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Chapitre 12 : En perdition

ShiroiRyu
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Chapitre 12 : En perdition

Ah … Bon … Le voyage était terminé. Cela avait pris quelques jours mais ils étaient de retour à Midès. Elen lui avait écrit une lettre, lui signalant qu’elle avait quitté la capitale de Shunter car elle ne l’avait pas vu malheureusement. Il signala qu’il en fut aussi très attristé mais qu’il espérait la voir l’un de ces jours, voir très rapidement. Il essayait d’appliquer un peu les paroles de sa mère, demandant aussi à la jeune femme si elle pouvait lui renvoyer une image la représentant le plus tôt possible.

« Et bien, tu écris une lettre à ton amour de toujours, Tery ? » demanda Clari alors que le jeune homme venait d’envoyer la lettre après avoir terminé d’écrire.

« Ce n’est pas mon amour de toujours, ne raconte pas n’importe quoi. Ma mère m’a dit d’essayer de lui écrire des choses gentilles … Enfin, je ne me rappelle pas exactement ce qu’elle a dit, enfin, je ne sais pas l’expliquer et … »

« Tu contes fleurette à Elen ? » dit la jeune femme aux yeux verts comme les siens, paraissant surprise en reprenant : « Oh … Tu deviendrais donc un véritable homme de la société ? Si tu voulais des conseils pour essayer de prendre son cœur si ce n’est pas déjà le cas, tu n’avais qu’à me le demander des conseils hein ? Je … »

« Mais qu’est-ce que vous racontez toutes les deux ? Toi et ma mère, vous vous faites des illusions ! Moi et Elen, il n’y a rien entre nous ! Rien du tout ! Arrêtez de croire des choses comme ça ! Ça devient vraiment … »

« Qu’il est mignon, le petit Tery qui s’emporte en rougissant. »

Hein quoi ? Il rougissait ? Tsss ! Il était sûr qu’elle disait n’importe quoi, Clari ! Pfff … Il n’était pas gêné ou en train de rougir, c’était n’importe quoi. C’était juste que … Bon … Sa mère lui ait donné des conseils quand même sacrément bizarres. Il n’était pas quelqu’un de la haute société alors bon… Il regarda Clari du coin de l’œil, se demandant si elle allait partir de sa chambre ou non. Maintenant qu’ils étaient de retour, ils n’avaient pas à dormir ensembles ! En fait, ils n’avaient pas à dormir ensembles, qu’importe le moment !

« Bon, tu pars quand de ma vie, Clari ? J’aimerai bien être tranquille. »

« … … ..C’est vraiment très méchant de ta part, ça. » murmura t-elle avec lenteur, baissant les yeux tout en se demandant ce qu’elle avait fait pour mériter une telle appellation.

« … … … Euh, tu rigoles, n’est-ce pas ? Je ne voulais pas te blesser par mes paroles, Clari. Pas du tout … C’est juste que bon … Des fois, tu t’amuses avec mes sentiments et alors, ça me fait un peu mal de te voir toujours rire, toutes ces choses … » marmonna le jeune homme, ouvrant les bras comme pour lui signaler qu’elle pouvait venir s’y engouffrer. Elle ne s’en priva pas, restant muette pendant quelques secondes avant de ricaner.

« Si facile … Vraiment si facile de te manipuler, Tery. Si moi, j’y arrive, je ne sais pas ce que cela pourrait donner avec Elen. »

« Si tu parles du fait que j’ai accepté ça, c’est que je me doutais que tu réagirais comme ça. A force, je commence à te connaître, Clari. » termina t-il de dire en la faisant quitter ses bras.

Elle tira la langue tout en émettant une nouvelle mine boudeuse, le jeune homme haussant simplement les épaules. Bon … Si elle avait terminé, est-ce qu’elle pouvait enfin quitter sa chambre ? Ils n’avaient pas encore été félicité pour la réussite de la mission et même si ce n’était pas forcément très important. Cela lui permettait quand même de savoir que l’armée était au courant qu’il n’y avait plus à s’inquiéter pour les soldats de Traslord près du village où habitait sa mère.

Pourtant, elle ne partait pas, restant avec lui jusqu’à ce qu’un soldat ne vienne toquer à sa porte. Il demanda ce qui se passait, le soldat signalant que tout le monde devait se rendre sur la grande place, la maréchale ayant une annonce importante à faire. Ah ! La maréchale ! Le visage du jeune homme s’éclaira subitement, Clari semblant songeuse devant la réaction de Tery, enfin … Il était assez grand pour savoir ce qu’il devait faire. Ils quittèrent la chambre deux minutes après, se rendant sur la grande place où bon nombre de soldats de Shunter étaient présents, que cela soit des gradés comme des bleus.

« Tu penses qu’elle va nous signaler quoi, Tery ? » chuchota Clari, le jeune homme haussant les épaules pour lui dire qu’il n’en savait rien du tout.

La maréchale passait devant eux, jetant un bref regard rubis au jeune homme avant de continuer son chemin. Elle attendait visiblement que les retardataires viennent à leur tour, semblant faire preuve d’une patience infinie bien qu’il voyait parfaitement qu’elle semblait en colère. Aie, aie, aie … Quand même … Il valait mieux ne rien dire au cas où, une simple mesure de précaution. Finalement, les dernières personnes arrivèrent, la maréchale s’immobilisant devant lui. Les gradés étaient tous alignés derrière elle, les mains dans le dos.

« Je ne vais pas tergiverser très longtemps en vous faisant un discours digne des plus grands généraux militaires de toutes les époques. Nous sommes en guerre et vous le savez tous très bien. La grande majorité d’entre vous ont déjà eu affaire aux autres royaumes, la plus récente bataille venant d’être gagnée grâce aux hommes envoyés au village de Leskar. Mes félicitations d’ailleurs à ce sujet, il semblerait que d’après mes renseignements, les gnomolds furent aussi de la partie. »

Wow ! Il venait de recevoir un compliment de la part de la maréchale ! C’était si unique … ou presque … Enfin, il savait qu’il n’était pas le seul à être ciblé dans ses paroles mais bon. Il ne put s’empêcher de sourire assez bêtement à ces paroles, la maréchale s’arrêtant devant lui. Il se prit un violent coup de poing au ventre, le faisant s’arquer en avant de douleur.

« Je disais donc … Comme vous l’avez remarqué, chaque royaume nous attaque.  Honoros s’en prend au nord-est du royaume, Traslord nous envahit par le sud-est tandis que Claudiska semble s’occuper en grande majorité de l’ouest voir plus précisément du sud-ouest. Quant à Mekalarma, nous n’avons pour l’instant aucune nouvelle à leur sujet. Des questions ? »

« J’en … J’en ai une … Pourquoi m’avoir frappé ? » bafouilla Tery, toujours à moitié penché en avant à cause de la douleur. Plusieurs murmures passèrent parmi les soldats et les gradés avant que chacun se résigne à ne rien faire ou dire. Le cas de Tery était maintenant parfaitement connu dans l’armée de Shunter. Masochiste ou alors simple idiot ? Les rumeurs allaient bon train mais toutes tournaient vers un seul constat : lui et la maréchale n’étaient jamais en très bon termes. Surtout que celle-ci n’hésitait pas à lui montrer à quel point elle le détestait en le frappant de nombreuses fois.

« Je disais donc … Y a-t-il des questions ? Si ce n’est pas le cas, vous pouvez rompre. » reprit la femme en armure noire, ignorant superbement le jeune homme.

Ouais bon … Il fallait s’en douter, n’est-ce pas ? Ah … Ah … Il reprit une position plus correcte, Clari rigolant à moitié bien qu’elle ne le montrait pas. Elle connaissait l’habitude de la maréchale de lui faire mal bien que depuis un certain épisode, ce n’était pas aussi violent qu’à ses débuts. Il fallait dire qu’avec ses lignes d’Alzar, le jeune homme était très utile pour la maréchale et l’armée de Shunter. Il valait mieux alors ne pas gâcher tout le potentiel qu’il pouvait représenter.

Pourtant, avant de rompre les rangs, un messager courut en direction de la femme en armure noire, une lettre à la main. Comme si il avait fait une centaine de kilomètres tandis qu’il semblait exténué. Il tendit la lettre, restant immobile pendant que la maréchale ouvrit la lettre pour la lire. Elle parut surprise bien que cela était invisible de tout le monde sauf de Tery. A force d’essayer de voir sous son casque et surtout de savoir ce qui se trouvait sous cette armure, il avait commencé à deviner ses émotions. Alors là, il sentait qu’il y avait un souci mais quoi ? La maréchale se tourna vers le messager, lui demandant :

« Est-ce sérieux ? Cela m’étonne quand même … »

« C’est tout ce qu’il y a de plus sérieux, maréchale Nali. »

« C’est bien la première fois qu’il va faire une telle chose. Enfin bon … Tu peux aller le prévenir que nous serons tous prêts pour cela. »

Elle lui rendit la lettre qu’elle avait froissée dans sa main droite. Le messager s’inclina respectueusement devant elle avant de courir une nouvelle fois. Ah ? Encore capable de faire la course ? Ca méritait le respect, hahaha. Bon … Euh … Maintenant, est-ce qu’ils devaient partir à leur tour ou non ? En regardant les autres soldats, il comprit qu’aucun ne comptait bouger, signe qu’ils attendaient tous que la maréchale reprenne la parole. Celle-ci fit plusieurs pas de gauche à droite, réfléchissant à la situation. Nul n’osait lui poser une question, chacun étant immobile, aucune respiration ne se faisant entendre.

