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Chapitre 14 : Une première attaque

Chapitre 14 : Une première attaque

« Zéran ? Tu n’as pas d’armes ? Ne t’en fait pas, je m’y attendais. »

« Je ne sais pas si je dois vraiment prendre ça sur le ton de la plaisanterie, Klork. Je ne sais pas du tout ce qui va nou tomber dessus, je ne me suis jamais battu réellement de ma vie, je n’ai jamais chercher à utiliser ma magie pour une telle situation et je commence à avoir sérieusement peur. Pourquoi est-ce que tu ne voudrais pas plutôt me rassurer ? »

« Pourquoi est-ce que je le ferais ? Oh, tout simplement car j’ai un petit cadeau pour toi. »

Et c’était quoi ce cadeau ? Ce n’était pas le moment pour ça ! Il regarda Klork avec effarement, la surprise finissant par paraître devant ses yeux alors qu’il clignait plusieurs fois pour ne pas rêver. Pourquoi ? Comment ? C’était quoi ce sac ?

« Nous sommes aussi des artisans dans la famille de la Rage. Il s’avère que pour transformer nos armes et autres de manière discrète, nou utilisons parfois ce qui nous tombe sous la main. Je tiens donc à te présenter tes armes. Elles viennent de nos forges. »

Oui, il était vraiment en train de rêver. Klork lui tendait deux cimeterres magnifiquement ouvragés. Ils n’avaient rien à voir avec ceux utilisés pendant l’entraînement. Et dire qu’il avait sorti ça de ce sac sans fond ou presque. C’était … mais euh surtout …

« Est-ce que c’est vraiment pour moi, Klork ? Tu n’étais vraiment pas obligé, tu le sais hein ? Je ne veux pas que tu te sentes forcé ou autre et enfin, je … »

« On n’a pas le temps de me remercier, Zéran. C’est un cadeau de ma part, je sais que tu en feras bon usage. Ma famille, celle dont je suis l’enfant, n’a pas vraiment apprécié ce geste mais je leur ait signalé que c’était très important à mes yeux et ils ont accepté. Prends-les et si tu veux me faire honneur et me remercier, protèges mon dos comme je protègerais le tien. »

« Je … D’accord, Klork. Je suis parfaitement d’accord ! Oui … Enfin … je … Tu n’arrêtes pas de me gâter et me couvrir depuis le début. » dit Zéran en balbutiant légèrement.

« Je ne fais que ce qu’un ami ferait envers un autre, rien de plus. Pourquoi devrais-je m’empêcher de t’aider alors que sans toi, l’expédition risquerait très mal se finir ? Je ne veux pas de ça, ce n’est pas ce que je recherches, loin de là. Je n’ai rien à y gagner. »

« Mais tu n’étais pas forcé de … Enfin, je ne devrais plus parler et j’ai … peur, je crois ? » dit finalement Zéran en comprenant ce que cela impliquait que de tenir les deux cimeterres dans ses mains. Contrairement à ce qu’il pensait, il n’avait aucun mal à les soulever et cela malgré le poids conséquent. Est-ce que l’entraînement pendant ce dernier mois avait influencer un peu sur ses muscles, les gonflant pour lui permettre une telle chose ?

« Bon, sortons alors ma propre arme, ça sera mieux pour se battre … et aussi ça. »

Il comprenait maintenant pourquoi Klork pouvait transporter aussi aisément cette armure. Lorsqu’il vit un imposant casque sortir du sac du jeune homme aux cheveux verts, il remarqua que ce dernier était grillagé sur le devant. Klork releva la petite grille, comme s’il était certain de ne pas avoir à s’inquiéter par rapport aux projectiles ennemis.

« Je n’avais jamais vu ton casque avant aujourd’hui, Klork. »

« Cela cache mon visage et en même temps, ça abîme mes cheveux qui sont en sueur dans ces moments précis. Promis, je t’avoue que c’est très gluant et un peu horrible en un sens. Je te déconseille cela si tu veux tout savoir, Zéran. Bon mon arme ! »

BOOM ! Il n’était pas certain que cela avait produit ce bruit mais il avait presque senti la terre qui tremblait lorsqu’il vit l’objet de fer tomber au sol. MAIS C’ETAIT QUOI CETTE IMMENSE EPEE ?! Elle était au moins aussi grande que Klork voire peut-être plus ! Et cette lame ?! Elle faisait au moins la largeur d’un corps humain !

« Mais mais mais … Attends un peu, tu … Tu y arrives vraiment ? Sans difficulté ? »

« Pourquoi est-ce que ça en serait une ? Ce n’est qu’une simple arme, par contre, elle tranche très bien et ça sera parfait pour les rampants qui arrivent. Que chacun se mette en cercle. Ne montrez jamais votre dos à vos adversaires ! Et bien entendu, écoutez-moi ! »

« Klork, je sais ce que sont ces créatures qui arrivent ! Il n’y a pas tellement d’espèces dans les régions de la Vanité qui sont capables de se déplacer en groupe. »

« J’ai aussi ma propre idée. De gros lézards, n’est-ce pas ? Nous sommes d’accord sur ce point, toi et moi, Cator ? » dit le jeune homme sous son casque rouge, évitant de sourire en ayant soulevé son imposante épée mais à une seule main. Ça ressemblait presque à une épée bâtarde … mais pour géant. Comment Klork faisait ça ?

« Des Lizéfals si tu veux tout savoir. Ils sont habitués à empoisonner leur proie avec plusieurs jets acides qui traversent aisément la chair. C’est un peu fumant et ça leur permet alors d’administrer leur poison plus aisément. »

« Oui, exactement … et tout cela avec leur queue, n’est-ce pas ? Je connais ces sales bêtes et je sais parfaitement à quoi m’attendre. Bon, alors, il faut vous prévenir : Ne vous faites pas empaler par leurs queues, compris ? Si c’est le cas, on n’a pas d’antidote et ça pourrait très mal se finir ! Message bien passé pour tous ? »

Que des murmures peu rassurés. Bon, il fallait faire avec ce qu’ils avaient sous la main, n’est-ce pas ? Klork posa son regard sur Zéran. Il comptait sur lui pour ce combat alors qu’autour eux, dans les fourrés, certaines branches se brisaient avant que d’épaisses créatures quadrupèdes se déplaçaient vers eux.

Provenant de la race des sauriens, les Lizéfals avaient un long corps recouvert d’écailles violettes, des yeux dorés aux pupilles rougeâtres, comme celles d’un serpent. Leur langue fourchue était anormalement longue, laissant s’écouler une bave violette qui produisait de la fumée en touchant le sol. Il fallait compter sur une cinquantaine de centimètres de hauteur pour bien presque deux mètres de longueur … en ne prenant pas en compte la longue queue tendu avec une pointe au bout. Celle-ci en elle-même, redressée au-dessus du corps du Lizéfal, devait bien faire ses deux mètres aussi en longueur.

« Et dire que certains aiment bien les avoir comme animaux de compagnie. Je me dis qu’il y a parfois quelques beaux cinglés dans ce monde ! Ah ! Vraiment … »

« Agléa, je crois pas que ça soit vraiment le moment de parler de tout ça ! Ne bouges pas trop de moi si tu es vraiment en danger, d’accord ? »

« C’est vraiment chou de ta part mais ne t’inquiète donc pas. » dit la jeune femme aux cheveux auburn avant qu’un claquement sonore ne se fasse entendre, Zéran tournant brièvement la tête vers elle. Un fouet ? Depuis quand, elle … « Je sais dresser ces sales bêtes. Elles vont très vite comprendre à qui elles ont affaire. »

Il ne savait pas s’il devait plaindre les lizéfal sur le coup mais là, il allait faire comme si hein ? Il valait peut-être mieux ne pas trop la chercher pour l’heure. Pfiou … Il espérait juste que les autres étaient aussi doués et motivés qu’elle.

« Zéran, juste une dernière recommandation. N’oublie pas une chose : c’est un combat à mort. Il ne faut pas que tu hésites dans le moindre de tes coups, d’accord ? »

« S’il le faut, est-ce que je peux essayer de me battre à tes côtés, Klork ? »

« Bien entendu ! Comme ça, si tu as un problème, je vais t’aider. Et ne t’en fait pas pour leur crachat, tu peux parer avec tes armes, elles ne vont pas fondre pour si peu. »

D’accord, c’était rassurant aussi de ce côté. Il poussa un léger soupir de soulagement avant de placer une main sur son front, gardant ses mains fermées sur les poignes de ses cimeterres. Il devait faire honneur aux cadeaux de Klork ! C’était le genre de cadeau qu’il ne pensait jamais recevoir un jour, c’est pourquoi il devait y tenir !

« Je dois me … Ah … Ils sont une dizaine, c’est ça ? Et ils ne sont vraiment pas amicaux, K… KLORK ?! MAIS QU’EST-CE … »

« Tu ne dois pas perdre ton temps à parler, Zéran ! Si tu ne combats pas en jouant sur l’effet de surprise, cela peut te mener à la mort ! »

Sauf que là, lui-même était surpris alors que Klork s’était déjà jeté sur un Lizéfal. Résultat ? Celui-ci avait tout simplement la tête détachée du corps, décapitée d’un coup sec de l’imposante arme de Klork. D’un coup de pied presque rageur, son soleret de métal rouge venant frapper dans la tête du lézard à sa droite, Klork avait déjà choisi sa prochaine cible.


Sauf que voilà, il y en avait une autre, dans son dos, qui se rapprochait à toute allure, prête à cracher son acide. D’après les dire de l’homme aux cheveux verts, il n’y avait AUCUNE raison de s’inquiéter sur l’acide qui n’était pas corrosif mais … NON ! Zéran poussa un hurlement, cherchant à attirer l’attention du lézard sur lui :

« HEY ! MON GROS ! SI TU VEUX UNE CIBLE, PRENDS EN TOI A MOI ! »

« Ksss ! » siffla le lizéfal, voyant venir au loin Zéran, celui-ci croisant ses cimeterres devant lui de façon instinctive. Bien lui en a pris car il vit de la fumée devant ses yeux. De l’acide ? Cet enfoiré de lizéfal avait tenté de lui balancer de l’acide !

« Je vais te le faire payer ! Je ne vais pas abîmer les armes de Klork qu’il m’a si généreusement offert ! Il en est hors de question ! »

Et c’était à son tour d’attaquer, n’est-ce pas ? Voilà qu’il était maintenant au niveau du lézard, commençant à chercher à le frapper avec son cimeterre de droite. Au dernier moment, il s’arrêta, ne faisant que frôler les écailles violettes de la créature.

« ZERAN ! AUCUNE HESITATION ! N’HESITE PAS ! »

Klork qui lui criait encore dessus. C’était normal et logique. Il venait de stopper et le lézard qui l’observait avait bien envie d’en profiter. D’un mouvement de la queue, il tenta de planter le dard au bout dans la chair de Zéran, celui-ci l’évitant au dernier instant. NON ! HORS DE QUESTON DE … IL … IL …

Pourquoi est-ce qu’il roulait au sol ? Il tenait toujours ses armes dans ses mains mais pourquoi est-ce qu’il était au sol ? Pourquoi ? Il voyait Klork qui était en train de livrer bataille mais les autres aussi ? Même Silesti … encore que le lézard n’osait pas s’approcher d’elle. Il ne devait pas chercher à obtenir des explications à ce sujet, n’est-ce pas ?

« Je … Je … Je ne suis pas faible ! Je n’ai pas fait tout ça pour que ça s’arrête maintenant ! »

Il le pouvait ! Il en était certain. Il allait y arriver et ensuite, il allait pouvoir souffler et … ah … ah … ah … Il allait tenir bon et ensuite, il allait finir cette expédition avec les autres. Il allait devenir le prochain roi des félémons, Klork allait devenir son bras droit et …

« Kss ! » siffla une nouvelle fois le lézard qui était à sa portée, ayant levé son dard pour venir chercher à l’abattre sur le corps du félémon qui était toujours couché au sol.


Hein ? La queue du lizéfal se détacha du reste du corps. Sans même comprendre réellement ce qui venait de se produire, Zéran remarqua que sa main gauche avait tout simplement tracé un arc de cercle avant que le dard ne s’insinue dans sa chair.

« Pourquoi est-ce que … j’ai fait ça ? Comment est-ce que j’ai … fait ça ? »

C’était instinctif ? Il se releva, se mettant correctement sur ses pieds pour chercher à comprendre. En voyant le sourire de Klork, il savait qu’il avait bien fait mais … pourquoi ? Du moins, comment ? Est-ce qu’il y avait une astuce qu’il ne connaissait pas ?

« L’instinct de survie, Zéran. Si je t’ai obligé à utiliser des armes réelles pendant l’entraînement, c’était aussi pour cette raison. Ton corps réagit instinctivement au danger qui arrive droit sur toi. Ainsi, tu es plus apte à te défendre et esquiver, comme je m’en doutais. Allez ! Termines-en avec ton adversaire et on va aider les autres, ils ont besoin de nous ! »

Les autres ? Le jeune homme aux yeux rubis se tourna brièvement vers Agléa. Celle-ci arrivait surtout à repousser les lizéfals mais ne pouvait pas les combattre. Son fouet claquait et touchait le sol, quelques morceaux d’écailles s’y trouvant aussi. Cator était devant Réxéros et Vélisa, ces deux derniers ne semblant pas aptes du tout à se battre correctement.

« Oui ! Si tu veux, tu peux déjà y aller ! Je vais m’occuper du reste ! »

« Tu es certain, Zéran ? Bon, je te fais confiance ! » dit le félémon à la chevelure d’émeraude, passant à côté de lui tout en le félicitant, sa lourde armure rouge se faisant entendre.

Et voilà qu’il était à un contre plusieurs lizéfal. Autant dire qu’il n’était franchement pas convaincu qu’il allait y arriver. Pour autant, il avait dit à Klork de lui faire confiance, ce n’était donc pas l’heure de reculer. Il allait lui montrer ce dont il était capable !


Même si ses coups de cimeterre étaient pas aussi violents que ceux de Klork, chose normale vue la différence entre les armes, il remarquait qu’il prenait plus aisément l’avantage sur les créatures. Comme il ne s’agissait que de monstres lambda, sans forcément une très grosse intelligence, à part le fait de se battre en groupe, il pouvait réellement prendre le dessus sur eux ! Il ne pensait pas ça réalisable mais …

« ZERAN ! FAIS ATTENTION A NE PAS PRENDRE TROP CONFIANCE EN TOI ! »

Hein ? Pourquoi est-ce que Klork lui criait ça maintenant ? Est-ce qu’il avait peur qu’il commette une bêtise ? Il pouvait aisément battre ces lizéfals alors pourquoi est-ce qu’il devait s’en cacher ? AH ! Peut-être parce qu’ils commençaient à l’entourer personnellement ? Même s’ils étaient salement blessés, ils avaient la vie dure et cherchaient vraiment à l’emporter avec eux. C’était ça … l’abus de confiance dont parlait Klork dans le fond.

« Ne t’en fait pas, Klork ! Je vais m’occuper d’eux ! »

Ce n’était pas le mieux pour rassurer Klork mais il espérait que cela suffirait à le calmer ou du moins presque. Il devait jouer la sécurité et réussir alors à se protéger. Pfiou … Et aussi protéger les autres. Mais Klork se débrouillait mieux pour ça. Le jeune homme aux cheveux blonds arriva à trancher la tête d’un lizéfal qui s’était rapproché un peu trop de lui.

« Et un de moins, Klork ! Je commence à avoir le coup de main ! »

« Comme je te l’ai déjà dit et répété, Zéran, restes plutôt sur tes gardes ! »

Oui oui, le message était bien passé mais les autres ? Il tourna brièvement son visage pour voir que Klork achevait de protéger Cator, Réxéros et Vélisa tandis qu’Agléa arrivait à se reposer après avoir finit de repousser un lizéfal avec son fouet. La créature avait alors décidé de changer de cible pour s’en prendre à Silesti.
D’ailleurs, Silesti, où était la créature qui l’attaquait ? Il n’y avait même pas le cadavre de cette dernière. Qu’est-ce qui avait put se passer à cet instant ? Il en avait strictement aucune idée alors que le jeune homme se concentrait à nouveau sur ses propres cibles.
C’est en entendant un cri de rage à côté de lui, quelques minutes plus tard, qu’il comprit que Klork venait à nouveau l’épauler. Malgré sa petite vantardise, il devait avouer qu’il était bien content de le voir revenir. Pfiou … Il pouvait donc s’en sortir.

« Tu ferais bien de reculer, Zéran. Je peux me charger du reste. »

« Même si tu n’as aucune blessure apparente contrairement à moi, je ne vais pas te laisser combattre seul contre ces créatures. Il en est hors de question. Je peux encore tenir bon … s’il te plaît, Klork. J’ai pas envie que tu me considères comme un poids. »

« Tu es bien la dernière personne du groupe à qui je dirais ça, Zéran. Restes près de moi. »

Ah ça, il n’allait pas bouger de sa position. Voilà que le jeune homme aux cheveux blonds suivait les mouvements de Klork, remarquant surtout qu’ils étaient bien plus élaborés que ceux qu’il avait utilisés pendant l’entraînement avec lui. Bien entendu, il fallait s’en douter. Ils étaient en véritable combat et donc, il ne fallait pas espérer qu’il allait prendre ça comme un jeu. Par contre, la partie était terminée au bout de quelques minutes.

« Et voilà une bonne chose qui est faite ! »

D’un mouvement nonchalant de son imposante lame, Klork vient asperger le sol du sang frais des lézards avec son arme, restant non-loin de Zéran pour vérifier son état. Oui, c’était le plus important à ses yeux à l’heure actuelle bien que cela gênait Zéran.

« Hey, c’est bon, Klork. Je ne suis pas au seuil de la mort non plus. Tu n’as pas à t’inquiéter plus qu’il n’en faut à mon sujet, d’accord ? » marmonna Zéran en reprenant son souffle.

« Je m’inquiéterai pas si je le veux, Zéran. A part moi, tu as été le seul à en combattre autant en même temps et surtout au corps à corps. Agléa a réussi à les maintenir à distance. »

« Et Silesti dans tout ça, qu’est-ce que ça a donné ? »

« Silesti, elle … Je ne sais pas vraiment comment l’expliquer mais elle est indemne. Elle est vraiment étrange et bizarre mais en même temps, peut-être est-ce fait exprès qu’elle soit aussi rassurante ? Rassurante et effrayante. » dit Klork en la désignant du regard.

Ils avaient exactement la même pensée envers la femme aux cheveux noirs. Il n’y avait aucune trace de lutte, ses yeux bruns toujours autant dénués de toute expression. Comme si elle avait entendu qu’on parlait d’elle, son visage se tourna vers Zéran et Klork.

« Y a … t-il un problème ? Est-ce qu’il … reste des ennemis dans les environs ? »

« Non, non, c’est bon, Silesti. Merci pour le coup de main, c’est très sympathique de ta part. »

« C’est épuisant … de faire autant de choses. J’aimerai … bien pouvoir me reposer maintenant. Veuillez ne plus me déranger. »

Comme si de rien n’était, elle passa à côté des cadavres des lézards aux écailles violettes, finissant par s’adosser contre un arbre, fermant ses yeux bruns avant de plonger dans le sommeil. Décontenancé, Zéran la regarda avant de la pointer du doigt :

« Dites-moi que c’est une blague. Elle est vraiment en train de dormir, là ? »

« C’est toujours comme ça avec elle. Enfin bon … Puisque c’est terminé, on ferait mieux de se remettre en route. L’odeur du sang risquerait d’attirer d’autres prédateurs. » dit Réxéros comme si de rien n’était, Zéran s’exclamant :

« HEY ! On pourrait peut-être se reposer un peu ? Et vous n’auriez pas quelque chose à dire ? Je vous jure … Laissez tomber plutôt, j’ai même plus envie de … »

« Merci à toi, Zéran ! » dit avec engouement Agléa en ouvrant déjà ses bras vers lui.

Oui mais non. Elle pouvait toujours courir pour qu’il aille vers elle. Ce n’était pas tout ça mais bon … Qu’est-ce qu’ils allaient faire réellement maintenant ? Le jeune homme aux cheveux blonds passa une main sur son front une nouvelle fois. Ils devaient se remettre en route ? Sauf que sincèrement, vu que Réxéros et Vélisa n’avaient RIEN fait, il n’était pas vraiment motivé à les écouter. Voilà que Klork lui murmura :

« Ne nous disputons pas pour des choses aussi futiles, Zéran de la Vanité. Ils nous sont redevables bien qu’ils ne l’avoueront jamais. »

« Je n’en doute pas un instant. Ils ne sont pas du genre à vouloir faire des efforts. »

« Ne soyez pas mécontent, Zéran de la Vanité. Vous pouvez être fier de ce que vous avez accompli, je peux vous le promettre et certifier. »

« Je ne sais pas si j’ai vraiment besoin d’une promesse mais on va dire que dans une telle situation, je vais me contenter de ce que l’on a, n’est-ce pas ? Merci pour tout, Klork. »

« De rien, c’est tout naturel, Zéran de la Vanité. Maintenant, on va aller les suivre. On fermera la marche comme d’habitude, d’accord ? »

Il ne fit qu’un simple hochement de tête positif alors qu’il regardait autour de lui. C’était une vraie scène de carnage envers ces créatures, n’est-ce pas ? Il avait encore du mal à se dire qu’il était responsable avec Klork de tout ça. Il avait vraiment annihilé toutes les créatures qui se trouvaient ici … et cela sans utiliser aucune magie. A ce sujet, il se demandait s’il était vraiment doué pour cela. Il connaissait de nombreuses bases mais … bon …

« Même s’ils ne savent pas se battre, est-ce qu’ils sont capables d’utiliser la magie ? » finit-il par questionner le jeune homme aux cheveux verts, celui-ci posant son regard sur le trio qui dirigeait la troupe, Silesti se déplaçant en lévitant un peu au-dessus du sol, comme à son habitude. Seule Agléa était entre elle et leur duo, ne parlant pas contrairement à d’habitude mais il ne s’inquiéta pas plus que ça de l’état de la félémone aux cheveux auburn.

« Je pense que oui mais à voir à quel point et quelle efficacité. »

Mais d’ailleurs, Vélisa n’avait-elle pas dit qu’elle était douée en combat ? Alors pourquoi est-ce qu’elle n’avait rien fait ? Pareil pour Réxéros ! Normalement, tous et toutes devaient être capables de survivre face aux célestiens. Il y avait une embrouille quelque part. Ces types pensaient que lui et Klork allaient faire tout le boulot.

« Et après, ils nous attaqueront dans le dos, j’en suis certain. »

« Zéran de la Vanité, ne dites pas vos mauvaises pensées même s’ils peuvent le mériter. Ne vous préoccupez pas de ça. Nous verrons en temps voulu à ce sujet, d’accord ? »

Comment est-ce qu’il pouvait être aussi calme ? C’était ça sa plus grande interrogation. Klork avait survécu à tellement de batailles qu’il pouvait se permettre de réagir de la sorte ? Ah … Il ne le comprenait pas des fois. Les paroles de son père lui revenaient en mémoire : n’avoir confiance en aucun des candidats. Et plus le temps passait, plus ça se confirmait pour la majorité d’entre eux. Il n’y avait bien que Klork et Agléa qu’il appréciait.

Chapitre 13 : Indifférence

Chapitre 13 : Indifférence

« Klork, tu ne retires pas ton armure pour aller dormir ? Tu plaisantes, j’espère. »

« Bien sûr que si, simplement, avant, je vais sûrement trouver un endroit où me laver. Nous n’étions pas loin d’un ruisseau, non ? »

« C’est vrai que ça ne serait pas du luxe que je vienne aussi. Tu veux que je t’accompagne ? »

« Pas besoin, je vais simplement aller me passer un peu d’eau. D’ici là, tentes de dormir, je ne ferais pas vraiment de bruit, promis. »

Pas besoin de promettre une chose aussi évidente ! Il laissa Klork quitter la tente qu’ils avaient monté tous les deux. Il avait embarqué son sac avec lui. C’est vrai, une simple mesure de précaution. Même s’ils étaient des compagnons de route, certains ou certaines pouvaient très bien chercher à voler ce qui se trouvait à l’intérieur.
Lorsque Klork revint, il était lui-même à moitié assoupi, entendant juste un bruit d’armure que l’on déposait sur le côté. Marmonnant légèrement, il renifla un peu l’air en remarquant que cela sentait plutôt bon. Pour autant, il n’ouvrait pas les yeux, disant simplement :

« Je ne sais pas avec quoi tu t’es lavé mais ça sent drôlement bon, Klork. »

« Tu ne dors pas encore, Zéran ? Je pensais que si … et j’ai juste frotté un peu quelques fruits contre ma peau, rien de plus. Faut bien prendre soin de son corps un peu. »

« Hahaha, quand tu t’exprimes comme ça, ah … Enfin bon … Désolé. » dit le jeune homme aux cheveux blonds en baillant, yeux clos. « Suis trop crevé. Bonne nuit. »

« Bonne nuit à toi aussi, dors bien. Si tu as peur dans la nuit, je peux veiller sur toi. »

Pour toute réponse, Zéran eut un léger rire. Pourtant, le ton du jeune homme à côté de lui avait été étrangement doux. Bah … C’était n’importe quoi. Il n’était pas en sucre non plus. Pour l’heure, il allait tout simplement dormir. Le lendemain matin, comme il s’en doutait, en rouvrant les yeux, Klork n’était déjà plus là.

« Il est définitivement trop rapide … et prompt à se lever. Il devrait vraiment apprendre à profiter d’un petit moment de repos. Je suis sûr que ça lui ferait le plus grand bien. »

Mais bon ! Ce n’était pas comme si Klork allait l’écouter. En sortant la tête de la tente, il remarqua autre chose de bien plus déplaisant. Ils étaient tous … réveillés. Il était le dernier debout. Dernier ? Oui, même Silesti était assise sur un tronc d’arbre, buvant ce qui semblait être une tasse d’un liquide chaud et fumant.

« C’est bon le chocolaaaaaaaaaaat. » dit-elle dans une longue phrase avec soulagement, Zéran prenant la parole tout en signalant sa présence :

« Je remarque que tout le monde est du matin ? Et dire que je pensais qu’avec Klork, je ne serais plus jamais le dernier à me lever. Comme quoi, je me suis trompé lourdement. »

« Disons que nous avons été levé contre notre gré en entendant les solerets de fer d’une certaine personne qu’il ne faut pas nommer. »

« Je tiens à m’excuser mais l’entraînement matinal permet de m’échauffer les muscles, Agléa. » répliqua le jeune homme aux cheveux verts en s’adressant à la plantureuse félémone, celle-ci se tournant vers Zéran en disant :

« Faites que je n’ai pas une tête horrible, faite que je n’ai pas une tête horrible. Zéran … »

« Non, tu peux être soulagée, elle est franchement pas si mal que ça. Ca te convient bien comme tête au réveil. Mais bon, à vous regarder tous, on a l’impression que c’est Silesti la mieux réveillée à part Klork. Je me demandes comment elle fait. »

« Vingt heures de sommeil par jour, cela … permet de garder … le corps … en bon état. »

Ah bon ? Si c’était aussi simple comme recette, il l’aurait appliquée depuis bien longtemps. Il n’était pas convaincu que ça soit aussi aisé mais interroger Silesti ne le tentait pas vraiment. Encore qu’elle semblait de plutôt bonne humeur, peut-être que … AH ! Klork le regardait.

