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Chapitre 52 : Inquiète pour son chevalier

Chapitre 52 : Inquiète pour son chevalier

« Est-ce que tu peux me rendre ce petit service ou non ? Parler aux Ninjask et leur demander des informations s’il te plaît ? C’est vraiment important … »

« Comme vous le désirez, princesse Terria. Depuis que vous avez reçu cette lettre, vous semblez bien différente si je peux me permettre. Provenez-t-elle de ce Rapion ? » demanda poliment une Apitrini qui devait avoir une dizaine d’années.

« C’est exact … Ce Rapion est quelqu’un de vraiment très important pour moi. Tu dois le savoir. Mais surtout il est à côté d’une personne dont je dois absolument prendre des nouvelles. Il s’appelle Earnos et est un Coconfort. »

« Comme vous le voudrez, princesse Terria ! J’accomplirai vos désirs ! » s’écria l’Apitrini avant de récupérer la lettre que lui tendait l’adolescente.

La jeune fille quitta la chambre royale, disparaissant au beau milieu des trop nombreux gardes qui surveillaient maintenant la princesse. Celle-ci poussa un profond soupir, s’approchant de la fenêtre avant de l’ouvrir … Oh … Elle pouvait l’ouvrir de l’intérieur mais maintenant, de trop nombreuses barres de fer étaient présentes.

Elle avait bien grandi, elle aussi, en une année. Oh … Même si elle ne pouvait plus sortir de chez elle, elle continuait de grandir et de s’épanouir comme la princesse qu’elle était. Ses cheveux s’étaient allongés à tel point qu’ils lui arrivaient jusqu’au bas du dos. Résultat ? Elle avait décidé d’en faire deux longues couettes qui étaient attachées au sommet de son crâne. Ainsi, elle pouvait mieux les brosser. Bien entendu, le rubis ancré dans son front était toujours aussi beau et brillant, montrant qu’elle était soignée et correctement nourrie.

« Mais ça ne change rien du tout au fait que je ne suis plus libre. C’est à peine si je peux marcher dans le couloir de l’autre côté de la porte. »

Et en même temps, malgré sa condition « précaire », ses pensées étaient majoritairement tournées vers une personne, au loin. Oui … Une personne qui était si loin, dans le désert … Avec les Libegons. Elle lui faisait confiance mais elle restait plus qu’inquiète à son sujet. Et s’il lui arrivait malheur ? Déjà qu’à cause d’elle, il avait perdu son travail … C’était un peu comme si c’était un exil maintenant.

Un violent exil … bien trop violent même. Malgré le temps qui passait, savoir qu’il n’était pas revenu depuis tout ce temps était tout simplement affreux. Comment est-ce qu’il pouvait laisser sa famille comme ça ? Alors que la situation ne s’améliorait pas vraiment ici hein ? Pourquoi est-ce que … Pourquoi est-ce qu’elle n’arrivait pas à se sortir du crâne l’adolescent. Enfin … Ca faisait tellement de temps, il avait aussi un peu changé entre temps. D’ailleurs, c’était quelque chose qu’elle avait remarqué mais … La Munja. Enfin, Douély, cette Munja. Malgré les années qui s’étaient écoulées, elle n’avait pas vieillit. C’était bizarre, elle ne s’était pas souvent renseignée sur ces insectes mais ça serait peut-être le bon moment mais elle avait l’impression qu’elle n’apprendrait à leur sujet.

« Toute façon … A quoi est-ce que ça servirait hein ? Ce n’est pas comme si Earnos était important. Il se fiche complètement de savoir que j’ai retrouvé Douély. Et puis bon … Il ne sourira jamais pour moi. » marmonna l’adolescente, retournant se coiffer.

Ailleurs, dans le désert où les Libegons vivaient, Earnos et Olistar étaient assis côte à côte, regardant une nouvelle fois le ciel étoilé alors que la nuit était tombée depuis déjà une bonne heure. L’un comme l’autre ne semblaient pas avoir sommeil, les deux adolescents conversant à propos de différentes choses, même si le sujet actuel était assez spécial.

« Quand même … Depuis son retour et malgré ses belles paroles, j’ai remarqué que Lisian est plus souvent à côté de Férast que de toi, Earnos. » murmura le Rapion.

« Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Elle a décidé qu’il fallait qu’elle l’entraîne et lui apprenne à être un véritable homme, comme ça, il aurait ses chances avec une Cheniti. J’ai l’impression qu’elle veut tenter de changer la vision qu’ont les autres des Chenitis. »

« Hum … C’est quand même une bonne chose, n’est-ce pas ? Enfin, c’est sympathique de sa part. Sinon … Earnos, j’ai reçu une lettre de la princesse, ce qui me fait penser qu’il serait temps que je t’annonce quelque chose. Ce que je voulais te dire il y a … et bien maintenant plus d’une année, non ? » reprit Olistar, l’adolescent aux cheveux blonds se tournant vers lui.

« Tes petites cachotteries avec les Libegons ? Enfin … Je ne suis pas sûr que ça soit bien que tu me le dises … Ça a l’air assez privé. » répondit sans sourire le Coconfort.

« Ca l’est mais ce n’est pas vraiment de ça dont je voulais parler. Donc, pour ce qui est des Libegons et de moi, je crois que tu peux toujours attendre une réponse, hahaha. Non, c’est autre chose même si j’espère que ça ne remettra pas en cause ce que tu penses de moi. »

« Laisse-moi deviner, tu es au service de la princesse ou des Rapions depuis des années et comme j’avais l’air « potentiellement » intéressant à leurs yeux, ils t’ont envoyé pour faire ami-ami avec moi. C’est bien ça ? »

Le Rapion fut surpris, commençant à rougir faiblement avant de passer une main dans ses cheveux violets. Il eut un petit rire confus, détournant le regard avant de dire :

« On ne croirait pas quand on te regarde mais tu réfléchis quand même beaucoup non ? Enfin, ce n’est pas exactement ça … Mais ce n’est pas totalement faux. C’est bien la princesse qui m’a envoyé à tes côtés depuis bon nombre d’années … En fait, elle a remarqué que je t’appréciais et elle m’a demandé de te protéger au cas où. La princesse est vraiment très inquiète pour toi. Tu commets pas mal de bêtises à cause d’elle et donc, bien que tu la protèges tout le temps, elle a honte que tu ne sois pas protéger. C’est pour ça qu’elle m’a demandé une telle chose. Je suis un peu ton insecte gardien, Earnos. »

« Et tu pensais que ça allait changer quelque chose que je sache ça ? Enfin … Ca ne changera rien par rapport à moi … de mon côté, peut-être du tien alors. Mais sinon, ça montre juste que la princesse Terria est bête. Elle n’a pas à penser à un simple Coconfort comme moi. Si tu lui écris, dis-lui que je vais bien et qu’elle arrête de se faire du souci pour ma personne. Il y a bien mieux à côté d’elle. Je reste son chevalier, malgré tout ce qui s’est passé. Elle n’a pas à s’en faire à ce sujet. » termina de dire le garçon aux cheveux blonds.

« C’est peut-être pour cela qu’elle voulait que je garde un œil sur toi. Car tu es son chevalier et je suis votre ami à tous les deux. » annonça le Rapion avec calme avant de pousser un profond soupir. Il posa sa tête contre l’épaule gauche d’Earnos, soulagé de s’être livré.

« He … Hey … Olistar … Fais attention quand même. Ne t’endors pas non plus. Je sais bien que la fatigue, tout ça … Ca nous a quand même … »

« Je ne dors pas. Je me repose, voilà tout. J’ai pu enfin te le dire. Tu sais … Les Rapions et les Drascores ne sont pas différents des autres insectes. Nous ne sommes pas plus monstrueux ou spéciaux que les autres. »

« Hum ? Je crois l’avoir très bien remarqué, Olistar. Tu es comme les autres insectes, du moins, à mes yeux, tu es différent d’eux … mais du bon côté. » répondit le Coconfort.

« Quand même. Quel beau parleur tu fais, ça ne fait plus aucun doute pourquoi la princesse a préféré te garder comme chevalier malgré ta soi-disant faiblesse. » chuchota doucement Olistar, les yeux fermés, Earnos clignant les siens plusieurs fois avant de reprendre :

« Euh … Pourquoi ça ? Qu’est-ce que j’ai dit de spécial encore une fois ? »

« Rien du tout … Rien du tout … Disons que tu as ta façon à toi d’être fort et que c’est cette façon qui fait que l’on n’a pas à s’inquiéter quand tu es là. Bonne nuit, Earnos. »

« Bonne nuit, Olis … HEIN ? He … Hey ! Olistar ! Tu ne vas quand même pas, dormir … »

Mais c’était déjà trop tard. Le Rapion s’était déjà profondément endormi contre son épaule. Qu’est-ce qu’il avait fait pour mériter ça ? Il resta immobile pendant deux bonnes minutes, un peu rouge aux joues. C’était bizarre de trouver ce genre de paroles … réconfortantes non ? Il souleva le Rapion sans aucun mal. On ne croirait pas en sachant à quel point Olistar était puissant mais … il était vraiment frêle en fin de compte. Il l’emmena dans la hutte où les quatre adolescents dormaient, puis déposa dans son lit avant d’aller dans le sien. Férast et Lisian dormaient déjà depuis pas mal de temps d’après ce qu’il avait remarqué. Il valait mieux qu’il ne perde pas de temps de son côté lui aussi.

« Princesse Terria ? Princesse Terria, je voulais savoir … Voudriez-vous bien sortir vous promener ? J’ai reçu l’autorisation du roi. »

Hum ? Hein ? Ca lui rappelait quelque chose. Hier, elle avait envoyé l’Apitrini pour donner sa lettre à Olistar. Avec lui à ses côtés, elle était quand même plus rassurée pour Earnos. Mais la phrase d’Holikan … lui rappelait quelque chose. Ah bien sûr ! C’était y a plus d’un an ! Sauf que cette fois-ci …

« Attends juste cinq minutes, Holikan. Je me prépare et c’est bon. »

« Hein ? Vous acceptez princesse Terria ? Enfin une bonne nouvelle ! Je vous attends avec impatience dehors alors ! » dit la voix masculine de l’autre côté.

« D’accord, d’accord. Ne sois pas trop pressé non plus. Ca n’a rien de bien exceptionnel non plus. » dit l’adolescente aux cheveux blonds, un sourire aux lèvres bien qu’il ne pouvait pas le voir. Ce n’était qu’une balade à deux.
Et rien d’autre ! Mais elle allait pouvoir sortir un peu, autant ne pas refuser cette opportunité, surtout qu’elle était d’humeur joyeuse pour une fois.

Chapitre 51 : Faire la paix avec elle

Sixième partie : Dans l’insouciance de l’adolescence

Chapitre 51 : Faire la paix avec elle

« Après votre entraînement, vous pourrez aller écrire à vos familles. Même toi, Olistar. » annonça Sania alors que les trois adolescents s’entraînaient maintenant avec ardeur. Férast et Earnos affrontaient toujours un Kraknoix bien que chacun avait le sien maintenant. Olistar … ah … Olistar, c’était toujours bien différent avec lui.

Car oui, le Rapion était tout simplement au-dessus d’eux deux. C’était tout simplement différent … et monstrueux. Il arrivait à s’occuper de deux Vibraninfs en même temps ! Sans même sourciller ou presque ! C’était d’un tout autre niveau ! Quelque chose de bien plus grand et imposant ! Impossible à arrêter même !

« D’accord, merci beaucoup. Vous pourrez quand même m’aider pour l’écriture ? Je n’ai plus écrit depuis longtemps et je ne suis pas sûr que je puisse encore … écrire correctement. Je n’ai jamais été réellement doué pour ça, je n’ai jamais été à l’école à la base. Alors, j’ai toujours appris sur le moment ce qui n’est pas vraiment bon. » murmura l’adolescent aux cheveux blonds, passant une main dans ses derniers.

« Hum ? Aucun problème. D’ailleurs, il semblerait qu’un nouvel entraînement vient de se présenter à toi, Earnos. Désormais, nous aurons aussi des cours d’école. Apprendre les bases ne sera pas bien difficile maintenant que vous êtes adolescents. Férast, tu es invité aussi à venir suivre les cours. Il en est de même pour Olistar. D’ailleurs, Olistar, il faudra que nous parlions tous les deux à ce sujet. »

Hum ? De quoi ? Le Coconfort posa son regard sur le Rapion. C’est vrai qu’il y avait quelque chose de différent depuis ces derniers mois chez lui. Il ne savait pas comment l’expliquer mais voilà … Olistar semblait différent depuis tout ce temps.

« Je vois, je vois. Aucun problème. Je viendrai vous voir après les cours. » signala le Rapion, faisant se percuter les deux Vibraninfs avec aisance.