« … … … Le roi va prononcer un discours. »

Tout le monde fut choqué ou presque. Même lui … Il n’avait jamais vu le roi auparavant. Ayant habité dans le village de Leskar pendant toute sa jeunesse, il n’avait jamais eu cette chance … Le roi Theor ? Le véritable roi allait faire un discours ? Mais quand ? Où ? Est-ce qu’ils allaient l’apercevoir ? Il tourna son visage vers Clari, celle-ci paraissant aussi surprise que lui sur le coup. C’était … C’était …

« Clari, tu n’as jamais vu le roi, toi ? » demanda t-il avec lenteur.

« Jamais … Je ne l’ai jamais vu … oui … Je ne sais même pas à quoi il ressemble. »

Euh … Alors, ils étaient deux à ce sujet car lui non plus ne savait pas à quoi ressemblait cet homme … qui était au sommet du royaume de Shunter. Voilà qu’il commençait déjà à se l’imaginer sous différentes formes, plus ou moins différentes. Par contre, c’était étonnant mais il ne se rappelait pas … d’avoir entendu parler d’une reine. Le roi n’était pas marié ?

Et puis à la base, en quoi ça le concernait ? C’était quoi cette question absurde ? Il se posait la question tandis qu’il attendait de voir si Clari avait quelque chose à dire. Néanmoins, la jeune femme aux couettes blondes restait muette. Lui comme elle, étaient visiblement muets, ne sachant pas quoi dire. La maréchale reprit la parole :

« Le roi fera son discours dès demain. Pour aujourd’hui, vous avez quartier libre ou presque pour la majorité d’entre vous. »

Son regard rubis se posa sur Tery, celui-ci sursautant sur le coup. Qu’est-ce qu’il avait fait de mal cette fois-ci ? Rien … Rien du tout hein ? Hein ? Qu’il sache, il n’avait pas créé de problèmes ! C’était elle qui l’avait frappé auparavant ! HEY ! Qu’on ne lui mette pas de fautes sur son dos alors qu’il n’avait rien fait cette fois ! Pourtant, elle lui fit un geste de l’index pour l’intimer de la suivre. Gloups … Il détestait ça.

« Allez, courage, Tery. Tu sais très bien que ce n’est qu’un mauvais moment à passer ! »

Clari lui chuchotait ses quelques mots alors qu’il s’avançait, un peu tremblant à l’idée de suivre la maréchale Nali. Ah … Comme d’habitude, il avait peur … peur d’elle … et en même temps … Il était excité. C’était bizarre de ressentir de l’excitation non ? Pourtant, tous les soldats se dispersaient alors que la maréchale et lui restaient face à face. Même sa garde personnelle … n’était plus là.

« Accompagne-moi Tery, il y a quelques petits points à mettre au clair entre nous. »

« Si c’est pour me faire frapper, je préfère que ça soit maintenant, ici et que ce ne soit pas trop douloureux, maréchale Nali. » bafouilla le jeune homme.

« Si tu l’ouvres encore une fois, je peux te trancher maintenant, ici et cela risque d’être indolore en vue de a vitesse à laquelle ta tête quittera ton tronc. »

« … … … J’aurai mieux de me taire. » répondit-il avec lenteur.

« Tu aurais mieux de te taire. Maintenant, suis-moi. » conclut la femme en armure noire.

Bon d’accord, il allait la suivre. Il n’avait pas vraiment le choix de toute façon … Bon … Autant se rendre sur le lieu de sa mort … Il accompagna la maréchale, la suivant de dos sans réellement savoir où il allait être emmené. Pourtant, ce fut dans la salle où il s’était entraîné il y a de cela plusieurs mois … voir peut-être plus d’une année maintenant ?

« Euh … Si c’est pour me faire massacrer, maréchale Nali, je préfère encore retourner dans ma chambre. C’est une question de survie. »

« Sais-tu … Tery … Ce qu’est ton plus gros problème dans l’armée de Shunter ? Et quel est le plus gros problème que tu causes à l’armée de Shunter ? »

« … … … Je ne vois pas du tout, maréchale Nali. »

« Le plus gros problème que tu causes à l’armée, ce n’est pas ton manque de discipline. Non, tu es discipliné, tu obéis aux ordres et tu es un bon élément. Non … Ce n’est pas ça du tout. C’est ta familiarité avec la personne qui représente la plus haute instance militaire du royaume. Au cas où tu ne le saurais pas, cela veut dire, moi. »

« Hein ? MAIS NON ! Je n’ai jamais voulu être familier avec vous, maréchale Nali ! Je … Je continue toujours de vous craindre et de vous respecter, vous n’avez pas à vous en faire pour cela ! C’est juste … C’est juste que … Bon … Je ne sais pas trop comment l’expliquer … »

« Et le plus gros problème dans l’armée de Shunter par rapport à toi ? C’est … moi. Au final, t’avoir à une distance respectable permettrait alors d’éviter des soucis des deux côtés. Mais … Bon … Je ne suis pas là pour te menacer ou te battre aujourd’hui. » annonça le femme en armure noire, le jeune homme lui demandant aussitôt :

« Alors pourquoi est-ce que vous m’avez frappé auparavant, maréchale ? »

« … … … Tu le fais exprès, n’est-ce pas ? Je vais plutôt ignorer ta question et te signaler la raison de ta présence ici. Je vais être très explicite. Tu ouvres la bouche pendant le discours du roi, je te tues sur place. »

« Euh … J’ai le droit de demander pourquoi une telle recommandation ? Et vous parliez de ne pas me menacer aujourd’hui … C’est quand même un peu …osé non ? »

« Voilà ton problème  … Malgré ce que je t’ai dit, tu n’hésites pas à poser des questions. »

« Mais je cherche quand même à savoir où est le problème avec moi ! Ce n’est pas normal ?! » demanda t-il avec un peu de zèle alors qu’elle s’approchait de lui, le soulevant par le col tandis que son visage était à sa hauteur. Néanmoins, lui qui ne voyait que ses yeux rubis, elle, elle pouvait apercevoir son visage neutre, du moins, qui tentait de l’être.

« … … … Est-ce à cause de moi ? Car tu n’arrêtes pas de voir Manelena ? Je ne suis pas Manelena, simplement Nali … C’est pourtant très simple non ?! »

« Vous me rappelez vraiment Elen quand vous parlez comme ça … Elle aussi voulait qu’on l’appelle Neel voir l’Ombre … Bref, qu’on ne parle pas de sa véritable identité… »

« Disparais … Disparais complètement de ma vision. Je n’ai jamais eu affaire à un pareil abruti depuis des années … Et pourtant, je suis la maréchale depuis que je suis adulte. » dit-elle en le relâchant, le jeune homme tombant au sol sur les fesses. Il se releva, gémissant un peu de douleur.
Ca faisait jamais du bien tout ça … Aie, aie, aie … Vraiment … Bon … Il ne savait pas quoi lui répondre mais … En même temps, il avait l’impression de revoir Elen dans la maréchale. C’était stupide de penser ainsi… car elles ne ressemblaient pas le moins du monde. Enfin bon … Il se retourna, lui répondant avec calme :

« Je vais alors faire ce que vous voulez … Je ne parlerai pas pendant l’annonce du roi car mon but n’a jamais été de vous rendre ridicule, mademoiselle Manelena. Néanmoins, comme je n’arrête pas de vous le dire depuis que je sais qui vous êtes, je vous resterai fidèle. Vous valez bien mieux qu’une bonne partie de l’armée de Shunter … et même si j’en ai aucune preuve formelle, je le sens au fond de moi et ça me suffit amplement. Je n’ai pas à vous juger pour vos actes ou ce que vous dites, je ne suis pas comme ça. De toute façon, au départ, moi-même, la première chose que j’ai faite quand j’avais dix-huit ans, ce fut de quitter mon village sans prévenir ma mère. Résultat ? J’ai failli mourir … Heureusement qu’Elen était là d’ailleurs car sinon, je ne serai plus de ce monde. Enfin bref, tout ça pour vous dire que malgré votre carapace sombre, vous êtes bien plus agréable et gentille qu’on ne le croit. Je ne sais pas si c’est spécialement avec moi ou alors avec d’autres personnes, je ne pense pas être un privilégié … mais depuis le début, vous êtes comme une tutrice à mes yeux … Voir un peu plus que ça. Sans vous, il y aurait longtemps que je ne serai plus dans l’armée de Shunter. Dans le fond et même si je pense que ça risque de ne pas vous faire plaisir, je vais être sincère envers vous, maréchale Nali. Bon … Ca ne concerne que moi et surtout, je ne pense pas que ça soit réciproque mais … Je vous aime bien. Au revoir, nous nous reverrons lors du disc … »

Il ne la voyait plus il remarqua bien l’épée qui passa à côté de lui, traçant une ligne de sang sur sa joue avant de se planter dans le mur en face. Gloups … Est-ce qu’il avait dit une bêtise ? Il valait mieux … ne pas chercher … et continuer à avancer. Il prit une profonde respiration, marchant d’une façon un peu stupide, comme celle d’un golem alors qu’il venait d’être crée et de commencer à se déplacer. Il sortit de la salle, laissant seule la maréchale puis se mit à courir à toute allure pour mettre un maximum de distance entre elle et lui. Qu’est-ce qui venait de lui prendre ?! Qu’est-ce qu’il venait de dire ?!

