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Chapitre 30 : La peur s’installe

ShiroiRyu
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Chapitre 30 : La peur s’installe

« Ils arrêtent jamais ou quoi ?! »

« Pourtant, on les repousse mais ils n’ont pas l’air de comprendre ça ! C’est pourtant pas si compliqué non ? Qu’est-ce qu’ils nous veulent ?! »

« En même temps, si on cherche à explorer leur monde, c’est normal qu’ils veulent faire de même de leur côté. Sauf que vu qu’on est pas la bienvenue chez eux, je vois pas pourquoi il la serait chez nous ! HOP ! Du balai ! »

De telles conversations étaient devenues habituelles dans le monde souterrain. Tery comme Elise n’en faisaient pas partie mais entendaient de nombreuses rumeurs et discussions à ce sujet dans l’auberge où ils venaient parfois se rendre. Assis à une table isolée, face à face, les deux jeunes gens se regardèrent avant que Tery ne murmure :

« Ils sont vraiment devenus très collants, n’est-ce pas ? »

« Plus que des parasites. Depuis que nous sommes revenus, j’ai l’impression que tout le monde autour de nous s’active. C’est étrange. Cela fait combien de temps ? »

« Déjà deux ou trois semaines. Je dois t’avouer que je n’ai pas compté, Tery. Mais tu imagines ? Que nous sommes en train de les aider ? A affronter des personnes avec qui … »

« Il vaut mieux que tu ne continues pas, Elise. Tu te ferais plus de mal qu’autre chose. Nous ne pouvons plus retourner là-haut. Nous devons apprendre à survivre ici et pour cela, nous devons alors apprendre à vivre en communauté. »

« Communauté, c’est vrai … qu’en si peu de temps, on a maintenant un toit à nous mais … Je ne sais pas si vraiment, on peut dire que nous vivons avec eux. »

« C’est mieux que de parcourir le monde souterrain sans savoir où nous allions dormir le lendemain et surtout si nous serions encore en vie, tu ne crois pas ? »

« Je le sais bien, Tery. C’est juste que … c’est plus dur que je le pensais. C’est tout, c’est vraiment tout ce que je peux dire. J’ai faim … et soif. »

« Alors, je vais commander pour nous. Ce n’est pas comme si nous pouvions cuisiner quelque chose de notre côté vu que l’on revient toujours complètement épuisés. »

Il leva une main, hélant une serveuse cornue comme eux avant de lui demander de leur ramener de quoi se sustenter. Jetant un bref regard à Elise, il savait bien que la situation lui pesait énormément. Juste le fait que l’armée de Royan ait cherché à les tuer, cela devait la faire atrocement souffrir de l’intérieur.

« On va finir par trouver une solution, d’accord, Elise ? »

« Est-ce que tu as vraiment envie de tous les revoir, Tery ? Tu ne m’en donnes pas l’im… »

« Tu sais aussi bien que moi que j’en ait envie mais que c’est plus compliqué que ça. »

Il lui avait coupé la parole, non pas par agacement mais simplement pour qu’elle comprenne que la situation ne leur permettait pas de faire comme ils désiraient. C’était pourquoi ils devaient se plier à tout ce qui les entouraient. Encore que maintenant, ils avaient acquis une petite notoriété qui leur permettait de subvenir à leurs besoins quand ils le désiraient.

« Là, nous sommes bien installés. Je me dis que j’aimerai explorer plus loin encore mais malgré tout ce que nous avons fait, nous n’avons pas les autorisations. »

« Nous le pourrions mais en même temps, on perdrait les petits privilèges que nous avons eut tant de mal à récupérer. Je ne suis pas sûre que nous soyons gagnants dans cette affaire, Tery. Mais … Depuis que nous sommes rentrés, ils nous voient différemment. »

« Tout simplement car nous avons réussi ce que tant de monde pensait être impossible : revenir en vie d’une exploration de la surface mais surtout avec des preuves. A partir de là, ils pensent que nous sommes comme des sortes de héros démoniaques. Je ne sais pas si les deux termes se marient bien ensemble, je dois avouer. »

« Ça fait un peu héros solitaire, maudit et tout, non ? »

« Je ne sais pas si je dois être rassuré ou non par tes dires, Elise. »

« J’imagine que tu ferais mieux de l’être, monsieur le héros solitaire. » reprit-elle alors qu’il souriait. Il était aisé de voir ce qu’elle tentait de faire : Le rassurer par rapport à la situation. C’était … si normal et logique de sa part. Mais pourtant … mais pourtant, il évitait d’être trop enjoué pendant qu’ils mangeaient tranquillement tous les deux, leurs plats étant arrivés.

« A part ça, je me demandes ce que nous devons faire, Elise. J’ai entendu quelques rumeurs au sujet de la surface. Il semblerait que certains démons se sont alliés avec quelques clans d’Honoros. Je ne sais pas ce qu’ils préparent mais … »

« Tu n’es pas au courant ? Ce que nous avons ramené de Traslord, les démons sont en train de les étudier pour en faire des répliques avec leurs propres matériaux. J’imagine qu’ils font pareil avec l’équipement d’Honoros. Du moins, je vois ça comme ça … »

« Mais à quoi est-ce que ça va leur servir ? Ils ne sont pas mauvais de leur côté non ? »

« Tu n’as rien remarqué d’étrange ? Les démons qui nous accompagnaient n’étaient pas protégé ou autres. J’ai l’impression que c’est bien différent par rapport à nous. Il semblerait que l’on doit se débrouiller chacun de notre côté pour être sûr de pouvoir survivre. »

Maintenant qu’elle le disait, elle n’avait pas tort. Pour l’expédition, il n’était pas certain d’avoir vu un démon couvert par une armure ou alors équipé avec une arme. Lui-même et Elise, cela avait été assez spécial car dans le fond, ils étaient habitués à en avoir et donc, ils gardaient chacun ce avec quoi ils se battaient depuis des mois voire années.

« Est-ce que les démons seraient vraiment sans armement militaire ? Ni même défensif ? Alors pourquoi est-ce qu’ils iraient envahir la surface s’ils en sont incapables ? »

« Peut-être qu’ils pensaient qu’ils pouvaient le faire sans ça ? J’en ait aucune idée. »

« Ça ne sert à rien de tergiverser sur ce sujet plus longtemps. »

Il valait mieux finir le repas et ensuite sortir de l’auberge. Non pas que le sujet était dérangeant et qu’ils avaient besoin de se cacher. Simplement, digérer était plus aisé avec une petite marche. Lorsqu’ils terminèrent de manger, Tery s’était levé, ayant payé le tout avant d’inciter Elise à le suivre pour qu’ils reprennent la route tous les deux.

« C’était plus copieux que je ne le pensais. Ils ont fait de sacrés efforts aujourd’hui non ? »

« Peut-être qu’ils donnent plus à manger pour les habitués ? Nous mangeons chez eux depuis que nous sommes arrivés dans cette ville. A partir de là, j’imagine qu’ils ne se plaignent pas des clients quotidiens qu’ils peuvent avoir. »

« Peut-être, Tery. Peut-être. Ou alors, sans le savoir, je me suis décidé à faire un régime. »

« C’est vrai qu’avec cette tenue, on voit ton ventre à l’air. C’est … Ok, ok, j’arrête ! »

Le regard meurtrier qu’elle venait de lui lancer n’avait rien à voir avec les créatures légendaires qu’il avait combattues. Ouip, il allait éviter les ennuis, c’était mieux pour lui. Il sifflota doucement avant de reprendre :

« Et bien et bien, tu sais que tu es très inquiétante quand tu réagis comme ça, Elise ? »

« Par la faute à qui, tu veux bien me le dire, Tery ? Bon … Si tu t’excuses, je pense que je peux aisément te pardonner mais est-ce que tu vas t’excuser ? »

« Je m’excuse par rapport à ton ventre si droit et fin, comme s’il était taillé dans l’argile. »

« Je ne sais pas si c’est un compliment, si je dois le prendre comme tel ou si tu es particulièrement mauvais pour complimenter les filles. On va dire que c’est les trois à la fois et que je veux bien te pardonner mais pour cette fois. Sinon, tu es vraiment nul. »

Il le savait bien mais surtout, il avait réussi à éviter le pire donc en un sens, il était soulagé mais après, ça ne voulait pas dire qu’il était sorti d’affaire pour autant. Leur petite discussion lui revenait en mémoire et il était maintenant songeur. Avec Traslord et Honoros, il y avait de quoi vraiment s’inquiéter. Voyant que son « grand frère » réfléchissait grandement, Elise se plaça à côté de lui, toute trace de colère ayant disparu de son visage pour demander :

« A quoi est-ce que tu penses exactement, Tery ? »

« Honoros est une nation guerrière. Leur équipement est sûrement à la pointe de ce qui se fait de mieux dans la catégorie militaire. Je crois qu’une alliance entre quelques clans d’Honoros et les démons n’est bon pour personne. »

« Tu t’inquiètes sûrement un peu trop mais … des fois, c’est très utile. Tu as sûrement raison alors, Tery. On va devoir surveiller ça de près, du moins, du mieux qu’on le peut. »

« Merci Elise, j’avais peur sur le coup que tu me dises que je me fais des idées pour ne pas changer … Bref … Ah, on doit repartir en mission, tu viens ? »

« Oui oui, pas de soucis, Tery. Je suis derrière toi. »

Ce n’était pas vraiment l’excitation qui était la plus convaincante chez elle. Il regarda la jeune femme aux cheveux auburn, celle-ci se plaçant au final à côté de lui. Comme bien souvent, les conversations pouvaient très vite devenir bonnes ou mauvaises avec une seule phrase. Le jeune homme aux cheveux bruns passa une main devant sa bouche, finissant par s’étirer alors qu’ils étaient sortis de l’auberge depuis maintenant déjà quelques minutes.

« Je t’avoue que j’aimerai bien faire une petite sieste, Elise. Pas toi ? »

« Nous ne pouvons pas vraiment, Tery. Même si nous sommes loin d’être dans le besoin, je ne sais pas si nous octroyer une journée de repos sans l’avoir prévue, risque de nous attirer plus d’ennuis qu’autre chose. Il vaut mieux éviter, tu ne crois pas ? »

« Pourquoi pas ? Ah … Si on m’avait dit que tu étais une bourreau de travail, j’aurai peut-être éviter de t’inviter à rejoindre la guilde avec moi hein ? Après … Je suis mal placé pour parler, je le sais bien. Je ne suis pas franchement mieux, n’est-ce pas ? »

« Pas le moins du monde. Si ça ne tenait qu’à moi, je crois que j’aimerai bien te baffer pour te donner des idées bien plus claires. Tu crois que ça marcherait ou pas ? »

« Je ne pense pas le moins du monde. Tiens, je me suis répété comme toi. » dit-il dans un grand sourire alors qu’elle-même le lui rendait. Bien entendu, elle s’en doutait, n’est-ce pas ?

« Alors, pourquoi ne pas essayer jusqu’à ce que cela te rentre dans le crâne, non ? »

« J’ai pas envie de finir avec plus de bosses sur le visage qu’autre chose si possible. » dit-il tout en se cachant le sommet du crâne, mettant ses mains en coupelle sur ce dernier.

« Rien ne sert de te protéger, j’ai d’autres endroits où je pourrais te torturer si je le désires. »

« Je ne suis pas très porté chatouilles, Elise et je crois qu’au beau milieu de la rue, les autres démons vont se poser beaucoup trop de questions à ce sujet. »

« Je crois que leur avis est vraiment la dernière chose qui m’intéresse. »

Est-ce qu’elle allait dont le torturer ? Il la regarda avec douceur mais rien de tout cela n’arriva. Le jeune homme cornu soupira de soulagement avant de pousser un petit cri de surprise. Un doigt s’était enfoncé dans sa hanche gauche, Elise lui chuchotant :

« Ca ne veut pas dire que tu dois abaisser ta garde. Qui sait ce que je pourrais te faire subir comme mille tourments si tu ne fais pas attention, hmm ? »

« Je ne suis pas certain que mon coeur supporterait tout ça, Elise. »

« Hey, vous deux, si vous avez fini de faire votre trip incestueux comme d’habitude, y a la guilde qui aimerait vous voir ! » leur dit une voix sur la droite, un homme aux cheveux noirs, cornu comme les autres bien que celles-ci se rétractait en arrière, ce qui était un type de cornes pas si commun. Mais surtout, il était membre de la guilde comme eux.

« Incestueux, incestueux, c’est un peu vilain comme mot, tu ne crois pas ? On a juste une relation fraternelle assez proche, rien de plus, rien de moins. »

« Ouais, ouais, ouais. Ce que vous faites, ça ne me regarde pas, je dois avouer mais bref, ramenez-vous, y a du nouveau et paraîtrait que c’est pas joli à voir. »

Pas joli à voir ? Comment ça ? Il y avait une mauvaise nouvelle ? Le duo s’observa l’un à l’autre pendant quelques secondes avant de signaler d’un mouvement de la tête qu’ils étaient prêts à l’accompagner. Bien rapidement, en suivant l’autre démon, ils arrivèrent jusqu’au siège de leur guilde, la secrétaire se redressant en les voyant arriver.

« Vous voilà ! Vous avez fait vite, c’est tant mieux. Suivez-moi sans perdre plus de temps. Les plus importants membres de ce coin sont réunis. »

Les membres les plus importants. Cela restait flatteur d’entendre de telles paroles mais ils avaient mérité ce traitement particulier. Tery hocha la tête positivement, comme si de rien n’était. Pfiou … Au final, ils étaient bien une dizaine. La majorité, il les connaissait simplement de vue. Rarement, les démons travaillaient ensemble dans la guilde. En même temps, depuis la première expédition, il avait décidé de ne pas y retourner.

« Qu’est-ce qu’il y a de si grave ? Vous avez tous l’air très pâles. » demanda Tery avant de s’asseoir, Elise faisant de même à ses côtés.

« C’est au sujet de ce qui nous attends malheureusement. Tu n’es sûrement pas encore au courant mais cela m’étonne car les rumeurs sont de plus en plus nombreuses. »

« Hum … Là, par contre, vous êtes vraiment inquiétants. Qu’est-ce qui s’est passé ? »

« Nous avons appris des nouvelles des démons qui siègent sous la surface parcourue par la foudre. Tu sais, cet endroit avec des êtres ressemblant à des lézards humanoïdes. »

« Oui, ça s’appelle Mékalarma. Qu’est-ce qu’il y a de ce côté ? » continua d’interroger Tery, ne voyant pas où il voulait en venir Y avait-il une mauvaise nouvelle ou quoi ? Enfin, ça concernait Mékalarma, ça ne pouvait être qu’une mauvaise nouvelle à la base.

« Je suis toujours autant étonné par tes connaissances sur le monde à la surface. Oui, d’après les démons vivant sous cette région, elle s’appelle ainsi. Mais on se fiche complètement de la valeur syntaxique de cet endroit. Le plus important est ce qui s’y passe. Ce n’est peut-être qu’une question de jours ou d’heures mais … Il y a des chances que les démons se fassent envahir par ces êtres écailleux. »

« Hein ?! Mais et les portes qui sont sensées les retenir ? Elles n’arrivent plus à les contenir ? Normalement, nous les utilisons pour aller à la surface pas pour l’inverse ! »

« Et bien, voilà le problème, justement. Tous les démons qui ont été à Mékalarma sont morts dans d’atroce souffrances ou mutilés à vie. Les rares qui ont réussi à parler, si on ne leur avait pas arraché la langue, évoquent des tortures abominables mais aussi des expériences horribles. Nous n’en savons pas plus à ce sujet. Généralement, ils meurent dans les jours qui suivent. Si nous sommes réunis, c’est pour la démarche à suivre. Nous sommes loin d’eux … »

« Mais on ne peut pas les laisser, n’est-ce pas ? »

C’était Tery qui avait pris la parole, aucun n’étant visiblement étonné que ça soit lui qui coupe la longue tirade qui avait commencé. Les autres démons se regardèrent, hochant la tête alors que celui qui avait donné les explications auparavant le regarda pendant de longues secondes. Celui-ci avait déjà les cheveux grisonnants, la mine fatiguée, ses cornes laissant des marques de nombreuses entailles dessus et c’en était presque à se demander comment elles pouvaient être aussi longues et presque prêtes à tomber.

« On ne les laissera pas. Malheureusement, il ne faut pas compter sur les grandes villes pour venir les épauler. Tant que ça ne les affectera pas principalement, ils n’en auront strictement rien à faire, tsss … Je vous jure. »

« De qui est-ce que vous parlez exactement ? Il y a de plus grandes villes que celle-ci ? »

« J’aimerai bien croire que tu plaisantes Tery, quand tu parles ainsi … mais à force, nous avons appris à te connaître et on sait bien que tu es juste un peu … néophyte. Bien sûr qu’il existe d’autres villes, beaucoup plus grandes que celles-ci. Notre guilde est juste qu’une mince parcelle d’une bien plus grande qui se trouve dans de nombreux endroits disséminés dans notre monde souterrain. Notre guilde est l’une des rares à se préoccuper des nombreuses portes démoniaques qui se sont ouvertes un peu partout et dont nous avons la garde. C’est pourquoi c’en est désolant qu’ils se décident à ne rien faire pour ne pas changer. »

« Nous n’avons aucune valeur à leurs yeux. Ils nous considèrent simplement comme du bétail et nous ne pouvons pas être évalué mieux. »

« Comment est-ce que cela se fait que j’en ait jamais entendu parler ? »

« Tout simplement car vu qu’ils ne se préoccupent pas de nous, nous faisons de même. C’est un peu comme s’il y avait deux mondes différents, voilà tout. »

« Déjà qu’il y en a un entre la surface et ici, visiblement, ça devient toujours de plus en plus compliqué. Ah … Au moins, je devrais vous remercier pour ces informations mais … comment est-ce que l’on va donc les aider ? Vous pouvez me dire ? »

« On va aller leur rendre visite. Le souci, c’est que cela implique que nous nous rendions dans ces villes sous le contrôle de ces hauts-démons et j’avoue que ce n’est guère enchanteur à imaginer, loin de là. Ah … Vraiment … »

Tous les démons poussaient des soupirs. C’était vraiment si horrible que ça ? Enfin, ce qui le perturbait plus, c’était le fait d’apprendre qu’il existait comme des sortes de « démons supérieurs » dont il n’avait jamais entendu parler auparavant. A quoi est-ce qu’ils ressemblaient ? Qu’est-ce qu’ils voulaient exactement ?

« Et donc dans le fond, on va faire quoi ? Epauler les démons là-bas mais ça ne sera sûrement pas suffisant, n’est-ce pas ? Nous ne pouvons pas qu’y aller en petits groupes. »

« Nous avons aussi de notre côté à défendre. Certains rumeurs parlent d’assauts de plus en plus violents dans notre zone. Mais là-bas, sous Mékalarma, c’est l’enfer ! »

« Donc en fait, qu’est-ce que l’on va faire exactement ? »

« Nous allons envoyer seulement quelques personnes, vous aurez une enveloppe scellée que vous ne devrez pas perdre et ainsi … Oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda le démon à l’âge avancé en voyant le regard de Tery qui était interrogateur.

« Vos lettres n’ont pas d’ailes, non ? Je n’ai encore jamais cherché à écrire à quelqu’un mais, à la surface, j’ai déjà vu des enveloppes ailées qui peuvent se déplacer toutes seules jusqu’à leur destinataire Ce n’est pas votre cas ? »

« Je ne sais pas par quelle diablerie ils font une telle chose mais non, ce n’est pas possible. Nous, on a des messagers qui font le transport mais comment peux-tu autant en connaître sur la surface ? Cela donne vraiment l’impression que tu en proviens. »

« Et bien en un sens, ce n’est pas totalement faux. Je ne l’ai pas caché, loin de là mais oui, je proviens de la surface, pourquoi ça ? Et Elise aussi. »

… … … Gros silence dans la pièce. Et Elise n’était pas du tout rassurée par tout ça. Qu’est-ce qu’il y avait ? Il n’avait rien dit ou fait de mal normalement hein ? Pourtant, tous les regards étaient maintenant tournés vers lui avant que des murmures ne se fassent entendre.

« Vous vous rappelez, n’est-ce pas ? Il n’a jamais menti réellement. Ce n’est pas son genre. »

« Oui mais en même temps, comment est-ce que cela aurait été possible ? Normalement, les démons provenant de la surface sont … non ? »

« Le mieux est de voir avec Elise. Elise, est-ce que tu confirmes les propos de ton frère ? »

« Ce n’est pas vraiment mon frère … mais oui, je peux vous les confirmer. Nous provenons tous les deux de la surface. Nous sommes issus du royaume de Shunter, à l’ouest de Traslord, le royaume où nous nous trouvons ci-dessous. »

« Mais si c’est le cas … comment est-ce que vous avez fait pour venir ici ? »

« Nous sommes passés par les grandes portes démoniaques dans Omnosmos. Ensuite, nous avons marché pendant des mois et des mois pour arriver dans ce village et nous avons alors décidé de nous y installer, voilà tout. »

« … … … Est-ce que vous pourriez partir tous les deux ? Nous avons besoin de parler entre nous. Nous sommes désolés … mais il s’avère que cette révélation risque de tout chambouler. Ne vous inquiétez pas, il ne vous arrivera rien de mal. Depuis votre arrivée, vous nous avez tant aider, cela serait stupide de notre part. »

Tery regarda Elise, plongé dans l’incompréhension autant qu’elle. Il finit par se lever, comme la jeune femme aux cheveux auburn avant de dire :

« Pas de problèmes. Nous attendrons le moment où nous pourrons rentrer. »

Indiquant la sortie à Elise, ils venaient peut-être de faire une révélation primordiale.

Chapitre 29 : A bras ouverts

ShiroiRyu
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Chapitre 29 : A bras ouverts

« Pour la séance de la journée, est-ce que l’on considère qu’elle est terminée ? »

« C’est exact, Manelena. Nous avons légèrement progressé et ceci est une bonne chose. »

« Ca dépend du point de vue car je ne suis pas vraiment sûre du résultat … mais bon, ce n’est pas bien important. Pour le dîner, pas besoin de me chercher, je serais dans la chambre d’invité, Royan. Je vais plutôt me reposer. »

Hochement positif de la tête de la part de Royan. Il semblait avoir bien compris le message alors qu’elle quittait la salle de conférence. Quelques minutes plus tard, elle s’écroulait sur l’imposant lit, posant une main sur son front. Elle était en sueur … et cela malgré le froid glacial qui émanait du lieu où elle se trouvait. Oh, pas dans la chambre spécifiquement mais hors du château, il ne faisait pas vraiment chaud.

« Il m’a filé la migraine avec ces imbécillités. Il croit … vraiment que j’ai la tête à ça ? »

Malgré tout ce qui s’était passé, il avait absolument voulu qu’ils parlent tous les deux de Tery et Elise. Mais elle-même ne le désirait pas. Pourquoi est-ce qu’elle voudrait évoquer ce sujet qui posait bien plus de problème qu’autre chose ? En allant directement en première ligne pendant qu’ils combattront contre les démons, elle risquait sa vie, oui, elle le savait parfaitement mais en même temps …

« Je ne comptes pas me sacrifier pour des futilités du genre. »

Il en était hors de question. Elle ne comptait pas se sacrifier pour son pays. Même si dans l’idée, elle avait déjà envisagé ça dans le passé, elle n’allait pas reproduire les erreurs de ce dernier alors qu’elle épongeait son front du dos de la main.

« Je ne veux plus entendre parler de ce nom. Je ne veux pas. Je n’ai pas envie de réfléchir à ce que je dois faire, à ce que je veux faire. C’est trop … compliqué. »

Oui. Elle avait envie d’une vie simple sur le moment, d’une journée où … elle n’était rien aux yeux de personne sauf d’une seule qui n’était plus là. Bien sûr, cette personne ne savait pas ce qu’elle ressentait en ce moment, personne ne le savait puisqu’elle n’en parlait pas. Couchée sur le lit, ses yeux rubis se fermèrent pendant quelques secondes alors qu’elle murmurait :

« Ni pour mon royaume, ni pour Elen, ni pour la mère de Tery. Pour personne, je ne dois plus me sacrifier. Ca serait … gâcher la vie qu’il m’a offerte. »


Cette vie qu’elle avait été prête à abandonner, il y a de cela quelques années, lorsque les différentes armées s’étaient alliés pendant un bref instant, tout simplement pour se venger des nombreux envoyés de Shunter. Ces envoyés qui avaient récupérer les médaillons. Cela faisait déjà tellement longtemps. Tellement d’évènements s’étaient déroulés.

« Et pourtant, combien de fois j’aimerai les recommencer ? Peut-être les modifier. Pour que le futur … ou le passé maintenant … soit différent. L’un ou l’autre. » chuchota t-elle à elle-même. Mais voilà, le passé resterait le même et le futur ne prévoyait rien de bon, loin de là. Elle devait juste accomplir ce que son rôle de reine de Shunter lui incombait.

« Manelena ? Est-ce que tu dors ? » demanda la voix masculine qu’elle reconnut facilement comme celle de Royan. Elle se redressa sur le lit, disant :

« Non, pas du tout. Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as besoin de rentrer ? »

« Vu que j’aimerai te parler de quelques points privés, j’avoue que cela me serait vraiment préférable entre nous. Est-ce que je peux ou non ? »

« Tu ne peux pas, j’aimerai être seule mais vu que nous sommes dans ton domaine, je pense que tu peux rentrer sans même me demander l’autorisation. »

« Si c’était aussi simple que ça, je le ferais depuis longtemps … mais ce n’est pas le cas. Je vais rentrer alors, Manelena. »

Qu’il rentre, qu’il rentre. La femme aux cheveux argentés s’était mise assis sur le lit. Elle n’allait pas se mettre debout pour lui. De toute façon, il parlait de choses privées, mais n’avait-il pas déjà dit tout cela pendant la conférence avec les conseillers militaires ? Bref, ce n’était pas tout ça mais voilà que la porte vint s’ouvrir pour laisser paraître Royan.

« J’imagine que tu vas m’expliquer ce que tu veux exactement, n’est-ce pas ? »

« J’ai juste envie de te parler. Est-ce que cela m’est interdit ou nous pouvons ? »

« Tu sais aussi bien que moi que je ne suis pas très loquace comme femme. Cela dépendra du sujet que tu veux aborder avec moi, Royan. Cette fois, il n’y a aucun garde autour de toi pour tendre l’oreille donc dis ce que tu as sur le coeur. »

Elle évitait de se moquer de lui car si le jeune homme aux cheveux bleus avait pris la peine de venir jusqu’à elle pour parler, c’est qu’il y avait une très bonne raison. Du moins, c’est ce qu’elle voudrait se dire mais … il avait le regard fuyant ?

« Je ne suis pas vraiment certain que tu sois la personne la mieux placée pour ça mais … »

« Non mais si c’est pour venir m’insulter, tu peux repartir aussitôt, Royan, je ne retiendrais pas, est-ce bien clair entre toi et moi ? »

« D’accord, le message est très bien passé. Mais que tu ne sois pas la meilleure personne ne change pas que j’ai envie de t’adresser la parole. »


Humpf. Il avait visiblement un gros souci pour qu’il en prenne la peine de venir la voir. Elle tapota doucement le lit à côté d’elle comme pour l’inciter à s’asseoir alors qu’une petite pensée venait se former dans sa tête : Royan avait bien quoi ? Sept ou huit ans de différence avec elle ? C’était presque … ah … comme un petit frère qui demandait conseil à sa grande sœur ? Elle qui n’avait jamais eut ça, c’était une pensée vraiment absurde, preuve de sa fatigue mentale à l’heure actuelle.

