Archives de catégorie : Tome 2 : Ne plus penser à soi

Chapitre 20 : Disparitions en masse

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Chapitre 20 : Disparitions en masse

« Earnos … Dorénavant, tu restes près de moi sans même chercher à savoir pourquoi, d’accord ? » annonça Olistar tandis que le garçon aux cheveux blonds s’habillait correctement pour la journée. Le Rapion avait l’air soucieux, l’enfant demandant :

« Il se passe quelque chose, Olistar ? Tu peux quand même me dire s’il te plaît ? »

« Hum … Je pense que de toute façon, tu le verras par toi-même. Dire qu’elles se sont mises en action maintenant. Comme si cela ne suffisait pas. »

Mais de quoi est-ce qu’il parlait ? Il avait bien envie de le savoir ! Pourtant, le Rapion ne lui répondit pas alors qu’ils quittaient la chambre commune. Lorsqu’ils se dirigèrent vers la zone où ils s’entraînaient, Earnos cligna des yeux plusieurs fois. Ce n’était … pas normal non ?

« Olistar … Je l’avais déjà remarqué un peu auparavant mais maintenant … Est-ce normal que … y a de moins en moins de monde ? Enfin, c’est peut-être moi qui m’imagine des choses, je ne sais pas … Il faut dire que ça ne serait pas la première fois. »

« Tu restes à côté de moi et de Férast et normalement, il ne t’arrivera rien de mal. » répondit tout simplement le Rapion, posant une main sur son épaule. C’était un peu comme un garde du corps non ? Enfin, c’est l’impression que l’adolescent lui donnait.

« Mais ça ne m’explique pas tout. Pourquoi est-ce qu’il y a de moins en moins de monde ? Il n’y a quand même pas quelque chose … comme une guerre hein ? Et je ne suis pas au courant. Ah … Mais quel id… »

« C’est simplement la période de capture des mâles chez les Chenitis et les Cheniselles. » annonça une voix derrière le duo. Ils se retournèrent pour apercevoir Férast. Le jeune garçon Pomdepik remarqua le signe d’Olistar pour lui demander de se taire.

« Hein ? Capture des mâles ? Mais qu’est-ce que c’est ? » demanda Earnos, Olistar se donnant une claque sur le front. Maintenant, il était hors de question que le Pomdepik ne parle pas. Celui-ci ne perdit pas de temps à répondre à Earnos :

« Chaque année, les Chenitis âgées de dix ans jusqu’à quarante ans parcourent le royaume pour trouver la personne avec laquelle elles vont passer une partie de leurs vies et avoir des enfants. Cela leur permet alors d’avoir une future descendance. »

« Euh … Olistar ? Est-ce que ça veut dire que Lisian … » commença à murmurer Earnos.

« C’est le cas … Lisian a visiblement jeté son dévolu sur toi. » annonça clairement Olistar en soupirant. Il aurait préféré qu’il ne soit pas au courant.

« Mais pourquoi une telle méthode ? Et … Si l’homme n’aime pas cette Cheniti ? »

« Tu n’as pas à t’en faire à ce sujet. Elles sont très efficaces et persuasives. Les Chenitis et les Cheniselles sont parmi les plus belles femmes du royaume. Elles peuvent utiliser quelques … hormones pour attirer n’importe quel homme dans leurs bras. Et si malgré tout cela, ça ne marche pas, et bien … Elles tuent tout simplement l’homme. Elles sont plutôt jalouses. »

« Très … charmant ? » chuchota Earnos. Lisian ne lui semblait pourtant pas être une mauvaise fille … Il s’était peut-être trompé ? « Et le roi pense quoi de tout ça ? Il laisse faire tout ça ? Alors que c’est pourtant … »

« Le roi a déclaré il y a quelques jours que les hommes et les adolescents enlevés par les Chenitis et les Cheniselles sont des hommes exceptionnels. Leur existence sera parfaite et ils n’auront jamais à regretter d’avoir ces femmes avec eux. »

« Plus ça avance, plus je commence à m’inquiéter à ce sujet. » termina de dire l’Aspicot après les paroles de Férast. Il n’était guère rassuré avec toute cette histoire. Pas du tout même. Bon … Alors, est-ce qu’il pouvait se permettre d’ignorer cela ? Maintenant qu’il savait la vérité ? D’ailleurs, si il comprenait, ça voulait dire que … « Olistar ? Férast ? Je peux vous demander quelque chose ? Enfin, juste une confirmation. »

« Dis toujours … Je sens que la question ne va pas me plaire. »

« Ce sont bien … les Cheniselles qui ont dévasté ma chambre ? Elles voulaient m’enlever ? Comme les autres ? C’est bien ça ? Ou je me trompe … »

« Tu ne trompes pas, Earnos … Tu ne trompes pas. Je suis désolé de te le dire ainsi. Mais ne t’inquiète pas. Les Cheniselles ne sont pas assez stupides pour s’en prendre à l’ambassadeur des Rapions et des Drascores. Cela causerait un grave incident diplomatique. Oh, peut-être que le roi, ça ne le gênerait pas … Mais si la princesse Terria apprenait à ce sujet … Oh. Je suis sûr qu’elle ne pardonnerait pas du tout qu’on s’en prenne à toi. »

La dernière phrase avait été dite avec une petite pointe d’amusement, Earnos haussant un sourcil. Qu’est-ce qu’il y avait de drôle ? Il avait besoin encore une fois d’une bonne explication car là … Il était plutôt perdu. Il répondit après Olistar :

« Peut-être que je devrais discuter avec Lisian ? Pour qu’elle arrête ça ? Elle n’a pas l’air méchante … Enfin … Pour moi. Elle est juste un peu … collante comme Herakié. »

Collante ? Oh … C’était le bon adjectif concernant la jeune fille Cheniti. D’ailleurs, elle n’était plus aussi présente depuis plusieurs jours. Peut-être était-ce à cause de l’échec de ses consœurs concernant Earnos ? Hum, si c’était le cas, il n’y avait pas à regretter. Elle ne méritait pas le petit Aspicot qui faisait tant d’efforts.

« Ce n’est pas la meilleure des idées. Lorsqu’elle viendra, tu lui parleras mais ne cherche pas à aller vers elle … sauf si … Peut-être que tu voudrais être son homme pour la vie ? »

« J’ai déjà dit que je n’aimais pas vraiment ça … à Herakié. Ce n’est pas pour accepter une autre fille. Même si entre une Scarhino et une Cheniti, le choix n’est pas forcément très difficile. M’enfin … Ca reste encore à prouver. »

« Hum ? Je ne sais pas vraiment ce que tu veux dire par là mais ne te laisse pas manipuler, d’accord ? Décide toujours par toi-même … et jamais à cause des autres. » murmura Olistar en tapotant son épaule, invitant Férast et l’Aspicot à venir s’entraîner. Il était peut-être temps de s’occuper non ? Au lieu de papoter de diverses choses qui n’étaient pas forcément … des plus joyeuses. Enfin ! Il était là pour vérifier qu’Earnos ne fasse pas d’idioties !

Bien que la nouvelle de la capture de nombreux hommes et enfants masculins ne plaisaient guère dans le royaume des insectes, surtout pour les petites amies et femmes des kidnappés, le royaume restait prospère. Oh … Avec tous ses évènements, il ne fallait pas oublier que les nobles et les nombreux traîtres au royaume étaient toujours présents.
Des traîtres qui, malgré leurs nombreuses mises à mort par le roi, continuaient d’affluer comme si de rien n’était. Ils ne semblaient guère apeurés par l’idée de mourir … tant qu’ils pouvaient essayer de venir mettre un terme à la monarchie. Mais si seulement, il n’y avait que cela mais c’était loin d’être le cas, bien loin même.

« Euh … Olistar ? Tu as vraiment envie de t’entraîner ? »

« Pourquoi est-ce que tu dis cela, Earnos ? » murmura le Rapion, le regard un peu perdu ailleurs tandis que l’Aspicot lui répondait :

« Je ne sais pas … Tu n’as pas l’air vraiment motivé pour te battre on dirait. »

« Oh ? Tu es si sûr que cela de ce que tu dis ? » annonça Olistar en rigolant un peu, fauchant les deux jambes de l’Aspicot pour qu’il se retrouve au sol. Il fit de même avec le Pomdepik bien que celui-ci avait à peine réagit pour l’attaquer.

« Aie, aie, aie … Mais tu ne préviens même pas quand tu décides d’attaquer ! »

« Ton ennemi ne s’attardera pas à te le signaler, Earnos. »

« Oui, je sais bien mais bon … Ca fait quand même mal ! Enfin plus autant qu’avant. » dit le jeune garçon aux cheveux blonds, se relevant comme si de rien n’était.

Hum ? Il voulait bien le croire. Depuis le temps, l’enfant ne se plaignait plus que rarement à cause des douleurs causées pendant l’entraînement. Cela allait être pour bientôt, n’est-ce pas ? Le jour où l’Aspicot allait se forger une carapace quasiment impénétrable … mais qui ne valait jamais celles d’un bon nombre d’autres insectes.

« Je suis sûr que tu aurais été un excellent insecte … si tu avais été d’une autre race. »

« Hein ? De quoi est-ce que tu parles, Olistar ? » questionna le jeune garçon en regardant l’adolescent aux cheveux violets. Celui-ci haussa les épaules.

« Rien de bien important, Earnos … Rien de bien important … Vous êtes prêts tous les deux ? Je pense que je peux facilement m’occuper de vous deux. »

« Ne soit pas trop prétentieux, Olistar ! » s’écria Earnos en fonçant sur lui. « Un jour, j’arriverai à te battre ! Tu verras bien ! »

« Oh … Quand ce jour arrivera … Je verrais ce que je dois faire. »

Il éclata de rire pour réceptionner l’enfant aux cheveux blonds, le faisant passer par-dessus son corps. Ca ne servait à rien de l’inquiéter avec cette histoire de guerre contre les Scorvols et les Scorplanes. Oh que non. Il n’avait pas besoin de le savoir.

Chapitre 19 : Fête mortuaire

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Chapitre 19 : Fête mortuaire

« Earnos ? Tu es au courant des derniers événements ? »

« Hein ? De quoi Olistar ? Qu’est-ce qu’il y a avec tout ça ? » demanda le jeune garçon aux cheveux blonds, attendant de voir de quoi parlait Olistar.

« Et bien … Les premiers nobles sont finalement morts. Même si ce n’est pas joli à voir, ni même à entendre, le roi commence peu à peu à protéger ses arrières et son entourage. »

« On parle des nobles qui sont de mèche avec … ce qui s’est passé pour la reine Seiry ? »

« C’est exact … D’ailleurs, le roi a voulu donner un exemple. Sais-tu quel jour nous sommes aujourd’hui ? Oh … C’est un jour particulier … et assez sinistre en soi. Je me demande ce que le roi a en tête avec une telle fête. » murmura Olistar calmement.

« Une fête ? Une fête pour quelle raison ? Est-ce vraiment le moment pour … »

« Une fête pour l’anniversaire de la mort de la reine Seiry, Earnos. » coupa Olistar, le jeune garçon aux cheveux blonds se taisant aussitôt. Une fête pour la mort ? Car ça faisait un an ? Mais c’était un peu absurde ! Devant le visage qu’il devait donner, Olistar ne fit qu’hocher la tête en signe d’acquiescement. Lui aussi trouvait cela particulièrement …

« Mais nous ne sommes pas le roi … n’est-ce pas ? Alors nous ne pouvons pas donner notre point de vue à ce sujet. Nous ne savons pas à quoi pense le roi. » murmura le Rapion.

« Oui mais ça ne change rien … Et qu’est-ce que la princesse Terria en pense ? Elle ne doit pas vraiment apprécier cela, non ? »

« Comme tu peux t’en douter, Earnos, comme tu peux t’en douter. Par contre, je remarque que tu t’adaptes très bien à ton environnement, n’est-ce pas ? » dit Olistar en rigolant faiblement. Maintenant, il y avait bien deux lits pour les deux enfants et surtout, tout était ordonné de telle sorte que chacun avait son espace.

