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Chapitre 2 : Mis à part

ShiroiRyu
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Chapitre 2 : Mis à part

« Enfin de retour à Midès ! »

Il avait dit cela avec entrain alors que personne ne lui répondait. Tout avait changé en quelques jours … Plus personne ne lui adressait la parole mais il s’en était douté. Depuis le moment où il avait signalé au sujet de ses lignes d’Alzar, c’était terminé. Vraiment terminé … Enfin bon … Dans un autre sens, il allait être tranquille n’est-ce pas ? Il essayait de voir le bon côté des choses … Mais non … Et Elen ne lui avait toujours pas répondu.

Il se retrouva dans une chambre rien que pour lui, chacun ayant le droit à une journée de repos. Lui … Il était sorti se balader dans Midès. Il avait besoin de penser à autre chose. Du moins, il s’était attendu à cela … ou presque … Des petits cris et deux bras vinrent enlacer le sien, le visage de Clari se présentant à lui.

«  Tery ! Enfin ?! Je pensais que vous n’alliez jamais revenir ! Tu m’as drôlement inquiétée, tu ne devrais pas hein ? Ca n’a pas l’air d’aller … » murmura t-elle avec douceur à la fin en voyant le visage du jeune homme. Celui-ci tenta de sourire, lui répondant :

« Si, si … Ca va parfaitement et toi ? Je ne pensais pas te revoir … après que l’on se soit séparé avec toute cette histoire. Tu vas bien alors ? »

« … … … Toi, tu n’as pas le moral à cause de tes lignes, n’est-ce pas ? » dit-elle en souriant.

« Visiblement, le message est passé dans toute l’armée de Shunter. » répliqua le jeune homme aux cheveux bruns, s’arrêtant au beau milieu du trottoir, Clari faisant de même.

« Et aussi au sujet de la petite Manelena. Oh … Je prononce presque un blasphème ! Je ne vois pas pourquoi elle se cache … Mais sincèrement, tu peux me le dire ? Qu’est-ce que tu lui as fait pour qu’elle réagisse comme ça ? »

« Mais je … Je … Je n’ai rien fait de mal ! J’ai juste dit que je voulais l’aider depuis que je connais son autre face. Tu sais … Enfin … La vraie Manelena … Celle sans son armure. »

« Hum … Peut-être qu’elle ne supporte pas que l’on porte de l’intérêt envers elle ? Du genre … Elle ne s’y attend pas ou quelque chose du genre ? Peut-être qu’en fait … Ton intérêt l’a effrayée ? Elle ne s’y attendait pas ? Puis à côté, elle se sent responsable de ce que tu as dit sur le terrain ? J’ai cru comprendre qu’à cause de tes paroles, tout le monde pendait que vous aviez une relation tout les deux. Je parie que cela ne te dérangerait pas au contraire de la maréchale, n’est-ce pas ? Espèce d’homme à femmes … Tu as déjà ta petite blonde masquée, je te rappelle. » dit-elle en le taquinant, lui donnant un petit coup de coude dans la hanche pour le faire sourire, chose qui n’arrivait pas.

« Je ne sais pas … Je ne pensais pas qu’elle le prendrait comme ça. Et puis … Les soldats me disent que je suis une plaie pour l’armée … Qu’avoir montré cela de la part de la maréchale était une effroyable erreur … Et je suis assez perdu. Clari, si tu n’as rien à me dire, tu peux me laisser seul s’il te plaît ? »

Pour toute réponse, elle décida de serrer le bras du jeune homme entre les siens alors qu’ils se remettaient finalement à marcher. Il avait besoin d’être tranquille mais … Elle n’allait pas le laisser seul, n’est-ce pas ? Il pouvait toujours rêver pour cela. Ah … Clari … Vraiment …

Côte à côte, ils vagabondaient dans les ruelles de Midès, quelques regards tournés vers eux. Oh … Etait-ce parce qu’il était bien plus petit que Clari ? Ou alors car les rumeurs étaient déjà sorties ? Il espérait sincèrement que cela soit le premier. Et en y pensant … Est-ce que sa mère … était au courant ? Quelqu’un allait la mettre au courant, il en était certain ! Il s’était mis à trembler, quittant la main de Clari avant de se tenir la tête entre ses deux mains.

« Je ne veux pas … Je ne veux pas … Je ne veux pas … »

« Qu’est-ce qui se passe avec toi, Tery ? » demanda aussitôt la jeune femme, inquiète avant de lui retirer ses deux mains. Il ne voulait pas quoi ? Elle commençait à être sérieusement anxieuse à cause de lui. Il marmonnait :

« Je ne veux pas … Je ne veux pas que ma mère soit au courant … Qu’est-ce qu’elle va dire, Clari ? Qu’est-ce qu’elle va dire ?! HEIN ?! »

« Mais arrête de te faire une fixation là-dessus ! Je te l’interdis ! » s’écria t-elle en lui donnant une claque, commençant à avoir des larmes aux yeux. Cela stoppa le jeune homme dans sa réaction, à moitié sonné par le coup alors qu’il remarquait les larmes. Quoi ? Quoi ?! Qu’est-ce qu’il y avait avec Clari ?! Il posa ses mains sur ses bras, lui demandant :

« Pourquoi est-ce que tu pleures ? Pardon, Clari. Pardon, je ne voulais pas. »

« Ce … Ce n’est pas toi … C’est juste … C’est juste un mauvais souvenir … »

Un mauvais souvenir ? Mais c’était quand même sa faute ! Il tenta de la réconforter, frottant ses mains sur les bras de la jeune femme en lui disant qu’il était désolé encore une fois. Elle sécha ses larmes, lui annonçant que ce n’était rien bien qu’il n’y croyait pas un traître mot. Bon sang … Il n’avait pas que ça à faire … de perdre son temps à s’apitoyer sur son sort. Ca le désolait personnellement mais … Voilà … Il ne pouvait pas dire autre chose à ce sujet.

