Archives de catégorie : Tome 2 : Ne plus penser à soi

Chapitre 10 : Le monde autour de lui

ShiroiRyu
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Chapitre 10 : Le monde autour de lui

« Douély … » murmura le jeune garçon alors qu’il était assis sur un banc. Devant lui se trouvait les soldats en train de s’entraîner. Il ne se reposait pas, il réfléchissait … Il réfléchissait à ce qui se passait. Depuis déjà plus d’un mois, il avait ce petit instant quotidien où il était immobile et stoïque, plongé dans ses pensées. Un mois … et aucune nouvelle de la Munja. Dire qu’il était inquiet serait mentir … Il était presque affolé bien qu’il ne le montrait pas. Pourquoi ? Pourquoi ? Tout simplement parce que le roi avait demandé à ce que l’on interroge tous les Munjas, que cela soit par la force si nécessaire.

La force … Pour quelle raison ? Est-ce qu’il y avait vraiment besoin d’utiliser une telle chose ? Il se le demandait … Il se posait sincèrement la question. Depuis plus d’un mois, il n’avait pas eu le temps de parler à la princesse. Pour un chevalier, il était bien pitoyable … et il négligeait ses relations sociales. Il repoussait Herakié, même si c’était gentiment … et il n’avait vu sa famille que deux fois en un mois … Douély … C’était aussi sa famille. La jeune femme était sa famille ! C’était normal qu’il se montre aussi inquiet non ? Ce n’était pas normal ? Est-ce qu’il avait fait une bêtise ? Ou quelque chose du genre ? Il avait besoin de savoir ! Il avait vraiment besoin de savoir ce qui s’était passé !

« Hey … Earnos, tu es prêt pour l’entraînement d’aujourd’hui ? » demanda Olistar, se tenant devant lui, le visage neutre. Le jeune garçon aux cheveux blonds releva son visage, le posant sur le Rapion avant de lui répondre calmement :

« Je ne sais pas si … Ça sera efficace … Pourquoi est-ce que tu ne vas pas t’entraîner avec Holikan ? Il est plus de ton niveau … Je ne te serai pas très utile. »

« Il n’attend que ça … et cela me fait sourire de l’exaspérer à ce point. Regarde donc le visage qu’il a … Il nous observe. » dit le Rapion en lui désignant du regard de voir vers la droite. Le Yanma se tenait à une dizaine de mètres, au milieu des combats, les bras croisés.

« Ah … Je ne pense vraiment pas que ça soit une bonne idée … »

« Si je te dis que si … C’est que ça l’est … Il faut que tu penses à autre chose au lieu de ressasser tous ses vieux souvenirs. Aller … Ne me force pas à venir te traîner. »

« N’utilise pas la force … Tu serais sûr de gagner. Je viens … mais je te préviens, je ne suis pas du tout motivé … » termina de dire le jeune garçon aux cheveux blonds avant de se lever, tenant sa foreuse dans les mains.
Il accompagna la Rapion, se plaçant face à lui alors qu’il entendit un petit grognement de la part du Yanma. Quoi ? Il ne faisait que s’entraîner avec lui, rien de plus … Ce n’était pas comme si … Ah … Non, contrairement au Yanma, il ne détestait pas particulièrement Olistar. Le combat commença, Earnos donnant la majorité de ses coups dans le vide, en recevant une bonne partie en plein sur son corps.

Le combat ne dura guère longtemps, une dizaine de minutes tout au plus … Et le visage d’Earnos était déjà parcouru par les bleus tandis que le Rapion semblait quasiment intact. Pourtant, l’Aspicot ne semblait pas plus fatigué que cela lorsqu’il annonça :

« Je crois que ça suffit comme entraînement. Si tu as besoin d’un sac de frappe … »

« Je t’appellerai bien que je ne te considère pas comme tel, je tiens à te le signaler. »

Oui oui … Il s’éloigna sans plus de paroles, un supérieur lui disant d’aller se reposer. Pourquoi est-ce qu’il acceptait à chaque fois de se faire mettre des baffes par ce Rapion ? Il était clairement au-dessus de lui … Et ça n’allait pas l’aider à s’améliorer hein ? Il quitta la zone d’entraînement, vagabondant dans le château avec sa foreuse à la main. Plusieurs fois, on lui signala d’aller se faire soigner ses petites blessures, plusieurs fois, il répondait par l’affirmative sans pour autant s’y rendre.
D’ailleurs … C’était lui ou depuis alors un mois, il y avait de plus en plus d’insectes qu’il ne connaissait pas ? D’ailleurs, ils étaient de plus en plus nombreux aux entraînements … Est-ce qu’il y avait eu un recrutement encore plus important ? Il n’était pas au courant … Mais après … Avec ce qui s’était passé, le roi avait perdu son sourire … La princesse elle aussi … semblait plus qu’inquiète et la seule chose qu’il avait entendue, c’était bien le fait que plusieurs personnes proches de la monarchie et des nobles avaient été trouvées, fomentant des coups d’état pour tenter d’abattre le roi et sa fille.

Et les exécutions n’avaient pas tardé … après bien sûr une petite séance de questions-réponses. Des exécutions … Au temps de la reine Seiry, il n’y en avait jamais eu. La princesse Terria avait annoncé qu’elle ne voulait pas que l’on fasse une telle chose mais comme elle n’était pas encore en âge d’être la future reine, seul le roi avait le pouvoir. Un pouvoir qu’il considérait comme nécessaire si il voulait protéger sa fille. Il avait annoncé maintes fois que c’était uniquement cette raison qui le poussait à agir ainsi. Lui ? De son côté ? Qu’est-ce qu’il pensait ? Pas grand-chose … Bizarrement, le choc de savoir la reine Seiry morte et la disparition de Douély … Il commençait à essayer de ne plus être affecté par ce genre de petits détails. Il ne pensait qu’à protéger la princesse à sa façon.

« Aie ! » s’écria t-il faiblement alors que quelqu’un venait de le percuter, le faisant tomber en arrière. Qu’est-ce qui … Il n’’avait même pas remarqué qui l’avait percuté.
Pourtant, lorsqu’il posa ses yeux sur la personne, il fut étonné de voir un enfant qui devait avoir à peine sept ou huit ans. Il avait d’étranges lunettes rouges sur les yeux. Des lunettes qui semblaient être fissurées de partout puisqu’il y avait plusieurs rayures noires dessus. Il arrivait vraiment à voir quelque chose avec elles ? Et toute cette fourrure violette sur lui … Il n’avait pas trop chaud ? Earnos se redressa, disant doucement :

« Pardon … Je ne t’ai pas fait trop mal. Je ne t’avais pas vu. »

« C’est de ma faute … J’étais trop pressé ! Je dois m’en aller ! Excusez-moi ! » répondit l’enfant avant de se redresser à son tour, courant en laissant sur place Earnos.

« Hein mais … Il n’était pas plus petit que la moyenne ? » demanda l’Aspicot, se disant que même pour un enfant de cet âge, bien qu’il ne le connaissait pas précisément, il lui semblait quand même bien … chétif au niveau de la taille.

Enfin … Ce n’était pas un … Non, il ne connaissait pas vraiment cette race. Il fallait dire qu’à la base, il n’avait pas réfléchit à cette éventualité … De voir d’autres insectes que ceux qu’il rencontrait habituellement pendant les séances d’entraînement. Il savait juste … qu’il en existait beaucoup plus qu’on ne le croyait.

D’ailleurs, il y avait aussi de plus en plus de Caratrocs. Il ne l’avait pas remarqué auparavant … Mais ces hommes et femmes dans des armures plus qu’imposantes … C’était les cuisiniers ! Les cuisiniers qui lui servaient habituellement à manger ! C’était encore plus étonnant de savoir qu’ils défendaient le château. Il avait appris qu’il était plus que difficile d’espérer les déloger de l’emplacement qu’ils prenaient.

« Pourquoi est-ce que tout le monde est excité aujourd’hui ? C’est quand même bizarre … vraiment trop bizarre même … Je devrais me méfier … hum … » se dit-il avant de retourner dans sa chambre, s’observant dans le petit miroir.

Son visage était dans un triste état … mais il savait que le Rapion ne faisait pas cela avec plaisir pour le faire souffrir, loin de là même. C’était simplement une façon comme une autre de s’entraîner … Oui … Olistar semblait même avoir des idées bien arrêtées sur ce qu’il faisait avec lui bien que l’Aspicot ne pouvait pas le comprendre. Ce qui se passait dans la tête du Rapion était souvent un mystère d’après ce qu’il avait saisi.

Mais bref … Ce n’était pas le moment de penser à une telle chose … Il s’approcha de la fenêtre de sa chambre, regardant le monde qui s’entraînait. D’ailleurs … A cette hauteur, il pouvait apercevoir les nouvelles races d’insectes qu’il n’avait jamais remarqués auparavant. Maintenant, quelques rares Yanmas étaient parmi les soldats … Et il n’y avait pas que ça … Diverses personnes qu’il n’avait jamais vues auparavant marchaient dans les couloirs. D’ailleurs, c’était lui ou alors il apercevait des Scarhinos qui soulevaient d’imposantes masses avant de se les envoyer les uns sur les autres ?

« Est-ce que le monde serait en train de devenir fou ? »

Il n’espérait pas … car il n’aurait pas la possibilité de l’arrêter. Il n’était qu’un simple enfant, rien d’autre … mais avec ce qui venait de se passer, il était facile de comprendre qu’il était inquiet, très inquiet même. Tout ceci n’annonçait rien de bon. Pourquoi est-ce que Douély était partie ? Si cela n’avait pas été le cas … Peut-être alors que ça ne se serait pas passé ?

« Earnos ? Earnos ? De nombreuses personnes m’ont signalé que tu ne t’étais pas rendu à l’infirmerie ! » dit une voix derrière la porte en toquant assez fortement.
Holikan ? Ah … Zut … Maintenant, il allait être forcé de s’y rendre. Il poussa un profond soupir, arrêtant de regarder par la fenêtre avant d’ouvrir la porte. Il avait entièrement raison. Devant lui se tenait le Yanma, le prenant par le bras avant de dire :

« Mais quand même … Pourquoi est-ce que tu acceptes une telle chose ? Tu sais pourtant réfléchir non, Earnos ? Alors, tu pourrais éviter de te faire martyriser par ce … cette … Ce … Rapion ! Je t’accompagne jusqu’à l’infirmerie pour être sûr que tu ne fasses pas faux bon. »

« Je ne crois pas que qu’il soit mauvais, Holikan … Pas du tout même … Et ce n’est pas si grave, cela changera avec le temps. Comment va … la princesse ? »

Il n’obtint aucune réponse de la part du Yanma. Avait-il reçu des ordres pour l’empêcher de parler de la princesse à lui ? C’était … surprenant et un peu triste. Il était quand même aussi un chevalier … Mais bon … Avec le monde qui changeait autour de lui, il ne pouvait pas vraiment penser à lui dans cette histoire. Bon … Direction l’infirmerie.

Chapitre 9 : Disparue de ce monde

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Chapitre 9 : Disparue de ce monde

« Donc mademoiselle Douély est une personne très importante pour moi. » annonça le jeune garçon aux cheveux blonds. Le roi toussa un peu avant de reprendre :

« Soit … Nous allons devoir nous préparer pour nous rendre dans le quartier des Munjas de ta ville, Earnos. Tu seras celui qui nous guide et qui fera notre porte-parole. »

D’accord … Il comprenait … et il vit le sourire de la princesse Terria qui l’encourageait sur cette voie. Bon si tel était le cas, alors il n’avait aucune raison de refuser. Il allait juste devoir trouver de sacrés arguments pour convaincre Douély de recommencer la manœuvre une seconde fois. Déjà que … La première fois, elle avait été quand même plus que réticente. Est-ce qu’il avait mis les pieds dans un engrenage plus que dangereux ? Peut-être … Mais bon … Pour l’heure, il allait devoir chercher ce qu’il allait dire à la jeune femme.

« Est-ce que je peux vous demander la permission de me retirer dans ma chambre, roi Tanator ? J’aimerai pouvoir réfléchir à tout cela … »

« Bien entendu, tu as mon accord. Le temps que nous nous préparions, ma fille et moi, ainsi qu’une petite troupe de soldats, il va se passer environ deux heures. Cela te semble-t-il plus que satisfaisant, Earnos ? » demanda le roi en souriant.