« Tu avais raison … Ma chambre s’est faite dévastée quelques jours après … que je sois parti. Les informations pour ces personnes … n’étaient visiblement pas à jour. »

« Oh … Et tu n’as pas à t’en faire, elles ne sont pas assez folles pour tenter de s’immiscer dans la chambre d’un Rapion. Elles savent que c’est plus que risqué. »

Quand Olistar parlait ainsi, il avait l’impression que l’adolescent aux cheveux violets était au courant de qui étaient ces personnes. Néanmoins, il ne lui posait jamais la question car il avait la sensation qu’il valait mieux … qu’il ne sache pas maintenant ce qui se passait. De toute façon, d’après ce qu’il comprenait, cela voulait dire qu’ils allaient devoir participer à cette … fête, n’est-ce pas ? Olistar lui répondit :

« Et pas seulement … Même si ça ne plaît guère à tout le monde, le roi veut qu’on n’oublie pas la reine Seiry. C’est pourquoi cette … fête commémorative durera toute la journée. De notre côté, nous allons devoir surveiller les citoyens. M’enfin, plus précisément, tous les deux, nous allons devoir rester auprès de la princesse Terria. »

« Je vois, je vois … D’accord. Bon et bien alors ? Il faut que l’on se prépare pour cette journée … si « spéciale », n’est-ce pas ? »

Il avait dit cela avec une petite pointe d’ironie, chose qui étonna Olistar bien que celui-ci lui répondit que oui. Les deux garçons se préparèrent pour cet évènement, quittant la chambre une vingtaine de minutes plus tard. Déjà, l’armée des insectes était préparée.

« AHHHH ! Earnos ! Tu es donc là ! Je ne te vois plus aussi souvent ! » s’écria une voix derrière le jeune garçon aux cheveux blonds, celui-ci faisant un pas sur le côté avant de remarquer qu’il s’agissait de Lisian. La jeune fille Cheniti semblait folle de joie de le voir, bien que ce ne fut pas le cas en regardant le Rapion.

« Bonjour … Lisian, tu es aussi là … Enfin, tu dois aussi t’occuper de cette fête ? »

« Non … Pas du tout même … Il n’y a que les soldats de l’armée … et même si j’en fais partie, je ne suis pas une soldate ! Ca m’embête … » marmonna la jeune fille avec tristesse.

« Ce n’est pas si grave que cela de toute façon. Il n’y a pas à s’en faire à ce sujet. »

« Oui mais … Je voulais venir quand même … Pfff … Vraiment … » s’égosilla Lisian alors qu’Earnos passait une main sur le crâne de la Cheniti. Il lui demanda de s’en aller tandis qu’avec Olistar, ils allaient rejoindre le reste de l’armée.

« Ca ne devrait plus trop tarder à co … Ah. La princesse Terria. »

Olistar n’avait pas fini sa phrase alors que l’Apireine se présentait au milieu d’une petite troupe d’Apitrinis. Elle avait la tête … des mauvais jours si on pouvait dire cela. Elle portait un diadème avec un rubis dans ses cheveux blonds mais il était facile de voir à quel point la jeune fille semblait triste. Ah … Il murmura à Olistar :

« Franchement … Je ne sais pas quoi penser là. »

« Le roi est dans son monde pour cette journée. Il ne semble pas se soucier de ce que ressent la princesse à cause de cette histoire. » annonça le Rapion d’une voix quasi inaudible.

Hum … Sans utiliser ce langage, il n’en pensait pas moins de cette histoire. Est-ce qu’il devait s’adresser à la princesse ? Lui parler un peu ? Enfin, depuis plusieurs mois, ça n’avait jamais été le cas. Mais avec cette promesse faite à la reine Seiry, il devait quand même veiller sur la princesse Terria non ? Comme si cela était plus que visible, Olistar lui donna un petit coup dans le dos, le projetant en plein sur les Apitrinis et l’Apireine. Plusieurs Apitrinis le réceptionnèrent, un adolescent aux cheveux bleus lui demandant :

« Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi est-ce que tu t’es lancé sur nous ? »

« O… Olistar ! Qu’est-ce que tu as fait ? » bredouilla Earnos, cherchant à se tourner vers le Rapion qui avait déjà disparu de la circulation.

« Vous pouvez le … laisser passer s’il vous plaît ? Aujourd’hui est un jour … exceptionnel. Et ce jeune garçon est quelqu’un de très proche de ma défunte mère. »

C’était la jeune fille aux cheveux blonds qui avait pris la parole sur un ton neutre bien qu’il y avait une pointe de tristesse. Les Apitrinis n’eurent pas le courage de la contester, laissant un peu d’espace pour qu’Earnos s’infiltre parmi eux. Avec respect, il s’inclina devant Terria.

« Princesse Terria … Cela faisait vraiment longtemps … que je n’ai pu vous adresser la parole. » chuchota l’Aspicot avec lenteur.

« Un peu trop longtemps à mon goût. Que deviens-tu, Earnos ? » dit-elle avec neutralité tandis qu’ils commençaient à marcher côte à côte.

« Pas grand-chose si vous voulez vraiment savoir, princesse Terria. Je continue de me prendre des coups quotidiennement par Olistar … Et une Cheniti qui n’arrête pas de me suivre. Enfin, à côté, il y a aussi un Pomdepik qui ne pense jamais à lui qui l’accompagne. »

« Pas grand-chose, tu dis ? Peut-être est-ce habituel maintenant mais … Tu m’as l’air d’avoir une vie assez remplie si tu veux tout savoir. Tu ne devrais pas être vraiment être déçu, n’est-ce pas ? D’ailleurs, cette Cheniti, était-ce cella avec des morceaux de pierre sur son corps ? »

« Oui mais … Comment le savez-vous, princesse Terria ? » demanda t-il, surpris que la princesse connaisse à ce sujet. Celle-ci posa son regard rubis sur lui, faisant un petit sourire :

« N’est-ce pas normal que je me renseigne sur le devenir de mes chevaliers ? Il en est de même pour Holikan. J’ai aussi appris que tu logeais dans la même chambrée qu’Olistar. J’espère qu’il ne te pose pas trop de problèmes. Il reste quand même l’amba … »

« Pas du tout, princesse Terria ! Olistar est vraiment quelqu’un d’exceptionnel, je vous le promets. Il s’occupe de m’entraîner et il est plutôt doué en plus. »

« Hihihi … Je vois, je vois … Donc tout est bien, n’est-ce pas ? Tout va pour le mieux pour toi, c’est ça ? » chuchota Terria, rigolant faiblement.

« Disons qu’au départ, ça n’allait pas fort mais maintenant que j’ai des amis dans l’armée, ça va mieux, oui, princesse Terria. » répondit l’Aspicot, gardant le silence pendant quelques secondes avant de lui dire finalement ce qui le taraudait : « Et vous ? Est-ce que vous allez bien ? Princesse Terria ? Je pose une question bête … »

« On a connu des jours meilleurs dira-t-on, hein ? Mais de mon côté, je suis particulièrement occupée avec les Rapions et les Drascores. Je sais parfaitement … que mon père ne pensait pas à mal avec cette fête mais ce n’est pas comme cela que l’on peut honorer maman … hum … ma mère. Pardon pour mon manque de langage. »

« Je ne vais pas vous le reprocher, princesse Terria. De toute façon, si vous avez besoin d’aide, je reste votre chevalier servant, princesse Terria. »

Il s’inclina respectueusement une nouvelle fois comme pour honorer son vœu de chevalerie envers la jeune fille aux cheveux blonds. Elle eut un nouveau rire en le remerciant. Le jeune garçon quitta la troupe, retournant auprès d’Olistar, lui reprochant ce qu’il avait fait. Le Rapion haussa simplement les épaules, faisant semblant de ne pas savoir ce qui s’était passé. L’Aspicot poussa un profond soupir. Il valait mieux ne même pas chercher à discuter.

Chapitre 18 : Une attirance dangereuse

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Chapitre 18 : Une attirance dangereuse

Il avait préféré attendre quelques jours avant de chercher des renseignements. Il fallait dire qu’après avoir demandé cela à Olistar, il ne voulait pas que cela paraisse trop … surprenant. Bon … Maintenant … Il était parti vers la bibliothèque mais un constat s’était imposé. Il ne savait pas lire … Pas le moins du monde même. Devant les nombreux livres aux merveilleuses couvertures, il s’était tout simplement retrouvé bouche bée.

« Et bien mon enfant ? Oh … Mais tu es l’un de ces jeunes soldats, n’est-ce pas ? Que puis-je donc pour toi ? » murmura une voix alors qu’il s’était immobilisé devant des étagères remplies de livres. La bibliothèque royale était remplie et tout le monde pouvait s’y rendre.

Il se retourna pour apercevoir une femme aux cheveux rubis. Elle avait deux tresses noires et jaunes tandis qu’elle portait une belle robe rouge. Elle avait deux yeux bleus. Elle le regarda avec un petit sourire, reprenant la parole :

« C’est la première fois que tu viens ici, n’est-ce pas ? Je ne crois pas te connaître. »

« Non … Non … C’est la première fois que je viens ici. » répéta-t-il alors qu’elle gardait son sourire, observant l’étagère où il avait posé son regard.

« Pourquoi cherches-tu un livre sur aromathérapie ? Et sur la phytothérapie ? »

« … …. … Comment ça ? C’est quoi ? » demanda-t-il, penchant la tête sur le côté, comme intrigué par les paroles de la Migalos. Celle-ci haussa un sourcil avant de rigoler.

« Je me disais bien que tu étais trop jeune pour lire de tels ouvrages. Tu t’es sûrement trompé d’endroit, n’est-ce pas ? Que recherches-tu ? »

« Euh … En fait … Je ne sais pas vraiment lire. » marmonna Earnos, baissant un peu la tête en rougissant. Il fallait dire qu’il était gêné d’annoncer une telle chose. Il passait sûrement pour le dernier des idiots … mais en tant qu’Aspicot qui avait travaillé depuis des années … dans les mines et les tunnels, il était tout simplement analphabète.
La femme eut l’air désolé avant de s’accroupir devant lui. Elle posa ses mains sur l’épaule du jeune garçon, reprenant son sourire qu’elle portait si bien, selon les pensées d’Earnos. Une Migalos ? C’était rare quand même d’en voir une … même si depuis quelques temps, les races d’insectes apparaissaient de plus en plus.

« Et bien ? Il n’est jamais trop tard pour apprendre, n’est-ce pas ? Tant que tu es motivé, n’importe qui peut apprendre à lire … Mais pour aujourd’hui, dis-moi simplement ce que tu recherches et je te guiderai. Alors ? Que recherches-tu … Hum ? Ton nom ? »

« Je m’appelle Earnos, madame. » dit-il poliment en s’inclinant comme il le ferait face à une noble. Elle poussa un petit soupir tendre tandis qu’il reprenait : « Je cherche des informations sur les Chenitis, madame. J’aimerai savoir un peu ce qu’elles sont. »

« Oh ? Des Chenitis ? Et des Cheniselles ? Se pourrait-il que … » commença à murmurer la Migalos avant de s’arrêter. Elle l’observa quelques instants. Derrière son analphabétisme, il était vrai qu’il pouvait sûrement attirer une Cheniti. C’était problématique.

« Et bien … En fait, on m’a dit que je devais me renseigner un peu sur elles … Il y a une fille, elle s’appelle Lisian et elle n’arrête pas … de me coller. C’est une Cheniti … Et Olistar, le Rapion, m’a dit que c’est normal et que les Chenitis font souvent cela. »

« C’est normal … Oui et non. Si tu veux un petit conseil, il vaudrait mieux que tu ne dormes pas où tu dors d’habitude. C’est une mesure de sécurité. »

Hein ? Comment cela ? Il voulut obtenir plus de réponses mais la femme poussa un profond soupir tout en se redressant. Elle murmura une nouvelle fois :

« Ecoute sincèrement mon conseil. Peut-être est-ce que tu peux voir avec d’autres personnes ? Tu as des amis non ? Pour quelques jours, c’est la meilleure solution. »

« Oui mais mais mais … Pourquoi ? Pourquoi faire ça ? Il y a un problème avec ça ? »

« Un gros problème même … Oh … Cela veut dire que tu as un certain intérêt. Il est rare que les Chenitis se plaisent avec des Aspicots mais cela arrive. Je suis désolée de ne pas pouvoir t’en dire plus à ce sujet.  Ecoute mes propos et met-toi à l’abri. »

D’accord … Mais il ne se sentait plus vraiment en confiance, il devait se l’avouer. Ahem … Il regarda autour de lui, attendant de voir si elle lui donnerait des informations ou non. Mais la Migalos semblait l’air désolée pour lui sans chercher à lui expliquer la raison d’une telle … réaction. Il tenta de prendre la parole mais elle hocha la tête négativement pour lui intimer de ne pas poser de questions à ce sujet. Il quitta la bibliothèque, un peu déboussolé.

