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Chapitre 40 : Une petite piqûre

ShiroiRyu
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Chapitre 40 : Une petite piqûre

« Cela fait déjà trois jours. Nous sommes donc bientôt arrivés, c’est cela ? »

« C’est exact, Tery. Vous devriez même bientôt voir ce dont je parlais depuis le début. J’imagine que vous allez être assez époustouflés par le spectacle. Il faut dire que certains se damneraient rien que pour y jeter un œil. »

« Hahaha, je ne sais pas comment il faut prendre cela mais autant donc que ça soit avec le sourire alors, n’est-ce pas ? Mais bon, je note, je note ! »

« Pourquoi en serait-il autrement ? Ce n’est pas comme si je le cachais, n’est-ce pas ? »

Héraisty avait raison. Elle n’avait jamais essayé de leur mentir à tous les deux. Mais bon, ces trois jours avaient été bien moins épuisants qu’il ne le pensait. Comme quoi … Tout pouvait être une bonne surprise si on faisait attention ! Mais à quoi allait ressembler cette ville merveilleuse dont elle parlait à chaque repas ?

« J’espère que je ne serais pas déçu après les présentations données. »

« Hey, cela reviendrait à dire que j’ai raconté des inepties. Ce n’est pas du tout mon genre, sachez-le Tery. Je suis presque déçue que vous pensiez cela de moi, vous voyez. »

« Alors, je n’ai qu’à m’excuser maintes fois pour mes paroles. Ca ne sera pas la première fois à votre encontre, ni la dernière, j’imagine bien. » dit le jeune homme aux cheveux brun alors que la démone souriait, comme amusée par ses répliques. En trois jours, elle avait déjà bien appris à le connaître au niveau comportemental.

« Ca ne sera pas aussi simple cette fois, jeune homme. Je pense que vous avez donc une dette envers moi pour vos paroles déplacées. Nous verrons cela en temps et en heure lorsque nous serons arrivés. Vous comprendrez que … »

« Hum, au cas où, n’essayez pas de profiter de notre possible position dans cette strate pour vous attirer quelques faveurs, hein ? » coupa Elise en regardant Héraisty droit dans les yeux Celle-ci remit correctement ses lunettes, répondant :

« Et pourtant, c’est ce que je dois essayer. Il faut comprendre que si cela peut me donner quelques avantages sociaux, je ne vois pas pourquoi je ne l’accomplirai pas. Vous n’êtes pas les premiers démons que je découvre … même si tous oublient complètement qui je suis après que l’on apprends de quelle lignée ils sont. »

« Je sais pas pourquoi mais ça me rend un peu triste d’entendre ça. » dit Tery, évitant alors à Elise de continuer à grogner comme à son habitude pour montrer son mécontentement.

« Oui, Tery. C’est triste, vraiment triste. Suffit de voir le visage d’Héraisty à ce sujet. Il est parcouru par la tristesse et les larmes. »

« Elise, ce n’est pas en étant désobligeante que ça va améliorer nos relations. Même si elle fait ça uniquement pour son travail et obtenir quelques faveurs, elle le fait bien et ça reste une démone assez agréable dans le fond. Donc … pourquoi pas ? Elle fait rien de mal, oui. »

Héraisty était comme surprise par les propos de Tery, le regardant, un peu décontenancée par ses propos. Visiblement, même si elle s’attendait à de telles paroles, elle n’avait aucune idée de comment réagir à ces dernières et était maintenant un peu songeuse.

« Je suis certaine que vous deux, vous allez permettre une nouvelle ère pour les démons. »

« Hum ? Qu’est-ce que vous avez dit, mademoiselle Héraisty ? » demanda Tery alors que la démone à lunettes hochait la tête. Avait-elle parlé à voix haute ou presque ? Elle signala que ce n’était rien de bien important et qu’ils allaient bientôt arriver à destination.

Vrai … Ils pouvaient maintenant voir les imposants cristaux qui flottaient dans le « ciel ». Difficile de vraiment parler de ciel lorsque l’on vivait sous terre mais en même temps, difficile que cela se passe autrement en un tel lieu. Ah … Ils pouvaient voir tellement de critaux lumineux. Cela donnait l’impression d’être dans une ville remplie de lumières. Et puis, ces murs ! Ils étaient encore plus haut et grands que ceux de l’autre ville. D’ailleurs, la ville était si grande, comme établie sur plusieurs étages que Tery regarda vers le plafond avant de cligner des yeux. Il ne rêvait pas ?

« Oh … Vous l’avez tout de suite remarqué, n’est-ce pas ? C’est exact. La capitale du monde souterrain et démoniaque s’établit sur plusieurs niveaux qui sont creusés à même dans le plafond. Ainsi, malgré les apparences, cela revient à … »

« Depuis le début, on pouvait se rendre dans la capitale démoniaque mais j’imagine que son accès dans les strates supérieures est très réglementée et qu’il ne faut pas espérer y rentrer ? »

« C’est exact, Tery. Disons que l’on peut y vivre, que ceux qui y sortent peuvent revenir mais qu’il ne faut pas espérer rentrer si vous êtes quelqu’un de l’extérieur. C’est pourquoi son existence est comme inconnue dans les strates supérieures. »

Bon sang … Sur le coup, il était complètement cloué par la surprise. Dire que tout ça se trouvait depuis si longtemps à la strate supérieure, du moins, celle où ils avaient vécu, lui et Elise, pendant des mois, comment est-ce qu’ils avaient put être aussi aveugles ?

« Et il y a un accès à la surface ? Enfin, maintenant qui est ouvert ? »

« Et bien, vous semblez très intéressés par cette réponse, n’est-ce pas ? Ce n’est pas à moi de vous répondre à ce sujet. Des fois, certaines informations doivent restées confidentielles aux personnes extérieures. A vous de vous débrouiller pour mériter ces informations ! »

Pourquoi est-ce qu’une telle réponse ne l’étonnait même pas ? Car peut-être qu’à force, il avait aussi appris à connaître cette démone sans s’en rendre compte ? Oh bien entendu, il ne se faisait pas d’illusions. Elle avait sûrement bon nombre de secrets bien enfouis au fond d’elle mais … ce n’était pas à lui de les dévoiler.
Au moins, ce qui était rassurant, c’est qu’ils « connaissaient » quelqu’un dans cette ville où où ils allaient se rendre. D’ailleurs, vue la taille de celle-ci, pouvaient-ils encore parler de ville ? Il y pensait mais en cherchant à comparer avec Omnosmos, les deux villes devaient être de même taille. Oh, alors qu’Omnosmos, c’était plus sur le rayon qu’elle s’étalait, cette ville là, c’était sur la hauteur, d’après ce qu’avait dit Héraisty.

« Hum, à ce sujet, es-ce que la capitale démoniaque a un nom ? En y réfléchissant bien, je ne crois pas que vous ayez donné son nom, n’est-ce pas ? »

« Maintenant que vous m’y faites penser, il est vrai que j’ai aussi oublié ce petit détail alors que je n’avais aucune raison de vous le cacher. Ainsi, je peux tout simplement vous dire que cette capitale s’appelle Imnilaxi. C’est là que réside les familles les plus puissantes parmi les nobles chez les démons mais aussi la royauté. »

« Oh … La royauté, on va dire que j’ai quelques soucis avec cette dernière. Ca dépendait des différents pays mais en même temps, je … »

« Hum ? C’est vrai ça ? J’avais cru comprendre le contraire avec cette princesse déchue nommée Manelena, c’est bien ça ? Enfin, plus si déchue. Elle est la reine de votre pays « natal », c’est bien ça, Tery ? Ou alors, je me trompes ? »

« Ahem, moi aussi, je préfère éviter de rentrer dans certains détails donc je vais tout simplement éviter de vous répondre. Ca sera beaucoup mieux pour tout le monde. » dit-il en détournant légèrement la tête. Il … n’avait pas envie d’en parler. Manelena, c’était Manelena. Une femme comme on en rencontrait qu’une fois dans une vie. Et Elen, c’était pareil. Mais surtout, avec tous ces voyages souterrains, le simple espoir de les revoir diminuait au fil des heures qui s’écoulent. Ah … Plus que quelques heures, c’est ça ? Il se tourna vers Elise, celle-ci étant toute aussi songeuse que lui.

« D’ici le milieu de journée, nous arriverons enfin dans la capitale. Bien entendu, vous êtes conviés à me suivre pour éviter de créer des soucis avec l’ordre public. »

« Euh, ce n’était pas mon genre et ça ne le sera jamais. Si parfois, il y a quelques problèmes, ce n’est pas parce que je le désire. Ou alors, c’est vraiment très rare. »

« Vous devez comprendre qu’en écoutant vos différents récits, c’est parfois difficile de vous croire à ce sujet, n’est-ce pas hein ? »

Le jeune homme aux cheveux bruns toussa un peu, comme embêté par de tels propos. Il faut dire qu’en même temps, il venait tout simplement d’expliquer qu’il causait quelques soucis assez conséquents à Manelena donc bon … pfiou … Mieux vaut fermer les yeux et ne plus réfléchir à grand-chose. Il était anxieux et cela se voyait.
Il sentait une main se poser sur la sienne, le forçant à ouvrir brièvement l’oeil gauche pour voir à qui elle appartenait même s’il n’y avait guère de doute à ce sujet. Elise, n’est-ce pas ? Enfin bref … Même s’il ne lui avait toujours pas pardonnée pour le repas, oui, il pouvait être du genre très rancunier, il accepta pleinement la main, croisant ses doigts avec les siens.

« Vous donneriez presque l’impression d’être un couple. » chuchota Héraisty en coupant le silence, Tery répondant calmement :

« C’est une bonne impression. C’est celle que nous voulions donner depuis le début. Enfin, entre un grand frère et une petite sœur assez proches pour leur donner des idées. »

« Au moins, comme ça, nous n’étions pas dérangés. C’est mon grand frère. »

Et comme pour bien montrer que cela ne sera pas différent, loin de là, elle vint tout simplement poser sa tête sur l’épaule gauche de Tery. Celui-ci retira sa main de celle d’Elise avant de la poser sur la propre épaule gauche d’Elise, l’emmenant à lui. Voilà, maintenant, cela devait encore faire jaser. Patience, patience et patience.
Ce fut lui qui descendit en premier lorsque le carosse s’arrêta. Oh, bien entendu, l’un des soldats avait ouvert la porte mais c’était lui qui tendit la main à Elise pour l’inviter à descendre avant de faire de même avec Héraisty. Celui-ci eut un léger sourire, disant :

« Et bien, malgré vos origines « paysannes » comme vous me l’avez bien si souvent répété, il faut avouer que vous avez quelques notions de noblesse, n’est-ce pas ? »

« C’est plutôt qu’un tel acte est assez commun. Même pour quelqu’un comme moi, je sais ce que je dois faire. Après, si vous n’êtes pas contente, je peux vous laisser des … »

« OUPS ! Je tombe ! » s’exclama Héraisty avant de s’écrouler dans les bras de Tery. Euh … Elle était drôlement menue, non ? Voire même fragile. Un peu comme une poupée de porcelaine. C’est vrai qu’il n’avait jamais jeté trop de détails à son corps mais hmm … Euh … C’était vraiment assez étonnant, la différence entre elle et les autres femmes qu’il connaissait. Assez étonnant au point de le perturber.

« Hey, vous deux, je peux savoir ce que vous êtes en train de faire ?! »

« Je suis tout simplement tombée. Tery n’a fait que me réceptionner, n’est-ce pas, Tery ? »

C’était lui ou alors, elle était en train de lui faire un sourire des plus provocateurs. Comment est-ce qu’il devait répondre à ça ? Elle voulait vraiment qu’il ait des ennuis, n’est-ce pas ? Le jeune homme aux cheveux bruns repoussa doucement Héraisty, toussotant un peu :

« Bref, faites attention à vous lorsque vous descendez. Des fois, on oublie une marche et des fois, la chute est tout simplement inévitable. »

« C’est exact. Il suffit juste alors d’avoir quelqu’un pour nous réceptionner en toute sécurité. Vous voulez bien me suivre ? A partir de là, si vous me perdez de vue, vous risquez de … »

« AH ! Héraisty ! Vous voilà enfin ! Vous avez quelques jours de retard ! » coupa une voix masculine, Héraisty perdant son sourire avant de baisser les yeux derrière ses lunettes.

« Pardonnez-moi, messire Jyanos. » murmura faiblement Héraisty alors que Tery et Elise tournaient leurs visages vers la voix qui venait de prendre la parole.

Hum, contrairement à Héraisty, il semblait bien plus âgé non ? Il devait bien avoir une quarantaine voire une cinquantaine d’années. Il avait encore une chevelure noire qui collait bien sur son crâne et des vêtements bien distingués. Lui aussi avait une paire de lunettes devant ses yeux verts qui étudiaient déjà les deux démons devant lui.

« Quels sont vos noms à tous les deux ? Oh et puis, peu importe ! Nous allons tout de suite voir si les rumeurs sont vraies ! Suivez-moi. Héraisty, tu peux te retirer et retourner auprès des autres renifleurs. Ta présence n’est plus nécessaire. Tu n’es qu’une débutante. »

Hey, c’était lui ou alors l’ambiance était vraiment déplaisante maintenant ? Il n’était pas certain de pouvoir apprécier cela. Il toussa légèrement, prêt à prendre la parole mais ce fut Elise qui fut bien plus rapide que lui, déclarant :

« Mademoiselle Héraisty a signalé que mon odeur est assez spéciale. Il en est de même pour mon compagnon, c’est pourquoi nous aimerions qu’elle nous accompagne. Il serait normal qu’elle ait autant que vous la primeur de la confirmation de ses hypothèses, non ? »

Ouch ! Elle venait d’utiliser un langage dont il n’avait pas l’habitude d’entendre sortir de sa bouche. On aurait vraiment cru qu’elle parlait comme l’un de ces nobles un peu trop intellectuels et il la regarda, bouche bée, ne sachant pas vraiment quoi dire maintenant. Un peu comme Jyanos qui était songeur tandis qu’Héraisty s’était immobilisée.

« Hum … Vous savez qu’à l’heure actuelle, vous n’êtes qu’une démone comme tant d’autres, n’est-ce pas ? Votre odeur ne vaut rien comme vos paroles. Ne l’oubliez pas. Mademoiselle Héraisty retournera à la maison des renifleurs et elle saura les résultats en même temps que les autres. De toute façon, une simple débutante ne devrait pas trop vous intéresser. »

« Je suis quand même d’accord avec Elise. » compléta Tery de son côté bien décidé à renchérir à ce sujet. « Mademoiselle Héraisty nous a tenu compagnie pendant plusieurs journées et nous avons longuement discuté avec elle, nous … »

« Elle n’avait pas à faire cela. Son seul objectif était de vous ramener ici pour confirmer les différentes analyses olfactives. Visiblement, certaines personnes dépassent un peu trop les limites de leur travail. » coupa Jyanos une nouvelle fois.

« Je vais retourner à la maison des renifleurs. Messire Tery, mademoiselle Elise, enchantée de vous avoir connus. Je pense que nous ne nous reverrons plus. »

Hum, il n’aimait pas de tels adieux mais la démone s’inclina poliment devant Tery et Elise, ces derniers lui rendant le geste. Grumpf … Ok, il était pas du genre à juger trop vite mais déjà, ce Jyanos venait de lui taper sur les nerfs.

« Maintenant, si vous voulez bien me suivre, nous n’avons pas de temps à perdre. Plus vite nous aurons les résultats, mieux ce sera. J’imagine que vous avez déjà été mis au courant ? »

« Au courant de quoi ? » demanda Tery sur un ton sec, ce qui ne gêna guère Jyanos.

« Que si vos odeurs ne correspondaient pas aux critères de la capitale, vous seriez tout simplement mis à mort. Il n’est pas trop tard pour reculer. »

« Après tout le chemin fait, de toute façon, même si je partais avec Elise, nous n’aurions sûrement aucune chance de survie dans les environs vu que l’on ne connaît rien des alentours donc bon … qu’est-ce que cela changerait réellement ? »

« Bien bien bien. Il en est de même pour vous ? » demanda Jyanos à Elise.

« Je l’accompagnerai jusqu’au bout. Je pensais que nous n’avions pas plus de temps à perdre, n’est-ce pas ? Alors, allons-y, que l’on voie quelle « odeur » sortira de chez nous. »

Oh, elle était encore plus véhémente que lui mais cela se comprenait parfaitement. Ce type avait réussi à leur taper sur les nerfs et cela dès le premier moment où il était apparu. Les deux personnes étaient déçues pour Héraisty mais ce n’était qu’à charge de revanche. S’ils devaient se déplacer jusqu’ici, c’était pour une bonne raison.

« Je vais vous emmener devant la chambre des conseillers. Là-bas, nous allons passer les dernières vérifications à votre sujet. »

Les dernières vérifications à leur sujet ? Bah, encore une séance de reniflage des plus douteuses. Le jeune homme aux cheveux bruns se laissa guider, finissant par prendre … ah ? Ils ne rentraient pas dans la ville directement ? Du moins, ils ne passaient pas par les imposantes doubles portes ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? AH ! Il y avait non-loin d’autres portes, mais en pierre cette fois. Elles étaient gravées à même la roche qui composait les murs. Intéressant mais … à quoi cela consistait exactement ?

« Vous êtes sûr que vous nous emmenez voir ces fameux conseillers ? D’ailleurs, ce sont des conseillers comme ceux d’un roi ? Qui parlent avec lui de tout ce qui est économie et autre ? » demanda Tery en regardant Jyanos.

« Peut-être que c’est ainsi que marche ce concept chez vous mais dans ce monde, ce n’est pas le cas. Nos conseillers sont bien plus que ça. Vous le verrez par vous-mêmes. »

Le voir par eux-mêmes. Ils entendaient ça depuis quelques jours. En parlant d’entendre, il remarquait encore une fois que les gardes étaient toujours présents, ces fameux démons en lourde armure noire. Ils continuaient de le suivre comme si de rien n’était.

« Bien, nous y voilà. Installez-vous à cette table pendant que je vais les appeler. »

Encore moins chaleureux qu’avant. Au moins, Héraisty avait la décence d’avoir été sympathique. Cette table, cette salle austère, avec juste la lueur de quelques chandeliers, ils étaient presque plongés dans la pénombre. Ces murs étaient en pierre, comme le sol et il était clair que cela était vraiment déplaisant.

« C’est normalement notre dernière séance de reniflage, Tery. »

« Oui, je le sais bien … Vivement qu’on en soit débarrassées une bonne fois pour toutes, Elise. Par contre, je te parle mais ça ne veut pas dire que je te pardonnes. »

« Me pardonner ? A quel sujet ? De quoi est-ce que tu parles exactement ? Tery, ça me fait penser. Maintenant que l’on a un petit moment où on est tranquille, je … »

Elle s’immobilisa, ses paroles mourant entre ses lèvres alors qu’elle avait un soubresaut. Dans son cou, une aiguille venait de se planter, celle d’une seringue qui déversa son contenu. Tery se leva subitement mais il était déjà trop tard puisqu’il sentit une pointe se planter dans son cou. Il poussa un hurlement en se tournant vers une personne, celle-ci esquivant sa griffe faite de pierre qui était apparue aussitôt.

« C’EST QUOI CE BORDEL ?! QU’EST-CE QUE VOU NOUS AVEZ FAIT ?! »

« Un simple somnifère pour que vous soyez tranquilles et que ne tentiez pas de tromper votre sang en le modifiant. Vous ne seriez pas les premiers démons à tenter de nous manipuler par l’odeur ou le sang. Ces tests seront bien plus précis que tout le reste. »

« IL Y AVAIT D’AUTRES METHODES POUR CA ! »

« Hum ? La dose n’était pas suffisante ? » signala le démon à son compagnon en regardant sa seringue vide, Tery commençant à le haleter, son corps semblant si lourd.

« On en avait prévu que deux, une pour chacun. On s’attendait pas à ce qu’il en faille plus en vue de leurs gabarits. T’arrivera à t’en occuper pendant que je vais me charger d’en ramener une autre ? Voire plusieurs par mesure de précau … »

« WOUAAAAAAAAAAAAH ! C’est quoi ça ?! UN GOLEM ?! » hurla le démon à son compagnon qui n’avait pas eut le temps de terminer sa phrase. Il fallait dire qu’un golem de pierre venait d’apparaître devant Tery, celui-ci ayant posé un genou au sol, continuant d’haleter. Et le golem avait tout simplement cogné le démon pour l’envoyer contre un mur, le faisant s’évanouir sous le choc.

« Je vais … vous apprendre … à vous foutre de nous. Vous allez … vous allez … »

Puis plus rien. Le jeune homme aux cheveux bruns tomba au sol, inconscient alors que le golem avait arrêté de se mouvoir. Le démon encore conscient observa Tery puis le golem, faisant un pas. Le golem ne bougea guère de sa position tandis que le démon revenait vers son compagnon, le réveillant et l’aidant à se relever.

« Bon sang, on m’avait pas prévenu pour ça ! Faut dire que c’est bon, non ? »

« Pas certain. Y a ce golem. Normalement, il devrait se détruire seul, non ? Généralement, si la personne est inconsciente, le golem n’a plus aucun flux magique qui vient en lui et … »

« Protéger … » murmura une voix rocailleuse, les deux démons reculant sur le coup. Ils se regardèrent pendant quelques secondes avant de jeter un œil au golem :

« C’est … C’est pas lui hein ? Les golems ne parlent pas hein ? »

« On a fait notre boulot, on se barre de là. C’est pas à nous de gérer ça ! Je sais pas ce que sont ces deux démons et je crois qu’il vaut mieux ne pas poser de questions ! »

Les deux démons quittèrent la salle, laissant le golem, Tery et Elise, seuls dans la pièce. Quelques secondes plus tard, le golem s’était dirigé vers Tery, venant le soulever pour le mettre assis sur sa chaise. Peu de temps après, le corps du golem s’écroula au sol, perdant toute consistance pour ne devenir qu’un amoncellement de pierres.

« Ils ont signalé qu’il y avait un golem. Il faut faire gaffe et … »

« Qu’est-ce qu’ils ont raconté ? Ils sont juste inconscients, rien de plus. » dit un garde démoniaque en armure noire, rentrant en premier, rapidement rejoint par d’autres. Dans la pièce, le silence était maintenant complet. Les derniers tests pour savoir ce qu’étaient réellement Tery et Elise allaient enfin avoir lieu.

Chapitre 39 : Un statut particulier

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Chapitre 39 : Un statut particulier

« Le repas vous a plu ? Qu’en pensiez-vous ? »

« C’est vraiment … différent de ce que l’on a mangé à l’auberge. Tout semblait avoir bien plus de goût, tout semblait si bon, si délicieux, si … »

« Si authentique et frais ? C’est normal et c’est voulu. Il en a toujours été ainsi. La strate où vous vous trouviez n’était pas la pire qui existe mais disons que son degré de pureté est vraiment loin d’être bon si vous voulez tout savoir. »

« Je veux bien vous croire mais … pour la route, nous étions obligés ? »

« Un souci avec cette diligence ? Il est vrai que vous n’avez sûrement pas connu de tels animaux pour vous tirer mais vous vous adapterez très vite. Par contre, comme signalé, nous en avons pour trois jours et donc … j’aimerai bien que vous me parliez plus en détails de votre existence à la surface, j’avoue que le sujet est assez intéressant. »

Assez intéressant ? Même les autres démons ne l’avaient guère réellement questionné à ce sujet mais à côté, il fallait dire qu’il n’avait rien fait pour le crier à voix haute … Et quand il avait enfin penser le parler, il avait le résultat maintenant ici. Son fessier installé sur une zone des plus appréciables, il souriait faiblement avant de répondre d’une voix amusée

« Si vous me posez quelques questions, j’y répondrai avec la plus grande franchise possible. Du moins, j’essayerai hein ? Je préfère ne rien promettre à ce sujet. »

« Hum, première question : comment cela se passait-il avec votre mère porteuse ? »

Première question et déjà, cette démone cherchait les ennuis, non ? A la regarder, avec ses petites lunettes, Tery préféra prendre ses précautions avant de répondre :

« Et bien, de mon côté, cela se passait très bien. C’était assez difficile mais j’ai perdu mon « père » très tôt, après quelques années. »

« Votre père, c’était bel et bien un démon, n’est-ce pas ? Est-ce qu’il vous avait mis au courant ou non ? Comment est-ce que cela se passait ? Et votre … mère ? »

« Non, non, et non. Enfin, avec ma mère, c’était assez compliqué mais … j’étais heureux, très heureux. Je n’ai rien appris par rapport à mes pouvoirs démoniaques avant mes vingt ans. »

« Vingt ans ? Vraiment ? Aussi tardivement ? Comment est-ce possible ? Et vous ? » demanda une nouvelle fois la démone à lunettes mais en se tournant vers Elise.

« Vers ma majorité, j’ai perdu le contrôle de mes pouvoirs … et j’ai rasé tout simplement l’auberge où j’ai été élevée. Je ne connais ni ma mère … porteuse, ni même le démon qui m’a fait naître. Je ne sais rien à ce sujet. »

« Perdre le contrôle ? Est-ce que cela veut dire que vous avez dévoré autrui ? »

« NON ! HORS DE QUESTION ! JAMAIS ! » s’exclama Elise avec colère et rage.

« Tu peux te calmer, Elise ? Nous sommes dans un carrosse si tu ne l’as pas remarquée. »

« Ce n’est pas ça, Tery. Pas du tout … et je croyais que tu voulais plus m’adresser la parole ? Pourquoi est-ce que tu le fais maintenant ? Enfin qu’importe. Je n’ai jamais dévoré quelqu’un et je ne compte pas le faire de mon côté ! Et vous hein ? »

« Hum, moi ? Et bien, cela m’est déjà arrivé de me sustenter quelques fois. Disons qu’il faut savoir se retenir et ne pas abuser des bonnes choses. » déclara Héraisty dans un léger sourire qui était un tant soit peu énigmatique en la regardant. « Mais nous ne sommes pas là pour parler de moi mais de vous deux. Je vais continuer à poser mes questions si cela ne vous dérange pas trop. Je vais me concentrer sur vous, Tery. »

« J’ai vraiment l’impression que je vais tout devoir dévoiler … ah … »

« Disons que cela ne fait qu’apporter plus de garanti à ce que je vais devoir présenter aux autres renifleurs mais aussi à certaines personnes. Une simple mesure de sécurité, j’imagine que vous comprenez de quoi je veux parler, n’est-ce pas ? »

« D’accord, d’accord. Continuez donc. Si je peux vous apporter des « garantis », je le ferais sans aucun problème alors. Qu’est-ce que j’ai à vous révéler ? »

« Maintenant, ce qui m’intéresse le plus à savoir, c’est … comment avez-vous réussi à venir ici si vous êtes de la surface ? Ce n’est normalement pas possible, vous êtes d’accord, non ? »

« Nous avons réussi à ouvrir les portes démoniaques qui se trouvent à Omnosmos. Omnosmos est la capitale du monde. Il est dit qu’elle est à égale distance des cinq capitales des cinq royaumes qui l’entourent. Aucun de ces cinq royaumes ne la contrôle. »

« Vraiment intéressant, très intéressant, oui. Je crois qu’en fait, je veux tout savoir de vous … depuis le début ! Heureusement que nous avons trois jours de voyage, n’est-ce pas ? J’imagine que cela ne serait même guère assez pour ce que j’ai à entendre. »

Hahaha. Elle était assez amusante en un sens cette démone. Pour autant, tout lui dire depuis le début, cela allait être très long mais il pouvait aussi omettre quelques détails ? Il n’était pas certain qu’il doive parler d’Elen même si cela le tente depuis le début.