« Vas-y, je t’écoute. Quel est le sujet que j’aille ensuite t’ouvrir aussitôt la porte pour que tu partes sans même que je te retienne ? » posa finalement Manelena comme question alors qu’il était songeur, ses yeux rubis étudiant les réactions du jeune homme aux cheveux bleus.

« Cela concerne … Elise. » commença à dire Royan, Manelena poussant un léger soupir. Elle s’en doutait mais en même temps, quoi de plus logique que de … « Mais aussi Tery. J’aimerai te demander ton avis et j’ai besoin qu’il soit sincère. »

« Si tu penses que nul n’avait compris que tu étais prêt à tout pour Elise, je pense que tes directives depuis ton intronisation parlent pour toi. »

« Ce n’est pas vraiment de ça dont je veux parler ! Enfin, je … Enfin … C’est si visible que ça ? Mais non, ce n’est pas ça. Manelena, si par chance, on retrouvait Tery et Elise. »

Chance. C’était le bon termine pour expliquer dans quelle galère ils étaient tous les deux à espérer trouver ce duo. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Mais bon, Royan n’avait pas terminé sa phrase et elle attendait la suite maintenant.

« Je voudrais savoir : comment est-ce que tu réagirais ? Mais vraiment, je ne veux pas de mensonges à ce sujet. Je veux la vérité. Je … Je sais que tu as dit que tu n’hésiterais pas un instant à le tuer mais … est-ce que c’est vrai ? »

Il la regardait et c’était peut-être la première fois qu’elle le voyait comme un enfant. Depuis qu’elle le connaissait, il avait toujours été cet adolescent un peu froid qui avait finit par s’ouvrir au reste du groupe et encore plus grâce à l’apparition d’Elise. Est-ce qu’avec elle, il avait fini par découvrir de nouveaux sentiments ? Enfin, c’était une question rhétorique qu’elle se posait intérieurement. Elle connaissait la réponse depuis quelques temps. Mais bon, voilà qu’il attendait la sienne. Qu’est-ce qu’elle devait dire à ce moment là ?

« Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ? Est-ce que ma réponse influencerait sur la tienne ? Si tel est le cas, c’est complètement ridicule, tu sais ? »

« Je le sais parfaitement mais … j’ai besoin de savoir. Est-ce que tu le … tuerais ? »

« Je le ferais et cela sans aucune once de remord. Cela lui apprendra à avoir décidé de trahir Elen et avoir mis en danger leur enfant. »

« Mais aussi trahir le groupe … et te trahir, n’est-ce pas ? Je vais juste répéter ma question une nouvelle fois, Manelena. Est-ce que tu … irais vraiment le tuer ? »

« Tu es vraiment fatiguant, Royan ! Que tu sois le roi de Traslord n’y changera rien ! Est-ce bien compris ou quoi ?! » s’exclama la femme aux cheveux argentés avant de finir par se redresser, visiblement en colère et agacée

« Je le sais bien, c’est pour cela que je t’ai posé la question ici et pas ailleurs. J’aimerai vraiment que tu me donnes une réponse sincère, Manelena. »

« Pourquoi est-ce que je devrais être sincère pour ce genre de choses, tu peux me dire ? Qu’est-ce que ça t’apporterait exactement hein ? »

« Du soulagement ou non, tout dépendra de ta réponse, Manelena. Je veux … savoir. »

« Bon, Royan. On va être clairs : Je suis la reine de Shunter, tu es le roi de Traslord. »

« Cela n’est pas difficile de le remarquer, Manelena mais … »

« En tant que tels, nous avons des responsabilités Peut-être qu’il est un peu tard pour tout ça mais il n’est jamais trop tard. Nous sommes les symboles de nos deux nations. Est-ce que tu crois vraiment que l’on peut faire comme si de rien n’était et aller les prendre dans nos bras en leur souhaitant la bienvenue ? Ce n’est pas possible ! »

« Je … le sais parfaitement. Enfin, je pensais le savoir mais je ne suis plus aussi sûr maintenant, Manelena. Je … Est-ce que ça veut dire que … »

« J’en ait pas envie mais il faudra le faire. C’est pourtant pas plus compliqué que ça. On doit mettre nos sentiments de côté et juste nous concentrer sur ce qui nous attends. Si on les retrouve, même s’ils ne sont pas belliqueux, il faudra agir en conséquence, voilà tout. »

« Donc, tu penses quand même beaucoup à lui, n’est-ce pas ? »

« Je n’ai pas envie de me répéter. Si je dois le faire, Royan, cela va TRES mal se finir, est-ce que le message est très bien passé cette fois ou alors, je dois me répéter ? »

« Je … D’accord. Manelena, j’ai eut ce que je voulais. Juste, je suis rassuré de voir que je pensais pareil. On ne peut pas les oublier mais nos rôles sont trop grands pour que nous puissions mettre en péril nos royaumes. »

« C’est exact. Maintenant, si tu veux bien, j’étais parti me reposer à la base avant que tu ne viennes me déranger. J’aimerai continuer ça. »

« Je comprends, je vais te laisser tranquille alors. Je suis désolé. »

« Ce n’est pas bien grave. Maintenant que tu es rassuré sur ce que je penses réellement, tu peux refermer la porte derrière toi. Et évites de trop y penser. Nous sommes encore bien loin de les avoir retrouver, hein ? »

« Ce n’est pas faux mais peut-être que je nourris ce maigre espoir néanmoins. Est-ce que c’est trop que de vouloir ça, Manelena ? »

« Ce n’est pas à moi de te répondre. Chacun à sa conception de l’espoir. Cela fait depuis bien longtemps que le mien est mort. Allez zou, du vent. »

Et qu’importe s’il s’agissait du roi de Traslord, il restait le plus jeune du groupe, c’est pourquoi elle pouvait se permettre de le considérer de la sorte, du moins pas pour le moment. Un dernier regard de la part du jeune homme aux cheveux bleus et voilà que la porte se refermait derrière lui. D’un geste un peu rageur, elle frappa du poing dans l’oreiller.

« Espèce d’imbécile. M’obliger à dire ça, j’en avais pas besoin. Et toi, tu n’es qu’un idiot, Tery. C’est à cause de toi que tout ça se produit. »

Mais elle ne pouvait pas le lui dire en face. Si cela devait arriver, il y avait de fortes chances que ça ne soit pas de telles paroles qui sortent de ses lèvres. Peut-être même qu’il n’y aurait aucun mot à ce moment précis. Qui sait … comment elle réagirait vraiment ?

Tellement de sentiments contradictoires mais elle ne faisait rien pour les en empêcher à ce moment précis. Elle voulait étreindre le jeune homme aux cheveux bruns mais en même temps, elle voulait l’étrangler pour ses fautes commises.

« Tout ça car il a fallut que Royan m’en reparle comme si de rien était. Est-ce qu’il n’a pas compris que ce n’était pas ça que je recherchais ou quoi ? »

Elle voulait et aspirait au calme, pas à la pensée envers Tery. D’ailleurs, le fait que Royan lui demande directement ce qu’elle pensait de Tery ou plutôt ce qu’elle comptait faire à son sujet, cela l’avait perturbé. Elle n’aimait pas être honnête. Ce n’était pas avec de l’honnêteté que l’on dirigeait un royaume, ni même que l’on restait en vie.

« Trop honnête … On connaît le résultat, n’est-ce pas ? On a bien vu où est-ce que ça menait de toujours vouloir rester droit dans ses bottes. »

La presque mort d’une personne proche avec qui on avait une relation amoureuse. Tery était peut-être possédé à ce moment précis, ça n’excusait qu’à moitié son geste. Et encore possédé était un bien grand mot, n’est-ce pas ?

« C’est juste un peu de manipulation mentale mais dans le fond, il restait le même. »

Encore qu’elle n’était pas certaine de ce qu’elle avançait. C’était assez compliqué … à imaginer mais dans un autre sens : pourquoi ? Pourquoi est-ce que le jeune homme aux cheveux bruns ne revenait pas ? Il avait les capacités pour ça !

« S’il était revenu aussitôt, il y avait encore une possibilité de le pardonner mais là … »

Il faisait tout pour leur échapper, pour les repousser. Est-ce qu’il se sentait fautif et ne voulait pas assumer ses fautes ? Non, il n’était pas comme ça. Elle le connaissait bien. Ce n’était pas le plus intelligent des hommes, loin de là, mais jamais, il ne chercherait à fuir.

« Alors pourquoi faire une telle imbécillité ? Qu’est-ce qui lui a pris se de comporter comme ça ? Si seulement … il comprenait … RAAAAAAAAH ! »

Elle en avait assez ! C’était toujours comme ça ! TOUJOURS ! Qu’importe ce qui se passait ! Qu’importe ce qui se déroulait, c’était TOUJOURS ainsi ! Ça l’énervait et ça l’agaçait ! Elle poussa un râle de colère, comme le ferait une enfant trop gâtée avant de frapper plusieurs fois de suite du poing dans l’oreiller.

« Tu vas passer un sale quart d’heure, je te le promets ! Je vais te faire regretter d’être né. »

Mais cette fois-ci, ce n’était pas envers Tery qu’elle était en colère mais le coussin qui n’avait rien demandé pour subir un tel traitement. Pour autant, elle ne lésinait pas sur les coups et c’était à se demander si le lit allait supporter bien longtemps de tels assauts de sa part. Puis enfin, au bout d’une quinzaine de minutes, elle finit par s’avouer vaincue, retombant lourdement sur le coussin déformé par les coups.

« Tu fais … chier, Tery. Pourquoi as t-il fallut que tu ouvres ces foutues portes démoniaques ? Ça ne pouvait pas être vers un pays merveilleux ? »

Autant ne pas se leurrer et autant ne pas se voiler la face. Il n’y avait pas que l’ouverture des portes démoniaques qui incombait à Tery et Elise. Il fallait aussi compter sur la mort des créatures légendaires, le décès des deux dirigeants de Mékalarma et cela à la suite, le sauvetage de la princesse de Shunter qui était prête à se sacrifier aux autres armées pour que son peuple puisse vivre. Oui … Contrairement à ce que l’on pouvait penser, il avait maintenant une liste de fait d’armes de plus en plus longue et qu’importe ce qu’il allait faire pour tenter de l’effacer, elle ne disparaîtrait jamais.

« Si tu voulais juste terminer ta vie dans un coin où nul ne te trouverait, tu pouvais me demander … Ta mère et Elen se sentent seules. »

Elle était repartie dans ses paroles en solitaire. Si une personne un peu sensée était en train de l’écouter, elle se poserait tellement de question à son sujet. Enfin, il valait peut-être mieux ne pas trop s’interroger et juste laisser s’écouler comme si de rien n’était.

« A cause de lui, c’est bon, je n’arriverai pas à dormir pour la prochaine heure. »

Est-ce qu’elle parlait de Royan ? De Tery ? Difficile à savoir mais elle était maintenant debout, regardant sa tenue qu’elle arborait après le départ du roi de Traslord dans sa chambre. Humpf … Vraiment … Même si elle était féminine physiquement et qu’elle pouvait posséder des tenues se mettant en valeur, qu’importe le moment de la journée, il n’y avait bien qu’un seul moment où elle se sentait bien.

« Reine Manelena de Shunter ? Que faites-vous dans les couloirs à cette heure-ci ? Et dans votre armure ? Y aurait-il eut un acte de malveillance à votre encontre ? »

« Pas du tout, je comptais faire simplement une promenade. Y a t-il des environs que je pourrais visiter à cette heure tardive ? »

« Euh … C’est une très bonne question. Il faut avouer que l’on ne s’attendait pas vraiment à ce que vous fassiez votre apparition pendant notre tour de garde. Peut-être que vous pourriez vous promener dans les environs du château ? Il faudra simplement que vous portiez ceci par mesure de précaution. » dit l’un des gardes, tendant ce qui semblait être l’emblème d’une baleine. Oh ? Ce n’était pas le symbole de Royan parmi sa famille ? « Avec ceci, si on commence à vous interroger, montrez juste cet emblème et cela devrait vous permettre d’être tranquille. Tout le monde n’est pas forcément au courant que vous portez une lourde armure noire sur le corps. Nous en sommes désolés. »

« Pas besoin de l’être. Je devrais être revenue d’ici une heure, le temps de fatiguer mon corps et de pouvoir ensuite dormir comme une souche. »

« Comme vous le désirez ! Faites donc néanmoins attention à vous pendant que vous vous promènerez et gardez donc cette emblème. »

« Bien bien bien. Faites donc une bonne ronde de votre côté, je ne vais pas trop tarder. »

Simple mouvement de la main et la voilà qui vagabondait à nouveau à travers les couloirs comme si de rien n’était. La femme au visage caché par l’épais casque noir installé sur son crâne se dirigea vers la sortie du château, présentant le badge donné par les soldats.

« Ne vous éloignez pas trop, reine Manelena. La nuit, même si les rues sont sûres, vous pourriez aisément vous perdre si vous décidez de vous éloigner du château. »

« Ce n’est pas dans mes intentions si vous voulez tout savoir mais merci de la recommandation. Je vais juste faire un peu de promenade, rien de plus. »

Et dans tout ça ? Ce qu’elle disait était vrai. Elle n’avait pas dans l’idée d’aller ailleurs. Elle avait juste besoin de souffler un peu et d’aérer son esprit. Le seul problème à l’horizon était tout simplement le froid glacial qui était en train de l’envahir. Bon sang, on se les gelait par ici ! C’était encore pire la nuit !

« A se demander comment est-ce qu’ils font pour tenir aussi aisément. Je sais bien que leurs corps sont habitués mais quand même … »

Ce n’était pas normal qu’il fasse aussi froid ! Mais au moins, si elle se plaignait de la température, cela lui permettait d’éviter de penser trop longtemps au reste. Et voilà, rien qu’à cette remarque qu’elle venait de se faire intérieurement, elle pensait à nouveau à Tery. Tery, Elen, leur enfant, la mère de Tery, ses grands-parents. Même en cherchant à se focaliser sr son royaume, ses pensées étaient toujours tournées vers eux. Elle n’aimait pas le reconnaître, cela ressemblerait à une marque de faiblesse mais …

« Brr mais bon sang ! On se les gèle vraiment ! »

Elle portait son armure sur son corps mais elle avait l’impression que le vent glacé arrivait à pénétrer à travers celle-ci. Elle ne savait pas comment et où mais la seule chose qui la perturbait, c’était bien le fait qu’elle était tellement gelée qu’elle avait juste envie de retourner à l’intérieur du château et se blottir sous les draps.

« Comme quoi, au moins, si la promenade fut plus courte que prévu, elle a réussi à me faire penser à autre chose. C’est le moment où je dois rire, non ? »

Dommage que ça ne soit pas son genre. S’il avait suffit juste de se prendre un souffle glacé dans la tête, elle l’aurait fait depuis longtemps. Bien qu’elle poussa un long soupir, elle finit par retirer son casque, laissant la brise hivernal nocturne frapper sa chevelure argentée.

« Dans quel pétrin est-ce que je me suis fourrée ? Tout ça car j’ai eut l’idiotie de montrer que je pouvais être aussi faible que les autres. »

C’était bien là sa plus grande erreur mais … elle ne regrettait rien. Pendant des années, elle avait vécu comme une poupée dénuée de sentiments et de vie. Là encore, elle se mentait à elle-même. Elle avait des sentiments à cette époque, un seul prédominant sur les autres : celui de la haine qu’elle portait envers son père.

« Mais voilà où nous en sommes aujourd’hui. En train d’errer comme une âme perdue. »

Tout ça car elle avait décidé de laisser place à la futilité de ses émotions et sentiments. Elle allait lancer cette guerre contre les démons. Elle allait gagner cette guerre contre les démons, qu’importe les sacrifices. Elle allait récupérer Tery et Elise. Elle allait leur faire comprendre leurs erreurs et enfin, ils pourront alors tous vivre en paix et se reposer.

Chapitre 28 : Un futur pour cet enfant

ShiroiRyu
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Chapitre 28 : Un futur pour cet enfant

« Nous nous reverrons demain, Manelena. La chambre d’invité est à ton goût ? »

« Je ne crois pas que tu te préoccupes réellement de savoir si tout va bien se passer pour moi, n’est-ce pas ? Alors bon … Ne t’en fait pas, je peux me contenter de ça »

« Si cela ne te convient pas, tu me le diras au lendemain, d’accord ? »

« Ouais, ouais, on va faire ça comme ça, on va dire. Allez, bonne soirée voire bonne nuit. »

La femme fit un mouvement de la main pour saluer Royan, celui-ci lui rendant la pareille tandis qu’elle fermait la porte derrière elle. Bon, c’était mieux que le lit d’une auberge mais vu que le château de Royan était dans la zone très froide de Traslord, autant dire que ce n’était pas vraiment le meilleur endroit.

« Après, je ne vais pas m’en plaindre non plus. C’est mieux que rien … mais j’ai connu mieux, beaucoup mieux. Franchement mieux … »


Mais elle n’allait pas s’en plaindre. Elle se coucha aussitôt sur le lit, sans même retirer ses vêtements ou autres. Elle n’avait rien d’une reine de Shunter à ce moment précis mais ce que les gens pensaient d’elle, cela lui passait par-dessus la tête. Le lendemain matin, elle se réveilla bien plus tôt que prévu, le froid, malgré les fenêtres fermées, étant présent. Ah … Et ce n’était pas la couette et les épaisses couvertures qui suffisaient. Marmonnant qu’elle se demandait comment Royan avait fait pour dormir pendant toutes ces années de la sorte, elle évita de le dire à voix haute avant de quitter la chambre. La discussion allait reprendre bien assez tôt au sujet des armées et des manœuvres à appliquer.

« Et je pensais être matinale … j’ai l’impression que je ne suis pas la seule. Bonjour Royan, comment cela se fait que tu sois déjà debout ? »

« Rien d’étonnant dans le fond. Depuis notre séparation, je me réveilles assez tôt. Disons que c’est devenue une habitude, peut-être pas réellement une bonne mais … »

« Qu’importe. Je n’ai pas besoin de savoir tes raisons qui te poussent à agir de la sorte, ce n’est pas à moi de te faire la remarque et la réflexion. »

« Aujourd’hui, une nouvelle journée nous attend. Cela ne te dérange pas si on passe tout de suite à l’essentiel après le petit-déjeuner ? »

« Moins de temps nous perdrons pour les commodités, plus vite nous pourrons mettre en place une tactique pour écraser ces démons. » déclara Manelena, Royan faisant un simple hochement de la tête pour confirmer les propos de la reine de Shunter. Ils étaient sur la même longueur d’ondes et cela pour une unique raison : ils avaient perdu tous les deux un être cher.

« Alors … Accompagnes-moi bien que tu connaisses le chemin. »

Il avait une petite question qui le taraudait mais il avait le sentiment que cela ne sera jamais le moment pour la poser. Peut-être plus tard … mais cela concernait justement un être disparu … et il avait le sentiment qu’elle avait déjà été posée de nombreuses fois.


Le petit-déjeuner se passa plus rapidement que prévu bien que toujours en silence. Le jeune homme aux cheveux bleus n’avait pas cherché à discuter avec Manelena et inversement. Pour l’heure, ils n’avaient pas spécialement des choses à se dire et ils le savaient aussi bien l’un que l’autre. De toute façon, ce n’était pas comme si cela était important que d’avoir une conversation au petit matin.

« Manelena, je nous laisse une heure pour nous préparer correctement et nous nous donnons rendez-vous dans la salle de conférence. Est-ce que la nuit t’a porté conseil ? » finit-il enfin par demander lorsqu’ils se levèrent de table, Manelena hochant la tête positivement.

« On va dire que oui … Du moins, plutôt plus qu’il n’en fallait, ce qui est une bonne chose. Mais bon, ça ne veut rien dire … Il faut que cela soit réalisable aussi, ce qui est une donnée importante à prendre en compte. Et toi ? »

« Disons que la nuit m’a porté conseil, plus qu’il n’en faut dans ce genre de situations. Maintenant, tu viens de le dire par toi-même : Il faut espérer que tout soit potentiellement réalisable, ce qui est bien moins sûr, entre nous, si tu veux tout savoir. »

« Pourquoi je sens que l’on va passer de longues journées, toi et moi ? » poussa Manelena comme soupir, une main posée sur son front tout en le massant longuement.

« Pour avoir la paix, il faut faire la guerre. Les démons sont une engeance qui mérite que l’on prenne du temps à s’en occuper. »

« De bien belle paroles, tu les sors d’où, Royan ? Je ne te savais pas aussi poétique hein ? »

« Je ne vois aucune raisons qui devrait te pousser à te moquer de moi, Manelena. Je suis sûr et certain que tu aurais été capable de dire les mêmes. »

Pour toute réponse, elle vint hausser les épaules alors qu’ils se dirigeaient vers la salle de réunion, là où les attendaient plusieurs hommes et femmes. Oui, elle-même était venue avec quelques membres importants de son armée. Hémurion, par contre, le chef des anciens rebelles de Shunter, était toujours là-bas par mesure de précaution. Elle étudia brièvement d’un coup d’oeil ceux qui servaient Royan avant qu’ils ne se retrouvent tous debout autour d’une table. Royan était de loin le plus jeune du groupe mais cela ne changeait rien l’allure générale qui émanait de lui : celle d’un roi prêt à tout pour écraser les démons.

« Commençons dès maintenant alors ce qui nous attends. J’écoute vos propositions si vous le voulez bien. Qu’est-ce que vous avez à me dire ? »

« Tout d’abord, avant de préparer quelques assauts, il serait bon d’avoir des nouvelles par rapport à votre entretien avec l’ambassadeur de Claudiska, roi Royan. Pouvez-vous nous dire comment cela s’est terminé ? »

« Ils se sont montrés plus que réticents à s’en prendre aux démons. Il faut dire qu’avec leurs îles qui volent dans le ciel, ils n’ont généralement rien à craindre. Il n’existe que peu de foyers de démons chez eux … car ces derniers n’ont pas eut la possibilité de survivre sous la terre de ces îles, aussi grandes et importantes soient-elles. »

« D’accord mais … est-ce que cela veut dire que nous ne sommes plus alliés avec eux ? » questionna un second homme recouvert d’une belle armure bleutée.

« Je n’ai jamais évoqué cette possibilité avec eux. Que nous ayons une divergence d’opinion au sujet des démons ne doit pas briser plusieurs millénaires d’amitié pour cela. Je ne suis pas mes frères, je ne suis pas mes parents et j’ai mes propres convictions. Mais je sais aussi ce qui est bon pour mon peuple et en cela, il est hors de question d’abandonner notre alliance avec Claudiska, j’en fais le serment. »

« C’est rassurant de vous l’entendre dire, roi Royan. Ces derniers temps, l’inquiétude grandissante de vos citoyens se faisait entendre. Je suis certain que si vous évoquiez ceci en discours officiel devant ces dernier leur permettra de ne plus s’en faire. »

« Je verrais ça en temps et en heure. Retournons sur le sujet des démons, si vous le voulez bien. Est-ce que vous avez des choses à me signaler ou me déclarer, je vous pries ? »

« Vous voulez les derniers rapports ? Les deux personnes que vous recherchez, d’après les descriptions données, n’ont fait aucune apparition malgré l’envoi à nos soldats sur les différents fronts de Traslord. D’un autre côté, les démons sortent de moins en moins souvent à cause des nombreux tours de garde aux alentours de leurs centres d’apparition. »

« Soit … En voilà une bonne nouvelle mais d’autres choses à signaler ou déclarer ? Sinon, nous pouvons écouter vos différentes propositions pour annihiler ces êtres. »

« J’ai une petite question, roi Royan : est-ce que ces démons sont aussi mauvais que vous les dites ? Non pas que je vous prends pour un menteur, je n’oserais jamais mais … »

« Ces démons sont sans foi, ni loi. Ils n’hésitent pas à manipuler les plus faibles d’esprit pour profiter de la moindre occasion pour leur faire commettre ces actes horribles. C’est bien à cause de d’entre eux que le monde est aujourd’hui en proie à l’assaut de ces créatures. »

« Je suis … désolé. C’est simplement que ce sont des humanoïdes comme nous. Peut-être que nous sommes en guerre contre eux mais … vu qu’on doit les tuer à vue, je dois avouer que parfois, ce n’est pas si simple que ça. »

« Est-ce que vous feriez preuve de faiblesse ? Et cela malgré votre grade militaire ? » questionna Royan en se tournant vers la femme à l’origine du dernier échange avec le jeune roi aux cheveux bleus, celle-ci hochant la tête négativement.

« Non non ! Loin de là ! C’est simplement que certains rapports … évoquent des enfants. »

« Une astuce comme une autre pour vous apitoyer et vous faire prétendre qu’ils sont comme nous. Qu’ils soient enfants, femme ou homme, âgé, vieillissant ou autres, ce sont des êtres sans scrupules qui ne laisseront jamais passer une occasion de vous prouver qu’ils n’hésiteront pas à utiliser des enfants contre vous. »

« Mais voir leurs corps juvéniles … c’est juste … »

« Veuillez quitter cette salle dès maintenant. Vous êtes congédiés. Je ne pensais pas cela de vous mais il s’avère que l’on peut se tromper. Vous ne faites plus partie de ce conseil. »

Elle avait tenté d’ouvrir la bouche mais en voyant le regard froid de son monarque, elle ne fit qu’un seul mouvement de la tête, passant à côté des autres personnes et Manelena. Celle-ci avait simplement croisé les bras, comme si de rien n’était, ne semblant guère affectée par ce qu’elle voyait actuellement. Pourtant, ce fût elle qui brisa le silence quelques instants après :

« Si vous avez terminé tout ceci, est-ce que l’on peut passer aux choses sérieuses maintenant ? Car je ne voudrais pas perdre trop de temps en futilités. »

« Qu’est-ce que tu as exactement comme idée, Manelena ? Nous t’écoutons tous. Laisses-nous écouter ton savoir dans le domaine de la guerre. »

« Je ne sais pas si le ton employé est moqueur ou non donc je vais tout simplement l’ignorer, Royan. J’imagine que tu comprends bien pourquoi, n’est-ce pas ? »

« Ce n’est pas du tout mon genre d’agir de la sorte mais soit … Mes généraux et lieutenants n’attendent que tes propos pour en apprendre plus sur l’art de la guerre. »

Humpf ! Elle eut une petite mimique de dépit. Il pouvait parler comme il le désirait, elle n’était pas aussi crédule qu’il le pensait. Elle voyait très bien dans son jeu, malgré toutes les belles tentatives qu’elles lui lançaient pour l’amadouer.

« Nous devons parler d’exploration. De notre côté, à Shunter, nous avons eut le problème des Gnomolds. Je ne sais pas si c’est le cas chez vous mais ils sont de plus en plus affectés par rapport aux démons et aux grottes de ces derniers. Dernièrement, nous avons même eut de nombreux rapports nous signalant que les Gnomolds s’en prennent aux démons et les agressent à vue. Il s’avère que les petites scènes qu’a sûrement vue cette femme qui est partie il y a peu de la pièce, n’est rien par rapport à ce que les Gnomolds font subir aux démons. »

« Hmm, mais de base, les Gnomolds ne sont-ils pas des créatures très faibles ? Du moins, chez nous, ils ne sont pas vraiment ennuyeux si on prend nos précautions. » vint dire l’un des généraux de Traslord, Manelena posant son regard rubis sur lui.