« Est-ce que tu as envie que l’on s’installe dans une taverne ? Tu as peut-être soif, Clari ? »

« Tu sais, Tery. Tu n’as pas besoin d’être aussi gentil avec moi hein ? Ce que tu as vu, ça ne se reproduira plus. J’ai juste eut un petit moment de faiblesse … »

« Mais pourquoi tu as réagit comme ça ? Je sais … que bon … Sur le coup, j’ai mal agit mais bon … Enfin bref … Voilà … C’est tout ce que je voulais te dire. »

« Tu te compliques beaucoup trop l’existence, Tery. Je te l’ai pourtant déjà dit, n’est-ce pas ? Alors arrête de t’en faire … sincèrement … Si tu commences à penser ainsi … »

« C’est juste que je ne m’attendais pas à une telle chose. C’est vraiment trop important … Comment dire … J’ai vraiment l’impression d’être rejeté … Que chaque regard porté en biais en ma direction montre toute la haine qu’ils ont à mon égard. J’ai vraiment cette impression et ça me fait plus que mal … Clari. J’aimerai ne pas avoir ces lignes noires … Ca me permettrait de vivre normalement … Normalement … AH ! C’est peut-être ça ! Tu sais … Au sujet de Manelena ?! A cause de ses lignes, elle ne vit peut-être pas normalement ? »

Il avait dit cela comme si il venait de faire une grande découverte. Peut-être qu’à force … Peut-être que si il discutait avec Manelena … Qu’il la faisait sortir de sa carapace de métal noire … qu’il … Qu’il lui faisait vivre comme une personne normale … A deux, ils allaient être plus fort que chacun isolé dans son coin.

« J’ai l’impression que tu vas commettre une bêtise, Tery. Je te déconseille de faire une telle chose. Je ne sais pas ce que c’est mais je suis sûre que ce n’est pas très malin de ta part. Encore moins que d’habitude … Tu m’écoutes, Tery ? »

« Oui oui … Bon … On finit la balade et ensuite, je retournerai voir la maréchale. »

NON MAIS IL LE FAISAIT EXPRES OU QUOI ?! Ca rentrait par une oreille pour sortir par l’autre ?! Elle s’apprêtait à répliquer mais il rigola légèrement, la tirant tout en se mettant à courir à toute allure. Il suffisait d’une telle chose pour qu’il soit joyeux ? Elle avait du mal à le comprendre des fois, elle devait se l’avouer.

Trois heures plus tard, il semblait bien plus joyeux qu’auparavant, un grand sourire ornant ses lèvres. Il avait une idée en tête mais elle ne pouvait pas l’arrêter. Elle allait simplement le surveiller et voir ce qu’il comptait faire. Faire ? Et bien rien du tout … Il était éloigné de la tente de la maréchale, au moins à une vingtaine de mètres mais il ne bougeait plus. Il ne pouvait pas approcher la tente, ni la femme mais il attendait … Il était patient …

Puis finalement, elle sortit de la tente, ne remarquant même pas qu’il était là, à une trentaine de mètres. Il s’était encore éloigné, la suivant peu à peu alors qu’elle se déplaçait seule. Dès qu’elle fut isolée dans un coin isolé de tous et de toutes, elle se retourna subitement au même moment où il était à sa portée. Les yeux rubis se fixèrent sur lui. Ce n’était pas vraiment un terrain vague mais il n’y avait que peu d’arbres et surtout, aucun soldat.

« Je pensais … que le message était bien passé … Tery. »

« Mademoiselle Manelena ! J’ai trouvé la solution à votre problème ! »

Son problème ? De quoi est-ce qu’il parlait ? Elle restait parfaitement de marbre, attendant qu’il continue alors qu’elle croisait les bras. Il semblait … joyeux … et cela avait quelque chose d’inquiétant et menaçant … menaçant à ses yeux.

« … … … J’attends alors cette solution à un problème inexistant. »

« Tout d’abord, je dois m’expliquer … Même si ça ne fait qu’un jour, même pas … J’ai remarqué à quel point les lignes d’Alzar sont très mal vues et … »

« Tu avais tout simplement qu’à te taire. Personne ne t’a obligé à ouvrir la bouche, surtout pour dire de telles choses. Tu es particulièrement stupide mais cela, je l’ai remarqué depuis déjà plusieurs semaines. Faire confiance aux inconnus … »

« Oui enfin bon … Est-ce que je peux vous dire ce que je pense ? Vous êtes comme l’Ombre ! Vous savez … La femme au masque blanc … Enfin … »

« Je sais parfaitement qui est Elen. Tu vas cesser de me prendre pour une imbécile ? Et tu oses me comparer à elle ? » dit-elle avec un peu d’énervement alors que le jeune homme gardait contenance. Il était hors de question d’abandonner maintenant.

« OUI ! Bien sûr ! Retirez votre armure ! Montrez-vous sans celle-ci ! Ouvrez-vous aux autres ! Je suis sûr que c’est là le problème … Sans être comme Elen, le fait que vous vous cachiez derrière votre armure noire montre que vous avez peur du regard des autres. Enfin … Que vous êtes dans une carapace de métal et qu’il vous faut vous montrer aux yeux de tous et de toutes. Vous savez … Je me sentirai plus fort si j’avais une autre personne ayant des lignes d’Alzar avec moi. Ce n’est pas votre cas ? »

« Je vais commencer par briser ta psychologie de bas étage ! » s’écria t-elle avant de se jeter sur lui, son armure disparaissant à nouveau alors qu’il se retrouvait plaqué sur le sol. AIE ! Son dos ! Il n’était pas totalement guérit.