« Je suis complètement stupide ou quoi ? C’est de sa faute ! »

La faute à sa mère ! C’était elle, avec ses idées d’être plus sincère envers les femmes qu’il connaissait ! Pourquoi est-ce qu’il avait fait ça hein ? Hein ? Maintenant, il était clair que c’était complètement foutu de ce côté … Il devait se préparer à se faire torturer de toutes les façons possibles. Elle n’allait pas le laisser tranquille. Gloups … Triste vie en perspective.^

Il retourna dans ses quartiers, quartiers où Clari semblait l’attendre devant sa porte, les bras croisés, le regard un peu distant jusqu’à ce qu’il arrive. Il s’approcha d’elle, la jeune femme tournant son visage vers lui, son visage montrant une certaine inquiétude maintenant. Sans même lui laisser le temps de prendre la parole, elle lui demanda :

« Alors, qu’est-ce qui s’est passé ? Ça n’a pas l’air … »

« Je lui ai dit que je l’aimais bien … »

« Wo… Wow… » répondit-elle tout simplement, abasourdie par les propos du jeune homme : « Le pire dans ce que tu me dis, c’est le fait que tu sois sérieux. »

« J’ai aussi annoncé qu’elle était une personne gentille et agréable … que j’ai l’impression qu’avec moi, j’ai la sensation que je suis un privilégié par rapport aux autres. »

« Je ne sais pas si c’est de la folie, de la stupidité ou alors un acte d’héroïsme venant de ta part, Tery, Tery, Tery. » marmonna la jeune femme aux cheveux blonds, ouvrant la porte pour qu’ils rentrent chez Tery. Aussitôt, elle se coucha sur le lit, reprenant : « Mais je pensais que tu craquais pour la petite Elen. Peut-être que tu préfères les femmes fortes ? »

« Arrête avec ça, tu sais très bien que ce n’est pas une question de préférence, simplement de relations. Que ça soit Elen ou la maréchale, je me sens proche autant l’une que de l’autre. Oh … Ne t’en fait pas, je t’aime bien aussi. » termina t-il de dire alors qu’elle se relevait du lit, un sourire aux lèvres. Elle s’approcha de lui, venant le serrer dans ses bras.

« Mais c’est réciproque, mon petit Tery. Dans quoi est-ce que tu t’es foutu encore ? Et puis, si toi, tu as dit cela … Qu’est-ce que la maréchale a-t-elle dit ? Car je ne pense pas qu’elle s’attendait à une déclaration venant de ta part, n’est-ce pas ? »

« Euh … C’était simplement pour que je me taise demain, pendant le discours du roi. Elle a l’impression que dès que je l’ouvre, c’est pour l’embêter. Ce n’est pas du tout mon but hein ?! Mais voilà quoi … Je ne sais pas pourquoi elle pensait une telle chose … »

« Tu es souvent du genre à la provoquer … ou du moins, tes paroles montrent que tu te crois proche de la maréchale. Sans la contester, ça ne plait pas à tout le monde ce que tu fais avec la maréchale, je tiens à le signaler, Tery. »

Il avait l’impression d’entendre les discours des autres soldats. Ah bon … Cela voulait surtout dire qu’il y avait une part de vérité dans toute cette histoire, n’est-ce pas ? Bon … Qu’est-ce qu’il pouvait faire ? Il n’avait même pas remarqué que cela faisait cinq bonnes minutes que Clari le serrait contre elle.

« Oui mais bon … Je suis peut-être une cas désespéré ? J’ai l’impression que je cherche toujours les ennuis … même quand je ne le veux pas réellement. Ce n’est pas de ma faute si je trouve la maréchale très attirante et très sympathique ! »

« Ce qui est tout le contraire du mode de pensée des autres soldats. Pour eux, la maréchale est un monstre d’égo. Elle n’a besoin de rien, ni personne, elle est au sommet de l’armée de Shunter, nul ne la connait réellement, même son histoire, son origine ou autre. Elle est … intouchable et toi, tu t’adresses à elle comme à une bonne amie. »

« Mais … Mais … je … Comment dire … Je … »

« Arrête de trop y penser, Tery. Ça ne te mènera à rien de bon. »

Mais, les paroles de Clari résonnaient dans sa tête. C’est vrai que depuis qu’il connaissait la maréchale, puis ensuite son autre … face nommée Manelena, il réagissait différemment envers elle. En fait, non … Ce n’était pas réellement ça, c’était différent … La maréchale était assez importante pour lui dans le fond.
Et il voulait essayer de la considérer autrement qu’une simple personne qui avait plus de pouvoirs militaires que lui. C’était ça … Il n’avait pas envie que le statut de la maréchale Nali … se résume simplement à celui militaire. Elle était une personne à côté ! Elle avait surement des envies, des ambitions, des choses qui la rendaient joyeuse non ? Tiens … Qui était réellement la maréchale sans son armure ? Manelena ? Ou alors une autre fille ?

« … … … J’aimerai bien avoir une discussion normale avec la maréchale un jour … Enfin … Sans que ça finisse par une menace de mort. »

« … … … T’as de drôle d’ambitions, Tery, si tu veux tout savoir. » répondit Clari.

Il le savait parfaitement ! Mais voilà qu’à cause de ce qu’il avait dit, il ne savait plus quoi penser de toute cette histoire. La maréchale … Il allait essayer d’en savoir un peu plus sur elle … avec diverses méthodes. Juste pour mieux la connaître.

Chapitre 11 : La véritable raison

ShiroiRyu
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Chapitre 11 : La véritable raison

Co… Comment ? Comment Rokar savait-il au sujet des médaillons ? Et surtout depuis quand ? Et puis aussi … que c’était lui qui était responsable de tout ça ? Pour dire qu’il était perturbé, c’était exactement ça … Vraiment perturbé même. Comment était-ce possible ?

« C’est une blague, n’est-ce pas ? Comment un gnomold comme toi pourrait être au courant d’une chose aussi importante ?! Tu racontes n’importe quoi ! Je ne sais pas comment tu as obtenu ce genre d’informations mais ça ne prendra pas avec moi ! » cria le jeune homme avec énervement tout en étant décontenancé.

« Hum ? Comment je pourrai l’être ? Car tu crois que les gnomolds ne se trouvent que dans Shunter ou quoi ? Nous sommes aussi présents que vos peuples … Nous sommes partout … »

« Et en quoi est-ce que cela te concerne ? Pourquoi tu as besoin de savoir une telle chose ? Qu’est-ce que cela t’apporte de savoir que c’est moi ? »

… … … Il attendait la réponse du gnomold avec un peu d’appréhension. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il n’aurait jamais prévu une telle chose … Que le gnomold soit au courant de ce genre de choses …C’était effrayant … de savoir que même une telle créature connaissait au sujet des médaillons. Rokar émit un grognement qui ressemblait à de la joie, se maintenant sur sa masse posée au sol.

« Dire qu’il y a plus de quinze ans, tu n’étais qu’un petit vaurien … Et maintenant, depuis que tu as des lignes d’Alzar, tu te prends pour un grand, n’est-ce pas ? »

« Ce n’est pas le sujet ! Je veux savoir ce que ça veut dire ! Pourquoi est-ce que tu connais tout ça à mon sujet ?! » s’écria le jeune homme une nouvelle fois.

« Si encore tu étais capable de me battre, peut-être que … »

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase que Tery s’était jeté sur lui, ses deux griffes tendues en avant. Des lignes noires … et deux yeux rouges. Oh ? Cela voulait dire qu’il avait perdu le contrôle de son corps ? Intéressant … Mais loin d’être suffisant ! Alors qu’il était à sa hauteur, prêt à lui planter les griffes dans son armure rouge, il souleva sa masse, prêt à l’abattre sur les côtes du jeune homme. Celui-ci s’accroupit aussitôt, poussant un nouveau râle de colère avant de percuter le gnomold avec la ferme intention de le faire tomber.

