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Chapitre 13 : L’écouter

ShiroiRyu
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Chapitre 13 : L’écouter

« Comment ça, le jeune Aspicot est toujours en train de traîner autour d’Olistar ? »

« Non, c’est l’inverse. Même s’il se montre discret, on a remarqué qu’Olistar le surveille souvent. On ne sait pas pourquoi et il ne faut pas espérer lui demander pourquoi. »

« Merci de me l’avoir signalé, je vais aller voir avec ce jeune garçon Aspicot. C’est comment son nom ? Il est dans la même classe que la princesse non ? »

« C’est elle-même ainsi que la reine qui l’ont invité à venir suivre des cours et vous voulez savoir ? Il paraitrait qu’il est très obéissant et réceptif. Au final, ce fût une sacrée bonne surprise, il paraîtrait. Comme quoi, on juge trop souvent les autres sans raison ! »

« Ah bon ? Il est doué pour l’école ? Un garçon-aspicot provenant du peuple ? »

« Oui, c’est surprenant mais le professeur ne tarie pas d’éloge à son sujet. »

Peut-être est-ce pour cela que le garçon-Rapion s’intéressait à lui. Hum … L’enfant-Yanma sembla songeur avant de remercier les gardes, s’éloignant d’eux. Bon, alors, où est-ce que le garçon-Aspicot se trouvait ? Ah oui, là.

« Heureusement qu’aujourd’hui est le jour où il a cours. Bon ! HEY ! »

Il s’écria, venant se rapprocher d’Earnos qui le regarda avec méfiance. Ce n’était pas la première fois qu’il voyait Holikan. Il connaissait aussi son nom mais surtout, il savait qu’il traînait autour de la princesse Terria. C’était un peu son gardien personnel.

« Oui ? Est-ce qu’il y a un problème, messire Olistar ? »

Ne pas manquer de courtoisie. Malgré qu’il avait à peine une année de plus que lui, il ne fallait pas oublier leurs différences. Cet enfant était une personne très importante dans le château de la famille royale. C’est pourquoi il lui parlait de la sorte.

« Non non ! Pas du tout ! Rien envers toi ! De plus, c’est tout le contraire ! On dit que du bien de toi d’après les rumeurs ! Toutes mes félicitations ! Les cours dans le château sont plus difficiles que ceux d’une classe normale. »

« Euh … Merci beaucoup. C’est très sympathique de votre part. Qu’est-ce que je peux faire pour vous alors ? Si vous voulez bien m’expliquer, je peux vous aider. »

« Oh … Directement. Ca serait par rapport au garçon-Rapion qui est dans ta classe. Tu dois le connaître. Il porte le nom d’Olistar, n’est-ce pas ? »

« C’est le cas mais je ne le connais pas vraiment. Je ne suis pas vraiment ami avec tout le monde là-bas. Je ne suis pas sûr que je sois le mieux placé pour ça. »

« Mais non, mais non, il ne faut pas dire cela. Je voudrais surtout te mettre en garde contre lui. Etant un Rapion, il est naturellement un ennemi du royaume des insectes. Même s’il ne le montre pas encore, malgré son apparence, il est un futur criminel. Fais attention à toi ! »

« Merci pour m’avoir prévenu. Je ferais alors attention à moi. »

« Bien, je dois retourner m’entraîner avec les autres soldats. Bonne journée ! »

Le garçon-Yanma sembla satisfait de ce qu’il venait d’accomplir. S’il avait réussi à mettre en garde cet … Earnos par rapport à Olistar, c’était parfait ! Cela montrait alors qu’il pouvait espérer que tout se passe bien dans le futur ! Hahaha !

« Sinon, tu peux aussi sortir de ta cachette. »

Earnos avait dit cela avec nonchalance tandis qu’une ombre aux cheveux violets se présentait à lui, dans son dos. Le garçon-Aspicot se retourna, le fixant d’un air morne avec ses yeux rubis, prenant une profonde respiration :

« Je ne sais pas à quoi vous jouez tous les deux mais bon … surtout toi. Pourquoi est-ce que tu me suis à chaque fois que je me déplace ? »

« Depuis quand est-ce que tu es au courant ? » demanda calmement Olistar.

« Depuis déjà quelques semaines. Tu sais, les Munjas te repèrent assez facilement, malgré que tu sois discret ou non hein ? Bon … Alors, qu’est-ce que ça veut dire ? Pourquoi est-ce que le chevalier personnel de la princesse m’a dit ça à ton sujet ? Est-ce que je dois te considérer comme un ennemi du royaume ou non ? Et surtout, pourquoi tu me suis ? »

« Par intérêt. Comment est-ce que un garçon-Aspicot peut être aussi intéressant. Voilà tout. Est-ce une mauvaise chose que d’éveiller ma curiosité ? »

« Je n’ai pas dit ça … même si quand tu parles comme ça, ça fait un peu peur. Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter un tel traitement de faveur ? Et puis bon, tu n’as pas à la princesse à surveiller ? Elle n’est pas franchement discrète sous sa capuche. »

« Là aussi, tu as vite deviné de qui il s’agissait. Tu ne vois donc pas pourquoi j’en veux savoir plus à ton sujet ? C’est pourtant très simple non ? »

« Non, je ne vois pas pourquoi tu me colles autant à la peau. Des garçons-Aspicot, il y en a des milliers. Pareil si tu penses qu’il y en a qui sont chevaliers. »

« Qui connaissent la princesse personnellement et depuis des années ? »

« Qu’est-ce que … tu racontes là ? Comment est-ce que tu sais ça, toi ? »

« Tout simplement pour la raison que tu as évoquée, non ? » dit calmement l’être en face d’Earnos. « Car je t’ai observé. Et comme tu parles parfois un peu seul … tu oublies que tu ne l’es pas forcément. Même si je ne connais pas les détails, je dois avouer. »

« Des détails qui ne te concernent pas. Et tu ne m’as pas expliquer ce que te vaut le chevalier Holikan. Pourquoi est-ce qu’il a dit cela à ton sujet ? »

« Car il ne m’apprécie pas ? Et parce que les Rapions n’ont pas une bonne réputation. »

« Ah ? Rien que pour ça ? Bof, si ce n’est que ça … »

« Mais toi, pourquoi est-ce que tu as finalement accepté de me parler ? Qu’est-ce qui t’a poussé à refuser ce qu’il t’a dit ? Même si ce n’est pas ouvertement ? »

« Le questionnement. Tu n’as rien fait de mal à mes yeux … du moins … pas envers le royaume des insectes. Je ne vois pas pourquoi je devrais écouter les dires d’autrui. Je préfère penser par moi-même par rapport à tout ça. »

« Et tu te demandes encore pourquoi je suis intéressé pour en savoir plus à ton sujet ? Tu viens de le découvrir par toi-même, Earnos. »

« Hmm ? Car je préfère savoir par moi-même, c’est ça ? C’est étrange comme réflexion, très étrange … mais bon, maintenant que c’est fait … »

«  Est-ce que tu comptes partir sans chercher à converser avec moi ? »

« Je ne vois pas pourquoi je continuerais cela. Mais bon, maintenant, je sens que je vais devoir souvent parler avec toi … si le chevalier Holikan continue de vouloir m’en empêcher. Je ne veux pas me le mettre à dos, si c’est cela que tu veux apprendre. »

« Cela me suffit amplment de le connaître. Mais bon, nous nous reverrons alors. Nous avons beaucoup à raconter, toi et moi. Que cela soit par rapport aux cours mais aussi au reste. Bonne journée à toi, Earnos. Fais attention sur le chemin, je ne serais pas derrière toi. »

« Bla bla bla … Est-ce que c’est de l’humour ? »

« Je ne fais jamais d’humour, Earnos. » répondit calmement Olistar alors qu’Earnos haussait un sourcil. Alors pourquoi est-ce qu’il avait le sourire aux lèvres ?


Le sourire disparut presque aussitôt pour laisser place à un masque d’indifférence. Ah oui, ça semblait déjà plus convenable et logique à ce qu’était cet enfant-Rapion. Bon, si ce n’était que ça … Pfiou ! Ce n’était pas bien grave.

« Je m’en vais donc. Bonne journée aussi à toi … Olistar. »

« Tu ne manques pas de politesse à mon encontre. Tu es … vraiment … remarquable. »

« Arrête avec tous les compliments, que tu les penses ou non, c’est assez agaçant en soi. »

Pour toute réponse, Olistar fit demi-tour, partant de son côté tandis qu’Earnos prenait une profonde respiration. Ce garçon allait tout simplement le rendre fou. Il ne savait pas à quel jeu il jouait mais il allait bien finir par le découvrir. A ce moment-là, il verrait quoi en faire mais pour le moment, le plus important était de retourner voir la Munja.

« C’est bien elle qui m’a prévenu au sujet d’Olistar. Sans ça … »

Sans ça, il ne l’aurait jamais découvert. Cet enfant pouvait être un véritable fléau s’il le désirait … mais il sentait que ça ne sera jamais le cas. Il ne cherchait guère le mal en ce lieu.

Olistar s’était mis assis sur un banc, isolé du reste alors qu’il regardait droit devant lui. C’était donc ça, n’est-ce pas ? Earnos avait réussi à passer outre les paroles d’Holikan pour pouvoir juger par lui-même. Non en fait, il devait remercier Holikan pour avoir chercher le dialogue avec Earnos.

« Sans lui, il n’aurait jamais voulu communiquer avec moi. »

Et pourtant, cela devait faire bien déjà quelques mois que l’enfant-Aspicot était dans les environs. Mais voilà, ça ne changeait guère réellement leur relation qui était basée uniquement sur la méfiance du côté d’Earnos. Bête, c’était tellement bête en un sens et en même temps, c’était ce qu’il avait désiré non ?

« Dans le fond, je ne peux m’en vouloir qu’à moi-même. Tout cela a très mal commencé et Earnos a la rancune assez tenace. Je ne crois pas qu’il me pardonnera un jour. »

Tout cela à cause d’une foreuse. D’ailleurs, il en avait une nouvelle. Ses parents le lui en avaient offert une nouvelle, presque aussi « belle » que celle que la princesse voulait lui offrir. Il n’avait pas cherché à savoir d’où venait cette foreuse mais normalement, les parents d’Earnos n’étaient pas capables de s’en payer une.

Il y avait une relation autre que celle d’Earnos avec la princesse Terria mais il n’arrivait pas encore à deviner quoi. Il allait devoir étudier cela. Etudier les parents d’Earnos ? Si ce dernier l’apprenait, autant dire qu’il allait avoir de sérieux ennuis. Plutôt se concenter de pouvoir discuter avec lui pour le moment. Il verra tout cela plus tard.

Chapitre 12 : Nullement apprécié

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Chapitre 12 : Nullement apprécié

« Je dois m’en aller dès maintenant. Bonne journée. »

Hmm ? Dès maintenant ? Il avait fallût un bon mois pour qu’Earnos prononce ces paroles qui étaient loin d’être anodines. Qu’est-ce que cela voulait dire exactement ? Tout simplement qu’il comptait aller voir le quartier des Munjas.
Sauf que cette fois-ci, il était prêt. Il avait décidé de tout faire pour être sûr de ne rien manquer, loin de là. Humpf ! C’était étrange, vraiment très étrange que de vouloir suivre un garçon-Aspicot mais en même temps, c’était bien ce qu’il s’était promis non ? Avec la vélocité qui le caractérisait tant, il finit par retrouver la trace du garçon-Aspicot, qui prenait bien le chemin du quartier des Munjas. Comme la dernière fois, il disparut dans un bâtiment.

Cette fois-ci, hors de question de ne rien faire ! Il se rapprocha du bâtiment, y jetant un œil. Oui, bien entendu, il y avait des fenêtres. C’était la logique même. Il n’appréciait guère de faire cela mais il pénétra dans une chambre … de femme ? Hein ? Une chambre de femme-Munja ? D’après ce qu’il pouvait voir ? Et il entendait aussi des paroles ?

« Alors, comme cela, Earnos, tu as fait tout ça aujourd’hui en cours ? Surprenant. »

« Baaaaaaah … Euh … Oui, madame Douély. Mais bon, c’est pas forcément simple aussi hein ? Faut pas se mentir ! Si c’était si facile, je serais pas là ! »

« Et c’est pour cela que je te donne encore des cours malgré que … hum … tu sois maintenant dans une école spéciale du château. Mais bon, cela ne te dérange pas trop non ? »

« Non non ! Pas du tout ! Je suis toujours content de te voir ! »

« Tant mieux car tu sais parfaitement que c’est réciproque, petit Aspicot ! »

Tant de mièvreries. Il voyait les deux personnes qui lui tournaient le dos. Earnos était sur les genoux d’une personne encapuchonnée. D’après le ton de le voix et la chambre, aucun doute sur le fait qu’il s’agissait d’une femme. Celle-ci reprenait la parole, disant :

« Alors bon, que veux-tu que l’on fasses, toi et moi, Earnos, aujourd’hui ? Encore des cours ? Tu as peut-être une autre idée en tête non ? A toi de décider pour aujourd’hui ! »

« Beeeeeen ! Encore des cours ! Encore ! J’aime bien ça, ça ne me dérange pas du tout en fait, Douély ! Je préfère apprendre encore ! »

« Pour impressionner tes camarades, n’est-ce pas ? D’ailleurs, les nobles sont-ils toujours aussi … prétentieux, Earnos ? Ils ne te dérangent pas ? »

« Ben en fait, pas vraiment, c’est même le contraire ! Ils aiment bien passer du temps avec moi, je comprends pas vraiment pourquoi, je dois avouer. Tu as une explication, dis ? »

« Hmm, sûrement car tu es le plus mignon des garçons-Aspicot que je connaisses. »

« C’est vraiment … perturbant. Je crois qu’il va falloir que je prévienne ses parents. »

Mais pour l’instant, il valait mieux observer tout cela. Pendant plusieurs heures, l’enfant restait sur les jambes de cette étrange femme-Munja. D’après les rumeurs, les Munja étaient des êtres plutôt problématiques, causant de nombreux ennuis. Ici, c’était tout le contraire, chaleureuse, amicale, tendre avec un enfant, est-ce qu’Earnos avait ce pouvoir ?