« Klork ? Est-ce que tu as quelque chose à me demander ? »

« Je me disais que peut-être que tu serais intéressé par un petit jooging en attendant que les autres se réveillent un peu plus correctement ? Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Hmm … Hum … Je ne sais pas … BAH ! Je n’ai rien d’autre à faire et ça m’ouvrira sûrement l’appétit donc pourquoi pas ? »

« Alors, prépares-toi tout de suite, nous partons dans deux minutes ! »

Il était drôlement pressé non ? En fait non, il était plutôt … agacé ? Le jeune homme aux cheveux blonds pencha la tête sur le côté, cherchant à savoir ce qui pourrait être à l’origine de tout ça. Un bref regard sur le reste du groupe et il voyait bien que Réxéros, Cator et Vélisa chuchotaient entre eux en les observant et en rigolant. Ah oui … Des moqueries à cet âge ?

« Bon, pas besoin de préparation, je n’ai rien dans l’estomac donc on ne va pas courir pendant des heures, Klork. Allez, on peut s’y mettre ! »

Il n’allait pas dire à Klork que lorsqu’il était énervé ou agacé, il le tutoyait. Bon parfois, il le faisait naturellement mais dans ces moments précis, il était sûr et certain que le jeune homme borgne allait lui adresser la parole de cette manière.

Mais le voilà maintenant parti avec lui pour faire quelques kilomètres au pas de trot. Il n’y avait pas besoin de trop courir. De toute façon, vu qu’il n’avait pas encore pris de petit-déjeuner, c’était déconseillé de faire trop d’efforts.

« Dis-moi, Zéran, est-ce que je suis trop … emmerdant avec les autres ? »

« Je crois pas que ça serait le terme que j’utiliserai pour te définir entre nous, Klork. »

« Je ne sais pas, j’ai l’impression qu’ils n’apprécient pas ma personne alors que … »

« Puisque tu ne sais pas, je vais te le dire : ne te préoccupe pas d’eux. Bon, ce qui est étonnant, c’est que je ne me sois pas réveillé malgré le bruit que tu faisais. »

« Je n’ai pas été plus bruyant que d’habitude. Est-ce que c’est la force de l’habitude ou … »

« Le fait que je sois plus fatigué que la normale ? C’était la première fois que je dormais hors de chez moi, en pleine nature. Ceci explique cela, non ? »

« En fait, ça serait plutôt l’inverse. Comme c’est dans un endroit inconnu, le corps aurait plutôt tendance à être prompt à réagir et se réveiller plus aisément. »

« Comme j’ai l’habitude de tout faire à l’envers, c’est donc logique. » déclara Zéran alors que Klork s’était mis à rire doucement, comme amusé par ses propos.

« Ah … Ça va beaucoup mieux dès que je te parles, Zéran. Euh … Zéran de la Vanité ! J’en oublie mes formules de politesse. J’ai l’impression que c’est beaucoup plus aisé de vous parler que chez les autres. Je me demande si c’est à cause du mois passé à vous entraîner. »

Ça, il ne pouvait pas répondre à la place de Klork. Pourtant, il pensait pareil que lui. Mais maintenant, la petite course matinale était des plus plaisantes. Ils discutaient tous les deux et avec une certaine aisance. Il devait le reconnaître, il appréciait bien Klork. Il pouvait parler de tout et de n’importe quoi, Klork donnait l’impression de toujours être émerveillé et ébahi par ce qu’il disait. Oui … Comme quoi, il fallait se contenter de peu, hein ? Après une bonne demie-heure, ils étaient de retour au campement, le trio continuant de discuter entre eux, s’étant tourné vers Zéran et Klork. Silesti continuait de boire son chocolat tandis qu’Agléa avait disparu à l’intérieur d’une tente.

« Vous savez que ça ne sert à rien de faire quelques pas de course contre les célestiens ? »

« Cator n’a pas tort. Dans le cas où ils nous attaquent ou inversement, il faudra tout simplement les abattre le plus vite possible. On ne peut pas vraiment leur échapper vu qu’ils peuvent attaquer par la voie des airs. » compléta Réxéros.

« Si nous nous battons en forêt, pouvoir se déplacer aisément à travers les arbres est un atout que les célestiens ne posséderont pas. D’ailleurs, que chacun s’occupe de son domine de prédilection, non ? Ou alors, vous seriez en train d’insinuer que vous êtes de meilleurs combattants que moi-même ? »

« Klork, s’il te plaît … viens, on va plutôt voir ce que l’on peut manger vu que les autres ont terminé de leur côté, compris ? » dit Zéran en emmenant Klork avec lui.

Il était pas du genre à vouloir éviter que tout dégénère mais sur le coup, il préférait que Klork ne perde pas le contrôle de ses actes. Par contre, il retenait aussi Cator et Réxéros sur le coup. Qu’ils n’apprécient pas les méthodes de Klork était une chose mais remettre en question ses qualités de combattant en était une autre.

« Pardon, Zéran, tu as raison … On va essayer de se sustenter. Tu veux que je cuisine ? »

« Pourquoi pas ? Même si ça ressemblera plus à de la ration militaire qu’autre chose. »

Klork fit une petite moue boudeuse bien qu’il savait parfaitement que Zéran voulait jute le titiller … et qu’il y arrivait parfaitement. Pour toute réponse, il vint tirer simplement la langue, dans une petite mimique qui le rendait adorable aux yeux du félémon. C’était à se demander si Klork avait une idée du potentiel qu’il pouvait avoir sur les femmes.

« Bon, tu vois, ce genre de ration militaire, je pourrais en manger aisément tous les jours si tu me sers ça. Vous mangez toujours ça lorsque tu fais tes entraînements ? »

« Pas vraiment, je prépare moi-même ma nourriture comme tous les autres mais disons que parfois, ça fait du bien de sentir apprécié à sa juste valeur pour de telles choses. C’est donc vraiment bon, Zéran ? Tu ne dis pas ça pour me faire plaisir ? »

« J’évite de mentir si possible et je n’ai aucune raison de te dire un mensonge à ce moment précis. C’est presque aussi bon que ce qu’ont préparé mes cuisiniers avant que je ne parte. Je pense que tu dois avoir des jours bien agréables à l’entraînement. »

« Agréable ne serait pas le terme que j’aurai utilisé dans une telle situation mais on va dire que ça rend la vie plus aisée et possible. »

Hey ! C’était lui ou Klork était presque gêné par ses paroles ? Hahaha ! C’est vrai qu’il n’avait fait que le complimenter et voilà que la dernière du groupe ressortait de la tente, bien coiffée, soigneusement peignée, prête pour le voyage de la journée.

« Alors, Zéran, est-ce que je suis à ton goût, aujourd’hui ? » demanda t-elle alors qu’il mangeait de son côté, haussant les épaules avant d’hocher la tête positivement. Voilà, comme ça, elle était contente, il était content et tout le monde était heureux dans le meilleur des mondes. Sauf peut-être Agléa qui n’apprécia pas l’absence de paroles pour le compliment.

« Je me demandes pourquoi elle me fait la tête. » finit par lâcher le félémon blond.

« Oh tu sais les femmes, Zéran, c’est un vrai mystère. Un jour, ça te sourit, un autre jour, ça t’insulte. C’est toujours comme ça avec elles. »

« Hey ! A t’écouter, on pourrait presque croire que tu as de l’expérience dans le domaine. Est-ce que tu m’aurais caché des choses pendant ce long mois ? Avec l’une de mes servantes ? »

« Hein mais non ! Je parle juste en connaissance de cause. Mais qu’est-ce que … Oublie ce que je viens de dire, Zéran, s’il te plaît. »

Il devait être visiblement très perturbé. Encore une fois, il s’exprimait sans le vouvoyer et sans rajouter sa famille au bout du nom. Ahlala … Qu’est-ce qu’il allait pouvoir bien faire de Klork, n’est-ce pas ? Et ben … Rien du tout pour l’instant !

« Cator, j’ai une petite question. Nous arriverions dans une ville au bout de combien de temps ? Je ne pensais pas que c’était … aussi grand. »

« Ville ou village ? En vue du chemin que l’on va prendre, je pense que ça ne serait pas avant une dizaine de jours environ. Mais ça, c’est la méthode pour aller au plus vite accomplir notre mission. Si on fait des petits détours, j’imagine que cela ne prendrait que trois jours. »

« Et je suis sûr que l’on ne va pas en faire, n’est-ce pas ? »

« C’est pas à l’ordre du jour. Tout le monde aimerait accomplir cette quête au plus vite. D’après ce qui se dit, parfois, ça peut prendre des années. Et je n’ai pas envie de passer une partie de ma vie à tout ça de mon côté. J’ai envie de revoir ma famille et partir en explorant le monde sans avoir des objectifs à remplir dans mon dos. »

« Cela m’a l’air vraiment très difficile à supporter. Comment est-ce que ça se fait que tu aies été choisi si tu n’as pas envie de faire tout ça ? »

« Car ce sont les parents qui ont décidé. De toute façon je vais me débrouiller pour survivre, c’est tout ce qui compte pour moi. Le reste, je m’en fiche carrément. Vous n’avez qu’à devenir le prochain roi ou reine, ça ne me concerne pas. »

A l’écouter, c’était visiblement une vraie corvée à ses yeux, pourtant, le jeune homme aux cheveux blonds semblait songeur. Qui disait qu’il ne mentait pas à l’heure actuelle ? Peut-être que tout ceci était un stratagème pour abaisser ses défenses et le mettre plus en confiance ? Ça ne serait pas vraiment surprenant en un sens.

« Bon, notre tente est démontée aussi. On peut s’en aller dès maintenant. »

« AH ! Désolé, Klork. Je t’ai laissé tout faire, ce n’est pas très sympathique de ma part. »

« Pas grave, messire Zéran de la Vanité, j’ai le coup de main, vous auriez mis sûrement deux fois plus de temps donc bon, nous sommes tous gagnants. »

« Je crois que je vais prendre ça comme un conseil et non une insulte. »

Pour toute réponse, Klork eut un léger rire. A charge de revanche, n’est-ce pas ? C’est vrai qu’il avait titillé le jeune homme de la Rage depuis hier soir. Mais voilà, il était temps de se remettre en action et pour cela, il ne fallait pas trop tarder.
Pendant la marcher, comme hier, il était principalement en train de discuter avec Klork. Lorsqu’il était l’heure de se reposer pour une trentaine de minutes voire plus, le temps de déjeuner, il partait avec lui pour s’entraîner un peu, faciliter la digestion et toutes ces choses. Il n’était pas certain que ça soit vraiment efficace mais Klork semblant connaître ce qu’il faisait, autant dire qu’il lui faisait confiance. Et lorsque le soir arrivait et qu’il fallait installer le campement, il était encore là, à suivre les directives de Klork.

Comment monter une tente, comment est-ce qu’il faisait pour cuisiner et toutes ces petites choses. Il avait vraiment l’impression de faire bande à part par rapport aux autres membres du groupe et même si aucun ne s’en plaignait, il n’était pas sûr que ça soit forcément bon pour l’osmose dans le groupe.

« Est-ce que je peux m’inviter ? Ils sont encore en train de parler d’économie, commerce et achat. Je vous avoue que c’est totalement barbant. » finit par demander une voix féminine.

« Agléa ? Ca ne m’embête pas, j’imagine que pour Klork non plus. Tu peux t’installer, il n’y a pas de problèmes pour ma part. » dit Zéran en l’incitant à s’asseoir à sa gauche.

« Je voulais vous demander une chose : vous n’avez pas l’impression que c’est étrange que l’on ne va que dans les coins un peu perdus ? J’ai un peu visité les alentours de la région de la Vanité et je ne me rappelle pas du tout de ces endroits où nous allons. »

« Ma principale question est : pourquoi est-ce que tu t’amusais à voyager dans ma région ? »

« Tout simplement car nos familles sont proches, Zéran. Ah … Combien de fois je vais devoir te le répéter ? Klork, qu’est-ce que tu en dis ? »

« J’en dit que s’il y arrive quelque chose de déplaisant, je serais prompt à réagir et qu’il n’y a donc aucune raison de s’inquiéter à ce sujet. »

Ah ben ça … En vue de l’entraînement quotidien qu’ils subissaient, il ne fallait même pas se poser de question à ce sujet. Ils étaient parfaitement en sécurité. Mais voilà, c’était peut-être bien la première fois, encore une, qu’il trouvait Agléa intéressante en terme de conversation. Oui, physiquement, elle l’était toujours, se mettant en avantage mais là …

« Ne te fait pas de soucis, malgré ce que disent les autres, nous entraîner ne sert pas à rien. On sait juste qu’il ne faudra pas compter sur eux si on subit une attaque. »

« Ce n’est pas faux mais … bon ! Si vous le dites, tous les deux, je remets ma vie entre vos mains. Surtout les siennes, Zéran. Tu es sûr que je ne peux pas venir dans ta tente ce soir ? Klork est habitué à dormir dehors, non ? » dit-elle sur un ton un peu mutin, Zéran baissant les épaules de dépit avant de dire :

« Non. La réponse sera toujours non, Agléa. Il en est ainsi et pas autrement. »

« Pour le moment ! » dit-elle avant de se relever. Dommage, elle avait perdu de son intérêt aussi rapidement qu’elle en avait obtenu. Restant debout devant Zéran, elle se pencha en avant, mettant bien en valeur ce qu’elle lui promettait s’il avait accepté. Bien que rougissant, il ne détourna pas son regard du visage d’Agléa, celle-ci, déposant ses lèvres sur son front avant de reprendre : « Nos deux familles sont intimement liés, Zéran. Il ne faut pas que tu oublies cela. La meilleure des personnes pour accompagner la plus grande des familles. »

« Je me rappelles aussi que la famille de l’Oisiveté est proche de nous. Je dois appeler considérer ça sous quels terms, tu peux me le dire ? »

« Espèce d’idiot, tu as parfaitement compris ce que je voulais dire, n’est-ce pas ? »

« Parfaitement. Il m’arrive de faire l’imbécile dans certains moments précis. Ca permet de résoudre quelques conflits mineurs. Qu’est-ce que tu penses de mon jeu d’acteur ? »

« Parfait et plus vrai que nature. Si tu changes d’avis au sujet de ma proposition, rien ne t’empêche de … Hum, en fait, non, on va éviter. J’aimerai pas que Silesti se réveille par erreur, je crois que c’est déconseillé, vraiment. »

« Alors, dors bien et prends soin de toi, moi et Klork, on va veiller sur le groupe. A ce sujet, Klork, est-ce que tu penses qu’il faudrait faire quelques tours de garde ? Comme des patrouilles ou autres ? Même si nous ne sommes que deux ? »

« Ça ne sera pas nécessaire, j’ai un sommeil très léger. »

Bon ben, puisqu’il en était ainsi hein ? Lorsqu’ils allèrent se coucher, Klork fit le même manège que la dernière fois, signalant qu’il allait se barbouiller un peu le visage pour se rafraîchir. Etait-ce une sorte de rituel ? Il n’en savait trop rien mais si ça pouvait lui permettre de mieux dormir, il n’allait pas poser de question. Cette fois-ci, il n’allait pas attendre qu’il revienne pour plonger dans le sommeil.


C’est ainsi que la première semaine de voyage se déroula sans accroc. Comme l’avait si bien signalé Cator lorsque Zéran l’avait interrogé, il n’y avait pas eut un seul village ou ville pour leur permettre de s’approvisionner. Heureusement, il était plus que doué pour la cueillette et la chasse, ainsi, ils avaient put se nourrir convenablement bien que Zéran avait fait un peu la tête au tout début. Vu que cela ne consistait plus à un repas cuisiné comme il en avait l’habitude, c’était un tout autre monde qui s’ouvrait à lui.

Et puis en même temps, devoir se laver dans un ruisseau ou une cascade, ses habits étaient déjà un peu usé, les ampoules aux pieds et toutes ces choses. En fait, le pire à ses yeux, c’était le fait qu’Agléa supporte bien mieux que lui tout ça alors que normalement, ça devrait être l’inverse ! Tous ces entraînement avec Klork avaient servi à rien ou quoi ?

« Ne vous en faites donc pas, Zéran de la Vanité. Vous avez l’art du combat. L’art de la survie est un tout autre domaine que même moi, je ne maîtrise guère. »

« Oui mais quand je vois Agléa qui ne s’est pas plainte une seule fois, je ne sais pas quoi penser de moi qui gémit à chaque pas à cause de me sampoules. »

« Hahaha, ne te compare pas aux autres, ça sera bien mieux et … Stop. »

Klork venait de perdre son sourire, plaçant une main devant Zéran pour l’immobiliser. Ayant remarqué leur geste, le reste du groupe se tourna vers eux, attendant de savoir ce qui se passait, Klork murmurant :

« Il y a … des créatures qui se rapprochent de nous. J’en compte six ou sept d’après les bruits de pas. Elles se dirigent bien vers nous, ce n’est pas le hasard. Elles nous ont repérés. Je crois que l’on va avoir de la visite. Il vaudrait mieux se préparer en conséquence. »

« Attends un peu, est-ce que tu veux dire que l’on va être attaqué ? Mais je ne sais pas vraiment me battre, moi ! Vélisa ? » dit Réxéros alors que la femme à côté de lui faisait quelques mouvements de la main :

« On va dire que je sais me débrouiller mais de façon primaire et élémentaire. Parfois, quand quelqu’un ne veut pas vendre ce que je désire, il faut se montrer persuasive. »

Et les autres ? Le jeune homme aux cheveux blonds se tournait vers Agléa, celle-ci hochant la tête négativement. Cator murmura qu’il était plus apte à se camoufler et éviter les combats bien qu’il pouvait néanmoins y arriver si vraiment. Par contre, ça risquait très vite de dégénérer non ? Et Silesti dans tout ça ? Celle-ci dormait à moitié. Bon, ça voulait dire que seuls lui et Klork pouvaient se débrouiller et … NON ! NON ET NON ! IL N’AVAIT PAS D’ARME ! Il n’avait pas pensé à la chose la plus élémentaire ! MAIS QUEL IMBECILE !

Chapitre 12 : Des secrets bien gardés

Chapitre 12 : Des secrets bien gardés

« Vous avez bien toutes vos affaires, maître Zéran ? »

« Vos culottes propres ? Votre matériel pour écrire ? Quelques livres pour noter ? »

« Hého, je ne suis pas un enfant félémon qui va partir en randonnée avec quelques cousins et cousines. Je suis un adulte ! » s’exclama le jeune homme aux cheveux blonds, gêné par les marques d’attention de la part de ses servantes, celles-ci l’entourant, sourires aux lèvres. Elles étaient en train de s’amuser de ses réactions et cela se voyait parfaitement.

« Nul besoin d’être embarrassé. N’oubliez pas de vous laver tous les jours le visage. Nous vous avons préparé aussi tout un kit de soins personnels. »

« Non mais c’est bon ! Vous pouvez arrêter là ! Je viens de vous dire je n’ai pas besoin de tout ça ! Je peux parfaitement gérer la situation de mon côté ! Je ne serais pas seul non plus ! » continua de s’écrier le jeune homme alors que sa cousine aux cheveux bleus prit une profonde respiration, finissant par lui dire d’une voix douce :

« Fais néanmoins attention à toi hein ? Ce n’est pas une promenade de santé. »

« Je le sais bien, je ne suis pas stupide. Je ne vais pas foncer tête baissée dans le danger tout en me faisant tout simplement trucider non plus. »

« Alors si tu as compris ma remarque, je pense que tu es prêt. Vas rejoindre tes petits camarades ! » lui dit sa cousine avant de lui tapoter le dos.


Elle semblait avoir oublié … qu’il avait cinq ans de plus qu’elle, n’est-ce pas ? Elle avait complètement occulté ce détail, n’est-ce pas ? Tsss … Enfin bon, ce n’était pas le moment de se préoccuper de ça et il était fin prêt. Il avait bien préparé tout ce qu’il fallait … et la soirée d’hier s’était bien déroulée. Le repas avait été copieux, son père ayant appelé quelques membres de la famille de la Gloutonnerie pour aider au repas. Mais bon, cela était hier … et aujourd’hui était un autre jour.

« Zéran de la Vanité ! Nous sommes là ! »

Voilà que son visage se tournait vers une main qui se levait en sa direction, comme pour le saluer. Klork était là bas, réuni avec le reste des membres de l’expédition. Tout le monde était déjà prêt depuis combien de minutes ? Voire d’heures ? Bon, connaissant Klork, cela devait sûrement être le cas, premier levé, premier préparé, premier aux aurores et tout.

« Klork … Agléa … » commença à dire Zéran avant d’appeler tout le monde par son prénom pour être sûr de ne pas se tromper dans ces derniers. Par contre, en regardant Silesti, il se demandait comment est-ce qu’elle faisait. « Dites, pour Silesti, je ne compte pas la porter, je tiens à prévenir. Elle sait se déplacer ? »

« C’est vrai que tu ne l’as jamais vue encore ! Ne t’en fait pas, c’est surprenant la première fois mais en fait, elle est capable de marcher tout en dormant. Et oui, elle dort pour de vrai. »

« Pour de vrai ? Vraiment ? Euh … J’ai un peu de mal à y croire mais pourquoi pas ? »

« En fait, tu n’as pas le choix. Ce n’était pas une question. Tu verras par toi-même. Sur le moment, c’en est presque fabuleux et ça donne l’impression d’assister à un miracle. »

Bon, il se doutait qu’ils exagéraient un petit peu mais à côté, ils avaient l’air tous de bien s’entendre. A part avec Klork et Agléa, il n’était pas vraiment certain de pouvoir avoir une relation correcte avec les autres. Encore qu’Agléa, sa relation, c’était vraiment très compliqué à décrire et à définir. Bonne ? Il n’en savait trop rien dans le fond.

« Zéraaaaaaaaaaaan ! A quoi est-ce que tu penses ? »

Et bien, en parlant de la félémone, on en voit la crinière auburn, n’est-ce pas ? Il avait rapidement tendu une main pour esquiver l’attaque qu’elle s’apprêtait à faire mais elle-même s’était déplacée sur le côté, avec une agilité dont il ne se doutait pas, finissant par arriver à sa hauteur et s’enfoncer dans ses bras. Il marmonna :

« Je pense à cette possibilité que je dois mettre en place pour que tu me lâches un peu. »

« Et bien, je peux déjà te donner la réponse : ça ne sera pas possible, hahaha ! »

Et elle trouvait ça drôle en plus ? Pfiou. Il devait juste garder son calme et ne pas s’emporter car elle ne pensait pas à mal et il en était certain. Mais en même temps, elle dépassait tout le temps les limites qu’il tentait de lui imposer.

« Petite question : Est-ce que quelqu’un va prendre le contrôle du groupe pour le guider ? »

Normalement, il se serait proposé mais dans cette situation, peut-être qu’il fallait être discret ? La mise en garde de son père était effective et il ne pouvait pas l’ignorer. C’était pourquoi il allait devoir se préparer avec une extrême précaution au cas où. Qui allait être ses ennemis ici ? Enfin … Normalement, ils l’étaient tous et …

« Il avait été décidé que ça serait moi, Zéran. C’est vrai que tu n’étais pas encore là quand cela fut décidé ! » dit un homme ventripotent. Cator. Difficile de se tromper de nom ou de ne pas le reconnaître. Ainsi, cela avait été donc bien choisi mais …

« Juste une question : pourquoi ? Du moins, pour quelle raison ? »

« Tout simplement que ma famille, celle de la Gloutonnerie, explore les terres de notre royaume mais aussi celles extérieures depuis des générations entières. A partir de là, j’ai déjà énormément voyagé et donc, je connais les chemins à prendre. Nous avons d’ailleurs beaucoup de route avant d’arriver dans une zone non-liée à ta famille. »

« Ma famille ? Ah oui, tu parles des terres de la Vanité. Et bien ,ce n’est pas faux vu que nous sommes dans la région où mon père régit. Nous sommes au plus profond du royaume des félémons mais ce n’est rien d’anormal. C’est là-bas que réside la demeure royale. Il faut bien ça au minimum. On ne pouvait pas laisser le monarque actuel être en première ligne. »

« C’est exact mais donc, voilà, avant que nous arrivions pour titiller les célestiens, puis ensuite nous enfoncer dans leur royaume, nous avons du chemin, beaucoup de chemin. Autant dire que nous ne sommes encore très loin d’y arriver ! »

« Malgré le nom de notre famille, nous n’avons pas des terres immenses non plus, Cator. »

« Je le sais bien mais elles sont luxuriantes et je suis sûr qu’elles en rendraient jalouses plus d’un. Mais bon, chacun ses spécialités, n’est-ce pas ? »

Dit comme ça, il mettait bien en avant les talents de sa famille. C’est vrai. Chaque famille avait des capacités qui leur étaient propres. Ainsi, rien d’étonnant à ce que la famille de la Rage, dont Klork était issu, soit très douée dans tout ce qui avait un rapport avec la guerre. Pour Agléa et sa famille de la Débauche, le physique avenant était un talent comme un autre, qu’il n’était pas bon d’ignorer dans une telle situation.  Quant aux autres … Ah … On allait dire que pour Silesti, c’était difficile d’en trouver une.

« Enfin bon, on ne va pas rester là, les bras croisés à ne rien faire, n’est-ce pas ? Cator, tu prends donc le contrôle de la troupe. Vous êtes sûrs que ça ne vous dérange pas ? »

« Pas le moins du monde. » répondit Vélisa, rapidement rejointe par les autres à ce sujet.

« Bon ben, je te laisses mener la marche, Cator. »

C’était étrange de se dire que c’était le moins bien logé niveau physique qui allait tous les diriger mais pourquoi pas ? Qu’est-ce qui l’en empêchait réellement ? Rien du tout, et oui ! Néanmoins, le jeune homme aux cheveux blonds resta près de Klork pour pouvoir discuter avec lui. Au moins, il avait un visage amical à ses côtés. Les autres, il avait encore énormément de mal avec eux. Difficile de savoir ce qu’ils pensaient réellement.

« Alors, cette première session, qu’est-ce que vous en dites ? »

« Que j’aimerai plutôt que tu me tutoie, Klork. Tu vas être le seul à me vouvoyer dans le groupe et je ne crois pas que je vais supporter ça très longtemps. »

« Moi-même, je ne sais pas si j’y arriverai à vous tutoyer. Je n’ai pas passé tout un mois à vous vouvoyer pour arrêter maintenant, désolé pour ça. »

« Alors, il va falloir que tu fasses un effort, s’il te plaît. » vint dire Zéran alors qu’ils étaient tous les deux un peu en retrait par rapport au reste du groupe. Oui, ils fermaient la marche tous les deux mais cela ne les dérangeait pas. D’ailleurs, Agléa n’était pas encore venue pour le déranger, ce qui était étrange. Est-ce qu’elle était malade ?

« Ce n’est pas une question d’efforts mais simplement d’habitude. Je ne suis pas certain d’arriver à ce que vous me demandez, c’est tout. Je veux bien essayer mais voilà … Ca ne sera qu’un essai et rien d’autre. Autant voir plus tard, non ? »

« Comme tu penses être le mieux. Je ne suis pas dans ta tête. »

Et il ne devait pas montrer qu’il était un peu déçu de ne pas arriver à faire changer Klork. En même temps, il voulait se faire tutoyer par lui pour une étrange raison : avoir la même relation avec lui qu’avec les autres candidats de l’expédition. Cela lui permettrait de se sentir un peu moins fautif par rapport aux dires de son père qui lui avait conseillé de se méfier de tout le monde. Il s’en voulait légèrement par rapport à tout ça … et c’était dérangeant.