« HAHAHAHA ! Une épreuve de force ?! Avec moi ?! MAIS POUR QUI TU TE PRENDS MISERABLE AVORTON ?! »

Le gnomold ferma son poing, le frappant avec violence au ventre avant de lui décocher un coup de poing dans le visage. La tête de Tery pencha sur le côté, du sang s’écoulant de ses lèvres alors qu’il grognait à son tour, donnant un coup de tête dans celle du gnomold. Rokar commença à faire de même tandis que Tery cherchait à le griffer avec ses deux armes.

« Et il continue ?! ABANDONNE ! Ca ne servira à rien ! »

« Tant que tu ne me diras pas toute la vérité, je ne te lâcherai pas ! POURQUOI EST-CE QUE TU ES AU COURANT ?! C’est quoi ce que tu me caches, ROKAR ?! »

Amusant … Vraiment très amusant … Il cherchait à tout savoir à son sujet ? Et en même temps … Il n’était pas devenu totalement fou et contrôlé … Cela se voyait dans ses yeux devenus couleur rubis. Hum … C’était quand même assez impressionnant de voir une telle mentalité … Normalement, un homme possédé par Alzar n’aurait aucune chance de se contrôler … correctement. Si il était normal … Mais Tery ne l’était pas.

« J’en ai assez fait pour aujourd’hui, avorton. »

Il le repoussa d’un coup d’épaule, faisant quelques pas en arrière en serrant sa masse à deux mains. Déjà, l’arme semblait se préparer à lancer une nouvelle attaque explosive, Tery croisant ses deux griffes pour parer le coup. Hors de question de reculer cette fois-ci ! Ce gnomold en savait beaucoup trop à son goût !

« Je veux savoir … pourquoi tu es au courant pour les médaillons ! »

« Et à quoi est-ce que cela te servirait ? Tu as besoin de connaître la vérité ? Il vaut mieux mourir ignorant des fois … que de se faire souffrir inutilement. »

Ah oui ?! Ca n’allait pas se passer comme ça ! Qu’est-ce qu’il pouvait utiliser pour se protéger ? AH ! Pourquoi pas ça ?! Avant que la masse à deux mains ne vienne percuter ses griffes, des morceaux de terre se formèrent tout autour d’elles mais aussi des deux bras. Pourtant, l’explosion se produisit bien au contact, le jeune homme se retrouvant projeté en arrière, son dos percutant un arbre alors que Rokar lui criait avec amusement :

« Et bien ! Quelle magie ! Avoir une protection de terre capable de ne pas se réduire en morceaux après l’un de mes coups, je te félici… »

Il s’arrêta au moment même où il roula sur le côté, chose étonnante en vue de l’armure qu’il portait sur son corps. Une claymore s’abattit sur l’endroit où il se trouvait quelques secondes auparavant, une faille se créant après le coup. Une faille dont sortait une lame de vent, tranchant en deux ceux qui se trouvaient au-dessus d’elle. Clari était là, serrant les dents, ses yeux complètement bleus alors que des lignes blanches étaient visibles sur son visage et ses deux bras. Elle tourna son visage vers Rokar, celui-ci paraissant surpris, et loin d’être agréablement. Pourtant, il ne s’empêcha pas de sourire après quelques instants :

« C’est vrai … Il y avait une fille de Zélisia … Assez étonnant en un sens qu’elle soit aussi proche du gamin … Mais bon … Comme quoi, Zélisia et Alzar semblent bien se réincarner peu à peu avec cette génération. »

« Avise-toi de toucher encore à Tery et je te promets que tu n’auras plus la possibilité de marcher à nouveau … voir vivre. »

« Que de belles paroles issues d’une personne bien énervée. » répliqua le gnomold, s’étant relevé, regardant à gauche et à droite. Hum … Il était visiblement temps. Il leva sa masse à deux mains dans les airs, poussant un cri puissant, ralliant tous les gnomolds autour de lui. « On a fini ce qu’il y avait à faire ici. On se retire. » Et si ils ne voulaient pas les laisser partir, ils allaient utiliser les grands moyens. Pourtant, les soldats de Shunter se poussèrent, comme impressionnés ou paralysés par le cri de Rokar. Clari avait fait disparaître ses lignes, courant pour arriver à la hauteur de Tery, le serrant dans ses bras en lui demandant :

« Tout va bien ?! Tery ! Réponds-moi ! Allez ! »

« … … … Tu n’es pas forcée de crier, Clari. Plus de peur que de mal … » marmonna le jeune homme en gémissant de douleur, son dos le faisant souffrir plus que prévu.

« C’est terminé … Les gnomolds sont partis. » chuchota-t-elle, le gardant contre elle malgré leurs blessures. Olin passait les troupes en revue, regardant de tous les côtés comme si il venait de remarquer quelque chose. Il annonça :

« Il semblerait que toutes les troupes de Traslord sont mortes … Quant aux nôtres, nous avons perdu quand même pas mal d’effectifs, presque autant que les gnomolds. Mais … Avec ce gnomold en armure rouge, normalement, nous n’aurions pas pu gagner. Que tout le monde se regroupe et vienne aider ceux qui ne peuvent plus marcher. Nous rentrons au camp. »

« Allez, Tery. Je viens t’aider et te prendre avec moi. » dit Clari avec amusement alors qu’il tentait de la repousser. Pourtant, il ne fit rien contrairement à ce qu’il pensait. Accolé contre la jeune femme, il marcha avec lenteur tandis qu’elle l’aidait. Elle avait un sourire aux lèvres, rien à voir avec la personne qu’il avait vu auparavant.

Pourtant, il allait l’interroger … dès qu’il aurait le temps car là … Ils se retrouvaient dans une tente, seuls tous les deux. Elle avait récupéré quelques bandages pour se soigner et il faisait de même de son côté. Il bandait le bras blessé de Clari par sa faute alors qu’elle l’avait forcé à retirer son haut pour qu’elle observe ses blessures. Clairement gêné par cette idée, il avait néanmoins accepté, lui tournant le dos.

« A part quelques égratignures … Rien de bien spécial. » dit-elle avant de poser sa joue contre le dos nu du jeune homme, celui-ci s’écriant de surprise :

« Mais qu’est-ce que tu fais, Clari ? Hey … Tu pourrais quand même me répondre ! »

« On peut rester comme ça … un petit peu ? J’étais inquiète … Tellement inquiète … Tu te mets vraiment en danger pour rien. Ce Rokar … était effrayant en un sens, tout autant que la vouivre que l’on a affrontée à Clausdiska. »

« … … … Tu sais … … … Enfin bon … Je t’apprécie beaucoup, Clari. » dit-il subitement, se grattant le nez en levant les yeux en l’air.

« Tu crois que ce n’est pas réciproque, Tery ? » répondit la jeune femme en rigolant, passant ses deux bras autour de son torse, poussant un petit soupir de plaisir.

« Enfin, ce que je veux dire par là, c’est que, c’est bien mais … Il ne faut pas trop en faire non plus hein ? Du moins, comment dire, je ne veux pas te vexer mais entre toi et l’Ombre … »

« Tu es libre d’aimer qui tu veux, Tery. » dit-elle, le jeune homme s’étranglant dans ses paroles. Mais qu’elle le laisse terminer !

« Je n’aime pas Elen ! C’est juste que … Bon, entre toi et elle, je l’apprécie plus elle … Mais toi aussi, la maréchale … pareil … Je connais trois femmes exceptionnelles. Et c’est pour cela que je voulais te prévenir au cas où. Je t’apprécie grandement mais je ne t’ai… »

« Tu me rappelles quelqu’un, c’est tout, quelqu’un que j’aimais énormément. »

Encore une fois, il resta bouche bée à l’écoute des paroles de la jeune femme. Qu’elle aimait énormément ? Il n’était pas un remplacement, il tenait à lui dire avant qu’il ne soit trop tard ! Enfin bon … C’était la première fois qu’elle semblait se confesser donc …

« Et euh … Cette personne … Elle savait tout ça ? » demanda t-il. « Car bon … Je … Je ne sais pas … Je ne pense pas connaître car tu as ton passé et j’ai le mien mais …  Bon … »

« Il est mort … Et comme tu lui ressemblais … un peu … Enfin, je ne sais plus vraiment … Mais tu lui ressemblais … Je peux rester s’il te plaît ? »

Il ne comprenait pas du tout ce qu’elle voulait dire mais elle semblait assez perturbée. Il marmonna que oui, se grattant la joue sans savoir où se mettre. C’était plus que gênant tout ça mais … Il ressemblait à quelqu’un ? C’était bizarre mais pas forcément surprenant. Sans qu’il y ait une copie exacte de sa personne, ce n’était pas impossible quoi.