« Aux yeux d’une majorité, c’est exact … mais c’est là que vous vous trompez fortement. Les plus anciens Gnomolds sont les plus dangereux. Même si vous avez peut-être visité Omnosmos dans votre vie, il n’y a que peu de chances que vous ayez vu le grand archimage qui réside dans la tour des archimages, n’est-ce pas ? »

« Non, pourquoi cela ? Où voulez-vous en venir exactement, reine de Shunter ? »

« Le grand archimage est un gnomold du nom d’Ernold. Il doit bien se rapprocher de la centaine d’années et sa magie est plus terrifiante et dévastatrice que nulle autre dans notre monde. Il s’avère que les Gnomolds que vous rencontrez et combattez sont généralement issus des jeunes tribus belliqueuses. Les anciens gnomolds, les plus vieux d’entre eux, ne cherchent pas les confrontations et résident dans des tribus isolées du reste du monde. »

« Manelena, est-ce que … c’est vrai, cela ? Tu as fait des recherches sur le sujet ? » questionna Royan, visiblement aussi étonné que les autres par rapport à cette nouvelle.

« Qu’aurais-je à y gagner à mentir maintenant ? Je n’ai fait que prendre mes précautions. »

Le simple fait de voir un archimage gnomold lui avait mis la puce à l’oreille. Qu’un membre de cette race puisse atteindre ce rang, sans que cela ne pose un problème aux autres archimages, c’était étonnant. Etonnant, surprenant … et peut-être étrange.
Elle avait été le revoir après les événements d’Omnosmos et avait décidé alors de le questionner. Il avait signalé qu’il ne pouvait pas répondre à tout ce qu’elle désirait mais qu’elle pouvait être certaine d’une chose : les Gnomolds iront combattre les démons en priorité. Mais aussi, elle avait demandé comment il avait obtenu ce titre ? Cette fois-ci, il était resté plutôt mystérieux et elle avait presque cru lire de la lassitude et de la fatigue dans son regard. Les autres archimages aussi avaient été comme … dérangé par cette question.

« Vous savez que cela ne sert à rien de cacher la vérité, n’est-ce pas ? Elle finira par éclater un jour ou l’autre, Ernold. Ce jour-là, s’il s’avère qu’elle est déplaisante … »

« Alors, je serais prêt à en subir les conséquences. Je n’ai pas vécu aussi longtemps pour être effrayé par l’avenir, jeune reine de Shunter. »

Le fait qu’il l’avait appelé ainsi sur le moment l’avait faite un peu tiquer mais elle n’avait pas cherché à relever les propos du gnomold. Ce n’était pas un ennemi mais elle n’était pas certaine qu’il soit réellement un ami. Elle n’avait aucune preuve qu’il soit responsable de l’ouverture des portes démoniaques mais en même temps … Il était celui qui avait tellement incité Tery à aller combattre les créatures légendaires.

« Manelena ? Manelena ? Est-ce que tu es toujours parmi nous ? » demanda Royan plusieurs fois, la femme aux cheveux d’argent sortant de sa torpeur dans laquelle elle s’était plongée.

« Je réfléchissais aux gnomolds. Ces dernier sont à considérer comme une troisième force. On ne peut pas les considérer comme enclins à nous apporter leur aide. Pourtant, on peut aussi compter sur ces derniers pour épurer les démons. »

« D’accord, d’accord. Tu avais déjà évoqué cela dans le passé, si je ne me trompes pas. Tu as juste obtenu plus de détails mais .. qu’est-ce que cela nous apporte exactement ? »

« Si on laisse les Gnomolds se charger de la protection de la surface, nous pouvons alors mettre bien plus d’hommes et de femmes dans l’exploration de leurs nids. Chose que nous n’avons pas encore fait depuis qu’ils sont apparus. »

« Que vous n’avez pas encore fait, tu veux préciser, Manelena. De notre côté, nous avons déjà envoyé plusieurs groupes mais il s’avère que de nombreux démons et surtout d’imposantes portes, comme des postes de garde souterrains sont présents, ce qui empêche à nos soldats de continuer à avancer. Et impossible pour nos plus puissants sorciers de les détruire. »

« Je … vois que vous en quêtes au même stade que nous. Je vois … »

Elle venait de replonger dans ses pensées. Il y avait des progrès … mais ce n’était pas suffisant. Royan s’était bien caché par rapport à ça. Il ne lui avait pas expliqué qu’ils avaient été jusqu’à ces fameuses portes souterraines. Elle-même l’avait nullement signalé dans ses lettres. C’était … bien à cause de ses échecs sur ce point qu’elle avait évité d’en parler. Et du côté de Royan, il devait sûrement s’agir de la même excuse.

« Manelena, est-ce que tu espères le retrouver ? »

« Cette question n’a aucun rapport avec le sujet actuel, Royan. Sujet qui est du domaine du privé et dont j’aimerai éviter que tu en parles devant autrui. »

« Non, ma question est nécessaire : je veux savoir si je peux t’autoriser à accompagner mon armée. Tu sais exactement à quoi il ressemble et son mode de pensée. »

« … … … Je pourrais te poser la même question, non ? Tu veux la revoir, n’est-ce pas ? »

« Je ne l’ai jamais caché, Manelena. Néanmoins, en tant qu’actuel roi de Traslord, je ne peux plus me déplacer aussi librement qu’au … »

« Arrêtes de te chercher des justifications vaseuses pour ton incapacité notoire. Que je sache, le fait que tu sois un prince ne t’a pas dérangé pendant des années, non ? Alors pourquoi maintenant et pas auparavant ? » rétorqua Manelena, un général de Traslord finissant par se lever, déjà prêt à agir mais Royan fit un mouvement de la main pour le calmer.

« Peut-être que c’est exact … mais qu’est-ce que je dois faire ? Je n’ai pas combattu pendant aussi longtemps sur le terrain. Avec Tery et les autres, cela était beaucoup plus simple de pouvoir voyager. Là, il s’agit de gérer une armée voire deux si on compte la tienne. Tu as le caractère et le charisme pour, ce n’est pas mon cas. »

« Bla bla bla, des excuses, toujours des excuses. Est-ce que tu crois vraiment que je vais me contenter de ça ou quoi ? Bon, c’est décidé. Vu que l’on recherche tous les deux quelqu’un, tu viendras m’accompagner sur le terrain. Que je sache, tu as bon nombre de diplomates et autres personnes pour gérer le royaume comme lorsque tu étais absent, non ? »

« C’est exact … mais question : si tu le retrouves, qu’est-ce que tu feras ? »

« Je l’éliminerai. C’est à moi de mettre un terme à sa vie et à personne d’autre. Je ne peux pas laisser ce fardeau à quelqu’un qui ne serait pas apte à ça. »

C’était parfaitement compréhensible. Le jeune homme aux cheveux bleus fit pourtant un mouvement négatif de la tête reprenant la parole d’une voix qui se voulait neutre :

« Est-ce que c’est vraiment … le bon choix pour cet enfant ? »

Elle ne répondit pas sur le moment. La question se posait, elle était légitime. Elle avait pesé le pour et le contre avant de mettre tout ça de côté. Elle ne devait pas penser avec son coeur, cela serait trop dur pour elle. Elle devait juste … laisser faire sa main au moment venu et se déconnecter de tout le reste. Lorsque ce moment arrivera …

« Je serais la main qui tiendra la garde de cette lame qui s’enfoncera dans sa chair. »

« Tu sembles décidée mais le moment venu, il ne faudra pas trembler. » termina de dire le roi de Traslord alors que l’idée de fusionner les deux armées arrivait maintenant sur la table. Il y avait tellement de démarches à faire et à suivre, de décrets à signer et des règles à établir. Encore une fois, cela n’allait pas prendre qu’une seule journée.

Ailleurs, au beau milieu de Shunter, dans un coin isolé et à l’abri du danger, une jeune femme aux cheveux blonds fit un petit sourire à la dame à ses côtés. Celle-ci le lui rendit, surtout lorsque la jeune femme la parole :

« Bonjour madame Vanian. Comment allez-vous aujourd’hui ? »

« Bien mieux depuis le jour où tu as repris la parole. J’ai même écrit une lettre à Manelena dès l’instant où j’ai entendu ta voix. »

« Il ne fallait pas vous forcer pour moi, vous savez. Mais si vous êtes contente, je le suis. »

« Est-ce que c’est le fait d’avoir appris que Tery est encore vivant qui te rend heureuse ? »

« Oui … Il va devenir papa. Ne devrais-je pas l’être, madame Vanian ? »

« Bien sûr que si, bien sûr. Mais bon, pour ça, il va falloir que tu te remettes à marcher plus souvent, que tu parles et que tu te déplaces, d’accord ? »

« Mes jambes sont assez faibles, madame Vanian. Je devrais peut-être ne pas trop en faire, non ? Pour ne pas faire du mal au bébé. Dites … Je voulais savoir : est-ce ça fait mal ? » questionna la jeune femme aux yeux bleus, posant ces derniers sur la mère de Tery. Pour toute réponse, celle-ci plaça sa main sur la chevelure dorée d’Elen avant de dire :

« Sincèrement ? Cela est presque horrible. Tu as l’impression que tu es déchirée de l’intérieur et en même temps, tu sais que tu vas assister au plus beau moment de ton existence. Ne t’en fait pas. A ce moment précis, je serais là pour te tenir compagnie et tu pourras serrer ma main, d’accord ? Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Est-ce que vous pensez … que Tery sera là lui aussi ? J’aimerai … tellement qu’il soit là. » souffla la jeune femme alors que le sourire disparaissait chez la mère du jeune homme.

« On va faire de notre mieux, d’accord ? On le ramènera par la peau des fesses si c’est nécessaire. Je vous jure ! Il va très vite comprendre son erreur ! »

« Ne lui faites pas de mal, s’il vous plaît. Je sais bien qu’il ne voulait pas … Ce n’était pas lui … mais quelqu’un d’autre à ce moment. »

Hum … Comment expliquer à la jeune femme assise sur cette chaise à bascules que Tery n’était sûrement pas au courant qu’elle était enceinte ? Avec les derniers événements et autres, il n’y avait eut aucune possibilité de lui transmettre cette information. Peut-être que … si en demandant à Manelena, elle pouvait en parler avec Royan et donc indirectement les soldats ? Non, c’était de la pure folie.

« On ne peut pas demander à toute une nation de nous aider. »

« De quoi parlez-vous, madame Vanian ? Y a t-il un problème ? »

Elle signala que non, passant une main dans sa chevelure blonde. Il n’y avait aucun problème. Il n’y avait que des progrès … et un futur enfant qui allait naître bientôt.

Chapitre 27 : Préparer l’offensive

ShiroiRyu
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Chapitre 27 : Préparer l’offensive

« Où en est l’avancée des travaux ? »

« Roi Royan, les avancées sont bonnes bien qu’elles soient beaucoup trop nombreuses. Le royaume de Traslord a les moyens pour cela, néanmoins, nous ne pouvons pas maintenir ces installations aussi longtemps que vous l’aimeriez. »

« Qu’importe le temps que cela durera, nous devons réceptionner ces êtres démoniaques dès le moment où ils tentent de sortir de leurs tanières. Dois-je vous rappeler que j’ai entendu des rumeurs comme quoi certains d’entre eux auraient réussi à passer à travers les mailles de nos filets ? Et vous voulez que je laisse cela se reproduire ? »

Le jeune homme aux cheveux bleus était assis sur son trône, fixant l’homme qui devait avoir une quarantaine d’années, un genou au sol devant son monarque. N’osant pas relever la tête, il finit par bredouiller d’une voix un peu effrayée :

« N… Nan ! Bien sûr que non, roi Royan. Simplement, il faudrait peut-être considérer que la guerre contre ces êtres démoniaques n’est pas tout. »

« Qu’insinuez-vous donc par là ? Est-ce que je peux savoir ? »

« Et bien … Enfin, nous sommes heureux de voir que vous prenez votre rôle de roi très au sérieux, surtout après ces dernières années. Depuis votre retour, face à l’ouverture des portes démoniaques, votre peuple vous félicite pour vos actions à l’encontre des démons mais … »

« Mais quoi ? » questionna Royan, se redressant légèrement sur son trône, visiblement irrité.

« A part avec le royaume de Shunter, vous n’avez pas chercher à dialoguer avec les autres. Claudiska, notre allié depuis des générations, commence à s’inquiéter de votre silence envers lui. Il vous faudrait paraître chez eux ou recevoir leurs ambassadeurs. »

« Si ce n’est que ça pour que vous me laissiez me concentrer sur les tâches plus importantes, ce n’est pas un problème. Ils peuvent venir quand ils le désirent. Je ne cherche pas à briser nos relations avec Claudiska mais nous n’avons pas de temps de discuter pour des futilités. »

« Ce ne sont pas des futilités, Roi Royan. Vous devriez vraiment prendre les relations extérieures très au sérieux, je vous en pries. »

« Je … verrais en temps et en heure. Maintenant, laissez-moi tranquille plutôt. »

« Comme vous le désirez mais … roi Royan, réfléchissez-y sérieusement, je vous pries. »

« Je n’aime pas avoir à me répéter, surtout devant mes plus proches conseillers. »

Proches n’était pas le terme qu’il aurait aimé utiliser en temps et en heure mais bon, ce n’était pas bien grave, loin de là. Finissant par enfin être seul dans la salle du trône, il se laissa s’écrouler sur le dit-siège, passant une main sur son front tout en se demandant si tout cela n’allait pas s’arrêter un jour ou l’autre. Car oui, il était visiblement épuisé et il ne cherchait plus trop à s’en cacher pour le moment.

Du courrier ? Il venait de recevoir du courrier ? Le regard inquisiteur et le sourcil relevé lorsqu’on vint lui signaler cela, il demanda d’où ça provenait. Si c’était encore d’Honoros, il n’avait rien à voir avec eux. Il savait que certains clans œuvraient ensemble et avec l’extérieur pour combattre les démons mais lui …

« Je comptes m’en charger personnellement. Bon ? Cette lettre ? »

« Il s’agit d’une lettre de la plus haute importance envoyée par la reine de Shunter : Dame Manelena. Je vous la donnes tout de suite. »

« Vous avez mis autant de temps à me la livrer à cause de soi-disant poison à l’intérieur, c’est bien ça, n’est-ce pas ? Vous devriez pourtant savoir que je ne risques rien de ce côté. »

« Nous ne pouvons pas ne pas nous méfier de cette personne qui est responsable du déclin de ce monde depuis des … » commença à dire l’envoyé en tenant la lettre, s’arrêtant dans ses propos en voyant le regard meurtrier que lui lançait son roi.

« Vos commentaires personnels, vous les garderez pour vos compagnons ou vous-mêmes dorénavant. Me suis-je bien fait comprendre ? »

« Je … Je … Oui ! Oui, roi Royan ! Pardonnez mon insolence, cela ne se reproduira plus, je vous le promets ! » s’exclama l’homme, tremblant comme une feuille maintenant. Royan fit un mouvement de la main comme pour lui inciter à lui ramener la lettre.

« Qu’attends-tu donc, peux-tu me le dire ? Cette lettre m’est destinée. »

« Je .. Je … OUI ! Je vais me retirer aussitôt ! »

L’homme ne savait plus guère où se mettre. Décontenancé, incapable de prendre une décision correcte, il vint donner la lettre à son roi avant de s’enfuir au pas de course, n’osant pas se retourner de peur de l’offusquer encore plus. Lorsqu’il était à nouveau seul comme à son habitude, il finit par ouvrir la lettre, jetant un œil à son contenu. Qu’est-ce que Manelena voulait ? Depuis quelques semaines, les lettres s’accumulaient, surtout depuis le jour où il avait signalé qu’il avait retrouvé la trace de Tery.

« Une réunion diplomatique avec elle ? Directement ? »

S’il acceptait celle-ci, autant dire qu’il allait être forcé de faire de même avec Claudiska et Honoros. Mékalarma, inutile d’en parler. Ils ne voulaient rencontrer personne et moins il les voyait, mieux il se portait. Mais la lettre, pour quelle raison est-ce qu’elle voulait le voir ? Hein ? Oh … Vraiment ?

« Lancer une offensive directement sur les démons. C’est assez risqué mais … cela permettrait de leur porter un sale coup et de les forcer à ne plus remettre les pieds à la surface. »

C’était la meilleure chose à faire. Ces démons lui avaient retiré la personne qui était la plus importante à ses yeux. Mais celle-ci l’avait-elle au moins remarqué ? Il n’y avait eut que des « Prince » à chaque fois qu’elle s’adressait à lui. Il était tout simplement impossible de savoir ce qu’elle pensait réellement de lui ? Ou alors, il s’était imaginé tout ça au final ?

Il écrivait maintenant à Manelena pour lui signaler qu’il n’y avait aucun problème à ce qu’elle passe dans son royaume pour qu’ils discutent tous les deux de ce qu’ils allaient préparer. Tout le monde voyait leur relation d’un très mauvais œil, surtout à cause de la réputation de la reine de Shunter mais … qu’importe.

« C’est l’une des rares personnes que j’ai côtoyées pendant des années. »

Dire qu’il était proche d’elle était exagéré. Néanmoins, ils se connaissaient parfaitement tous les deux ou presque. Ils avaient été tous les deux plus que blessés par le cours des événements et il était alors difficile de ne pas se soutenir mutuellement. De toute façon, qu’importe si cela les dérangeait, il ne s’y intéressait guère.

« Qu’ils se plaignent, cela ne m’apporte rien du tout. »

Sa lettre fût assez rapide et brève à écrire. Il n’avait pas besoin d’écrire de longues phrases. Simplement signaler qu’il était d’accord pour le rendez-vous et qu’ils devaient alors se préparer à une laborieuse discussion car mettre en commun deux armées, avec leurs généraux et autres, ce n’était pas forcément à la portée de tout le monde.

Quelques jours plus tard, elle était là, accompagnée d’un régiment, comme tout monarque qu’elle était. Le jeune homme aux cheveux bleus l’attendait, sans un sourire. Elle-même n’était pas là pour se prêter au jeu des relations amicales. Oh, ils n’allaient pas se déclarer la guerre, ils ne se haïssaient pas, loin de là. Simplement, ils n’étaient pas là pour des futilités.

« Est-ce que tu as besoin que je te guide, Manelena ? »

« Je ne visite que très peu ton royaume, Royan. Si tu préfères, nous pouvons éviter de tourner autour du pot et nous rendre directement dans la salle où tu discutes avec tes généraux. »

« Je ne pense pas que cela soit si pressé que ça, non ? Nous allons juste discuter pendant quelques heures des dernières nouvelles de nos deux royaumes. D’ailleurs, avec ton arrivée, j’ai maintenant prévu aussi de recevoir l’ambassadeur de Claudiska. »

« C’est une bonne chose même si je n’ai pas mon mot à dire à ce sujet. Il faut que tu travailles tes relations avec les autres royaumes, tu as pris du retard. »

« J’ai entendu des rumeurs comme quoi tu travaillais d’ailleurs avec Honoros, pourquoi ? »

« Tu n’es pas au courant malgré ça ? Certains clans d’Honoros semblent s’être alliés avec les démons et profitent de leurs connaissances. A partir de là, Honoros est frappé de l’intérieur par un conflit entre les clans qui veulent résister aux démons et ceux qui oeuvrent avec ces derniers. Le premier groupe cherche donc des alliés potentiels. Je n’ai pas refusé de mon côté car je sais qu’ils ont aussi essayé avec Mékalarma, sans succès. Claudiska, ils ont eut du mal à cause de la distance mais cela devrait être bon. Quant à Traslord … » dit Manelena avant de s’arrêter pendant un bref instant, fixant Royan de ses yeux rubis.

« L’eau et le feu n’ont jamais fait bon ménage ensemble. On ne peut pas m’en vouloir de … »

« Ce n’est pas vraiment une excuse que j’attendais de ta part, Royan. »

« … … … Est-ce que tu es là pour m’apprendre la discipline royale ? Je n’ai … »

« Nullement. Simplement, tu sais aussi bien que moi avec ces dernières années passées ensemble que ce n’est pas en restant dans ton coin que tu pourras arranger le tout. »

« Actuellement, je n’ai besoin de rien d’autre que ta personne. Pourquoi irais-je chercher de l’aide à l’extérieur si ce n’est pas nécessaire ? Qu’est-ce qu’ils m’apporteraient ? »

« Des connaissances que toi et moi n’avons guère. Nous ne sommes pas parfaits, nous avons beaucoup à apprendre pour nous améliorer. Refuser les mains tendues, surtout quand elles sincères, c’est tout simplement se détruire à petit feu. »

« Manelena, tu parles comme lui … de façon un peu niaise. Est-ce que tu t’en rends compte ? Je crois que cela t’a affecté plus qu’il n’en faut. »

« Si nous pouvons éviter de parler de lui pendant que nous discutons des futurs projets à faire entre nos deux royaumes, cela serait une bonne chose. »

Mais ce n’était pas pour cette raison qu’elle n’allait pas tenir le jeune homme au courant des derniers événements concernant Elen, son ventre rond mais aussi la mère de Tery. D’ailleurs, quelques minutes après, ils étaient installés dans la salle de confort, discutant tous les deux comme si de rien n’était.

« Est-ce que tu as réussi à avoir des nouvelles de Tery et Elise depuis la dernière fois?3

« Pas le moins du monde. Je me demandes s’ils se cachent maintenant que nous sommes au courant qu’ils sont encore en vie mais surtout sous mon royaume. Et pour Elen ? Est-ce qu’ele a donné des signes d’amélioration ? »

« Je ne sais pas … vraiment mais j’ai l’impression qu’avec le fait qu’elle ait appris que Tery était encore en vie, elle a l’air d’aller mieux. Mais ce n’est qu’une impression hein ? Rien n’est vraiment confirmé de ce côté-là, je dois t’avouer. »

« Si elle va mieux, peut-être qu’elle se remettra en quête de le trouver. Si tel est le cas, il y a des chances qu’elle aille directement le chercher à la source. Si cela doit arriver, comment est-ce que nous allons devoir réagir ? »

« Et bien, nous verrons sur le moment même. Actuellement, ce n’est pas encore arrivé et il n’y a aucune raison que ça se passe ainsi malgré son caractère. De plus, tu oublies une petite donnée, Royan. Elle est enceinte. Je lui interdirais de partir à l’aventure tant que l’enfant ne sera pas né et même après. Il est hors de question que … Pourquoi est-ce que tu souris ? » demanda la femme aux longs cheveux argentés, rapidement irritée par quelque chose qu’elle n’avait pas l’habitude de la part de Royan.

« Tout simplement que malgré tout ce qui s’est passé, tu continues de la protéger. Enfin, les protéger puisqu’il s’agit d’elle et son enfant. »

« Je ne vais pas abandonner une femme enceinte, même si je n’ai pas la meilleure des relations avec elle, vu qu’il s’agit d’une connaissance.Je ne suis pas un monstre. »

« Est-ce que tu n’aurais pas agit comme tel avant de connaître Tery ? »

« … … … Il vaut mieux que tu arrêtes de me titiller sur ce point, Royan. Je n’aimerai pas être de mauvaise humeur pendant que nous discutions. Je vois néanmoins que tu es bien différent avec moi qu’avec les membres de ton peuple. »

« Humpf. Je vois, je vois. Tu veux me titiller aussi dans ce domaine, nous allons nous arrêter là. Néanmoins, savoir qu’elle va bien est une raison suffisante pour être heureux. Des nouvelles de Sérest et Séran ? Abandonner leur … fille, c’est bien leur genre. »

« Aucune. Depuis leur départ quelques jours après s’être assuré qu’Elen allait bien, je n’ai rien reçu d’autres. Ils m’ont simplement signalé qu’ils allaient vérifier si la source de tous leurs malheurs était toujours scellée ou non. Je ne sais pas de quoi ils parlaient mais cela semblait relativement important. De toute façon … »

« S’ils l’ont abandonnée une fois, ils l’abandonneront une seconde fois et ainsi de suite. Elle n’a personne sur qui s’agripper. Du moins, presque personne. Cela reste toujours aussi étonnant que tu t’es désignée pour t’occuper d’elle et de madame Vanian. »

« Toi aussi, tu lui donnes du madame ? » demanda Manelena, un peu surprise du terme utilisé par Royan alors que celui-ci hochait la tête, comme un peu embêté avant de se gratter la joue. Il finit par répondre d’une voix lente :

« Elle a tout mon respect pour avoir réussi à élever Tery alors que ce n’était pas une chose facile. Mais aussi pour avoir abandonner son passé, avoir son caractère et autres. »

« Il est vrai qu’elle reste … très impressionnante comme personne avec qui discuter. Cela explique pourquoi Tery était souvent droit dans ses bottes. »

« Et pourquoi est-ce qu’il était bien sage lorsque tu commençais à lever la voix. Il semblerait que cela lui rappelle sa mère, Manelena. »

Le jeune homme aux cheveux bleus s’était attendu à une réplique cinglante de la part de la femme aux yeux rubis mais rien n’arriva. Cell-ci émit juste un petit grognement avant de détourner la tête, évitant alors de répondre au roi provocateur de Traslord. Celui-ci finit par lui demander de le suivre, indiquant qu’ils allaient se rendre à la salle à manger. Pour la discussion avec les généraux, cela pouvait attendre un peu, non ?

« Tu viens à peine d’arriver, je pense que te reposer serait une meilleure chose pour le moment. Ne nous ne sommes pas à quelques heures près. »

« Je préfère te prévenir que si la discussion à table continue sur celle que nous avions dans ta salle, le peuple de Traslord va pleurer la perte de sa monarchie. »

« Je crois que je viens d’être terrifié à cette idée, Manelena, totalement maintenant. »

Il pouvait bien se moquer, il savait qu’elle ne le mettrait pas à exécution. Du temps s’était écoulé depuis leur première rencontre. Que cela soit lui avec Elen au tout début, peu de temps avant la mort de ses frères ou elle avec Tery lorsqu’il avait rejoint l’armée de Shunter.

« Bref, oui, allons d’abord nous sustenter. Ensuite, nous irons préparer les plans pour l’assaut sur les tanières de ces démons. J’espère que tu es prêt. »

« Plus que prêt. Je devrais plutôt te poser la question : est-ce que tu es certaine de ce que tu avances ? Nous n’avons aucune idée de ce qui nous attends et en même temps, contrairement à ici, ils seront à leurs avantages. »

« Ils ne savent rien de nos pouvoirs. Il est vrai qu’ils sont plus puissants que nous mais ce n’est qu’en apparence. Il suffit d’avoir plus d’expérience en combat que ces derniers pour prendre le dessus … mais aussi faire attention à leurs pouvoirs. A partir de là, si on reste sur nos gardes, il n’y aura rien à craindre et tout pourra très bien se passer. »

« Très bien, très bien … Mon armée ne s’était pas attendue à ce que Tery et Elise fassent leurs apparitions. » marmonna Royan, le regard venant s’assombrir à l’évocation du second nom dans ses propos. Sans faire un seul geste envers lui, la femme en armure noire croisa les bras à hauteur de sa poitrine avant de dire :

« Personne n’y pensait. Ce sont bien les démons les plus dangereux de leur race pour le moment. En espérant qu’ils n’ont pas d’atouts cachés dans leurs manches. Encore que de ce point de vue, je pense qu’il vaut mieux se méfier. Ils sont simplement pour le moment en découverte. C’est le meilleur moyen pour commencer à frapper. »

« Ils ne sauront pas comment réagir face à une telle situation et ne pourront pas se préparer en conséquence. C’est la seule idée un tant soit peu crédible si on veut se débarrasser des démons … et aussi les récupérer, n’est-ce pas ? »

« Je ne sais pas si c’est une bonne chose que de vouloir les récupérer. Nous ne sommes pas sûr que de toute façon, ils voudront nous suivre. »

« Ce n’est pas faux. Nous ne savons rien de ce qu’ils désirent vraiment. »

Manelena poussa un petit soupir comme pour répondre aux propos de Royan. Etaient-ils loin de la salle à manger ? Non pas qu’elle avait vraiment faim mais au moins, cela leur permettrait de changer de conversation.
D’ailleurs, dès qu’ils furent installés tous les deux, le repas se déroula dans le silence le plus complet. A part Tery et le reste du groupe, ils n’avaient pas tant de points communs que ça, loin de là. Oh … A part le fait qu’ils étaient de la royauté tous les deux. Mais même sur ce point, ils n’appliquaient pas les mêmes méthodes.