« Bon ! Earnos, il se fait tard, il va être l’heure pour toi de partir ! »

« Mais euh … tu ne voudrais pas que je parte hein ? N’est-ce pas ? »

« Tu sais parfaitement que non, petite fripouille. Tu es en train de jouer avec moi, vilain petit garçon ! Mais oui, il faut que tu t’en ailles. Par contre, continues de te méfier de ce garçon Rapion, d’accord ? Ne lui fait pas vraiment confiance. »

« Comme tu le voudras, Douély ! Mais moi non plus … et tu sais pourquoi. »

« Oui, oui, mais ce n’est pas uniquement pour cela, hein ? Tu t’en doutes ? N’est-ce pas ? »

« Oui bien sûr mais euh … enfin, t’en fais pas, promis, je serais prudent ! »

Il vint lui dire cela avec un petit sourire aux lèvres alors qu’elle venait le serrer plus fortement dans ses bras. L’enfant-Aspicot sembla ravi de tout cela, rigolant légèrement à l’enlacement tandis qu’Olistar quittait cet endroit par l’endroit d’où il provenait.

« Cette femme-Munja … lui met de curieuses idées en tête. Je me demande ce qu’elle fabrique. J’espère pour Earnos que ce n’est pas très dangereux. »

Et voilà, il avait quitté cet endroit pour retourner au château. Ce qui allait se passer ne le concernait plus maintenant. Mais dès l’instant où il posa un pied dans celui-ci, une voix se fit entendre, agressive bien que juvénile :

« HEY ! Olistar ! Qu’est-ce que tu faisais dehors à cette heure-ci ? »

« Cela ne te concerne pas. Cela relève du domaine du privé. »


Voilà à qui il s’adressait : Un garçon qui devait être à peine moins âgé que lui mais habillé de vert comme ses cheveux assez aplatis. Ses yeux rouges le fixaient avec colère et dégoût ainsi que beaucoup de haine avant de dire :

« Cela me concerne car il en va de la sécurité de la princesse Terria. »

« La princesse Terria est en sécurité alors pourquoi s’évertuer à chercher querelle ? Qu’est-ce que tu y gagnerais à me provoquer ? »

« Simplement que tu fasses ne serait-ce qu’un faux pas envers la monarchie et je te jetterais dehors. On ne veut pas d’êtres comme toi par ici. »

« Tu ne veux pas, voilà la nuance et la différence … Holikan. Maintenant que c’est fait, je vais plutôt aller me reposer, il se fait tard et je commence à être fatigué par toute cette histoire. Bonne soirée à toi, nous nous reverrons sûrement demain. »

« HEY ! J’ai pas fini de te parler, tu as compris ? »

Aucune réponse de la part d’Olistar, celui-ci avait déjà disparu du champ de vision d’Holikan, le laissant alors seul. Celui-ci émit un grognement de mécontentement. Il n’aimait guère qu’on le prenne pour un imbécile, loin de là.

« Je te le ferais payer … et salement, tu verras demain. »

Mais pour l’heure, il allait voir les gardes pour leur demander s’ils savaient où était passé Olistar ces dernières. Lorsqu’il se présenta en face d’eux, malgré le fait qu’il n’était qu’un enfant, ils firent le salut militaire. Holikan dit d’une voix lente :

« Qu’est-ce que le garçon Rapion a fait dernièement ? Avez vous une idée de l’endroit où il a pût se rendre ? Quelqu’un l’a t-il observé ? »

« Nullement, Holikan. Nous ne l’interrogeons jamais. Cela ne regarde que lui et la reine Seiry a été formelle à ce sujet : nous ne devons pas lui chercher querelle. »

« Tu devrais donc faire attention à ce sujet. Si tu ne veux pas avoir trop d’ennuis. »

« Je m’en contrefiches de tout ça ! Mais sinon, rien d’autre à savoir à son sujet ? Y a bien un truc qui a dût vous marquer non ? Il part des fois ! »

« Ah ! Il est parti après le jeune garçon-Aspicot qui vient parfois au château pour des cours. Mais à part ça, rien de spécial, non. »

« Le jeune garçon-Aspicot ? J’ai remarqué que la princesse parlait souvent avec lui. Merci, j’ai tout ce qu’il fallait. Je me retire dès maintenant. »

Le garçon-Yanma salua les gardes avant de s’éloigner. Les deux soldats se regardèrent avant de se concerter entre eux, le premier disant au second :

« Future graine de chevalier ce petit Yanma. Si on m’avait dit ça dans le passé. »

« Hey ! Ne parle pas trop haut, il risquerait de t’entendre, tu sais bien qu’il est assez têtu comme une mule non ? Enfin, ce n’est pas un mauvais garçon, loin de là. »

« C’est la fierté du roi. Il faut dire qu’un jeune Yanma si prometteur, ça ne peut qu’éveiller l’intérêt de notre bon monarque. »

« Et puis, n’oublie pas aussi que c’est le futur fiancé de la princesse Terria. Et oui, rien que ça. Ah … Il y en a qui ont de la chance. Si jeune et déjà promis à un destin si grand. »

« Hey, sois pas jaloux d’un enfant, être soldat du roi, c’est déjà un sacré bon poste ! »

Vrai qu’il n’avait pas à se plaindre de sa position, hahaha ! Le soldat émit un petit rire, rapidement accompagné par celui de son camarade. Ils avaient plutôt la belle vie à l’heure actuelle. Mais ce petit soldat miniatue était vraiment remarquable … quant au garçon-Rapion, il l’était tout autant malgré la haine de certains insectes envers lui.

« Il faut que je me renseigne absolument sur les Munja. »

C’était la seule remarque qu’il s’était fait au moment où il avait décidé de se coucher sur son lit. Il l’avait décidé, il en était certain. Mais maintenant, c’était peut-être un domaine très dangereux dans lequel il allait s’enfoncer. S’il ne faisait guère attention, il risquait d’avoir de sérieux ennuis … et cela, il ne pouvait pas réellement se le permettre.

« Trop dangereux, très dangereux … mais bon, cela pourrait être intéressant. »

Intéressant, voilà le terme auquel il pensait quand il réfléchissait à cette histoire. C’était tout simplement n’importe quoi. Mais peut-être que cela serait une nouvelle motivation ? Lui qui n’avait pas vraiment de but personnel à l’heure actuelle ?

« Peut-être est-ce une bonne chose dans le fond ? »

Car cela faisait maintenant plusieurs mois, peut-être une année qu’il connaissait Earnos. Oh bien entendu, ils n’étaient pas amis, c’était tout le contraire en vue de la haine viscérale que lui portait le jeune garçon aux cheveux blonds mais … pourquoi pas ?

« Au moins … ah … pour quelle raison cela me préoccupe tant ? »

Aucune explication raisonnable. Rien de concret dans ses pensées ne lui permettait de comprendre son propre raisonnement. Il était étrange depuis ce jour où un simple garçon-Aspicot avait osé lui tenir tête. Mais ce sentiment n’était pas mauvais.

Chapitre 11 : Une haine raciale

ShiroiRyu
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Seconde partie : Comprendre les autres

Chapitre 11 : Une haine raciale

« Earnos ? Est-ce que tu as révisé tes cours pour aujourd’hui ? »

« Pourquoi esr-ce que tu me poses la question, Olistar ? Je n’ai pas à t’adresser la parole. »

Voilà, ce fut dit aussi simplement que ça. Le garçon aux cheveux blonds avait pris la parole, lui répondant de façon assez sèche tandis qu’Olistar restait de marbre, assis devant une table d’école juste à côté de celle d’Earnos. Il reprit calmement :

« Ce n’était qu’un simple renseignement. Rien de plus, rien de moins. »

« Je m’en contrefiches énormément. Je n’ai pas à te répondre que je saches, normalement hein ? Alors bon, je ne te répondrais pas, c’est aussi simple que ça. »

Finalement, le Rapion ne fit qu’hausser les épaules en réponse à Earnos. Pourquoi devrait-il chercher à se battre contre lui ? C’était parfaitement inutile, ce n’était pas dans son intention, loin de là. L’enfant se remit correctement au travail alors que le professeur arrivait.

Quelques heures plus tard, il était possible pour tous de pouvoir se reposer pendant une demie-heure, le temps de pouvoir discuter et manger entre eux. Earnos restait seul dans son coin bien que quelques insectes s’approchaient de lui pour le questionner au sujet du cours. Malgré les apparences et son histoire, il semblait plus qu’apte à comprendre et apprendre.

« Dis, Earnos, tu peux m’expliquer tout cela ? Et ceci aussi ? »

« Hein ? Euh, je veux bien mais je suis pas sûr d’y arriver hein ? »

« Mais je suis sûr que si ! Viens nous expliquer, ça sera plus simple ! Viens manger avec nous, c’est mieux ! Tu seras moins seul ! »

Il haussa un sourcil. Il n’avait pas décidé d’être seul, c’était juste une habitude. Et puis, même si cela faisait quelques mois, il était … toujours en territoire inconnu. Et cette personne encapuchonnée, il savait parfaitement de qui il s’agissait mais il faisait semblant de ne pas le comprendre et de ne pas le remarquer. Pourquoi chercher des ennuis ? Surtout en plein château. Il n’y avait bien qu’envers Olistar qu’il montrait une vraie animosité.

« Je me demande ce que je lui ait fait pour mériter cela. »

Encore qu’il connaissait la réponse. Elle n’était pas difficile à deviner : il était un Rapion, Earnos était un Aspicot. A partir de là, il ne se faisait aucune illusion sur le devenir de leur relation. Même s’il n’en connaissait pas l’origine, il était au courant de la haine viscérale des Aspicots envers les Rapions et inversement.

« Il faudra que je me renseigne à ce sujet. Je ne pense pas que cela soit mauvais. »

Mais pour l’heure, il devait plutôt envisager de retourner en cours s’il ne voulait pas avoir de problèmes avec le professeur. Ces nombreux retards n’étaient guère appréciés.

« Earnos ? Pouvons-nous parler tous les deux maintenant que les cours sont terminés ? J’ai à converser avec toi et j’aimerais que tu acceptes. »

« Tu peux continuer à aimer et à espérer. Je suis occupé, je dois retourner chez moi. »

Et voilà, aucune conversation, ni rien. Pourtant, même si l’enfant aux cheveux blonds le détestait, il ne faisait plus aucun geste belliqueux. L’animosité était là, présente, toujours très présente mais en même temps, il n’y avait que ça.
Aucune agression verbale, aucune agression physique, rien de tout cela. C’était surprenant, très surprenant, mais non pas forcément désobligeant, loin de là. Soit, puisqu’il en était ainsi, il valait mieux continuer à lui répondre, non ?

« Comme tu le désires, je voulais que l’on discute, toi et moi. »

« Et je ne le veux pas, comme ça, nous sommes encore en désaccord. C’est tout. »

« Soit. Maintenant que j’ai ta réponse, je reviendrais te questionner à ce sujet la prochaine fois que tu repasseras en cours. Au revoir, Earnos. »

L’enfant-Aspicot fit une mimique de dégoût avant de s’éloigner de la place, hochant la tête en direction de la personne recouverte par le tissu. D’ailleurs, si lui-même le savait, comment cela se faisait que personne d’autre ne le sache ? Bon, Olistar, il s’en doutait qu’il devait être au courant mais les autres élèves ? Ils donnaient l’impression de ne pas le savoir.

« Où est-ce qu’il part ? Ce n’est pas le chemin de la maison. »

Des fois, il lui arrivait de vouloir suivre Earnos et de voir où il se rendait. Mais cette fois-ci, c’était étrange, il ne partait pas vers le quartier de ses parents mais … Hein ? Ce n’était pas plutôt le quartier des Munjas ? Mais c’était dangereux.

« Il donne l’impression de connaître le chemin, ce n’est pas la première fois qu’il vient. »

C’était pour cela qu’il devait alors le suivre, par mesure de précaution. C’était la meilleure chose à accomplir, s’il y a un problème, il peut venir l’aider. Mais voilà, est-ce qu’il a vraiment des problèmes ou non ? Car il n’en a pas l’impression.

Une heure plus tard, il le voit sortir d’une maisonnée, le visage souriant et un peu rouge. Hum ? Ça n’a pas l’air dangereux, pas du tout. Peut-être qu’il s’est fait des illusions à ce sujet ? Ça ne serait pas étonnant en soi.

« Je ferais mieux de ne pas m’intéresser à ça. Cela concerne sa vie privée … même si être en contact avec un Munja est assez dangereux. »

Mais il n’est pas convaincu que l’enfant soit en danger. En fait, c’est plutôt le contraire. Est-ce que Earnos n’est pas plutôt en sécurité ? Les Munjas se désintéressent de lui ou presque. Mais hmmm … il doit plutôt faire attention à lui-même.