Vagabondant dans les couloirs, il se demandait quel était le problème avec tout cela. Il n’allait pas pouvoir avancer … Du moins comprendre … Mais on ne l’aidait pas. Sans faire exprès, il percuta un soldat qui discutait avec son ami. Un petit cri de douleur, il bredouilla quelques excuses avant de regarder les deux soldats. Ces derniers semblaient un peu confus de renverser un enfant mais Earnos demanda :

« Pardonnez-moi mais … Est-ce que vous pourriez me parler des Chenitis s’il vous plaît ? »

« Hein ? Qu’est-ce … Pourquoi est-ce que tu poses une question comme ça, petit ? » demanda le soldat qui l’avait bousculé, l’aidant à se relever.

« C’est juste pour savoir … » murmura Earnos faiblement.

« Et bien … C’est une bénédiction ou une malédiction si tu te fais attraper par l’une d’entre elles ! Ah ! Ces Cheniselles sont vraiment si belles ! » répondit le second soldat avec joie alors qu’ils s’éloignaient sans même plus s’intéresser à Earnos. Il semblait avoir lancé un sujet de conversation des plus intéressants … pour eux.

« Ca ne m’aide pas beaucoup. » marmonna l’enfant aux cheveux blonds, époussetant sa tenue pour retirer le peu de saleté dessus.
Qu’est-ce qu’il pouvait faire pour obtenir une réponse ? Peut-être aller vers la personne qui lui avait conseillé de trouver des informations ? De toute façon, s’il devait aller dormir ailleurs, selon les conseils de la bibliothécaire, il n’avait pas cinquante mille amis.

« Hein ? Que quoi ? Qu’est-ce que tu viens de me demander, Earnos ? Tu peux répéter ? »

« Je n’ai que toi … en qui j’ai vraiment confiance. C’est bête mais on m’a dit de dormir ailleurs … même si je ne sais toujours pas pourquoi. »

Il semblait assez confus et embêté de demander une telle chose à cette personne. Mais au fil des mois, il devait quand même reconnaître qu’il l’appréciait. D’ailleurs, celle-ci répondit :

« Mais tu n’as pas d’autres amis ? Ah ! Férast ! Férast serait une bonne idée non ? »

« J’ai dit une personne de confiance. Et tu sais très bien que Férast … n’est pas vraiment très éveillé, sans vouloir me moquer de lui. Pourquoi est-ce que tu ne veux pas ? » demanda le jeune garçon aux yeux rouges et aux cheveux blonds.

« Ohla … Ce n’est pas ce que je ne veux pas, loin de là … Mais disons que … Bon ! Tu peux attendre une dizaine de minutes s’il te plaît ? »

« Comme tu le désires, c’est ta chambre. Pendant ce temps, je vais chercher mes affaires. »

« Bien bien … Fais comme tu veux en attendant. Je me dépêche. Quand même … »

Quand même quoi ? Il voulut savoir ce qu’il voulait dire par là. Néanmoins, aujourd’hui, il semblerait que ça ne soit pas le jour où il aurait des réponses à ses questions. Il poussa un soupir avant de retourner dans sa chambre. C’était peut-être la première fois … qu’il allait dormir avec quelqu’un d’autre. C’était vraiment la première fois ! Enfin, ça ressemblait à dormir chez un ami ! Il termina de remplir son petit sac, n’ayant toute façon pas grand-chose à emporter puisqu’il ne se trouvait pas loin de l’endroit où aller.

« Je suis de retour. Tu as fini de ton côté ? » demanda-t-il en toquant plusieurs fois.

« Une petite minute si possible, Earnos. Quand même … Comment est-ce que tu as pu me choisir comme ami, hein ? Je te pose cette question ! »

« Ce n’est pas de ma faute … Tu es toujours avec moi pour m’entraîner. »

« Oui mais bon … » annonça la voix derrière la porte, celle-ci s’ouvrant pour laisser paraître le Rapion aux cheveux violets. « Y a ami … et ami hein ? Tu peux rentrer. »

« Si tu préfères que j’utilise un autre mot … Tu es une connaissance proche. »

« Hum ! Bon … Il y a des petits soucis comme le fait de te trouver un endroit où dormir, n’est-ce pas ? A la base, ce n’est pas une chambre pour deux personnes … et bien que ça soit plus grand car c’est une chambre d’ambassadeur, il n’y a qu’un lit. Il va falloir que l’on aille déplacer un matelas. Par contre, il y a des règles à respecter. Tu es dans l’armée et comme tu me donnes ta confiance, je te donne la mienne. Tu ne dois jamais essayer regarder dans mes placards ou effets personnels, c’est compris ? »

C’était compris … Et il respectait la demande d’Olistar. Il hocha la tête pour dire qu’il était d’accord. Peut-être que ça n’allait pas être si mal que ça d’avoir un compagnon de chambre.

Chapitre 17 : Une jeune fille bien suspecte

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Chapitre 17 : Une jeune fille bien suspecte

« Lisian … Tu m’empêches de m’entraîner. » marmonna le garçon aux cheveux blonds, repoussant une nouvelle fois la Cheniti sans pour autant la brusquer.

« C’est toujours le grand amour visiblement. » annonça Olistar en arrivant, accompagné par Férast. Celui-ci ne dit rien, sortant simplement une lourde carapace qu’il mit devant lui avec ses deux mains. Elle était de couleur bleue et avait plusieurs morceaux qui en sortaient … Comme des écailles que l’on trouvait sur les pommes de pin.

« Ce n’est pas ça du tout, Olistar. Ce n’est pas drôle ! Elle en profite à chaque fois que j’ai le dos tourné pour faire ça ! » répliqua Earnos, un peu gêné tandis qu’il tentait de se mouvoir. Qu’elle le lâche un peu ! C’est tout ce qu’il demandait ! Finalement, il arriva à la repousser, la forçant à se retirer de ses bras.

« C’est déjà fini ? Zut alors … Bon et bien … On s’entraîne maintenant, Earnos ? » demanda Lisian, un grand sourire aux lèvres alors qu’Earnos se tournait vers Olistar :

« Je dois m’entraîner avec Olistar un peu. C’est dommage Lisian mais je ne peux pas toujours m’entraîner avec une seule et unique personne, n’est-ce pas Olistar ? »

« Oh moi … Tu sais, ça ne me dérange p… » commença à dire le garçon aux cheveux violets.

« N’est-ce pas, O-LIS-TAR ? » reprit Earnos en fronçant les sourcils. Pour seule réaction le Rapion éclata de rire avant d’annoncer dans un soubresaut :

« D’accord, d’accord … C’est bon, je viens, je viens. Désolé, Lisian mais visiblement, Earnos préfère que ça soit avec moi pour les prochaines heures. Tu peux toujours t’entraîner avec Férast en attendant, ne t’inquiète pas, il ne mord pas. »

« Oui … Oui … Bon … Tu te ramènes Férast ? J’ai envie de me défouler. »

Elle avait marmonné cela sans volonté, le Pomdepik ne faisant qu’hocher la tête avant de l’accompagner. Olistar les regarda s’éloigner avant de sourire, Earnos murmurant :

« Merci bien … Des fois, elle est assez étouffante. »

« C’est une Cheniti. Lorsqu’elle a quelqu’un en tête, il va être très difficile d’essayer d’en trouver un autre. Je te souhaite bonne chance, Earnos. »

« Tu peux arrêter de te moquer de moi ? Et puis, je ne sais même pas ce que fait une Cheniti ici … Et y en a aussi beaucoup d’autres, j’ai cru remarqué. »

« C’est vrai que c’est un peu surprenant. Attention ! J’arrive ! » s’écria subitement Olistar avant de foncer vers Earnos. L’enfant aux yeux rubis poussa un cri à son tour, s’écroulant en arrière lorsqu’il fut poussé par le Rapion. Celui-ci vint s’asseoir sur lui, plaçant une main sur la gorge d’Earnos. Il valait mieux pour lui qu’il fasse bien plus attention la prochaine fois.

« Ca ne comptait pas, Olistar ! Je n’étais prêt ! » dit Earnos, cherchant une excuse à sa défaite cuisante et plus que rapide par rapport à Olisatr.

« Bien entendu … Bien entendu … Tu devrais mieux te concentrer. »

Le Rapion se releva comme si de rien n’était, attendant qu’Earnos fasse de même. Il s’épousseta, un peu confus avant de récupérer sa foreuse. Depuis le temps … Il commençait sérieusement à être un peu plus fort ? Ou non ? Il n’avait pas vraiment de comparaisons. Il savait juste qu’il encaissait bien mieux les coups qu’auparavant. Peut-être qu’il aimait se prendre des coups ? Non ! Il n’était pas comme ça ! C’était juste … malade de penser ça.

« Pourquoi est-ce que Lisian me colle autant ? » demanda t-il avant de se jeter sur Olistar, sa foreuse en avant. Le Rapion l’esquiva avec facilité, disant :

« Peut-être que tu lui as tapé dans l’œil … Je ne suis pas spécialiste des relations entre les Chenitis et les membres du sexe féminin. »

« Mais quand même … A part moi, c’est à peine si vous existez pour elle. Tu n’as pas remarqué cela ? Elle vous ignore presque. C’est un peu insultant non ? »

« Il m’en faudrait bien plus que ça pour que je m’énerve, Earnos. » annonça Olistar, commençant à donner de nombreux coups plutôt faibles sur l’Aspicot bien qu’ils étaient de plus en plus rapides. Earnos recula plusieurs fois, répondant :

« Ce n’est pas une question de t’énerver ou non ! C’est juste que j’ai l’impression que je suis le seul qu’elle arrive à voir ou presque. C’est quand même bizarre ? »

« Tu n’as qu’à te renseigner sur les Chenitis si tu veux savoir pourquoi elle réagit comme ça ! Ce n’est pas plus compliqué que ça, Earnos ! »

Hein ? Quoi ? C’était plutôt une bonne idée ! Pourquoi est-ce qu’il n’y avait pas pensé plus tôt ? Hey ! Ça commençait à piquer ! Quand est-ce qu’Olistar allait arrêter de le frapper de la sorte ? Partout sur son corps ? Malgré les coups, il commença à avancer, Olistar frappant de plus en plus rapidement, un sourire aux lèvres.


« Oh ? Est-ce que je dois y aller plus fort maintenant ? J’ai l’impression que je ne te fais plus aucun effet. C’est plutôt perturbant. »

Perturbant ? Peut-être qu’il s’améliorait contrairement à ce qu’il croyait ? Enfin, la meilleure défense était l’attaque et pour l’instant, au niveau de l’attaque, il était nul, vraiment nul. Et ça, il n’y avait pas besoin d’être devin pour le remarquer. Néanmoins, il ne répondit pas à Olistar, le Rapion prenant son mutisme comme un acquiescement. Aussitôt, Olistar tendit ses deux mains sur les côtés avant de les abattre sous les aisselles d’Earnos. L’enfant aux cheveux blonds ouvrit la bouche, tentant de dire quelque chose.

« Désolé, Earnos … Ce n’est pas encore pour aujourd’hui, n’est-ce pas ? »

« Que … Que … Que … tu … tu as fait ? » balbutia-t-il avant de s’écrouler au sol, pris légèrement de spasmes sans que cela semble dangereux pour la santé.

« J’ai visé deux points vitaux … du moins pour les mouvements. Rien qui mette ta vie en danger. Tu ne pourras plus bouger pour une bonne dizaine de minutes. »

« Je peux … savoir pourquoi tu m’as fait ça ? » marmonna Earnos, couché sur le sol sans pouvoir bouger bien que son corps tremblait.

