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Chapitre 52 : Exilés mais réunis

ShiroiRyu
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Chapitre 52 : Exilés mais réunis

« Elen ? » murmura Tery, écarquillant ses yeux verts, ayant beaucoup de mal à y croire.

« Tery ? » alors qu’elle venait aussitôt cacher ses cheveux blonds, rougissant sous son masque. Pourquoi faisait-elle une telle chose ?

« Elen ? » répéta une nouvelle fois le jeune homme, Royan poussant un soupir avant de dire :

« Moi, c’est Royan. Elle, je pense que c’est Manelena. Maintenant que les présentations sont faites, vous pourriez peut-être arrêter de vous juger du regard ? Mademoiselle l’Ombre, vous avez autre chose à faire, n’est-ce pas ? Même si cela ne fait qu’à peine quelques mois, vos efforts devraient être récompensés. Pourquoi avez-vous décidé de les cacher ? »

« Je ne sais pas ? Car ça ne se fait pas. Je n’ai pas envie qu’il …  Et de toute façon, j’ai besoin d’une explication sur ce qui s’est passé. Tery, c’était quoi ces cornes sur ton crâne ? On aurait pu croire que tu étais un … »

« Des cornes ? Comment ça ? Où ça ? De quoi est-ce que tu parles ? » demanda le jeune homme aux cheveux bruns, se touchant le crâne pour essayer de sentir les cornes dont parlait Elen sous son masque blanc. Elle écarquilla les yeux, il ne mentait pas, il ne savait même pas ce qu’il avait eu ? Manelena prit la parole avec nonchalance :

« Tu étais comme possédé, Tery. Je ne sais pas comment tu as fait cela, comment est-ce tout simplement possible mais tu as réussi à me retirer des bras de ces armées. Tu avais deux cornes sur le crâne et tu t’es pris une dizaine de flèches dans le dos sans … »

« HEIN ? Des flèches ? TERY ! Retourne-toi maintenant ! » s’écria l’être masqué de blanc, le jeune homme s’exécutant, étant incapable de refuser ce que voulait faire Elen. Celle-ci passa ses mains sur son dos, remarquant les nombreux trous dans le tissu. « Qu’est-ce que cela veut dire ? Comment est-ce que … Tu n’as même pas une seule blessure. »

« Si tu ne m’avais pas coupé la parole, je te l’aurai signalé. » déclara la maréchale, du moins, l’ancienne maréchale en vue de ce qui s’était passé.

« Tery ? Est-ce que ça va ? Désolée de m’être montrée insistante pour ce démon … Enfin, tu sais, je t’en ai déjà parlé dans mes lettres et … »

« Insistante ? Tu ne l’as même pas évoqué une seule fois donc bon, tu n’as pas vraiment à t’en faire, Elen. » souffla le jeune homme, se retournant pour lui faire face. « Par contre, de quoi est-ce que parlait Royan ? Visiblement, il n’a pas changé. »

« Ce n’est pas très important, Tery. Par contre, vraiment, cette femme, Clari … Je ne sais pas vraiment mais tout ce qu’elle a écrit dans ta lettre sans que ça soit toi et … »

« AH ! Euh, bon, pfiou, c’est un peu gênant d’en parler. C’est plutôt perturbant et en parler devant d’autres personnes. Bon, de toute façon, il vaut mieux réfléchir à ce que l’on va faire dorénavant car je pense que vous avez besoin de quelques explications. Maréchale, est-ce que vous pouvez leur expliquer ? » demanda Tery, se tournant vers la femme aux cheveux argentés. Celle-ci soupira, haussant les épaules avant de dire :

« Je ne suis plus la maréchale, je tiens à te le signaler. Et tu n’as plus à me vouvoyer puisque je ne suis plus ta supérieure. »

« Je devrai peut-être leur raconter tout depuis le début ? Enfin, ils sont à moitié au courant … » bredouilla le jeune homme aux cheveux bruns.

Qu’il fasse comme il voulait, elle ne se préoccupait plus de cela. La jeune femme aux cheveux argentés fit un petit mouvement de la main avant de s’éloigner. Pourtant, Tery vint aussitôt vers elle, lui demandant sur un ton inquiet :

« Maré … Manelena, où est-ce que vous … ou est-ce que tu vas ? »

« Simplement me reposer. De quoi est-ce que tu t’inquiètes encore ? Je ne compte pas partir non plus, je ne suis pas stupide, pas autant que toi, Tery. »

« D’accord … Je … C’était juste au cas où, j’avais peur. » bafouilla Tery alors qu’elle poussait un soupir, posant une main sur le front du jeune homme. Pendant quelques instants, ils restèrent ainsi avant qu’elle ne le repousse légèrement.

« Aie, ça fait un peu mal. » marmonna le jeune homme en reculant.

Tant qu’elle allait bien, du moins, qu’elle ne s’éloignait pas trop. Il n’avait pas envie de la laisser seule. Il poussa un soupir à son tour mais de soulagement avant de retourner vers Elen et Royan. Celui-ci haussa les épaules avant de dire :

« Bon, j’ai autre chose à faire aussi de mon côté. Et surtout, cette histoire ne me concerne pas. Je vous laisse tranquilles et seuls. »

Seuls ? Elle n’en demandait pas autant ! Elle allait répliquer de ne pas dire une telle chose mais dans le fond, cela ne lui … déplaisait pas. Elle regarda Tery, celui-ci faisant de même avant de passer une main derrière son crâne.

« Enfin bon … Est-ce que tu veux que l’on se trouve un endroit pour parler ? Je crois qu’on a beaucoup de choses à se dire depuis le temps. »

« Tout d’abord … Je veux être sûre d’une chose : tu n’es plus dans l’armée de Midès ? Tu n’as plus de contraintes qui te retiennent ? Est-ce que tu en as enfin fini avec ces liens ? Je veux dire par là … Tu voudras voyager avec moi dorénavant ? »

Elle l’avait finalement avoué. Elle venait enfin de lui faire cette proposition qui la taraudait depuis des mois. Heureusement qu’elle portait son masque blanc car sinon, elle aurait été encore plus ridicule. Tery l’observa pendant quelques instants avant de dire :

« Je ne sais pas trop … Je suis maintenant considéré comme un criminel dans tout le royaume de Shunter, je ne peux pas retourner voir ma mère pour ne pas la mettre en danger, enfin … Bref, je t’avoue que c’est un peu problématique. »

« Ce n’est pas problématique du tout, ce genre de problèmes a une solution très facile ! Enfin, non … Mais comment dire … Enfin bref, c’est à toi de décider. Mais peut-être qu’avant, tu veux y réfléchir ? Pourquoi tu m’étudies comme ça ? »

« J’ai aussi quelques questions mais c’est un peu personnel. Il faut que nous allions ailleurs. »

Ah bon ? Ca ne la dérangeait pas du tout. La femme masquée de blanc accompagna Tery, les deux personnes se dirigeant vers un petit endroit où quelques arbres étaient présents. Là-bas, il vint s’asseoir, invitant Elen à faire de même de son côté. Quand ce fut le cas, elle demanda d’une voix calme et neutre :

« Alors, c’est quoi cette question personnelle ? Par contre, je ne suis pas sûre que j’y réponde, bien entendu. Je tiens à te prévenir. »

« C’est juste … au sujet des images dans les lettres. Tu ne m’as toujours pas dit pourquoi tu as arrêté de m’en envoyer ? C’est assez gênant mais j’aimais bien te voir. Malheureusement, ce n’était pas forcément réciproque et je ne pouvais pas te rendre la pareille. Enfin bref, pourquoi est-ce que tu as arrêté ça, si ça ne te dérange pas … trop ? »

« Il vaut mieux que je te montre pourquoi je suis resté muette à ce sujet. »

Avec lenteur, elle abaissa la capuche qui la recouvrait habituellement, dévoilant ses cheveux blonds. Bien qu’elle ait toujours la même coiffure, elle avait quelque chose de nouveau. Une partie de ses cheveux blonds lui allait maintenant jusqu’à la nuque alors qu’elle gardait son masque blanc sur son visage.

« Voilà, c’est aussi simple que cela. Je me suis laissé pousser les cheveux. Je ne voulais pas te montrer le résultat avant que l’on ne se revoie … en vrai. »

« Mais … pourquoi ? Non, ce n’est pas la bonne question à poser. Je devrais plutôt dire … Est-ce que tu peux te tourner un peu ? Ça te va très bien, Elen. » murmura le jeune homme, passant une main dans les cheveux blonds d’Elen.

« C’est vrai ? Ce n’est pas … loupé ? »

« Pas du tout même. C’est vraiment bien réussi, enfin, je trouve. Mais qui a eu cette idée ? Enfin, bref, je ne sais pas quoi dire. Je peux continuer ? »

« Continuer à quoi ? Bien sûr. Oui, je veux bien. » bredouilla la femme masquée de blanc alors qu’il continuait de caresser les cheveux blonds.

« Ils ont vraiment l’air plus … sains. Je ne veux pas t’insulter mais ils sont plus doux qu’auparavant. Enfin, ce n’est pas comme si je les caressais tous les jours mais, je ne sais pas. J’ai l’impression que c’est différent. »

« Ah bon ? Pourtant, je … Enfin, ce n’est pas…Tery, tu en penses quoi ? » demanda-t-elle une nouvelle fois avant de retirer finalement son masque blanc avec un peu d’appréhension. Elle avait les joues rougies par la gêne alors qu’il retirait sa main, ne disant plus rien. Ça lui faisait toujours un peu d’effet … de voir Elen sans son masque. Et puis, elle venait de lui poser une question, il devait peut-être lui répondre.

« Je te trouve très bien comme fille, Elen. Enfin, voilà, c’est ça que je voulais te dire. »

« Ah … Euh … Merci bien. Ca me touche beaucoup. » bredouilla la jeune femme aux cheveux blonds, passant une main dans ces derniers. « Tu sais, pour mes cheveux, c’est grâce à Royan s’ils sont comme ça. »

« Hum ? Et comment est-ce qu’il a pu t’aider, je n’arrive pas à m’imaginer cela. »

« Oh … Il m’a simplement donné des conseils à ce sujet. Du genre, je devais tout le temps les laisser dehors au lieu de les cacher sous la capuche. C’est … »

« C’est pour ça que lorsque je t’ai revue quand j’ai eu … mon absence, tu avais les cheveux à l’air. Je vois, je vois. Et ensuite ? Quoi d’autre ? »

« Je ne sais pas trop. On s’est vraiment tout dit dans les lettres, non ? » murmura Elen en le regardant, essayant de sourire sans réellement y arriver. Elle était quand même vraiment trop gênée par la situation. Lui n’était pas réellement mieux.

« Quand même, Tery, je … Ca fait tellement longtemps. Pourquoi est-ce que l’on n’essaye pas de se retrouver plus souvent ? Je ne sais pas mais on a toujours plusieurs mois avant que l’on puisse se retrouver une nouvelle fois. »

« Oh … Je crois que pour l’heure, c’est définitif, si tu veux bien de moi et de Manelena, on peut voyager ensemble. Il me faudra juste envoyer une lettre à ma mère sans qu’elle m’en renvoie une. Disons que ça s’est très mal passé. »

« Tu veux bien tout me raconter auparavant ? Et je crois que je t’ai déjà fait ma proposition non ? Si tu veux bien me m’accompagner, je n’ai aucun problème personnellement. »

D’accord, autant tout lui dire, n’est-ce pas ? Ils se regardèrent longuement avant qu’il ne prenne la parole, parlant pendant de longues minutes. Il lui expliquait tout, comment ça c’était passé ces derniers mois, comment il avait progressé, sa création de différents golems mais aussi qu’il avait une tente près de Manelena.
Lorsqu’il parlait de l’ancienne maréchale, il semblait avoir quelques étoiles dans les yeux, Elen l’observant en penchant la tête sur le côté sans rien dire. Sans rien dire … car elle n’avait rien … à annoncer. Elle ne savait pas quoi faire … Sans même prévenir, elle vint l’enlacer au niveau du dos, le serrant contre elle.

« Hey ! Elen, qu’est-ce que tu … » bafouilla Tery.

« Tu m’as vraiment manqué, Tery. Vraiment … Restons comme ça quelques minutes, d’accord ? Je ne sais pas … mais après quelques mois, ce n’est pas grand-chose à demander, n’est-ce pas ? Enfin … Si tu veux bien. »

« Ca ne me dérange pas du tout, Elen, pas du tout. »

Il passa ses mains sur le dos d’Elen, rougissant comme elle. C’est vrai que ça changeait et que ça lui faisait du bien de serrer Elen contre lui. Il ne pouvait pas le faire souvent avec la jeune femme alors, c’était toujours quelque chose d’exceptionnel. Il soupira longuement mais de joie alors qu’il avait un petit sourire aux lèvres.

Ils restèrent ainsi pendant quelques minutes, comme elle le désirait. Il osa même une caresse dans ses cheveux blonds, la collant un peu plus contre lui. Il ne voulait pas la libérer, il ne voulait pas la relâcher. D’ailleurs, elle-même ne voulait pas se décoller de ses bras.

« On peut encore attendre quelques minutes, Tery ? Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Je ne suis pas contre cette idée, Elen, pas du tout même. Ça ne me dérange pas. »

« Attends un peu, je trouve que c’est gênant. » dit la jeune femme aux cheveux blonds et aux yeux bleus, se retirant de ses bras. Ah bon ? C’est vrai que … C’était un peu gênant. La sensation était vraiment différente que celle qu’il avait avec Clari quand il avait sa tête sur les genoux. Elle retira ses épaulières et ses gantelets avant de les déposer au sol.

« Ah … Tu parlais de ça. » souffla Tery, intimidé par sa propre bêtise.

« Bien sûr que oui, Tery. Cela doit plutôt te faire mal. Maintenant, ça devrait être beaucoup mieux … enfin, si tu veux toujours que l’on s’enlace, toi et moi. »

Quand c’était dit comme ça, il avait l’impression d’avoir affaire à une petite fille, une enfant de dix ans. Il fallait dire qu’elle avait mis un doigt sur les lèvres, le regardant doucement, un peu rouge aux joues en attendant son éventuelle réponse. Il ne savait pas quoi dire mais mais … mais … Il avait terriblement envie de …

« AAAAAH ! » poussa comme cri Elen alors que le jeune homme venait de lui prendre le bras pour la tirer contre lui et lui poser la tête contre son torse. Elle ne bougea plus d’un poil alors que le jeune homme lui murmurait dans le creux de l’oreille :

« Là … On peut rester une dizaine de minutes de plus si tu le désires, Elen. »

« Je le veux bien … Ça ne me dérange pas du tout, je veux bien … vraiment. Tery, tu sais, tu m’as vraiment manqué, mais vraiment … beaucoup. »

« Elen, tu sais quoi ? Enfin, je ne sais pas si cela se dit comme ça mais, je ne veux plus qu’on se sépare hein ? Toi et moi, je sais que c’est ridicule de dire ça comme ça mais … »

« Oui ? Tery ? » demanda la jeune femme aux cheveux blonds, relevant son visage pour regarder celui du jeune homme juste en face d’elle.

« C’est invraisemblable alors qu’on a à peine le temps de se voir entre plusieurs mois … Mais tu sais, entre nous, sincèrement, je veux être sincère envers toi. C’est un peu difficile à dire entre nous et même assez gênant mais voilà … Je me jette à l’eau. Elen, je t’apprécie énormément. Je ne sais pas si c’est dans les deux sens ou seulement unilatéral mais je voulais te le dire. Même si on ne se voit que très peu à chaque fois, ces rares moment sont vraiment appréciables et je … »

« Moi aussi. » coupa-t-elle Tery dans ses paroles, lui faisant un petit sourire tendre. Il stoppa sa phrase, clignant des yeux plusieurs fois de suite avant de sourire à son tour.

« Hum ? J’ai l’impression que je dérange. » murmura une voix derrière Tery et Elen.

Il pencha la tête en arrière, remarquant Clari qui lui souriait de toutes ses dents. Elen rouvrit ses yeux à son tour, remarquant la jeune femme à la queue-de-cheval blond. Elle poussa un cri de surprise, cherchant à s’extirper des bras de Tery. Pourtant, comme chacun serrait l’autre depuis le début, elle retomba contre son torse.

« Cla … Clari ? Qu’est-ce … Enfin bon … Qu’est-ce que ça veut dire ? L’armée est derrière nous ? » demanda-t-il avec surprise.

« Oh, ça ne te dérange donc pas que je vois tes petites amourettes ? » reprit Clari, Tery baissant finalement son regard sur lui et Elen. AH ! Il retira finalement ses mains d’autour de la taille d’Elen, rougissant violemment.

« Ce n’est pas du tout ce que tu crois ! Enfin bon … Ca ne répond pas à ma question ! »

Il tentait de changer de conversation pour ne plus à avoir à discuter de tout ça. Elen se releva, rouge comme une pivoine, remettant ses épaulettes et ses gantelets sans un mot. Elle n’osait plus prendre la parole tandis que Tery se relevait à son tour.

« Ta question ? L’armée de Midès voire les autres armées aussi sont à ta recherche. Il semblerait que prendre l’objet utilisé pour la paix, ce n’est pas une bonne idée, Tery. »

« Ne parle pas de Manelena comme d’un objet d’accord ? Même pour rire ! » s’écria le jeune homme avec colère tandis qu’elle ne perdait pas son sourire. Elle s’approcha de lui, tapotant doucement son crâne avant de dire d’une voix douce :

« Ce que tu as fait, personne ne l’aurait accompli. C’était vraiment très stupide de ta part, Tery, tu le sais ? Mais en même temps, c’était plus que courageux. Bon après, entre nous, si tu veux savoir, je n’aurai pas réussi à réunir mes forces pour aider la maréchale … Ou plutôt la princesse Manelena. Quand même … Qu’elle soit la fille du roi … Pourtant, nous ne connaissons même pas de reine. »

« Je me contrefous de tout ça. Je ne veux même pas savoir … Un père qui abandonner son enfant … Il … Il en est hors de question. Ça ne se fait pas ! Il n’a même pas essayé de lutter, de montrer qu’il n’avait pas le choix ! Il lui a juste dit d’y aller sans même la retenir ! C’est tout simplement horrible ! C’est monstrueux ! »

« Calme-toi Tery, c’est terminé. Par contre, je ne sais pas exactement ce qui va se passer maintenant qu’ils n’ont plus de personne à sacrifier. De toute façon, comme tu le dis si bien, maintenant, ça ne nous concerne plus, n’est-ce pas ? »

« Je ne crois pas … non. Je ne sais pas exactement ce que je vais faire mais je vais accompagner Manelena, Elen et Royan. Et toi ? Pourquoi est-ce que tu as quitté l’armée ? Enfin, pourquoi tu es parti de là-bas ? » s’interrogea le jeune homme aux cheveux bruns.

« Pourquoi ? Oh … La raison est simple : je ne voulais pas rester avec ces personnes, je trouve que c’est bien plus divertissant quand tu es à mes côtés. De même, comme nous étions très … proches, l’armée risque de m’interroger voir de me torturer pour savoir où tu es. Et cela, ça ne me plaît pas vraiment si tu veux tout savoir. »

« Je vois … Enfin, je pense voir, oui … Mais comment dire … Enfin, si je comprends bien, on va être tous les cinq réunis comme à Claudiska ? »

« Y a des chances … sauf si bien entendu, la petite demoiselle ne veut pas de notre présence ? » dit Clari, s’adressant à Elen qui la fixa longuement.

« Je ne suis pas la seule à décider à ce sujet. Tery veut que vous veniez avec nous, je ne vais pas vous empêcher non plus. » déclara la femme aux cheveux blonds, ayant remis son masque blanc sur son visage. Elle n’était toujours pas prête à le dévoiler à n’importe qui.

« Tu devrais sérieusement arrêter avec ce masque. Tu as peur qu’on te dévore ton visage ou quoi ? M’enfin … Ce n’est pas à moi de t’y obliger. Tery peut sûrement te convaincre s’il le voulait réellement, n’est-ce pas ? »

Il haussa les épaules pour bien montrer qu’il n’était pas si convaincu que ça au sujet que cela marche ou non. Ce n’était pas à lui de convaincre Elen. Pour l’heure, il avait aussi autre chose à faire et surtout une autre personne à convaincre : Manelena. Il signala aux deux femmes qu’il allait la chercher, Elen poussant un soupir un peu désabusé.

« Oh ? Triste de voir que Tery s’intéresse à une autre femme ? Tu veux que je te raconte tout ce qui s’est passé entre eux ? C’est plutôt long. »

« Je préfère que tu te taises, oiseau de mauvais augure. Je ne comprends pas pourquoi Tery est toujours avec toi … »

« Oh, peut-être qu’il est plus intéressé par les femmes plus grandes que lui ? Qui sait ? » répondit Clari en émettant un petit rire, Elen serrant le poing droit. Ça ne servait à rien de se mettre en colère contre elle. Elle n’en valait pas la peine.
A plusieurs mètres de là, Tery retrouva la maréchale. Enfin non … Manelena, la princesse Manelena. Il ne savait pas vraiment comment l’appeler maintenant. Tout ce qu’il savait, c’était autre chose … S’asseoir à côté d’elle puisque la maréchale l’était contre un arbre. Elle semblait stoïque, regardant devant elle, les yeux perdus au loin.

« Maré … Manelena, est-ce que tu as une idée de ce que tu vas faire maintenant ? »

« Est-ce que j’ai vraiment le choix ? Je pourrai toujours retourner là-bas … mais je ne pense pas que je vivrai très longtemps. Mais j’étais prête, je le suis toujours. »

« Ça ne change rien au fait que je viendrai encore te sauver. Accompagne-moi avec Elen, Clari et Royan. Il est temps pour toi de vivre uniquement pour toi et non les autres. »

Les autres ? Elle posa ses yeux rubis sur le jeune homme. Il lui fit un petit sourire intimidé car elle le fixait longuement. Elle soupira, collant sa tête contre son épaule sans parler plus longtemps. Vivre pour elle ? Alors qu’elle combattait pour son royaume depuis déjà tellement d’années ? Elle n’était pas sûre … d’y arriver. Loin de là même … Mais bon, pourquoi pas ? De toute façon, sa vie était déjà terminée au moment où elle avait décidé de porter son rang.

Chapitre 51 : Ivre de haine

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Chapitre 51 : Ivre de haine

« Qui est cet homme ? Il semble bien connaître la maréchale. »

« T’es pas au courant ? Il est toujours à ses côtés. Il n’a rien de spécial quand on le regarde comme ça mais c’est un spécialiste des golems et il possède les lignes d’Alzar. On ne dirait pas mais il faut toujours se méfier des apparences. »

« Ouais mais bon … On dirait qu’il y a quand même plus que ça. » marmonna le premier soldat après les paroles du second, toujours étonné.

La maréchale … Non … La princesse. C’était la première fois qu’il voyait une princesse devant ses yeux. Mais ce n’était pas une simple princesse comme dans les contes de fée. Les princesses avec de longues robes et toutes ces choses. C’était une princesse guerrière. Une princesse qui avait caché son rang depuis des années.

« Manelena … Ne fais pas ça. » bredouilla le jeune homme aux cheveux bruns.

« Sais-tu à qui tu t’adresses ? » répondit avec calme la jeune femme aux cheveux argentés.

« Ça ne change rien ! Je ne vais quand même pas abandonner une personne pour … »

« Tery, tu voudrais donc que toute l’armée se sacrifie à ma place ? Préférais-tu une mort ou plusieurs milliers d’entre elles ? »

Encore une fois, elle venait de dire des paroles sensées et plus que justes mais … MAIS … MAIS NON ! NON ET NON ! On parlait de la maréchale ! On parlait de la princesse du royaume ! Même si personne ne connaissait son existence avant aujourd’hui …

« Roi Theor ! Faites quelque chose ! C’est quand même votre fille ! »

« Petit impertinent, sais-tu à qui tu t’adresses ? » dit l’un des généraux, employant la même phrase que la jeune femme aux cheveux d’argent.

« Manelena … » murmura faiblement le roi alors qu’il observait la femme en face de lui.

« Oui, père ? Que désirez-vous ? » demanda avec calme la femme aux yeux rubis.

« Rends-toi utile. » déclara le monarque, la jeune femme ne faisant qu’hocher la tête.

Se rendre utile ? Elle n’était pas un objet ! Pas du tout ! C’était quoi cette blague ? Il regarda le roi, serrant le poing tout en voyant que le roi faisait de même. Il avait des paroles très dures ! Beaucoup trop dures pour sa fille ! D’ailleurs, pourquoi est-ce qu’il n’en avait jamais parlé ? Attendez … un peu. Il y avait quelque chose de choquant, de très choquant même. La maréchale, si elle contrôlait ses lignes d’Alzar aussi bien, c’est bien parce qu’elle haïssait une personne en particulier ? Elle lui avait déjà dit qui c’était mais … mais … C’était le roi non ? Elle haïssait terriblement le roi ? Alors pourquoi rejoindre l’armée ? Pourquoi en devenir la maréchale ? Pourquoi est-ce qu’elle faisait tout ça ? POURQUOI ? POURQUOI ? IL VOULAIT UNE EXPLICATION ! Il voulait qu’elle lui réponde avant ! Il voulait … Il commença à faire quelques mouvements vers elle mais s’immobilisa lorsqu’elle posa ses yeux sur lui. Il demanda d’une voix triste :

« Maréchale … Pourquoi est-ce que vous faites tout ça ? »

« Pour sauver tout un peuple irresponsable. Tu connaissais pourtant la réponse. »

« Oui mais … Maréchale ! Non … Manelena, c’est juste de … »

« La folie ? C’est le cas. Mais il faut savoir se montrer raisonnable. Maintenant, si tu veux bien, j’ai une séance de tortures à subir. » déclara la jeune femme aux cheveux d’argent.

Une séance de torture ? Et le roi qui lui disait de se rendre utile ? C’était quoi cette blague ? C’était quoi cette blague ? Il n’allait pas la laisser faire ! Il jeta un regard sur Clari, celle-ci ayant perdu son sourire, détournant le regard. On ne pouvait pas se rebeller contre le roi et ses ordres, c’était tout simplement impossible.


Il refusait de laisser partir la maré … NON ! La princesse Ma… NON ! Il refusait tout simplement de laisser partir Manelena ! La femme qui était en face de lui ! Non pas parce qu’elle avait un titre, qu’elle avait un rang mais parce qu’elle était trop importante pour lui ! Il était hors de question de la laisser se sacrifier !

Il arriva à sa hauteur, tendant la main droite pour prendre son bras et l’arrêter. La jeune femme s’immobilisa, ayant fait disparaître son armure pour la laisser paraître dans sa tenue habituelle, celle qui consistait en une jupe de métal et le reste. Mais il ne se préoccupait pas de ça, pas du tout même ! Il ne pouvait pas s’en préoccuper ! Le plus important était-elle … La jeune femme aux yeux rubis.

« Relâche-moi, Tery. Tu importunes tout le monde avec tes familiarités. Tu te rends ridicule devant les yeux de milliers de personnes. »

« Et c’est censé être ça qui doit m’arrêter ? Je ne vous lâcherai pas et … »

« Stoppez-le avant qu’il ne fasse une bêtise. » déclara Manelena, les généraux forçant le jeune homme à se coucher au sol, lui retenant les bras, les jambes et la tête.

« Pauvre fou ! Tu sais ce qui t’attends pour ce que tu viens de commettre ? » dit l’un des généraux. « La mort ! Tu tentes de te mettre en travers du chemin de notre roi ! »

« Laissez-le tranquille. Il ne sait pas ce qu’il fait. C’est la moindre des choses. Je veux la promesse qu’il ne lui sera rien fait. Cela est ma dernière volonté. »

Elle s’était tournée vers le roi, celui-ci la regardant longuement avant de jeter un œil à Tery. Il hocha la tête positivement après quelques secondes, la maréchale poussant un profond soupir de soulagement, murmurant :

« Tant mieux … Bon … Tery … Visiblement, ma proposition ne tient plus. Je suis désolée mais bon, tu connais d’autres femmes avec qui boire un verre, n’est-ce pas ? »

« Maré … Manelena. » souffla le jeune homme aux cheveux bruns.