« Mais non ! Je ne vous veux aucun mal ! Mademoiselle Manelena ! Je continuerai de vous appeler comme ça pour que vous compreniez ! J’ai besoin d’une personne avec des lignes d’Alzar moi aussi ! Je ne connaissais pas ces lignes il y a plus d’un an … Et c’est grâce à vous que j’en sais plus maintenant ! C’est à moi de vous aider aussi ! Laissez-moi vous aider, mademoiselle Manelena ! Je suis sûr qu’ensembles, on pourra s’aider mutuellement ! »

« … … Mais pour qui est-ce que tu me prends ?! Tu crois vraiment que j’ai besoin d’aide ?! De ta part ?! Regarde-moi dans les yeux, Tery Vanian ?! Je n’ai besoin de l’aide de PERSONNE ! C’est bien compris ?! »

Elle évitait de l’étrangler, restant assise sur lui bien que cela la démangeait de lui en coller une. Le problème dans tout cela, c’était avec le sérieux qu’il s’adressait à elle. Ah … Il était si sérieux qu’elle enrageait à l’idée d’accepter cette idée.

« … … … Pourquoi est-ce que tu veux m’aider ? » demanda t-elle finalement, ne semblant guère gênée par leur position.

« Car depuis le début, c’est ce que vous faites … pour moi. Enfin … C’est comme cela que je le vois. Enfin … Je me trompe peut-être hein ? Mais après tout ce que vous avez fait pour moi … Enfin … Bon …Mademoiselle Manelena, je vous aime bien. »

Il vint rougir violemment, la jeune femme aux cheveux argentés restant imperméable à ces paroles comme si cela ne l’affectait pas le moins du monde. Pourtant, son armure revint sur l’intégralité de son bras droit avant qu’elle ne le frappe de son poing de métal au niveau de la joue. Il poussa un cri de douleur, cherchant à s’échapper sans y arriver. Elle s’apprêtait à relever le poing pour le frapper une seconde fois, s’arrêtant avant de murmurer :

« Arrête de t’intéresser à moi … Ceux qui ont essayé sont morts. »

« Vous savez qu’en disant une telle chose, vous allez simplement me forcer à vouloir en savoir plus à votre sujet, Manelena ? Enfin … Je continue le vouvoiement au cas où … Je ne veux pas de problèmes personnellement. »

« Tu ne veux pas de problèmes et tu cherches à en savoir plus sur moi. Tu es ironique hein ? Avoue … avant que je ne décide de te tuer. »

« Je ne sais pas … du tout … J’en suis vraiment désolé, mademoiselle Manelena. »

« Disparais de ma vue … Je ne le répéterai pas … En fait … Non … Je vais te faire disparaître. Oui … Tu ne pourras plus poser le regard sur ma personne. »

Elle se releva finalement, comme si elle était sûre d’elle avant de faire apparaître son armure noire sauf au niveau du visage. Elle l’observa longuement, le jeune homme se redressant à son tour comme pour tenter de parler. Néanmoins, aucun mot ne sortit de sa bouche tandis qu’elle s’éloignait, le laissant seul. Pourquoi est-ce qu’il avait un peu peur depuis qu’elle avait réagit comme ça ? Il ne savait pas trop mais des fois … Il n’avait pas confiance.
Et il eut entièrement raison ! Le lendemain, des soldats vinrent le chercher quelques minutes après son réveil, lui signalant qu’il devait les suivre. Il ne comprit rien du tout, jusqu’au moment où il se retrouva à côté de Clari. Ils étaient dans la tente de la maréchale ? Celle-ci était installée à la même position que d’habitude, les mains liées avec les coudes posés sur chaque bord de son siège.

« Vous deux … allez disparaître de ma vue. Tery, tu connais la raison. Clari, c’est bien parce que je sais que tu es toujours prête à le suivre. Vous serez accompagnés par d’autres soldats. »

« En clair, Tery … On va être forcé de voyager un peu autour de Midès puisque tes actions ne plaisent guère à la maréchale. Bon … Et bien, on va alors partir dès maintenant ! » répondit la jeune femme aux couettes blondes tandis que Tery tentait de dire :

« Euh … Sincèrement … Je ne sais pas si c’est une bonne idée. Enfin … Ca peut toujours nous faire sortir mais maréchale … Ce n’est pas comme ça que je pourrais vous aider. »

Il remarqua qu’elle serrait ses deux poings avec insistance. Pourquoi est-ce qu’elle réagissait ainsi ?! Ce n’était pas pourtant dur de comprendre qu’il voulait vraiment l’épauler ! Enfin … Juste … Bon … Il devait mettre de l’ordre à ses idées.

« J’accepte votre mission. De toute façon, je ne pense pas avoir le choix. » répondit le jeune homme en s’inclinant devant la maréchale.

« Et arrête de me coller … C’est un ordre personnel, Tery. »

Hein ? Quoi ? Il posa son regard sur la jeune femme en armure noire. Clari parut aussi un peu surprise des propos de la maréchale. Il s’empêcha de sourire, disant :

« Je vais faire de mon mieux de ce côté mais je ne vous promets rien. Clari, on s’en va maintenant ? Car je ne pense pas que la maréchale nous laissera tranquilles après ce que je viens de dire. Au revoir, mademoiselle Manelena. »

Rien que le fait de prononcer son prénom comme un défi et voilà qu’il avait le rouge aux joues. Il entendit le début d’un râle de colère de la part de la maréchale, celle-ci se levant. Il se mit à courir à toute allure en même temps que Clari, celle-ci rigolant, amusée par la situation tandis qu’ils devaient maintenant se préparer pour leur future mission.