« Mais c’était qui exactement ? Enfin … Si tu veux le dire, je ne vais pas te forcer non plus à tout me dire à ton sujet mais comme c’est le bon moment. »

« C’était mon grand frère, je l’adorai plus que tout. »

Ah. Son grand frère ? Son grand frère ?! Depuis quand avait-elle un grand frère ? Mais quel idiot, c’était normal. Elle aussi avait de la famille ailleurs, ça n’avait rien d’étonnant ou spécial … Juste qu’il ne s’était pas renseigné à son sujet. Il se retourna, la jeune femme restant calfeutrée contre lui en murmurant :

« Je croyais que je pouvais rester un peu plus longtemps quand même. »

« On doit finir les bandages … Mais je ne savais pas que tu avais un frère … Enfin un grand frère … Par contre, ce que tu m’as dit … est bizarre. Au sujet de ton grand frère … Euh … Tu sais bien qu’entre une sœur et un frère … »

« Mais non ! Ce n’est pas comme ça, Tery ! Ne raconte pas n’importe quoi ! » s’écria t-elle, vivement gênée tandis qu’il cherchait à remettre son haut. Elle le laissa faire, reprenant : « C’est juste que mon grand frère … avait aussi des lignes d’Alzar … »

« Hein ? Quoi ? Deux membres de la même famille ayant des lignes différentes ? Je n’ai jamais entendu parler de ça … Enfin, je ne me suis jamais renseigné aussi. »

« Tu sais … Il avait six ans de plus que moi alors bon … Il y avait quand même une différence d’âge mais … Pourquoi est-ce que je te parle de ça, Tery ? Ca ne te concerne pas et tu n’as surement pas envie de penser à de telles choses. »

« Ce n’est pas vrai du … »

Il s’était arrêté de parler tandis que la jeune femme se leva, l’embrassant sur les deux joues avant de dire qu’elle retournait dans sa tente. Maintenant que les éclaireurs de Traslord étaient hors d’état de nuire, ils allaient surement partir d’ici. Donc … Il allait devoir revoir sa mère avant de partir et lui signaler qu’il allait lui écrire, réellement cette fois ! Mais est-ce qu’il allait avoir la permission de parler à sa mère ? Lorsqu’il la demanda à Olin et aux autres gradés, tous acquiescèrent, certains un peu effrayés par le spectacle qu’il avait donné. Ah oui … Ses lignes d’Alzar, si certains n’étaient pas encore au courant avant ce combat, maintenant, c’était le cas … Pfff … Bon, il avait compris. Néanmoins, il dit :

« Merci beaucoup de m’accorder cela. Je vais y aller tout de suite, qu’elle aille crier en voyant que j’ai été un peu blessé à cause des éclaireurs de Traslord, héhéhé. »

« Faut pas faire inquiéter sa maman, Tery ! Ce n’est pas bien ! » répliqua Olin, le jeune homme aux cheveux bruns rigolant, amusé par les paroles de celui qui était maintenant plus gradé que lui. Il lui dit :

« Ne t’en fait pas, Olin. Quand ma mère est en colère, je peux te promettre qu’elle est diabolique et plus qu’impressionnante. Je ne prendrai jamais le risque de l’inquiéter exprès sinon je sais que même toute une tribu de gnomolds ne serait rien par rapport à elle. »

… … … Il paraissait rire mais il était en même temps plus que sérieux. C’était donc … la vérité. Quelqu’un possédant des lignes d’Alzar était capable de craindre … une simple mère au foyer ? Enfin, peut-être était-ce à cause de la relation les unissant.

Lorsqu’il revint chez lui, toquant plusieurs fois à la porte, sa mère lui ouvrit, poussant un petit cri horrifié en apercevant les blessures sur son corps. AIE ! Il savait pourquoi il valait mieux éviter de faire une mission près de l’endroit où vivaient ses proches dorénavant. Ils n’arrêtaient pas d’avoir peur pour la moindre égratignure. Assis sur une chaise tandis qu’elle préparait de nouveaux bandages, il murmura :

« Maman … Y a pas besoin de tout ça, j’ai déjà été soigné hein ? Ce n’est pas si grave que ça. Tu n’as pas à t’inquiéter autant. »

« Bien entendu, bien entendu. Tu veux que je laisse leurs bandeaux crasseux te couvrir tes blessures et t’infecter ? Mais pour quelle mère indigne tu me prends hein ? »

« Ohla ! Si je commence à faire une liste de tout ce qui te rend indigne, je n’ai pas terminé … Euh … Euh non … Je n’ai rien dit du tout. » conclut-il devant le regard de sa mère. Il valait mieux se taire s’il voulait éviter de s’en prendre une dans les dents et une belle d’ailleurs.

« Bon … Montre-moi où tu as été blessé … Alors, ces hommes de Traslord … Vous les avez repoussés ? D’après le fait que tu sois encore en vie, je dirai oui … »

« Merci maman, on voit tout le réconfort qui émane de tes paroles en apprenant que ton fils est encore en vie … Et oui, ils sont tous morts. Mais … On a eu le droit à une visite surprise en plein combat, Maman … Rokar était présent, comme les autres. »

Elle arrêta aussitôt de bander, restant immobile pendant plusieurs secondes alors que ses deux mains tremblaient. Rokar … n’est-ce pas ? Elle n’avait pas entendu souvent ce nom … mais ils savaient aussi bien l’un que l’autre qu’il était plus qu’important pour eux deux. Après quelques instants, elle reprit son travail pour bander les blessures de son fils.

« Et ? Est-ce qu’il est mort lui aussi ? Il ne devait pas être seul, n’est-ce pas ? »

« Pas le moins du monde, maman … Je l’ai affronté et AIE ! Ça fait mal ! Tu serres trop fort, maman ! » s’écria t-il avant que ce ne soit sa mère qui hausse la voix.

« Mais quel idiot j’ai mis au monde ?! Ca ne te suffit pas de devenir un soldat de Shunter, il faut aussi que tu ailles courir droit à la mort ?! »

« HEY ! Ce n’est pas moi qui l’aie invité ! Il s’est incrusté en plein combat ! »

« Je veux bien te croire mais … Arrête tes idioties un peu ! Je ne veux pas perdre mon fils après mon mari par la même créature ! »

« Maman … Je … Enfin … Il avait quel élément ? »

« Hum ? Ton père ? Et bien … Hum … Cela fait quand même un bon nombre d’années. Mais pourquoi est-ce que tu me demandes une telle chose ? » dit-elle, un peu surprise.

« Pour rien … Pour rien du tout. Ne t’inquiète pas … Sinon … Euh … Maman … Tu sais de quel élément je suis ? » demanda t-il une nouvelle fois mais maintenant, encore plus inquiet qu’auparavant, presque apeuré par quelle serait la réaction de sa mère.

« Tu as des lignes d’Alzar. Tu ne penses quand même pas que je n’étais pas au courant, n’est-ce pas ? Tout le village est au courant … Tu n’as pas à t’inquiéter à ce sujet, personne ne te jugera chez nous, ou du moins, presque personne. Tu n’as jamais été une source de problèmes et tu nous as sauvé deux fois, je te rappelle. »

« Oui mais bon … Tu sais bien … Maman … Que tout peut changer en un instant. » marmonna le jeune homme, ne sachant guère réellement où se mettre.

Hum ? Et ? Les villageois, contrairement aux citadins, avaient des mœurs différentes de ces derniers. Oh … Bien entendu, les lignes d’Alzar n’étaient guère plus appréciées que dans les villes mais il avait montré plusieurs fois que malgré celles-ci, il était plus que …

« Et puis zut, Maman. Je t’embête avec tout ça, je vais m’en aller. »

« Hum ? Tu dois déjà partir, Tery ? Je te rappelle une chose très importante après ton départ. »

« Je te promets que je t’écrirai … Je n’ai pas envie de me faire à moitié tuer une troisième fois.  J’ai appris mes leçons, je te le promets. »

« … … Il y a intérêt … Par contre, tu n’as pas l’impression d’oublier quelque chose ? » demanda sa mère en se levant, décroisant les bras.

« MAMANNNNNNNN ! J’ai plus de vingt ans ! J’ai passé l’âge de faire ça ! » cria t-il, rougissant légèrement alors qu’elle restait immobile, semblant attendre quelque chose.