Il ne pouvait rien faire. Même en utilisant ses lignes d’Alzar … Il ne pouvait qu’écouter les paroles de la maréchale, les paroles d’une femme qui avait déjà abandonné toute idée de s’en sortir vivante. Ah … Ah … Il avait chaud au cœur … Vraiment chaud … Il commençait déjà à leur en vouloir à tous. Comment est-ce qu’ils pouvaient accepter ça ?

Comment est-ce qu’ils pouvaient la laisser se sacrifier ? Ils n’avaient aucune réticence à ça ? Ah … Ah … Il n’acceptait pas ça ! Il ne pouvait pas accepter que la jeune femme se sacrifie ! Pas Manelena, aucune personne ne devait se sacrifier ! AUCUNE ! ET SURTOUT PAS MANELENA ! Il les détestait, il les détestait tous de penser de la sorte.
Pire ! Il les haïssait ! C’était un abandon ! C’était de la lâcheté ! Ils préféraient sacrifier les autres pour se sauver ! Ah … Ah … Ah … Abandonner. Il préférait l’abandonner pour sauver sa misérable vie ! Le père qui n’hésitait pas un seul instant à donner son enfant pour pouvoir vivre plus longtemps.

« Prenez-le à ma place ! »

« Hahaha ! Saleté d’humain, tu n’hésiterais pas un instant pour sauver ta misérable vie, n’est-ce pas ? Il vaut mieux encore que tu meures. »

« NON ! Ne faites pas ça ! Je vous en prie ! Vous … »

« Les créatures comme toi doivent disparaître ! Le gamin gardera la vie contrairement à toi. »

Ah … Ah … Pourquoi est-ce que ça revenait maintenant ? Pourquoi maintenant ? Il n’avait pas besoin de se rappeler de ça ! Il n’en avait pas besoin ou alors … Ou alors, c’était exactement le même sentiment qu’il avait envers tous les soldats, envers les armées ennemies, envers le roi, envers toutes ces personnes !

Ah … Ah … Ah … Il avait chaud, tellement chaud et ce n’était pas à cause de tous ces généraux qui l’empêchaient de bouger. Qu’ils le lâchent ! Qu’ils le lâchent ! Qu’ils le lâchent maintenant avant qu’il n’explose ! Avant qu’il ne se mette à utiliser ses … Qu’est-ce que ça voulait dire ? Pourquoi est-ce qu’il se sentait si mal ? Il …

Il ne savait pas … Mais il avait une sacrée migraine. Il poussa un hurlement strident, criant ensuite le nom de Manelena avant que des lignes noires n’apparaissaient sur la globalité de son corps, comme si toutes ses veines se présentaient à l’œil nu. Ses deux yeux étaient devenus complètement rouges alors qu’il se redressait, projetant les généraux tout autour de lui comme s’ils n’étaient que fétus de paille.

« Ah … Ah … Ah … Relâchez … RELÂCHEZ … RELÂCHEZ MANELENA ! » hurla-t-il de toutes ses forces, le sol se mettant à trembler autour de lui.

Des fissures se formèrent alors que de l’intérieur de celles-ci, une multitude de golems de taille humaine en sortait. Les quatre ambassadeurs s’étaient arrêtés en même temps que la jeune femme aux cheveux argentés, celle-ci murmurant :

« Tery ? TERY ! N’abuse pas de tes pouvoirs ! Je suis prête à mourir ! Arrête tes imbécilités avant qu’il ne soit trop tard ! Je n’ai pas besoin de toi ! »

« IL EST HORS DE QUESTION QUE JE LAISSE QUELQU’UN MOURIR A MA PLACE ! QUE JE LAISSE QUELQU’UN SE SACRIFIER POUR MOI ! JE NE SUIS PAS COMME LUI ! JE NE SUIS PAS COMME EUX ! »

Comme lui ? Manelena le regarda, incrédule alors qu’elle apercevait deux bosses qui se formaient sur le sommet du crâne du jeune homme. Qu’est-ce que ça … voulait dire ? Les bosse continuèrent de grandir, sortant finalement de son crâne pour laisser paraître deux cornes qui se courbaient sur elles-mêmes.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? » demanda l’un des généraux, éberlué par cette vision.

« On ne peut pas prendre de risques avec lui. Tuez-le avant qu’il ne soit trop tard. » déclara un second général de l’armée de Shunter.

« Mais la maréchale ne voulait pas que … »

« La maréchale a laissé parler ses sentiments dans cette histoire ! TUEZ-LE ! C’est un ordre ! » hurla une nouvelle fois le même général, quelques soldats bandant leurs arcs.

Le roi restait inflexible, croisant les bras tout en regardant Manelena et Tery. Personne ne se préoccupait de Clari, celle-ci ayant fait paraître ses lignes de Zélisia sur la globalité de son corps. Elle était déjà prête … Il suffisait du bon moment.

« Vous ne toucherez pas … à un seul cheveu de MANELENA ! »

Les flèches partirent en même temps que le jeune homme avait pris la parole. Les flèches se plantèrent dans le dos de Tery sans pour autant que du sang n’en sorte. Non, les flèches quittèrent le dos, tombant au sol alors qu’il se mettait à courir à toute allure vers Manelena et les quatre ambassadeurs. Ces derniers préparent leurs sorts mais ils n’eurent pas le temps.

Il était à leur hauteur, frappant tout simplement du poing. Pourtant, le poing avait une telle force que les ambassadeurs volèrent en arrière. Il récupéra Manelena, la tirant vers lui. Celle-ci vint atterrir contre son torse, disant d’une voix neutre :

« Qu’est-ce que tu fais, Tery ? Tu n’es pas toi-même. Maintenant, il est trop tard pour … »

« POUR ? POUR QUOI ? POUR M’ENFUIR ? IL EN EST HORS DE QUESTION ! PAS SANS TOI ! JE HAIS CETTE ARMEE ! JE LES HAIS TOUTES ! »

« Calme-toi, bon sang ! Ne me force pas à utiliser mes lignes d’Alzar pour te mettre à terre ! » s’écria la jeune femme, les lignes noires se présentant déjà sur son corps.

« Tu ne feras rien du tout ! Je te sauverai ! Le reste, je m’en fous ! Je préfère qu’ils crèvent tous plutôt que de te voir te sacrifier pour eux ! Tu n’as aucune volonté, Manelena ! Tu ne cherches même pas à vivre ! »

« Je ne suis qu’un outil, Tery, voilà tout. » déclara avec douceur la jeune femme aux cheveux argentés, cherchant à frapper le jeune homme dans le ventre pour qu’il la lâche. Ça ne servait à rien de toute façon, c’était trop tard … Alors, elle préférait encore que ça soit avec lui puisque tous les deux allaient mourir. Le coup de poing fut arrêté avec facilité par Tery, celui-ci l’ayant paré de son autre main tout en souriant à Manelena.

« Mais qu’est-ce que vous faites ? Il n’est même pas armé ! Tuez-le ! »

« On voudrait bien mais nos flèches ne lui font aucun effet ! » s’écria un soldat après les paroles du général, celui-ci reprenant avec rage :

« Alors utilisez vos épées, vos lances, vos magies ! Faites quelque chose mais empêchez-le de s’enfuir avec la maréchale ! Sans elle, nous sommes perdus ! »

« Oui … Vous êtes perdus. » déclara le jeune homme subitement, arrêtant de regarder Manelena pour fixer le général. La tenant à une main, il leva la seconde en direction du ciel, des cris se faisant entendre subitement de la part des golems. Les golems venaient de crier ? Qu’est-ce que cela voulait dire ? Ces créatures étaient muettes à la base ! Pourtant, c’était bel et bien ce qui venait de se passer avant que toutes les créatures de terre qu’avait créés Tery commencent à perdre la tête, poussant des nouveaux hurlements avant de se mouvoir dans toutes les directions.

« Mais c’est un démon ! » s’égosilla l’un des ambassadeurs alors qu’il avait projeté une boule de feu sur le jeune homme aux cheveux bruns et cornu. Celui-ci n’avait même pas réagit au contact de la flamme.

« Disparais. » souffla le jeune homme avant qu’une boule de feu aussi grande qu’un humain n’atteigne l’ambassadeur d’Honoros, le calcinant aussitôt.

« Tery, lâche-moi … Tu … »

« LA FERME MANELENA ! NE ME FORCE PAS A ÊTRE EN COLERE CONTRE TOI ! » dit brusquement Tery.

Que … Cette déferlante de puissance ? Cette rage ? Il semblait si serein et pourtant, quand il criait ainsi, elle avait l’impression que toute la rage accumulée depuis des années venait d’éclater. Tery … Quelle imbécilité allait-il commettre ?

«  Tery … Tu vas sacrifier tout un royaume … juste pour ma personne ? » murmura Manelena, comprenant finalement ce que le jeune homme comptait faire.

« Un royaume dont le roi est prêt à livrer sa fille en pâture … Je ne sais pas … Je m’en fous … J’en ai rien à faire, je n’y ai pas réfléchit, je n’ai pas envie d’y réfléchir ! La seule chose qui m’importe, c’est de te sauver ! »

Peu à peu, les quatre armées ennemies, même cinq si on comptait celle de Shunter, commençaient à se rapprocher inexorablement. Il fallait dire que les généraux de chaque armée se demandaient ce qui était en train de se passer. La proposition était bien longue, bien trop longue et cette déferlante de puissance n’était pas banale.

Il ne savait pas ce qu’il comptait faire. Il n’y pensait pas. La femme qui était dans ses bras, Manelena … C’était l’unique personne qui lui tenait à cœur sur le moment, l’unique personne pour qui il n’avait pas de rage autour de lui à l’heure actuelle. Le reste pouvait bien disparaître. Le reste pouvait tout simplement … être annihilé.

Le reste pouvait bien ne plus exister. Il hurla de rage avant de se mettre à courir, un vent violent se levant en même temps derrière lui. Les soldats tombèrent en arrière alors qu’il se dirigeait vers l’Est, n’ayant nullement peur d’affronter des milliers de soldats de Mékalarma. Avec aisance, il traversa l’armée comme si de rien n’était, une violente tempête se formant à ses arrières, une ombre se déplaçant à sa suite, comme pour l’accompagner.
Il ne savait pas ce qu’il faisait, il ne savait pas du tout où il allait. Il savait juste qu’il continuerait de de courir jusqu’à ce qu’il soit sûr que Manelena soit en sécurité, que la princesse soit saine et sauve. Le reste ? Il s’en fichait. Il ne se préoccupait même pas des cris derrière lui, ayant laissé ses golems finir le travail, quitte à tuer des soldats si cela s’avérait nécessaire. Il avait mal au crâne, terriblement mal au crâne et il n’avait même pas remarqué les changements physiques qui s’étaient opérés en lui.

Où-est-ce qu’il l’emmenait ? Depuis quand est-ce que Tery était comme ça ? C’était la première fois qu’elle le voyait … aussi … déterminé. Non, elle se faisait des illusions, ce n’était pas la première fois que Tery était ainsi. Ce n’était pas la première fois mais elle n’avait jamais voulu l’admettre. Mais à cause de lui … A cause de lui, tout le royaume allait être ravagé par les autres armées.

« Imbécile, le royaume est perdu. »

« Je me fiche du royaume. Je vous l’ai déjà dit, maré, non, Manelena. Je te l’ai déjà dit. La seule personne que je sers est celle qui est avec moi actuellement. Je n’ai jamais été partisan de l’armée de Shunter, seulement de toi. »

« Imbécile. » répondit-elle une seconde fois, détournant le regard. Elle paraissait si légère comparé à la force de Tery à l’heure actuelle. Il fallait dire qu’il ne donnait pas l’impression d’être spécial au départ. Au début, elle s’était attendue à un jeune soldat niais et stupide. Ensuite, ils avaient commencé à parler des lignes d’Alzar et ainsi de suite, ainsi de suite … Elle ne savait plus, elle ne savait pas. C’était la première fois qu’elle se sentait aussi faible par rapport à lui, par rapport à tout ce qui se passait.

Où est-ce qu’il l’emmenait ? Lui-même ne le savait pas. Il ne remarquait pas aussi qu’il était poursuivi, une ombre se déplaçant à toute allure derrière lui, flottant au gré du vent. Il ne savait pas où il était dans le royaume, il savait juste qu’il se dirigeait vers l’Est. Il savait juste qu’il voulait secourir Manelena. La jeune femme aux cheveux argentés n’avait plus pris la parole depuis déjà quelques minutes, ayant posé sa tête contre son torse, chose plus que difficile à y réfléchir en vue de la différence de taille entre eux deux.

« Imbécile, maintenant, qu’est-ce que tu vas faire ? » demanda-t-elle après quelques minutes de silence, Tery s’arrêtant brièvement.

« Je vais surement m’exiler hors du royaume, Manelena. J’aimerai que tu m’accompagnes. Ne fait pas cette bêtise de retourner auprès du roi. Visiblement, nos pères sont deux bons à rien et des lâches. Ils n’hésitent pas à sacrifier leurs enfants tout simplement pour leurs ambitions ou pour survivre. Mais maintenant, ses plans sont tombés à l’eau. »

« Nos … pères ? Tery ? Quand tu m’as dit il y a longtemps que tu … »

« C’est le cas. Je voudrai que vous m’accompagniez … enfin, que tu m’accompagnes. Je ne sais pas comment je dois m’exprimer par rapport à toi. » bredouilla le jeune homme, un peu confus alors qu’il recommençait à courir avec elle.

Ailleurs, au beau milieu de la plaine recouverte par quelques arbres avec de rares chemins tracés dans la terre, l’être masqué de blanc marchait avec l’adolescent aux cheveux bleus. Celui-ci regardait les alentours, essayant de trouver le moindre détail qui pourrait les emmener à Tery comme elle le désirait tant.

« Mademoiselle l’Ombre, sincèrement, je ne sais pas comment vous comptez trouver Tery. Un royaume est gigantesque, on ne peut pas chercher ainsi. »

« Je t’ai déjà dit qu’avec la vitesse à laquelle nos lettres se renvoient, il ne doit plus être très loin mais il y a aussi le fait que … »

Elle s’arrêta de parler, poussant un petit cri de surprise avant de sentir une forte chaleur l’envahir. Aussitôt, elle releva sa cape, laissant paraître son justaucorps de couleur rouge mais aussi le pendentif qu’elle avait autour du cou. Le cœur fait d’une pierre brune. Avec anxiété, elle remarqua qu’il s’était mis à briller fortement.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? Une forte puissance liée à la terre s’approche de nous à toute vitesse. » murmura Elen sous son masque.

« Une forte puissance ? Est-ce qu’il pourrait s’agir d’une créature ? Nous devrions nous préparer au cas où à l’accueillir. »

« Je ne suis pas sûre que ça soit la meilleure des idées mais comme elle semble se rapprocher, il vaut mieux rester sur nos gardes, oui. »

Déjà, elle fit apparaître son arc alors que les lignes de Zélisia se présentaient sur ses deux bras. Bien entendu, ils n’étaient pas réellement visible à cause de sa tenue mais ce n’était pas le plus important. Déjà, elle attendait que la créature se présente à eux alors qu’au loin, une ombre se déplaçait à toute allure en leur direction.
« Qu’est-ce que … Un démon ? Je vois des cornes sur son crâne ! Et il tient un homme ! » déclara Elen, plus que choquée. Il existait d’autres démons qu’Elise ?

Pourtant, le démon s’immobilisa à quelques centimètres d’eux alors qu’Elen était encore plus surprise par ce qu’elle voyait. Ce démon ? C’était Tery ? Et la femme qu’il avait dans ses bras ? C’était la maréchale Nali non ? Enfin, cette … Manelena.

« Tery ? C’est bien toi ? »

« El… Elen … Elen ? » bredouilla le jeune homme aux cheveux bruns, ses yeux rubis se posant sur elle alors qu’il déposait finalement Manelena au sol. Les cornes commencèrent à disparaître en même temps que ses yeux redevenaient verts. Il observa la femme masquée de blanc tandis que Manelena se mettait correctement debout. Elle semblait un peu sous le choc alors que Tery et Elen se regardaient, face à face.

Chapitre 50 : Son véritable rang

ShiroiRyu
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Chapitre 50 : Son véritable rang

Encore quelques journées qui s’étaient écoulées. Les lettres d’Elen étaient de plus en plus insistantes et il essayait de la calmer. En même temps, elle était de plus en plus proche. Pourquoi ? Car les lettres mettaient moins de temps à arriver. C’est pourquoi il attendait une journée ou deux avant de lui répondre, c’était aussi simple que ça.

Mais après, il écrivait aussi à sa mère, encore moins rassurée qu’Elen. Là, pour la convaincre, c’était beaucoup plus difficile. Surtout qu’il ne lui écrivait que très peu alors bon … Il termina sa lettre, poussant un soupir avant de se demander ce qu’il allait devoir faire pour espérer calmer la situation.
Car la situation était de plus en plus dramatique. De nombreux villages étaient rasés tandis que ceux éloignés de tout combat … commençaient à protester par le recul de l’armée de Shunter. Ils n’avaient pas d’autres choix que de reculer ! Ils ne pouvaient pas se battre contre autant de personnes ! Et il sentait aussi que tout … serait bientôt terminé pour eux.

Ce n’était pas très joyeux de penser de la sorte mais est-ce qu’il avait vraiment le choix ? Rien qu’en réfléchissant à la situation, il savait qu’ils allaient se retrouver entourés très bientôt. Ce n’était pas une bonne chose, loin de là. Mais comment faire pour aider ? Comment faire pour inverser la situation ?

Il ne savait pas ! Il ne savait pas du tout et c’était ça qui le rendait malade ! Il n’avait aucune idée en tête, aucune possibilité de victoire ! Lorsqu’il en avait parlé à la maréchale, elle lui avait tout simplement répondu que ce n’était pas sa première préoccupation. Ce n’était pas son rôle et il n’avait pas à se mêler de cela.

Autant dire que ce n’était pas bien sympathique d’entendre ça de la part de la maréchale mais qu’il avait accepté. Bien que dans le fond, il continuait quand même d’y penser. Qu’importe ce que disait la femme en armure noire, il avait le droit de se préoccuper de la situation ! Il avait le droit de …

« Eh bien, Tery ? C’est quoi ça ? On dirait que tu réfléchis à 200 à l’heure ! » répondit une voix féminine en lui tapotant le dos.

Il se retourna pour apercevoir Clari qui lui faisait un grand sourire. C’était pour elle … et pour les autres soldats qu’il réfléchissait à la situation. Il était dehors, vagabondant entre les tentes, ruminant ses pensées.

« Je ne peux pas vraiment en parler sinon, je vais encore me faire enguirlander par la cheffe. »

« Oh, ça, ça ne change pas de d’habitude, tu sais hein ? »

« Merci bien pour cette remarque toujours très positive et surtout … Enfin bon, non, je n’ai même pas envie de me battre avec toi, Clari. » marmonna le jeune homme en faisant un geste de la main pour lui montrer qu’il ne s’en préoccupait pas.

« Et moi non plus, comme ça, nous sommes deux. Tery, nous devons nous préparer à partir pour la journée. Nous devons encore nous déplacer aujourd’hui. Et oui … Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? C’est la vie, c’est comme ça. »

Il n’avait rien dit du tout. Il avait seulement haussé les épaules avec neutralité. Enfin bon … Partir encore une fois ? Il présentait qu’ils allaient se faire attaquer en plein déplacement. Cette fois-ci, ils n’allaient pas avoir le choix que de combattre. Et s’ils combattaient avec un lourd équipement sur le dos, c’était fini.

Il fit s’affaisser la tente avant de la plier puis de la ranger dans son sac, faisant de même avec le reste des fournitures. Comme tout était régit par la magie, ce n’était pas vraiment surprenant au final. Et dans le fond, ce n’était pas aussi lourd qu’il ne le pensait.

Toute l’armée ou plutôt ce qui restait de celle-ci commença à se déplacer, le jeune homme restant auprès de Clari. Depuis le temps, il parlait de moins en moins avec Olin. C’était dommage, ça avait été un bon ami dans le passé mais maintenant, c’était tout simplement impossible. Ils ne se parlaient plus.

« Qu’est-ce … Encore une lettre ? Mais ça ne fait même pas une journée. »

Il avait dit cela alors qu’une petite enveloppe ailée arrivait jusqu’à lui. Aussitôt, la maréchale vint à sa hauteur, lui disant sur un ton irrité :

« Evite ce genre de choses. Si nous sommes surveillés par les autres armées, ce genre de lettres risque de nous poser des problèmes. »

« Plus que vous ne le croyez, maréchale Nali. Et vous savez pourquoi ? Cette lettre montre qu’Elen n’est plus très loin. Je ne vous dis pas le problème que ça risque de faire si elle voit ce qui se passe mais surtout si elle arrive ici. »

« Je ne veux même pas le savoir. Si tel est le cas, il vaut mieux pour toi que tu l’arrêtes. Nous n’avons pas de temps à perdre avec ce genre de personnes. »

« Ne dites pas ça, maréchale. Elle est un peu … spéciale mais Elen ne pense jamais réellement à mal contrairement aux apparences. Je ne vous permets pas de l’insulter de la sorte. »

« … … … Tu ne me permets pas quoi ? » répéta la femme en armure noire alors qu’il comprenait ce qu’il venait de dire. Oups ! Il bredouilla aussitôt :

« Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous parler ainsi, maréchale. Ce n’était pas du tout mon but, je vous le promets. C’est juste qu’insulter Elen comme ça, alors qu’elle n’est pas là. »

« Il y a des choses auxquelles on ne doit pas toucher, maréchale. » murmura Clari en ayant un petit rire, reprenant : « Mais bon, ne vous en faites pas, Tery ne pensait pas à mal et vous avez toujours une place de choix. »

« Clari, je vais devoir sérieusement te redresser pour que tu comprennes la situation. J’ai l’impression que tu ignores beaucoup du respect que tu dois avoir envers tes supérieurs. »

« Ce n’était pas dans mes intentions, maréchale Nali. Je ne faisais qu’émettre quelques pensées personnelles à voix haute. La prochaine fois, il faudrait mieux que je m’abstienne ou que je fasse attention à ce que je dis. » répondit Clari en rigolant une nouvelle fois, la maréchale s’éloignant en poussant un léger grognement de colère.

Et voilà comment se débarrasser de la maréchale ! La jeune femme avait dit cela en chuchotant à Tery, celui-ci souriant, un peu gêné par les propos de Clari. Oui mais bon, ce n’était pas vraiment ce qu’il aurait voulu hein ? Du moins, pas de cette manière.

Maintenant qu’ils étaient seuls, qu’est-ce qu’ils allaient faire ? Ah bien entendu ! Il devait répondre à Elen ! Au diable le fait d’attendre quelques jours avant de lui répondre ! Dans ce genre de situations, il valait mieux ne pas perdre plus de temps ! Il prit rapidement de quoi écrire, essayant d’y arriver tout en marchand.

« Ne t’en fait donc pas, je vais éviter que tu ne te casses la figure. Ecris donc à cette petite Elen. Tu en meures d’envie de toute façon. »

« Je n’en meure pas d’envie … Pas à ce point mais bon … Je vais le faire car je n’ai surtout pas envie de perdre mon temps par rapport à tout cela. On est en guerre et on risque de se faire attaquer d’une minute à l’autre. »

« Roh. Ne t’en fait donc pas à ce sujet. Là aussi, je vais te protéger. » déclara Clari en émettant un petit sourire attendri. Quoi encore ? Il n’était pas ridicule.

Pendant plusieurs minutes, il écrivit à Elen ce qui se passait, son envie de la revoir comme toujours mais il n’y avait pas que cela. Lorsqu’il termina sa lettre, il la regarda partir pour voir vers où elle se dirigeait. Vers l’est ? Hum … Oui … L’est du royaume, là où se trouvait Honoros … Enfin, non, Elen n’était pas aussi loin non plus.

« Tu as déjà fini ? C’était plutôt rapide, non ? Qu’est-ce que tu lui as dit ? »

« Mais en quoi ça te concerne, Clari ? Tu n’as pas à savoir ce que j’ai écrit. » répliqua le jeune homme avant qu’elle n’éclate de rire, passant une main sur le sommet de son crâne.

« J’ai le droit de m’inquiéter sur les relations amoureuses de mon petit Tery, non ? »

« Hey ! Ne m’appelle pas comme ça, c’est plus que perturbant. » déclara Tery, retirant la main de ses cheveux alors qu’elle le regardait avec tendresse.

« Oh ? Mon petit Tery ? Mais c’est pourtant la réalité, tu n’es pas bien grand. »

« Et tu ne t’es jamais dit que j’avais peut-être un complexe sur ma taille ? »

Hum ? Lui ? Un complexe ? Elle le regarda longuement pour voir s’il était sérieux. Malgré son visage, elle sentait que ce n’était pas vraiment le cas. Elle posa ses lèvres rapidement sur la joue droite de Tery lui caressant une nouvelle fois les cheveux.

« Tu es trop mignon quand tu fais ta vilaine tête toute boudeuse, Tery. »

« Mais arrête de me parler comme ça, c’est exaspérant, Clari. »

Pourtant, elle le savait aussi bien qu’elle, ça ne le dérangeait pas tant que ça. Clari n’avait pas vraiment de difficultés à montrer ses émotions et ses sentiments. Il aurait bien aimé réussir à faire de même de son côté avec la maréchale ou Elen mais … il était un couard.

Mais voilà, ce n’était plus le moment de penser à cela. Il laissa Clari s’amuser avec lui tandis qu’il poussait un léger soupir. La situation était désespérée ou allait l’être bientôt. Il ne voulait pas qu’Elen se mette en danger, ni la maréchale d’ailleurs et ni Clari. C’était compliqué, il ne pensait qu’à des filles sur le moment.
Dans son entourage, en y réfléchissant bien, à part le petit prince de Traslord, il n’avait pas de grandes connaissances masculines.
Oh … On pouvait parler d’Olin aussi mais dans le fond, les seules personnes qu’il connaissait vraiment, c’était Elen, Clari et Manelena. Hahaha … C’était risible en soi. Il n’était pas un garçon de ce genre.

« ALERTE ! ON NOUS ATTAQUE ! »

Il sortit de ses rêveries, plus que surpris par les cris. On les attaquait ? AH ! Il se mit aussitôt en position de défense, Clari perdant son sourire tandis qu’il regardait autour d’eux. D’où provenait l’attaque ? Il ne tarda pas à la remarquer lorsque des dizaines et des dizaines de flèches arrivèrent vers eux. Aussitôt, des boucliers de différents éléments furent crées en hauteur pour protéger les soldats.

Pourtant, des petits sifflements se firent entendre de la part des flèches, Tery projetant son bouclier en hauteur, juste au bon moment avant qu’une explosion se fasse voir. Malheureusement, quelques soldats n’eurent pas le temps de réagir, leurs boucliers explosant sur eux, ravageant leurs visages. Certains furent morts sur le coup, d’autres ne pouvaient rien faire à part hurler de douleur.

« Ils viennent d’Honoros. » dit Tery alors que Clari hochait la tête. Un regard au loin et il était possible de voir des êtres d’une taille plus qu’importante. Tous étaient munis d’arcs mais ils reculèrent, laissant place à des hommes et femmes recouvert d’armure, tenant des boucliers et des lances ainsi que des casques à crête.