Quelques heures plus tard, ils avaient reçu les consignes, non pas de la bouche de la maréchale mais des soldats avec qui ils allaient partir. Il apprit aussi que deux ou trois soldats étaient en retard et qu’il fallait les attendre. La mission était simple : Eliminer quelques troupes de Gnomolds. Ca ressemblait plus à un envoi pour juste se débarrasser d’eux. M’enfin … Il s’en était douté aussi à la base.

« Désolé ! Nous devions prendre quelques affaires ! » s’écria une voix derrière lui et Clari tandis qu’il se retournait. Qu’est-ce que … Il reconnaissait facilement le jeune homme qui se tenait devant lui, disant avec surprise :

« Olin ?! Mais qu’est-ce que tu fais ici ?! »

« Lieutenant Tery ?! C’est moi qui devrais vous poser cette question ! Je ne pensais pas vous revoir ici ! » s’écria l’homme aux cheveux noirs, un grand sourire aux lèvres. « Oh bon sang ! Vous avez carrément changé depuis le temps ! »

« Alors comment tu as réussi à me reconnaître si j’ai changé ? » répliqua le jeune homme aux cheveux bruns, ricanant légèrement tandis que Clari regardait Olin avec étonnement.

« Tu le connais alors ? Je pensais qu’il était bizarre mais c’est carrément au deca de la vérité. » murmura la jeune femme aux couettes blondes.

« Ah … Alors … Euh … Clari … Voilà Olin … Olin … Voilà Clari. Je connais Olin depuis que je suis rentré dans l’armée de Midès ou presque. Quand j’ai été envoyé à Honoros, je l’ai perdu de vue. Visiblement, depuis le temps, tu es resté tout le temps dans Shunter, Olin. »

« Il fallait bien défendre le royaume pendant que les autres partaient en guerre ! »

« Capitaine Olin ! Capitaine Olin ! Il est temps de partir, nous sommes déjà en retard ! » s’écria un soldat alors que les yeux de Tery s’ouvraient en grand à cause de la surprise.

« Capitaine … Olin ? Depuis quand tu es aussi gradé ? » demanda t-il avec appréhension alors qu’Olin se grattait le dos du crâne, un peu gêné.

« Bah … J’ai pas arrêté de défendre le royaume … Puis je me débrouillais bien … Puis bon … Ben … Euh … J’ai eut une promotion puis une autre et une autre. »

« C’est vraiment une super nouvelle. Je dois alors t’appeler chef maintenant ? » dit le jeune homme aux cheveux bruns avec amusement alors qu’Olin répondait négativement :

« Non, non ! Pas besoin du tout ! Tu peux m’appeler comme auparavant ! »

« Hahaha ! Alors, je t’appellerai simplement Olin ! »

Il éclata de rire alors que Clari souriait. Après ce qui s’était passé, elle ne s’était pas attendu à ce que le jeune homme soit aussi joyeux. Enfin bon … Cela lui faisait chaud au cœur de le voir autant euphorique. Elle prit son bras entre ses deux mains, Olin haussant un sourcil devant ce geste avant de dire d’une voix calme, limite benêt :

« Dis … Tery … C’est euh … ta petite amie ? »

« Hein ? Quoi ? CLARI ! Bon sang ! Ils vont se faire des idées ! » s’écria le jeune homme en retirant son bras, la jeune femme aux cheveux blonds rigolant légèrement.

« A force de passer du temps avec moi, tu ne remarques même pas que je reste accrochée à toi. Je pourrais facilement t’enlacer que tu t’en douterais point. »

« Mais arrête ! Purée ! Clari ! » reprit Tery en s’éloignant d’elle, rougissant violemment alors qu’elle se mit à le suivre avec amusement.

Certains soldats les regardaient, murmurant qu’il avait de la chance alors que lui se demandait où était la chance avec une fille pareil. Néanmoins, il s’arrêta subitement, se retournant au même moment. La poitrine de Clari le percuta, le jeune homme poussant un gémissement plaintif alors qu’il extirpait sa tête. Pourtant, elle posa ses deux mains sur le dos de son crâne, le ramenant à elle tout en disant :

« Roh … Même si c’est en public, tu sais … Tu peux me le dire hein ? Que tu as envie de rester dans mes bras, Tery. »

« NON MAIS … ARGL ! Clari ! S’il te plaît ! Je vais étouffer ! Même si tu n’as pas grand-chose, je vais … » s’arrêta t-il en voyant le regard froncé de la jeune femme.

« Même si je n’ai pas grand-chose … C’est bien ce que j’ai cru comprendre, Tery ? » chuchota t-elle avec douceur bien que le ton était plus que froid derrière cela.

« … … … … … Tu es très mignonne, Clari. » marmonna le jeune homme alors qu’il tentait de reculer, Clari claquant des doigts en même temps que des lignes blanches apparaissaient sur sa main droite. Aussitôt, un vent violent vint pousser Tery dans le dos, le faisant revenir vers Clari qui gardait un sourire aux lèvres.

« Je sens que ça va être très intéressant … Notre mission à toi et moi … Tery. »

« Euh … Tu peux juste me laisser respirer ? Et souffler ? S’il te plaît ? »

Ce n’était pas du tout les mêmes menaces qu’avec la maréchale, il le savait parfaitement et il avait confiance en Clari. Il se retrouva subitement coincé sous le bras de la jeune femme, celle-ci l’ayant coincé pour lui faire frotter le sommet du crâne avec son poing. Il poussa un petit gémissement de douleur, lui demandant de le lâcher, chose qu’elle ne fit pas le moins du monde. Un grand éclat de rire provient d’elle tandis qu’elle reprenait :

« Bon … Nous pouvons partir capitaine Olin ! »

« Hey ! Mais tu vas me laisser tranquilles, Clari ?! » s’égosilla le jeune homme alors qu’elle s’était mise à siffloter comme pour l’ignorer.