Les premières heures se déroulèrent plus aisément qu’il ne le pensait. A sa grande surprise, tout le monde était courtois mais son plus grand étonnement, c’était Silesti. Lorsque les autres avaient évoqué sa façon particulière de se déplacer, il ne s’était pas attendu à ça. Entre lui qui fermait la marche avec Klork et Cator qui les emmenait il ne savait où, Silesti était juste en train de flotter au-dessus du sol, peut-être une dizaine de centimètres.
« J’ai l’impression que c’est une revenante. Vous savez, ces félémons qui n’arrivent pas à trouver la mort et qui viennent envahir l’esprit des personnes proches. »

« T’en fait pas, on a eut la même impression la première fois, nous aussi. A force, on finit par s’y habituer. Mais ça fait peur hein ? »

Peur ne serait pas le bon terme. Encore qu’avec son visage penché un peu en avant, ses mains cachées par ses manches et puis, ses yeux clos, oui en fait, si, elle faisait peur. Lorsqu’il vint confirmer les propos de Réxéros, tous rigolèrent à part Silesti qui n’en avait rien strictement rien à faire de la situation. Elle roupillait … et se déplaçait malgré ça.

« C’est quand même franchement remarquable. J’avoue que si elle pouvait m’expliquer comment elle fait, ça serait beaucoup plus aisé si je suis atteint de somnambulisme. »

« Je ne crois pas que ça réglerait ce genre de problèmes entre nous. Tu peux essayer de lui demander mais il faudra déjà qu’elle te réponde, ce qui est encore moins sûr. Et oui, elle n’est pas ce que l’on peut appeler, une fille facile. »

Hahaha. Dit comme ça, il avait l’impression de comprendre ses paroles de travers. Mais bon, peut-être que c’était fait exprès par Réxéros ? Néanmoins, le voilà en train de se rapprocher de Silesti, regardant la jeune femme à la chevelure couleur onyx. Vraiment surprenant, il avait tellement de mal à y croire. Comment est-ce que …

« J’ai l’impression que j’ai loupé beaucoup trop de choses en restant chez moi. »

« C’est peut-être le cas, Zéran ? Par contre, évites de trop l’embêter pendant qu’elle dort, d’accord ? Elle reste potentiellement dangereuse. »

« Ne t’en fait pas, je ne suis pas assez fou pour mettre en colère une félémone qui provient de la famille de l’Oisiveté. Même moi, je n’ai pas de tendance suicidaire. »

Et même si dans le fond, il se rappelait que la famille de Silesti et la sienne étaient proches, ce n’était qu’une simple mesure de sécurité que de ne pas vouloir risquer sa peau dans une telle situation, hein ? Ah … Pourtant, le voilà en train de demander à Silesti :

« Est-ce que tu m’entends, Silesti ? Dis-moi, je voulais savoir, comment est-ce que tu fais ce petit tour de magie ? C’est plutôt surprenant … »

« Zzzz … Zzzz … Aaaaah … Zzz … Hmmm … Dodo. »

D’accord. Visiblement, la conversation venait de s’arrêter avant même d’avoir commencé. Peut-être qu’il avait espéré un peu trop de la part de cette femme mais après tout, ce n’était pas comme s’ils se connaissaient tous les deux hein ? Peut-être plis tard, pendant le repas.

En parlant de repas, comment est-ce que cela allait se passer ? Lui-même n’avait rien pris dans son sac. Lorsqu’il fût l’heure de tous s’installer pour le repas de midi, il ouvrit son sac avant de pousser un profond soupir de soulagement.

« Je n’arrive pas à croire qu’elles ont pensé à moi. Je n’avais même pas vérifié. »

« Oh ? De quoi donc, Zéran de la Vanité ? » lui demanda Klork tout en jetant un œil à ce que le jeune homme sortait. Ce n’était pas grand-chose mais il y avait bien six petites boîtes qui contenaient chacune de quoi le nourrir pour un repas. En voyant ça, Cator s’exclama :

« Hey, je préfère te prévenir : profites-en tant que tu peux car dès qu’il n’y en aura plus, vas falloir apprendre à la dure comment cuisiner avec ce que l’on va récupérer dans la nature. On ne peut pas vraiment compter que sur de la nourriture préparée pendant notre voyage. »

« Je n’ai jamais cuisiné de ma vie. » dévoila Zéran, rapidement rejoint par les autres sauf Klork et Cator. Ce dernier prit une profonde respiration, comme s’il était désolé avant de dire d’une voix lente, vraiment très lente :

« Je sens que cela va être une expédition vraiment très longue. Cuisiner pour sept, je vais finir par fondre au soleil à force de faire autant d’exercice physique. »

« Je ne sais pas si c’est une bonne ou mauvaise chose mais dans le fond, ça veut dire que tu sais cuisiner ? C’est vrai que tu avais le nez qui traînait près des cuisines de mon domaine avant la soirée. Je ne savais pas ça, c’est super ! »

« Après, c’est pas de la cuisine sophistiquée, hein ? Je sais me débrouiller pour survivre dans la nature, c’est un peu mon rôle en tant que membre de la Gloutonnerie. »

« Je ne comptais pas t’insulter ou me moquer de toi hein ? »

Cator fit un mouvement de la main comme pour signaler que ce n’était pas bien grave. Il avait parfaitement compris que Zéran avait juste beaucoup de mal à bien s’exprimer par rapport à tout ça. Il ne pouvait pas en vouloir au jeune homme. Ce n’était pas aisé dans le fond, loin de là hein ? Bon … Maintenant qu’il était lui aussi au courant, ils pouvaient commencer à discuter d’un peu de tout et de rien au coin du feu.

« Hmmm, tiens, qu’est-ce que, ah oui ! »

Il avait presque oublié complètement ce qui se trouvait dans son sac. Bon, ils n’étaient pas encore arrivé dans une ville et d’ailleurs, il allait se demander comment allait être les séparations pour les tentes sauf peut-être les filles avec les filles, les garçons avec les garçons, mais pour l’heure, il tenait fermement une lettre à la main.

« C’est vrai que je dois écrire aussi. Je vais aller dans mon coin, je ne voudrais … »

« Hey, Zéran, c’est bien gentil mais évites de révéler nos secrets dans cette lettre, hein ? Ça serait vraiment moche de très mal commencer notre aventure. »

« Zéran de la Vanité va tout simplement écrire à son jeune frère Kosmor, rien de plus. »

« Tu n’étais pas obligé de leur expliquer, Klork, tu sais ? » soupira Zéran.

« Je préfère éviter qu’il y ait des malentendus. Les félémons sont parfois prompts à s’imaginer des choses qu’il n’y a pas lieu d’être. »

« Oui mais bon, je ne sais pas … Enfin bref, vous êtes au courant maintenant. Je ne fais qu’écrire à mon petit frère que vous avez vu à la soirée. Il a à peine une dizaine d’années et disons qu’il n’était pas vraiment rassuré à l’idée que je parte. »

« Je crois que personne de sain ne serait rassuré de savoir que l’un de ces proches est envoyé à une mort quasi-certaine. » ironisa légèrement Vélisa alors que Zéran fronçait les sourcils. Ah oui, ils en étaient déjà à ça ? Montrer que de les discussions de cette après-midi, ce n’était déjà que du flan, n’est-ce pas ? Que dans le fond, tout ça, ça ne valait rien ?

« Je comptes bien survivre pour ma part et devenir aussi le roi des félémons à la suite de mon père. Si je peux voir pour en sauver de l’expédition, je tenterais de faire de mon mieux sur ce point là aussi. Mais pour l’heure … »

« Il vaut mieux ne pas dire de telles choses si on ne compte pas s’y tenir hein ? Personne ne croit de telles paroles par ici, autant te le signaler dès maintenant. » coupa Réxéros.

« C’est pas faux, moi-même, j’ai du mal à croire ce que j’ai dit. Je vais plutôt juste aller écrire, d’accord ? Ca sera bien mieux. Klork, si c’est une tente pour deux personnes et les trois filles ensemble, tu veux que l’on dorme dans la même tente ? »

« Hey, Zéran ! Si tu veux, je peux … » commença à dire Agléa mais le jeune homme aux cheveux blonds fit un mouvement de la main avant de la couper :

« Non merci, Agléa. Deux personnes de sexe opposé dans une même tente, ça ne sera pas du tout raisonnable, loin de là. Je ne veux pas avoir de soucis. Klork ? »

Il attendait une réponse de l’intéressé, celui-ci sembla comme songeur dans son armure d’un éclat rubis. Il lui fallut bien une demi-minute avant de dire :

« Et bien, aucun souci pour moi ! Je veux bien, Zéran de la Vanité ! »

« Au cas où, ne commencez pas à comploter de votre côté hein ? » dit Réxéros tout en rigolant. A se demander s’il était sérieux ou non dans ses propos.

« Repas terminé ? » demanda Silesti d’une voix faible, tous s’observant un petit instant en silence. « Plus personne ne parle … donc moi … vais aller dormir. »

« Bonne nuit, Silesti. Même si je trouve que cela fait un peu tôt. »

Encore une fois, il s’exprimait pour pas grand-chose mais comme il n’avait strictement aucune idée de ce qui se déroulait à l’heure actuelle, il avait proposé à Klork de dormir avec lui comme une simple mesure de précaution.

« Autant avoir une personne qui ne veut pas ma mort avec moi. » se chuchota t-il à lui-même.

C’était une leçon très importante pour pouvoir survivre. Il comprenait parfaitement le message de son père par rapport à cette situation. Tous n’étaient pas là pour se lier d’amitié avec autrui. Ils avaient tous un but commun : Ce n’était pas le fait de récupérer le coeur du précédent monarque … mais plus de récupérer sa place.
Pour ça, il allait devoir faire vraiment très attention. Klork était sûrement le seul … … … ami ? Il avait encore du mal à penser que ce terme pouvait vraiment définir sa relation avec un félémon d’une autre famille. Bon, tout d’abord, il allait juste écrire à son petit frère pour la première journée passée hors de la demeure familiale.

« Comment je peux appréhender autant quelque chose d’aussi simple ? C’est … ridicule. »

« Zéran de la Vanité ? Est-ce que vous voulez de l’aide ? » questionna Klork.

« Klork, tu penses pouvoir me dicter le texte que je veux envoyer à Kosmor ? Pourquoi pas … car je sèche un peu. En même temps, tu as l’air de savoir exactement ce qui plairait à mon petit frère donc bon, si tu veux, je t’écoute. »

« Savoir exactement, oui et non, mais déjà, peut-être dire que tu es en bonne santé ? Ensuite, pourquoi ne pas lui raconter ta journée, puis aussi ce qui s’est passé avec Silesti ? »

« Je croyais que je devais éviter d’évoquer tout ce qui était en relation avec les pouvoirs des autres candidats ? Ca ne serait pas contraire à ça, justement ? » dit Zéran en soupirant.

« Et bien … oui et non ? Comment je peux t’expliquer ça … Je ne crois pas que ça la dérangerait que tu parles d’elle. Elle est un peu lunatique, on dirait. »

« Un peu ? Je sais pas si lunatique est le bon terme. Disons que rien qu’à la regarder, j’ai envie de dormir moi aussi. Elle a pas l’air bien méchant mais en même temps, elle ne donne pas l’impression d’être une candidate. Dire que sa famille et la mienne sont proches. »

« Pareil avec la mienne. Disons que lorsqu’un membre de la famille de l’Oisiverté s’emporte, cela nous fait un très bon entraînement. Bon par contre, on finit souvent avec des blessés. »

« Ils sont vraiment si terrifiants que ça, Klork ? J’en ait jamais vu. Comme je te l’ai dit, que ça soit avec l’Oisiveté ou alors la Débauche, je n’ai jamais vraiment rencontré les membres de ces familles, et cela malgré nos relations avec elles. »

« Terrifiants ? C’est faible comme terme. J’ai déjà combattu quelques célestiens alors que je n’avais qu’une dizaine d’années et pourtant, encore aujourd’hui, j’estime que les sessions que j’ai faites avec la famille de l’Oisiveté sont incomparables et cela malgré m’être retrouvé entouré par cinq célestiens qui ont eut l’idiotie de me sous-estimer. »

« Car tu étais simplement un enfant félémon ? »

Klork lui fit un sourire éclatant. Visiblement, il venait d’obtenir sa réponse. Et il n’avait même pas encore remarqué que depuis le début, tous les regards étaient tournés vers eux. Et bien quoi ? Ils n’avaient pas le droit de parler entre eux ? C’était interdit ? Oh … Peut-être qu’il s’était lourdement trompé sur le groupe en fin de compte ?

Chapitre 11 : Faire connaissance

Chapitre 11 : Faire connaissance

« Zéran … Zééééééééran. Tu dors encore ? »

« Pas vraiment maintenant que tu parles dans mon oreille, Klork. Et depuis quand est-ce que tu te décides à me tutoyer autant et … »

« Je ne suis pas Klork ! Je crois avoir bien plus de charme que lui ! » s’exclama soudainement une voix féminine qu’il arrive bien vite à percevoir comme celle d’une demoiselle à la chevelure auburn. Un peu colérique, elle reprit : « Non mais je pensais que nous étions assez proches pour que je puisse te tutoyer. »

« Nous ne le sommes pas assez, mademoiselle Agléa. Vous allez devoir patienter encore un peu plus pour ça, désolé pour vous. »

« Tu n’as pas à l’être si tu montres que tu fais autant d’effort pour moi que j’en fais pour toi, Zéran. Je suis sûre que tous les deux, on va très bien s’entendre. »

La soirée avait à peine commencé et surtout, il avait eut un tel besoin de se reposer … Sauf que voilà, pendant qu’il dormait sur le banc, il semblerait que Klork et Agléa soient restés non-loin de lui comme pour le surveiller. Du moins, c’était ce qui était prévu avant que Klork ne doive partir pour quelques minutes et qu’Agléa en profite.

« Bon, ce n’est pas tout ça … mais qu’est-ce que tu me veux exactement ? »

« Euh … Que tu continues de me tutoyer comme ça ! Dis-moi, qu’est-ce que tu dirais de m’inviter officiellement à la soirée que le roi fait ce soir ? »

« Pourquoi est-ce que je ferai ça ? Ce n’est pas un bal dansant, simplement un repas de fête, rien d’autre. On ne va pas danser ou autre. » rétorqua le jeune homme aux cheveux blonds, trouvant Agléa un peu pressante bien qu’il ne se sentait pas la motivation de le lui dire ouvertement. Pas qu’il avait peur de s’en faire une ennemie, loin de là.

« Ca ne veut pas dire que je ne peux pas m’asseoir à côté de toi pendant le repas, non ? »

« Si je le refuse, je dirais que si. Maintenant, est-ce que j’ai une raison de le refuser ? Cela dépendra uniquement de toi, on va dire. »

« Tu vois, tu es aussi en train de me tutoyer, ce n’est pas si difficile, non ? » s’exclama la félémone dans un grand sourire, sautillant à moitié sur place, qui eut comme effet de faire rebondir un peu plus ce qui faisait d’elle une femme à part entière.

« Ce n’est pas une question de difficulté mais simplement de volonté. Je verrais si je veux continuer à te tutoyer mais ne me colles pas trop. Où est-ce que Klork se trouve ? Je ne le vois pas. D’habitude, il ne traîne pas trop loin. »

« Il a été rejoindre les membres de sa famille. Visiblement, ils devaient discuter de choses importantes. Peut-être qu’ils prévoient de nous attaquer ? Surtout qu’ils te connaissent parfaitement maintenant que tu t’es entraîné avec lui, non ? Tu devrais te méfier ! » s’exclama Agléa tandis qu’il haussait un sourcil. Il croyait qu’il avait besoin d’elle pour ça ?

« Je n’ai pas besoin de tes conseils pour des futilités du genre, Agléa. Bon, je vais finir par me lever sinon, je risque de m’ennuyer plus qu’il n’en faut. Ah … Je devrais peut-être aller voir les autres candidats. Je ne sais même pas vraiment ce qu’ils sont. A part la présentation … »

« Si tu veux, je peux t’accompagner, qu’est-ce que tu en dis ? »

« Même si je ne le veux pas, tu le feras quand même, non ? » répliqua le nouveau candidat de la Vanité, se massant le front en voyant le magnifique sourire de celle de la Débauche.

« Tu vois que nous sommes faits pour nous entendre, toi et moi, non ? Tu sais déjà parfaitement ce qui va se passer avec moi. Je suis sûre que notre expédition sera longue et fructueuse, Zéran de la Vanité ! » s’exclama t-elle avec entrain.
Le banc, ce n’était pas tout ça mais il était temps de se lever sinon ses fesses allaient épouser les formes de ce dernier. Poussant une légère complainte, voilà que le jeune homme aux cheveux blonds s’était remis en route. Chaque candidat devait sûrement avoir une pièce qui lui était allouée ou alors, ils s’étaient tous rendus dans la salle des fêtes, là où les rares événements que son père faisait avaient lieu.

« Je n’ai pas de temps à perdre avec toi, Agléa. Pourquoi est-ce que tu ne comprends pas une chose aussi simple, hum ? Je ne sais pas … »

« Ce n’est pas que je ne comprend pas, c’est simplement que cela me passe au-dessus de la tête car j’estime que ce n’est pas digne d’intérêt. Toi, tu l’es. Par contre, tes paroles pour faire le gros ours mal-léché, ça ne marche pas avec moi ! »

Le gros ours mal-léché ? Mais est-ce qu’elle comprenait ce qu’elle était en train de faire ? Elle l’insultait copieusement et elle espérait vraiment qu’elle allait s’en sortir comme si de rien n’était ? Il la regarda de ses yeux rubis, bien prêt à lui dire ses quatre vérités avant de s’arrêter dans ses pensées. Pourquoi faire ça ? Elle voulait tout faire pour être son amie ? Mais il n’allait pas tomber dans ce piège. Tant qu’il savait que c’était un piège, autant faire comme s’ils étaient bons amis, non ? Il poussa un soupir avant de dire :

« Pourquoi pas dans le fond ? En plus, tu les connais, tu vas pouvoir me les présenter. »

« OH ! C’est une bonne idée. De toute façon, les filles sont bien moins jolies que moi. Donc à partir de là, autant dire que je ne suis pas vraiment effrayée par la concurrence. »

« Je crois que tu n’as pas vraiment saisi la raison qui me pousse à aller les voir. Je veux juste faire plus ample connaissance vu que ce sont mes compagnons de route. »

« Tu connais déjà moi et Klork, l’autre de la Rage, tu n’as pas vraiment besoin de te lier d’amitié avec les candidats restants. Tu as la plus importante ! »

« Je n’ai pas parler de me lier d’amitié avec eux mais juste de les connaître. La nuance est subtile mais pourtant bien présente … »

Cette fille lui filait vraiment la migraine. Il l’admettait pleinement qu’il avait juste envie qu’elle se taise et une bonne fois pour toutes. A force de chercher à bien se faire voir …

Néanmoins, est-ce qu’il devait aller se rendre dans chaque chambre pour discuter avec ces personnes ? Il n’en était pas vraiment certain. A côté, est-ce que les candidats allaient se montrer intéressés pour discuter avec lui ? Alors qu’il cherchait à délaisser Agléa pour lui dire qu’il allait d’abord se reposer un peu, il avait à peine eut le temps de faire quelques pas qu’il se retrouva face à son père. Celui-ci n’était pas accompagné par des soldats, comme à son habitude, le fixant de toute sa stature.

« Zéran … Te voilà donc. » murmura son père, ne laissant paraître aucune émotion dans son timbre de voix. C’est vrai, il n’avait … même pas reçu de félicitations de sa part.

« Père … Vous vous préparez pour la soirée ? Est-ce que je peux vous être d’une quelconque aide ou non ? Si c’est le cas, dites-le moi et … »

« Tu as été choisi non pas à cause de ton sang mais de ce que tu as put me montrer ce dernier mois. Néanmoins, je ne te donnerais qu’un conseil : Méfies-toi de tous ceux qui t’entourent pendant ton voyage, même ceux qui te semblent proches. »

« Je … Euh … D’accord, père. Mais vous n’avez rien d’autre à me dire ? »

Ce n’était pas vraiment la discussion qu’il espérait avec son paternel, c’était même totalement l’inverse de ce qu’il avait prévu. Regardant ce dernier dans les yeux, il semblait attendre quelque chose de sa part, le monarque poussant un léger soupir avant de continuer sa route comme si de rien n’était, finissant par dire :

« Mes félicitations, Zéran. Tu en auras d’autres si tu me succèdes. »
ENFIN ! C’était tout ce qu’il attendait depuis le début, depuis des années. Ces paroles ! Celles que son père venait de prononcer. Il n’en voulait pas plus. Il n’avait pas besoin de plus. C’était l’unique chose qu’il désirait et …

« Te voilà, Zéran ! Je me demandes pourquoi tu as essayé de m’échapper mais cette fois-ci, tu ne pourras pas t’enfuir. » s’écria une voix féminine avant de venir prendre son bras pour le coincer dans son carquois fait de chair et de dentelle.

« J’ai eut une simple discussion avec mon père, rien de plus. Pas besoin d’être aussi effrayée, ce n’est pas comme si j’allais m’échapper. »

« Oh ? Et c’était donc une bonne discussion ? Enfin, de ce que je crois voir avec ce merveilleux et grand sourire que tu nous fais là ? »

« Ca se voit à ce point ? J’ai quoi comme sourire ? OH ! KLORK ! KLORK ! »

« Messire Zéran de la Vanité ! Vous voilà donc ! Je vous cherchais. » répondit le jeune homme aux cheveux verts, se rapprochant d’Agléa et Zéran, remarquant le grand sourire de ce dernier puis la position du duo. « Est-ce que j’ai raté quelque chose ? »

« Oh j’ai eut quelques recommandations mais surtout des félicitations de mon père. C’est une excellente nouvelle, tu ne trouves pas dis dis ? » vint s’exclamer Zéran en se tenant face à Klork, celui-ci poussant un petit soupir apaisé avant de répondre avec amusement :

« Oh … Il y a donc de quoi se réjouir et fêter cela ce soir, non ? Tout ce long mois n’aura pas été inutile, Zéran de la Vanité. »

« Je comptes sur toi pour continuer à m’entraîner quand nous aurons quelques arrêts pendant l’expédition. » compléta le jeune homme aux cheveux blonds, Klork haussant un sourcil, un peu surpris par la demande de Zéran.

« Bien entendu mais comme vous venez de le dire, il nous faudra attendre nos arrêts pour que nous puissions nous entraîner et encore, vu la longue marche qui nous attend … »

« Je crois que de ce coté, ça ne me dérange pas le moins du monde si tu veux tout savoir. Bon, maintenant que nous sommes tous les trois, allons voir les autres candidats pour se présenter à eux. Plutôt pour me présenter à eux, je comptes sur vous. »

Il n’avait pas ignoré l’avertissement de son père. Mais voilà, à l’heure actuelle, c’était bien l’autre partie de son message qui s’était inscrit dans son cerveau. Son père … l’avait félicité. Oh, ce n’était pas la première fois … mais depuis la naissance de Kosmor, autant dire que cela n’était plus jamais arrivé. Il ne mettait pas la faute sur son petit frère, loin de là.

« Alors, par où est-ce que nous allons commencer ? Pourquoi pas par celle qui dort toujours à moitié, ça me semble être une bonne idée ! Silesti, nous voilà ! »

Il laissait Agléa prendre les commandes du groupe pour le moment. Ce n’était pas qu’il n’en avait pas envie mais la jeune femme savait où les trouver et donc, autant la laisser les guider. Par contre, en toquant à la porte d’une pièce, ce fut presque une complainte qui en sortit :

« Rentreeeez. Et dépêchez-vous … j’ai un peu sommeil. »

« Silesti ? Y a le dernier candidat qui voulait te saluer. Tu l’as vu aujourd’hui. Il s’appelle Zéran de la Vanité et … enfin, je vous laisse faire les présentations ! »

Ça n’allait pas être trop dur de les faire normalement. La jeune femme aux yeux bruns était en train de dormir à moitié, ses longs cheveux noirs cachant une bonne partie de son visage. Elle était … spéciale comme femme, n’est-ce pas ?

« Bonjour, je suis Zéran de la Vanité même si ça donne l’impression de me répéter. Je serais le dernier compagnon pour l’expédition pour récupérer le coeur du précédent monarque. »

« Le coeur … Hum … Expédition, n’est-ce pas ? Ah … Rien que le fait d’y penser, je sens que je suis déjà très fatiguée. J’ai juste envie de dormir, hmm … »

« Je crois qu’on ne va pas trop déranger, du moins pas plus que ça. J’imagine que tu n’as aucune question à me poser, non ? » dit Zéran, ne sachant au final pas trop s’il devait continuer à converser avec elle ou non.

« Réveillez-moi … simplement … lorsqu’il sera l’heure de la soirée. Je vais … me reposer de cette longue session d’éveil. » marmonna Silesti, ses yeux bruns finissant par être clos.

« D’accord … Je vois, je vois. Bon et bien, Agléa ou Klork ? Un autre ou une autre ? »

« Peut-être aller voir Réxéros, s’il n’est pas en train de compter son argent. »

Oh. C’était donc celui de la Cupidité s’il avait compris de quoi Agléa parlait. Il n’y avait bien que cette famille de félémons qui basait tout sur l’économie. Mais bon, cela leur réussissait grandement vu qu’ils étaient parmi les plus riches du royaume. La richesse achetait beaucoup de choses mais ne permettait pas forcément tout dans ce monde.

« Un … Deux … Trois … Quatre … Hum … Quatre rangées de dix et … »

« Réxéros ! Réxéros ! Essaies donc de deviner qui vient t’embêter ! » s’écria la voix d’Agléa en même temps que la porte s’ouvrait pour laisser rentrer la jeune femme ainsi que Zéran et Klork. Visiblement, cela ne la dérangeait pas le moins du monde de s’inviter dans la chambre. « Oh ! Et tu n’es pas seul ? Vélisa, bonjour à toi aussi. »

« Nous nous sommes déjà vus auparavant, n’est-ce pas ? Il n’y a pas besoin de plus longues salutations et … Oh. Klork, tu es là aussi. Dire que tu étais porté disparu ou presque. »

« Je ne suis jamais très loin. Disons que j’ai eut un mois assez rempli et donc, je n’ai pas vraiment put me débrouiller autrement. »

« Je vois, je vois. Simplement à cause de la personne qui est avec vous deux. Zéran de la Vanité si je ne me trompe pas. Enchantée. Je suis Vélisa de l’Avidité et voici Réxéros de la Cupidité. Nous nous connaissons depuis longtemps lui et moi. »

Une poignée de main ? C’en était presque étonnant de voir que cette femme faisait un acte aussi normal. Il jeta un bref regard à Agléa, Vélisa l’ayant remarqua avant de soupirer doucement, disant sur un ton amusé :

« J’imagine que ce n’est pas le même genre de contacts qu’Agléa offre. Elle est bien plus exubérante dans ses actes et ses paroles. Je me dois d’être plus calme … sauf quand il s’agit de dépenser beaucoup d’argent. »

« Argent qui va dans ma poche ! C’est comme ça que marchent les affaires entre nous ! » compléta Réxéros tout en rigolant, venant serrer la main de Zéran après que Vélisa l’ait relâchée. Deux félémons normaux, du moins, aux caractères qui reflétaient bien leurs familles. Pourquoi pas ? Il ne désapprouvait pas vraiment ça.