« ALERTE ! ALERTE ! ON NOUS ATTAQUE ! »

Hum ? Il n’avait pas déjà entendu ça il y avait quelques instants ? Il se tourna vers l’origine du second cri. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il ne tarda pas à avoir sa réponse, des nuages apparaissant dans le ciel, le tonnerre se mettant à gronder.

« Que tout le monde recule ! Nous ne pouvons pas combattre deux armées en même temps ! » hurla la voix d’un des généraux, la foudre commençant à s’abattre sur la zone.

Des protections de pierre se formaient au-dessus de la majorité des soldats, seule chose capable de lutter légèrement contre la foudre qui s’abattait sur eux. Deux armées, il y avait deux armées à affronter en même temps ? Autant dire que c’était de suicide ! Il comprenait parfaitement l’idée de reculer et de …

« Impossible, mon général ! Ils nous attendaient ! »

Ils ? Ils ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? OH BON SANG ! Il y avait trois armées au final ? Après celle d’Honoros et celle de Mekalarma, voilà que celle de Claudiska venait de se présenter derrière eux. Il ne restait plus que … Non. Quand même pas ? Ce n’était quand même pas possible n’est-ce pas ? Ils n’avaient plus que le choix d’avancer mais ce choix disparut plus que rapidement puisque la dernière armée, celle de Traslord se présenta à eux. Un carré … Un carré venait de se former autour d’eux. Clari se plaça à côté de lui, se tenant dans son dos tandis qu’il disait :

« Ca s’annonce très mal, Clari. Qu’est-ce que l’on va faire ? »

« La seule chose qui est possible : combattre. »

Bien entendu, il s’attendait à une réponse aussi simple. Et après ? Ah … Il ne devait pas avoir peur d’utiliser ses lignes d’Alzar car il n’avait pas le choix. Ah … Déjà, des lignes noires apparurent sur la globalité de son corps avant qu’il ne reprenne :

« Je vais tenter de nous débarrasser d’un pan d’une des armées pour que nous puissions passer. Je pense que c’est la seule solution viable. »

« TERY ! J’ai été claire à ce sujet ! » hurla une voix féminine avant que la maréchale ne coure vers lui. Quoi donc ? Où est-ce qu’elle avait été claire ? Qu’elle s’exprime ! Car là, il était déjà prêt à créer un golem encore plus grand que les précédents.

« Maréchale Nali, il vaut mieux le laisser faire. Sans dire que c’est notre dernier espoir, sans lui, on ne risque pas de s’en sortir. »

« NON ET NON ! Il en a déjà assez fait ! Qu’il fasse un golem ou deux, je m’en fous ! Mais pas un aussi gros golem ! Je ne peux pas me permettre de le perdre ! »

Hein ? Quoi ? Qu’est-ce qu’elle venait de dire ? Il cligna des yeux plusieurs fois, une partie de ses lignes disparaissant sur le moment. Il avait sûrement très mal entendu mais il essaya de penser à autre chose, s’écriant :

« Plusieurs golems ! Pourquoi pas ? Ça peut être une bonne idée ! Ca formera un mur qui avancera et nous permettra de nous frayer un passage ! »

« Mais tu m’écoutes, oui ou non ? » hurla une nouvelle fois la maréchale alors qu’il était déjà dans son petit monde. Peu à peu, le sol s’ouvrit devant lui, laissant apparaître cinq formes constituées de terre puis cinq autres. Imposantes bien que de taille humaine, les dix golems ne firent aucun bruit.

« Tery … Fais réellement attention, s’il te plaît. » murmura Clari, un peu inquiète. Elle n’était pas au courant que Tery pouvait en faire autant.

« Si tu t’épuises et que tu t’écroules, je serai celle qui te tuera, Tery. Note cela dans ton crâne. Est-ce bien compris ? »

« Je ne m’écroulerai pas … Je n’en ai pas la possibilité. Pas maintenant, maréchale. » souffla le jeune homme avant d’ordonner à ses dix golems d’avancer en ligne.

Même si cela allait l’épuiser grandement, il ne pouvait pas se permettre d’abandonner maintenant. Le roi, les généraux, les soldats, Olin, Clari, Manelena … Il y avait tellement de monde à protéger. Il ne se pensait pas être capable de sauver tout le monde, non ! Il voulait tout simplement faire son travail comme tant d’autres ! Avec ses capacités !

La ligne de golems s’avança sans aucun problème, jusqu’à ce que des attaques viennent les frapper de plein fouet. Il n’avait pas à craindre ces attaques, pas du tout ! Ses golems étaient bien plus résistants qu’ils n’y paraissaient ! Mais quand même … Ils avaient décidé de focaliser leurs attaques sur les golems ou quoi ? Car là, l’armée était … AHHHH ! C’était bien trop compliqué et il était déjà épuisé mentalement à cause de tout ça !

« Tery, la maréchale a raison. Ça ne sert à rien ce que tu viens de faire. »

« Ne dit pas n‘importe quoi, Clari ! Je … » commença à répondre le jeune homme avant de s’arrêter. Non … Ca ne servait à rien …


Il ne voulait pas y croire mais il fallait admettre l’amère vérité. Ils étaient encerclés ! Ils étaient entourés ! C’était la fin du royaume puisqu’il était hors de question que le roi survive. Ils avaient perdu … Ils avaient vraiment perdus.

« Et maintenant, Clari ? Qu’est-ce que l’on va faire ? » demanda le jeune homme alors qu’il regardait ses golems en train d’exploser à cause de trop nombreuses attaques. D’ailleurs, ces attaques s’étaient arrêté, comme si le but des quatre armées n’était pas de les tuer mais de faire autre chose, mais quoi ? Qu’est-ce qu’ils voulaient bien accomplir en agissant de la sorte ? Il ne comprenait pas.

« On ne peut qu’attendre et voir comment le roi va réagir. »

AH ! Le roi ! Il l’oubliait sur le coup ! Enfin, à moitié … Il était vrai qu’il était le monarque du royaume. Il devait quand même avoir certains pouvoirs, n’est-ce pas ? Des pas se firent entendre avec rapidité alors qu’au loin, des ombres se dirigeaient vers le monarque. Des ombres nullement menaçantes malgré leurs armures de différentes couleurs et les montures sur lesquelles elles se trouvaient. Le roi leva la main pour bien montrer qu’il valait mieux ne pas réagir trop précipitamment et ne pas les attaquer. Les quatre personnes se dirigèrent vers le roi, ne descendant pas de leurs montures malgré la position de l’homme.

« Roi Theor, n’est-ce pas ? »

« C’est le cas. Que désirez-vous ? Vos actions ne concordent pas avec la position dans laquelle vous êtes. Vous pourriez facilement prendre l’ascendant. »

« Nous sommes envoyés par les quatre armées pour connaître les raisons réelles de vos agissements ces dernières années. Nous savons pertinemment que vous attaquez les royaumes pour récupérer les médaillons mais pourquoi une telle folie ? Vous êtes le royaume le moins développé parmi les cinq, votre armée militaire est la plus faible parmi les cinq mais surtout … Pourquoi avoir décidé d’attaquer les quatre royaumes en même temps ? Est-ce de la folie de votre part ? Vous saviez pertinemment ce qui vous attendiez en agissant de la sorte. »

« Mes faits et gestes ont toujours été guidés pour mon royaume. » annonça tout simplement le roi, sans aucun hésitation ou tremblement dans sa voix.

« Quitte à détruire ce dernier ? Que comptez-vous faire de ces médaillons ? Vous connaissez aussi bien que les autres leurs pouvoirs mortels. Il a été décidé que chaque royaume en posséderait trois et qu’il ne fallait jamais les utiliser sous peine de mourir dans d’atroces souffrances. » déclara l’une des quatre personnes.

« Que désirez-vous donc ? Vous voulez obtenir quelque chose de notre part. Et en échange de quoi ? » demanda le roi une nouvelle fois.

« En échange de quoi ? Vous pensez réellement être en position de dire une telle chose ? Hum … Néanmoins, nous voulons tout simplement votre progéniture. Nous ne voudrions pas qu’un futur monarque despote paraisse après votre mort qui est de plus en plus proche. »

Hein ? De quoi est-ce qu’ils étaient en train de parler ? Progéniture ? Il regarda Clari, celle-ci haussant les épaules sans comprendre elle aussi. De qui est-ce qu’ils parlaient ? Le roi avait une fille ? Il y avait donc une princesse ?

« Et en échange, vous arrêterez d’envahir le royaume ? » demanda une voix féminine, Tery se tournant vers la maréchale. « Bien entendu, à la condition que Shunter signe un traité de paix qui consiste à ne plus envahir les autres royaumes mais aussi à payer une dette et à envoyer des hommes pour réparer les dégâts causés. »

« Manelena, je peux savoir ce que tu … » commença à dire le roi, s’adressant à la maréchale.

« Ce que vous n’arrivez pas à faire, c’est-à-dire protéger le royaume et ses habitants, père » rétorqua aussitôt la femme en armure noire, faisant disparaître son casque pour dévoiler son visage et sa chevelure aux yeux de tous.

« Père ? Vous avez entendu ? La maréchale ? »

« Moi, je la regarde plutôt ! Elle est plutôt jeune en fait … Enfin, je la pensais défigurée pour jamais montrer son visage. » dit un second soldat.

« Si j’ai bien compris, en échange de ma vie, vous laisserez partir ces soldats, c’est bien cela ? C’est juste une histoire de sacrifice ? »

« Non pas un simple sacrifice, nous allons d’abord devoir vous torturer avec nos quatre éléments avant de vous donner la mort. » répondit l’un des quatre « ambassadeurs ».

De la torture ? Il était hors de question qu’elle accepte ça ! La maréchale allait refuser n’est-ce pas ? Enfin, pas la maréchale ! La princesse ! La jeune femme aux cheveux argentés poussa un profond soupir, nullement effrayée avant de reprendre :

« Soit … Si c’est ce qui doit arriver, autant y aller directement et sans perdre de temps, ces soldats sont épuisés de s’enfuir. »

« MARECHA… MANELENA ! »

Il avait crié de toutes ses forces. Il n’allait quand même pas la laisser faire ça hein ? Il poussa quelques soldats, forçant un peu le passage, quitte à utiliser ses lignes noires. Il arriva à sa hauteur, la jeune femme aux yeux rubis le fixant avec neutralité.

« Maréchale Nali … Vous n’allez pas faire ça non ? C’est une blague ? »

Chapitre 49 : Peine perdue

ShiroiRyu
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Chapitre 49 : Peine perdue

Voilà qu’il se trouvait en face de l’armée de Shunter, du moins d’une partie de l’armée de Shunter. Plus que gêné, il remarquait Clari qui lui faisait un grand sourire comme pour le rassurer alors qu’Olin était là, le saluant brièvement d’un petit geste de la main. A ses côtés ? Les généraux et le roi, ce dernier étant quand même un peu en retrait. La maréchale était juste à quelques centimètres de lui, lui murmurant de prendre la parole.

Oui mais pour dire quoi ? Qu’est-ce qu’il devait dire dans une telle situation hum ? Il ne savait pas ! Il était rouge de gêne alors que tous les regards étaient portés sur lui. Peut-être d’abord se présenter et raconter un peu son existence ? Ah … Peut-être … Peut-être qu’après, ça viendrait tout seul ? Peut-être … Il ne savait pas.

« Bonjour … Je m’appelle Tery Vanian et je suis dans l’armée de Shunter depuis plus d’un an. Je suis encore assez jeune et je suis à peine âgé de vingt ans voir un peu moins. Je proviens de village reculé de Leskar, ce qui montre qu’il n’y a pas besoin d’avoir de grandes origines pour faire un bon soldat. Enfin, bon … Ce n’est pas comme ça que je me vois. Il y a encore deux ans, je ne savais même pas me battre ou utiliser un sort et regardez-moi aujourd’hui, je suis en train de défendre mon royaume contre quatre envahisseurs. Je ne suis pas quelqu’un d’exceptionnel et ce n’est pas parce que je possède les lignes d’Alzar et que je sais créer quelques golems que je suis vraiment différent de vous. Ce que je veux dire, c’est que chacun a la possibilité d’être exceptionnel, d’être une personne comme il aimerait l’être pour protéger son royaume. Enfin, je vous avoue que je ne sais pas vraiment quoi dire … »

Il eut un petit rire nerveux, se triturant les doigts tout en baissant la tête. Et maintenant ? Qu’est-ce qu’il devait dire ? Qu’est-ce qu’il devait faire ? Il posa son regard sur la maréchale, celle-ci poussant un profond soupir avant de poser une main sur son épaule, prenant la parole avec autorité :

« Comme vous le remarquerez, soldats de Shunter, Tery Vanian est un soldat lambda, comme chacun d’entre vous. Lui-même ne se considère pas comme exceptionnel, lui-même n’est pas au-dessus des autres. Ce qu’il a réussi à faire ces derniers jours, vous êtes tous capables d’en faire autant. C’est pourquoi vous devez croire en vos capacités, c’est cela que voulait surement dire Tery, n’est-ce pas ? »

« Euh … Oui … Enfin, une chose comme ça. Je ne sais pas vraiment m’exprimer bien. » murmura le jeune homme, plus que confus par la situation.

« Bref … Cela fut une idée de votre roi pour vous montrer que Tery n’est qu’un homme parmi tant d’autres. Son but n’est pas de rabaisser Tery mais de montrer que vous pouvez vous valoriser chacun à votre façon si vous le désirez. Croyez en vos capacités. »

« Et prévenez-vous pour vos fiançailles avec lui, maréchale ! » cria une voix dans l’armée, coupant complètement le sérieux de la situation. Tery comme la maréchale posèrent leurs regards sur Clari, celle-ci hochant la tête négativement. Sur ce coup, ce n’était pas elle ! Elle le promettait sur l’armée de Shunter ! Des rires tonitruants se firent entendre parmi les soldats alors que la maréchale :

« Assez de plaisanteries ! Visiblement, vous semblez tous en pleine forme non ? Alors, on va faire un peu d’entraînement pour vous fatiguer. »

Là, plus aucun rire, sauf peut-être celui de Tery. Les yeux rubis de la maréchale se fixèrent sur lui avant qu’elle ne murmure :

« Mais tu en fais partie … Toi aussi, au lieu de passer ton existence dans les livres, tu vas un peu faire d’exercices, Tery. Exécution ! »

Aie, aie, aie ! Il n’avait vraiment pas de chance sur ce coup ! Pourtant, ce n’était même pas lui qui avait lancé cette pique à la maréchale ! C’était vraiment bien injuste sur ce coup ! Pourtant, il ne lui répondit pas, suivant les autres soldats.

Pendant une bonne heure, les soldats durent s’épuiser sans aucun instant de repos, Clari étant à côté de Tery. Malgré les paroles de la maréchale, celle-ci avait quand même décidé de ne pas les rendre trop fatigués au cas où ils se feraient à nouveau attaqués. La seule chose qu’ils devaient retenir, c’était de ne pas la provoquer sur une telle chose.

« Ah … Ah … Ah … Quelle bande d’idiots. » marmonna Tery en rigolant un peu. « Je suis sûr que c’est de te faute, Clari. Tu as dû leur dire d’en parler ! »

« Tu ne me fais donc pas confiance, Tery ? Je suis offensée pour une fois ! » répondit la jeune femme aux cheveux blonds, continuant ses exercices.

« Tu perdras ton offense dans quelques minutes, je te connais bien. Mais ah … Vraiment, ils se font tous de ces idées, c’est quand même surprenant. Ils n’arrivent pas à comprendre qu’il n’y a rien entre moi et la maréchale ? »

« Difficile à dire, héhéhé … » répondit doucement la jeune femme.

« Difficile à dire ? Pourtant, tu connais très bien la vérité, Clari ! Si tu pouvais faire quelque chose pour qu’ils évitent de se faire des idées … »

« Mais pourquoi cela ? La vérité est quand même pas difficile à voir, non ? Entre vous deux, pour l’instant, il n’y a rien de concret, ils essayent juste un peu de forcer la chose. Ca se voit tellement bien que la maréchale n’arrive pas à se passer de toi et c’est presque pareil pour l’inverse. Toi … Avec Elen, ce n’est pas vraiment mieux. Tu as du mal à penser à quelqu’un d’autre. Même si c’est quand même compliqué comme histoire. »

AH ! Si c’était compliqué, pourquoi alors continuer hum ? Pourquoi chercher les problèmes, hum ? Il attendait une explication de la part de Clari, explication qui n’arriva pas comme il devait s’en douter. Il poussa un profond soupir, continuant l’entraînement jusqu’à ce que la maréchale annonce que c’était suffisant.

Assis dans l’herbe, il reprit son souffle, Clari à ses côtés. S’ils se faisaient attaqués, ils étaient foutus … mais il savait que la maréchale avait surtout fait cela pour les motiver. Ils n’avaient pas besoin d’être inquiets par la situation. Ils pouvaient facilement se débrouiller, ils en étaient capables. Ils n’avaient rien à craindre du tout.

« Clari …Quand tout ça sera fini, qu’est-ce que tu comptes faire ? »

« Hum ? Après cette guerre ? Je ne sais pas vraiment, je dois te l’avouer … Pourquoi ? Mais normalement, il y a des chances que je reste dans l’armée. »

« Je vois, je vois. De toute façon, je ne pense pas que tu as le choix et moi non plus. Nous sommes trop « importants » pour qu’ils nous laissent partir. »

« Roh … C’est quoi donc cette petite voix toute triste, Tery ? Si tu as envie de quitter l’armée, tu sais parfaitement que tu peux en parler avec la maréchale. C’est elle-même qui t’a conseillé non ? Alors, pourquoi tu ne tentes pas ? »

« Je ne sais pas … J’ai peur d’une réplique cinglante de sa part mais en même temps … Je n’ai pas la tête à ça, Clari. Je vais voir avec la maréchale, discuter un peu avec elle si je peux. Peut-être que je me sentirais mieux après ça. »

Elle haussa les épaules pour bien montrer que dans le fond, elle n’en savait fichtre rien. En même temps, elle n’était pas forcément au courant de tout ce qui se passait. Le jeune homme se releva après quelques minutes, regardant où était la maréchale. Est-ce qu’elle était retournée dans sa tente ? Peut-être …

Il se dirigea vers la tente de la maréchale, demandant si elle se trouvait à l’intérieur Aucune réponse pendant un temps puis finalement, il entendit la voix de la maréchale qui lui dit de pénétrer à l’intérieur. Ah … Il n’était jamais rassuré avec tout ça.

« Que me veux-tu ? Je te préviens, je suis de mauvaise humeur alors fais vite. Si c’est pour parler de la blague stupide pendant le discours, si je mets la main sur le coupable … »

« Maréchale Nali, j’ai vraiment l’impression  de tourner en rond depuis quelques temps. »

Il se retrouvait en face de la femme en armure noire, celle-ci ayant son visage à l’air libre, le casque ayant disparu. Elle haussa un sourcil, murmurant :

« Et tu peux me dire de quoi est-ce que tu parles ? »

« Je ne sais pas vraiment comment vous l’expliquer, je suis vraiment désolé … »

« Alors pourquoi est-ce que tu es ici si tu ne sais même pas ce que tu veux ? » demanda avec un peu d’énervement la femme aux cheveux couleur argent.

« Je ne sais pas … Peut-être car j’ai pris l’habitude de venir ici lorsque j’ai un problème ou un souci … Je ne sais pas vraiment, je suis désolé, maréchale Nali. »

« Arrête d’être désolé, tu m’exaspères encore plus que tout le reste, est-ce bien compris ? »

« Par … Je comprends, maréchale Nali. » répondit le jeune homme en regardant autour de lui. Voilà qu’il était complètement paralysé comme à son habitude.

Le pire était la maréchale qui tapotait du doigt tout en le fixant de ses yeux rubis. Pourquoi est-ce qu’il n’arrivait pas à lui parler correctement ? Avec Elen, ça serait beaucoup plus simple ! BEAUCOUP plus simple même ! Alors pourquoi est-ce qu’avec la maréchale, ce n’était pas le cas ? Pourtant, elle n’était plus terrifiante, plus autant qu’avant.

« Prépare-toi, nous allons explorer les environs brièvement, Tery. »

« Hein, que quoi ? » bredouilla le jeune homme, surpris par les paroles de la maréchale.

« Nous allons nous « promener » si tu préfères que j’utilise ce terme pour que tu le comprennes mieux, est-ce bien clair ? »

« Oui, oui … Enfin … Oui … Maréchale, j’ai parfaitement compris. Je suis désolé, j’avais un peu de mal à tout cerner, pardon, pardon. »

Elle refit apparaître son casque noir sur son visage alors qu’elle s’était adressé à lui avec une pointe d’ironie. Elle sortit de la tente, accompagnée par le jeune homme sans même jeter un regard autour d’elle. Bien que les soldats les observent, elle quitta le campement, commençant à s’éloigner de celui-ci sans qu’aucune personne n’ose l’arrêter.

« Maréchale … Si on se fait attaqués, on ne pourra rien faire pour nous défendre. »

« Hum ? Et pourquoi ça ? Car ils seront plus que nous ? Nous sommes deux porteurs des lignes d’Alzar et nous arrivons à les contrôler. J’en ai assez de perdre du temps à ne rien faire. Est-ce bien compris, Tery ? »

« Oui mais … La précipitation n’a jamais emmené quelque chose de bon … Je suis désolé de vous l’annoncer de la sorte mais je préfère que vous compreniez … »

« Arrête de t’inquiéter pour moi ! Je sais me débrouiller seule ! Je me suis toujours débrouillée seule, ça ne va pas commencer maintenant ! »

« Mais je ne voulais pas vous énerver maréchale ! Je … »

Il s’arrêta alors qu’il apercevait les yeux rubis de la maréchale. Elle aussi s’était immobilisée, signe qu’elle avait bien entendu quelque chose. Pourtant, dans un terrain ouvert ou presque, là où il n’y avait que peu d’arbres, ce n’était pas facile de se cacher. Est-ce que …

Il observa le ciel en même temps que la maréchale mais seulement quelques oiseaux étaient visibles, poussant des petits cris. Avant même qu’il n’agisse, la femme en armure noire fit apparaître un éclair, foudroyant les nombreux oiseaux sur place.

« Mais qu … Maréchale ? Pourquoi ? »

« Des espions … Ces saletés de Claudiska sont capables d’utiliser les oiseaux ou d’en créer des faux pour nous étudier et nous espionner. Pourquoi est-ce que nous ne pensons que trop tard à tout ça ? Maintenant, il faut rentrer absolument avant qu’il ne soit trop tard. Normalement, nous ne sommes pas trop loin, ça ne devrait pas être un problème. »

Un problème ? Il voyait de quoi elle parlait. Maintenant qu’ils savaient pourquoi les autres armées étaient au courant de l’endroit où ils se trouvaient à chaque fois, ils allaient pouvoir souffler sans obligatoirement se déplacer tous les deux ou trois jours. Par contre, la situation ne s’améliorait pas en même temps hein ? Loin de là même … Il fallait en terminer avec cette histoire et le plus rapidement possible !

Mais plus facile à dire qu’à faire. Une guerre ne se gagnait pas en quelques jours malheureusement et surtout, ils étaient plutôt de l’autre côté, en train de perdre. Retournant au camp, ils furent surpris de voir que celui-ci était déjà sur le départ, du moins, pour une majorité de personnes. Est-ce qu’ils allaient séparer les effectifs en deux ?

La maréchale signala à Tery de ne pas la suivre alors qu’elle se dirigeait vers la zone où logeait les différents généraux et le roi. Elle allait avoir une discussion avec eux au sujet de ce qui se passait. Et qu’importe s’ils allaient la réprimander sur son action en solitaire ou plutôt en duo avec le jeune homme aux cheveux bruns. Ce qu’elle avait découvert leur permettrait alors de souffler un peu et ce genre de choses … était très important.

Attendant dans sa tente, il prit l’un de ses livres sur les golems, commençant à le feuilleter en espérant que tout cela lui emmènerait quelque chose de bon. Il ne savait pas pourquoi mais il n’avait pas vraiment confiance en la suite des évènements. Peut-être à cause de tout ce qui s’est passé, n’est-ce pas ? Ah … Vraiment …

Il poussa un profond soupir, attendant que la maréchale ne revienne. Il avait laissé la tente ouverte pour remarquer lorsque la maréchale passerait devant lui. Ça lui permettrait alors de discuter avec elle bien plus facilement. Une bonne demi-heure plus tard, il remarqua la femme en armure noire qui passa devant lui et il se redressa aussitôt.

« Maréchale Nali, maréchale Nali ! »

Il quitta la tente, la femme en armure noire tournant la tête vers lui avant de lui faire un geste de la main pour l’inciter à la suivre. Ils retournèrent dans la tente de la maréchale, celle-ci s’installant sur son siège avant de dire :

« Ils ont bien voulu m’écouter mais ils préfèrent prendre leurs précautions. »

« C’est-à-dire ? Ils ne veulent pas que l’on reste, c’est ça ? » demanda le jeune homme aux yeux verts, la maréchale hochant la tête.

« C’est exact et c’est inutile. Nous perdons du temps … beaucoup trop de temps. »

« Il est vrai qu’à force de voyager pour nous éloigner, nous mettons aussi en danger les villages avoisinants. On risque de nous traiter de couards non ? »

« Ce que les autres pensent de moi, c’est ce qui m’importe le moins. » répondit sèchement la maréchale alors qu’il eut un petit sourire gêné et confus.
Ce n’était pas vraiment de ça dont il voulait parler, loin de là même. Mais bon … Comment signaler ça à la femme en armure noire ? Il ne savait pas réellement quoi dire. Il s’était présenté tout simplement pour avoir des nouvelles de la situation mais bon …

« Maréchale Nali, faisons tout simplement ce que nous estimons être bien, non ? »

« Ce que nous estimons être bien ? Un peu comme toi qui commets des actes les plus stupides pour tenter de sauver tout le monde ou alors d’éradiquer les armées ennemies ? Je ne crois pas que ça soit la marche à suivre, surtout lorsque l’on connait le résultat. »

Hahaha. Il aurait bien aimé rire mais il ne se sentait pas le cœur à cela. Ah … La situation ne s’améliorait pas et ils continuaient de fuir plutôt que de combattre. Pourtant, maintenant qu’ils connaissaient comment éviter les éclaireurs ennemis, ils pourraient réagir en conséquence non ? Pourquoi alors reculer encore une fois ? Ah … Et les remarques de la maréchale ne l’aidaient vraiment pas dans le fond.

« Maréchale, de toute façon, qu’importe ce que nous comptons faire tous les deux, ça n’arrangera pas la situation. Nous ne pouvons que patienter et attendre que les armées ennemies nous éradiquent comme auparavant. »

« Ne raconte donc pas n’importe quoi, Tery ! Est-ce bien clair ? Nous ne perdons pas contre des lâches qui sont obligés de s’unir pour nous tenir tête ! »

« Alors arrêtez d’être aussi pessimistes car sinon, je dois me mettre à votre niveau et je ne pense pas que ça soit une bonne chose non ? Alors, arrêtez ça, maréchale ! »

« Je fais ce que je désire, que ça te plaise ou non, compris ? » commença-t-elle à dire, s’énervant au fur et à mesure que le temps s’écoulait.

Elle s’était relevée, se rapprochant de lui avant d’essayer de le plaquer contre un mur. Comme il n’y avait que la toile de la tente, elle le souleva pour le placer sur le siège où elle s’asseyait d’habitude, rapprochant son visage casqué de celui de Tery. Elle fit disparaître son casque, le regardant longuement avant de dire :

« Tu joues encore une fois les rebelles, Tery ? Tu aimerais tellement te faire torturer une nouvelle fois ? Il semblerait que tu aies oublié les marques sur ton dos. »

« Maréchale … Ce n’est pas du tout de ça dont je veux parler et vous le savez parfaitement. Vous le savez aussi bien que moi de quoi est-ce que je veux parler, n’est-ce pas ? Alors, il vaudrait mieux que l’on arrête de jouer les imbéciles, s’il vous plaît … Ça sera beaucoup mieux pour tout le monde. Qu’est-ce que vous en pensez ? »

« Je ne joue pas les imbéciles ! Est-ce bien compris, Tery ? JE NE JOUE … » s’écria-t-elle avant qu’il ne pose une main sur sa bouche, geste regrettable.