« En espérant bien entendu que cela ne vous mette gère mal à l’aise, il en va de soi. »

Mettre mal à l’aise ? C’était si visible que ça qu’il était un peu gêné de tout raconter ? Il jeta un bref regard à Elise, voir si elle aussi l’avait remarqué. D’ailleurs, leurs regards se croisèrent, Tery voyant bien qu’elle aussi était … gênée ?

« Peut-être que je me suis montrée trop pressante. Nous allons attendre un petit peu plutôt. Nous avons tout notre temps avant d’arriver à notre objectif. »

« En vous écoutant, ça a l’air si simple … tellement simple. Je ne sais pas comment je dois le prendre réellement, vous pouvez me le dire ? »

« Et bien, non. Puisqu’il n’y a aucun piège, il n’y a donc aucune inquiétude, hein ? »

Aucune inquiétude. Ah … Pfiou … C’est surtout qu’il n’était jamais monté dans un carrosse et il ne savait pas trop comment réagir dans une telle situation. Pas qu’il était un peu embêté mais dans le fond, il l’était franchement pas mal. Après, le fait de parler d’Elen, il ne savait pas trop comment elle allait le prendre.

« Dites, je me posais la question, maintenant que j’y réfléchis mais … Alzar et Zélisia, est-ce que cela vous dit quelque chose ou non ? »

C’est vrai. Depuis le début, il n’avait JAMAIS cherché à voir s’ils croyaient en Alzar ou non. De ce qu’il savait, les démons avaient été créés par ce dernier, n’est-ce pas ? Est-ce qu’ils le vénéraient ou pas ? Comme un dieu ?

« Oh ? Alzar … Tiens donc, cela fait longtemps que je n’avais plus entendu ce nom. Vous êtes vraiment deux démons très peu ordinaires, n’est-ce pas ? La majorité des démons ne connaisse même plus le nom de leur créateur original. »

« Disons que là d’où on vient, posséder les lignes d’Alzar, c’est vraiment peu appréciable. On finit dans un triste état la majorité du temps. Il est dit que l’on perd le contrôle de notre corps si on se laisse submerger par nos sentiments. »

« Hum, cela voudrait dire que certains êtres possèdent les lignes d’Alzar aussi chez vous ? Mais comme ils ne savent pas les utiliser, ils en perdent la raison. C’est … vraiment très intéressant à savoir. Et vous-même, vous pensiez aux lignes d’Alzar ou vous étiez déjà au courant que vous étiez différent ? »

« Je n’ai jamais fait très attention à ça. Avant ma majorité, je ne m’intéressais pas vraiment à la magie et au reste. Au final, c’est en rencontrant Elen que je … »

Il s’arrêta dans ses paroles. Il venait de dire son prénom, c’était trop tard pour revenir en arrière. Il s’en voulait, il n’avait pas envie d’en discuter plus. Il ne voulait pas continuer sur cette voie mais Héraisty lui demanda :

« Et bien ? Qui est cette Elen ? Pour que vous vous arrêtiez de parler, il doit s’agir d’une personne très importante, n’est-ce pas ? »

« Elle l’est vraiment … elle est vraiment très importante, bien plus qu’on ne pourrait le croire. Il y en a d’autres, beaucoup d’autres mais une seule est à cette place avec elle. Elles sont juste toutes les deux et … hum … Pardon. »

« Pardon ? A quel sujet ? Courtiser deux femmes ou deux hommes n’a rien de si étonnant. Oh bien entendu, ce n’est pas bien vu, comme partout mais on va dire que certains nobles démons se fichent bien de ce que les autres pensent d’eux sur ce point. C’est un « luxe » que quelques démons peuvent se permettre. C’est … amusant de voir que même à la surface, des personnes agissent de la sorte. »

« Je n’agis pas comme ça ! Je ne veux pas jouer avec leurs sentiments ! Ne me faites pas dire ce que je ne penses pas ! Ah, voilà pourquoi je ne voulais pas en parler. »

« Nul besoin de s’emporter. Je ne suis pas là pour juger, ne vous inquiétez pas. »

C’est pas qu’il s’inquiétait de ce qu’elle pensait mais plutôt du reste. S’il indiquait qu’Elen était la fille de Zélisia et Alzar, elle allait sûrement avoir de … … … Non. Qu’est-ce qu’il était en train de penser ? Elen était morte. Il avait encore du mal à y croire et visiblement, son cerveau comme son coeur ne voulaient pas accepter cette horrible vérité.

« Pardon … Je vais me reposer un peu. J’en ait besoin. »

Il avait demandé l’autorisation dans un petit souffle. Il voulait juste dormir et éviter de repenser à cette femme … à qui il avait extirpé la vie sans même se poser de question. Tel le monstre qu’il était, il évitait de s’en rappeler mais aujourd’hui, elle était revenue, fraîche dans sa mémoire comme au premier jour.

« Comme vous le désirez, nous nous arrêterons pour installer quelques tentes dans la soirée de demain. Pour aujourd’hui, vu que nous sommes partis en pleine nuit, il est normal que le sommeil vous manque aussi, il est vrai. »

« Si vous pouvez éviter de continuer à parler, il est déjà en train de dormir. » marmonna Elise quelques secondes après les dernières paroles d’Héraisty. Celle-ci ne releva pas le côté légèrement dédaigneux et agressif de la jeune femme aux cheveux auburn, regardant Tery.

« C’est vrai .. Il est déjà plongé dans le sommeil … et cela en si peu de temps C’est vraiment très impressionnant. Vous ne seriez pas la seconde personne dont il parlait, par hasard ? »

« Non … Pas du tout. Je sais que je n’aurai jamais une telle position dans son cœur. »

« Vous semblez presque déçue, non ? Vous êtes deux démons très intéressants, vraiment. »

Pour toute réponse, Elise émit un grognement avant de signaler qu’elle allait dormir aussi de son côté. Que ça ne servait à rien d’espérer la déranger ou autre, elle s’en fichait complètement. Héraisty eut toujours le même sourire tandis qu’Elise fermait les yeux, plongeant dans le sommeil à son tour, tête posée sur l’épaule de Tery.

« Voyons voir ce que j’ai déjà comme note. » se dit la démone à lunettes pour elle-même avant de commencer à observer le bloc-notes qu’elle avait en main. « Cette Elise est vraiment une perle rare mais … ce Tery, c’est vraiment différent. De quelle lignée vient-il ? »

Et pourtant, son métier de renifleuse lui avait permis d’en connaître des centaines voire des milliers, de ces fameuses lignées de démons. C’est pourquoi ne pas retrouver l’odeur reliant Tery à l’une d’entre elles était vraiment étonnant.

« A quelle famille est-ce qu’il peut être reliée ? Si je ne le sais pas, peut-être que le maître renifleur connaîtra la réponse ? »

C’était là sa principale interrogation par rapport à toute cette histoire. Autant chez Elise, elle était sûre à 99%¨de ce qu’elle avait reniflé chez elle, autant chez Tery, cela restait un mystère des plus complets, ce qui rendait le tout encore plus intriguant.

« Peut-être est-il l’enfant d’une lignée disparue depuis longtemps ? Ah … Vous m’en faites poser des questions, tous les deux, vous le savez ? » finit-elle de dire en soupirant.

Lorsqu’ils se réveillèrent tous les deux, la nuit n’était déjà plus là depuis bien longtemps et ils étaient même sûrement en milieu de journée. Il était toujours très difficile de savoir exactement quelle heure il était quand on avait plus d’astre solaire dans les cieux mais juste de la roche à perte de vue, oh parfois un peu de végétation.

« Vous avez sûrement faim tous les deux, non ? Vous devriez manger un morceau. »

Les gardes, ils étaient toujours là, sauf qu’ils ne mangeaient pas. Ils étaient à une bonne distance tandis qu’Héraisty leur présentait déjà divers mets cuisinés. Il était possible de sentir une légère chaleur qui émanait de chacun d’entre eux, comme si une magie des flammes était constamment présente pour préparer les plats.

« Je ne pense pas que cela soit vous qui a cuisiné tout ceci, n’est-ce pas ? » dit Tery en cherchant un sujet de conversation avec la démone à lunettes. Celle-ci fit une petite mine offusquée, déclarant :

« Et bien, je sais qu’il y a de grandes chances que vous ne le croyez pas mais je suis parfaitement capable de cuisiner ces repas. Plus vous descendrez dans les strates, moins vous aurez confiance en l’extérieur. Lorsqu’il me faut me déplacer, je préfère cuisiner par moi-même pour être certaine que l’on n’empoisonne pas ma nourriture. »

« Aaaaaaaaaah ! Je suis désolé, vraiment désolé, je m’excuse mademoiselle Héraisty ! »

« Hum, je ne sais plus trop si j’ai vraiment envie de partager mon repas avec une personne qui n’a guère de considération pour mes qualités culinaires. Je crois que votre petite sœur appréciera bien plus ma nourriture que vous. »

« Vous allez vraiment me laisser mourir de faim ? » dit le jeune homme aux cheveux bruns, faisant une petite moue triste en direction d’Héraisty. Celle-ci cligna de ses yeux saphir, finissant par les poser sur Elise avant de dire :

« C’est dur de lui résister quand il fait cet air non ? Chez nous, il y a un terme pour définir un tel regard mais je ne pense pas que cela vous intéresse. »

« Oh, ses yeux là, ils vous implorent clémence. Ils cherchent de la bonté dans votre âme et espèrent que vous saurez lui pardonner. Si vous avez un coeur, n’hésitez-pas à l’ouvrir. »

Elise disait cela machinalement, comme si elle répétait un texte alors qu’elle rigolait un peu de ses propres paroles en voyant le regard implorant de Tery en direction d’Héraisty. La démone remit correctement ses lunettes avant de dire :

« Bon bon bon … Dans ma grande mansuétude, je pense que je peux lui pardonner quelques paroles un peu trop véloces et qui ont dépassé sa pensée. »

« Vous faites bien. Je suis sûr que Tery aura compris la leçon, n’est-ce pas ? »

« Oui oui, promis juré. Par contre, pourquoi est-ce que j’ai l’impression que vous vous êtes liguées toutes les deux contre moi ? J’ai fait quoi pour mériter un tel sort ? » déclara Tery sur un ton presque larmoyant bien que son visage exprimait le contraire.

« Vous êtes tous les deux de sacrés numéros. Je ne sais pas si vous vous rendez compte à quel point vos deux existences vont changer lorsque nous arriverons ? »

« Elles ont déjà changé le jour où nous avons ouvert les portes démoniaques. A partir de là, je crois qu’il est un peu tard pour se « morfondre » à ce sujet si vous voulez tout savoir. »

« Hum, c’est un argument valide, Tery. Mais je crois que vous ne savez pas ce qui vous attend réellement tous les deux. Votre vie va radicalement changer, surtout pour vous, mademoiselle Elise. Je veux être là pour voir votre visage à ce moment précis. »

« Et j’imagine que je n’ai pas le droit à un petit indice non ? » demanda Elise tout en commençant à manger, Héraisty rigolant faiblement en répondant :

« Vous en avez déjà un tous les deux. Nous allons à la strate la plus profonde du monde démoniaque. Il n’y aura pas de zone plus basse dans le monde souterrain. A partir de là, j’imagine que vous pourrez vous-même vous forger une idée sur cela ! »
Se forger leur propre idée. Le jeune homme aux cheveux bruns était plongé dans une intense réflexion. La plus basse strate, cela ne voulait dire qu’une chose : que les familles les plus nobles et la famille royale s’y trouvaient. Est-ce que ça pouvait être vraiment une magnifique capitale souterraine ? S’il n’y avait que l’élite qui était autorisée à y habiter ? C’était peut-être étrange comme réflexion mais cela venait de lui arriver de plein fouet, sans prévenir. Il se demandait juste si Elise pensait à la même chose que lui … et comment elle réagirait. Non ! Elle ne pouvait pas avoir les mêmes absurdités que lui en tête, c’était impossible.

« Alors, qu’est-ce que vous pensez du repas ? »

« Oh, c’est vraiment délicieux ! Je pensais déjà que le repas dans cette auberge était bien plus fameux que ce que nous avion à la strate supérieure mais encore là … Est-ce que ce sont les ingrédients qui font tout ? »

« C’est vrai que certains ingrédients se trouvent uniquement dans la strate la plus profonde du monde souterrain mais je crois que le talent de la cuisinière y est aussi pour quelque chose, non ? Vous ne trouvez pas tous les deux ? »

AH ! Il avait compris ! Elle attendait tout simplement un compliment de sa part ! Quel goujat des fois hein ? Il se gratta la joue, un peu confus et gêné avant de dire d’une voix enjouée :

« Si je n’ai pas évoqué ce détail, c’est que je pensais qu’il n’y en avait pas besoin dans une telle situation. Cela est naturel non ? »

« Hum … Ca sonne comme un compliment mais très mal mis en valeur. C’est vraiment dommage car le ton est sincère. Il n’est pas très doué avec les femmes, non ? »

« Pas le moins du monde, si vous saviez. » soupira Elise sur un ton fatigué. HEY ! Elles recommençaient toutes les deux à se mettre contre lui. Enfin, le plus étrange, c’est qu’il ‘était imaginé Héraisty comme une démone plutôt … coincée et imbue d’elle-même.

« Il me faudra raconter toutes ses péripéties amoureuses, je suis sûre que ça serait amusant. »

« Je crois que je n’aurai guère assez d’une vie pour vous parler de tout ça. »

« Oh, une vie, c’est justement ce qui va vous attendre dorénavant. Et vous n’aurez même plus à vous inquiéter de votre futur à tous les deux. »

A croire que c’était enfin le jour où ils allaient pouvoir se reposer et souffler, sans avoir à craindre ce qui les attendait le lendemain. Etait-ce vraiment ce qu’elle leur promettait ? Tout en finissant le repas, Tery posa la question. La démone retira ses lunettes, les frottant doucement avec un mouchoir avant de reprendre :

« Non, vous ne serez pas définitivement en sécurité mais vous aurez un avenir dans ce monde souterrain. Avec vos connaissances de la surface mais aussi votre sang, je suis sûre et certaine que vous allez mener la race des démons à une nouvel âge d’or depuis ce jour où notre race fut scellée par ces deux divinités. »

« J’imagine donc qu’Alzar n’est définitivement pas apprécié dans le coin, c’est ça ? »

« Vous vous trompez légèrement à ce sujet. Un courant religieux lui vouant un culte existe toujours parmi les démons, même les plus nobles. Certains prétendent que c’est la volonté d’Alzar que de les tester depuis des millénaires en les forçant à vivre sous terre. Enfin bon, chacun ses croyances. »

« Pour quelques personnes, c’est leur seule possibilité pour rester connectées à la réalité. Et encore, « à leur réalité » serait bien plus juste comme terme. »

Voilà que la jeune femme aux cheveux auburn discutait avec celle à lunettes de la religion du dieu Alzar. S’il s’était attendu à ça, il n’y aurait jamais cru en fin de compte. Pour autant, il ne chercha pas à se mêler de cette histoire. Cela ne le regardait pas tellement dans le fond et surtout, chacun et chacune était libre de ses croyances.

« Et vous disiez que vous étiez qu’une servante lorsque vous ne connaissiez pas vos pouvoirs, c’est bien ça ? Pourtant, vous me semblez … instruite. »

« Celui qui était comme un père pour moi a cherché à m’éduquer. Il me disait qu’il me trouverait un bon parti plutôt que de me forcer à rester dans cette auberge miteuse. Pourtant, elle me suffisait amplement … mais j’ai fini par m’instruire encore plus auprès de quelqu’un d’autre après la destruction de l’auberge. »

« D’accord, d’accord, cela reste un sujet visiblement un peu fâcheux mais ne vous inquiétez pas. Là où nous nous rendons, je suis certaine que vous aurez chacun un statut bien différent de celui que vous aviez auparavant. »

« Si c’est ce que vous pensez, on ne peut que vous croire hein ? »

Tery avait décidé de ne pas se mêler de la conversation entre les deux femmes. Prétextant qu’il allait nettoyer les couverts, il avait juste chercher un petit coin d’eau, évitant de croiser les regards de ces démon en armure lourdes. Vraiment, Héraisty leur vendait du rêve, c’était beaucoup trop beau pour être vrai ou alors … est-ce qu’il estimait qu’ils ne pouvaient pas être chanceux après l’acte horrible qu’ils avaient commis tous les deux ?

Chapitre 38 : Une présence bien trop forte

ShiroiRyu
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Chapitre 38 : Une présence bien trop forte

Depuis qu’il avait passé cette session en arène en tant que spectateur, ce n’était pas la grande forme. Oh, pas qu’il voulait l’avouer à Elise mais ça ne lui plaisait guère que de voir des types se battre comme du bétail. Ca lui rappelait simplement à quel point les nobles, même parmi les démons, s’amusaient de ceux qui étaient inférieurs à eux pour leur plus grand plaisir. Il avait été déjà confronté à ça dans le passé avec l’armée de Shunter, du moins, ses débuts et c’était uniquement grâce à Manelena qu’il avait réussi à tenir le coup.
Mais voilà, de nouvelles journées s’écoulèrent et un moment, Elise lui avait dit qu’elle voulait se promener seule. Lorsqu’elle était revenue, elle avait put tenter de tout faire mais impossible d’effacer cette forte odeur de sang qui émanait d’elle. Il n’avait pas poser de questions, il voyait parfaitement où elle avait été.

Et pourtant, pas besoin de l’enguirlander, il n’était pas là pour la materner. Elle avait été se battre en arène ? Bien lui en fasse. Visiblement, elle avait combattu avec d’autres vêtements vu qu’il ne remarquait aucune déchirure dessus. Lui-même, il s’était remis à la lecture au sujet de ses golems. Cela faisait depuis bien longtemps et ne rien avoir à faire pendant quelques jours était un loisir des plus appréciables qu’il reconnaissait parfaitement.

« Tery, tu ne veux pas prendre l’air dehors ? Il faisait si bon ! Tu ne vas pas rester enfermé toute la journée quand même, non ? »

« Il y a des chances que si, Elise. Ces chapitres sont vraiment intéressants sur les golems, je ne m’attendais pas à ça en ce qui les concerne. Comme quoi … »

« Tu devrais quand même sortir un peu. Est-ce que tu m’en veux ? Tu boudes ? Tu m’as à peine adressé la parole depuis trois jours. J’ai l’impression que tu es en colère ou déçu. »

« Hein ? Je donne vraiment cette impression, Elise ? Non, non, tu n’as pas à t’inquiéter pour si peu, je te promets que je vais très bien. Si ce n’était pas le cas, je te préviendrais, d’accord ? Qu’est-ce que tu en dis ? Ca te conviendrait ? »

« Non, ça ne me conviendrait pas. Jai juste envie que tu me dises si y a un problème ou si je t’ai fait du tort. On s’est quand même promis de tout se dire, non ? »

« Huhum. » répondit le jeune homme en hochant la tête positivement, replongeant dans son livre comme si de rien n’était. Ils s’étaient promis ça. Enfin, c’était pas une promesse liée à deux personnes qui s’aiment hein ? Simplement, que ça soit elle qui parle de ça, c’était juste un peu ridicule dans le fond, vraiment très ridicule.

« Je … vais ressortir. Je reviendrais vers le repas du midi, d’accord ? On mange ensemble ? »

« Pas de soucis. N’oublie donc pas l’heure du repas et ça sera parfait, Elise. Bonne route. »

« Bonne route, Tery. » soupira la jeune femme aux cheveux auburn, refermant la porte derrière elle. Le jeune homme la regarda partir par la fenêtre, sans un mot, songeur. Elle allait sûrement encore retourner à ces combats, n’est-ce pas ?

« Et si un jour, elle ne reviendra pas, comment est-ce que je ferais, moi ? »

Elle ne comprenait donc pas ? Qu’elle était sa seule attache ? Qu’à partir de là, le fait qu’elle ne lui dise pas toute la vérité, c’était considéré pas forcément comme une trahison mais … autre chose ? Enfin, que c’était plus profond que ça ? Ah … Il eut un nouveau soupir, pointant une main en direction d’un pot de fleurs.
Ses lignes noires firent leur apparitions avant que le pot de fleur ne se mette à trembler. Quelques secondes plus tard, un golem miniature se trouvait non-loin de lui. La différence, c’est que sur le sommet de son crâne … se trouvait des fleurs. Oui, bon, c’était juste pour s’entraîner là, hein ? Il allait le remettre dans le pot comme si de rien n’était, après.

« J’ai pas envie que l’aubergiste me hurle dessus par rapport à ça non plus. »

C’en était déjà assez donc s’il pouvait éviter d’autres problèmes, il n’allait pas refuser ça. Ah … Normalement, ce n’était pas aujourd’hui que la délégation devait se présenter ? Et à partir de là, ils allaient pouvoir enfin découvrir qui ils étaient ? Une bonne semaine, il y avait sûrement l’aller-retour, n’est-ce pas ?

« Ou alors, ils ont été les chercher au centre du monde, ce n’est pas possible autrement. »

Remarque anodine mais pas forcément stupide. Cela revenait à dire que les « renifleurs » qui allaient se présenter à eux … devaient être parmi les meilleurs du monde souterrain. Avec eux, il était tout simplement impossible qu’ils se trompent à leur sujet.

« Peut-être que j’appréhende ce qu’ils vont dire à mon sujet. »

C’était sûrement ça. Et s’il apprenait que dans le fond, il n’avait rien de spécial ? Mais que pour Elise, c’était tout le contraire ? Comment est-ce qu’il réagirait ? Est-ce qu’il la laisserait partir ? Avec ça, elle aurait sûrement une vie de luxe, non ? Elle serait largement plus heureuse qu’en passant sa vie à ses côtés

Oui, c’était exactement ça. D’ailleurs, le fait qu’elle ne soit pas là à l’heure du repas, quelques heures plus tard, comme convenu, ne faisait que confirmer ce qu’il pensait depuis déjà depuis quelques temps. Il couvait Elise car elle avait des cornes comme lui, car elle était une démone comme lui, il avait une forte affection pour elle , il ne pouvait pas le cacher. Que ça soit lorsqu’ils étaient à la surface ou maintenant. Mais … Elise était une jeune adulte. Elle avait appris à se contrôler grâce à Royan. Maintenant que Royan n’était plus là, difficile de pouvoir vraiment éviter qu’elle ne provoque des dégâts.

« Oh ? Elle n’est donc pas là ce midi ? C’est vraiment étrange de sa part. Ce n’est pas dans ses habitudes, n’est-ce pas ? Vous ne vous inquiétez pas ? »

« Pas le moins du monde. C’est une grande fille. Elle est libre de faire ce qu’elle veut. Je ne peux pas être toujours derrière elle non plus. »

« Je ne voulais pas vous offusquer, vous savez ? Donc, vous mangez seul ? »

Pas besoin de parler pour confirmer ça, non ? Il ferma les yeux tout en hochant la tête positivement. Oui, il allait manger seul. C’était … dommage mais Elise n’avait même pas réussi à tenir ce simple engagement. Est-ce qu’elle … avait eut des ennuis ?

… … … Il avait déjà terminé son repas et il était retourné dans leur chambre commune. Oh, bien entendu, il ne laissait pas vraiment trop de temps s’écouler. Il attendait de digérer et ensuite, il allait partir dans cette zone de combat. Il allait tout simplement …

« Euh … Messire Tery ? Les soldats sont là. Ils m’ont dit de vous prévenir de leur arrivée. Il semblerait que les personnes que vous attendiez sont présente. »

Les renifleurs sont là ? Et Elise ne l’est pas ? Ca ne va pas être possible. Il n’a pas envie d’y aller seul, loin de là. La situation ne lui plaît clairement pas. Non, non et non. Il en est tout simplement hors de question ! Pour autant, il se présente devant les gardes, ces derniers lui demandant s’il est prêt et s’il a pris ses affaires.

« Vous n’êtes pas deux à la base ? Où est donc la jeune femme qui vous accompagnait d’habitude ? Normalement, c’est deux démons que nous sommes venus chercher. »

« J’en ait tout simplement aucune idée. Je ne suis pas son … »

« Ah ah ah … Attendez moi ! Je suis là ! Je suis là ! » s’écria une voix féminine derrière les gardes, Elise faisant son apparition, un peu essoufflée. Hum, ce n’était pas vraiment une position correcte que de se pencher en avant pour reprendre son souffle, surtout avec un tel décolleté mais bon, il n’allait rien dire.

« D’accord. Essayez de récupérer vos affaires car vous devez nous suivre. Les renifleurs royaux sont là. Nous ne pouvons pas les faire attendre plus longtemps. »

« Renifleurs royaux ? Vous avez fait déplacer ces derniers spécialement pour nous ? Ce n’est pas un peu trop exagéré ? » demanda Tery, plutôt étonné d’un tel choix alors que les deux soldats se regardèrent pendant quelques instants.

« Pas vraiment … Si la situation l’exige, c’est que cela est nécessaire. »

« Pas faux. S’ils se sont déplacés, c’est que ça doit être sacrément important de toute façon. »

« D’accord, d’accord. Bon, je vais chercher mes affaires. » dit Tery avant de recommencer à grimper à l’étage, Elise s’exclamant :

« Ah ! Je vais faire de même de mon côté ! »

C’est vrai. Il venait d’oublier une chose : il avait déjà ses affaires avec lui. Il resta planté là, dans les escaliers, pendant quelques secondes avant de redescendre. Le sourire qu’Elise avait aux lèvres la quitta presque aussitôt en voyant le regard du jeune homme.

« Euh, Tery, tu voulais pas m’aider pour mes affaires ? Elles sont nombreuses, tu sais ? »

« J’ai déjà les miennes sur le dos, Elise. Je pense que tu y arriveras seule. »

Il avait appuyé un peu sur le mot « seule » comme pour bien montrer qu’il était plutôt mécontent de la situation. Après, voilà tout, hein ? Il passa à côté d’elle, celle-ci le regardant un peu interloquée, incapable de voir quelle mouche lui prenait.

Voilà, elle aussi était prête quelques minutes plus tard. Sans un mot, il avait agrippé une partie de ses bagages, la jeune femme retrouvant le sourire tandis qu’ils sortaient de l’auberge, suivant les deux soldats qui l’emmenèrent à travers la ville. Il y avait plus de bagages qu’auparavant ou c’était lui ? Hum … Visiblement, la jeune femme aux cheveux auburn avait acheté plus qu’il ne le pensait.

« Euh, ils ne ressemblent pas vraiment à des renifleurs, ceux-là, non ? »

Elle avait eut une remarque tandis qu’ils se retrouvaient devant ce qui semblait être une bonne dizaine de soldats mais pas du tout du même genre que ceux qui parcouraient cette ville. Ils étaient lourdement armés, recouverts d’armures de plaques noires et ne bougeaient pas d’un fil. Hum … Ils étaient vraiment pas commodes, hein ?

« Oh vous voilà donc, tous les deux … C’est donc vous qui avez forcé les membres les plus imminents de la ville à venir nous contacter ? Vous devez avoir une sacrée odeur pour que cela nous oblige à nous déplacer. »

Oh ? Euh …Wow … Euh … Zut. Il était un peu perturbé là. Il y avait vraiment une démone très mignonne. Elle avait une petite paire de lunettes sur les yeux, une chevelure émeraude assez claire lui allant jusqu’au cou et une tenue qui la mettait en valeur sans en montrer trop. Et puis, elle avait vraiment une certaine allure. A travers ses lunettes, ses yeux bleus s’étaient posés sur le jeune homme en même temps qu’un léger sourire se dessinait sur ses lèvres.