« Bref, on ne faisait que passer. Vous pourrez profiter de la soirée, d’accord ? »

« Je ne vais pas m’en priver. Si c’est gratuit, qui irait se retenir ? »

Il fit simplement un sourire aux paroles de Réxéros. Difficile de lui donner tort sur le coup. Il avait entièrement raison et le jeune homme aux cheveux blonds fit un mouvement de la main avant de se préparer à quitter la pièce. Réxéros s’exclama :

« Juste une dernière question : tu confirmes que ça ne nous oblige à rien de participer à la soirée organisée par le roi, hein ? Pas de papier à remplir ou autre ? »

« Euh … Je ne pense pas, non ? Ça doit être juste pour le plaisir avant le départ ? »

« D’accord, d’accord ! Pas de soucis alors, on se voit plus tard ! »

Et maintenant ? Ils avaient rencontré trois autres candidats, il n’en restait plus qu’un mais celui-ci ne fut pas bien difficile à trouver. Il s’agissait de Cator de la Gloutonnerie et il vagabondait non-loin des cuisines du domaine. En le voyant rôder autour comme un animal affamé, Zéran vint dire :

« Est-ce que l’on peut t’aider ou non ? Il suffit de patienter encore un peu et ça sera distribué pour tout le monde. Il faut juste un dernier petit effort, tu penses y arriver ? »

« AH ! Euh … Zut … Je vois que je suis repéré, hahaha. » dit le jeune homme aux allures de boule félémone alors qu’il se tournait vers le trio, sourire aux lèvres.

« Juste un peu de patience et ça sera bon, tu pourras dévorer tout sur ton passage. Enfin, presque tout, il te faudra en laisser un peu aux autres quand même. Mais sinon, tu pourras te jeter sur tout ce qui ressemble à de la nourriture. Je me présente : Zéran. »

« Je te connais. Tu es le dernier candidat. Paraîtrait que la route fût très longue pour toi mais des fois, ce sont les choses les plus difficiles qui ne rendent la récompense que meilleure. »

« On dirait une phrase philosophique. Ce n’est pas ce à quoi je m’attendais en venant écouter ici, je dois avouer. » déclara Zéran, un peu surpris par les propos de Cator.

« Mais dans le fond, vous êtes venus pour quelle raison ? A part me voir en train de tourner autour des portes des cuisines ? Ne prévenez pas les cuisiniers ou les servantes, elles risquent de me pourchasser une nouvelle fois ! »

« Simplement faire connaissance. Vu qu’Agléa et Klork me connaissent depuis déjà quelques temps, je voulais juste faire de même avec le reste des membres de l’expédition. Dire que dès demain, nous serons tous partis … »

« Oui, pendant un mois, je me suis préparé mentalement mais je dois avouer que j’ai toujours un peu le trac en y réfléchissant bien. » vint dire Cator, ayant un petit sourire gêné.

« Ne t’en fait pas, tu n’es sûrement pas le seul dans cet état, il faut croire. Moi-même, j’ai encore du mal à croire tout ce qui m’arrive. »

« Ne vous en faites pas, tous les deux. Enfin, surtout toi, Zéran. » dit Klork. Hum, c’était lui ou le jeune homme aux cheveux verts parlait moins que d’habitude ?

« Euh, je sais bien que j’ai passé un sacré mois mais je ne suis pas en sucre non plus, Klork. Il n’y a pas besoin d’autant s’en faire à mon sujet hein ? »

« Je n’ai pas dit cela, Zéran. Simplement, comment est-ce que je pourrais expliquer ça … »

« Pas besoin, on va pas se prendre la tête pour aujourd’hui, surtout pour des choses aussi futiles que ça ! Bon .. Cator, on ne va pas te déranger plus que ça, d’accord ? Essaies juste de patienter encore quelques heures et tu pourras te jeter sur la nourriture autant que tu voudras. Klork, Agléa, on a visiblement terminé ma tournée. »

A partir de là, il n’y avait plus qu’à se préparer pour la soirée et ça sera parfait. Et non, il répéta une nouvelle fois à Agléa qu’il ne s’agissait pas d’un bal ou autre et donc que non, ils n’allaient pas danser. Oui, elle avait du mal à comprendre ce principe.

« Je vais vous laisser tranquille pour me reposer encore un peu avant la soirée. Pendant ce temps, vous devriez faire de même. Vous m’avez suivi sans même vous reposer ne serait-ce qu’un instant. Donc zou, interdiction de me suivre. »

« Même pas un petit peu en faisant les yeux doux, Zéran ? »

« … … … Même pas en faisant tout ceci, Agléa. Tu sais aussi bien que moi que je ne pas prêt à tomber dans ce genre de pièges ridicules, non ? »

« Je m’en doute mais tu comprends que j’ai envie d’essayer hein hein ? »

Il leva les yeux rubis en l’air, observant le plafond avant de saluer Klork de la main, lui conseillant d’aller souffler un peu. Il fit la même remarque à Agléa tout en lui disant d’arrêter de le suivre, chose qu’elle ne comprenait visiblement pas.

« Pourtant, j’utilise des phrases simples, très simples. Pourquoi est-ce que tu n’écoutes pas ce que je dis, Agléa ? Qu’est-ce qui rend si difficile la compréhension ? »

« Hmm … Rien du tout ! Mais je t’ai pourtant signalé aussi que je n’écoutais que ce qui était digne d’intérêt pour moi. Une partie de tes paroles ne le sont pas. »

Humpf ! Autant ne pas lui répondre ! Même si ce n’était pas une provocation de la part d’Agléa, il allait éviter de tout faire pour qu’elle ait ses paroles qui soient confirmées. Pour l’heure, le jeune homme aux cheveux blonds allait mettre en pratique ses propres paroles : Se reposer avant ce soir. Puis dès demain, se préparer au long voyage qui allait l’attendre.

Demain, cela allait être le début de son aventure. Avec de nombreux compagnons dont il allait devoir se méfier autant que ces derniers allaient faire de même à son encontre. Mais voilà, il était maintenant installé sur une chaise devant son bureau. Oui, c’était sa façon à lui de se reposer. Il allait tout simplement écrire, comme si de rien n’était.

« J’ai tellement à noter … Il va falloir aussi que je prépare mes affaires et tout le reste. Sûrement avoir du papier pour écrire à Kosmor pendant que je serais pas là. »

Tellement à faire ! Tellement à vivre ! Ah … Lui qui était normalement assez stoïque, très terre à terre et un peu mauvais par rapport à ce qui l’entourait, voilà qu’il se comportait un peu comme Agléa : avec insouciance. Emettant un petit rire qu’il se gardait bien de faire éclater au grand jour, voilà qu’il était déjà en train de griffonner sur un bout de papier.

« J’imagine que mère, de là où elle est, doit être heureuse de me savoir avoir été choisi comme candidat de la Vanité. Elle ne pouvait espérer mieux pour son fils. »

Même s’il ne l’avait jamais connue, il se disait qu’elle ne pouvait être qu’une femme magnifique et d’une extrême douceur. Oui, il l’idéalisait peut-être un peu trop … mais dans le fond, il n’avait même pas une représentation de cette dernière. Il allait lui rendre honneur.

Chapitre 46 : Plans de bataille

Quatrième axe : L’assaut de la surface

Chapitre 46 : Plans de bataille

« Nous ne pouvons pas rester là sans rien faire, les bras croisés. »

« Nous en avons déjà discuté, Manelena. Se lancer à l’assaut sans aucune préparation, c’est courir à une mort stupide. Nous devons attendre les données des différents éclaireurs envoyés de part et d’autres de Traslord. »

« Hum … Soit, mais plus nous attendons, plus on risque de les laisser s’échapper, tu t’en rends compte, n’est-ce pas ? Nous devons les retrouver. »

« Plus facile à dire qu’à faire. Nous n’avons plus aucune donnée sur ces derniers. » finit de dire Royan alors que la femme aux cheveux argentés grommelait légèrement.

« Ca ne change pas qu’on ne doit pas ignorer leur existence, loin de là. Sinon, autant abandonner toute idée à ce sujet hein ? »

« Bien entendu, je n’ai pas prétendu le contraire, Manelena. Simplement, je pense qu’il faut nous prenions le sujet plus sérieusement. »

Ils n’avaient pas tous les deux une discussion de sourds ? Car actuellement, elle en avait la forte impression tandis qu’elle préférait ne pas le signaler. Elle était songeuse. Elle réfléchissait tout simplement à ce qui se produisait en ce moment. Elle avait décidé de lier son armée à celle de Traslord. Pour sûr, cela ne plaisait guère aux autres nations, enfin, celle de Mékalarma, elle n’y accordait aucune importance vue que cette dernière était constamment en guerre avec les autres et surtout pour de bonnes raisons. Il fallait dire que perdre deux dirigeants à cause de meurtres bien sentis, ça ne faisait pas améliorer les relations avec Shunter. Bah … Elle n’avait aucun remord à cela. Les Mékalarmiens n’étaient pas des brutes sauvages, loin de là. Ils étaient pires … Ils étaient perfides et sournois. Leur intelligence n’avait d’égale que leur actes parmi les plus cruels qui existent.

« Patientons, Manelena. C’est l’unique chose que l’on peut faire en ce moment. »

« Ma patience a quelques limites et il vaut mieux éviter qu’elles ne soient franchies. »

« Je le sais parfaitement, ce n’est pas moi que tu vas impressionner avec cela. Je sais très bien que tu veuilles retrouver Tery autant que moi, je veux retrouver Elise mais … nous presser ne fera que nous causer du tort mais aussi autour de nous. »

« Tsss … Qu’est-ce que tu peux exactement savoir à ce sujet justement ? »

« Bien plus que je ne peux en donner l’impression, Manelena. Mais bon, les apparences sont trompeuses et tu le sais aussi bien que moi. »

Encore une fois, elle ne chercha pas à répondre. Pendant des années, elle avait été faite d’un métal inébranlable. Sa rencontre avec Tery avait montré ses faiblesses, au fur et à mesure. Maintenant, malgré toutes ses tentatives, elle ne pouvait pas redevenir celle qu’elle était auparavant. Mais dans le cas de Royan… Il en était parfaitement capable, visiblement.

Les éclaireurs étaient partis depuis une bonne semaine. Certains avaient été envoyé à une distance assez grande par rapport au reste mais … elle savait très bien que certains d’entre eux n’allaient pas revenir. Ce qui l’intéressait le plus, c’était ceux qui allaient revenir. Ceux qui allaient annoncer du mouvement du côté des démons et …

« Il nous faut aussi réfléchir à ce que nous devons dire à Claudiska et Honoros. »

« Pour le premier, c’est de ton domaine, Royan. C’est ta nation qui est en paix et en alliance depuis des siècles voire des millénaires avec eux. Pour le second, j’ai déjà signalé qu’ils allaient avoir un peu d’aide de mon côté. Je ne peux pas faire plus car ils doivent apprendre aussi à contrer ces démons par leurs propres méthodes. »

« Honoros est composé de clans fiers et puissants. Pour autant, certains sont prêts à tout pour devenir encore plus puissants. Qu’ils n’hésitent pas à tromper leur propre nation est détestable mais … nullement étonnant. »

« Cela ne nous regarde pas. Nous n’avons qu’à nous focaliser sur notre propre objectif. Nous n’avons pas à nous intéresser aux problèmes des autres. »

« Je le sais parfaitement. Nous ne faisons que répéter inlassablement ce que nous connaissons déjà. Bon … Au lieu de continuer à parler pour ne rien dire, Manelena, est-ce que tu voudrais bien te décider à m’entraîner ? Si cela ne t’embête pas trop ? »

« T’entraîner ? Moi ? Est-ce que tu as une simple idée de ce que tu me demandes ? Je risque de te briser les os si je ne fais pas attention. Tu n’es pas particulièrement fait pour le combat à l’arme blanche, je tiens à te le rappeler … et je ne suis pas du genre à retenir mes coups. »

« C’est exact mais cela ne m’inquiète pas, outre mesure. Je n’ai pas à craindre d’avoir quelques bleus. De même, cela fera une occupation plus ou moins saine. »

Occupation plus ou moins saine ? Plutôt qu’il veut trouver un moyen de faire passer le temps. Mais elle ne se rappelait pas vraiment que Royan soit capable de se battre au combat à l’épée ou autre. Peut-être est-ce parce qu’elle le considérait comme le simple prince de Traslord ?
Après, il était devenu le roi à cause des événements d’Omnosmos. Cela voulait dire ce que ça voulait dire. Le départ d’Elise l’avait radicalement changé, le ramenant sûrement à un état mental proche de ce qu’il était au début de sa rencontre avec Elen.
Rah … Elen. En y pensant, elle n’avait aucune nouvelle à son sujet depuis quelques jours … ou semaines. Heureusement, les provisions étaient nombreuses et elle avait aussi donner une bourse d’argent à la mère de Tery, par simple mesure de précaution s’il devait … lui arriver à quelque chose. Ah … Sincèrement …
Savoir qu’elle se préoccupait de personnes qui n’étaient vraiment pas de sa famille, cela ne lui donnait pas de l’urticaire, non. Elle … avait juste du mal à s’imaginer qu’elle s’intéressait au bien-être d’une femme qui la détestait voir la haïssait, tout cela à cause d’un seul homme. Quant à la mère de Tery, c’était tout simplement une personne remarquable.

« Manelena ? Alors ? On va s’entraîner ou non ? » demanda une nouvelle fois Royan.

« Il ne faudra pas venir pleurer toutes les larmes de ton corps lorsque tu tomberas en lambeaux. Prends donc ton arme, on va voir de quoi tu es fait. »

De toute façon, elle allait s’entraîner elle aussi en se donnant à fond. Que le jeune prince comprenne sa position. Pour l’heure, ce n’était pas encore le moment de réfléchir à tout ça. Bon, avec son épée électrique, il allait avoir quelques secousses et …hmm … Non, il valait mieux voir pour une épée factice.

« Mon but n’est pas de le tuer non plus. » se dit-elle à elle-même alors qu’elle l’attendait dans les jardins royaux, en lourde et épaisse armure noire.

« Je suis là, Manelena. Nous pouvons commencer quand tu le veux. »

« Hum ? Est-ce que c’est une plaisanterie, Royan ? Je ne me rappelle pas t’avoir déjà vu combattre avec une arme qui est sûrement plus lourde que toi. »

Elle exagérait un peu car il avait aussi pris une arme factice … sauf que la dite-arme était tout simplement un imposant et lourd marteau en bois. Un marteau qu’il tenait à deux mains. Hum … Il abusait un peu. Elle était sûre et certaine qu’il ne se battait pas ainsi auparavant.

« Si tu ne prends pas cet entraînement au sérieux, je vais me mettre en colère, Royan. »

« Je suis plus que sérieux, Manelena. Dans la famille, nous avons un marteau de guerre ancestral, transmis de génération en génération et … »

« Tu crois vraiment que tu peux apprendre la maîtrise d’une arme en quelques mois ? Et avec ton corps aussi frêle ? Je suis vexée … et énervée … et agacée. »

« Tu n’as pas à l’être, Manelena. Tu comprendras bien assez tôt que je s… »

Elle ne la laissa pas terminer. Ce n’était pas parce que les événements d’Omnosmos avaient été dévastateurs qu’il devait gâcher sa vie comme ça. Elle allait lui donner une sévère leçon pour qu’il comprenne que sa place n’était pas dans les rangs d’une armée.

Il arriva à parer le premier coup qu’elle avait donné. Oui, malgré ce qu’elle pensait, elle avait peut-être été un peu doux dans son geste. Oui, elle s’était sûrement ramollie au contact des autres mais ce n’était pas une raison pour être aussi pathétique.

« Tu penses vraiment qu’en ne faisant que te défendre, tu pourras survivre face aux démons ?! Ne te fout pas de moi, Royan ! »

« Je ne pensais pas cela, loin de là. Néanmoins, puisque tu veux que j’attaque, je ne vais pas m’en priver alors. J’espère que tu es prête car cela risque de faire quelques dégâts. »

Tss ! Et vaniteux en plus de cela ? Elle n’avait rien à craindre. Elle était prête à parer son coup, même s’il s’agissait d’un marteau aussi grand que ça. Il fallait pas seulement des muscles aux bras, il en fallait aussi aux jambes. Et aussi, il fallait savoir manier l’arme.

« Qu’est-ce que … » dit-elle alors que le marteau venait s’abattre sur la lame en bois.

Même si c’était une arme d’entraînement, elle s’attendait pas à un tel choc. Ses solerets de métal s’enfoncèrent dans le sol, sur quelques centimètres avant qu’elle n’émette un grognement de mécontentement.

« Est-ce que tu comprends maintenant, Manelena ? Je ne prétend pas avoir l’expérience que tu as acquise depuis si longtemps mais … il est hors de question de ne pas être au front. »

« Ne soit pas présomptueux, Royan ! Ce n’est pas avec un coup chanceux que tu peux prétendre pouvoir combattre ! »

Et la preuve en était qu’avec son soleret gauche, elle le frappa en plein dans le ventre, le jeune homme aux cheveux bleus reculant faiblement, ayant réussi à interposer son marteau entre lui et le soleret. Humpf !

« Les démons sont traîtres et n’hésiteront pas à utiliser de subterfuges pour arriver à leurs fins. Je suis préparé à la pire des éventualités. Je ne me laisserai pas avoir par leurs pièges. »

« Trop lent, tu es beaucoup trop lent ! Ton marteau est bien trop gros pour être utile ! Les démons pourront venir à dix autour de toi que tu n’auras même pas fait un … »

Encore une fois, elle ne termina pas sa phrase alors qu’il avait pris appui sur ses deux jambes, le haut de son corps faisant un mouvement avec le marteau en main. Il allait tenter de la frapper sur le côté hein ? Elle n’allait pas tomber dans un piège aussi grossier. Elle fit un bond en avant, arrivant à la hauteur de Royan.

« Tu manques de tout. Tu es incapable de réagir sur le bon moment. »

Elle n’était pas bête, elle avait remarqué le mouvement du marteau à deux mains qui avait changé de direction pour aller à la verticale. Son but était simple : atteindre le menton de la femme aux cheveux d’argent. Avec une telle arme, il ne fallait pas ignorer le fait qu’elle allait avoir quelques séquelles … si l’arme atteignait sa cible.
Elle fit un mouvement juste avant que le marteau ne rentre en contact avec son menton, son front venant percuter celui de Royan pour le faire tomber en arrière. Bien qu’il chavira, il resta bien ancré sur ses pieds pour ne pas tomber, renvoyant une attaque frontale en direction de Manelena.

« Je ne suis pas parfait, loin de là. Je manque de tout, peut-être, mais j’apprend vite ! On m’a retiré de force Elise, j’irai la récupérer de la même manière ! »

« Même si pour cela, tu dois l’affronter ? La tuer ? Tu n’es pas prêt à toutes les éventualités ! Tu as décidé du jour au lendemain de brandir ce foutu marteau à deux mains sans avoir jamais utilisé ce dernier auparavant ! »

« Ca ne changera rien à mes convictions, Manelena ! »

« NE TE FOUT PAS DE MOI ! SALE PETIT GAMIN ! TU ES A PEINE SORTI DE L’ADOLESCENCE QUE TU TE PRENDS POUR UN ADULTE ?! » hurla t-elle alors que les lignes noires apparaissaient sous son armure, invisibles aux yeux de Royan.

Mais il n’était pas stupide. Il avait ressenti la différence de puissance dans le coup. C’était avec la sensation … et l’envie de tuer. Manelena était bien plus que sérieuse à cette idée.

« J’ai perdu mon adolescence dès l’instant où mes deux frères sont morts, Manelena. Tu peux dire tout ce que tu veux mais la vérité est là … »

« Et ne me répond pas comme ça, compris ?! » répondit-elle avec rage, recommençant ses mouvements avec son arme en bois.


Malgré le fait qu’il s’agissait d’une arme factice, il subissait des coups très dangereux. En fait, il avait l’impression qu’il allait vomir … et elle arrivait même à le faire saigner et à l’entailler. C’était … juste une simple partie de la puissance réelle de Manelena hein ? Un coup de soleret et le voilà qui retrouvait le sol.

« Ces derniers mois, cela ne t’a jamais … dérangé que je prépare mon armée contre ces démons mais aujourd’hui, tu décides de me faire la morale ? POURQUOI MANELENA ? POURQUOI MAINTENANT ET PAS AUPARAVANT ?! »

« TU N’AS PAS A LE SAVOIR ! MORDS LA POUSSIERE ! »

Pour des personnes extérieures, voir deux membres de la royauté de deux royaumes différents se battre avec autant de hargne pouvait être inquiétants. Pour autant, pour ceux qui étaient proches de ces personnes, il n’y avait pas tant que ça à s’en faire.

« Tu peux rester couché. Cet entraînement est terminé. Ta place n’est pas sur un champ de bataille, Royan. Tu te condamnes toi-même. »

« Je suis maître de mes choix. Je n’ai pas … à laisser à d’autres le fait de s’… Manelena ? »

Il avait compris pourquoi elle avait subitement changé de comportement. Pour autant, ce n’était pas vraiment … Il eut à peine la possibilité de chercher à redresser le haut de son corps que l’épée en bois se planta juste à côté de lui.

« La ferme, Royan. C’est le bordel dans le monde actuel. Si tu disparais, il ne restera plus rien de la royauté de Traslord. »

« Je peux dire la même chose … de ton côté, Manelena. » chuchota le jeune homme aux cheveux bleus, finissant par se remettre debout malgré la sueur froide qui s’écoulait de son front. Il ne pouvait pas dire à voix haute ce qu’il pensait.

« Vue la gueule de ma famille, il vaut mieux pour moi qu’elle disparaisse à ma mort. »

« Et tu crois que cela me plairait de savoir que tu es morte sur le champ de bataille alors que de mon côté, je serais assis bien sagement sur montre trône ? Ca me plairait autant que toi de savoir que je suis mort en première ligne. »

« Tsss … Foutu gamin, fais comme tu veux, ça ne me regarde plus. »

« Nous devons faire les derniers préparatifs, Manelena … mais tu viens dîner ? »

Elle ne fit qu’un mouvement de la main pour lui répondre par l’affirmatif, finissant par s’éloigner. Les lignes d’Alzar n’étaient plus présentes sur son corps et elle avait disparaître son armure. Sans même se retourner vers Royan, elle s’éloigna des jardins royaux.

« Il y a d’autres façons … de dire ou montrer que tu ne veux pas que je me fasses mal. »

C’est vrai. Dans l’idéal, il ne voyait plus du tout Elen. Et que dire de Sérest et Séran ? Les deux étaient partis de leur côté après leur avoir fait un dernier cadeau, un pour lui de la part de Séran et un pour Manelena de la part de Sérest.

« A partir de là, on est plus que tous les deux. J’imagine que malgré les apparences, elle se fait du souci pour moi … même si elle ne veut pas le montrer. »

Ah … Il n’allait pas se moquer d’elle. C’était réciproque … surtout qu’ils avaient tous les deux le même but. Ils voulaient chacun pouvoir retrouver Tery et Elise. Oui … Même si pour cela, ils devaient finir enfermés dans une prison dorée. Cela serait son cas. Elise ne sortirait plus jamais du bâtiment, elle resterait enfermée et … elle serait vivante. Les gens ne seront pas au courant de son existence et c’était tant mieux.

« Ils n’ont pas besoin de savoir ce qu’elle est … et j’imagine que pour Tery, c’est pareil. »

Manelena n’allait pas le laisser vivre … du moins, pas en liberté. Elle avait sûrement la même idée que lui. Pour empêcher que cela ne parte n’importe où et n’importe comment, il ne fallait pas hésiter sur les moyens à utiliser.

« Je ne l’imaginais pas aussi possessive. Tery a vraiment … de la chance. »

Pas qu’il était jaloux, loin de là. Simplement, une femme comme Manelena était vraiment exceptionnelle et pas à prendre à la légère. Le fait qu’elle se sente aussi concernée par Tery montrait vraiment que le jeune homme … n’était pas aussi basique que ça.

« Difficile de penser le contraire lorsque l’on sait ce qu’il est réellement. »

Entre lui, sa mère et le reste, difficile d’ignorer à son sujet. Bon … Ce n’était pas tout ça mais il ne faisait pas bien chaud à rester dans le jardin. Oh pour sûr, à force de voyager dans le monde, il avait fini par s’habituer aux autres climats.

« Ah … Je crois que cet entraînement m’a fait plus de bien que je ne le pensais. »

Léger sourire aux lèvres avant de finalement retourner dans les couloirs du palais. Il allait éviter de se retrouver dans la salle du trône avec les quelques bleus qu’il avait. Peut-être qu’il valait mieux prévoir d’abord une session dans la salle de soins.

« Prince Ro… Euh roi Royan ? Qu’est-ce que cela veut dire ? »

« Tout simplement un entraînement un peu plus brutal que je le pensais. Ne vous en faites pas, je vais bien, malgré les apparences. »

« Oui, les apparences me signalent plutôt le contraire. Expliquez moi tout. »

Ah le soigneur royal. Il était là depuis une trentaine d’années. Un vieil homme qui soignait déjà ses frères et ses parents à l’époque où ils étaient encore en vie. C’était le genre de personnes qui ne s’intéressait guère à la politique et qui oeuvrait simplement suivant ce que son coeur lui disait.

« Vous devriez prendre ses paroles en considération, roi Royan. Si ces … démons frappent aussi fort que la reine de Shunter, vous serez très vite mis en danger. Vous êtes …. »

« Ne vous inquiétez pas, c’est bien parce que je connais la force de la reine de Shunter que je cherche à m’entraîner avec elle. Ainsi, dans de telles dispositions, je serais prêt le jour où ils seront à nos portes et … »

« Ce n’est pas plutôt l’inverse, roi Royan ? Vous allez vous rendre chez eux avec votre armée. Ce sont les bruits de couloir. »

« Vous êtes bien plus loquace que d’habitude. » corrigea Royan bien qu’il n’y avait aucune animosité dans ses propos.

« Pardonnez mon impudence, roi Royan, c’est juste que vous … êtes le dernier. »

« Je le sais bien et c’est une raison de plus pour que ces quelques bleus ne soient rien par rapport à l’effort que je vais commettre pour que notre royaume … et notre monde soient en paix. C’est aussi simple que cela. »

« Simple, je ne sais pas … mais est-ce que vous le serez vous-même ? Est-ce que vous serez en paix avec vous-même ? »

« Vous êtes soigneur royal, n’est-ce pas ? Nullement psychologue à vos heures perdues. »

« Je confirme vos propos … Mais cela est plus un conseil qu’autre chose. Je ne pourrais pas me permettre de vous forcer à cela. »

« Je m’en doutes. Vous avez de quoi atténuer la douleur ? Elle n’y a pas été de main-morte sur mon visage et je dois avouer que cela fait assez mal. »

« Bien entendu, bien entendu. Hmm, laissez-moi juste vérifier cela dans mes pommades. »

Il ne pouvait pas faire autrement de toute façon. Le jeune homme aux cheveux bleus hocha la tête, fermant les yeux. Tous lui disaient que c’était une mauvaise idée. Tous s’inquiétaient à son sujet … et pourtant, il allait quand même faire ce qu’il avait prévu.

« Depuis qu’ils sont arrivés dans votre vie, il y a de cela quelques années, vous avez tellement changé … pour le meilleur, prince Royan. »

« Le passé est le passé … mais je vois ce que vous voulez dire par là. »

Bon, les soins étaient faits, n’est-ce pas ? Il n’y avait donc aucune raison de rester plus longtemps dans la pièce. Le jeune roi aux cheveux bleus remercia le vieux soigneur. Il était l’heure d’aller dîner. L’entraînement … avait été très rude.