« S’il vous plaît, calmez-vous, maréchale. Ça ne sert à rien de s’emporter. »

« Retire ta main de ma bouche … ou je te la bouffe, est-ce clair ? » dit-elle alors qu’il venait aussitôt la retirer, étant gêné de cette malheureuse attention de sa part.

« Pardonnez-moi, comme souvent, ce n’était pas du tout voulu. Ce n’est pas ce dont je voulais parler et pas ce dont je voulais faire. A chaque fois que je suis avec vous, je suis vraiment plus qu’embrouillé et je ne sais pas ce que je fais. »

« A chaque fois que … Tu ne te mets quand même pas en tête quelques idées stupides, j’espère hum ? Regarde-moi et dis-le-moi clairement ! »

« Pas le moins du monde, maréchale. Il ne faut pas espérer quelque chose de ce côté. » conclut le jeune homme, poussant un petit soupir désabusé.

« J’en ai assez de discuter avec toi. J’ai l’impression de m’adresser à un mur qui ne comprend rien à rien. Tu peux te retirer Dorénavant, nous nous retrouverons sur le champ de bataille uniquement. Cela sera beaucoup plus simple. »

« Est-ce que vous m’en voulez maréchale ? » demanda Tery faiblement.

« T’en vouloir ? Espèce d’imbécile, tu crois que j’ai un caractère à en vouloir à une personne. Je vaux bien mieux que cela. Maintenant, disparais du plancher. »

C’était quand même difficile de ne pas croire qu’elle ne lui en voulait pas. Mais bon, il valait mieux ne rien dire comme bien souvent. Il s’éloigna en faisant un petit geste de la main, quittant la tente pour retourner dans la sienne. L’armée de Shunter … Elle était perdue. Il ne se faisait pas d’illusions et il sentait que la maréchale elle aussi.

« Il n’y a donc aucune solution pour que l’armée soit sauvée ? Comme le royaume ? »

Et cela l’enrageait à moitié. Il devait se débrouiller pour devenir bien plus fort. Pour repousser toute une armée. Mais est-ce qu’un seul homme en était capable ? Ce n’était pas bien difficile de penser le contraire.

Avec ses golems, il était peut-être puissant, c’était bien la première fois qu’il reconnaissait cela. Mais cette puissance n’était pas suffisante, loin de là même. Il fallait beaucoup plus. Mais comment faire ? Abuser de ses lignes noires ?

Non … Ce n’était pas possible ! Il ne devait pas exagérer sur ce point. S’évanouir en plein combat reviendrait à mourir. Plusieurs fois, ils auraient dû mourir plusieurs fois ! Alors, ce n’est pas le cas et il devait plutôt être heureux d’être toujours en vie.

« Compliqué, c’était si compliqué, tellement compliqué … »

« Hum ? Tery ? Est-ce que je peux rentrer ? » murmura la voix de Clari, semblant avoir entendu ce qu’il venait de proférer. Il répondit que oui, la femme aux cheveux blonds lui faisant un petit sourire avant de s’installer sur le lit.

« Qu’est-ce que tu me veux, Clari ? Sincèrement, ce n’est pas trop le moment. »

« Ce n’est jamais le moment avec toi donc bon … Et est-ce que j’ai toujours besoin d’une raison pour venir te voir ? »

« Non … Pas forcément mais disons que ça ne va pas forcément très fort, Clari donc j’aurai aimé être seul. » marmonna-t-il en détournant le regard.

« Et donc, il en est hors de question. Quand ça ne va pas, je suis toujours là pour régler ce problème. Viens donc par là. » répondit la jeune femme en tapotant ses genoux.

Il s’approcha d’elle, venant se coucher sur ses genoux, sa tête posée sur ces derniers. Elle commença à passer une main dans ses cheveux bruns avec tendresse tandis qu’il se laissait apaiser par ce geste. Ça lui changeait de ses habituelles « engueulades » avec Clari où il se disputait continuellement avec elle pour des raisons futiles bien qu’elle ne s’énervait jamais.

Chapitre 48 : Impuissants

ShiroiRyu
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Chapitre 48 : Impuissants

Il se retrouvait à nouveau dans sa tente, couché sur le petit lit propre à chaque tente. Oui … Ils étaient maintenant assez éloignés pour pouvoir s’installer et prendre du repos. Enfin, surtout lui car la maréchale l’avait forcé à se reposer.
Moche … C’était vraiment très moche ce qui était en train d’arriver en ce moment même. Il n’était pas très motivé et il fallait dire que la situation ne donnait guère envie. Pourquoi un tel acharnement ? Enfin … A croire que toutes les armées étaient réunies ici et non sur les autres parties du royaume. Est-ce qu’ils ne pouvaient pas souffler un peu ?
Lui-même était un peu fatigué et exténué à cause de tout ça et pas seulement par la faute du golem. Couché sur le lit, la maréchale lui avait interdit tout simplement de ne faire ne serait-ce qu’une simple lecture dans ses livres. Il devait se reposer et ne plus bouger car sinon, il ne retrouverait jamais la forme.
Il ne voulait surtout pas inquiéter la maréchale, loin de là. Il était même plutôt content qu’elle se fasse du souci mais il était quand même assez grand pour s’occuper de son propre corps. M’enfin … En même temps, il avait reçu une lettre quelques minutes après que la tente fut montée. Une lettre d’Elen. Une lettre un peu voir énormément incendiaire car elle se montrait de plus en plus insistante sur un point.

Mais surtout … Surtout une lettre où nageait l’incompréhension de la jeune femme masquée. Il le sentait … Il voyait bien les traces d’hésitation dans l’écriture un peu chevrotante de la lettre. IDIOTE ! IL S’EN RAPPELAIT MAINTENANT ! C’était de la faute à Clari ! Sur le coup, il avait un peu oublié mais maintenant, il s’en rappelait parfaitement !


« Je ne sais pas si tu es sérieux mais je pense que l’armée commence à te peser sur la conscience, Tery. Et tu sais quoi ? Puisque tu ne veux pas me dire où tu te trouves actuellement, je pioche des informations par-ci, par-là. Résultat ? Je sais maintenant où tu te trouves. Comme tu possèdes des lignes d’Alzar, ils t’ont surement envoyé là où il y a le plus de problèmes, c’est-à-dire du côté de Mékalarma. Et les rumeurs parcourent très rapidement les villages. D’ailleurs, de nombreux villages se sont attaqués par les armées ennemies. »

Au moins, elle n’avait pas pris sa lettre au sérieux. Du moins, c’est ce qu’il aurait aimé pensé mais elle avait terminé sa propre lettre par :

« Moi aussi, j’ai envie de t’étreindre, Tery. Mais en toute amitié hein ? Enfin … Que l’on se revoie serait déjà une bonne chose mais ça ne saurait tarder. Je serai bientôt à tes côtés. Je pense que d’ici une semaine ou deux, ça sera possible. »

C’était cela qui le dérangeait. Elen ne devait pas être présentée à l’armée de Midès. Déjà qu’avec la maréchale, ce n’était pas la joie entre les deux femmes … Si le roi apprenait qu’il connaissait celle qui possédait les autres médaillons ou qui, du moins, les avaient eu en main pendant quelques temps, il y avait des chances qu’Elen ait beaucoup de problèmes.

Et cela, il en était hors de question ! C’est pourquoi Elen ne devait pas venir le voir ! Il y aurait beaucoup trop de soucis ! Beaucoup trop pour la jeune femme au masque blanc ! Mais là, il n’avait pas la force et le moral pour lui écrire. Il saurait quoi lui écrire demain, lorsqu’il se réveillerait en pleine forme … s’ils ne se faisaient pas attaquer entre temps.

Le lendemain matin, il fut réveillé à l’aurore, comme la majorité des soldats. Un tel choix était simple : ils devaient dormir le moins possible pour économiser leurs forces et surtout être sur le pied de guerre le plus rapidement possible. Il n’y avait pas d’autres solutions. Après le petit-déjeuner, il retourna dans sa tente, allant écrire rapidement la lettre à Elen.
Maintenant qu’il était seul, il pouvait alors corriger ce que Clari avait écrit. Enfin, en quelque sorte … car il ne niait pas qu’il avait quand même envie de revoir Elen mais dans d’autres circonstances. Et pour cela, il devait la rassurer, lui dire qu’il n’avait rien de spécial ou autre. Qu’il n’y avait pas besoin de s’inquiéter.

Difficile à lui faire croire cela mais il allait faire de son mieux pour la rassurer, il ne pouvait pas faire autrement de toute façon. La lettre partit alors qu’il poussait un profond soupir. Il se sentait si faible par rapport à la situation actuelle, si faible et si … impuissant. A croire qu’il n’allait jamais réussir à s’en sortir.

Mais voilà, il savait que ce n’était pas mieux pour la maréchale. Le poids de ses responsabilités, elle devait assumer ses actions et ses paroles devant le roi or actuellement, ce n’était guère réellement joyeux. Et il ne pouvait rien faire pour l’épauler. Ca l’énervait mais il était tout simplement sans pouvoirs.

Il allait quand même faire tout faire pour que la situation se rétablisse et penche vers leur côté. Mais comment faire ? Il ne pouvait pas créer à nouveau un golem aussi imposant que le précédent. Il connaissait parfaitement le résultat ! BON SANG ! Il était encore pieds et mains liés ! Il n’avait pas cinquante solutions pour se tirer d’affaire.

Elen … Elen … Il devait penser un peu à Elen pour savoir ce qu’il allait faire. Si Elen avait été là, quelle aurait été ses paroles ? Ah ! Il le savait parfaitement. Elle aurait décidé qu’il valait mieux qu’ils s’enfuient et ne s’occupent pas de cette histoire. Elle détestait l’armée de Shunter, elle préférait toujours être seule ou alors peu entourée.

Il quitta la tente, ses livres à la main alors qu’il réfléchissait ce qu’il pouvait faire. Aller voir la maréchale, comme ça, juste pour prendre de ses nouvelles, ce n’était pas la meilleure chose à faire et il aurait de gros problèmes. Alors aller voir Clari qui serait toujours folle de joie de le savoir près d’elle, c’était peut-être ça qu’il fallait faire.

Il alla chercher la jeune femme à la queue-de-cheval blonde, la trouvant rapidement puisqu’elle aussi le cherchait. Elle s’était dirigée vers sa tente pour aller le retrouver. Donc bon, ils s’étaient rencontrés en face à face. Toujours souriante, elle lui demanda pourquoi il avait quitté sa tente, le jeune homme lui répondant :

« Je n’aime pas rester là à ne rien faire. Je ne sais pas du tout ce que je peux faire … pour aider les autres, Clari. On est en train de perdre la guerre. »

« Nous ne sommes pas en train de la perdre, nous reculons pour mieux avancer. Ne soit pas aussi défaitiste, Tery. Ça ne te ressemble pas et ça ne nous aide vraiment pas d’avoir une telle mentalité. C’est pourquoi il faut arrêter de penser de la sorte, d’accord ? »

« J’aimerai quand même être aussi enjoué que toi … mais je n’y arrive pas. Je pense que ce n’est pas une bonne chose ce qui est en train de se passer. »

« Ce que tu penses et ce qui est vrai, ce sont deux choses bien différentes, Tery. Tu n’as pas à t’en faire à ce sujet. »

Mouais … Il n’était vraiment pas convaincu par les paroles de la jeune femme mais bon … Autant prendre sur lui-même. Il n’était pas du genre défaitiste mais il savait reconnaître quand quelque chose semblait perdu d’avance et là … La guerre était très mal partie. D’ailleurs, il n’était pas le seul à penser ainsi puisque le moral était au plus bas parmi les soldats. Et ce n’était pas forcément les discours du roi, des généraux ou de la maréchale qui allait améliorer la situation, loin de là même.

Qu’importe ce qu’ils disaient, ce qu’ils faisaient ou ce qui était en train de se dérouler, nul n’était motivé à continuer. C’était triste à dire mais c’était pourtant la vérité. Il y avait même quelques soldats qui avaient déserté, préférant retourner chez eux pour défendre leurs familles, considérant que le royaume était perdu.

Vraiment … Vraiment … Non. Il ne devait pas être démoralisé, ça ne servait à rien d’être comme les autres. Il ne devait pas se démoraliser pour si peu. Il ne devait pas. Il se répétait cela alors qu’il cherchait un moyen de penser à autre chose. Même en discutant avec Clari, il ramènerait le tout à la situation actuelle.

« Clari … Quand est-ce que nous pourrons rentrer, tu penses ? »

« Tu ne comptes quand même pas déserter, Tery ? » demanda aussitôt Clari, surprise par la question du jeune homme. Celui-ci hocha la tête négativement.

« Même pas en rêve. Je ne veux surtout pas ça. Surtout que le maréchale ne serait pas heureuse d’une telle chose. »

« Elle pourrait même chercher à te tuer pour cela, Tery. »

« En même temps … Clari, je ne veux pas dire … mais elle m’a quand même dit de réfléchir à quitter réellement l’armée après cette guerre. » murmura le jeune homme aux cheveux bruns.

La maréchale lui avait dit cela ? Difficile à croire mais pourtant, le jeune homme confirma ses dires, lui expliquant ce qu’elle avait voulu dire par là. C’était aussi simple que ça. Clari eut un petit rire, chuchotant :

« Elle semble s’inquiéter drôlement pour toi. »

« Non … Elle disait simplement que je ne suis pas fait pour être soldat. Comme elle me voit tout le temps avec des livres, elle m’a conseillé de devenir magicien dans une guilde pour créer des golems. Tu sais, ça peut, ne pas être une mauvaise idée. »

« Et tu irais abandonner la maréchale ? Toi ? » demanda la jeune femme à la queue-de-cheval blonde, Tery lui répondant aussitôt :

« Pas du tout ! Je ne suis pas comme ça ! Je ne ferai pas ça … C’est juste que … Des fois, ça me donne envie quand même de retourner chez moi. Je ne sais pas si ma mère est en sécurité et même si elle est plutôt forte avec ses veines brunes, je me méfie. »

« Tu n’as qu’à lui écrire encore une fois hein ? »

C’est bien ce qu’il comptait faire ! Enfin, il l’avait déjà fait. Il voulait rassurer sa mère mais il voulait aussi se rassurer. C’était plus facile à dire qu’à faire car il avait du mal à être rassuré, beaucoup de mal. Il y avait tellement de personnes pour qui il se préoccupait. Il ne pouvait pas penser à tout le monde.
Même Olin était complètement sorti de sa mémoire alors qu’il avait été d’un grand secours lorsqu’il fut rentré dans l’armée de Shunter. Voilà … Voilà pourquoi il s’inquiétait. Il n’avait pas assez de temps pour tout faire, pas assez de place pour penser à tout le monde.

« Je devrais peut-être retourner à mes livres … si je ne me fais pas attaqué sur le chemin. Mais bon, vu le peu de monde qui reste, je ne crois pas que cela soit très dangereux. »

« Ne dit pas cela, Tery. Arrête d’être démoralisé, ça ne te mènera à rien de bien. »

« Facile à dire … Pas à faire, Clari. Je ne peux pas m’en empêcher contrairement à ce que tu crois, voilà tout. Je veux juste que ça se termine le plus rapidement possible. » répondit le jeune homme, se dirigeant vers sa tente. Clari l’accompagna, pénétrant dans celle-ci à ses côtés tandis qu’il venait s’installer sur son lit.

Une main posée sur un livre, il commença à lire sans jeter un regard à Clari. Il devait se concentrer sur ses bouquins, le reste, il verrait après. Clari restait assise à côté de lui, regardant la toile de la tente puis le jeune homme sans prendre la parole. Elle semblait apprécier d’être à ses côtés sans pour autant parler. Pourtant, après une dizaine de minutes de silence, ce fut lui qui brisa ce dernier.

« Clari … Tu n’as vraiment rien d’autre à faire ? Je ne sais pas … comme t’entraîner ? »

« Pas le moins du monde. Je ne te dérange pas, non ? Ça ne m’embête pas de rester là à ne rien faire. Et puis, comme ça, je peux te surveiller pour que tu ne fasses pas de bêtises. »

« Quelle bêtise ? Qu’est-ce que tu racontes encore ? »

« Je ne sais pas … Comme tu as l’air démoralisé … On préfère rester méfiants, hein ? Mais ne t’en fait pas, je serai invisible à tes yeux. »

Si seulement ça pouvait être réellement le cas. Mais ça, ce n’était même pas en rêve. Et puis bon, un peu de compagnie, surtout féminine, ça ne pouvait pas lui faire de mal. Clari n’était pas laide, loin de là. D’ailleurs … Des fois, il la trouvait plutôt belle même si ça restait une réflexion neutre. Il ne pouvait pas l’apprécier plus qu’une grande amie. Avec elle, c’était tout simplement impossible alors que c’était surement avec elle qu’il était la plus proche. L’impression de la connaître depuis des années.

En même temps … AH ! Il en avait assez de lire ! Sans même se douter de ce qu’il faisait, il s’écroula sur les jambes de Clari, sa tête posée sur celle-ci alors qu’elle paraissait surprise. Sur le ventre, le jeune homme ferma les yeux, poussant un profond soupir. Puis sans même parler, la jeune femme vint caresser ses cheveux, un petit rire sortant de ses lèvres alors qu’il se laissait faire comme un enfant. Il aimait bien quand elle faisait cela.

« Qu’est-ce que les gens penseraient du grand méchant Tery hum ? »

« Il faudrait que je sois impressionnant pour cela, Clari. » marmonna le jeune homme, poussant un léger soupir de joie en sentant la main dans ses cheveux.

« Tu sais … Contrairement à ce que tu crois, le fait que tu crées un golem plus qu’impressionnant, que tu es capable de le faire exploser, que tu mets à mal des dizaines d’hommes et de femmes, c’est impressionnant. »

« Impressionnant dans quel sens ? Je ne vois pas … Pas du tout même. Enfin bon … Je veux bien rester un peu dans cette position si ça ne te dérange pas. »

« Hahaha … Bien sûr, bien sûr. Pour une fois que tu te montres aussi docile, tu ne penses quand même pas que je vais refuser hein ? Tu peux rester, Tery. »

Oui … Il pouvait rester. Ça lui faisait tellement de bien d’avoir Tery sur ses genoux. Héhéhé … Elle eut un petit sourire discret, sourire que le jeune home ne pouvait pas voir. Pendant plusieurs minutes, elle continua de caresser sa chevelure, soufflant :

« Quand même … Je me dis que ça ne serait pas une mauvaise idée que la guerre se termine aussi. Dommage que je sois fâchée avec mes parents. »

« Hum ? Hein ? De quoi est-ce que tu parles ? Pourquoi est-ce que tu … »

« Car ils me considéraient comme enfant unique. Enfin bon, ne t’en fait pas, ce n’est pas bien important, je ne vais pas t’embêter avec tout ça, Tery. »

Oui mais non. Il aurait aimé en savoir un peu plus au sujet de la famille de Clari. Ça lui ferait du bien de mieux la connaître. Mais bon, si elle ne voulait pas en parler, il la comprenait parfaitement. C’était quand même du domaine du privé.

« Eh bien, tu ne m’embête pas du tout, Clari. Ta famille … Tu es d’une famille noble ? Même si tu n’as pas le caractère qui va avec, c’est ce dont je crois me rappeler. »

« Oh ! Tu t’en rappelles donc ? Oui, oui … Je suis d’une famille noble. Peut-être pas la plus noble mais bon … Je suis d’une famille aisée. Qu’est-ce que tu veux savoir d’autre au final ? » demanda-t-elle sur un ton tendre.

« Euh … Je ne sais pas vraiment. Mais peut-être ce qui s’est passé pour que tu te disputes avec tes parents ? Enfin, la véritable raison. »

« Je ne sais pas … Vraiment … C’est vraiment compliqué, je suis désolée, Tery. »

« Ça ne fait rien si tu ne veux pas. Je n’aime pas forcer les gens. Mais bon … Au moins, j’aurai quand même essayé. » termina de dire le jeune homme tout en fermant ses yeux verts.

Puisqu’elle ne voulait pas parler, autant rester positionné ainsi et se laisser bercer par les gestes de la jeune femme qui pouvait se montrer bien plus tendre et spéciale quand elle faisait cela. Oui … Hum … C’était bien bon contrairement à ce que l’on pouvait croire. Il espérait que Clari serait heureuse plus tard car elle le méritait quand même à ses yeux.

Enfin, c’était comme ça qu’il voyait la chose. Après, il n’était pas sûr que ça lui plaise. Les yeux fermés, il se laissa assoupir jusqu’à être plongé dans le sommeil. Quelques minutes plus tard, la maréchale pénétra dans la tente, disant :

« Tery. Faut que l’on parle tous les deux au sujet de tes golems et … »

« Pardonnez-moi maréchale mais Tery est visiblement en train de dormir. »

« Je remarque ça. Bon. Dis-lui quand il se réveille qu’il vienne me voir. Il va falloir qu’il serve un peu de symbole pour motiver le reste des troupes. »

« Si vous voulez, vous pouvez prendre ma place, maréchale. Je suis sûre que ça ne le dérangerait pas que ça soit vous au lieu de moi. »

« Encore une plaisanterie douteuse de ce genre et je te promets une mort lente et douloureuse, Clari. Ne m’oblige pas à me répéter. » annonça la maréchale.

« Comme vous le voulez, ce n’est pas moi qui sera triste à ce sujet. »

Et Tery non plus. La maréchale haussa les épaules, quittant la tente alors que Clari poussait un soupir amusé. Ca ne servait à rien de se cacher la vérité. La maréchale n’était pas aussi diabolique que les gens le pensaient. Il fallait juste éviter de la provoquer ou de la mettre en colère. Mais sinon, elle était une femme comme les autres même si cela était difficile à assumer. Bon ben, elle avait Tery pour elle toute seule, ça voulait dire.

Deux bonnes heures plus tard, le jeune homme marmonna, bougeant un peu sur les jambes de Clari avant d’ouvrir les yeux. Où est-ce qu’il se trouvait ? Il se frotta les yeux, regardant les jambes sur lesquelles il était posé. Hu ? Il se retourna, voyant le visage de Clari penché en avant, les yeux fermés. Sa main était posée sur le dos de Tery alors qu’elle semblait assoupie.

« Et bien … Visiblement, je pensais être le seul à dormir … Comme quoi. »

Il toucha du bout du doigt le nez de Clari, celle-ci se réveillant aussitôt. Elle poussa un petit cri de surprise, penchant la tête en arrière. Qu’est-ce que … AH ! Elle s’était alors endormie ? Elle bredouilla :

« Pardon, Tery … Tu sais … Comme tu ne bougeais pas … Je ne pouvais te caresser pendant autant de temps non plus. Je crois que je me suis un peu assoupie. »

« Je pense que je peux te pardonner pour ça. Ne t’en fait pas, ce n’est pas bien grave, Clari. Il ne manquerait plus que ça. Par contre, il faudrait que je me lève aussi. »

« Oui … Car la maréchale m’a signalé qu’il fallait que tu te rendes dans sa tente. Il semblerait que tu vas servir de symbole pour l’armée. » signala la jeune femme tandis qu’il se redressait.

« De symbole ? C’est quoi encore cette idée saugrenue ? »

« Oh … Je ne sais pas, faudra demander à la maréchale hein ? Tu devrais y aller le plus rapidement possible maintenant que tu es levé. »

« Pas besoin de me forcer, j’y vais, j’y vais. » marmonna le jeune homme aux cheveux bruns.

Il quitta la tente pour se présenter à celle juste à côté de la sienne. Lorsque la voix de la maréchale lui intima de rentrer, c’est ce qu’il fit, remarquant la femme en armure noire bien qu’elle ne portait pas son casque habituel.

« Maréchale, vous vouliez me voir, n’est-ce pas ? » demanda Tery.

« Je ne vais pas te faire de dessins, Tery. La situation est plutôt mal partie … mais néanmoins, le roi et les généraux ont pensé qu’il fallait que tu te présentes aux autres soldats. La raison est très simple : tu es l’un des rares soldats à cumuler les lignes d’Alzar, la création de golem mais surtout à être indécemment puissant. »

« … … … Maréchale, je ne suis pas vraiment fait pour être présenté en public, vous le savez bien. Ce n’est vraiment pas mon genre. Je ne suis pas sûr que ça soit une bonne chose. »

« Je le pense aussi … Néanmoins … Néanmoins, est-ce que tu peux le faire pour moi ? Cela reviendrait à un service que tu me rendrais. Le moral des soldats est au plus bas et te présenter à eux alors que tu es tout ce qu’il y a de plus commun serait une bonne chose. »

« Je veux bien faire de mon mieux maréchale … mais vous savez que je ne suis pas très doué pour ça, rappelez-vous en. » murmura le jeune homme, embarrassé.

« Ça ne fait rien, je ne t’en demande pas tant de toute façon. Fais de ton mieux et reste le plus naturel possible. De toute façon, à cette allure, la guerre pourrait se terminer bien plus tôt que prévu car …. Non rien. »

« Ça n’a pas l’air d’aller très fort … »

Il avait dit cela avec neutralité alors qu’il voyait l’air fatigué qui était peint sur le visage de la femme aux cheveux argentés. Il s’approcha d’elle, restant néanmoins assez éloigné au cas où elle voudrait le frapper.

« Ne vous inquiétez pas pour cela, maréchale. Même moi, j’ai du mal à croire que cette guerre va être gagnée … Du moins, je ne veux pas paraître médisent mais nous avons affaire à quatre armées en même temps. »

« Tery, je ne suis pas sûre que ce que je t’avais … « promis » soit réalisable. » annonça avec calme la maréchale, le regardant de ses yeux rubis.

« Ça ne fait rien … Le plus important est la sécurité des soldats du royaume et des shunteriens. On ne va quand même pas penser à nos petits « plaisirs » personnels dans ces moments-là non ? » dit le jeune homme comme pour la rassurer.

« Ne pas penser au personnel … seulement au royaume … Oui. »

Elle avait dit cela sur un ton monotone alors que le jeune homme continuait de l’observer. C’était bizarre … Il avait une drôle d’impression à ce moment. Comme si … Il n’allait pas revoir la maréchale. C’était une impression qu’il détestait.

Chapitre 47 : Combattre avec peine

ShiroiRyu
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Chapitre 47 : Combattre avec peine

Maintenant qu’il s’était disputé avec Manelena, il était plutôt morose. C’était le gros problème. Il n’avait même plus envie de lire. Et ce n’était pas les écrits d’Elen qui l’aidaient à remonter le moral. Il n’avait plus rien envie de faire, loin de là même. Pourtant, Clari essaya de lui remonter le moral mais rien n’y faisait.
Peut-être qu’en allant sur le terrain, avec les autres, ça passerait beaucoup mieux ? De toute façon, le gros problème, c’est qu’ils étaient obligés de reculer à chaque instant. Et déjà quelques villages avaient été attaqués par les armées ennemies puisqu’ils n’étaient plus là pour les protéger. Au lieu d’être devant eux, ils avaient fini par se retrouver derrière eux. Mais comment faire devant une telle coalition ? La réponse était simple : on ne faisait rien du tout. On ne pouvait rien faire.

Du moins, ils pouvaient essayer de lutter contre eux mais c’était peine perdue. Même les médaillons ne pouvaient pas les aider face à une telle puissance chez l’adversaire. Alors ? Et bien … Il restait tout simplement assis, ses livres posés à côté de lui. Il ne le remarquait pas mais Clari venait de pénétrer dans la tente de la maréchale.