« Je vois, je vois … Bon, bon, bon. Commençons dès maintenant, non ? Suivez-moi, je vais me charger de vous deux. »

Il n’y avait qu’une renifleuse donc ? Et surtout, pourquoi est-ce que cette démone lui prenait la main comme si de rien n’était ? Ils étaient pas vraiment proches ! Il ne connaissait même pas son nom ! Par contre, pas besoin d’être devin pour sentir qu’elle était forte, terriblement forte, rien à voir avec les soldats en armure noire. Elle devait vraiment être … spéciale. Il fit semblant de ne pas entendre le grognement d’Elise derrière lui alors qu’ils étaient emmenés dans la même pièce que la dernière fois.

« Bon, commençons par la demoiselle. J’imagine que ça ne vous dérange pas, hein ? »

« Si, ça me dérange. » marmonna Elise entre ses dents alors que la démone à lunettes était déjà en train de faire son office, son nez se mettant à renifler Elise au niveau de la chevelure, du visage, de sa poitrine, son dos, ses deux bras mais aussi ses jambes.

« Etrange, vraiment étrange … Je vais recommencer voir. Je crois que ce n’est pas possible … mais si cela se confirme, mon déplacement est bien la moindre des choses qui importe. »

« Rien de grave,j’es… » commença à dire Tery avant de se taire lorsque la démone fit un mouvement de la main pour l’inciter à ne pas ouvrir la bouche.

« Vous savez, je ne suis pas un morceau de viande hein ? »

« Oh que non, vous êtes bien loin d’être simplement ça, mademoiselle. » s’exclama la démone à lunettes après les propos d’Elise, celle-ci ne sachant plus quoi dire.

« Hum, hein ? Qu’est-ce que ça veut dire exactement, Tery ? »

« Chut, Elise. J’imagine que tu auras ta réponse très bientôt mais pour ça, il va juste falloir que tu ne parles pas trop et que tu attendes. »

Il lui disait cela sans vraiment sourire ou parler sur un ton sympathique. La femme aux cheveux auburn plongea dans son mutisme, ne parlant plus jusqu’à ce que la renifleuse ait terminé son office. Et maintenant ? Au tour de Tery !

« Bon, avec vous, je crois que je ne suis pas au-delà de mes surprises. Déjà que cette démone est … vraiment unique en soit, qu’est-ce que cela va être avec vous ? »

« A vous de me le dire, je ne connais pas la réponse à votre place hein ? » répondit le jeune homme en haussant un peu les épaules, faisant un petit sourire à la démone à lunettes.

« C’est exact. Voyons dès maintenant ce que votre odeur va me dévoiler. »

Pfiou … Elle était quand même très proche non ? Peut-être plus qu’avec Elise, n’est-ce pas ? Ou alors, ce n’était qu’une impression qu’il se faisait. Il se trompait lourdement peut-être ? Cela arrivait et il ne pouvait rien y faire non plus. Il attendait tranquillement que le reniflage se termine tandis que la démone paraissait un peu désabusée.

« Et bien ? Euh … Ce n’est pas une bonne chose ? Qu’est-ce qui se passe ? Vous en faites une drôle de tête, ce n’est pas bon ? »

« C’est pas vraiment ça mais … il faut que je recommence, une simple mesure de précaution. Enfin, je crois … Je ne suis pas certaine. »

D’accord, là, c’était doublement inquiétant, est-ce qu’elle s’en rendait compte ? Il se laissa faire une nouvelle fois tandis qu’elle avait son nez qui se rapprochait même de ses cheveux. Oui, on dirait bien un animal sauvage tandis qu’Elise marmonnait :

« Non mais … Elle est pas obligée de le coller non plus hein ? Faut pas pousser. »

« Tais-toi, s’il te plaît, Elise. Ca ne va rien arranger si tu commences à parler. »

« Je me tais seulement si j’en ait envie et là j’en ait pas envie. » répliqua Elise, croisant les bras pendant que la démone terminait son travail. Elle poussa un profond soupir, fixant Tery avant de murmurer d’une voix lente :

« Il va falloir que vous nous accompagniez … tous les deux. Bien entendu, ce n’est pas une offre, ni une proposition. J’imagine que vous allez coopérer. »

« Nous allons devoir nous rendre où ? Vous pouvez nous le dire, non ? » questionna Tery en observant les réactions de la démone à lunettes.

« Plus bas … encore plus bas. Votre place n’est pas parmi ces démons inférieurs. »

« Démons inférieurs ? Est-ce que … ça serait une blague ? »

Il avait posé la question mais il connaissait déjà la réponse. La mine sérieuse de cette femme ne laissait planer aucun doute à ce sujet. Comment est-ce qu’il pouvait être rassuré ? Tout d’abord, la démone se tourna vers Elise, lui disant :

« Vous, autant dire que vous êtes une sacrée surprise. Je crois que personne ne s’attendra à votre présence, surtout pas eux. »

« Et j’imagine qu’on ne peut pas nous donner plus de détails, n’est-ce pas, hein ? » rétorqua Elise en croisant les bras au niveau de la poitrine.

« Autant garder la surprise pour chacun, n’est-ce pas ? Que l’on voie le visage des démons et le vôtre lorsque l’on donnera la nouvelle en ce qui vous concerne. Quant à vous … »

Maintenant, elle s’adressait à Tery, grand sourire aux lèvres, haussant les épaules comme si elle ne savait pas vraiment quoi dire devant cette situation. Elle soupira presque en disant :

« Je ne sais pas le moins du monde quand je pourrais évoquer mes hypothèses malheureusement. Et oui, pas besoin de me regarder comme ça, hein ? »

« On va dire que dans le cas d’Elise, vous êtes certaine tandis que dans le mien, c’est juste le brouillard complet. Je peux connaître les hypothèses ou non ? » demanda Tery alors qu’elle faisait un mouvement négatif de la tête.

« Je ne voudrais pas avoir de problèmes si je me trompe. Question de sécurité. »

Question de sécurité. C’était quoi cette blague douteuse ? Comment est-ce qu’elle pouvait laisser faire ça ? Il avait l’impression d’être le dindon de la farce ou presque. Néanmoins, pour Elise, ses épaules s’affaissèrent alors qu’il répondait :

« Bon ben si vous savez tout à mon sujet, je n’ai aucune raison de rester ici. Enfin, tout, ça dépend du point de vue. Elise vous accompagnera aussi. Quand est-ce que l’on part ? »

« D’ici ce soir, normalement. Nous voyagerons de nuit. La route sera très longue. Il y en a bien pour trois jours, j’espère que vous êtes prêts. »

Pas vraiment. Il faut dire qu’ils ne s’attendaient pas à devoir quitter cette ville où ils s’étaient « installés » depuis à peine une semaine hein ? Le jeune homme aux cheveux bruns passa une main sur son front, comme pour l’éponger avant de regarder Elise. Et elle, dans tout ça, qu’est-ce qu’elle en pensait exactement ?

« Je ne sais pas trop si je dois … accepter de venir. Déjà qu’ici, nous n’avons vraiment été accueillis correctement au début. Il a fallut attendre les renifleurs pour ça. Qu’est-ce qui nous dit que là-bas, ils ne vont pas nous regarder de la même façon ? »

« Oh que non … S’ils me voient à vos côtés, ils vont bien se poser des questions. Et encore plus là où je vous emmènerais. Mais pour ça, il va falloir m’accompagner. » dit la démone à lunettes en retrouvant le sourire, Tery finissant par la questionner :

« Et à qui est-ce que nous avons affaire ? Puisque nous allons voyager ensemble. »

« Oh ? Vous voulez mon prénom, n’est-ce pas ? C’est vrai que je suis un peu malpolie sur le coup, surtout en vue de vos origines. »


De leurs origines ? Avec ce mot, elle venait déjà de faire hausser un sourcil à Tery qui ne faisait qu’attendre plus d’informations à ce sujet. Pour autant, elle n’était pas prête à en dévoiler plus, comme il s’en doutait bien qu’elle leur accorda son prénom :

« Je m’appelle Héraisty. Enchantée de vous rencontrer. »

« Pareil de mon côté. Et Elise ? Il en est de même, non ? » dit le jeune homme aux cheveux bruns, se tournant vers Elise qui continua de grogner.

« Je tiens à préciser qu’il s’agit de mon grand frère, pas du vôtre, compris ? Je pense que le message est très bien passé, n’est-ce pas ? »

« Oh, bien entendu. Qui suis-je pour juger les relations entre deux démon consentants ? Disons que même sur ce point, vous me surprenez … dans le bon sens. »

Surprendre dans le bon sens ? Il fallait considérer ça comment ? Enfin bon, l’heure n’était pas à se poser quelques questions de la sorte. Héraisty tapa dans ses mains avant de s’exclamer d’une voix enjouée :

« Ce soir, vous êtes tous les deux mes invités. Il serait parfaitement stupide de vous renvoyer dans une auberge déplorable alors que vous partez avec moi dès ce soir. »

Déplorable, déplorable, elle était plutôt pas mal à la base hein ? Enfin, il n’avait pas à se plaindre de tout ça de son côté. Par contre, il était encore assez rancunier envers Elise même si celle-ci ne comprenait pas pourquoi.
Bah … Ce n’était pas bien important, oui, pas bien important. Tery accepta l’invitation, aucune raison de la refuser tandis qu’Elise s’agrippait à lui ou presque. Bien qu’avec douceur, il la repoussa, faisant un mouvement de la main vers Héraisty :

« Vu qu’on a rien de mieux à faire, pourquoi se l’interdire, non ? »

« Héhéhé, c’est exact. Vous avez tout à y gagner, rien de plus ou moins. »

« Vous avez fini tous les deux ou c’est bon ? Car sinon, le repas va refroidir, non ? »

« Elle est très attachée à vous, n’est-ce pas ? » dit Héraisty en regardant Elise, s’adressant à Tery qui haussa les épaules, fixant la jeune femme aux cheveux auburn de ses yeux verts :

« Je ne crois pas. Une personne qui l’était réellement n’oublierait pas certaines choses. »

« Hum ? De quoi est-ce que vous parlez ? » demanda Héraisty, évitant de trop le questionner en voyant le regard amer du jeune homme.

Ce qui se passait ? Hum … C’était à Elise de comprendre le souci, pas à une personne extérieure. Grumpf … Bon, ils allaient manger, tous les trois, non ?

Chapitre 37 : Comme des nobles

ShiroiRyu
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Chapitre 37 : Comme des nobles

« Ca fait déjà deux jours que nous sommes ici, Elise. Tu as remarqué des changements ? »

« A part le fait que les soldats sont venus nous voir pour nous donner une bourse contenant quelques pierres précieuses, j’avais autre chose à remarquer ? »

« Je sais pas. Je me demande si c’est ta tenue mais j’ai l’impression que les autres nous regardent un peu différemment. Après, je me fais sûrement des idées, je dirais. »

Ils étaient tous les deux dans la chambre. La délégation mettait du temps à venir et de ce qu’ils avaient compris, tous les deux devaient patienter environ une semaine. Autant signaler que ça n’allait pas être vraiment la joie non plus par rapport à l’attente.

« Je ne crois pas ! J’ai remarqué ça aussi de mon côté. C’est étrange mais je ne sais pas … Les regards sont pas juste vers moi hein ? Certaines démones t’observent aussi. Ils ont juste l’air … bien moins belliqueux que je ne le pensais. »

Belliqueux ! Voilà le terme qu’il cherchait exactement. Alors qu’ils étaient arrivés dans cette ville, la majorité des nobles démons donnait l’impression de vouloir leur tête au bout d’une lance. Ainsi, ce n’était pas vraiment très rassurant. Mais là, hier, après avoir décidé de continuer à explorer un peu la ville, ils avaient réagit autrement.

« Tu sais aussi bien que moi que je ne suis pas intéressé par les démones, Elise. Et toi aussi, de ton côté, tu n’éprouves aucun intérêt envers les démons. »

« Euh … Je me posais la question mais est-ce que tu crois que … ça pourrait être par rapport à avant-hier ? Avec le vendeur qui n’avait pas envie que tu partes malgré que j’étais prête depuis déjà une bonne demie-heure. »

Hahaha ! Rien qu’en y repensant, il avait encore le sourire aux lèvres. C’est vrai ce que disait Elise. Le vendeur n’avait pas voulu le lâcher, complètement plongé dans ses paroles. Oui, il buvait ses phrases par rapport aux golems. Jamais il ne remettait en question les informations qu’il lui donnait. Oh, ce n’était pas si secret que ça et de toute façon, même avec les connaissances, il fallait obligatoirement les livres pour réussir à invoquer les golems.

« Et encore, je n’oublie pas qu’il voulait que je lui fasses une démonstration. Malheureusement, j’ai préféré éviter. Faudrait que je trouve un terrain où m’entraîner. Ça fait quelques temps que je n’ai pas fait d’invocation. Je voulais éviter les ennuis. »

« Tu as bien fait mais je me dis que peut-être que le vendeur a parlé à d’autres clients. Puis le bouche à oreille a fait son office et ainsi de suite. Peut-être que les gens vont s’imaginer que dans le fond, tu es être un démon surpuissant, capable d’invoquer des centaines de golems ? »

« Ne plaisantons pas sur un sujet aussi sérieux que ça, voyons. Je crois que je pourrais en invoquer une dizaine, au grand maximum. Enfin, maintenant … et je ne sais pas s’ils auraient quelques spécificités. Enfin bref … »

« Ne te préoccupe pas trop de tout ça, Tery. Tant qu’ils ne te le demandent pas directement, il vaut mieux éviter de trop en faire. Au moins, on peut se promener tranquillement. »

C’était bien la meilleure chose à retenir de cette journée d’hier. Bon, il était temps de repasser la majorité de leur journée à arpenter les rues. Souriant à la femme aux cheveux auburn dans sa belle robe bleue. Oui, elle lui allait vraiment bien.

« Mademoiselle, la princesse, si vous voulez bien me suivre. » déclara Tery en faisant quelques menues courbettes à Elise, celle-ci lui donnant une petite tape sur le derrière du crâne tout en disant doucement :

« Si tu peux arrêter de te moquer de moi, ça serait bien mieux. Je ne suis pas si bête que ça non plus hein ? Je sais très bien que tu me trouves ridicule dans cette tenue. »

« Hein ? Mais pas du tout. Là, tu t’inventes des insultes. Je suis sérieux ! Tu es à ravir. C’est vraiment juste que je n’ai pas l’habitude, c’est tout. Rien de plus, rien de moins ! »

« Hum hum … Tu peux me le redire en face de moi ? Hum ? »

Hey … Mais quoi ! Bon, d’accord, le haut de sa robe faisait un peu bustier et il était certain que quelques démons regardaient par là mais lui, il avait franchement bien mieux à faire que d’observer sa poitrine. Surtout que l’un comme l’autre n’avaient pas cette idée en tête.

« Tu es vraiment une belle femme. Tu n’as pas à t’inquiéter à ce sujet … et tu as réussi à réchauffer le coeur de Royan, ce qui n’était pas une mince affaire vu qu’il vient de Traslord et qu’il s’occupait de la partie glacée de son royaume. Est-ce que tu es maintenant satisfaite de ma réponse, Elise ? Est-ce que ça te convient ? »

« Oui, cela me convient très bien, monsieur Tery. C’est juste que je n’ai pas apprécié le terme de princesse, c’est tout. J’ai l’impression que tu mets la charrue avant les bœufs. Encore que c’est à se demander comment serait l’expression ici. Tu t’es rappelé du vendeur ? Avec sa phrase ? J’avoue que j’ai eut du ma à saisir sur le coup ! »

Hmm, pas faux. Mais bon, c’était un tout autre monde sous terre et ça, ils ne devaient pas l’oublier tant qu’ils se trouvaient ici. D’ailleurs, cela ne l’étonnerait pas qu’en plus, ça soit encore différent entre les démons de la strate inférieure et ceux de la strate supérieure. Enfin, pas comme s’il n’y avait que deux strates non plus hein ?

Et maintenant ? Est-ce qu’ils pouvaient descendre au rez-de-chaussée, manger un morceau et s’en aller ? En réponse au petit sourire moqueur qu’il fit, Elise leva sa tête d’un air hautain qui lui allait plutôt bien en fin de compte.

Oui, il ne le pensait pas sur le coup mais c’était assez mignon quoi. Le petit déjeuner passa tranquillement et les voilà dehors peu de temps après que le matinée ait commencé, comme depuis deux jours. Bon … Avec tout ça, qu’est-ce qu’il allaient prévoir de faire aujourd’hui ? AH OUI ! Il l’avait dit ! Se tournant vers Elise, il dit :

« On tente de trouver un terrain d’entraînement ? J’imagine que pour des êtres comme nous, il y a sûrement des endroits où on peut mettre en valeur nos pouvoirs magiques ou nos capacités à combattre. Que l’on voie un peu comment certains vont dire que nous sommes rustres et toutes ces choses, n’est-ce pas, hein ? »

« Si tu tiens tant que ça à te faire insulter par les autres et à te donner en spectacle, pourquoi pas ? Mais ça ne sera pas mon cas par contre ! »

« Je ne pensais pas ainsi, Elise. Simplement, vu qu’ils veulent voir à quoi ressemblent des golems, je crois que ça ne serait pas une mauvaise chose, non ? »

« Si tu es prêt à abattre tes cartes sans aucune stratégie, pourquoi pas ? Je sais bien qu’on dirait presque qu’on est appréciés ici … mais ces personnes voulaient notre mort ou presque il y a deux jours de là. Ces types ne sont pas très stables. »

Bien entendu, il n’avait pas plus confiance en eux qu’elle mais voilà, il fallait quand même qu’ils puissent essayer de se faire une petite place par ici hein ? Même si ce n’était qu’une semaine, autant que le séjour soit des plus agréables hein ? Ca ne serait pas une bonne chose, non ? Il pencha la tête sr le côté, regardant Elise qui poussa un soupir accompagné d’un grognement de mécontentement.

« Tu pourrais faire apparaître les golems les plus basiques mais ça s’arrêterait là non ? Qu’est-ce que tu en dis ? Est-ce que ça te convient ? »

« Bah ! C’est ce que je pensais faire. Et peut-être leur proposer une petite séance de combat où ils pourraient tester leurs capacités face à mes golems. »

« Hum … C’est peut-être un peu trop, ça, par contre, Tery. Si tu ne les rends pas assez forts, ils vont finir par croire que les golems sont trop faibles. Si tu les rends trop costauds, ça sera le contraire et ils vont se donner à fond … et peut-être abuser de leurs pouvoirs. »

Hey ! Qu’est-ce qu’il pouvait y faire hein ? Il allait peut-être jauger un peu la force de chacun et voir pour proposer quelques golems un peu différents suivant la personne, voilà tout. Enfin, ce n’était pas encore préparé et donc, peut-être que tout cela n’allait pas arriver. Déjà, ils allaient sortir maintenant qu’ils avaient fini de prendre le petit-déjeuner.
Dehors, il faisait plutôt frais. C’était quand même spécial un tel climat alors qu’ils étaient plusieurs dizaines de mètres sous terre. Comme s’il n’y avait aucune différence par rapport à la surface. A se demander si enfermer les démons avait été vraiment nécessaire ? Enfin, ce point de vue, il savait que très peu le partageait.

Bon, maintenant qu’ils étaient dehors, quel chemin ils allaient prendre aujourd’hui ? Avant-hier, il avait pris celui de gauche. Hier, celui de droite. Et bien, il ne restait plus qu’à regarder devant soi et prendre la première ruelle non ? Il indiqua le chemin à Elise qui haussa simplement les épaules avant de marcher.

Qu’importe le chemin pris, vu la marche qu’ils avaient faite hier ainsi que celle d’avant-hier, ce n’était pas comme s’ils allaient découvrir que de nouveaux lieux. Ils avaient franchement pas mal déjà vu de la ville ces deux derniers jours.

« Tu ne voudrais pas plutôt faire les boutiques, Tery ? Avec ce qu’ils nous ont donné, on devrait pouvoir en profiter un petit peu non ? »

« Je préfère ne rien utiliser de ce que les soldats nous ont passé dans cette bourse. Simple mesure de précaution, ça peut être un simple test. »

Un test ? Elle lui demanda en quoi alors qu’il répondait le plus calmement possible que cela permettrait aux soldats de voir s’ils étaient dépensiers ou non. En un sens, si cet abus de richesse leur montait à la tête et pourrait les trahir. Trahir par rapport à quoi ? Des origines faussées peut-être ? Enfin, des raisons capillotractées pour pouvoir les juger en leurs âmes et consciences. Mouais … Devant l’air désabusé d’Elise, il répondit à nouveau :

« Tu veux que je te dise quoi ? Certains ont une imagination débordante, voilà tout. »

« Ouais, un peu trop débordante à mon goût. Qu’ils évitent de se rapprocher de moi sinon, je crois bien que j’irais les cramer. »

Oui, ils allaient néanmoins éviter ça hein ? Ça risquerait de créer plus de problèmes qu’il n’en faut. Pour l’heure, ils devaient plutôt se préparer à ce que le jeune homme cherchait. Où est-ce qu’ils pouvaient trouver un terrain d’entraînement ? Il fallait juste tendre l’oreille, non ? Avec des grognements et autres, ça sera bien plus simple.

Après, même au bout d’une heure, il ne trouvèrent rien de la sorte. Ils pouvaient toujours interroger autrui mais vu qu’ils étaient de parfaits inconnus aux yeux de tous, c’était peut-être mieux qu’ils évitent de poser de telles questions ? Encore qu’en s’adressant à un soldat, ça serait peut-être possible, non ? Devant l’air ébahi d’Elise, il comprit qu’elle s’en voulait de ne pas y avoir pensé plus tôt. Bon ben, zou !

« Pardonnez-moi ? Est-ce que nous pouvons nous déranger ? Nous aurions besoin d’un simple petit renseignement de votre part, je vous prie. »

« Hum ? Ah ! Attendez, vous êtes les deux … Euh oui, je peux vous répondre, bien entendu. C’est quoi vos questions ? Après, je sais pas si j’aurai les bonnes réponses hein ? »

« Ce n’est pas bien grave. J’aimerai juste savoir s’il existe un endroit comme un terrain d’entraînement pour les militaires ou alors une zone de combat, enfin un lieu où on pourrait s’entraîner à notre magie ou au combat. »

« Hum … Euh … C’est pas commun ce que vous me dites là mais ça existe bel et bien. Certains d’entre nous s’y rendent parfois en fin de soirée. On va dire que la solde ne suffit pas tout le temps. Suivez-moi, ça ne sera pas très long bien qu’à cette heure-ci, normalement, vous ne devriez pas avoir trop de monde. »

Le suivre ? Ah complètement ? Et son travail ? Il ne posa pas la question mais il se doutait que le soldat devait être content de pouvoir faire autre chose que son train-train habituel. Après, c’était pas à lui ou Elise de lui faire la morale et de lui reprocher son absence de sérieux dans son métier.

« En même temps, certains font des paris, d’autres se confrontent, certains s’entraînent. Enfin, vous verrez, y en a quelques uns qui sont des habitués. Entre les chasses aux alentours et les combats par ici, certains sont de vraies teignes. »

« Je ne sais pas si je dois considérer cela comme rassurant ou non. » dit Tery en rigolant.

« Certains n’ont pas d’autres moyens que ça pour survivre, Tery. Un peu comme nous. »

« Exactement. Après, on est pas plus idiot que les autres hein ? Toi, tu sais cuisiner, entretenir une maison et autres. Certains pensent que c’est simple mais non. »

« Héhéhé et toi alors ? Malgré ton apparence, tu es quelqu’un qui aime beaucoup lire et réfléchir, non ? Tu pourrais aisément t’occuper de la bibliothèque de tes grands-parents. »

« Hum … C’est quand même une sacrée bibliothèque mais oui … »

En fait, l’idée n’était franchement pas déplaisante à imaginer. S’il le pouvait, il le ferait volontiers mais … ah … C’était une chimère maintenant. Voilà qu’après quelques minutes à suivre le garde, le duo avait finit par arriver devant une double porte où de longs murs de pierre se faisaient voir de part et d’autres.

« Et bien, c’est gigantesque … mais ça va jusqu’à où en fin de compte ? Comment est-ce que qu’on a put oublier ça pendant nos visites ces derniers jours ? »

« Non, non, Tery. On a déjà visité cet endroit, enfin, on a longer ces murs. Juste, on pensait que c’était un autre poste de garde, voilà tout. »

« Ah oui ! Maintenant que tu me le fais rappeler, c’est vrai … Ca y ressemble étrangement. C’est donc par ici que se trouve … quoi exactement ? »

« Oh, différentes arènes et autres zones pour s’affronter. Vous verrez bien par vous-mêmes. Je vous accompagne pour vous présenter. Comme ça, ils ne se poseront pas plus de questions que nécessaire hein ? »

Pourquoi pas ? Ca lui semblait légitime comme raisonnement. Il se tourna vers Elise pour avoir son consentement, celle-ci faisant un mouvement positif de la tête avant qu’ils ne finissent par rentrer par ces imposantes portes. Aussitôt, des cris, des hurlements et une forte odeur de sang arrivèrent à mettre tous leurs sens à ébullition.

« J’ai l’impression que tout vient de changer ou presque … Comme si on découvrait l’autre côté de la ville, c’est pas déplaisant. »

« Pas déplaisant, Elise ? Euh … Y a un côté brutal et violent mais bon, dire que ce n’est pas déplaisant … et je croyais qu’il y avait peu de monde ce matin ? »

« Oh, d’habitude, oui, sauf quand y a quelques têtes d’affiche. Vous savez, la célébrité, chez certains démons … D’ailleurs, parfois, en récompense, on offre le démon mort à l’autre pour qu’il puisse s’en nourrir. Cela ne fait que renforcer son rôle de champion. Le souci, c’est qu’après quelques démons dévorés, le champion perd la raison et devient tout de suite plus facile à abattre pour le prochain adversaire et ainsi de suite … »

« Donner le cadavre en récompense à l’autre ? Mais si la famille veut le récupérer ? »

« Oh, généralement, ces personnes qui s’affrontent en arène sont sans liens affectifs. A côté, ils sont bien souvent considérés comme inutiles par leur propre famille s’ils perdent ce combat. Enfin, ne vous inquiétez pas, certains matchs sont plus tranquilles. »

Plus tranquilles ? C’est vraiment rassurant. Il n’était pas certain que ça soit vraiment leur place ici. Pour autant, Elise était presque enjouée en écoutant les propos du soldat. Elle n’était quand même pas en train de s’imaginer que tout ce combat et le reste, ça allait se passer comme si de rien n’était hein ? Enfin …

« Elise, tu n’espères pas quand même … en dévorer hein ? Regardes-moi quand je te parle, je te prie. Tu peux me le dire ? »

« Hein ? Mais non ! Simplement, j’ai envie de tester ma force face à certains démons. Tu te rappelles de ceux de notre groupe quand j’ai été à la surface avec toi ? Ils se moquaient bien de moi hein ? Bon, ben, maintenant, ils en payent le prix mais … je veux tout de suite leur faire comprendre que je ne suis pas à prendre à la légère ! »

« Wowow ! Zen zen zen ! Euh merci, je pense que ça suffit pour nous. Nous n’avons pas besoin de plus. Merci encore pour nous avoir guidés. »

Le soldat inclina la tête comme pour les saluer, Tery poussant un profond soupir. Ah ben oui … bien entendu. Si c’était vraiment aussi simple que cela, il le saurait, n’est-ce pas ? Le jeune homme aux cheveux brun regarda tout autour de lui. Il était venu ici simplement pour s’occuper, pas pour livrer des combats à mort.