« Oui, oui ! Bien entendu ! Je vais donc me préparer tout de suite, roi Tanator. » dit le jeune garçon avant de se diriger vers la sortie. Il revint rapidement dans la chambre, posant une main sur son cœur. Ah … Le roi … Il espérait que tout allait bien se passer.


Il avait le trac … Et pas qu’un peu. Mais bon … C’était une demande royale, encore plus que celle de la princesse ! D’ailleurs, la princesse semblait un peu intimidée aussi … Il fallait dire qu’elle avait peur qu’il se fâche, il en était sûr mais cette fois … Il n’allait pas se mettre à lui faire la tête, ce n’était pas un souci. Bon ! Qu’est-ce qu’il devait dire à Douély ?

« Ce n’est pas simple … Pas simple du tout … Hier, j’ai réussi à l’amadouer mais maintenant … Aujourd’hui, ça ne risque pas de marcher. » murmura t-il à lui-même.

Mais ça ne l’aidait pas à trouver une solution de se parler tout seul ! Bon … Alors … Qu’est-ce qu’il avait comme idée ? Comme solution ? A l’heure actuelle ? Aucune … Bon ! Fini de rêvasser ! Il n’y avait qu’une réponse à tout cela et c’était …

« Je verrai sur le moment ! Douély ne peut pas me refuser une nouvelle fois ! Si elle a accepté la première fois, elle acceptera surement la seconde ! »

C’était aussi simple que ça ! Voilà tout ! Bon … Par contre, il ne lui avait pas fallu deux heures pour trouver cette idée. Et qu’est-ce qu’il allait faire ? Et bien … S’entraîner … Il reprit sa foreuse, allant sur le terrain avant de commencer à donner des coups dans le vide, visant des cibles invisibles.
Pfiou … Deux heures allaient plus vite passer à s’occuper de la sorte plutôt qu’à regarder son plafond. De toute façon, il n’était pas le genre de garçon qui aimait rester là à ne rien faire. Non … Il avait besoin de bouger … bien qu’on ne pouvait pas forcément le deviner en connaissant son caractère habituel. Oui … Il était ainsi, il ne pouvait pas rester inerte.

On vint le cherche lorsqu’il fut temps, un soldat l’emmenant auprès du roi et de la princesse. Elle allait être aussi du voyage, n’est-ce pas ? Tant mieux, au moins, il se sentirait moins seul pendant la conver … Hum ? Il vit Holikan, semblant surpris … Mais aussi Olistar ? C’était surprenant … Mais il valait mieux ne rien dire alors.

« Maintenant que tout le monde est prêt … Nous pouvons y aller. » annonça le roi avant que chacun ne se mette en route. Les soldats étaient tout autour d’eux tandis que le jeune garçon était à la même hauteur que la princesse, Olistar et Holikan derrière eux. Aussitôt, après cinq minutes de marche, elle murmura :

« Je … Earnos … Je voulais te dire que, ce n’est pas moi qui … »

« Princesse Terria, ne vous inquiétez pas à ce sujet, je ne suis pas en colère par rapport à vous. Pas du tout même, je sais parfaitement que vous n’avez rien dit. Mais vous sembliez si désolée, je ne veux pas que vous croyez que je vous en veux. De toute façon, même si cela avait été vous qui aurait prévenu votre père, le roi Tanator, je ne l’aurai pas mal pris. »

« C’est vrai ce que tu me dis ? Je ne voudrai pas que … ça recommence. » chuchota la jeune fille aux yeux rubis tandis qu’il poussait un léger soupir.

« Ça ne me dérange pas du tout. De toute façon, je m’y attendais un peu depuis le jour où on m’a dit que je devais éviter de revoir Douély. Au final, maintenant on m’y force. » termina-t-il de dire alors qu’elle souriait. C’est vrai ! Les adultes étaient trop bêtes. Des fois, ils voulaient une chose et le lendemain, ils voulaient le contraire.

Olistar et Holikan les observaient. Le premier semblait amusé par les deux enfants plus jeunes que lui tandis que le second semblait suspicieux. Devant l’air qu’il donnait, Olistar lui donna un petit coup de coude dans la hanche avant de dire :

« Alors … On est inquiet pour sa fiancée ? »

« Aie ! Ne t’avise plus de refaire cela, c’est compris ? Je ne suis pas le moins du monde inquiet, pourquoi est-ce que je le serai ? Je ne vois pas ce qu’il y a de bizarre ou inquiétant à ce qu’ils discutent tous les deux … »

« Oh … Bien entendu, il vaut mieux se voiler la face, n’est-ce pas ? »

Se voiler la face ? Qu’est-ce qu’il insinuait par-là ? Et depuis quand est-ce que le Rapion faisait ce geste ? Ils n’étaient pas amis ! Il n’avait pas intérêt à recommencer car la prochaine fois … Cela risquait de très mal se finir entre eux deux, oh que oui. Il avança plus rapidement qu’auparavant, rejoignant la princesse Terria et Earnos. Il commença à parler avec eux tandis que le Rapion restait derrière, le visage neutre.

« L’histoire … a la vie dure … très dure … C’est dommage. » murmura l’adolescent aux cheveux violets, restant en retrait par rapport aux autres.

Mais bon … Il fallait l’accepter. On ne modifiait pas autant d’années, de décennies … voir même de siècles, si plus … en un instant. C’était pour cela qu’il était présent, n’est-ce pas ? Pour pouvoir changer le cours des choses, sans être forcément capable d’y arriver.

Ils arrivèrent au quartier des Munjas bien que quelques curieux les aient accompagnés à distance, restant au loin pour éviter les ennuis. Ils attendaient … de savoir ce qui se passait. Le jeune garçon toqua à la porte de Douély, prenant la parole. Il devait la convaincre … mais aucune réponse. Il reprit la parole, cherchant calmement à se faire comprendre. Bon … Il espérait que cette fois-ci, ça passe.

« Ouvrez la porte ! Nous n’avons pas de temps à perdre ! » s’écria le roi, des soldats forçant l’ouverte de la demeure de Douély pour voir qu’elle était complètement … vide.

Qu’est-ce que ça voulait dire ? Les soldats commencèrent à fouiller dans chaque pièce, aucune trace de la Munja. Le garçon aux cheveux blonds cria son nom plusieurs fois, espérant qu’elle l’entende, qu’elle signale sa présence mais rien de rien.

« Où est-ce qu’elle est passé ? DOUELY ! Tu m’entends ? C’est Earnos ! Douély ! »

« Père … Normalement, Douély habitait ici mais … Peut-être qu’elle n’est pas là pour le moment ? » chuchota la jeune fille aux cheveux blonds à son père.

« Ce n’est pas possible, princesse Terria. » annonça Earnos, ne pouvant pas mentir à ce sujet. « Douély a toujours été là quand je venais la voir. Je ne pense pas que ça soit un coup de chance … à chaque fois … Ca veut dire qu’elle était là tout le temps. Je ne crois pas qu’elle soit partie comme ça, il doit y avoir une raison. »

« Qu’importe la raison, il faut me la retrouver dès maintenant ! Fouillez tout de suite les autres maisons des Munjas ! Trouvez-la moi MAINTENANT ! » cria une nouvelle fois le roi alors qu’Earnos semblait surpris de la réaction de celui-ci.

Dans quoi … Dans quoi est-ce qu’il venait de se lancer ? Il ne comprenait pas … Mais … Mais il avait un peu peur. Les soldats quittèrent la maison de Douély tandis qu’il restait à l’intérieur, accompagné de Terria, Olistar et Holikan. Le Rapion observa les meubles, passant un doigt dessus avant de murmurer :

« Elle est partie sans même prendre ses affaires … Il semblerait qu’elle ne voulait pas que le roi la trouve … Ni le roi, ni personne d’autre. Qu’est-ce qui s’est passé hier ? »

« Hier … J’ai vu ma mère … avec Earnos. Nous avons parlé … Et elle m’a demandé de faire attention aux personnes qui entourent mon père … mais aussi de continuer à œuvrer pour la réconciliation entre les Rapions, Drascores et le royaume des insectes. » dit la jeune fille aux cheveux blonds tandis que le Rapion se tournait vers elle.

« Votre mère était quelqu’un de formidable … Bien qu’elle était responsable en partie de ce qui s’était passé il y a presque vingt ans. Elle a voulu racheter ses erreurs … et elle a bien fait. J’espère que vous continuerez à suivre sa voie, princesse Terria. »

« C’est ce que je ferais … Pas forcément pour les Rapions et les Drascores mais parce que je t’apprécie, Olistar. » annonça la jeune fille, un petit grognement se faisant entendre de la part d’Holikan. Même si il était au courant, ça ne lui plaisait pas.

Et Earnos ? Il était resté immobile, ne sachant guère quoi penser. Où … était … Douély ?

Chapitre 8 : Le conseiller

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Chapitre 8 : Le conseiller

« Tu es sûr de vouloir me raccompagner, Earnos ? Si on te remarque avec moi, il y a des chances que tu te fasses crier dessus. Ce n’est pas très … chevaleresque d’accompagner une princesse dans ses bêtises. » murmura la jeune fille aux cheveux blonds.

« Cela l’est encore moins de la laisser seule sans rien faire. » répondit aussitôt le jeune garçon aux cheveux blonds alors qu’ils marchaient lentement mais surement en direction du château.

Il ne disait rien du tout, faisant simplement attention à ce qu’ils ne se fassent pas repérés. Il y avait quand même un gros problème … Il venait d’y penser … mais quand personne n’allait le voir pour s’entraîner … ni dans sa chambre … Et puis, là, quelques heures s’étaient écoulées … Et il y avait aussi la princesse Terria. Oh non … Il allait avoir de gros soucis.

« Tu as l’air un peu inquiet … Mais ne t’en fait pas, comme d’habitude, si il y a un souci, tu peux compter sur moi. Surtout que tu m’as rendu un grand service aujourd’hui. » annonça la jeune fille aux cheveux blonds en ayant un grand sourire aux lèvres.

« Je ne pense pas que vous pourrez m’aider, princesse Terria. Si le roi lui-même apprend cela, il risque de ne pas apprécier … Ni mon père, d’ailleurs. »

« Tu es mon chevalier … Tu as essayé de m’arrêter mais tu n’y es pas arrivé, voilà tout. Bien entendu, si Holikan ouvre la bouche au mauvais moment, cela se passera mal pour lui. » murmura la jeune fille, l’intonation résonnant comme une menace qu’il valait mieux qu’elle ne la mette pas à exécution. Pfiou … Il se sentait un peu plus rassuré maintenant.

Maintenant, ils étaient aux abords du château et ils s’approchèrent du petit passage secret, Terria passant avant lui tandis qu’il surveillait ses arrières. Ils rentrèrent à l’intérieur du château puis enfin, il était temps de se séparer. Il valait mieux qu’ils ne les voient pas ensembles. Il s’apprêta à partir, s’inclinant respectueusement devant Terria.

« Je vais vous laisser maintenant, princesse Terria. » murmura l’Aspicot.

« Attends un peu, Earnos ! J’ai quelque chose pour toi ! »

« Je n’ai rien besoin, princ … » dit-il avant de s’arrêter, la jeune fille aux cheveux blonds plongeant contre lui avant de l’enlacer longuement.

Qu’est-ce que … Cela voulait dire ? Il avait du mal à saisir la raison d’un tel acte, restant imperturbable alors que la jeune fille chuchotait :

« Merci pour tout … vraiment … Tu en as fait beaucoup aujourd’hui, Earnos. »

« Je n’ai fait que mon rôle de chevalier, princesse Terria. » annonça-t-il alors qu’elle retirait ses bras de sa taille, lui disant :

« Alors, continue toujours de me protéger, d’accord ? Et ne t’en fait pas, ce n’est pas parce que tu n’es pas aussi fort qu’Holikan et Olistar que tu es moins bien. Pas du tout même. »

Hum … Il ne savait pas si il devait prendre ça comme un compliment mais vue le sourire qu’elle lui fit, il hocha la tête avant qu’elle ne s’en aille, le saluant. Il la regarda partir sans rien dire, ni agir avant d’aller de son côté. Bon … Ca allait surement bien se passer, il allait juste inventer une excuse ou autre si on lui posait des questions.
Du moins, ça aurait dû se passer ainsi mais le lendemain, il eut la surprise de voir deux soldats qui demandaient où il se trouvait à d’autres personnes qui s’entraînaient. Elles le désignèrent du doigt, le jeune garçon s’arrêtant de donner des coups de foreuse, attendant qu’ils arrivent vers lui. L’un des soldats prit la parole :

« Earnos ? Le roi aimerait te voir. Il semblerait que cela soit au sujet d’une Munja. »

« Hein ? Euh … » balbutia le jeune garçon avant de dire : « Bien entendu. Je pense que je suis exempt d’entraînement pour le moment. C’est dommage. Je vous accompagne. »

Il n’avait pas vraiment le choix de toute façon. Il suivit les deux soldats, se demandant … si Terria avait parlé de cela à son père. Non … Elle ne ferait pas une telle bêtise … Mais en même temps … Cela consistait à voir sa mère morte … Donc peut-être que cela aurait intéressé le roi, n’est-ce pas ? Ah … Il espérait ne pas avoir de gros problèmes.
Il arriva jusqu’à la salle du trône, apercevant le Yanmega et sa fille. Celle-ci était assise sur l’autre fauteuil, baissant la tête, un peu rougissante. C’était donc elle … qui avait pris finalement la parole ? Ah … Bon … Il ne lui en voulait pas cette fois car il comprenait ce qu’elle avait fait … Oui, cette fois, il ne lui en voulait pas le moins du monde. Non … Bon … Il s’inclina devant le roi, attendant les paroles de celui-ci.