« Maréchale ? Est-ce que je peux vous parler deux minutes ? Si vous n’êtes pas trop occupée, bien entendu. Cela concerne un point important. » annonça la jeune femme.

« Dis toujours … Pour une fois que l’on use de formalités, cela me changera des nombreuses fautes dont on veut me tenir coupable. »

« Malheureusement, c’est un peu votre faute, j’en suis sûre et certaine. Vous ne voulez pas aller parler à Tery ? Il a l’air vraiment mollasson depuis quelques jours. »

« Et pourquoi est-ce que je m’occuperai de ça ? Je ne vois pas en quoi ça me concerne. » répliqua sèchement la femme en armure noire.

Pourtant, Clari ne lui répondit pas, ne faisant que s’incliner pour montrer qu’elle s’en allait. Non mais de quel droit elle se permettait de lui parler de la sorte ? Manelena se releva de son siège, plus qu’énervée par la situation. En quoi était-elle responsable du comportement morose du jeune homme ? Ce n’était quand même pas à cause de leur dernière discussion ? Il était vrai que depuis, elle ne lui adressait plus la parole mais quand même ! Il n’y avait pas de quoi se compliquer la vie avec ça ! NON ! Elle n’allait pas voir comment il allait.


Et pourtant, elle sortit de la tente, se dirigeant vers celle du jeune homme qui se trouvait non-loin de la sienne puisqu’elles étaient voisines. Tery ne l’avait pas vu venir, tentant d’être plongé dans son livre sur les golems sans y arriver. La tête baissée, il observait plus le sol qu’autre chose à cause de toute cette histoire.

« Visiblement, t’as l’air très occupé. Je ne repasserai pas. » annonça la maréchale.

« Que quoi ? Maréchale ! Non ! Attendez ! J’ai tout mon temps pour vous ! » s’écria soudainement le jeune homme en refermant son livre, se mettant debout aussitôt. « Je … Je … Euh … Je suis content de vous voir. Même si vous étiez à côté, je n’ai pas eu la possibilité de vous approcher depuis quelques jours et avec tout ce qui se passe autour, je crois que ça ne sera pas faisable plus tard donc je suis content que l’on se reparle. »

« Il t’en faut vraiment peu pour être heureux dans la vie. Maintenant que tu as pu me parler, je peux m’en aller. » répondit la femme en armure noire.

« Non, non. Je voulais juste vraiment être sûr d’une chose : Que vous ne croyez pas que j’avais des pensées … perverses … Sincèrement, je ne veux pas que vous pensiez ça de moi ! » bredouilla le jeune homme, espérant avoir le pardon de Manelena.

Celle-ci resta de marbre en le fixant de ses yeux rubis. Il l’implorait presque de vouloir le pardonner. C’était si important pour lui ? Risible … Vraiment risible … Mais c’était pour ce genre de personnes qu’elle combattait. Elle fit un petit geste de la main avant de dire :

« Cela est déjà oublié depuis longtemps. »

Même si c’était un mensonge et qu’elle avait été énervée pendant de longues journées par rapport aux dires de Tery, elle préférait ne pas continuer ainsi. Le jeune homme serait bien moins efficace s’il se préoccupait de choses inutiles.

« Merci beaucoup, maréchale ! Je vais retourner à mes lectures alors ! » s’écria Tery avec joie, quelques têtes se tournant vers eux.

« Arrête de faire du zèle et travaille normalement, cela sera beaucoup plus efficace. »

« Oui bien entendu, maréchale Nali ! Je vais faire de mon mieux ! » annonça Tery, un grand sourire aux lèvres.

Elle retourna dans sa tente, faisant disparaître son casque avant de poser un coude sur le bord de son siège. Vraiment … Cet homme était particulièrement … simplet en soi. Mais c’était peut-être ce côté simplet … qui était intéressant en soi. Elle poussa un petit soupir amusé avant d’émettre un léger sourire. C’était pour ce genre de personnes qu’elle combattait et défendait son royaume. Quoi de plus normal ?

« HAHA ! J’en étais sûre ! Je suis sûre qu’elle est venue ! »

Il sursauta sur le coup, s’écroulant à moitié de son lit tandis que Clari était rentré comme une furie dans la tente. Il avait failli faire tomber son livre tandis qu’il se remettait correctement. Non mais qu’est-ce qui lui prenait ?

« Ça ne va pas, Clari ? De crier comme ça ! T’es pas nette ?! »

« Oh … Ça a l’air d’aller beaucoup mieux, on dirait, n’est-ce pas ? » murmura-t-elle avec douceur tout en se rapprochant de lui. « Il semblerait qu’une certaine personne soit venue te parler et depuis, tu n’es plus démoralisé. »

« Tu racontes encore n’importe quoi … Et puis comment est-ce que tu sais que la maréchale est venue dans ma tente … Attends un peu ! C’est toi qui lui a demandé de venir ?! »

« Bien sûr. Tu ne croyais quand même pas que j’allais te laisser seul et triste comme ça ? Je ne suis pas un monstre … J’ai le droit de me faire du souci pour toi, non ? » répondit la femme à la queue-de-cheval blonde en haussant les épaules.

Oui, c’était vrai qu’elle avait le droit. Il ne pouvait pas l’en empêcher même si … Il préférait qu’elle ne s’en fasse pas. Il pouvait se débrouiller tout seul normalement … Comme d’habitude quoi. Mais là, il était vrai que le retour de la maréchale lui avait mis du baume au cœur. Surtout si elle lui avait pardonné ce qu’il avait fait. Du moins, ce qu’elle avait cru qu’il avait pensé en ce qui la concerne.

« Euh … Bon ben, si tout est bon, tu peux me laisser tranquille ? »

« Hein ? Et pourquoi ça ? Pourquoi est-ce que je le ferai ? » demanda la jeune femme à la chevelure blonde avec un grand sourire aux lèvres.

Car il avait besoin d’étudier ses livres sur les golems ! C’était aussi simple que ça ! Il voulait un peu de calme et de tranquillité ! Elle lui signala qu’elle ne le gênerait pas mais qu’elle voulait rester avec lui pour être sûre qu’il travaillait bien. Elle était qui ? Sa mère ? Sa grande sœur ? Il n’avait pas besoin d’elle pour ça. Il poussa un soupir ainsi qu’un grognement avant de se mettre à lire de son côté.
Tant qu’elle ne le dérangeait pas, il pouvait alors lire correctement. Le jeune homme se plongea dans sa lecture, espérant réussir à faire des progrès encore aujourd’hui. Maintenant qu’il était occupé par tout ça, le monde extérieur était transparent. Tellement transparent qu’il ne remarqua pas que Clari le secouait comme un prunier jusqu’à ce qu’elle lui hurle :

« TERY DEBOUT ! REAGIS ! »

« QUOI ?! » cria-t-il, surpris alors qu’il sursautait sur le moment.

« On se fait attaqués ! Sors de ta tente et prépares-toi au lieu ! Fais attention à tes livres ! La maréchale est même venue mais tu as à peine réagit ! ALLER ! Dépêche-toi ! »

Ils se faisaient attaqués ? Ils attaquaient directement la base de l’armée de Shunter ? Ils étaient fous ou quoi ? Ou alors … Ils avaient tellement confiance en eux qu’ils pensaient obtenir la victoire avec facilité. Tsss … Ils s’y croyaient un peu trop à son goût, beaucoup trop même. Il était temps de leur donner une leçon.

Il vint rejoindre le reste de l’armée, celle-ci étant forcée d’entourer complètement la base puisqu’ils attaquaient de trois côtés en même temps. Honoros, Traslord et Mekalarma. Il ne manquait plus que Claudiska et c’en était terminé d’eux …

« Que quelqu’un se charge de démonter les tentes et tout le reste, nous devons reculer encore une fois ! » cria la maréchale alors que le roi était déjà à l’abri d’après les autres dires. Tant que le monarque était sauf. Il se plaça à côté de la maréchale, comme à son habitude avant de lui demander d’une voix qui ne voulait pas être troublée :

« Qu’est-ce que nous faisons en attendant qu’ils démontent tout ? Peut-être qu’il vaudrait mieux abandonner une partie de nos tentes non ? Je ne sais pas, je vous le demande. »

« C’est la dernière chose à faire. Il y a tellement d’objets importants dans chaque tente, on ne peut pas les laisser sans que leurs propriétaires les récupèrent. C’est pour ça que chacun et chacune ira à son tour voir sa tente et … C’est quoi ce sac sur ton dos ? »

« Hahaha … J’ai déjà pris mes précautions, je suis désolé, maréchale. Avec les livres sur les golems, je préfère éviter qu’ils ne tombent entre leurs mains. »

« De toute façon, sans tuer celui qui les possède, ils sont inutiles. Mais au moins, c’est une bonne chose. Tu es présent pour défendre les autres pendant qu’ils feront leurs bagages. »

Il hocha la tête positivement pour signaler que oui alors qu’il apercevait déjà une partie de l’armée ennemie. Des géants … Du moins, par rapport à sa taille. Des hommes et femmes d’Honoros alors. Par contre, il n’était pas sûr d’y arriver … Ces personnes étaient plus sensibles que les autres royaumes à l’eau, même si elles pouvaient posséder les lignes bleues caractéristiques de ceux qui utilisaient l’eau.
Il aurait bien aimé créer un golem aqueux mais là, comme il n’avait pas d’eau à portée, sauf s’il tentait de la créer, c’était beaucoup trop risqué. Autant faire simple ! Il posa ses deux mains sur le sol, ses yeux verts devenant rubis alors qu’il fixait ses pensées sur le seul homme qu’il haïssait plus que tout : son père. Le sol commença à trembler avant qu’une forme d’environ quatre mètres de hauteur ne fasse son apparition. Tout fait d’une roche plus que solide, le golem était prêt à ravager les lignes ennemies.

« OUAIS ! ON A LE GOLEM DE NOTRE CÔTE ! » cria un soldat de Shunter un peu trop zélé. Un futur ami à Clari, il en était certain.
L’armée ennemie recula légèrement avant que des projectiles enflammés et aqueux ne viennent percuter le golem, faisant tomber de minuscules morceaux de roche de la part de l’imposante créature. Les soldats de l’armée de Shunter restaient derrière le golem, certains utilisant eux aussi des projectiles pour blesser les ennemis.

D’ailleurs, il remarquait qu’en face, il y avait aussi un golem … mais recouvert de flammes. Mais en même temps, il était à peine plus grand que ceux d’Honoros. Autant s’en débarrasser tout de suite ! Surtout que le golem ennemi projetait des flammes sur le terrain, empêchant aux soldats de Shunter de trop s’avancer.
« Des gens pour créer un rocher plutôt volumineux pour mon golem ? Et sphérique si possible. Ça risque demander un peu d’efforts par contre ! »

Il s’était tourné vers les autres soldats, tous plus intrigués les uns que les autres alors que la maréchale l’observait sans prendre la parole. Elle prit une profonde respiration avant de commencer à créer un rocher grâce à ses lignes d’Alzar. Sauf que malgré tous ses efforts, créer une sphère parfaite était plutôt difficile, surtout si elle devait être volumineuse. Clari fit apparaître ses lignes de Zélisia, épaulant la maréchale. Puis finalement, les soldats commencèrent à aider les deux femmes, Tery disant :

« Faites que ça soit au moins deux mètres de diamètre si possible ! »

« Mais qu’est-ce que tu comptes faire ? Si c’est tout simplement l’envoyé, il n’y a pas besoin que ça soit sphérique ou parfait. » demanda la maréchale.
Il eut un petit rire tout en gardant néanmoins en vue l’armée ennemie. Oui, car pendant que certains créaient la sphère, les autres devaient défendre deux fois plus. Son golem était de toute façon en train de les aider à tenir bon.

Après quelques minutes, une pierre d’environ deux mètres de diamètre était finalement présente. Il demanda à son golem de la soulever, chose qu’il fit avec facilité. Les soldats ennemis commencèrent à utiliser la majorité de leurs sorts sur son golem mais déjà la maréchale et les soldats le protégeaient avec de multiples murs élémentaires.

« Maintenant … Vise le golem ennemi et fais rouler à toute vitesse ta pierre. »

Rouler ? Il ne pensait quand même pas à l’utiliser comme ça ? Pourtant, le golem vint maintenir la sphère de roche dans sa main avant de la brandir en arrière puis de la rejeter avec force en avant. Des cris résonnèrent dans l’armée ennemie tandis que la sphère roulait à toute allure, écrasant tout sur son passage.

« Une pierre aussi grosse que le golem de flammes ne la fera pas ralentir et elle continuera son travail. Par contre, ça demande beaucoup de ressources et de temps … Et ça m’épuise aussi. » annonça avec lenteur le jeune homme.

« Un travail qui arrive à éliminer une trentaine voir quarantaine de soldats ? Je pense que c’est plutôt du bon boulot. Recule un peu … et si tu peux encore commander ton golem, fais de ton mieux, Tery. » dit la maréchale tandis que Clari était aux côtés du jeune homme, venant créer un léger filet d’eau pour arroser son visage.

« C’était une excellente idée ! Je suis sûre que l’on peut inventer un sport avec cette idée ! »

« Qu’est-ce que tu racontes encore, Clari ? Vas les aider au lieu. »

Il disait cela tout en faisant un geste évasif de la main. Il n’avait pas besoin d’elle. Il avait juste besoin de se reposer un tout petit peu, rien de plus. Ah … Pfiou … Ca avait demandé beaucoup d’efforts. Un genou au sol, il continuait de donner des ordres à son golem, celui-ci les exécutant avec brio même si les attaques incessantes sur son corps se faisaient de plus en plus voir. Mais le golem prenait tout ce qu’il avait sous la main pour le projeter sur les adversaires, quitte à ce que ça soit leurs propres camarades.

Le combat tournait quand même en leur faveur mais pour combien de temps ? Et cela n’était qu’un pan de l’armée. Est-ce que les autres soldats arrivaient à faire aussi bien ? Il n’en était pas aussi sûr. La meilleure chose à faire, c’était quand même de prendre l’ascendant sur ce combat pour ensuite aller épauler les autres parties de l’armée de Shunter.

« Je ne pensais pas en venir à là … Par contre … Maréchale, ce que je vais faire … Je ne suis pas sûr de pouvoir marcher après … Est-ce qu’il sera possible de me porter ? Pas forcément vous hein ? Juste que je ne pourrai pas me mouvoir correctement après. »

« Qu’est-ce que tu marmonnes encore dans ta barbe ? » demanda la femme en armure de plaques de noires alors que l’adolescente tendait sa main vers le golem, grande ouverte.

« Prévenez tous les soldats alliés de se pousser du golem. » souffla le jeune homme sans pour autant répondre à la maréchale. Le golem s’était avancé avec plus de vitesse dans l’armée ennemie, celle-ci se montrant de plus en plus virulente envers la créature de pierre.

Les soldats s’exécutèrent tandis que le jeune homme fermait les yeux. Ça allait être difficile … très difficile même. Le golem était dans un piteux état. Il n’avait pas de temps à perdre. Avec une extrême difficulté, il tenta de refermer sa main droite jusqu’à y arriver. Une puissante explosion se fit entendre et voir, le golem venant de se transformer en des centaines de pieux de terre qui allèrent transpercer une bonne partie des troupes ennemies. Des cris fusèrent dans tous les sens, l’armée commençant à reculer alors que le jeune homme haletait grandement. Ah … Ah … Ah …
Besoin de repos … Il avait vraiment besoin de repos maintenant. Vraiment besoin … Qu’on le laisse respirer ou souffler mais là … Là … Il tourna son visage vers une voix, rouvrant les yeux pour apercevoir Clari. Celle-ci était déjà à sa hauteur, le réceptionnant avant qu’il ne s’écroule et s’évanouisse en entendant d’autres cris.
Lorsqu’il rouvrit les yeux, il remarqua qu’il se retrouvait sur le dos d’une jeune femme à la queue-de-cheval blonde. Clari ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Pourquoi est-ce qu’il se retrouvait là ? C’était … C’était juste … Pourquoi ?

« Clari ? » murmura-t-il en reprenant pleinement conscience.

« AH ! Tu es enfin réveillé ! Ne bouge pas ! Tu n’es sûrement pas encore en état de marcher correctement, je parie. »

« Je ne sais pas, je n’ai pas essayé … Je dois te l’avouer mais qu’est-ce qui s’est passé ? »

« Malgré tout ce que tu as fait, nous avons dû reculer … Mais grâce à toi, nous n’avons perdu que peu de personnes et de fournitures. Tu as même réussi à impressionner ta maréchale. Quand même, le coup du golem qui explose, je pense que personne ne l’avait pensé de la sorte. C’était complètement fou, Tery ! »

« Ouais … Ouais … Complètement fou … Mais au final, on a encore perdu non ? Ça commence à faire beaucoup de défaites. » souffla le jeune homme avec dépit.

« C’est ainsi que ça se passe, qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Si ça devait arriver, ça devait arriver, voilà tout. »

C’était une phrase quand même plutôt bateau non ? Néanmoins, il se laissa porter par Clari, observant le décor autour d’eux. Des soldats, certains blessés, d’autres égratignés, d’autres en parfait état. Tous étaient néanmoins en train de marcher dans une seule et même direction. Un endroit où ils pourraient alors tous se reposer.

Soit … C’était une bonne idée … de chercher un nouvel endroit mais pour y rester combien de temps hein ? Car oui, il n’y avait malheureusement pas beaucoup de solutions. Ils allaient encore se faire attaquer et ils allaient encore reculer … inlassablement.

« Fais-moi descendre, Clari. Je peux marcher maintenant. » dit-il après une quinzaine de minutes, Clari s’agenouillant.

« Si je te vois tituber, je te préviens, je te reprends aussitôt et je ne te lâche plus jusqu’à ce que l’on ait trouvé un nouvel endroit où on peut s’installer. »

Comme pour lui montrer qu’il allait bien, il se mit droit, debout et fier. Alors qu’il tremblait pendant quelques secondes, comme si ses jambes allaient l’abandonner d’une minute à l’autre, il poussa un petit râle de colère avant de lever son pied droit, de l’avancer puis de le rabaisser. VOILA ! IL MARCHAIT CORRECTEMENT !

« Je suis que moyennement convaincue par tout ça hein ? »

« Oh tais-toi, Clari … Ça ne changera rien du tout ce que tu dis ou non. »

La jeune femme haussa les épaules tout en lui offrant un grand sourire. Elle tendit son bras, comme pour qu’il puisse s’y accrocher. Il le repoussa d’un geste nonchalant, signe qu’il ne voulait pas de la pitié de Clari. Pourtant, ce fut elle qui lui prit son bras, soufflant :

« Je vois parfaitement que tu tiens à peine debout, de qui est-ce que tu te moques ? »

« Je ne me moque de personne. Je veux juste que tu ailles bien, c’est pourquoi je te prête mon bras, rien de plus. Pas besoin de faire ton « homme » hein ? »

Quoi ? Il n’avait pas honte non plus ! TSSS ! Il la laissa faire tandis qu’il regardait où ils étaient. Combien de temps avaient-ils marché ? Il posa la question à Clari, celle-ci lui répondant que cela devait faire deux bonnes heures, voire trois normalement.
Autant de temps ? Il devait éviter de recommencer une telle chose. Pourquoi ? Car la maréchale lui avait déjà dit que c’était particulièrement stupide et dangereux de faire ça … En pleine guerre, ceux qui s’écroulaient au sol les premiers étaient ceux qui perdaient. Il avait pu compter sur le soutien de Clari sur ce coup mais la prochaine fois …

La prochaine, fois, il allait faire attention. D’ailleurs, où était la maréchale ? Il ne la voyait pas. Il posa une nouvelle fois la question à Clari, celle-ci lui désignant la femme en armure noire mais derrière eux. AH ! Il avait pensé qu’elle prendrait les commandes de la troupe, pas qu’elle se trouverait derrière eux.
Il demanda à Clari de le laisser seul tandis qu’il faisait quelques pas au ralenti pour se retrouver à la hauteur de la maréchale. Celle-ci ne l’ignora pas mais n’engagea pas non plus la conversation. Néanmoins, c’est ce qu’il pensait puisqu’il se prit un violent coup de poing sur le sommet du crâne, lui arrachant un cri de douleur.

« Arrête tes imbécilités. J’en ai assez de me répéter, cela devient lassant à force. »

« Pardon, pardon, maréchale Nali. Je ne voulais pas … »

« Et en plus, tu oses me mentir ? Tu ne voulais pas exploser ton golem pour emporter le maximum d’ennemis ? Bien sûr que non. Est-ce que tu te moquerais de moi ? » dit la femme en armure noire sur un ton irrité.

« Non non ! Enfin … Ce n’est pas voulu … Pardon maréchale … Je ne voulais pas vous rendre inquiet. » murmura le jeune homme, s’en voulant aussitôt pour avoir dit cela. Comme si la maréchale pouvait être inquiète pour lui. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de parler de la sorte ? Pourtant, la maréchale ne lui fit aucune remarque, l’ignorant tout simplement.

Chapitre 46 : Bien trop tard

ShiroiRyu
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Chapitre 46 : Bien trop tard

La nouvelle avait été annoncée qu’une partie de l’armée de Shunter avait été défaite dans le désert. Mais en même temps, que les mékalarmiens s’étaient alliés aux traslorrois. Et encore, qu’est-ce que ça allait donner si les deux autres armées venaient les aider ? Ils n’allaient jamais pouvoir combattre contre quatre royaumes en même temps ! Du moins, en un seul combat ! En une seule et unique armée.

Couché sur son lit, le jeune homme se tournait vers la toile de sa tente. De l’autre côté de cette toile, il y avait une autre tente … Celle de la maréchale. Il n’arrêtait pas de penser à elle sans pouvoir réellement comprendre la raison. Du moins, il essayait de ne pas la comprendre. Car oui, une telle personne, il savait qu’il n’était pas fait pour elle. Il valait mieux revoir ses ambitions et espérer atteindre quelque chose de plus « petit ».

M’enfin, dis comme ça, c’était considéré Elen comme … HEY ! Pourquoi est-ce qu’il avait pensé à Elen aussitôt ? Déjà, il n’avait pas à penser de la sorte envers la jeune femme masquée de blanc ! Ensuite, ce n’était pas possible quelque chose avec elle. La raison était simple … C’était … C’était … C’était quoi ?

Alors qu’il sortait de sa tente pour se diriger vers celle où tout le monde allait prendre le déjeuner, Clari l’attendait avec un petit sourire au coin des lèvres. Elle tenait une lettre ailée à la main, celle-ci continuant de se débattre comme pour s’échapper. Hum ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? C’était quoi ça ?

« Qu’est-ce que tu fais à cette lettre, Clari ? » demanda le jeune homme.

« Oh rien du tout … Il semblerait qu’elle voulait arriver jusqu’à toi. C’est pourquoi je me disais que c’était une bonne idée de t’attendre, héhéhé. Je me demande qui a pu t’écrire. »

« Je me demande si tu veux bien me la donner, s’il te plaît ? » répondit aussitôt Tery en tendant sa main. La jeune femme fit semblant de réfléchir avant de soupirer. Elle déposa la lettre ailée dans les mains de Tery, la lettre stoppant ses mouvements d’ailes. « Est-ce que tu peux signaler que je déjeunerai plus tard ? »

« Bien entendu, tu crois qu’ils vont t’attendre, Tery ? Je te rapporterai quelque chose, vas donc écrire à ta dulcinée aux cheveux blonds et aux yeux bleus. »

Elle se moquait encore de lui, il le savait parfaitement. Néanmoins, il ne lui répondit pas, se dirigeant vers sa tente avant d’ouvrir la lettre. Avoir des nouvelles d’Elen était toujours une très bonne chose pour lui. Ça lui permettait de … se soulager un peu la conscience et l’esprit. En même temps, il en avait bien besoin avec tout ce qui se passait autour de lui. Installé sur son lit, il commença à lire la lettre qu’il avait reçue, se disant à lui-même :

« Qu’est-ce qu’elle va me raconter de beau cette fois-ci ? »

Mais il était sûr et certain d’une chose : elle n’allait pas lui envoyer d’image d’elle. Qu’est-ce qu’elle voulait lui dire ? AH ! Elle lui en voulait terriblement de ne pas lui dire où il se trouvait. Ce n’était pas de sa faute … mais c’était pour sa sécurité. Par contre, la chose à laquelle il ne s’était pas attendu, c’était bel et bien l’énervement caractéristique qu’il arrivait à lire dans la lettre. Elle était en colère, très en colère même.

« Ça m’étonne … grandement en fait. Je devrais peut-être lui dire où je me trouve à peu près. Mais je ne sais même pas où je suis exactement. Ça ne sert à rien … rien du tout. »

Même si elle était énervée, il ne pouvait pas faire autrement. Il devait laisser tomber cette idée. Elen n’avait pas besoin de venir. Il pouvait se débrouiller seul. Par contre, il allait lui raconter l’histoire des médaillons et aussi du golem.

« Bon, j’ai au moins de quoi remplir cette lettre et … »

« Héhéhé. Je peux au moins savoir ce que tu as écris ? Ah ! Tu n’as même pas commencé ! » murmura la voix de Clari avant que celle-ci ne pénètre complètement dans la tente. Dans ses mains, elle tenait un petit plateau qui contenait plusieurs pains ouverts en deux, une petite carafe d’eau et deux verres. « J’ai prétexté que tu te sentais trop fatigué pour te lever. Bon, bien entendu, ça fait trop flemmard mais … »

« Merci beaucoup et non, je n’ai pas encore écris. »

Il disait cela en haussant les épaules alors qu’elle se mettait à rire. Elle déposa le plateau sur le lit, faisant attention à ce que rien ne se renverse, comme la cruche. Parfait, au moins, comme ça, ils allaient pouvoir parler tous les deux. Sans lui laisser le temps de réagir, elle prit la lettre d’Elen, la regardant avec vélocité.

« On dirait que ça chauffe entre vous deux. Elle n’a pas l’air d’avoir apprécié ce que tu lui as écrit. Tu n’as pas envie de lui dire où est-ce que l’on se trouve ? Tu as des choses à lui cacher ? Je ne sais pas … Comme une certaine relation avec une certaine maréchale ? »

« RAH ! Arrête avec ça ! Tu sais parfaitement qu’il n’y a rien du tout ! Et je ne fais pas d’illusions contrairement à toi ! Tu crois vraiment que la maréchale et moi, ça pourrait fonctionner entre nous deux ? »

« Ne jamais dire jamais. Tu ne sais pas ce qui peut arriver. Personnellement, je te dirai de réfléchir réellement à qui est-ce que tu préfères. Le souci, c’est que ce n’est pas facile du tout. Dans le fond, si on y réfléchit, tu as une personne très présente à côté de toi. De l’autre côté, tu as une personne qui est plus que distante mais avec qui tu te sens très proche, c’est ça ? »

Hein ? Hum ? Il ne savait pas vraiment quoi lui répondre. Il prit l’un des pains qui étaient beurrés à l’intérieur avec un peu de confiture. Elle avait plutôt bien étalé le tout puisque rien ne tomba sur le lit. Croquant à l’intérieur, il vit Clari qui le regardait avec affection comme à son habitude. Bon … Par contre, pourquoi parler de ses relations amoureuses ?

« Avec Elen, c’est de la distance. Mais ça ne veut pas dire que je ne l’aime pas. En même temps, c’est compliqué avec elle. Dès le départ, ça l’était. Ensuite, avec la maréchale, je ne sais pas quoi dire. Là aussi, c’est compliqué. Je préfère encore ne pas me poser de questions et plutôt laisser faire le destin de ce côté-là. »

« C’est plutôt stupide de ta part, je trouve. Tu devrais essayer de le forcer. Mais après tout, tu restes très indécis. Il faudrait faire une autre confrontation entre la maréchale et Elen pour savoir qui est-ce qui t’apprécies le plus. A partir de là, tu pourrais faire ton choix non ? Tu ne trouves pas que c’est une bonne idée ? » dit-elle tandis qu’il terminait son pain.