« Je vais rentrer, cela sera plus rassurant pour moi. »

Surtout que dans un endroit qu’il ne connaissait à peine, il ne savait guère comment les Munja pouvaient réagir en sa présence. Par mesure de précaution, il valait alors mieux ne rien faire et s’éloigner, oui.
Une demie-heure plus tard, il avait accéléré le pas sans se retourner. Non pas qu’il tremblait, non pas qu’il était inquiet, non pas qu’il répétait ces mêmes pensées pendant toute la durée du trajet mais … c’était une simple mesure de précaution, oui.
Mesure de précaution .Les Munjas. Il devait trouver un moyen de les étudier, ça serait mieux pour lui. Pour pouvoir réagir en conséquence. Il n’y avait que peu de chances que les parents d’Earnos ne sachent pas au sujet des Munjas mais pourquoi ?

« Je ne suis pas le mieux placé pour lui donner des conseils. »

Surtout que l’enfant ne l’écouterait pas donc bon … C’était particulièrement inutile. Couché sur son lit de la chambre qui lui était réservée dans le château, il étudia le plafond pendant de longues minutes, réfléchissant à ce qu’il allait devoir faire par rapport à Earnos.

« Humpf, la prochaine fois qu’il ira, je verrais avec qui il communique. »

Le mieux à faire. Mais voilà, Earnos n’y allait que rarement. S’il devait envisager de le suivre tous les jours, l’enfant-Aspicot allait se poser des questions. Alors ? Comment faire exactement ? Comment savoir quand il y allait ?

« Je ne vais pas lui poser la question. Cela serait particulièrement simplet de ma part. »

En même temps, pourquoi portait-il un intérêt particulier à Earnos ? Peut-être parce que pour un Aspicot, il avait montré de grandes qualités ? Peut-être à cause de sa relation avec la princesse ? Pour être sûr qu’elle soit en sécurité ensuite ?

Des raisons, il en avait beaucoup, vraiment beaucoup mais est-ce qu’elles étaient toutes convenables ? Satisfaisantes ? Non, c’était assez puéril de sa part, vraiment. Mais bon, peut-être avait-il le droit de se comporter comme un enfant des fois ?
Est-ce qu’il pouvait se décider de réagir de la sorte ? Il se redressa, venant se regarder devant le petit miroir posé sur une table. Oui, ses cheveux violets, son regard améthyste, sa tenue un peu négligée de Rapion.

« Je ne suis moi-même pas vraiment très présentable en un sens. Je n’ai aucune leçon à donner à Earnos de ce côté. Bon … Je jugerais d’après ses réactions, cela sera beaucoup plus simple pour trouver quand il ira voir ces Munjas. »

Mais pendant ce temps, il se renseignera Oui, il se renseignera sur les Munjas pour savoir ce qu’ils sont exactement mais surtout ceux qui se trouvent dans le royaume des insectes. Car oui, il existait quelques tribus hors du royaume des insectes.
Mais autant dire que celles-ci étaient introuvables ou presque. Les Munja s étaient des insectes mystérieux, aux pouvoirs des plus surprenants … et surtout des plus inquiétants. Même lui n’oserait pas s’aventurer près d’eux sans aucune précaution auparavant.

« Je verrais demain … oui. »

Il avait finit par trouver le sommeil après toutes ces réflexions. Le lendemain, il était retourné en cours, assis à côté de la princesse encapuchonnée. Celle-ci lui demanda :

« Tu as une petite mine, Olistar. Tu as pas réussi à bien dormir cette nuit ? »

« Disons que j’étais perdu dans mes pensées. Je réfléchissais par rappot … »

« A Earnos, hein ? Comme moi. Il est vraiment super … enfin, je trouve. »

Voilà que la princesse s’était mise à compliment le jeune garçon Aspicot. Alors qu’auparavant, elle n’aurait même pas chercher à en savoir plus à son sujet. Vraiment, les mois et les différents événements avaient réussi à changer sa perception de tout cela mais … il restait malheureusement le fait qu’Earnos ne lui pardonnait pas.

« Mais voilà, j’ose pas lui dire qui je suis car sinon, il me reparlera plus … et pas envie de ça, Olistar. Dis, tu sais pourquoi il ne veut pas ? »

« Pas le moins du monde. Attention, les cours vont bientôt commencer. »

Et voilà comment il arrivait à détourner le sujet. Aussitôt, la princesse se concentra sur le professeur qui arriva, celui-ci leur demandant de sortir leurs affaires. Terria poussa un profond soupir, regardant la place vide à côté d’elle. Olistar fit semblant de l’ignorer.

Chapitre 10 : Un étrange intérêt

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Chapitre 10 : Un étrange intérêt

« Décision stupide, bien entendu. »

Aucune nouvelle pour ce que venait de lui envoyait Novon. Il haussa simplement les épaules en regardant la lettre, comme si de rien n’était. Rien de bien terrifiant, pour ne pas changer. Il avait fait ce qu’il avait à faire, il n’avait pas besoin de changer autre chose.

« Qu’importe qu’elle soit stupide ou raisonnable, c’est celle que j’ai choisi. »

Novon lui avait encore lancé une sorte de faux ultimatum. Cela faisait plus de trois ans qu’il était maintenant ici, dans le royaume des insectes. Le temps passait rapidement et il ne l’avait guère remarqué. De toute façon, il n’y avait qu’une chose qui l’intéressait à l’heure actuelle.

« Et ce quelque chose peut venir toutes les semaines. »

Car oui, malgré les apparences, les dires et les actes, tout cela avait été finalement bien reçu. Earnos pouvait venir en cours une fois par semaine et à partir de là, pouvait alors espérer avoir un peu d’éducation. N’était-ce pas le plus important ?

« Si on m’avait dit cela en le regardant, je ne l’aurais pas cru. »

Et pourtant, c’était une très bonne nouvelle. C’était aussi cela qui était assez dérangeant en soi. Quoi donc ? Tout simplement le fait qu’un simple enfant du royaume des insectes prenait des cours, pire ! Etait même plus doué que certains enfants nobles alors qu’il n’avait pas de cours quotidien. Comment cela était possible voire crédible ?

Tout simplement car il avait compris que l’enfant utilisait les autres jours pour apprendre par lui-même … ou par ses parents. Ses parents ne devaient pas être n’importe qui d’ailleurs pour avoir ne serait-ce qu’une éducation. Être capable de lire et écrire n’était pas à la portée de n’importe quel insecte. Simplement, ils vivaient dans la précarité.

« La vie n’est pas rose pour tout le monde. »

Lui-même, malgré les années qui s’écoulaient, avait toujours certains regards haineux qui se tournaient vers lui. Sauf qu’il en faisait sa force. De plus, Earnos n’avait toujours pas saisi qui était la personne encapuchonnée à côté de lui.

« A me demande s’il est réellement intelligent ou parfois très candide. »

Installé contre un mur du château, le garçon aux cheveux violets croisé les bras, la tête baissée en direction du sol pour mieux l’observer. C’était ainsi, n’est-ce pas ? Ainsi et pas autrement. Il ne fallait pas espérer. Mais en même temps, si personne n’espérait, nul ne pouvait alors vouloir un meilleur avenir.

« C’est pourquoi je continue de me battre pour ma race et celles des différents insectes. »

S’il abandonnait le combat dès maintenant, il n’aurait alors plus aucune chance dans le futur. Il ne pouvait pas se le permettre, il se le refusait. Bon, c’était l’heure d’aller en cours. Les autres élèves n’allaient pas attendre sur lui non plus.

« Encore du retard, Olistar. Comprenez-vous que vous ne pouvez pas faire comme vous le désirez ? Et ne cherchez pas l’excuse de la lettre. »

« Cela n’est pas une excuse mais une raison. Bien que cette raison ne soit pas suffisante pour mon retard, je tiens néanmoins à me faire pardonner. »

« Retournez vous asseoir à votre place et que je ne vous entende plus pour le reste de l’heure qui arrive, est-ce bien compris, Olistar ? »

Il hocha la tête avant de voir le visage d’Earnos. Celui-ci n’était guère dédaigneux ou mauvais. Non, maintenant, il l’ignorait complètement ou presque. L’enfant était concentré uniquement sur le tableau noir alors que le professeur reprenait.

« Earnos, est-ce que tu veux bien venir au tableau pour lire cette partie ? »

« Euh … Euh … Oui. Comme vous … voulez, professeur. » dit l’enfant aux cheveux blonds, tenant le livre en main, marchant d’un pas machinal vers le professeur. Même s’il savait que le professeur ne lui voulait guère de mal, il avait encore un peu le trac.

« Prends donc tout ton temps, quitte à ce que tu sois plus lent que les autres. »

« Non, non. C’est bon. Je vais le faire, professeur. Alors … Le Royaume … des Insectes …. est coupé en plusieurs parties. Ces parties sont … »

Et voilà qu’il se jetait dans la gueule de la mante religieuse. Il commença à réciter le texte, ayant appris à lire il y avait à peine quelques mois. Souvent hasardeux, souvent hésitant, il essayait néanmoins de faire de son mieux et cela se voyait comme cela s’entendait. L’enfant aux cheveux blonds continua jusqu’à ce que le professeur tape dans ses mains :

« C’était parfait ou presque, Earnos. Je te dirais tes erreurs à la fin du cours. Tu peux retourner t’asseoir maintenant. Hmm .. .Olistar, à toi de continuer. »

Le jeune Rapion se leva à son tour, nullement dérangé par les dires du professeur, livre en main. Il continua à la suite d’Earnos, n’ayant aucune difficulté contrairement au précédent garçon, celui-ci replongeant son nez dans le livre. Une petite voix à côté de lui vint lui dire sur un ton qui se voulait doux et gentil :

« Ne t’en fait pas, c’est Olistar. Même s’il donne l’impression de savoir tout sur tout, ça reste quand même un garçon comme nous autres. »

« Je sais bien mais je peux voir la différence d’éducation entre lui et moi. J’ai tellement de retard par rapport à lui que … »

« Je t’arrête tout de suite. On a tellement de retard par rapport à lui et ça, c’est tout le monde. Il est beaucoup trop fort et intelligent contrairement à nous. »

Il ne savait pas si cela se voulait rassurant mais il fit un léger sourire à la personne encapuchonnée comme pour la remercier de ce qu’elle venait de dire. D’ailleurs, il ne tarda pas à le lui exprimer, d’une voix légèrement enjouée :

« Je m’en doute, j’ai put le remarquer pendant que je me suis battu avec lui. Merci. »

« Oh tu sais, j’ai pas dit ou fait grand-chose hein ? Je dis juste ce qui me passe par la tête, rien de plus, hahaha … Tu pas à t’en faire. »

Il ne s’en faisait pas mais cette personne encapuchonnée était bien sympathique même si en plusieurs mois, il n’avait jamais su qui c’était. Par contre, la princesse avait espacé de plus en plus ses visites jusqu’à ne plus venir. Que cela l’embête serait un comble mais il trouvait qu’elle avait rapidement abandonné la bataille.

« Bof, de toute façon, pas comme si ça m’intéressait réellement dans le fond. »

Il avait haussé les épaules avant de replonger dans l’écriture de ce que le professeur avait marqué au tableau. Le tout était de rester bien concentré sur ce que le professeur disait et tout alors allait très bien se passer. Néanmoins, la personne encapuchonnée lui murmura :

« Dis, est-ce que tu peux m’aider un peu ? J’ai vu que tu étais plus fort que moi pour ça. »

« Ah ? Euh … Soustraction … alors, euh … Comment dire … Ah oui, je vois comment je vais t’expliquer. Tu connais l’ordre des chiffres ? »

« Du genre 0, puis 1, puis 2, puis 3 ? »

« C’est ça. Ben la soustraction, tu vas dans le sens inverse. Puis tu fais le nombre de pas pour savoir le chiffre. Du genre, regarde, 9 moins 6, tu fais le nombre de pas qu’il faut pour te rendre de 9 vers 6. Ça fait un pas donne 8 puis deux pas donne 7 puis trois pas donne 6. Donc 9 moins 6, ça fait trois. Tu vois ? »

« Mais quand y a deux chiffres ? Comment qu’on fait ? Surtout si l’autre est plus grand que le premier, comment qu’on fait ? Euh, déjà deux chiffres. »

« Deux chiffres ? Euh ben là, c’est plus compliqué. Tiens, on va faire ça pour faire plus simple. Euh … 10 ! Tu vois ce que c’est ? Ben 10 moins 3, il faut faire ça. Tu mets le 3 et le 0 du 10 sur la même. Pour aller de 3 à 0, il faut combien de pas ? »

« Euh … Je comptes ! Alors, il me faut … un … deux … trois … puis arrivé à neuf, on continue jusqu’à zéro. Sept pas ? »

« Donc tu fais que le 1 du 10 n’existe plus et il reste alors ? »

« Sept pas ! C’est bien ça, Earnos ? Mais c’est plus simple quand tu expliques. Mais maintenant, euh … si je me trompes pas beaucoup trop. Alors euh … si on fait 10 moins 5, ça fait un … deux … cinq ? C’est ça ? Mais si on met 10 mais le 3 à la place du 0, ça fait dix plus trois mais aussi maintenant, on fait ce 10 avec un 3 à la place du 0 et qu’on retire 7, on fait comment alors ? Tu veux bien me dire car je comprends pas tout ? »

« Euh … ben la même méthode ! On compte du 7 jusqu’au 3, ça fait donc … six pas ! Ca fait donc un 6 ! Et le 1 du 10 plus 3 disparaît donc ça fait 6, voilà tout ! Tu as compris ? C’est plus simple comme ça ou pas ? Tu me le dis hein … »

« Je crois un peu mais bon, c’est plus loin que le professeur nous dit. »

Ah bon ? Il avait juste imaginé ça dans sa tête. D’ailleurs, toutes les têtes étaient tournées vers eux, le professeur toussotant légèrement avant de demander ce qui se passait. Earnos se recroquevilla sur place. Il ne voulait pas se faire disputer par le professeur et …

« C’est de ma faute, professeur. J’ai demandé à Earnos de m’expliquer les soustractions. C’est plus simple quand il raconte, lui. Il devrait montrer au tableau et … »

« Mais chut, tais-toi, je ne veux pas aller au tableau et j’ai pas envie que … »

« Oh ? C’est vrai cela ? Et bien, Earnos, viens donc expliquer à tes camarades. Toute idée est bonne à prendre, montres-nous donc. »

Olistar regardait le jeune Aspicot qui se relevait, un peu décontenancé. Il lui chuchota d’y aller franchement et surtout de ne pas avoir peur. Earnos s’exclama :

« Je … Je n’ai pas peur ! Euh … professeur, je peux prendre la craie ? »


Le professeur donna le bout de craie à Earnos, celui-ci commençant à expliquer le système de pas qu’il avait fait. Le professeur avait déjà montré au sujet de mettre sur une même ligne les dizaines et les unités mais les « pas » étaient quelque chose d’assez facile à comprendre, et cela pour tout le monde. Lorsqu’il eut terminé, le professeur vient applaudir légèrement.