Rah … Il n’avait pas le temps de souffler avec elle et il avait déjà oublié ses petites mésaventures avec la maréchale Nali. Peut-être qu’accomplir quelques missions lui ferait le plus grand bien, oui … Les soldats commencèrent à se mouvoir, suivant l’imposant jeune homme à la chevelure noire, chef de ce groupe avec deux membres bien particuliers.

Chapitre 1 : Le travail, c’est la santé

ShiroiRyu
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Première axe : Un monde en guerre

Chapitre 1 : Le travail, c’est la santé

« Tery ! Continue à parer mes coups ! ALLEZ ! CONTINUE ! CONTINUE ! »

« Dites … Vous n’avez pas l’impression que la maréchale en veut à Tery ? »

Ce n’était pas simplement une impression mais bel et bien un constat. La femme en armure noire frappait avec violence de son épée sur les griffes du jeune homme aux cheveux bruns. Celui-ci n’arrêtait pas de reculer, ses mains ensanglantées par l’effort. Même avec la protection sur leurs armes, ça ne changeait rien au fait qu’elle avait la ferme intention de le tuer ou presque. Où se trouvaient-ils ? Tout simplement dans Shunter. Oui … Il était retourné à Shunter après cette mission accomplie. Mais là … Là …

« Pause … Pause maréchale Nali ! J’en peux plus ! J’en peux vraiment … »

« Depuis quand est-ce que tu estimes avoir la possibilité de me donner des ordres, Tery ? » répliqua t-elle, ses deux yeux rubis fixés sur lui.

« Depuis jamais ! Je disais ça comme ça ! » s’écria le jeune homme, cherchant des mots pour tenter de la calmer. Il ne voulait surtout pas la mettre en colère, c’était trop risqué et stupide de sa part ! Mais voilà quoi … Ne pouvaient-ils pas rester comme auparavant ? Enfin … Quand elle était sous forme de … Manelena ? C’était vraiment mieux … Comme si elle avait lu dans son regard, son épée se pointa juste au niveau de sa gorge.

« Faire vaguer son esprit ailleurs pendant un combat emmène à la mort, Tery Vanian. J’espère que ce message est très bien passé dans son cerveau. »

« … … Gloups … Oui … D’accord … » murmura le jeune homme aux cheveux bruns, n’osant plus bouger tandis que la maréchale retirait l’arme de sa gorge, la rangeant avant de dire :

« L’entraînement est fini pour quelques heures … Je suis loin d’en avoir terminé avec toi. En fait … Non … Dès que tu te relèves … Tu m’accompagnes, j’ai à te parler. »

« Bon sang ! Tery ! Qu’est-ce que tu as fait à la maréchale ?! Elle n’est jamais comme ça envers une seule personne ! T’as essayé de la voir sans son armure ou quoi ? » dit un soldat, la maréchale se tournant subitement vers lui. Un violent vent le projeta en arrière, le faisant rouler sur plusieurs mètres.

« Je te trouve bien familier avec ma personne ! Le prochain qui ose proférer de telles paroles à mon encontre risque de le payer de son existence, est-ce bien compris ?! TERY ! TU ME SUIS … MAINTENANT ! » hurla t-elle de toutes ses forces.

« Oui maréchale ! J’arrive tout de suite ! » répondit le jeune homme en se redressant, ses yeux verts posés sur l’imposante armure de la maréchale. Il devait … Il devait se dépêcher !

Quelques minutes plus tard, il était dans une imposante tente qui surplombait les autres. Il fallait dire que la maréchale devait avoir son espace personnel … Surtout quand il avait vu à quoi elle ressemblait sous son armure. Il regarda à gauche et à droite, les gardes étant devant la tente. Bon … Euh … Qu’est-ce qu’il devait faire ? La maréchale marchait en direction d’un fauteuil, s’installant dessus avant de tapoter doucement du doigt sur l’un des bords.

« Tery Vanian … Je commence à être fatiguée par tout cela. Ca ne me plaît pas. Tu peux parler librement ici … Ma tente a un sort spécial qui empêche que les paroles issues de cet endroit n’en sortent. »

« Euh … Mademoiselle Manelena, je pense simplement que … »

Il se retrouva allongé sur le sol sans même comprendre ce qui venait de se passer. Une bourrasque et il avait été balayé comme un fétu de paille. Il resta immobile, la maréchale disant d’une voix qui se voulait calme bien que cela ne semblait pas être possible :

« J’ai dit que tu pouvais parler librement, non pas ME parler librement, Tery. »

« Pardonnez-moi maréchale Mane … Nali. Je ne voulais pas vous offenser. Mais pourquoi êtes-vous fatiguée ? Nous sommes bientôt arrivés à Midès non ? »

« D’ici une semaine, le temps que nous transportions tout là-bas. Pourquoi cette question ? »

« Oh … Juste un petit peu pressé de pouvoir écrire à ma mère. Cela fait longtemps et la dernière fois que j’ai oublié de la prévenir, elle a perdu une bonne vingtaine de kilos voir plus d’ailleurs. Je n’ai pas essayé de vérifier. Une simple mesure de précaution. »

« Les rapports que tu as avec ta mère ne m’intéressent guère, Tery. Est-ce bien clair ? »

« Hey ! J’essayais d’avoir un sujet de discussion avec vous, mademoiselle Nali ! »

« … … … Je n’ai jamais demandé une telle chose. » répliqua t-elle alors qu’il marmonnait :

« Alors pourquoi m’avez-vous convoqué ? »

« Je voulais parler au sujet de cet entraînement … Ce que tu as subis ces derniers jours n’est rien comparé à ce que je prévois de te faire passer lorsque nous serons à Midès. »