« Simplement car tu t’approchais trop de moi, voilà tout. Mais c’était impressionnant et dans le bon sens du terme, je ne m’attendais pas à ça. Il faut vraiment que je te prenne au sérieux maintenant hein ? Tu deviens bien plus costaud ! »

« Merci du compliment … Par contre, pour ton idée concernant Lisian … »

« Hum ? Qu’est-ce qu’il y a avec ? Tu n’es pas obligé d’y réfléchir sérieusement hein ? Elle n’a pas l’air méchante comme ça de toute façon. » répondit Olistar, s’asseyant à côté de lui.

« Mais elle est quand même bien spéciale non ? »

« Hum … Spécial ne serait pas le mot que j’utiliserai pour la définir. Disons que lorsqu’une Cheniti apprécie quelqu’un, elle le montre … de façon très ouverte. Tu comprendras quand tu seras plus grand ! » dit le Rapion tout en évitant de le regarder.

« Depuis quand est-ce que tu mets ça sur l’âge ? Je ne suis pas un enfant ! Enfin … Si … » chuchota Earnos, remarquant qu’il pouvait recommencer à bouger faiblement.

« Hum … Je ne sais pas … Par contre, j’espère que tu peux te mouvoir car Lisian est de retour … et elle traîne Férast avec elle. »

« Hein ? Que … Quoi ? HEY ! Olistar ! Je suis sûr que tu avais prévu ça ! Je ne peux pas me relever ! Si elle me voit comme ça, elle va … » s’écria Earnos avant d’être coupé par Lisian. Celle-ci jeta le corps de Férast à côté d’Olistar, le Pomdepik étant dans l’incapacité de parler ou de bouger lui aussi. Sauf que de son côté, cela semblait avoir été fait avec un peu plus de … violence dans le geste.

« Oh ! Qu’est-ce qui s’est passé ? Olistar, si tu lui as fait du mal, je te promets que tu risques de passer un sale quart d’heure ! »

« Oh ? C’est juste une paralysie temporaire … Il doit lui rester cinq bonnes minutes avant qu’elle ne disparaisse. Pendant ce temps, je vais emmener Férast se faire soigner. On devrait vraiment éviter que tu l’affrontes. La prochaine fois, ça sera contre moi. » annonça Olistar en soulevant le Pomdepik, ne semblant avoir aucun problème à cela.

« Je vais veiller sur lui pendant ce temps. » murmura la jeune fille aux cheveux bruns, rigolant avant de les voir partir. Elle se coucha à côté d’Earnos, semblant en avoir rien à faire de l’entraînement. « Quand même … Tu ne trouves pas qu’on est bien ? »

« Nous sommes au beau milieu d’un endroit où les gens s’entraînent … Je ne crois pas que c’est le meilleur endroit pour se reposer. Et pourquoi tu me suis ?

« Bien sûr, bien sûr. Mais bon, au moins, tous les deux, nous sommes là ! Et puis … J’adore les personnes qui ont autant de volonté, comme toi ! »

« Je ne suis … qu’un Aspicot normal. » marmonna-t-il, la jeune fille n’en ayant rien à faire.

Chapitre 16 : Finalement entouré

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Chapitre 16 : Finalement entouré

« Je te rappelle que tu n’es pas obligé de me suivre partout, Férast. »

« Je ne te suis pas partout. Je ne dors pas dans la même chambre que toi. »

« Oui mais en même temps, tu n’arrêtes pas de me coller depuis plus de deux semaines. Je t’ai dit que tu pouvais faire ta vie comme tu le désirais. Pourquoi est-ce que tu me suis comme ça ? Je ne t’oblige en rien à m’accompagner. » marmonna Earnos alors qu’il n’arrêtait pas de marcher à travers les champs d’entraînement. Il voulait que ce Pomdepik arrête de le suivre mais rien à faire, il n’arrêtait pas de l’accompagner pour le moindre de ses déplacements.

« Car c’est ainsi que je vis … Je ne vis que pour suivre une personne … Celle à qui j’obéis. »

« Alors si tu m’obéis, je t’ordonne de vivre ta vie ! C’est aussi simple que ça ! »

« Encore en train de te disputer avec lui, Earnos ? » murmura une voix masculine qu’il reconnut plus que facilement. Il se tourna vers la droite, apercevant Olistar qui lui souriait tout en s’avançant vers eux. Earnos pointa du doigt le Pomdepik derrière lui.

« Je ne peux pas faire autrement. J’ai l’impression que mon ombre a décidé de me parler et surtout est plus qu’embêtante. Je ne sais pas comment faire pour m’en débarrasser … »

« Tu peux tout simplement l’ignorer aussi non ? C’est plutôt une bonne méthode, je trouve. Enfin elle doit encore prouver son efficacité mais qu’importe. »

« L’ignorer … Je voudrai bien mais bon … Il est quand même utile en un sens. J’aimerai juste qu’il réagisse un peu plus quand je m’entraîne avec lui. Avec toi, je sais toujours que je me prendrai une réplique dans les secondes qui suivent mes attaques mais lui … Il ne fait que subir. » marmonna Earnos alors qu’Olistar lui signalait qu’auparavant, Earnos pensait de même de son côté. A ses débuts dans l’armée, n’était-ce pas ce qu’il faisait quotidiennement ? Du moins, qu’il ne semblait pas réellement réagir aux coups qu’il subissait ?

L’avait-il oublié ? Non, pas vraiment. Le jeune garçon aux cheveux blonds poussa un profond soupir avant de s’arrêter de marcher. Ca ne servait à rien de continuer de toute façon. Il se retourna pour faire face à Férast avant de brandir sa foreuse. Cela n’avait rien d’une menace, loin de là même mais bon … Avec l’arme pointée vers le jeune Pomdepik, il n’avait pas l’air des plus amicaux. Il eut à peine le temps de faire ceci que deux bras vinrent l’enlacer au niveau de la taille, le surprenant et le faisant lâcher son arme.

« Qu’est-ce que … AH ! C’est qui ? » s’écria-t-il, surpris.

« Hum … Je pourrais bien dire de deviner … Mais je ne suis pas sûre que tu te rappelles de moi ! C’est Lisian, la petite Cheniti avec qui tu t’étais entraîné ! »

Les deux bras le lâchèrent, lui laissant la possibilité de se retourner. La jeune fille aux cheveux bruns et surtout à l’armure recouverte par la roche se tenait là, devant lui. Elle avait un grand sourire aux lèvres. Ses yeux noirs étaient toujours assez beaux tandis qu’Olistar semblait surpris de la voir. Enfin, autant qu’Earnos qui ne s’y attendait pas. Le jeune garçon aux cheveux blonds demanda calmement :

« Pourquoi est-ce que tu es ici ? Tu n’es pas une soldate de l’armée des insectes non ? »

« Je ne suis pas exactement cela, c’est ça ! Mais ce n’est pas pour autant que je ne suis pas dans l’armée ! Je ne t’ai pas manqué un peu ? » dit-elle, penchant la tête sur le côté pour mieux le regarder. C’était bizarre … mais ce comportement lui rappelait quelqu’un. Il ne savait pas vraiment qui … mais il trouverait sûrement bientôt.

« Heu … Disons que je t’ai un peu oubliée depuis tout ce temps. Mais bon … Je me rappelle maintenant de toi puisque tu es là. »

« Oh. Tu t’es très bien rattrapé sur la fin ! Je me disais … Maintenant que je suis là, tu ne veux pas t’entraîner avec moi ? Et ce Rapion et ce Pomdepik s’entraînent ensembles ? D’ailleurs, comment vous vous nommez ? » questionna la jeune fille.

« Hum ? Moi ? Olistar. Et le petit Pomdepik, c’est Férast. Par contre, tu ne veux pas plutôt attendre qu’il te réponde avant de choisir à sa place ? Tu en penses quoi, Earnos ? »

« Ca doit être une bonne idée. Ca me changera un peu. Je suis d’accord …Euh … Lisian je crois. » répondit Earnos avant de reprendre sa foreuse dans ses mains.

« Et bien, ne perdons pas de temps alors ! » s’écria la jeune fille en lui prenant le bras pour le tirer à quelques mètres plus loin. Olistar les regarda partir avant de soupirer et de dire :

« Pauvre enfant … Il est si jeune … Mais bon … Peut-être que ça ne peut être que bon pour lui … Devine quoi, Férast ? Tu vas t’entraîner avec moi. »

Le garçon aux cheveux violets craqua ses deux mains, Férast ne bougeant pas de sa place. En un sens, Earnos avait donc fait son choix. Il n’avait donc pas à décider de ce qu’il devait faire … Puisqu’il devait s’entraîner alors avec Olistar. Pourtant, il n’était pas rassuré le moins du monde. Les Rapions étaient des personnes vraiment … très effrayantes. Et cela ne lui plaisait pas du tout d’être avec l’un d’entre eux.

« Est-ce que je pourrais réfléchir à cette proposition ? »

« Je croyais que tu devais tout simplement obéir aux ordres d’Earnos, non ? » répliqua aussitôt Olistar, comme amusé par les propos de Férast.

« Mais dans ses dires, il n’a nullement été question de m’entraîner avec toi. Il a simplement annoncé qu’il était d’accord. »

« D’accord pour s’entraîner avec Lisian. Et que tu t’entraînes avec moi. Tu te prépares ? Je te promets de ne pas trop te faire de mal … » ricana Olistar, se mettant en position de combat. Ca ne pouvait faire que du bien au Pomdepik un peu trop mou.

« Je ne suis guère rassuré à cette idée. » annonça Férast.

Oh … Il n’y avait pas de lieu d’être inquiet. Ce n’était pas comme s’il allait le blesser … C’était juste l’entraînement quotidien que subissait Earnos. Il devait sûrement l’avoir déjà vu, n’est-ce pas ? Ce n’était pas … si dramatique hein ?

Dans les couloirs extérieurs du château, toute une troupe d’Apitrinis mais aussi de quelques soldats entouraient la princesse Terria. Celle-ci, depuis la réunion avec les Rapions et les Drascores, n’avaient plus une minute à elle. Pourtant, cela ne semblait pas la déranger car elle faisait de nombreux efforts pour être comme sa mère. Elle savait qu’Earnos faisait de son mieux lui aussi. N’était-ce alors pas normal que la princesse fasse de même que ses chevaliers ? D’ailleurs, en parlant de chevaliers, il y en avait un qui avait eu la permission de rester à ses côtés. Holikan était là, marchant à sa droite tout en parlant avec elle :

« Et bien … Pour aujourd’hui, princesse Terria, vous allez devoir … »

« Tiens ? Qu’est-ce … Qui est avec Earnos ? » demanda la jeune fille aux cheveux blonds, coupant la parole à Holikan. Les Apitrinis comme les soldats s’arrêtèrent de marcher, la jeune fille les poussant un peu pour voir les champs d’entraînement. Earnos était bien entouré. Olistar était présent … et deux enfants qu’elle ne connaissait pas.

« Hum … Je ne crois pas les connaître. Enfin, il y a une Cheniti et un Pomdepik. »

« D’ailleurs, cette Cheniti, n’est-elle pas trop amicale avec Earnos ? » questionna une nouvelle fois Terria, remarquant les embrassades multiples de Lisian envers le jeune garçon aux cheveux blonds. Celui-ci semblait la repousser un peu avant de se laisser faire.

« Peut-être … Vous savez bien, princesse Terria, les Chenitis choisissent quelques fois un homme et ainsi va la vie. Vous savez bien … Les chevaliers ont aussi une vie à côté. Même si Earnos est encore jeune, une vie avec une future Cheniselle n’est pas à regretter. Les Cheniselles sont des femmes vraiment belles dans le royaume. »

« Hum … Tu m’as l’air un peu trop connaisseur sur le sujet. » murmura Terria avec une pointe de jalousie bien qu’elle ne faisait que regarder Earnos et les trois personnes autour de lui. Olistar … Est-ce que le Rapion n’avait pas un peu oublié son rôle ici ?

« Oh non ! Nullement ! Je ne faisais que répéter ce que j’ai entendu, j’en suis vraiment désolé, princesse Terria. Néanmoins … Vous ne devriez pas fixer trop longuement Earnos. Cela risque de le perturber pendant son entraînement. »

« Je fixe qui je veux, d’abord. » répliqua la jeune fille aux yeux rubis. « Puis de toute façon, je suis vraiment heureuse pour Earnos. »

« Ah bon ? » questionna le Yanma, un peu étonné des propos de la princesse. Non pas sur la véracité de ses propos, il savait qu’elle le pensait mais plutôt sur la raison qui la poussait à dire cela. Pourquoi avait-elle dit une telle chose ?