Chapitre 10 : Le candidat de la Vanité

Chapitre 10 : Le candidat de la Vanité

« Zut zut zut ! Et zut ! » grogna Zéran en tournant sur lui-même comme une bête sauvage.

Comment réussir à rester tranquille et sage dans une telle situation ? Il n’en savait trop rien alors qu’il faisait les cent pas. Le jour J était venu. Il ne fallait plus qu’attendre que son père le convoque comme les candidats pour l’expédition. Mais il n’allait pas être le seul pour la candidature de la Vanité. Il y avait du monde, beaucoup trop de monde.

« Je suis désolé, messire Zéran de la Vanité mais … »

« Tu n’as pas à t’excuser. Je suis au courant. Tu peux y aller, on se retrouve plus tard. »

« En tant que deux candidats, n’est-ce pas ? » dit Klork dans un grand sourire qui était presque charmeur, Zéran détournant la tête, plus gêné qu’il ne l’aurait pensé.

« Ouais, ouais, on va dire ça comme ça ! Fais plutôt attention à toi et s’il te plaît, ne dragues pas mes servantes. Elles sont toujours en pâmoison devant toi. »

« Je ne suis pas ainsi et je ne le serais jamais. Ne vous inquiétez pas à leur sujet. Il ne leur arrivera rien de mal, je peux vous le promettre. Si vous voulez bien me pardonner … »

Klork s’était incliné dans son armure rouge avant de tout simplement prendre un autre chemin que le jeune homme aux cheveux blonds. Celui-ci vint se masser le front, prenant de profondes respirations. Se calmer, il devait juste se calmer mais comment faire ? Il n’y arrivait pas du tout ! Il n’y arrivait pas ! Kosmor n’était pas là, ayant été appelé par leur père, comme pour éviter qu’il n’ait du soutien jusqu’à la toute fin.

« Pendant un mois, je l’ai presque ignoré. Je n’ai jamais chercher à prendre le contact avec lui. Je n’ai jamais chercher à … il doit m’en vouloir. Je n’ai aucune chance »

Il s’en voulait. Il était nul. Il allait tout simplement gâcher ce que Klork lui avait offert Il n’allait pas y arriver, c’était fichu. Toute cette confiance accumulée en un mois commençait déjà à se fissurer, preuve qu’il n’était peut-être pas fait pour être choisi, comme il le pensait. Il ne voulait pas … Il n’avait pas envie d’échouer, pas maintenant.

« Je vais pas … Je vais pas … Ah … Ah … Ah … »

Agléa n’était pas revenue ces derniers jours sauf pour la nominature du candidat de la Vanité. Elle lui avait fait un petit sourire mais un peu boudeur sans qu’il ne sache pourquoi elle réagissait de la sorte. Il n’avait rien fait de mal, n’est-ce pas ?

« Les autres sont tous là, comme la dernière fois. Ils attendant simplement que mon père déclare que la prochaine expédition va commencer. »

Ils étaient tous là, comme la dernière fois, comme il y avait un bon mois. Ils avaient ramené leurs soldats, leurs employés et il y avait une telle foule. Il avait finit par se retrouver dans sa chambre avec Klork. Celui-ci avait été un peu surpris mais n’avait rien dit. Mais maintenant, Klork lui-même n’était plus là et il était complètement seul, sans pouvoir faire quelque chose contre ça. Il était tout simplement seul … sans aucun échappatoire malheureusement.

« Quand est-ce qu’ils vont venir me chercher ? Quand ? »

Il s’était mis assis sur son lit, tremblant légèrement en tapant du pied sur le sol. Il était Zéran de la Vanité, fils de l’actuel monarque du royaume des félémons. Trembler comme ça, ce n’était pas l’image qu’il devait montrer de lui. Il devait être rassurant … rassurant et fort. Il devait montrer à quel point il n’avait pas peur de tout ça. Il devait montrer à quel point tout cela ne l’affectait pas et …

« Maître Zéran ? » demanda une voix féminine avant de frapper contre la porte de sa chambre. Sursautant sur le coup, il se tourna vers celle-ci, la voix reprenant : « Votre père, le roi, désire que vous veniez dans la salle du trône et cela le plus rapidement possible. »

« Dites-lui que cela va me prendre quelques minutes mais que je serais là. Ah non ! Attendez, je vais arriver tout de suite, ne vous inquiétez pas, je suis là. »

Il s’était relevé et s’était aussitôt dirigé vers sa porte, l’ouvrant pour faire face à sa cousine aux cheveux bleus, Zyréna. Le fait qu’elle l’appelle maître d’une voix un peu différente l’avait empêché de remarquer qu’il s’agissait d’elle. Elle le regarda doucement avant de commencer à lui remettre correctement son col, disant :

« Sois calme, Zéran. Ce n’est pas grand-chose. Tu es en sueur et cela se voit … Hum … Attends un petit peu. Voilà … Ça sera mieux. »

Après avoir terminé de le remettre correctement en terme vestimentaire, elle avait fait un petit mouvement de la main, faisant paraître une légère bruine sur son visage, rafraîchissant le jeune homme cornu qui poussa un soupir de soulagement.

« Ce n’est pas mieux comme ça ? Tu es en train de te liquéfier sur place. Comment est-ce que tu veux être présentable face à ton père et devant les candidats ? »

« Tu crois que je devrais y aller avec le sourire alors que je ne sais pas si … je vais être choisi ? Non, je n’y arriverai pas. Je ne sais pas ce qui m’attends. Je n’y arriverais pas. »

« Ce n’est pas en refusant d’avancer que tu pourras alors réaliser ce que tu désires. Vas-y normalement et s’il le faut, regardes tout simplement Klork. Tu seras rassuré par sa présence, non ? N’est-ce pas pour ce jour-là que vous avez été ensemble tous le temps ? »

« J’aimerai franchement que les servantes arrêtent d’espionner nos entraînements. Je sais bien que toutes semblent le désirer mais quand même … »

« Ah … Tu as parfois la tête dure. Parfois, tu es un imbécile mais tu es Zéran. Si seulement tu avais décidé d’agir comme ça beaucoup plus tôt, tu ne serais pas passé par tout ça en si peu de temps ! Allez, zou ! Vas-y maintenant ! »

« Oui, oui ! Je vais y aller, rah ! Je vous jure, pourquoi est-ce que l’on m’oblige à me presser ? Ce n’est pas comme si … Enfin bon, je dois te dire merci, c’est ça ? »

« Et moi, je dois te répondre : y a pas de quoi ! Allez, tu vas montrer ce que tu as dans le ventre ! » s’exclama Zyréna en lui tapant doucement dans le dos pour le rassurer.

Si c’était aussi simple … mais ça l’était ! Sa cousine venait juste de le réconforter, bon, à sa façon mais elle venait de le faire. Il était largement capable d’arriver à ce qu’il désirait faire. Avec lenteur, il se dirigeait maintenant dans le couloir qui menait à l’endroit où son père l’attendait. En voyant les gardes devant la double porte menant à la salle du trône, il prit une profonde respiration avant de les regarder. Un petit hochement de tête positif et les gardes ouvrirent la double porte.
Anxiété, malaise, appréhension, effroi, il ressentait tout ça en même temps mais … il devait prendre sur lui-même. Il devait continuer à avancer et regarder tout simplement droit devant lui. Il ne devait pas hésiter … Il ne devait pas avoir peur. Il ne devait rien craindre. Un bref regard à côté de son père et il voyait Kosmor qui était debout. Il ne lisait rien sur son visage. Il n’était pas au courant de la décision de son père.

« C’est étrange … Il a l’air un peu différent. »

« C’est bien lui, le fils aîné de la famille royale de la Vanité ? Il ne ressemble pas aux rumeurs. Il est assez chétif, non ? » dit une seconde voix après la première. Bien entendu, des murmures, les uns après les autres. Pourquoi en serait-il autrement ? Il cligna des yeux avant d’entendre une voix s’exclamer :

« Arrêtez de détourner le regard, messire Zéran de la Vanité ! Restez face à votre père ! Faites-lui front, c’est tout ! »

« Klork ! Un peu de tenue, je te prie ! » répondit une autre voix avec un peu d’agacement dans le ton alors que Zéran cherchait d’où provenait la voix.
Néanmoins, pas difficile de savoir à qui elle appartenait. Le mieux, c’était de faire ce qu’elle venait de dire. Rester face à son père. Celui-ci était bien là, assis sur son trône … mais ce n’était pas un problème. Ce n’était pas un problème.

« Zéran … Te voilà enfin. » murmura son père bien que sa voix résonna dans la salle du trône. Même en parlant aussi faiblement, tous pouvaient l’entendre. Le jeune homme aux cheveux blonds vint déglutir avant de se tenir droit comme un i face à son père. C’était mieux … que de poser un genou au sol. « Est-ce ainsi que tu comptes attendre la nomination du candidat de la Vanité, Zéran ? »

« C’est exact, père. Aujourd’hui, ce n’est pas en tant que votre fils que je me présentes à vous et bien que je vous dois tout le respect qui vous incombe, je ne veux pas me rabaisser. »

Cette phrase n’avait aucun sens. Pour autant, il avait réussi à la prononcer sans trembler dans sa voix. Finalement, malgré tout ce qu’il avait voulu faire, son regard se détourna brièvement. Il y avait bien quelques cousins … et cousines. Non pas les servantes et majordomes, non, non, plutôt ceux qui provenaient de branches très proches de celle principale de la Vanité. Le genre de cousins dont on se passerait volontiers.

« Soit … Commençons alors. Vous êtes tous réunis aujourd’hui dans le but de vous préparer à l’expédition future qui débutera d’ici quelques jours. Un long mois s’est écoulé, très long pour certains tandis que pour d’autres, cela n’a duré qu’un instant. Pendant ce laps de temps, certains se sont rencontrés, d’autres ont continué de se préparer en solitaire. »

Est-ce qu’il était en train de parler de lui ? Ou alors aussi des autres candidats ? Son père ne le regardait pas. Il s’était levé, impérial, royal, semblant jeter un regard sur l’assemblée pour y imposer toute sa stature, tout en continuant son discours :

« L’expédition a pour but de récupérer le coeur du monarque félémon. Je ne précises pas mon coeur car comme vous le savez tous, c’est ce dernier qui fait de vous ou non le ou la future monarque du royaume des félémons. Depuis des temps immémoriaux, ce coeur est la source de la puissance du roi ou de la reine qui dirige ce peuple. En tant que tel, il vous faut alors comprendre l’importance de la récupération de ce coeur. »

Quelques murmures à nouveau mais cela ne concernait plus le jeune homme aux cheveux blonds mais les propos du roi des félémons. Après quelques secondes, le silence était revenu, le monarque ayant attendu ce dernier pour reprendre :

« Le coeur du monarque félémon recèle une incroyable puissance mais a un coût : il n’est pas permanent. Après plusieurs décennies voire parfois un siècle, il s’avère que le coeur décide de quitter le corps de l’actuel monarque pour retourner au sein même de nos ennemis mortels. Je n’aurai guère besoin de vous donner leurs noms et pourtant, il me le faut. Ces ennemis sont les célestiens, ces être à moitié oiseaux, capables du pire mais rarement du meilleur. Nul ne sait quelle raison pousse le coeur du monarque félémon à retourner là-bas mais les faits sont là : ce dernier semble se recharger dans le royaume des célestiens et il nous faut absolument le récupérer. J’ai fait mon temps … et il est de mon devoir de lancer la nouvelle génération. »

De bien sages paroles alors que nul n’osait maintenant lever un peu la voix pour parler avec son voisin. Cette histoire, tous l’avaient déjà entendue ou lue. Pour autant, l’entendre de la voix du roi-même avait un petit quelque chose qui la rendait encore plus particulière.

« Nous sommes en guerre depuis des millénaires. Alors qu’eux-même se renient avec leurs différentes castes, nous-mêmes avons forgé ce royaume merveilleux. Nous sommes sept familles mais nous ne sommes qu’une seule race : celle des félémons. Le devoir de nos sept jeunes envoyés est de retrouver le coeur du monarque félémon mais aussi de trouver parmi eux celui ou celle qui me succédera. Chaque famille est dotée d’une qualité qui la rend unique par rapport aux autres. C’est cette qualité qui est nécessaire pour permettre au groupe d’arriver jusqu’au bout de son objectif. C’est cette qualité qui est nécessaire chez chacun et chacune. Ne reculez jamais, jeunes gens, la tâche sera rude, qui sait, il vous faudra peut-être des mois voire des années pour l’accomplir. Vous allez faire de nombreuses rencontres, vous retrouver face aux célestiens, voyager à travers les villages des humains, mais tout cela vous forgera l’expérience nécessaire pour vous permettre de survivre. Moi-même, j’ai fait partie d’un groupe comme le vôtre il y a de cela plusieurs décennies auparavant. »


Ne pas bouger. Il ne devait pas bouger et regarder son père, encore et toujours. Celui-ci ne semblait pas avoir terminer de parler. Il fallait dire qu’aujourd’hui était le jour où tout allait débuter pour sept félémons. Il ne savait pas … Il ne savait pas quoi dire ou faire. Il était juste là, immobile, retenant sa respiration.

« J’ai rencontré des félémons merveilleux, tous avaient un certain charme, de l’ambition, tous désiraient atteindre un même but commun : retrouver le coeur du monarque félémon et devenir le prochain. Bien entendu, nous en avons perdu en route. Que cela soit par les bêtes sauvages, les célestiens … ou autre. »

Autre. Rien que ce mot pouvait lui faire glacer le sang. Autre … Il n’y avait qu’une seule description qui convenait à ce terme : celui de la trahison. Les félémons, chaque famille désirait que le monarque soit issue de leur branche. Il n’y avait rien d’anormal, c’était dans le propre du félémon que de chercher le pouvoir.
Il ne savait pas exactement comment son père avait obtenu le pouvoir mais au final, c’était lui qui était revenu comme seul survivant parmi les sept envoyés. C’était l’unique être à avoir obtenu le droit de porter ce titre. Il était vrai qu’il avait évoqué le fait qu’il faille plusieurs décennies voire bien un siècle pour que le coeur s’en aille. En même temps, la longévité d’un félémon était généralement d’un siècle et demi voire plus. Lorsqu’ils atteignaient l’âge adulte, aux environ de dix-huit ans, âge qu’ils partageaient avec la race humaine, leurs corps vieillissaient beaucoup plus lentement. C’est pourquoi son père, malgré qu’il se rapprochait maintenant du siècle en terme d’années, n’avait qu’à peine quelques poils blancs parmi sa chevelure blonde, que cela soit au niveau de sa barbe ou sa moustache.

« Aujourd’hui, une nouvelle page de l’histoire du royaume des félémons se tourne. Une nouvelle page va s’écrire et vous en serez les auteurs. Que les six candidats des familles autres que celle de la Vanité se présentent devant moi. »

Des bruits de pas et il osa finalement tourner le regard. Il reconnaissait Agléa, il reconnaissait Klork. Il y en avait quatre autres, deux femmes et deux hommes. L’un semblait même bien plus petit que lui. Maigre consolation à l’heure actuelle.

« Vous êtes les représentants de vos familles, les symboles, non, les joyaux de celles-ci ! En tant que tel, il est de votre devoir de briller de mille lueurs pour que votre éclat resplendisse et envahisse votre famille. Sachez que peut-être que vous allez mourir lors de cette expédition mais que chacun de vos actes sera reconnu à sa juste valeur. Nous n’oublierons jamais les sacrifices qui seront les vôtres. Présentez-vous, un par un. Cupidité. »

« Réxéros est mon nom et je suis heureux de servir la cause des félémons. » dit un homme aux cheveux noirs plaqués sur son crâne, une mèche cachant l’un de ses yeux verts. Sa tenue était impeccable comme sa coiffure. Pour Zéran, il était plus petit que lui.

« Avidité. Présentez-vous à votre tour, je vous prie. »

« Mon nom est Vélisa. Je suis enchantée à l’idée de pouvoir être la pierre qui servira à maintenir la cause des félémons. » vint répondre à la suite une jeune femme aux cheveux bleu saphir, ses yeux bruns se fermant lorsqu’elle vint s’agenouiller. Elle aussi était visiblement plus petite que Zéran, tant mieux !

« Rage, dévoilez votre nom maintenant. » continua le roi après les propos de Vélisa.

« Klork est le nom que mes parents m’ont donné lorsque je suis né. Je jures de le porter avec fierté et de l’emmener avec moi dans ma tombe pour honorer le royaume des félémons. » vint dire d’une voix forte et puissante le jeune homme aux cheveux verts, son unique œil doré se posant sur Zéran, lui faisant un petit sourire que le membre de la Vanité lui rendit.

« Débauche, exprimez-vous à cet instant. »

« Je m’appelle Agléa et je suis enchantée à l’idée de mettre tout mon corps et toute mon âme au service du royaume des félémons. » dit d’une voix enjouée la femme à la chevelure auburn, quelques toussotements se faisant entendre quand plusieurs personnes la regardaient. Elle n’était pas vraiment … obligée de s’incliner, hein ?

« Bien … Gloutonnerie ! Il est temps pour vous de paraître. » continua le roi des félémons, ne semblant guère intéressé par les charmes physiques d’Agléa.

« Cator. Je représenterais ma famille dans cette expédition que je mènerais de part mes connaissances. Avec moi, le royaume des félémons est en sécurité. » répondit un jeune homme qui devait bien avoir sa taille à Zéran … mais aussi au moins vingt ou trente kilogrammes de plus que lui. Sa chevelure brune est presque inexistante mais étrangement, il avait des yeux vairons : celui de gauche est rouge, l’autre est bleu.

« Oisiveté. Veuillez vous réveiller dès maintenant. Vous êtes dans la salle du trône. »

« Hein ? Que … Oh … Silesti. Je promets que … le royaume des … félémons sera … entre de bonnes mains. Aaaah … » dit une femme à peine plus petite que Zéran, sa chevelure noire cachant en partie ses yeux bruns alors qu’elle dormait sur place. Et bien … C’était pas avec elle qu’ils allaient sauver le royaume. D’autre toussotements s’étaient fait entendre.

« Maintenant, il ne reste plus qu’un candidat qui doit se présenter. Comme cela l’a toujours été, celui-ci n’est présenté qu’à la fin puisqu’il s’agit du candidat issu de la famille du monarque actuel des félémons »

… … … C’était le moment ou jamais, n’est-ce pas ? Le jeune homme aux cheveux blonds avait décidé de reculer pour laisser place aux candidats légitimes. Lui-même, il ne devait que patienter. Il n’avait pas été voir son père pendant un mois, il ne l’avait jamais fait auparavant. Il ne haïssait pas son père, loin de là mais … il avait eut l’impression d’abandonner tout ce pour quoi il se battait depuis des années et en même temps, il …

« Zéran de la Vanité. Veuillez vous révéler. »

Ne le regrettait pas. Il avait passé plutôt un bon moment avec Klork et il était vraiment dommage que … Hein ? Qu’est-ce qu’il venait d’entendre ? Il n’était pas sûr que cela soit correct. Est-ce que son père venait de l’appeler ? Ses yeux rubis se posèrent sur les six candidats devant lui, tous étaient retournés pour le regarder. Euh … Euh … Euh … Hein ? Comment ça ? Comment était-ce possible ? Son père aussi l’observait. Ça voulait dire qu’il devait avancer ? Avec lenteur, il arriva à la hauteur des six autres candidats, regardant brièvement Klork et Agléa. Les deux personnes avaient le sourire aux lèvres.

« Je promet à chaque membre de l’expédition, chaque félémon du royaume et aux sept familles qui les dirigent la réussite de notre mission. Je me nomme Zéran. »

Est-ce que cela convenait ? Il n’en avait aucune idée. Il ne bougea pas de son emplacement, restant parfaitement stoïque comme pour être sûr qu’il avait bien fait. Il espérait que …

« Bien … Demain sera la présentation au public des sept envoyés. Pour aujourd’hui, nous allons tout simplement fêter la préparation du groupe chargé de l’expédition. Que chacune et chacune profite de la soirée, le palais est assez grand pour recevoir tout le monde. »


Mais pour l’heure, Zéran allait surtout respirer un grand coup et assurer ce qu’il venait d’entendre. Il n’avait pas rêvé, n’est-ce pas ? Il avait été … choisi ? Mais pourquoi ? Comment ? Enfin … Il avait tout simplement …

« Zééééééééééraaaaaaaaaaaaan ! Mes félicitations ! » hurla une voix enjouée et féminine avant qu’il ne se fasse percuter par une créature à la chevelure auburn, l’amortissement s’étant fait grâce au doux mais généreux volume qui composait la poitrine de la jeune femme.

« Euh … On va se calmer, mademoiselle Agléa. Vous êtes bien gentille mais on est en public et je ne veux pas que les gens se fassent des idées. »

« Cela voudrait dire qu’en privé, ça ne vous dérangerait pas ? » demanda t-elle d’une petite voix joueuse, Zéran sentant une main se poser sur son épaule gauche.

« Je te l’avais dit, Zéran. Enfin, je vous l’avais dit. »

« Klork. Tu imagines ? Je ne comprends pas vraiment ce qui se passe dans la tête de mon père mais … je crois que je ne devrais pas poser de questions, c’est ça ? »

« C’est exact. Je pense que pour aujourd’hui, il vaut mieux aller fêter cela tranquillement. Un petit entraînement vous intéresse t-il ? »

« Est-ce que tu plaisantes, Klork ? » demanda Zéran pour être sûr de bien comprendre ce que venait de proposer le jeune homme aux cheveux verts.

« Bien entendu, il ne pouvait en être autrement, n’est-ce pas ? »

« Tu sais qu’avec toi, je préfère franchement me méfier ? Mademoiselle Agléa, est-ce que vous pouvez vraiment me relâcher ? Les gens vont finir par se poser des questions. »

« Et pourquoi est-ce que ce félémon ne pourrait pas aussi retirer sa main ? » demanda Agléa en faisant une mine boudeuse, regardant Klork qui arrête son contact sur l’épaule de Zéran tout en poussant un léger soupir.

« Maintenant que c’est fait, vous pouvez le relâcher comme il le désire, non ? »

« Hum … Simplement s’il en a envie, mais à côté, je veux qu’il me promettre d’avoir une danse avec moi ! »

Quelle danse ? Quelle promesse ? Ce n’était qu’un repas, non ? Ce n’était pas un bal ou autre ! Elle était en train de s’imaginer mille chose mais oui, il lui fit une promesse pour qu’elle puisse enfin le lâcher. Pfiou, ce n’était pas trop tôt ! Et maintenant ? Et bien … Il allait peut-être se reposer dans les jardins royaux.
Ce n’était pas tout ça … Mais Kosmor était venu lui aussi pour le féliciter et lui dire bravo alors qu’il avait fermé les yeux, assis sur le banc. Il était triste qu’il doive partir mais ce n’était pas grave. Zéran passa une main sur la chevelure de son petit frère, finissant par fermer les yeux. Quelques minutes plus tard, il était déjà endormi sur le banc, ayant besoin de soulager son corps de tout ce stress accumulé. Il était … le candidat de la Vanité.

Chapitre 9 : Visite incongrue

Chapitre 9 : Visite incongrue

« Klork, tu peux me rappeler qui a eut la merveilleuse idée de te permettre de dormir ici ? »

« Un jeune homme aux cheveux blonds et aux yeux rouges. » rétorqua avec un léger sourire l’homme aux cheveux verts de son propre côté.

« Non mais sincèrement, je ne devais pas être bien à ce moment précis. On a commencé à cinq heures du matin ! CINQ ! Je suis juste … lessivé. »

« Hahahaha ! Oui, tu ne devais pas être bien. Tu devais être … sincère. C’est étrange comme sensation, n’est-ce pas ? Mais bon, merci, ça me fait plaisir. Et … Tu n’es pas trop fatigué malgré ce que tu prétends. Tu es à peine en sueur. »


Il ne restait qu’un peu moins d’une semaine. Peut-être trois ou quatre jours, il n’en savait trop rien. La seule chose qu’il arrivait à retenir, c’était le fait que le jeune homme en face de lui le forçait à se lever avant l’aube pour commencer l’entraînement. Le pire dans tout ça, c’est qu’il n’avait visiblement AUCUN problème à se lever aussi tôt.

« Le bon côté de se lever aussi tôt, c’est que je peux me moquer des coupes de mes servantes qui se réveillent à peine en même temps que toi et moi. Comme ça, elles n’oseront plus me critiquer ou me crier dessus, héhéhé. »

« Si tu as le temps de t’amuser à penser de la sorte, peut-être qu’il vaudrait mieux alors perdre ton temps à te concentrer sur la prochaine heure d’entraînement qui t’attends, non ? »

« … … … Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter un tel sort, mais qu’est-ce que j’ai fait ? »

« Maître Zéran ! Maître Zéran ! » s’écria une voix féminine alors qu’il voyait l’une des servantes arriver vers lui, un peu essoufflée et rougie par l’effort de courir avec ses vêtements. C’est vrai que cela ne devait pas être simple mais bon …

« Oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? Prenez donc votre respiration, je vous prie. Ça ira beaucoup mieux. Rien ne presse, n’est-ce pas ? »

« Je … Enfin, une femme voudrait vous voir. Elle prétend être de la famille de la Débauche et veut absolument converser avec vous ! »

« Hein ? Bon … Je crois que l’entraînement est écourté, Klork. Tu viens ? On va voir ce que cette famille me veut. Je n’ai pourtant aucune relation avec elle. »

Enfin, lui-même, non. Il savait que sa famille était assez proche de la famille de la Débauche pour une bonne raison : les plus beaux et belles félémons se trouvaient dans celles-ci. De véritables sculptures animées, des tableaux ayant pris vie, leur beauté était sans égale et il le savait très bien … sauf que lui-même s’en fichait particulièrement.

« Est-ce que vous êtes sûr que je dois venir, Zéran de la Vanité ? »

« Plus tellement si tu recommences à me vouvoyer comme ça. Qu’est-ce que j’ai dit à ce sujet ? Est-ce que je dois me répéter, Klork ? Enfin … Ça ne me dérange pas, moi. »

Mais alors, qu’est-ce que cette personne voulait ? Surtout une femme. Il était à nouveau suspicieux malgré ce mois presque très plaisant qu’il avait passé en la compagnie de Klork. Kosmor l’adorait et il était difficile de se dire que cela ne faisait que si peu de temps qu’il était parmi eux. Étrange … mais pas déplaisant.

« Oh ! C’est donc bien vous, Zéran de la Vanité ! Je suis si heureuse de vous rencontrer ! »

Elle est grande. C’est la première chose qu’il remarqua alors qu’elle le dépassait de plus d’une dizaine de centimètres. Très grande même. Hum … Et sa robe bustier mettait en valeur sa poitrine des plus généreuses, peut-être trop. Il fallait dire que le tissu n’en cachait qu’une partie, ne laissant pas trop de place à l’imagination. Est-ce qu’elle était venue pour ça ?

« Je devrais tout d’abord me présenter. Je me nommes Agléa de la Débauche. Je suis enchantée de vous connaître. »
Et voilà une petite courbette pour compléter le tout. Qu’est-ce qu’elle voulait réellement en agissant de la sorte ? Car oui, cette courbette avait surtout pour but de tenter de lui en mettre plein la vue, n’est-ce pas ? Il n’était pas stupide pour ne pas avoir compris ce petit manège de la part de cette femme mais … bon ?