« Mais pourquoi ?! Maréchale Nali ?! Est-ce que vous m’en voulez encore pour ce qui s’est passé il y a trois semaines ? » dit-il avec appréhension tandis qu’elle se relevait, ses yeux rubis posés sur lui. Dire qu’il n’avait pas revu son visage depuis tout ce temps. C’était un peu embêtant car il avait quand même eut l’impression de s’être rapproché d’elle pendant cette session. Mais cela n’avait été qu’un jeu et …

« Ce que je pense et ce que je ressens ne concernent guère une personne comme toi, Tery. Est-ce que le message est parfaitement passé dans ton crâne ? »

« … … … D’accord. Donc, si vous n’aviez que ça à me dire, je vais aller reposer mes nouvelles plaies grâce à vous, mademoiselle Nali. » dit le jeune homme avant de quitter la tente.
Elle le laissait partir, l’observant pendant ce temps tout en réfléchissant à quelque chose. Il y avait … une différence … Mais elle ne savait pas quoi. AH ! Elle se releva aussitôt, s’écriant :

« Il me donne du mademoiselle Nali maintenant ?! »

Elle venait de le remarquer à peine à l’instant ! Depuis quand est-ce qu’il lui adressait la parole de la sorte ?! BON SANG ! Ca avait été la pire de ses erreurs que de faire une mission avec lui sous cette « couverture ». Dire qu’elle avait osé faire ça … Son casque disparut alors qu’elle se massait le front. On ne lui reprendrait plus !

Il s’était couché sur le lit qu’avait chaque soldat. Ici, même si il avait un plus haut grade que les autres depuis déjà plusieurs mois, ce n’était pas pour autant qu’il avait un meilleur confort. Néanmoins … Il s’en fichait complètement. Il tenait une lettre à la main, l’ouvrant une nouvelle fois pour la lire avec amusement.

« Nous sommes en route vers l’Oracle. Je parlerai de toi à madame Liza, elle adore quand je parlais de toi. Enfin … Maintenant, j’ai beaucoup de choses à dire par rapport à nous deux. Royan ne parle toujours pas ou presque. Une vraie tombe. J’espère que tu vas bien et que ces deux femmes ne te torturent pas car sinon, je reviens aussitôt te chercher, Tery. »

Il ne pouvait s’empêcher de sourire aux écrits de la jeune femme masquée. Elle pouvait être très attachante hein ? Il espérait vraiment qu’un jour, ils puissent tous les deux se voir quand ils le désiraient, sans que la distance ne soit trop grande. Enfin bon … Ce n’était qu’une chimère à l’heure actuelle et il ne se faisait pas d’illusions.

Il chercha le sommeil pour quelques heures de repos car de toute façon, après cela, il allait devoir s’entraîner à nouveau. Ensuite, ils allaient repartir pour se diriger vers Midès. Ah … Midès … Il allait devoir écrire à sa mère aussi au passage. Il espérait qu’elle ne serait pas trop anxieuse … Mais quand même, avoir perdu tellement de kilos à cause de lui … C’était tout simplement stupéfiant. Mais elle ressemblait de plus en plus à la femme qui s’était mariée avec son père il y a plus de vingt ans de cela.

Quelques heures plus tard, il fut réveillé par un soldat qui le secoua légèrement, le forçant à ouvrir les yeux. Demandant d’une voix faible et ensommeillée ce qui se passait, le soldat lui signala que la maréchale le cherchait. Il marmonna avec lenteur en refermant ses yeux :

« Ben qu’elle me cherche … Et qu’elle me prévienne quand elle m’a trouvé. »

Un craquement sinistre se fit entendre, comme si tous les os de deux mains résonnaient en même temps. Un cri apeuré de la part du soldat qui lui avait adressé la parole et il décida d’ouvrir les yeux une nouvelle fois.

« Ma … Mademoi … ARGL ! » s’écria t-il avant de se retrouver étranglé par la femme en armure noire, celle-ci le levant de son lit sans aucune difficulté.

« MARECHALE NALY. Est-ce bien clair, Tery Vanian ?! »

« ARGL… Peut … plus … par… ler. » tenta de prononcer le jeune homme, gesticulant, ses deux pieds ne touchant pas le sol.

« Et tu penses que cela me dérange ? Tu es familier … trop familier … Tery. Pour qui me prends-tu ? Pour une simple soldate … Pour la peine … Je vais te transporter au terrain où nous allons nous entraîner de la sorte. » répondit-elle, sortant de la tente alors que tous et toutes se dispersaient devant ce spectacle.
Il fut jeté durement sur le sol, roulant sur deux mètres en cherchant sa respiration. De grosses bouffées … Très grosses … Ah … AH … AHHHHH ! Elle voulait le tuer ou quoi ?! Il posa son regard sur elle, un peu énervé avant de s’adoucir aussitôt. Non … Il ne devait pas s’emporter contre elle. Si elle était en colère, c’est qu’il y avait une explication logique ou presque.

« Bon … Alors … On va combattre … Vous voulez bien me remettre les griffes s’il vous plaît, maréchale Nali ? » demanda t-il aussitôt alors que la femme en armure tendait sa main droite pour réceptionner les deux armes. Elle les recouvrit d’une fine protection, faisant de même avec sa lame avant de lui renvoyer les deux griffes.

Aussitôt, il se lança vers elle. Avec la maréchale, il était hors de question de perdre du temps à essayer de se protéger. Elle para la double attaque avec aisance, créant plusieurs fois un souffle de vent en sa direction qu’il évitait en sautant sur les côtés. Lui … Il ne pouvait pas utiliser ses lignes, n’est-ce pas ? Normalement, personne n’était au courant qu’il avait des lignes d’Alzar … C’était trop … difficile à dire aux autres.

« … … … Tu ne donnes jamais le meilleur de toi-même, Tery. »

« Je fais de mon mieux, maréchale ! Mais vous connaissez mon problème aussi ! » dit-il d’une voix faible pour ne pas être entendu par les soldats qui les entouraient une nouvelle fois.