« Earnos … Ne t’en fait donc pas … Je ne t’ai pas convoqué pour te réprimander. Néanmoins, ta réaction en dit long sur ce que je pensais … Ainsi … Tu es sûrement au courant de la raison de cette convocation, n’est-ce pas ? »

« Je … Je le crois, roi Tanator. » murmura le jeune garçon, n’osant pas relever la tête.

« Cela concerne une certaine Munja que tu connais très bien il semblerait. »

« Ma… Mademoiselle Douély ? » demanda Earnos, posant son regard rubis sur le roi, plus qu’inquiet maintenant. Il avait désobéi aux paroles du soldat la dernière fois !

« C’est exact … J’ai appris hier que tu étais parti avec ma fille … pour aller la voir. La raison d’une telle action m’intrigua et j’ai dû demander à la princesse ce que cela voulait dire. Ce qu’elle m’a appris … était plus qu’étonnant. »

« Ne lui faites pas de mal, je vous en prie. » murmura le garçon, apeuré à cette idée.

« Du mal ? Mais pourquoi cela ? Je ne savais guère … qu’une telle Munja existait. Elle a sûrement des pouvoirs immenses et était sûrement une personne d’une grande importance dans le passé pour pouvoir invoquer l’esprit de ma défunte femme. » dit le roi avant d’éclater de rire. C’était … la première fois depuis cet incident … qu’il l’entendait rire. « Revoir ma femme … Cela me permettrait alors de lui parler … encore et encore … Mais bon … Cela aussi nous permettra d’en connaître un peu plus sur ce qui s’est passé. »

Bien entendu … C’était normal … Le roi voulait trouver ceux à l’origine de l’assassinat de sa femme … Pourquoi autre chose ? Il avait oublié cela … et il se sentit un peu soulagé à cette idée. Enfin bon … Ce n’était pas pour autant que tout était arrangé, loin de là même.

« Hum … Visiblement, je suis arrivé en retard. » annonça une voix derrière Earnos, celui-ci se retournant pour apercevoir une personne qu’il n’avait jamais vue.

Qui était-ce ? De longs cheveux verts … Deux yeux rubis … Mais rien que l’allure et la posture de l’homme d’une trentaine d’années sûrement … donnait tout simplement l’impression qu’il était un noble … un très grand noble. Il passa à côté d’Earnos, ses yeux rubis se posant sur lui avant que se dessine un sourire sur ses lèvres.

« Ah … Je suis désolé mais j’étais impatient de discuter avec Earnos au sujet de la petite conversation d’hier. » répondit le roi humblement comme d’égal à égal … Impressionnant … C’était vraiment impressionnant dans le fond … Il ne s’attendait pas à cela.
L’homme aux longs cheveux verts se positionna à côté du roi, restant debout alors que ses yeux fixaient maintenant l’Aspicot. Gloups … Il ne connaissait pas du tout cette personne et ça l’inquiétait quand même beaucoup … beaucoup trop même.

« Et bien soit … Depuis mon arrivée, nul ne parle … Vous pouvez continuer ce dont vous étiez en train de parler, n’est-ce pas ? » annonça l’homme aux cheveux verts alors qu’Earnos se demandait de quelle race il était.

« C’est correct. Ne perdons guère plus de temps. Earnos … Si je t’ai convoqué, c’est bien parce que tu sembles être le seul capable de pouvoir convaincre cette Munja de nous aider. »

« C’est … C’est correct … Pardonnez-moi pour ce que j’ai fait avec votre fille. »

« Hum ? De quoi donc ? Au sujet de cette Munja ? Tes intentions étaient nobles … Et en vue des conséquences, il s’avère que cela était une bonne chose. »

Une bonne chose ? D’avoir mis la princesse en danger ? Visiblement, le roi lui pardonnait cet écart mais quand même … C’était étonnant. Il devait remercier sa chance … ou quiconque d’autre. L’homme aux cheveux verts annonça :

« Néanmoins, la princesse était à ses risques et périls … Il faut éviter de faire une telle action sans prévenir au préalable diverses autorités compétentes. Cela aurait pu donner quelque chose de bien plus grave … »

« Je le … sais parfaitement … C’est pour cela que je m’excusais. »

« Allons, allons … Comme souvent, Earnos ne pensait pas à mal. Et ma fille était accompagnée de l’un de ses chevaliers, ce n’était pas si grave que cela. Ce n’est pas comme si Earnos l’avait emmenée dans un territoire inconnu de tous et de toutes. »

Oui c’était ça ! Mais bon … Maintenant, il appréciait déjà bien peu cette personne aux cheveux verts. Et … La conversation n’était visiblement pas terminée. Qu’est-ce qu’ils allaient faire avec Douély ? Et puis … Il avait sûrement un rôle dans tout cela … sinon, le roi n’aurait pas perdu de temps à le convoquer pour lui parler de la Munja.

Chapitre 7 : Un message pour la génération future

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Chapitre 7 : Un message pour la génération future

« Comment … Comment est-ce possible ? » demanda l’esprit de la reine avec surprise alors qu’elle regardait autour d’elle. Ses yeux se posèrent sur la Munja, reprenant la parole : « C’est donc vous qui … Mais … Hum … »

« Ma … Maman ! » s’écria la jeune fille aux cheveux blonds, montant à moitié sur la table, le visage baigné par les larmes alors que la reine Seiry tournait son visage vers sa fille.

« Terria ? C’est donc toi qui a demandé … Je vois … Earnos. » murmura l’esprit en posant finalement son regard sur le jeune garçon aux cheveux blonds. Celui-ci hocha la tête plusieurs fois comme pour la saluer, tremblant un peu.

« C’est … C’est Earnos qui m’a aidé ! Il m’a dit qu’il connaissait une Munja qui était capable de te faire revenir ! C’est bien toi hein ? Hein ? Maman ! »

« C’est bel et bien moi … Même si cela s’avère étonnant … Et bien … Pourquoi m’avoir rappelé ici ? Tu as sûrement une raison … d’avoir fait une telle demande, n’est-ce pas ? »

« Maman … Je voulais … Je voulais juste te voir … C’est tout. » murmura la jeune fille en rougissant, un peu honteuse car elle venait de comprendre l’idiotie de ce qu’elle avait demandé. Juste … pour revoir sa mère … Elle avait mis en péril le travail du jeune garçon … Elle avait désobéi aux paroles de son père.

« Je te comprends … Je te comprends tant … Moi aussi, je suis heureuse de te voir, Terria … Tellement heureuse … Cela est arrivé si brusquement … »

« Maman … Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi … Pourquoi est-ce que c’est arrivé ? »

« Je ne sais guère comment ils ont été mis au courant mais il semblerait que le secret des Apireines fut découvert. Je ne pense pas que ton père l’eut dit à quelqu’un qui aurait alors donné cette information … à mes assassins. »

« Je tiens à signaler que la petite discussion ne peut durer qu’une demi-heure, une heure au maximum. Je ne suis pas capable de garder le contact plus longtemps. » annonça Douély subitement alors que la conversation semblait déjà prendre un chemin d’une longue discussion, très longue discussion entre la mère et la fille.
« Je … Je ferai vite … Je veux juste lui parler … lui parler … » répéta plusieurs fois Terria en remerciant Douély pour ce qu’elle avait fait.

« Ce n’est pas grand-chose … Mais cette discussion, je ne la sens pas nécessaire pour ma part. Earnos, tu m’accompagnes ? Nous allons sortir tous les deux. »

« Euh … Douély … J’aimerai rester ici, s’il te plaît. » murmura le jeune garçon aux cheveux blonds, la jeune femme semblant surprise des paroles de celui-ci.
Il avait envie de rester ? Bon … Elle ne s’était pas attendue à cela mais qu’importe. Elle prit Earnos, le forçant à s’asseoir sur ses genoux devant le regard étonné de la reine Seiry. Cette femme … Hum … Peut-être qu’après … Elle allait discuter avec elle. Mais avant … Il fallait d’abord parler avec sa fille … de choses plus importantes.

« Terria … Comment va-ton père ? Comment … accepte-t-il ma mort ? »

« Père … se sent très mal depuis ta mort. Mais il va bien quand même. Je … Je … Je vais bien aussi même si c’est difficile. Père fait tout pour que je sois très bien entourée et protégée. » murmura la jeune fille en baissant la tête.

« En te laissant aller voir une Munja ? » demanda la reine Seiry en lui souriant.
Elle trembla, regardant évasivement Earnos. Non … Ce n’était pas du tout le cas. Visiblement, l’esprit semblait heureux puisqu’il émit un petit rire cristallin avant de reprendre :

« De toute façon … Si tu es accompagnées par Earnos, tu n’as rien à craindre, n’est-ce pas ? »

« C’est vrai ! Earnos, c’est lui qui m’a tout dit au sujet de Douély et de pouvoir t’invoquer. Tu sais … Enfin … Maman … Pourquoi est-ce que tu as tout fait pour que je me rappelle de la promesse avec lui ? Car c’était toi … la fleuriste. » chuchota la jeune fille, un peu rougie par l’émotion. Elle ne savait pas vraiment quoi dire d’autre à ce moment.

« Tout simplement car Earnos ne l’avait jamais oubliée malgré les années qui passaient. N’est-ce pas normal que de faire quelque chose pour que la future Apireine du royaume se rappelle de celle-ci ? » annonça l’esprit avec calme.

« C’est vrai … Mais maintenant … Earnos est devenu mon chevalier, comme Holikan. »

« Oh … C’est donc une bonne nouvelle dans le fond. Je peux alors partir l’esprit tranquille … Mais avant, il faut quand même que je te prévienne. »

La prévenir de quoi ? Earnos tendit l’oreille, intrigué par les propos de la reine alors que Terria faisait tout pour se concentrer. Elle ne devait pas trahir la confiance de sa mère, pas du tout même ! Alors … Qu’est-ce qu’elle allait lui dire ?

« Ton père va sûrement penser que les Rapions et les Scorplanes sont les responsables de ma mort. Il y a même de fortes chances que tout ce que … »

« Maman, je continuerai à tout faire pour que la paix avec les Rapions et les Scorplanes arrivent ! Je te le promet ! » coupa la jeune fille avant même que la reine ne termine ses paroles, celle-ci lui souriant tendrement. Plus besoin … de s’expliquer là-dessus. « En plus … Olistar est quelqu’un de très bien. Malgré les remarques d’Holikan, il est toujours là pour venir me protéger comme lui ou Earnos. »

« Oh … Olistar a ses petits secrets mais c’est un jeune Rapion de confiance, oui. »

Elle croyait les paroles de sa mère. Même si Olistar restait quelqu’un de discret, il s’ouvrait peu à peu depuis qu’Earnos était dans l’armée. Elle avait remarqué cela avec les nombreux entraînements et affrontement entre eux deux. Enfin … Sa mère avait sûrement autre chose à lui dire, non ? Car il n’y avait pas que ça … Elle s’en doutait même … Earnos était toujours assis sur les jambes de Douély. Ça ne semblait pas lui déplaire … d’ailleurs.

« Terria ? Terria ? Est-ce que tu as compris ce que je viens de te dire ? » demanda l’esprit de la reine Seiry alors que la jeune fille arrêtait d’observer Earnos.

« Euh … Non … Je suis désolée … Maman. » murmura la princesse, un peu honteuse.