« Zéran de la Vanité et Klork de la Rage … mais qu’est-ce que la candidate de la Débauche fait par ici ? Que je sache, la décision finale n’est pas encore pour aujourd’hui, non ? »

« Je tenais principalement à vous saluer car cela m’étonnerait qu’une autre personne que vous-même ne puisse devenir candidat de la Vanité, n’est-ce pas ? Forger de bonnes relations avec un futur camarade d’expédition, il n’y a rien d’anormal, non ? »

Sourire rayonnant et ravageur. Il se sentait un peu rougir en la regardant mais il fallait dire qu’elle ne faisait rien pour cacher ses attributs. D’ailleurs, en détournant le regard, il pouvait voir une magnifique chevelure couleur auburn, allant de pair avec la robe qu’elle portait. Le tissu et les coutures dorées montraient bien que cela n’était pas un simple habit que l’on portait tous les jours. A quoi est-ce qu’elle jouait ? Il notait aussi ses deux yeux émeraude, aussi beaux que les pierres précieuses dont leur couleur était issue. Par contre, sa robe cachait ses pieds mais ce n’était pas bien grave.

« Messire Zéran de la Vanité ? Messire ? » demanda Agléa sur un ton inquiet.

« Oh oui, pardon. Désolé, j’étais un peu perdu. Enfin bref, comme je voulais le dire, je ne suis pas encore sûr d’être nominé et je préfère ne pas me déclarer avant que mon père n’aie pris cette décision réellement. J’ai des cousins et des cousines qui sont aussi doués que moi et qui mériteraient autant cette place. Mais merci de votre visite et … »

« Allons ! Ne soyez donc pas embarrassé ! Je suis certaine que vous serez pris et j’avoue que je préfère vous avoir à mes côtés plutôt qu’une autre personne de la Vanité. »

C’était quoi ce petit sourire désarmant ? Elle lui faisait un numéro de charme ? C’était plutôt réussi bien qu’il retrouva vite ses esprits quelques secondes après. Il secoua la tête négativement, reprenant la parole d’une voix calme et lente :

« Par contre, vous m’excuserez mais je ne peux pas vous raccompagner à la sortie. Je vous remercie d’être passé mais j’ai un entraînement à accomplir avec Klork et il ne peut pas vraiment trop attendre non plus. »

« Oh … Est-ce que je peux vous regarder si ce n’est pas trop demandé ? »

« Hum … Qu’est-ce que tu en dis, Klork ? Il n’y a aucun secret militaire ou autre dans l’entraînement que tu me fais suivre ? »

« Pas le moins du monde, Zéran de la Vanité. Ce n’est qu’un entraînement commun aux membres de la famille de la Rage, rien de plus, rien de moins. »

« Bon et bien, vous pouvez y assisté vu que Klork est d’accord, Agléa de la Débauche. Mais attention, je vous préviens, interdiction de me déranger, compris ? »

Pour toute réponse, elle lui fit un grand sourire, toujours aussi radieux avant de s’incliner. Non mais stop hein ! Il avait compris sa manœuvre et Klork n’était pas vraiment du genre à se … hein ? Klork n’était visiblement pas du tout dérangé par ça, s’étant déjà retourné comme si de rien n’était pour se rendre à la zone d’entraînement.

« Je vous laisse alors me guider, messire Zéran de la Vanité. Je serais discrète. »

Discrète ? Alors pourquoi est-ce qu’elle le collait à moitié ? Il avait compris sa manœuvre, il était loin d’être un imbécile mais bon hein … Ah .. .Enfin … Ce n’était pas le moment de s’interroger. Par contre, sa venue était des plus suspicieuses et voilà que se rappelait à son bon souvenir quelques pensées qu’il avait délibérément ignorées ces dernières semaines.

Il n’avait pas envie de s’en rappeler. Il ne voulait pas s’en rappeler. Qu’on le laisse tranquille à ce sujet et tout ira parfaitement dans le meilleur des mondes. Visiblement mécontent maintenant ,voilà qu’il tenait fermement les deux cimeterres dans ses mains, s’apprêtant à débuter l’entraînement avant qu’Agléa ne s’exclame :

« Vous utilisez des armes réelles ?! N’est-ce pas trop dangereux ? »

« Pas le moins du monde. Il suffit d’avoir un bon partenaire d’entraînement et de savoir aussi quand s’arrêter dans une telle situation, rien de plus, rien de moins. »

« Oh ! D’accord, d’accord ! Vous êtes donc bien plus fort que vous ne voulez le montrer. Je suis encore plus enjouée à l’idée de vous observer ! »

Et voilà qu’elle sautillait sur place, faisant un peu rebondir sa poitrine dans le tissu. POURQUOI est-ce qu’il avait décidé de la regarder pendant qu’il lui parlait ?! Sa politesse vint lui coûter un bon coup de poing dans la joue gauche de la part de Klork, celui-ci s’exclamant avec un peu de colère dans la voix :

« Attention, Zéran de la Vanité ! Je n’aimerai pas que vous vous déconcentriez comme ça. Cela peut très vite être mortel. Est-ce que ces dernières semaines n’auraient servi à rien ? J’espère que non … Il ne reste plus que quelques jours. »

« Aie ! Ma faute, je le reconnais … ah … Ouch. Bon sang, mon menton ! »

« Un peu de sérieux … Je n’ai pas visé cet endroit, je ne suis pas stupide non plus. »

« HEY ! Pas besoin de frapper aussi fort messire Zéran,, grosse brute ! Ce n’est qu’un entraînement, rien d’autre ! Y a pas besoin d’être aussi violent ! »

Grosse brute ? Il cligna des yeux en entendant Agléa qui prenait sa défense. De quoi est-ce qu’elle se mêlait cette femme ? Elle était peut-être mignonne, sacrément mignonne mais qu’elle s’occupe de ce qui la regarde, hein ?

« Je n’ai pas besoin d’aide et j’ai pris bien pire ces derniers jours. Restez tranquille si vous voulez pouvoir regarder la suite, compris ? »

Elle fit un petit marmonnement de mécontentement, fixant Klork de ses yeux verts, visiblement en colère. Elle avait croisé les bras sous sa poitrine généreuse, lui donnant encore plus de volume en la soulevant mais Zéran l’ignorait complètement, Klork faisant déjà cela depuis le début de la nouvelle session. Ah …
Une bonne heure passa et Agléa n’avait pas dérangé, comme convenu. Tant mieux. Si elle se montrait tranquille, elle devenait alors une personne bien plus agréable . Mais bon, ça ne changeait pas qu’elle n’avait pas besoin de rester ici aussi longtemps. Cela allait être l’heure du repas et il observa Agléa. Elle attendait quelque chose, non ?

« J’imagine que les servantes vont me tomber dessus si je ne le propose pas … donc on va le faire. Pfiou … Mademoiselle Agléa de la Débauche, est-ce que vous voulez bien déjeuner avec nous aujourd’hui ? Mon père ne sera sûrement pas à table mais vous aurez aussi la présence de mon petit frère et de Klork à table. »

« Je … Cela serait avec un grand plaisir. Je ne peux pas refuser une telle invitation de votre part. Cela apporterait une certaine disgrâce à ma famille. Surtout que la nôtre est très proche de la vôtre depuis des générations, ne l’oublions pas ! »

« C’est exact mais moi-même, je n’ai aucune relation avec la famille de la Débauche. Il faut dire que j’en ai aucune, tout court. Je n’ai pas chercher les relations depuis que je suis né. Enfin bon, ramassons l’équipement et allons déjeuner. »


C’était ainsi et pas autrement, depuis des semaines. Entraînement, déjeuner, entraînement, déjeuner. Kosmor était un peu triste de ne plus s’entraîner avec lui mais en contrepartie, il était visiblement très joyeux d’avoir Klork tout le temps maintenant. Il ne pensait pas que le jeune garçon aux cheveux blancs s’attacherait autant à une personne extérieure.

« Il faut dire que depuis sa mort … nous ne sommes que deux en plus de père. »

« De quoi est-ce que vous parlez, Zéran de la Vanité ? » lui demanda Klork alors que Zéran faisait un geste négatif de la main comme pour dire que ce n’était pas bien important.

Encore une fois, c’était un mauvais souvenir. L’absence de présence féminine autre que les servantes du domaine et le professeur particulier de Kosmor n’était … pas un problème. Cela ne regardait que sa famille, même pas les autres branches de la Vanité. Non, ce n’était que lui, Kosmor et son père. Le reste n’avait pas à s’intéresser à ça. C’était privé.

« Comme vous le désirez. Vous savez où me trouver de toute façon si cela est nécessaire. »

« Ça ne le sera pas, tu n’as pas à t’en faire, Klork. Bon, mademoiselle Agléa de la Débauche, veuillez m’accompagner pendant que je vais vous emmener là où il faut. »

« Oh ? Là où il faut ? N’est-ce pas problématique ? Nous ne nous connaissons qu’à peine. N’allons donc pas trop vite en besogne, je vous prie ! »

« Je ne parlais pas de ça et ce n’est pas du tout mon humour, j’espère que vous comprendrez parfaitement mon message dorénavant. »

Un peu pince-sans-rire, il fallait dire que ce genre de sujet lui causait plus de problèmes qu’il n’en fallait. Le jeune homme aux cheveux blonds poussa un léger soupir, regardant Klork dans son unique œil valide. Est-ce qu’ils pensaient pareil tous les deux ? Il y avait de très fortes chances que ça soit le cas mais bon … Ils ne pouvaient pas faire autre chose. Mais il remarquait aussi que les servantes n’étaient pas ravies de la venue de cette nouvelle personne. Bon, ce n’était pas bien grave non plus hein ?

« Je ne pense pas que le repas vous convienne, mademoiselle Agléa de la Débauche donc … »

« Pourquoi ne pas m’appeler tout simplement par mon prénom comme vous le faites si bien avec Klork ? Pourquoi cela spécialement pour lui et non avec moi ? »

« Car je ne vous connais pas assez et que je ne penses pas que cela soit très courtois de ma part. Klork continue de me vouvoyer et de m’appeler Zéran de la Vanité. Je ne lui en veux pas de ce côté, c’est normal quand on est habitué à ça, loin de là. »

« Alors, s’il suffit de mieux se connaître, je peux tout simplement me décrire. Je me nomme Agléa de la Débauche, comme je vous l’avais dit auparavant. Je suis tout simplement âgée de 22 ans et je mesure 1 mètre 83 pour environ 64 kilogrammes. Voyons ! Qu’est-ce que vous me faites dire, messire Zéran ! »

« Je ne vous aie jamais forcé à … Hein ? 1 mètre 83 ? Vous plaisantez, j’espère ? »

« Pas le moins du monde, pourquoi cela ? Est-ce vraiment si étonnant d’être de cette taille ? Sachez que ce n’est pas la taille qui fait tout, loin de là ! »

« Je ne pensais pas à ça comme problème ! RAAAAAAAAH ! Pourquoi est-ce que vous me forcez à dire des choses … Rah … Klork, tu mesures combien de ton côté ? »

« 1 mètre 77 pour tout vous dire. Après, je portes de lourds solerets qui me rajoutent quelques centimètres, ce qui peut donner l’impression que je suis bien plus grand que vous. »

« Je mesure 1 mètre 74 de mon côté … Grumpf … Je suis donc le plus petit de cette table. Très sympathique pour moi, je vous jures »

Et voilà qu’il grommelait un peu alors que Klork comme Agléa eurent un petit rire. C’était pas tout ça hein ! Il ne trouvait pas tout cela très amusant de son côté, loin de là. Pourquoi est-ce qu’ils rigolaient tous les deux ? Ça n’avait rien de drôle ou autre ! Raaaaaaah !

Le repas se passa de façon plus sympathique qu’il n’y pensait. Malgré les apparences, Agléa avait une certaine intelligence et culture Ainsi, elle était belle et studieuse, autant dire qu’elle était parfaite dans son rôle de candidate de la Débauche. Maintenant, combien d’hommes allaient tomber entre ses pattes ?

« Ça ne me concerne pas du tout. Je n’ai pas que ça à faire .. loin de là. »

Le jeune homme aux cheveux blonds répondit aux nombreuses questions d’Agléa. Pourquoi est-ce qu’elle voulait savoir autant de choses à son sujet ? Qu’est-ce qui lui prenait ? Si vraiment elle pensait le faire tomber dans ses bras, elle pouvait déjà considérer que c’était foutu. Il n’était pas aussi stupide que ça pour sombrer de la sorte.

« Merci beaucoup, messire Zéran de la Vanité. Ce fut une très bonne journée. J’étais heureuse de vous rencontrer, sachez-le. Si vous me trouvez, je suis à l’auberge du Sbire de la Déviance, vous devriez connaître, j’imagine. »

« Je connais, je connais, que de nom. Je ne vais pas dans ce genre d’établissements. »

Pour cela, il fallait déjà se motiver à sortir de chez soi. Autant dire que c’était foutu pour sa part. Avec un petit sourire mauvais aux lèvres, voilà qu’il invita Agléa à partir de chez lui maintenant qu’elle était … QUE … Elle s’était jetée à moitié sur lui, plaquant son imposante poitrine contre son torse, venant déposer deux baiser sonores sur ses joues, laissant des traces de rouge à lèvres.

« Il était de mon devoir de vous remercier pour cet agréable moment. »

« Ce n’était vraiment pas nécessaire, si vous voulez tout savoir. »

« Je suis sûre que si … Au revoir, messire Zéran ! Au plaisir de vous revoir dans quelques jours, en tant que candidat officiel de la Vanité ! »

Et la voilà maintenant en train de s’éloigner avec quelques salutations de la main. Lorsque qu’enfin, elle n’était plus visible, les épaules de Zéran s’affaissèrent, le jeune homme sortant un mouchoir pour s’essuyer les joues tout en s’adressant à Klork :

« J’imagine que je ne me fais pas d’idées lorsque j’ai remarqué qu’elle t’avait complètement ignoré, n’est-ce pas ? Ou presque … »

« Pas le moins du monde mais bon, vous savez, cela m’importe réellement peu. Je ne m’attaches pas à ce genre de futilités, je dois avouer. »

« Tu fais bien mais elle m’a épuisé. J’aimerai bien faire comme si je n’avais rien saisi mais difficile de ne pas chercher à comprendre son message.

« Oh ? Et c’est lequel ? » demanda Klork, comme si de rien n’était. Visiblement, l’embrassade et les baisers sur la joue de Zéran ne l’avaient guère gêné à ce sujet.

« Comme elle l’a si bien dit, nos familles se connaissent et sont proches depuis des siècles. J’imagine qu’elle veut m’avoir dans sa poche si je suis nommé … ça sera plus simple. »

« Plus simple pour l’expédition. Elle saura qu’elle n’aura pas à se méfier de vous et inversement … Du moins, c’est ce qu’elle aimerait tenter de faire. »

« Je n’ai confiance en personne … et j’imagine que les autres familles ne prendront pas vraiment la peine de venir me saluer pour tenter d’être dans mes petits papiers. »

« Hum … et … moi ? Qu’est-ce que vous pensez exactement de moi ? »

« Disons que tu es plus supportable que cette boule d’énergie qui est venue m’épuiser plus rapidement que toi en une semaine d’entraînement. J’ai l’impression d’avoir pris vingt ans pendant le temps où elle était là »

Et puis, il pouvait difficilement ignorer ce parfum qui arrivait à ses narines. Encore présente, il ne pouvait ignorer à quel point le corps de la jeune femme était somptueux et parfait. Comment est-ce de telles courbes pouvaient se trouver sur une unique personne ? Il avait l’impression que le chiffre d’or s’était réincarné en une femme. Et cela sans voir ses cornes.

« Messire Zéran de la Vanité ? Messire ? Est-ce que … Qu’est-ce que l’on fait ? »

« Est-ce que tu es motivé à t’entraîner ? Malgré la fatigue, je n’ai pas vraiment envie de stopper là. Et puis bon, que ça ne donne pas l’impression que tu es là simplement pour le plaisir. Mon père ne serait pas vraiment d’accord par rapport à ta présence. »

« Je ne sais pas s’il s’intéresse vraiment à tout cela mais par mesure de précaution, il est vrai qu’il vaut mieux que je montre la raison qui me pousse à être ici. Allons récupérer vos cimeterres et je vous attendrai. »

Mouais ! C’était vraiment pas faux. Agléa, sa présence puait … non pas d’un doux parfum mais bien de ses ambitions. Elle espérait tellement qu’il se mette de son côté s’il était nominé. Elle avait la sensation qu’il allait être choisi et ça en était presque flatteur mais cette fille, il n’avait pas confiance le moins du monde à son sujet.

Voilà. Les minutes s’étaient écoulées et il était maintenant prêt à retourner à l’entraînement. Une main tenant chaque poignet, il ne faisait plus que patienter Klork qui mettait du temps à revenir. Où est-ce qu’il était vraiment passé de son côté ? Un bref regard et il le remarqua au loin, en train de parler avec les servantes. D’ailleurs, celles-ci étaient surexcitées. Qu’est-ce qui … HEY ! BON ! Zéran cria :

« HEY ! KLORK ! ARRÊTES DE DRAGUER LES FILLES DE MA FAMILLE ET RAMENES-TOI MAINTENANT ! »

« Il ne se doutes vraiment de rien, hein ? De toute façon, vous ne faites rien pour lui faire remarquer. Bonne chance, messire Klork ! » s’exclama l’une des servants en rigolant.

« Ne vous inquiétez pas. Je me charges de terminer son entraînement pour qu’il devienne le prochain monarque des félémons. » vint dire Klork tout en souriant aux servantes, celles-ci s’inclinant devant lui alors qu’il retournait auprès de Zéran. Il s’excusa plusieurs fois, Zéran bougonnant que ce n’était pas parce qu’Agléa lui avait sauté dessus qu’il devait être jaloux et tenter sa chance avec les servantes du domaine. Klork ne chercha pas à répondre à cela.

Chapitre 8 : Dans sa propre famille

Chapitre 8 : Dans sa propre famille

« Dites-moi, Zéran de la Vanité, est-ce que je me trompes ou de plus en plus de personnes viennent fréquenter votre demeure dernièrement ? »

« C’est exact. Tu ne te trompes pas du tout. Et ce ne sont pas des personnes fréquentables. »

« Oh ? Comment cela ? Il est vrai que certaines se sont approchées de moi pour tenter de communiquer mais j’ai préféré leur expliquer que j’étais occupé de mon propre côté et que je ne pouvais pas perdre de temps à discuter. »

« Tu es libre de tes choix … si tu veux parler avec eux, tu peux le faire. » marmonna le jeune homme aux cheveux blonds, comme contrarié par quelque chose qu’il ne voulait pas expliquer. Klork cligna de son œil valide, comme étonné avant de dire

« Euh … Pourquoi une telle phrase, messire Zéran de la Vanité ? »

« Pour rien, pour rien. Je ne crois pas que ça soit bien important que tu te questionne sur des futilités de la sorte. Foutus charognards. » grommela Zéran, visiblement très irrité, Klork arrêtant l’entraînement avant de dire :

« Est-ce que vous les connaissez ces personnes ? Elles portent les atours liés à votre famille. »

« Bien sûr que je les connais. Ce sont mes cousins et cousines issues de branches plus ou moins éloignées à la mienne, voilà tout ! »

« Oh … C’est vrai. Et … Hum … Visiblement, cela ne te fait pas vraiment plaisir, n’est-ce pas ? Ou alors, je me trompesdans ce que je ressens ? »

« Est-ce que tu es là pour m’entraîner ou alors pour parler, Klork de la Rage ? Tu sembles très loquace aujourd’hui, ce n’est pas dans tes habitudes, n’est-ce pas ? » dit le jeune homme aux cheveux blonds, de plus en plus colérique. Klork prit une profonde inspiration. Ça ne servait à rien de discuter avec lui dans cet état visiblement.

« Puisque tu le prends ainsi, Zéran … Je me dois de te calmer. »

Hum ? Le prince de la Vanité tenta de faire un mouvement en voyant que Klork s’était avancé vers lui avec vivacité mais à peine avait-il eut le temps de réagir qu’il était déjà au sol, mordant la poussière ou plutôt la terre dans ce cas précis.

« Maintenant, est-ce que tu veux bien te montrer plus raisonnable ? Je n’ai pas envie de leur adresser la parole mais tu es … très énervé. Tu ne veux pas m’expliquer ? »

« Je peux savoir ce qui te prend, Klork ?! Relâches-moi aussitôt sinon, je risque de … … … Klork, tu peux me relâcher s’il te plaît ? Je vais tout te dire. »

En fait, il avait perdu tout énervement dès l’instant où il avait compris qu’il ne gagnerait pas contre Klork. Mais surtout, le fait que ce dernier le mettre à terre d’une façon aussi rude prouvait bien qu’encore maintenant, la différence d’expérience était assez flagrante. Zéran se remit debout, faisant un mouvement de la tête pour qu’ils aillent s’asseoir sur l’un des bancs.

« Tu voudrais que je commence par où, Klork ? Dis-le moi et ensuite, on verra si je peux t’offrir une réponse satisfaisante ou non. »

« Pourquoi pas par le début, tout simplement ? Ça ne serait pas le plus simple. Je ne suis pas là pour juger, Zéran, tu … je … Ah ! Pardon ! »

« Pardon ? Et pour quelle raison est-ce que tu t’excuses maintenant, je peux savoir ? »

« Tout simplement que je n’avais pas remarqué que je te tutoyais. Je m’excuse. Ce n’était pas voulu de ma part et … J’ai recommencé. Je suis vraiment désolé, Zéran de la Vanité. Cela ne se reproduira plus, je vous le jure. »

« Pas besoin de jurer pour des trucs aussi futiles. Est-ce que j’ai l’air de t’en vouloir à vie pour ce que tu as fait ? Est-ce que j’ai l’air de te haïr ? »

« Nullement mais … Enfin, je … Enfin ne changeons pas de conversation ! Je vous écoute ! » s’exclama une nouvelle fois l’homme dans sa colossale armure rouge, Zéran poussant un léger soupir. Bon, ça ne servait à rien de le forcer à changer de caractère. C’est vrai qu’il avait été surpris de son côté mais … cela ne l’avait pas dérangé.

« Ce sont mes cousins et cousines … mais surtout, ils ne sont pas là pour une visite de courtoisie. J’imagine que vu les délais qui se réduisent de jour en jour, ils sont en train d’amadouer mon père pour tenter de devenir le candidat de la Vanité. »

« Et c’est pour cela que tu t’emporte, Zéran ? Tu … Ah ! Vous devriez pourtant savoir que ce n’est pas aussi important que ça, non ? Ce que les autres tentent de faire. Ayez juste confiance en vos propres capacités. Vous avez montré des progrès fulgurants et je suis sûr que cela n’est pas passé inaperçu aux yeux de votre père. »

« Mon … père n’est pas comme celui auquel on pense, tout le monde est bien loin de la vérité en ce qui le concerne … mais j’ai l’impression que personne ne remarque cela. Mais bon … Je me fais sûrement des illusions, j’imagine. »

« Il ne faut pas dire cela. Vous savez quoi, Zéran ? On va penser à autre chose. Et si nous allions plutôt me montrer le reste des jardins voire les autres zones de votre château ? Pour changer ? Dans le fond, je ne connais réellement que cet endroit et votre salle à manger. L’entraînement pourra bien attendre une heure ou deux. Mais cela vous aérera l’esprit. »

« … … … Pourquoi pas ? Qu’est-ce que j’ai à y perdre de toute façon ? » termina de dire Zéran en haussant les épaules comme si de rien n’était.

« Alors, je vous suis, messire Zéran de la Vanité ! » dit Klork tout en se tenant bien droit, debout à côté de Zéran. D’un mouvement de la tête, il l’incita à le suivre pour qu’ils puissent enfin partir tous les deux. Hum … Pourquoi est-ce qu’il allait trouver ça déplaisant ?

Car voilà. Pendant qu’il marchait avec Klork, lui faisant visiter les lieuxx, ce n’était pas ses cousins et cousines, qu’il salua à peine d’un mouvement de la main, le problème mais bel et bien les servantes. Encore elles … Toujours en train de rire dès qu’ils étaient tous les deux ensemble. Il n’avait aucune idée de quoi elles parlaient mais il trouvait ça vraiment irritant.

« Elles sont plus que problématiques ces filles … Je ne sais pas si elles s’en rendent compte dans le fond … grrr … Problématique et ennuyeuse. »

« Nous devrions plutôt continuer le reste de la visite. Votre château est vraiment somptueux et imposant. Pourtant, en même temps, il n’y a pas trop de … comment je pourrais dire ça ? Vous voyez le terme que l’on veut dire quand une personne en fait trop ? Enfin, on ne dirait pas que cela correspondrait à une famille de la Vanité. »

« C’est tout simplement que mon père, contrairement aux autres branches de la Vanité, ne pense pas que la valeur d’une félémon se voit à travers les statues imposantes qui pourraient orner les couloirs d’un domaine. »

« Je vois, je vois. Ce n’est pas faux et … enfin … votre père est vraiment exceptionnel et spécial. Beaucoup se l’imaginent comme un monstre cruel et tyrannique. En vérité, il s’avère tout simplement qu’il est très droit dans ses bottes mais aussi très sérieux et pragmatique. J’imagine que cela doit effrayer quelques personnes. »

« Il n’y a pas que ça si tu veux tout savoir. Quand il te regarde droit dans les yeux, il te donne l’impression qu’il peut lire dans ton être sans que tu sois capable de le combattre. C’est vraiment effrayant, je peux te le confirmer. »

« Est-ce pour cela que vous avez peur de lui ? Sincèrement ? »

« Je … Hum … Je … » commença à dire Zéran, visiblement gêné à l’idée d’en parler. Il finit par se tourne vers Klork, le regardant droit dans son unique œil doré. « Quand je m’observe lorsque je suis en face de lui, j’ai surtout cette impression de ne pas exister, de ne pas lui être utile pour plus tard. C’est tout, je ne sais pas si c’est de la peur .. mais cela ne me plaît pas. Je veux être assez important pour lui, voilà tout. C’est peut-être pas très glorieux de la part d’un membre de la Vanité, encore plus de la part du prince. »

« Et pourquoi cela ? Où est-ce qu’il a été marqué que ça ne l’était pas ? Je ne vois rien qui force un félémon à agir comme le voudrait sa famille. »

« Ah ! Si c’était aussi simple que ça. Ça se voit que votre famille n’a jamais été au sommet de la hiérarchie des félémons pendant des siècles. C’est bien ma veine … vraiment. Enfin, non, je ne tenais pas à me moquer de toi, Klork. »

« Je le sais parfaitement même s’il faut avouer que c’est assez vexant quand tu te comportes de la sorte, n’est-ce pas ? » dit Klork, cherchant à le rassurer par ses propos.

« Je ne peux pas le cacher … Je suis vraiment désolé à ce sujet. Bref, tu sais à peu près pourquoi je n’apprécie pas la visite de mes cousins et cousines. Ils sont vraiment superficiels et veulent simplement obtenir ce titre de candidat ou candidate pour pouvoir briller au sein même de la famille de la Vanité. Même s’ils devaient mourir, rien que le fait qu’ils aient été choisi par mon père suffirait à ce que la branche soit raccrochée à celle principale. »

« Je vois … Je vois vraiment de quoi tu veux parler. Ce n’est pas vraiment une nouvelle plaisante, loin de là mais … cela ne te regarde pas directement. Si tu ne te concentres que sur ton propre objectif, tu n’auras alors guère à avoir peur de ce qui t’entoure. »

« Si vraiment … ah … Bref, viens plutôt. Tu me suis et ça ira mieux »

Il mentait complètement mais qu’importe, il n’était pas là pour être soutenu moralement par ce type hein ? Enfin … Du moins, pas de cette manière ou presque. Le jeune homme aux cheveux blonds invita Klork à l’accompagner pour lui montrer le reste de sa demeure.
Après bien une heure à visiter les couloirs, parfois les pièces, comme la bibliothèque, la salle de cours personnelle où Kosmor fit une salutation de la main à Klork, rapidement ramené à l’ordre par son professeur. Un petit sourire se dessina sur les lèvres de l’homme aux cheveux verts bien qu’il fût désolé pour l’enfant.