« C’est en cela que tu fais preuve d’ingéniosité, Earnos. Si tu arrives à résoudre un problème d’une autre façon, toute aussi facile voire plus que celle donnée par le professeur, n’hésite pas à en parler à tes camarades. Tu peux retourner à ta table. »

« Mais professeur, c’est vraiment plus simple ! Ca ressemble à la marelle ! » s’exclama un élève, signalant le jeu qui consistait à tracer des cases au sol avec des chiffres.
Et voilà que tous les élèves étaient en train de parler avec le professeur, celui-ci n’étant visiblement plus enclin à continuer son cours mais expliquer la méthode d’Earnos. Le regard du garçon aux cheveux violets fixait l’enfant-Aspicot. Il savait maintenant pourquoi il restait ici, dans le royaume des insectes : Pour Earnos. Cet enfant avait éveillé en lui un intérêt qu’il n’arrivait pas à expliquer. Un intérêt bizarre … peut-être malsain.

Chapitre 9 : Revenir à la maison

ShiroiRyu
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Chapitre 9 : Revenir à la maison

« Earnos ? Est-ce que … »

« Tu n’es pas accompagnée par l’autre ? Et tu n’as pas de foreuse dans les mains ? »

« Non mais je voulais savoir si … euh … est-ce que tu veux aller à l’école comme les autres enfants ? Dis ? Est-ce que tu veux ? »

« Est-ce que tu te moques encore de moi ? Je te promets que si tu continues comme ça … Tu te moques encore de moi ! Tu sais parfaitement que je fais ça car mes parents ont pas les sous pour ça ! Et que je veux les aider ! Tu crois que je peux faire ça ? »

« Je me moques pas de toi ! Mais l’école, c’est super amusant ! Et super plaisant ! Je suis sûre que tu aimeras vraiment ! Et puis, personne ne payera car ça sera gratuit ! »

« Arrêtes tes bêtises ! Sans mon travail, on aura des problèmes pour mes parents ! »

« Il faut que j’aille demander à tes parents alors si c’est vrai. »

Elle s’apprêtait déjà à quitter le chantier mais Earnos était arrivé à sa hauteur, posant ses mains sur ses épaules. Le regard rubis furieux était maintenant en train de la fixer. Avec rage, il vient dire d’une voix énervée, très énervée :

« Ne t’avises pas de faire quelque chose de la sorte, compris ? »

« Mais si je veux t’aider, j’ai le droit non ? Je suis la princesse de Shunter ! Et pui euh … »

« JE NE TE SUIS PAS REDEVABLE ALORS DISPARAIS ! »

« Snif … Tu vas voir ! Tu viendras à l’école ! Même si ce n’est qu’une journée, tu viendras ! Et tu auras pas le choix pour la peine ! Pas du tout ! Que tu vois comment c’est ! Tu verras alors à quel point c’est super chouette ! Moi-même, je savais pas avant ! » s’écrit la jeune fille aux cheveux blonds, les larmes aux yeux mais en colère comme lui.

Et elle était partie sans rien dire, comme si elle en avait rien à faire des paroles de l’enfant. Le lendemain, un garde était venu le voir et le récupérer. Sa mère accompagnait le garde, légèrement inquiète mais souriante.

« Mais maman … je veux pas y aller ! Je dois continuer à travailler ! »

« Ordre de la princesse, mon petit Earnos. Mais ne t’en fait pas, j’ai contacté ton chef, il ne déduira pas cette journée de ton salaire. Il a même dit : « Si ça peut lui permettre de devenir un meilleur époux pour Herakié, pourquoi pas ? »

« Heiiiiiiiiiiiiiiiiiiin ? MAIS MAIS MAIS ! Je sais même pas ce que ça veut dire « époux » ! »

Et voilà qu’il fût emmené « de force » au château du Roi. Oh, il n’eut pas vraiment le temps de pouvoir visiter car il fût guidé jusqu’à la salle des classes mais visiblement, l’intérêt avait pris le dessus sur le reste et ce fût avec un peu d’étonnement qu’il rentra en classe.

« Hum ? Tu es l’élève particulier de la princesse ? Installes-toi, elle a même demandé à ce que l’on te donne de quoi écrire et autres. Maintenant pour une place … »

« Par ici. Il en reste une. » déclaré une personne encapuchonnée tandis qu’il haussait un sourcil. Hum, c’était lui ou il n’y avait pas la princesse ? Tant mieux en un sens, ainsi, il ne la verrait pas et il pouvait donc profiter de tout ça.

« Je m’appelle Earnos et je suis là juste pour une journée. Je ne sais même pas en quoi ça consiste exactement mais bon … j’espère que ça sera bien. »

« Si tu as une question, tu me la poses, c’est tout simple. »

Il s’était surprise à rougir en remerciant cet inconnu, sûrement une fille d’après sa voix. Et surtout, il ne remarqua pas qu’à travers la fenêtre, un enfant aux cheveux violets était en train de l’observer, lui, ainsi que son compagnon camouflé. Il tenait une lettre en main, accroupi sur une branche avant de soupirer :

« Qu’est-ce que la princesse a put s’imaginer ? Ah … Enfin, tant mieux en soi. »

« Alors, qu’est-ce que je dois faire ? »

« Tu vois comment additionner ces chiffres ? Ben alors, il faut faire ça et ça et … »

« Ah mais je sais ! J’ai déjà vu tout ça avec les personnes du chantier ! » s’exclama l’enfant, le professeur toussotant légèrement. « A vos souhaits. » dit l’enfant, visiblement bien poli même s’il ne comprenait guère la situation dans laquelle il se trouvait.

« Tu sais déjà faire tout ça ? Mais euh … »

La personne encapuchonnée sembla surprise par les réactions de l’enfant à côté d’elle. Mais ! S’il connaissait déjà les chiffres, elle avait rien à lui apprendre alors ! Bon, peut-être pour l’écriture, elle était sûre et certaine qu’elle allait réussir à l’amadouer de ce côté ! Oui !

« Il serait bon pour toi que tu te décides à rentrer, Olistar. Toute la tribu attend ton retour. »

Il avait lu à voix haute les écrit de Novon. Bien entendu, il s’en doutait qu’il voulait qu’il rentre. Il n’était pas le seul aussi … mais toute la tribu ? Il exagérait … et de beaucoup, de vraiment beaucoup. Mais bon, il était toujours ainsi.

« Je ne comptes pas rentrer, ne le comprendras donc t-il jamais ? »

« Défendre les saines valeurs des Rapions et Drascores dans ce royaume perdu ne te mènera à rien, réfléchis-y sérieusement, tu n’as rien à gagner là-bas. »

« Beaucoup plus que tu ne le crois, Novon. Mais pour ça, il faut donner sa chance. »

Sa chance à des êtres comme Terria ou Earnos. Une chance qui peut-être n’allait jamais se reproduire. C’est pourquoi il était décidé à rester là. La réponse à cette dernière lettre allait être plus que cinglante mais il allait falloir que Novon la comprenne bien.

« C’est à cette heure-ci que vous arrivez, Olistar ? »

« Je suis désolé mais du courrier d’une importance capitale fait que j’ai dût y répondre dans les plus brefs délais. Cela n’était donc pas de mon ressort que de ne pas rejoindre votre cours. »

« Humpf, allez vous asseoir, nous avons un nouvel élève très studieux, contrairement à vous. Vous feriez bien de suivre son exemple. »

Tiens donc ? Earnos ? Celui-ci n’avait pas relevé son visage, la langue sortie, son nez plongé dans la feuille qu’il tenait entre ses mains. Cette concentration absolue … hmm. L’idée de la princesse n’était vraiment pas mauvaise en fin de compte.

« Je m’y appliquerais dorénavant. Vous pouvez reprendre le cours. »

Cette lettre n’avait au final que peu d’importance en vue de la situation actuelle. Il avait eut la surprise de voir Earnos travailler avec acharnement dans un endroit qu’il ne connaissait pas. N’était-ce pas une récompense déjà bien suffisante ? Une raison pour qu’il reste ?

« Dis … tu as vu, Olistar ? Il est en fait très doué. »

Voilà que la personne encapuchonnée lui chuchotait quelques mots. Bien sûr. La princesse avait tout fait pour qu’il soit assis à côté d’elle. Ainsi, si elle l’aidait, il serait redevable envers elle et ils feraient la paix tous les deux. Olistar murmura à son tour :

« Je vois surtout que contrairement à nous, il écoute en classe et travaille. Faisons de même. »

« Comme tu le dis, on y va alors. »

Et voilà que les deux enfants écoutaient maintenant le professseur, celui-ci pouvant continuer son cours sans être dérangé. A la fin des quatre heures, alors qu’il était temps de partir, Earnos laissa les affaires sur le bureau ,disant calmement :

« Je n’ai pas besoin de les prendre avec moi puisque je ne reviendrais plus. »

« Pourquoi est-ce que tu dis cela ? Tu ne peux pas voir avec ta famille ? »

« L’école royale ? Un peu de sérieux. J’y ait été car ma mère voulait que j’accepte le cadeau de la princesse mais je sais que c’est pas pour moi. Mais au final, je commence à comprendre pourquoi Herakié aime tant que ça l’école. C’est amusant d’apprendre toutes ces choses. »

« Si c’est amusant, ce n’est pas mieux que de travailler ? »

« Je ne crois pas que vous pouvez comprendre. On n’a pas forcément trop le choix des fois. C’est pourquoi certains continuent de travailler alors qu’ils voudraient faire autre chose. Maintenant que les heures sont terminées, je retourne chez moi. Bonne chance. »

« Oh ? Earnos, c’est bien cela ? La reine Seiry m’a demandé de noter ton travail avant que tu ne partes. Cela ne m’a pris que quelques minutes mais tiens, voilà tes résultats. Elle voulait que tu montres cela à tes parents et au reste de ta famille. Ah … quelle monarque. »

L’enfant aux cheveux blonds récupéra les différents papiers avant de remercier le professeur, s’éloignant sans un mot. L’homme-insecte poussa un soupir avant de dire :

« Certains qui ont des privilèges ne comprennent pas la chance qu’ils ont de pouvoir en profiter. C’est en voyant ce jeune garçon que je me dis que pour certains, l’éducation est du gâchis pour les nobles. Quant à vous deux, n’oubliez pas de retourner en cours. »

Même si ce n’était pas avec lui. Olistar regarda Earnos partir, l’être encapuchonné faisant de même sans un mot, la tête baissée en direction du sol.

« Est-ce que c’était une mauvaise idée de ma part, Olistar ? Je voulais … rendre service. »

« Je n’en doute pas un seul instant, princesse. Nous devrions nous mettre en route si nous ne voulons pas avoir de problèmes pour plus tard. »

Elle était d’accord. Ailleurs, l’enfant aux cheveux blonds retourna chez lui, tendant les différentes feuilles que lui avait données le professeur. Sa mère voulut l’interroger mais il fit juste un geste de la main, murmurant :

« Maman, je vais juste me reposer un petit peu. »

Elle n’avait pas osé l’arrêter, regardant les résultats. Même si c’était la première fois, il n’y avait aucune faute. Le professeur avait écrit quelques remarques comme quoi Earnos avait été un élève très sage et attentif, posant les questions si nécessaires et surtout doté d’une compréhension assez importante. La dernière remarqua consistait en un avis général, demandant à ce qu’Earnos puisse venir au moins une fois par semaine pour suivre des cours. Le professeur écrivait qu’il ne savait pas la condition de l’enfant mais que cela était possible à envisager en discutant avec les parents et les autres professeurs.