« Je te demandais de prévenir ton père de se méfier de ses plus proches alliés … Déjà qu’auparavant, nous nous méfions tous les deux, cela ne semble pas s’être arrangé. La raison est justement ce que je t’ai demandé … auparavant. La paix avec les Rapions et les Drascores ne plait guère à tout le monde. De même, si les Rapions et les Drascores nous rejoignent … bon nombre de personnes seraient vite mises à l’écart. Les Drascores sont des insectes plus que puissants … mais aussi doués. Avec eux parmi nous, la noblesse corrompue subirait très vite une remise à l’ordre. Il faut alors que tu préviennes ton père mais aussi son conseiller d’être très prudents. S’il y a une guerre qui arrive … Elle proviendra de l’intérieur même du royaume. » termina de dire la reine Seiry avant que Douély n’annonce :

« Bon … Je suis désolée … Mais je commence sérieusement à fatiguer. Earnos … Tu vas raccompagner la princesse … Je ne vais pas la laisser rentrer seule. »

« Et bien … Alors … Il est temps pour moi de partir. » murmura l’esprit de la reine.

Mais elle … Elle ne voulait pas ! La jeune fille aux cheveux blonds se leva, tendant la main vers la reine Seiry bien que cela ne servit à rien. Earnos se leva à son tour, prenant la main de la princesse avant de signaler qu’il la raccompagnait maintenant. Il remercia encore une fois Douély pour tout ce qu’elle avait fait, Terria faisant de même bien qu’elle n’arrêtait pas de regarder sa mère. Néanmoins, les deux enfants quittèrent la demeure de la Munja, laissant seuls l’esprit et celle-ci.

« Et maintenant … Puisqu’ils sont partis … » commença à dire la reine Seiry.

« Je pense qu’il est grand temps de repartir de l’autre côté … Je n’aurai jamais dû faire une telle chose … Vraiment … Tout cela pour un jeune Aspicot. » se dit à elle-même la Munja, retirant ses bandages et s’apprêtant à renvoyer l’esprit là d’où il venait.

« J’ai une petite question … Mademoiselle Douély, n’est-ce pas ? » reprit l’esprit.

« … … … Je pense que je ne vais pas y répondre. »

« Normalement … Invoquer l’esprit d’une Apireine n’est pas une chose que la majorité des Munjas puisse faire. Ainsi … Je vous le demanderai … Qui étiez-vous ? »

« Je ne suis pas obligée d’y répondre. Néanmoins, vos agissements étaient très bons pour une Apireine … Au moins, contrairement à la majorité des précédentes, vous avez essayé de réparer les erreurs de ce royaume … » chuchota la Munja avec lenteur.

Réparer … les erreurs ? L’esprit fut intrigué par les paroles de Douély, celle-ci ayant terminé de retirer ses bandages avant de se positionner en face de la reine Seiry.

« Ce que j’étais … n’existe plus … Comme pour tous les Munjas. Ce que j’ai fait … ne se reproduira plus … Adieu, reine Seiry. » dit Douély avant que l’esprit ne disparaisse.

Chapitre 6 : Bien parce que c’est lui

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Chapitre 6 : Bien parce que c’est lui

… … … Hum … … … Cela faisait bien deux semaines que la princesse Terria n’était pas venu le chercher. Peut-être que dans le fond, le projet était trop … dangereux pour elle et qu’elle avait préféré rebrousser chemin ? Il ne lui en voudrait pas le moins du monde mais bon, il aurait aimé être au courant.

Mais qu’importe … Il essayait de ne plus trop y penser. Encore une fois, en pleine matinée, alors que tout le monde dormait encore. Il se leva de son lit, se lavant rapidement avant de se diriger vers la cantine. Personne … Toujours aussi vide, n’est-ce pas ? Sauf bien sûr les cuisiniers qui étaient déjà debout depuis bien longtemps. Il les avait salués, mangeant tranquillement et en silence tout en gardant sa foreuse près de lui.

Lorsqu’il sortit de la cantine, sa foreuse en main, il fut soudainement plaqué contre un mur puis tiré sans qu’il ne puisse réagir. Une jeune fille aux cheveux blonds l’emmenait rapidement dans les couloirs, se cachant derrière un mur avant qu’il ne reconnaisse la princesse. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? La jeune fille était à moitié endormie, les cheveux blonds partant en plusieurs épis bien qu’elle lui souriait.

« C’est l’heure d’aller voir cette Douély. » signala t-elle avec joie.

« Heu … Princesse Terria … Vous êtes sûre qu’à moins de quatre heures et demi du matin … Cela soit vraiment une bonne idée ? »

« C’est la seule bonne idée que j’ai eu … Holikan n’était toujours pas d’accord pour que je vienne … Et puis, je ne vois pas pourquoi je serai en danger. Tu es l’un de mes chevaliers donc tu es là pour me protéger. Et puis, comme ça, aucune personne ne viendra nous déranger à cette heure-ci ! » reprit-elle, gardant son sourire.


Il n’était pas sûr que beaucoup de personnes soient déjà levées … Même Douély d’ailleurs … Mais bon … Il avait fait cette proposition à la princesse, il allait devoir la respecter, n’est-ce pas ? Ah … Il déposa correctement sa foreuse sur le dos avant de dire :

« Et bien … Alors … Une promesse étant une promesse, je vous accompagne. Néanmoins, je ne connais pas aussi bien que vous le château pour pouvoir m’en « échapper » discrètement. »

« Tu peux tout de suite dire que je ne pense qu’à m’enfuir du château hein ? Mais c’est vrai … Je connais beaucoup de passages secrets. Et en même temps … Personne ne sait ce dont je suis capable et je préfère ne pas encore le montrer … »

Hum ? De quoi est-ce qu’elle parlait ? Il se le demandait bien alors qu’il l’accompagnait, la jeune fille se déplaçant avec agilité et la grâce qui la caractérisait. Elle n’avait pas peur de salir très faiblement sa robe alors qu’ils avançaient à nouveau à travers les couloirs, évitant de rencontrer quelqu’un bien que cela serait rare à cette heure-ci.
Enfin … Elle désigna un trou caché par les herbes dans un mur, passant à l’intérieur pour quitter le château. Wa … Wah … Elle était vraiment plus maligne qu’on ne pouvait le croire. Trouver un tel endroit … C’était remarquable de sa part. Il sortit à son tour, complimentant la princesse pour cette échappée bien qu’il savait qu’il ne devait pas le faire. Elle rigola faiblement, lui demandant maintenant de bien vouloir la guider.

Il s’exécuta, la jeune fille le suivant bien qu’il jetait souvent un regard derrière lui pour se rassurer. Il ne voulait surtout pas commettre de bêtises avec elle. Si il lui arrivait un malheur … Et puis avec les paroles étaient toujours dans sa mémoire. Les Munjas étaient mauvais ? Et Douély avait peut-être tout manigancé depuis le début ? Non … Il ne voulait pas y croire. Elle n’était pas comme ça et il le savait parfaitement.

« Voilà … Nous sommes là … Par contre, veuillez rester très près de moi, d’accord ? »

« C’est un … C’est un endroit plutôt bizarre. » murmura la jeune fille avec une légère inquiétude tandis qu’ils étaient arrivé dans le quartier des Munjas du village du jeune garçon.


Gloups … Il ne s’était pas attendu … à ce qu’en fait … Autant de Munjas soient réveillés à cette heure-ci. Il devait être six heures et bien qu’ils aient beaucoup marché, aucun des deux n’était fatigué. Ils s’approchèrent de la porte de la demeure de Douély, Earnos demandant à la jeune fille de ne pas parler. Il toqua plusieurs fois, prenant la parole :

« Douély … Douély … C’est moi … Earnos … J’ai ramené quelqu’un qui voudrait te voir. »

« Earnos ? Mais … Qu’est-ce que tu fais ici à cette heure-ci ? Et qui est cette personne ? »

Il ne lui répondit pas, attendant que la porte s’ouvre avant d’apercevoir la jeune femme qui était à nouveau recouverte par les bandages et autres artifices. Terria recula un peu, comme effrayée par cette apparition alors que Douély les laissait rentrer.

« Douély … Je … J’aimerai que tu ramènes l’esprit de quelqu’un … La reine Seiry. » demanda aussitôt le jeune garçon lorsqu’ils furent installés.

« Hors de question, Earnos. C’est une chose bien trop grave ce que tu me demandes. »

Hein quoi ? Il ne s’était pas attendu à un refus de la jeune femme, celle-ci restant immobile tandis que Terria serrait les poings Ce n’était plus possible de reculer maintenant !

« Je suis la princ … » commença à dire la jeune fille avant qu’Earnos ne mette la main devant sa bouche pour qu’elle évite de parler. Mais … Mais …

« Douély … S’il te plaît … » murmura avec lenteur le jeune garçon alors que la jeune femme hochait la tête plusieurs fois négativement.

« Quand je dis non, c’est non. Ne me force pas à me répéter, Earnos. Ça ne marche pas comme ça. Si tu es simplement venu pour me demander ça, c’est non. »

« … … … Je voulais juste te demander cela … pour me faire plaisir … Je pensais que tu aimais bien me faire plaisir … » chuchota Earnos avec lenteur.

Qu’est-ce que … C’était quoi cette moue qu’il était en train de faire ? Terria était en train de l’observer, étonnée de voir la mine triste de l’enfant Aspicot. Douély l’observait lui aussi, regardant ses yeux rubis pendant plusieurs secondes. Il releva son regard de quelques centimètres pour qu’elle puisse mieux le regarder. Ah … Ah non ! Hors de question ! Ca ne marchait pas … Hum… Quand elle le voyait… Ça lui rappelait…

« Earnos … Je ne sais pas où tu as appris une telle chose … Je ne sais pas ce qui te pousse à faire ceci mais sache que … Hum ! ET ZUT ! »

Sans crier gare, la Munja vint subitement enlacer l’Aspicot, Terria poussant un cri de surprise. C’était quoi cette femme ? Le jeune garçon se laissa faire, un petit sourire aux lèvres. Il n’aurait jamais pensé que … que ça marcherait … Il était fier de savoir … qu’il avait un petit peu de charme et en même temps il avait honte de l’avoir utilisé sur Douély.

« Une fois … Une fois je veux bien le faire … Mais quand même … Pourquoi est-ce que la princesse Terria veut rencontrer l’esprit de sa mère ? »

« Je … Je … J’aimerai lui parler un peu … Je n’ai pas eu le temps … C’est arrivé si vite. » commença à bredouiller la jeune fille alors que Douély se séparait du jeune garçon.

« Hum … Ce n’est pas à moi de m’intéresser à cela. Bon … Je reviens … Il va falloir que je me concentre visiblement … Me demander d’invoquer l’esprit d’une reine. Quand même … Earnos … Je te conseille de faire de ton mieux pour avoir une semaine de vacances d’ici le prochain mois. Oh oui … Car ce n’est pas simplement avec des petits yeux d’Aspicot battu que tu m’auras de la sorte. »

« … … … Je demanderai à la princesse Terria de trouver un moyen pour cela. » annonça le jeune garçon, Terria répondant aussitôt :

« Tant que je peux revoir ma mère, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir, promis. »

Pfiou … Heureusement que la princesse était là … Mais en même temps, les paroles de la Munja étaient plus que … surprenantes. Heureusement que Terria ne posait pas trop de questions hein ? Mais quand même, quand elle le regardait brièvement, elle semblait quand même … se dire que ce n’était pas vraiment normal tout cela. Douély était partie, se préparant pour l’invocation de l’esprit.

Une dizaine de minutes plus tard, elle était revenue, sans qu’il n’y ait quelque chose de changé … Qu’est-ce que ça voulait dire ? Elle n’allait quand même pas annuler hein ? La peur et la déconfiture se lurent sur le visage de Terria.

« Vous … Vous … Vous allez faire quoi ? » demanda-t-elle avec appréhension.

« Et bien … Je croyais que nous allions invoquer la reine Seiry, non ? Tu en as de la chance … d’avoir Earnos de ton côté. Sinon, j’aurai refusé net même pour une personne de sang royal comme toi. Tu devrais le remercier après. »

« Il n’y a pas besoin de cela, Douély. Je ne fais que mon rôle de chevalier de la princesse. C’est ce que j’estime être tout simplement … une chose normale pour moi. » coupa une nouvelle fois Earnos avant que la jeune fille ne prenne la parole.

Ils avaient … autre chose à faire pour le moment. Réunis autour d’une table, une forte lueur commença à émaner de Douély. Peu à peu, la lueur quittait son corps, formant une sphère de lumière au milieu de la table jusqu’à ce que celle-ci prenne une forme particulière. Une forme que les deux enfants connaissaient parfaitement, Terria étant en larmes.