« AIE ! Ca fait mal ! » s’écrièrent les deux adolescents Vibraninfs tandis que Férast répondait calmement à Sania par rapport à sa proposition :

« Je viendrai suivre aussi les cours puisque vous me l’avez demandé. Enfin, proposé. Je suis d’accord pour les suivre. J’ai …bien envie …d’apprendre. »

« Alors, tant mieux. D’ailleurs, il y aura quelqu’un d’autre qui viendra suivre mes cours puisqu’il en est ainsi. » annonça la Libegon avec un petit sourire aux lèvres.

« Ah bon ? Tant mieux alors … Euh … Enfin, je pense que c’est une bonne chose. Je ne suis même pas sûr de ça. » répondit l’adolescent aux cheveux blonds avec calme.

« Hahaha … Tu verras bien. Je vous laisse continuer vos entraînements. Je risque de vous perturber avec tout cela. D’ailleurs, il semblerait qu’Olistar, je te fasse peut-être bientôt affronter un nouveau Libegon. Mais cette fois-ci, je ne crois pas que ça soit aussi simple. »

Le Rapion aux cheveux violets hocha la tête positivement. Aucun problème pour lui.

Après l’entrainement, ils purent se reposer pour environ une heure. Ensuite, ils n’avaient alors qu’à se diriger vers le petit bâtiment où quelques élèves rentraient et sortaient quotidiennement. A cette heure-ci, personne n’était présent … sauf les trois adolescents. Il aurait trouvé cela drôle à une époque d’aller à l’école à son âge mais là … Il n’avait vraiment pas envie de rire. Sania prit la parole :

« Vous êtes tous présents ? Installez-vous donc sur les chaises. Nous attendons le quatrième élève qui doit arriver d’une minute à l’autre. Les Libegons ont été la chercher. »

Hum ? Hein ? De quoi ? La chercher ? Earnos s’apprêtait à s’asseoir comme Olistar et Férast mais il resta debout à cette annonce. Il avait cru mal entendre … Enfin, ça aurait été bien mieux s’il avait bien entendu mais bon.

« Est-ce que je peux rentrer maintenant ? » murmura faiblement une voix féminine de l’autre côté de la porte, la Libegon lui répondant avec un sourire aux lèvres :

« Bien entendu … Ne perdons donc pas plus de temps. Bon retour parmi eux, Lisian. »

« Lisian ? C’est vraiment elle ? » demanda le Coconfort, se dirigeant aussitôt vers la porte à toute allure. Celle-ci eut à peine le temps de s’ouvrir alors qu’une adolescente faisait son apparition en face d’Earnos. Olistar et Férast s’étaient levé tous les deux à leur tour.

« … … … Coucou, Earnos. Tu as grandi quand même en un an. » murmura faiblement la demoiselle en face du Coconfort.

« Hum ? Hein ? Euh oui, bien entendu. » répondit le Coconfort, un peu étonné du ton utilisé par l’adolescente. Elle aussi avait bien changé en une année. Une année où elle fut élevée par les Libegons mais seule, sans les autres membres du quatuor.


Ses cheveux bruns s’étaient allongés pour aller jusqu’au bas du cou tandis qu’elle portait une robe brune recouverte par de nombreux morceaux de pierre. La robe lui allait jusqu’aux genoux tandis que l’adolescente avait maintenant quelques formes féminines. Il fallait dire qu’elle avait quatorze ans, comme le reste du groupe … sauf Olistar qui en avait dix-sept. Dix-sept ans ! C’était quand même plus qu’étonnant quand il y réfléchissait. Olistar semblait si à l’aise par rapport aux autres … malgré son âge « avancé ».

« Pardon à Férast et à Olistar pour tout ce que j’ai dit il y a maintenant plus d’un an. Je ne voulais pas vous ignorer réellement … Enfin si … A l’époque, c’était le cas. Je ne pensais qu’à Earnos, que j’estimais être comme l’unique homme que je côtoierai durant toute ma vie mais il s’avère que tout ça n’était qu’un mensonge crée par les membres de mon espèce. Je voulais m’excuser pour tout ce que j’ai … »

« Euh ? Et tu ne crois pas que je devrais aussi m’excuser ? » coupa le Coconfort. Visiblement, lui aussi avait à se faire pardonner. « Je n’ai franchement pas été mieux de mon côté hein ? Dire des choses aussi horribles. Pardon, Lisian. »
Il s’inclina devant l’adolescente Cheniti, celle-ci faisant un petit geste de la main pour dire que ce n’est pas bien grave avant de subitement venir l’étreindre pendant une bonne trentaine de secondes. Elle chuchota avec un petit sourire :

« Ca ne veut pas dire pour autant que j’abandonne la partie. »

Quelle partie ? De quoi est-ce qu’elle … Oh ! Il comprenait. Enfin bon … Il était d’accord pour ça même si elle risquait de perdre. Après l’avoir étreint, elle fit de même avec Olistar, semblant surprise sur le coup. Puis ce fut au tour de Férast, l’adolescent aux cheveux bleus ayant un peu de rouge aux joues, chose qui ne passa pas inaperçu chez les deux autres personnes. D’ailleurs, Olistar vint sourire à Earnos, celui-ci haussant les épaules pour dire que ça ne le concernait pas même s’il trouvait cela amusant en un sens.

« Et bien … Maintenant que les retrouvailles sont faites, pourrions-nous commencer les cours ? » demanda Sania en tapant dans ses mains.
Ah ! Bien entendu ! Lisian arrêter de serrer Férast contre elle, les quatre adolescents retournant s’asseoir. En un an, beaucoup de choses avaient changé … Mais dans le royaume … Comment est-ce que tout se déroulait ? Comment est-ce que tout se passait ? Devant le regard distant d’Earnos, Sania reprit la parole :

« Sachez qu’après ces quelques cours, nous irons écrire les lettres que vous enverrez à vos familles ou alors à vos amis. Nous avons de quoi vous permettre de les contacter. Ne vous inquiétez pas le moins du monde pour cela. »

Ah ? Oui. Il avait complètement oublié ça. Qu’il était un peu bête sur le coup quand même. Mais bon, il savait à qui écrire … A ses parents pour les rassurer. Gloups … Il venait d’y penser. Ca faisait énormément de temps … Enfin, il espérait que Sando les avait quand même prévenus au cas où car sinon, ça risquait de barder.


Finalement, les premières lettres partirent le lendemain. Lisian et Olistar donnèrent quelques conseils à Férast et Earnos pour écrire les leurs. Ils étaient tous les quatre réunis depuis la traversée du désert, cela semblait si normal et logique d’épauler un ami. Maintenant, il suffisait simplement d’attendre une réponse.

« Roi Tanator ? Nous avons une lettre de la part d’Olistar, le Rapion ambassadeur. Normalement, elle est destinée à votre fille. » annonça un soldat, tenant une lettre dans ses mains. Le roi ne bougea pas de son trône, murmurant :

« Est-ce que vous avez vérifié que la lettre ne continent aucun poison ? Ou n’est pas dangereuse ? Si tel est le cas, vous pouvez aller la lui donner. »

« Vous ne voulez pas la lire ? Il semblerait que d’autres lettres soient venues en même temps. Cela concerne un Pomdepik, une Cheniti et un Coconfort. Le Coconfort est le jeune Earnos qui était l’un des chevaliers de la princesse Terria. D’après les Ninjasks, il semblerait qu’ils se trouvent tous actuellement dans les tribus de Libegon. »

« Les tribus de Libegon ? Comment est-ce … » commença à dire le roi, plus surpris qu’autre chose par cette annonce. Néanmoins, il s’arrêta de parler, faisant juste un geste de la main.

Il pouvait quand même laisser le courrier à sa fille. Déjà que depuis tout ce temps, elle ne pouvait plus sortir. Il n’allait quand même pas l’empêcher d’avoir une lettre de ce Rapion si elle ne présentait aucun danger. Il ne devait pas … l’emprisonner même si c’était trop tard.

Chapitre 50 : Dans l’ombre

Chapitre 50 : Dans l’ombre

« Merci pour tout. C’est bon de se sentir accompagnée par des personnes. »

« De rien princesse Terria. Néanmoins, ce qui vous attend lorsque vous rentrerez au château sera bien plus terrible que tout ce que vous aviez vécu auparavant. » annonça l’un des Maskadras, loin de la rassurer. Elle passa néanmoins de l’autre côté du mur, prenant le petit trou qu’elle avait l’habitude d’utiliser.

« Qu’est-ce qu’ils sont encore en train de raconter eux … Comme si je pouvais avoir des problèmes ? Hum ? Hein ? Qu’est-ce que … » balbutia l’adolescente aux cheveux blonds, remarquant le climat d’alarme dans lequel le château s’était mis. Il n’y avait qu’une raison … Une unique raison qui poussait les soldats et les Apitrinis à être ainsi : elle.

« Euh … Plus besoin de rechercher comme des fous … Je suis là et je vais bien. » reprit-telle faiblement en levant la main droite en l’air. Elle était un peu rouge car bon, déplacer autant de monde faisait toujours son petit effet mais quand même.

« Princesse Terria ! Vous étiez donc là ! Que faisiez-vous en pleine nuit dehors ? Vous avez une interdiction de votre père de quitter votre chambre ! Vous ne savez pas ce qui vous attend dehors ! » s’écria l’un des généraux qui était un Cizayox. Recouvert de son armure rouge, il semblait très impressionnant mais aussi très inquiet. « Votre père, le roi, a donné des ordres bien précis. D’ailleurs, lui-même est parti à votre re … »

« TERRIA ! TERRIA ! » hurla une voix tonitruante, semblant capable de faire trembler tout le château si elle le désirait. Le roi arriva d’un pas rapide vers l’adolescente.

« Père … Je suis désolée mais ce que j’ai fait est peut-être … »

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’une baffe vint la frapper avec violence, la faisant tomber sur le côté si seulement la même main ne l’avait pas agrippée par le bras. Rapidement, l’adolescente fut tirée derrière le roi, celui-ci s’écriant avec rage :

« Tu m’accompagnes tout de suite ! Et dès demain, je demanderai à ce que l’on mette des barreaux à ta fenêtre ! Quand je te refuse le droit de sortir de ta chambre, ce n’est pas par plaisir mais par sécurité ! Est-ce que la mort de ta mère ne t’a rien appris ? Et encore, nous étions en paix à ce moment-là ! Maintenant, c’est la guerre au sein même du royaume ! »

« Père ! Lâchez-moi ! Lâchez-moi ! Vous me faites mal ! » sanglota l’adolescente, plus par la joue baffée et la douleur à son bras que d’avoir été claquée par son père devant une majeure partie des soldats du château.

« Comme si j’allais réellement te lâcher ! Pour que tu t’enfuis encore ? Je pensais que c’était ce petit Coconfort qui t’avait pourri le cerveau avec des idées aussi absurdes mais il semblerait que ça ne soit que toi qui sois responsable de toutes ces choses ! Espèce d’idiote ! Qu’est-ce que ta mère penserait de toi si elle savait ce que tu fais ? »

« Mère serait plus qu’heureuse que j’œuvre pour le royaume ! Car elle était sûrement au courant de la création absurde de celui-ci ! Un royaume qui se fait en excluant différentes espèces d’insecte n’est pas le véritable royaume des insectes ! Et vous, vous avez continué à faire ça pendant des siècles ! Vous vous fichez pas mal des autres races tant que vous restez au pouvoir ! Vous n’avez jamais fait un mouvement envers les Drascores et les Scorvols ! »

Le roi Tanator s’arrêta devant la porte de la chambre de sa fille, posant son regard rubis sur elle. Elle fit un petit mouvement de recul tout en commençant à trembler. C’était quoi ses yeux posés sur elle ? HEY ! Son père n’était pas dans son état normal ! Elle voyait à son regard ! Il semblait complètement perdu.

« Tant … Tant que tu es en vie, la monarchie continuera … C’est le plus important pour moi. Tu es ma fille … L’unique personne qui est de mon sang. Je ne laisserai pas partir le dernier souvenir de Seiry comme ça. Si tu ne veux pas comprendre à quel point il est important que tu restes dans ta chambre, moi-même, je sais ce qui est important. »

« Père … Vous devriez sérieusement consulter les médecins du royaume. Vous n’allez vraiment pas très bien. » murmura-t-elle, essayant de calmer la situation.

« Mon état de santé n’est pas intéressant ! Seul le tien importe, ma fille ! Pardon de t’avoir frappée … Sur le moment, je … Je … Je ne pensais pas à mal. » bredouilla l’homme qui commençait à faire paraître quelques rides.

Il relâcha son bras pour venir la serrer contre lui. L’adolescente se laissa faire, fermant ses yeux rubis. Ça ne servait à rien de lutter contre son père. Elle savait qu’il n’avait jamais voulu réellement cette situation. Elle savait aussi que ce n’était pas son désir réel de l’enfermer, tout simplement de la protéger. Son père souffrait autant qu’elle de toute cette situation mais … Ce n’était pas bon ce qu’il faisait, ce n’était pas bon du tout.

« Bonne nuit ma fille … Repose-toi bien. Demain, je t’enverrai un médecin pour voir si tout va bien. » murmura le roi avant de refermer la porte derrière lui.