« Bien sûr. C’est la première fois que je le vois aussi entouré. La première fois … Il avait l’air si seul et isolé … Je suis contente … qu’il ait des amis maintenant. Oui, très contente même. » termina l’Apitrini avec lenteur, continuant de fixer Earnos pendant plusieurs secondes. Finalement, elle se donna des petites claques sur les joues avant de dire : « On ferait mieux d’y aller maintenant. Je ne veux pas être en retard. »

« Oui, princesse Terria ! » s’écrièrent les soldats et les Apitrinis avant qu’ils ne se remettent tous en mouvement, avançant dans les couloirs extérieurs.

Chapitre 15 : Un compagnon inconnu

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Chapitre 15 : Un compagnon inconnu

« Malgré ce qui s’est passé, la princesse n’a toujours pas quitté le château, n’est-ce pas ? »

« C’est exact, Earnos. Mais bon … Tu ne pensais pas que le roi allait se montrer aussi faible dans ses idées, non ? Même si sa fille lui tient tête sur ce point, il est hors de question pour de la laisser se rendre seule chez les Rapions et les Drascores. Ca serait beaucoup trop dangereux. » répondit Olistar aux paroles et interrogations du jeune garçon aux cheveux blonds. Celui-ci hocha la tête, donnant un coup de foreuse en essayant de passer outre les défenses d’Olistar, autant dire que c’était parfaitement inutile.

« Mais bon … Il faudra bien un jour qu’elle se présente là-bas Les ambassadeurs ne peuvent pas tout faire. Et toi … Je me demandais … Pourquoi est-ce que tu es encore là ? »

« Ma présence te dérange-t-elle à ce point, Earnos ? » demanda l’enfant aux cheveux violets, un petit sourire aux lèvres alors qu’Earnos hochait la tête négativement.

« Pas … pas du tout ! Loin de là même ! C’est juste que ça m’étonnait … Au final, tu es toujours l’ambassadeur des Rapions et des Drascores chez nous non ? »

« Toutes les semaines, j’envoie de mes nouvelles à mon clan, c’est exact. Mais pas seulement … Il n’y a pas que cela … Je suis aussi chargé de vérifier que nos relations continuent d’être au beau fixe entre le royaume et nous. C’est assez compliqué malgré … »

« Et pourquoi alors, tu n’arrêtes pas de t’entraîner avec moi ? Tu devrais être auprès de la princesse à chaque minute, chaque instant non ? Enfin … Avant que ce drame n’arrive. » questionna Earnos, faisant un saut en arrière pour éviter une attaque d’Olistar.

« Oh … Si tu savais la raison qui me pousse à venir m’entraîner avec toi, il se pourrait que tu ne l’apprécies guère à sa juste valeur. Sache tout simplement que si je le fais, c’est de mon plein gré, voilà tout. Maintenant, si tu as fini de parler … »

Ils allaient pouvoir être un peu plus sérieux. Sans terminer sa phrase, Olistar se jeta sur lui, Earnos parant le coup avec son arme. Néanmoins, maintenant qu’il progressait, même très faiblement, Olistar en profitait pour améliorer son propre niveau … et surtout montrer encore une fois toute la différence entre eux.
Cinq minutes plus tard, il se retrouva allongé dans l’herbe, Olistar assis à ses côtés. Il avait un petit sourire aux lèvres, amusé par ce qui venait de se passer. Une énième défaite … Et ses victoires ? Oh et bien … Il n’en avait aucune, comme ça, c’était déjà fait. Il était la risée du château, il le savait parfaitement. Deux soldats s’approchèrent du duo, un jeune garçon se tenant derrière eux, plutôt discret puisqu’il se cachait à moitié derrière eux. L’un des soldats arriva prit la parole, s’adressant à Earnos :

« Hey ! On t’a ramené un petit Pomdepik pour que tu puisses t’entraîner avec lui. Au moins, comme ça, vous serez du même niveau tous les deux. On a tous pensé que ça serait le mieux pour toi, Earnos. Hey, toi, présente-toi à ton camarade d’entraînement. »

Il avait poussé le jeune garçon pour qu’il se montre à Earnos et Olistar. Ce dernier avait le regard mauvais tourné vers les deux soldats. Visiblement, il ne semblait pas apprécier cette petite initiative personnelle … Et surtout le sourire des deux soldats. Le jeune garçon devait avoir l’âge d’Earnos donc une dizaine d’années, bientôt onze donc. Il semblait vraiment très intimidé tandis qu’Olistar demandait calmement :

« Et on peut savoir d’où vous vient cette merveilleuse idée ? Earnos n’a pas forcément besoin d’une autre personne pour s’entraîner. Surtout s’il doit progresser, je pense être capable de m’occuper de lui. Alors vous pouvez reprendre votre Pomdepik et arrêtez de vous foutre de la gueule d’Earnos parce qu’il est loin d’être doué. »

Les derniers mots avaient été dit sur un ton légèrement irrité, que cela soit parce qu’il venait de dire à voix haute qu’Earnos n’était pas franchement un génie militaire. Mais aussi car les soldats venaient clairement ici pour se moquer de lui … Et dans un sens, il ne le supportait pas le moins du monde. Les deux soldats perdirent leurs sourires, le second répondant :

« Tu ferais mieux de te calmer, le Rapion. Je te rappelle que tu ne seras jamais la bienvenue ici. Et que tu le veuilles ou non, Earnos doit s’entraîner avec ce Pomdepik. La raison ? Personne ne veut de lui. Tenez, amusez-vous avec lui. »

D’un geste sec et assez violent, il poussa l’enfant qui s’écroula dans l’herbe. Les deux soldats s’éloignèrent, le regard à moitié haineux dirigé vers le Rapion. Earnos releva le Pomdepik. Il avait des cheveux bleus, le regard assez absent, comme dénué de vie et de couleur rubis. Ses habits étaient très simples, encore plus simples que ceux d’Earnos.

« Euh … Ca va ? Je ne comprends pas vraiment ce qui se passe mais … Je dois m’entraîner avec toi ? » demanda Earnos avec interrogation.

« Si tu le veux bien … Car tu dois décider. » répondit faiblement le Pomdepik.

« Mais c’est quoi ton nom ? Tu en as bien un ? Je m’appelle Earnos … et le Rapion qui est là s’appelle Olistar. Enfin … Tu dois le connaître puis que c’est le seul Rapion du coin. »

« Merci de faire les présentations … » murmura Olistar, attendant que le Pomdepik se présente. Néanmoins, celui-ci s’éloigna pour se mettre en position de combat.

Il voulait d’abord se battre ? Comme il le désirait. Earnos reprit sa foreuse qu’il avait déposée au sol avant de foncer vers le Pomdepik. Contrairement à ce qu’il avait prévu, le Pomdepik ne fit aucun geste pour l’éviter. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Earnos s’arrêta, ayant envoyé en arrière le jeune garçon qui ne bougea plus.

« Hey … Hey ? Je t’ai fait mal ? Tu n’étais pas prêt ? » demanda le jeune garçon aux cheveux blonds alors que le Rapion restait immobile, croisant les bras.
Voilà donc un Pomdepik … Il en avait rarement vu malgré le fait qu’il se trouvait ici depuis quelques années … C’était l’une des races maudites du royaume des insectes. L’une des races pour lesquelles on pouvait dire : tout ou rien. Et les Pomdepiks commençaient avec rien du tout. Oui … Il suffisait de voir comment le jeune garçon se comportait. Celui-ci se redressa comme si de rien n’était, reprenant :

« Tu veux continuer à t’entraîner ? Je viens de débuter. »

« Euh … Je ne suis pas sûr que ça soit la meilleure des idées si tu veux mon avis. » répondit Earnos, peu rassuré par cela.

« Comme tu le désires … Qu’est-ce que tu veux que je fasse alors ? » demanda une nouvelle fois le Pomdepik, Earnos haussant un sourcil.

« Euh … Je ne sais pas du tout moi. Pourquoi est-ce que tu me poses la question ? Et tu ne m’as toujours pas donné ton nom d’ailleurs. »

« Car tu es dois décider pour moi dorénavant … Je suis ton objet et je n’ai toujours pas de nom puisque l’on ne m’en a pas donné un. »

« … … … Olistar, tu peux me dire ce qu’il raconte ? Il me fait un peu peur là … » murmura Earnos en reculant de quelques mètres. Il ne plaisantait pas quand il disait cela.

« C’est un Pomdepik … Ils sont toujours nés de la sorte. Ils ne portent guère de nom … Et les autres peuvent effacer leurs précédents noms … Ils ont une mentalité comme ça et tu ne peux pas la changer comme tu le désires. »

Oui … Mais il ne comprenait pas vraiment ce qu’Olistar voulait dire. Le Pomdepik s’approcha de lui, Earnos se mettant derrière le Rapion, toujours un peu inquiet.

« Je suis comme un objet que l’on s’approprie. Vous me donnez un nom et une utilité … Les précédents soldats n’avaient plus besoin de moi donc je n’ai plus de noms. »

« Mais c’est juste horrible ! Comment est-ce que tu peux laisser faire ça ? » s’écria Earnos avec véhémence, le jeune garçon aux yeux rubis disant :

« Car il en est ainsi depuis que je suis né … Je ne peux pas changer ce que je suis … »

« Et bien avec moi, tu vas changer tout de suite de ton ! Si tu es à moi, tu porteras un prénom et tu penseras comme tous les autres ! » s’écria Earnos avec un peu de colère, ressortant de derrière le Rapion. Olistar le laissa faire. Si il s’emportait, ça pouvait être intéressant, très intéressant même. Mais bon … Il ne se faisait pas d’illusions.

« Comme tu le veux … Puisque je suis ton objet. »

« Dorénavant, tu t’appelleras Férast ! Est-ce que ça te convient comme prénom ? »

« Comme tu le désires … Si cela te plaît … » répondit une nouvelle fois l’enfant aux cheveux bleus, haussant simplement les épaules.

« Je sens que je vais me fatiguer avant même que ça soit ton cas. » marmonna Earnos, se disant qu’il n’avait vraiment pas de chance avec lui.

« Tu n’auras qu’à me donner à quelqu’un d’autre si tu le désires. »

Quoi ? Même pas en rêve ! Ca l’insupporterait encore plus que tout le reste ! Mais quand même, quelle plaie ça allait être ! Et il avait l’impression de se voir … Toujours démotivé, faible, chétif. Et ça l’énervait ! Mais bon, il allait s’occuper de lui.

Chapitre 14 : Des regards éloquents

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Chapitre 14 : Des regards éloquents

« Tu as appris au sujet des Rapions et des Drascores ? Il paraitrait que c’est la princesse Terria qui a demandé à ce qu’on les reçoit. » annonça l’un des soldats à côté d’Earnos.

« C’est quand même bizarre non ? Enfin … Pas bizarre … Elle a toujours voulu continuer ce que sa mère avait commencé. Mais quand même … Autant de Rapions et de Drascores ? » répondit un second soldat, le garçon aux cheveux blonds tendant l’oreille.

« C’est quand même une forte tête notre princesse hein ? Même si son père veut tout faire pour éviter qu’elle ne se mette en danger, elle a décidé de continuer qu’importe ce qu’il dirait. Elle n’a pas froid aux yeux. » s’exclama le premier soldat en rigolant.