Chapitre 5 : Proposition royale

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Chapitre 5 : Proposition royale

« Earnos ? Te voilà donc … Bien que tu aies eut une permission de te reposer pendant une semaine après … le violent combat d’entraînement avec le … Rapion … » commença à dire un homme en armure rouge face à lui alors qu’il se trouvait dans un bureau. Un garde se trouvait derrière lui, surveillant la porte alors qu’il ne savait pas pourquoi il avait été contacté ici. C’était bizarre … Il n’avait rien fait de mal non ?

« Euh … Oui … Enfin …Merci beaucoup pour cette semaine. »

« Néanmoins … Néanmoins, il semblerait que tu sois rentré en contact avec les Munjas de ton village, n’est-ce pas ? » demanda une nouvelle le Cizayox avec lenteur alors qu’il ne pouvait qu’hocher la tête positivement, prenant la parole :

« C’est le cas. Je suis ami avec l’une d’entre eux qui s’appelle Douély. Pourquoi cette question ? Est-ce que c’est un problème ? »

« Tu es encore bien jeune … et je veux mettre ça sur le compte de ton innocence mais tu ne dois pas t’adresser à eux. Leurs pouvoirs sont incompréhensibles et maléfiques. Ainsi, il vaut mieux que tu ne cherches plus à reprendre contact avec la Munja avec qui tu parlais. »

« Je … Je comprends ce que vous voulez dire mais … Mademoiselle Douély est quelqu’un de très bien, qui s’est occupée de moi alors que je n’étais qu’un enfant … Je me suis perdu et elle a été là pour me sauver. Sans elle, je ne serai peut-être même plus là. » dit le jeune garçon aux cheveux blonds, apeuré un peu à l’idée de ne plus revoir la jeune femme.

« Hum … Je comprends, bien entendu … Mais malheureusement, c’est une simple mesure de précaution. Les Munjas n’ont guère une bonne notoriété et réputation dans l’armée. C’est un conseil, surtout que tu es l’un des chevaliers de la princesse Terria. Il suffirait que cette … Douély te manipule pour que la vie de la princesse soit en danger. »

Ce n’était pas possible ! Douély n’était pas comme ça ! Il le savait pertinemment ! Il allait répliquer mais … dans le fond … Il se doutait que le Cizayox ne disait pas cela pour le faire hurler … mais simplement pour le mettre en garde. Il y avait sûrement des Munjas maléfiques … comme chez chaque race d’insectes mais … bon … Et oui … Il y avait aussi la princesse Terria. Et elle, il devait absolument la protéger.

« Il faut nous comprendre, Earnos. Avec les récents événements … La sécurité du royaume est ce qui importe le plus. Lorsque tu as rejoint l’armée des insectes, tu t’en doutais, n’est-ce pas ? Alors … Il faut que tu penses à couper les ponts avec cette Munja. » continua de dire l’homme en armure rouge alors que le jeune garçon baissait la tête.

« Je … Je suis d’accord … Je veux bien que … Est-ce que je pourrais la revoir une dernière fois ? Au moins … Lui dire quelque chose. » annonça Earnos.

« Et te mettre en danger ? Est-ce que tu comprends la portée de tes paroles ? »

Mais … Mais … Mais … Il ne pouvait pas l’abandonner comme ça ! Partir du jour au lendemain sans même prévenir ! Rien qu’avoir cette idée était horrible … Encore plus que la séparation … Et son autre idée … justement … était à jeter visiblement. Dire qu’il aurait voulu en parler avec la princesse Terria avant qu’il ne se fasse refusé tout cela.

« Mais ce n’est pas grave ! » s’écria une voix de derrière la porte avant qu’elle ne s’ouvre, le garde se poussant au bon moment pour l’éviter.

La jeune fille aux cheveux blonds et à la parure royale se tenait là, les bras croisés, le regard légèrement froncé alors que derrière elle se trouvait Holikan. Le Cizayox s’était levé de sa chaise, comme étonné que la princesse se trouve devant lui avant de s’incliner respectueusement. La princesse reprit la parole :

« Ce n’est pas grave du tout … Ce n’est pas si important que ça et vue comment Earnos fait son travail, il n’est pas vraiment à juger là-dessus. »

« Princesse Terria … Sauf votre respect, nous parlons d’une Munja … »

« Une Munja qui ne lui a rien fait et qui ne semble avoir aucun antécédent. Il ne faut pas juger une personne sur sa race. Earnos, tu pourras retourner la voir quand tu veux. »

Le Cizayox allait prendre la parole pour contester mais la jeune fille fronça une nouvelle fois son regard, signe qu’elle ne voulait surtout pas être contestée. Depuis la mort de sa mère, elle se montrait assez … acariâtre dira-t-on.

« Tu peux t’en aller, Earnos. » reprit la princesse alors qu’il hochait la tête pour signaler qu’il avait bien compris. Il quitta le bureau, s’éloignant de quelques mètres jusqu’à attendre que la princesse Terria ressortit quelques minutes plus tard, accompagnée d’Holikan. Elle sembla surprise de le voir avant qu’il ne lui dise :

« Princesse … Est-ce que … je peux vous parler ? J’ai … une proposition à vous faire. Enfin, je pense qu’elle vous fera plus que plaisir mais … Disons que … Ca concerne justement la Munja dont je parlais avec … »

« Hein ? Euh … Bien entendu … C’est vraiment très rare que tu m’adresses la parole. » murmura la jeune fille aux yeux rubis, Holikan levant un sourcil d’étonnement.

« J’ai … Euh … Il vaudrait mieux que je vous en parle en privé, princesse Terria. Surtout en vue de comment les personnes réagissent … C’est une mesure de précaution. »

« Néanmoins, je vous accompagne tous les deux. » signala Holikan, ne laissant guère le choix à la princesse et à l’Aspicot de pouvoir contester ses paroles.

« Comme tu veux tant que tu ne répètes pas à tout le monde ce qu’il va me dire. » conclut la jeune fille avec autorité, signe qu’il valait mieux qu’il ne joue pas à un jeu stupide avec elle sur ce point. Elle n’était pas vraiment en « état » de s’amuser.

« Alors … Si vous voulez bien me suivre. » annonça Earnos.

Ils quittèrent les couloirs, se retrouvant dehors bien qu’ils restaient dans le château. Les entrainements continuaient mais étaient moins nombreux. Ils s’installèrent sur un banc, la jeune fille assise à côté d’Earnos, Holikan restant debout, regardant les alentours.

« Alors … Qu’est-ce que tu voulais me dire en secret ? » demanda la jeune fille, attendant bizarrement avec une certaine impatience les paroles d’Earnos.

« Alors … C’est juste une idée comme ça … car j’ai envie de vous voir heureuse. Voilà … Quand j’ai été chez Douély, j’ai appris de sa propre voix qu’il était possible de rappeler les esprits des personnes mortes. Enfin … Les Munjas en sont capables. »

« … … … Earnos, tu … » commença à dire Terria, le regard un peu trouble.

« Je me disais que c’était peut-être une bonne idée que d’y aller ensembles et de voir pour votre mère … La reine Seiry, qu’est-ce que vous en pensez ? »

Il … Il … Elle avait du mal à le croire mais ce que le jeune garçon lui proposait, c’était tout simplement … de revoir sa mère ? Mais mais … Mais … Devant le regard qu’elle lui lançait, Earnos reprit aussitôt la parole :

« Bien entendu, ça ne la fera pas revenir hein ? Je suis désolé de reparler de ça … Mais si vous voulez lui laisser un message, lui parler … C’est peut-être une bonne idée. »

« Je ne trouve pas que cela soit une bonne idée … Surtout d’emmener la princesse au-dehors du château. Earnos, je pensais que la discussion avait été compréhensible sur ce point. Avec tout ce qui s’est passé, je … »

« Si tu es si inquiet à mon sujet, tu n’auras qu’à nous accompagner, Holikan. » coupa aussitôt la jeune fille, un sourire aux lèvres, sourire qui n’avait plus été présent depuis si longtemps.

« Je pense qu’il vaut mieux que je prévienne … »

« Que tu préviennes qui ? Je pensais que j’avais été claire à ce sujet, Holikan. Si tu as pu écouter ce qu’il m’a dit, c’est bien parce que j’ai accepté. »

« Mais princesse … Cela est beaucoup trop dangereux ! » reprit le Yanma, confus mais obligé d’obéir aux ordres de celle qu’il doit protéger.

« Et alors … Tu n’auras qu’à venir avec nous. Bon … Euh … Merci beaucoup Earnos. Je viendrai te chercher lorsqu’on pourra y aller, d’accord ? »

« Bien entendu … Princesse Terria. Maintenant, je vais retourner m’entraîner comme les autres. De plus, il ne faut pas que les gens pensent que je vous importune. »

L’importuner ? Elle ? Elle recula son visage, un peu étonnée par les paroles d’Earnos alors que celui-ci se levait du banc. Il devait retourner dans sa chambre pour aller prendre sa foreuse puis ensuite se préparer à s’entraîner. Il s’éloigna sans un mot, s’inclinant auparavant devant la princesse. Il devait reprendre son occupation première.

Quant à elle, en vue du sourire et du petit saut qu’elle fit pour se lever, sa joie venait de grimper à forte échelle. Elle signala à Holikan de partir faire son entraînement lui aussi mais en même temps de bien oublier de ne surtout pas répéter ce qui avait été dit ici. Le Yanma poussa un profond soupir avant de retourner à son propre entraînement.

Chapitre 4 : Ne pas la blesser

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Chapitre 4 : Ne pas la blesser

« Je vais aller voir mademoiselle Douély. Ca fait très longtemps que je ne l’ai pas vue. » dit le jeune garçon aux cheveux blonds, sa mère poussant un léger soupir.

« Est-ce que tu as prévenu Herakié à ce sujet ? Car si elle vient te chercher alors que tu n’es pas là et que tu es en repos normalement … » murmura-t-elle alors qu’il bredouillait :

« Euh … Sincèrement, je ne préfère pas du tout qu’elle soit prévenue … Après, elle va vouloir me suivre et je veux être seul avec mademoiselle Douély. J’y vais maintenant ! »

Il s’éclipsa aussitôt, ne voulant pas continuer la conversation. Loin de là même ! Deux minutes plus tard, il était déjà dehors en train de courir. Hérakié allait lui faire une crise de jalousie mais qu’importe, le plus important était de voir Douély. Il n’eut aucun mal à se rendre le quartier réservé aux Munjas, regardant autour de lui. Hum … Ils étaient toujours aussi peu nombreux dans les rues … mais en même temps … Ils étaient toujours aussi silencieux et sinistres … et encapuchonnés.

« Douély … Mademoiselle Douély … Elle est … ici. » dit-il en retrouvant l’endroit où elle habitait, s’approchant de la porte. Lorsqu’il fut près d’elle, une sinistre voix s’adressa à lui :

« Earnos … Earnos … Qu’as-tu fait ? Pourquoi n’es-tu pas revenu ? »

« Euh … Mademoiselle Douély … Si c’est vous, je rappelle que ce n’est pas drôle du tout. Je ne suis pas quelqu’un de froussard et de peureux. » murmura-t-il bien qu’il sentait un souffle froid qui lui caressait la nuque, le forçant à se retourner. « Je vous ai dit d’arrêter ! Ce n’est pas drôle du tout, mademoiselle Douély ! »

La porte grinça, s’ouvrant légèrement. Il n’allait pas tomber dans le piège grossier. Elle lui en voulait car ça faisait déjà quelques semaines qu’il n’était pas venu la voir. A cause de tout ce qui s’était passé, il n’avait pas vraiment eut le temps pour une telle chose. Même si il le regrettait amèrement quoi … Enfin bon …

« Ce n’est pas drôle du tout ! » répéta-t-il en s’avançant vers la demeure maintenant ouverte.