« N’oublie pas que tu dois rester concentré, d’accord ? Il ne faut pas que tu dérives de ce que tu fais, Kosmor. Bonne chance pour tes cours. »

« Merci beaucoup, monsieur Klork ! Et bonne chance avec grand frère ! Je sais que ce n’est pas vraiment facile et qu’en même temps, il … »

« Monsieur Kosmor ! Un peu de retenue pendant que vous êtes en classe, d’accord ? » dit une félémon avec ses cheveux noirs attachés en chignon. Malgré son air sévère, elle devait à peine avoir quelques années de plus que Zéran.

« Oui madameeeeeeeeeeee ! Je suis vraiment désolé ! »

« Cela sera mademoiselle pour vous, je vous rappelles que je ne suis pas encore mariée. N’essayez pas de me vieillir plus qu’il n’en faut. »

« Tu vois, dans ces moments-là, on ne dérange pas. C’est encore une connaissance de la famille. Le genre de cousine qui est de la famille mais qui n’a jamais cherché à obtenir les faveurs de la branche principale de la Vanité plus qu’il n’en faut. C’est bien pour cela qu’elle est d’ailleurs acceptée ici. Car nous savons parfaitement qu’elle ne recherche pas la puissance, loin de là. Enfin bref, on a bientôt terminé, suis-moi. » dit-il tout en fermant la porte derrière eux, ayant déjà repris la marche pendant qu’il parlait à Klork.

Quelques minutes après, ils étaient à nouveau dans la zone d’entraînement, non loin des armes déposées au sol quelques heures plus tôt. Nul n’avait osé les récupérer. Néanmoins, elles étaient toutes rangées dans leur sac, bien sagement, comme si quelqu’un s’était s’occuper de ça discrètement, sans vouloir prévenir les autres.

« Hum … Pfiou … avec tout ça, je ne suis même plus motivé à combattre pour l’entraînement. Désolé Klork, tu dois avoir l’impression d’être venu pour rien. »

« Ce n’est pas bien grave. La marche est une forme d’entraînement comme une autre. On ne dirait pas mais le fait d’avoir marché autant, sans même réellement se reposer, cela est assez épuisant, vous ne croyez pas ? »

« Il est vrai que j’ai mal aux jambes mais de là à dire que c’est à cause de la marche … et toi ? Est-ce que tu as mal ou non ? » demanda t-il à Klork, celui-ci souriant :

« Pas le moins du monde, je suis désolé pour vous. Mais je comprend pour l’arrêt. »

« Tant mieux alors car je ne voulais pas avoir une longue discussion des plus ennuyeuses à ce sujet, entre nous. Bon … Qu’est-ce que l’on va faire alors pour changer ? »

« Est-ce que … vous voudriez aller voir comment cela se passe avec vos cousins ? »

Le regard noir que lui lança Zéran fit s’immobiliser Klork. Bon … C’était une mauvaise idée, vraiment une très mauvaise idée. Il ne pensait pas que cela dérangerait autant le jeune homme, surtout après leur petite discussion mais visiblement, il s’était trompé lourdement. Il toussota un peu, finissant par reprendre d’une voix lente :

« Euh … Est-ce que vous voudriez que l’on discute d’autre chose ? »

« Pourquoi on ne parlerait pas un peu de TA famille plutôt hum ? Qu’est-ce que tu en dis ? Tu es prêt à en dire plus sur ta branche et autres ? »

« Euh … Hum … Bien entendu, pourquoi pas ? Je n’ai rien à cacher de ce côté, loin de là. Je suis plutôt heureux et satisfait de ma famille mais oui. Je veux bien. Cela vous permettra d’en savoir plus à mon sujet. » vint répondre Klork, hochant la tête positivement à la question de Zéran qui émit un grognement. Ce dernier aurait préféré visiblement que Klork soit embêté et gêné par cette demande incongrue venant de lui.

« Bon, en fait, je ne suis pas sûr d’être vraiment intéressé dans le fond. En quoi est-ce que ça me concerne réellement, est-ce que tu peux me le dire ? »

« Cela ne vous regarde pas mais comme vous vouliez en savoir plus, j’étais prêt à vous en dire plus. Mais sachez que ça n’a rien de si exceptionnel et que vous ne devriez pas être si surpris que ma vie ne soit pas aussi intéressante que la vôtre. »

« Ah … Si tu peux surtout arrêter de te rabaisser déjà, je pense que ça serait pas mal pour toi et moi, tu ne crois pas ? Allez, suis-moi plutôt. J’arrive pas à croire qu’un homme de la Rage se comporte comme une jouvencelle à son premier rendez-vous. »

« Oh ? Vous avez de l’expérience dans ce domaine, Zéran de la Vanité ? Il est vrai que vous êtes plutôt élégant comme homme. Je suis sûr que vous devez trouver facilement chaussure à votre pied, me tromperai-je ? »

« Je vais juste te dire une chose : pendant les jours où tu es venu depuis que tu es arrivé, est-ce que tu m’as vu converser avec une félémone ? Après que tu y aies réfléchit, tu auras ta réponse à ce que tu viens de dire. » marmonna le jeune homme aux cheveux blonds, un peu agacé par tout ça bien qu’il cherchait à ne pas trop le montrer .

« Je ne crois pas mais peut-être que lorsque je ne suis pas là, je ne vais pas vous juger là-dessus. Vous êtes libre de faire votre vie et … »

« La réponse est non : je n’ai pas de temps à perdre avec ça. Ma priorité concerne principalement notre future expédition et rien d’autre. »

« Oh … Mais vous savez, restreindre ses sentiments, ce n’est pas forcément une bonne chose. Il faut parfois s’ouvrir aux autres pour permettre de se découvrir. »

« Tu es un combattant, Klork, pas un philosophe. Ce genre de propos qui sort de ta bouche, il est vraiment difficile d’y croire et … »

« Que je sois de la famille de la Rage ne veut pas insinuer que je ne sais pas me débrouiller dans d’autres domaines ou que je suis un idiot, Zéran de la Vanité. » coupa sèchement et subitement Klork avant de s’éloigner du jeune homme.

« Qu’est-ce qui te prends, Klork ? Tu t’en vas ? J’ai dit quelque chose qui t’a fâché ? »

« Visiblement, vous avez encore beaucoup à apprendre sur la psychologie des autres, Zéran de la Vanité. Je vais récupérer mes armes et m’en aller. »

« Hey hey hey … Qu’est-ce que ça veut dire ? Tu m’en veux car j’ai dit que tu n’avais pas l’allure de quelqu’un qui pourrait faire de belles phrases ? Je suis désolé de pas être désolé mais à côté, tu dois reconnaître que ton apparence ne … »

« Qu’est-ce que vous en savez exactement de mon apparence hein ? » coupa une nouvelle fois Klork en fixant Zéran de son unique œil valide. Le jeune homme aux cheveux blonds fit un pas en arrière. Il était vraiment en colère, non ?

« Euh … Justement, je n’en sais rien ? Mais je vois pas pourquoi tu t’excites et tu t’énerves autant, c’est juste une remarque anodine. Ce n’était pas insultant. »

« Et bien dorénavant, vous allez apprendre à mesurer vos paroles. Que vous soyez Zéran de la Vanité ne vous permet pas d’insulter autrui comme si de rien n’était. »

« Mais mais mais … T’es une sacrée tête de mule en fait ? J’imaginais clairement pas que tu serais en train de bouder quoi ! Puisque tu le prends comme ça, tu n’auras qu’à pas venir demain puis les autres jours, comme ça, c’est réglé ! »

« Tant mieux alors car je ne comptais pas revenir. » rétorqua Klork, ayant finit de récupérer ses affaires avant de s’éloigner. Pfiou … Il avait l’impression d’avoir affaire à un gamin mal-luné mais en même temps, lui-même n’était pas franchement mieux pour avoir répliqué ainsi. Mais … qu’est-ce qui lui avait pris à ce type de se comporter comme ça ?

Bon maintenant que Klork était plus là, ça devenait drôlement vide et calme. Il pensait retourner dans sa chambre mais voilà que trois servantes lui bloquèrent le passage, furieuses et en colère, s’exclamant :

« Zéran ! On peut savoir que tu as fait à l’instant ?! »

« Et vous, est-ce que je peux vous rappeler à qui vous vous adressez ? Je suis de mauvaise humeur alors, il est clairement pas le moment de venir me chercher ! »

« T’as pas l’air d’avoir compris que Klork fait plusieurs kilomètres pour venir te voir depuis des jours ! Il est seul dans une auberge de la ville alors que le reste de sa famille est rentrée depuis des semaines chez elle ! La seule raison pour laquelle il reste, c’est juste pour venir t’entraîner ! Et je n’ai pas besoin de signaler où on se trouve, non ? »

RAAAAAAAAH ! MAIS ELLES ALLAIENT LA FERMER ?! Le jeune homme serra les poings, observant les servantes. Qu’elles soient des employés de maison mais surtout des cousines lointaines qui se permettaient de lui faire la leçon, il détestait ça ! Mais surtout, qu’elles lui expliquaient clairement les efforts commis par Klork pour lui, il enrageait encore plus ! Qu’est-ce que Klork avait besoin de faire tout ça ?!

« HEY TOI ! Arrêtes-toi maintenant si tu ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose de mal ! »

« Zéran de la Vanité ? Nous nous sommes pourtant tout dit, n’est-ce pas ? »

Heureusement pour lui, contrairement à ce qu’il pensait, Klork n’était pas parti si loin. Bon, c’est vrai qu’il y avait un peu de distance entre la ville et le domaine où il habitait avec sa famille mais bon … Il avait presque l’impression que Klork avait été exprès assez lent pour qu’il puisse le rattraper. Se plaçant en face de lui, il finit par dire en reprenant son souffle :

« Je ne sais pas ce qu’il y a eut réellement. Je ne suis pas sûr de bien comprendre ou saisir exactement tout ce qui se passe. Néanmoins, si c’est de ma faute, je tiens à m’excuser. J’ai pas envie du tout que les servantes m’en veulent pendant des générations mais surtout que l’entraînement s’arrête maintenant. T’es vraiment un imbécile de première catégorie pour faire tout ça pour une famille qui n’est pas la tienne mais qu’importe. Ce que tu as accomplis, je ne l’oublierai pas. C’est pourquoi je te demandes de bien réfléchir avant de t’en aller. Il me reste encore une semaine avant que le choix final de mon père soit fait. J’avoue que je préférerai que tu sois là avec moi et mon petit frère lorsqu’il donnera le nom. Si ce n’est pas le mien, tu pourras partir comme tu le sens. Si c’est le mien, tant mieux et tu auras mes félicitations. Qu’est-ce que tu en dis ? »

« Tu as … vraiment une drôle de façon de t’excuser, Zéran. »

« Mes excuses les plus sincères. Je ne voulais pas t’offenser et ça ne sera jamais mon but. Je ne peux te promettre que cette vérité à mon encontre. »

« Hmm … D’accord, Zéran. Si c’est vrai, une poignée de main suffira non ? » dit Klork en tendant la sienne, Zéran l’observant quelques instants. Bah, ça ne pouvait rien être de mal non ? Il prit la poignée de main, se faisant tirer contre Klork qui vint frotter sa chevelure blonde avec amusement en le gardant contre son armure rouge.

« Je te rappelles que tu es en train de m’appeler encore et encore … Zéran. Et tu sembles aussi me tutoyer, tu t’es enfin habitué à ça ? »

« Pas le moins du monde, entre nous. Mais bon, c’est ainsi et pas autrement. Donc … Est-ce que … Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Klork, remarquant le geste familier qu’il faisait.

« J’ai entendu dire que tu avais une chambre à une auberge de la ville. J’imagine que les servantes vont être contentes d’apprendre qu’elles vont pouvoir préparer la chambre d’invité. Et hors de question de refuser, ma façon à moi de m’excuser. »

Oh. Il le relâcha comme si de rien n’était, hochant la tête positivement. Il n’était que … moyennement d’accord avec ça, pour une étrange raison. Mais voilà, pour la dernière semaine, Zéran ne savait pas pourquoi mais il sentait que l’entraînement allait être plus qu’horrible. Du genre, il allait devoir se lever à des heures pas possibles le matin.

Chapitre 7 : Garder ses convictions

Chapitre 7 : Garder ses convictions

« OUCH ! J’ai des marques, je crois … Ça fait plus mal que prévu ! »

« Oh ? Vraiment, Zéran de la Vanité ? Est-ce que je peux voir ça ? » demanda l’homme en armure rouge, regardant celui qui était tombé au sol dans l’herbe. Sur ses fesses, Zéran finit par lâcher son arme, relevant son bras pour montrer de nombreux bleus.

« J’ai l’impression que tu donnes des coups encore plus violents que d’habitude. Est-ce que je me trompes ou alors, c’est bien le cas ? »

« Je ne peux pas répondre à cette question de façon honnête. » répondit doucement Klork en détournant la tête, reprenant presqu’aussitôt : « Disons que j’estime que vos progrès sont assez importants et fulgurants pour que je doive m’y mettre plus sérieusement. »

« AH ! En clair, tu frappes plus fort qu’auparavant ! Je me disais bien que ce n’était pas le cas y a quelques jours ! J’en étais sûr et certain ! Je le savais ! » s’écria le jeune homme.

« Pris la main dans le sac … ou plutôt, la main sur la garde de mon arme. Je suis désolé, Zéran de la Vanité. Cela a pour unique but d’améliorer les capacités de votre corps à réceptionner me attaques mais aussi les parer ou les esquiver. »

« Ce n’est pas grave, monsieur Klork ! Mon grand frère, il aime bien prendre beaucoup de coups s’il sait qu’il est fautif ! Faut que vous continuez ! »

« Kosmor … Tu n’as pas cours par hasard ? » demanda le jeune homme aux cheveux blonds, se tournant vers son petit frère, assis tout simplement sur un banc comme si de rien n’était. Celui-ci lui tira la langue. Depuis qu’il avait dit cela à Klork, il y a bientôt une semaine, son petit frère lui en voulait terriblement alors que Klork était déjà passé à autre chose.

« J’espère que vous allez en cours, jeune Kosmor, comme vous me l’avez promis, n’est-ce pas ? Si c’est le cas et que vous n’avez rien, vous pouvez regarder votre grand frère. »

« Promis, monsieur Klork ! Je n’ai pas de cours là pour toute une heure ! Je peux vous regarder alors, dites dites ? Ça ne vous dérange pas ? »

« Pas le moins du monde mon côté. Bon … Zéran de la Vanité, vous avez donc des bleus un peu partout, c’est bien ça, n’est-ce pas ? »

C’était pourtant facile à voir non ? Zéran ne répondit pas, relevant son pantalon en toile pour montrer ses cuisses aux nombreuses marques causées par l’arme de Klork. C’était même d’ailleurs affreux. Encore que lui-même se battait avec des armes réelles, Klork ne faisait qu’utiliser des armes en bois de son côté.

« J’ai l’impression que je ne serais jamais à ton niveau, Klork. »

« Vous ne pouvez pas atteindre mon expérience en deux semaines, messire Zéran de la Vanité. Si cela était aussi simple, je crois que je serais plus qu’envieux de votre capacité d’évolution qui dépasserait tout ce qui est possible de connaître dans le monde des félémons. Ne soyez pas pressés, tout arrivera à qui sait attendre, j’en suis sûr et certain. »

Pour autant, le jeune homme aux cheveux blonds poussa un léger soupir. Si vraiment c’était aussi simple que de patienter pour obtenir une telle chose, il l’aurait fait depuis longtemps mais là, vraiment, non, ça ne lui convenait qu’à moitié.

« Bon, je vais sûrement me débrouiller comme d’habitude ! »

« Est-ce que vous semblez désolé par mes paroles ? SI tel est le cas, je tiens à m’en excuser. »

« Je ne le suis pas, pas du tout, simplement, je … Hum ? »

Il s’arrêta dans ses paroles, finissant par voir quelqu’un à qui il ne s’attendait pas. Son père était là, dans le couloir en face de la zone d’entraînement. Et il était en train de le regarder comme si de rien n’était. Pendant quelques secondes, il avait l’impression que le temps venait de s’arrêter complètement, sans même qu’il ne puisse faire quelque chose contre ça .

« Père … Qu’est-ce qu’il fait ici ? »

« Hein ? Père est là depuis déjà au moine une quinzaine de minutes, grand frère. C’est étrange que tu ne l’aies vu que maintenant ! Tu veux que je lui dises de venir ? »

« Non non ! C’est bon ! Je ne veux surtout pas qu’il vienne ! » s’exclama Zéran avant de se redresser. Il n’avait pas envie que son père lui dise encore à quel point il était déçu et autre. Il n’avait pas envie de repenser à ça. Il savait qu’il n’avait aucune chance d’être choisir comme candidat et là, il essayait tout simplement d’oublier tout ça.

« Comme tu veux … Mais je sais pas pourquoi tu t’inquiètes autant, grand frère. »

« C’est tout … Je n’ai juste pas envie qu’il vienne, rien de plus. Klork ? On reprend ? » souffla Zéran avant de récupérer ses deux cimeterres dans l’herbe, se mettant en position de défense.

« Je ne sais pas si c’est conseillé dans l’état émotionnel dans lequel vous êtes. Est-ce que vous êtes certain de ne pas vouloir attendre quelques minutes ? »

« Je n’ai pas besoin de ça. Je suis parfaitement capable de combattre maintenant ! »

Et voilà qu’il se jetait sur le jeune homme borgne, n’hésitant pas à en faire beaucoup trop. Parfois, il jetait un bref regard sur son père mais comprit très vite que celui-ci était finalement parti, comme si de rien n’était. Un coup sec de la garde de l’arme en bois de Klork vint le frapper sur le sommet du crâne, l’assommant à moitié.

« Vous êtes complètement déconcentré, messire Zéran de la Vanité. »

« Aaaaaah … Mon crâne ! Ça me fait super mal ! C’est horrible! Qu’est-ce qui t’a prit de frapper aussi fort, Klork ? Tu es fou ou quoi ?! »

« Pas plus que les autre fois mais vous n’étiez pas correctement positionné en défense et vos attaques étaient irréfléchies. Cela fut très facile de vous épuiser et de profiter d’un moment de faiblesse pour vous frapper. Nous allons nous reposer pour quelques minutes, le temps d’évacuer les pensées négatives que vous avez accumulées. »

Des pensées négatives ? Est-ce qu’il avait compris qu’il pensait à son père ? En voyant le regard doré de Klork posé sur lui, la question ne se posait plus vraiment. Un peu décontenancé et désabusé qu’il était si facile de lire en lui, il finit par hocher la tête.

« D’accord mais pas plus d’une quinzaine de minutes et pendant ce temps, on va parler. »

« Bien entendu, il n’en serait autrement mais de quoi voulez-vous parler, messire Zéran de la Vanité ? » lui demanda Klork alors que Kosmor venait se rapprocher d’eux. Et les cours ? Zéran le regarda mais son petit frère continua de lui tirer la langue.

« Je ne sais pas vraiment, je n’ai jamais été doué pour faire la conversation avec autrui. Peut-être que tu pourrais m’expliquer qui sont les membres de ta famille ? A part qu’il s’agit de celle de la Rage. Est-ce que tu fais partie de celle principale ? »

« Nullement … Je suis l’une des branches proches de la famille de la Rage mais je n’en fait pas directement parti. De toute façon, ce n’est pas possible avec la faible puissance que je possède de mon côté, malheureusement. »

« Faible ne serait pas vraiment le terme que j’utiliserai, je dois avouer. Du moins, pour te définir. Tu insinuerais que les autres sont encore plus forts que toi ? »

« Je … Je ne sais pas, je dois avouer. Ma famille est loin d’être la plus remarquable parmi les branches qui entourent celles de la Rage mais en même temps … »

« Attends un peu. Ca revient à dire que même si tu ne fais pas partie de la famille principale de la Rage, tu es quand même assez doué et fort pour avoir été choisi au lieu d’un membre de la famille principale ! Je sais pas pour toi mais moi, ça m’épate et dans le bon sens ! »

« A ce point ? Est-ce que vous ne vous moquez pas de moi par hasard ? Du moins, même pas un petit peu, messire Zéran de la Vanité ? » le questionna Klork alors que le jeune homme aux yeux rubis hochait négativement la tête.

C’était … juste remarquable même s’il ne pouvait pas le lui dire directement ou alors, c’était peut-être déjà trop tard pour ça ? Et puis bon, ça voulait dire une chose déplaisante, qu’il n’avait pas envie d’avouer à Klork. Celui-ci le regarda longuement mais Zéran avait décidé de se taire, ne prenant plus la parole pendant les quelques minutes de pause qu’ils avaient décidé de s’octroyer. C’était … vraiment déplaisant.
Cela voulait dire qu’un membre non-direct d’une famille avait toutes ses chances pour pouvoir participer en son nom. Si bien entendu, il faisait ses preuves, même en mourant, il y avait de grosses chances que la branche reliée à ce candidat soit très vite reliée voire incorporée directement dans la famille principale.

Mais ce n’était pas ça le problème ! Le problème, c’est que ça voulait dire que si ça se passait dans les autres familles, cela pouvait aussi se passer dans dans la famille de la Vanité ! Sa famille ! La sienne ! Ça voulait dire que … lui aussi … Ça voulait dire qu’à l’heure actuelle, ses cousins et cousines étaient capables de prendre sa place.

« Si je suis tout juste incapable … Qu’est-ce que je vais faire exactement ? »

« De quoi est-ce que vous parlez, Zéran de la Vanité ? »

« Rien de bien spécial, simplement du fait que dans le fond, si tu as réussi, ça veut dire que mon père pourrait choisir aisément une autre personne que moi, donc pas de sa famille directement pour pouvoir prétendre à la candidature de la Vanité à la place de moi-même. »

« C’est exact mais vous n’êtes pas en train d’abandonner, j’espère ? »

« Bien sûr que non ! Enfin … Je ne sais pas. Est-ce que je vous donne vraiment l’impression de pouvoir devenir le candidat de la Vanité, Klork ? »

« J’en suis plus que sûr et certain à ce sujet. Croyez donc en ce que vous avez accompli depuis le début, je suis là et votre petit frère aussi ! Je suis certain que vous serez tout simplement parfaitement pour ce rôle, croyez en vous ! »

« Je voudrais bien … mais ce n’est vraiment pas très simple, entre nous. Je ne sais pas … J’ai pas l’impression de changer pour le mieux, Klork. »

« Est-ce que vous voulez donc que l’on arrête définitivement les entraînements, Zéran de la vanité ? Vous savez, si je fais cela, je ne pense pas remettre les pieds ici alors. Je n’aurai aucune raison pour cela et de toute façon, on ne me laissera plus rentrer. »

« Je n’ai pas dit ça, Klork ! Ne raconte donc pas n’importe quoi, s’il te plaît ! »

« Alors, continuez de vous battre jusqu’au bout. Jusqu’au dernier jour, jusqu’à la dernière heure, jusqu’à la dernière minute. Jusqu’à ce que votre père soit en face de vous et donne le nom du candidat de la Vanité. »

« Je vais essayer … Je ne promets rie du tout à ce sujet. »

« Ce n’es pas une question de promettre ou non mais de simplement se dire « Oui, je vais y arriver ! Oui, je vais le faire ! ». Tout est une question de psyché et rien d’autre. Vous en êtes capable et vous le savez aussi bien que moi. Néanmoins, dès l’instant où vous voyez votre père, vous perdez tous vos moyens. Devenez le candidat de la Vanité et acquérez votre indépendance par rapport à votre famille. »

L’indépendance par rapport à sa famille. Qu’est-ce qu’il … AH ! Oui, c’est vrai. S’il n’était pas choisi, il allait toujours rester dans les pattes de son père alors qu’en étant nominé, il allait partir à l’aventure avec Klork et les autres. C’est vrai … Il finit par hocher la tête positivement, faisant un petit sourire avant de dire :

« Je pense que le message est très bien passé, Klork. Je devrais te remercier encore, c’est bien ça ? Qu’est-ce que tu veux dans le fond ? »

« Que vous croyez autant en vous que moi je le crois. » dit le jeune homme aux cheveux verts sans sourire, les bras croisés à hauteur de son poitrail.

« Je ne sais pas si je vais y arriver … Mais je vais tenter ? C’est tout ce que je peux te dire, Klork. Je ne peux pas plus … et je vais tout faire pour y arriver. »

« Alors tant mieux ! C’est ce que je voulais entendre et rien d’autre de votre part, j’avoue que je suis très content de vous l’entendre dire, vraiment … »

Il lui en fallait peu pour être heureux mais il comprenait toujours pas pourquoi cela affectait autant cet homme qui n’avait aucune relation réelle avec la famille de la Vanité. Il était vrai qu’il savait que certaines familles étaient proches, très proches. Un peu comme celle de l’Avidité et de la Cupidité. Les deux familles étaient vraiment très proches généralement d’après ses souvenirs. Hum … Mais celle de la Rage ?

« Bon, j’imagine que ce n’est pas bien grave et que ça ne me concerne pas. »

« De quoi donc, Zéran de la Vanité ? Vous vous parlez seul maintenant ? »

« Non non ! Pas du tout ! Enfin, ce n’est pas aussi simple que ça, loin de là. Enfin, comment est-ce que je pourrais vous expliquer ça plus correctement … Hmmm … Entraînons-nous. »

Le jeune homme aux cheveux blonds tentait de s’exprimer mais autant dire qu’il n’était franchement pas très doué pour cela. Klork rigola un peu, le genre de petit rire cristallin qui, sans savoir pourquoi, surprenait Zéran car il ne le voyait pas agir de la sorte.

L’entraînement était encore et toujours là. Il passait les prochaines heures à tenter d’évacuer ce petit stress qu’il avait accumulé juste par la simple présence de son père dans les environs. C’était d’un ridicule de réagir de la sorte mais c’était instinctif et il savait que cela n’allait pas faciliter du tout son envie de devenir candidat.

« Qu’est-ce que tu en penses ? En deux semaines, tu as réussi à te faire un aperçu, non ? »

« C’est exact … Si vous voulez mon avis, j’estime que ses progrès sont conséquents mais je ne pense pas que cela soit uniquement à cause du style d’entraînement donné par cette personne issue de la famille de la Rage. » répondit la seconde voix à la première.

« Il est vrai qu’un tel changement radical ne peut pas provenir que d’une unique raison. Est-ce que tu aurais une seconde explication ou non ? »

« J’en ait aucune. Cela concerne tout simplement la personne qui a décidé de l’entraîner. Il y a de très fortes chances que cela influe sur le mental de votre fil, mon roi. »

« Nous sommes d’accord sur ce point. L’arrivée providentielle du candidat de la Rage dans notre demeure est perçue comme une bonne chose par tout notre entourage. »

« A ce point ? J’avais entendu des rumeurs comme quoi les servantes et les majordomes pensaient ainsi … mais les gardes aussi ? »

« C’est exact. Je n’ai pas demandé directement mais tendre l’oreille en feignant l’indifférence peut parfois être très utile suivant les situations. Je n’aurai qu’une simple question à ce sujet : Entre toi et lui, qui gagnerait ? » questionna le monarque félémon dans la salle du trône.