« Tu as changé, Royan. J’imagine que tu t’en es rend compte, n’est-ce pas ? »

« Il en est de même pour toi, Manelena. Est-ce pour le meilleur ou pour le pire ? Ce n’est pas à l’autre d’en décider pour soi-même. J’espère que le repas te convient. Traslord étant une nation en grande partie maritime, tu auras principalement du poisson. »

« Je n’en doutais pas le moins du monde bien que je sais que vous avez aussi de la viande. »

« Oui, bien entendu. Il ne faut pas exagérer non plus. Nous parlerons après le repas. »

C’était la meilleure chose à faire dans une telle situation. Les pensées de chacun étaient troubles et il était mieux pour eux de patienter quelques instants. Peut-être que plus tard, ils allaient mettre correctement en place de quoi préparer l’invasion sur les terres démoniaques mais avant tout ça, ils allaient devoir s’occuper de tout ce trouble.

« Alors, qu’est-ce que tu veux exactement faire, je peux savoir, Manelena ? »

Le repas allait bientôt se terminer mais pour l’un comme l’autre, il n’était pas encore question de partir comme si de rien n’était. Il se regardèrent tous les deux pendant de longues secondes, Manelena finissant par reprendre :

« Nous ne pouvons pas attaquer au hasard ces démons. Il y a tellement de grottes que cela serait problématique. De même, j’ai eut la surprise de mon côté de voir que les Gnomolds se chargeaient de la surveillance de quelques unes d’entre elles. »

« Toi aussi ? Même si c’est moins présent que chez vous, les Gnomolds existent dans notre royaume mais aussi dans celui de Claudiska. C’est d’ailleurs assez étrange, je ne l’avais jamais remarqué mais nos Gnomolds ont quelques uns de nos attributs. Pour Claudiska, ils ont aussi des petites ailes dans leurs dos. Certains arrivent à voler, d’autres non. »

« Je n’ai pas envie de m’imaginer ces créatures en train de voler. Je crois que cela serait la pire aberration qui existerait à mes yeux. Mais bon … On est pas là pour parler d’eux. C’est de ma faute mais ce que je veux dire, c’est qu’il est possible pour moi de les laisser se charger de plusieurs grottes. Ils nous restent hostiles mais en les ignorant, nous pourrons regrouper plus de forces dans quelques zones où les démons font leurs apparitions. »

« Hum … Cela laisse quand même beaucoup d’endroits. Séparer autant nos armées n’est pas une bonne chose, Manelena, tu le sais, non ? Tu étais l’ancienne maréchale de Shunter. »

« C’est exact. Ça ne sera pas aisé, loin de là. Il faut aussi que tu prennes en compte que nous ne connaissons pas vraiment plus que ça les différentes grottes où résident ces démons. Cela ne sert à rien de lancer une armée de plusieurs centaines de soldats dans un endroit où ils ne pourront s’y rendre que dix par dix. »

« Qu’est-ce que tu comptes faire alors ? Si tu m’en parles, c’est que tu as une idée bien précise en tête et je pense que nous n’allons pas foncer tête baissée dans la bataille. »

« Il y a des chances qu’il faille préparer quelques éclaireurs mais bien entourés et avec un équipement qui leur permettrait de nous tenir au courant le plus rapidement possible. De même, il nous faut le dit-équipement et pour cela, il va falloir le préparer. Enfin, vu qu’il s’agit de plusieurs grottes non-explorées, avoir de quoi produire de la lumière et d’autres choses … hum … Oui, il y a beaucoup à faire. »

« Manelena ? » questionna le jeune roi de Traslord en voyant que la femme aux cheveux argentés était maintenant plus que concentrée sur son objectif.

Rien à faire. Elle ne répondit pas. Il comprit bien assez tôt qu’elle était en train de réfléchir à toutes les éventualités, toutes les possibilités, toutes les nécessités. Oui, il en était certain. Elle était redevenue actuellement cette femme qui avait dirigé toute une armée.

Chapitre 26 : A la recherche d’informations

ShiroiRyu
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Chapitre 26 : A la recherche d’informations

Cette fois-ci, la soirée se passa tranquillement. Elle ne chercha pas à s’éloigner en pleine nuit, comme à son habitude. Elle avait voulu juste profiter d’une nuit complète, ce qui n’était pas dans son habitude. Elle avait même eut beaucoup de mal à sombrer complètement dans le sommeil mais ce n’était pas bien grave, loin de là.
A force de patience et avec les yeux fermés, lorsqu’elle avait décidé de les rouvrir le lendemain, le soleil était déjà debout, et cela visiblement depuis quelques heures. Par contre, elle s’était endormie avec ses ailes sorties, ayant fermé la porte avant ça.

« Hmmmm… Ça fait vraiment du bien. Par contre … »

Voilà qu’elle cherchait à fouiller dans son sac, en retirant une petite brosse. Elle n’oubliait pas qu’elle était une jeune femme et qu’en tant que telle, elle avait besoin de se faire belle pour Tery ! Bon, ce n’était pas encore pour maintenant mais l’effort était là !

« Bon bon bon … Ce n’est pas tout ça mais un peu de toilette ! »

Et voilà qu’elle se faisait vraiment belle pour l’occasion. Ce n’était pas dans ses habitudes de se préparer dans une chambre mais même ainsi, voilà qu’elle gardait le petit miroir installé. C’était plutôt une bonne auberge pour posséder un tel équipement. Enfin, dans la précédente où elle avait put dormir, il n’y avait pas ça.

« Bon bon bon … Mais ça n’a pas l’air si mal que ça, non ? »

Oui ! Dans le fond, elle était plutôt jolie et ça lui convenait pas mal ce qu’elle était en train de voir. Elle eut un grand sourire, finissant par remette sa cape sur ses ailes. Elle avait un petit creux à cause du fait qu’elle se soit levée aussi tard. Elle descendit au rez-de-chaussée, la serveuse lui faisant un grand sourire :

« Oh ! Bonjour, mademoiselle. Est-ce que vous avez réussi à bien dormir ? J’espère que votre chambre était à votre goût. »

« C’était tout simplement parfait ! Je n’ai rien à redire de ce côté. C’était un bien bel endroit et c’est la première fois que j’ai dormi aussi longtemps. »

« A ce point ? C’est un véritable bonheur que de savoir que vous êtes comblée. Vous savez, on met toujours un petit point d’honneur à ce que tout soit parfait pour nos clients. »

« Je veux bien croire ça … Dites-moi, qu’est-ce que vous servez pour le petit-déjeuner ? Je ne pense pas qu’une bière soit prévue dans ces moments là, non ? » demanda Krawnia dans un sourire, la serveuse rédpondant de la même manière :

« Ah si vous saviez … Certains habitués en seraient déjà à leur troisième chope à l’heure où vous êtes descendue. Non, nous nous proposons des choses plus basiques, bien entendu ! »

Alors qu’elle lui ramène cela. Avec l’estomac qui gargouillait, elle allait peut-être tout de suite passer au déjeuner mais elle devait avouer qu’elle … avait sacrément faim. Peut-être que tout son corps était déréglé maintenant avec ce nouveau rythme ? Peut-être !

« J’en sais strictement rien, moi … Hmm … OH ! »


Elle avait redressé le visage en voyant que son repas arrivait. Ah oui ! C’était presque aussi copieux que le repas du soir ! Bon, c’est vrai qu’elle avait plutôt faim mais était-ce vraiment une bonne idée que de manger autant alors qu’elle s’était levée il y a peu ?
La réponse fut oui ! Elle n’eut aucun mal à manger et cela malgré la quantité plutôt importante de nourriture qui se trouvait dans son assiette. Difficile de nier qu’elle appréciait particulièrement le fait que ça soit un repas chaud. Comme amusée, la serveuse était restée non-loin d’elle, continuant de servir les rares clients présents à cette heure-ci.

« On croirait presque que la fin du monde est proche en vous voyant manger aussi vite. »

« Je ne sais pas si la fin du monde est proche mais je sais que ma faim était forte, très forte. Donc je préfère ne pas perdre la possibilité d’un bon repas ! »

« Vous avez vraiment une façon de parler assez particulière et étrange, pas que ça soit déplaisant, loin de là, hahaha ! »

« A ce point ? Je ne sais pas pourquoi vous dites ainsi mais bon … On va dire que je vais prendre ça comme un compliment, c’est ça, non ? »

« C’est le cas ! Enfin, un compliment, une remarque bénigne mais je vais retourner au travail. Je vous souhaites une bonne route en espérant que vous reviendrez chez nous bien assez tôt … Au passage, mademoiselle … »

Hum ? Qu’est-ce que la serveuse faisait exactement ? Elle s’était rapprochée d’elle, lui chuchotant dans l’oreille avec une pointe d’amusement :

« Vos ailes sont très belles. Ne vous focalisez pas sur les personnes qui ne les apprécient pas mais plutôt sur celles qui les aiment. Sincèrement, cela vous facilitera grandement la vie même si le premier groupe est plus nombreux que le second. Montrez-leur simplement que cela ne vous affecte pas et vous verrez très vite que ceux du second groupe rejoindront le premier en moins de temps qu’il n’en faut pour dire ouf. »

Hein ? Comment est-ce que cette femme pouvait le savoir ? Elle tenta de prendre la parole mais aucun son ne sortit de ses lèvres. Parmi les légendes urbaines, celle sur le fait que les auberges avaient des éperonnes aux capacités surnaturelles était l’une des plus récurrentes.
Du moins, elle pensait que c’était qu’une légende jusqu’à ce jour. Cette femme était au courant pour ses ailes ? Pourtant, elle avait réussi à les cacher tout le temps. Le seul moment où … NON ! C’est vrai que … peut-être, les employés avaient le double des clés par mesure de précaution s’il y avait un problème dans l’une des chambres mais … est-ce que ça voulait dire que cette femme était venue la voir pendant qu’elle dormait ? Avec ses ailes déployées et tout le reste ? Non … Mais … Elle ne comptait pas prévenir l’aubergiste, n’est-ce pas ?

« Mais dans quelle galère est-ce que je me suis mise ? On va plutôt terminer le repas et aller voir ailleurs si j’y suis. » se dit-elle, peu rassurée. La serveuse était peut-être sympathique mais une simple mesure de précaution valait mieux que deux non-prévues.

PFIOU ! Le destin pouvait se montrer très capricieux parfois. Qu’une personne inconnue, même si elle se trouvait maintenant à Traslord, lui dise de telles choses, ça la chamboulait plus qu’elle ne le pensait. Même si cette personne était de Traslord vue qu’elle ne possédait pas une paire d’ailes, ça ne changeait rien à ses dires.

« Dire qu’il m’a fallut attendre plus de vingt ans pour ces mots … ah … »

Si seulement, elle pouvait les entendre se répéter à ses oreilles, elle serait tout simplement heureuse. Mais voilà, être heureuse n’allait pas l’emmener jusqu’à Tery et maintenant qu’elle était dans le royaume où normalement, il était apparu ces derniers temps, elle allait se mettre en quête d’informations à son sujet ! Et plus vite que ça, s’il vous plaît !

Par contre, par où commencer ? Car elle en avait strictement AUCUNE idée ! Oh enfin si, elle en avait une mais c’était relativement dangereux. Cela consistait à chercher l’une de ces zones où les démons apparaissaient et ensuite, les suivre pour voir où était leurs tanières. Elle ne savait pas vraiment leur mode de vie sauf que c’était souterrain.

« Je me demandes s’il n’est pas un peu triste de ne pas pouvoir retourner à la surface comme il le voudrait tant. Je … sens bien que ça doit le gêner. Je connais sa condition puisqu’elle est comme la mienne depuis toutes ces années. »

C’était sûrement pour ça qu’elle se sentait si proche du jeune homme aux cheveux bruns. Car ils vivaient la même chose. Tiens, cette femme qui était cornue elle aussi, est-ce que c’était une rivale ? Elle ne s’en rappelait plus vraiment mais ça restait une femme avec des cornes donc potentiellement dangereuse.

« Je ferais bien de me méfier un petit peu quand même par mesure de précaution. »

C’était peut-être la plus dangereuse dans le groupe vu qu’elle était plus proche de Tery que le reste, en terme de race. Deux démons qui voyageaient ensemble. Hum … Bon … Après quelques heures à voler dans le ciel, elle devait reconnaître qu’il faisait plutôt frais en Traslord. Heureusement, elle était bien loin de Shunter. Elle savait que là-bas, les températures étaient glaciales avec de nombreux icebergs, des zones enneigées et autres. Oh pas en Shunter même bien entendu mais cette partie de Traslord.

« Je n’ai pas la tenue adéquate pour aller trouver la famille de Tery et me présenter à cette dernière en tant que future femme ! »

D’ailleurs, en pensant à la famille, la sienne, elle n’avait jamais cherché à en avoir des nouvelles. Moins elle les connaissait, mieux elle se portait. Oh bien entendu, elle les haïssait pour ce qu’ils avaient fait : l’abandonner. Mais ça ne voulait pas dire qu’elle allait les chercher dans tout Claudiska pour leur faire payer cet acte.

« J’ai franchement bien mieux à faire de mes journées que d’aller chercher des personnes qui ne m’intéressent guère. »

Bon, l’ironie de la chose était qu’elle voyageait dans Traslord pour trouver quelqu’un qui ne savait même pas qu’elle était en train de le rechercher depuis des semaines. Comme quoi, elle aimait être vraiment complexe comme femme. Mais cela l’amusait d’être aussi « spéciale ».

Par contre, l’idée d’aller chercher directement dans l’une des antres des démons pour espérer mettre la main sur Tery, elle était certaine que même en étant « spéciale », cela ne passerait pas. Est-ce qu’elle devait essayer la carte « Royan » pour tenter d’avoir encore plus d’informations ? Rien ne lui permettait de ne pas essayer, non ?

« Dans le pire des cas, je n’aurai qu’un refus au grand maximum. »

C’était exactement ça et pas autrement. Rien ne lui interdisait d’aller se rendre directement au palais de Traslord, du moins, celui des glaces, car elle avait appris qu’il y en avait plusieurs bien que deux étaient « inutilisés » depuis quelques années, époque sinistre où les deux autres princes étaient morts.

« Je n’ai rien à perdre … puisque je ne possèdes rien. »

Ce mode de pensée était peut-être un peu plus que dévastateur mais il fallait reconnaître qu’il était sacrément utile dans une telle situation. La femme aux cheveux noirs avait maintenant un endroit où se rendre, mieux encore, un endroit très précis !

« Allons-y alors avant qu’il ne soit trop tard ! »

Hmm … Par contre, un autre point de réflexion vint titiller son cerveau ! Elle allait devoir trouver de quoi s’équiper plus chaudement car il était tout simplement hors de question qu’elle finisse comme un glaçon dans cet endroit.

« Mes ailes sont si douces et si fragiles … Brrr … »

Et déjà, elle avait la sensation que la chaleur n’était pas vraiment présente dans les environs, ce qui était visiblement très dérangeant pour elle. D’un petit mouvement des ailes, elle avait finit par atterrir dans une ville côtière sur l’une des nombreuses îles qui composaient l’est de Traslord. Là aussi, rien de bien surprenant.
Elle avait appris et s’était mise au courant à ce sujet : il existait plusieurs dizaines voire centaines d’îles, de plus ou moins grande taille à l’Est de Traslord. Et c’était difficile de les ignorer vu qu’il s’agissait souvent du seul point où on pouvait se reposer. Par contre, le plus étonnant, c’était le regard que certains déposaient sur elle lorsqu’elle vint atterrir au sol.

« Vous avez remarqué ? Elle vient de Claudiska, non ? »

« Il n’y a que les personnes originaires de là-bas qui peuvent voyager sans même prendre de bateau. Même nos ailés qui sont nés par ici n’ont pas assez de force dans les ailes pour être capables de faire un aussi long voyage. »

« Vous avez remarqué ses ailes aussi ? J’ai l’impression de les avoir déjà vues quelque part. Mais je ne crois pas que ça soit possible. C’est une légende de Claudiska. Pourquoi est-ce qu’elle partirait de là-bas ? Elle en a aucune raison normalement. »

Oh, même ici, il y avait des rumeurs à son sujet. Il y avait bien quelques regards inquiets et soucieux. Est-ce qu’elle devait cacher ses ailes ? C’était peut-être un peu tard maintenant que certains les avaient remarqué. Hum … Elle n’avait pas été très maligne sur le coup.

Mais bon, c’était ainsi et pas autrement ! Elle décida que par mesure de sécurité, il valait mieux ne pas trop tenter le démon. Dès qu’elle eut la possibilité de se cacher quelque part, voilà qu’elle remettait sa capuche et sa cape. Et maintenant, il n’y avait donc plus à s’en faire. Sauf sur un point : faire les boutiques.

« Et bien, ma petite .. enfin grande dame, qu’est-ce que je peux faire pour vous ? »

« Euh … Bonjour ? Je comptes me rendre à l’Ouest de Traslord et j’aimerai donc des vêtements assez chauds ou du moins capables de contenir la chaleur. Est-ce que vous auriez ça ? Sachant que je viens de Claudiska … »

« Oh donc des vêtements qui laissent passer les ailes. Ne vous en faites pas, vu le nombre de claudiskiens qui proviennent de l’Est je ne suis pas le seul magasin à posséder des vêtements … maintenant, niveau beauté, je surpasse les autres. »

Elle s’était rendue dans la première boutique de couture qu’elle avait trouvé. L’homme était assez agréable dans sa démarche et elle avait même un petit sourire aux lèvres en l’entendant parler de la sorte. De ce qu’elle avait cru remarqué, n’était-ce pas plutôt l’unique boutique de cette île en terme de vente de vêtements ? De l’autre côté, elle avait eut un bref moment d’hésitation avant de le saluer. Elle avait toujours plus de mal que prévu … sur ça. Cela risquait de lui jouer un mauvais tour un jour ou l’autre.

« Je ne sais pas exactement ce qui me conviendrait. Je comptes vraiment atteindre la zone ouest de Traslord, comme si j’allais me rendre à Shunter. »

« Ah oui, donc les endroits les plus froids de notre beau royaume. Je peux vous demander pourquoi si ce n’est pas trop indiscret ? »

« Pour aller rencontrer le prince … enfin le roi de Traslord, rien que ça. »

Le vendeur perdit son sourire, clignant des yeux quelques fois comme pour se demander s’il avait bien entendu ce qu’elle venait de prononcer et cela avec le sourire. Il valait peut-être mieux la mettre en garde tout de suite.

« Euh … Je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée. Vous êtes peut-être pas au courant mais depuis quelques mois, ce n’est pas vraiment la joie dans le royaume. Vous avez sûrement entendu parler des démons et de tout le reste. »

« C’est ça mais pourquoi n’est-ce pas une bonne idée ? C’est vrai que demander à rencontrer le roi, ce n’est pas vraiment … conseillé mais je l’ai déjà rencontré dans le passé, lorsqu’il se trouvait à Claudiska, il y a peut-être une année de cela. »

« C’est vrai qu’il est parti en un long voyage et qu’on l’a appris que récemment mais … bref, c’est plus dans son caractère actuel que je vous conseilles de vous méfier. Il est beaucoup moins facile à vivre qu’auparavant. Enfin, vous êtes prévenue. Je suis vendeur, pas là pour des ragots ou autres. Bon, vous pouvez me suivre ? Je vais vous montrer ce que j’ai comme marchandise en espérant que ça ne soit pas gâché. »

« Je ferais attention à la moindre de mes paroles si on m’autorise à le rencontrer. »

« Oui, c’est vrai qu’il faudra déjà franchir cette première étape. »

« Je le sais bien, hahaha ! Vous en faites pas ! Montrez-moi ce qu’il y a de plus beau chez vous, je suis sûre que cela sera suffisant pour m’ouvrir les portes. »

Le vendeur tenta de lui dire qu’il n’en était pas vraiment convaincu mais le sourire de Krawnia ne laissait guère de place au doute. Elle était plus que sûre qu’elle allait y arriver. A voir si maintenant, elle allait pouvoir garder une telle conviction pour plus tard. La femme aux yeux dorés se dirigeait tranquillement et doucement à la suite du vendeur.
Une trentaine de minutes plus tard, elle avait les mêmes habits qu’à son entrée. Par contre, la différence était que son sac semblait plus rempli. Elle n’avait pas besoin de mettre son achat pour le moment, il faisait encore assez bon dans les environs bien qu’un peu humide.

« Heureusement que j’avais de l’argent … Je ne savais pas que cela reviendrait aussi cher à Traslord. La vie est vraiment différente par ici. »

Elle ne le remarquait que maintenant mais … c’était un tout autre mode de vie. Vu qu’ils habitaient sur des île flottantes, certains parfois sur des bateaux volants qui vagabondaient dans tout Claudiska, il n’y avait que peu de zones où trouver de l’eau en grande quantité. Oh bien entendu, cela existait … mais elle-même avait les yeux grands ouverts en regardant ce qui semblait être un imposant bateau de pêcheur avec au moins une dizaine de personnes sur son pont. Le plus étonnant n’était pas ces derniers mais plutôt les poissons pêchés. Ils étaient … immenses ! Mais vraiment, du genre colossaux ! Elle ne s’était pas attendue à ça, pas du tout et elle les regardait, bouche bée.

« Ben dis donc, je crois qu’on a attiré une donzelle aujourd’hui. »

« Et en plus, elle est loin d’être vilaine, je dirai même tout le contraire ! »

« Qu’est-ce que vous voulez, la petite dame ? Intéressée par la pêche ? »

Oh ? Hein ? OH ! Ils s’adressaient à elle, n’est-ce pas ? Bon, c’était vrai qu’elle donnait l’impression d’être complètement subjuguée par ce qu’elle voyait et … ils n’avaient pas tort. Les yeux toujours rivés sur le résultat de leur pêche, elle dit d’une voix enjouée :

« Ce n’est pas trop difficile de pêcher ces poissons immenses ? Chez nous, ils font peut-être qu’un cinquième de cette taille généralement et là, vous en avez récupéré tellement … »

« C’est le métier qui veut ça … et aussi nos lignes. Certains maîtrisent l’eau depuis des générations tandis que d’autres maîtrisent la magie élémentaire du vent. Suffit juste de pouvoir se coordonner et hop ! »

« Je crois qu’elle parlait plus du fait qu’il s’agissait de gros poissons, pas de comment qu’on arrive à les capturer. Depuis le début, elle te regarde pas, elle est plus intéressée par la poiscaille que par ta tronche, désolé pour toi ! »

« Et merdeeeeeeeeeeeee ! Bon ben … On va dire que certains se laissent faire, d’autres sont plutôt réticents et aiment se frotter à nous. C’est pas aussi marranr que ça en a l’air. »

« Oh, je vois, je vois ! Et si on vole au-dessus de l’eau, est-ce qu’il y a une chance que ces poissons tentent de nous gober ? »

Les pêcheurs la regardèrent avec surprise, ne s’étant visiblement pas attendu à une telle question de la part de la femme aux longs cheveux noirs. L’un d’entre eux se passa une main derrière le crâne avant de s’exclamer :

« Ceux-là, pas vraiment mais il est vrai que j’ai déjà entendu parler de quelques claudiskiens qui se seraient fait bouffer complètement par des poissons immenses, genre qui font au moins cinq à dix fois la taille de ceux-là. »

« Oh … C’est intéressant ! Je n’aurai alors qu’à faire attention lorsque je vais voler entre chaque île en me dirigeant vers l’ouest, merci ! »

Et voilà qu’elle partait avec un petit sourire aux lèvres, laissant les pêcheurs un peu abasourdis par la dernière réplique de la jeune femme. Qu’est-ce qu’elle venait de dire ? Est-ce qu’elle avait insinué que depuis Claudiska, elle était venue ici en volant ? Ce n’était pas vraiment possible. Plus aucun de ces hommes-oiseaux n’agissait de la sorte, et cela depuis très longtemps. Il fallait une maîtrise des vents marins sur-développée pour ne pas sombrer dans les mers autour des îles et se noyer.

« Bon … J’ai tout ce qu’il faut par ici. D’après le temps et l’heure, je ne suis qu’en début d’après-midi. Je peux donc m’en aller ! »

Pas besoin de rester plus longtemps par ici. Elle s’éloigna du village où elle avait mis pied, attendant une bonne quinzaine de minutes de marche pour avoir assez de distance avec cet endroit avant de laisser déployer ses ailes. Quelques secondes plus tard, elle était déjà dans les cieux mais elle ne regardait pas vraiment devant elle.

« Alors, certains d’entre vous tenteraient de me dévorer ? »

Elle s’adressait aux poissons qu’elle pouvait remarquer dans la mer, certains d’entre eux l’observant tout en faisant des bulles. Parfois, elle ralentissait juste pour pouvoir les étudier plus longuement. Oh, certains se rapprochaient de la surface et ils étaient à peine plus gros ou petits que ceux que les pêcheurs avaient réussi à attraper sur leur bateau.

« Dommage que je n’ai pas de temps à perdre avec vous ! Si je veux retrouver Tery, je vais plutôt devoir me débrouiller pour chercher des indices sur les démons, pas sur la vie maritime. Allez, bye, bye !: Bonne chance à vous ! »

Et voilà qu’elle décollait en ligne droite, volant simplement à la surface de l’eau pour créer des vagues derrière elle. Sur son chemin, elle remarqua quelques bateaux, passants à côté d’eux sans même s’arrêter.
Maintenant qu’elle était à Traslord, une toute nouvelle expérience débutait et elle allait devoir apprendre tout depuis le début ou presque. Interdiction de s’arrêter ! Quitte à découvrir tout ce qui entourait Claudiska, royaume qu’elle n’avait jamais quitté avant ces derniers jours. Et tout cela simplement pour retrouver un homme ! Elle était folle … mais heureuse. Mais elle était folle ! Et cela, elle ne s’en cachait pas !

Chapitre 25 : Malgré les frontières

ShiroiRyu
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Chapitre 25 : Malgré les frontières

Héhéhé ! Depuis sa visite dans le dernier village, elle était heureuse, vraiment très heureuse. Il fallait dire qu’elle avait obtenu ce qu’elle désirait : Une tenue pour cacher ses ailes et sa chevelure ! A partir de là, elle était donc maintenant apte à pouvoir traverser chaque ville et village de Claudiska sans aucun souci. Elle allait même pouvoir communiquer avec les personnes qui l’entouraient sans que ces derniers ne tentent de la tuer et lui arracher les ailes. Bon, d’ailleurs, c’était le moment d’essayer, n’est-ce pas ?