Lorsqu’il pénétra à l’intérieur, la porte se referma derrière lui et tout s’enchaîna. Deux yeux bruns apparurent en face de lui, brillant dans le noir. Il poussa un cri, les yeux se déplaçant à toute vitesse sur la droite alors qu’il s’était mis à courir, se cognant contre le coin d’une table. Il pouffa de douleur, son corps s’arquant à cause de cela. Il se retrouva violemment plaqué sur le sol, ou du moins, pensa que c’était le cas avant de sentir qu’il était couché sur un canapé. Et sa tête se retrouvait enfouie dans quelque chose … de doux … mais qui l’empêchait de respirer. Il tenta de se mouvoir, une petite voix plaintive disant :

« Mais arrête de bouger ! C’est ta punition ! Tu es paralysé ! »

Paralysé ? Il pouvait quand même bouger ! Il continua de se mouvoir jusqu’à ce que deux lèvres se posent sur ses deux joues. Aussitôt, il se stoppa, immobile comme si il avait été réellement paralysé. Ce baiser … si bon …

« Tu vois … C’est ce que j’avais dit, Earnos. »

Finalement, la lumière revint, laissant paraître le visage souriant de la Munja. Celle-ci était toujours la même avec ses longs cheveux bruns, magnifiques à observer. Ce qu’il avait senti sur sa tête … C’était bien … euh ce qu’il pensait hein ? PFIOU ! Il avait un peu plus chaud maintenant à cause de ses bêtises.

Alors … Euh … Qu’est-ce qu’il devait faire ? Il était venu pour … quoi ? La jeune femme vint s’asseoir à côté de lui, le regard froncé avant de placer ses mains autour de son ventre. Elle le sera avec tendresse contre elle, le jeune garçon ne bougeant plus du tout. C’était … sympathique … Ça lui avait manqué aussi … Elle lui avait manqué aussi.

« Euh … Mademoi … » commença t-il à dire avant de s’arrêter. « Douély … Ca faisait très longtemps hein ? Vous m’avez manqué aussi … Enfin, tu m’as manqué … »

« Depuis cet incident avec … la reine et j’ai appris que tu étais rentré dans l’armée du royaume des insectes, je me demandais si tu m’avais oubliée. »

« Ah non ! JAMAIS ! Ça c’est impossible ! Je ne t’oublierai jamais ! » dit-il avec entrain alors qu’elle lui souriait, reprenant avec douceur :

« Je ne suis pas d’accord … Tu ne devrais pas être dans l’armée … Tu es beaucoup trop jeune et tu n’es pas fait pour cela, Earnos. »

« Je sais bien … que les Munjas ne sont pas appréciés … mais tu n’as pas à t’en faire, je ne te ferai jamais de mal, Douély ! Jamais ! Tu veux que je te raconte tout ce qui s’est passé ? »

Hum ? Pourquoi pas ? Elle s’apprêta à le relâcher de son étreinte mais le jeune garçon s’installa sur ses jambes. Et bien … Il commençait à faire son poids, n’est-ce pas ? Est-ce qu’il n’en profitait pas un peu par hasard ?

Une demi-heure s’écoula, le jeune garçon ne s’étant pas arrêté un seul instant dans son histoire. Il lui racontait la promesse faite à la princesse mais aussi à la reine, le fait que son père était un ancien général et toutes ces choses. Lorsqu’il eut terminé, la Munja semblait songeuse, avant de dire avec lenteur :

« Les Munjas peuvent converser avec les morts … Ainsi, on peut rentrer en relation avec les esprits des défunts. Oh … C’est quand même difficile, surtout quand les personnes sont très puissantes à la base de leur vivant … Mais c’est ainsi … »

« C’est très bien comme pouvoir, ça. Pourquoi est-ce que les Munjas ne sont pas appréciés ? Vous êtes pourtant … loin d’être effrayants. Toi, tu es vraiment jolie, Douély. » dit-il en rougissant un peu, la jeune femme aux yeux bruns rigolant.

« Et bien … Depuis quand tu essaies de flatter ma personne ? »

« Je ne fais que dire la vérité, Douély ! » répondit le jeune garçon aux cheveux blonds aussitôt, Douély, collant sa joue contre la sienne.

« Tu sais que parfois, tu es drôlement mignon quand tu parles de la sorte, Earnos. Ça me donne envie de te dévorer tout cru. Et dire que tu vas continuer à grandir. »

Et ? Qu’est-ce que cela allait faire ? Il ne comprenait pas … mais il avait senti une petite pointe de tristesse dans la voix de la Munja. Il frotta sa joue contre celle de Douély, comme pour la rassurer bien qu’il ne comprenait pas. Il ne voulait pas la savoir triste … alors il allait tout faire pour éviter qu’elle ne le soit.

« Dis … Earnos … Tu veux passer la soirée ici ? Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Je … Je n’ai pas d’affaire … Mais je veux bien … Je vais en prendre chez mes parents et je reviens tout de suite ! D’accord ? »

Bien entendu. Ils allaient passer une journée ensemble. La matinée venait à peine de débuter. Il repartit presque aussi vite qu’il était venu. Puis le temps passa, dix minutes, puis vingt … Enfin, une heure … puis une second heure. Assise sur le canapé, la jeune femme tapotait du pied sur le sol, se disant à elle-même :

« Il n’aurait quand même pas osé me faire ce coup ? Ce n’est pas dans son caractère … mais autant de temps … Qu’est-ce qu’il est en train de faire ? »

Brrr ! Elle n’appréciait pas vraiment cela … mais bon … Elle allait lui faire une grosse frayeur quand il reviendra ! Et puis … Depuis quand se comportait-elle de la sorte ? Hum … Depuis l’apparition de l’enfant dans sa demeure il y a de cela plusieurs années … Mais c’était ainsi, elle ne se le reprochait pas le moins du monde.

« Douély ! Douély ! Je suis de retour ! Enfin ! » s’écria une voix de derrière la porte.
Elle l’ouvrit, s’apprêtant à lui remonter les bretelles s’il en avait possédées. Mais en voyant que le jeune garçon semblait exténué, elle préféra lui demander :

« Tu en as mis du temps. Tu m’as l’air épuisé. Qu’est-ce qui s’est passé pendant ces deux heures ? A croire que tu as fait un marathon. »

« Je suis tombé … sur Herakié … Tu sais, je t’en ai déjà parlé, c’est la petite Scarhino. Et bien … En fait, elle m’attendait à la boutique de fleurs. Elle m’a demandé où j’étais, où est-ce que j’allais, j’ai dû lui mentir … Enfin, je n’aime pas mentir … Mais pour qu’elle soit contente et satisfaite, j’ai passé deux heures avec elle. Maintenant, je suis là pour toute la journée. »

« Oh … Mon pauvre petit Aspicot … Viens donc par là … » chuchota avec tendresse la Munja avant de passer une main dans ses cheveux couverts de sueur.

Il poussa un petit gémissement de plaisir, souriant tout en fermant les yeux. Quand elle l’appelait ainsi, il aimait particulièrement la sensation qu’il avait. C’était bizarre … et chaud en même temps. La jeune femme lui murmura que pour le reste de la journée, c’était repos. Ils allaient s’amuser et se distraire tous les deux, chose que le jeune garçon ne pouvait sûrement plus faire depuis qu’il était dans l’armée des insectes.

« On va essayer de faire que cette journée te donne envie de revenir encore une fois, n’est-ce pas ? » dit-elle alors qu’il ne lui répondait pas, appréciant la position dans laquelle il se trouvait. Il était d’accord avec tout ce qu’elle voulait. Le plus important pour lui, c’était de rester avec elle le plus longtemps possible. Mais il n’oubliait pas son rôle ailleurs.

Chapitre 3 : L’amour trouble

ShiroiRyu
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Chapitre 3 : L’amour trouble

« Tu as obtenu un jour de repos ? Qu’est-ce que tu vas en faire, Earnos ? » demanda l’un des soldats, presque aussi jeune que lui et qui était un camarade de chambre.

« A peu de choses près, c’est ça, oui … Enfin, il paraîtrait que c’est Olistar qui a demandé à ce que je prenne un jour de repos à cause de ce qui s’est passé il y a quelques jours. » murmura le jeune garçon aux cheveux blonds, sans que cela ne le gêne de parler de sa défaite face au Rapion. Il se leva, poussant un léger soupir avant de reprendre : « Je vais retourner voir ma famille. Ca fait déjà quelques semaines … Puis, ça ne peut pas … me faire du mal. »

Même si il avait un peu honte d’abandonner la princesse, ne serait-ce que pour quelques heures. Il n’en avait pas vraiment envie … Surtout que le deuil était loin d’être terminé pour elle. Il aurait bien aimé l’aider mais … Il n’avait aucune idée en tête, aucune solution ! Et il devait avouer que cela le faisait rager intérieurement … lui qui était pourtant si calme en apparence. Bon … Il verrait plus tard.

« Je vais préparer mes affaires pour la journée. » annonça-t-il à l’autre soldat.

« Aucun problème, je te laisse tranquille et pépère. » répondit le soldat avant de s’éloigner et de quitter la chambre. Ce n’était pas des chambres individuelles … malgré son statut de chevalier, il ne le méritait pas encore. Et oui … Il devait faire des efforts pour obtenir ce qu’il désirait. C’était pareil qu’à son ancien travail.

Quelques minutes plus tard, il avait quitté la chambre, mais aussi le château. Direction la maison ! Il lui fallut une bonne heure de marche, sa foreuse dans une main, ses affaires sur son dos. Heureusement pour lui, il avait appris qu’il pouvait passer la nuit chez ses parents. Ah … Mais en même temps … Douély. Il avait envie de revoir la jeune femme ! Elle lui manquait terriblement, autant que ses parents d’ailleurs.

« Maman … Papa … C’est moi, Earnos. » dit-il lorsqu’il pénétra dans la boutique, ayant senti le besoin de se représenter aux personnes qui constituaient sa famille. Il avait oublié sur le moment que son père était sûrement parti travailler.

« EARNOS ! Mon fils ! » s’écria une femme avant de venir le serrer dans ses bras. Aie … C’est vrai … L’affection, toutes ces choses. Il rigola légèrement, serrant sa mère alors qu’il se demandait où était tous les autres membres de sa famille.

« Maman … Où est-ce qu’elles sont ? Enfin … Tu travailles seule maintenant ? »

« Mais non … Simplement, tu sais très bien que Passy n’est plus avec nous. Elle est maintenant avec son époux. Quant à Cassina, elle est partie voir Raor pour quelques heures. Tu sais bien à quel point ils sont proches tous les deux. Ah … Mes filles grandissent trop vite. Prends tout ton temps, Earnos, d’accord ? » lui dit sa mère, le gardant contre elle pendant de longues secondes jusqu’à ce qu’une petite voix se fasse entendre.

« Grand frère Earnos ? T’es à nouveau là ? »

Ah ! Olly était là ! La plus petite de sa famille ! Dire qu’elle avait maintenant cinq ans … et qu’elle savait plus que bien parler. C’est vrai … A cinq ans, lui, était déjà en train de forer … Mais il n’avait pas honte de ce qu’il avait fait … et de ce qu’il était devenu. Loin de là même.

« Par contre, Earnos … Quelqu’un t’attendait aussi depuis tout ce temps. Je crois même qu’elle va arriver d’ici un quart d’heure. Reste là en attendant. »

Hum ? Il avait une petite idée sur la personne mais il préféra se taire. Et visiblement, il avait parfaitement raison quand la porte du magasin s’ouvrit, laissant apparaître une jeune fille aux cheveux bleus. Celle-ci ne l’ayant pas encore remarqué, demanda à sa mère :

« Dites … Est-ce qu’Earnos viendra bientôt ? Il est toujours trop occupé avec ses entraînements. Et dans le château, on ne me le laisse pas rentrer pour le voir. »

« Et bien … Je pense que tu seras heureuse car aujourd’hui, il est là. »

Ah ? Ah bon ? Elle tourna sa tête à gauche puis à droite, ne le remarquant pas. Ce fut lorsqu’elle remarqua des cheveux blonds derrière le comptoir qu’elle s’approcha discrètement de celui-ci. Puis sans même prévenir, elle passa au-dessus du comptoir, atterrissant sur le jeune garçon alors que la femme Coxyclaque rigolait, amusée.

« AIE ! AIE ! C’est bon ! Coucou à toi aussi, Hérakié ! HEY ! Lâche-moi, c’est bon ! »

« Madame, on s’en va se promener ! » dit la jeune fille aux cheveux bleus, emportant Earnos sans même lui laisser le temps de prendre la parole.