« Et bien, et bien … Pourquoi pleures t-il donc ? Peut-être qu’il n’est pas au courant ? » murmura la femme Coxyclaque avec douceur, posant une main sur sa joue. Impossible à ignorer que l’enfant sanglotait, considérant que tout cela était impossible pour lui. Peut-être qu’elle allait devoir avoir une discussion avec son mari.

Chapitre 8 : Souvenir d’enfance

ShiroiRyu
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Chapitre 8 : Souvenir d’enfance

« J »ai l’air d’un véritable espion à me comporter de la sorte. Je suis risible. »

Mais tout cela le dérange complètement. Il y a une chose qu’il n’arrive pas à comprendre et cela l’embête. Il n’aime guère quand il n’a pas toutes les informations en main. C’est pourquoi il se trouvait une nouvelle fois à observer le jeune garçon aux cheveux blonds pendant son travail mais maintenant discrètement, pour que nul ne le remarque. Il n’avait pas besoin de se montrer aux autres, il travaillait en catimini.

« Rien de spécial pendant son travail. Alors où est le problème ? »

« HEY ! Earnos, l’heure de la pause, tu peux aller prendre une heure pour toi ! »

« Comme vous le voulez, je reviendrais alors. » déclara l’enfant aux cheveux blonds, arrêtant sa foreuse qui avait toujours une sale mine. Jusqu’au bout, il n’utiliserait pas la nouvelle, n’est-ce pas ? Malgré tous les efforts de Terria pour cela. Car oui, la jeune fille avait continuer à vouloir se faire pardonner.

« Autant d’efforts qui ne seront jamais récompensés, c’est désolant … vraiment désolant. »

Mais ce n’est pas à lui de faire justice, loin de là. Peut-être qu’en sachant ce qui se passait réellement, il pourrait alors savoir si la raison qui poussait Earnos à ne pas apprécier la princesse était légitime ou déplacée. Et quand il la saurait ? Il la garderait pour lui-même. Ce n’était pas à lui de décider ou de dire exactement ce qui s’était passé.

« Je vous jure … elle va encore venir me déranger, hein ? »

« Earnos, est-ce que … je peux parler ? »

La princesse Terria était cette fois-ci accompagnée par quelques gardes. Elle tenait toujours cette foreuse en main. La mine était attristée et dépitée. C’est vrai, il s’en voulait. Il n’était pas là pour elle dans ces moments plus que difficiles.

« Je n’ai rien à vous dire. Je n’ai pas de temps avec ces bêtises. »

« Mais est-ce que je peux dire quelque chose ? Laisser la foreuse ? S’il te plaît ? »

« Hors de question, tu risquerais de soulager ta conscience. Je m’en fiche, tu n’as qu’à la garder, c’est aussi simple que ça ! Maintenant, je retourne au travail ! »

« Princesse Terria, les ouvriers nous regardent. Vous devriez arrêter de venir, même si la reine Seiry elle-même vous y autorise. Cela ne sert à rien. »

« Oui mais non ! Je reviendrais, encore et encore ! Pourquoi est-ce qu’Olistar n’est plus là ? Au moins, il m’aurait aidé à comprendre … mais il a complètement disparu. »

Il la voyait passer à côté de lui alors qu’il évitait de se faire remarquer. Bête, c’est terriblement bête mais il ne veut pas revenir auprès d’elle tant qu’il ne sait pas. Mais cette fois-ci, il est bien décidé à découvrir la vérité … aujourd’hui !

« Je vous jure, elle va me coller encore longtemps ou quoi ? Si elle voulait vraiment se faire pardonner, elle n’avait alors qu’à se rappeler de tout ça et rien d’autre. »

Mais se rappeler de quoi ! C’est ça qu’il veut savoir ! Pourquoi est-ce que l’enfant fait autant d’efforts pour ne pas apprécier ceux de la jeune fille insecte ? Finalement, la réponse ne tarde pas à arriver, l’enfant murmurant :

« Si seulement elle se rappelait … qu’elle me connaissait depuis … autant de temps … depuis toutes ces années. Et cette promesse que j’ai faite à sa mère et à elle-même ? Ca montre qu’elle en avait vraiment rien à faire de moi. »

Hein ? Il connaissait la princesse depuis des années ? Mais il est si jeune ! Mais surtout, il est sûr que l’enfant dit la vérité. Pourquoi mentirait-il alors qu’il est seul ? Il n’est pas au courant qu’il est là, lui. Olistar se chuchota à lui-même :

« Donc … Earnos et la princesse se connaissent depuis tout ce temps. Ce n’est pas seulement l’acte en lui-même qui force Earnos à ne pas pardonner à Terria mais cet oubli. »

« Pfff, de toute façon, elle va finir par abandonner, ça sera mieux. »

L’enfant aux cheveux blonds tape dans le sol d’un petit geste du pied avant de se remettre au travail. La pause était terminée et il ne devait pas trop en profiter ! Il prit une profonde respiration, puis sa foreuse avant de l’activer. Pendant ce temps, Olistar s’était éloigné avec discrétion : il avait finalement obtenu ce qu’il désirait. Nul besoin de rester.

« Princesse Terria ? Je suis de retour. »

« Snif … Ah ! Te voilà! Tu disparais comme ça, sans même prévenir, et pendant des semaines ! Ma maman m’a prévenu à ce sujet mais ça change pas que ça se fait pas ! Pas du tout, Olistar ! Vraiment vilain ! »

Il avait remarqué les yeux rouges de la jeune fille mais il préféra ne pas en parler, il valait mieux. Pourquoi avoir plus de problèmes qu’il n’en faut ? Il s’inclina respectueusement, murmurant d’une voix lente et calme :

« Je tiens à m’en excuser mais je peux vous affirmer que je suis revenu … et que je ne comptes pas repartir à nouveau. Si cela peut vous rassurer dans mes intentions. »

« Snif, tu peux rester, je t’y autorise, oui. Mais la prochaine fois, tu me dis aussi pourquoi est-ce que tu pars ! Car là, même maman m’a dit que je devais pas te demander. »

« Je vous le promets, encore une fois, je peux me répéter si cela s’avère nécessaire. »

« Alors fais-le, maintenant ! S’il te plaît … snif. »

« Je vous le promets une nouvelle fois, princesse Terria, je vous servirais, comme le veut mon peuple et le royaume. Je continuerais de vous protéger qu’importe l’endroit où … »

« C’est bon, c’est bon ! N’en dit pas plus ! Je … désolée … je vais pas bien. »

« A cause d’Earnos, n’est-ce pas ? Cet enfant-Aspicot. Je sais que vous allez le voir tous les jours, avec cette foreuse. Vous êtes remarquable. »

« Je sais pas pourquoi je le fais, je sais pas du tout mais … j’ai l’impression que si je me fais pas pardonner par lui, je le regretterais toute ma vie. »

Et c’est chose normale mais il ne peut pas se résoudre à le dire à la princesse Terria. Il n’a pas à jouer les entremetteurs entre elle et le garçon-Aspicot. Il reprit d’une voix calme :

« Continuez sur cette voie, ne soyez pas la première à abandonner et je suis sûr qu’alors Earnos reconnaîtra tous vos efforts et qu’ils payeront un jour. »

« Tu le crois vraiment ? Vraiment de vrai ? Tu le crois, Olistar ? Merci … Ca me rassure un peu, j’ai toujours l’impression que tout ce que je fais est vraiment inutile, snif. »

« Ca ne l’est pas et ne laissez personne vous dire cela, est-ce bien compris ? Vous faites des efforts pour vous excuser et cela est juste remarquable. »

« Mais si lui-même ne le remarque pas … ça ne sert à rien, snif. »

Visiblement, elle est déboussolée et décontenancée. La petite Apireine humanisée a les yeux baissés tandis qu’elle serre la foreuse contre elle. Rien n’y fait, n’est-ce pas ? Il n’y a donc aucune solution pour la sauver ? Du moins, l’aider ?

« Mais promis ? Tu restes à mes côtés maintenant, c’est vrai ? »

« Bien entendu, princesse Terria. Est-ce que vous pensez que je serais du genre à renier mes promesses inutilement ? »

« Tu me fais penser à Holikan quand tu parles comme ça, c’est assez drôle, faut avouer ! »

« Oh ? Ce garçon-Yanma ? Il ne m’apprécie guère mais qu’importe, ce n’est pas un souci, princesse Terria. Néanmoins, séchez vos larmes. Voulez-vous peut-être venir en cours avec moi ? Même si je pense que les autres élèves vous dévisageront … sauf si on vous cache le front et aussi votre tenue ! Hmm … Non ? »

« Tu ferais vraiemnt ça ? C’est vrai que j’ai des professeurs particuliers mais c’est pas pareil que d’être entourée par d’autres garçons et filles ! On essaie, dis ? »

« On va essayer, princesse mais pour cela, il faudrait une cape et surtout que le professeur soit d’accord, je ne promets pas que ça sera simple, attention. »

« Ca ne fait rien, je te fais confiance pour que tu essaies, on va essayer ! »

Elle a retrouvé le sourire bien rapidement et cela lui suffisait. Bon, puisqu’elle allait mieux pour les prochaines heures et qu’il avait vraiment des cours d’ici une demie-heure, il pouvait utiliser ce temps pour trouver un déguisement pour la petite princesse. Il lui demanda de bien vouloir le suivre, chose qu’elle fit avec du zèle. Voilà, une capuche, de quoi cacher son front et aussi ses vêtements et c’était parfait. Elle était impossible à repérer pour les enfants.

Voilà. Quelques minutes plus tard, ils étaient tous les deux dans une salle de classe. Le professeur n’avait rien remarqué, surtout qu’ils avaient préparé un petit message écrit par la reine elle-même, qui semblait être amusée par l’idée.

« Ahem. Aujourd’hui, nous accueillons brièvement un nouvel élève dans notre classe. Je vous demanderais de ne pas trop le déranger et l’interroger, merci bien. »

Un message préventif qui n’était pas forcément très utile en ces moments puisque c’était sûrement une occasion unique qui n’allait pas se reproduire. Pourtant, elle s’installa à côté d’Olistar, celui-ci sortant ses livres.

« Tu sais écrire, n’est-ce pas ? Alors, si tu veux, tu prends des notes. »

Elle était d’abord surprise par le ton employé par Olistar, surtout le tutoiement mais comme elle comprenait que c’était principalement pour ne pas qu’elle ne soit pas repérée, elle ne vint rien dire. Elle ne fît qu’hocher la tête avant de prendre les affaires qu’Olistar lui tendait.

« Bonne chance, je suis sûr que cela te plaira. »

Peut-être était-ce le début d’une nouvelle chose pour Terria ? Mais celle-ci était déjà pensive sous sa capuche : et Earnos ? Est-ce qu’il pouvait avoir des cours lui aussi ? Elle n’y avait jamais pensé avant maintenant. S’il travaillait, il ne pouvait pas aller en cours alors non ? Il ne savait donc ni lire, ni écrire. C’était vraiment dommage ! Elle devait arranger ça !

Chapitre 7 : Refus cinglant

ShiroiRyu
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Chapitre 7 : Refus cinglant

« Alors, tu sais quoi faire, n’est-ce pas ? »

« Maman … j’ai juste peur … euh d’y ailler seule. Puis en même temps, j’ai pas vraiment de sous pour payer tout ça et … euh … »

« Ne t’en fait donc pas, n’oublie pas qui tu es, non ? Olistar t’accompagnera si nécessaire. Holikan aussi, ce n’est qu’un simple achat, non ? »

« Oui mais en même temps, je dois euh … aller m’excuser et je sais pas trop comment faire. Puis bon, s’il est pas content envers moi, je fais comment, maman ? »

« Oh ? Mais c’est à toi de le découvrir, ma petite fille adorée. Allez, vas-y. »

Elle lui confia une petite bourse d’argent, beaucoup trop pour une simple enfant tandis qu’Olistar se rapprochait déjà de la jeune fille en hochant la tête positivement.

« Je te charge de la protéger et la surveiller, Olistar. Je t’en sens capable, n’est-ce pas ? »

« Vous pouvez me confier sa vie, reine Seiry, vous ne serez jamais déçue. » déclara l’insecte aux cheveux violets en s’inclinant respectueusement devant elle.

« On y va, Olistar ? Euh … Je veux pas trop tarder car bon, je ne sais pas comment il va faire sinon ! Euh, enfin bon … enfin, tu veux bien, s’il te plaît ? »

« Bien entendu, princesse Terria. Si vous êtes prête à faire des efforts pour vous excuser, n’est-ce pas logique que de les récompenser ? Suivez-moi. »

Cette fois-ci, ils quittaient le château mais par la sortie officielle. Bien entendu, les gardes furent suspicieux mais la reine Seiry était présente pour leur dire de les laisser passer. Les deux enfants se baladèrent pendant quelques minutes, Terria regardant à gauche et à droite, soucieuse et inquiète, serrant la bourse d’argent contre sa poitrine.