Une bonne idée ? Il n’en était jamais très sûr. Et puis bon … Ce genre de confrontation était ridicule. Il n’était pas un morceau de viande ! Et surtout, il n’était pas un prix ! Il ne se pensait pas aussi « bien » pour être considéré comme ça.

« Bref, je vais lui écrire et ensuite, je vais lui … »

« Dis-lui donc où est-ce que nous nous trouvons, ça sera beaucoup mieux, non ? Elle semble vouloir t’apercevoir à tout prix, il serait bête de ne pas répondre à ses attentes. »

« Je préfère encore ne rien dire plutôt que de l’inquiéter. » marmonna le jeune homme aux cheveux bruns. Il n’était pas d’accord. C’était complètement stupide. Il savait ce qu’il allait lui écrire. Lui raconter au sujet des médaillons, des soldats et aussi du golem.
Sans même prêter plus longtemps attention à Clari, il commença à écrire, prenant son temps pour ne pas se tromper dans ses mots. Ah oui, bien entendu, il ne fallait pas oublier le petit « tu me manques tellement » au beau milieu du texte. Elle faisait toujours ça, autant lui répondre de la même manière non ?

Sans même remarquer que Clari l’observait en train d’écrire, il continua sa lettre, lui racontant au sujet des soldats utilisant les médaillons, ce qui leur était arrivé et toutes ces choses. Pfiou … C’était compliqué et … HEY ! Qu’est-ce que ça voulait dire !

« Clari ! Lâche ma lettre ! Qu’est-ce que tu fais ?! » s’écria le jeune homme alors que Clari avait récupéré le morceau de papier de Tery.

« Tu l’as terminée, non ? Alors, il suffit de l’envoyer et ensuite, ça sera terminé. Je vais le faire à ta place, de toute façon, tu as déjà rentré ses coordonnées physiques. »

Pourquoi est-ce qu’il était méfiant envers elle ? Car elle préparait surement quelque chose de mauvais, très mauvais même ! Il fit semblant de lui tourner le dos bien qu’il jetait un regard en arrière. Il la vit commencer à écrire quelque chose à son tour. Il arriva rapidement à sa hauteur, cherchant à l’arrêter.

« Qu’est-ce que tu as écris encore ? HEY ! Ne met pas n’importe quoi ! C’est quoi ça ? J’ai tellement envie de te serrer dans mes bras ! MAIS JE NE SUIS PAS COMME CA ! Elle ne reconnaîtra pas mon écriture de toute façon ! ARRÊTE CLARI ! »

« Attends que je termine par « je t’embrasse très fort ». Et voilà ! Envole-toi ! »

Elle utilisait ses lignes de Zélisia pour tenir à distance le jeune homme. Dès qu’elle eut terminé de refermer la lettre, elle vint serrer Tery dans ses bras, l’empêchant de stopper la lettre qui quitta la tente. Lorsqu’elle fut assez éloignée, après plusieurs minutes, elle le relâcha, le jeune homme serrant les poings.

« Allons, ne te mets pas en colère. Je t’ai juste donné un petit coup de main. »

« OUAIS BIEN SÛR ! T’es juste une idiote ! Comme d’habitude, Clari ! Comme d’habitude ! T’es juste une idiote qui veut contrôler ma vie ! » cria le jeune homme. Il en avait assez ! Elle faisait toujours tout pour l’emm … embêter !

Il quitta la tente, ne terminant pas le petit-déjeuner qu’elle lui avait rapporté. Voilà comment gâcher une journée à cause d’elle ! Bon sang ! Sa main sur son visage, il était en train de rougir violemment à ce que Clari avait écrit. Ce n’était pas lui … pas du tout ! RAH ! Il était gêné, plus que gêné ! Qu’est-ce qu’Elen allait lui répondre ? Si elle disait « elle aussi » ? Non, c’était impossible. En plus, là, au beau milieu des tentes, il se donnait en spectacle, quelques soldats le regardant après qu’il fut sorti après avoir crié.

Bon … Ca ne servait à rien de s’énerver. Du moins, ce qui était fait était fait. Il affronterait Elen en face si elle lui posait des questions. Bien entendu, le mieux serait qu’elle ne lui en pose pas et qu’elle vienne juste l’étreindre, ça faciliterait quand même beaucoup de choses. De l’autre côté, une étreinte d’Elen, c’était quand même … pas une mauvaise idée. Du moins, il ne trouvait pas ça déplaisant, loin de là même.

Brrr ! Il se faisait des idées, ce n’était pas bon du tout. Tout ça était de la faute de Clari ! A cause d’elle, il s’imaginait des choses ! BON ! De toute façon, pour le reste de la journée, il allait tout simplement suivre les ordres et aussi pour le reste de cette guerre. Si Elen lui répondait, il éviterait de lui répondre le jour même. Ainsi, ça permettrait de penser à autre chose. Humpf … De toute façon, à l’allure que prenait cette guerre, elle était loin d’être terminée. C’était bien ce qu’il pensait de tout ça.

Humpf … Pour la paix avec Clari, il verrait plus tard mais il n’avait pas la motivation sur le moment. Après tout, il y avait des préoccupations bien plus importantes sur le moment. Pour les lettres à Elen, il y répondrait en fin de compte. Pourquoi est-ce qu’il était aussi indécis par rapport à la jeune femme masquée ?

Ce qu’il pensa se réalisa bien plus que prévu. Trois mois s’étaient déroulés en quelques instants. Il recevait une lettre d’Elen une fois toutes les deux semaines. Une semaine pour la recevoir, une semaine pour l’écrire correctement et elle la recevait au bout d’une semaine sûrement. Ensuite, elle perdait moins de temps que lui puisqu’elle arrivait rapidement. De toute façon, ce n’était pas le plus important.

Le plus important était la situation dans tout le royaume. Contrairement à ce qui avait été annoncé, non, malgré les médaillons, ils n’étaient pas en bonne position. Sur les autres terrains, la situation était telle qu’ils pouvaient tenir malgré les mois qui s’écoulaient … mais ici … Après les traslorois, voilà que les honoriens étaient aussi de la partie. Cela faisait donc trois royaumes en même temps.

Bien entendu, en trois mois, il avait pardonné à Clari mais sa situation avec la maréchale n’avait pas changé. En même temps, tout le monde était à nerf de peau. Il n’y avait pas un seul moment où ils pouvaient se reposer. Ils avaient même dû perdre quelques kilomètres car leurs forces devenaient trop grandes. Bien entendu, les médaillons étaient toujours utilisés mais cela faisait des soldats en moins à chaque utilisation.

Bref, la situation n’était pas très bonne et les morts étaient de plus en plus nombreuses. Heureusement que de leurs côtés, il y avait bon nombre de porteurs des lignes de Zélisia. D’ailleurs, des porteurs des lignes d’Alzar étaient aussi assez réunis pour lancer une offensive sur les armées ennemies. Mais voilà, Alzar et Zélisia n’étaient pas présents que dans le royaume de Shunter, loin de là. Les lignes étaient présentes dans tous les royaumes. Donc … Du côté des ennemis, ils avaient aussi des adeptes d’Alzar et Zélisia.

La seule différence, c’est que Shunter semblait plus « propice » à en avoir, voilà tout. Le nombre était bien plus important dans le royaume de Shunter que nulle part ailleurs. Mais voilà, les porteurs des lignes d’Alzar étaient incontrôlables dès qu’ils utilisaient un peu trop leurs pouvoirs. Ainsi, généralement, c’était aussi un aller sans retour pour une grande partie d’entre eux. Ils ne pouvaient pas envoyer un seul Porteur car celui-ci se ferait tué. Ils ne pouvaient pas en envoyer plusieurs en même temps car ils se combattaient jusqu’à la mort après qu’ils en aient terminé avec leurs adversaires.

Bref, la situation était à l’avantage de personne, voilà le gros souci, le TRES gros souci qu’ils avaient dans l’armée de Shunter. Il n’y avait pas de solution miracle et à force, le nombre de soldats diminuait au fur et à mesure. De son côté personnel, il avait aussi décidé d’écrire à sa mère pour la rassurer sur la situation. Comme cela faisait plusieurs mois, c’était tout ce qu’il y avait de plus normal à ses yeux.

« Encore en train d’écrire ? Tu ne fais que cela de tes journées lorsque tu n’es pas sur le terrain. »

Il tourna son visage vers la personne qui s’était adressé à lui. Un petit sourire aux lèvres, il regarda la femme en armure noire. Ces trois derniers jours, cela avait été un peu de repos, ce qui n’était pas du tout une mauvaise chose, loin de là même. Ils pouvaient souffler ou plutôt, de son côté, il pouvait écrire ses lettres ou alors faire des petites annotations au crayon magique sur ses livres golémiques.
Crayon magique ? Bien entendu. Il suffisait d’écrire et si on voulait effacer, il suffisait de répéter à voix haute la partie que l’on voulait effacer avant de souffler sur la feuille de papier où était inscrits les mots. C’était plutôt une invention ingénieuse. Néanmoins, maintenant, il devait parler à la maréchale puisqu’elle lui avait adressé la parole.

« C’est bête mais je ne sais pas … Ca m’occupe l’esprit. En même temps, je note quelques petites remarques sur les différents golems. »

« Hum ? De quelle sorte ? » demanda-t-elle avant de s’asseoir à côté de lui. Comme il était en-dehors de sa tente pour profiter un peu du plein air et que Clari n’était pas là, normalement, les soldats n’allaient pas se poser de questions qu’elle soit assise à côté de lui.

« Je ne crois pas que vous puissiez les voir puisqu’elles sont inscrites dans le livre mais du genre, je note des détails par rapport aux différents golems. »

« Tu peux donner un exemple car tu te répètes … » reprit la femme en armure noire.

« Et bien … Disons que je veux faire un golem par rapport à l’élément de la terre, au royaume de Shunter. Sauf que la terre, c’est aussi la nature. Alors, je pourrai faire un golem lié aux plantes au lieu d’un golem de roche. Il en est de même pour les trois formes de l’eau. Un golem aqueux qui serait difficile à toucher mais un coup d’électricité et il est mort. Ou un golem de glace très puissant, capable de geler l’ennemi mais très fragile aussi si on ne prend pas ses précautions. Enfin, un golem composé de nuage sera un peu plus difficile car il faut savoir manier l’air et l’eau en même temps. Par contre, un golem composé d’air est différent d’un golem nuageux. C’est cela qui est plutôt bien avec les golems, on peut les créer à partir de tout et n’importe quoi ! »

« … … … Je ne demandais pas autant d’informations, Tery. » annonça Manelena après quelques secondes où n’avait pris la parole. « Mais bon … Après cette guerre, tu n’as jamais pensé à rejoindre un groupe de magiciens ? Plutôt que de soldats ? »

« Euh … Je n’y ai pas vraiment pensé et vous savez, il faut plutôt être intelligent. »

« Encore une fois, tu te dévalues par rapport à tes capacités. Si tu es capable d’imaginer et créer des golems, c’est que tu n’es pas aussi stupide que tu ne le penses. »

C’était toujours quelque chose de spécial … de recevoir un compliment de la part de la maréchale. Mais bon, il ne devait pas s’y attarder. Il ne manquait pas de confiance, c’est juste que plusieurs années perdues à ne rien faire à cause de la mort de son père … et ensuite, il avait eu le résultat lorsqu’il avait quitté le village pour la première fois.
« Si cette guerre se termine définitivement, penses donc à ta reconversion. Tu n’es pas fait pour être soldat. Comme tu as bien combattu durant ces quelques années, tu peux sûrement trouver un métier ailleurs. Tes connaissances dans les golems seront plus qu’utiles. » annonça la maréchale calmement.

Pourquoi est-ce qu’elle voulait tant qu’il arrête d’être un soldat ? Ca ne le gênait pas tant que ça. Il combattait pour son royaume, il avait déjà tué pour son royaume. Il avait récupéré des médaillons, visiter beaucoup de lieux. Pourquoi est-ce que la maréchale s’efforçait à tout faire pour qu’il quitte sa fonction ? Il ne savait pas …

« Maréchale, vous voulez que je quitte l’armée ? Je ne suis pas assez bien comme soldat ? »

« Ce n’est pas exactement cela … Tery. Tu n’as pas la personnalité d’un soldat … Tu es beaucoup trop … « protecteur » contrairement aux autres. Pourquoi est-ce que je dois expliquer mes propos hum ? » demanda-t-elle avec une pointe d’agacement.

« Je ne voulais surtout pas vous forcer la main … C’est juste que des fois, j’ai cette impression, c’est tout. Maréchale, et vous ? Vous n’avez jamais pensé à quitter l’armée ? Vous êtes très jeune et pourtant, vous êtes celle qui dirige toute une armée. Vous savez, le poids des responsabilités, le regard des généraux bien plus vieux que vous, cela doit peser beaucoup sur vos épaules. »

« Mais de quoi est-ce je me mêle, Tery ? Est-ce que tu crois que j’ai une tête à faire cela ? L’armée est toute mon existence, je suis à l’intérieur depuis l’âge de dix ans et … »

Elle s’arrêta dans ses propos alors qu’il clignait des yeux. Depuis l’âge de dix ans ? C’était la première fois qu’il entendait une telle chose. Enfin, c’était la première fois qu’elle lui parlait de son passé. Heureusement, personne n’était autour d’eux dont leur conversation était privée. Elle reprit aussitôt :

« Je te conseille d’oublier ce que je viens de te dire sinon … »

« Maréchale, cela veut dire que vous avez passé plus de la moitié de votre vie à faire ça ? Je … Je trouve que c’est plutôt triste. » coupa le jeune homme en se grattant le derrière du crâne. C’était triste mais surtout gênant pour lui d’apprendre ça. La maréchale avait vraiment vécu une existence très spéciale mais c’était ça … qui la rendait ainsi. « Je comprends si vous ne voulez plus continuer à m’en dire plus. »

« C’était une erreur de ma part. Tu n’es en rien responsable de cela. Mais puisque j’ai commencé, autant en terminer maintenant. Puisque tu as réussi à calculer que j’ai passé la moitié de ma vie dans l’armée de Shunter, tu peux maintenant arrêter de t’imaginer qu’il est possible pour moi de quitter l’armée pour une reconversion ailleurs. »

« Il ne faut pas dire ça. Je suis sûr et certain que vous pourriez être … différente. Du moins, que vous avez des capacités qui font que vous êtes autre chose qu’une simple maréchale. »

« … … … Non. » termina de dire la femme en armure noires avant de se relever.

« Je suis sûr que si … même si vous ne voulez pas le reconnaître. »

« Je sais encore mieux que toi ce dont je suis capable ou non ! Ne me force pas à être vulgaire et à te frapper, Tery Vanian ! Est-ce compris ?! »

« Je ne veux pas vous énerver mais je veux simplement que vous sachiez que si vous n’êtes pas capable de faire quelque chose alors moi, de mon côté, je ne suis guère mieux. »

« Arrête tes conneries un peu … C’est quoi ce genre de réflexions aberrantes ? » grogna la femme en armure noire, se penchant vers lui. « Ça te sert à quoi de me parler de la sorte ? Tu n’as pas l’impression que tu joues avec ton existence à chaque fois que tu m’adresses la parole ? Tu devrais me craindre plutôt que de me parler ! »

« Je n’y arrives pas … Peut-être parce que j’ai découvert qui vous étiez sous votre armure, c’est tout. Je ne peux pas m’empêcher de vous imaginer sans cette armure et donc de penser à la femme qui se trouve dessous et … »

Une claque plus que violente vint le frapper sur la joue, la femme en armure de plaques noires se mettant à trembler avant de bredouiller :

« Ne t’avise même plus de penser à moi de la sorte, c’est compris, TERY ?! Sinon, je te brise en morceaux ! Que ça soit clair ! »

« Mais mais … Je … Je ne pensais pas à mal ? Qu’est-ce que vous vous êtes im… AH NON ! AH NON ! Ce n’était pas une réflexion comme ça ! Pas du tout ! Pardon, pardon ! »

Il vint se confondre en excuses plusieurs fois à la suite, espérant qu’elle lui pardonnerait car sur le coup, il y avait une grosse erreur de compréhension entre tous les deux. Il ne pensait pas à ça du tout. Il n’oserait jamais surtout ! Il se redressa, la joue rougie avant de poser ses mains sur les épaules de Manelena. Elle était quand même plus grande que lui.

« Veullez vraiment me croire, maréchale Nali. Je ne pensais pas du tout à ça ! Vous me connaissez bien non ? S’il vous plaît ! »

Elle le força à retirer ses mains de ses épaules, émettant tout simplement un grognement avant de s’éloigner. Vraiment … Qu’est-ce qu’il avait fait pour mériter un tel sort ? Pourtant, il n’avait pas pensé à mal … Pas du tout même.

Chapitre 45 : Un enjeu trop grand

ShiroiRyu
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Chapitre 45 : Un enjeu trop grand

Contrairement à ce qu’il pensait, la marche avait été plus longue et éreintante que prévue. Comme quoi, il valait mieux se méfier dans ce désert. Heureusement, la maréchale connaissait l’endroit parfaitement. Elle avait sûrement beaucoup voyagé depuis le début. D’ailleurs, une petite question lui trottait maintenant dans la tête : quel âge avait la maréchale ? Elle semblait jeune mais en même temps, remplie d’expérience.

« Maréchale … Je peux vous poser une question ? Enfin, c’est d’ordre personnel. » murmura-t-il pour être sûr que personne ne l’entende.

« Non, tu ne peux pas. » dit-elle sèchement, déjà irritée rien que par ses paroles. Pourtant, il reprit sur un ton encore plus faible :

« Quel âge avait-vous ? Enfin, ça ne se dit pas à une femme … Mais quand je vous vois … aussi forte et douée … J’ai l’impression que vous avez quinze ans de plus que moi. »

« Quinze ans de plus que toi … Mais qu’est-ce que tu racontes ? Je suis dans mes jeunes années … Mon âge précis, tu n’as pas besoin de le connaître mais j’ai dans entre vingt-et-un et vingt-cinq ans. Voilà, ta curiosité est satisfaite ? Mais à quoi est-ce que ça va te servir de savoir ça sincèrement ? Tu ne peux pas arrêter avec ce genre de questions stupides ? »

« C’était juste pour connaître, rien de plus. Mais merci de m’avoir répondu et de … »

Elle plaça sa main gantée de noir sur sa bouche, le forçant à fermer ses lèvres pour qu’il se taise enfin. Il n’arrivait donc jamais à s’arrêter ? C’était bien trop dur pour lui ou quoi ? C’était quand même problématique ! Il allait peut-être devoir trouver un médecin pour soigner ça ! Des cordes vocales toujours en action !

« Hmmm hmmm ! Ah … Merci maréchale mais pourquoi vous … Hmmm ! HMMMM ! »

Elle avait décidé de retirer sa main en le voyant se débattre mais dès qu’il avait ouvert la bouche, elle la scella une nouvelle fois. Ah … Il ne s’arrêtait pas, c’était maladif. Elle allait devoir faire quelque chose pour qu’il se taise définitivement. Elle s’arrêta, demandant aux autres soldats d’avancer sans eux. Lorsqu’ils furent assez éloignés, elle rapprocha son visage de celui de Tery, seuls ses yeux rouges étant visibles.

« Je vais retirer lentement ma main … Si je te vois prendre la parole, tu le regretteras. Tu me fatigues, Tery Vanian. Tu me fatigues tellement … »

Il hocha la tête positivement alors qu’elle gardait sa main pendant quelques secondes. Puis finalement, elle arrêta de la placer sur sa bouche. Mais elle était déjà prête à recommencer. Mais rien ne se fit. Elle prit une profonde inspiration avant de dire :

« Allons-y maintenant … Les autres nous attendent. »

Sans un mot, il fit un geste de la main pour l’inciter à passer devant lui. S’il devait se taire pour qu’elle soit contente à son sujet, il le ferait. Mais sinon … La maréchale ne comprenait pas pourquoi il faisait ça ? Peut-être parce qu’il était admiratif devant elle ? Et il était sûr et certain qu’il n’était pas le seul dans ce cas en ce qui la concernait.

Mais voilà … Ce n’était pas le genre de choses que l’on disait à la personne. Non, cela devait tout simplement se voir dans les yeux. Et il était sûr qu’il avait une petite lumière qui apparaissait dans les siens lorsqu’il regardait la maréchale. Après … La maréchale, en dépit de tout ce qu’elle disait, était une femme remarquable, qu’elle le veuille ou non. Et en …

« Recule, Tery. Il y a un problème. » murmura le femme en armure noire.

Hein quoi ? Un problème ? Où ça ? Il regarda devant lui après s’être placé à côté de la maréchale. Qu’est-ce qu’il y avait de si … Hey ? Pourquoi est-ce qu’il n’y avait aucune trace de la part des soldats ? Et où est-ce qu’ils étaient passés ? Ce n’était pas normal ça !

« A cause de toi, nous avons perdu leurs traces … et eux-mêmes se sont perdus. »

« Il faut alors que nous les retrouvions ! » dit-il avec conviction.

« Merci de ces sages paroles. Tu as d’autres idées de la sorte ? A proposer ? Il semblerait que leurs passages soient rapidement disparus à cause du sable. »

Oui, c’était une bonne remarque de sa part. Le sable et la petite tempête qui l’accompagnait n’aidaient vraiment pas à savoir où se trouvaient les autres soldats. De même, si d’après les dires de la maréchale, ils s’étaient perdus … alors il était impossible pour eux deux de savoir où ils se trouvaient. Ils n’avaient aucun indice et en même temps …

« Hein ? Maréchale … Il commence à pleuvoir non ? » murmura le jeune homme avant de tendre la main en hauteur, quelques gouttes tombant du ciel.

Il leva la tête pour apercevoir de nombreux nuages gris. Ce n’était quand même pas ce qu’il était en train de s’imaginer non ? Son visage se tourna vers la maréchale qui avait fait de même. C’était bien alors ce qu’il pensait !

« De la magie ! Il n’y a pas que les mékalarmiens qui se trouvent ici ! »

« Dans un tel endroit, si la pluie tombe … Il y a de grosses chances qu’elle emporte toutes les personnes qui se trouvent dans les failles quelques mètres plus bas. » annonça Manelena.

« ON DOIT VRAIMENT SE DEPÊCHER MARECHALE ! »

« Pas besoin d’hurler ! Je le sais très bien ! Suis-moi ! On va courir un peu ! » cria-t-elle en faisant disparaître ses jambières de métal noir.

Cela allait lui permettre de courir beaucoup plus facilement. Avec vélocité, la maréchale se déplaça à travers le désert, sachant où se rendre. Lui ? Il ne faisait que la suivre. Car oui, elle savait où se rendre visiblement.
La pluie était de plus en plus violente. Au départ, cela n’avait été que quelques gouttes mais maintenant, cela ressemblait à une véritable averse. Une averse accompagnée de nombreux éclairs. AH ! Les Mékalarmiens … Les Mékalarmiens étaient accompagnés … par des soldats du royaume de Traslord ! Voilà pourquoi il y avait cette pluie et … Il tomba subitement au sol, le sable rendant de plus en plus difficile la course. La maréchale s’arrêta, tendant sa main avant de dire sur un ton énervé :

« On n’a vraiment pas le temps de se casser la gueule, Tery ! Relève-toi ! »

« D’accord, d’accord. Je le sais parfaitement. » murmura le jeune homme en se redressant.


Il ne lui prit pas la main. Il pouvait se relever tout seul aussi hein ? Il n’était pas complètement stupide non plus. Ils reprirent la route bien que maintenant, ils couraient moins vite pour éviter un nouvel accident. Après plusieurs minutes, ils arrivèrent jusqu’à la zone dont parlait Manelena.
Une faille … Une faille qui semblait séparer le désert en deux bien qu’il était sûr d’une chose : il y en avait beaucoup d’autres dans le désert. Mais pour l’heure, ce n’était pas sa première préoccupation mais plutôt le fait qu’il entendait des voix dans la faille. Il s’approcha du bord, remarquant de nombreux soldats qui étaient en train de courir, comme pour chercher une sortie.

« Il faut les aider, maréchale ! Mais je ne suis pas sûr de … »

« Pousses-toi et tais-toi ! Si tu veux les aider, ce n’est pas en parlant que l’on le fait ! » cria-t-elle de toutes ses forces alors qu’il sentait aussitôt qu’elle allait utiliser sa magie.

Le sol s’affaissa subitement, tout un pan du bord se brisant en morceaux alors qu’il comprenait ce qu’elle était en train de faire ! Elle était en train de créer une sortie de secours pour les soldats ! Comment est-ce qu’il pouvait l’aider ? Il n’était pas aussi fort qu’elle !

« BANDE DE GUIGNOLS ! » hurla la maréchale alors que les soldats s’arrêtaient, observant les deux personnes qui se trouvaient au-dessus d’eux. « Je vous conseille de monter aussitôt si vous ne voulez pas finir sous les flots ! »

Maintenant, il était sûr d’une chose : bien qu’elle crie souvent pour pas grand-chose, elle se préoccupait quand même de la vie de tous ses soldats. D’ailleurs, les soldats s’exécutèrent, sortant de la faille grâce à l’aide de la maréchale. La pluie … La pluie était déjà en train de former une rivière ou presque.

« Le désert risque de ne plus être si désertique avec toute cette eau. » annonça le jeune homme aux cheveux bruns avec un petit sourire.

« Dès que ces mékalarmiens et ces traslorois auront terminé leur petit jeu ridicule, la température du désert refera le reste. Maintenant, il faut juste espérer que les autres troupes n’ont pas subi la même chose … mais si c’est le cas, qu’elles ne soient pas aussi stupides que la nôtre. » déclara la maréchale.


Nul soldat n’osa contester ses paroles car tous savaient que c’était la vérité. Sans elle, la majorité serait déjà morte. Au final, il arrêta de rire pour rien du tout alors que toute la troupe se remettait en route. S’ils étaient capables de produire de la pluie et de l’électricité … C’est qu’ils n’étaient pas si loin non ? Alors, il suffisait de les trouver et ensuite de les exterminer pour leur faire payer ce qui s’était passé ici.

« C’est un peu l’idée que j’avais en tête. » répondit la maréchale après qu’il lui ait expliqué ce qu’il pensait être le mieux pour la troupe.

« Mais il faudrait peut-être déjà que l’on cherche les deux autres troupes non ? Il se peut qu’elles soient en danger … Enfin, je ne pense pas … du côté de Clari qui est quand même plus réfléchit qu’on ne le croit mais … »

« Nous allons voir cela bien très rapidement de toute façon. »

Ah bon ? Elle avait une autre idée encore ? Car bon, ce n’était pas facile d’aller les retrouver alors qu’ils ne savaient pas où tous les autres se trouvaient, n’est-ce pas ? Pourtant, comme à son habitude, il fit confiance à la maréchale qui les guida.
Mais une telle magie … Enfin, des nuages aussi gros et épais … ainsi que les éclairs … LES ECLAIRS ! Il venait d’y penser mais même s’ils n’étaient pas emportés par les flots dans les failles, il suffisait simplement que …

« Maréchale ! Maréchale ! On ne doit pas aller chercher les mékalarmiens et les traslorois ! On doit arrêter cette magie avant qu’elle ne continue ! »

« Qu’est-ce qui te prend ? Tu as l’air de t’exciter pour pas grand-chose, Tery. »

« Vous ne comprenez pas ? Même si l’eau n’emporte pas nos soldats, s’ils sont en train de baigner dans l’eau, il suffit qu’un éclair tombe dans l’eau et c’en est fini pour eux ! »

Les yeux rubis de la maréchale s’écarquillèrent sous son casque. Bien entendu … Bien entendu ! Il avait parfaitement raison ! Il avait absolument raison ! Elle le prit par le bras avant de crier aux soldats :

« Que tous ceux qui sont capables d’utiliser la magie de l’eau et de la foudre se présentent à moi ! Exécution ! C’est une mission de la plus haute importance ! »

Elle était aussi sur les nerfs, autant que lui-même. Plusieurs hommes et femmes se présentèrent à eux, tous montrant leurs lignes bleues et jaunes. D’autres présentaient aussi les médaillons que l’armée leur avait donnés.