Elle se massa le bras faiblement, comme perturbée par tout ça. Ce n’était pas bon … Pas bon du tout. Dès demain, les barreaux allaient être mis à sa fenêtre et elle pouvait tout simplement oublier l’idée même de sortir de sa chambre dorénavant.
Elle allait devoir trouver une occupation, quelque chose à faire. C’était l’unique moyen pour elle de ne pas devenir folle comme son père. Car oui, pour elle, ça ne faisait aucun doute. Son père était en train de perdre peu à peu la raison. Elle le savait parfaitement, elle savait que son père avait perdu la tête depuis la mort de sa femme.
Il l’aimait … Il l’aimait tant … Contrairement à ses apparences, le roi avait toujours été doux avec sa famille. Il avait toujours été à l’écoute de sa femme, prêt à respecter la moindre de ces décisions et voilà le résultat : la reine Seiry était maintenant morte depuis plusieurs années … tellement d’années.

« Si seulement Douély pouvait ramener à nouveau maman … Ca serait tellement plus simple mais elle n’acceptera jamais, jamais … »

Elle commença à pleurer, mais non plus à cause de la douleur. Ca devenait une situation impossible à cause de toute cette histoire. Elle n’arrivait plus à en vouloir à son père après ce soir. Elle ne savait même plus vers qui se tourner pour espérer trouver une solution. Peut-être que si … Peut-être que si toute cette guerre civile se terminait, tout s’arrangerait pour elle ?

Ailleurs, dans un endroit qui était secret, plusieurs personnes étaient réunies autour d’une table. Une faible lumière provenait du sommet de la pièce, éclairant à peine les personnes encapuchonnées et les différents papiers déposés sur la table.

« Quelle est la situation actuelle concernant le royaume ? Devrions-nous intervenir ? »

« Je pense qu’il vaut mieux que nous laissions les autres races s’occuper de tout cela. Nous n’avons pas à nous en mêler. Ils se débrouillent très bien de l’intérieur. »

« Je ne parle pas uniquement de cela … Ce que je veux savoir, est-il nécessaire que nous commencions à faire parler de nous pour que le peuple nous suive ? »

« Je ne pense pas … Pas maintenant mais plus tard. Notre première mission n’est pas de nous faire remarquer mais d’éliminer la dernière Apireine de ce royaume. D’ailleurs, à ce sujet, il semblerait qu’elle tente quelques escapades pour quitter le château. Il faut profiter de l’une de ces excursions extérieures pour réussir à l’assassiner. »

« Après la mort de sa femme, la mort de sa fille plongea le roi dans une douleur sans fin. Nous pourrons alors en terminer avec la royauté. D’ailleurs, avez-vous remarqué les changements psychologiques chez le roi ? Il semblerait que … »

Et les discussions s’éternisèrent pendant de longues minutes. Une réunion comme quelques autres. Une ombre sortit du bâtiment dans lequel ils avaient discuté. Moins de deux minutes plus tard, le bâtiment s’effondra, ne devenant plus que des ruines. Nulle personne ne pouvait deviner dans ce climat de tension qu’ils étaient derrière ces manœuvres.
L’ombre commença à se mouvoir à travers les ruelles, semblant savoir où elle devait se rendre. Finalement, la forme d’une petite maison se présenta devant lui. Avec lenteur, l’être pénétra à l’intérieur de la maison, faisant attention à ne guère faire de bruit. Il monta les escaliers de sa demeure, se dirigeant vers une chambre avec discrétion.

«  Tant mieux … qu’elle dorme. » murmura doucement l’être en regardant un bébé aux cheveux rouges comme ceux de sa mère. « Bonne nuit, Cassiopi. Papa est rentré. »

« Hum ? Saralos ? Tu es enfin rentré ? » marmonna une voix dans le couloir, la lumière étant allumée dans celui-ci. Un homme aux cheveux rouges sortit de la chambre, se présentant face à la femme qui était en robe de nuit, les yeux à moitié clos.

« Oui … Je suis désolé, mon amour. Le travail n’est plus ce qu’il était. Pardon de rentrer aussi tard. Tu ferais mieux d’aller te recoucher. Je te rejoins dans quelques minutes. »

« Hors de question. Maintenant que tu es là … Tu ne t’échapperas pas pour le reste de la nuit. » répondit la jeune femme avant d’enlacer son mari pour le tirer vers l’autre chambre.

« D’accord, d’accord, j’ai compris, Passy. » chuchota l’homme en rigolant.

Tout ce qu’il faisait à côté … Elle ne devait pas être au courant. Il devait protéger son enfant et sa femme … tout en pensant à éliminer celui d’un autre. C’était peut-être pour cela qu’il ressentait un peu de remords en ce moment même ?

Chapitre 49 : Servir malgré tout

Chapitre 49 : Servir malgré tout

« Néanmoins, malgré cette acte de traîtrise, de nombreux Rapions et Drascores ont continué de vouloir servir le royaume. Malheureusement pour eux, le mal était fait et ils n’ont servi le royaume que de très loin Aucun ne fut à l’honneur depuis la création du royaume. »

Cette histoire était surprenante … mais elle n’était pas sûre que ça soit sur le bon côté de la chose ou non. Elle était assise sur le canapé, regardant Douély longuement pour réfléchir à tout cela. Quelque chose l’intriguait dans cette déclaration, dans cette histoire.

« Comment est-ce que tout le monde peut considérer les Rapions et les Drascores comme des meurtriers ? Même avec des preuves, c’était quand même trop facile ! On ne peut pas juger une race sur quelques-uns de ses représentants ! C’est comme si Olistar faisait une bêtise, je devais considérer qu’il représentait tout son peuple. »

« Et pourtant, c’est ce qu’on fait les insectes avant la création du royaume. » annonça calmement Douély, nullement attendrie par ce qu’elle venait de raconter.

« Cette première Apireine n’était vraiment pas très maligne sur le coup ! Elle n’a pas cherché à pardonner aux Drascores et aux Rapions ! Pareil pour les Scorvols et les Scorplanes ! »

« Oh … Oraura a payé un lourd tribut pour ça … mais je n’ai pas envie de te raconter le reste. Tu n’es encore qu’une gamine qui s’excite pour un rien. Si tu étais plus adulte, tu aurais pu comprendre le reste de l’histoire mais tu ne sais pas encore ce que sont ces choses-là à ton âge. » dit la jeune femme aux cheveux bruns.

« Ah oui ? Et c’est quoi ces choses-là dont vous parlez ? » s’écria Terria, piquée au vif par les paroles de la femme en face d’elle.

« Hum ? Je n’ai pas à te le dire. Maintenant que tu as entendu cette histoire, débarrasse le plancher et ne revient plus ici. Ca ne t’apportera rien de bon. »

« J’ai demandé à connaître la suite. C’est un ordre royal, mademoiselle Douély. » dit la princesse, émettant un petit grognement. Douély resta de marbre, le regard hautain en croisant les bras au niveau de la poitrine. Tout cela semblait sans effet pour la jeune femme qui n’était nullement inquiète.

« Et ? Même si c’est un ordre, je ne vois pas de raison d’y obéir. La petite demoiselle devrait apprendre à faire preuve d’une meilleure autorité si elle ne veut pas finir comme la première Apireine de ce royaume … ou alors, tout simplement comme sa mère. »

AH ! Là, elle venait de toucher un point sensible. La main droite de l’adolescente se modifia en griffe avant qu’elle ne se lance vers Douély. Celle-ci ne bougea pas de sa position, tendant juste la main pour bloquer la griffe de Terria entre ses doigts.

« Je vous interdis de parler de parler de ma mère, la reine Seiry, de la sorte ! Elle vaut cent fois mieux que vous ! Elle est morte à cause de son devoir ! A cause de ses idées qui seront cent fois meilleures que les vôtres ! »

« Sûrement … Ce n’est pas bien difficile de toute façon. » rétorqua la jeune femme.


D’un geste de la main, elle la repoussa, la renvoyant sur le canapé comme si de rien n’était. L’adolescente se redressa, serrant les dents avant de faire disparaître sa griffe. Elle épousseta sa robe rayée de jaune et de noire.

« Et toi ? Tu vas faire alors ? Tu vas t’enfuir encore une fois pour qu’Earnos te revoie plus ? »

« La décision de le revoir ou non ne dépend que de moi. Tu n’as pas à te mêler de cette histoire, c’est compris ? Ce que je ressens ? Ca ne te concerne pas. »

« Je n’ai jamais parlé de ça … Bon, je dois m’en aller mais je reviendrai pour connaître la suite de l’histoire, mademoiselle Douély. Et je vous interdis de parler de ma mère de cette façon, c’est compris ? La prochaine fois, je serai vraiment en colère. » dit Terria, essayant d’être impressionnante dans ses paroles sans être réellement sûre d’y arriver.

« Bien entendu … On verra cela quand tu seras plus grande. Tu n’es encore qu’une enfant … Mais si il s’avère que j’apprends quelque chose à ton sujet et en ce qui concerne Earnos, tu ferais mieux de tout faire pour que je ne te revoie pas, c’est compris ? Maintenant, laisse-toi emmener par les deux Maskadras qui attendent dehors. Ils te raccompagneront jusqu’au château. Vraiment … Quelle empotée tu fais comme Apireine. » termina de dire Douély avant de se diriger vers sa chambre. Terria voulut la suivre mais déjà la jeune femme n’était plus là. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Quelque chose au sujet d’Earnos et d’elle ? Où est-ce qu’elle voulait en venir ? Elle sortit, remarquant les deux personnes avec un masque souriant sur le visage. C’était eux ? Ils s’inclinèrent devant elle, lui demandant de bien vouloir les suivre pour qu’elle retourne en sécurité jusqu’au château. Bizarre … Comment Douély connaissait ces gens ? Elle cachait trop de choses.

Earnos était assis sur le sable, observant le ciel. Dans le désert, il n’y avait pas vraiment de nuage. D’ailleurs, il n’y avait jamais eu de pluie depuis qu’il était ici. Ca commençait à faire quelques temps non ? Et comment est-ce que la princesse allait ? Mais en même temps, il ne pensait pas vraiment à ça. Il était trop perturbé par ce qu’il avait appris … Ce royaume avait été créé par la trahison des Drascores et des Scorvols ? Non, ce n’était pas possible.

Quelque chose clochait, mais il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. De même, il sentait qu’on lui mentait ou presque. Ce royaume … Il se doutait bien qu’il y avait un problème, que tout ne fut pas rose pour sa création mais quand même. Une telle aberration … Est-ce qu’il était le seul à la voir ? A remarquer le gros problème dans tout ça ?

« Ah. Tu étais là ? Les Libegons avaient peur que tu te sois rendu dans le désert sans même prendre tes précautions, Earnos. »

Olistar était arrivé, venant s’asseoir à côté de lui. L’adolescent aux cheveux blonds ne bougea pas de sa position, Olistar commençant à faire de même. Installé à côté de lui, il regarda en même temps le ciel, reprenant la parole :

« Où est parti Férast ? Il était normalement avec toi, non ? »

« Il a demandé à un Kraknoix de venir l’entraîner car il ne veut pas avoir besoin de moi pour devenir plus fort. Il commence à être indépendant, Olistar. C’est une bonne chose … non ? Enfin, je crois d’après mon point de vue mais … »

« Il est toujours triste de voir son enfant partir de ses propres ailes, Earnos. Enfin, plus sérieusement, Earnos, je … »

« Ce qui a été dit, ce n’est rien du tout, Olistar. Je sais bien que tu en as rien à faire mais c’est pareil pour moi, je te le promets. Je ne pense pas un seul mot de cette histoire. Tu restes une personne que j’aime beaucoup. Je dirai même que tu es une personne en qui je fais vraiment très confiance. Enfin, bon, je te considère comme un ami proche. »

« … … … Hahaha ! Ne t’inquiète donc pas pour moi ! J’étais quand même au courant de tout ça … Il faut dire que c’est l’une des premières choses que nous apprenons. Comme quoi, les autres races nous détestent. Enfin, ça change un peu depuis quelques années maintenant. Et en fin de compte, ce n’est pas totalement vrai hein ? »

C’est exact … Il confirmait les dires du Rapion. D’ailleurs, il ne mentait pas sur ce qu’il avait dit à son sujet. Il appréciait grandement le Rapion et cela depuis plusieurs années. Il le considérait comme son professeur et il savait pertinemment que cela allait reste encore plusieurs années. Enfin … Maintenant … qu’il savait au sujet de sa race, c’était lui qui se sentait mal. C’était pour ça qu’il avait voulu faire croire qu’il voulait réconforter le Rapion alors que c’était lui qui en avait le plus besoin maintenant.