« Je … je dois pas perdre les sous hein ? Il ne faut pas que je les perde. »

« Ne vous en faites pas, si quelqu’un tente quelque chose, il le regrettera amèrement. »

« Je le sais bien mais … s’il te plaît, pas de violence cette fois, d’accord ? »

« Je ne promets rien, cela dépendra de qui entreprendra une action ou non. Mais pour le moment, nous devons trouver un magasin … et donc vérifier pour une foreuse. Cela nécessite un magasin spécialisé, comme vous vous en doutez. »

« Qu’est-ce donc un magasin spécialisé, Olistar ? »

Bon. Visiblement, ce n’était pas vraiment un doute, plutôt le contraire. Il prit une profonde respiration, sans rien dire avant de se diriger vers les quartiers marchands. Mettant correctement la capuche sur le crâne de la jeune fille, il prit sa main avant de regarder autour de lui. Leur mission commençait maintenant.

Une mission ? Car oui, l’adolescent considérait cela comme une mission officielle de la part de la reine Seiry. Il ne fallut guère réellement de temps avant de trouver un magasin spécialisé dans les foreuses et autres outils.

« Qu’est-ce que je peux faire pour vous, jeunes enfants ? »

« Vous n’auriez aucun problème à nous vendre une foreuse si nous avons l’argent nécessaire pour l’acheter, n’est-ce pas ? » demanda aussitôt Olistar, le vendeur haussant un sourcil.

« Ca se passe pas vraiment comme ça si je peux me permettre … Je vends pas à n’importe qui, surtout si ce sont des enfants. Il va me falloir une … »

« C’est pour un cadeau ! C’est un cadeau que je dois faire ! S’il vous plaît ! Il me faudrait une foreuse pour un enfant ! Un enfant Aspicot ! S’il vous plaît ! »

« Un enfant Aspicot ? Mais de quel âge ? Un enfant ? Vraiment ? »

« Il doit avoir mon âge ! Six ans ! Jai les sous, promis ! » s’exclama la princesse avant de sortir sa bourse rebondie, le vendeur haussant encore une fois un sourcil.

« Qu’est-ce que vous faites avec autant d’argent ? Bon, j’ai compris. Me regarde pas comme ça, toi, je vois parfaitement que tu me fusilles actuellement. »

« Une simple mesure de prévention pour éviter quelques ennuis. »

« Tsss, foutu enfant. Bon, suivez moi, d’après ce que tu m’as dit, j’ai plusieurs modèles qui devraiient convenir à cet Aspicot chanceux. »

Chanceux ? C’était une chance que d’avoir une foreuse ? Earnos était exténué et bien jeune pour travailler, non ? En quoi était-ce de la chance ? Elle n’arrivait pas à comprendre les propos de cet homme. C’était où cette chance ?

« Ne vous en faites pas, dites-nous juste les caractéristiques de chaque outil. Sans vouloir le meilleur du meilleur, le plus important reste que cela soit bien à prendre en main. »

« En plus, vous êtes difficiles pour des gamins, je vous jure. »

« Nous voulons simplement quelque chose qui convienne le mieux … Avoir trop est inutile si on ne sait pas s’en servir. »

« Comme tu parles bieeeeeeeen. » s’exclama Terria sous sa capuche alors qu’Olistar disait :

« Je ne fais que ce que j’estime être bon. Le marchandage, j’en ait l’habitude, je préfère alors me méfier des belles paroles et plutôt alors patienter. »

« Bon sang, ça n’a que six-sept ans et ça se prend déjà pour un adulte. J’ai l’impression d’avoir le plus chiant des clients du dernier mois. »

« Est-ce que vous pouvez me montrer tout cela, je vous pries ? » demanda Olistar.

Voilà, une heure plus tard, ils avaient cette foreuse en main. L’homme aurait bien tenté de l’arnaquer, cela n’aurait pas marché. Il fallait juste retourner au lieu de travail d’Earnos. Cela ne fût pas bien difficile tandis que Terria tremblait de tout son corps. Ils pouvaient le voir travailler au loin, seul et isolé. La foreuse qu’il avait en main était pitoyable et pathétique. Avec lenteur, Olistar plaça une main dans le dos de Terria.

« Allez-y, princesse Terria. C’est le moment de montrer que vous avez du courage. Vous en êtes capable, vous pouvez le faire, n’est-ce pas ? »

« Je ne sais pas vraiment, tu ne veux pas le faire ? C’est toi qui … »

« Princesse … Veuillez ne pas m’agacer inutilement, je vous pries. » rétorqua Olistar avant de la pousser un peu en avant. Elle eut un petit cri couvert par la foreuse d’Earnos, se rapprochant inexorablement de lui jusqu’à ce qu’il s’arrête.
Il se retourna vers la jeune enfant encapuchonnée, observant la foreuse entre ses mains avant de pencher la tête sur le côté. Il avait la mine des mauvais jours et demanda :

« Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? C’est une zone interdite, vous savez ? Vous risqueriez d’être blessé. Vous feriez mieux de vous éloigner. »

« Ea … Earnos ! Pour toi ! » s’exclama la jeune fille en dévoilant son visage, gênée et confuse. Aussitôt, un rictus se fit voir sur les lèvres d’Earnos alors qu’il regardait maintenant la foreuse avec dédain. Avec rage, il repoussa la foreuse en s’exclamant :

« C’est quoi ça ?! De la pitié ?! Vous foutez pas de moi et partez ! Je ne veux pas vous revoir ici ! Et reprenez votre foreuse pourrie ! »

« Cela est un cadeau pour réparer nos erreurs, Earnos. »

« TOI AUSSI, TU ES LA ?! » hurla alors Earnos avant de brandir sa foreuse et de l’actionner en direction d’Olistar. Celui-ci ne fût guère impressionné avant de venir récupérer la foreuse que la princesse voulait offrir à Earnos. Il haussa les épaules, se rapprochant de Terria avant de lui dire de revenir, cela ne servait à rien de discuter. Ils reviendront dans quelques jours si nécessaire mais il était hors de question qu’ils abandonnent cette bataille. D’ailleurs, maintenant, il avait réussi à piquer sa curiosité. Cet enfant-Aspicot ne donnait pas l’impression d’être revanchard et matérialiste … quelque chose clochait dans sa réaction.

« Snif … Maman, ça n’a servit à rien du tout. »

« Oh ? Il n’a pas accepté tes excuses ? Vrament ? Mais qu’est-ce que tu lui as dit ? »

« Ben … maman, je lui ait dit que j’étais désolée, que c’était pour m’excuser, me faire pardonner mais il m’a pas vraiment écouté et il était encore plus en colère quand y a eut Olistar, snif … Olistar qui n’a rien fait de mal non plus ! »

« Pardonnez moi reine Seiry, princesse Terria, je dois m’en aller. J’ai quelque chose d’important à faire, j’espère que vous comprendrez ma démarche. Je m’en vais tout de suite. Princesse Terria, ne vous inquiétez pas, ce n’est que passager. »

La mère et la fille le laissèrent partir bien que Terria se demandait ce qui se passait. Rapidement, il avait quitté le château une nouvelle fois pour retourner alors à cet endroit si particulier … l’endroit où Earnos travaillait … encore.

« Il n’est pas ainsi. Ce n’est pas dans son comportement habituel. »

Il se répétait encore et encore cela … sans même se sentir peiné par toute cette histoire. Alors pourquoi est-ce qu’il s’en préoccupait autant ? Quelque chose clochait avec lui ? Mais pourtant, il n’arrivait pas à trouver quoi. Etrange, c’était étrange.

« Mais je finirais bien par trouver pourquoi il se comporte ainsi. »

Fierté personnelle ? Nullement, il n’était pas ainsi. C’était simplement un renseignement, comme il avait l’habitude de vouloir en obtenir. Ce n’était donc pas un mal, loin de là mais est-ce que les gens allaient comprendre cela ?

« De toute façon, comme s’ils avaient à être au courant. »

Voilà la seule réplique qui s’inscrivait dans sa tête. Si cela dérangeait quelqu’un, qu’importe ! Il n’était pas là pour se préoccuper des autres mais seulement de ce qui avait réellement une importance. Et à l’heure actuelle, l’importance résidait dans ce jeune garçon aux cheveux blonds. Qu’est-ce qu’il allait faire après le travail ? Mais aussi, pourquoi … il détestait autant la princesse Terria ? Surtout après une telle excuse de sa part. Earnos avait sûrement compris qu’elle était sincère et confuse … n’importe qui aurait accepté.

Chapitre 6 : Comment faire ?

ShiroiRyu
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Chapitre 6 : Comment faire ?

« Mais mais mais … Olistar ? Qu’est-ce que je dois faire ? »

« Nous devons rentrer au palais avant qu’il ne soit trop tard. Suivez-moi maintenant … »

« Snif … Snif … Ma foreuse, ma foreuse est cassée. Papa et maman … ils me l’avaient offerte pour mon anniversaire. Snif .. Snif … Ils vont être tristes. »

Mais pas autant que lui. Le garçon aux cheveux violets regardait l’enfant aux cheveux blonds au sol, tentant de récupérer les morceaux de sa foreuse. Elle était brisée, il n’y avait presque aucune chance qu’il arrive à la réparer.

« De base, cet outil est de mauvaise facture. Il se serait rapidement brisé par un choc trop violent. Tu ne perds rien dans le fond. »

« Olistar ? Mais mais … ça ne se dit pas, ça ! Surtout si c’est un cadeau ! » bredouilla la jeune fille aux cheveux blonds, le regardant avec étonnement. Earnos avait relevé son visage, ses yeux complètement vides d’expression alors que ses paumes étaient ouvertes.

« Un simple outil ? C’est un cadeau ! UN CADEAU DE MES PARENTS ! »

Cette fois-ci, il avait vraiment ressenti la colère de l’enfant voire même un peu de haine de sa part. Olistar se retourna vers l’enfant-Aspicot, remarquant alors les deux dards qui sortaient de ses poignets. Par rapport à ceux d’un adulte, ils étaient ridicules mais il n’était pas aveugle, il voyait bien un liquide vert qui suintait au bout des dards.

« Tu veux tenter de m’empoisonner, n’est-ce pas ? »

Alors il vaut mieux prendre ses précautions. D’un geste nonchalant, il fit un pas sur le côté, esquivant les mains d’Earnos avant de le prendre par le bras. D’un petit mouvement du pied, il souleva le corps de l’enfant au-dessus du sien pour le projeter tout simplement sur le sol.

« Et voilà chose faite. Cela devrait normalement te calmer. »

L’enfant blond resta au sol, parfaitement immobile tandis qu’Olistar retournait à côté de la princesse Terria. Celle-ci voulut ouvrir la bouche, bafouillant :

« Oli… Olistar mais … c’était pas de sa faute. Il était en colère et … »

« Non, ce n’était pas de sa faute mais la colère qui l’envahie est peut-être très dangereuse. Par mesure de précaution, j’ai préféré m’en occuper. Maintenant, veuille me suivre, princesse Terria, nous n’avons que trop durer en ce lieu. »

« Sn … Snif … Je me vengerais ! Je me vengerais ! Vous verrez tous les deux ! Princesse ou pas ! Je me vengerais tous les deux ! Je vous le promets ! »

Une promesse de vengeance ? L’enfant violet s’arrêta une nouvelle fois dans ses mouvements. De la vengeance à son âge ? De la vengeance ? Pour un simple objet ? Non … Il valait mieux ne pas trop se concentrer sur ça. Bon, il devait partir avec la princesse Terria.

Quelques heures plus tard, _il se retrouve face à la princesse Terria, au beau milieu des jardins royaux. Celle-ci est assise sur un banc, tremblante de tout son petit être :

« Vraiment ? Dis … Dis … Euh … Tu crois qu’il me pardonnera un jour ? »

« Vous pensez encore à ce qui s’est passé, princesse Terria ? Il n’y a que peu voire aucune chance que vous le revoyez. Ce royaume est gigantesque. »

« Mais si cela doit arriver ! Comment est-ce que je dois réagir ? Snif … Je voulais pas que ça se passe comme ça ! Pourquoi ça s’est passé comme ça, Olistar ? »

« Car vous avez manipulé cet enfant en jouant sur ses sentiments. Cela n’est pas très correct de votre part mais ce qui est fait est fait. Vous ne pouvez pas revenir en arrière. Vous pouvez juste tenter de l’oublier ou tout faire pour réparer le passé. »

« Olistar ? » demanda la jeune fille, un peu soucieuse du ton employé par le Rapion. Celui-ci a la tête baissée en direction du sol, regardant l’herbe verte. Il finit par relever son visage, fixant la jeune princesse aux cheveux blonds avant de dire d’une voix qui se veut calme :

« Oui ? Y a t-il y a un problème ? Qu’est-ce qui se passe ? Est-ce que je dois faire quelque chose pour vous ou non ? Si ce n’est pas le cas, je pense qu’il est bon pour moi de partir. »

« Hein ? Mais tu ne vas pas me laisser seule ! Tu ne vas pas me laisser seule alors qu’il faut que l’on trouve une solution hein ? Hein ? S’il te plaît ! »

« Princesse Terria, vous n’oseriez pas mettre la faute sur ma personne, je l’espère ? »

Le regard violet qu’il posa sur l’enfant la statufia sur place. Elle eut un petit trémolo, reniflant légèrement avant de sangloter. Elle bredouilla :

« Mais mais mais … Je ne sais pas quoi faire moi ! Snif ! »

« Il vous faudra trouver par vous-même. Je ne peux pas toujours être là pour vous. »

« MAIS MAIS MAIS … Olistar ! S’il te plaît ! Je suis sûre que tu as une idée pour m’aider ! »

« Je vous conseille simplement d’en parler avec votre mère. Elle est capable de vous dire quoi faire. Mais pour cela, il vous faudra du courage pour avouer ce que vous avez fait. Et surtout, n’essayez pas de mentir à votre mère. Vous savez parfaitement que ce n’est pas bon. »

« Parler à maman ? Mais mais mais … elle va me gronder ! »

« Et vous pensez que vous ne le méritez pas ? A vous de réfléchir à cela. Maintenant, je dois moi-même aller me laver et ensuite aller en cours. Bonne journée à vous, princesse. »

Elle voulut ouvrir la bouche pour dire quelque chose mais rien ne sortit de ses lèvres. Olistar n’avait aucune pitié pour elle. Elle se savait en faute ! Elle le savait mais ce n’était pas une raison pour se comporter comme ça ! Ca donnait l’impression qu’il n’avait aucun sentiment ! Comme au moment où il avait parlé à Earnos au sujet de sa foreuse.