« Bon bon bon … Cette tenue n’est pas vilaine du tout en plus. »

Une belle cape rouge liée à une capuche de même couleur. Oui … Mais surtout, elle était des plus imposantes. Bon le seul souci, c’est qu’il fallait bien replier les ailes pour ne pas les froisser et les blesser mais ça faisait exercer une petite pressure un peu désagréable. Le déplacement allait juste être un peu plus difficile mais rien de bien dramatique. Pfiou … Pourquoi est-ce qu’elle se sentait comme une jouvencelle qui découvrait pour la première fois le monde Claudiska ? Elle savait déjà à quel point il était horrible et laid, ce n’était pas nouveau et rien n’allait arranger les choses hein ?

« Hahaha … Peut-être parce que je sais que ça changera rien ? »

Elle était un peu défaitiste mais on ne passait pas une vingtaine d’années entourée par des personnes qui vous haïssaient sans avoir le comportement qui allait en conséquence hein ? Elle eut un léger soupir désabusé avant de s’entourer de la cape rouge. Ce n’était pas le moment de flancher. Hum … Pour ses cheveux, autant les laisser avec ses ailes, ça ne servait à rien de vouloir les mettre en chignon, cela reviendrait à avoir une vilaine bosse sur le derrière du crâne. Bon … On ne voyait que son visage … mais normalement, il n’était pas si connu que ça, n’est-ce pas ? Elle pouvait donc aisément s’en sortir … normalement.

« Et bien, ma grande dame, c’est la première fois que je vous vois ici ! Z’êtes en pélerinage ? »

« Hein … Euh … C’est à moi que vous parlez ? »

« Bien entendu, à qui d’autres vous voudriez que je m’adresse ? Les visiteurs sont vraiment très rares chez nous. Faut dire qu’on est qu’un petit village de rien du tout ! »

« Oh euh hein … Non. Ca m’a l’air très bien, vous savez ! »

« Voilà que vous êtes toute perturbée, hahaha ! Vous en faites pas, on ne pince pas par ici. Vous trouverez facilement l’auberge dans le village, c’est l’un des plus gros bâtiments des environs de toute façon. Bonne chance par ici ! »

Elle était juste en train d’assimiler ce qui venait de se passer. Elle avait encore beaucoup de mal à croire qu’elle avait eut une conversation normale avec quelqu’un de sa race. C’était si … unique que cela l’avait complètement perturbée.
Elle ne savait pas le moins du monde comment elle devait réagir et c’était pour ça qu’elle s’était exprimée en bredouillant quelques mots. Enfin, elle regardait le villageois partir, jugeant un peu ses ailes dans son dos. Usées et ternes, elles étaient vraiment différentes des siennes qui étaient resplendissantes voire magnifiques.

« A se demander s’ils ne sont pas au final jaloux de moi. »

Peut-être ? C’est vrai que ça serait une raison plausible au fait qu’ils la détestaient tous. La jeune femme sous sa capuche rouge reprit la route, se dirigeant vers l’auberge. Elle avait accumulée une coquette somme puisqu’elle ne pouvait pas vraiment l’utiliser avant aujourd’hui. Donc, se faire un petit repas chaud ne serait pas une mauvaise idée.

« Tiens ! Une nouvelle tête ! Laissez-moi deviner : Z’êtes de passage dans le coin et vous repartez directement après votre repas, c’est bien ça ? Vous êtes du genre nocturne ? »

« Euh … Oui, je suis bien nocturne, oui, oui ! Mais une chambre ne me ferait pas de mal justement ! Et aussi un repas, enfin et une boisson. Enfin, un peu tout ! »

« Hahahaha ! Vous avez l’air bien amusante comme femme. On pourrait presque croire que c’est la première fois que vous venez dans une auberge. »

« Voyons, un petit peu de sérieux quand même. Comment cela pourrait être le cas ? J’ai plus de vingt ans, presque vingt-cinq ! »

« Et pas froide aux yeux pour donner ce genre de petits détails personnels. Ouais, je pense que je vais bien vous aimer. Alors, vous voulez savoir le repas du soir ou vous préférez que l’une de mes serveuses vous donne le menu ? »

Elle était maintenant songeuse. Dans le fond, elle n’y avait pas vraiment réfléchit mais peut-être que ça ne serait pas une mauvaise idée que de prendre le repas du chef ! Elle signala que ce qu’il préparait pour ce soir sera parfait pour elle avant qu’elle ne regarde autour d’elle. Il n’y avait pas tant de monde que ça, sûrement beaucoup d’habitués. Ils l’ignoraient complètement sauf quelques oeillades discrètes.

On vint lui servir et avec le sourire de la servante, s’il vous plaît ! Encore un peu abasourdie par tout ça, elle la remercia avant d’observer son repas. Cela ressemblait à une soupe chaude, avec quelques morceaux de lard bien épais tandis qu’on lui ramenait un pichet de vin. C’est vrai qu’elle avait de l’argent et qu’elle pouvait donc en profiter mais … wow .

« C’est vraiment pas la même sensation en fait ?! »

Elle était en train de se nourrir et s’abreuver comme si elle venait de sortir d’un jeun de plusieurs semaines. Elle était littéralement en train de dévorer tout ce qui se trouvait dans son assiette et et elle buvait directement au pichet, sans se préoccuper de ce qu’elle montrait comme image d’elle. Dans cette situation, toute façon, elle en avait déjà une plus que mauvaise, ce n’était pas comme si rien n’allait s’arranger.

« C’est peut-être le contraire, justement … Ca peut s’arranger dans le fond. »

Est-ce qu’elle était juste prête à garder sa chevelure et ses ailes cachées pendant tout ce temps où elle allait vivre en communauté ? Sachant qu’elle comptait voyager ? BAH ! Si c’était pour avoir une telle nourriture et boisson, elle pouvait clairement faire un petit sacrifice de temps en temps. Ses yeux dorés jugèrent ceux qui l’entouraient. Bah … quoi ? Maintenant, tous la regardaient en train de manger.

« C’est délicieux ! Je vais pas me priver de le signaler, non ? »

« Hahaha ! Elle n’a pas tort la demoiselle. Au moins, avec une telle franchise, ça lui sera plus qu’utile dans la vie même si parfois, il ne faut pas hésiter à édulcorer ses propos ! »

« Oh ? Euh … Je noterai ça pour la prochaine fois, merci ! Je n’étais pas au courant à ce sujet mais d’accord, merci ! »

Elle n’était pas sûre d’avoir vraiment tout saisi dans les propos autour d’elle mais vu qu’elle était en train de parler comme si de rien n’était avec d’autres personnes, il fallait avouer que ça ne la dérangeait pas le moins du monde. Du moin,s, pour l’heure ! Car elle n’avait aucune idée de comment la situation allait s’avancer maintenant.

« Pfiou … Je crois que j’ai bien mangé ! Je vais peut-être aller dans ma chambre ! »

Elle alla récupérer la clé, saluant les personnes présentes avant de grimper à l’étage pour aller en direction de sa chambre. A l’intérieur, POUF ! Elle s’écroula sur le lit. Ah oui, quand même, elle y avait le droit dans la tour mais cette sensation qu’elle retrouvait après plusieurs mois, elle était loin d’être déplaisante. Et puis, c’était pas vraiment pareil dans la tour. Ce n’était pas aussi moelleux et bon.

« Bon bon bon … Et maintenant, j’imagine que c’est l’heure d’aller faire une petite sieste que j’ai bien méritée, même si ce n’est pas l’avis de tous ! »

Mais par mesure de précaution, elle allait simplement dormir avec tous ses habits pour ne pas que ses ailes se dévoilent. Bon, par contre, le réveil, elle sentait que ça allait être difficile … et en même temps, le sommeil, ça n’allait pas être mieux.


Et comment ça ? Tout simplement qu’elle n’arriva pas à trouver le sommeil aussi facilement que prévu. Il fallait s’en douter en un sens. C’était dommage mais ici, elle restait entourée par des inconnus. S’ils apprenaient la vérité, ils n’hésiteront pas un seul instant à vouloir lui arracher les ailes et à la jeter comme un malpropre voire pire.

« Hahaha .. Au final, ça n’a rien changé. »

Peut-être qu’elle avait plus de commodités, qu’elle allait pouvoir faire les courses et autres mais ça ne changeait rien à la situation. Il était tout simplement impossible pour elle de pouvoir dormir correctement. Ah … C’était risible, vraiment risible et pathétique. La jeune femme à la longue chevelure noire tenta de fermer les yeux.

« Je dois me concentrer, ce n’est pas possible autrement. Peut-être qu’en ne pensant à plus rien du tout, je ferais alors le vide dans mon esprit et tout ira bien mieux ? »

C’était une solution comme une autre. Pourtant, elle n’y croyait pas le moins du monde. Oui, c’était ainsi et pas autrement. Yeux clos, yeux clos, plus rien du tout. Mais ses pensées se focalisaient sur les paroles d’autrui, sur les murmures de ceux et celles qui l’entouraient. Dans cette chambre, elle était seule mais elle avait décidé de fermer la fenêtre. Avec ses capacités sensorielles surpassant celles des autres et sa maîtrise de l’élément du vent, elle était capable de comprendre le moindre murmure d’autrui. Utile … et non.

Disons que pour découvrir des secrets, c’était une bonne chose. Par contre, pour entendre les insultes soufflées à son encontre, c’était tout de suite bien moins plaisant mais … elle ne pouvait rien y faire malheureusement. C’était ainsi et pas autrement. Finalement, au bout d’une bonne demie-heure à tourner sur le matelas, elle arriva à plonger dans un sommeil qui se voulait réparateur.

Sommeil très court, qui dura à peine quatre heures. Quatre heures, mais c’était largement suffisant pour elle. La nuit était tombée entre temps et maintenant, elle restait assise sur le lit, les jambes ramenés à hauteur de son visage. Sa tête posée dessus, elle observait la lune à travers la fenêtre de sa chambre. A cette hauteur, les nuages ne la cachaient guère.

« Elle est vraiment belle … et si inaccessible en même temps. »

Un peu comme elle, n’est-ce pas ? Elle eut un petit rire pour elle-même mais ce n’était pas bien grave et important. Du moins, ce n’était pas le moment de trop réfléchir. Elle avait vu que sa petite expérience lui permettait d’avoir une vie à peu près normale. Elle n’allait pas sauter toutes les étapes et se remettre en route !

Voilà. Elle était à nouveau dehors, comme si de rien n’était. Bon, elle était passée par la fenêtre. Comme elle avait payé pour sa chambre, ce n’était pas comme si elle était en train de fuir comme une voleuse non plus hein ? Mais se promener dans la nuit étoilée, c’était une habitude dont elle voulait profiter un maximum.

« Ah … Bon … Les frontières sont de plus en plus proches. Là-bas, je n’aurais plus besoin de cacher mes ailes, hahaha. C’est une bonne chose ! »

Elle allait voyager, voyager, voyager, comme à son habitude. Sans jamais réellement s’interrompre, elle était endurante, très endurante. Ses repos étaient présents au minimum tandis qu’elle volait au-dessus des nombreuses îles, tel un oiseau de proie. Parfois, quelques gardes cherchaient à l’arrêter avant de comprendre qui il s’agissait.


Certains avaient même le courage de lui dire de ne pas passer au-dessus de leur village ou ville pour éviter d’apporter le mauvais sort. Dans ce genre de situations, elle faisait alors un petit détour. Oui, ça ne lui plaisait toujours pas qu’on l’insulte de la sorte mais au moins, ils tentaient de s’exprimer en sa direction, ce qui n’était quand même pas rien dans le fond.

Peut-être qu’un jour, à part Tery et ses compagnons, d’autres s’adresseront à elle malgré ses ailes ? Un jour, peut-être, oui. Mais même ainsi, qui sait si elle-même accepterait une telle situation ? Car rien n’était moins sûr dans le fond. Le fait de se retrouver considérée comme une paria pendant toutes ces années avait joué sur son mental.

« La confiance règne, règne, règne … mais pas avec moi dans les alentours. On ne peut pas me faire confiance et je ne peux pas offrir la mienne comme si de rien n’était ! »

C’était aussi simple que ça. Ah … OH ! Il était temps de commencer à descendre peu à peu, n’est-ce pas ? Preuve qu’elle se rapprochait de la frontière entre Claudiska et Traslord. Elle n’avait jamais quitté le pays mais il fallait bien une première fois à tout.

« Bon ben, qui c’est qui va se jeter à l’eau ? C’est Krakra ! » s’exclama t-elle pour elle-même.


Heureusement qu’elle ne donnait pas ce surnom à d’autres sinon, elle ne saurait pas où se mettre. Pour autant, la femme aux cheveux noirs vint descendre, remettant correctement ses ailes sous sa cape mais aussi sa capuche. Une simple mesure de précaution alors qu’elle finissait par arriver devant le poste de garde.

« Stop … Expliquez la raison de votre traversée sur les terres de Traslord. Pouvez-vous confirmer que vous n’êtes pas une démone ? »

Ah … Euh … La sécurité avait été un peu renforcée depuis le temps, non ? Elle retira la capuche, avec un peu de désillusion vue qu’elle venait à peine de la mettre. Ses yeux dorés se posèrent sur les gardes. Tant qu’elle ne montrait pas ses ailes, cela devait passer, n’est-ce pas ? Les gardes l’observèrent avant de dire :

« Les démons sont incapables de cacher leurs cornes et il n’y a aucune trace comme quoi vous vous les êtes arrachées. Est-ce que vous pouvez juste nous signaler la raison de votre traversée ? Nous ne faisons que notre travail. »

« Simplement de l’exploration et aventure. Je n’ai jamais quitté Claudiska depuis que je suis née et je me suis enfin dit que c’était le bon moment pour ça, rien de plus. »

« Oh … Hum … Faites attention à vous quand même. Les soldats de Traslord sont bien moins sympathiques que nous, surtout depuis leur nouveau roi. »

« Je prends bonne note de vos propos et je vous remercies. Je ne me m’inquiète pas. »

Elle salua les gardes, traversant la frontière avant de finalement jeter un bref regard en arrière. Oh… Donc à partir de là, est-ce que ça voulait vraiment dire … qu’elle avait quitté Claudiska ? Pfiou … Elle était un peu impressionnée, un peu inquiète mais en même temps, elle devait avouer que c’était assez … entraînant ?

« Je ne pensais pas que ça serait aussi simple. Hahaha ! A moi donc la découverte de ce nouveau monde ! Ça va être vraiment une excellente nouvelle ! »

Pour qui ? Ben pour elle seulement ! Elle n’allait pas partager son bonheur avec autrui. Par contre, le fait de voir tous les nuages au-dessus d’elle, il fallait avouer que ça avait un petit côté un peu perturbant. Elle se demanda si le ciel pouvait vraiment lui tomber sur la tête mais aussi si elle arriverait à traverser les nuages, ils étaient vraiment haut.

« Peut-être que je devrais juste arrêter de me préoccuper de ces futilités comme si de rien n’était ? Hmm … Ca serait sûrement beaucoup mieux, oui ! »

Elle tapa du poing contre sa poitrine. Le plus important était d’aller à la rencontre des citoyens de Traslord. D’ailleurs, ce ne fût pas bien difficile de trouver un petit village non-loin de la frontière entre les deux royaumes. Un village qui était des plus prospères à première vue. Bien qu’il ne soit pas très grand, son auberge était assez imposante et les bâtisses étaient très bien entretenues. Hmm … L’afflux de voyageurs devait sûrement leur permettre un train de vie des plus appréciables contrairement à d’autres villages.

« Bah … Je ne suis pas là pour faire des réflexions sur l’économie liée aux flux. »

Bon bon bon ! Nouvelle session dans l’auberge alors ? La femme aux cheveux couleur d’onyx se dirigea vers celle-ci, regardant aussitôt autour d’elle lorsqu’elle pénétra à l’intérieur. Et bien, c’était exactement ce qu’elle pensait au début : Il y avait une foule immense et personne ne tourna son visage vers elle lorsqu’elle arriva.

« Au moins, je ne risque pas d’attirer l’attention. Gardons les ailes cachées au cas où. »

Et maintenant ? Direction vers le comptoir pour aller commander à boire. Lorsqu’elle la vit se présenter à lui, la tavernier haussa un sourcil, disant :

« Vous allez vers Claudiska ou alors vous en revenez ? C’est vraiment étrange, n’est-ce pas ? Je sens que vous êtes l’une de ces femmes-oiseaux mais étrangement, votre regard doré me perturbe un peu. Vous savez que ce n’est pas le bon moment pour se rendre à Traslord et … »

« Qu’importe ! Vous n’avez pas tort du tout ! Je comptes bien me rendre à Traslord, comme vous l’avez parfaitement deviné, hahaha ! »

« Soit … Vous savez que c’est très dangereux en ce moment hein ? On est peut-être dans un village du royaume mais je tiens à prévenir chaque personne qui compte s’enfoncer dans le royaume. Une simple précaution. Perdre un client, ça serait vraiment dommage. »

Oh ! Elle comprenait parfaitement où l’homme voulait en venir. Néanmoins, elle commanda une simple bière tout en signalant qu’il n’avait pas à s’en faire par rapport à tout ça. D’un geste nonchalant de la main, elle dit ensuite :

« Je suis assez grande pour me débrouiller seule. J’ai vécu comme ça pendant des années ! Dites-moi, y a t-il des rumeurs par rapport à la personne qui dirigeait la tour unifiant les relations entre Claudiska et Traslord ? »

« Cette grande tour que l’on voit au loin ? Oui, y a des rumeurs depuis quelques mois. Paraîtrait que y avait en fait un oiseau géant là-haut. J’en sais pas plus mais c’était avant un incident. Et cet incident serait responsable de la venue de ces … démons. Ces types cornus dont j’entends souvent parler dernièrement. »

« Oh, d’accord, d’accord. Et euh … hum … Comment dire … Par rapport à la gardienne de la tour, vous aviez des informations à son sujet ? »

« Elle ? Ouais, bien entendu, mais ça, c’est maintenant dépassé. Paraitrait qu’elle s’est enfuie comme une lâche après la mort de l’oiseau géant au sommet de la tour. C’était une porteuse de malédictions à tel point qu’elle aurait été responsable du décès de l’aigle bicéphale quoi. »

« Wow … C’est sacrément violent non ? Comme affirmation. Elle aurait de tels pouvoirs ? Ca ne serait pas un peu exagéré par hasard ? »

« Ah moi, vous savez, ce que je vois pas, je crois pas mais disons que je sais que ça a la vie dure par ici. Tous les citoyens de Claudiska qui passent par ici et qui en parlent, ça n’a jamais été en bien . Vous voulez une table pour manger un morceau ? Vous restez pour la journée ? »

« Hmm … Les réponses sont oui et oui ! Je veux bien pour chacun, hahaha ! »

« Vraiment, z’allez l’air d’être sacrément heureuse. Je sais pas trop ce qui vous met dans cet état mais ça me fait plaisir de vous faire plaisir ! »

« Je suis aisée à rendre souriante. Mais vraiment … Je pensais que c’était beaucoup plus compliqué par rapport à tout ça. Comme quoi, des fois, on s’inquiète pour pas grand-chose. »

« Je ne vois pas de quoi vous parlez mais qu’importe. Si vous avez faim, attendez donc que je demandes au cuisinier de préparer le repas ! »

Pour toute réponse, la femme aux cheveux noirs vint faire un grand sourire enjoué. Elle était plus que souriante, visiblement enjouée par tout ça. Elle se dirigea à une table, un peu isolée des autres. Oui, bon, elle n’allait pas chercher à se faire draguer non plus hein ? D’ailleurs, si quelqu’un cherchait à s’approcher d’elle, elle allait juste les renvoyer poliment. Si cela ne suffisait pas, un petit coup de vent sous la forme d’un mur invisible leur empêchera de continuera à converser avec elle.

« Autant passer une bonne session en étant tranquille. J’espère juste … que Tery va bien, héhéhé. Mais maintenant, je suis là où il se trouve. »

Et donc, il ne fallait plus qu’une question de chance et donc trouver un endroit où les démons apparaissaient. A Claudiska, ils n’avaient pas vraiment ce souci et donc, elle n’avait que peu d’information à ce sujet et cela lui sera plus que problématique.

« Votre repas, mademoiselle. Je vous emmènes à boire pendant que vous mangez. »

Une serveuse qui lui faisait un sourire délicat. Cacher ses ailes pour obtenir une telle réaction, elle avait encore un peu de mal à s’admettre que cela lui était beaucoup plus utile qu’elle n’y pensait. C’était juste … dramatique … d’en arriver à ça.

« Oh ? Merci merci. Je vous remercie beaucoup. C’est très sympathique et je vais patienter mais prenez votre temps. Remerciez le cuisinier pour le repas. »

Elle était un peu fatiguée … psychologiquement. C’était étrange mais oui, elle se sentait un peu usée. C’était comme perdre son identité à chaque fois qu’elle décidait de chercher un instant de calme et tranquillité. Autant dire que ce n’était pas vraiment ce qu’elle appréciait à cet instant. Mais … Un petit effort.

« Vous semblez un peu triste, mademoiselle. Est-ce que vous voulez en parler ? »

« Oh, je ne penses pas que ça soit un sujet que je dois évoquer avec quelqu’un, j’en suis vraiment désolée. J’espère que vous comprendrez. »

« Je comprends parfaitement et c’est à moi de m’excuser. Je me mêles de choses qui ne me regardent pas. Mais des fois, certaines personnes ont besoin de se confier. »

« Je vous remercies de votre sollicitude. »

Et ce fût la fin de la conversation. Malgré le fait qu’elle était heureuse de pouvoir manger et dormir normalement, une part d’elle restait définitivement triste de cette situation.

Chapitre 24 : Oiseau solitaire

ShiroiRyu
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Chapitre 24 : Oiseau solitaire

« Lalala … Lalala … Lalalalalalala ! »

Une jeune femme était en train de chantonner gaiement, ne semblant pas se préoccuper de ce qui se trouvait autour d’elle. Il fallait dire qu’il n’y avait que des nuages et que seul le battement régulier de ses ailes se faisaient entendre dans l’immensité bleutée qui l’entourait. Souriante, elle avançait tranquillement, comme si la vie n’était qu’un long souffle tranquille, se laissant bercer par le vent et les mouvements aériens pour la guider.

« Je me demandes où je vais être emmenée aujourd’hui. Hum … Ah … Cela fait déjà si longtemps depuis ce jour où ils sont partis. »


Maintenant de dos par rapport au sol, comme si elle n’était nullement effrayée que ce dernier se rapproche dangereusement d’elle si ses ailes stoppaient leurs mouvements, elle observa le ciel. A cette hauteur, il y avait bien moins de nuages mais pourtant, ils étaient encore présents et elle en profitait pour les compter.

« Un, deux, trois, nous sommes aux abois. Quatre, cinq six, on nous aura pas par surprise. »

Petit comptine qu’elle venait d’inventer. Elle appréciait deux fois plus les paroles dernièrement. Il fallait dire que maintenant qu’elle était libre de tout engagement, certains ne se gênaient pas pour tenter de lui faire la peau.

« Ah … Je vous jure. Un petit moment de calme et de tranquillité, n’est-ce pas trop demander ? Vous pourriez pas me laisser en paix pour quelques heures ? »

D’un geste nonchalant, voilà qu’elle créait quelques lames d’air autour d’elle, des cris résonnant comme des échos, signe que les corps de ses poursuivants tombaient les uns après les autres. Un long soupir aux lèvres, elle gardait les yeux fermés tout en disant :

« Au moins, je m’amusais … Je ne sais toujours pas si c’était un coup de foudre. »


Mais si ce n’était pas le cas, comment expliquer ce qu’elle avait ressenti à son apparition, à ses paroles, à son départ ? Malgré ses obligations, elle avait désiré partir d’ici mais ce n’était plus le cas maintenant et elle était libre comme l’air !

« Ah … Jusqu’à Traslord, je vais en mettre du temps, beaucoup de temps. Surtout si on décide de continuer à me déranger en permanence, n’est-ce pas ? »

Mais cette fois-ci, il s’agissait de rapaces qui avaient décidé de faire d’elle leur prochain gueuleton. Finalement, les yeux s’ouvrirent, laissant paraître deux pupilles dorées avant qu’elle ne se redresse dans les airs, déployant ses ailes. L’une était faite de plumes noires, comme celle d’un corbeau tandis que l’autre ressemblait à celle d’une chauve-souris. La longue chevelure noire flottait derrière elle, un petit éclat blanc de tissu se trouvant au bout alors qu’elle craquait ses doigts en finissant de dire :

« Vous avez vraiment décidé de me fatiguer tout le long de la journée, hein ? Si vous n’avez pas compris que je n’ai plus aucune raison de rester dans cette tour, vous ne pourrez rien faire pour m’en empêcher. Il est mort et c’est tout ce que cela implique ! Maintenant du vent ! »

Et voilà qu’elle recommençait un joli petit carnage bien particulier avec ces rapaces qui espéraient pouvoir se faire un gueuleton avec elle. La jeune femme aux cheveux noirs n’avait aucun problème pour les éliminer, terminant son œuvre quelques instants après l’avoir commencée. Et oui, le ménage, c’était comme ça qu’elle l’accomplissait.

« J’espère que vous avez compris la leçon, les enfants. Maintenant, ne revenez plus me déranger, c’est bien compris ? Si tel est le cas, je préfère être seule. Du moins, pas vraiment .. mais pas en votre compagnie, quoi. »

Ah … Bon, elle allait peut-être devoir se trouver un petit village où se reposer, non ? Ce n’était pas tout ça mais avec le sang sur ses habits, un petit décrassage ne serait vraiment pas du luxe pour elle. OUAIP ! Elle avait pas vraiment fière allure.

« On attire pas les mouches avec du miel ! »

… … … Hmm. Elle n’était pas vraiment certaine qu’elle était en train de se complimenter en se comparant de la sorte. Encore que si, vu qu’elle s’incarnait dans le miel, c’était pas une mauvaise chose dans le fond mais ce n’était pas le bon moment pour se mettre en valeur ! Elle allait plutôt chercher un bon bain !

« On veut pas de vous dans cet endroit ! C’est pourtant pas compliqué ! »

« Même contre de l’argent ? Vous êtes vraiment difficile en affaires … ou alors, quelque chose vous dérange chez moi ? Je vous écoutes, je suis vraiment toute ouïe à ce sujet. »

« Tu le sais parfaitement ! On ne veut pas de d’une être maudite par son sang ! »

« Tout cela simplement à cause de mes ailes, n’est-ce pas ? »

« Tu pues la mort et la corruption. Tu es néfaste et tu emmènes le mauvais présage rien qu’en apparaissant. Tu portes malchance ! »

« Ah ces vieilles comptines. Même dans des endroits perdus dans Claudiska, on finit par les entendre, visiblement, hein ? Bon, c’est dommage mais qu’importe, je trouverais sûrement ailleurs un endroit qui voudra bien de moi. »

C’est pour cela qu’elle avait tout simplement quitté le village après s’être servi dans le marché aux légumes. Oh, elle avait de quoi payer mais personne ne voulait de son argent. Résultat ? Elle se servait elle-même et si cela les dérangeait, ils pouvaient toujours tenter de l’arrêter. Ca serait bien beau comme résultat, ah ! Mais aucun n’allait oser une telle chose.