« Earnos, tu te fais du souci pour moi ? » demanda le Rapion une nouvelle fois, Earnos ne lui répondant pas, continuant d’observer le ciel. « Qu’importe si je suis détesté par tout le monde, tant que les personnes qui me sont proches savent qui je suis réellement, ça ne me dérange pas. Tu vois où je veux en venir ? »

« Je trouve tout simplement que c’est une injustice, voilà tout. Je ne sais pas pourquoi mais je n’aime pas du tout cette histoire. Je trouve que l’Apireine et le reste ont été trop … rapides dans leur jugement. Pourquoi ne pas les avoir écoutés ? Tout semble trop … créé de toute pièce. C’est l’impression que ça me donne. C’est comme si maintenant, au beau milieu du château, quelqu’un venait t’accuser d’un crime que tu n’as pas commis et que tout le monde se met contre toi ! Ca ressemble à une mise en scène ! Mais ça, je peux te promettre que je ne laisserai pas passer ! Si quelqu’un ose prétendre que tu as commis un tel acte, je … »

Le Rapion vint l’enlacer subitement, passant ses bras autour de son cou. Son visage posé sur son épaule, Olistar avait fermé les yeux, murmurant :

« Je sais parfaitement ce que tu es, Earnos. A force, je commence à te connaître, n’est-ce pas ? Je me dis que ça serait vraiment une bonne chose … si tu avais quelques années de plus. Mais bon … Tu es trop jeune, encore bien trop jeune. »

« Euh … Olistar, ça, c’est vraiment gênant. Déjà avec une fille … Alors avec un garçon. »

« Tu peux considérer ça comme de la franche camaraderie hein ? » rigola le Rapion avant de retirer ses bras. Le garçon aux cheveux violets se releva : « Nous devrions aussi nous entraîner. Peut-être que pour les prochains mois, nous aurons d’autres informations qui nous permettront d’y voir plus clair à ce sujet. Je suis sûr que nous saurons la vérité un jour, Earnos. Et je suis sûr que tu seras là pour m’aider dans les moments les plus difficiles. »

« Tu peux compter sur moi, Olistar ! Allons-y ! » s’écria le Coconfort, prêt à s’entraîner.

Chapitre 48 : Pour un royaume prospère

Chapitre 48 : Pour un royaume prospère

Il fallait savoir que le royaume des insectes n’est pas apparu comme cela. Au départ, les insectes étaient réunis mais aucun n’était considéré comme un chef ou autre. De même, toutes les races étaient présentes, que cela soit les Scorplanes, les Drascores ou les Libegons. Pourtant, il n’existait encore aucun Munja. Ces derniers apparurent après la création du royaume. Avant la création de ce royaume, tous les insectes étaient réunis … mais incontrôlables. Dis comme cela, ça paraissait exagéré mais pourtant …
Les querelles, les bagarres, les morts, tout était présent en trop grande quantité et c’était un problème bien trop grand pour que cela puisse continuer ainsi. D’ailleurs, si les insectes avaient décidé d’être réunis, c’était pour une seule et unique raison : la menace extérieure. Bien trop longtemps dominés par les autres races de pokémon, ils avaient décidé de s’enfuir et de tous se regrouper en un seul endroit. Mais cela n’était pas suffisant car ramener autant d’insectes de différentes races ramenaient alors autant de mœurs différentes.

Et pourtant, pourtant, malgré l’absence de chef et de royaume, certains insectes se réunissaient comme tribus, partageant les mêmes goûts et les mêmes plaisirs. De même, bien que cela fasse quelques années, les querelles disparaissaient pour laisser place à une entente tacite mais nullement écrite. C’était facile à imaginer, très facile et en même temps, cela ne faisait que retarder l’inéluctable. S’ils ne se réunissaient pas, alors … Les insectes étaient tous perdus. Car c’était en travaillant ensembles qu’ils pourraient repousser les pokémons des autres races et ainsi se protéger.

« Ce fut à partir de ce moment qu’une personne s’éleva au-dessus des autres. Une personne au charisme si impressionnant et aux paroles si sages que tous l’écoutèrent. Son nom fut celui de l’aube de l’avènement des insectes : Oraura. La première Apireine de ce qui allait devenir le futur royaume des insectes. Belle comme un rayon de soleil, ses cheveux courts, son corps, ses paroles, son caractère, tout en elle rendait fou la majorité des jeunes insectes de son âge. » murmura la Libegon, semblant éprouver un très grand respect pour celle qui fut la première monarque du royaume des insectes.

« Je me demande à quoi elle ressemblait exactement … » murmura le Coconfort.

« Il se peut qu’il y ait quelques gravures chez nous qui la représentent. Néanmoins, il vaut peut-être mieux que je continue l’histoire avant de parler de cela, n’est-ce pas ? »

« Oui … Oui … Pardonnez-moi, madame Sania. » chuchota Earnos, un peu confus. C’était juste que de tels éloges pour cette Apireine donnait quand même envie d’en connaître bien plus à son sujet. Une telle personne … devait vraiment être spéciale, n’est-ce pas ?

« Bon … Où est-ce que j’en étais ? Je ne sais plus maintenant. » dit la Libegon.

« Vous en étiez à la présentation d’Oraura, la première Apireine du royaume des insectes. Dites, avant que vous continuez, il y a toujours eut une unique Apireine à chaque fois ? » demanda Férast, cherchant à comprendre lui aussi toute cette histoire.

« C’est le cas. Pourtant, cela ne veut pas dire qu’il est impossible qu’une Apireine ait plusieurs filles ou même des fils. Mais ces derniers seront des Apitrinis mais très importants. Enfin bon, continuons, d’accord ? »

Alors qu’Oraura gagnait toujours plus en charisme à chacune de ses interventions parmi les différentes tribus, il fut décidé de créer un seul et unique royaume où l’Apireine serait justement la reine. Nul ne vint contredire ces paroles, tous trouvant cela juste et normal qu’une telle personne soit leur souveraine. Néanmoins, qui disait reine, disait roi. Et voilà, il y avait tellement de prétendants masculins pour une seule femme qu’il fut décidé d’un tournoi. Un tournoi où tous les prétendants allaient combattre pour s’octroyer la faveur de l’Apireine.

Pour une fois, tous les insectes étaient réunis, chaque race ou presque ayant un ou plusieurs champions pour essayer d’être la race qui allait accompagner l’Apireine sur le trône. Autant dire que cela avait quelque chose de très spécial. Il fallait s’imaginer une gigantesque arène où tout le peuple des insectes était réuni, encourageant les hommes à s’affronter. Nul meurtre, nulle violence, simplement des combats placés sous le respect de son adversaire. Car oui, l’Apireine ne voulait pas d’un meurtrier en série comme époux. Elle voulait tout simplement une personne capable à ses côtés.

Peu à peu, le nombre des prétendants diminua. Les plus grandes races des insectes tombèrent les unes après les autres, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que deux personnes en finale. L’une de ces personnes était un Drascore très puissant, qui n’avait eu aucun grand mal à vaincre ses adversaires grâce à sa force. De l’autre côté, nous avions un Dardargnan pour qui l’ingéniosité, en dépit de sa faiblesse, lui avait permis de triompher de tous ses adversaires. Cette finale n’allait se terminer que lorsqu’un seul des deux hommes en sortirait vainqueur. Autant dire que ce dernier combat promettait plus que tout. Et Oraura semblait elle-même attendre la fin de ce tournoi, de plus en plus heureuse au fur et à mesure de l’avancée du tournoi … mais en étant en même temps plus inquiète pour une raison inconnue.

« Un Dardargnan … qui aurait pu devenir un roi ? C’est juste impossible ! » s’exclama le Coconfort, reprenant aussitôt : « Je n’ai jamais réussi à battre Olistar … et je me vois pas gagner face à un Yanmega ou un Libegon. D’ailleurs, comment est-ce possible que les Libegons aient perdu face au Dardargnan ? »

« Hum ? Les Libegons semblent avoir perdu face aux Drascores. Il faut que tu saches que la puissance ne fait pas tout. Les Drascores ne sont pas seulement puissants, ils sont aussi très ingénieux. Leurs connaissances des poisons pour affaiblir leurs ennemis les rendent bien plus dangereux qu’on ne le croit. Ne le prends pas pour toi, Olistar, c’est un compliment. » dit Sania en regardant Olistar, l’adolescent aux cheveux violets hochant la tête.

« Aucun souci … Mais vous parliez de la finale … et je voulais savoir … »

« D’ailleurs, au sujet d’Oraura. Pourquoi un tel tournoi ? Je ne vois vraiment pas pourquoi il aurait dû avoir lieu ! Je ne … Je ne veux pas paraître bête mais quand même … Est-ce qu’il n’aurait pas fallu demander son avis plutôt ? Je ne sais pas … Oraura aimait peut-être quelqu’un non ? Elle a quand même le droit de choisir l’homme qu’elle aime non ? Je ne sais pas … mais pour moi, voilà quoi. » annonça le Coconfort.

« Et bien, Earnos, je ne te savais pas aussi fleur bleue et porté sur les sentiments. Pourtant, tu es loin d’être celui qui en exprime le plus souvent non ? Tu sembles même faire un concours avec Férast à ce niveau. » dit le Rapion avec un petit sourire, Earnos rougissant un peu.

« Ahem … Bon et bien … Il faudrait peut-être que je continue. » murmura la Libegon.

Comme annoncé, la finale du tournoi allait débuter et avec elle, l’homme victorieux qui allait finir par épouser l’Apireine. Tout le monde attendait avec impatience cet ultime combat entre le Dardargnan et le Drascore. Il fallait dire en même temps que beaucoup considéraient comme favori le Dardargnan qui était tout autant apprécié que l’Apireine. En même temps, le Drascore n’avait pas démérité, sa force de caractère et ses paroles étant loin d’être celle ‘un insecte écervelé. Autant dire que les deux adversaires étaient applaudis et acclamés qu’importe l’endroit où ils se rendaient.
Mais voilà … Le jour de la finale, de nombreux insectes annoncèrent que le tournoi venait d’être annulé. La raison fut fort simple. Le Drascore avait été capturé et emprisonné avec des preuves de ce qu’il comptait faire : un assassinat. Envers qui ? Non pas son futur adversaire mais tout simplement la future reine du royaume. Il avait comploté avec de nombreux alliés Scorvols pour que lorsque la victoire fut sienne, il devienne le chef du royaume et tue sa future femme lors de son sommeil. Ainsi, nul ne pourrait contester son pouvoir et il aurait alors régné en chef absolu sur tous les insectes.

Mais tout ne s’était pas passé comme prévu pour le plan du Drascore. Bien que celui clama son innocence et qu’il disait que tout avait été une machination, il fut décidé que les Drascores et les Scorvols furent exilés hors du futur royaume. Le tournoi étant terminé, l’Apireine épousa le Dardargnan et le royaume vit finalement le jour. Ce royaume, on le connaît parfaitement puisque c’est celui dans lequel vivent tous les insectes actuellement. Les Apireines ont défilé depuis des générations et c’est ainsi, qu’aujourd’hui, l’actuelle Apireine n’est encore qu’une adolescente mais qui représentera l’actuelle génération des insectes, peut-être celle qui permettra à nouveau d’unifier tous les insectes.

« C’est stupide … C’est complètement stupide. » marmonna Earnos.

« Qu’est-ce qui est stupide ? » demanda la Libegon.

« Comment est-ce que l’on peut bannir toute une race d’insectes pour les actes d’un seul ? C’est comme si je devais considérer que j’ai du sang royal parce que le premier roi du royaume était un Dardargnan ! J’ai déjà fait l’erreur avec Lisian de la mettre au même niveau que toutes les autres Chenitis et les Cheniselles ! C’est juste stupide comme histoire ! C’est pour ça que je suis venu ici ? »

« C’est ainsi que ça s’est passé. L’histoire ne peut être modifiée bien que je suis certaine que les protagonistes en ce temps auraient voulu y changer quelques scènes. » termina de dire la Libegon. Le Coconfort se releva de son tabouret, s’apprêtant à quitter la demeure de la Libegon. Celle-ci lui demanda ce qu’il comptait faire, Earnos annonçant :

« Je crois que j’ai besoin d’aller prendre un peu l’air. C’est juste … C’est juste… Je ne sais même pas quoi penser de tout ça. Je vais me reposer. »

« Je t’accompagne, Earnos. » dit le Pomdepik, étant resté muet durant toute la durée de l’histoire. Lorsqu’ils furent partis, Olistar s’inclina respectueusement devant la Libegon.

« Je n’ai pas eu cette version de l’histoire. Je ne sais guère laquelle est la vraie. »

« La vérité se présente lorsque tout est connu mais cela sera pour plus tard. »

Chapitre 47 : La Haine

Chapitre 47 : La Haine

« Et toi, la petite princesse qui profite honteusement d’Earnos. » rétorqua la Munja avec une pointe d’amertume dans son ton. Terria se redressa aussitôt, s’écriant :

« Ce n’est pas du tout le cas ! Je ne profite pas d’Earnos ! Pourquoi est-ce que tu dis ça ? »

« Tu es priée de ne pas me tutoyer, merci bien. Je ne pense pas que toi et moi avons élevé les insectes ensembles. Tu es donc priée de respecter tes aînées. »

Qu’est-ce qui lui prenait à cette femme ? Elle était un peu trop prétentieuse à son goût ! Elle n’était qu’une Munja et en tant que princesse du royaume des insectes, elle était libre de tutoyer et de vouvoyer qui elle voulait. C’était aussi simple que ça, compris ?