« C’est le minimum à avoir pour notre future souveraine, hahaha ! »

Hahaha… Il aurait bien aimé rire mais il restait quand même inquiet à ce sujet. Ce n’était pas qu’il n’avait pas confiance en Olistar, loin de là … Mais par rapport aux autres Rapions et Drascores, ce n’était pas du tout la même chose. Il se méfiait d’eux, il ne savait pas du tout comment prendre toute cette nouvelle. Ah …

« De toute façon … Ca ne me concerne certainement pas. » marmonna-t-il avant de se préparer à son entraînement quotidien. Du moins, c’est ce qu’il avait prévu avant qu’une voix masculine ne lui réponde avec calme :

« Et pourtant, cela te concerne, Earnos. Prépare-toi, tu dois me suivre. »

Se préparer à le suivre ? Il se retourna pour voir Holikan. Le Yanma était là, les bras croisés, un peu irrité mais non pas par le jeune Aspicot. Hum … Ça devait être sûrement le fait qu’il y ait beaucoup de Rapions et Drascores non-loin de là. Earnos demanda :

« Euh … Tu es sûr que je dois venir aussi ? Je ne sais pas si c’est une bonne idée. »

« Arrête un peu de croire que tu es seulement un Aspicot comme n’importe quel Aspicot. Tu es un chevalier de la princesse. Même si le roi a refusé que les chevaliers puissent s’approcher d’elle … sauf pour mon cas qui est assez spécial. »

« D’accord … Donc … Je dois me préparer ? Enfin … Je dois prendre une tenue spéciale ou autre ? Car je n’ai jamais été … à une réunion comme ça, je crois. »

« Reste comme tu es, je ne crois pas que ça soit le plus important. » répondit le Yanma.

« Si tu le dis, je te fais confiance alors. » marmonna Earnos.

« C’est bien la seule personne à qui tu peux avoir confiance … Tu devrais arrêter d’accepter de t’entraîner avec … ce Rapion. »

Encore une petite discussion qui allait tourner sur le racisme précaire d’Holikan envers Olistar. C’était quand même assez gênant à force, non ? Mais voilà … Il évitait souvent de s’y intéresser … car il ne voulait surtout pas donner son avis sur le Rapion qu’il trouvait quand même sympathique et amical au fur et à mesure des jours qui s’écoulaient.

« Sincèrement … Pourquoi est-ce que la princesse fait une telle chose ? C’est complètement ridicule …Si ça tenait qu’à moi, je refuserai toute présence de Rapions et de Drascores après la mort de la reine Seiry. » continua de dire le Yanma alors qu’ils quittaient la zone d’entraînement. Là-bas, ils devaient maintenant se diriger vers la salle du trône.

« Dis … Si tu es fiancé à la princesse Terria, pourquoi est-ce que tu n’essaies pas de la suivre ? Ce n’est pas le rôle que tu dois avoir plus tard ? »

« Hein ? Fiancé ? Ah oui … Bien entendu. Mais non … Tu as pu le voir avec la reine Seiry et le roi Tanator, non ? Ils n’avaient pas les mêmes idées sur les Rapions et les Drascores. Ici, c’est à peu près pareil. Je ne suis pas d’accord avec ce que fait la princesse Terria. »

« Je vois … Je vois … Je suis désolé d’avoir posé cette question. »

« Ce n’est pas trop important. Je sais bien que ça en fait parler pas mal à ce sujet … »

« Mais bon … Au moins, comme ça, la princesse sera très bien protégée. » répondit Earnos avec un petit sourire au Yanma, celui-ci haussant les épaules en faisant de même.

« Très bien. On doit se dépêcher. Suis-moi maintenant et surtout ne me perd pas de vue, on va être un peu bousculés… Il y a aussi un peu de la noblesse ici. »

« De la noblesse ? Avec tout ce qui se passe ? » dit-il sur un ton surpris alors que le Yanma hochait la tête positivement. C’était bien le cas …

Finalement, ils arrivèrent jusqu’à la salle du trône, plusieurs gardes se trouvant devant celle-ci. Ils pénétrèrent à l’intérieur, Earnos étant impressionné par le décor. C’était … majestueux… Pourtant, ce n’était pas la première fois qu’il venait ici hein ? Mais maintenant, il avait vraiment l’impression de se retrouver face à la royauté.
« Earnos. Holikan. » murmura une voix féminine à l’autre bout de la salle du trône.

La princesse Terria était là, un petit sourire aux lèvres. Visiblement, elle semblait appréciée sa présence. Tant mieux … Au moins quelqu’un d’amical … Ah non. Il y avait aussi Olistar qui était adossé contre un mur de la salle, les bras croisés. Il avait eu aussi la permission de venir ? D’ailleurs, c’était lui ou …

« Tsss … Regarde-moi ça … Ils sont si nombreux … Ils pourraient facilement les tuer. »

Holikan avait murmuré cela alors qu’il pouvait maintenant voir une délégation de Rapions et Drascores. Ils devaient être une dizaine … dont trois ou quatre adolescents. Ils étaient tous un genou au sol, regardant le roi et la princesse. D’ailleurs, la princesse Terria s’était levée pour prendre la parole à son tour :

« Merci à vous tous d’être venu dans mon château. »

Et elle continua de parler alors que lui-même observait le reste de la salle. A part les Rapions, il y avait quelques Yanmegas, l’homme aux cheveux verts qui le regardait, différents insectes dans des parures de noble. Hein ? Qu’est-ce que ça voulait dire ?

Pourquoi est-ce qu’il voyait dans les yeux de certains nobles … un regard haineux dirigé vers la princesse ? Des mains qui tremblaient ? Des poings qui se serraient ? Mais cela était aussi visible chez certains Yanmegas sauf que chez les Yanmegas, c’était porté sur les Rapions et les Drascores. Qu’est-ce que ça veut dire ? Comme il se trouvait à côté d’Holikan, pendant que la princesse parlait, il murmura au Yanma :

« Dis … J’aimerai savoir … que … Est-ce que c’est moi ou il y a une mauvaise ambiance ? »

« Tu sais très bien que les Rapions et les Drascores ne sont pas du tout appréciés par l’armée du royaume des insectes … non ? » chuchota Holikan avec calme.

« Ce n’est pas vraiment de ça … dont je voulais parler … Mais plutôt des nobles, des diplomates, enfin … Des autres personnes présentes. »

Holikan leva un sourcil, un peu étonné par les propos d’Earnos avant de jeter un bref coup d’œil autour de lui. Hum … Il n’avait pas totalement tort sur ce coup. C’était même un constat qu’il avait déjà remarqué auparavant. Néanmoins … Néanmoins, il ne pouvait rien y faire, il n’était qu’un enfant, comme lui.

« C’est rare qu’un débutant remarque un tel détail, Earnos. Mais dis-toi que … Certains ne voient pas d’un bon œil toute cette histoire. »

« Je pensais plus au fait que ces personnes pourraient risquer d’att … »

« Il vaut mieux que tu ne termines pas ta phrase, Earnos. Cela pourrait te causer beaucoup de problèmes. Je suis d’accord avec toi mais pour l’heure, il vaut mieux se taire. » termina de dire Holikan alors que le jeune Aspicot comprenait cela.

D’ailleurs, le discours de la princesse se termina juste un peu après, ses yeux rubis se posant sur eux deux. Elle avait un petit sourire bien qu’il n’avait pas réellement écouté ce qu’elle avait dit. Il espérait que ce n’était pas trop important. Pourtant, les murmures se firent entendre de plus en plus autour de lui, que cela soit de la part des nobles ou des soldats. Les Rapions et les Drascores ? Ils se relevèrent tout simplement, l’un d’entre eux prenant la parole à son tour, répondant au discours de Terria :

« Merci pour votre accueil chaleureux, princesse et future monarque Terria. Nous sommes heureux de constater que vous voulez continuer le travail de votre défunte mère, la reine Seiry C’est pourquoi nous mettrons tout en œuvre pour que nos relations diplomatiques s’améliorent et voient alors un jour nouveau se lever. »

« Merci de ces paroles, ambassadeur. Comme je vous l’ai signalé, des chambres sont mises à votre disposition pour les quelques jours que vous allez rester. »

« Merci bien mais il vaut mieux éviter que nous restions dans le château. Néanmoins, votre acte est louable, princesse Terria. Comme convenu, Olistar restera à vos côtés. »

Les Rapions et les Drascores s’inclinèrent respectueusement encore une fois devant la princesse avant de se retirer. Lui ? Il les regardait simplement partir. Les questions qu’il se posait ne concernaient guère ces personnes … mais plutôt le reste de l’assemblée.

Chapitre 13 : Une heureuse surprise

ShiroiRyu
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Chapitre 13 : Une heureuse surprise

« Hum … Pas de progrès … Aucun progrès. »

Il disait cela avec calme tandis qu’il poussait un profond soupir. Il avait maintenant plus d’onze ans. Ah … Il vieillissait mais ce n’était pas pour cela qu’il s’améliorait. Il avait même parfois l’impression de régresser. C’était horrible de s’imaginer une telle chose mais il sentait que c’était la vérité. Ah … Bon … De l’autre côté, ses parents venaient le voir assez souvent pour le féliciter et lui dire qu’il faisait du bon travail.
Du bon travail … Quelle bonne blague ! Son travail était auprès de la princesse … Or, la princesse, il ne la voyait pas le moins du monde et c’était cela le plus gros problème à l’heure actuelle à ses yeux. Elle ne sortait presque plus … ou alors accompagnée par plusieurs gardes. La pauvre jeune fille … Elle n’avait rien à voir avec celle d’il y a plusieurs années … Elle ne méritait quand même pas une telle surveillance ! Elle avait besoin … de sortir calmement … enfin de vivre correctement comme une jeune fille de son âge !

Mais lui … Ce n’était pas lui qui pouvait lui faire une telle chose. Pas le moins du monde même …Ah … Bon … C’était mieux de ne pas y penser. Assis sur son habituel banc, il regardait les autres soldats qui s’entraînaient. Pour prendre des coups, il était champion ! Mais pour en donner, il était par contre particulièrement mauvais. C’en était risible … Défendre la princesse ne consistait pas simplement à faire ça !

Enfin … Depuis des mois, il avait aussi la visite de la petite Scarhino. Herakié était quand même très … spéciale. Même les soldats semblaient surpris de sa présence. Il fallait dire qu’avec elle, nul n’essayait réellement de s’approcher de lui. Elle était quand même un peu trop jalouse. Heureusement qu’il ne connaissait aucune autre fille à part Douély et elle. La princesse Terria … Hahaha … Il eut un petit rire en s’imaginant Herakié qui se disputerait à cause de la princesse Terria. Enfin bon … C’était ainsi qu’elle était faite et il ne pouvait pas la changer. Bref malgré le temps qui passait et les nombreuses visites, il n’avait pas eu d’amélioration et il stagnait à son grand désarroi.

Bon ! Même si il avait plusieurs problèmes, ce n’était pas pour cela qu’il se lamentait. Il ne faisait que constater qu’il était mauvais ! Et pour éviter cela, il devait s’améliorer encore et encore ! Il se releva de son banc, prenant sa foreuse dans ses deux mains. D’ailleurs, il arrivait à se battre avec elle mais il avait l’impression de ne pas progresser aussi avec son arme. Ah … Bon ! Il s’approcha d’un soldat de son âge, lui demandant s’il voulait s’entraîner avec lui. Le jeune garçon qui était un Insecateur accepta, Earnos le remerciant.

« Evitons d’y aller trop fort, d’accord ? » demanda l’Aspicot.

« Ne t’en fait pas ! Tout le monde sait que tu ne tapes pas très fort mais que tu es aussi résistant qu’un roc, Earnos ! » répondit le jeune Insecateur.

« Ah … Je ne sais pas si je dois en être flatté ou non. »
Autant le prendre sur le ton du compliment, le garçon aux cheveux verts ne semblait pas vouloir chercher la bagarre. Néanmoins, il ne faisait que lui dire la triste vérité. Il servait véritablement de sac de frappe lorsqu’il s’entraînait. Enfin … Son visage n’en pâtissait pas car les autres évitaient de le cibler à cette hauteur … heureusement pour lui.

M’enfin, les journées maintenant, s’écoulaient rapidement, très rapidement et là, il avait eu le droit à du repos. Donc … Il allait pouvoir retourner chez ses parents, chose qu’l ne tarda pas à faire. Comme il ne les voyait qu’une fois par mois ou presque, c’était toujours plaisant de retourner à la maison … ou plutôt au magasin de fleurs. Après une marche de plusieurs minutes, il arriva jusqu’à la boutique, pénétrant à l’intérieur.

« Maman … Je suis rentré … » murmura-t-il tout simplement.

Aussitôt, il eut une petite forme qui vint atterrir dans ses bras. La plus jeune de ses sœurs était là, heureuse de le voir tandis que sa mère passait de l’autre côté du comptoir pour venir l’embrasser sur les deux joues. Oh … Il y avait bien Cassina aussi … Elle-même ne faisait que lui sourire, continuant d’arroser les fleurs.