« Bandes de connards écervelés. La prochaine fois, je n’aurai aucune hésitation à vous exterminer tous pour vous apprendre à me traiter comme une paria. »

De bien belles paroles mais qu’elle n’allait jamais mettre en action. Elle était comme ça : non-violente. Ce n’était pas vraiment très crédible mais ce n’était pas un problème, loin de là. La femme aux ailes si différentes vint s’installer contre un rocher, observant les légumes qu’elle avait récupérés. Au moins, avec ça, elle pouvait se faire un petit repas. Le problème, c’est que ça manquait de viande. Elle marmonna :

« Peut-être que j’aurai pu me servir chez le boucher ! »

AH ! Il aurait sûrement tenté de lui couper les ailes avec son hachoir mais qu’importe, elle n’aurait pas eut vraiment de mal à l’arrêter, et cela à mains nues si nécessaire. Hum … Maudite, malédiction, porteuse de mauvais événements.

« Je vais presque finir par croire que la tour, ce n’était pas une si mauvaise chose. »

HAHAHA ! Non … Même pas en rêve. Elle n’était pas conne, elle savait pourquoi ils avaient tant voulu qu’elle gère cette dernière. Tout simplement pour qu’elle soit isolée et que personne ne puisse subir sa malédiction. C’était n’importe quoi ! Bien entendu, quelques malheureux devaient l’accompagner mais généralement, il s’agissait de fouteurs de troubles. Et bien souvent, ils étaient très calmes après qu’elle se soit chargée d’eux.

« Y a bien qu’à Claudiska que je suis traitée comme une moins que rien. »

Et encore, moins que rien, ça voulait dire qu’on envisageait de la considérer comme quelque chose. Sauf que la réalité était toute autre : On ne voulait VRAIMENT PAS la voir en peinture. Il en était hors de question, ne serait-ce même que converser avec elle. Ouais, tout ça parce qu’elle avait été abandonnée à la naissance, mise dans un orphelinat et que même dès quatre ans, l’orphelinat avait mystérieusement brûlé.
Depuis ce jour, même si une famille avait essayé de l’adopter, ça n’avait pas duré. Moins d’une année avait suffit à ce que l’homme de la maison se retrouve sans emploi, que la mère perde toute fertilité et ainsi de suite et que leur seul garçon ait un accident mortel. A partir de là, sa réputation était faite ! Ah … Sacrée réputation.

« Limite, si on m’avait traité de gourgandine ou de femme de joie, je suis sûre que ma vie aurait été largement meilleure. Chienne de vie, oui. »

Tout cela aurait été beaucoup plus simple normalement. Du moins, c’est ce qui était prévu. Que tout se passe bien mieux, tout ça … mais dans le fond, il valait mieux ne plus trop espérer de ce côté là. AH ! Quelle idiotie ! La seule chose qui la motivait, c’était ce petit coup de foudre qu’elle avait ressenti en le voyant.


Ce moment où elle avait compris qu’il avait une vie aussi laide que la sienne … sauf qu’il avait réussi à combattre le destin pour former ce petit groupe. Les créatures légendaires, les dieux, toutes ces choses, elle s’en foutait royalement ! AH ! Elle voulait juste vivre … et ces personnes qui accompagnaient le jeune homme, surtout les deux femmes accrochées à ses basques, elles n’avaient pas besoin d’être là. Elle voulait se l’approprier, se le garder rien que pour elle et personne d’autre.

« Mais avant toute chose, je ferais bien de le retrouver. »

Les murs avaient des oreilles et elle-même avait laissé traîner les siennes pour obtenir quelques brides d’informations. Oh, elle restait quand même d’un statut assez élevé dans la hiérarchie militaire de Claudiska. Elle avait réussi à savoir diverses informations sur ce qui se passait à Traslord, Shunter et Omnosmos. Honoros et Mékalarma pouvaient aller se faire voir, ces deux pays étaient inintéressants pour elle, loin de là.

De toute façon, en y réfléchissant bien, pourquoi est-ce qu’elle irait les voir ces deux ? Ce n’était pas comme si elle était amie avec eux. Ils n’allaient pas faire copain-copine et se parlaient comme s’ils se connaissaient depuis des années hein ?

« Ah … Qu’est-ce que je suis seule en fin de compte. J’ai vraiment personne sur qui compter. Et je parie même que Tery en a rien à faire de moi. »

Oh ça, pas besoin de parier, elle en était clairement convaincue, hahaha ! Mais bon, elle n’avait pas à être triste. C’était ainsi et pas autrement … et oui. Le jeune homme aux cheveux bruns avait juste mieux à faire, comme tenter de sauver le monde. Même si elle n’avait pas vraiment saisi la raison qui poussait un groupe à tuer les créatures légendaires … hum, en fait, si. Dans le fond, ce n’était pas dur de savoir pourquoi.

« Sûrement avec ces portes démoniaques. Ah … Ces démons. »

Ce qu’elle pensait d’eux ? Et bien, rien du tout justement. Elle ne pensait rien de tout ça. Pourquoi est-ce que cela changerait maintenant ? Ah … Elle n’avait aucun apriori par rapport aux démons. Les démons n’étaient-ils pas les parias de ce monde ? Dans le fond, si on y réfléchissait bien, elle était même plus proche des démons que du reste du monde.

« Ma pauvre fille, dans quelle galère navigues-tu depuis que tu es née ? »

Oh, c’était bien, ça. Se parler toute seule, ça permettait au moins d’entendre le son de sa voix si charmante, celle que nul ne voulait entendre dans Claudiska. Oui, suffisait juste d’ouvrir la bouche pour qu’on pense qu’elle lance un mauvais sort à l’encontre de ceux ou celles qui n’avaient pas réussi à boucher leurs oreilles à temps.

« Ils sont vraiment d’un ridicule à toute épreuve. S’ils ne comprennent pas ça … »

Sa voix était très belle et elle était même certaine que si elle se décidait à se lancer dans la carrière de barde, avec un instrument à vent, elle pourrait faire des miracles dans les auberges C’est vrai qu’en y réfléchissant bien, ce n’était pas une mauvaise idée pour gagner sa croûte. Ouais ! C’était une bonne idée en fin de compte !

« Je ferais bien de la noter dans un coin de ma tête. »

En fait, elle n’avait pas été renvoyée de la tour, encore que maintenant, il n’y avait plus rien à garder. Bon, d’accord, il restait quelques monstruosités issues des temps anciens dans la tour mais hey, elle n’était pas là pour faire tout le sale boulot des autres non plus hein ? Un peu de décence quand même ! Elle pouvait très bien se débrouiller comme une grande ! Hahaha !
En fait, elle était perdue. Pas géographiquement, elle savait où se rendre mais elle sentait bien que son cerveau commençait à la malmener alors qu’elle cherchait une solution à tout ça. C’était … vraiment difficile, n’est-ce pas ? Hum … Toujours assise dans son coin, isolée des autres, elle mangeait les quelques fruits volés une nouvelle fois. Au moins, ils étaient délicieux, c’était un peu ça qui lui mettait du baume au coeur.

« Tu te contentes vraiment de n’importe quoi, ma grande. »

Difficile de tenir le coup moralement lorsque tout allait mal. BAH ! Elle était plus forte que ça ! Une bonne baffe dans la figure et on y retournait ! Ouais, autant voir la vie du bon côté ! Enfin, même si la vie ne voulait pas vraiment d’elle, hein ?
Pfiou ! Vu qu’il était impossible d’espérer dormir dans ce village et surtout se prendre une chambre pour se laver, il n’y avait pas d’autres solutions. Soyez naturelle, soyez naturiste dans la nature. Déployant ses ailes, elle quitta cet endroit qu’elle avait maudit par sa seule présence, du moins, les rumeurs partiront dans ce sens s’il y a une mauvaise récolte cette année ou autre, elle s’envola jusqu’à trouver un coin d’eau. Pour cela, pas trop de difficultés, il suffisait de tendre l’oreille et de profiter du vent.
Ce dernier, sous couvert d’être un peu humide, lui indiquait alors l’endroit où elle pouvait se désaltérer mais surtout se faire un brin de toilette. ZOUP ! Les habits jetés en vrac au sol comme si de rien n’était, la femme aux ailes différentes plongea sous le cascade, appréciant l’eau sur son corps en poussant un profond soupir de soulagement.

« Bon, elle est un peu froide mais qu’importe, on ne va pas s’en plaindre plus qu’il n’en faut, hahaha ! Ah … Et les animaux aussi. »

Elle avait jeté un bref regard en direction de quelques fouineurs qui s’interrogeaient sur la présence de la femme ailée non-loin de là. Pour autant, lorsqu’elle se tourna vers eux, sans un sourire, elle vint dire :

« Vous n’avez pas encore remarqué ce que je suis ? Vous voulez peut-être de l’aide ? »

Pour toute réponse de la part des animaux, certains montrèrent les crocs, d’autres décampèrent alors qu’elle sortait d’un pas lent de l’eau, se rapprochant des habits qu’elle enfila comme si de rien n’était malgré qu’elle soit trempée.

« Ces idiots, ils savent pas quand le danger est présent, n’est-ce pas ? »

Si encore, elle perdait son temps à bien vouloir les attaquer, chose qui était bien incertaine. Pfff … Elle ne pouvait même pas être tranquille pour quelques minutes. Les animaux avaient un certain instinct qui leur permettait de comprendre qu’elle n’était pas du tout faite pour eux.

« Je ne suis faite pour personne de toute façon. A partir de là, la question ne se pose même plus. » se dit-elle à elle-même, haussant les épaules. Bon, ce petit coin de paradis allait-il lui servir d’endroit où dormir ? Hmm … Telle était la question qu’elle se posait en ce moment même. Ca n’avait pas l’air déplaisant mais avec les animaux sauvages dans les environs, si l’un, mû par la peur, tentait de s’en prendre à elle, ça pouvait très vite dégénérer.

« BAH ! Ce n’était pas comme s’ils étaient vraiment effrayants de toute façon. »

Elle fit un petit mouvement négatif de la main comme pour bien montrer qu’il allait en falloir bien plus pour réussir à lui faire peur. Choisissant un arbre, elle finit par grimper à ce dernier, rigolant toute seule en se rappelant une chose très importante : ses ailes n’étaient pas faites pour la décoration ! Elle s’envola plus aisément, finissant par trouver une branche assez épaisse et résistante, s’adossant à l’écorce de l’arbre.

« Hmm … Ca me semble plutôt pas mal pour sécher et faire un bout de sieste, aaah ! »

Oui. Fermer les yeux mais toujours avec un sommeil que d’un œil. Question de sécurité : Les coups dans le dos, elle en connaissait un bon nombre et cela ne lui avait jamais fait du bien dans le dos, elle devait reconnaître. Hmm … Non, pas du tout.
Pourtant, lorsqu’elle se réveilla, quelques heures plus tard, ce fût tranquillement. La nuit était tombée depuis déjà longtemps de ce qu’elle pouvait voir à travers les feuilles de l’arbre mais c’était justement loin d’être dérangeant, c’était même … parfait ?

« Bon ben … Petit oiseau de nuit, à toi de voyager dans la tranquillité. »

A part quelques créatures nocturnes, elle allait pouvoir profiter d’un confort de voyage des plus plaisants. Nul n’allait la déranger pendant qu’elle allait prendre la voie des airs. Alors … Bon, elle n’aimait pas vraiment le froid mais vu qu’Honoros et Mékalarma ne la concernaient pas, elle allait quand même se rendre à Traslord.

Là-bas, en se renseignant peut-être auprès des soldats en leur faisant un peu de charme, elle n’était pas disgracieuse, avait quelques formes et autres, elle pouvait aisément se mettre en valeur et cela sans aucun souci vu qu’ils n’étaient pas au courant des rumeurs à son sujet. D’ailleurs, elle était même certaine que ses ailes différentes pouvaient lui donner un aspect exotique loin d’être déplaisant !

« Héhéhé … Tu seras une véritable reine là-bas, ma grande. »

Enfin, elle exagérait juste un petit peu la situation. Elle n’était pas stupide au point de croire qu’ils allaient se laisser amadouer aussi facilement. Le jeune demoiselle aux cheveux noirs prit une profonde inspiration, faisant paraître ses lignes vertes avant de s’envoler vers les cieux, brisant quelques branches sur son passage.
Quelques instants après, elle était déjà avec une vue sur l’horizon mais aussi une vision complète de l’île sous elle avec le fameux bois où elle avait trouvé refuge pour la journée. Hmm … Elle avait bien ses fruits dans son sac ? Ouip ! Donc, elle n’avait pas à s’en faire le moins du monde. Elle se dit :

« Je peux tenir facilement deux ou trois jours avec. Dommage que je ne sois pas comme ces adeptes, ils peuvent manier plusieurs éléments en même temps, j’aurai bien gelé ma nourriture pour être sûre de pouvoir la garder quelques temps de plus. Enfin bon, c’est dommage mais on va faire avec. En route ! Traslord est encore bien loin. »

Des journées voire des semaines car avec l’arrivée des démons, il ne fallait pas espérer pouvoir traverser les frontières comme on le voulait. Parfois, on pouvait tenter de faire un peu de forçing mais c’était relativement déconseillé si on ne voulait pas avoir trop d’ennuis avec l’armée du royaume qu’on tentait de traverser.
Enfin, tout ça était bien beau mais ça n’allait pas arranger ses affaires. Si aussi, elle pouvait cacher un peu ses ailes. OH ! Oui, c’était une bonne idée mais en même temps, on reconnaissait trop aisément son visage et c’était assez problématique. Hmm … En fait, si elle voulait mener une vie tranquille, il valait mieux vivre camouflée de partout ?

« Grmbl. Tout ça pour pouvoir leur plaire et obtenir quelques informations. »

Mais bon, parfois, pour obtenir ce que l’on désire, il fallait faire quelques sacrifices. Tant qu’on ne lui demandait pas de couper l’une de ses ailes ou de changer quelque chose sur son corps, il en était hors de question. Par contre, trouver une longue cape pour cacher ses ailes, une capuche pour son visage … Oui. C’était peut-être possible d’accéder à tout ça.

Ca ne lui ferait pas mal hein ? De pouvoir discuter avec des gens un peu normalement. D’habitude, elle ne se préoccupait pas du tout de cela mais vu qu’elle avait besoin d’informations à ce sujet, elle avait devoir faire un petit effort. Un effort tout simplement pour un coup de folie de sa part car oui, c’était de la pure folie qu’elle faisait.
Comment expliquer autrement le désir de retrouver quelqu’un qui ne savait même pas que vous existez ? Qui n’en a sûrement rien à faire de votre petite présence dans ce monde gigantesque ? Il n’y avait aucune explication comme il n’y avait aucun raisonnement un tant soit peu valide pour qu’elle agisse de la sorte.

« C’est tout simplement n’importe quoi mais c’est ainsi. Si seulement je pouvais tomber sur l’un de ces démons pour l’interroger, peut-être qu’il me donnerait des indications. »

Mais en même temps, elle y croyait difficilement. Si ces démons étaient aussi monstrueux que les rumeurs le prétendaient, autant ne pas espérer grand-chose de ce côté. Ah … L’espoir, ça faisait bien longtemps qu’elle ne s’y raccrochait plus. Mais en même temps, ça ne voulait pas dire qu’elle perdait toute volonté, loin de là.


C’est juste qu’elle ne voulait pas, lorsque la situation était mauvaise, penser que tout allait s’arranger. Non, son coup de folie que de partir en voyage à la recherche de Tery, c’était bien la première fois qu’elle agissait aussi impulsivement pour une émotion qui la taraudait depuis maintenant plusieurs mois durant.

BON ! Trouver un petit village ou autre, s’accaparer de quoi se faire une une cape et une capuche et ensuite, se fondre parmi la foule dans une auberge pour avoir un peu plus d’informations. Oui, c’était une excellente idée ! Mais pourquoi est-ce qu’elle ne l’avait jamais fait auparavant ? Elle n’en avait aucune idée !

En fait, si, elle le savait mais … hum … Oh ! Petit village en bas ! Comme un oiseau de proie, voilà qu’elle fonçait vers ce dernier, finissant par atterrir au sol alors que déjà, elle regardait les personnes qui se tournaient vers elles. D’abord les sourires puis en voyant ses ailes, les sourires devinrent des mimiques presque haineuses.

« Vous en faites pas, je ne fais que passer. »

« Tu ne devrais même pas passer ! Disparais, monstre ! On ne veut pas de toi chez nous ! »

« Quelques emplettes … ou je me sers par moi-même. C’est à vous de décider. »

Elle allait se promettre de tenir parole sur ce qu’elle avait décidé d’accomplir. Se noyer dans la foule après avoir changé un peu sa tenue, elle était certaine que c’était la décision à prendre pour enfin réussir à avancer dans ce monde pourri. Un sourire mauvais se dessina sur ses lèvres : S’ils ne voulaient pas lui permettre de se camoufler correctement, autant qu’ils soient préparé à ce qui pouvait leur arriver, n’est-ce pas ? Ils risquaient juste de le regretter.

Chapitre 23 : La voie des démons

ShiroiRyu
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Chapitre 23 : La voie des démons

« Bon … Ce n’est pas tout ça les gars mais aujourd’hui, il est temps de s’y mettre. Préparez-vous au déplacement, on nous attends à la surface. »

« Vous êtes sûrs que c’est sécurisé de ce côté ? » demanda un homme aussi cornu que celui à qui il s’adressait. Un petit rictus se dessina sur les lèvres de l’autre homme qui reprit :

« Sûr et certain. J’ai déjà fait le déplacement là-bas. A partir de là, la question ne se pose même pas, compris ? Allez, on se dépêche. »

« Nous ne sommes qu’une dizaine. Et si il y a un pépin là-bas ? » demanda une nouvelle fois le premier être démoniaque, l’autre finissant par prendre une profonde respiration.

« Je vais réduire ce chiffre à neuf si tu continues. Voilà pourquoi j’aime pas ceux qui comprennent rien à la situation. Dire que dans les autres sections du royaume souterrain, ils forcent les démons à s’entretuer pour aller à la surface. On devrait faire de même. »

« Euh … Je ne suis pas adepte de la barbarie, je tiens à vous le signaler. »

« Ce n’est pas un problème si tu n’as pas le choix … si tu commences à ne pas la boucler, l’intello. Si tu es avec nous, c’est bien pour ton côté diplomate et pas ta puissance, l’avorton. Alors, tu vas la fermer et tu vas te préparer, compris ? »

« Je … Enfin, je … J’ai compris le message. »

Il valait mieux se taire. Certains démons n’étaient que des brutes sans cervelle comme il pouvait encore le constater maintenant. Définitivement muet, il regardait les autres démons dans les environs. Oui, ils n’étaient pas franchement mieux que celui qui était leur chef. Il était donc le seul à être un peu présentable ?

« Quand est-ce que nous y allons, tout simplement ? »

« Quand les autres auront fini de se curer le nez ! HEY ! LES GARS ! Vous vous maniez ou vous vous voulez que je vous aide ?! »

« Hey, désolé, chef, j’en avais un gros qui me grattait, pfiou. J’ai même l’impression qu’il était vivant ! Vous voulez voir ? »

Des brutes … épaisses. Il savait bien que les démons de ce coin n’étaient pas vraiment les plus éclairés qui soient mais à ce point ? Le démon à lunettes se massa le front et les cornes. Cela allait être compliqué de faire son travail avec une telle équipe. Surtout que le chef du groupe rigolait aussi grassement que les autres à la blague douteuse de leur camarade. Qu’est-ce qu’il faisait parmi eux ? Son propre chef lui en voulait ou quoi ?

« C’est une occasion unique que je t’offre. Pouvoir dialoguer avec ceux de la surface, les rares qui ne veulent pas notre mort. Tu pourras sûrement avoir une sacrée montée en grade suivant comment tout ça se déroule ! »

Il se répétait machinalement ce qu’il lui avait dit mais à voix haute, le groupe le regardant :

« Ben tiens ,ça prétend être le plus intelligent mais en fait, ça entend des voix et ça se parle seul, hahaha ! Je vous jure, ces types ! »

« Je répétais simplement ce que mon chef de guilde m’a dit par rapport à la situation, rien de plus, rien de moins. Ce n’est pas quelqu’un comme toi qui pourrait servir pour la diplomatie. »

« Je rêve ou tu es en train de m’insulter ? Fais gaffe à ta gueule ! »

« Je ne pensais pas que tu serais capable de comprendre mes propos. Tu es peut-être plus intelligent que tu en as l’air. Comme quoi, tu as réussi à me surprendre. »

Le démon émit un grognement, prêt à réagir mais deux autres vinrent l’arrêter avant qu’il ne soit trop tard. Remettant correctement ses lunettes sur son nez, l’être cornu haussa simplement les épaules avant de s’éloigner. Tant qu’ils n’étaient pas partis, il n’avait aucune raison de les côtoyer plus que nécessaire.

« Vous me préviendrez quand nous serons partis, ça sera mieux. »

« Ouais ouais, comme quoi, vaut mieux se méfier des fois ! »

Le chef du groupe ne précisait pas par rapport à quoi mais le démon à lunettes savait parfaitement de qui il parlait exactement. Pour autant, il fit comme si de rien n’était, haussant simplement les épaules. Ce n’était pas bien grave de toute façon, loin de là. Il avait mieux à faire que de chamailler comme un enfant avec ces personnes.

Pourtant, trente minutes plus tard, on revenait le chercher pour lui signaler qu’il était temps de se mettre en route. Le chemin ne fut pas des plus laborieux bien que long, très long. Aucune créature monstrueuses dans les parages et ils arrivèrent jusqu’aux portes qui servaient de barrage entre leur monde et celui de la surface.

« Faites gaffe quand même là-bas hein ? On sait jamais à quoi s’attendre. »

« Tu vas pas t’y mettre toi non plus ! Si t’es encore vivant, c’est que c’est pas aussi dramatique que ça hein ? De toute façon, ils nous attendent. »

« Je sais bien hein ? Mais je fais que mon boulot, moi. Bref, je vous aie prévenus. »

Et voilà que les gardes rigolaient maintenant avec le groupe. Ah … Pourquoi est-ce qu’il fallait absolument que l’intelligence du démon moyen soit aussi basse ? A croire qu’il était une exception qui ne faisait que confirmer cette règle. Enfin bon, il valait mieux ne pas se concentrer sur des petites choses comme ça et plutôt sur sa propre mission.
Voilà qu’à nouveau, une marche commença mais plus courte que la précédente. C’était la première fois qu’il allait à la surface et il devait avouer qu’il était un peu anxieux. D’après certains livres, cet endroit était magnifique mais parasité par de nombreuses races humanoïdes qui se croyaient supérieures à eux. Autant dire que les livres ne racontaient pas vraiment de très bonnes choses sur les êtres d’en haut.

« Si ce sont autant des bêtes que les nôtres, la discussion va être difficile. »

Et rien qu’à l’idée d’y penser, cela le faisait désespérer ou presque. Il poussa un profond soupir désabusé et finit par se cacher les yeux avant de se mettre à haleter. Cette chaleur ! C’était quoi ça ? Il avait l’impression d’être dans une fournaise alors qu’il voyait une étrange lueur dans le ciel. Ce n’était pas causé par un cristal … mais une sorte d’astre gigantesque. D’après les légendes, il s’agissait bien du soleil ?

« C’est vraiment bizarre comme sensation. C’est bizarre mais pas vraiment déplaisant non plus. Ah … Il fait chaud. Mais on est donc bien dans Honoros ? »

Des rochers à perte de vue, un peu de verdure et voilà tout ce qu’il fallait voir dans cet endroit. Hmm, d’accord, c’était donc ainsi et pas autrement ? Pourquoi pas ? Mais bon, où étaient donc les honoriens ? Sous cette chaleur aveuglante, il avait du mal à voir devant lui mais pouvait apercevoir des êtres plutôt grands et imposants, aux oreilles pointues.

« Est-ce que ce sont eux les fameux honoriens ? »

« Fameux, fameux, je ne sais pas vraiment mais c’est bien le groupe qui nous attendait. Essaies de ne pas te faire dessus lorsqu’ils vont t’adresser la parole, ce ne sont pas des êtres commodes, loin de là, compris ? »

HEY ! Pour qui est-ce que ce foutu démon le prenait ? Il était quand même un peu plus respectable qu’un simple démon de pacotille. Mais il fallait avouer qu’il entendait le bruit de nombreuses armes métalliques et certains portaient aussi des armures de cuir ou des plastrons. Ils n’avaient pas trop chaud dans cette armure ? Vraiment ?

« AH ! Voilà donc nos fameux démons ! C’est donc vous qui allez vous charger de converser avec nous ? Vous avez vos différents points ? »

« Vous n’êtes pas plutôt ceux qui vont nous guider jusqu’à vos diplomates ? » demanda le démon à lunettes en regardant l’honorien dans les yeux, celui-ci clignant de ces derniers pendant quelques instants avant de s’exclamer :

« Hahahaha ! Mais c’est un petit marrant celui-là ! Où est-ce que vous l’avez trouvé ? »

« Disons qu’il vient de l’une de nos guildes. On fait avec les moyens du bord hein ? Mais ils sont souvent chargés des relations marchandes et commerciales entre différents villages et villes dans le monde souterrain. »

« Ah oui … Un intellectuel, rien que ça. Et bien, mon petit gars, tu vas vite voir que ça se passe pas toujours comme prévu … ou presque. Ils ont décidé qu’on devait vous emmener les voir. Oui, pour une fois qu’ils décident de quelque chose ces types. »

« Qui se ressemble s’assemble. » continua de dire le démon en remarquant à quel point le groupe de démons semblait bien s’entendre avec celui des honoriens.

Vraiment, ils étaient bien une trentaine au total mais à part les cornes et les oreilles pointues, il aurait été difficile de voir la différence entre eux. Heureusement qu’ils parlaient tous la même langue car dans de telles conditions, cela aurait été difficile autrement. Mais bon, c’était un point positif : Tous s’entendaient à merveille.

Mais tout ça n’était qu’une apparence. Dès l’instant où il s’était mis assis sur un fauteuil pour être face à un homme habillé dans un style élégant, mêlant tissu de soie et quelques babioles qui devaient valoir un certain prix, il avait compris que tout ça pouvait très vite mal tourner.

« Alors, alors, alors … Votre apparition sur les terres d’Honoros ne sont pas passées inaperçues. J’imagine que vous êtes déjà au courant qu’une partie de votre peuple a put s’installer non-loin de notre région pour former une communauté « protégée » par nos soins, n’est-ce pas ? Mais, comme nous le savons tous, ce n’est pas suffisant, loin de là. »

« C’est exact, je ne comptes pas m’arrêter en si bon chemin et j’ai été envoyé pour pouvoir discuter plus en détails de nombreux points qui pourraient être intéressants »

« Oh ? Et de quels points parlez-vous donc ? Je suis tout ouïe. »

« D’une relation commerciale, bien entendu. Votre armement est assez spécial et nous envisageons aussi de notre côté de vous faire partager nos connaissances dans ce domaine. Peut-être qu’un échange de matériaux pourrait aussi vous aider. »

« Les nombreux démons qui sont venus à la surface ne portaient pas réellement d’armures ou d’armes intéressantes. Comment croire vos paroles ? »

« Bien entendu, quelques preuves seront nécessaires des deux côtés. Nous ne voudrions pas brusquer le début d’une belle amitié en agissant de la sorte. De même, vous êtes le seul clan à nous avoir toléré, c’est bien ça, non ? »

« C’est bien ça, oui. Pourquoi une telle question si vous connaissez la réponse ? »

« Oh, il s’avère que j’ai entendu des rumeurs comme quoi des émissaires d’autres clans d’Honoros avaient essayé de nous contacter mais étaient tombés dans une embuscade. »

L’honorien haussa un sourcil, semblant ne pas avoir entendu une telle histoire. Pour autant, est-ce qu’il devait croire les paroles de ce démon qui se révélait bien plus intriguant que prévu ? Hum … C’était difficile de savoir exactement, il fallait avouer. Peut-être jouer la sécurité suivant les consignes données ?