« Ne cherche pas d’excuse à ta faiblesse … Si tu as honte de ce que tu es alors tu ne mérites pas d’être dans l’armée de Shunter. Je te l’ai pourtant signalé ? »

… … … C’était le regard des autres … En petit nombre et parce que c’était une mission, il était d’accord … Mais il savait parfaitement que les lignes d’Alzar n’étaient pas appréciées le moins du monde … Et elle ? Est-ce que …

« Est-ce que les autres savent ce que vous êtes réellement, maréchale ? » demanda t-il, les personnes autour d’eux tendant l’oreille alors qu’elle s’arrêtait dans son geste, la pointe de son épée dirigée vers le sol. Elle s’était mise à trembler de colère, disant :

« Si il s’avère que tu ouvres la bouche … »

« Non non ! Ecoutez-moi … C’est par rapport à ce qui nous lies … Enfin … Ce qui nous ressemble … Vous savez … Est-ce qu’ils sont au courant ? »

« Au courant ? Ce qui les lie ? Ils se connaissent plus que ça ? Peut-être qu’il est l’amant de la maréchale ? Hey, les gars ! Vous avez entendu ?! »

« TERY ! JE TE BRISE AUJOURD’HUI ! » hurla t-elle de toutes ses forces avant de se jeter sur lui, son épée sur le sol. Elle allait l’étrangler de toutes ses forces !

Le jeune homme fut surpris de la réaction de la maréchale, faisant un saut en arrière, cherchant à la calmer. Pourtant, les yeux rubis ne semblaient guère apaisés. Elle voulait vraiment le tuer hein ?! Mais mais mais … Certains soldats s’éloignaient les uns après les autres comme pour prévenir toute la troupe au sujet de … AH ! Il avait cru mal entendre ou quoi ?! Il n’était pas l’amant de la maréchale ! Si ils savaient qu’il … qu’il n’avait jamais eut … Il commença à rougir, se retrouvant plaqué sur le sol par la maréchale. Celle-ci était sur son ventre, l’immobilisant d’une main alors que celle de droite se levait tout en se refermant. Elle allait le frapper au visage ?!

« Maré … Maréchale … Je ne voulais … »

« LA FERME ! CETTE FOIS-CI, tu as dépassé les bornes ! »

« C’ETAIT POUR PARLER DE MES LIGNES D’ALZAR ! PAS D’UNE RELATION ! »

Il avait hurlé de toutes ses forces, n’ayant pas la possibilité de se protéger le visage. Elle s’était arrêtée avant que son poing n’arrive à son visage. Il détourna le regard, voyant la stupeur sur le visage des soldats. C’est vrai … Ils n’étaient pas au courant.

« Des lignes d’Alzar … C’est peut-être pour ça qu’elle le surveille ? »

« Non mais … En fait, il est très dangereux. Elle fait bien de le maîtriser. »

« Je vais éviter de m’approcher de lui à l’avenir. »

Voilà que les nombreux soldats s’éloignaient les uns après les autres alors que la maréchale se relevait. Elle murmura avec lenteur en sa direction :

« Toi … Je veux te voir dans ma tente dans dix minutes. Je pense que tu comprends que tu n’as pas le choix n’est-ce pas ? »

Il ne lui répondit pas, gardant le visage détourné tandis qu’elle partait. Après cinq minutes, il se redressa finalement, simplement le haut du corps tandis qu’il regardait autour de lui. Rien … Tout le monde était parti. Il s’épousseta, ne montrant pas la tristesse sur son visage alors qu’il s’approchait de la tente de la maréchale. Là-bas, les gardes se poussèrent sur le côté, il ne cherchait même pas à savoir si c’était uniquement pour le laisser passer ou simplement car ils avaient peur.

« Te voilà donc … Installe-toi sur le sol, à genoux. » murmura la voix de la maréchale tandis qu’il s’exécutait. Maintenant, il avait l’impression d’être vraiment considéré comme un paria. Il fut un peu surpris de voir la maréchale dans son armure noire mais sans son casque, revoyant son visage pour la première fois depuis plusieurs semaines. Il ne vint rien dire, attendant qu’elle reprenne la parole.

Les minutes s’écoulaient peu à peu tandis qu’il avait le visage baissé en direction du sol. Qu’est-ce qu’elle allait lui dire ? Ca commençait à être long et il avait des crampes aux genoux. Il n’osait pourtant rien dire, la mentalité n’était clairement plus là depuis qu’il avait osé dire cela à voix haute. Tout ça … Pour la défendre … Enfin, que les autres ne s’imaginent pas mille choses contrairement à la réalité.

« Quel imbécile … vraiment … »

La voix de la maréchale le retira de ses pensées tandis qu’il relevait le regard. Elle avait poussé un soupir tout en prononçant ces quelques paroles. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Il se faisait encore une fois insulté par elle. Ca en devenait vraiment lassant à la longue.

« Pourquoi m’avoir ramené ici, maréchale Nali ? Je suis désolé pour ce que j’ai dit auparavant … et j’ai voulu réparer mon erreur. »

« Car je veux que tu me dises clairement à quoi tu t’amuses avec ma personne ? »

« M’amuser avec … vous ? » dit-il avec appréhension alors qu’elle s’accroupit, ses deux yeux rubis le fixaient longuement.

« Je vais être brève et concise … Je ne sais pas pourquoi tu me colles mais tu vas me le dire clairement. Qu’est-ce qu’il y a avec toi ? Tu aimes vraiment souffrir de ma part ? Tu es un pur masochiste ou quoi ? Exprime-toi ! »

« Non … Non … Juste que depuis que … Je sais que vous êtes Manelena, je ne peux pas m’empêcher de vous comparer à votre autre personnalité … J’ai envie de vous aider. »

« Je ne suis pas schizophrène, est-ce bien clair ?! » hurla t-elle avant de le plaquer au sol comme à son habitude, l’étranglant peu à peu alors que son armure disparaissait, la faisant apparaître enfin dans sa tenue d’antan. Des morceaux d’armure blanche sur une bonne partie, sa jupette de métal aussi, elle était bien plus belle à ses yeux quand elle était ainsi.