Ah … Rien que le fait d’y penser, ça le fatiguait déjà bien plus que le reste mais bon … Au moins, il ne fallait pas trop s’en faire, n’est-ce pas ? Encore que là, avec Elise non-loin, il préférait quand même surveiller la jeune démone. Il avait remarqué qu’elle était vraiment devenue plus âpre de combats depuis l’évaluation.


Il n’était pas vraiment certain que ça soit rassurant et pour le mieux mais il ne voulait pas lui en parler plus que nécessaire. Bon, s’ils jetaient un œil en tant que public ? Pour voir ce que ces fameux combats donnaient ? Au moins, cela leur permettrait de se faire une idée de ce qui allait les attendre non ? C’était pas si mal, n’est-ce pas ?

« Tery ? Ce n’est pas toi qui voulait les affronter ou au moins leur montrer comment tu es efficace avec tes golems ? Ca serait l’endroit parfait pour ça ! »

« Oui oui, sûrement, sûrement, mais bon, en même temps, ce n’est pas tout de faire ça hein ? Je veux dire, on peut aisément juste regarder auparavant. »

Se comporter comme des démons d’une certaine noblesse ? Vu qu’ils étaient à peu près ça non ? Avec leur « odeur ». En voyant la mine dépitée d’Elise, il comprenait qu’elle avait voulu essayer de tout faire pour qu’il aille sur le terrain mais non.
Prenant place dans les tribunes, quelques têtes se tournèrent vers eux sans pour autant attirer plus que ça l’attention. C’était donc un combat à mort dans l’arène, non ? Et il n’y avait pas qu’un démon face à un autre. Non, ils étaient plusieurs, presque une bonne dizaine. En regardant les gradins, il était possible de voir que certains murs translucides protégeaient les spectateurs des attaques magiques ou autres.

« De simples mesure de précaution, il n’y a rien d’anormal à ça, oui. »

« Mouais, si c’était moi ou toi, pas sûr que les murs supporteraient notre force. »

« Je n’ai pas envie de tester voir si c’est vrai ou non. »

« Tu n’es vraiment pas très drôle, Tery, tu le sais ? Qu’est-ce que cela t’en coûte ? »

« De passer pour un type qui ne sait que se battre. Je te rappelle comment le vendeur me regardait à ce moment ? J’ai pas envie de voir les gens se moquer de moi. »

Et depuis quand est-ce qu’il se préoccupait de ça hein ? Hum … Tout ça parce qu’il fallait avoir une allure noble ou quelque chose du genre hein ? C’était tout simplement ridicule. Bougonnant de mécontentement, elle préféra ne rien dire de plus vu que ça ne servait à rien. Le combat dans l’arène était vraiment brutal, comme il s’en était douté.

Il n’y avait que deux démons survivants … et le combat s’était arrêté là. Il y avait aussi une durée de l’affrontement ce qui restait des corps au sol ne donnait vraiment pas envie de se mêler de tout ça. Non, c’était bien. Cela les occupait pour quelques minutes et il s’apprêtait déjà à partir mais Elise ne bougeait pas.

« Elise ? Faudrait peut-être que l’on commence à partir non ? »

« Tu n’as pas remarqué que la majorité reste ? Ce qui veut dire qu’il va y avoir d’autres combats. C’est bon non ? On peut rester quelques heures ? »

« Quelques heures ? A regarder des démons se donner la mort ? » marmonna le jeune homme en reprenant position à côté d’elle. C’était comme ça ?
Bon, le second combat était un peu plus à son goût que le précédent. Il s’agissait bien de démons mais cette fois-ci, ils affrontaient quelques monstres issus des entrailles des strates supérieures et inférieures. Tiens, il reconnaissait ce scarabée-scorpion ! Et aussi ces foutus gorilles. Oh … A ce sujet, le démon qui affrontait les gorilles se débrouillait asse bien, jusqu’à ce qu’il fut tout simplement écartelé. Dommage.

« On dirait bien que ces gorilles sont vraiment une plaie pour tous. »

« A se demander comment ils ont réussi à les capturer et … Ah ben, on a finalement l’explication, on dirait bien. »

Elise n’avait pas terminé sa phrase que plusieurs démons, lourdement armés, étaient déjà en train de projeter divers filets et autres sur les gorilles. En voyant de l’électricité parcourir leurs corps, il comprit tout de suite que ces objets étaient là pour annihiler toute envie aux gorilles de désobéir mais … surtout les affaiblir pour les remettre en cage.

« Et tu voulais vraiment que je fasses ça, Elise ? Je serais surtout mort à l’heure actuelle. »

« Pas avec tes golems, tu aurais largement fait le ménage. »

Elle lui accordait bien plus de force qu’il n’en possédait mais bon … Au moins, cette nouvelle journée lui permettait de voir que cette ville avait aussi un côté bien moins reluisant que tous ces démons habillés comme des nobles. Mais voilà, visiblement cela ne semblait pas trop déplaire à Elise … et il était relativement inquiet, il devait se l’avouer.

Chapitre 36 : En attente de la délégation

ShiroiRyu
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Chapitre 36 : En attente de la délégation

« Bonjour, Elise, est-ce que tu as bien dormi ? » demanda Tery alors qu’il avait déjà ouvert les yeux depuis quelques minutes, son visage tourné vers la jeune femme couchée dans le même lit que lui. Ils avaient peut-être une chambre plus que décente mais elle ne contenait qu’un lit. Après, ce n’était pas la première fois qu’il dormait ave celle et ils avaient passé l’âge de rougir comme deux gamins pris sur le fait.

« Je me demande si tout ce que j’ai vécu est un rêve ou non, Tery … C’est tout. Enfin, pas plus que ces derniers jours ou ces derniers mois. »

« C’est pourtant la réalité, Elise. Je sais qu’elle est un peu difficile à croire mais bon … »

« Non non, y a pas besoin de me convaincre, je le sais bien. J’espère que je t’ai tenu chaud pendant la nuit. Depuis que l’on est ici, j’ai remarqué que je produis une certaine chaleur sans m’en rendre compte. Tu n’es pas en sueur ? »

« Ca peut aller, j’imagine que c’est la force de l’habitude. Tu pars te laver en première ? Et dès que tu as fini, j’y vais à mon tour. Aucun souci par rapport à ça ? »

Elle fit un petit mouvement de la main pour dire que non, se levant ensuite avant de disparaître dans la pièce à côté. C’était une bonne auberge, oui. Rien que le fait qu’il y ait deux pièces différentes, l’une pour se laver, c’était déjà une excellente chose. Ils n’allaient pas trop en demander non plus hein ?

Il patienta tranquillement, s’extirpant du lit à son tour. Dormir dans un tel lieu, c’était inespéré depuis le départ de la strate supérieure. Maintenant qu’ils étaient là, peut-être qu’il était déjà assez tard dans la journée ? Encore que le concept de journée dans un tel endroit était plutôt ridicule, il fallait l’avouer.

« Je suis pas à ça près en ce qui me concerne … Hum. »

Le truc, c’est que surtout, il avait aucune idée de ce qui l’attendait exactement avec Elise maintenant qu’ils étaient là. Les démons avaient évoqué qu’ils devaient patienter en restant dans la ville. Oui, une ville dont ils ne pouvaient pas partir.

« Un peu comme si nous étions prisonniers en fin de compte, hein ? »

Ce n’était même pas ironique comme mode de pensée. C’était juste … la réalité, comme il l’avait si bien dit à Elise. Maintenant, il devait juste attendre que ça se passe et espérer que tout ne tourne pas en leur défaveur. Hum …

« Tery ? Tu peux y aller ! L’eau est assez chaude, je t’avoue que ça fait un bien fou. »

« Elise, je tiens à te rappeler que même si on prétend être frère et sœur, il y a une certaine tenue à respecter en ma présence. »

« Hum ? Je vois pas le souci. Je suis un peu trempée, ça me colle au corps mais à part ça, hein ? Je suis habillée que je saches. Et je sais très bien que tu ne me feras rien donc à partir de là, de quoi devrais-je m’inquiéter, hein ? »

« De la décence … tout simplement. Pourquoi j’ai l’impression que tu veux juste jouer avec mes nerfs pour voir si je vais craquer ou pas en te regardant, hum ? »

« Car si c’était le cas, je serais bien plus douée pour ça et je me mettrais bien plus en valeur. Et faut avouer … que pfiou … non rien, Tery. »

Hum ? Bon, ce n’était pas bien grave. Il n’allait pas chercher à savoir ce qu’elle avait en tête. Il était parti se laver, appréciant de pouvoir avoir de l’eau chaude sur son corps tandis qu’il entendait les soupirs d’Elise de l’autre côté. Bon, ce n’était pas tout ça mais ils allaient explorer un peu cette ville puisque c’était leur prison dorénavant. Il était assez intéressé par ces cristaux géants. Dans la strate supérieure, cela coûtait une fortune pour avoir un cristal de petite taille, capable de produire de la lumière en y insufflant un peu de magie. L’avantage d’un tel objet ? Il produisait aussi de la chaleur. Ainsi, cela permettait un double usage.

« Ah … Faut avouer que ça fait vraiment beaucoup de bien. »

« Tu me dis de faire attention mais ce n’est pas moi qui sort de de la douche, torse nu et dégoulinant d’eau hein ? Tu veux appâter de la démone ? »

« Arrêtes donc tes bêtises, Elise. Si c’était le cas, je n’utiliserai pas une méthode aussi ridicule hein ? Bon … Tu as l’air un peu plus sèche qu’auparavant, c’est bien. »

« Vu le temps que tu as passé à te doucher, oui, je suis sèche. »


Etait-ce une complainte d’Elise ? A voir le sourire, elle était plutôt en train se moquer ouvertement de lui. Rah … Qu’est-ce qu’il allait faire d’elle, hein ? Pour toute répone, il lui rendit son sourire avant de dire :

« Et si nous allions voir ce que le petit-déjeuner nous réserve, Elise ? Comme hier, nous sommes arrivés assez tard nous n’avons pas eut à dîner, autant se rattraper, non ? »

« Bien, bien … mais tu mets un haut, hein ? » dit-elle en lui désignant son torse. Oui ! Bien entendu, la question ne se posait même pas ! Zoup ! Quelques secondes après, il était déà rhabillé alors qu’elle venait lui prendre le bras, toute guillerette à l’idée de passer un peu plus de temps avec lui. Ce n’était que le petit-déjeuner, hein ?

Néanmoins, le petit-déjeuner était aussi bon que la surprise. Oui, c’était tout simplement délicieux, savoureux, et surtout une boisson chaude, qu’est-ce que ça faisait du bien. Il ny avait pas à avoir peur de s’empoisonner ou de tomber malade. Oh, il ne chercha pas à discuter avec l’aubergiste, celui-ci étant souriant bien que c’était à se demander si ce n’était pas un sourire forcé. En regardant Elise, il lui demande si elle avait une idée d’un endroit qu’elle voulait visiter ou autre dans la ville. Sinon, il proposait de simplement se renseigner un peu sur où ils étaient et d’avoir plus de détails par rapport à ces … renifleurs.

« Moins j’en sais, mieux je me porte, Tery. Je ne veux rien avoir affaire avec eux. Je crois que pour l’année à venir, j’ai eut ma dose de renifleur. » s’exclama t-elle alors qu’il laissait échapper un petit rire. Oui mais bon, elle devait se douter quand même qu’elle n’avait pas vraiment le choix, n’est-ce pas ? Pour avoir de plus amples informations sur ce qu’ils étaient au sein même de la caste des démons, ils … devaient se faire renifler.

Enfin, dehors, ils pouvaient respirer. Hum … Bon, en ne faisant qu’un seul pas, ils voyaient les regards surpris, parfois dégoûtés, des autres démons. Ah ben, il comprenait pourquoi on évoquait le fait que dans les strates inférieures, les démons étaient plus nobles. Ils avaient tous, même ceux qui portaient des habits communs, une certaine prestance indéniable. A partir de là, impossible pouvoir les ignorer. Ces types … Ah …

« J’ai l’impression de ne pas être du même monde, pas toi, Elise ? »

« Ils peuvent me regarder comme ils veulent, je m’en fiche. Ce n’est pas comme si cela avait vraiment une importance. Nous n’allons sûrement pas rester ici. »

Le jeune homme aux cheveux bruns rigola légèrement avant de ui dire de le suivre. Ils allaient faire un peu de marche. Il fallait juste espérer qu’aucun ne cherche à les déranger. De toute façon, après quelques minutes, il avait bien compris qu’ils étaient surveillés, Elise venant prendre son bras en grognant légèrement.

« Ils peuvent pas nous laisser souffler un peu hein ? Ca serait trop leur demander. »

« Il ne faut pas compter dessus, Elise. J’imagine qu’ils tentent d’être discrets mais en même temps, ils se plantent en beauté. On a pas survécu depuis ces derrniers mois sans jeter un regard derrière nous. Enfin, laissons-les croire qu’on ne sait rien et ignorons-les. »

« Tout ça parce qu’ils pensent que l’on veut quitter la ville alors qu’après tout ce temps, on se réjouit plutôt d’avoir un toit sur notre tête et surtout de pouvoir nous reposer à l’oeil. »

« A t’écouter, Elise, on dirait que tu apprécies ce petit coin. Enfin, je comprend que tu n’aies pas envie de partir de là. »

« Peut-être pas tout de suite mais dans quelques jours, pourquoi pas ? De toute façon, c’est ce que l’on va devoir faire, non ? Patienter quelques jours. J’espère juste que nos journées ne vont pas se résumer uniquement à marcher pendant des heures en ville. J’ai besoin d’un peu d’activité, moi ! En plus, on ne peut pas s’éloigner, ne serait-ce qu’un peu, de la ville. »

Et voilà qu’un bon gros soupir se fit entendre de la part d’Elise. Héhéhé, il n’y avait qu’un petit problème. Il fouilla ses poches, regardant s’il avait sa bourse. Ah ! Oui, tant mieux. Bien entendu, leurs armes avaient été confisquées mais à côté, vu qu’ils étaient des démons, ce n’était pas comme s’ils étaient obligés de se battre avec.
Ils avaient assez de force et d’imagination pour faire de leurs corps des armes mortelles. Bon, c’était mieux de ne pas penser ainsi. Ils n’étaient pas là pour créer des problèmes. Il n’y avait qu’un petit souci mineur car il ne savait pas si … cela allait être bon.

« J’espère juste que nos différentes pierres précieuses valent quelque chose ici. C’est bien ça le souci de ne pas avoir une monnaie propre à tout un royaume. »

« Et bien, si on n’arrive pas à obtenir ne serait-ce qu’une bouchée de pain avec ce que nous avons, il va falloir retrousser nos manches. Je me demande comment tous ces types gagnent des richesses par ici. Aucun ne donne l’impression de savoir se battre et pour faire du troc, il faut pourtant avoir quelques objets. On ne peut pas créer à partir de rien. »

Et voilà où il voulait en venir. Elise avait parfaitement compris. Tout ce qui était couture, cuisine, armement, etc, on ne pouvait pas produire ça à partir de rien non ? En regardant à gauche et à droite, aucun de ces démons ne donnait l’impression de se salir les mains. C’était ça qui le rendait suspicieux par rapport à la situation. Il n’avait clairement aucune idée de comment tous ces types pouvaient avoir le luxe de ne pas travailler.

« Peut-être qu’ils ont quelques esclaves démoniaques ? »

« Hum ? Vu comment ils réagissent par rapport à nous, ça ne serait pas étonnant. Peut-être que les plus faibles démons qui arrivent à survivre jusqu’ici sont tués par les gardes, ceux qui n’ont pas de sang noble mais qui ont prouvé leur force, peuvent alors servir de main d’oeuvre. Oui, c’est une idée … même si elle ne me plaît pas vraiment. »

« Ca ne serait pas étonnant, Tery. Ce n’est pas comme si ce monde souterrain avait inventé la règle que les puissants dirigent les faibles, hein ? Même si ça reste déplaisant à entendre, je n’ai pas envie que l’on considère que je suis comme une moins que rien tout ça à cause de ce que j’étais auparavant. C’est derrière moi maintenant. »

« Hého, Elise. Tu étais une serveuse, j’étais juste un type provenant d’un village paumé. Je crois qu’avec tout ce que nous avons vécu ces dernières années, on n’a plus vraiment à nous rappeler de ce que nous étions auparavant hein ? »

« Village paumé, héhéhé … et même ainsi, avec ce que tu as appris au sujet de tes grands-parents maternels, on va dire que tu restes quand même bien mieux loti que moi. Je n’ai aucune idée de ce qui m’attend si je remonte à la surface un jour. »

C’était lui ou elle était presque un peu démoralisée ? Ca n’allait pas fort hein ? Voilà qu’il vint la récupérer contre lui, plaçant sa main sur son épaule pour bien l’attirer contre son coeur. Qu’elle ne s’en fasse pas. Il était hors de question qu’il l’abandonne s’ils revoyaient la lueur du soleil un jour car ça, ce n’était toujours pas sûr.

Bon, heureusement pour eux, même si le vendeur les regardait avec dédain, il avait changé de comportement en voyant les différents objets qu’ils présentaient dans leurs sacs. Il semblerait que ça ne soit pas de si mauvaise qualité que ça. Tant mieux.

« Qu’est-ce que l’on peut obtenir avec tout ça ? Essayez pas de nous gruger par contre. »

« Calme, calme, Elise. Ca ne sert à rien de s’emporter, hein ? »

« Oui oui, je suis calme, très calme. Simplement, je préfère mettre directement les points sur les i pour avoir alors une meilleure discussion avec le vendeur. En plus, nous ne sommes pas chez un vendeur alimentaire. »

Oui, il voyait où elle volait en venir mais pourquoi menacer à moitié le vendeur ? Dire que même ce dernier portait des habits plus élégants qu’eux. Tery se massa le front comme pour tenter de réfléchir. Au moins, le vendeur était moins antipathique maintenant qu’il avait vu les différents objets ou parties récupérées sur les diverses créatures et lieux où ils s’étaient rendu durant cette petite session entre les deux villes. Maintenant, le vendeur en lui-même, il était spécialisé dans la couture … mais il n’y avait pas ce fameux sac qui l’intéressait.

« Dites, c’est vraiment si rare ces sacs capables de contenir d’immenses quantités d’objets en leur sein ? Je pensais que par ici, cela serait plus aisé à trouver mais je vois que non. »

« Je vois de quel genre de sac donc vous parlez. On peut en faire mais les matériaux nécessaires sont très rares. Généralement, les personnes qui en ont besoin les ramènent d’elles-mêmes et ceux qui travaillent pour elles ne sont plus en état de marcher ou de bouger la majorité du temps. De même, le travail nécessaire à sa conception prend plusieurs semaines et il vous faut comprendre que même là, cela risque de coûter très cher. »

« J’espère au moins que ce sac ne se déchire pas … »

« Hum, même les plus puissants démon en sont généralement incapables. On va dire qu’il faut vraiment s’y mettre à plusieurs pour espérer y arriver. Et encore, généralement, il vaut mieux éviter car déchirer ce sac reviendrait à … créer une distorsion avec tout son contenu. Vous savez, ceux qui ont vraiment les moyens n’hésitent pas à piéger leurs possessions. Cela permet un résultat assez explosif. Il y a même quelques anecdotes qui évoquent la disparition complète d’un village via un sac dimensionnel. »

A l’écouter, on pourrait presque croire qu’un tel objet attirait les convoitises mais pas forcément pour les bonnes raisons. Tery hocha la tête positivement, comme pour montrer son intérêt avant de tout simplement dire :

« De mon côté, cela serait plus par rapport à mes nombreux livres golemiques. On va dire que le nombre commence à être assez important. »

« Livres … golemiques ? Vous en avez ? Vraiment ? Est-ce que je … peux en voir un ? »

Hum ? C’était quoi cette réaction étrange ? Ce n’était pas la première fois qu’il remarquait cet aspect chez les démons. Déjà à la surface, posséder un tel livre était un véritable luxe et attirait les convoitises. A la strate supérieure, ils avaient été surpris par l’invocation d’un golem par lui mais … ici aussi ? Tery ouvrit son sac, finissant par regarder avant de montrer l’un des livres à la couverture si spéciale et unique, la reliure semblant être faite comme de pierre. C’était le tout premier livre qu’il avait eut. D’ailleurs, il se demandait comment est-ce que la guilde à Midès avait fait … pour le lui donner, si c’était aussi important que ça ? Est-ce que la créature affrontée avait causé tellement de tort dans le passé ?

« Je n’arrive pas à lire son contenu, comme le veut les rumeurs. Mais vous, vous y comprenez quelque chose ? D’ailleurs, en tentant de lire, je vois bien que c’est le premier numéro. Vous en avez plusieurs, c’est ça ? Vous pouvez m’en montrer un autre ? »

« Si je peux récupérer le premier, pourquoi pas ? » dit le jeune homme cornu tout en souriant, tendant sa main vers le vendeur qui lui rendit son bouquin bien qu’il voyait le regard envieux de ce dernier. Il replongea la main dans son sac, en sortant un autre. Ah … Celui-là provenait de la petite « collection » de l’ancien dirigeant de Mékalarma. C’était bien grâce à lui qu’il avait compris qu’il était possible de faire des golems vraiment horribles.

« C’est vraiment prodigieux ! Là aussi, c’est exactement le même texte. Les légendes sont donc vraies à ce sujet. J’imagine que de votre côté, ça doit être un autre numéro, n’est-ce pas ? Ici, je n’arrive qu’à voir exactement les mêmes lignes incompréhensibles. Et vous ? »

« Hmm … De mon côté, ils évoquent le fait qu’il est possible de créer des golems non pas à partir d’un élément comme le feu, l’eau ou autres … mais d’autres choses, bien moins sympathiques, comme un cadavre. Et il s’agit du quatrième livre. »

« Oh … Je vois, je vois. J’ai entendu dire que certains de ces livres se sont perdus à la surface. Une perte vraiment effroyable. Vous savez, je suis peut-être couturier mais de tels bouquins, c’est vraiment connu partout chez nous. »

« Je veux bien vous croire … mais par rapport aux livres trouvés à la surface, j’en ait une bonne partie. Je ne sais pas combien il m’en manque et je ne sais rien par rapport à ceux qui se trouvent dans les strates inférieures. »

« Oh ça, je ne sais pas comment vous avez fait mais ici, il vaut mieux ne pas espérer. Les familles les plus puissantes les protègent jalousement. Des fois, ils se situent dans une maison à part lourdement gardées. Vous n’auriez aucune chance de les récupérer. Ah … Vous êtes donc vraiment deux démons qui proviennent de la surface. Je n’arrivais pas à le croire … mais ces livres sont authentiques et s’appellent entre eux. Et si vous arrivez à contrôler les golems crées grâce à ces livres, c’est que vous n’êtes pas des démons lambda, enfin, surtout vous hein ? Je ne sais pas trop quelles sont les capacités de mademoiselle. »

« Ne vous en faites pas, elle n’a rien à prouver de son côté elle aussi. Même si elle ne possède pas de capacités d’invocation de golems, elle fait le ménage. J’ai même l’impression de voir un phénix à mes côtés. Ses flammes paraissent éternelles. »

« Un … phénix ? Est-ce que vous avez dit cela pour une raison précise ? » questionna le vendeur, un peu surpris par Tery mais pas autant que ce dernier.

« Pas vraiment. C’est juste que l’une des créatures légendaires à la surface était un phénix … et je me rappelle que … hum … désolé, c’est un souvenir que j’aimerai éviter de ressasser. Pourquoi est-ce que vous me posez la question ? »

« Pour rien, pour rien … Mais si sa puissance équivaille à celle d’un phénix, je crois bien que votre amie est encore mieux placée que vous. Enfin, au final, revenons à nos grougnons. »

Grougnons ? Ah oui, il s’en rappelait. Il en avait déjà vu dans la strate supérieure. Il s’agissait de créatures laineuses mais très belliqueuses. En fait, elles avaient une corne sur le crâne, pointue et aiguisée. Les démons les élevaient pour leur laine et surtout, elles avaient un régime alimentaire particulier … puisqu’elles consommaient de la roche. Bref, c’était une expression qui ressemblait étrangement à celle de la surface.

« Nous en étions à voir ce que je peux vous proposer pour vos différents objets. Alors … »

« Ah, avec tout ce que nous avons appris, je crois bien que … Bon, pour faire bonne mesure, Elise, tu as vu un tissu qui t’intéresserait ? »

Il s’était tourné vers la jeune femme démoniaque aux cheveux auburn, celle-ci ayant laissé ses yeux vagabonder les environs. Il faut dire que le sujet des golems ne la concernait pas et qu’elle avait eut bien mieux à faire que de continuer à les écouter. En entendant son nom, elle ne se retourna pas tout de suite, étudiant les vêtements avant de dire :

« Je crois que j’en ai trouvé un. J’ai l’air vraiment différente par rapport aux autres dans les rues. Qu’est-ce que tu en dis, Tery ? »

Hum ? Vraiment ? Enfin, il remarquait qu’il s’agissait d’une belle robe, vraiment, au tissu brillant de couleur bleue. C’est vrai qu’il allait pouvoir plus la recouvrir que celui actuel. Mais par contre, combien est-ce que le vendeur allait en demander ?

« C’est pas l’article le plus cher du magasin mais ça a son petit prix quand même. Par contre, vous avez raison. Ici, si vous vous habillez de la sorte, certains pourraient croire que vous êtes une démone de petite vertu et vu votre … »

« Grand frère, on va dire ça comme ça. » compléta Tery bien qu’il s’empêchait de sourire et rigoler en voyant Elise qui fulminait sur place. Et oui, il lui avait déjà dit que sa tenue n’était pas vraiment très correcte, surtout le nombril à l’air hein ?

« Et bien, avec votre grand frère, je pense que cette tenue vous conviendrait bien. Bon sinon, que diriez-vous de m’échanger ces trois objets contre cette robe ? »

« Je ne chercherais même pas à marchander. Peut-être que ça me donnera l’air d’un pigeon mais en même temps, on va dire que ce n’est pas pour ça que je suis ici. »

Et voilà, il n’hésitait pas à donner les trois objets réclamés par le vendeur. Il y avait un peu de cuir ensanglanté, de la toile d’araignée mais aussi un beau morceau de viande conservé dans du tissu. A partir de là, Elise demanda s’il y avait un endroit où elle pouvait se changer, le vendeur lui montrant un coin dans l’arrière-boutique.

« Bon, je serais prête d’ici quelques minutes, Tery. Tu peux patienter ici ? »

« Je vais parler avec le vendeur de toute façon. J’imagine qu’il serait plus qu’intéressé d’en savoir plus par rapport aux golems, n’est-ce pas ? »

En voyant l’air ravi du vendeur, il venait de marquer un point. Hmm, à ce sujet, peut-être que les informations pouvaient avoir une certaine valeur marchande aussi, non ? Peut-être que oui. En faisant bien attention, il pouvait obtenir quelque chose en retour.

« Bon bon bon … Peut-être devrais-je vous raconter ce que je peux faire comme golems ? Comment ils fonctionnent et réagissent ? »

« Oui ! Attendez un peu. Pendant que votre … petite sœur se change, je vais prendre de quoi boire et manger. Quelques apéritifs ne vous dérangent pas ? »

Des apéritifs ? A boire ? Et surtout, le regard suspicieux du démon avait totalement disparu. Oh, il voyait bien qu’il n’appréciait pas ceux des strates supérieures … mais dès l’instant où Tery avait parlé des golems, il avait clairement senti que le démon ne lui était plus du tout agressif. Enfin bon, il n’allait pas refuser de la nourriture et boisson gratuite.