« Bon, d’accord, je vois où vous voulez en venir mais donc … Non, nous avons tous à y gagner en coopérant, n’est-ce pas ? »

« C’est très facile à dire … mais en est-il de même à faire ? Mais oui, nous devons vous remercier pour l’aide apportée aux membres de notre race bien que nous ne vivons pas en clans contrairement à vous autres honoriens. »

« Nous avons tout simplement trouvé divers avantages à vous préférer comme alliés plutôt que comme adversaires. Dans ce monde hostile où chacun voudrait votre mort, il est bon d’avoir quelques épaules sur lesquelles s’appuyer, non ? »

« Cela dépend des épaules. Enfin bon, maintenant que nous nous comprenons parfaitement tous les deux, nous allons pouvoir passer aux choses sérieuses. Je vais parler au nom de ma guilde. » termina de dire le démon à lunettes, visiblement très concentré maintenant.

La discussion dura plusieurs heures, à la grande surprise des honoriens qui parlaient et s’entraînaient avec quelques démons. Il fallait dire qu’ils ne s’attendaient pas à ce que ces derniers ramènent un gringalet à lunettes avec eux, preuve comme quoi ils avaient un peu plus d’intelligence qu’ils ne le pensaient.. Néanmoins, même si cette pensée commune traversait les esprits de chaque honorien, aucun n’allait le dire à voix haute, non pas par peur de brusquer leurs « invités » mais simplement pour éviter de faire capoter leur relation. Tout cela pouvait être plus que bénéfique pour chacun et à l’heure actuellement, les honoriens présents appréciaient plutôt la présence des démons à leurs côtés ;

« Alors, comme ça, s’occuper de ses cornes, c’est une marque de coquetterie ? »

« Je ne te le fais pas dire ! J’ai connu une démone, elle passait au moins deux heures à lustrer, frotter, tailler ses cornes de telle sorte qu’elles poussaient bien droites et toute le reste ! Hahaha ! Je te jures, c’est pas une blague ! »

« Je veux bien te croire, ah! De notre côté, c’est surtout les boucles d’oreille dont elles raffolent. Vue la longueur de ces dernières, tu te doutes que pour se rendre belles, elles ont le choix. Encore que chez nous … »

« Je vois plutôt vos femmes avec des mini-crânes taillés au bout des oreilles. Elles n’ont pas l’air commodes de votre côté. »

« Ah ben ça, je te le fais pas dire. La majorité évite de chercher les crosses et je te promets que certains généraux honoriens ne bronchent pas vraiment lorsque leurs femmes décident de rappliquer dans les campements. D’ailleurs, généralement, ils évitent les adultères car sinon, y en a certains qui finissent par être obligés de manger leurs cou…. »

« HEY ! VOUS DEUX ! Vous avez fini de parler ?! A vous de rentrer sur le terrain pour que vous montriez de quoi vous êtes capables ! Au boulot ! »

L’honorien et le démon se regardèrent pendant quelques secondes, sortant leurs armes. Le démon tenait dans chaque main un cimeterre tandis que l’honorien avait opté pour une lourde masse à deux mains. L’affrontement semblait presque inégal mais visiblement, l’honorien avait là toute son expérience et sa maîtrise du combat.
Malgré la vitesse d’exécution des attaques chez le démon, celui-ci n’arriva pas à placer une seule frappe sur son adversaire. L’honorien n’avait aucun mal à parer les mouvements, souriant tout en disant d’une voix calme :

« Tu es trop facile à lire dans tes mouvements. Pour un honorien qui combat depuis longtemps, on peut voir en toi comme dans un livre ouvert. Tu recherches simplement la puissance dans tes coups et y a rien à dire de ce côté-là ! J’en ait des fourmis dans les mains à chaque frappe que tu donnes, hahaha ! »

« Je pensais pas que ça serait aussi difficile. Grrr ! Surtout que l’on ne doit pas utiliser nos pouvoirs pour un simple entrainement ! »

« Hey hey hey ! Déjà, on a mis des protections sur nos armes pour éviter que l’on ne se blesse mutuellement. Si on commence à utiliser la magie, ça risque de dégénérer ! »

« C’est pas faux, je voudrais pas avoir à blesser un futur ami. »

« Hahaha ! Petit malin, si on était pas en entraînement, je crois que je t’aurais cogné assez fortement sur le sommet du crâne pour t’apprendre à te foutre de moi ! Mais t’as de la chance, je suis vraiment de bonne humeur, je vais pas le faire ! »

Et voilà que le combat continuait, comme si de rien n’était. L’ambiance entre les deux groupes était plutôt bonne, contrairement à d’autres endroits où le clan des griffes sanglantes et les démons semblaient prêts à s’entretuer malgré la relative « confiance » entre eux.

Pour autant, après trois jours d’âpres discussions où aucun des deux groupes ne semblait reculer devant l’autre pour faire des concessions, un cri se fit entendre dans le campement, den honorien hurlant :

« ESPION ! ESPION ! IL Y A UN ESPION ! »

Un espion ? D’un autre clan ? Qu’importe de quel clan il provenait, c’était le moment de lui faire regretter son choix d’avoir tenté d’en apprendre plus sur cet endroit. Ce fût bien la première fois que les deux races se mirent sur un accord commun, la chasse à l’homme aux oreilles pointues commençant alors sous les tons d’un « jeu » entre les deux parties.

« Disons que si l’un des démons finit par attraper cet espion, vous nous laisserez l’emporter avec nous. On le traitera très bien … »

« Oh, de notre côté, si on finit par le capturer, on lui fera regretté d’être né avant qu’il ne rejoigne nos ancêtres. Mais ça serait dommage que cela influence nos futures relations. »

« Hahaha ! Influence, influence, il ne faudrait peut-être pas trop exagérer … et pendant que l’on parle, les autres sont déjà partis en chasse ! »

A leur tour de commencer à se mettre en action alors ! Ca ne servait à rien de déblatérer plus longtemps par ici ! Les deux êtres commencèrent à courir avant de se séparer. Il y avait même quelques cris de bêtes sauvages dans les environs.

Le décor n’était guère plaisant à regarder, alternant simplement entre surfaces rocheuses, petits monts, coins très peu boisés et pourtant, tout cela rendait difficile la recherche de l’espion qui continuait de leur échapper comme si de rien n’était. Les honoriens comme les démons s’étaient séparés en plusieurs duos et trios pour couvrir une plus grosse zone.

« Et bien, il est doué avec ses petites pattes notre espion ! Je n’arrive même pas à repérer sa trace ! On sent l’habitude hein ? »

« Il connaît bien la zone contrairement aux démons. Malheureusement, ils ne nous seront d’aucune utilité et nous-mêmes, nous allons avoir beaucoup de mal à le capturer à cette allure. Tsss, je vous jures, ça nous apprendra à ne pas faire gaffe. Je pensais que nous étions préparés à ça ! Je me demandes jusqu’où est-ce qu’il a put nous entendre. »

« Oh, ça ne sera pas difficile à connaître vu qu’il a va passer un interrogatoire assez « musclé ». J’avoue que j’aimerai bien voir les méthodes qu’utilisent les démons pour ça. »

Ah ben il n’était pas le seul ! Les démons restaient des êtres dont ils ne connaissaient rien et inversement. Pendant des décennies, des siècles voire des millénaires, cette race avait été séparée de toutes les autres. A partir de là, difficile de se faire un avis à peu près correct et potable à ce sujet mais bon, tout ça pouvait très vite s’arranger s’ils arrivaient à former des relations commerciales, politiques et autres avec ceux qu’ils côtoyaient.

« HAHAHA ! Finalement attrapé ! »

« MA … MA JAMBE ! MA JAMBE ! »
Une femme. C’était une femme aux longues oreilles pointues. Celle-ci hurlait à raison : sa jambe gauche avait été fauchée tout simplement par l’arme d’un être cornu alors que déjà, tout le monde se réunissait autour d’elle pour l’empêcher de se mouvoir. Le démon responsable de son état rangea sa faux derrière lui, sourire mauvais aux lèvres tout en disant d’une voix loin d’être rassurante :

« Et bien, tu nous auras fait courir. On ne t’a jamais dit de pas mettre son nez là où il ne fallait pas ? C’est dommage pour toi que ta vie semble s’arrêter ici bas. »

« Ah .. Ah … Ah … Ma jambe ! Putain mais ça veut pas s’arrêter ! »

Elle se tenait le haut de sa cuisse gauche, celle-ci continuant de saigner abondamment alors que la femme honorienne avait les larmes aux yeux, quelques plaies au visage et au corps alors qu’elle haletait et bavait entre un mélange de salive et de sang. Le démon, grand sourire aux lèvres s’était rapproché d’elle pour en terminer avec. Mais dès l’instant où il fût à portée, la femme plongea une main dans son décolletée, en sortant une dague, prête à viser la carotide du démon.

« Non non et non. Ca ne se passera pas comme ça. »

Un soleret de métal vint plaquer violemment le bras dont la main tenait l’arme au sol, brisant en même temps les os. L’homme aux oreilles pointues, visiblement le chef de la petite troupe d’honoriens qui avait été envoyée pour poursuivre l’espionne, eut un grand sourire aux lèvres avant de se tourner vers le démon :

« Voyez-vous, les pleurs d’une femme honorienne font partie des choses parmi les plus fausses dans ce monde. Ne les croyez jamais. »

« Je … Je vois … Hahaha … Et dire que je pensais que chez nous, nous avions de sacrés cas, faut avouer que de votre côté, ce n’est guère mieux. »

« Par contre, attention à ne pas se moquer d’elles, vraiment, on le déconseille et je vous dis pas comme on évite toutes discussions dès qu’elles ont ce souci mensuel, vous voyez de quoi je veux parler hein ? »

Oh que oui … Mais pour celle qui était au sol, il ne fallait pas espérer qu’elle voie le le lendemain arriver pour elle. Après la petite séance « d’interrogation », il y avait de très fortes chances qu’elle n’en réchappe pas. C’était vraiment dommage pour elle mais à force de jouer avec le feu dans Honoros, on finit toujours par se brûler.

Chapitre 22 : Relations conflictuelles

ShiroiRyu
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Chapitre 22 : Relations conflictuelles

« BON SANG ! TOUT UN CAMPEMENT DETRUIT ! »

« O… Oui ! Mais … mais … Il y avait des traces de pas gigantesques sur le terrain ! Il semblerait qu’ils aient de nouvelles montures avec eux ! »

« Nouvelles, nouvelles ! C’est un bien grand mot ça ! Je suis sûr et certain qu’ils ne sont pas si impressionnants que ça dans le fond ! Bon sang ! C’est n’importe quoi ! »

Mais pourtant, c’était la réalité. Dire qu’ils avaient réussi à capturer de nouveaux démons pour les interroger, il fallait bien que cela arrive un jour. Ayant fini de taper du poing, un homme d’un âge avancé avait le visage qui fixait la table en bois meurtrie par le coup précédemment donné. Il finit par murmurer :

« Aucun … survivant, j’imagine, c’est bien ça ? »

« Si c’est le cas, on en a pas trouvé … ou alors, ils ont réussi à se cacher et ne comptent pas en sortir de peur que le déshonneur de ne pas être mort au combat leur soit incombé. »

« Le déshonneur, le déshonneur. Le déshonneur, c’est d’avoir fuit en espérant pouvoir mener une petite vie tranquille. C’est le refus de se battre ! Mais pouvoir s’échapper d’un combat pour mieux revenir après, ce n’est pas du déshonneur ! Pourquoi est-ce que les jeunes sont aussi enflammés ?! Ne peuvent-ils pas comprendre quelques règles aussi simples que ça ?! »

« C’est trop tard pour le leur expliquer maintenant. Que fait-on ? La reine de Shunter nous a répondu. Elle est d’accord pour envoyer un contingent nous épauler. »

« Tant mieux. Si le clan des griffes sanglantes abuse de ses capacités en œuvrant avec les démons, pourquoi devrions-nous ne pas faire de même avec cette reine qui a fait toutes ses preuves militairement ? On dit qu’elle était responsable de la mort des créatures légendaires, accompagnées par diverses personnes. »

« Ce ne sont que des rumeurs et même si cela s’avère être la vérité, il paraîtrait qu’à Omnosmos, la mort des créatures légendaires n’a pas été la seule raison pour faire que les portes démoniaques s’ouvrent, de ce que j’ai cru comprendre. »

« De toute façon, ce qui est fait est fait. On ne peut pas revenir en arrière et elle a assez montré qu’elle était contre l’invasion des démons, contrairement à certains honoriens ! »

« Il s’avère aussi que les dirigeants de Claudiska se sentent concernés pour venir aussi nous aider dans la lutte contre les démons. Bon, nous ne sommes pas réellement cités vue que notre clan est établi aux frontières de Shunter mais d’après ce que les messages de divers autres clans nous ont dit, c’est une bonne nouvelle, n’est-ce pas ? »

« On va dire ça comme ça. Rah … Bon, s’il te plaît, laisses-moi tranquille quelques minutes. »

L’homme d’un certain âge barbe grisonnante et moustache affûtée fit un mouvement de la main pour congédier enfin l’être aux oreilles pointues comme lui. Il avait besoin d’être seul. Ils avaient peut-être changé de sujet mais dans le fond, rien n’avait vraiment changé.

« On en est toujours au même résultat. Ils peuvent nous exterminer comme ils le veulent. »

Et cela malgré le fait qu’ils aient amélioré leurs armements, profité de quelques connaissances de l’armée de Shunter mais aussi de leurs soldats. Ils avaient beaucoup à apprendre et malgré qu’ils étaient une nation guerrière. Oui, c’était le seul point positif avec l’apparition des démons à la surface, ils étaient maintenant bien plus ouverts avec l’extérieur qu’auparavant, permettant alors des relations plus cordiales et cela malgré le fait qu’ils étaient encore en guerre ces dernières années.

« Ca ne remplacera pas nos morts … ni les leurs. »

Il savait les nombreux sacrifices que Shunter avait eut comme les autres royaumes malgré que le précédent monarque avait commis une grave erreur. Mais cette erreur avait pour origine justement un démon qui s’était fait passer pour un grand prêtre de Zélisia ! Les démons, les démons, tout cela revenait TOUJOURS aux démons !


A partir de là, l’éradication complète de l’espèce cornue était une priorité mais en même temps, la connaître pour mieux réussir à l’appréhender était une condition nécessaire. Plus on en apprenait sur l’ennemi, plus il était alors faicle de le combattre. Mais pour l’heure, ce n’était pas le sujet et il devait annoncer les morts aux familles.

« Ah … Heureusement que notre clan est regroupé en plusieurs tribus éloignées les unes des autres. Au moins, nous pouvons nous permettre de nous échapper et d’aller ailleurs si les problèmes surviennent en trop grand nombre. »

Mais voilà, la situation n’était pas très reluisante, loin de là. Les attaques incessantes de la part de ce fichu clan des griffes sanglantes leur faisaient perdre des hommes et des femmes à chaque fois. Bientôt, ils allaient finir par être réduits en poussière s’ils ne réagissaient pas plus tôt et plus vite ! Ils devaient trouver une solution !

« Hors de question de s’allier à ces démons. Je le refuse, le clan le refuse »

Même s’il avait déjà reçu quelques propositions et que le sujet avait déjà été discuté, il ne voulait rien savoir. Les démons étaient très bien là où ils se trouvaient, c’était à dire : Dans une cage ou dans leur monde souterrain ! Personne ne voulait d’eux, ils étaient belliqueux, arrogants et se considéraient comme les maîtres de ce monde. A partir de là, la discussion s’arrêtait là et il ne voulait rien savoir.

« Qu’est-ce que je dois faire pour mon clan ? Il me faut une solution ! »

Proposer une alliance avec d’autres clans ? L’idée n’était pas folle. Là aussi, elle revenait souvent dans les sujets de discussion. Le problème était la mise en pratique. Certains clans étaient là depuis des décennies voire des siècles. Leur dire de fusionner avec un autre, sur le papier, c’était parfait. Une fusion des idées militaires, de deux peuples vivant avec les mêmes principes et tout cela ! Mais la réalité était toute autre : Les dissensions, les paroles assassines pour dire que telle ou telle partie du clan était plus fort que l’autre avant la fusion, tout ça n’était vraiment pas simple à mettre en place. Et pourtant, c’était bien là l’unique solution valide qu’il avait encore à ses yeux. Peut-être qu’il allait devoir remettre ça sur le tapis et espérer des réactions plus positives.

« Comment est-ce que je peux me sortir de tout ça ? »

Il tenait sa tête entre ses mains, réfléchissant du mieux qu’il le pouvait mais rien à faire. Rien n’arrivait à son cerveau. S’allier ? Mais avec qui ? Il y avait sûrement des espions des griffes sanglantes dans chaque clan et inversement. Le souci, c’est que leurs espions à eux se faisaient bien vite repérés par l’ennemi et le résultat ne tardait pas. Tête dans un sac en cuir, membres déchiquetés, corps ouvert en deux, il y avait de quoi donner la nausée à beaucoup de monde, même au plus courageux des honoriens.

Et chercher de l’aide à l’extérieur, c’était déjà fait. Le gros problème, c’est qu’à part Claudiska et Shunter, les deux autres nations ne voulaient pas les épauler. Dans le cas précis de Traslord, ce n’était pas par volonté de ne pas les aider mais plus car ils désiraient s’occuper eux-mêmes des démons. Il avait entendu quelques rumeurs comme quoi le nouveau monarque était à peine adulte et considéré comme un tyran envers les démons. Il ne leur laissait aucune chance et les éliminait à vue. Il avait aussi des connaissances sur ces derniers qui auraient put être très utiles.
Dans le cas de Mékalarma, c’était encore différent, bien différent. Ces dernières années, ce royaume a la pointe de l’avancée scientifique avait périclité après la mort prématurée de leurs deux derniers dirigeants. Autant dire qu’ils étaient relativement en colère, surtout que rien n’avait été fait pour que les coupables soient éliminés. Or, d’après d’autres rumeurs, il s’agissait de l’actuelle reine de Shunter et de l’actuel roi de Traslord.
Ah … Ainsi, vraiment, ce n’était pas une bonne nouvelle, pas du tout. Mais ce n’était pas à lui de s’immiscer dans les relations entre Mékalarma et ses voisins, encore qu’eux-mêmes l’étaient du côté est. Peut-être que d’autres clans auront plus de chance ? Tant que les mékarlarmiens ne s’allient pas aux démons, ils allaient les laisser tranquilles.

Trouver des solutions, trouver des solutions, il n’en avait aucune ! Depuis le début de cette histoire avec les médaillons qui ont été volés, tout avait tellement dégénéré en quelques années que cela en était vraiment aberrant. Mais voilà, rien ne pouvait être fait pour palier à ça et maintenant, il fallait trouver des solutions pour contrer ce qui arrivait.

Il était sorti du bâtiment où il officiait. Dans les rues, il entendait quelques mères éplorées à cause de l’annonce de la mort de leur fils ou fille. C’était regrettable mais ils étaient morts en combat, non pas en traître Il n’y avait pas plus grand honneur … sauf que l’honneur ne faisait pas ramener les morts à la vie.

Du moins, pas à sa connaissance. Sur son chemin, beaucoup le saluèrent, connaissant sa position dans le clan. Pas la plus haute, loin de là, mais assez bien placée pour prendre quelques directives sans avoir forcément besoin d’en discuter avec un supérieur. Un regard sur sa gauche et voilà qu’il remarquait quatre enfants en train de se battre mais non pas d’une façon vulgaire. Néophyte, oui, mais ils s’entraînaient.

« Même des enfants veulent participer à l’effort de guerre. » murmura t-il pour lui-même.

« Mais arrêtes de parer tous mes coups ! C’est pas du jeu ! »

« La guerre, c’est pas un jeu ! Moi, je veux battre les autres donc je me protèges ! »

Bonne conception de la vision du combat. Même dans l’entraînement, il fallait tout donner. Cet enfant pouvait devenir un brave soldat dans quelques années. Lui et les autres, ils étaient leur futur. Mais pour ça, il fallait leur préparer ce dernier. Actuellement, ce n’était pas possible. Pas dans de telles conditions.
Pourtant, il continua d’observer les quatre enfants. Lui aussi, à une époque, s’amusait de la sorte avec ses compagnons d’infortune. Ces derniers étaient déjà morts depuis bien longtemps, certains dès leur première bataille en situation réelle. Il en était toujours ainsi avec les honoriens. On ne pouvait pleurer les morts, on pouvait juste supporter le poids de leurs souvenirs ancrés en nous. Certains disparaissaient aussi vite qu’ils étaient apparus et cela avait toujours été ainsi … et pas autrement.

Ce n’était pas le moment de se rappeler quelques souvenirs, même si le bonheur se mélangeait au malheur dans ces derniers. Avec lenteur, il avait finit par quitter cet endroit, laissant les enfants encore se battre entre eux. Cela leur ferait un bon entraînement, c’était bien là tout le mal qu’il leur souhaitait.
« Ah ! Vous voilà enfin ! Nous vous cherchions depuis des heures ! »

Exagération, bien entendu. Le vieil homme s’immobilisa en ayant aperçu une femme qui cherchait à reprendre sa respiration après l’effort commis. Hmm … Elle avait sûrement été courir dans toute la ville pour finir dans un tel état.

« Que me voulez-vous ? J’imagine que vous vous êtes rendue là où j’officie normalement et qu’ils vous ont dit que j’étais parti m’aérer l’esprit. »

« C’est … C’est exact. Ils m’ont dit que je pouvais attendre mais … mais … Ah … Ce n’était pas possible. Il fallait absolument que je vous parle ! »

« Qu’est-ce qu’il y a donc de si grave et important au point de parcourir toute notre ville pour venir me chercher ? Je vous écoutes »

« C’est … C’est au sujet des informations concernant Mékalarma. Nous avons reçu les réponses aux lettres envoyées au clan des salamandres ardentes ! »

« Oh … Oui, ceux qui vivent en bordure avec l’est donc Mékalarma. Et c’est vraiment si important pour que vous vous épuisiez à la course ? »

« Ca … Ca l’est. Tenez, je vous confies ceci. » dit la femme, tendant les lettres, continuant de reprendre son souffle, en sueur en vue du climat difficile d’Honoros.

« Merci bien, vous pouvez disposez … et surtout allez boire un peu, vous êtes vraiment pâle. » dit le vieil homme, mettant trois pièces argentées dans la main de la femme qui le remercia tout en s’inclinant, finissant par repartir.
Des nouvelles de Mékalarma. Pour que cela soit vraiment aussi important, est-ce que cela voulait dire qu’ils avaient réussi à forger une alliance ? Ou juste un traité ? Enfin, une relation de confiance entre eux et Mékalarma ? Cela serait une grande nouvelle pour les clans d’Honoros se battant contre les démons !

Mais voilà que tous ses espoirs disparurent après les premières lignes. Cela n’avait aucun rapport avec une quelconque alliance ou traité qui aurait put faire tourner l’issue d’Honoros, non, c’était tout le contraire.
Mékalarma avait décidé de jouer en solitaire, comme pour Traslord mais … contrairement ce dernier, Mékalarma avait visiblement mis au point de nouvelles méthodes magiques et de nombreux armements mêlant celles-ci avec de la technologie. On évoquait le terme de purification par les éléments.
Mais pourquoi était-ce inquiétant ? Ils étaient sûrement en train de se préparer à combattre les démons … mais pas seulement. Avec les évènements de ces dernières années, la rancune avait atteint un point culminant et il s’avérait que les mékalarmiens avaient soif de vengeance. Bien entendu, ils n’allaient pas se jeter dans une guerre perdue mais cela voulait dire que les autres nations allaient devoir se méfier du futur les concernant.

« Pourquoi fallait-il que ça dégénère ainsi ? Je vais devoir prévenir la reine de Shunter. »

Car en tant qu’alliée de leur clan mais surtout la cible de Mékalarma, il valait mieux qu’elle soit au courant dans les plus brefs délais. S’ils pouvaient éviter des morts aussi importantes, cela serait une bonne chose. Pour l’heure, il valait mieux pouvoir se calmer.

Dès que la lettre fut partie, il se massa le crâne avant de marmonner que les prochains mois allaient être éreintants, vraiment très éreintants. Il ne savait pas ce que l’avenir leur réservait mais autant dire que ça ne sera pas une bonne chose..

A l’est, bien plus à l’est, là où la foudre pouvait tomber en permanence dans certaines régions de Mékalarma, des êtres couverts d’écailles de différentes couleurs s’affairaient derrière des machines, utilisant différents outils pour ce qui semblait être la récupération de quelques matériaux luisants.

« Dépêchez-vous, bande de cloportes ! La prochaine session d’éclairs est pour bientôt. »

« Chef, les générateurs sont prêts à réceptionner toute la foudre qui va tomber ! »

« Je vois ça, je vois ça ! Bien ! Vous faites du bon boulot pour une fois ! On va peut-être pouvoir faire quelque chose de vous ! Allez, hop ! Continuez comme ça ! »

Ce n’était pas en se traînant qu’ils allaient pouvoir réussir ce que là-haut, ils désiraient. Récupérer autant de minerai n’avait pas qu’un seul but mais le premier était de pouvoir emmagasiner autant d’électricité que possible.

« Chef, la capture des animaux est en cours. On me signale qu’une quinzaine est déjà dans nos cages. Qu’est-ce qu’on en fait ? »

« Tu me poses vraiment la question ? Préparez-les au déplacement ! De ce que j’ai compris, ils en ont besoin au sud-est ! Ca va faire une petite trotte mais qu’importe, on a pas vraiment le choix dans ces conditions. Sans eux, ils ne pourront pas préparer les canons ! »

« Comme vous voulez ! Je vais prévenir le dirigeable pour le déplacement ! »

Bien bien bien … Ca s’accélérait un peu. Ils ne pouvaient pas prendre du retard. Ces derniers mois avaient causé de graves problèmes dans tout Mékalarma. La mort de la précédente dirigeante mais surtout le fait qu’elle ait été possédé par une créature légendaire, cela avait tout simplement provoqué une catastrophe politique sans précédent.


Il était hors de question que de compter sur autrui. Il était hors de question d’espérer obtenir de l’aide de leur part. Ils allaient se débrouiller seuls, sans artifice, ni artefact. Ils allaient créer une telle armée que même ces fichus démons qui tentaient de paraître chez eux n’allaient pas saisir ce qui allait leur tomber dessus.

« Il ne restera plus rien d’eux de la surface de ce monde et du monde souterrain après notre passage. Nous leurs apprendrons à s’être moqués de notre race toute entière ! »

Il avait fini par prendre la parole à voix haute, quelques têtes sauriennes se tournant vers lui, poussant des cris à leur tour. C’était ainsi que ça devait se passer et pas autrement ! Pour la survie de leur peuple mais aussi pour faire comprendre aux autres races la grave erreur qu’elles avaient commises en décidant de se faire un ennemi sous la forme de Mékalarma.