Voilà maintenant qu’il était au beau milieu du village, en train de marcher à côté d’Herakié, celle-ci lui tenant fortement la main quitte à lui faire mal. Elle ne voulait surtout pas qu’il la lâche. Il en était hors de question ! Et puis, elle faisait une petite mine boudeuse même si elle était très heureuse de le revoir. Tactique qui marcha puisqu’il prit la parole :

« Euh … Herakié … Ne fait pas trop la tête, d’accord ? C’est juste qu’avec l’entraînement … et puis l’armée … et tout ça … J’étais très occupé. »

« Ca change rien … que tu aurais pu venir plus souvent. »

« Mais tu peux venir me voir quand tu veux hein ? Euh … Ca ne me dérange pas ! » dit-il avec un peu de gêne, la jeune fille s’arrêtant sur le chemin. Elle se pencha vers lui, les yeux fermés tout en tendant ses lèvres. « Mais … mais … Qu’est-ce que tu fais, Herakié ? » reprit le jeune garçon en reculant un peu, posant ses deux mains sur les épaules pour éviter ça.

« Bah … Si tu … veux que je vienne plus souvent te voir … C’est bien parce que tu m’apprécies beaucoup non ? » demanda la jeune fille en rouvrant ses yeux, sa tête penchée sur le côté comme dubitative par les paroles d’Earnos.

« Je t’apprécie beaucoup mais quand même pas à ce point. Euh … On ferait mieux de rentrer tous les deux … Il se fait déjà tard de toute façon. Et puis, je dois partir tôt dès demain. »

« Mais ça ne fait même pas une heure ! » se plaint la jeune fille, recommençant à faire une mine boudeuse bien qu’il souriait légèrement. Ça ne marchait pas cette fois.

Sur le chemin alors qu’il la raccompagnait, ils s’arrêtèrent une nouvelle fois, apercevant deux formes qu’il connaissait très bien. Sa sœur … Cassina était là ? Avec Raor ? OUPS ! Il se cacha avec Herakié, semblant se rappeler une petite scène pas si … lointaine que ça avec la princesse Terria. Qu’est-ce qu’ils disaient ?
Il tendit l’oreille, Herakié faisant de même. C’était quoi … Le Chenipotte tentait d’embrasser sa sœur aînée mais celle-ci refusa le baiser, rougissant néanmoins violemment. Elle s’éloignera sans plus de discussion, discussion dont ils n’ont rien pu entendre. Néanmoins, malgré le refus du baiser, cela se voyait parfaitement qu’elle avait des sentiments pour le Chenipotte. Voilà que le Chenipotte passa à côté de l’endroit où ils s’étaient cachés, ne semblant même pas les remarquer.

« Et bien … Moi … Si j’avais été Cassina … J’aurai accepté de l’embrasser … Enfin, si c’était toi bien entendu hein ? » murmura Herakié avec candeur.

« Je ne sais pas pourquoi … elle refuse ça. Pourtant, elle l’aime. »

Il avait fait semblant de ne pas l’entendre, la jeune fille poussant un petit gémissement plaintif pour bien signaler qu’elle n’appréciait pas cela. Elle l’embrassa soudainement sur la joue, le faisant crier de surprise alors qu’il cherchait une explication. Elle lui signala que cela, c’était pour l’avoir ignoré. Maintenant, il était temps de rentrer.

Elle le raccompagna jusqu’à la boutique de fleurs, le jeune garçon lui demandant si il devait l’emmener jusqu’à chez elle. Elle signala que non mais qu’en échange, il devait revenir bien plus souvent ! Elle le laissa devant la boutique, s’éloignant à son tour avec plusieurs salutations de la main. Elle était adorable … en quelque sorte.

« Et bien … On dirait qu’au final, tout s’est bien passé, non ? » lui demanda sa mère alors qu’il pénétrait dans le magasin.

« Ca peut aller … Cassina est rentrée ? Je l’ai vue sur le chemin … »

« C’est exact. Elle semblait un peu chamboulée. Enfin bon … C’est de son âge, les amours … Tu es encore trop jeune pour ça … bien que visiblement, Herakié semble avoir déjà quelques années de plus sur le sujet. » reprit sa mère avec amusement.

« Maman … s’il te plaît … On peut parler d’autre chose ? J’espère que Papa va bientôt rentrer … Je veux le voir avant de repartir. »

« Oh … D’ailleurs, pendant que tu n’étais pas là, un jeune Rapion est venu nous voir. Il était porteur d’un message qui signalait que tu avais encore quelques jours de repos en plus. »

« Hein ? Quoi ? Olistar est venu ? » dit-il avec surprise.

Comment ça se faisait ? Et puis … Enfin non … Ce n’était pas le plus important. Il avait encore quelques jours de repos ? Mais il savait ce qu’il allait faire ! Bien entendu, ne pas prévenir Herakié car sinon, il n’aurait aucun moment pour souffler mais … Il allait voir Douély ! OUI ! C’était une excellente chose que ce repos ! Il allait revoir Douély … et peut-être parler avec elle. Rien que cette idée … Il adorait ! Vivement demain !

Chapitre 2 : Une cuisante défaite

ShiroiRyu
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Chapitre 2 : Une cuisante défaite

« Déjà un entraînement ? Ils viennent à peine de se lever. Ah … C’est le petit Earnos. Toujours en pleine forme visiblement. » dit un soldat, d’autres discutant entre eux. Nul ne semblait vouloir s’entraîner, tous encore à moitié endormis.

Il était là, faisant face au Rapion qui le regardait lentement. Aucun ne fit un geste pendant plusieurs secondes. Ils ne faisaient que se mouvoir en rond, attendant que l’un prenne les devants. L’Aspicot se méfiait depuis le temps du Rapion. A force, il savait que s’emporter contre lui était loin d’être une excellente idée. Pourtant, il fallait réagir … maintenant ! Il s’élança vers l’adolescent, sa foreuse à la main. Puis subitement, il relâcha son arme, celle-ci partant en direction d’Olistar.

Et bien ? Quelle drôle de tactique. Il évita la foreuse avec agilité, donnant simplement un petit coup de pied pour le faire dériver de sa trajectoire. La foreuse alla se planter dans le sol au beau milieu de quelques soldats tandis qu’il se remettait correctement. Correctement à temps pour éviter une nouvelle pointe, de la taille d’un poing qui fonçait vers son ventre. WOW ! Elle était sortie de la main droite d’Earnos ?

« Je vais finir par croire que tu utilises enfin tes capacités, Earnos. » annonça t-il.

« Mes capacités sont dérisoires … mais je ferais de mon mieux. » répondit le jeune garçon avec neutralité avant de recommencer à donner des coups de piqures avec la paume de sa main droite. Mais il voyait parfaitement qu’il n’arrivait pas à le toucher le moins du monde.

Plusieurs murmures se firent entendre tout autour d’eux. Chacun remarquait que le Rapion semblait s’amuser avec l’Aspicot comme si de rien n’était. Comme si … Il n’y avait aucune difficulté à le mettre à mal. C’était assez triste en soi … Puis soudainement, Olistar s’arrêta, faisant sortir de sa paume un dard avant de percuter celui d’Earnos avec celui-ci.

« Tu n’es pas le seul capable d’utiliser une telle arme, Earnos. Tu t’en doutes, n’est-ce pas ? »

« Tu as beaucoup plus de choix que moi, Olistar. Je n’ai pas grand-chose contre cela. »

« Ne dit pas cela … Je suis sûr que tu es capable de bien plus. » reprit le Rapion avant de faire apparaître un second dard dans son autre main.
Maintenant, c’était lui qui reculait, ne pouvant essayer que de parer les coups sans réellement y arriver. Lorsqu’il se protégeait d’un dard, le second venait le frapper sur le ventre, sur le torse, sur le bras qui tentait de se mettre entre son corps et l’arme. Mais tout en reculant, il tournait pour tracer un cercle et restait dans la zone d’entraînement. En même temps, il ne faisait que baisser la tête pour se protéger.

« Sais-tu que la meilleure défense est l’attaque, Earnos ? Tu peux faire beaucoup mieux. »

Beaucoup mieux ? Elle n’en était pas si sûre. Elle ne pouvait qu’apercevoir le jeune garçon aux cheveux blonds qui faisait des efforts pour ne pas paraître ridicule. C’était stupide … Il ne savait pas se battre contrairement à Olistar. Pourquoi un tel entraînement alors ? Elle n’avait plus envie de regarder ce combat. Elle s’apprêta à partir avec les Apitrinis avant que des murmures ne se fassent entendre en nombre.

« Qu’est-ce que … Depuis quand as-tu fait ça ? » demanda Olistar, complètement immobile alors que ses deux pieds étaient recouverts d’une substance blanche et collante.

« Je devais juste te mettre en confiance … Si je l’utilisais trop tôt, tu l’aurais évité facilement … Alors il fallait … te faire faire la même chose pendant … quelques secondes. »

Même si ses deux bras étaient recouverts de bleus à cause des parades, il semblait encore capable de se battre. Sans attendre que le Rapion retire la sécrétion sur ces pieds, il s’élança vers lui, le dard dans sa main droite prêt à venir frapper lourdement Olistar en plein ventre. Le Rapion tentait de bouger ses deux pieds, n’y arrivant pas tout en serrant les dents. Hum … C’était vraiment très efficace pour le paralyser ! Et assez ingénieux d’ailleurs.

« Mais bon … Tu manques encore d’expérience, Earnos. » dit le Rapion en soupirant, un léger sourire dessiné sur ses lèvres.
Lorsque l’Aspicot fut à sa portée, les deux dards dans ses paumes commencèrent à percuter l’enfant aux cheveux blonds à une vitesse folle. Celui-ci n’avait pu faire ne serait-ce qu’un mouvement pour attaquer le Rapion. La main droite avec son dard levé, Earnos s’était immobilisé à une cinquantaine de centimètres d’Olistar.

« Si tu m’immobilises, le mieux est de ne pas m’attaquer au corps à corps car je serai prompt à réagir … Il vaut mieux attaquer à distance. Tu as perdu, Earnos. »

Le corps du jeune garçon s’écroula au sol tandis que le Rapion déchirait la sécrétion sur ses jambes. Déjà quelques soldats s’approchaient des deux enfants pour apercevoir comment ils allaient. L’entraînement allait être écourté pour celui qui était allongé sur le sol.

« Princesse Terria ? Il est peut-être temps d’aller vous préparer pour vos cours. » murmura un Apitrini d’une quinzaine d’années. La jeune fille aux cheveux blonds fit quelques pas en direction des soldats, d’Earnos et Olistar avant de s’arrêter. Le jeune Aspicot s’était relevé, gémissant un peu de douleur.

« Nous pouvons y aller. Je n’ai plus rien à faire. » chuchota Terria avant de s’éloigner, le regard rubis semblant terne et vide.

« Cela faisait très mal … Cette attaque … On aurait cru … que tu me frappais une centaine de fois … sans même que je puisse faire quelque chose, Olistar. »

« Une nuée … C’est un peu le principe du dard mais en une quantité beaucoup plus nombreuse et rapide à agir. » dit Olistar, haussant un sourcil.

« Ca faisait quand même très mal … » reprit Earnos en regardant ses deux bras puis posant une main sur son ventre et son torse.
Etonnant … quand même. Il avait gagné avec facilité, ça, ce n’était pas surprenant … Non, ce qui pouvait créer une certaine surprise, c’était plutôt le fait qu’il se relève ainsi. On n’aurait pas cru en le regardant mais … Il était plutôt résistant, n’est-ce pas ? Il hocha la tête en réponse aux derniers propos d’Earnos avant de lui signaler qu’il partait de son côté mais qu’il était prêt à s’entraîner une nouvelle fois avec lui quand il le voulait.

Pourtant, le Rapion fut arrêté sur le chemin par Holikan, celui-ci croisant les bras, le regard froncé vers lui. Olistar soupira légèrement, comme amusé par la réaction du Yanma alors que celui-ci ne semblait pas décolérer. Holikan dit avec calme néanmoins :

« J’espère que tu ne te sens pas fier d’avoir gagné contre un débutant. La prochaine fois que tu veux combattre, il vaudrait mieux que ça soit contre un adversaire de ton niveau. »

« Oh … Personnellement, je ne m’attendais pas à perdre contre Earnos mais je veux lui permettre de s’améliorer et la meilleure façon pour lui est de s’entraîner avec des personnes comme moi. Quant à un futur affrontement entre toi et moi, pourquoi pas ? Mais pas maintenant … Ta fierté t’empêche de faire un entraînement après que je sorte d’un combat. Bien entendu, n’oublions pas néanmoins que tu n’apprécies pas ma présence. »

« Ta présence n’est pas acceptée … simplement tolérée. Je n’oublierai jamais ce que tu es … De quelle race tu proviens. » reprit Holikan, laissant passer Olistar à côté de lui.