Néanmoins, il devait avouer que se sentir « important », cela lui procurait une certaine joie. Et lorsqu’Elise se présenta dans sa nouvelle robe, il fallait reconnaître qu’elle était vraiment belle comme une diablesse. Elle en fera tourner des têtes, il en était certain.

Chapitre 35 : Une odeur particulière

ShiroiRyu
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Chapitre 35 : Une odeur particulière

« Aucune trace de monstres ? De démons ? On peut y aller alors, Tery ! »

« Hum … Pourquoi est-ce que je pensais que ces lumières étaient bien plus proches il y a de cela quelques heures ? Je n’ai pas l’impression que l’on va finir par y arriver. »

« Roh, arrêtes d’être aussi pessimiste. Tu veux toujours pas que je te prennes sur mon dos ? Tu sais très bien que ça ne me dérange pas le moins du monde, hein?3

Voilà qu’il faisait un mouvement négatif de la main pour bien lui expliquer que non, il préférait éviter pour le moment. Par contre, ce qui était une excellente nouvelle, c’était le fait qu’en se rapprochant peu à peu, les lumières étaient … entourées par d’importantes murailles faites de pierre Cela leur avait permis de confirmer qu’il s’agissait bien d’une ville.

« Espérons vraiment qu’ils ne nous considèrent pas comme belliqueux ou des importuns. Je ne me sentirais pas le courage de refaire marche arrière, Elise. S’ils ne nous acceptent pas … »

« Qu’est-ce que je viens de dire, Tery ? S’il te plaît ? » coupa t-elle doucement. Il finit par affaisser ses épaules, préférant ne pas chercher plus longtemps la confrontation avec Elise.

« Je disais qu’on va aller se dépêcher d’arriver en ville pour avoir un matelas sous notre dos, un toit au-dessus de notre tête et un repas chaud et comestible. »

« Ce n’est pas moi qui fait la cuisine. Pourtant, je trouves que ce n’est pas si mauvais que ça ce que tu cuisines, Tery. Tu n’as pas à t’en vouloir de tes talents culinaires. »


Ce n’était pas vraiment cette remarque à laquelle il s’attendait mais … il n’allait pas se plaindre. Une ville remplie de démons, ce n’était pas rare … mais contrairement à celle où ils avaient habité pendant quelques semaines … ou mois, difficile de savoir niveau temporalité comment ça se passait exactement, elle semblait bien plus imposante.

« On devrait travailler notre discours de présentation, Tery. Qu’est-ce qu’on va leur dire exactement à ces types ? Tu en as une petite idée ? »

« Pas le moins du monde … Si je le savais, je me dépêcherais. On va juste leur signaler ce qui s’est passé, qui nous sommes et tout le reste ? J’imagine qu’ils ne doivent pas voir souvent des démons qui arrivent à survivre à leur traverée dans les strates inférieures. »

« Et il faudrait éviter qu’ils ne nous prennent pour des fous, aussi. » compléta t-elle alors alors qu’il rigolait faiblement. Pour toute réponse, il reprit :

« Sur ce point, il va falloir que tu évites de montrer tes pouvoirs. Je te rappelle que tu as quelques petites crises pyromanes depuis quelques temps. »

« Je ne sais pas comment tu fais pour trouver cela drôle, Tery. C’est inquiétant et … »

« Je suis capable de t’arrêter. Je ne sais pas combien de temps mais je sais que je le suis. A partir de là, cela me rassures. Et puis bon, je m’imagine qu’avec le temps, j’arriverai à t’aider à contrôler tes pulsions, c’est aussi simple que ça. J’ai envie de croire en toi. »

« Croire en moi … C’est … vraiment gentil, Tery. Vraiment. »

Elle disait cela avec une pointe de tendresse. Elle savait que ce n’était pas voulu de sa part d’avoir dit une chose aussi délicate, c’était pour ça qu’elle savait aussi qu’il avait été sincère. Avec douceur, elle l’embrassa sur sa joue, l’enlaçant pour quelques secondes.

« Tous les deux, nous avons des crises. Tous les deux, nous pouvons les résoudre en s’épaulant. C’est ça que nous devon noter, n’est-ce pas ? »

« Je ne l’aurais pas mieux dit, Elise. Je ne l’aurais pas mieux dit. »

Mais pour l’heure, autant ne plus se sentir concernés par ça et avancer, encore et encore. Les minutes s’écoulèrent, les kilomètres glissèrent sous leurs pas et les lumières étaient de plus en plus visibles et imposantes. Des cristaux … géants. Il s’agissait de cristaux géants, taillés pour avoir la forme d’un losange. Ils illuminaient les environs d’une belle lueur dorée, comme celle d’un soleil tandis qu’ils étaient a sommet de nombreux pylônes. A cette distance, il était possible de voir quelques « pinces » les retenir pour qu’ils ne tombent pas mais c’était à se demander s’ils ne pouvaient pas flotter au-dessus du sol.

« On dirait des versions gigantesques des petites lampes miniatures que l’on peut acheter chez l’apothicaire. Enfin, celui de notre ancien village … enfin ville. »

« C’est vrai. Il disait que c’était un objet rarissime et qui valait très cher. Maintenant, en voyant ça au loin, je crois qu’il s’est bien foutu de notre gueule, n’est-ce pas ? »

« Pas qu’un peu, mon neveu ! » déclara Elise en prenant un ton qui semblait être vaguement masculin. Il n’était pas sûr de l’interprétation qu’elle avait chercher à donner mais le résultat était presque crédible. Il eut à nouveau un léger rire, finissant par dire :

« Grand frère, pour toi. Grand frère. Bon … S’ils ont les moyens de s’équiper de « cristaux rarissimes » que l’on verra peut-être qu’une fois dans notre vie, j’imagine qu’il faut se dire qu’ils sont vraiment aussi … nobles et riches que les dires. »

Etait-ce pour autant qu’il était rassuré ? Pas le moins du monde ! Est-ce que cela l’incitait à aller se rendre plus rapidement dans la ville ? C’est exact. Il voulait en connaître plus sur ces fameuses familles nobles démoniaques. Pendant qu’ils marchaient et que la base des murs était maintenant visible au loin, signe qu’ils étaient très proches, Elise lui demanda sur un ton amusé, comme si elle connaissait déjà la réponse :

« Dis moi, Tery. Est-ce que tu imagines que c’est ma famille ou la tienne qui est la plus noble ? Et qui sait … si on apprend que nous sommes beau-frère et belle-sœur, comment est-ce que tu réagiras ? Tu veux me le dire ? »

« Et bien, j’aurai une nouvelle raison et légitime en plus, de devoir te protéger si nous sommes frère et sœur. Je pourrais t’appeler petite sœur vu que tu es plus jeune que moi. Hum, si nous sommes de familles différentes, je crois que je me fiches complètement de qui est plus noble que l’autre. J’ai déjà eut ma claque de tout ça lorsque j’étais dans l’armée alors maintenant… »

« J’accepte la première réponse et pour la seconde, on va dire que je penses pareil. »

Heureusement, fort heureusement, la fin du voyage était maintenant là. Ils avaient fini par se retrouver à quelques mètres de ce qui semblait être une immense double porte, faite de bois et de métal. Devant celle-ci, il y avait une dizaine d’êtres cornus, recouvert par des morceaux d’armure dont il n’avait jamais vu l’existence auparavant. Est-ce que c’était là un matériau dont il ne connaissait rien ? Finissant par se rapprocher, les soldats pointèrent leurs lances vers eux, l’un d’entre eux intimant :

« Vous ! Plus un seul pas si vous ne voulez pas finir transpercés ! »

« Je crois qu’on va écouter leurs paroles, Elise. Ce n’est pas vraiment dans mes intentions que de me faire tuer dès maintenant, je pense que tu comprends pourquoi. »

« Le message est très bien passé, oui. Nous sommes armés mais nous ne cherchons pas à créer des problèmes. Nous … »

« Taisez-vous pour le moment ! C’est nous qui posons les questions ! Vos noms, vos origines et qu’est-ce que ce que vous faites par ici ?! »

« Je m’appelle … Tery. Et cette jolie démone qui m’accompagne s’appelle Elise. » dit-il bien que la demoiselle citée s’empêcha de rougir. Il n’y avait pas besoin de rajouter du « jolie » pour elle hein ? Même si elle comprenait parfaitement que tout cela avait juste pour but de calmer ses excités avec leurs armes. Enfin la technique n’avait pas marché, les armes étant toujours pointées vers eux, prêtes à être logées dans leurs corps.

« Ne faites donc pas les malins … Et nos autres questions ? Parlez maintenant ! »

« Nous provenons de la surface. Nous sommes nés là-bas et nous venons des strates supérieures. Lorsque nous avons expliqués nos origines, les démons là-bas ont préféré tout simplement nous jeter tout en nous disant de descendre ici, ce que nous faisons donc. »

« … … … Tu crois qu’ils se foutent de nos gueules ? » demanda un soldat à un autre, celui-ci regardant Tery et Elise avant d’hausser les épaules.

« J’ai pas l’impression. Ils ont l’air vraiment convaincus de ce qu’ils disent. Ils ont pas l’air de mentir, peut-être qu’ils sont un peu demeurés mais en même temps… »

« Faut se dire que s’ils viennent vraiment des strates supérieures, ils ont été obligés de rencontrer quelques uns de nos « gaillards » et aussi quelques Krémilles des environs. Ouais, ils ont l’air salement amochés pour que ça soit crédible. »

« A côté, vous avez vu leurs dégaines. Est-ce que des disparitions ont été signalées récemment ou pas ? Peut-être qu’il s’agit de deux démons perdus ? »

« Pas que je saches … Qu’est-ce qu’on fait ? On leur fait passer le premier test ou pas ? De toute façon, si celui-ci ne passe pas, on devra tout simplement les éliminer, comme le veut nos consignes. Encore que ça serait dommage pour eux après tout ce long chemin … s’ils n’ont pas raconté n’importe quoi ces deux-là. »

« Vous savez que l’on peut vous entendre, non ? Vous pouvez nous faire passer le test. »

Il avait tout simplement décidé de s’immiscer dans les conversations entre les soldats. Vu qu’ils étaient concentrés à parler entre eux, c’était un bien maigre choix hein ? Les soldats reposèrent leurs regards sur eux puis l’un reprit :

« Bon … Ramenez donc le renifleur, qu’on en finisse une bonne fois pour toutes. »

« A ce sujet, dites, c’est normal qu’il y ait … des démons cannibales qui sont capables de parler et de réfléchir , J’ai trouvé ça étrange mais … »

« Bien sûr que oui … C’est lequel que vous avez vu ? Celui comme une araignée ? C’est le plus connu et le plus proche des environs mais il ne tente jamais de trop se rapprocher. Il est assez malin pour savoir ce qu’il risque dans de tels cas. »

« D’accord … Donc, c’est récurent. Par contre, c’est quoi le renifleur ? » questionna Tery une nouvelle fois mais cette fois-ci, il n’eut aucune réponse de la part des soldats. Quelques minutes après, voilà qu’un démon était là, accompagné de quelques membres de la garde. Contrairement aux autres, il n’avait aucune arme ou morceau de cuir recouvrant son corps. Non, il avait tout l’air d’être un homme religieux, portant une longue robe brune lui allant jusqu’au sol, cachant ses pieds.

« C’est donc ces deux démons ? Cela est peu fréquent que l’on m’appelle mais … Oh … »

Oh ? Pourquoi oh ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Y avait un souci avec eux ? Il se regarda, il regarda Elise et elle le regarda. Comme ça, c’était fait … mais c’était pas rassurant ! Y avait quoi ? Pourquoi ce oh ? HEY ! Qu’est-ce qu’il était en train de faire Pourquoi est-ce qu’il était en train de … renifler Elise ?! Il voyait la mine apeuré d’Elise, celle-ci se rapprochant de lui tout en s’exclamant :

« Hey ! Il me fait peur, lui ! C’est un fou, Tery ! C’est quoi ce truc ?! »

« Euh … C’est normal ou je dois alors me mettre en colère ? » demanda t-il aux soldat, ses lignes d’Alzar déjà présents sur ses mains, les soldats ayant recommencé à les pointer de leurs armes pour qu’ils évitent de faire un geste brusque.

« C’est plus que normal alors vous allez vous calmer. Vous êtes vraiment deux démons complètement paumés, n’est-ce pas ? Ne pas être au courant de cette méthode … vous donneriez vraiment l’impression que vous ne savez rien à ce sujet et que vous êtes vraiment de la surface. Mais il vaut mieux pour vous que vous vous laissiez faire. »

« De la surface ? » demanda le renifleur, ouvrant en grand ses yeux avec intérêt, comme s’il venait d’entendre une excellente nouvelle. Il était maintenant en train de renifler Tery, celui-ci se laissa faire plus aisément qu’Elise bien qu’il n’appréciait pas du tout cette méthode.

« C’est le cas… et vous pouvez nous expliquer maintenant c’est quoi ce que vous faites ? »

« Je ne reconnais pas ces odeurs mais je suis sûr d’une chose, ce n’est pas une odeur qui vient des strates supérieures. Non ! C’est même tout le contraire ! Il faut qu’on refasse des tests ! Qu’on appelle les experts renifleurs et vite ! Ah au cas où, ils ne sont pas devenus comme eux, ce n’est pas leur odeur caractéristique, j’en suis certain. »


Odeur, odeur, ils étaient pas plutôt sûrs que c’était à cause du fait qu’ils ne s’étaient pas lavés depuis des jours ? Enfin, les soldats abaissèrent leurs armes et c’était tant mieux. Mais … pfiou … Et maintenant ? Hein ? Qu’est-ce qui allait se passer ?

« Est-ce que l’on doit considérer que nous sommes des prisonniers ? »

« On va dire que vous êtes entre les deux. Vous n’êtes pas des criminels, ni des gueux, pour le moment. Mais vous allez devoir nous suivre … et il vaut mieux pour vous que vous obtempériez sans poser trop de questions, est-ce bien compris ? »

Avec un tel ton qui faisait presque penser à une série d’aboiements, Tery regarda Elise, faisant un mouvement de la tête pour bien lui signaler qu’ils n’étaient pas là pour causer des ennuis. Elle prit une profonde respiration avant de marmonner quelques paroles.

« Pas de problèmes, on vous accompagne. Si cela nous permet d’être au chaud pour au moins quelques minutes, on a aucune raison de refuser. »

« Bien, bien, bien, visiblement, on a réussi par se comprendre, vous et moi hein ? Vous voyez que ce n’est pas si difficile que ça dans le fond, non ? »

« Je n’ai rien fait pour contredire vos paroles, hum ? » répondit calmement Tery alors qu’ils se mettaient tous en route. Voilà qu’il traversaient les portes … ou presque. Dès qu’ils passèrent celles-ci, ils ne continuèrent pas tout droit, loin de là.

Non, ils prirent tout de suite le chemin du poste de garder, non-loin de l’entrée, étant emmené dans un endroit plutôt chaud et accueillant … à part les gardes qui les regardaient comme des bêtes sauvages. Hey, c’était bon, ils étaient pas des monstres non plus. Voilà qu’ils se retrouvèrent dans ce qui était maintenant un bureau.

« Installez-vous ici et ne bougez pas, est-ce bien compris ? Si vous voulez pas de problèmes, c’est mieux pour vous que vous obtempériez, hein ? »

Les deux jeunes démons acquiescèrent de la tête. Maintenant, ils étaient en territoire « ennemi ». A partir de là, autant signaler qu’ils faisaient ne serait-ce qu’un pas de travers, ils allaient vers de très gros ennuis. Lorsqu’ils se retrouvèrent seuls, Tery soupira :

« Je ne sais pas si c’était une bonne idée, Elise. Sincèrement, on est dans la gueule du loup. »

« Si l’un de ces renifleurs fait la même chose que l’autre, je te promets qu’il recevra mon pied dans la tête. Et ils ont pas intérêt à me toucher sinon, ça va très mal se finir. »

« Hahaha, je te dirais bien d’éviter mais je crois que je ne me retiendrais pas non plus s’ils tentent ne serait-ce qu’un mouvement de la sorte vers toi. »

« De quoi pouvoir jouer ton rôle de parfait grand-frère, n’est-ce pas ? »

Pour toute réponse, il fit un petit sourire. Elle n’avait totalement pas tort à ce sujet hein ? Le jeune homme aux cheveux bruns patienta plus calmement qu’Elise, espérant que cela n’allait pas être trop long. Heureusement, quelques minutes plus tard, trois démons étaient de retour.

Il y avait deux démones et un démon. En voyant l’air soulagé de Tery, Elise émit un léger grognement pour bien lui montrer qu’elle n’acceptait aucune erreur de la part du jeune homme. Celui-ci se laissa renifler, seul le démon ne faisant rien du tout.

« Je n’ai jamais connue un telle odeur depuis mon existence de renifleuse. »

« Il en est de même pour elle. Vas-y, renifles voir … si tu penses pareil que moi. »


Non mais sincèrement, les dialogues, est-ce que ces deux démones comprenaient de quoi elles parlaient exactement ? Tery continua de ne rien faire et Elise aussi. Par contre, sentir un souffle d’air chaud sur ses cheveux, il n’était pas sûr de bien apprécier quand même.

« Bon, sinon, est-ce que l’on va mourir aujourd’hui ou pas ? » demanda Tery après quelques minutes de reniflements intenses, la démone derrière lui disant :

« Pas encore. Dites-moi, d’où est-ce que vous venez ? On nous a pas fait de topo à ce sujet. »

« Euh … Nous venons des strates supérieures mais nous sommes nés à la surface, moi et ma petite sœur Elise. Je crois que … »

« Vous savez, vous n’avez pas la même odeur, toi et elle. A partir de là, vous ne pouvez pas être frère et sœur mais continuez … vous venez de la surface ? Et pourquoi est-ce que vous êtes descendus tous les deux ? On vous l’a conseillé, c’est bien ça ? »

« C’est exact. On nous a dit que c’était la meilleure solution. Parce que nous provenons de la surface, cela reviendrait à dire que … »

« Par hasard, est-ce que … vous seriez ceux qui ont ouverts les Portes Premières ? » demanda maintenant le démon qui ne travaillait pas, les bras croisés.

« Les portes premières ? C’est quoi ça ? Ce sont deux immenses portes sous la capitale du monde, Omnosmos. Elles étaient scellées et tout le reste. »

« Si ce que vous dites est vrai, il y a de très fortes chances que vous soyez plus importants que vous ne le pensiez. Mesdemoiselles ? Vos résultats ? »

« C’est parfaitement inconnu. Je n’ai jamais ressentie une telle odeur … pour l’une et pour l’autre. Je crois bien qu’il faut que l’on les garde dans les environs pour pouvoir mieux les étudier. Pendant ce temps, ils seront nourris et logés, c’est de la plus haute importance. »

« Nourris et logés ? Mais nous ne pourron pas partir de la ville, c’est ça ? »

« Oh … Voyons donc. Si vous êtes venus ici, c’est bien parce que vous n’avez plus aucun endroit où vous rendre, n’est-ce pas ? Alors pourquoi réfléchir à partir ? »

« Humpf … En un sens, c’est plutôt logique. Bon, et bien … Ca veut dire que l’on va devoir vous suivre encore une fois ? Et surtout, qu’est-ce que ça veut dire pour nos odeurs ? »

« On n’a besoin de faire quelques vérification mais vous pouvez être sûre d’une chose ! »

« Et de quoi est-ce qu’il s’agit ? » demanda tout simplement Tery en regardant la démone qui s’était adressé à lui après avoir posé la question.

« Que vous ne risquerez pas de mourir aujourd’hui, du moins, pas par la sécurité de la ville. »

Youpi. Est-ce qu’elles pouvaient voir toute la joie et l’allégresse peinte sur son visage ? Il était déjà plus que fatigué à l’idée même … mais à côté, c’était un petit soupir de soulagement qui quitta ses lèvres alors qu’il murmurait :

« Tant mieux … Vraiment tant mieux. Bon … et bien, on va faire comme avant. Vous nous ouvrez la marche et on ne fait qu’aller dans votre dos. »

Elise était d’accord avec ça ? Bah … Tant mieux. Si elle pensait différemment, cela aurait été assez problématique pour continuer à rester ensemble. Les deux jeunes gens finirent par quitter le poste de garde, accompagnés par quatre d’entre eux. Sur le chemin, ils n’eurent pas vraiment le temps de détailler la ville autour d’eux, les soldats leur intimant d’avancer.

« Vous aurez tout le temps qu’il faut pour étudier la ville. Vous pourrez vous y promener mais vous ne pourrez pas en sortir, vous avez bien compris ? »

« La première fois, c’était suffisant mais oui … Est-ce qu’on a quand même nos libertés tant que l’on reste dans la ville ? Vous parlez de pouvoir se promener mais est-ce que l’on pourra marcher librement sans que vous nous suiviez ou autre ? » continua de questionner Tery pendant qu’ils marchaient dans la rue. Hum, il voyait bien les regards interrogateurs des autres personnes autour d’eux.

« Visiblement, vous n’avez pas l’habitude d’avoir des visiteurs par ici, c’est ça qu’il faut comprendre, n’est-ce pas ? »

« C’est exact. Nous sommes très sélectifs mais si tous les renifleurs sont unanimes sur vos cas, y a des chances que vous soyez tous les deux une sacrée paire. »

« Sacrée paire dans quel sens ? Le genre qui pose quelques soucis ou non ? »

« Je dirais plutôt le contraire … Nos renifleurs sont doués pour les petites familles de nobles et quelques unes des moyennes. »

« Et donc, s’ils en sont incapables, qu’est-ce que ça veut dire exactement ? Est-ce que c’est une bonne chose ou non ? Nous ne sommes … pas reniflables ? »

Pas sûr que le terme existe réellement mais visiblement, le soldat l’avait parfaitement compris et hocha la tête négativement. Il leur signala qu’ils auront plus de détails en même temps qu’eux mais que pour l’heure, ils avaient fini par arriver devant ce qui semblait être une auberge aux atours des plus agréables visuellement.

« C’est ici que vous allez séjourner pour les prochains jours. Vous en faites pas, vous n’avez rien à payer de ce côté. On va en discuter avec l’aubergiste. »

Nourris et logés, presque la belle vie. Une belle cage dorée qui s’offrait à eux, hein ?

Chapitre 34 : Les limbes souterraines

ShiroiRyu
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Chapitre 34 : Les limbes souterraines

« Tery … Tu as intérêt à me montrer tes pieds et vite ! »

« Qu’est-ce que ça changera que tu les voies ou non, Elise ? Ce n’est pas comme si tu allais pouvoir faire quelque chose, non ? S’il te plaît, c’est bon, je ne suis pas au seuil de la mort. Je peux facilement m’en sortir. »

« TERY ! » hurla t-elle alors qu’ils se trouvaient dans ce qui semblait être une grotte. Il n’y avait aucune sortie ou presque, un très faible espace étant visible, Elise ayant déplacé un rocher à la seule force de ses mains pour bloquer l’entrée. Pour la lumière ? Elle était capable de produire des flammes et faire surtout qu’elles perdurent. A partir de là, autant dire qu’il n’y avait pas à s’inquiéter pour ça … mais plutôt d’elle.

Il était adossé contre un mur de pierre, haletant alors qu’elle était devant lui, observant ses pieds. Ces derniers avaient perdu la peau qui les recouvraient sur la voûte plantaire. Elle émit un petit grognement de colère, disant :

« Espèce d’imbécile, j’étais sûre que ça pouvait que mal se passer ! Dès que tu as une idée, il faut q’il y ait une embrouille ! J’en étais certaine ! »

« Tu n’es pas obligée de crier. On a réussi à leur échapper, tu ne voudrais pas que tout ça n’ait mené à rien, non ? Je vais bien, j’ai juste besoin de me reposer. »

« Bien entendu, bien entendu, tu n’as besoin que de te reposer … Il n’y a que ça hein ? »

« Bien sûr qu’il n’y a que ça. J’ai juste mal aux pieds et rien de plus. »

… … … Elle venait tout simplement de faire de l’ironie ! Elle lui donna un petit coup sur le torse en grognant une nouvelle fois. Des fois, il ne comprenait même pas ça ! Elle avait envie de le frapper mais vu qu’il n’allait pas trop bien, elle évita de faire plus que nécessaire.

« Pour aujourd’hui, on va dire que c’est bon … On va rester ici pour la reste de la journée. Ca ne me dérange pas vraiment, Tery. »

Tant mieux car lui-même, maintenant qu’il était assis, il ne se sentait pas la force ou le courage de se remettre sur pied. A côté, Elise était en colère mais … elle était surtout très inquiète. Comment il pouvait réussir à la rassurer ? Il n’en avait aucune idée.

« Elise, tu veux venir dans mes bras ? » dit-il tout simplement après quelques minutes.

« Hein ? Pourquoi est-ce que tu me poses la question ? Je … bien entendu mais … »

« Et bien, tout simplement parce que j’en ai envie et qu’il va faire froid ? »

Elle n’était pas convaincu par les propos de Tery mais bon, elle voyait quand même où il voulait en venir. Elle vint finalement hausser les épaules, l’air de rien, se disant que bon, ça ne la dérangeait pas. Elle était même heureuse qu’il propose une telle chose.

« Bon, c’est bien parce que c’est toi que je vais accepter ! »

Et zou ! Elle était maintenant collée à lui, ayant retrouvé son sourire habituel alors qu’il avait fermé les yeux. A croire dans ces moments qu’il allait succomber à la prochaine minute. Simplement, il avait besoin de ce contact physique avec autrui … tout simplement pour être sûr qu’il était encore capable de ressentir quelque chose.

« Tery, même là-bas, là où nous allons, on restera ensemble, n’est-ce pas ? »

« Vu que nous sommes tous les deux des entités nobles, il faudra voir si nos deux familles ne se détestent pas. Si tel est le cas, ça sera alors difficile et … »

« Ils iront se faire voir ! Je n’ai pas passé ces derniers mois avec toi pour que d’autres décident de ce que je dois faire ou non. Et puis, de la part de types qui n’ont pas hésité à nous abandonner, je ne préfère rien entendre. Je ne veux rien savoir à leur sujet ! »

« Ce n’était qu’une proposition, Elise, rien de plus, rien de moins. Encore que de mon côté aussi, je refuserai complètement. Tu es ma seule ancre par rapport à la surface. »

« Qu’est-ce que ça veut dire exactement ? Une ancre ? Comme celle d’un bâteau ? Est-ce que tu insinuerais que je suis grosse, Tery ? Fais attention à ce que tu vas dire. Tu es sûrement trop jeune pour regretter d’être né ! » dit-elle en s’exclamant, le jeune homme gardant les yeux clos. Comment pouvait-il lui expliquer clairement tout ça ?

Tout simplement avec des mots faciles à comprendre. Lui dire que cette ancre représentait le fait de son ancienne vie qu’il ne voulait pas abandonner. Qu’il était hors de question qu’Elise se retrouve seule de son côté et lui aussi. Ils avaient besoin de l’un et de l’autre. Pas pour tenir physiquement, Elise comme lui étaient visiblement assez … forts pour survivre. Enfin, cela dépendait des moments. Non, ils avaient besoin de l’autre mais psychologiquement. Pour bien leur permettre de tenir le coup.