« … … … Cela devrait suffire. Je veux que vous arrêtiez cette tempête par tous les moyens possibles. D’ailleurs, ceux qui possèdent les lignes du vent peuvent aider aussi en faisant bouger ces nuages. Dépêchez-vous ! »

Tous s’exécutèrent avec vélocité alors que la maréchale elle-même utilisait ses lignes d’Alzar. Il pouvait aussi aider non ? Au lieu de rester planté là à ne rien faire ! Il fit apparaître ses lignes, se mettant à côté de la maréchale.

« Qu’est-ce que nous faisons tous les deux maréchale ? »

« Nous allons dériver ces nuages vers une zone … Ensuite, nous nous arrêtons. Si tu vois que les nuages reviennent vers nous avec force, c’est qu’il y a des chances que les soldats ennemis se trouvent là-bas. Mais cela n’est pas sûr à 100% malheureusement, Tery. Enfin, assez parlé, viens plutôt m’aider au lieu de bavarder. »

De toute façon, il n’en était pas autrement. Joignant leurs forces, les soldats, la maréchale et Tery commencèrent à faire s’éclaircir un peu le ciel. Des rayons de soleil parurent là-haut tandis que les nuages se déplaçaient vers l’est. Rien de rien … Puis ils décidèrent de les faire aller vers le nord. Et avec rapidité, les rares nuages encore présents revinrent vers eux.

« Ils sont au nord, Tery. Est-ce que tu veux bien emporter une partie des troupes avec toi et aller les éliminer ? Enfin qu’ils ne commencent à tous à s’enfuir ? »

« Vous … Vous êtes vraiment sûre de ça, maréchale ? »

Elle ne lui répondit pas. Il ne devait pas considérer cela comme une demande mais un ordre. Il hocha la tête alors que les soldats se positionnaient les uns après les autres derrière lui, prêts à le suivre. Il commença à courir, rapidement rejoint par les soldats.
Après plusieurs minutes de course, ils arrivèrent à ce qui ressemblait à une autre faille. Maintenant … Il fallait se montrer discret, très discret … OU NON ! Il posa ses mains sur le sable, ses lignes noires apparaissant sur la majorité de son corps alors qu’il gardait en tête l’image de son père. C’était là qu’il puisait sa force et nul ailleurs ! Rapidement, un golem se forma devant les yeux ébahis des soldats, un golem d’environ trois mètres de hauteur. Même s’il semblait loin d’être solide car des pans de sable s’écoulaient de son corps, il était plus que terrifiant. D’un geste lent, il désigna la faille au golem.

« Occupe-toi en … Fais qu’il ne reste plus personne. »

Le golem ne lui répondit pas, marchant d’un pas lent vers la faille. Soudainement, un éclair vint le foudroyer mais cela n’eut aucun effet sur le golem. Lorsqu’il arriva au bord de la faille, de multiples pieux de glace vinrent le transpercer.

« C’EST UN GOLEM ! FUYEZ ! FUYEZ ! »

Mais le golem commença à enfler, enfler, enfler, prenant une taille d’environ dix mètres avant de se jeter dans la faille. Des cris fusèrent puis furent rapidement étouffés par le golem. Celui-ci venait tout simplement d’étouffer à jamais une bonne partie des soldats qui se trouvaient au fond. La preuve fut visible dans le ciel, lorsque les nuages disparurent pour laisser place au soleil d’auparavant.

« Vous saviez que vous n’aviez pas forcément besoin de nous ? » annonça l’un des soldats.

« Vous saviez que je n’étais même pas sûr d’y arriver ? J’ai juste eut l’idée de créer un golem sur le moment … Enfin, il ressemblait plus à un monstre fait complètement avec du sable mais qu’importe … Nous devrions retrouver la maréchale le plus rapidement possible maintenant. » répondit le jeune homme, encore un peu étonné de cette prouesse.


C’était lui ou alors les golems devenaient sa spécialité ? Il n’avait même plus vraiment besoin d’utiliser autre chose. Bon, par contre, penser comme ça, c’était de la vantardise mal placée. Le jeune homme mit une main sur son front en sueur, l’épongeant longuement. Pfiou … par contre, il fallait l’avouer, ça l’épuisait drôlement toute cette histoire. Il allait terminer en sueur à cause de tout ça. Il valait mieux pour lui qu’il se repose ou alors marche lentement. Il fit un geste de la main aux soldats, reprenant la parole :

« Avancez sans moi … J’ai besoin de souffler un peu. »

« Vous devriez faire attention. Créer des golems, c’est pas à la portée de tout le monde. Il paraîtrait que pas mal de personnes sont mortes en voulant créer un golem bien trop puissant pour eux … Soit le golem est devenu hors de contrôle, soit son créateur fut mort d’épuisement. Enfin, ce n’est pas joli à savoir. »

« Mais ça fait toujours … plaisir de connaître ça. » marmonna Tery avec un peu de dédain bien que cela ne fut pas en direction de l’homme qui s’était adressé à lui.

Il était un peu fatigué, voir même beaucoup mais il prenait sur lui-même. Il en était ainsi. Vue la vitesse à laquelle il marchait était plus que lente, ce fut la maréchale qui revint jusqu’à lui après une bonne vingtaine de minutes. Il eut un petit sourire, bredouillant :

« Euh … Je suis vraiment désolé mais la création de … »

« Ils m’ont déjà tout raconté à ce sujet. Tu as utilisé tes lignes pour ce golem ? Car tu as l’air d’être dans un état déplorable. A croire que tu as utilisé l’un des médaillons. »

« Je ne pense pas … Mais sinon, comment ça s’est passé ? » demanda-t-il, un peu inquiet.

« La troupe qui était partie vers l’Est a perdu une grande majorité de ses soldats. Néanmoins, les médaillons sont en sécurité. » répondit calmement la maréchale.

« Et Clari va bien ? C’est ce que je voulais savoir en priorité. »

« Elle va bien. Elle n’a eu aucun problème à gérer la situation de son côté avec les autres soldats. Arrête donc de t’inquiéter pour un rien et surtout, accélère un peu le mouvement. »

Hahaha … Il aimerait bien mais il était quand même fatigué. Pourtant, il évita de rire lorsqu’il vit le regard rubis de la maréchale posé sur lui. D’accord, d’accord, il allait aller un peu plus vite … Enfin, faire de son mieux surtout.

« Quand même … Un golem de sable ? Où est-ce que tu as été pêché une telle idée ? »

« Je ne sais pas, j’ai agi sur le moment. J’espère que c’était une bonne chose quand même. »

« Disons que créer un golem de plusieurs mètres de hauteur pour engloutir et étouffer nos ennemis, c’est plutôt réussi. Même si cela prend beaucoup trop de puissance, je préférai que tu arrêtes de voir aussi grand. »

« Euh oui … Bien entendu, comme vous le désirez, maréchale. Ce sont vos ordres. »

« Alors, maintenant, nous retournons au campement et nous prévenons de l’alliance entre Traslord et Mekalarma dans cette partie du royaume. »

Oui d’accord … Bien entendu. Cette fois-ci, il ne lui avait pas répondu mais il ne pouvait que la suivre de toute façon. Mais que la maréchale vienne le chercher en personne, il était toujours très impressionné par ça car il se sentait « spécial ».
Mais bon, il valait mieux ne pas trop rêver à ce sujet. Ils ne mirent guère de temps à retrouver le reste de l’armée, Clari venant tout simplement lui sauter dans les bras en rigolant. Il allait presque tomber à la renverse mais il se rattrapa, disant :

« Calme, calme, calme, Clari. Je ne suis pas parti ou je ne … »

« Non mais on sait déjà tout à ton sujet. Quand même ! Un golem gigantesque ! Tu as encore beaucoup de choses que tu caches comme ça ? »

« Euh … Pas vraiment. Disons que des fois, je fais des choses sans m’en rendre compte. Mais si tu peux me lâcher un tout petit peu, tu m’étouffes. » demanda le jeune homme alors qu’elle n’avait visiblement pas envie de s’arrêter.

Le reste de l’armée revint dans le campement, tous se séparant alors que la maréchale allait faire son rapport. Heureusement, ils n’avaient pas perdus de médaillons … mais en même temps, d’un autre côté, ils avaient perdu un bon nombre de soldats. Il n’était pas sûr que la différence soit importante par rapport à l’autre armée ou plutôt … la double armée. Pendant ce temps, il s’était retrouvé couché sur son lit … ou les genoux de Clari. Sa tête déposée dessus, il devait se laisser faire pendant qu’elle lui caressait les cheveux.

« Reposes-toi bien, Tery, d’accord ? » murmura-t-elle avec un petit sourire aux lèvres.

« De toute façon, tu ne me laisserais pas bouger alors bon … Je me laisse faire. » marmonna le jeune homme bien qu’il ne trouvait pas ça déplaisant.
C’était très spécial car il ne savait jamais réellement sa relation avec Clari. Il était proche d’elle, très proche mais en même temps … Lui et elle, il ne se faisait pas d’illusion car déjà, il ne cherchait pas à se rapprocher d’elle de cette manière. Après, elle parlait qu’il ressemblait à son grand frère mais là, en ce moment, c’était plus son côté petit frère.

« Fais toujours attention à ne pas utiliser trop tes lignes d’Alzar, Tery, d’accord ? Je ne veux pas que tu les utilises … S’il te plaît. »

« Je suis bien obligé …même si pour la magie de base, je n’ai pas forcément besoin de les utiliser à pleine capacité. Mais bref, tu n’as pas à t’en faire à ce sujet si c’est ça qui t’inquiète. » répondit-il calmement.

« Oui mais bon … Fais juste attention. Toujours attention à ces lignes, je ne veux pas que tu disparaisses une nouvelle fois. »

« Une nouvelle fois ? Mais … » dit-il avant de s’arrêter. La main dans ses cheveux bruns trembla légèrement. Il sentit même quelque chose qui tombait sur ses cheveux. Elle n’était quand même pas en train de … pleurer ? Il se retourna pour être sur le dos, regardant le visage de Clari. Aie, aie, aie … Il avait encore fait pleurer la jeune femme.

« C’est bon … C’est bon. Je vais encore faire attention, Clari. Je te le promets. »

« D’accord … Car de toute façon, maintenant, on ne se lâche plus. » termina-t-elle avec un petit sourire, recommençant ses caresses. Il poussa un soupir soulagé. Tant mieux alors.

Chapitre 44 : Peu enclin à continuer

ShiroiRyu
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Chapitre 44 : Peu enclin à continuer

Il eut du mal à trouver le sommeil cette nuit-là. Il fallait dire qu’il se sentait coupable du meurtre des soldats … alors qu’à côté, les généraux, la maréchale, Clari, tous les autres devaient sûrement n’en avoir rien à faire. Au beau milieu de la nuit, il sortit de sa tente, faisant quelques pas en saluant les soldats qui montaient la garde.

Il avait besoin de marcher … et de ne plus penser à toute cette histoire. Plus facile à dire qu’à faire, comme d’habitude. Alors qu’il en proie à ses réflexions, une lettre ailée vint le frapper en plein visage. AIE ! C’était quoi ça ? Elen ? Elen lui écrivait ? A cette heure-ci ? Ou alors le voyage avait été tellement long que dans le fond, la lettre avait réussi à se perdre ? C’était à se poser la question. Mais bon, elle tombait à pic.
Il récupéra la petite lettre, commençant à l’ouvrir pour pouvoir la lire. Ça commençait à faire un bail entre eux deux. A force, il se sentait s’éloigner peu à peu de la jeune femme au masque blanc. Il fallait dire que lui refuser de se montrer une nouvelle fois en image, ça lui avait jeté un certain froid comme si … Elle ne voulait pas qu’il la voie.

« Mais c’est à elle seule de décider ce qu’elle veut ou non. »

Il avait décidé de se parler à lui-même alors qu’il venait s’asseoir sur un tronc d’arbre. Alors qu’est-ce qu’elle marquait de beau ? Car il ne savait pas du tout où elle était et ce qu’elle faisait maintenant. Mais bon … C’était normal car il ne s’était pas tenu au courant plus que ça. Alors … Qu’est-ce qu’elle lui voulait ? Pourquoi il pensait aussi méchamment ? Qu’est-ce que la petite Elen lui voulait ? Voilà, c’était mieux de penser comme ça.

Alors … Euh et bien, elle voulait absolument qu’il lui donne de ses nouvelles. Qu’il lui dise où est-ce qu’il se trouvait et toutes ces choses. Elle voulait venir le sauver ? Lui ? Hahaha. Qu’elle était quand même charmante quand elle pensait de la sorte. Mais non, il n’avait pas besoin d’aide. De plus, si les autres soldats la voyaient, ils risquaient de l’attaquer. Non et non ! Il était hors de question qu’elle vienne jusqu’ici !

Il n’était pas fou pour la mettre en danger. Elen, c’était un peu quand même comme la petite fille qui voulait se montrer plus grande qu’elle n’était. Elle était bien plus fragile qu’elle ne le croyait et elle donnait plus envie qu’on la protège qu’autre chose. Ou alors de la serrer dans ses bras, ça dépendait de la situation. Pfiou ! A quoi est-ce qu’il pensait ? A cause de toutes ces idées absurdes mises en tête par Clari, il s’imaginait des imbécilités.

« Bon … Qu’est-ce que je vais pouvoir lui écrire pour la rassurer ? La vérité. »

C’était pas vraiment la meilleure idée qu’il avait mais bon … Il n’aimait pas mentir à Elen, c’était aussi simple que ça. Retournant dans sa tente pour avoir de quoi écrire, il s’imaginait déjà quoi lui écrire. Il avait tellement de choses et pourtant en même temps … Rien ne se couchait sur le papier. Il n’arrivait pas à trouver les mots.
C’était bête ! Pourquoi est-ce qu’il ne savait pas quoi lui dire ? Qu’il n’était pas en danger ? C’était faux ! Qu’il était en bonne santé ? Ça, c’était vrai … Mais il se sentait plus que mal ! Est-ce qu’il pouvait lui raconter la vérité ? Il ne lui avait jamais réellement caché tout … AH ! Maintenant qu’il y pensait, il racontait quand même beaucoup de choses à Elen ! Même ses petites anecdotes par rapport à Manelena ! Il n’avait pas honte ? C’était personnel et surtout, en quoi est-ce que ça intéressait Elen ?

Il ne savait pas … Il avait l’impression de quand même commettre une lourde faute. Mais qu’importe, ce n’était pas très grave. Même si y avait des chances que ça soit du domaine du personnel et surtout du secret militaire, il commença à lui raconter tout ce qui s’était passé. Lui qui se voulait rassurant, ce fut loin d’être le cas.
Maintenant qu’il ne choisissait pas vraiment ce qu’il écrivait, ce fut plusieurs pages qui furent écrites avant qu’il ne les mettre dans la lettre. Celle-ci avait même un peu de mal à décoller alors qu’il la regardait partir. Quand même … Il avait peut-être écrit un peu trop mais bon … Il ne faisait pas cela pour rien, loin de là. En même temps, il avait préféré éviter de donner sa localisation. Il ne savait pas du tout où il se trouvait de toute façon.

« Et ça ne la concerne pas le moins du monde. C’est beaucoup trop dangereux. »

Beaucoup trop mais en même temps, il se sentait un peu soulagé et apaisé. Au moins, il avait des nouvelles d’Elen et c’était quand même une bonne chose. En fait, c’était même une très bonne nouvelle. Maintenant, il fallait juste que tout se passe bien. Il arriva à trouver le sommeil quelques minutes plus tard, espérant que demain serait une meilleure journée.
Et ça, il n’en serait jamais réellement sûr. Le lendemain matin, il fut réveillé par Clari qui s’était infiltrée dans sa tente pour l’embrasser doucement sur la joue. Sur le coup, il avait marmonné :

« Hum … Maman, laisse-moi dormir un peu. » qui ressemblait un peu à un grognement avant qu’il n’ouvre ses yeux, voyant les yeux émeraude de Clari. Il tenta de se redresser mais il remarqua qu’elle le bloquait de ses deux mains.

« Non, non … Tu ne bouges pas, Tery. Ca n’avait pas l’air d’aller fort … hier soir. Tu sais, même si ce n’était pas dit directement, la maréchale a dit à voix haute qu’elle te trouvait bizarre … sans pour autant me demander alors de voir comment tu allais. »

« Ah … Euh … Et bien, ça va non ? Tu ne vois pas ça ? » reprit le jeune homme avec neutralité, se laissant faire comme si de rien n’était.

« Mouais, je suis pas vraiment convaincue par ce que tu dis hein ? Tu ne veux pas tout me raconter plutôt ? Ca  éviterait que l’on perde du temps chacun non ? »

Mais sincèrement, il n’avait rien à dire. Elle semblait n’en avoir rien à faire des soldats qui étaient morts à cause des médaillons. Et les autres soldats non plus d’ailleurs … Ils ne se posaient pas de questions, c’était juste la « fatigue » à leurs yeux. Voilà quel était le problème, le problème dont il ne comptait pas parler à la jeune femme.

« Alors ? S’il te plaît, Tery, ça ne sert à rien de la boucler. Ca n’arrangera pas la chose hein ? Alors raconte-moi tout s’il te plaît. Je n’aime pas te forcer quand même. »

« Sans mentir, ce n’est pas important. Ce ne sont que mes pensées personnelles au sujet de quelque chose. Tu n’as pas à t’en faire. Mais tu peux aussi me lâcher ? » demanda-t-il calmement alors qu’elle s’exécutait.

« Mon but n’est pas de t’imposer quoi que ce soit. Je veux juste que tu évites d’être trop distant avec moi. C’est tout. Nous sommes des soldats mais avant tout, nous sommes des humains. » annonça la jeune femme à la queue-de-cheval blonde.
Il eut un petit rire qui semblait plus nerveux qu’amusé par ce qu’elle venait de prononcer. Tous des humains ? Il n’était pas sûr de ça. Mais il valait mieux pour lui qu’il se taise. Car sinon, il risquait d’être méchant inutilement. Il murmura néanmoins pour la rassurer :

« Ce n’est rien de bien important de toute façon. Tu n’as pas à t’en faire. »

Mais il n’arrêtait pas de lui répéter ça ! Pourquoi est-ce qu’il ne voulait pas plutôt lui dire ce qu’elle avait hein ? Elle le força à le relever avant de l’enlacer longuement. Qu’importe les soldats qui rentraient dans la tente, elle s’en fichait ! Elle souffla dans son oreille :

« Tery … Je n’ai pas envie que tu me caches … quelque chose … Pas toi. Vraiment pas … Tu es trop important pour moi … Alors je ne veux pas que tu me laisses seule. »

« Je n’ai jamais pensé à te laisser seule, tu te fais des idées, là. » répondit-il, plutôt surpris. « Mais quand même, arrête de m’enlacer. C’est plus que gênant et tu le sais parfaitement. »

Elle le savait mais il ne pouvait pas comprendre. Il ne pouvait pas comprendre … pourquoi elle faisait ça. Elle reprit en chuchotant :

« Tery … Tu ressembles tellement à mon grand frère … Et je ne veux pas qu’il y ait de secrets … Je ne veux pas du tout. »
Elle parlait comme une petite fille qu’on avait punie mais il resta de marbre. Son grand frère ? C’est vrai qu’il ne connaissait pas la famille de Clari contrairement à elle qui connaissait un peu sa mère. Pfff …

« C’est trop compliqué et ça me prend la tête pour rien toute cette histoire. Bon … C’est juste par rapport aux soldats morts par les médaillons. Je n’apprécie pas la méthode utilisée, voilà tout. Tu le sais maintenant. Si tu peux me lâcher. »

Elle s’exécuta, le libérant de son étreinte. Et bien voilà ! Elle avait finalement eu gain de cause ! Il fallait juste le pousser un petit pour ça ! Elle lui fit un petit sourire qui disparu rapidement avant qu’elle ne reprenne :

« Si tu veux, je te parlerai un peu de mon grand frère … et de ma famille … Tery. »

« Pourquoi pas ? Ca me permettra de comprendre pourquoi tu réagis toujours de la sorte avec moi. Mais je ressemble … vraiment à lui ? Enfin … A ton grand frère ? »

« Physiquement, c’est le cas. Et un peu aussi dans ta façon de réagir. Tu sais, je l’aimais énormément mon grand frère. » murmura-t-elle doucement.


Aimais ? Il ne posa pas de questions, comprenant parfaitement ce qu’elle voulait dire par là. Il n’avait pas besoin d’être un génie … pour comprendre que son grand frère était mort. Il caressa doucement son dos comme pour lui montrer qu’il restait là … lui.

Elle resta dans ses bras pendant quelques instants tandis qu’il se sentait gêné. Être un grand frère pour une jeune femme plus grande que lui ? C’était spécial … mais il pouvait surement supporter tout cela. Tant qu’il pouvait éviter qu’elle ne soit triste … comme les autres personnes qu’il appréciait, ça serait une bonne chose.

Finalement, il quitta la tente tandis que l’armée devait se réunir pour une nouvelle allocution du roi. Il allait encore faire un discours … mais est-ce qu’il allait parler des soldats ? Il n’en était pas sûr. Est-ce que la vie de simples personnes … qui n’existaient sûrement même pas à leurs yeux … avait une quelconque importance ? Loin de là.

Néanmoins, il se positionna au milieu des autres soldats alors que le roi était en train de faire les cent pas devant eux. Finalement, lorsque la majorité des soldats furent présents, il s’arrêta, observant son armée. Les généraux et la maréchale étaient derrière lui, prêts à l’écouter comme les autres.

« Hum. Nous allons tout de suite commencer par les mauvaises nouvelles. Hier, malheureusement, de nombreux soldats sont morts à cause de la trop grande fatigue causée par le combat contre l’armée mékalarmienne. Je tiens tout d’abord à saluer leurs ardeurs au combat qui nous a permis de repousser les lignes ennemies. »

C’était quand même … surprenant de la part du roi. Il ne disait rien du tout, il n’était pas fou pour prendre la parole devant le roi mais quand même. Le roi tenait à saluer ces personnes … qui s’étaient tout simplement sacrifiées, peut-être sans même le savoir ? Car oui, le roi ne parlait pas des médaillons qui étaient responsables de tout cela.

« Mais néanmoins, nous ne devons pas laisser ses sacrifices en vain. Aujourd’hui et pour le reste de cette guerre, nous devons garder en mémoire tous ces hommes et femmes qui sont morts pour repousser l’envahisseur de notre royaume ! Nous combattrons jusqu’à la fin ! Nous combattrons jusqu’à ce que Mékalarma ne soit plus que des ruines après notre passage car OUI ! Nous ne nous contenterons pas simplement de les repousser mais aussi de rayer leur royaume de la carte de ce monde ! Et cela sera de même pour tous les autres royaumes qui tenteront de s’opposer à nous. »

Des applaudissements et des cris se firent entende autour de lui alors qu’il tapait dans ses mains tout doucement. Au moins, le roi savait comment motiver les troupes. C’était toujours une bonne chose … Enfin, c’est ce qu’il pensait. Le roi d’ailleurs, n’avait toujours pas fini de prendre la parole puisqu’il continua :

« Aujourd’hui, nous allons les repousser à l’extrême limite de notre royaume. Aujourd’hui, nous allons les emmener dans un guet-apens … Un endroit dont ils ne pourront pas s’en sortir puisqu’ils ne connaissent pas notre royaume aussi bien que nous ! Je veux bien entendu parler du désert rocailleux … Endroit funeste où rares sont les personnes à s’en sortir sans carte. Nous allons les piéger à l’intérieur et nous nous chargerons alors de ceux qui arrivent à en sortir. Êtes-vous avec moi, ma fidèle armée ? »

De nouvelles clameurs de la part de ses troupes et voilà qu’ils étaient encore plus motivés à aller se battre. Par contre, le désert rocailleux ? Il devait vraiment arrêter de sécher la lecture des cartes de ce monde. Car oui, il n’était pas au courant de ce fameux désert. Son propre royaume lui était encore inconnu. C’en était pathétique.

Toujours dans la partie qui allait avancer alors que ceux qui étaient blessés restaient en arrière, le jeune homme aux cheveux bruns marchait à pas cadencés en direction de ce fameux désert rocailleux. Accompagné par Clari qui ne le lâchait pas d’une semelle, il observa le décor autour de lui.
Des roches … Des rochers et beaucoup de sable. Il n’y avait que peu de végétation mais les rares arbres étaient les bienvenus, faisant un bon nombre de mètres. Et à partir de là, les zones d’ombre permettaient de les protéger du soleil. Par contre, le terrain était assez accidenté et difficile à parcourir.

« Fais attention où tu mets les pieds, Tery. » murmura Clari alors qu’il ne lui répondait pas.

Il n’était pas particulièrement stu … AH ! Sa tête s’enfonça dans le sable alors qu’il venait de se prendre une racine à peine sortie du sol. Des rires se firent entendre, surtout un qui était très proche de lui. Il se redressa, fronçant les sourcils avant de s’épousseter. Le mieux était de ne pas montrer la gêne et la honte qu’il avait.

« Il vaudrait mieux se méfier des racines des rares arbres. A croire qu’ils sont là depuis des siècles pour avoir des racines aussi grandes. »

« Bien entendu, Tery. Bien entendu … Pas trop de bobo ? » murmura la jeune femme à la queue-de-cheval blonde avec un grand sourire.

« … … … Je vais éviter de te répondre pour ne pas paraître impoli. »

« Roh. Tu ne peux pas dire que je ne t’avais pas prévenu non plus hein ? »

Il avait dit qu’il ne lui répondrait pas et c’était bien ce qu’il comptait faire. Plongé dans son mutisme, il continua de suivre l’armée jusqu’à ce que la maréchale ne les arrête tous. Car oui, c’était elle qui dirigeait les opérations, le roi étant resté dans le campement, accompagné de nombreux généraux. Par contre … Certains soldats avaient à nouveau les médaillons.

« Nous allons séparer la troupe en trois parties … L’une partira en direction de l’est. L’autre vers l’ouest. Quant à la troisième, dirigée par moi, elle ira plein nord. Normalement, nous nous retrouverons rapidement. »

La maréchale fit un petit geste de la tête, invitant Tery à l’accompagner. Clari fit un petit rire mais arrêta aussitôt de sourire lorsque la maréchale lui annonça qu’elle partait vers l’ouest.

« Hey … Mais attendez, maréchale Nali, je préférai réellement accompagner … »

« Hum ? Tu discutes mes ordres ? Je te conseille d’y obéir avant que … »

« Clari, ça t’apprendra à te moquer de tout et de rien. » coupa doucement le jeune homme, espérant que la maréchale ne lui en voudrait pas pour cela.

« … D’accord, j’ai compris. Je vous laisse en tête à tête. » rétorqua la jeune femme avant de s’éloigner sans plus de mots. Quelques sifflements se firent entendre, signe que les soldats étaient stupéfaits qu’elle n’ait pas peur de la maréchale et surtout de ce qu’elle venait de dire.

La maréchale ne chercha même pas à lui répondre, n’ayant pas de temps à perdre avec une telle femme. Néanmoins, il était vrai que Tery marchait toujours à côté d’elle depuis qu’ils étaient rentrés dans le désert. Après, ce n’était pas pour ça qu’il parlait à la femme en armure de plaques noire. Sur le chemin, il observait les alentours, remarquant quelques rares nuages dans le ciel. Hum … Ca ne lui plaisait que moyennement.