« Tu m’es apparemment très antipathique et j’ai la sensation que c’est réciproque. » annonça l’Apireine, clairement peu décontenancée par les paroles de la Munja.

« C’est bien à cause de ta personne qu’Earnos m’a demandé un tel service. Il n’y avait que toi et ton imbécile de père pour demander une telle chose. » reprit Douély, clairement peu encline à parler autrement à la princesse de son royaume.

« Au moins, nous sommes d’accord sur un même point. De toute façon, je ne vois même pas pourquoi je parle d’Earnos avec toi. Ca ne te concerne pas le moins du monde. Earnos a décidé de m’offrir ce cadeau pour que je me rappelle de ma mère disparue bien trop jeune. Sans lui, j’aurai pu être triste pendant des années mais grâce à Earnos, j’ai pu passer outre la mort de ma mère pour continuer son œuvre. »

« Ca ne répond pas à ma question. Pourquoi est-ce que toi et mon Earnos dormiez dans le même lit ? Dans mon lit ? Je n’arrive pas à croire que les enfants de votre âge soient aussi précoces … Surtout de la part d’une princesse dévergondée. »

Hein ? De quoi est-ce qu’elle parlait ? Dévergondée ? Et précoce ? C’était quoi ces termes ? Elle n’avait jamais entendu de tels mots auparavant. Devant la réaction de l’Apireine, Douély poussa un profond soupir avant de reprendre :

« Non … C’est vrai que j’oubliais que j’avais affaire à une gamine. Comme si Earnos avait quelque chose à craindre de ta personne. Je me suis inquiétée pour rien. »

« Une gamine ? Continues tes insultes et je n’hésiterai pas à demander à ce que l’on t’emprisonne pour insultes envers la royauté. Je suis bien gentille mais il ne faut quand même pas exagérer non plus hein ? »

« Hum ? Et sinon ? Qu’est-ce que tu feras ? Je suis pressée de savoir ce que tu comptes faire. J’ai cru entendre parler d’emprisonnement … Tu ne veux pas aussi me guillotiner jeune fille ? Je vais te montrer quelque chose qui risque de couper court à la conversation. »

De couper court à la conversation ? Qu’est-ce qu’elle comptait faire ? Hey ! Pourquoi est-ce qu’elle montrait à nouveau l’une de ses lames. Elle commença à la lever. Elle n’allait quand même pas essayer de la tuer hein ? Si c’était le cas, les Apitrinis réagiraient et elle-même, elle n’hésiterait pas à combattre s’il le fallait ! Pourtant, la lame s’abaissa pour se planter dans le corps de la Munja, Terria poussant un cri :

« Mais qu’est-ce que tu fais, Douély ? Si Earnos sait que tu es blessée, il va être … »

« Tais-toi, petite princesse. J’ai dit que je te donnais une petite démonstration de pourquoi je ne crains pas tes pouvoirs d’Apireine, ni même le royaume. »

Mais c’était quoi ce langage ? Elle ne manquait pas de culot, du moins, jusqu’à ce qu’elle comprenne que malgré ce qui venait de se passer … Elle n’avait aucun problème. La Munja ne semblait même pas souffrir de son arme plantée dans son corps. Elle l’extirpa, aucune trace de sang n’en sortant.

« Est-ce que tu comprends finalement pourquoi nous sommes craints par ton père ? Et par les autres insectes ? Car nous ne pouvons pas ressentir la douleur physique. Tu voudrais une autre preuve ou est-ce que cela te suffit ? »

« … … … Pourquoi est-ce que tu fais ça ? Et puis, d’abord, j’attendais que tu aies terminé de te montrer en spectacle mais Earnos ne t’appartient pas ! Aucun insecte n’appartient à un autre ! C’est comme cette Cheniti qui n’arrête pas de le coller ! Les insectes ne sont pas les objets d’autres insectes ! » s’écria l’Apireine, se levant finalement du lit pour faire front à Douély. Celle-ci eut un petit sourire mauvais aux lèvres, reprenant :

« Tiens donc … La petite Apireine a décidé d’avoir un peu de courage ? Est-ce que tu n’aurais pas un peu l’instinct rebelle actuellement ? »

« Ce n’est pas avoir l’instinct rebelle. Je fais juste ce que je pense être bon. Earnos n’a pas arrêté de me protéger depuis le début mais si je vois que tu lui veux du … mal, je n’hésiterai pas à prévenir la garde royale pour qu’ils te capturent. » rétorqua Terria.

« D’ailleurs, où est mon Earnos ? Puisque maintenant que tu veux te l’approprier, il est toujours à tes côtés. Je ne le vois pas … » dit la Munja, semblant changer complètement de conversation mais aussi de caractère. Elle montrait … un visage inquiet alors que les lames disparaissaient de ses bras. La blessure à son ventre disparut elle aussi.

« Earnos est parti dans le désert … car il voulait savoir la vérité sur l’histoire du royaume des insectes mais aussi devenir plus fort. Il n’était plus mon chevalier à cause de mon père mais il m’a promis de continuer à me protéger, même si pour ça, il ne devait plus être mon chevalier ! » s’écria la princesse Terria.

« Earnos … Dans le désert ? Chez les Libegons ? Qu’est-ce qu’il est par … Non, tu viens de me répondre. S’il voulait vraiment découvrir la vérité sur le royaume, je lui aurai tout raconté ! Pourquoi est-ce qu’il partit là-bas ? A cause de toi ? Tsss … »
Pourtant, le ton employé par la jeune femme restait maintenant distant et ponctué de tristesse. Savoir qu’Earnos n’était pas là l’avait rendu bien malheureuse. De même, les paroles de la princesse avaient eu un certain effet sur la Munja. Est-ce qu’elle avait finalement compris qu’Earnos continuerait son rôle de protecteur ? Ou alors, était-ce sur ça que justement, la Munja avait du mal à accepter ? Ou autre chose ? Elle était perturbée à cause de Douély ! Cette femme était vraiment plus que bizarre ! Elle ne savait pas quoi penser avec elle !

« Qu’est-ce que tu fais là encore ? Je peux le savoir ? » demanda Douély.

« Je ne comptais pas partir … avant de savoir pourquoi vous avez disparue … il y a quelques années. Earnos était vraiment triste que vous ne soyez plus là. Je vous déteste, Douély. Vous arrivez à le faire sourire et à le rendre heureux. »

Elle venait de la vouvoyer ? Et elle venait aussi de dire qu’elle l’a détestait ? Elle aurait bien exprimé que c’était réciproque mais cet enfant … Cette Apireine lui rappelait quelqu’un. D’ailleurs, si on considérait ce qu’Earnos allait devenir bien plus tard …

« Tsss … Allons dans le salon. Je vais te raconter ce qu’Earnos aurait pu apprendre sur le royaume des insectes s’il avait été là. Quant à ma disparition, elle ne concerne que ma personne. Mais je suis contente de savoir qu’Earnos était inquiet à mon sujet. »

Contente de le rendre anxieux ? Cette femme était un vrai monstre dans le fond ! Ou alors, c’était encore une fois autre chose ? Peut-être était-ce parce que … la femme tenait à cœur le Coconfort ? C’était sûrement ça. Douély appréciait énormément Earnos et donc, elle était rassurée de voir que l’adolescent continuait de penser à elle et à la recherche. Une femme qui aimait se faire désirer … C’était ça qu’était Douély ? Elle se trompait surement. Elle suivit néanmoins la Munja, venant s’asseoir sur le canapé alors que Douély restait debout. Elle allait donc lui raconter une histoire sûrement perdue depuis des siècles, c’est cela ? Car c’était vrai qu’elle ne s’était jamais posé la question … de savoir comment le royaume fut créé. Pourtant, c’était quelque chose de relativement important non ? De très important même si on y pensait plus longuement. Bon, elle était prête à écouter Douély.

« Bon sang … Ca ne sert à rien. J’abandonne ! »

C’était un Kraknoix qui s’écroula au sol, venant s’asseoir dans le sable alors qu’Earnos était en train d’haleter sous son armure dorée. Pourtant dans un sale état d’après son corps qui se soulevait rapidement, l’adolescent était toujours debout, Férast à côté de lui, légèrement blessé. Le Kraknoix poussa un cri de rage avant de dire :

« Je peux plus rien faire contre vous deux ! Ca ne sert à rien ! Lui, il ne bougera plus de son emplacement et continuera de te protéger ! Tu m’auras à force ! Déjà que l’autre Rapion … Enfin … Olistar arrive à être au niveau des Vibraninfs, vous, vous allez pouvoir m’affronter en un contre un … On peut même envisager bientôt que vous alliez vous entraîner contre un Vibraninf aussi. Mais je crois que madame Sania voulait vous parler. »

Leur parler ? Lorsqu’ils allèrent la voir, Olistar était déjà présent, assis sur un tabouret alors que la Libegon leur annonçait qu’en vue des efforts qu’ils avaient fait, ils avaient le droit d’en apprendre un peu plus sur le royaume des insectes.

« Je vais vous raconter pourquoi les Libegons et les Drascores ont quitté le royaume des insectes, si bien entendu, c’est ce que vous voulez connaître. »

Bien entendu ! Enfin, peut-être qu’Olistar connaissait l’histoire aussi ? Il posa la question au Rapion, celui-ci répondant qu’il valait mieux avoir une histoire extérieure à celle de son peuple. Cela permettait d’avoir son propre avis sur la question et surtout d’avoir un peu plus d’objectivité. Mais est-ce que toutes les histoires étaient bonnes à dire ?

Chapitre 46 : Une nouvelle fuite

Chapitre 46 : Une nouvelle fuite

« Peut-être qu’elle est de retour … Si tel est le cas, ça serait bien que j’aille la voir. »

Elle disait cela alors qu’elle était debout dans sa chambre au beau milieu de la nuit. Hors de question de se reposer … Elle n’était pas fatiguée et ne voulait surtout pas dormir. C’était aussi simple que ça … Et puis, elle avait pensé à elle car … car …

« S’il y a bien une personne qui peut lui tirer un sourire, c’est elle. » marmonna la fille aux cheveux blonds. Ça lui faisait un peu mal au cœur de penser ça. Cette personne avait quoi de si spécial ? Hein ? Par rapport à elle ? Pour avoir un simple sourire du Coconfort.

Pfff … De toute façon en quoi ça la concernait ? Earnos … pouvait faire toute sa vie à côté hein ? De toute façon, il avait continué de respecter sa promesse de la protéger bien qu’il n’était plus un chevalier. Ah d’ailleurs, à ce sujet …

« Imbécile de papa ! » dit-elle, haussant un peu la voix avant de mettre ses mains sur la bouche. Elle ne devait pas parler trop fort ! Sinon, ils allaient comprendre qu’elle était encore réveillée et ce n’était pas du tout bon. Aller … Elle devait s’approcher de la fenêtre et l’ouvrir discrètement. Avec l’expérience pour s’enfuir, cela ne fut pas bien difficile. Se trouvant en hauteur, les soldats ne penseraient jamais qu’elle en était capable mais … Elle était une future Apireine ! Et en tant que telle, elle était quand même capable de voler ! Pas aussi bien que sa mère, pas aussi bien que les adultes mais … Elle battait de ses ailes qui étaient apparues dans son dos, atterrissant au beau milieu des jardins.
Maintenant, des déplacements furtifs étaient à prévoir. Elle n’était pas bien rapide mais plutôt douée pour la discrétion. Encore des années d’expérience pour éviter de se faire remarquer. Elle n’était pas faite pour être vue en public. Elle avait toujours été très discrète … un peu comme Earnos. C’était un garçon plutôt calme, d’après ce qu’elle connaissait de lui. Néanmoins, elle n’était pas sûre qu’il sache ça au sujet d’elle.

« Ah … D’ailleurs … Ca faisait longtemps que … »

Elle avait murmuré cela en remarquant un petit détail qui l’attrista légèrement. Oui … Elle était seule cette fois pour s’enfuir. Là, Earnos n’était pas avec elle. Ce n’était pas qu’elle avait forcément besoin de lui pour s’échapper du château mais bon … C’était juste comme ça … Brrr … C’était quand même bien moins amusant.

Amusant ? Ce n’était pas comme ça qu’elle aurait dû le penser ! HEY ! Voilà son petit passage secret à travers un mur. Vraiment, lorsqu’un jour, elle s’arrêterait de faire ce genre d’escapade, elle devait sérieusement penser à le rembourrer pour que plus personne ne passe à l’intérieur. Mais là, pour l’heure, elle en avait encore besoin.