« Elise, j’ai besoin de dormir un peu, je crois. »

« Alors, tu peux dormir. Je vais veiller sur toi et tu pourras donc te reposer. Je partirais sûrement explorer un peu les environs et … »

« Fais juste gaffe où tu vas mettre les pieds, d’accord ? On ne sait pas du tout ce qui nous attends. Si tu vois d’autres démons, vérifies qu’ils ne sont pas belliqueux. Si ce sont des monstres, tu reviens aussitôt et ensuite, tu … »

« C’est bon, grand frère. C’est bon. Je suis certaine que je peux me débrouiller. »

Grand frère ? C’est vrai que ces derniers temps, elle n’avait plus utilisé ce terme pour lui. Ce n’était pas … ah … déplaisant … de l’entendre à nouveau. Il sentit une petite couverture se placer sur son corps puis des lèvres se poser sur son front. Pour des démons, ils n’avaient vraiment rien d’effroyables.

Mais heureusement, Elise était partie pour revenir aussitôt. Il n’avait pas réussi à dormir réellement et ce n’était pas un problème. Les yeux clos, son corps se reposait et c’était ce dont il avait besoin. Il avait senti aussi Elise lui faire des bandages aux pieds. Maintenant, sans chausses, le déplacement allait être bien plus difficile mais … pas le choix.

Mais c’était une bien moindre importance … sauf pour se déplacer. Le lendemain, lorsqu’ils quittèrent cette grotte de fortune, ils étaient visiblement dans la matinée. Comment le voir alors qu’il n’y avait plus d’astre solaire dans les cieux, seulement de la pierre ? Tout simplement par rapport à certains champignons luminescents.
Selon la clarté de ces derniers, cela permettait de donner l’heure. Il avait même eut la surprise de voir un membre de la guilde utiliser un tel champignon dans un bracelet. Ce bracelet était remplit de terre, c’était un champignon miniature … qui vivait à l’intérieur avec quelques trous. Mais cela lui permettait de donner une heure approximative. Peut-être qu’il devait réfléchir à avoir la même de son côté.

« Je suis désolé, Elise. Avec mes pieds, cela nous ralentit grandement. »

« Hum ? Est-ce que je suis venue me plaindre par rapport à notre lenteur ? Je ne crois pas … alors tu n’as pas à t’excuser à ce sujet. Le plus important est que tu n’appuies pas trop sur tes pieds, voilà tout. Peut-être que tu préfères … que je te portes ? »

« Je vais éviter. Je crois que si on trouve d’autres démons, ils vont tellement se moquer de moi que cela va se répercuter en écho dans toutes les strates environnantes. »

C’était exactement la réponse qu’elle attendait de la part de Tery. Avec amusement, voilà qu’elle lui faisait un doux sourire, se plaçant néanmoins à ses côtés, l’invitant à mettre son épaule autour de son cou pour qu’il puisse marcher plus correctement. Elle avait pris ses précautions avant qu’ils ne partent. Ainsi, elle connaissait un chemin sûr.

Enfin sûr jusqu’à où, ça, elle ne le savait pas trop … mais au moins, ce chemin, elle était tout simplement certaine qu’il n’y aura aucun souci sur une bonne distance. Et même ainsi … Ah ! Il était pas si léger que ça, Tery. Elle n’allait pas lui faire de reproche mais bon …

« C’est que du muscles ! Aucune once de graisse, Elise ! »

« Bien entendu, Tery, bien entendu. Tu sais, je n’ai rien dit du tout. Pourquoi est-ce que tu t’es senti aussitôt visé ? Hum ? Tu as quelque chose à avouer ? »

« J’ai bien vu ton regard, Elise. Tu voulais voir si j’avais un peu pris d’embonpoint. Si tu as mal à me supporter, je peux marcher à peu près correctement. C’est de ma faute si mes pieds sont dans cet état, tu n’as pas à te fatiguer plus à cause de moi. »

« Et surtout, si on se fait à nouveau agressés, il vaut mieux que je n’ai pas les mains occupées, n’est-ce pas ? Je vais donc gentiment te lâcher. »

Gentiment le lâcher ? Quand elle parlait comme ça, il valait mieux plutôt se préparer à ce que sa face ne percute pas le sol violemment hein ! Pfiou, néanmoins, contrairement à ce qu’il pensait, ça allait mieux que prévu. Debout, il resta immobile quelques secondes.

« Essaies de faire un ou deux pas. D’ailleurs, n’appuies pas trop sur tes pieds, Tery. »

« Je vais tenter de faire de mon mieux. » dit-il tout simplement en poussant un léger soupir en sentant qu’heureusement, ça allait de ce côté. Ses pieds … ne lui faisaient pas si mal que ça.

Au bout de trois jours de marche avec quelques brèves interruptions, ils avaient traversé plusieurs cavernes, pris de nombreux chemins de roche et même purent se reposer dans un endroit assez spécial. Un tapis de mousse végétal, avec quelques arbres et autres.
N’étant pas habitués à voir autant de végétaux dans une même zone, surtout depuis qu’ils étaient sous terre, ils avaient décidé de se reposer dans cet endroit, Elise ayant fait les vérifications d’usage en surveillant les alentours. Est-ce qu’il était vraiment possible d’avoir un endroit aussi beau dans les strates inférieures ?

Bon, cela n’avait duré que quelques heures, le temps de faire une petite sieste, Elise dans ses bras, mais cela leur avait mis un peu de baume au coeur que de voir qu’un tel lieu pouvait exister. En reprenant la marche, ils avaient néanmoins perdu rapidement le sourire. La raison était très simple : ils n’étaient plus seuls.
Si les monstres étaient sensiblement bien plus dangereux dans les strates inférieures, il n’y avait pas qu’eux donc il fallait se méfier. Non, il y avait des entités bien plus horribles car elles avaient encore une conscience à moitié humaine. Assis derrière des rochers, Tery comme Elise ne bougeaient plus du tout.

« J’ai l’impression que l’on se rapproche d’un coin habité, Tery. Enfin, pas à côté mais … »

« Si des démons comme eux se trouvent dans les parages, ça veut tout dire, oui. Par contre, ils ont l’air bien plus glauques que ceux qui étaient proches de la surface. »

Un rapide coup d’oeil lui avait permis de voir ce qui semblait être une créature arachnéenne. Elle avait bien huit pattes, avait un corps imposant … mais pas vraiment d’abdomen. Par contre, elle n’avait pas de tête au bout des huit pattes. Ce n’était pas ça. Non, il y avait un tronc humanoïde, avec deux bras et une tête, tout cela s’extirpait de milieu de l’amas de chair muni de huit pattes. Et cette vélocité … malgré l’imposante taille.

« Je sens … de la chair fraîche … elle me semble … si délicieuse. Où êtes-vous ? »

Gloups. Ce n’était peut-être pas prévu ça. Déjà que cette créature soit capable de s’exprimer était une chose mais maintenant, elle avait réussi … à les sentir ? A l’odeur ? C’était peut-être ça … Ils ne s’étaient pas lavés depuis leur départ. Il posa son regard sur Elise, celle-ci faisant une petite mimique de colère :

« Je peux savoir pourquoi est-ce que t’observes comme ça ? L’odeur, ça vient de toi. »

« Je n’ai rien dit, Elise et chut. Si elle nous repère, vu mon état, je ne crois pas qu’on pourra vraiment lutter contre elle. On va éviter donc de parler. »

« Hmmpf ! Humpf gnnn ! Humpf ! » chercha t-elle à dire mais il avait déjà posé sa main sur sa bouche pour la faire taire. Pas d’autre solution hein ? Des fois, on utilisait les seuls moyens que l’on avait. Par contre, qu’elle évite de le mordre s’il retirait sa main.

« IKIKI ! IKIKI KIKIKI IKI ! »

« Oh ? Vous voilà donc ? Mon propre garde-manger qui s’emmène à moi. Merveilleux. »

Ce cri, ils le reconnaissaient, n’est-ce pas ? Ils allaient devoir profiter de tout ça s’ils voulaient pouvoir s’en sortir indemnes mais surtout vivants. Finissant par serrer les dents pour ne pas crie et surtout pour montrer à Elise qu’il valait mieux ne pas perdre plus de temps que ça, il avait alors commencé à courir en premier.
Décontenancée car il prenait les devants, Elise vint à sa suite, cherchant à éviter alors d’attirer l’attention sur eux. Courir ! Courir et encore courir ! Il n’y avait pas d’autres solutions s’ils voulaient survivre tous les deux ! Bon sang, il avait l’impression qu’ils étaient retournés à leur arrivée dans ce monde souterrain !

Sans même un regard en arrière, le duo continuait à courir, ne cherchant pas à savoir qui gagnait parmi les deux adversaires. Pourquoi s’en préoccuper hein ? Le but était de réussir à mettre un maximum de distance avec eux et de ne pas chercher à les confronter !

« Tery, regardes donc au loin ! Je vois de la lumière ! »

Oui, enfin, lui aussi pouvait voir de la lumière, ça ne changeait pas que … Oh … Oui, bien entendu, c’était normal et logique. Il comprenait juste où elle voulait en venir. C’était loin, très loin … mais il y avait bien de nombreuses lumières à l’horizon. Des cristaux ? Mais ça ne voulait pas forcément dire qu’il y avait des démons là-bas ou alors de la civilisation.

« Elise, c’est peut-être encore un piège, tu t’en doutes, non ? Je ne crois pas que ça … »

« Que ça soit un piège ou pas, ce n’est pas un souci, Tery. Au moins, on aura de la distance par rapport à ce qui se trouve derrière nous. Et c’est plus à moi de m’inquiéter. Tu as vu comment tu as couru ? Si tes pieds se sont rouverts, cela risque de … »

« Moins de blabla, plus d’avancée, Elise ! » dit-il en lui coupant la parole. En fait, il savait très bien qu’elle comptait le gronder mais ce n’était pas le moment ni le lieu pour de telles remontrances à son égard.


Après, elle avait totalement raison. Ce n’était pas le bon moment pour abandonner, surtout pas mais … il était songeur. Comment est-ce qu’ils allaient être accueillis s’il s’agissait bien d’un endroit civilisé où des démons habitaient ? En même temps, ils étaient, d’après les dires des membres de leur ancienne guilde, une majorité de démons au sang noble, non ?
Si c’était le même genre de nobles qu’à Shunter, il n’y avait aucune possibilité pour eux de rentrer dans une telle ville et d’ensuite pouvoir espérer y vivre. D’ailleurs, combien de dizaines voire de centaines de mètres avaient-ils descendu depuis leur départ ?
« Tery ! Tu devrais regarder où on met les pieds ! C’est un chemin de pierre ! »

Un chemin de pierre ? En baissant les yeux, il comprit ce qu’elle voulait dire par là. C’est vrai. Il y avait bien sous leurs pieds ce qui semblait être un chemin tracé par l’homme. Enfin, pas par l’homme mais le démon vu l’endroit où ils se trouvaient.

« Il ne resterait plus qu’à le suivre … mais en même temps, niveau visibilité … »

« Et bien, on les verra venir de loin et inversement, non ? On a juste à le suivre ! »

« C’est exact … ah … et en même temps, vue la course que l’on vient de faire, on a pas vraiment le choix. C’est mieux de marcher tranquillement. »

Ils avaient parcouru une belle distance. Normalement, ils n’avaient rien à craindre tous les deux mais par mesure de précaution, ils allaient rester sur leurs gardes. Dire qu’ils étaient tous les deux. Aucune présence d’Elen et des autres. Quand ils étaient encore un groupe, ils pouvaient faire des tours de garde, compter les uns sur les autres et donc veiller … mais ici, ce n’était plus possible. Vu qu’ils n’étaient que tous les deux, impossible de faire ne serait-ce qu’une simple petite pause ensemble … et pourtant, ils se mettaient en danger car ils le faisaient. Ridicule, c’était totalement ridicule et pourtant, c’était bien ce qu’ils accomplissaient, comme si cela leur importait peu.

« Mais dis-moi, Tery. Tu en penses quoi de la sale bête que l’on a aperçue là ? Enfin, ce démon … qui a sûrement bouffé pas mal de ses compagnons ? »

« Et bien … Je ne sais pas trop ? J’ai juste l’impression qu’il était comme … plus évolué que ceux de sur la strate supérieure, Elise. Il était capable de parler mais surtout d’avoir une réflexion normale. J’imagine qu’à force de manger et de dévorer, il doit y en avoir certains qui arrivent à se développer plus que d’autres, c’est tout. »

« Sûrement, tu as peut-être raison mais vu que nous ne sommes pas concernés par ça, c’est peut-être mieux qu’on en saches moins que possible. »

« Je n’ai pas envie de ressembler à cette chose, entre nous. Je sais bien que nous ne sommes pas vraiment comme les autres races mais … voilà quoi. »

« Euh, je suis très bien avec mon corps humanoïde et je crois qu’Elen et Manelena apprécieraient le fait que tu sois comme elles, Tery. »

« Et il en est de même pour Royan, Elise. » dit-il en lui répondant aussitôt car il était certain que cela ferait un peu mouche chez la jeune femme aux cheveux auburn.

« Oui … Enfin, lui … il a quand même décidé de tuer tous les démons à vue. J’ai juste l’impression que ça sera pas vraiment pareil dorénavant. »

Ce n’était pas cette réflexion qu’il espérait entendre de sa part. Il toussota légèrement comme pour l’inciter à changer de sujet de conversation. Il n’aimait pas la voir avec ce petit air triste sur le visage, ça le rendait maussade de son côté avec aussi une petite pointe de mélancolie.

« Je lui parlerais lorsqu’on le reverra. Entre hommes, on va se comprendre. »

« Entre femmes aussi ? Tu me mets bien en valeur et je ferais de même envers tes deux demoiselles. Enfin, si tu n’en as pas une troisième d’ici là hein ? »

« Hého ! A te croire, j’accumule les conquêtes ! Je … ne suis pas comme ça, Elise ! Je n’ai jamais, enfin, tu as bien pu voir non ? Avec les démones dans le village. Comme celle à la réception ou la marchande ? Je n’ai rien fait ! »

« Oui, oui, j’ai très bien remarqué que ces démones appréciaient l’exotisme en toi. »

L’exotisme ? Il fit une petite mimique en réponse à ça alors qu’elle rigolait de sa remarque. C’est vrai que vu qu’ils provenaient de la surface, ils avaient une couleur de peau assez différente des autres, un peu plus claire mais ce n’était pas si rare que ça non plus hein ? Il ne fallait quand même pas exagérer.

« Je ne suis pas là pour draguer, Elise. Je n’ai que … enfin certaines personnes dans mon coeur et ça ne changera jamais, voilà tout. »

Il avait toujours du mal à assumer qu’il aimait Manelena comme il aimait Elen. A partir de là, difficile pour lui de l’exprimer clairement et de vive voix. Au moins, cela leur faisait un petit sujet de conversation même s’il était pas banal entre eux.

Et pour l’inquiétude liée à ce démon à l’allure arachnéenne ? Déjà partie. Ils avaient bien mieux à faire que de se focaliser sur ça alors qu’ils devaient trouver une ville au loin. Pour l’heure, ce n’était pas encore sûr qu’il s’agissait bien de celle-ci mais comme ils n’avaient pas d’autre solution, autant prendre celle qui apparaissait devant eux.
Parfois, il fût obligé de faire une courte pause, ses pieds se rappelant à son vouloir qu’ils étaient tous les deux dans un sale état. Ah … Bref, assis sur un rocher, il laissait Elise chercher un petit coin d’eau souterraine pour leur permettre de se ressourcer … et aussi laver ses pieds ensanglantés et avec quelques croûtes qui avaient de quoi faire paraître une mine de dégoût sur le visage d’Elise.

« Je ne me suis jamais portée comme soigneuse, Tery. »

« Je le sais, Elise. Je le sais … et je tiens à te remercier de tous les sacrifices que tu fais à mon encontre pour me permettre de rester en parfaite santé. »

« Et tu sais aussi bien que moi que l’ironie, ça ne me convient pas vraiment hein ! » dit-elle pour corriger ses paroles. C’est vrai que le ton employé était assez las et ironique … mais il était sincèrement redevable envers elle.


Il pouvait se le répéter sans cesse mais sans elle, il n’aurait jamais été capable d’aller aussi loin. Sans elle, il lui aurait été tout simplement impossible de pouvoir survivre dans ce monde où chacun et chacune cherchait à dévorer l’autre. Oui, enfin, cette pensée était exagérée. Il n’y avait qu’une partie parmi les démons qui agissait de la autre.

« Tery ? Tu es prêt à reprendre la route ? »

« Mes pieds devront me supporter quelques heures même s’ils s’en plaignent donc la réponse est oui. On peut y aller dès maintenant, Elise. »

« Tant mieux. Allons voir au plus vite si ces lumières indiquent bien une ville et si tel est le cas, espérons qu’elle soit accueillante. »

Dans le pire des scénarios, ils se mettront à dos les soldats qui protègent la ville. S’ils sont vraiment plus puissants que les démons proches de la surface, ça n’allait pas être une partie de plaisir et surtout, cela voudrait dire qu’ils ne sont pas accepter en ville et qu’ils n’auront aucun toit. Si seulement cela pouvait être l’inverse pour une fois.

Chapitre 33 : Parfois en sécurité

ShiroiRyu
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Chapitre 33 : Parfois en sécurité

« C’est quoi cette chose ? C’est vraiment trop chou pour que ça soit dangereux. »

Ah bien entendu. Les femmes et leurs goûts bizarres, n’est-ce pas ? Tery évita de soupirer en écoutant les propos d’Elise. En un sens, il s’en doutait un peu qu’elle se comporterait de la sorte. Ça n’avait rien de surprenant, loin de là. Après, elle n’avait pas tort. Il n’avait aucune idée de ce qu’était cette créature un peu simiesque mais bon …

Une fourrure couleur crème, des petits yeux rubis, de longues oreilles comme des feuilles tombées d’un arbre et une queue qui devait bien faire une cinquantaine de centimètres … ce qui correspondait à la taille de la créature ou presque de ce qu’il arrivait à percevoir. Celle-ci les regardait avec interrogation, l’une de se pattes munies de quatre doigts placées sous le menton. La créature poussa un petit cri avant de s’enfuir.

« Et bien, quel terrifiant monstre que voilà, Tery, hein ? »

« Comme on ne sait rien à son sujet, il vaut peut-être mieux ne pas trop se moquer. On est jamais à l’abri d’une très mauvaise surprise, Elise, tu sais ? »

« Je le sais parfaitement … mais tu t’en fais peut-être trop pour pas grand-chose. Qui sait ? C’est peut-être l’une des créatures qui sont tombées avec les démons et le reste des monstres ? Elle aurait survécu tout simplement et chercherait des personnes comme nous ? »

« Et j’imagine que tu as envie qu’on la suive, c’est bien ça ? »

« C’est exactement ça ! Peut-être qu’il y a un démon qui a survécu et que … Quoi ? » dit-elle avant de ne pas terminer sa phrase, Tery la regardant en poussant un long soupir.

« J’imagine que tu n’as pas compris de tes erreurs, n’est-ce pas ? Ce n’est pas comme ça que l’on va vraiment réussir à s’en sortir si tu veux tout savoir, Elise. On ne peut pas faire confiance à cette créature. Tu as bien vu avec les autres démons non ? Dès qu’ils ont appris à notre sujet, ils ont très vite retourné leurs vestes. Je ne dis pas qu’ils voulaient notre mort mais voilà, si on suit cette créature, autant que tu sois préparée à ce que ça dégénère très vite. »

« Tu es vraiment trop suspicieux, Tery. Je suis sûre que cela te jouera des mauvais tours un jour. Allons-y, tu verras bien que ce que je dis n’est pas faux. Et puis, si je me trompes, tu me puniras comme il le faut, comme à ton habitude ! »

Comme à son habitude ? Dis comme cela, ça paraissait tendancieux. Le jeune homme fronça simplement les sourcils avant d’hocher la tête. Mais oui, il voyait de quoi elle voulait parler. Quelqu’un allait tout simplement sauter un repas … si cette personne arrivait à survivre au piège dans lequel ils allaient tomber tous les deux à pieds joints.

« J’aimerai tellement que des fois, tu veuilles bien m’écouter, Elise. »

« Et oui, tu aimerais mais ça ne va pas se réaliser comme ça, Tery ! Désolée pour toi. On y va alors ? On va aller la suivre cette jolie petite créature ! »

« Cette jolie petite créature qui veut notre mort … n’est-ce pas ? »

Elle poussa un petit soupir, comme pour bien montrer qu’elle avait déjà compris la première fois mais qu’il n’avait pas besoin de se répéter. Mais bon, le sourire qu’elle lui fit était un peu déconcertant pour le jeune homme aux cheveux bruns. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Est-ce qu’elle se doutait de quelque chose de son côté ?

Tery s’était mis alors à l’accompagner, regardant juste en arrière alors qu’ils quittaient enfin cette zone pestilentielle. Vraiment, l’odeur était insoutenable ou presque, de quoi le rendre malade. Mais bon, « heureusement », il avait déjà participé à quelques guerres avec l’armée de Shunter, ce n’était pas comme si c’était la première fois qu’il assistait à une telle scène.

« Où est-ce qu’elle est passée ? OH ! Tery ! Tu as vu comme il fait bien plus clair ? »

Elle disait cela avec un sourire des plus ravissants et enfantins. Ah … Si seulement c’était aussi aisé que ça n’est-ce pas ? Le jeune homme aux cheveux brun lui tapota le crâne avant de jeter un œil à ce qu’elle voulait lui montrer. Hum … Oui, c’est vrai.

Peut-être était-ce à cause de ces nombreux cristaux multicolores qui parcouraient le chemin ? Ou alors, à cause de ces lumières artificielles qui provenaient de quelques champignons luminescent ? Ou alors justement de ces halos de lumière blanche dont certains trous dans les parois rocheuses étaient responsables ?

Tout ça donnait juste l’impression qu’ils étaient proches, si proches de la surface … et qu’en même temps, ils venaient de rentrer dans un tout autre monde souterrain. Bon, le véritable souci, ce n’était pas vraiment cet endroit mais … plutôt l’odeur de sang qui n’avait pas disparu Et Elise qui ne comprenait pas le moins du monde ce qui …

« Petit, petit, petit, où est-ce que tu es ? On ne te veut aucun mal. »

Qu’est-ce qu’il disait ? Il la voyait uniquement de dos mais il remarquait qu’Elise s’était un peu courbée en avant comme pour tenter de trouver cette créature poilue. Mais celle-ci ne se montrait toujours pas, Tery se grattant la joue avant de dire :

« Peut-être qu’elle en avait assez ? Ou qu’elle s’est vraiment cachée ? »

« C’est … dommage. Je suis sûre que non, Tery. Elle veut juste qu’on arrive à la découvrir et c’est comme un petit jeu avec elle, j’en suis sûre et certaine. »

Sûre et certaine. A l’écouter, c’était vraiment très étrange. En fait, le ton qu’elle employait avait quelque chose de … perturbant, très perturbant. Il ne savait pas trop comment l’expliquer mais ce n’était pas le genre de ton qui mettait vraiment en confiance.

« Petit, petit, petit, tu ne veux pas te montrer ? Allons … Je ne vais pas te manger. »

« Quand tu parles comme ça, tu donnes juste l’impression que tu es déjà prête à le dépecer et le cuisiner, Elise. Je te préviens, je ne sais pas si c’est comestible. »

« Arrêtes donc tes bêtises, Tery. Tu vas tout simplement l’effrayer si tu dis de telles sottises. »

« Et maintenant, c’est moi le coupable. C’est vraiment n’importe quoi hein ? »

« Ikiki ! IKIKI IKI IKI ! » s’écria une petite voix sur leur droite, Elise comme Tery tournant leurs têtes vers l’origine du bruit.


La petite créature était là, sautillante sur place alors qu’ils sortaient de ce couloir coloré de mille lueurs. Et bien, c’était dommage que la visite soit déjà terminée mais en même temps, ce n’était pas un problème, loin de là. Avec joie, Elise dit en rigolant :

« Tu vois ? Il nous montre tout simplement la sortie, Tery. Tu es vraiment bien trop suspicieux, tu t’inquiètes pour rien. On est arrivé à la strate inférieure ! »

Oui, peut-être qu’il avait un petit peu exagéré sa méfiance mais on ne pouvait pas lui en vouloir non plus. Vu certains événements déplaisants ces derniers jours, ce n’était pas comme si tout ça n’avait aucune origine non plus hein ?

« Oh ? Tiens donc, Tery ! Regardes ! Il y a la maman et le papa de la petite bête ! »

« Hum ? Qu’est-ce que tu racontes encore, Elise ? » dit-il en haussant un sourcil. Est-ce qu’ils avaient vraiment envie de voir … Merde. C’est bien ce qu’il pensait ! Cette foutue bestiole venait de les emmener dans un traquenard et Elise était tombée en plein dedans !

« Tu vois ? Regardes comme ils ont les yeux désireux de chair fraîche, comme ils veulent tout simplement nous égorger et nous trucider. De vraies bêtes sauvages ! »

« Elise, ce n’est pas le moment de moquer de la sorte ! Arrêtes tes bêtises et recules ! »

Il ne voyait qu’à peine ce qui se trouvait devant Elise, la jeune femme démoniaque bloquant les accès alors que Tery cherchait à se mouvoir sans y arriver. Il voyait juste des créatures de presque trois mètres de hauteur, à la fourrure couleur crème comme la petite bestiole. Et elles avaient l’air colossales niveau muscles.

« Boom boom. Je vais vous cramer tout de suite ! »

Un souffle de flammes, puis un autre et encore un autre. Il n’arrivait pas à réellement comprendre ce qui se passait mais Elise vint lui prendra la main, ses yeux rubis posés sur lui alors qu’elle poussait un grand éclat de rire. Euh ? Une raison à ça ?

« Il pense vraiment qu’on est assez stupides ou quoi ? Nous sommes des démons ! Nous vivons dans un monde souterrain où chaque démon est un ennemi potentiel qui va tenter de te dévorer si tu ne fais pas gaffe ! On n’a plus de place pour se laisser amadouer de la sorte ! »

« Et dire que j’ai vraiment cru que tu allais tomber dans ce piège, Elise … »

« On va donc dire que mon attitude a réussi à te berner. Je comprendrais alors que c’est parfait si un jour, je décide de te jouer un mauvais tour, hahaha ! »

Ce n’était pas très drôle et surtout, qu’est-ce qu’ils allaient faire ? Car maintenant, il remarquait que les flammes calcinaient la fourrure de ces créatures qui poussaient des cris de rage et de douleur mais ce n’était pas suffisant pour les tuer toutes les deux. Ils étaient juste passés à côté d’elles pour se mettre à courir, des « Ikiki ! » de colère se faisant entendre.

« Ils veulent notre mort. C’est dommage pour eux, ça ne sera pas pour aujourd’hui ! »

« Mais Elise, comment est-ce que tu as fait pour … »

« Pour ? Pour savoir qu’il voulait nous piéger ? Tout simplement car c’est le genre de créature incapable de se débrouiller toute seule. Comment peut-elle se battre ? Comment pourrait-elle survivre dans cet endroit si elle n’était pas douée pour duper les autres ? »

« Y a bien qu’une femme pour voir tout cela de cette façon … Je note de ne jamais te mettre en colère ou je risquerai de tomber les pieds joints dans ton piège. »

Pour toute réponse, elle était déjà en train de faire un grand sourire alors qu’ils continuaient de courir. Un rocher de la taille d’un être humain passa à côté d’eux, Tery se retournant brièvement pour voir que les deux imposantes créatures simiesques soulevaient et jetaient tout ce qui passait dans leurs mains. Comme s’il était soulagé de la situation, il rigola légèrement avant de dire à Elise :

« Je crois que nous avons réussi à les mettre en colère, Elise. Je ne sais pas si on devrait en être fiers tous les deux. En plus, elles ont l’air costaudes. »

« Qu’est-ce que tu veux ? Qu’on tente de les combattre ? Ca me semble relativement dur non ? Je ne suis pas certaine que nous y arrivions si tu veux tout savoir. »

Elle avait raison. Lui non plus n’était pas certain que ça soit la meilleure solution dans une telle situation. Pourtant, ces deux … ah non, trois créatures vue que la petite bestiole était sur le crâne d’une des deux autres, elles n’allaient pas les lâcher de si tôt. Regarder à gauche, regarder à droite. Il n’y avait rien qui leur permettait de se cacher ? Et en même temps, il fallait regarder derrière pour éviter ces rochers qui étaient projetés.