« Une question dont vous connaissez parfaitement la réponse, n’est-ce pas ? La question ne devrait pas se poser : Moi, bien entendu. »

« C’est ce que je voulais entendre de ta part. Et comment cela se passe t-il avec Kosmor ? »

« Il est bien plus doué que son grand frère dans tous les domaines, mon roi. D’ici quelques années, il fera un combattant d’élite parfait. Je ne maîtrise pas aussi bien que vous la magie mais je pense pouvoir lui apprendre de solides bases à ce sujet. »

« Alors n’hésites pas … Sinon, je me chargerais moi-même de son éducation. »

« N’avez vous pas peur qu’un jour, il … Enfin, vous voyez de ce que je veux parler, n’est-ce pas ? » dit un homme en face du monarque, un genou au sol. Son visage était d’ailleurs tourné vers ce dernier, n’osant nullement regarder le roi du royaume des félémons.

« Même si cela devait arriver, il ne sera pas possible d’arrêter l’inexorable. »

« Bien entendu mais il s’avère que cela était étonnant de votre part d’avoir deux enfants. »

« Ne parles donc pas de choses inutiles. Tu sais aussi bien que moi les raisons qui m’ont toujours poussé à agir de la sorte sauf dans ce cas précis. Mais il s’avère que peut-être que je me suis trompé sur le premier de mes enfants. Il devient enfin mûr après tout ce temps. »

Sans un mot, l’homme avait finit par se relever, s’inclinant poliment devant le monarque du royaume des félémons avant de signaler qu’il allait partir dès maintenant. Le roi fit un petit mouvement de la main pour lui dire qu’il pouvait se retirer, restant seul dans la salle du trône. Oui, à cet instant précis, il n’y avait eut aucun garde pour les entendre.

« Bon, Klork, tu viens manger en même temps que moi et mon petit frère. »

« Est-ce que vous êtes sûr que c’est vraiment très raisonnable ? »

« Ca ne l’est pas le moins du monde mais depuis quelques temps, mon père ne mange plus avec nous. Il est dit qu’il a des choses bien plus importantes à faire que ça. »

« Oh ? C’est vrai ? Et j’imagine que vous en avez aucune idée de quoi il pourrait s’agir exactement, n’est-ce pas ? » interrogea le félémon borgne.

« Pas le moins du monde et ça ne m’intéresse pas aussi, il faut dire. Bon, est-ce que tu acceptes ou pas ? Tu peux toujours refuser. »

« Est-ce qu’il est possible simplement de pouvoir me passer un peu d’eau sur le corps ? Je suis en sueur et cela est horrible de … »

« Pas de problèmes, je vais appeler les servantes. Direction le bain de ton côté. Pour ma part, je vais déjà prévenir les cuisiniers de rajouter un couvert. »

« Euh … Un bain ? Euh … Il n’y a pas besoin et … »

A peine avait-il eut le temps de prendre la parole que déjà quatre servantes tiraient l’imposant homme en armure rouge. En voilà un visage encore pleinement confus. Rien à redire, cela l’amusait grandement une telle réaction chez Klork.

Lorsqu’il revint, la première chose qu’il constata, c’était les nombreux murmures entre les servantes. Elles se regardaient entre elles puis Klork tout en rigolant. Lorsqu’il s’installa à table avec Zéran et son frère, il avait une mauvaise mine.

« Et bien ? Le fait d’être propre te dérange tant que ça, Klork ? »

« Ce n’est pas du tout cela, Zéran de la Vanité … Ah … Non, pas du tout. »

Il était visiblement exténué, comme si cette épreuve l’avait fatigué plus que nécessaire. Bien destiné à l’embêter encore un peu plus pendant que le repas était servi, Zéran lui dit :

« D’après les oeillades de mes servantes, il semblerait que tu te sois fait de nouvelles jouvencelle intéressées par ton corps athlétique. »

« Je ne pense pas que ça soit cela, loin de là, Zéran. Non … Pas du tout. » soupira une nouvelle fois l’homme aux cheveux verts. D’après les rires des servantes, il n’était pas du tout d’accord avec l’affirmation de Klork mais bon…

« Je ne vais pas t’embêter plus que ça sur ce point qui semble vraiment t’intimider. Et puis si je continue, mon petit frère risque de continuer à m’en vouloir. »

Pour toute réponse de la part de ce dernier, celui-ci commença à tirer la langue … avant de s’arrêter. Non, pas ce soir ! Pas pendant l’heure du repas. Surtout qu’il y avait les majordomes, les servantes et autres. Il devait bien se tenir devant eux, voyons donc !

« Elles ont l’air vraiment bavardes ce soir. Qu’est-ce qu’elles ont à me regarder maintenant ? »

Au début, il trouvait cela amusant mais maintenant, c’était vraiment déplaisant. Qu’est-ce qu’il prenait aux servantes de le regarder après Klork ? C’était comme s’il y avait quelque chose à comparer chez eux. Il était vrai que ces femmes … AH ! C’était pour lui, les rires !

« Du balai ! Je veux être tranquilles avec Klork et Kosmor ! ZOU ! »

Il venait de crier à l’attention des servantes, celles-ci quittant la pièce sans pour autant se départir de leurs rires. Il ne savait pas pourquoi mais actuellement, il ne se trouvait vraiment pas très flatté … et cela sans aucune explication raisonnable.

« Pourquoi êtes-vous en colère, Zéran de la Vanité ? Si c’est à cause … »

« Non, tu n’es pas responsable du comportement indécent de mes servantes. »

« Je pense vraiment que vous vous fourvoyer sur leurs comptes. J’ai sûrement l’explication à leur comportement mais je ne peux vous la donner. »

« Pas devant Kosmor, j’aimerai, oui.. » marmonna le jeune homme aux cheveux blonds, comme blessé dans son amour-propre. Pourtant, Klork soupira, se disant que Zéran se trompait lourdement sur tout ça. Néanmoins, s’il se trompait, c’était tant mieux en un sens. Cela serait beaucoup pour eux deux. Pour l’heure, il allait plutôt profiter du repas que lui offrait le prince issu de la famille de la Vanité.

Chapitre 6 : Sur les rotules

Chapitre 6 : Sur les rotules

« Bon sang … Je n’ai jamais autant apprécié l’herbe qu’aujourd’hui. »

Il était allongé, face contre la verdure alors qu’il respirait bruyamment. Une semaine. Ça ne faisait qu’une semaine mais tout son corps endolori lui hurlait d’arrêter ce supplice. Pour autant, le jeune homme aux cheveux blonds chercha à se relever mais tout son corps décida de le désobéir, le faisant s’écrouler, face contre l’herbe.

« Je ne peux plus bouger du tout, Klork. On peut arrêter là pour aujourd’hui ? »

« Cela ne fait que quatre heures sans aucune interruption, Zéran de la Vanité. Néanmoins, je sais ce qu’il vous faut et … »

« Non … Non .. ET NON ! HORS DE QUESARGGGGGGL ! »

Un hurlement strident mais pourtant, aucun garde ou serviteur ne vint s’enquérir de ce qui se passait. Au tout début, cela avait même rameuté une dizaine de personnes mais aujourd’hui, plus personne ne s’en inquiétait. La raison ? Tout simplement que les puissantes mains de Klork étaient en train de masser tout l’être qui était allongé au sol, appuyant en de nombreux endroits comme pour viser ses points vitaux.

« Voilà … Ça devrait aller mieux d’ici quelques minutes. Nous pourrons reprendre. »

« Je ne te dis pas merci. Je te le ferais payer au centuple, je te préviens. »

« Vous commencez à accumuler une certaine dette envers moi, non ? »

En plus, il se permettait de faire de l’humour. RAAAAAAAAH ! Il se foutait de sa gueule en plus ! Il allait le lui faire regretter ! Mais pas maintenant, tout son corps semblait maintenant se reposer. Et lui aussi. Ah … Une unique semaine où il s’était concentré uniquement sur cet entraînement. Il avait complètement occulté le reste. Le plus surprenant restait le fait que son père ne venait pas le voir … et que lui-même, ne ressentait pas ce besoin maladif de se présenter devant le monarque du royaume.

« Grand frère, tu manges encore de l’herbe ? Ce sont les vaches qui font ça. »

« Kosmor … Si j’arrive à relever la main, je te promets à toi aussi que tu vas le regretter. »

« Ah bon ? Mais pour ça, il faut que tu y arrives, grand frère. Monsieur Klork, vous n’êtes pas trop méchant avec lui hein ? Ne lui faites pas trop mal. »

« Je serais aussi doux qu’un agneau et … »

« Il veut plutôt dire aussi doux qu’un ours dans un costume d’agneau. Une telle force, ce n’est pas possible. » s’égosilla le jeune homme aux cheveux blonds, cherchant à se redresser, finissant à quatre pattes, visage tourné vers le sol. Il vint recevoir un jet d’eau sur le crâne, son petit frère lui disant de ne pas trop en faire quand même malgré tout. Pour toute réponse, Zéran poussa un grognement de mécontentement mais comprenait qu’il était inquiet, ce qui n’était pas illogique en soi. C’était même plus que normal.

Ah … Ah … Ah … Pfiou. Bon, cela faisait cinq minutes mais il était maintenant debout, droit et fier … et avec les jambes qui tremblaient de partout. Il tenait fermement ou du moins, essayait de tenir dans ses mains deux cimeterres de belle facture. Enfin, des « résidus » selon la qualité de Klork. Et oui, il combattait à arme réelle.

« Je suis prêt, on peut recommencer dès maintenant ! »

« Tant mieux alors … Je ne vais pas m’arrêter jusqu’à ce que vous ne puissiez plus parler maintenant, Zéran. Attention à vous, j’arrive tout de suite. »

Arriver tout de suite ? Comment ça ? Il eut la réponse lorsque l’homme à l’oeil doré était déjà à sa hauteur. VITE ! Il para le coup avec ses deux cimeterres, prenant appui sur ses pieds. AAAAAAAAAAAAH ! Mais qu’est-ce que ça faisait mal ! Tout son corps avait déjà recommencé à lui dire d’arrêter mais il ne se sentait pas le courage de l’écouter.

« Sans effort, aucun réconfort, non ? Je crois que c’est comme ça … qu’on dit. »

« Attention à ne pas trop parler, Zéran de la Vanité. Si vous parlez trop, vous allez perdre votre souffle et votre concentration. »

« De la part de quelqu’un qui me fait la leçon sans même que cela ne le dérange, je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. Bon … Je me tais alors ! »

C’était le mieux qu’il puisse faire dans cette situation. Coup sur coup, il tentait de les rendre mais on sentait les années d’expérience de Klork alors que lui-même débutait avec les cimeterres. Pour autant, il ne s’était jamais senti aussi fort que maintenant. Il avait l’impression qu’il avait tout loupé depuis le début.

« A me demander pourquoi mon maître n’a pas comprit plus tôt … »

Mais ce n’était pas le moment de se poser des questions inutiles de la sorte. Il fallait se concentrer et uniquement faire ça Le reste pouvait bien attendre. Il prit une profonde respiration, ayant réussi à faire quelques pas en arrière pour éviter les attaques de Klork. S’il y en avait un qui était vraiment émerveillé, c’était Kosmor.

« Waouuuuh ! Grand frère, tu te bats vraiment bien ! Puis aussi monsieur Klork ! »

« Je ne savais pas que votre petit frère était aussi fervent sur ce point. »

« Je te l’ai pourtant déjà dit, non ? Tu ne m’écoutes qu’à moitié ou presque lorsque je t’adresse la parole, j’ai l’impression. Il m’a même déjà demandé si je pouvais te questionner pour savoir si tu voulais aussi l’entraîner un jour. »

« Je me concentre sur vous actuellement mais peut-être qu’en revenant de l’expédition, je pourrais prendre une partie de mon temps pour lui apprendre les rudiments du combat. »

« Hmm .. .Tu n’aurais pas oublié que généralement, il ne reste qu’une seule personne à la fin de chaque expédition ? A partir de là, je verrais difficilement comment tu pourras lui apprendre le combat si tu es mort … vu que je compte gagner. »

« Chaque ancienne expédition s’est terminée comme vous le dites. C’est à nous alors de briser ce cycle ou chacun décède pour ne laisser plus qu’un seul candidat. »

Humpf ! Il n’avait même pas senti la petite pique qu’il lui avait lancée. Rah, ce n’était même pas drôle dans le fond s’il ne réagissait pas aux petites provocations qu’il lui faisait ! Ah … Enfin bon, puisqu’il en était ainsi, il n’allait pas s’en plaindre non plus hein ? En une semaine, il avait fini par saisir le mode de pensée de Klork.
Naïf était le bon terme pour le définir. Il ne semblait pas très futé et malin mais faisait preuve d’une certaine concentration dans ce qu’il désirait accomplir. Simplement, ses objectifs, c’était à se demander s’il voulait vraiment devenir le seigneur des félémons. S’il n’envisageait pas de les trahir un jour ou l’autre, tout cela allait se retourner contre lui un moment.

« Déconcentration … et perte du combat et de la vie. »

Hein ? Il eut juste le temps de comprendre ce qu’il voulait dire par là lorsqu’il sentit un poing s’enfoncer dans son ventre, le faisant cracher et baver. Relâchant ses armes, il s’écroula à genoux au sol, ne comprenant pas ce qui se passait sauf que l’herbe était définitivement trop proche. Qu’est-ce que … euh …

« J’ai du mal … à respirer … » lâcha t-il avec un filet de salive

« Zéran de la Vanité, vous devez vraiment faire attention à vous. Ne pensez à rien d’autre qu’au combat même pendant un entraînement. C’est pourtant la base de tout, non ? »

« Je … le sais bien mais en même temps, je ne m’y attendais pas du tout, ah … ah … Je … »

« C’est bien parce que vous ne vous y attendiez pas que j’ai décidé d’agir de la sorte. J’en suis vraiment désolé mais il vous faut apprendre cette leçon et le plus tôt possible. »

Bien entendu. Ah … ah … Non … Ça voulait presque sortir. Voilà qu’il plaça une main devant sa bouche, comme pour s’empêcher de vomir. Il devait se retenir et bien vite avant que ça ne dégénère et que ça ne finisse par être le cas.

« Messire Zéran ? Vous … Attendez ? Est-ce que j’ai frappé trop fort ? »

Voilà qu’une voix inquiète venait se faire entendre à ses oreilles. Un bref instant, il croyait que c’était celle d’une servante mais seul Klork était accroupi à ses côtés, posant une main gantée de métal sur son visage, le relevant.

« Je tiens à m’excuser. Je ne pensais pas … que j’y avais mis trop de force. Je suis vraiment désolé, pardonnez-moi. Ce n’était vraiment pas ce que je désirais. »

« Ne … t’en fait pas, Klork. C’est juste que si je dois apprendre cette manière pour que cela rentre en moi, disons que c’était pas cher payé … ah … On peut juste se reposer ? »

Tout ce qu’il désirait ! Il sentit son corps se faire soulever comme un vulgaire sac de patates. La honte … Il éprouvait une alors qu’il sentait les puissantes mains de Klork le déposer enfin sur un banc. Le regard perdu vers le ciel, il tenta de parler mais n’y arriva pas.

« Je vais chercher de quoi boire, vous en avez vraiment besoin. »

« Je t’ai … déjà dit … de me tutoyer, Klork. Je croyais … que c’était passé. »

« Pas après ce que je viens de commettre. J’ai quelques restrictions et je compte bien m’y tenir. Déjà que ma famille n’apprécie pas que … Non rien. »

Hum ? Hein ? Qu’est-ce qu’il venait d’entendre ? Il tenta de baisser son visage pour s’adresser à Klork mais celui-ci était déjà parti chercher de quoi boire. Kosmor n’était plus là non plus. Est-ce qu’il avait mal compris les propos de Klork ? Ce n’était pas possible. Est-ce que son imbécile de famille tentait de lui signaler qu’il ne pouvait pas le voir ? Lui ? Un membre de la famille de la Vanité ? Le prince des félémons ?

« Foutue famille. Qu’est-ce qu’elle peut y comprendre ?! »

Elle ne comprenait pas la chance qu’elle avait de pouvoir converser avec le prince des félémons et que leur candidat n’était pas jeté comme un malpropre en venant ici. Foutue famille … ah … bon sang … Pourquoi est-ce qu’il supportait aussi aisément Klork ?

« Ce type ira me planter une lame dans le dos, j’en suis certain. »

Comme les autres candidats. Il ne voyait pas un autre cas de figure se présenter. Est-ce que Klork comprenait qu’il entraînait peut-être son futur assassin ? Oui … Enfin pour ça, il fallait que son père accepte de le nommer, ce qui n’était toujours pas fait pour le moment, loin de là.

« Je ne sais même pas ce qu’il pense de ce qui se passe ici. »

De toute façon, pour l’heure, depuis qu’il n’avait pas été au rendez-vous donné par son père lorsqu’il s’était battu contre Klork, le roi des félémons n’avait plus envoyé de nouvelle invitation à ce qu’il puisse le voir … et lui-même n’avait pas cherché cela.

« Je ne préfère pas me présenter devant lui, ça sera mieux … pour tous. »

Il avait encore honte de ce retard et de tout le reste. Le jeune homme aux cheveux blonds referma ses yeux rubis, ne cherchant pas à savoir où étaient Klork et Kosmor. Il avait tout simplement envie de se reposer. Et dire qu’il voyait son père que de rares fois, au repas.

… … … Pourquoi est-ce qu’en en ouvrant les yeux, il remarquait que le temps dans le ciel avait changé et s’était un peu obscurci ? Est-ce qu’il s’était endormi sur un banc ? Vraiment Il tenta de se mouvoir mais tout son corps lui en voulait grandement pour la torture orchestrée quelques heures auparavant. Il tourna son visage vers la droite, voyant son petit frère qui était assoupi, sa tête posée sur ses genoux. Est-ce qu’il avait veillé sur lui ?

« Le petit malin. Avec un visage aussi mignon lorsqu’il dort, j’imagine que les servantes ont préféré ne pas le réveiller malgré qu’il avait des cours et … »

Hein ? Voilà qu’il regarda maintenant vers la gauche. Klork ? Il était là lui aussi ? Il dormait aussi, les bras croisés, yeux fermés. Pourtant, il était impressionnant … même dans son sommeil. Il ne laissait aucune ouverture. C’était … vraiment … effrayant.

Effrayant ? Bien entendu ! Comment est-ce qu’il pouvait espérer le trahir et le tuer s’il ne lui permettait même pas une simple ouverture ? Oui, cette pensée froide et sinistre était encore présente dans sa tête alors qu’il approchait son index de la joue de Klork.

« Pouic … Pouic … Tu dors d’une étrange façon. »

« Hiiii ! Qu’est-ce que ?! » s’exclama subitement Klork, se mettant debout en regardant tout autour de lui comme pour voir où est-ce qu’il se trouvait. Zéran cligna des yeux : ce n’était … pas vraiment la réaction à laquelle il s’était attendu, il devait avouer.

« Tu dormais. Comme quoi, je n’étais pas le seul à avoir besoin de me reposer, on dirait bien mais … pourquoi tu ne m’as pas réveillé ? Je suis sec et puant à cause de la sueur. »

« Zéran ? Enfin … Zéran de la Vanité ? Moi-même et votre petit frère, nous avons préféré vous laisser ainsi car vous en aviez bien besoin. Je m’excuse de m’être endormi dans votre domaine, cela ne se reproduira plus. »

« Euh … Je ne vais pas commencer à t’harceler à cause de ça. Il ne faudrait pas trop pousser non plus hein ? Ce n’est pas bien dramatique non plus … Mais c’est juste étonnant, un peu comme le cri que tu as poussé. Et dire que je pensais que tu serais un adversaire vraiment coriace à battre. Te faire surprendre par un doigt … »

« Ce n’est pas très drôle de se moquer ! Je n’étais pas sur mes gardes et … Arrêtez ! »

Il était tout simplement en train de rire. Malgré la stature de l’homme aux cheveux verts, malgré sa cicatrice qui le rendait borgne et cet œil doré qui donnait l’impression de pouvoir vous transpercer avec aisance, il ne s’était tellement pas attendu à ça. Bon … C’était décidé ou presque : Il allait le tuer en dernier lorsqu’il faudra se battre pour la place de monarque après avoir récupéré le coeur du précédent roi. Par contre, où étaient ses cornes ?

« Vous avez fini ? Ce n’est pas très drôle … Vraiment… »

« Ca l’est et pas qu’un peu. Bon, au moins, je sais maintenant que personne n’est parfait lorsqu’il s’agit de combattre, n’est-ce pas, hein ? Comme quoi, me dire de me concentrer pendant le combat, il va falloir que certains appliquent cela aussi dans leur sommeil. »

« Mais mais mais … Arrêtes donc, Zéran ! Vraiment … »

Ah … L’air gêné de Klork valait le détour mais avec les paroles du membre de la Rage et ses propres rires, voilà que Kosmor se réveillait en se frottant les yeux, demandant ce qui se passait. Il s’apprêtait à tout lui raconter mais le regard colérique de Klork l’en empêcha. Ooooh ! Il pouvait donc faire ce genre de visage ?

« Rien de spécial, Kosmor. Dis-moi, petit brigand, tu n’avais pas quelques cours ? »

« Ben … C’est dommage pour eux, grand frère ! Il faudra les rattraper demain ou alors peut-être après-demain ou alors encore un autre jour ! » s’exclama l’enfant aux cheveux blancs avec un grand sourire faussement innocent. Est-ce que Klork allait tomber dans le piège ?

« Jeune Kosmor, n’abandonnez pas vos cours. Ils sont très importants pour votre futur. D’accord ? Un jour, vous en comprendrez le besoin. »

Sans même qu’il ne sache pourquoi, il remarqua que son petit frère venait d’être rouge aux joues, bredouillant quelques mots en baissant les yeux, murmurant un :

« Euh … d’accord, monsieur Klork … Je veux bien faire un petit effort. »

« J’en suis vraiment ravi. Vous verrez qu’un jour, cela vous sera très utile. »

« Mais seulement parce que vous le dites hein et pas autre chose ! Sinon, je ne croirais en rien d’autre, je tiens à vous le dire hein ? Je ne suis pas comme ça ! »

« On dirait presque une réplique miniature de vous-même, Zéran de la Vanité. »

« Heureusement vu qu’il s’agit de mon petit frère. » dit le jeune homme aux cheveux blonds en souriant un peu aux propos de Klork. Bien entendu … Hum ? Pourquoi est-ce que l’homme aux cheveux verts commença à le regarder puis Kosmor ? Ah … Il voyait ce qui le dérangeait un peu. Il reprit : « Pour Kosmor et moi, je … »

« Je n’ai pas posé de questions car je ne veux pas de réponse, Zéran. Ce n’est pas à moi que vous devez répondre. Des fois, ces phrases ne sont pas nécessaire. »

Peut-être. Il devait aisément comprendre pourquoi lui et son petit frère étaient visiblement très différents en terme de chevelure. Ce n’était pas le plus difficile à saisir mais parfois, certains ne comprenaient pas exactement pourquoi une telle chose était possible.

« Je pense que nous devrions arrêter maintenant l’entraînement, nous en avons déjà assez fait aujourd’hui, non ?  Sauf si vous voulez continuer encore … »

« Non, non, je pense que c’est largement suffisant pour ce soir, enfin à mes yeux. Kosmor, tu vas pouvoir aller retourner en cours … encore que vu l’heure approximative, j’imagine qu’ils sont tous terminés malheureusement, ah … »

« Hahaha ! Et oui, grand frère ! C’est vraiment bien dommage pour eux ! Euh … Monsieur Klork, vous venez manger avec nous aussi ou pas ? »

« Je ne peux pas, cela est peut-être beaucoup trop pour un simple félémon comme moi. Il ne faut pas oublier que je ne suis que le candidat de la Rage, rien d’autre. Je ne peux pas m’installer à la même table que les deux princes et le monarque du royaume. »

« Je ne crois pas que cela dérangerait mon père et mon petit frère. » déclara Zéran tout en haussant les épaules, l’oeil doré de Klork se posant sur lui :

« Mais je dois donc comprendre que cela vous causerait du tort, Zéran de la Vanité. »

« Je n’ai pas dit ça non plus … mais je ne voudrais pas que les autres pensent que nous soyons amis, toi et moi. Ils vont commencer à se poser beaucoup de questions à ce sujet. »

« C’est exact. Nous ne sommes pas amis, ni camarades. Je dois m’en aller. »

« Grand frèèèèèère. » dit Kosmor sur un ton indigné alors que les deux regardaient Klork qui s’éloignait seul à l’horizon, disparaissant dans un couloir comme si de rien n’était.

« Qu’est-ce qu’il y a, Kosmor ? Tu en fais une tête. On dirait que tu es en colère. »

« Ben oui que je le suis ! Pourquoi tu as dit des choses aussi méchantes à monsieur Klork ?! »

« Des choses aussi méchantes ? Qu’est-ce que j’ai prononcé ? Je n’ai rien dit d’insultant envers sa personne que je sache, non ? »

« Ce n’est pas ça ! Tu as dit que ce n’était pas ton ami ! C’est pas gentil de ta part ! Il vient tout le temps pour t’entraîner et tu dis que c’est pas ton ami ! »

« Car ce n’est pas le cas ? C’est juste un professeur temporaire, rien de plus, rien de moins. Tu sais, je devrais le tuer un jour, petit frère. C’est comme ça que ça se passe depuis le début. Ça ne changer pas tout simplement parce que tu l’espères hein ? »

Comme s’il venait de découvrir la vérité, son petit frère ouvrit la bouche sans qu’aucun son n’en sorte. Il aurait bien répliqué à Zéran mais sur le coup, il ne savait pas quoi dire alors sa bouche se ferma quelques secondes après, ses petits poings se serrant avec force.

« On va juste dire qu’il est un peu mieux considéré que les autres félémons, rien de plus. Un ami ne vous trahirait pas sans la moindre hésitation. »

« C’est vrai. Un ami ne ferait pas ça … et monsieur Klork non plus, Kéran ! »

« Ça, tu ne peux pas le savoir exactement, Kosmor. Tu n’es pas dans sa tête et peut-être qu’il aurait put très bien nous tuer pendant que nous dormions, toi et moi. »

« Et il ne l’a pas fait ! Ça veut dire que ce n’est pas ça qu’il veut faire, c’est tout ! T’es vraiment trop bête ! Ben, pour la peine, moi, je te boude et je vais faire mes devoirs ! »

Tiens ? Quoi ? Qu’est-ce qu’il a dit de si méchant ? Faudrait peut-être pas le faire passer pour un monstre alors que ce n’était pas du tout son but ! M’enfin, son frère qui le boudait, c’était peut-être une première. Du moins, pour une raison qui paraissait des plus sérieuses. Est-ce qu’il avait été assez mesquin envers Klork ?

« C’est vrai que Kosmor a l’air de bien l’aimer mais bon … des gens que Kosmor n’aiment pas, ça doit se compter sur les doigts d’une main et encore, peut-être celle d’un manchot. »

Ah … Par contre, avec tout ce qu’il avait fait aujourd’hui, il avait bien besoin d’une douche et du genre très forte et efficace. Il était vraiment en train de nager dans ses vêtements et il espérait que ça ne perdure pas trop. Par contre, en relevant ses manches, il constatait qu’étrangement, ses muscles ne lui faisaient plus trop mal sur le coup.

« Hahaha … J’espère juste que je finirais pas comme lui. »

Pas qu’il était vilain garçon ce Klork mais disons que sa carrure était plus effrayante qu’autre chose. Il était à peine plus grand que lui mais il semblait si … fort.