Et zut ! Quand même ! Heureusement qu’il n’y avait pas Elen voir surtout Clari car sinon, celle-ci en rajouterait une couche, il s’en doutait ! Il sera sa mère contre lui, celle-ci faisant de même. Pfff … Il n’était pas vraiment très grand dans le fond. Il n’avait rien de bien protecteur à cause de sa taille. Sa mère lui murmura :

« Prend simplement soin de toi, Tery, d’accord ? »

« Oui, Maman … Ne t’en fais pas, je ne me mettrai pas dans des situations abracadabrantesques et je te préviendrais chaque semaine ou chaque mois de ce que je fais. Comme ça, tu éviteras de perdre encore une trentaine de kilogrammes, sinon tu deviendras aussi épaisse qu’une aiguille. »

Il sentit un petit craquement dans son dos, le faisant gémir de douleur alors qu’il apercevait des lignes brunes sur les mains de sa mère. Oh zut … Sa mère reprit :

« J’ai eu l’impression que tu voulais me faire un reproche, est-ce que je me suis trompé Tery ? Ou alors, peut-être que tu as … »

« NON NON ! C’est bon, Maman ! Je n’ai rien dit ! Tu es très bien comme ça ! Encore plus jolie qu’auparavant ! Quand tu faisais cinquante kilos de plus ! »

« … … … Mon fils, je crois qu’il va vraiment falloir que je te donne quelques cours de savoir-vivre avec les femmes Les autres soldats attendront une heure en plus. Assis. »

Gloups … Il valait mieux l’écouter. Sa mère était des fois très effrayantes, il le reconnaissait parfaitement. Bon … Euh … Comment dire … Et pourquoi au passage, il devait apprendre quelques trucs par rapport aux femmes ? C’était quoi ce délire ? Devant le regard de sa mère, il valait mieux éviter de trop l’ouvrir. Il s’était assis dès qu’elle lui avait intimé ceci, baissant les yeux alors que sa mère venait s’asseoir en face de lui.

Une heure plus tard, il était ressorti de chez lui, un peu perturbé et sonné. Il se dirigeait avec nonchalance hors du village, saluant les gardes et les villageois sur son chemin. C’était aussi … difficile que ça ? Et puis bon … Euh … Quand même … Dans tout ce qu’elle disait, il y avait plusieurs choses quand même sacrément perturbantes.

« Tery ? Ça ne va pas ? T’as l’air … assez secoué. » lui demanda Clari lorsqu’il revint au camp, les tentes étant déjà bien moins nombreuses.

« Disons qu’après une discussion avec ma mère, j’en ressors jamais indemne. »

« Hahahaha ! Mais ta mère … Elle est quand même spéciale hein ? Je la trouve vraiment différente des autres villageois. Il y a une certaine … prestance. »

« Prestance ? Tu veux dire puissance plutôt. »

« HAHAHAHA ! Peut-être, peut-être … Mais je suis sûre qu’elle aurait fait une grande dame de Shunter si il n’y avait pas eu cette guerre ou alors si elle était née dans une autre famille. »

« … … … Peut-être mais elle ne serait pas devenue ma mère alors. »

Bonne remarque de la part du jeune homme. Elle lui tapota doucement le crâne. Il était temps de retourner à Midès. Cette mission avait été une réussite, loin d’être parfaite peut-être mais … Bon … La mère de Tery était en sécurité et c’était le plus important aux yeux du jeune homme. Oui … Il ne voulait pas perdre son unique famille.

Chapitre 10 : Protéger son domaine ou autre

ShiroiRyu
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Chapitre 10 : Protéger son domaine ou autre

Et zut ! Il aurait dû s’en douter ! Pourquoi est-ce qu’il n’était pas surpris dans l’ensemble ?! POURQUOI ?! Car malheureusement, il n’avait pas la tête à penser à ça … Et qu’il était au courant depuis le début … Grrrr ! Courant avec Clari, le golem les suivit d’un geste lent tandis qu’ils retournaient au beau milieu de la bataille. Comme il s’en doutait … Comme il s’en était douté … Les gnomolds étaient là, frappant violemment une armée ou l’autre. Ils étaient au moins aussi voir plus nombreux que chaque armée, ce qui mettait alors maintenant une bataille à trois flans … Si l’un prenait l’avantage sur l’autre alors le troisième pourrait en profiter pour frapper dans le dos du premier. C’était simplement horrible … Maintenant, le combat devait se dérouler avec une extrême précaution.

« C’est eux les gnomolds qui ne sont pas loin de ton village, Tery ? »

« Exactement, Clari … Et je crois que l’on a de la chance, leur chef n’est pas là. Si cela avait été le cas, je peux te promettre que ça aurait été un plus gros problème sur les épaules. » répondit-il, prenant une longue respiration. « Mais on ferait mieux de commencer à se battre au lieu de perdre du temps, Clari. »

« Tout à fait d’accord, Tery. » cria t-elle avant de s’élancer dans la bataille, fauchant aussitôt un gnomold et un soldat de Traslord d’un seul coup de claymore.
Il devait se rappeler … de ne jamais la provoquer ou alors de la mettre en colère. Quand il la voyait ainsi, il avait de quoi sérieusement s’inquiéter … et pour cause … Elle était si violente ou du moins, si … puissante avec son arme. Il fallait dire qu’un tel objet dans les mains d’une femme comme Clari, ça créait beaucoup de problèmes pour les ennemis.

Le sol commença à trembler, les attaques s’arrêtant pour quelques secondes pour voir l’origine. Le golem de la nature apparut derrière Tery, le jeune homme tendant sa main en direction des soldats de Traslord et des gnomolds. Le monstre de pierre, de mousse et de racine avança avec lenteur, semblant marcher au ralenti alors que déjà les soldats reculaient au contraire des gnomolds. Trois d’entre eux tentèrent de l’affronter, leurs armes ricochèrent contre l’épaisse carapace du golem. Le monstre en souleva l’un d’entre eux, brisant sa nuque avec facilité alors qu’un petit sifflement se fit entendre à côté de Tery.

« Et bien … Sacrément efficace, hein ? Déjà que la dernière fois … » dit la voix de Clari.

« La dernière fois, j’ai utilisé mes lignes. Je préfère éviter … cette fois-ci. »

Comme il voulait ! Elle retourna au combat alors qu’Olin se présentait maintenant à côté de lui, demandant si cette créature était bien à lui. Il répondit que oui, Olin s’écriant :

« Et bien bon sang ! C’est vraiment super comme truc ! Je ne savais pas que tu étais capable de faire un truc comme ça, Tery ! Pourquoi tu n’es qu’un lieutenant ? »

« Je ne sais même plus si je suis encore un lieutenant avec les problèmes causés à la maréchale Nali. Enfin bref … On devrait pouvoir prendre l’avantage sur les soldats de Traslord et les gnomolds avec lui. Clari de son côté a la possibilité d’utiliser ses lignes de Zélisia. Normalement, on devrait facilement tenir. Bon … Je vais aller combattre aussi de mon côté. » termina Tery de dire tout en se jetant dans la bataille, ses griffes aux mains.

Sans utiliser ses lignes d’Alzar, il remarquait aussi qu’il avait progressé depuis le temps. Les gnomolds ne pouvaient même pas l’atteindre qu’ils étaient déjà morts, une griffe plantée dans le corps ou dans le cou. Quand aux soldats de Traslord, ils n’étaient pas en reste. Ils savaient se battre et ils utilisaient leurs lignes … Certains envoyaient des projectiles enflammés, d’autres quelques petits éclairs mais dans l’ensemble, la majorité utilisait l’eau sous toutes ses formes pour combattre.

« Ah … Je ferai mieux d’accélérer le rythme avant que tout commence à partir dans tous les sens. CLARI ! Où est-ce que tu es ?! » cria t-il en tournant sur lui-même, la jeune femme se déplaçant tout simplement près de lui.

« Qu’est-ce qu’il y a, Tery ? Tu ne tiens pas la cadence ? C’est sûr que lire pendant des jours sans réellement s’entraîner physiquement à côté, c’est … »

« Mais non ! Ce n’est pas du tout ça ! » répondit-il avec véhémence tandis qu’il créait un pieu de terre, le plantant dans le cœur d’un gnomold trop proche de lui. Le golem, quand à lui, malgré de minuscules fissures sur son corps, semblait tout simplement balayer devant lui tout ce qui se trouvait à sa portée. Les fissures étaient rapidement recouvertes par la mousse comme pour les consolider tandis qu’il reprenait : « Je voulais juste savoir si tout allait de ton côté, c’est tout … Rien de bien énorme non plus hein ? »

« Oh … Il se fait du souci pour moi ? Tu n’as pas à t’inquiéter, je ne suis pas du genre à me mettre en danger inutilement. Tu veux plutôt que je reste auprès de toi ? Comme ça, tu seras plus rassuré ? Héhéhé … Non, allez, je bl… »

« C’est une mesure de précaution mais bon … Ca serait mieux. »

Hein ? Quoi ? Elle avait très mal entendu ? Ou … Oh … D’accord ! Elle ne lui répondit pas, n’émettant qu’un petit rire amusé tandis qu’elle se collait près de lui. Fauchant plusieurs gnomolds, la jeune femme balayait tout ce qui se trouvait devant elle tandis que le jeune homme surveillait ses arrières. Pourtant, malgré les nombreuses morts des trois côtés, heureusement moins du côté de Shunter, les troupes ennemies ne semblaient pas décroître. Même les gnomolds continuaient d’affluer sans s’arrêter.