« Une soution, Tery ? Si c’est le cas, ça serait bien de la trouver ! »

« J’en ait une encore plus dangereuse et stupide que la tienne mais bon … J’imagine qu’on a pas trop le choix. On va essayer de les emmener vers d’autres monstres. Il faut espérer qu’ils s’entretuent, ça sera notre unique solution. »

Oh … Les faire se battre ? C’est vrai que cela leur permettrait de souffler un peu. Oui ! Maintenant, le truc, c’était de survivre assez longtemps en territoire inconnu. Et ça, étrangement, ce n’était pas aussi simple que prévu ! Loin de là !

« Il faut un trou, une grotte, un endroit où les piéger ! Elise ?! »

« Je regarde, je regarde, Tery ! Mais je ne trouves rien du tout ! Et c’est un peu difficile de se concentrer si tu veux tout savoir ! Je fais de mon mieux ! »

Il ne lui criait pas dessus non plus hein ? Elle n’avait pas besoin de s’emporter à cause de ça. Le jeune homme observa les environs. Non … Y avait rien à faire. Ils ne pouvaient pas rentrer n’importe où ou se déplacer n’importe comment. A côté, ils allaient finir par s’épuiser … et avec toutes ces pierres qui volaient dans tous les sens, il y avait de fortes chances qu’une d’entre elles finisse par leur tomber sur le dos du crâne et là, autant dire que ça sera foutu.

« Tery ! Il est derrière nous ! Comment est-ce qu’on va faire ? »

« Il ? Ils sont tu veux dire, non ?! » s’exclama le démon aux cheveux bruns, se tournant pour jeter un bref regard en arrière. Non … Il n’y en avait qu’un seul. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Où est-ce que l’autre avait réussi à se faufiler ? Vu qu’ils couraient tous les deux depuis déjà pas mal de temps mais surtout dans une zone rocailleuse, avec des flancs de monts et quelques petits plateaux avec des rochers plus ou moins gros, l’autre sale bête à fourrure couleur crème devait prendre un autre chemin.

« Fais attention ! On ne sait pas par où il risque d’attaquer, Elise ! »

« Je veux bien moi … mais je ne vois pas comment on va pouvoir arranger le tout ! »

Ils ne le pouvaient pas, c’était aussi simple à savoir que ça. Tery était toujours en train de faire vagabonder son regard autour d’eux. Finalement, c’est quand la masse touffue et poilue vint s’abattre devant ses yeux qu’il comprit que cela allait dégénérer salement.

« Ils vont pas nous laisser un seul moment de répit. Elise, il va falloir se battre ! »

« Je n’attendais que ça mais ils nous ont pris en tenaille, comment est-ce que l’on fait exactement au final ? Tu as une petite idée ? » demanda t-elle tandis qu’il haussait simplement les épaules. Que chacun en prenne un et ça suffirait amplement !

« Tues-le, de n’importe quelle façon … ou rend-le incapable de se battre. Je vais tenter de réussir à nous tracer un chemin, je préfère ne rien promettre. »

« Bon ben … je sens que ça va être explosif entre moi et lui ! »

C’est surtout qu’ils n’ont aucune idée de ce que sont exactement ces créatures. Comment être sûr qu’elle ne sera pas plus en danger que maintenant ? La réponse est malheureusement impossible à savoir et c’est ça qui l’inquiète le plus !

Un mouvement sur la gauche et il esquive une imposante patte qui tente de l’écraser. A l’endroit où il se trouvait ? Il n’y avait déjà plus qu’un cratère. Heureusement qu’il n’était pas au bord d’une falaise sinon, il pouvait dire adieu à son existence. Des crachats enflammés passèrent de part et d’autre de sa personne, venant roussir la fourrure crème de son adversaire. Qu’est-ce qu’Elise était en train de faire ?

« HEY ! ELISE ! C’est super dangereux ! C’est quoi ces flammes ?! »

« HAHAHAHA ! Saleté, saleté, saleté, crames ! JE TE DIS DE CRAMER ! CRAMES ! »

« Elise ?! Ne me dit pas que tu as perdu la tête à nouveau ?! »

Il ne pouvait pas s’occuper d’elle en même temps que de ce foutu monstre. A entendre les grognements et les cris de rage, cela donnait l’impression qu’il y avait un véritable carnage … ce qui n’était vraiment pas fait pour lui plaire. Non, la situation était déplaisante.

« Nous sommes même pas partis une journée qu’on est déjà sur le point de mourir ! »

C’était une évidence dont il avait besoin de crier alors qu’il esquivait une nouvelle fois l’attaque de ce monstre aux allures de gorille géant. Comment pouvait-il trouver une solution dans un tel cas ? Et zut ! Il attrapa subitement la main d’Elise, remarquant son regard complètement rouge alors qu’elle était déjà en train de préparer des flammes dans ses mains. D’ailleurs, sur le coup, il s’était brûlé mais qu’importe !

« Tery ! Mais qu’est-ce qui te prends ?! J’étais en train de … »

« J’oubliais un petit truc qui va nous faire gagner quelques précieuses secondes ! »

De sa main livre et griffue, ayant fait attention à ne pas blesser Elise avec l’autre, il la planta dans le sol, ses lignes d’Alzar bien présentes sur son visage. Hors de question de continuer sans se battre ! Hors de question de se laisser faire comme si de rien n’était ! Il savait qu’il n’allait pas pouvoir transpercer ces corps avec des pieux de terre mais … voilà qu’il vint créer tout simplement des poings d’une taille aussi imposante que les corps des deux êtres créatures, les projetant plusieurs mètres en hauteur.

« On en profite maintenant ! VIENS VITE PAR LA ! »

Il criait mais elle était juste à côté de lui. Mais voilà que les yeux de la jeune femme étaient redevenus normaux, Tery soupirant de soulagement.. C’était une bonne nouvelle, vraiment … Il n’aimait pas avoir à la regarder autrement. Il était temps de continuer à courir et à peine avaient-ils fait une quinzaine de mètres que le sol trembla sous la retombée des deux corps.

« Où est-ce fichu macaque miniature ?! Si tu le vois, tu … »

« IKIKI ! IKIIIIIIIIIIII ! » hurla une créature au-dessus d’eux, Tery ayant juste le temps de voir la petite créature simiesque, toutes griffes sorties, prête à lui retomber sur le visage pour le lacérer de ses appendices mais une main enflammée la stoppa net dans son mouvement.

« Toi … Tu commences sérieusement à me faire chier ! DISPARAIS ! »

Un nouvel hurlement mais d’agonie alors que tout le corps de la créature recouverte de poils couleur crème était en train de s’enflammer dans sa globalité, Elise jetant le cadavre calciné en arrière. Et d’autres cris, de rage et de haine. Ils ne les lâchaient pas hein ?

« Maintenant qu’on a tué leur enfant, du moins, j’imagine, ils vont clairement vouloir nous écraser la tête, Elise. Autant dire que ça va être sanglant et pas très joyeux. »

« Rien à faire ! Ca aurait put mieux se terminer pour eux s’ils avaient décidé de ne pas s’en prendre à nous ! C’est la loi du plus fort par ici ! »

« C’est pas faux … C’est pas faux, Elise … mais attention au zèle. Tu sais parfaitement que je n’aime pas du tout quand tu deviens … comme ça. »

Comme ça ? Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Elle chercha à comprendre où il voulait en venir en s’exprimant de la sorte mais elle sentait qu’il n’allait donner aucune réponse. En même temps, elle remarquait qu’il posait sa main libre sur les parois rocheuses autour de lui, créant divers obstacles … mais cela n’allait pas arrêter ces sales bêtes ! C’était inutile !

Non … Elle devait lui faire confiance, il avait sûrement une idée, non ? AH ! Ils devaient prendre un chemin sur la gauche ?! Mais qu’est-ce que ça allait changer ! Ils allaient quand même … Elle entendit un grognement de la part de Tery alors qu’il venait de créer un imposant mur derrière eux mais … même ça, ça n’allait pas suffire !

« Il va falloir que tu t’accroches bien à moi, Elise ! La fuite n’est pas mon genre mais des fois, certaines situations l’exigent sans que l’on puisse y faire quelque chose. »

« Hein ? Qu’est-ce que tu vas encore nous … Hiiiiiiiiiiii ! »

Elle avait émit un petit cri aiguë alors qu’il la soulevait à une main, la gardant auprès de lui avant qu’il ne se jette dans le vide … du moins, ce qui y ressemblait. Ils étaient plutôt en train de glisser le long de la paroi rocheuse et Tery serrait les dents, ses pieds laissant derrière eux quelques éclats rocailleux.

« Ils ne savent pas par où nous sommes partis. Ils ne doivent pas s’imaginer que l’on allait agir comme ça. » dit-il dans un murmure, incitant Elise à regarder derrière eux. C’est vrai. En hauteur, elle apercevait les deux créatures simiesques qui avaient détruit avec aisance le mur … et continuaient sur le chemin comme si de rien n’était.

« Tery, il faut absolument que l’on trouve un endroit où se cacher et … se reposer. »

« Ouais … Ouais, dès que l’on aura fini de glisser … Faut que je fasses attention à ce que l’on ne tombe pas dans un précipice. Pas besoin de corde quand on m’a moi. »

Son humour était vraiment déplacé dans une telle situation. Lorsqu’ils s’arrêtèrent, les pieds de Tery continuaient de fumer légèrement, l’être cornu ayant toujours les dents serrées, prenant de grandes bouffées d’oxygène.

« Ne nous arrêtons pas … maintenant, Elise. Il faut encore … trouver cette cachette. »

« Oui bien entendu, ils finiront par nous retrouver. Je notes que les strates inférieures sont vraiment très accueillantes, Tery, hahaha. »

Pour toute réponse, elle eut aussi un petit rire amusé de la part du jeune homme aux cheveux bruns. Il avait encore cette respiration saccadée. Elle ne lui connaissait pas une telle utilisation de ses pouvoirs. Il fallait aussi s’avouer que c’était une chose … unique …

« Tery, tu as vraiment de l’imagination à revendre. Je suis certaine que personne n’aurait pensé à utiliser des pouvoirs terrestres pour … glisser sur celle-ci. »

« J’ai juste imaginé comment on ferait un écoulement de boue ou de terrain … mais en considérant que c’était moi et non la roche. Enfin, sous mes pi… rien. »

Sous ses pi… pieds ? Et bien, oui et … Ses pieds ? HEY ! C’était quoi ce sang sous ses pieds ?! Pourquoi est-ce qu’ils étaient dans un tel état ! Et ses chausses ? Il n’en avait plus ? MAIS MAIS MAIS … Elle le regarda avec colère. Elle n’avait pas encore tout saisi mais elle était sûre d’une chose : les pieds de Tery étaient maintenant dans un triste état. Etait-ce à cause de cette longue glissage ? Il avait intérêt à donner de sérieuses explications !

Chapitre 32 : Nouveau départ

ShiroiRyu
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Chapitre 32 : Nouveau départ

« Comment vas-tu, Elise, aujourd’hui ? »

« Pas franchement mieux qu’hier, je dois avouer … J’ai encore du mal à assimiler tout ce que j’ai appris. Ça me donne un peu la nausée rien qu’en y réfléchissant, Tery. »

« Tu n’as pas vraiment beaucoup manger non plus, hier. C’est peut-être pour ça. Attends, je vais te chercher le petit-déjeuner. Tu devrais rester dans le lit. »

Qu’elle soit malade juste à ce moment précis n’emmenait rien de bon mais … Il pouvait comprendre que son corps avait décidé de la lâcher après toutes les nouvelles d’hier. Lui-même avait les traits fatigués et usés de quelqu’un qui avait visiblement pas assez dormi par rapport à hier. Ah … Bon … Au moins, l’aubergiste ne posa guère de question et il revint bien vite avec de quoi se rassasier pour elle et lui.

« Tu vas manger un morceau et te forcer, même si tu n’as pas faim. Compris ? »

« D’accord, d’accord. Je ne dis pas non à ce que tu prennes soin de moi, Tery. »

AH ! Il se doutait un peu qu’elle lui dise cela. Il eut un petit sourire avant de tout déposer devant ses yeux, Elise mangeant avec plus d’appétit qu’il ne le pensait. Tant mieux, tant mieux, c’était tout ce qu’il voulait. Il mangea lui-même un petit peu, Elise le félicitant tout en se moquant gentiment de lui, murmurant :

« Bien bien, et attention à ne pas laisser trop de miettes hein ? »

« Hého, je ne suis pas un enfant non plus, Elise. J’imagine que je peux aisément me débrouiller seul sans que tu me maternes non plus hein ? »

« On ne sait jamais justement ! Qui peut prétendre connaître ce de quoi sera fait demain ? »

Hmm, les phrases énigmatiques ou alors avec de telles paroles, c’était parfait pour le perturber. La tête légèrement penchée sur le côté, il la regarda, attendant qu’elle ait fini. Maintenant, pour la journée, ils allaient devoir faire quelques achats pour ce long voyage qui allait les attendre. Ah … Vraiment …

Préparer quoi manger, de quoi cuisiner, quelques affaires et autres. Dire qu’ils avaient trouvé un endroit à peu près tranquille, pas trop loin de la surface … et là, on venait leur retirer ce petit havre de paix. Autant dire qu’il faisait une petite moue invisible, il voulait pas embêter Elise avec tout ça. Il tapota contre son torse, finissant par dire :

« Bon, on y va ? On quitte un peu l’auberge ? Pas mal d’achats à faire aujourd’hui, Elise. »

« Oui. Je suis en meilleure forme qu’hier, ça ne devrait pas être aussi problématique. »

Pourtant, le ton et le coeur n’y étaient pas. A voir ce que la guilde avait en tête. Ils avaient sûrement préparer pas mal de choses pour leur départ. Ainsi, bon débarras et on ne vous entend plus, on ne vous voie plus et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ah … C’était laid de commencer à penser de façon sarcastique. Ça n’allait rien arranger.

« Vous voilà ! On vous recherchait depuis quelques heures ! »

« Nous étions simplement en train de dormir … et de déjeuner, rien de plus. »

Il évitait de pousser un soupir devant l’un des membres éminents de la guilde. A peine avaient-ils quitté l’auberge qu’ils avaient été importunés par ce dernier. Ils ne pouvaient pas les laisser souffler quelques minutes ? C’était peut-être trop demander, c’est ça ?

« D’accord, d’accord ! Vous êtes réclamés dans le hall. Tout le monde vous attends. »

« Nous pensions faire quelques achats avant que vous nous jetiez hors de la ville. »

Devant sa réplique, le démon s’immobilisa un peu, comme confus par Tery. Elise avait eut un petit sourire mauvais. Ils n’étaient pas stupides hein ? Ils comprenaient aisément qu’ils voulaient se débarrasser d’eux dès que possible. C’est bien pour cela qu’il ne cherchait même pas à combattre. C’était inutile de lutter. Il fit un mouvement de la main tout en reprenant :

« Allez, on y va. Comme ça, c’est réglé le plus tôt possible. Je ne crois pas qu’ils aimeraient patienter plus que nécessaire de toute façon. »

Phrase bateau pour bien signaler qu’il en avait déjà assez … et la journée ne faisait que commencer hein ? Il s’étira un peu, montrant par là que cela l’usait. Elise vint lui donner un petit coup de coude dans la hanche en chuchotant :

« Évitons le mauvais esprit et réglons ça. On l’accompagne et hop. »

Oh ? C’était elle qui disait ça maintenant ? Alors qu’encore hier, elle n’allait pas franchement bien ? BAH ! Il n’allait pas la retenir non plus. A l’arrivée dans la salle de réunion de la guilde, les mêmes membres qu’hier étaient tous présents.

« Voilà un plan. Ce n’est pas grand-chose, ce n’est pas le plus précis mais au moins, vous saurez où vous rendre pour votre prochaine destination. »

Même pas une salutation ou autre. Le vieux démon d’hier leur avait tendu simplement un parchemin enroulé, le tendant à Tery qui hocha la tête positivement. Et ensuite ? Maintenant ? C’était quoi le reste du programme ? Car bon, c’était visiblement l’heure de leur dire de dégager, n’est-ce pas ?

« Vous aurez aussi une bourse d’argent tous les deux par rapport aux nombreux travaux que vous avez accomplis jusqu’ici. Il y a aussi dans ce sac des victuailles qui devraient vous permettre de tenir pour environ une semaine. »

« Vous avez vraiment tout planifié … et en aussi peu de temps, c’est … remarquable. »

« Disons que la situation étant ce qu’elle est, nous avons juste tout fait pour qu’elle soit résolue le plus rapidement possible, rien de plus, rien de moins. C’est aussi simple que cela. »

« Est-ce qu’il y a d’autres données que nous ignorions que l’on doit apprendre aujourd’hui ? Si tel est le cas, n’hésitez pas à nous le dire dès maintenant hein ? Vous comprendrez … »

« Normalement non. Vous n’avez pas à vous inquiéter à ce sujet. Cela devrait être bon dans tous les cas. Vous pouvez y aller dès maintenant. »

« Bon ben … d’accord. On va dire qu’on vous remercie pour tout ce que vous avez fait pour nous et bien entendu, tout le reste comme d’habitude. Nous nous reverrons peut-être un jour et enfin, nous saurons ce que … »

« Si vous nous renvoyez, évitez de chercher à nous tuer, je vous pries. »

« Je ne penses pas le faire. Je n’ai aucune raison d’agir de la sorte de toute façon. Enfin bon, je ne crois pas que ça soit nécessaire de mon côté, loin de là. »

Il disait cela avec une certaine nonchalance. Ce n’était pas qu’il avait envie de les agresser hein ? Mais en même temps … Pfiou … Il ne savait pas si on lui laissait tellement le choix en fin de compte. Il avait récupéré tout ce que les démons leur donnaient, Tery et Elise faisant quelques salutations avant de quitter la guilde, sacs sur les dos.

« On retourne vers l’auberge, on récupère nos affaires et on s’en va ? »

« Vu qu’on n’a plus rien à faire par ici, c’est la meilleure solution, Tery. Enfin … meilleure, ça dépend du point de vue hein ? » soupira la jeune femme aux cheveux auburn alors qu’il se massait le crâne comme pris d’une migraine effroyable.

« Ca me fait chier. Voilà, je l’ai dit. Ça me fait chier »

Elle le regarda pendant quelques secondes, incrédule avant de faire un petit sourire. Elle tapota doucement son dos, murmurant d’une voix douce :

« Au moins, tu es honnête avec toi-même, Tery. C’est le plus important. Bon ben … »

Plus de raison de perdre leur temps. Dans l’auberge, ils saluèrent et remercièrent l’aubergiste pour tout ce qu’il avait fait depuis le début … c’était à dire tout simplement leur laisser une chambre pour tous les deux. A part ça, ce n’était pas comme s’il avait été très utile ou nécessaire à tout le reste hein ?

Aux portes de la ville, ils regardèrent les soldats qui surveillaient celles-ci. Etonnés de leur voir partir avec autant de sacs, ils posèrent quelques questions, Tery signalant juste qu’ils allaient faire un long voyage. Comme ils étaient habitués à passer par là pour les différentes missions que la guilde leur confiait, ils avaient fini par bien les connaître. Oui …

« Faites attention à vous quand même hein ? Surtout si vous partez loin. »

« C’est bien noté. De toute façon, on est pas du genre à se faire avoir par le premier monstre ou démon venu ! Bonne journée ! »

Autant être poli avec ces soldats qui n’avaient rien demandé du tout au duo. Ils n’étaient sûrement même pas au courant de ce qui se passait. C’était pourquoi il n’y avait aucune raison de leur vouloir. Ces pauvres soldats ne devaient pas savoir qu’ils avaient été tout simplement évincés de la ville. Ah … Maintenant, il était temps de s’éloigner.

Les voilà à nouveau dans les environs de la ville. Ils ont marché une dizaine de minutes sur cette ces surfaces rocheuses avant de finalement s’arrêter. Le jeune homme aux cheveux bruns finit par sortir la carte, observant cette dernière avant de soupirer :

« Bon … Voyons voir par où nous devons nous rendre. »

« Tery … Ca serait notre dernière chance de retourner à la surface définitivement. Si on fait tout pour y arriver, on devrait … n’est-ce pas ? Tu ne veux pas ? »

« Ce n’est pas que je ne veux pas. C’est qu’on ne peut pas, c’est juste différent. Je te rappelles que pour ça, on doit passer des portes gardées. »

« Mais avec notre force, nous devrions y arriver non ? Je sais bien qu’on ne peut pas y accéder sans avoir quelqu’un avec nous qui a les droits mais … »

« S’il te plaît, Elise. Ça ne sert à rien, d’accord ? Il faut que l’on se rentre ça dans le crâne. »

« Je le sais parfaitement ! Ce n’est pas à moi que tu dois dire ça mais … »

« Alors pourquoi est-ce que j’ai le sentiment que je me répètes plusieurs fois depuis quelques temps, Elise ? Tu es … comme désespérée. »

Il n’aimait pas le terme qu’il venait d’utiliser mais dans une telle situation, difficile d’en utiliser un autre, n’est-ce pas ? Il regarda longuement Elise, comme pour attendre sa réaction mais celle-ci ne fit que baisser la tête, déconfite et embêtée. Bien sûr, il s’en doutait … et il le savait parfaitement hein ? Ah … vraiment, vraiment …

« Viens plutôt regarder la carte avec moi, Elise. Ca sera bien mieux. On finira par trouver une solution en fin de compte. Peut-être pas maintenant, peut-être pas demain mais qui sait ? »

Ils étaient tous les deux motivés, Elise encore bien plus que lui, à trouver une solution alors bon … ça ne servait à rien de trop se compliquer la vie de toute façon. La carte était plus détaillée qu’il ne le pensait. Vu qu’ils avaient pris les portes sud de la ville, ils devaient donc continuer un peu vers l’est. Là-bas, il y aurait une vallée non-loin d’une falaise et ils pourront descendre de plusieurs dizaines de mètres, rien que ça.

« Ces histoires de strates et autres me perturbent salement, Elise. Je me demande si les démons sont comme les autres plus bas. Tu crois quoi ? »

« Que je ne vais pas me préoccuper d’eux J’espère juste pour eux qu’ils ont un moyen de nous ramener à la surface lorsque l’on sera là-bas car plus on va descendre, moins on sera proches de la surface et donc d’une sortie. »

Oui, c’était tout ce qu’il y avait de plus logique. Son raisonnement tenait parfaitement la forme mais en même temps … elle occultait un léger point. Les autres démons allaient peut-être se montrer bien moins amicaux en les voyant. La raison ? Comment pouvait-on considérer lui et Elise comme des démons normaux ? Ils n’avaient été que des objets utilisés pour permettre de libérer ces démons. D’ailleurs, il se demandait si ce n’était pas plus compliqué que ça dans le fond car ces démons nobles, aucun n’avait été visible.

« Dis, Elise, pendant que l’on faisait nos missions et autres ou pendant l’expédition à la surface, tu n’avais pas remarqué si un démon était différent des autres ? »

« Non, ils étaient tous bêtes comme leurs pieds et s’imaginaient majoritairement que j’étais vraiment qu’une larve … un peu comme toi mais à part ça … rien du tout. »

Au moins, elle y allait franchement dans ses propos. Après, diffficile de lui donner tort. Elle avait raison par rapport à ces démons. Donc oui, si vraiment, ils avaient besoin d’enfants issus de démons nobles pour ouvrir ces portes pourquoi est-ce que ces fameux démons des strates inférieures ne se préoccupaient pas plus que ça de l’ouverture maintenant que c’était fait. Mouais, c’était franchement étrange et …

« TERY ! Mais fais attention où tu mets les pieds ! »

Hein ? Co … WOOOOW ! Il fut tiré en arrière par Elise alors qu’il avait complètement ignoré le fait qu’il se rapprochait du bord de ce qui semblait être un trou assez profond. Il était possible de voir le fond mais … voilà. Il y avait bien une vingtaine de mètres entre eux et le sol plus bas. Ce trou était assez grand et il se tourna vers Elise, la remerciant pendant qu’elle regardait la carte avec interrogation. Elle finit par soupirer :

« D’après la carte c’est par ici. Est-ce qu’il faut comprendre qu’ils veulent que l’on se suicide ? Si c’est ça leur idée de génie, ils peuvent aller se faire voir. »

« Je ne crois pas que c’est ce qu’ils avaient en tête, Elise. Simplement, regardons dans les alentours, y a peut-être un moyen pour descendre. »

« Ou alors, on peut utiliser les cordes qu’il y a dans l’un des sacs. » corrigea t-elle avant d’ouvrir l’un de ceux qui étaient sur le dos de Tery. C’était pas une mauvaise solution non plus, il fallait avouer que ça pouvait être pas mal comme idée.

« Et comment est-ce que l’on fait pour ensuite récupérer la corde lorsque l’on sera en bas, Elise ? Tu as une idée de ton côté ? »

Avec ce sourire mauvais qu’elle avait en tête, il n’était pas vraiment certain qu’elle soit bonne. Mais voilà, elle lui signala de d’abord descendre et ensuite, elle allait lui montrer comment ils allaient faire. Bon, par contre, descendre à la corde, ce n’était pas dans ses habitudes. Il savait qu’il devait mettre les pieds en avant pour éviter de se prendre la roche en pleine face mais à part ça ? Heureusement, il avait laissé Elise descendre en première. En vue de sa tenue, il n’était pas certain que cela soit très recommandable de sa part de se comporter ainsi. Voilà qu’ils étaient tous les deux descendus et …

« Pourquoi est-ce que tu utilises tes lignes d’Alzar, Elise ? Qu’est-ce que tu as … »

« Attention, on prévoit une chute de pierre imminente ! » dit-elle avant de pousser un petit éclat de rire, une sphère enflammée quittant sa main droite qu’elle pointait vers le bord dont ils étaient descendus. FOLLE ! ELLE ETAIT COMPLETEMENT FOLLE !

« Mais tu es givrée ou quoi ?! » s’exclama t-il juste à temps, attrapant Elise par la hanche avant de rouler sur le côté avec elle, une pluie de roche tombant juste derrière eux.

« Pas le moins du monde … On a récupéré notre corde … et comme ça, si des imbéciles tentaient de nous suivre, ils l’auront tout simplement dans l’os ! »

« Y a des méthodes moins dévastatrices pour arriver à tes fins, tu sais ?! Ah zut … Et au moins, tu vas bien ? Pas de blessures ? »

« Vu comment tu t’es jeté sur moi pour me prendre dans tes bras, je crois que non et regardes donc ce que je suis en train de tirer ? » dit-elle alors qu’elle présentait la corde qu’elle avait autour de la hanche, un bout attaché à un morceau de pierre dans l’autre.