« Bon … Et maintenant ? Je sais où me rendre … Enfin je crois que je ne vais pas me perdre … Mais je suis seule et si d’autres personnes … »

Si d’autres personnes étaient au courant qu’elle commençait à s’enfuir … Alors … HEY ! Elle était seule ! Elle était seule et il n’y avait personne pour la protéger ! Elle était au-dehors du château ! Et elle était seule, sans personne pour la défendre au cas où elle se ferait agressée ! Elle commença à trembler fortement, posant ses mains sur ses bras.

« Pou … Pourquoi est-ce que ça se passe comme ça ? Je … Je suis seule. Earnos n’est plus avec moi cette fois-ci. Il n’est plus là. Il est parti dans le désert, il paraît. Il est parti pour devenir plus fort. J’aurai peut-être dû attendre son retour. »

Elle se donna une violente baffe sur la joue, puis une autre sur la seconde joue. Voilà ! Ca, c’était fait ! Même si le coup avait été plutôt fort et qu’elle sanglotait, elle serrait les dents. Depuis quand est-ce qu’elle était devenue aussi faible ? Enfin, aussi peureuse. Elle était la future souveraine du royaume des insectes !

« Et en tant que telle … Je ne dois avoir peur de rien, ni personne. Sinon, je n’aurai jamais accepté de reprendre le travail de maman ! »

Un travail qu’elle ne pouvait plus continuer depuis que son père ne voulait plus qu’elle sorte de sa chambre. Si la paix, fragile à cause du manque de conversation devait se briser, elle en voudrait à son père à jamais. Il était hors de question de briser ce que sa mère avait mis tellement de mal à faire ! C’était juste …

« Juste impossible. Mais je devrais arrêter de me parler toute seule. C’est juste complètement stupide. Je dois aller trouver cette Douély. »

Elle avait terminé sa petite réplique avec un murmure de dégoût. Pourquoi est-ce qu’elle en voulait tant à la jeune femme ? Car à cause d’elle, Earnos était triste ? Car la dernière fois qu’ils étaient rentrés chez elle alors qu’elle n’était plus là depuis des années … Il avait montré une telle mélancolie et un tel chagrin … qu’elle avait eu mal elle aussi ?
Pourquoi est-ce qu’elle avait mal pour Earnos aussi ? Ce n’était qu’un simple chevalier … Mais elle pouvait reconnaître qu’il était plus que servant. Rien à voir avec Holikan. Depuis des années, si elle pouvait compter sur une personne, c’était Earnos. Il lui serait fidèle jusqu’au bout et elle espérait vraiment devenir adulte le plus rapidement possible.

Pourquoi ? Tout simplement pour que l’adolescent puisse redevenir son chevalier servant. C’était quelque chose d’important, une erreur monumentale qu’elle voulait réparer. Et son père ne pourrait rien dire car c’était elle la future souveraine du royaume. Son père ne serait plus que l’ancien roi. Et de même, l’Apireine avait figure d’autorité dans le royaume. Son mari n’avait pas son mot à dire à ce sujet.

Mais maintenant, elle avait arrêté de penser et s’était dirigée vers le quartier des Munjas du village d’Earnos. Heureusement qu’il l’avait guidée la première fois sinon, il y avait de fortes chances qu’elle se soit perdue. Mais maintenant, ce n’était plus le cas. Alors … La demeure de Douély … De cette femme … Où était-elle ? Un endroit abandonné et …

« Qu’est-ce que … »

Elle sursauta subitement, se tournant vers la gauche. Elle avait cru voir du mouvement. Les Munjas étaient peut-être insomniaques ? Il fallait dire qu’elle ne s’était pas renseignée à leurs sujets. Mais ils étaient des insectes discrets et calmes, encore une race mal-vue dans le royaume. Elle commençait à en avoir assez de tout ça. Déjà les Rapions, les Papilords, les Munjas, ça en faisait beaucoup ! Est-ce qu’elle était la seule à remarquer que bon nombre de races étaient détestées voir haïes ? Lorsqu’elle serait souveraine … Des choses allaient changer ! Quitte à se faire des ennemis ! Ce n’était pas ça qui l’effrayait ! C’était plutôt l’ambiance actuelle, sombre et inquiétante.

« Ah … La maison de cette femme ! » dit-elle dans la nuit avant de pénétrer chez Douély.
Même si elle savait que c’était inutile … Elle voulait quand même investiguer à l’intérieur. La raison était simple : elle voulait retrouver cette femme pour qu’elle revienne et parle à Earnos. Si Earnos savait que c’était elle qui l’avait retrouvée, il y avait de fortes chances qu’il soit plus qu’heureux. Et alors … Et alors … Elle verrait son sourire, n’est-ce pas ?

« Pfff ! Qu’est-ce qui m’arrive ? Mais Earnos qui sourit, ça doit être bien non ? »

Elle était idiote de penser de la sorte, vraiment idiote. Mais c’était bizarre comme objectif à atteindre. Le sourire du Coconfort était une recherche personnelle. Un objectif qu’elle voulait atteindre rien qu’à …

« AHHH ! C’était quoi cette fois ?! »

Elle avait entendu le bruit d’un objet qui se brisait sur sa droite ! Ce n’était pas normal ! Elle n’était pas seule ici ! Ne pas avoir peur ! Elle serra les dents, faisant apparaître des griffes au bout de ses mains. Elle était une Apireine et elle était quand même capable de se battre et se défendre ! D’ailleurs, les Apitrinis viendraient l’aider si elle était réellement en danger. Mais est-ce qu’ils arrivaient à temps au cas où ? Elle n’en était pas sûre du tout.

C’était dans la cuisine ? Dans la chambre ? Sûrement dans la chambre. Elle se dirigea vers celle-ci, regardant le lit avant de rougir faiblement. Hey … C’était le lit toujours un peu défait. C’était celui où Earnos et elle avaient dormis ensemble … il y a déjà quand même pas mal de temps. Enfin, ensemble, c’est bien parce qu’elle avait décidé cela et que …

« Bon, toute façon, c’était juste que je ne voulais pas qu’il dorme par terre ou contre le mur. C’est tout … Il n’y a rien entre Earnos et moi et ce n’est pas grave si nous avons dormi tous les deux ensemble. De toute façon, c’est juste … »

Une ombre se faufila subitement derrière elle, plaçant une main sur sa bouche. Elle voulut hurler de surprise mais une lame au niveau de sa gorge lui conseilla d’écourter cette idée. Il valait mieux se taire mais elle était bête ! Si bête ! Elle était tombée dans un piège ! Tout le monde savait qu’elle ne connaissait que cet endroit à part le château ! Alors si elle … n’était pas là-bas, c’était normal qu’on la trouve ici !

« Alors … Comme ça, j’ai cru très mal entendre … Earnos et toi, vous avez dormi dans mon lit tous les deux ? Est-ce que je rêve ? Ou alors, est-ce la vérité ? »

Elle fut poussée sur le lit, s’écroulant dessus. Elle se retourna rapidement pour regarder qui était son agresseur … ou plutôt celle qui venait de l’agresser. Elle la connaissait si facilement puisqu’elle l’avait déjà vue mais … mais …

« Tu es Douély. » murmura tout simplement la fille aux cheveux blonds.
Mais c’était quoi ce regard brun et colérique qui était posé sur elle ? Et c’était bien la Munja qui avait ses lames au niveau de ses bras. Est-ce qu’elle était vraiment en sécurité ?

Chapitre 45 : Nullement l’heure

Chapitre 45 : Nullement l’heure

« Rien à signaler dans ce secteur, Holikan ? » demanda un soldat Cizayox qui devait avoir une trentaine d’années. L’adolescent Yanma passa une main dans ses cheveux verts, lui répondant calmement tout en regardant autour de lui :

« Aucun problème pour l’instant. Ils n’ont pas l’air de passer par ici, il semblerait. »

« Tant mieux, tu fais du très bon boulot. Vivement le jour où tu deviendras un Yanmega, ça risque de faire un sacré boxon dans l’armée des insectes. Il va falloir se tenir droit par rapport à ça, hahaha. » répondit le soldat avant de s’éloigner, trouvant ses paroles plus que drôles. Pourtant, le Yanma n’avait pas l’intention de rire, loin de là même.

Olistar … Où est-ce que ce Rapion était parti ? Il n’avait aucune nouvelle à son sujet et c’était le plus inquiétant. Peut-être avait-il décidé enfin de trahir le royaume ? De retourner parmi les siens pour les informer de ce qui se passait ici ? Si tel était le cas, le royaume allait avoir de sérieux problèmes … De trop gros problèmes.

« Je vais finir par croire que ça tourne à l’obsession comme il l’avait dit. » marmonna le garçon aux cheveux verts, grognant légèrement.

Une obsession qui ne lui plaisait guère. C’était quand même abusé de penser de la sorte mais en même temps, c’était bien réel. Il n’arrêtait pas de penser à ce Rapion et c’était bien plus grave qu’il ne le pensait. Pourquoi est-ce qu’il ne pouvait pas se le retirer du crâne ? Pourtant, jusqu’ici, il n’avait rien fait de mal … mais cette histoire … Il ne voulait pas y penser. Il ne voulait vraiment pas y penser ! Il devait imaginer autre chose.

Peut-être penser un peu plus à la princesse ? D’ailleurs, c’était vrai qu’à cause de tout ça, il ne pensait plus du tout à son rôle de chevalier. C’était particulièrement stupide alors qu’il était son prétendant. La princesse Terria avait aussi besoin de le voir non ? Il ne devait pas oublier ce qu’il était au départ ! D’ailleurs, il fallut qu’un soldat remettre le sujet sur la conversation lorsque ce fut l’heure de la pause.

« Hey ! Holikan, il te reste combien d’années à patienter encore ? Deux ou trois non ? »

« Hum ? A quel sujet ? » questionna l’adolescent, un peu surpris des paroles du soldat.

« Ben de la princesse, bien sûr ! Même si avec toutes ces histoires, vous avez plus le temps de vous voir, vous êtes toujours promis l’un à l’autre non ? »

« Hein ? Bien sûr … Mais il est vrai que … Je ne passe plus vraiment mes journées avec elle.  Je devrais peut-être envisager une petite journée de repos. » murmura Holikan.

« Je pense pas que les généraux te refuseront ça … ni le roi d’ailleurs. »

« Je crois que je vais faire ça, ça sera une bonne idée. Et j’ai bien besoin de repos aussi. » annonça l’adolescent aux cheveux verts avant de se redresser. Il n’avait pas terminé de manger mais qu’importe ! Il avait quelque chose de plus important à faire actuellement ! Il devait aller voir le roi pour lui demander la permission d’emmener la princesse se promener. Il espérait juste que la réponse serait positive de la part du monarque.

« Que me vouliez-vous pour me faire sortir de ma chambre, père ? »

La jeune adolescente âgée de treize ans se tenait face au monarque. Elle avait les bras croisés à hauteur de sa petite poitrine, le regard froncé. Visiblement, elle n’était toujours guère d’accord pour pardonner à son père ce qu’il lui faisait quotidiennement en l’enfermant dans sa chambre. Le Yanmega assis sur son trône prit la parole :

« Tu as maintenant treize ans ma fille. Tu vas devenir au fur et à mesure une jeune femme. »

« Où voulez-vous en venir père ? Vous avez une idée derrière la tête. » rétorqua Terria.

« Et bien, il serait temps de penser à tes futures fiançailles avec Holikan. »

« Et bien, sachez, que je n’ai pas de temps à perdre avec tout ça. Vous pensez peut-être au mariage, mais je ne crois pas que ça soit dans mes intentions de me marier avec quelqu’un qui ne se préoccupe pas de moi. De même, pour pouvoir me marier, il faudrait que je puisse sortir de ma chambre. Puisque ce n’est pas le cas, je ne vois pas pourquoi je devrais épouser Holikan. Et cela, tout simplement parce qu’il est l’un de vos soldats les plus proches. Si vous n’aviez que ça à me dire, je vais retourner dans ma chambre et ne plus être dérangée. »

Mais qu’est-ce lui prenait ? L’adolescente se retourna, demandant aux gardes de la raccompagner alors que le roi semblait interloqué. Quelle mouche avait piqué l’adolescente pour qu’elle se comporte de la sorte ? Qu’il sache, il n’avait rien annoncé de mal. Cela lui paraissait normal et logique un tel mariage … après tout ce temps.

Elle retourna dans sa chambre, Holikan arrivant quelques minutes après le départ de la princesse. Il demanda à parler au roi, celui-ci l’autorisant à rentrer dans la salle du trône pour savoir de quoi il voulait parler. L’adolescent aux cheveux verts s’inclina respectueusement devant le monarque avant de prendre la parole :

« Roi Tanator, je vous demande l’autorisation de sortir la princesse Terria de sa chambre. J’ai failli à mon rôle de chevalier depuis déjà tellement de temps. Je pense que cela est une bonne idée pour elle de prendre un peu l’air. »

« Tu as ma permission … mais je ne suis pas sûre que ma fille accepte de vouloir sortir. Elle semble être dans une phase de rébellion liée à sa jeune adolescence. »

« Est-ce que je peux quand même tenter de lui parler, s’il vous plaît ? » demanda une nouvelle fois l’adolescent aux cheveux verts.