« Mademoiselle … Mademoiselle … Manelena … Vous perdez … »

« ASSEZ ASSEZ ASSEZ ! » s’écria t-elle tout en le secouant comme un prunier, le soulevant avant de le jeter avec violence sur le sol, recommençant cela plusieurs fois de suite alors qu’il ne bougeait plus. Pourtant, il murmurait :

« Ca fait sérieusement mal … Je vais devoir réagir … au cas où … maréchale … Nali. »

« Ne m’appelle plus ! Ne me colle plus ! C’est bien clair ?! Je vais arrêter de t’entraîner mais ne m’adresse même plus la parole ! C’est compris ?! »

Elle ne semblait même pas apeurée ou enragée … mais désemparée … C’était difficile à saisir ce qu’elle semblait ressentir, comme il en avait eut l’impression depuis le moment où il avait découvert qui elle était avec son armure. Enfin … Lorsqu’elle s’était dévoilée … sous sa véritable apparence. Il se redressa, des égratignures sur sa peau tandis qu’il gémissait.

« Va t-en … Ne t’approche plus de moi … Je vais te laisser tranquille ! Mais je ne veux plus rien savoir avec toi ! Tu arrives à saisir ce que je te dis ?! »

« Mademoiselle … Nali … Vous n’allez pas bien du tout ? »

« C’est quoi qui te pousse à t’intéresser à ma personne hein ?! Tu n’arrives pas à comprendre le sens de mes mots ou quoi ?! JE VIENS DE TE DIRE DE PARTIR ! »

Des lignes noires apparurent sur la globalité du visage et des bras de la jeune femme aux yeux rubis. Elle pointa ses deux mains vers lui, le projetant au-dehors de la tente. Il fut renvoyé sur plusieurs mètres en arrière, percutant un arbre alors qu’il sentait son dos se fissurer ou presque. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il n’arrivait plus à bouger. Il entendait des bruits de pas, des murmures puis plus rien, juste le vide autour de lui.

Lorsqu’il se réveilla, il vit qu’il était dans sa tente, des bandeaux autour du torse. Il se mit assis, gémissant de douleur avant qu’un soldat ne pénètre dans sa tente en l’ayant entendu. Tiens … C’était l’un de ceux gardant habituellement la tente de la maréchale non ?

« Enfin réveillé ? Bon … C’est pas que ça me fait plaisir mais tu es aux arrêts temporairement. La maréchale a été radicale dans sa décision. Tu as une interdiction de te rapprocher d’elle à dix mètres et de lui adresser la parole. Je ne sais pas ce que tu as foutu avec elle et en fait, je ne veux même pas savoir. Ce que tous avons remarqué, c’est que tu as réussi à la mettre dans un état que les autres n’avaient jamais vu. Et ça n’a rien de glorieux. »

« Mais je voulais aid … »

« On s’en fiche de savoir ce que tu voulais faire à la maréchale. Tu n’as pas l’air de comprendre ce qui se passe ? Dorénavant, en plus d’être un paria à cause de tes lignes noires … » répondit le soldat alors que le jeune homme tiquait à ses paroles. « Maintenant, tu as réussi à te mettre les généraux et autres gradés sur le dos. Si tu ne saisis pas ce que je te dis, je vais être bref : La maréchale Nali est l’autorité la plus haute dans l’armée de Shunter. Les seuls ordres qu’elle reçoit sont de la part du roi. Elle est crainte et respectée par tous et toutes dans l’armée de Shunter. Faire ce que tu as fait, c’est mettre en doute l’aura qui émane d’elle. Tu es une épine dans le pied de l’armée de Shunter depuis que tu es présent ici. »

« Mais je voulais l’aider ! » répondit Tery avant de gémir de douleur.

« Un simple soldat ? Aider la maréchale ? Est-ce que tu saisis un peu la portée de tes paroles ? Tu n’es pas dans le même monde qu’elle … »

« Je ne suis pas un simple soldat. Enfin … Avant … de venir sur le front, je devais être un lieutenant, je crois … Mais ça fait si longtemps. »

« Lieutenant à Midès ne veut rien dire ici ou presque. Enfin, je t’ai prévenu. Tu as intérêt à te montrer discret, certains n’hésiteront pas à te tuer si tu poses problème. »

Il déglutit alors que le soldat partait sans un mot. Qu’est-ce que … Qu’est-ce que … Il était la cible d’assassins maintenant ?! Juste parce qu’il avait voulut aider la maréchale ?! Mais dans quelle galère il s’était mis ?! Dans quelle galère ?! Il se tenait la tête entre les mains. La maréchale Nali … Il avait voulut … juste …

« Il faut … que j’écrive à Elen … Il le faut. »

Il n’avait même pas remarqué qu’il avait reçu une lettre pendant son inconscience. La lettre ailée … Ah … Elen, elle arrivait juste à temps. Il l’ouvrit avec anxiété, elle lui signalait qu’ils étaient bientôt arrivés chez l’Oracle et qu’elle allait discuter de leurs aventures ensembles. Il ne put s’empêcher de sourire tristement, murmurant :

« Peut-être que l’idée … de quitter l’armée n’était pas si mauvaise … »

Au moins, avec elle, il se sentait plus en confiance mais la maréchale … Il avait l’impression que … quelque chose clochait avec elle et il voulait savoir quoi. On ne pouvait pas changer de personnalité comme ça ! Il devait découvrir ce qu’était réellement la maréchale !