« Snif … Je vais aller voir maman, elle me dira quoi faire, oui. » se chuchota t-elle avant de se frotter les yeux pour essuyer ses larmes. Elle quitta les jardins royaux, ne remarquant pas le jeune garçon aux cheveux verts adossé contre une colonne. Il s’éloigna à son tour lorsqu’il la vit disparaître dans un couloir.

Finalement, elle se retrouvait devant la porte la chambre royale, gardée par deux soldats insectes. Ces derniers la saluèrent, évitant de commenter les yeux rougis de l’enfant. Elle toqua faiblement à la porte avant de l’entrouvrir, jetant un œil à l’intérieur. La reine Seiry était en train de se faire brosser les cheveux devant un miroir, tournant son visage vers sa fille en voyant son reflet dans le miroir :

« Et bien ? Que se passe t-il ma fille ? Tu sembles avoir vécu des choses éprouvantes. »

« Maman … J’ai peut-être fait une grosse bêtise aujourd’hui … »

« Oh ? Viens donc tout me raconter et en détails. Mesdemoiselles ? Si vous voulez bien me laisser avec ma fille, refermez donc la porte derrière vous. »

« Comme vous le désirez, reine Seiry. Nous viendrons terminer votre coiffure dès que tout cela sera terminé. Si vous le voulez, nous pourrons nous occuper de votre fille aussi. »

« Qu’est-ce que tu en penses, Terria ? Est-ce que tu voudras la même coiffure que maman ? »

« Euh … Ben oui mais après que je t’ai parlé car c’est très important ! »

La reine Seiry fit un petit geste de la main pour leur signaler de quitter la chambre, chose que les femmes insectes firent dan les secondes qui suivèrent. Enfin, la jeune fille plongea sa tête dans la robe de sa mère, recommençant à sangloter.

« Et si tu commençais par le début, qu’est-ce que tu en penses, non ? Ça ne serait pas une mauvaise idée ? D’ailleurs, tu ne serais pas partie hors du château aujourd’hui ? »

« Ben si … enfin … comme d’habitude mais euh … ce n’est pas ça la grosse bêtise ! »

« Oh ? Il y a pire que cela ? Que de t’enfuir sans aucun garde, ma fille ? Je t’écoute alors, que je vois ce que tu veux dire. Où est donc Olistar ? Il était avec toi, n’est-ce pas ? C’est lui qui t’a trouvé, j’imagine non ? Ou alors, est-ce que je me trompes ? »

« Non non ! Maman, tu ne trompes pas du tout, promis ! Mais euh … Comment dire, c’est un peu compliqué, je dois t’avouer ! Mais euh … »

« Alors, dis moi exactement ce qui s’est passé. Qu’as-tu fait après avoir réussie à t’enfuir du château encore une fois ? Je me demande si tu n’aurais pas un passage secret par hasard. »

L’enfant sursauta, regardant sa mère de ses yeux rubis. Com… Comment est-ce qu’elle savait cela ? Pourtant, à part le sourire de la monarque à la chevelure dorée, aucune parole ne vint chercher cette fameuse informations que l’enfant n’aurait eut aucun mal à divulguer.

« Mais bon, ce n’est pas le sujet de la conversation, n’est-ce pas ? »

« Alors maman … Ben, je suis partie me promener du côté des foreurs. Tu sais, ce sont les insectes qui ont de grosses machines dans les mains. »

« Et qui creusent des galeries pour des nouveaux quartiers pour de futurs insectes. »

« Oui mais euh voilà … Je me suis cachée et je suis tombée sur un garçon-insecte ! C’était un Aspicot en fait ! Il a été très gentil avec moi ! »

« Alors ? Quel est le problème ? Tu peux me le dire ? Quel est le nom de ce jeune insecte ? »

« Earnos ! C’est un garçon-Aspicot ! Il était très jeune ! Comme moi en fait ! »

« Un jeune Aspicot … je vois, je vois … mais cela n’explique pas ce qui s’est passé pour que tu considères que ça soit une grosse bêtise, n’est-ce pas ? »

« Ben euh … Alors, je vais te raconter la suite. »

Mais déjà l’enfant n’osait plus lever les yeux, pour regarder sa mère en face à face. Il fallait dire qu’elle était terrorisée ou presque par ce qu’elle allait révéler. Déglutissant, elle prit une profonde respiration malgré son jeune âge … avant de recommencer à pleurer.

« Ma fille ? Je pensais que tu allais me donner la raison. Ne trouves-tu donc pas le courage ? »

C’était de ça dont elle manquait ! Du courage ! Du courage de lui dire la vérité ! Du courage d’affronter les réactions de sa mère après ce qu’elle avait fait ! Voilà tout ! Elle n’était qu’une enfant, il ne fallait pas l’oublier, non plus. Juste une petite enfant de rien du tout. Peut-être une princesse mais … dans des moments comme ça, la royauté n’avait aucune importance.

Chapitre 5 : Forger l’histoire

ShiroiRyu
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Chapitre 5 : Forger l’histoire

« Princesse Terria ? Ne me forcez donc pas à vous chercher. »

Hum … Huit ans. Cela en faisait maintenant un peu plus de deux ans qu’il était là pour surveiller la princesse Terria. Le souci, c’est qu’elle avait encore disparue. Le souci, c’est qu’elle était devenue bien plus douée dans ses parties de cache-cache.

« Est-ce qu’elle aurait quitté le château ? Si tel est le cas, il vaut mieux que je m’effoce de confirmer cela avant de me mettre en route. »

Un rapide coup d’œil, une course assez folle dans les couloirs, quelques gardes le saluant en lui disant qu’il a encore perdu la princesse de vue. Bien entendu, il essaie d’ignorer d’Holikan qui cherche encore à le provoquer inutilement.

« Humpf. Bon, voilà qui est bien problématique. Si elle a réussi à s’enfuir, le royaume est beaucoup plus grand que cela. Malheureusement pour elle … Je ne suis pas simple à échapper. Elle va bien finir par comprendre son erreur. »

« Ah ? Qu’est-ce que tu fais, Olistar ? Tu quittes le château ? »

« Un petit achat à faire, je reviendrais dans l’heure qui arrive si vous voulez rassurer les autres soldats. Je ne serais donc pas très long. »

« Fais donc, tu tiens généralement tes promesses de toute façon. »

« Je ne vois pas pourquoi j’en ferais si je ne suis pas capable de m’y tenir. »

Les deux soldats haussèrent les épaules avant de le laisser s’échapper, le jeune garçon aux cheveux violets quittant le château pour se mettre à courir à travers les ruelles.

« Elle va devoir comprendre qu’il n’est pas bon d’agacer un Rapion. »

Elle était si facile à trouver … et cela, elle ne s’en rendait pas compte. Une petite Apireine qui voletait dans les ruelles, ça ne passait pas inaperçu. Bien entendu, nul n’osait croire ce qui se passait mais quelqu’un de mal intentionné pouvait la faire souffrir terriblement. Le souci était qu’elle ne s’en rendait guère compte et que cela pouvait finir de façon dramatique. Ah … Il ne peut rien dire de mauvais sur elle, elle veut juste s’amuser.

« Mais son amusement peut lui coûter la vie ! »

Voilà le problème ! Et cela, elle ne le comprends pas. Il doit se dépêcher avant qu’il ne soit trop tard. S’il ne fait pas attention, cela peut devenir très grave. Il ne peut pas se permettre une telle chose. Il ne peut pas laisser cela se produire.

« Je vais devoir la retrouver, elle est peut-être en danger. »

Il ne veut pas se faire de fausses frayeurs mais ne pas prévoir le pire dans une situation comme celle-ci, ça peut résulter par la mort de la princesse. Si cela devait arriver, il valait mieux alors ne plus rien espérer pour la paix entre le royaume et les peuples du désert.

Pourtant, il n’eut guère réellement de mal à la trouver, contrairement à ce qu’il aurait pensé et pour cause : elle était tout simplement devant lui, accompagnée d’un garçon aux cheveux blonds tenant une foreuse. Un rapide coup d’oeil lui fit comprendre qu’il s’agissait d’un Aspicot, l’un de ces insectes devenant dans le futur un Dardargnan.

« Comme le destin est vraiment étrange. »

« Qu’est-ce qu’il raconte ? Bon, euh … reculez, princesse Terria ! »

« D’… D’accord ! » s’exclama la petite fille aux cheveux blonds alors qu’il haussait un œil. Qu’est-ce que cet Aspicot comptait faire ? Se battre contre lui ? Réellement ? Sans vantardise ou prétention, c’était tout simplement de la folie que de vouloir le provoquer.

« Il vaut mieux me rendre la princesse Terria sans combattre. »

« Je ne suis pas du genre à écouter les ordres d’autrui, sauf celui de mon patron ! »

Patron ? Cet enfant était donc bien déjà un jeune travailleur ? A un si jeune âge ? Il avait à peine cinq ans, autant que la princesse Terria. Comment est-ce qu’il pouvait travailler ? Non, c’était stupide de penser de la sorte, vraiment stupide.

« Je ne suis pas mieux que lui en vue de l’âge que j’ai maintenant. »

« Qu’est-ce que tu racontes ? Si tu comptes faire du mal à la princesse Terria, il faudra me passer sur le corps ! Et je te préviens, ça fait des années que je tiens ma foreuse ! Je sais me battre avec ! Tu auras de sacrées surprises ! »

« Cette foreuse ne me semble pas très résistante. »

« Ne raconte pas n’importe quoi et recule ! Je n’hésiterais pas un instant ! »

« Tu risques surtout de te faire mal … je ne veux pas te blesser, jeune Aspicot. »

Ce n’est pas de la prétention ou autre mais cet enfant n’a aucune idée de ce qui se tient en face de lui. D’ailleurs, le plus étrange est peut-être bien le fait que cet enfant ne semble pourtant pas hésitant un seul instant par rapport à la protection de la princesse.

« Tu n’es pas un ennemi, n’est-ce pas ? »

« Je suis l’ennemi de ceux qui tentent de s’en prendre à la princesse Terria ! »

« Tu te trompes d’adversaire. Arrête ceci dès maintenant et je te promets que tu ne souffriras pas si tu décides de t’en prendre à moi. Que comptes-tu faire ? »

« Que tu croies m’impressionner mais je ne tomberais pas dans ce piège. »

Jeune et impétueux, tout le contraire de lui. Il le vit qui commença à courir vers lui à toute allure avant qu’il ne fasse un simple mouvement de la main pour l’esquiver et l’éviter avec une aisance des plus certaines. Il se faisait du mal : qu’il arrête maintenant non ?

« Assez, je ne me répéterais pas une seconde fois. Princesse Terria ? »

« Je … Je … Earnos, fais attention à toi. »

Hum ? Voilà, c’est étrange, très étrange. Elle le connaît mais surtout, le ton indécis de la princesse Terria risque de lui coûter cher, très cher. Est-ce qu’elle finit par s’en rendre compte ou non ? Car il n’en a pas l’impression. Il esquive une nouvelle fois le jeune enfant aux cheveux blonds, faisant un bond sur le côté.

« Stop … Earnos. Je ne veux aucun mal à la princesse Terria et il semblerait que vous non plus. Il vaut mieux éviter les confusions, n’est-ce pas ? »

« ASSEZ ! Ne tente pas de m’avoir par des paroles bizarres ! Si tu parles comme ça, c’est que tu es bizarre ! Je ne tomberais pas dans le piège ! »

Cet enfant n’est pas vraiment une lumière, n’est-ce pas ? Mais pourtant, il y a quelque chose dans son regard ou dans ses gestes qui le rend spécial mais quoi ? Il n’en a aucune idée, c’est peut-être ça qui le dérange dans le fond.

« Bon … Je pense qu’une leçon s’impose visiblement. »

« Qu’est-ce que tu comptes faire ? Je ne peux pas aller à l’école. Tu te vantes en plus d’avoir une éducation par rapport à moi ? Tu es vraiment un monstre. »

L’enfant parle bien pour un Aspicot travailleur. C’est toujours aussi surprenant en soi. Mais pourtant, ça l’embête moins, beaucoup moins. Il doit avoir une bonne éducation de la part de ses parents. Ses parents, cette arme, tout … Humpf.

« Que cela disparaisse en morceaux. »

Une main se pose sur la foreuse en marche, une seconde puis plus rien. L’objet de métal tombe en morceaux au sol tandis que le Rapion fixe l’Aspicot, celui-ci étant interloqué. Olistar regarde ses mains avec lenteur, clignant des yeux :

« Hum ? Ce n’est pas dans mes habitudes pourtant. Je ne me comportes pas de la sorte. »

« Ma foreuse. Ma foreuse … c’est ma foreuse. »

« Je ne voulais pas en venir jusque là mais visiblement, tu ne m’a pas laissé le choix. »

Sa première impression avait été la bonne. Cet enfant n’était pas dangereux, loin de là. Le problème résidait plutôt dans la jeune fille derrière cet Aspicot.