« Bien entendu … Même si je ne suis pas sûr que ça soit très efficace, Holikan. »

« Laissez-moi faire … Je pense que j’y arriverai. » annonça le Yanma.

Holikan quitta la salle du trône, se dirigeant maintenant vers l’endroit où la princesse logeait. Il était sûr de la convaincre. Une balade pour tous les deux, n’était-ce pas la meilleure chose à faire en ces temps de crise ? Elle avait besoin de réfléchir à autre chose et lui aussi. Ca lui ferait tellement plaisir de l’aider à sortir de sa chambre quand même. Bon … Il espérait juste qu’Olistar n’allait pas s’en mêler encore une fois.

Dans sa chambre, l’adolescente s’était couchée sur le lit, observant le plafond sans un mot. Encore une fois, les gardes s’étaient postés devant sa porte. Quel idiot ! Son père était juste un idiot ! Il ne comprenait rien à rien ! Lui parler de mariage ? Alors qu’elle n’avait que treize ans ? Et puis avec Holikan ? Enfin, Holikan était quelqu’un qu’elle appréciait beaucoup, ce n’était pas déplaisant, en plus, il serait sûrement un futur grand militaire dans le royaume mais voilà … Holikan était toujours avec ses Olistar par-ci, Olistar par-là.

« De toute façon, je n’ai pas envie de … »

« Princesse, est-ce que vous ne voudriez pas sortir de votre chambre ? Le roi m’a permis de vous emmener vous promener. » murmura une voix de l’autre côté de la porte, la sortant de ses rêveries. Holikan ? Pourtant, elle ne bougea pas de son lit, tournant juste le visage vers la porte avant de dire d’une voix lasse :

« Va-t’en, Holikan. Et n’essaie même pas de me convaincre ou de me forcer à sortir. Tant que tu seras du côté de mon père, tu peux abandonner l’idée de sortir avec moi. C’est compris ? Oh … Et ne pense même pas à l’idée de te fiancer avec moi. Tu as toujours en tête Olistar. Tu n’as eu que ce prénom en bouche depuis des années. »

« Princesse, c’est pour cela que je tente de me faire pardonner. Je veux m’excuser de ma conduite envers vous ! Je vous abandonné ou presque …et je suis impardonnable à ce sujet. C’est pourquoi je tente de … » tenta de s’exprimer le Yanma.

« Si tu es impardonnable alors pourquoi est-ce que tu tentes de te faire pardonner ? Pars de là, je ne compte pas sortir d’ici pour aujourd’hui. Mais sache simplement que ce n’est pas contre toi … J’ai rien contre toi … Mais juste contre tout le monde. » murmura l’adolescente aux cheveux blonds, la voix d’Holikan lui répondant :

« Alors sortez un peu … Ca vous fera tellement de bien … »

« Non … Pas aujourd’hui … Peut-être un autre jour. Je verrai quand je voudrai … Je demanderai alors à un garde de te prévenir, Holikan. Pour aujourd’hui, je veux juste me reposer, c’est tout. Désolée, Holikan mais je refuse. »

« Comme vous le désirez, princesse … Vous savez où me trouver de toute façon. Reposez-vous bien dans votre chambre, princesse. »

« Princesse  … Princesse … » marmonna l’Apireine couchée sur son lit alors qu’elle entendait les bruits de pas qui s’éloignaient. « Il ne pourrait même pas rajouter mon prénom à côté de mon titre. Il ne s’intéresse même pas réellement à moi … C’est juste parce que mon père lui a demandé ça, j’en suis sûre … »

De toute façon … Qu’est-ce que ça changeait au final, hein ? Elle allait rester dans sa chambre … ou non. Elle avait décidé de faire quelque chose de stupide, encore une fois. Même si Earnos n’était plus à côté d’elle pour l’aider, elle allait encore fuir le palais une nouvelle fois. Elle ne voulait surtout pas rester ici plus longtemps. Elle avait besoin de partir, quitte à ce qu’elle soit en danger. Mais sans Earnos … Ah … Earnos, il n’y avait que lui pour réellement se préoccuper de sa sécurité mais aussi de sa personne. A toujours l’appeler Princesse Terria … Même s’il restait toujours aussi froid et distant.

Chapitre 44 : Chacun ses secrets

Chapitre 44 : Chacun ses secrets

« Il faut que j’aille la retrouver. J’ai été stupide. » dit Earnos, prêt à retourner dans le désert pour rechercher Lisian. Il savait pertinemment qu’il avait été un peu trop violent. Olistar et Férast n’essayèrent pas de l’en empêcher. « Elle avait l’air vraiment sincère quand elle ne savait pas … Et je suis autant fautif qu’elle sur le moment. »

« Si tu as compris ta bêtise, au moins, ça permettra d’avoir de meilleures relations. Je savais tout ça rapport aux Cheniselles. C’est pourquoi je t’ai empêché de trop te rapprocher d’elle. Du moins, jusqu’à ce que tu puisses apprendre la vérité. D’ailleurs, ce Libegon n’a pas été doué sur le coup. Il aurait pu voir que Lisian ne se sentait pas bien. »

« Ce que le Libegon a fait ne m’intéresse pas du tout. Je veux retrouver Lisian qui doit être perdue dans le désert. Pourquoi est-ce que tu as fait ça, Olistar ? »

« Car je ne suis pas habitué à te voir en colère et que ça ne servait à rien de te parler car tu ne m’écoutais pas. As-tu d’autres questions où tu veux que l’on y aille enfin ? » demanda le Rapion calmement pour bien montrer qu’il était aussi pressé que lui de retrouver Lisian.

« Nul besoin de se déplacer pour elle. Vous risqueriez de vous perdre vous aussi dans le désert. » annonça un Libegon âgé d’une vingtaine d’années, qui avait été mis au courant de la situation par le vieux Libegon. « Nous allons nous occuper de la rechercher avec d’autres personnes. Néanmoins, il se pourrait qu’elle soit emmenée dans un autre clan de Libegons, pas simple mesure de précaution. »

« Hein ? Mais pourquoi ça ? Je dois aller m’excuser quand même pour ce que j’ai dit. Ce n’est pas normal qu’elle soit emmenée ailleurs. Il vaudrait mieux que ça soit moi ! » s’écria Earnos, peu enclin à ne pas revoir la jeune fille qu’il avait fait souffert. De plus, c’était elle qui semblait avoir été le plus affectée par cette découverte. Son père avait été tué par sa mère qui lui avait donc menti à ce sujet.

« Earnos … Je pense que la proposition de ce Libegon est la meilleure. » dit le Rapion, voulant éviter que le Coconfort s’emporte une nouvelle fois. Férast murmura :

« Peut-être que Lisian n’est pas la seule Cheniti ou la seule Cheniselle à vouloir aimer réellement un homme … Mais elles n’ont pas le choix. C’est comme des règles ancestrales qu’elles ne peuvent pas éviter. »

« C’est un peu ça, Férast. Les rares Cheniselles qui agissent de la sorte préfèrent s’enfuir avec leurs maris mais souvent, elles sont retrouvées et leurs maris sont tués devant leurs yeux. Ensuite, d’après mes souvenirs, soit la Cheniselle traîtresse est tuée … Soit … Non, vous êtes encore trop jeunes pour les détails. Sachez juste qu’une Cheniselle traîtresse peut ne plus avoir d’enfants … Cette race d’insectes est monstrueuse en soi … mais pas toutes les femmes qui en sont issues. C’est comme pour les Scorvols et les Scorplanes, tous ne sont pas méchants. » reprit Olistar. Earnos sembla réfléchir aux paroles du Rapion, songeur pendant de longues secondes. Une idée lui avait traversé l’esprit tout simplement … Aussi simple que ça.

« Et ça ne serait pas possible d’essayer de motiver les Cheniselles qui veulent être indépendantes ? En les protégeant bien entendu … Et pareil pour les Scorvols et les Scorplanes … Je veux dire … S’il est possible de changer leurs caractères … Je ne sais pas, du genre, ils pourraient facilement aider les autres insectes. Tous les insectes ne sont pas capables de voler aussi bien qu’eux. Alors, ils pourraient les sauver. Ou alors, aller chercher de la nourriture dans les montagnes. Enfin … Y a sûrement d’autres races d’insectes pour ça. Mais je trouve que ça ne serait pas une si mauvaise idée. »

« … … … Earnos. » murmura Olistar, un petit soupir tendre sortant des lèvres du Rapion. Quoi ? Qu’est-ce qu’il avait dit ? Avec une telle réaction, il avait peur d’avoir murmuré une bêtise. Mais le Libegon souriait aussi à sa proposition. Et même Férast cachait faiblement un sourire discret sur son visage. Quoi ? Qu’est-ce qu’il avait dit ?

« D’ailleurs … Messire le Rapion, il semblerait qu’il y a quelque chose vous concernant et qu’il faudrait que nous mettions en clair avec les autres Libegons. »

Hein ? Maintenant, c’était quoi par rapport à Olistar ? D’abord surpris, l’adolescent aux cheveux violets parut un peu sur le choc comme pour réfléchir ce que ça pouvait être. Puis finalement, il fit plusieurs gestes de la main pour dire que ce n’était pas bien grave.

« Ne vous en faites pas, il n’y a aucun problème ! Je peux facilement me débrouiller ! »

« Vous en êtes sûrs ? Nous ne comprenons pas pourquoi … vous faites ceci. Si vous pouviez vous expliquer avec les quelques Libegons présentes, je pense que ça sera bien mieux. » reprit le Libegon âgé d’une vingtaine d’années.

« Je le ferais, je le ferais … Mais maintenant, il faudrait que l’on aille s’entraîner avec Earnos et Férast. Même sans Lisian, on ne peut pas perdre de temps. » coupa court à la discussion l’adolescent aux cheveux violets.


Il emporta le Coconfort avec lui, Férast derrière eux. Qu’est-ce qui se passait avec le Rapion ? Il ne se comportait pas comme ça d’habitude non ? Le Rapion savait quelque chose que lui-même et Férast ne savaient pas. D’ailleurs, peut-être était-ce …

« Olistar ? Ce que le Rapion voulait dire … Etait-ce que tu voulais me dire avant que Lisian ne vienne t’interrompre et avant tout ce qui a été dit sur les Cheniselles ? »

« Hum ? Hein ? Euh … Ah non ! Ce n’est pas ça du tout ! Loin de là même ! Ne t’en fait pas pour ça, ce n’est pas du tout important. C’est juste un petit détail sans importance en ce qui me concerne. Sincèrement, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. »

« D’accord … Si tu le dis, mais si c’est un problème, je peux venir t’aider hein ? »

« Oh … Je ne crois pas que tu puisses m’aider … Mais des fois, je me dis que ça serait tellement mieux que ça se passe autrement. Enfin, ça serait beaucoup plus facile. » rétorqua le Rapion avec un petit sourire au coin.

De quoi est-ce qu’il parlait ? Il avait encore l’impression que l’adolescent cachait quelque chose d’important. Même s’il prétendait le contraire, on ne pouvait pas reconnaître que ça semblait être … assez important pour le Rapion. Peut-être pas pour eux mais … OUPS ! Il ne devait pas penser à ça mais plus se concentrer par rapport à son entraînement. D’ailleurs, Sania était revenue pour accompagner les Kraknoix. Il se passait quelque chose ? D’après le regard qu’elle lui lançait, il était concerné par ce qu’elle allait dire.

« Après ces derniers mois, nous avons pu remarquer un petit détail te concernant, Earnos. » dit-elle en l’observant longuement.

« Ah bon ? Lequel ? Ce n’est pas trop grave, j’espère. » murmura le jeune garçon.

« Nullement … C’est un détail que m’ont rapporté les enfants. Il semblerait que tu sois toujours le dernier à t’écrouler lors des entraînements, n’est-ce pas ? D’ailleurs, il semblerait aussi que tu sois de plus en plus difficile à faire s’évanouir et à assommer. »

« Ah ? Euh … Vous parlez de ça ? Est-ce que c’est important ? Ou alors grave ? »

« Nullement … Nous pensions juste que tu as une endurance hors du commun. Connaitrais-tu la raison qui fait que tu as une telle capacité de résistance ? Ce n’est pas normal … Bien que les Coconforts soient basés sur leur endurance la majorité du temps, ton corps semble vraiment résistant, bien plus que ne le serait un simple Coconfort. »

Mais il n’avait pas d’explication à donner. Il avait toujours été comme ça. Toujours à porter de lourdes charges, à donner son maximum pour son travail. Il ne voyait pas pourquoi ça changerait maintenant. C’était aussi simple que ça … Enfin à ses yeux. Il haussa les épaules pour bien répondre à la femme Libegon.