« Préviens-moi le jour où tu arrêteras avec ces préjugés. Ce jour-là, tu auras peut-être ta mentalité qui aura évolué. Allez … On se revoit plus tard. »

Détestable … Voilà comment il voyait le Rapion un peu plus âgé que lui. Il le détestait … Sans se retourner, il le laissa partir, ne faisant que serrer les dents. Il fallait prévenir Earnos à ce sujet. L’Aspicot était quand même le fils d’un ancien général d’après ce qu’il avait appris … et aussi l’un des nouveaux chevaliers de la princesse Terria. Il allait le mettre un peu au pas pour qu’il sache tout ce qu’il y a à faire et à ne pas faire.

« Earnos ? Est-ce que je peux te parler ? » dit-il en s’approchant de lui.

« Oui … Enfin … Je ne connais pas encore les noms de tout le monde … Mais toi, c’est bien … Holikan, non ? Le fiancé de la princesse Terria. Aie. » répondit le jeune garçon aux cheveux blonds en récupérant la foreuse, se tenant la hanche de l’autre main.

« C’est exact … Enfin, je suis le prétendant à la princesse Terria, je ne suis pas encore son fiancé. Nous sommes trop jeunes pour cela. Enfin … Je ne suis pas là pour te parler de ça. Est-ce que je peux plutôt discuter avec toi ? Au sujet d’Olis… du Rapion et de diverses autres choses ? Je pense que ça te sera plutôt utile dans le futur. »

« Et l’entraînement ? On ne peut pas l’oublier. » annonça Earnos en regardant les soldats qui commençaient enfin à s’échauffer.

« Je pense, et je ne suis pas le seul, que tu as bien le droit à du repos pour une bonne demi-heure, voir une heure. Il faudrait peut-être même voir un soigneur. »

« Je ne suis pas dans un tel état quand même … Mais bon … Si tu veux parler, d’accord. »

De toute façon, il n’avait pas vraiment à se plaindre. Le Yanma, à part sa rivalité exubérante avec le Rapion, était quelqu’un de très apprécié par tout le monde. Un futur général comme chacun aimait le dire. Alors bon, il pouvait toujours apprendre plus de choses grâce à lui. Il accompagna le Yanma loin de la zone d’entraînement, prêt à l’entendre. Ses débuts étaient parcouru d’embûches mais cela ne l’embêtait pas. Non … Il tiendrait sa promesse.

Chapitre 1 : Un entraînement comme un autre

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Première partie : La vie d’un simple soldat

Chapitre 1 : Un entraînement comme un autre

« … … … Il est l’heure de se lever. » murmura d’une voix lente, un jeune garçon aux cheveux blonds. Il se redressa dans son lit, le regard perdu dans la vague.

Ses yeux rubis se refermèrent pendant quelques secondes avant qu’il ne se lève finalement de son lit. Il n’avait pas de temps à perdre … Surtout pas ! Il se prépara, quittant sa chambre quelques minutes plus tard. A cette heure-ci, il ne devait pas y avoir grand monde, il le savait parfaitement. Peut-être qu’il allait quand même se nourrir un peu avant d’aller à l’entraînement … En même temps, il était habituellement seul.
Il se dirigea vers la cantine, remarquant néanmoins que les cuisiniers royaux étaient déjà présents. Eux … ne dormaient que très peu. Il était normal alors qu’ils soient disponibles à toute heure pour préparer le repas des personnes du château. Hum … Bon … Il salua les cuisiniers, prenant un plateau avant de commencer à se servir. Il mangea tranquillement et en prenant son temps. Rien ne pressait, loin de là même.

Dès qu’il eut terminé, il quitta la cantine, allant maintenant dehors. C’était là que la majorité des entraînements avait lieu. Et maintenant, avec sa foreuse dans sa main droite, il était prêt à s’entraîner. Autant dire que c’était une arme des moins communes dans l’armée … Néanmoins, les Dardargnans semblaient souvent s’en servir … Du moins, ceux qui provenaient du peuple comme lui … Les Dardargnans nobles utilisaient quant à eux des lances aussi pointues que les foreuses … et un peu plus perçantes. Enfin, rien ne valait sa petite foreuse dont il était plutôt fier. Le reste lui importait vraiment peu !

Un mouvement, deux mouvements, avec un tel objet, ce n’était pas vraiment l’agilité qui primait. Il devait surtout apprendre à bien utiliser son arme Plus facile à dire qu’à faire n’est-ce pas hein ? Il roula sur le côté, sa foreuse s’actionnant alors qu’il visait devant lui. Si il avait le malheur de glisser sur le sol et de créer un nouveau trou dedans, il savait qu’il allait avoir de gros problèmes. Hum … Bon … De toute façon …

« Hey ! Déjà debout Earnos ? Hahaha ! Bien sûr ! Que je suis bête ! C’est toujours toi le premier debout, je suis idiot ! » lui dit une voix amusée derrière lui.

Il se retourna pour apercevoir un soldat, lui aussi un lève-tôt. Oh … Il était le premier, ça ne voulait pas dire néanmoins qu’il était debout cinq heures avant les autres non. D’après ce qu’il savait … Il se levait habituellement vers quatre heures à quatre heures et demie. Ensuite, normalement, les soldats devaient se lever au grand maximum vers cinq heures et demie voir six heures. Ainsi, il avait une heure d’avance, rien de plus.

« Encore en train de t’entraîner, n’est-ce pas ? Tu devrais sérieusement penser à dormir un peu plus longtemps … Tu es jeune, autant en profiter un peu. »

Ah … Ce soldat, c’était un Insecateur d’une trentaine d’années qui l’avait pris en affection car il était aussi l’un des premiers debout. Bref, c’était le genre de petite chose qui n’avait guère d’importance à ses yeux. Mais voilà … Il fit un petit geste négatif de la main, disant :

« Je ne peux pas … Je ne fais que débuter dans l’armée. Il faut que je m’entraîne plus que les autres, c’est important pour moi. Je dois continuer alors à m’entraîner. »

« Hahaha ! Fais comme tu veux, je ne risque pas de t’en empêcher ! Allez bon entraînement ! Moi, je vais aller déjeuner, j’ai les crocs ! »

Il salua le soldat qui s’était éloigné pour aller dans la cantine, recommençant son entraînement. Hum … Maintenant, il avait du mal à rester concentré. Les autres allaient se réveiller les uns après les autres … Et ils allaient lui demander de s’entraîner avec eux. Ça n’allait pas lui plaire … Ou alors qu’à moitié généralement … Hum … Bon … Autant arrêter de s’entraîner, ça n’allait pas servir à grand-chose à ce qu’il sache. Il allait se diriger vers un mur pour se reposer mais fut aussitôt arrêté par une voix :

« Et bien … Toujours en train de s’entraîner visiblement. »

Il se retourna pour apercevoir le Rapion. Olistar … Qu’est-ce que ce dernier faisait là ? Toujours présent avec son absence de sourire … Ca ne lui plaisait pas … Mais en même temps … Il ne l’appréciait pas à cause de la défaite … et aussi du caractère de l’adolescent. Oui … C’était déjà un adolescent, Olistar. Il avait quelques années en plus que lui mais bon, ça ne changeait rien au fait qu’il ne l’appréciait pas … pour l’heure.

« Je comptais m’arrêter, de toute façon. Les autres vont tous venir. Et je suis déjà un peu fatigué. » dit-il, tentant d’écourter la conversation.

« J’aimerai te parler quand tu auras le temps, je te laisse te reposer. Ne t’épuise pas trop. »

Hum ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il y avait encore quelque chose qui se manigançait, n’est-ce pas ? Enfin bon … De toute façon, maintenant, c’était l’instant de repos et rien d’autre. Il observa les différentes personnes qui passaient devant lui. Hum … Elles le regardaient toutes avec une petite appréhension ou un sourire aux lèvres. Il était vrai que son nom était … quand même connu. A cause de son père bien entendu.

Mais bon … Ca ne lui posait aucun problème personnellement. Il n’allait pas nier la célébrité de son père même si il devait avouer qu’il avait été étonné d’apprendre ceci à son sujet. Comme quoi, il ne fallait pas juger un livre à sa couverture. Hum … Même si ça ne faisait que peu de temps qu’il était dans l’armée … Il se demandait s’il allait pouvoir réellement s’améliorer ? Bien entendu, ce n’est pas aussi simple que cela mais il avait quand même une bonne raison. Cette raison … Il la voyait traverser et marcher sans se retourner.
Une jeune fille aux cheveux blonds et aux yeux rubis … accompagnée de nombreux enfants de son âge environ. Une Apireine et ses Apitrinis. L’unique Apireine de ce royaume … La fierté … La perle rare … Le joyau … qui ne devait jamais mourir. Il ne pouvait y avoir qu’une Apireine … Du moins, pas ainsi … Le royaume était dirigé par une Apireine et l’insecte qu’elle aimait. Or … La mère de Terria, l’ancienne reine … était morte maintenant. Il n’y avait plus que le père et la fille pour perdurer la royauté. S’il devait arriver un malheur à Terria, le royaume était perdu. Il devait la protéger … mais aussi pour une autre raison … Il ne voulait plus la voir pleurer cette jeune fille … qui se considérait trop bien par rapport aux autres. Oui … Qui l’avait manipulé depuis le début avant de comprendre qu’il avait été le jeune garçon de son passé. Hum … Mais maintenant, c’était de l’histoire ancienne, il avait complètement mis tout cela de côté. Seul le présent était important.

La princesse n’était plus présente tandis qu’il fermait les yeux, sa foreuse déposée devant lui. Bon … Ce n’était pas tout … Mais pendant qu’ils déjeunaient tous, il allait se reposer. Il prit une profonde respiration, commençant à s’endormir peu à peu. Ce n’était pas si embêtant des fois … de pouvoir se reposer. C’était la seule chose à laquelle il pensait pour l’instant.
Mais son sommeil fut de courte durée alors qu’il fut secoué légèrement par quelqu’un. Il ouvrit ses yeux, voyant la seconde personne qui l’avait battu violemment … à l’époque. Le jeune Yanma nommé Holikan. Hum … Celui-ci était déjà promis comme fiancé à la princesse Terria, il fallait dire que les Yanmas étaient de futurs grands généraux ou autres hauts-gradés dans l’armée des insectes. Qu’est-ce qu’il lui voulait ?

« Est-ce que je peux t’aider ? Ah … » murmura Earnos, passant une main sur sa bouche.
Maintenant qu’il avait la possibilité de dormir un peu plus tard que d’habitude, son corps n’était pas encore habitué au rythme de cette nouvelle vie … cette vie de soldat … ou plus précisément de chevalier. Oui. C’était son nouveau titre.

« C’est juste pour te prévenir que tout le monde va se préparer à s’entraîner. Il faudrait que tu ailles te trouver une personne avec qui t’entraîner puisqu’aujourd’hui, c’est en duo que ça se fait. Tu as déjà une idée en tête ? »

« Nul besoin de chercher. Je suis avec lui. » annonça une voix qui fit grogner légèrement le Yanma. Le Rapion s’était approché des deux personnes, reprenant : « Je veux voir à quel point il a changé depuis le début. »

« Il n’a pas besoin de toi, c’est bien compris ? »

« Ne t’inquiète donc pas, ce n’est pas un problème. Dès que j’en aurai terminé avec lui, tu pourras essayer d’obtenir ta revanche pour ta défaite au tournoi. »

Le Rapion savait qu’il venait de faire mouche envers le Yanma. Celui-ci piqua un fard, serrant les dents comme pour se préparer à le frapper … avant de s’arrêter. Il valait bien mieux que ça, il n’allait pas laisser de telles paroles l’atteindre. Il s’éloigna sans un mot, haussant simplement les épaules tandis qu’Earnos murmurait :

« Comme tu le désires … Mais je rappelle que je ne suis qu’un débutant. »

« Ce n’est pas un souci, ce n’est pas parce que tu débutes que tu es plus faible que d’autre. »

Alors à quoi cela allait-il servir hein ? Il posa son regard sur le Rapion, serrant sa foreuse dans ses mains. Bon … Il allait devoir se battre, n’est-ce pas ? Et contre Olistar ? Le gagnant du tournoi organisé pour l’anniversaire de la princesse ? Vraiment … C’était complètement stupide ce genre de choses.

« De toute façon … Il faudra bien en passer par là. Je suis prêt. »

Il se plaça en face d’Olistar, le regardant longuement. Il n’était pas emballé par toute cette histoire mais bon … Il devait s’entraîner … et pour ça, il devait apprendre de la part de plus fort que lui. Derrière une partie des soldats qui s’étaient réunis, Terria surveillait le combat.