« C’est … surprenant … Généralement, les gnomolds sont belliqueux … mais aussi assez peureux … Dès qu’ils se font dominés, ils partent habituellement. »

« Et ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Où est-ce que tu veux en venir ? »

« Et bien … Il y a quelque chose qui semble les obliger à rester ici … Ou alors, on n’est pas au bout de nos surprises et là … Je ne promets plus rien. »

« Tu ne promets plus rien ? Ne parle pas comme ça, c’est assez effrayant. » termina t-elle de dire, évitant de penser à tout cela.
Il ne voulait pas l’inquiéter … mais lui-même l’était, c’était tout. Il ne se sentait pas en confiance à l’heure actuelle et il avait toutes les raisons de ne pas l’être. Il sentait qu’ils allaient avoir de gros ennuis. Il le sentait réellement … Pourquoi ? Car il était proche des gnomolds … dans le fond. Son histoire était liée avec eux, il en était sûr.

Les minutes s’écoulèrent au fur et à mesure, les soldats de Traslord reculant sans cesse tandis que les gnomolds continuaient de combattre indifféremment leurs adversaires, qu’importe le camp dans lequel ils se trouvaient. Tery quant à lui ne semblait plus se soucier du combat, il voulait simplement en terminer le plus rapidement possible, se demandant comment cela se serait déroulé si Elen avait été à la place de Clari à côté de lui … Ou voir même la maréchale. HAHAHA ! La maréchale … Il en était sûr … Si elle avait été … là … L’armée ennemie serait déjà morte et enterrée depuis longtemps, très longtemps même. Il eut un petit rire amusé, Clari lui demandant ce qui se passait sans qu’il n’explique la raison d’une telle réaction. Au niveau de la magie, il n’utilisait que celle de la terre. La raison était très simple : s’il utilisait une autre magie, tous allaient savoir au sujet de ses lignes … Après une légère réflexion, il se rappela que la plupart était au courant qu’il possédait les lignes d’Alzar. Mais bon … Il ne voulait surtout pas y avoir recours … sauf en cas grave problème.

Le nombre d’ennemis décroisait mais aussi ceux des soldats de Shunter. Là, c’était plus … inquiétant … Il ne s’attendait quand même pas à un tel débâcle. Est-ce à cause des soldats de Traslord ? Ou des gnomolds ? Il n’eut pas réellement le temps d’y penser sérieusement puisqu’il vit son golem en train de se fissurer complètement … puis de s’effondrer en morceaux devant ses yeux. Que … Que … Quoi ?

« Fais gaffe ! TERY ! Devant toi ! » cria la voix de Clari alors trois gnomolds se jetaient sur le jeune homme aux cheveux bruns, éberlué par ce qui venait de se passer.

La claymore planta les trois gnomolds, les embrochant alors que du sang aspergea le visage de la jeune femme. Celle-ci donna un coup de pied pour extirper son arme, regardant Tery. Qu’est-ce qui se passait ?! Il venait de serrer les dents, des lignes noires présentes sur son visage. Elle se tourna vers l’endroit qu’il regardait, là où les gravats de son golem étaient présents. C’est vrai … Qui ou quoi avait été responsable de cela ?

Un maul … C’était un maul gigantesque pour une si petite … Ah non … Ce gnomold en armure rouge … était bien plus grand que ses congénères. C’était lui qui avait fait disparaître le golem en un coup ? Ce n’était pas possible … Une telle puissance n’était pas réalisable. Sans même lui laisser le temps de réfléchir plus longtemps à cela, Tery passa à côté d’elle, fonçant vers le gnomold.

« ROKAR ! AUJOURD’HUI, C’EST TA TÊTE QUI TOMBERA ! »

« Qu’est-ce donc que cela ? C’était toi qui étais le créateur du golem ? Pas bien solide si tu veux tout savoir. » dit le gnomold sans même craindre l’avancée du jeune homme.

Clari arriva à la hauteur de Tery, ayant utilisée ses lignes de Zélisia alors que deux flèches vinrent se planter dans son bras gauche, la faisant crier de douleur. Néanmoins, sa main droite se plaça sur le sommet du crâne de Tery, le faisant tomber sur le sol alors qu’elle s’écroulait elle aussi. Des soldats de Traslord avaient essayé d’en profiter pour tuer le jeune homme. Heureusement qu’elle avait utilisé … sa magie de l’air pour le rattraper sinon …

« Qu’est-ce qui te prend ?! CLARI ! C’est Rokar ! »

« Tu veux bien te calmer ?! J’ai … un peu mal … » dit-elle en criant à son tour, Tery semblant aussitôt se restreindre émotionnellement. Elle était blessée ? Il vit les deux flèches dans son bras gauche, les retirant aussitôt alors qu’elle gémissait de douleur.

« Tu ne pourrais pas être un peu plus doux quand même ? Ca fait … assez mal … »

« Qu’est-ce qui s’est passé ? Comment est-ce que tu as eu ces flèches ? »

« Car j’ai voulu aider un imbécile qui fonçait vers la mort, voilà tout. Bon … Ce n’est pas si grave que ça … Je peux toujours brandir mon arme donc je peux me battre … Je me soignerai après … C’est qui ce Rokar ? » demanda t-elle en observant le gnomold borgne, l’œil doré de celui-ci continuant de les regarder avec amusement. Puis sans même s’adresser à eux, il s’éloigna, son maul dans ses mains. Il vit une forte lueur rouge apparaître au bout de l’arme, le gnomold frappant un soldat de Traslord, une violente explosion se produisant, emportant le militaire mais aussi celui de Shunter qui le combattait.

C’était quoi cette arme ?! Il ne se … AH ! AH ! Il posa une main sur son front, de la sueur dégoulinant de celui-ci en grande quantité. Mais si ! Il s’en rappelait ! Il s’en rappelait parfaitement maintenant ! C’était cette arme … qui avait mis un terme à l’existence de son père ! C’était cette arme qui l’avait tué sans une once d’hésitation ! C’était … C’était … Il fit apparaître ses lignes noires sur la globalité de son corps, criant :

« Je m’occupe de lui ! Laissez-le-moi ! »

« NON ! Attends que je me soigne, Tery ! Je vais venir t’aider ! » dit aussitôt Clari, une main posée sur son épaule gauche, l’autre tenant son arme plantée dans le sol.

« TU NE T’EN APPROCHES PAS ! C’EST MON COMBAT ! »

Ils n’avaient pas à se mêler de cette histoire ! Alors que Rokar s’approchait pour éliminer d’autres soldats de Traslord et de Shunter, il se retourna juste au dernier moment pour parer les griffes imprégnées du pouvoir d’Alzar. Un sourire se dessina sur ses dents pointues, repoussant le jeune homme tout en le regardant plus en détails.

« Encore ce gamin … hein ? C’est bien ça … Et visiblement, tu sembles avoir découvert tes véritables pouvoirs hein ? Des lignes d’Alzar … Tsss … Je vais donc devoir t’écrabouiller et te réduire en un tas de chair indescriptible. »

« Tu crois vraiment que tu en auras le temps ?! »

« Oh que oui ! Tu vas être divertissant ! J’espère que tu le seras tout autant que ton père à cette époque ! Enfin … Si tu le considères encore comme tel après ce qu’il t’a fait hein ?! »

« Comment je le considère … NE TE CONCERNE PAS ! »

Il ne voulait pas s’énerver envers Rokar … mais simplement son père … C’était uniquement son père la cible de sa haine … La disperser, c’était en vouloir à tout le monde … C’était haïr le monde … Haïr le monde lui ferait perdre alors le contrôle de soi. Mais il ne voulait pas … Il ne voulait pas … Il avait des personnes en tête … qu’il devait protéger. Cette pensée devait surpasser celle haineuse en direction du gnomold !

« Si tu veux faire une épreuve de force, tu sais parfaitement que tu vas perdre. »

Une épreuve de force ? Ce n’était pas son idée à la base. Malgré qui s’élançait vers Rokar, celui-ci ayant des lignes brunes sur ses deux bras. Il était plus rapide que le gnomold … bien plus rapide … Il le savait … Il le sentait … Il en était même convaincu ! Alors pourquoi avait-il peur ? Pourquoi s’inquiétait-il ? Ce n’était pas normal. Pas le moins du monde. Il s’arrêta à quelques mètres de Rokar, celui-ci disant avec ironie :

« Et bien ? Qu’attends-tu ? Je pensais que tu voulais régler cette histoire … »

« Je ne suis pas convaincu de tout cela … Il me suffit juste de tuer le maximum de gnomolds et de soldats de Traslord pour que te retrouves en infériorité numérique. Et à partir de … »

« HAHAHA ! Espèce d’idiot … Tu crois vraiment que je vais rester là, les bras croisés en attendant que tu fasses une telle chose ? Je vais te dire quelque chose … Je pense facilement éliminer plus de soldats que toi sur la même durée. A partir de là, plus le temps passera, plus vous serez en sous-nombre. »

… … … Il marquait un point. Donc il devait forcément l’occuper pour que les autres puissent continuer de combattre. ET ZUT ! Clari était où au passage ? Car bon, c’était pour elle dont il était le plus inquiet. Il regarda à gauche et à droite, tournant son visage dans toutes les directions. Ah … Clari combattait … mais elle aussi semblait inquiète à son sujet. Bon … Il devait arrêter de se poser des questions et combattre ! Voilà tout ! Ses lignes revinrent sur son visage et ses deux mains, Rokar murmurant :

« Alzar … Des lignes d’Alzar … n’est-ce pas ?  Tu ne m’as toujours pas répondu. »

« Pourquoi devrais-je te répondre hein ? Tu n’auras pas le temps d’y réfléchir que tu seras déjà mort ! » s’écria le jeune homme, faisant apparaître des petites boules de feu au bout de ses griffes, Rokar haussant un sourcil.