« Hum … Je vois, je vois … Toi-même, tu n’es pas vraiment au courant à ce sujet. »

« Il s’est entraîné avec moi depuis plusieurs années dans l’armée du royaume des insectes. C’est peut-être pour ça qu’il est plus que costaud, le petit Earnos. »

« Hey ! Je ne suis pas forcément très grand par rapport à toi, mais je te rappelle que c’est parce que tu as quelques années de plus que moi, Olistar ! » rétorqua le Coconfort, un peu gêné par l’appellation du Rapion.

« Roh … Tu n’as pas à t’en faire. Tu es déjà bien plus grand d’une autre façon, Earnos. Oh oui … Tu me l’as encore montré aujourd’hui. »
Mais maintenant, il valait mieux pour eux qu’ils retournent s’entraîner, espérant que Lisian reviendrait quand même assez tôt. D’ailleurs, il était motivé, très motivé … et Olistar aussi. Mais Férast de même. Le Pomdepik semblait de plus en plus enclin à s’entraîner et à faire parler de lui, ce qui était vraiment une très bonne chose.

Très très loin du désert, là où le sable n’était guère présent que dans des bacs, une jeune fille aux cheveux blonds observait l’extérieur à travers les vitres de sa fenêtre. Portant un rubis qui semblait être ancré sur le crâne. Elle poussa un profond soupir, murmurant :

« C’est d’un ennui … et ils ne font rien pour arranger les choses. Père ne fait que des bêtises depuis quelques mois. Ça va lui causer de plus en plus de problèmes. Pourquoi ne veut-il pas comprendre que ça ne sert à rien, tout ce qu’il fait ? »

Vraiment … Pourquoi ne pas accepter tout ça ? Pourquoi ne pas vouloir la laisser sortir ? Elle n’était pas fragile comme du verre ! Elle était une Apireine, comme sa mère ! Elle pouvait parfaitement vivre son existence en-dehors de sa chambre !

Chapitre 43 : Abandonnés

Chapitre 43 : Abandonnés

« Olistar … Est-ce que je peux te parler un peu s’il te plaît ? » demanda le garçon aux cheveux blonds. Le Rapion se tourna vers lui, un peu étonné du ton employé par Earnos.

« Bien entendu … Qu’est-ce qu’il y a ? Tu fais un peu peur. » répondit Olistar, l’invitant à s’asseoir à côté de lui. Le Coconfort s’exécuta, triturant ses doigts. C’est vrai qu’il était anxieux depuis qu’il avait appris au sujet du royaume. Les secondes s’écoulèrent, le silence s’installant sans que l’un ou l’autre ne prenne la parole.

« Je comptais demander à retourner au royaume des insectes. » lâcha finalement le jeune garçon aux cheveux blonds, Olistar ne paraissant pas surpris le moins du monde.

« Tu es libre de tes choix mais lorsque tu seras là-bas, qu’est-ce que tu feras hum ? Je ne suis pas sûr que tu connaisses la réponse, n’est-ce pas ? Tu n’es pas assez fort, Earnos. Reconnais-le … Il vaut mieux que tu restes ici à t’entraîner. »

« Et à me faire exploser par un Kraknoix alors que nous sommes trois dessus ? C’est bien facile pour toi. Tu es fort, très fort, Olistar. Moi, je ne suis qu’un simple Coconfort, pas un puissant Rapion ou un puissant Yanma … ou même un Kraknoix. Je sais très bien que les Coconforts ne sont pas très … forts … »

« Hum ? Et où est passé le garçon qui se fichait royalement de sa faiblesse ? Mais qui voulait donner le maximum pour réussir à protéger son royaume et sa princesse ? Tu sais, Earnos, je crois qu’il faut que je te dise pourquoi je suis auprès de toi … Pourquoi je suis toujours à tes côtés. Mais attention, il ne faudra pas le révéler. Est-ce que tu comprends ce que je veux dire par là, Earnos ? C’est quand même très important … C’est vraiment secret. » murmura le Rapion sur un ton mystérieux. C’était la première fois qu’il lui parlait de la sorte. C’était vraiment si important que ça ? Et puis, il attendait une réponse de sa part. Il devait lui …

« Ah ! Tu étais là, Earnos ! » s’écria la voix de Lisian avant de se jeter à son cou. Férast était derrière elle, ne disant rien du tout avant de s’installer aux côtés d’Olistar et d’Earnos.

« Lisian ! Je t’ai déjà dit quelque chose à ce sujet ! Argl ! Tu m’étrangles ! »

« Roh … Ne fait pas l’enfant, je ne serre pas aussi fort. Tu n’avais pas l’air d’aller très fort alors je me suis dit que ça pouvait te faire plaisir que je revienne près de toi. Je suis sûre que tu t’inquiètes un peu trop du royaume, c’est ça ? »

« … … … C’est le cas, Lisian. Pourquoi est-ce que tu me dis ça ? »

« Si tu t’inquiètes des Papilords, tu n’as vraiment pas à t’en faire. Ce sont juste des rebus de la société ! Les femmes de ma race s’occuperont d’eux avec facilité ! Tu n’as pas à t’inquiéter pour eux. Ils ne sont pas du tout dangereux face à nous. »

« Pourquoi est-ce que tu les traites de rebus ? » demanda le garçon aux cheveux blonds, plus que surpris encore une fois. Le ton utilisé … était railleur et condescendant.

« Hum ? Hein ? Ben, parce que c’est le cas. Pourquoi ça serait différent ? Ce sont vraiment que des rebus … Rien d’autre non ? Des déchets du royaume, des mendiants, des … »

« Je pense que tu peux t’arrêter là, Lisian. Tu ne vas pas arranger ton cas. » coupa sèchement Olistar, fronçant les sourcils et semblant en colère envers la jeune fille aux cheveux bruns.

« Et pourquoi ça ? Je ne fais que dire la vérité ! Je ne vois vraiment pas ce que vous avez tous ! C’est ce que ma mère m’a toujours dit ! »

« Et qu’est-ce que ton père t’a dit à ce sujet ? » demanda Olistar avec une pointe d’ironie.

« Hein ? Pourquoi est-ce que tu parles de mon père ? Il est mort alors que je n’avais que trois ou quatre ans … Il a été emporté par la maladie. Là, ce n’est vraiment pas sympa de ta part, Olistar ! Que je sache, je t’ai rien fait et je ne t’ai pas insulté ! » s’écria Lisian.

Cette fois-ci, le Rapion haussa un sourcil. Elle ne semblait pas jouer la comédie à ce sujet. C’est vrai que depuis maintenant un bout de temps, elle traînait un peu trop du côté d’Earnos. Peut-être que les femmes Cheniselles ne lui avaient rien dit ?

« Tu as de la chance … Je pense que tu peux t’en tirer … Mais il vaudrait mieux s’arrêter là, maintenant, Lisian. Ce que l’on t’a dit est complètement faux. » répondit le Rapion.

« Mais qu’est-ce que tu racontes encore ? T’es vraiment bizarre comme garçon, tu sais ? Aucune Cheniti ne voudra de toi si tu te comportes comme ça ! »

« Malheureusement, ce n’est pas mon intention d’aller chercher une Cheniti. Arrêtes maintenant, Lisian. Sincèrement … Sinon … » murmura Olistar, Earnos et Férast restant muets. Ce genre de disputes semblait un peu risible.

« Sinon quoi ? » demanda un Libegon qui se présenta à eux, ayant remarqué les accès de colère des deux enfants. La Cheniti se tourna vers lui, il devait avoir une cinquantaine d’années d’après les rares rides sur son visage.

« C’est pas important, monsieur. Olistar veut me faire croire qu’il connaît des choses sur les Cheniselles et les Papilords alors qu’il n’y connaît rien du tout. »

« Hum ? Et bien … Vous voulez savoir quoi à leurs sujets ? Je peux vous l’expliquer. Comme la raison pourquoi il n’y a que peu d’hommes chez les habitats des Cheniselles mais je ne pense pas que cela soit une histoire pour des enfants. »

« Il vaudrait mieux que vous ne leur disiez rien, oui. » marmonna Olistar, l’air sombre.

« Non ! Non ! Dites-moi tout ! Comme ça, Olistar arrêtera avec ses secrets ! Et comme ça, Earnos verra qu’il n’a pas à être effrayé par moi ! Il comprendra comme quoi, la vie avec une future Cheniselle, c’est vraiment une bonne chose. » s’écria Lisian avec joie.

« Une bonne chose ? Je suis désolé, jeune fille, mais je plains plus que je ne jalouse les hommes choisis par les Cheniselles. Qu’importe ce que l’on leur dit, ils n’en font qu’à leurs têtes et souvent, ils ne vivent pas plus longtemps qu’une trentaine ou quarantaine d’années. D’ailleurs, les légendes disent que si un homme donne un garçon à une Cheniselle comme premier enfant, il ne survivra pas le mois qui suit la naissance. »

QUOI ?! Earnos se redressa, Lisian mettant une main devant sa bouche pour éviter qu’un bruit n’en sorte. Qu’est-ce qu’elle venait d’entendre ? C’était juste une blague hein ? Hein ? On ne lui avait jamais dit ça ! Férast restait imperturbable ou presque. Olista passa une main sur son front, marmonnant que ce n’était vraiment pas le moment.

« D’ailleurs, souvent, les hommes sont jetés après utilisation. Lorsqu’elle obtient une fille de celui qu’elle a choisi, la Cheniselle se débarrassera souvent de son mari. Des fois, elle ira en chercher un autre pour avoir une nouvelle fille, encore plus forte que la précédente. C’est pourquoi on estime que les Cheniselles vivent dans une société matriarcale : ce sont les femmes qui ont le pouvoir car elles sont les seules à pouvoir vivre à l’intérieur. Dès qu’elles ne sont plus intéressées par rapport à un homme, elles l’éliminent. »

« C’est pas vrai ! Vous mentez ! Vous dites n’importe quoi ! » hurla Lisian.

« Il faut aussi que je vous explique ce qui arrive aux Chenitis … Les enfants masculins que certaines Cheniselles obtiennent avec leurs maris. Ces derniers, malgré le dégoût de leurs mères, sont élevés jusqu’à l’âge de trois ans. Un âge où ils peuvent commencer à marcher et à parler, même très mal. A partir de là-bas, ils sont abandonnés. »

Earnos s’était mis à trembler, serrant le poing. C’était quoi cette histoire saugrenue que le Libegon venait d’annoncer ? Et il semblerait qu’il n’en avait pas terminé d’après ce qu’il annonçait. D’ailleurs, l’homme un peu âgé reprit :

« D’ailleurs, ces enfants, livrés à eux-mêmes ne peuvent guère survivre très longtemps. Généralement, ils meurent de maladie ou par manque de nourriture. Ceux qui arrivent à vivre jusqu’à l’adolescence voir l’âge adulte sont très rares, ils portent un nom bien spécifique. Je pense que vous savez de quelle race d’insectes je veux parler. Un Papilord ne vivra rarement plus de vingt à vingt-cinq ans. D’ailleurs, c’est pour cela que les Cheniselles sont souvent promptes à avoir la possibilité de tuer le plus de Papilords. Cela permet d’effacer les échecs qui furent un jour leurs progénitures. »

« ASSEZ ! ASSEZ ! Vous mentez ! Earnos ! Earnos ! Tu ne le crois pas ? Hein ? Hein ? » bredouilla la jeune fille aux cheveux bruns, se tournant vers le Coconfort. Celui-ci tremblait de tout son corps alors qu’elle posait ses mains sur ses bras. « Earnos, je te promets que je n’en savais rien ! Rien du tout ! Maman m’a jamais dit ça ! Elle m’a toujours dit que les Papilords étaient mauvais, très mauvais ! »

« Et ensuite, si par malheur, je me retrouvais avec toi, tu comptes me tuer durant mon sommeil parce que je suis un homme, n’est-ce pas ? NE ME TOUCHE SURTOUT PAS ! Le seul déchet du royaume, c’est ton espèce, Lisian ! Tu vas devenir comme elles ! » hurla le Coconfort, repoussant violemment la Cheniti qui tomba en arrière. Il avait serré le poing, n’arrivant pas à comprendre pourquoi il était en colère mais il n’allait pas la frapper. Tout le monde avait sa place parmi les insectes ! Les Rapions, les Papilords, tout le monde ! Alors qu’une espèce décide qu’une autre n’avait pas le droit d’être parmi eux … Il devait se calmer ! Olistar et Férast étaient d’ailleurs en train de le retenir. « Disparais ! Ne m’adresse même plus la parole, espèce d’ordure ! » s’écria-t-il une nouvelle fois, la jeune fille semblant interloquée, des larmes s’écoulant de ses yeux avant de s’enfuir et de s’enfoncer dans le désert. « Et perds-toi dans le désert ! TU … » dit Earnos avant de s’arrêter, le dard d’Olistar s’étant logé dans son dos. Sous le coup de l’émotion, il risquait de dire des bêtises. Il valait mieux qu’il s’arrête là. Les révélations avaient eu lieu … mais elles ne furent guère bonnes.