« Tu aurais pu nous prévenir non ? Combien de fois t’ai-je déjà dit cela, Earnos ? »

« Pardon maman … Je voulais faire une surprise. Bonjour Cassina … Bonjour Olly ! Tu aides maman, c’est cela ? Tu ne fais pas de bêtises, j’espère ? »

La plus jeune de la famille hocha la tête négativement, faisant un sourire à son grand frère qui lui caressait le sommet des cheveux. Il en fallait vraiment peu pour qu’elle soit heureuse, n’est-ce pas ? Mais … Jiane … Ah … Vraiment, vraiment …

« Jiane et ton père sont déjà partis depuis quelques heures au travail. Tu devrais les voir cette après-midi ou ce soir … De toute façon, tu es là pour la journée. »

« C’est le cas. Enfin … Est-ce que je peux vous aider pour les fleurs ? » demanda le jeune garçon aux cheveux blonds, sa mère rigolant faiblement.

« Tu es là pour te reposer, c’est pourtant facile à comprendre non ? »

« Oui mais … Je ne vais pas rester là à rien faire non ? » annonça Earnos, un peu déconfit à l’idée de se tourner les pouces pendant plusieurs heures. Même si cela n’était pas forcément très visible quand on le regardait à cause de son physique, il était un travailleur !

« Et pourtant … Si ! C’est bel et bien le cas … Que je ne te vois pas aider Cassina ou Olly pendant que j’ai le dos tourné, c’est compris ? Olly apprend justement le métier. »

Il fit une petite mine boudeuse. Il n’aimait pas vraiment ça … Mais bon … Si encore … Il y avait Douély … Peut-être que … Qu’elle était revenue ? Il quitta le magasin, disant à sa mère qu’il revient le plus vite possible. Il se dirigea aussitôt vers le quartier des Munjas. D’ailleurs, ce quartier avait bien changé … Maintenant, les Munjas semblaient bien moins nombreux … au contraire des gardes de l’armée qui étaient présents.

« Petit ? Qu’est-ce que tu fais ici ? Ce n’est pas un endroit pour toi. »

« Je voulais juste voir … une Munja. » murmura Earnos en réponse au soldat qui s’était approché de lui pour le questionner.

« Il n’y a rien à voir ici. Il vaut mieux que tu rentres chez tes parents. »

Il avait parfaitement compris … Douély n’était toujours pas revenue … et elle risquait de ne jamais revenir dans le fond. Rien que le fait … de ne plus la revoir … Voilà qu’il se démotivait une nouvelle fois. Les mains dans les poches, il revint chez lui, pénétrant à nouveau dans le magasin de fleurs.

Pendant le reste de la journée, il restait assis, se triturant les doigts. Au final, il n’y avait pas de quoi être joyeux s’il regardait tout ce qui se passait autour de lui. Jiane faisait le même travail que son père alors qu’il ne voulait pas … Il y avait aussi Douély qui restait introuvable malgré toutes les suppliques qu’il lançait dans le vide chaque soir … Enfin, il y avait aussi l’entraînement qui n’emmenait à rien du tout. Il était inutile … particulièrement inutile, il le savait bien … Et puis, le pire restait quand même l’emprisonnement dans une cage dorée de la princesse Terria.

« C’est vraiment moche … depuis quelques temps. »

« Hum ? De quoi est-ce que tu parles, Earnos ? Qu’est-ce qui est moche ? » demanda sa mère en voyant la mine abattu de son fils.

« Oh … Pas grand-chose, maman … Vraiment … »

« Je ne sais pas pourquoi tu dis cela … Mais sache que tout n’est pas si noir … Tu n’es peut-être pas encore au courant mais sache que ta grande sœur va avoir un enfant. »

Sa grande sœur ? Il ne parlait pas de Cassina quand même ? Il se tourna vers l’adolescente, celle-ci hochant la tête négativement en rigolant. Bien sûr que non !

« Je parle de Passy … Tu sais bien qu’elle a quitté la maison depuis … »

« Passy va avoir un enfant ? » demanda t-il en se redressant de la chaise.

« Oui oui … Elle doit en être à environ à trois ou quatre mois d’après le médecin. Mais ne t’en fait donc pas à ce sujet … Elle va très bien. Pourquoi n’irais-tu pas la rendre visite dès que tu auras un jour de plus pour te reposer ? Ca serait une bonne idée. Elle serait folle de joie, je parie à ce sujet. » annonça sa mère.

« Maman … Tu penses que je pourrai être le parrain ? Enfin … Si elle veut bien … »

« Tu es un peu jeune mais pourquoi pas ? Tu n’auras qu’à lui poser la question. »

« Oui ! Bien sûr ! Bon … Quand est-ce que papa et Jiane rentrent aussi ? Je commence à avoir un peu faim. » s’écria le jeune garçon aux cheveux blonds.

« Et bien … Maintenant, tu m’as l’air tout de suite plus motivé. »

Sa mère l’observa, amusée par la situation tandis qu’il rigolait un peu. Il adorait les enfants, enfin … Ceux qui étaient plus jeunes que lui. C’était pour cela qu’il aimait ses petites sœurs … Alors savoir qu’ils allaient avoir un nouveau membre dans la famille, cela lui mettait du baume au cœur. Au moins … Il y avait de bonnes nouvelles dans ce monde. Il devait les accepter au lieu de se morfondre.

Chapitre 12 : Recouverte par la terre

ShiroiRyu
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Chapitre 12 : Recouverte par la terre

« Il n’y a jamais eu autant de monde … » murmura le jeune garçon aux cheveux blonds alors qu’il se retrouvait en face d’Olistar.
Celui-ci tenta de lui donner un coup au visage, le jeune garçon plaçant sa main devant celui-ci. La main d’Olistar percuta celle d’Earnos alors que le jeune garçon reculait faiblement sous la puissance du coup. Pourtant, il ne semblait pas être plus gêné que cela par ce qui venait de se passer. Il regarda derrière le Rapion, celui-ci prenant la parole :

« Tu devrais éviter de te déconcentrer. Je t’ai déjà dit ce qui risquait de se passer non ? »

« Je ne me déconcentre pas … Je suis même très concentré contrairement à ce que tu crois … Je ne fais que regarder le reste … Il y a tellement de personnes … »

Tellement de personnes ? Mais ce n’était pas le plus important ! Visiblement, il ne prêtait pas attention au combat hein ? Il retira son poing avant de le pointer en direction du ventre d’Earnos. Le jeune Aspicot plaça sa main pour le parer. Néanmoins, le second poing d’Olistar arriva en direction de son visage. Il le para de son autre main, Earnos disant :

« Tu vois … Je suis calme … Et je surveille tout ce que tu fais … Tu es plus rassuré ? »

« Pas le moins du monde … Tu ne sais même pas ce que je compte faire … La preuve ! »

Le crâne d’Olistar percuta celui d’Earnos, le jeune garçon poussant un cri de surprise avant de tomber au sol sur les fesses. Olistar se massa le front, gémissant un peu de douleur.

« Ça commence à être sacrément dur là. J’ai l’impression de m’être cogné contre un rocher. »

« Mais tu as vu ce que tu as utilisé comme technique aussi ? Aie, aie, aie. » marmonna le jeune garçon en se relevant, sanglotant presque. Heureusement qu’il était un soldat … Il remarqua le regard d’Holikan qui restait rivé sur lui et Olistar. Depuis déjà pas mal de temps, il commençait à le surveiller de plus en plus. Ça devenait quand même problématique.

« Qu’est-ce que tu regardes encore ? Si c’est Holikan, je t’ai dit de ne pas te préoccuper de lui. Il fait sa vie … Il peut me regarder, m’étudier, faire tout ce qu’il veut … Ce n’est pas un souci. Et tu sais pourquoi ? Car c’est son souci. »

« Oui mais quand même … Il faudrait discuter avec lui. »

« Je n’ai pas de temps à perdre avec lui. » annonça Olistar, haussant les épaules avec désinvolture. Depuis qu’il était dans l’armée … Il avait remarqué le changement de comportement du Rapion par rapport à lui d’ailleurs. Quand même … Il avait quelque chose de spécial ou quoi ? Il se le demandait … Mais bon … Il …

« Dites ? Est-ce que je peux vous prendre ce petit Aspicot ? »

Hein ? L’adolescent et l’enfant se tournèrent vers la personne qui venait de s’adresser à Olistar. C’était une jeune fille, qui devait avoir onze ans ou presque. Il ne connaissait pas … cette race d’insecte. De quelle origine elle était ? Olistar la regarda pendant quelques secondes puis Earnos avant de lui répondre :

« Bien entendu. Je n’ai pas l’exclusivité de ce petit Aspicot comme tu aimes l’appeler. Tu dois être content, Earnos, n’est-ce pas ? Tu vas t’entraîner avec une autre personne. »

« Euh … Oui … Ca me changera de me prendre des coups de poing de ta part. » dit Earnos, un peu surpris par la réaction d’Olistar qui s’éloigna pour se diriger vers Holikan. Après une courte discussion où il remarqua qu’Holikan s’énervait avant de sortir ses armes. Olistar semblait rire un peu avant de s’éloigner, Holikan le suivant. Cela allait être sacrément sanglant … Il valait mieux essayer d’arrêter ces deux-là avant que ça ne devienne violent.

« Bonjour ? Tu me regardes quand même un peu ? Je t’observais depuis quelques minutes. Contre un Rapion, tu n’as aucune chance de gagner, tu le sais ? »

Hein ? Quoi ? Il se tourna vers la jeune fille qui s’adressait maintenant à lui. Elle avait des cheveux bruns assez courts, deux yeux noirs tandis qu’elle portait une étrange … robe blanche et noire. Etrange ? Non pas parce qu’elle était habillée ainsi pour un entraînement mais à cause de ce qui s’y trouvait dessus.

« Pourquoi est-ce qu’il y a des morceaux de pierre sur ta robe ? » dit-il en désignant les morceaux du doigt. La jeune fille rigola légèrement avant de lui répondre :

« Et bien … Tu le sauras si tu me bats ! On n’y va pas maintenant ? »

« Bien entendu … Mais je te préviens, je ne suis pas très fort. »

Il était au moins sincère, c’était une bonne qualité. Elle l’observa avec un sourire avant de s’élancer vers lui. Elle ne déplaçait pas trop vite contrairement au Rapion … mais aussi … Elle était quand même assez lente même … C’était bizarre … Et ses coups étaient bien moins forts ? Est-ce qu’il allait réussir à la battre ? Il ne devait pas se vanter ou se croire trop fort, ce n’était pas du tout bon pour lui.

Le combat dura longtemps, très longtemps même. Il ne savait pas si cela était de la malchance mais à chaque fois qu’il frappait la jeune fille, il rencontrait une pierre de son habit. Il y en avait autant que ça ? Ses poings étaient endoloris et son corps était quand même un peu fatigué. Mais c’était aussi le cas de la jeune fille.

« Tu te débrouilles plutôt bien ! Normalement, tout le monde devrait déjà être fatigué … Mais toi, tu tiens bon ! C’est vraiment une bonne chose ! »

« Merci beaucoup … Je fais simplement de mon mieux. »

« Tu es un chevalier de la princesse aussi hein ? Ça doit être vraiment … superbe. » murmura la jeune fille, tentant de lui faucher les jambes d’un coup de pied bien placé.


Son pied percuta celui de la jeune fille pour le repousser. Elle s’écroula au sol, poussant un petit gémissement avant de se relever. Elle semblait heureuse et joyeuse de se battre contre lui. Il était si faible que ça ? Mouais … Enfin bon … Il soupira, se disant qu’il devait sûrement rêvé. Ce n’était pas forcément ça. Il devait prendre un peu plus confiance en lui.

« Dommage ! Tu viens de perdre, Earnos ! Tu devais surveiller le combat ! »

Comment ça ? Il n’eut pas le temps de réagir qu’une main se posa sur son cou. Il tomba avec violence sur le sol, la jeune fille venant s’asseoir sur lui avant de lui donner un puissant coup de poing sur le visage. Lorsqu’elle vit qu’il n’était même pas sonné ou évanoui par le coup, elle se releva, un grand sourire aux lèvres.