« Princesse Terria, pourquoi avez vous fait cela ? Si vous aviez décidé de l’arrêter, tout aurait put se terminer sans en arriver à cette extrémité, vous le savez ? »

« Je voulais … je voulais juste m’amuser, Olistar. Je ne pensais pas que ça arriverait à ça ! Je te le promets ! Je te le promets vraiment ! Earnos, tu me crois aussi, hein ? Je ne voulais pas que ça se casse ! Olistar, t’es une vraie brute ! Tu as cassé sa foreuses ! »

« Mon cadeau … de papa … mon cadeau … de maman. J’avais promis que j’y ferais attention. J’avais promis de ne pas le casser. J’avais promis … snif. »

Un cadeau de ses parents ? Hum, cela expliquait pourquoi il était en pleurs maintenant. C’était parfaitement compréhensible de sa part de réagir de la sorte. Pourtant, le regard embrumé par les larmes était maintenant furieux.

« Un jeu ? C’était juste un jeu ? Tu trouvais ça amusant ?! »

Il s’était dirigé vers la princesse Terria mais déjà, le Rapion s’était interposé entre eux deux, faisant rempart de son corps. Pourtant, l’enfant continua son chemin en criant :

« TU TROUVAIS CA DRÔLE HEIN ?! DE T’AMUSER GRÂCE AUX MALHEURS DES AUTRES ! SALE APIREINE POURRIE GÂTEE ! »

« Ne compte pas lui faire de mal, tu … »

Ce fut un coup de poing qui vint atteindre le Rapion, celui-ci n’ayant pas pensé un seul instant à ce que l’enfant cherche à le frapper lui mais Terria sous le coup de la colère. Un peu sonné et éberlué, sa tête pencha sur le côté jusqu’à ce qu’il réagisse correctement.

« Remercie ton garde du corps qu’il soit là ! Je ne veux plus jamais te revoir ! »

Comment … avait-il put se faire toucher ainsi ? Est-ce que pendant un court instant, l’enfant en face de lui avait été impossible à lire ? Comment est-ce possible ? Normalement, il devait être capable de se défendre du moindre fait et geste. Surtout de la part d’un Aspicot qui n’avait aucune expérience dans l’art du combat.

« Mais mais mais … Earnos ! Je peux te refaire une foreuse ! Je suis … »

« TAIS-TOI J’AI DIT ! JE NE VEUX PLUS T’ENTENDRE ! »

Pendant qu’il se concentrait, il avait complètement oublié la dispute entre les deux enfants plus jeunes que lui. S’il ne faisait pas attention, cela pouvait très mal se finir. Il valait mieux qu’il reste sur ses gardes au cas où. L’Aspicot pouvait avoir un geste malheureux et regrettable. Il valait mieux alors être sûr.

Chapitre 4 : Le chevalier personnel

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Chapitre 4 : Le chevalier personnel

« Hum ? Elle a encore décidé de se cacher ? »

Ce n’était pas possible. Est-ce qu’elle avait des ressorts à la place des pieds ? C’était la question qu’il se posait alors qu’il grimpait à une colonne, observant les environs. Ce fût lorsqu’il remarqua un buisson qui bougeait qu’il sauta pour atterrir devant.

« Princesse Terria. Veuillez cessser ces bêtises, je vous prie. »

« Pfff, ce n’est vraiment pas drôle ! Pas drôle du tout ! Tu me retrouve à chaque fois ! »

« Je dois le faire, ce sont les consignes de la reine Seiry, votre mère. » déclara calmement l’insecte bien que cela pouvait paraître plus qu’embêtant.

« Pfff, ma mère, ma mère, je la vois encore moins souvent que toi ! Je sais même pas où elle est ! » déclara encore une voix dans les buissons avant qu’une petite être aux cheveux blonds n’en sorte. Elle se retira les quelques feuilles sur sa robe aux rayures jaunes et noires.

« Ce n’est pas de ma faute, princesse. Que comptez-vous faire aujourd’hui ? »

« La même chose que toutes les après-midi, Olistar ! »

« C’est à dire, princesse ? » murmura Olistar, prenant appui sur ses deux jambes alors que la petite Apitrini avait bourdonner ses ailes avant de décoller dans les airs.

« Tenter de t’échapper ! Héhéhé ! Je suis sûre d’y arriver maintenant ! »

« Je ne crois pas, princesse. Il vaut mieux que vous stoppiez là. »

Un rapide mouvement et voilà qu’il se mit à bondit de colonne en colonne, poursuivant la princesse qui passe en zigzaguant autour des dites colonnes.

« Tu ne m’attraperas jamais ! Nanana ! Non non ! Tu ne m’attraperas pas ! Hahaha ! »

« Je ne suis pas si sûr que cela, princesse. »

Il ne trouvait pas cela forcément drôle mais la princesse s’amusait de cette situation, commençant à voleter à toute allure pour tenter de l’esquiver. Humpf, il ne pouvait pas lui faire du mal et maintenant, les soldats les laissaient passer.
Au départ, ils avaient été très réticents mais maintenant, ils comprenaient que c’était la façon à la princesse Terria de se distraire quand sa mère n’était pas dans les parages. Il fallait dire que voir un Rapion en cet endroit était insolite et inquiétant mais dans le fond, tous s’y étaient fait … tous ou presque. Une voix assez forte cria :

« PRINCESSE TERRIA ! Arrêtez cela tout de suite, je vous prie ! »

La jeune fille aux cheveux blonds et aux yeux rubis s’immobilisa presque aussitôt, marmonnant qu’elle n’avait pas envie de s’arrêter mais elle savait qu’elle n’avait pas le choix.

« Pfff, coucou à toi aussi, Holikan. »

« Princesse Terria, qu’est-ce que j’ai appris de la part des Apitrinis ? Que vous étiez encore en train de courir et de faire une échappée sauvage. »

« Pfff, je sais, je sais Holikan, tu n’as pas besoin de me le rappeler hein ? »

Elle tira la langue légèrement en direction d’un enfant qui devait avoir au grand maximum sept ou sept ans. Cela faisait combien de temps qu’il était auprès de la princesse Terria en tant qu’ambassadeur ? Une bonne année non ? Il se rapprochait lui-même des sept ans et cet enfant Yanma, aux cheveux verts et aux yeux rouges était plus jeune que lui.

« Et je vois que vous êtes encore accompagnée par … ce Rapion. »

« Arrête de l’appeler comme ça ! Il a un prénom comme toi et moi ! Il s’appelle Olistar ! »

« Cela m’importe peu, princesse Terria. Je ne le considère pas comme un membre du royaume des insectes. Maintenant, si vous voulez bien me suivre … »

« Je n’ai pas envie de te suivre et je ne le veux pas … mais j’y suis obligée. Au revoir. »

« Au revoir, princesse Terria, je retourne à mes obligations scolaires. »

« Et toi, n’oublie pas une chose : JE suis le chevalier personnel de la princesse Terria, pas toi ! Est-ce bien compris ? Que ça te rentre dans le crâne ! »

« Nul besoin d’être agressif. J’ai compris ta position de mâle dominant envers la princesse. »

« Hein ? Qu’est-ce que tu racontes ? Enfin bon … Princesse. »

Le jeune garçon se pencha en avant, tendant sa main en direction de la princesse aux cheveux blonds. Celle-ci poussa un soupir avant d’y déposer la sienne, murmurant :

« Si tu peux juste éviter de te mettre en colère juste parce qu’il y a Olistar. »

« Je ne me mets pas en colère inutilement, princesse Terria. Je ne fais que de simples mises en garde pour qu’il comprenne sa position. »

« Sa position fût donnée par la reine Seiry, ma mère. Alors attention à tes paroles. »

Il s’arrêta sur ses gestes, baissant la tête avant de prendre une profonde respiration. Comme la princesse le désirait. Elle avait raison de le mettre en garde. Trop souvent, il laissait place à ses sentiments alors que ce n’était pas une bonne chose. Ce n’était pas ainsi qu’il devait espérer pouvoir réconforter la princesse. Des efforts, il devait faire bon nombre d’efforts pour alors être entendu par elle. Il vint reprendre la parole, lui signalant qu’il allait tout faire pour bien se faire valoir aux yeux de ses parents. Encore une fois, la princesse soupira en levant les yeux au ciel. Olistar les regarda partir, sans chercher à interrompre leur route. De son côté, il allait faire ce qu’il avait dit : aller suivre les cours. Cela lui permettrait alors de mieux comprendre le royaume des insectes … même si certains d’eux étaient très spéciaux.

« Je me demande pourquoi est-ce qu’ils veulent tous la guerre. »

Que ça soit du côté des Rapions et Drascores comme Novon ou alors de ce Holikan. Qu’es-ce que la guerre leur apporterait à part de nombreuses morts ? Est-ce qu’ils se rendaient compte des agissements qu’ils tentaient de produire ? Vouloir la mort était une chose, arriver à l’emmener en était une autre et ça, ils ne voulaient pas comprendre.

« Olistar, veuillez suivre ce cours, je vous prie. La reine Seiry elle même vous a recommandé. J’espère pour vous une concentration maximale. »

« Ne vous inquiétez pas, je vous écoute et j’écris. »

C’était normal que de respecter le peuple où il vivait. Même si la culture était différente de la sienne, ça ne voulait pas dire qu’il devait la refuser. Voilà la différence : Accepter et tolérer les différences des autres. Chose que bon nombre d’insectes ne pouvait pas encore admettre. Chose sur laquelle la reine Seiry travaillait depuis des années.

C’est pour ça qu’il respectait la reine. Pour toute son œuvre, pour tout son travail. Pour tout ce qu’elle a encore à accomplir. Cette femme est l’incarnation même de ce qu’il veut devenir plus tard. Une sorte … d’idole ? Non, il ne devait pas exagérer. Elle était juste une lumière dans cet océan d’obscurité.

« Olistar ! Qu’ai-je dit ? Je veux voir si vous écoutiez ! Répétez mot par mot ce que j’ai prononcé il y a de cela quelques minutes. »

« Les insectes, malgré le royaume qui les héberge, vivent en petites communautés. Ces communautés sont basées sur les différentes espèces d’insectes qui existent dans le royaume. C’est pourquoi mon espèce, comme les Rapions et les Drascores sont exilés du royaume à cause d’une histoire ancestrale liée au royaume. »

« Hum, nous allons dire que c’est à peu près cela. Quelle autre espèce a été exilée ? »

« Le terme « exilée » est incorrect puisque les Libegons et leurs enfants sont partis d’eux-mêmes par rapport à toute cette histoire. »

« Ahem … disons que c’est une version de l’histoire que nulle ne connaît réellement. Je ne sais pas ce que la reine Seiry vous a mis en tête, Olistar. »

« Cela est un récit des anciens Drascores que nos vénérables nous racontent chaque soir parmi tant d’autres. Il y a aussi ceux issus de la haine des Drascores et des Dardargnans. »

« Hmm … Tu sembles bien connaître ton sujet. Est-ce que la reine Seiry est au courant ? »

« Elle ne m’a jamais posé la question mais je pense que non. »

« Intéressant. Je lui en parlerai alors. Les cours sont terminés. Pour demain, je veux que tu m’écrives une page sur ce que tu appelles la fameuse haine des Drascores et des Dardargnans. Tu peux t’en aller maintenant. » déclara la femme insecte, une Dardargnan au regard rubis derrière une paire de lunettes. Le jeune Rapion la salua avant de quitter la pièce.

Alors … d’après ce qu’il avait appris aujourd’hui, c’était encore et toujours un peu d’histoire. Bien entendu, la version du royaume des insectes contredisait celle des Drascores. Il n’y avait aucun doute à ce sujet, pourquoi cela aurait-il changé en fin de compte ?

« La princesse va sur ses cinq ans voire ses six ans. Hum ? »

Et lui-même allait vers ses huit ans. A partir de là, tout ce qu’il avait commencé et préparé pouvait tout changer en un instant. Ah … Elle allait grandir et devenir alors plus intelligente pour tenter de lui échapper. C’est pourquoi il allait devoir se préparer mentalement à tout ce qui allait l’attendre car elle n »allait pas lui laisser une minute de répit. Couché sur le lit de la chambre qu’on lui avait laissé, il regarda le plafond pendant de longues secondes.

« Je ne sais pas si c’est ce que le Vénérable désirait en m’envoyant ici. »

Novon par contre, malgré la lettre mensuelle, continuait de tout faire pour qu’il revienne. Pourquoi est-ce qu’il voulait se forcer à ça ? Ca ne menait à rien, ça ne lui attirerait que des ennuis que de vouloir l’obliger à revenir. Novon lui manquait légèrement. Il avait toujours été là pour lui dans les moments difficiles, depuis … cet instant.

« Je ferais mieux de ne pas me déconcentrer de mon rôle. »

S’il commençait à avoir des pensées absurdes, ça serait alors la première marque de faiblesse … et il ne pouvait pas se le permettre. Les faibles n’avaient pas leur place dans ce monde et cela, il l’avait appris à ses dépends. Les faibles n’avaient aucun avenir prévu pour eux.