« Tu as sûrement de la chance que tu n’aies pas calciné la corde. »

« Hého, monsieur Tery. Je sais quand même ce que je fais hein ? Je ne suis pas assez stupide pour mal viser non plus ! Mais voilà, maintenant, on a encore notre corde, nous sommes en bas, on peut continuer alors l’exploration. Ce n’est pas merveilleux ? »

L’exploration ? Merveilleux ? Ce n’est pas vraiment le terme qu’il aurait utilisé. Il espérait juste qu’il y avait une autre possibilité de remonter car sinon, ils pouvaient dire adieu à cette strate. D’ailleurs, est-ce qu’ils avaient vraiment changé de strate ou pas ? Il n’en était pas certain tandis qu’il jetait un coup d’oeil autour de lui.

« Cet endroit est vraiment déplaisant, tu ne trouves pas, Elise ? »

« Non, pas vraiment. Je ne vois pas pourquoi tu dis … »

Elle s’arrêta dans ses propos, ayant enfin fini par remarquer l’odeur pestilentielles qui émanait de cet endroit. Des cadavres de monstres mais aussi de démons. Est-ce qu’ils s’étaient trompés d’endroit ? Non … C’était bien sur la carte mais en même temps, ils devaient alors partir vers la gauche. De toute façon, autour d’eux, il n’y avait aucune autre issue donc … pas le choix.

« Tu crois que c’est ici qu’ils envoyaient les criminels ? Pourquoi certains monstres sont morts ? Normalement, une telle chute devrait être mortelle, non ? Donc, j’imagine qu’ils n’ont pas put se défendre, c’est bien ça ? »

« C’est pas pareil … Même si la majorité des corps sont décomposés, il suffit de regarder une chose, Elise. Ce n’est pas la chute … qui les a tués. Il en est de même pour ces monstres. Ils sont des environs de la ville, ce qui veut dire qu’ils accompagnaient les démons. Certains doivent sûrement avoir réussi à les dresser. »

Elle écoutait sagement Tery, comprenant par là qu’il avait déjà réfléchit à la question avant même de lui faire la remarque au sujet de ces cadavres. Et vrai qu’en regardant bien, une bonne partie de ces derniers, il leur manquait un morceau de hanche, de tête ou autre, un peu comme s’ils avaient été dévorés par … autrui.

« Elise, je penses que nous sommes sur la bonne route. Il y a de fortes chances que ce qui se trouve au bout du chemin, ça soit quelques monstres qui serviraient de remparts entre les deux strates. J’imagine que même s’ils ne se considèrent pas comme les gardiens, ils sont plus du genre à nous imaginer comme un buffet gratuit qui vient à leur disposition. »

Des démons qui voulaient descendre vers les strates inférieures mais qui se faisaient dévorer par des créatures malveillantes, n’est-ce pas ? Elle voyait où il voulait en venir. Lorsqu’ils allaient se rapprocher de la « sortie » de ce trou, ils allaient avoir de la visite et pas vraiment de celles qui allaient vous accueillir à bras ouverts.

« Pfiou … Et y a de grosses chances qu’il faille se battre salement, Tery. »

« Ce n’était pas comme s’il existait d’autres façons de combattre, Elise, hein ? »

« Tu sais parfaitement que pourtant, c’est le cas. Certains se livrent bataille sans faire couler le sang ! J’ai déjà vu un gentilhomme donner une correction à un homme un peu trop alcoolisé. J’avoue que j’ai trouvé cela très amusant sur le moment. »

Héhéhé. Il se retenait tout simplement de sourire. Le genre de gentilhomme qu’il connaissait, c’était des nobles provocateurs et qui se considéraient comme supérieurs aux autres. D’ailleurs, il était certain que ceux démoniaques ne valaient guère mieux dans le fond.

« De toute façon, on va en avoir une preuve d’ici quelques jours. » chuchota t-il à voix basse. Vu que les strates inférieures étaient là pour les familles les plus nobles des démons, ils allaient bien finir par tomber sur ces dernières.

Et à ce moment précis ? Comment est-ce que cela allait se passer ? BAH ! Sûrement très mal, il en était même certain. Il n’allait pas se priver de leur faire comprendre qu’il n’avait pas apprécier d’être considéré comme un simple enfant issu d’une éprouvette.

C’était tout simplement être plus bas que terre et cela … il ne se le permettait pas. Il valait bien mieux que ça même si … avoir abandonner Elen et Manelena mais aussi sa mère et ses grands-parents, il n’était pas certain que c’était très flatteur de voir … que peut-être que dans le fond, il n’était pas vraiment mieux.

« Tery ? Tu as vu les traces de pas sur le sol ? Pour pouvoir en faire … sur la roche … »

« Hum ? Euh … Oui, tu as raison. Si une créature a été capable de faire ça, c’est qu’elle est très lourde et très imposante donc .. si elle est seule, ça va être déjà très difficile … donc on croise les doigts pour qu’elle ne soit pas accompagnée. »

Et maintenant, chut. Il valait mieux ne pas prendre la parole et se déplacer un peu plus discrètement. Avec lenteur, il avançait en premier, faisant quelques mouvements de la main pour dire à Elise de se préparer au pire.
Malgré leurs pas discrets, difficile d’ignorer que le sol tremblait sous ceux d’une autre personne … ou d’une autre créature. Difficile de savoir exactement ce qui allait les attendre. La seule chose qu’il fallait retenir, c’est qu’elle était assez puissante pour mettre en morceaux plusieurs démons et autres monstres.
C’est lorsqu’Elise lui fit un petit mouvement de la main pour l’arrêter qu’il s’immobilisa. Face à eux se redressait … non pas un monstrueux colosse avide de chair et de sang, non. C’était tout le contraire. Il fallait baisser la tête pour apercevoir exactement ce qui venait de leur barrer le passage. C’était petit, très petit … et peut-être même un peu mignon.

Chapitre 31 : De nouveau sur la route

ShiroiRyu
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Troisième axe : Monarchie souterraine

Chapitre 31 : De nouveau sur la route

« Dis, Tery, tu crois que l’on va avoir de gros problèmes ? »

« Je n’en sais trop rien, Elise. J’ai l’impression qu’il aurait peut-être mieux valu que je me taises, j’imagine … Ca m’apprendra à avoir ma bouche trop grande ouverte. C’est de ma faute si on va avoir des ennuis. Je suis désolé … »

« Hein ? Mais de quoi est-ce que tu t’excuses ? Ce n’est pas comme si nous étions au courant que ça allait se passer ainsi hein ? En même temps, ce n’est pas bien grave. Il fallait bien que ça sorte un jour ou l’autre. Je pensais plutôt qu’ils allaient pas nous croire. »

Elle marquait un point : lui-même avait imaginé que cela ne se passerait pas de la sorte. En fait, c’était plutôt étrange qu’ils réagissent ainsi. Est-ce qu’ils allaient tenter de les tuer ? Les attaquer ? Vu qu’ils n’étaient pas des démons de sous la surface comme eux ? Pfiou, ils en mettaient du temps … et même s’ils n’avaient pas reçu l’ordre de rester, ils préféraient ne pas partir pour ne pas avoir de problèmes.

« Au moins, ils ne semblaient pas menaçants, non ? Ce qui est plutôt une bonne chose ? »

« On va dire ça comme ça. On ne sait pas s’ils sont belliqueux mais ils n’en donnent pas l’impression. On va dire que c’est tant mieux pour l’instant mais ça sera mieux que l’on reste sur nos gardes, par simple mesure de précaution. Comme on ne sait pas ce qui nous attends. »

« Deux précautions valent mieux qu’une. » confirma Elise alors qu’ils hochaient la tête respectivement. Dans ce genre de situations, c’était bien mieux … que d’être d’accord. Bon, le temps passait et commençait à devenir un peu long. Ils pouvaient pas revenir plus rapidement ? Finalement, la porte s’ouvrit, un vieux démon disant :

« Pardonnez notre retard, vous comprenez, nous avions besoin de discuter de choses assez importantes … dont vous faites partie tous les deux. »
Tiens ? C’était étrange … C’était lui ou alors il venait d’utiliser un ton plus distant et lointain, presque solennel ? Est-ce qu’il avait quelque chose à se faire pardonner ? Un bref regard à Elise et les deux espéraient que ça ne sente pas le traquenard sinon …

« Non, non, calmez-vous donc. Vous n’avez pas besoin d’utiliser vos pouvoirs. On ne vous veut pas de mal. De toute façon, c’est mieux pour nous tous que vous soyez en parfaite santé. On ne voudrait pas qu’ils se ramènent dans cette ville. On est une ville tranquille. » s’exprima une seconde démone, Tery haussant un sourcil, un peu surpris.

Ils avaient ressenti la nervosité du duo, n’est-ce pas ? Le problème, c’est qu’eux aussi étaient nerveux … mais pas belliqueux. A force de patienter, ils allaient bien avoir des réponses non ? Alors, pourquoi est-ce qu’ils étaient comme apeurés ?

« Vous savez, on ne vous veut aucun mal, hein ? » finit-il par dire après quelques secondes.

« Je pense pareil que Tery. Mais qu’est-ce qui … vous met dans cet état ? C’est nous ? »

« C’est … exact. Nous ne savions pas qui vous étiez. Si cela avait été le cas, nous aurions été mieux préparés à vous réceptionner. Veuillez vraiment nous pardonner. »

« Ne racontez donc pas n’importe quoi. Enfin, qu’est-ce que cela vous a apporté en plus de savoir que nous étions des démons de la surface ? »

S’exprimer de la sorte lui donnait vraiment l’impression qu’il n’était plus de ce monde à la surface. Il n’était plus à sa place. A s’entendre, cela le rendait presque triste et maussade … et c’en était même un peu déprimant en fin de compte. Mais à voir le regard des différents démons de la guilde en face d’eux, il trouvait cela encore plus déprimant.

« Et bien, cela ne m’étonne pas que vous ne soyez pas au courant mais … il semblerait que si vous ne mentez pas, vous êtes tous les deux de la haute société des démons. »

Ok. Temps mort. Il resta interdit pendant quelques secondes, se tournant vers Elise comme pour se demander s’il venait de bien entendre. Ce n’était pas tout ça mais la dose de nouvelles aberrantes commençait à dépasser le stade autorisé pour son cerveau.

« Est-ce que l’on peut avoir quelques explication à ce sujet ? Car vous voyez, c’est un peu difficile à digérer ce que vous venez de nous dire. »

« Oh oui, bien entendu, bien entendu ! Enfin, je … Ce n’est pas vraiment à nous de vous raconter tout cela mais plutôt aux personnes des strates inférieures. »

« Pourtant, j’aimerai avoir ces explications de votre part. Nous connaissons à nous connaître depuis tout ce temps. J’imagine que j’aimerai bien obtenir la vérité. »

« C’est vrai que nous ne risquons rien … surtout en vous donnant simplement plus d’informations. Bon … J’imagine qu’il va falloir du temps pour tout vous expliquer. Installez-vous, cela va être long, très long. »

Oh ? A ce point ? Elise et Tery continuèrent de se regarder avec de plus en plus d’appréhension. Au moins, ils avaient réussi à calmer les membres hauts placés de la guilde, pouvant discuter tranquillement avec eux mais … aussi long que ça ?
Voilà qu’ils étaient tous autour d’une table, avec plusieurs chopes remplies devant chacun. Et aussi de quoi grignoter. Ils étaient peut-être une dizaine ? Oui, c’était ça, il reconnaissait quelques têtes, d’autres noms mais … ils étaient vraiment tous réunis.

« Tout d’abord, on va commencer par vous dire comment ça se passait exactement. Vous êtes issus de familles nobles. Sûrement parmi les hautes castes démoniaques pour être plus précis. Vous avez peut-être déjà des questions ? »

« Oui … Je suis issu de ma mère, j’en suis sûr et certain. Ma mère ne me mentirait pas à ce sujet. Je suis bien son enfant, pas quelqu’un d’adopté. Est-ce que ça veut dire que mon père était quelqu’un de noble et puissant ? Car je dois vous avouer que de ce dont je me rappelles, ce n’était pas vraiment ça, loin de là. »

« C’est … un peu plus compliqué que ça, malheureusement. Ce n’est pas très plaisant. »

Encore une fois, le vieux démon était comme mal à l’aise. Qu’est-ce qui avait été dit ou fait dans le passé ? C’était assez perturbant de les voir tous réagir de la sorte. On avait vraiment cette impression mauvaise qu’ils les craignaient tous les deux.

« Comme vous vous en doutez maintenant, les différents accès à la surface ne s’ouvraient que brièvement et faiblement, en de très rares moments que l’on peut compter sur les doigts d’une main dans toute une vie de démon. Dans ces moments précis, seuls quelques démons spécifiques pouvaient passer de l’autre côté, certains étant d’une faiblesse affligeante, d’autres à cause de leurs origines uniques. »

« Jusque là, j’arrive à tout comprendre, continuez pour voir ? »

« Et bien … Quelques échantillons issus de familles des plus nobles parmi les démons sont choisis pour trouver des porteuses compatibles. »


Et ensuite ? Le vieux démon n’ose pas continuer ses propos. Est-ce qu’il aurait vu le visage nerveux de Tery et d’Elise à l’écoute de tout ça ? Si tel était le cas, il n’aurait même pas chercher à continuer. Pourtant, en déglutissant, il finit par reprendre :

« Des seringues, des éprouvettes, qu’importe la méthode utilisée, il fallait féconder quelques femmes qui donneraient naissance à des démons. Des démons très puissants, capables de permettre l’ouverture des portes démoniaques. Comme les démons qui arrivaient à traverser les portes ne valaient pas mieux que de simples habitants de la surface, nous … »

« J’ai une petite question : comment est-ce que vous êtes … au courant à ce sujet ? »

Tery avait coupé la parole au vieil homme. Pas que ça le surprenait mais en fait si … Il devait avouer qu’il ne s’attendait pas à avoir autant d’informations de sa part mais voilà, tout était fait … et c’était bien pourquoi il le regardait, un peu incrédule. Elise, quant à elle, n’avait pas ouvert la bouche, visiblement trop énervée par ce qu’elle apprenait.

« J’avais un petit-fils qui avait été choisi pour devenir l’un de ces démons qui partiraient à la surface pour trouver une mère porteuse … Cela fait des décennies. Nous savons tous qu’en partant, tous ne reviendront jamais. »

« D’accord, d’accord … et vous obtenez quoi en échange de ce sacrifice ? »

« AH ! L’infime honneur d’avoir servi la race des démons ! Tu pensais quand même pas qu’on allait recevoir une récompense pécuniaire ou quelque chose du genre hein ? »

« Dis comme ça, j’ai presque l’impression d’avoir été insultant envers votre petit-fils. »

« Ne t’en fait pas, tu ne l’as pas été. Puisque vous semblez tous les deux être réellement de la surface, je ne peux pas vous en vouloir. Ce n’est pas … de votre faute directement. Cela expliquerait aussi comment vous avez réussi à survivre en retournant là-bas. »

Il avait raison. Comme ils connaissaient un peu le terrain et les espèces vivants au-dessus, c’était alors normal que de pouvoir plus aisément se défendre et contre-attaquer. Pourtant, en jetant un œil à Elise, elle ne décolérait pas, comme si la rage s’accumulait en elle.

« Ainsi, nous étions quoi exactement ? »

« Simplement des flasques contenant de quoi permettant de mettre une femme des espèces humanoïdes enceinte, rien de plus. Par mesure de précaution, nous avons décidé qu’il fallait trouver les femmes parmi la haute noblesse de la surface pour permettre une fécondation. Si ce n’était pas le cas, il y avait de très fortes chances que dans la majorité des cas, la femme meure avant même d’accoucher. Si elle y arrivait ? Elle perdait sûrement une grande partie de ses pouvoirs. Dans les deux cas, vous êtes devant nous. »

« Je ne sais pas si c’est vraiment flatteur ou non. En fait, je ne sais même pas ce que je dois faire, comment je dois apprendre cette nouvelle. Comment je dois … digérer tout ça. »

Cela le rendait malade ou presque. Avec lenteur, il passa une main sur son front. Son autre main se plaça sur la hanche d’Elise, comme pour chercher à l’attirer à lui. Vu qu’ils étaient côte à côte au niveau des chaises, elle eut un petit sursaut mais se laissa faire.

« Vous devez … comprendre que vous êtes en train de nous dire que de mon côté, mon père n’a jamais été mon père biologique. Ma mère n’est sûrement pas au courant qu’elle n’a jamais été mise enceinte de manière normale. Elle n’est sûrement pas au courant que je suis responsable de la perte de la majorité de ses pouvoirs. »

« Tu es le fruit d’une mère de la surface mais aussi d’une lignée de démons parmi les plus puissants qui existent dans notre monde. Il en est de même pour Elise. A partir de là, même si votre mère est défaillante, vos pouvoirs sont sans égaux pour les démons des strates supérieures que nous sommes. »

Il avait légèrement tiqué en entendant que l’on considérait sa mère comme un simple objet. En fait, il se retenait de se lever pour lui en coller une bonne dans la tête. Heureusement, il savait se contrôler mais pour combien de temps ? Sans un mot, il ne fit qu’hocher la tête aux propos du vieux démon. Sa mère était défaillante hein ? C’était l’une des femmes les plus remarquables de son existence.

« Et maintenant ? Pour que vous fassiez une tête comme ça en ayant appris à notre sujet, cela veut dire qu’il y a encore autre chose en ce qui nous concerne, n’est-ce pas ? »

« C’est … Oui et non. En quelque sorte, votre place n’est plus vraiment à nos côtés. Maintenant que nous savons la vérité à votre sujet, nous devons prendre quelques dispositions à votre sujet et … Non, rien de grave. Enfin, cela dépend du point de vue. »

« Vous pouvez être un peu plus explicites, tout simplement ? Car je suis un peu perdu. »

« Nous allons devoir prendre la décision qui convienne, c’est à dire, vous demander de quitter notre ville, non pas comme des malpropres mais tout simplement que vous n’avez plus votre place parmi nous. Si les démons des strates inférieures apprennent votre existence et que l’on vous garde parmi nous, cet endroit sera tout simplement rasé. »

« Rien que ça … Au moins, on va dire qu’ils se veulent rassurants là-bas, n’est-ce pas ? Je ne suis pas certain que ça soit mieux pour nous que de se rendre là-bas. »

« Pour notre sécurité à tous, essayez de ne pas faire trop les difficiles, je vous pries. On vous remercie pour tout ce que vous avez fait pour nous mais … cela ne va pas être possible de vous garder et de faire comme si de rien n’était. »

Long et profond soupir de la part du jeune homme cornu aux cheveux bruns passa une main sur son front, une nouvelle fois. On allait tout simplement les jeter … après tout ce qui s’était passé hein ? Malgré ce que disait cet homme, il ne se faisait pas d’illusions.

« Est-ce que nous pouvons rester quelques jours encore ? Au moins, pour se préparer ? »

« Oui, bien entendu. Simplement, le plus vite vous partirez, mieux ce sera pour tout le monde. Enfin, vous ne partirez pas sans rien. Nous allons vous préparer quelques petites aides pour vous guider jusqu’aux strates inférieures. Nous ne pourrons vous accompagner, nous ne sommes pas autorisés là-bas, sauf si nous avons des tendances suicidaires. »

« Elise ? Et de ton côté ? Tu as quelque chose à dire ? » demanda t-il finalement en se tournant vers la jeune femme aux cheveux flamboyants. Celle-ci releva son regard avec lenteur, le posant sur Tery comme si elle sortait d’une longue léthargie.

« Euh … Je ne sais pas vraiment. Je crois que … je suis d’accord ? Je ne suis pas vraiment sûre. Est-ce que … l’on peut s’en aller ? »

« Oh, oui, bien entendu. De toute façon, nous nous retrouverons d’ici quelques jours, comme convenu. Cela fait beaucoup de nouvelles en si peu de temps, je comprends que vous ayez un peu de mal … mais dites-vous que c’est une chance pour vous. Vous ne serez pas obligés de rester avec de simples démons comme nous. »

« Une chance, je ne sais pas vraiment mais … merci. Elise ? Attends, je viens. »

Où était passé toute cette colère et hargne qu’il avait ressentie chez elle, il y a de cela quelques minutes ? Elle était maintenant d’une telle mollesse que l’on pensait qu’elle venait tout simplement de se réveiller, il y a de cela quelques minutes. L’aidant à se mettre debout, il la prit doucement contre lui, saluant les différents démons avant de partir.

« Je pense que l’on va directement à l’auberge, n’est-ce pas ? »

« Ça … serait mieux, Tery. Comment est-ce que tu peux leur parler comme si de rien n’était ? Ça ne te choque pas ? Tu n’as pas envie d’hurler ? »

« Bien sûr que si, je ne peux pas faire autrement mais je préfère subir … en silence. Tu imagines ? On serait issus de deux mères porteuses et en même temps, dans notre sang, on aurait de la noblesse ? C’est juste … aberrant à imaginer »

« Pourquoi tu ne cries pas ? Pourquoi est-ce que tu ne fais rien pour protester, Tery ? C’est juste … On va jamais s’en sortir. Si on descend plus bas, on ne retournera plus … là-bas. »

« Je sais … Je sais. Je le sais parfaitement, Elise. Je le sais bien. »

Il se répétait mais qu’est-ce qu’il pouvait y faire réellement ? Ce n’était pas comme … s’ils avaient le choix, non ? Ils ne pouvaient pas revenir là-bas comme si de rien n’était.


Dans l’auberge, l’ambiance du duo était maussade. Ce fût à peine si Elise toucha à son repas, se forçant simplement parce que Tery lui intimait de manger un morceau. Il ne pouvait pas la laisser dans cet état comme si de rien n’était hein ?

« Tu devrai arrêter tes bêtises, Elise. Ça ne mènera à rien de s’affamer. »

« Cela me permettra d’avoir mal un peu ailleurs … plutôt qu’au coeur. Nous ne savons même pas qui sont nos parents réellement. Enfin, je l’ai jamais su … et toi, tu as ta mère mais en même temps, celle-ci n’était qu’un … objet. Je hais ces ces cornes, je hais ce monde, je hais tout ce qui m’entoure. J’ai envie que tout s’arrête. J’ai envie que tout se stoppe. Je veux juste être tranquille et qu’on me laisse tranquille. »

« Elise … Tu … te fais du mal. Il vaut mieux que tu stoppes dès maintenant »

« Et qu’est-ce que ça changera hein ? Qu’est-ce que ça va changer que j’arrête maintenant ? Rien du tout, Tery. Rien du tout ! Il n’y a rien qui nous attends en bas. On a juste été utilisé comme de vulgaires objets pour ouvrir ces portes. C’est la seule raison de notre existence dans ce monde. C’est ça qu’il faut retenir ! »

Heureusement qu’il avait prévu le coup et qu’ils mangeaient dans la chambre. Il n’était pas certain que les autres démons présents apprécient réellement la conversation. Ah … Pfiou … Qu’est-ce qu’il pouvait faire pour arranger ça ? Il n’en avait aucune idée malheureusement.

« Dis-moi ce qui te ferait plaisir, Elise ? On va essayer de trouver une solution. »

« Ce qui me ferait plaisir ? Tu veux vraiment savoir hein ? Tu veux savoir ce qui me ferait plaisir ? Je vais te le dire et tu risques de ne pas … »

De ne pas ? Puis plus rien. Le silence venait de s’installer dans la chambre, Elise ayant baissé la tête sans un mot de plus. Et bien ? Il y avait un souci ? Il posa une main sur l’épaule d’Elise, plutôt inquiet d’un tel changement, murmurant :

« Elise ? Elise … Hého. Elise ? Tu … vas bien ou pas ? »

« Je ne sais pas … Je ne sais plus. Je ne sais plus où j’en suis avec tout ça. Je ne sais rien de tout ce qui m’entoure. Comment est-ce que je pourrais le savoir, Tery ? Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est faux ? Tu fais comme si tout ne t’affectait pas ! »

« Bien sûr que ça m’affecte ! Tu crois que je n’avais pas envie de le frapper lorsqu’il avait parlé de ma mère comme ça ? Tu crois que je n’avais pas envie de lui dire que j’en ai rien à faire des strates inférieures, du sang noble et de toutes ces choses hein ? Tu crois que j’avais envie de savoir ça, Elise ? Tu crois que j’avais besoin de connaître ça ?! »

« Je … Tery, je … Enfin, toi et moi. Qu’est-ce qu’on va faire ? Qu’est-ce qu’on va vraiment devenir ? J’ai un peu peur maintenant, j’ai un peu peur. »

« On va être ce que l’on veut mais comme depuis ces derniers mois, rien ne va changer entre nous. On va toujours se soutenir mutuellement. Ça sera largement suffisant, d’accord ? On n’a pas besoin de faire plus que d’habitude, pas besoin du tout. »

Pfiou … Pour le repas, visiblement, c’était terminé. Il avait placé son autre main sur l’épaule d’Elise, l’attirant contre lui. Oh, bien entendu, il n’y avait rien de plus entre eux mais il l’emmena juste que dans le lit, finissant par la coucher toute habillée alors qu’il faisait de même. Avec tendresse, il lui chuchota :

« Je crois que toi et moi, nous sommes tous les deux très fatigués, n’est-ce pas ? »

« Tu as sûrement raison … oui. On ferait mieux de faire une longue sieste et de ne plus se préoccuper de toutes ces bêtises. Demain est un autre jour ? »

« Demain est un autre jour, Elise. Il est peut-être un peu tôt pour aller se coucher mais comme ça, demain, on sera réveillés à l’aube. »

Il tenta de faire un sourire et bien qu’il était un peu forcé, elle fit de même de son côté, plaçant sa tête contre le torse du jeune homme, fermant les yeux peu de temps après. Une main dans ses cheveux, il la serrait contre lui.

« Bonne nuit, Elises. Tu devrais tenter de faire de beaux rêves. »

« Je préfère ne rien promettre à ce sujet, je suis désolée, Tery. »

« Je ne te demandes pas d’en faire trop. Fais comme tu peux, Elise C’est tout ce qui compte. »

Et maintenant, il était temps de plonger dans le pays des songes. Avec Elise à côté de lui, cela ne devrait pas être trop difficile, non ? Non ? … Non. Les minutes s’écoulèrent et ses yeux se rouvrirent. Dans ses bras, Elise dormait déjà.

« C’est moi qui lui murmure de trouver aisément le sommeil … et c’est moi qui chope l’insomnie. Ah … Vraiment, qu’est-ce que je suis stupide »
Il s’en voulait. Il s’en voulait, tout simplement. Il s’en voulait et il était honteux envers sa propre mère. Tous les sacrifices que sa mère avait fait … pour lui permettre de donner la vie … alors qu’il ne la méritait pas. Il était tout simplement un monstre.

« Je peux le faire devant Elise mais je ne suis pas mieux qu’elle. »

Il sanglota un peu, utilisant sa main libre pour tenter d’essuyer les quelques larmes qui commençaient à perler à ses yeux. Stupide, stupide, stupide. Il était juste stupide mais savoir tout le mal qu’il avait infligé à sa propre mère lui donnait envie de s’enterrer six pieds sous terre, de ne jamais paraître à nouveau à la surface.

« Je ne pourrais jamais plus me présenter devant elle. Toute une vie ne suffirait pas à racheter tout ce qu’elle a perdu par ma faute. »

Et ça, il ne pouvait l’oublier. Avec les dernières nouvelles apprises, il s’en voulait terriblement. Ah … Chercher à dormir, il devait chercher à dormir. Demain, ça ira bien mieux. Il en était sûr et certain. Il n’avait rien à craindre, ce n’était pas comme si c’était la fin du monde, non ? Juste … la fin du sien, hein ? Ah … Cela allait être vraiment très dur que de trouver le sommeil, il en était maintenant certain.