« C’est bien ce que je pensais. Tu as la tête plus dure que n’importe quelle pierre du royaume des insectes ! Je l’avais remarqué auparavant, je voulais le confirmer. »

« En me donnant un coup comme ça ? Aie, aie, aie … J’ai la migraine maintenant. » marmonna le jeune garçon aux yeux rubis.

« Ca te passera. Si tu préfères abandonner le combat car tu as trop mal, je comprendrai. »

Lui ? Abandonner de la sorte ? Il se redressa avec facilité, du moins ce qu’il pensait. Il tituba un peu, reprenant une position correcte quelques secondes après. La jeune fille sembla émerveillée, tapant dans ses mains avec joie avant de dire :

« J’abandonne le combat ! Tu as gagné … Earnos, c’est ça ? Je m’appelle Lisian, je suis une Cheniti. Heureuse de te rencontrer ! »

« Je m’appelle … Earnos et je suis un Aspicot … Enfin, enchanté de te rencontrer aussi ? » murmura d’une voix peu assurée.

« Je pense que oui. Nous allons nous revoir bien assez tôt ! Tu es quand même quelqu’un qui tient bon hein ? Toujours prêt à te relever ! »

Oui ? Enfin … Il ne savait pas ce qu’il devait comprendre. Elle s’approcha de lui, l’embrasant sur la joue alors qu’il ne réagit pas tout de suite. Elle s’éloigna avant de rire, le laissant seul tandis qu’Olistar revenait vers le jeune garçon. Il semblait assez exténué et avait quelques marques sur le corps.

« Et bien … On dirait que tu as réussi à taper dans l’œil de cette Cheniti. »

« Hein ? Oui … Enfin … Je ne sais pas vraiment … Qu’est-ce qui s’est passé ? »

« De ton côté ? Et bien … Il semblerait qu’il y ait quelqu’un qui t’apprécie malgré le peu d’estime que tu as pour toi. De l’autre côté … Si tu parles de moi, disons qu’Holikan s’est montré un peu plus tenace que d’habitude. »

« Ah … Enfin … D’accord. Je crois que je suis un peu perturbé. J’ai l’impression que les ennuis vont continuer d’arriver. » murmura le jeune garçon en s’éloignant un peu chamboulé.

« Méfies-toi quand même des Chenitis ! » répondit Olistar en le laissant s’éloigner.

Oui … Peut-être … Mais là, il avait visiblement bien besoin de se reposer. Il chercha un banc, allant s’asseoir avant de passer une main sur son front puis sa joue. Il était un peu … perturbé par les évènements. Il devait se l’avouer.

Chapitre 11 : Jamais sans surveillance

ShiroiRyu
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Seconde partie : Une société matriarcale

Chapitre 11 : Jamais sans surveillance

« Tu as entendu les nouveaux ordres du roi ? C’est un peu dingue quand même non ? »

« Bah … Il fait ça pour nous. Avec ce qui s’est passé depuis la mort de la reine Seiry, puis avec cette Munja … Enfin, j’ai entendu dire qu’il allait tout faire pour purger le royaume de l’intérieur. Tu savais que le commandant Loran était un traître ? Qu’il préparait un coup d’état avec d’autres personnes. Ca m’a étonné … Il était plus que respecté. »

Des soldats discutaient entre eux des derniers évènements du royaume. Depuis maintenant plus d’un trimestre, le roi était devenu comme obnubilé par la protection du royaume et de sa fille. Il était tout simplement impossible de ne pas se faire surveiller en permanence maintenant. Le jeune garçon aux cheveux blonds était assis sur son habituel banc, ayant remarqué depuis tout ce temps qu’il n’avait pas revu la princesse ou presque. Cette dernière n’avait vraiment pas de chance d’ailleurs à ce sujet … Oh que non … Il la plaignait et sincèrement … En même temps … Il se demandait où était Douély. Autant de temps et aucune nouvelle, elle lui manquait terriblement.

« J’espère qu’elle va bien … C’est tout ce que je veux … » se murmura-t-il à lui-même.

« Encore en train de te parler tout seul, Earnos ? Je t’ai pourtant déjà signalé que ce n’était pas une bonne chose. » annonça une voix sur sa droite, Earnos tournant son visage pour voir Olistar. Malgré tout ce qui se passait, le fait qu’il paraissait encore plus suspicieux, le Rapion semblait plutôt bien vivre les évènements actuels.

« Je pense que je suis encore capable de savoir ce qui est bon pour moi, Olistar. Ne me dit pas que tu veux que je te serve encore de sac de frappe ? Holikan n’appréciera pas du tout. »

« Oh laisse tomber ce qui se passe avec lui. Viens plutôt t’entraîner. Tu n’es pas encore assez renforcé … Et tu sais bien que les autres se moquent de toi. C’est une raison de plus pour les faire taire. Ne me force pas à te prendre la main. »

« Pfff … D’accord, d’accord … Je viens … Je prends ma foreuse et j’arrive. D’ailleurs … Pourquoi est-ce que tu ne t’entraînes pas avec les nouvelles recrues ? Elles sont bien meilleures que moi non ? Ça serait bien plus équitable. »

« Et si je te dis que je n’en ai pas envie ? Je préfère t’avoir comme adversaire. Non pas parce que tu ne me feras aucun mal mais parce que tu me donnes envie de te voir progresser et ça depuis le début. » dit Olistar avec calme et sérénité.

Depuis quand est-ce qu’Olistar était aussi amical envers lui ? Depuis qu’il était dans l’armée des insectes non ? C’était assez surprenant … Mais en même temps, il se méfiait au cas où. Bien qu’il ne soit pas paranoïaque comme Holikan, il restait quand même assez … sur ses gardes par rapport au Rapion. C’était des années de méfiance et surtout des siècles et des millénaires d’histoire entre les Rapions, les Drascores et le royaume des insectes.

« Bon ? Est-ce que tu viens ? Ou alors, je dois te traîner ? » reprit Olistar alors qu’il n’avait pas répondu après ses courtes phrases.

« Oui … Oui … C’est bon. J’arrive, j’arrive. Je vais prendre ma foreuse. » répéta le jeune garçon aux cheveux blonds avant de se lever de son banc.

Quelques minutes plus tard, il était face à Olistar, comme à son habitude. Le Rapion lui souriait, s’élançant vers lui sans même prendre la peine de se défendre. Il avait peu à peu compris à quoi jouait le Rapion avec lui. Il ne le remarquait que peu mais son propre corps devenait plus … résistant. Ainsi, il n’avait pas à avoir peur de se prendre des coups puisque son corps supportait la douleur mais en même temps …

« Je ne suis pas un sac de frappe ! » s’écria t-il subitement, courant en avant alors qu’Olistar tenta de donner un coup de pied.
L’adolescent aux cheveux violets tomba en arrière, Earnos sur lui. Le jeune garçon tenait sa foreuse dans ses mains, la soulevant dans les airs comme pour être prêt à l’abattre sur Olistar. Ce n’était qu’un entraînement donc il n’allait pas tuer Olistar mais il fallait quand même que le Rapion admette sa défaite sur ce coup.

« Très bien très bien ! ENFIN tu réagis comme il le faut, Earnos ! Tu sais bien que ce n’est pas en restant simplement inactif que tu pourras protéger la princesse de la sorte. Néanmoins, tu devrais faire plus attention à toi … Car tu es sans protection … »

Sans protection et où ça ? Il abaissa rapidement la foreuse au niveau du cou du Rapion, celui-ci le frappant violemment au ventre. Earnos fut pris de convulsions, toussant violemment avant de s’écrouler sur le côté. Le Rapion reprit :

« Bon … C’était vraiment bien … Mais j’ai l’impression que tu te rapproches de plus en plus du Coconfort … Ah … Ce terme utilisé … L’évolution …Des fois, cela change complètement notre corps. Oui … A tout jamais … »

Olistar poussa un profond soupir, comme si quelque chose le dérangeait plus que tout dans cette histoire. Il se releva, regardant si Earnos allait bien avant de lui dire :

« Demain, on refait la même, Earnos. Je t’attendrai alors ne t’avise pas de me faire faux bond. Je n’aimerai pas à avoir à te tirer de ta chambre. »

« … … J’ai compris … Je serai là demain. Mais quand est-ce que tu combattras sérieusement ? Car le coup … que tu m’as donné était différent des autres. » murmura le jeune garçon aux cheveux blonds, restant couché au sol.

« Quand j’estime qu’il sera l’heure voilà tout. »

« … … … Je vois, pardon de t’avoir posé la question. Je vais aller retourner m’asseoir sur le banc maintenant que c’est terminé. »

Aussitôt dit, aussitôt fait, Earnos se redressa pour se diriger vers son banc. C’était bizarre … d’être aussi démotivé … Il ne savait pas pourquoi il l’était … Pas le moins du monde … Pffff … Douély … Douély … Terria, la princesse Terria aussi. Ça ne devait pas être très joli de son côté. Hum … Il aimerait bien savoir comment elle allait. Il avait fait une promesse à la reine Seiry, il comptait la respecter mais comment faire en étant éloigné de la princesse ?

Il n’eut guère à attendre trop longtemps pour le savoir. Alors qu’il se dirigeait vers les quartiers où il demeurait pour dormir le soir, tandis qu’il marchait dans un couloir du palais, il put la voir. Mais comme il s’en était douté, elle n’était plus seule. Les deux Apitrinis à ses côtés n’avaient rien de bien surprenant … C’était plutôt les quatre soldats lourdement protégés autour des trois enfants le « problème ».

« Princesse Terria. » dit-il tout simplement alors qu’ils arrivaient à sa hauteur, la jeune fille aux cheveux blonds se tournant vers lui, un petit sourire triste aux lèvres.

« Earnos. » dit-elle avec neutralité alors que l’un des gardes se plaçait entre le trio d’enfants et Earnos. Il prit la parole à son tour :

« Princesse Terria, veuillez continuer à avancer et à vous rendre dans votre chambre s’il vous plaît. Nous ne pouvons pas vous laisser parler à un étranger. »

« Earnos est l’un de mes chevaliers personnels. Ce fut la dernière volonté de ma mère, la reine Seiry. Je pense quand même qu’il fait une exception non ? » demanda t-elle calmement.

« Les ordres de votre père sont formels. Seul Holikan peut vous adresser la parole parmi l’armée du royaume des insectes. Si vous voulez bien avancer … » reprit le soldat tandis qu’elle poussait un profond soupir.

« J’ai été contente de te voir, Earnos. Merci encore. Je dois m’en aller. »

Il ne fit qu’hocher la tête en réponse aux paroles de la princesse Terria. Il laissa passer la petite troupe avant de soupirer à son tour quand il n’y eut plus personne. Ce n’était pas vraiment une vie pour elle. A force, il allait finir par comprendre la réaction de la jeune fille … Celle qui consistait à s’enfuir dès qu’elle le pouvait.
Dans sa chambre, il se coucha, fermant les yeux longuement comme pour réfléchir à la situation. Il avait de la peine pour la princesse Terria mais il ne pouvait rien faire. Il n’était pas dans les bons papiers du roi … surtout après l’échec avec Douély. Qu’est-ce qu’il pouvait faire d’autre hein ? Il n’était pas faiseur de miracles.

« Mais … Si elle refait une fugue … Qu’est-ce que je vais faire ? »

Il parlait à voix haute puisqu’il était le seul … dans sa chambre. Mais il devait y réfléchir. Oh … Son cœur lui dictait déjà sa réponse mais son cerveau signalait le contraire. Il ne devait pas commettre de bêtises. Plus facile à dire qu’à faire … Mais … Bon …

« La princesse Terria est ma princesse. Je dois la servir … Et je dois aussi servir mon roi … Mais aussi mon royaume … Mais qui dois-je servir au-dessus des autres ? Les ordres du roi ? De la future Apireine ? Du peuple ? De tous ? Je n’ai que dix ans … bientôt onze … »

Et il se posait beaucoup trop de questions comparé à un enfant de son âge. Il aurait aimé … continuer son travail de foreur. Ça lui manquait déjà. Couché sur le lit, il chercha le sommeil pour quelques heures. Peut-il devait-il voir sur le moment ? Même si … La promesse faite à la reine était plus importante que les paroles du roi. Cela … Il en était sûr et certain. Mais pour l’heure … Il laisserait … les évènements se dérouler tranquillement.