« Nous leur ferons regretter d’être nés ! Accélérez le rythme ! Plus vite nous terminerons de préparer les générateurs, plus vite nous pourrons alors créer nos propres golems ! »

Ces golems. Ils les haïssaient depuis le temps. Il suffisait d’un simple livre pour pouvoir les créer. Il suffisait de voler ce livre pour ensuite pouvoir les lancer. Mais dès l’instant où le livre perdait son propriétaire, ce dernier, s’il était encore vivant, n’avait plus aucun souvenir sur comment pouvoir invoquer un golem.
Ces golems, aucun mékalarmien ne voulait les revoir. Ils avaient été la cause de leur destruction deux fois de suite ! Ce foutu homme aux cornes démoniaques. Mais pas seulement. Ces personnes qui l’accompagnaient, elles provenaient des différentes nations. Il y avait même la reine de Shunter et la prince de Traslord parmi elles.

« Claudiska et Honoros pourront attendre … mais s’ils ne veulent pas laisser passer nos armées, nous n’aurons aucune hésitation à les exterminer. »

Il parlait toujours à voix haute mais même s’il ne faisait qu’une conversation à lui-même, cela ne le dérangeait pas le moins du monde. Pourquoi cela ? Tout simplement car les autres mékalarmiens l’écoutaient attentivement.

« A ce sujet, j’ai entendu dire que certains envoyés honoriens espéraient obtenir une relation commerciale avec nous. » dit l’un des hommes-lézards en ricanant, un autre répondant presque aussitôt, sur le même ton :

« Hahaha ! Pareil de mon côté ! Ces idiots ! Ils croient vraiment qu’on va accepter ça ? »

« T’en fait pas, la réponse n’a pas tardée. D’ailleurs, on a aussi capturé quelques uns de leurs espions. Ils ne sont pas vraiment très discrets avec leurs oreilles pointues, ces honoriens. »

« De toute façon, qu’ils sachent ce que nous faisons ne changera rien à nos plans. Ils ne comprendraient pas toute la subtilité dans ces derniers ! HAHAHA ! »

Ils rigolaient ouvertement à ce sujet. Ils ne craignaient pas ces êtres inférieurs mais cette fois-ci, ils étaient prévenus. Ils savaient à quoi s’attendre. Ces traîtres, ces insectes qui n’avaient pas hésité par deux fois à les piquer, ils allaient leur faire comprendre toute la grandeur de l’empire de Mékalarma !

Même si pour le moment, ils n’avaient pas encore retrouvé de dirigeant, cela importait peu. Il y avait assez de chefs militaires pour pouvoir les ordonner et leur dire ce qu’ils devaient faire. Mieux encore. Depuis qu’il n’y avait plus de chef politique au sommet de la hiérarchie, ils pouvaient se concentrer uniquement sur l’arsenal qu’ils étudiaient.

« Avec nos futures armes de destruction et nos golems, ils comprendront leurs erreurs. »

« Et que fait-on de la section de dressage ? Les autres nations ne pensent jamais à utiliser ces monstres comme des armes, nous devrions pourtant en profiter sachant que les nôtres peuvent produire de la foudre et divers autres éléments. »

« Ce n’est pas à moi qu’il faut proposer cette idée mais je la ferais transmettre, ah ! Si on arrive à former quelques dompteurs, pourquoi pas ? Peut-être qu’en brisant le mental de quelques monstres, ces derniers se montreront alors bien plus obéissants … il vaut mieux pour eux s’ils ne veulent pas avoir de problèmes. »

« Peut-être que si on arrive à les dresser pour qu’ils nous obéissent sans les torturer, ça en fera des créatures plus puissantes, non ? »

« Hmm ? Je peux savoir ce que tu es en train de proposer là ? Tu voudrais qu’on les mette au même niveau que nous, c’est bien ça ? Est-ce que tu plaisantes ? »

« Non non ! Attention, je n’ai pas dit ça ! Mais simplement, si on arrive à les dresser correctement, ils seront plus aptes à nous obéir plutôt qu’à tenter de nous sauter à la gorge au moindre moment de faiblesse. Ce ne sont que des animaux, rien d’autre. Ils ont une intelligence inférieure à la nôtre. Contrairement aux races des autres nations, il est facile pour nous d’en faire des alliés puissants et de réussir à les avoir. »

« Tsss … Ce que t’es en train de me dire, ça ressemble aux vieilles fables que les anciens se transmettaient dans mon village. Ca parlait d’un retour à la nature, d’une communion avec celle et du reste. Ces idiots n’ont pas survécu très longtemps dans notre monde actuel mais étrangement, leurs histoires ont traversé les âges. BAH ! Fais ce que tu veux ! J’irai proposer ton idée dans les moindres détails aux supérieurs. Peut-être qu’ils sauront quoi en faire de ce que tu viens de dire, hahaha ! »

« Si elle prend forme, je veux bien devenir l’un de ces dompteurs et je ne rechignerai pas à la tâche ! Lorsque nous aurons une seconde armée, composée uniquement de monstres prêts à nous servir jusqu’à la mort, nos ennemis n’auront plus aucune chance ! »

« Essaies de garder cette motivation pour les prochaines heures ! AU BOULOT ! »

Il ne pouvait pas vraiment le considérer comme un fainéant. Néanmoins, ça ne voulait pas dire qu’il n’allait pas surveiller ce gringalet avec toutes ses idées. Communier avec les animaux ! AH ! Est-ce qu’ils en étaient vraiment réduits à ça ? Peut-être que oui dans le fond.

Chapitre 21 : Coopération ou non

ShiroiRyu
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Chapitre 21 : Coopération ou non

« Chef ! Chef ! On a réussi à en choper cinq qui tentaient de fuir ! »

« C’est bien les gars. Ligotez les, bâillonnez-les et préparez-les pour le transport. Ca leur apprendra à vouloir nous rendre visite sans y avoir été invités ! »

La situation pouvait être pire, bien pire mais voilà que des hommes et quelques rares femmes aux longues oreilles pointues et aux tailles impressionnantes étaient en train de frapper sur le crâne de divers êtres cornus pour les assommer.

Quelques minutes plus tard, chaque démon était solidement attaché, un bandeau sur les yeux et un bâillon dans la bouche alors qu’ils se retrouvaient tous les cinq entassés comme des bottes de foin sur une charrette. Autour d’eux, un groupe d’une quinzaine d’honoriens marchait tranquillement, lourdement armés malgré le nombre bien moins imposant d’adversaires en face d’eux. Une simple mesure de précaution pour ne pas avoir de plus gros problèmes qu’ils n’en avaient déjà.

« Héhéhé, ils sont pas si impressionnants que ça ces démons en fin de compte. »

« Fais pas trop le fier, tu ne sais pas à quoi t’attendre avec eux. Là, on a évité à tout prix qu’ils puissent attaquer et réagir mais si cela avait le cas, ça aurait put très mal tourner. »

Impossible de prétendre le contraire dans une telle situation. C’est vrai qu’il faisait le fanfaron mais c’était aussi la première fois qu’il avait la possibilité de partir avec les autres pour la chasse aux démons, chasse devenue récurrente depuis quelques mois. Marchant aux côtés des autres honoriens, le jeune homme aux cheveux blonds lui allant jusqu’au cou reprit la parole, demandant d’une voix lente :

« Mais sinon … Ces démons, ils sont vraiment impressionnants quand ils se battent ? »

« Tu ne veux pas les avoir en face de toi s’ils décident d’utiliser leurs lignes d’Alzar. Ils peuvent utiliser les autres éléments, si tu as bien compris ce que je viens de dire. » répondit un autre honorien, visiblement bien plus âgé en raison de sa chevelure grise et des nombreuses cicatrices parcourant ses bras et son torse.

« D’accord mais vous êtes expérimentés maintenant. Vous devriez pouvoir les combattre plus aisément alors qu’ils ne savent pas comment réagir, non ? »

« Foutaises ! Mon petit gars, si tu veux survivre plus longtemps dans ce monde, t’as pas trop le choix : tu évites de considérer chaque bataille comme perdue ou gagnée d’enfance. Tu attends qu’elle soit terminée Si tu es mort, c’est que ce n’était pas ton jour et que tu ne verras pas le prochain se lever, compris ? Si c’est le cas, maintenant, tu vas gentiment avancer comme les autres et te concentrer. On ne sait jamais sur qui ou quoi on risquerait de tomber jusqu’à ce que l’on soit arrivés au campement. »

« Pas … Pas de problème ! Le message est bien passé ! Je vous le promets ! »

Le jeune homme était encore un peu tremblant devant le ton autoritaire de son aîné de bien trois décennies au minimum. Pourtant, il était en position, bien concentré sur ce devait faire.

Le chemin jusqu’au camp se déroula sans encombre. Aucune bête sauvage n’osait les attaquer, il fallait dire que s’en prendre à des soldats honoriens était de la pure folie. Ces êtres étaient entraînés pour la guerre depuis leur plus tendre enfance pour la majeure partie des citoyens. A partir de là, il n’était pas rare qu’un adolescent honorien puisse battre un soldat adulte provenant d’un autre royaume.

« Encore des démons ? On commence à en avoir une sacrée collection. »

« Tant qu’ils évitent de se bouffer entre eux, ça me convient. Sinon, faudra éliminer tout le groupe. On voudrait éviter que le scénario d’avant se reproduise. »

« Ouais, ouais, je m’en rappelles, c’est encore frais dans ma tête aussi, ne t’en fait pas. Bon, puisqu’il en est ainsi, suivez-moi, vous allez avoir de nouvelles cages. Les autres sont remplies. Y a quelqu’un qui se charge d’écrire une lettre à la reine de Shunter ? »

« Je m’en occupe ! Ca sera fait dans l’heure ! Mais tu veux que je lui racontes quoi exactement ? J’en ait aucune idée, là, moi ! »

« Tout ce qui s’est passé ces derniers jours. L’annonce de nouvelles captures de démons, le fait qu’elle pourrait nous rendre une visite et tout le reste. »

« D’accord, d’accord, tout de suite, si tu t’expliques mieux, ça passe. »

Et voilà que chacun retournait à ses occupations dans le campement. Il n’était pas bien grand, comportant ce qui semblait être une centaine voire deux cents soldats d’Honoros. Des tentes quelques bâtiments branlants faits en pierre, on voyait parfaitement que tout cela n’avait pas pour but de perdurer. Entassés dans différentes cages éloignées les unes des autres malgré qu’elles se trouvaient toutes dans la même zone, les démons grognaient, gémissaient, se plaignaient sans que pour autant, cela ne semble concerner les honoriens.

« Bouclez-là ! Vous avez voulu nous tuer, vous avez de la chance qu’on ait décidé de vous laisser en vie, bande de monstres ! »

« Dès que nous pourrons fuir, on vous exterminera ! VOUS ENTENDEZ ?! ON VOUS ELIMINERA ! ON VOUS FERA REGRETTER ! »

« Bien bien entendu, j’entends ça depuis des jours maintenant. Vous êtes juste une bande de charognards qui envisage de se bouffer entre eux pour devenir plus puissants. Vous êtes moins que des hommes et des femmes. Continuez de vous dévorer et restez sous la surface, on ne veut pas d’êtres comme vous. »

« C’est pour ça que vous attendez que l’on sorte pour venir nous attraper ? Vous n’êtes même pas capables d’assumer vos propres actes. Les êtres de la surface sont vraiment pathétiques. En combat singulier, vous ne pourriez rien faire face à nous. »

« Y a des chances, oui. Sauf qu’ici, c’est la réalité et que si vous espérez de la bonne conduite et de l’honneur pendant un combat, vous vous trompez lourdement. On est là pour survivre, pas pour se faire des gentillesses pendant que l’on s’affronte. Vous allez bientôt me faire croire que vous êtes comme les chevaliers de Shunter, toujours droits et fiers ! Hahaha ! »

Et voilà comment la majorité des conversations se déroulaient entre les démons et les honoriens. Ces derniers retournèrent à leurs occupations, nourrissant uniquement les démons lorsque cela était nécessaire, ne se préoccupant pas plus d’eux, sauf pendant quelques interrogations. Le plus dangereux et ce qu’il fallait surtout surveiller, c’était les alentours. L’ennemi, ce n’était pas que les démons et ils le savaient tous très bien.

Les éclaireurs discutaient entre eux, juchés sur des tours faites de pierre et de bois, observant les environs. Si des nuages de poussière et de fumée étaient aperçus, autant signaler qu’ils étaient prêts à réagir en conséquence. Ainsi, il ne fallait pas espérer les surprendre. Bon … Le souci viendrait plutôt du nombre d’ennemis en face. Si cela devait se produire, autant signaler que ça ne sera guère très reluisant.

« Ah … Encore une journée tranquille. Sont marrants ceux qui partent en expédition. Nous, on est obligés de rester cloîtrés ici à ne rien faire. »

« Ouais ouais … Mais tu sais jamais sur quoi on risquerait de tomber. On ferait mieux de rester sur nos gardes. Si ces griffes sanglantes décident encore de lancer un assaut mais avec bien plus d’hommes, on risque d’avoir de sérieux problèmes. »

« Oui … Je sais, je sais … Mais bon … Nous aussi, on devrait avoir des renforts. Il paraîtrait qu’une livraison de matériaux va arriver d’ici quelques heures. On va devoir agrandir le campement. A cette allure, on va finir par fonder une ville. »

« Hey ! Faudrait pour ça qu’on ait plus de filles quand même. Ca manque par ici. Et disons que celles présentes, c’est pas le summum de la féminité. »

« Fais gaffe plutôt à ce que tu dis, je te rappelles que certaines ont une ouïe très fine. En fait, je te déconseilles de regarder en bas, y en a deux qui t’attendent … et armées. »

« HEIN ?! » s’exclama l’éclaireur à son compagnon, penchant aussitôt la tête dans le vide pour voir au pied de la tour. « Mais y a personne. »

« Si, si, jettes mieux un œil, je te dis. Tu devrais voir un imbécile au sommet de la tour. »

« Un imbécile au sommet de la tour ? Mais, dans cette position, je vois que le s… ESPECE D’ENFOIRE ! Tu te fous de ma gueule ! »

« J’ai même pas besoin d’en rajouter, hahahaha ! » s’exclama le second éclaireur tout en éclatant de rire devant la mine colérique de son compagnon d’infortune. « Non mais plus sérieusement, fais gaffe à tes propos. Tu sais bien que nos femmes sont hargneuses même si paraîtrait que la reine de Shunter est aussi un sacré bout de femme ! »

« Hey, c’est elle l’ancienne maréchale de l’armée de Shunter non ? J’ai entendu pas mal d’anecdotes à son sujet même si depuis quelques années, ce n’était plus le cas. Enfin bon, on va pas se préoccuper de ce qui ne nous regarde pas. »

« Comme tu dis, comme tu dis. Ils ont déjà leur lot de problèmes à Shunter, nous, on a les nôtres avec ces enfoirés du clan des griffes sanglantes, je vous jures. Une fois mais pas deux. On sait à quoi s’attendre de leur part dorénavant. Ils ne nous auront pas par surprise. »

Les deux éclaireurs étaient en position pour cette raison. Non pas pour éviter que les démons ne viennent les agresser mais bien à cause de ce clan composé de traîtres : Les griffes sanglantes. Ce premier clan qui avait annoncé ouvertement qu’ils travaillaient avec les démons pour pouvoir récupérer plus de terre.
La seule « qualité » qu’il était possible de reconnaître chez eux, c’est qu’ils ne tergiversaient pas dans leurs propos et actes. Dès l’instant où ils avaient dit cela, de nombreuses menaces sur le clan avaient commencé. Mais c’était déjà trop tard. Avec l’aide des démons, ils étaient presque intouchables. Difficile de lutter quand l’ennemi est issu de ses propres terres.
C’était pourquoi le campement était sur le qui-vive. Une attaque des démons ou du clan des griffes sanglantes risquerait de causer de lourdes pertes et des dégâts importants. Et c’était pourquoi des éclaireurs se trouvaient dans chaque tour, permettant alors de prévenir s’il y avait du mouvement. Tout était réglé au millimètre près pour empêcher le pire d’arriver.

« ALERTE ! ALERTE ! ON NOUS ATTAQUE ! QUE TOUT LE MONDE SOIT SUR LE PIED DE GUERRE ! CE N’EST PAS UNE BLAGUE ! »

Dommage que ça ne l’était pas, les honoriens se mettant déjà en position. Au loin, un nuage de fumée s’élevait mais pas seulement. Quelques créatures de cauchemar volaient dans le ciel, certain hommes et femmes aux oreilles pointues les utilisant comme montures. Alors que l’on aurait pensé à quelques animaux capables de voler, la réalité était toute autre lorsqu’ils se rapprochèrent à vive allure d’eux.

« Les … Les démons. Ils utilisent les démons comme montures ! »

C’était nouveau et ce n’était surtout pas rassurant ! Déjà, quelques archers prirent position, bandant leurs arcs, d’autres préparant les balistes. Aux grands maux les grands remèdes ! Honoros était une nation guerrière et chaque clan allait de son inventivité pour réussir à asseoir leur domination dans le domaine militaire.
Que cela soit par les armes lourdes, les armes blanches ou alors les armes à distance, chaque clan avait sa petite spécialité et dans le cas de leur propre clan, c’était les armes à distance … et les armes lourdes à distance. Ainsi, il n’y avait aucune hésitation dans le geste alors que plusieurs duos d’hommes et de femmes prenaient de lourdes arbalètes, ciblant les créatures dans le ciel, des flèches de la taille d’un bras humain quittant l’arme pour toucher leurs cibles en plein vol. Et un de moins !

« Continuez comme ça ! Eliminez-en un maximum à distance ! S’ils sont trop nombreux à se rapprocher, on est foutus ! VOUS COMPRENEZ ?! »

Parfaitement qu’ils comprenaient ! Le souci, c’est que ce n’était pas en criant que tout allait s’arranger hein ? Tous et toutes ciblaient du mieux qu’ils le pouvaient les traîtres à l’humanité vivant à la surface, ces traîtres qui n’avaient aucune décence, n’envisageant que leur propre survie, un peu comme ces mékalarmiens !

« PRESQUE ! VOUS POUVEZ LE FAIRE ! CROYEZ EN VOUS ! »

« AAAAAAAAAH ! C’EST QUOI CES BÊTES ?! J’EN AIT JAMAIS VU ! »

Des créatures cornues, se déplaçant à quatre bêtes mais surtout de taille colossale. Elles devaient bien faire dans les cinq à six mètres de largeur pour une hauteur avoisinant les quatre mètres. Et sur elles ? Plusieurs être aux oreilles pointues. Encore des honoriens ? Ce qui voulait dire que ces créatures …

« Ce sont des démons ?! Ils ont réussi à contrôler des démons carnivores ?! »

C’était ainsi qu’ils appelaient les démons qui avaient déjà commencé à se dévorer entre eux. Ce processus était horrible mais visiblement, cela ne les dérangeait guère. D’après ce qu’il était possible de saisir en vue des diverses notes qu’ils avaient pris, plus les démons se dévoraient, plus ils devenaient puissants … mais incontrôlables aussi.

« C’est tout simplement n’importe quoi ! POURQUOI ILS SONT AUSSI NOMBREUX ?! »

« J’en sais rien, moi ! Vas tenter de prévenir les autres avant qu’il ne soit trop tard ! Je n’ai pas envie de mourir à cause de tout ça ! »

Trop tard, c’était trop tard. Ils comprenaient que le clan des griffes sanglantes avait décidé de sortir une grosse partie de leurs effectifs, tout ça pour pouvoir obtenir quelques petits démons en plus ? C’était ridicule, complètement ridicule.

« Qu’est-ce que l’on va faire ? Je … Je n’ai pas envie de mourir ! »

« Moi non plus, qu’est-ce que tu crois ? Mais … Je ne vais pas reculer. Je ne veux pas apporter le déshonneur à ma famille. Je … Je vais continuer. »

C’était un combat jusqu’à la mort et même s’il y avait plusieurs échappatoires, ils se l’interdisaient. C’était ainsi, c’était dans leur sang. Leur sang leur disait de se battre jusqu’à ce que ça soit eux ou leurs adversaires qui mordent la poussière. Qu’importe les moyens qu’ils utilisaient en face pour obtenir la victoire, ils combattront jusqu’au bout !

Deux heures plus tard, il ne restait plus rien du campement ou presque. Tout avait été ravagé et oblitéré, seules les cages contenant les démons étant encore en bon état bien que les cadavres étaient nombreux tout autour de celles-ci.

« Emmenez les autres démons au loin. Il vaut mieux éviter qu’ils ne se rapprochent d’eux, ils risqueraient de vouloir les boulotter. On va éviter ça. Bon, quant à vous, sortez de là et pas de mauvais gestes, vous avez sûrement remarqué qu’on est tous du même côté. »

Un coup, deux coups, et voilà que les verrous éclataient pour laisser les cages s’ouvrir, les unes après les autres. Les démons se regardèrent pendant quelques secondes, finissant par sortir avant que l’un d’entre eux ne dise d’une voix lente :

« Vous … êtes … le clan … dont parlait les autres … démons, n’est-ce pas ? Vous voulez travailler avec nous, n’est-ce pas ? »

« C’est exact. Et n’oubliez pas qui vous a sauvé, cela sera parfait. Nous partageons nos connaissances avec vous et inversement. C’est donnant-donnant. Je pense que vous voyez où je veux en venir, non ? Bon, suivez-nous, on va vous remettre d’aplomb. »

« … … … Je ne comprends pas pourquoi les autres démons coopèrent avec vous. »

« Ce n’est pas un climat de confiance mais simplement d’intérêt commun, héhéhé. Si tu ne saisis pas cela, tu risques de finir dans l’estomac d’un autre démon. »

« On va éviter, je suis déjà heureux d’être en vie mais … qu’est-ce que vous comptez faire de nous ? Vous avez sûrement une idée, n’est-ce pas ? »

« Oh même plus qu’une idée, beaucoup plus. Mais pour ça, il va falloir que tu te décides. Est-ce que tu veux nous accompagner ou non ? »

« Ce n’est pas comme si vous me laissiez le choix de toute façon, n’est-ce pas ? »

« Oh … Si, tu as le choix ! Tu as même plus que le choix. Bon, sauf que l’un d’entre eux t’emmènera à une mort lente et douloureuse mais je te laisses y accéder. Je ne suis pas ainsi, héhéhéhé. Alors, qu’est-ce que tu en dis ? Tu nous accompagnes ? »

Pour toute réponse, le démon finit par faire un mouvement positif de la tête, son visage baissé et tourné vers le sol. Maintenant qu’ils étaient sauvés, il fallait voir si ce n’était pas pour mieux mourir d’ici quelques jours. Mais bon … Il ne restait vraiment plus rien de ceux qui avaient réussi à les capturer. C’était étrange … mais pas déplaisant.

« Comment avez-vous réussi à dompter les démons ? Certains, lorsqu’ils ont mangé plus que nécessaire, sont de vraies bêtes sauvages. »

« Ah ça, c’est notre petit secret. Disons que vous vous montrez très dociles si on vous nourrit correctement, comme des animaux. »

« Vous êtes en train de nous rabaisser à des simples bêtes ?! »

« Hum ? Non … Je ne le fais pas, c’est vous-même, d’après tes précédentes paroles, qui vous définissez comme tels. On ne fait qu’utiliser vos propos, hein ? Attention à ne pas tout mélanger, héhéhé … Cela sera vraiment dommage, oui, vraiment dommage. »

Tsss. Bien entendu. Ces types n’étaient pas là pour être considérés comme des sauveurs. Tant qu’ils avaient un intérêt à les garder, ils n’allaient pas s’en priver. Mais il était hors de question que tout cela continue ainsi ! Il allait devoir lui aussi faire preuve d’ingéniosité et il valait mieux dire cela tout de suite avant de perdre trop de temps :

« Vous savez néanmoins que traiter la royauté des démons comme de simples animaux pourraient vous attirer de graves ennuis ? »

« Hmmm ? La royauté des démons ? Tu veux dire par là que vous êtes comme Shunter et Traslord ? Vous avez un roi et tout le reste ? »

« Bien sûr ! Comment pensez-vous que le monde souterrain arrive à survivre ? »

« Et donc, pourquoi est-ce tu me parles de la royauté maintenant ? Est-ce que tu veux insinuer par là que tu en ferais partie, héhéhé ? » continue de dire l’honorien, comme amusé.

« Pas directement, je n’ai pas la prétention d’être lié à la famille directement. Je suis simplement l’un de leurs cousins, donc les liens du sang, bien que moins forts, sont néanmoins présents dans mon corps. »

« Oooooh … Intéressant, intéressant. Donc, si tu devenais une bête, tu serais certainement plus que puissant, n’est-ce pas ? Bien bien bien. Suis-moi donc. »

Une … bête ? Est-ce que son stratagème venait de se retourner contre lui ? L’homme croyait pourtant à ses paroles. Est-ce qu’il venait de commettre une effroyable erreur ? Ce n’était pas une bonne chose, pas du tout. Il allait devoir agir avec une extrême précaution dorénavant. Etant resté en place, le démon ne remarqua pas que l’honorien se retournait vers lui.

« Je peux savoir ce que tu fous ? Je viens de te dire d’avancer. On va rejoindre les autres avec tes compagnons de route, monsieur le « cousin royal. ». »

D’accord, cela voulait tout dire. Ce type ne le croyait pas le moins du monde. Mais il n’envisageait pas de le tuer. Qu’est-ce que ces êtres aux oreilles pointues issus de la surface avaient en tête ? Il n’en avait aucune idée mais il valait peut-être mieux ne pas savoir.

« Bon … Avec vous cinq, on a finit par atteindre la centaine de démons. Vous allez presque pouvoir vous débrouiller pour former une petite colonie ! C’est-il pas merveilleux ? »

Une centaine ? UNE CENTAINE ?! Ils agissaient de la sorte depuis combien de semaines voire de mois ?! Depuis quand est-ce qu’il y avait autant de démons disparus à la surface ?! C’était donc pour ça qu’ils ne revenaient pas ?!

« Une colonie ? Pour faire quoi ? A quoi est-ce que ça vous servira ? »

« A vous acclimater parmi chez nous. On va dire qu’on a pas forcément la terre la plus agréable par rapport aux autres royaumes. Et vous que vous êtes plus du genre souterrain qu’à apprécier la forte chaleur du soleil, il vaut mieux pour vous que vous vous réunissiez et soyez plus aptes à vous permettre de survivre, rien de plus. »

A quoi est-ce que cela leur servait ? Il était certain de ne pas être le seul démon à réfléchir de la sorte par rapport à ces étranges actes de la part de ces hommes et femmes aux oreilles pointues. Il valait mieux questionner les autres démons lorsqu’il allait se retrouver parmi eux. A écouter cet homme, ils étaient déjà une centaine. Vu que les groupes formés partaient tous les trois ou quatre jours avec environ dix membres, si on considérait que la moitié survivait, cela voulait dire que depuis déjà deux bons mois ou presque, ils récupéraient les démons.

Ainsi, les plus « anciens » parmi les survivants allaient pouvoir répondre à ses nombreuses interrogations. De trop nombreuses question qui le taraudaient depuis sa libération. Finalement, dans une charrette, il était assis auprès des quatre autre démons, tous aussi surpris et étonnés que lui par la tournure des évènements.

« Bon … Visiblement, de toute façon, qui vivra verra. »

Pour l’heure, il allait pouvoir enfin se reposer sans envisager qu’il puisse mourir dans les minutes qui suivent. Il allait juste patienter, il n’était plus à ça près maintenant.