Maintenant pour ton cas, qu’est-ce que tu veux faire ? » s’adressa Olistar en direction du dernier Rapion encore conscient, celui-ci hochant la tête négativement.

« J’ai aucune chance hein ? C’est bien ça, Olistar ? Tu peux me le dire hein ? »

« Tu as tes chances si tu te débrouilles bien. Tout le monde a ses chances, il faut juste réussir à les attraper. Tu peux venir, je combattrais sérieusement contre toi. »

Il s’était mis en position d’attaque, sa queue de Rapion frappant le sol avec ferveur. Pourtant, l’enfant de neuf ans en face de lui hocha une nouvelle fois la tête négativement. Avec lenteur, il se dirigea hors du cercle jusqu’à ce que le vieux Drascore ne déclare :

« Ce combat est terminé ! Mes félicitations, Olistar. Te voilà devenu alors notre ambassadeur pour le royaume des insectes. Tu peux aller te reposer, tu l’as bien mérité. »

« Je ne comprends pas pourquoi il a abandonné maintenant. »

« Car il connaissait sa propre force et volonté. Il sait qu’il ne pouvait rien faire contre la tienne. Allez, je vais réveiller tes petits camarades. Tu n’as pas à t’en faire, tu ne partiras pas dans la journée qui vient mais sûrement le mois prochain. D’ici là, tu as de quoi te préparer mentalement à quitter le village. » compléta le vieil homme avant de s’éloigner, permettant au Rapion de faire de même de son côté. Il allait rentrer chez lui.

« Qu’est-ce que je vais me faire ce soir ? »

Pénétrant dans ce qui ressemblait à un igloo fait de pierre, il n’y avait alors qu’une seule et unique pièce. Assez spacieuse, il y avait de quoi vivre pour une seule personne, ce qu’il était. Il s’installa sur le lit fait de feuilles et de plumes tout en regardant le plafond.

« Ambassadeur des Rapions et des Drascores, n’est-ce pas ? »

C’était ce qu’il était devenu. C’était donc très important et merveilleux, n’est-ce pas ? Il avait accomplit quelque chose d’aussi important tout en étant seul. Seul, voilà ce qu’il était exactement, il était seul, tout simplement et rien d’autre. Tout simplement seul, sans que l’on ne lui pose de questions. Personne ne lui posait de questions.

« C’est comme ça. Demain, je verrais ce que je dois faire. »

Demain, oui. Il ferma les yeux, sombrant dans le sommeil en même temps que son ventre grondait, signe d’une absence de nourriture à l’intérieur de son estomac. Qu’importe qu’il grognait, il ne lui donnerait rien à manger.

Le lendemain matin, il se réveilla avant même que le soleil ne se lève. Il voyait l’aurore et cela était suffisant pour lui. S’étirant hors de son lit, il baissa les yeux, regardant son ventre pendant quelques secondes. Il valait mieux le nourrir maintenant.

« Sinon, il risque de me dé … »

« Ah ! Olistar ! Déjà debout ? Le vénérable du village voulait te parler ! »

« J’arrive tout de … » commença à dire Olistar alors que son ventre s’était mis à geindre de douleur. Le Rapion qui était venu le chercher eut un petit sourire avant de reprendre :

« Et il paraîtrait que ça soit le petit déjeuner est servi là-ba, pour le vénérable et son invité. »

« Je ne veux pas devoir quelque chose … Mais je ne peux pas être en retard. Je vous accompagne maintenant, il vaut mieux. »

Le Rapion adulte rigola légèrement, incitant alors Olistar à l’accompagner, ce qu’il fit. Les deux personnes marchèrent pendant quelques minutes dans le village, l’aube se levant peu à peu à l’ouest, Olistar l’observant pendant quelques secondes.

« J’espère que tu nous écriras souvent quand tu seras là-bas. »

« Il vous faudra vous tenir au courant au sujet de nos relations avec le royaume des insectes, c’est alors ce que j’accomplirais sans férir. »

« Tu n’es pas obligé de parler ainsi. Tu n’as que cinq ans, ne l’oublie pas, d’accord ? »

« L’âge n’a rien à avoir par rapport à tout cela, loin de là. » répondit Olistar avec neutralité, continuant de regarder le soleil pendant de longues secondes avant que l’homme ne lui rappelle d’avancer pour retrouver le vénérable du village.

Voilà, ils se retrouvaient maintenant dans un salon. Assis sur une chaise, Olistar attendait poliment la suite alors que le Rapion était parti. Quelques instants après, le vieil homme qui avait présidé au combat se présenta en face d’Olistar, disant :

« Te voilà donc … Je voulais parler avec toi de ce qui t’attendait. »

« Je suis prêt pour cela. Vous n’avez pas d’inquiétude à avoir. Je vous enverrais des écrits une fois par semaine. J’apprendrais l’écriture et la lecture du royaume des insectes. »

« Tu sais, elle n’est pas si différente que la nôtre. Tu partirais d’ici la fin de la semaine, je vais te donner quelques recommandations. »

Et voilà, pendant quelques longus heures, Olistar s’était mis à écouter le vénérable du village. Aucun mot, aucune parole, aucune phrase ne fût oubliée. C’était des choses qu’il devait encore inscrire dans sa mémoire car lorsqu’il partirait du village, qui sait ce qui l’attendrait ? Qui sait s’il allait revenir ou non ? Seul l’avenir le lui dira.