« Maréchale … Même si je deviens un peu paranoïaque, je crois que … »

« Nous surveillerons le ciel au cas où. Il vaut mieux être trop prudent que pas assez … dans ce genre de situations. Sinon, cela risque de très mal se terminer pour ne pas changer. »

« D’accord. Il vaut mieux prévenir que guérir alors. »

Elle ne confirma pas ses dires, tout cela lui semblant plus que logique et normal. Pendant qu’ils continuaient de marcher avec une partie des troupes, il observait encore une fois les environs. Il ne voulait pas tomber dans un guet-apens, ça serait si stupide de sa part.
En même temps, il cherchait à tout prix à ne pas causer d’ennuis à la maréchale. Mais est-ce que les soldats mékalarmiens étaient vraiment ici ? Car d’ailleurs, c’était une chose plus qu’étonnante … Pourquoi viendraient-ils ici ? Peut-être qu’il devait poser la question à la maréchale ? Avec discrétion, il souffla :

« Maréchale Nali … Est-ce que l’on est sûr que les mékalarmiens se trouvent ici ? Ils n’ont pas l’air assez stupide pour se diriger vers un tel endroit. »

« Nos éclaireur ont signalés qu’ils se dirigeaient vers cet endroit. Il y a peu de chances qu’ils connaissent le désert autant que nous le connaissons. »

« Mais et si les éclaireurs … » commença à murmurer le jeune homme.

« Là, je pense que tu peux t’abstenir. Des fois, il vaut mieux garder pour soi ce que l’on pense. Ça permet d’éviter de gros problèmes. »

Hum ? Comment ça ? Bon, d’accord, il allait se taire. Et c’est vrai qu’il n’avait aucune preuve de ce qu’il avançait alors bon … C’est juste qu’il voulait éviter que les soldats n’utilisent encore une fois les médaillons. Si les gens apprenaient que cela nécessitait le sacrifice d’une personne ne possédant pas les lignes d’Alzar ou Zélisia …

Bien entendu, lui-même pourrait essayer d’utiliser les médaillons mais il n’était pas sûr qu’il y arrive. Peut-être qu’il devait avoir bien plus confiance en lui ? Oui, ça serait beaucoup mieux pour tout le monde, surtout lui-même. Il regarda discrètement la maréchale. Elle lui avait souvent crié dessus … mais il était quand même content de la connaître.

« Pourquoi est-ce que je pense de telles choses ? »

« Car tu es particulièrement stupide. Maintenant, arrête de parler. »

Ce fut la maréchale qui répliquait aussitôt à ses paroles. Il avait encore pensé à voix haute, c’était quand même problématique mais en même temps, la marche était ennuyeuse car nul ne parlait. Bien entendu, s’il commençait à faire la conversation avec la maréchale, il n’était pas sorti d’affaire mais bon … Au moins, il ne s’embêterait pas.

Une pause fut accordée après une bonne heure de marche. Assis à côté de la femme en armure noire, il observait les soldats qui se désaltéraient, certains créant de l’eau avec efficacité grâce à leurs lignes bleues. Il ne disait plus rien, ne faisant que sourire faiblement à la maréchale quand il avait la chance de voir qu’elle le regardait.

« Je peux savoir pourquoi tu as un sourire niais aux lèvres ? Enfin, encore plus que d’habitude. Si tu le sais toi-même bien entendu. »

« Pour pas grand-chose. Je me contente de peu … et puis bon, je dirai que ça va beaucoup mieux par rapport à ce qui s’est passé hier soir. »

De quoi est-ce qu’il parlait ? Qu’est-ce qui s’était passé hier soir ? Peut-être évoquait-il les soldats qui étaient morts par les médaillons ? Est-ce qu’il avait réussi à tirer un trait sur cette histoire et à ne plus y penser ? Elle espérait pour lui car ça serait dommageable sinon.

« Maréchale … Je voulais vous demander en privé … » murmura subitement le jeune homme, regardant autour de lui pour être sûr de ne pas être entendu. « Qu’est-ce que vous pensez sincèrement des soldats … sacrifiés hier ? »

« Ce que je pense d’eux ? Ils sont morts pour le royaume de Shunter, il n’y a pas plus belle mort. Ils sont morts en héros … malgré eux. »

« Et sinon, vous n’en pensez rien de plus ? Du genre que c’est une mauvaise chose non ? Je ne sais pas … J’ai l’impression d’être le seul à me préoccuper de ce qui s’est passé. »

« Tu es sûrement le seul, oui. » répliqua-t-elle sèchement.

« Je m’en doutais … Ca m’apprendra de toute façon. » marmonna le jeune homme, perdant le sourire qu’il lui avait arboré auparavant.

« Au moins, il y a toujours quelqu’un qui pense à eux … ce qui n’est peut-être pas forcément vrai pour tous les autres. Si c’était aussi simple que ça, combattre dans l’armée serait un plaisir. Or, est-ce que tu ressens du plaisir en faisant ce travail ? »

« Avec tout ce qui se passe autour de moi, je ne suis plus vraiment sûr, maréchale. »

« C’est bien ce que je pensais … Après cette guerre, tu pourras sûrement quitter l’armée si tu le désires. Tu ne seras pas le seul à demander une telle chose. Essaye d’y réflé … »

« Pour l’heure, je veux surtout vous servir, maréchale. Ce n’est pas l’armée que je sers … seulement les personnes que je trouve proches de moi. » coupa-t-il faiblement.

« Encore et toujours le même discours … Cela m’exaspère, Tery. »

Et pourtant, elle poussa un soupir car ce n’était pas la première fois qu’il disait une telle chose. Qu’est-ce qu’elle avait de si spécial pour qu’il soit aussi collant avec elle mais aussi son idée de la servir … qu’elle ? Il n’était pas un preux chevalier ! Juste un simple soldat !

Chapitre 43 : Sacrifiés

ShiroiRyu
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Chapitre 43 : Sacrifiés

L’annonce de la future offensive avait été annoncée pour le lendemain, au beau milieu de la journée. En même temps, ses pensées étaient occupées par la maréchale. Est-ce qu’il n’était pas en train d’avoir un faible pour elle ? C’était bête mais il devait sérieusement y penser quand même. Mais après, si ce n’était pas réciproque, ça ne servait à rien de se faire des illusions. En même temps, il ne devait pas nier qu’il avait un peu … de sentiments envers Elen.

« Clari ? Pourquoi c’est si compliqué ? » demanda alors que la jeune femme se trouvait comme à son habitude au beau milieu de sa tente.

« Dis-moi de quoi tu parles et ensuite, je verrai si je peux te répondre ou non. »

« Et bien, comment te dire à ce sujet … En fait, non, ça ne sert à rien de te parler. Disons que ce n’est pas aussi important que ça aurait pu l’être. Désolé, c’était une fausse alerte pour être poli. Ne m’en veut pas hein ? Je sais bien que … Oh … Bon, désolé encore une fois. »

Elle cligna des yeux plusieurs fois, essayant de lire dans le cerveau du jeune homme ou du moins dans ses pensées. Dommage mais ça ne servait à rien du tout. Il fallait dire que le jeune homme avait demandé quelque chose d’assez étrange. Elle allait devoir le surveiller un peu mais après ce qui s’était passé hier … Et bien, disons qu’elle était heureuse pour lui.

« Mais quand même, tu n’aimes pas Elen déjà ? »

« Hein ? Qu’est-ce que tu racontes ? Bien sûr que non … Enfin, je ne crois pas. Disons que … c’est compliqué de ce côté-là. Et puis, il y a aussi la maréchale en même temps et … »

« Hahaha. Tu es pris au piège ! C’était bien de ça dont tu parlais en fait ! Alors, tu craques pour la maréchale et Elen en même temps. Dur, dur … Tu devras faire un choix car je ne crois pas que l’un et l’autre apprécient que tu essayes de flirter avec les deux en même temps. »

« Ce n’est pas du tout mon intention. Ne raconte pas n’importe quoi … encore une fois, merci bien. C’est juste que j’aie autre chose en tête, voilà tout. » marmonna-t-il, confus.

« Oui bien entendu. Mais bref … Si c’est si compliqué, n’y penses pas, sauf au moment venu d’accord ? Je fais un peu comme ça avec toi … Enfin, chez moi, c’est encore plus compliqué mais chut, tu n’as rien entendu hein ? »

Oui, bien entendu. Mais quand même, c’est vrai qu’elle était un peu bizarre. Il ne savait pas tellement de choses à son sujet mais qu’importe. Ce n’était pas pour elle qu’il faisait tout cela, loin de là même. Aller ! Un peu de concentration, il devait prendre sur lui-même et se préparer pour l’offensive. Mais quand même …

« Elle m’a demandé de faire attention à moi … quoi. Ce n’est pas dans ses habitudes. »

« Manelena s’inquiète de son petit Tery ? C’est pourtant normal. Par contre, si on prend ça autrement, ça veut dire que demain, ça risque de chauffer. »

Oui, c’était plutôt comme ça qu’il devait penser. Demain allait être une sacrée journée pour livrer bataille, si bien entendu, ils ne faisaient pas attaqués avant. Mais les mékalarmiens n’étaient quand même pas assez fous pour ça, n’est-ce pas ? Enfin, c’est ce qu’il espérait car il ne voulait pas que tout part dans tous les sens.

Finalement, il fut l’heure de lancer une nouvelle offensive. Contrairement à ce qu’il avait pensé, les mékalarmiens n’avaient pas pensé à les attaquer pour profiter de la légère confusion. Enfin bref, ce n’était pas bien important. Alors qu’une nouvelle partie de l’armée de Shunter se dirigeait vers l’endroit où la première attaque avait été faite, lui restait non-loin de la maréchale. Avec la mort de sa monture, elle marchait comme les autres.

« Maréchale, il faudrait prévenir ceux qui sont capables de dénicher les pièges. »

« Hum ? C’est déjà le cas, ne t’en fait pas. Tu ne vois pas les éclaireurs devant nous ? Ils sont spécialisés dans cela. La majorité est capable de repérer tout ce qui ressemble à un piège à plusieurs mètres sous terre ou dans le ciel. »

« Je vous fais confiance, maréchale. C’était juste un signalement comme ça … pour éviter les erreurs de la dernière fois. » dit-il faiblement, ayant eu peur d’avoir annoncé une bêtise.

« Après ce que je leur ai dit, ne t’inquiète donc pas à ce sujet. Ils ne risquent pas de commettre ne serait-ce qu’une erreur. »

Il eut un petit rire. Si la maréchale s’énervait ou commençait à donner des ordres, c’était sûr qu’il valait mieux les respecter. Bon, au moins, il était déjà un peu plus rassuré par la suite des évènements. Après, Clari n’était pas très loin, Olin était avec d’autres soldats … et les autres membres de l’expédition d’Honoros étaient dans la réserve avec une partie de l’armée.

Mais bon, après le rire, elle tourna son visage casqué en sa direction. Oups. Peut-être qu’il n’avait pas le droit de rire ? Surtout pas de ses propos ? Il chercha à s’excuser mais elle ne vint rien dire, l’observant juste en silence. Quoi ? Il avait une tâche ? Ou quelque chose du genre ? Il pouvait remarquer ses yeux rubis à travers le casque, ils étaient comme deux rubis.

« Hum … Tery, je te rappelle au passage ta proposition ? »

« Hein ? Laquelle ? De quoi vous parlez, maréchale ? Ma proposition ? Ce n’est quand même pas de celle dont je pense non ? Enfin, je ne l’ai pas oubliée si c’est ça »

« Nous allons terminer cette guerre et ensuite, je respecterai cette proposition. » annonça la maréchale alors que déjà, quelques oreilles indiscrètes écoutaient leur conversation.

« Ohla, vous n’avez pas à respecter quoi ce que cela, maréchale. »

« … … … Je suis libre de dire ce que je désire, Tery. Ne te force pas à me contrarier, cela risquerait de poser un léger problème. »

« Ce n’était pas du tout mon intention, maréchale. Je suis même plutôt content d’apprendre cela … mais surtout que vous parlez d’une telle chose alors que nous sommes sur le champ de bataille. » termina de dire Tery, rigolant une nouvelle fois.


D’habitude, c’était plutôt lui qui commençait ce genre de discussions qui étaient bien différentes de celles que l’on avait sur le terrain. Mais bon, il n’était pas contre de telles paroles de la maréchale, ça prouvait qu’elle changeait … et en bien à ses yeux.

Mais ce n’était pas le moment de la sorte. Disons qu’il y avait des choses bien plus importantes à l’heure actuelle. Il marchait à côté d’elle, ne cherchant à s’éloigner. Il servait la maréchale, c’était un peu sa fierté. Non pas qu’il le pensait d’une manière hautaine mais il était fier de la maréchale, de ce qu’elle était réellement, ce qu’elle représentait. Ça n’avait rien à voir avec les autres généraux et haut-gradés de l’armée. Elle était tout simplement … différente d’eux. Un autre éclat … Une sorte de perle.

« Je me demande pourquoi je pense à une chose aussi stupide. » marmonna-t-il, un peu surpris par ce genre de pensée absurde.

« Car tu l’es à la base, Tery. Comme ça, tu es maintenant au courant. » répliqua la maréchale sans pour autant le regarder. Il rigola en l’écoutant. Elle avait toujours le mot pour dire une telle chose. Enfin … bon … Par contre, un regard sur certains soldats et il avait remarqué quelque chose de bizarre … et inquiétant en même temps.

Pourquoi est-ce que … certains soldats portaient les médaillons ? Il parlait bien des médaillons qu’il avait eu tant de mal à récupérer avec Clari et la maréchale ! Bien entendu, les quinze médaillons n’étaient pas présents mais ce n’était clairement pas ça le problème ! Le problème, c’est qu’ils étaient à côté de lui. Comme si la maréchale avait lu dans son regard, elle murmura faiblement :

« Quand ils les utiliseront, tu t’éloignes et tu écoutes mes ordres. »

« Maréchale … Pourquoi les utilisent-ils ? Est-ce que c’est … sûr ? »

« Je ne peux pas te répondre, Tery Vanian. Tu n’es qu’un simple soldat. » souffla-t-elle avec neutralité ou du moins, essayant de l’être.

Pas rassuré … Il n’était pas du tout rassuré par la suite des évènements, loin de là même. Quelque chose préparait et ça risquait d’être très vilain, plus que vilain. Il devait faire confiance en la maréchale non ?

Et c’était le cas. Il n’avait pas à s’inquiéter de ce qu’elle disait. Du moins, pas de cette façon. L’armée mélakarmienne n’était plus très loin et en même temps, les pièges étaient retiré avant qu’ils ne soient actifs. Heureusement qu’ils avaient des personnes qualifiées pour ce genre de métiers car lui, il avait surtout eut de la chance de penser à cela sur le moment.
L’armée mékalarmienne … Elle avait toujours ses canons avec elle. De lourds tubes de métal qu’elle portait sur ses épaules pour projeter des obus de différents éléments chez eux. C’était une invention extraordinaire … mais il était sûr d’une chose : il n’y avait pas que ça. Des épéistes, des lanciers, des archers, les deux armées n’étaient pas si différentes en soi … Mais quand on cherchait à les comparer, on pouvait voir de quelle côté la technologie avait décidé de faire son office. Oui … L’armée de Shunter n’avait pas grand-chose à voir par rapport à l’armée de Mékalarma. Déjà, les quelques soldats qui avaient les médaillons se positionnèrent devant les autres, l’armée ennemie reculant légèrement.

« Tery … Contemple donc la puissance de ces médaillons. » murmura la maréchale.

Ah bon ? Comment ça ? Il ne fallut attendre plus longtemps pour qu’il voie de quoi elle parlait. Plusieurs lueurs commencèrent à apparaître dans l’armée de Shunter, des lueurs de différentes couleurs Des rouges, des bleues, des vertes, des jaunes et des brunes. En y réfléchissant rapidement, il exagérait peut-être mais cela semblait correspondre aux éléments des différents médaillons …

Mais quand même … Ce qui se passa fut d’une extrême violence. La terre se fendit sous les pieds de l’armée mékalarmienne, puis ce fut au tour du ciel de gronder, abattant sa foudre en de nombreux endroits … De même, des vagues gigantesques sortaient des failles crées par les médaillons. C’était tout simplement … plus qu’imposant. Mais comment était-ce possible ? Il ne fallait même pas parler de la pluie de feu qui accompagnait les éclairs ou alors des tornades d’une dizaine de mètres qui venaient balayer l’armée mékalarmienne.

« Euh … C’est vraiment aussi puissant que ça ? Comment ça se fait qu’on ne les utilisait pas auparavant ? Car avec une telle force, c’est étonnant. »

« … … … Tu n’as pas besoin de le savoir, Tery. Tu es assez malin pour le deviner seul. »

« Je ne me sens pas vraiment en confiance quand vous dites cela mais je comprends. »

Il comprenait parfaitement en voyant ce qui se passait devant ses yeux. Pfiou … Une telle déferlante et pourtant, les mékalarmiens ne reculaient pas. Du moins, pas dans leur totalité, mais ils étaient surpris, plus que surpris. De même, ils ne pouvaient pas utiliser ce genre de tactiques puisqu’ils n’avaient plus de médaillons.
Qu’est-ce que ça devait être si quelqu’un utilisait plusieurs médaillons en même temps ? Il se l’imaginait … et ça ressemblait plus à une fin du monde qu’autre chose. Rien de bien joyeux quoi. Il valait mieux oublier ce genre d’idées … Mais avec la maréchale à ses côtés, ils observaient les soldats en train de combattre, galvanisés par l’effet des médaillons sur l’armée ennemie. Il reprit calmement :

« C’est quand même une bonne chose ces médaillons. »

« … Tery Vanian, réfléchis un peu à tes propos et à ce qui se passe … s’il te plaît. »

« Si c’est vous qui me le demandez, je ferai mieux de vous obéir, maréchale. » murmura le jeune homme, encore un peu abasourdi par ce qu’elle venait de dire.

Il fallait dire qu’il n’avait pas l’habitude des politesses de la maréchale. Mais après, c’était vraiment très loin d’être déplaisant quand on l’écoutait hein ? Très très loin même. Pfiou … Et dire que pour l’instant, il n’avait pas à combattre.


Il ne faisait qu’observer la situation qui se profilait au loin. L’armée mékalarmienne combattait fièrement contre celle de Shunter mais avec les pertes engendrées à cause des médaillons, c’était plus un combat désespéré qu’autre chose. Finalement, les batailles n’étaient pas aussi longues et éreintantes qu’il ne l’aurait cru. Peut-être que c’était ainsi quand on commandait une armée ? On restait en retrait ? Non, il savait parfaitement que ce n’était pas le cas, loin de là même. Mais pour le moment, il n’avait pas besoin de se battre … La maréchale elle-même restait sur place, ce qui l’étonnait.

« Maréchale … D’habitude, vous êtes en première ligne pour vous battre. »

« Et généralement, je t’envoie te faire tuer … Mais pour le moment, tu restes en retrait et tu regardes l’armée se battre. Nous n’avons pas à agir. »

Voilà la réplique qu’elle venait de lui donner. C’était toujours très joyeux à entendre, rien que ça. Mais bon, il y avait quelque chose qui clochait … comme avec les pièges des mékalarmiens sauf qu’ici … Il avait l’impression que le piège était de leur côté … et visait les soldats de Shunter, ce qui serait problématique.
Pfiou ! Peut-être qu’il s’imaginait des choses, ça ne serait pas la première fois que ça lui arriverait. Mais en même temps, ce n’était pas pour cela qu’il devait avoir totalement confiance en ce qui se passait ici. Bon … Prendre une profonde respiration et rester calme. Ce n’était que ses pensées sur le moment, rien d’autre.

« Maréchalen, est-ce qu’il se pourrait que ces médaillons soient bien plus que ça ? Même si ça commence à dater, je crois me rappeler de ce qu’Elen m’avait dit au sujet des médaillons. Enfin, je ne suis plus sûr si c’est elle ou non. »

« Si tu commences à percevoir le problème derrière ces actions et ce qui se passe ici … Tant mieux, ça m’évitera de t’expliquer la situation. »

« Mais pourquoi vous ne faites rien alors ? Ce n’est pas normal non ? Vous devriez faire quelque chose contre ça, non ? » dit-il en espérant que la maréchale allait lui répondre.

« … … … Ce n’est pas à moi de faire ceci. »

« Mais attendez un peu ! Vous n’allez quand même pas … Je ne comprends pas. » balbutia Tery, cherchant à savoir pourquoi … aucun ne réagissait. Plusieurs personnes étaient au courant, plusieurs, n’est-ce pas ? Dont elle.

Il devait patienter … Il allait rester neutre et stoïque. Il n’allait rien dire et juste attendre que ça se passe. Et quand ça arriverait, il verrait alors en temps et en heure comment réagir. L’armée mékalarmienne était maintenant hors de sa portée de vue.
Et il revoyait l’armée shunterienne qui retournait vers eux, heureuse et victorieuse. Bien entendu ,l’adversaire n’avait pas été totalement éradiqué mais cette victoire permettait de remonter le moral des soldats. Oui … Mais à quel prix, n’est-ce pas ? Il poussa un léger soupir désabusé avant de se retourner.

« Que fais-tu, Tery Vanian ? » demanda la maréchale, ne bougeant pas de sa place.

« Je ne pense pas qu’il faut rester ici … Je ne préfère pas. »

« Tery … Vanian … Regarde ceux qui ont utilisé les médaillons et constate leurs effets. »

Bien entendu. Puisque c’était un « ordre » de la maréchale. Il tourna encore une fois sur lui-même avant de poser son regard sur les différents hommes qui portaient les médaillons autour du cou. Qu’est-ce qu’il y avait de spécial avec eux ?

Ah ! Oui ! Ils semblaient vraiment exténués et épuisés … mais en même temps, ils étaient heureux. Ces médaillons devaient demander une quantité importante d’effort et de magie. C’était normal qu’ils soient dans un tel état non ? Ou alors, il se trompait lourdement.

« Ça n’a pas l’air d’aller fort d’après ce que je vois. »

« Attends ce soir ou demain matin, tu auras le résultat d’une telle utilisation. »

D’accord. Il ne faisait qu’écouter les paroles de la maréchale de toute façon. Mais là, il ne se sentait plus du tout en confiance maintenant. Ce n’était pas bon pour lui, pas bon du tout même. Pfiou … Il devait prendre un peu sur lui et voir les résultats bien assez tôt. Ils rentrèrent tous au campement, fêtant cette victoire acquise.
Lui ? Il était avec Clari, comme à son habitude, mangeant dans son coin ou plutôt en essayant de manger. Il avait du mal … beaucoup de mal. Il avait un poids dans le ventre et il cherchait une explication à cela. Peut-être était-ce parce qu’il savait à moitié ce qui allait se passer pour ces hommes ? Sûrement, oui … Et en même temps, Clari le regardait avec un petit peu d’étonnement et d’inquiétude, lui demandant :

« Tu es sûr que ça va, Tery ? T’as l’air plutôt pâle. »

« Disons que je n’ai pas vraiment trop faim … Et toi ? Tu as vu comment ça s’est passé ? »

« C’était plutôt violent, oui ! Ils ont tout balayé sur leurs passages ! » dit-elle avec entrain.

« Oui mais bon … Ca ne te semble pas un peu intriguant tout ce qui se passe ? Je veux dire, j’ai l’impression qu’il y a quelque chose qui cloche mais je ne sais pas vraiment quoi. Je suis peut-être le seul à me poser des questions. »

« Au sujet des médaillons ? Tu n’es pas le seul … mais malheureusement, ce n’est pas à nous de nous poser des questions à ce sujet, je suis désolée, Tery. »

Il haussa les épaules pour bien montrer que ce n’était pas trop grave. De toute façon, il devait se préoccuper d’autre ch …

« AH ! BORDEL ! Qu’est-ce qui se passe ?! »

Un cri se fit entendre alors qu’ils sortaient aussitôt dehors. Justement, il se passait quoi ? Les deux personnes se dirigèrent vers l’origine des cris, voyant un soldat au sol, raide comme un piquet. Il poserait bien une question stupide mais quelqu’un se chargea de le faire à sa place.

« Est-ce qu’il … Est-ce qu’il est mort ? »

« Il s’est écroulé et il ne bouge plus et ensuite … »

« PUREE ! Qu’est-ce qui te prends mon gars ? » cria une nouvelle voix mais sur la droite. Déjà, de nombreux soldats se dirigeaient vers l’origine des cris. Qu’est-ce qu’il y avait encore hein ? Les problèmes s’accumulaient alors qu’ils étaient en train de se reposer ? Quelle bonne blague ! Sauf qu’elle n’avait rien de drôle, cette blague !

Voilà que les soldats découvraient un second corps couché sur le sol. Un corps qui ne bougeait plus et ne respirait plus. Et encore un cri … Un autre cri … Mais cette fois-ci, il ne bougeait pas au contraire des autres soldats. Clari restait à côté de lui. Il se tourna vers elle, ses yeux posés sur son visage avant qu’il ne dise :

« Je suis sûr que ce sont les médaillons qui sont responsables de ça … Tu crois que les autres vont le remarquer ou non ? J’espère … »

« Je ne suis pas sûre. Ils ne se poseront pas plus de questions que cela … sauf si ça se répète. Et cela dépend des généraux … Ils sont au courant des médaillons et de leurs effets. »

« Donc en clair, ils s’en fichent royalement. Je préfère retourner dans ma tente pour ne pas être dégoûté par tout ça, désolé Clari. »

Elle haussa les épaules avant de murmurer qu’elle comprenait parfaitement ce qu’il pensait. Mais maintenant, ce qui était fait était fait. Il se dirigea vers sa tente, voyant que la maréchale se tenait debout, les bras croisés devant la sienne. Son regard se posa sur lui alors qu’il arrivait devant sa tente.

« Je vois maréchale … ce que vous vouliez dire. »

« Si tu as compris les problèmes encourus, je n’ai rien d’autre à rajouter alors. »

« Oui. Je les comprends très bien … Ce qui serait encore mieux, c’est que tous les autres le comprennent aussi et ça … Je ne suis pas sûr que ça soit le cas malheureusement. »

Elle ne lui répondit pas. Il s’enfonça dans sa tente, se couchant sur son lit avant de jeter un œil à ses livres. Il n’était même pas motivé … Les généraux envoyaient des soldats pour … se sacrifier … en utilisant les médaillons. Voilà ce qu’il avait appris aujourd’hui.

« Quelle belle leçon que je viens d’apprendre. » s’écria-t-il avec ironie pour être sûr que Manelena entende bien ce qu’il dise. Rapidement, la femme en armure noire vint dans la tente, se faisant plus que menaçante avant de lui dire :

« Je te conseille de te taire, Tery. Si les autres soldats apprennent de ta bouche qu’ils sont envoyés à la mort … Tu risques de ne pas apprécier ce qui t’attends. »

« Je ne fais que dire la vérité, Manelena. C’est une leçon de vie … dont je me serai bien passé … si j’avais eu le choix bien entendu. »

« Tu crois que la vie est faite uniquement de choix ? Tu te soumets à ton destin car justement, tout est régulé par les évènements. Tu ne peux qu’accepter la fatalité qui s’abat sur ta misérable personne. Et encore, tu as de la chance, tu possèdes les lignes te permettant d’utiliser ces médaillons sans aucun problème. »

« Oui mais dommage que ça ne soit pas le cas de tout le monde. Maréchale, est-ce que je peux me reposer si ça ne vous dérange pas ? » murmura-t-il faiblement. Elle hocha la tête, quittant la tente alors qu’il se couchait sur le ventre dans son lit. C’était ça … l’armée … et la guerre. On utilisait les soldats à sa guise … qu’importe ce qu’ils devaient faire.