Les boules de feu partirent en sa direction mais déjà, le gnomold ricanait, restant en position. D’un geste vif de son arme, il renvoya les boules de feu vers leur propriétaire, celui-ci s’accroupissant aussitôt, ne s’étant pas attendu à une telle chose.

« … … … T’es pas sérieux quand même ? Ton père … Ou plutôt ce type que tu considères comme ton père dorénavant … Il savait se battre contrairement à toi. »

« Ne t’avise même pas de parler de lui, c’est bien compris ? Il n’est rien, rien du tout ! »

« Oh … J’aurai peut-être visé la corde sensible ? Ca m’étonne que tu arrives à te contrôler, héhéhé … Mais il suffit juste de t’énerver pour que tu fasses un véritable massacre ! »

Un véritable massacre … Rokar connaissait parfaitement les lignes d’Alzar mais pourquoi n’en était-il pas plus étonné que ça ? Car c’était un gnomold loin d’être commun. D’ailleurs, en y réfléchissant bien, il se demandait pourquoi l’armée de Shunter ne s’était jamais occupé de lui ? Car il était assez problématique … Et surtout très puissant. D’ailleurs … Une telle puissance, pourquoi n’avait-il pas détruit le village de Leskar ? Il en avait largement les possibilités non ? Surtout avec une telle troupe de gnomolds, capables de tenir tête à deux armées en même temps ou presque.

« Pourquoi est-ce que tu es venu ici, Rokar ? »

« Hum ? Pourquoi je suis là ? Pour simplement écraser vos pitoyables armées. Personne n’avait à envahir mon terrain, je pensais que cela était parfaitement compris mais visiblement, ça ne veut pas rentrer dans vos futures carcasses. »

« … … … D’accord. » répondit tout simplement le jeune homme sans chercher à connaître plus que cela. Il n’avait pas à se faire des idées au sujet de Rokar… Mais plutôt à chercher à le tuer. Les gnomolds … Aucun ne venait l’attaquer, ce qui était assez bizarre en un sens. Peut-être que Rokar avait prévu ce combat et avait prévenu les autres gnomolds de ne pas s’en mêler ? A quoi est-ce qu’il pensait bon sang ?!

Ce n’était pas le moment de réfléchir ! Puisque ça ne servait à rien de l’attaquer à distance, il fallait y aller au corps à corps ! Le problème, c’est que comparé à cette masse, ses griffes étaient bien pitoyables ! L’imposant gnomold sembla surpris de sa réaction avant de ricaner, les combats continuant autour d’eux. Les soldats de Traslord étaient de moins en moins nombreux, certaines commençant même à s’enfuir alors que les gnomolds restaient en nombre égal avec les soldats de Shunter. Tsss … Bref, ce n’était pas encore fini, loin de là. Par contre, il remarquait brièvement en courant vers Rokar qu’Olin se débrouillait très bien avec son épée longue à la main. Wow … Il s’était aussi très bien amélioré depuis le temps. Sa lame s’était allongée grâce à sa maîtrise de l’élément aqueux, tranchant dans les gnomolds avec facilité alors qu’avec les soldats de Traslord, c’était plus difficile à cause de leurs origines issues de l’eau.

Ses griffes percutèrent la masse, le gnomold n’ayant aucun mal à parer les coups malgré la taille de son arme. Il se déplaçait trop facilement ! Ce n’était pas normal ! Comment est-ce qu’une telle créature pouvait-elle faire ça ?! Il ne devait pas perdre plus de temps … Perdre du temps … Si il prenait trop de temps … Ils risquaient de mourir … Les soldats de Shunter autour de lui ! ASSEZ ! Il ne fallait pas que Clari soit plus blessée que ça ! Il poussa un râle de colère, commençant à faire reculer Rokar, celui-ci ne pouvant que parer les coups sans réagir à côté, les attaques étant trop rapides.

« Tsss … Tsss … T’as bien grandi visiblement, le moucheron ! »

C’était un compliment ? Ou du moins, ça semblait l’être ? Il ne savait pas quoi en penser mais il n’allait pas s’arrêter. Malgré l’armure rubis sur le corps du gnomold, il continuait de frapper, le faisant reculer sans cesse alors que les gnomolds semblaient s’arrêter de combattre. C’était qui ce type pour empêcher Rokar de frapper ?

« L’est pas normal, l’humain … Z’avez vu ça ? Ses lignes ? On dirait celles d’Alzar. »

« Hahahaha ! Même avec, le chef n’en fera qu’une bouchée ! C’est pas la première fois qu’il en élimine un, même ceux de Zélisia finissent comme crânes pour sa collection ! »

« Ouais mais quand même … Généralement, ils ne sont pas aussi teigneux. Il a l’air d’avoir vraiment la haine mais de se contrôler en même temps. C’est carrément bizarre et louche. D’habitude, les lignes d’Alzar rendent complètement dingues. »


Plusieurs gnomolds se firent tués à cause de la surprise, trop peu concentrés en raison du combat entre Rokar et Tery. Celui-ci semblait s’épuiser rapidement mais le gnomold continuait de parer inlassablement, son arme ne semblant même pas se fissurer malgré les nombreux coups donnés dessus.

« Mais tu vas tomber ?! Laisse-toi mourir au lieu de résister, Rokar ! Tu ne peux rien contre moi maintenant que je sais utiliser mes lignes ! »

« Tu ne serais pas un peu prétentieux, mon petit gars ? Je vais te montrer ce qu’est de réellement combattre ! » répondit le gnomold borgne alors que des lignes brunes apparaissaient sur ses deux mains.

Aussitôt, le jeune homme fit un saut en arrière alors que des pieux de pierre sortirent du sol autour de Rokar, celui-ci ricanant. Les pieux explosèrent en minuscules morceaux qui vinrent se planter dans chaque soldat et gnomold. Lui ? Il avait paré les coups et il vit que Clari avait fait de même. Olin quant à lui avait créé un petit mur de glace pour se protéger à son tour. Pfiou … Au moins, les plus importants étaient saufs ou presque … Clari semblait aussi assez exténuée, sûrement à cause de sa blessure.

« Fini de jouer le gamin … Si tu veux qu’on s’amuse avec la magie, on va être deux. » annonça le chef des gnomolds, frappant le sol de son arme, une explosion se produisant. Des morceaux de terre volèrent dans les airs avant de s’aiguiser comme manipulés à distance. C’était … C’était quoi ça ?! Il regardait les morceaux, comprenant rapidement ce qui allait se passer. Il commença à courir et à gesticuler dans tous les sens alors que les morceaux de pierre tombaient du ciel, comme des flèches.

Des entailles apparurent sur ses bras et ses jambes, le jeune homme n’arrivant guère à toutes les esquiver. Il fallait dire qu’en plus d’être pointues, les flèches tombaient avec précision. Enfin, à côté, ça tuait aussi les compagnons de Rokar, celui-ci ne semblant guère prendre de précaution envers le reste. Il était simplement fixé sur son objectif … qui était sa mort. Brrr … Quand le gnomold en armure rouge était sérieux, il ressentait une certaine inquiétude.

« Tu ne veux pas crever ? Je vais t’y … »

« Grand chef Rokar ! Grand chef Rokar ! Ça commence à être bon ! »

Un gnomold s’était adressé à celui borgne, l’imposante créature tournant son visage vers l’origine de la voix. Il serra les dents comme pour exprimer une légère colère, lui criant :

« LA FERME ! J’ai pas besoin de le savoir ! J’ai des yeux, je te rappelle ! Enfin, plus qu’un seul maintenant, héhéhé. »

« Qu’est-ce que vous manigancez depuis le début ? » murmura le jeune homme, restant sur ses gardes, ses deux griffes en croix devant lui.

« Tu n’as pas besoin de le savoir, petit insecte ridicule … qui deviendra un grand dragon puissant d’ici quelques temps, héhéhé. » répliqua le gnomold. « Depuis que les derniers médaillons ne sont plus aux mains de leurs protecteurs, cela veut dire que le monde commence à changer. Tu es responsable de tout cela, n’est-ce pas ? Je le sais. »

Chapitre 9 : Un rôle inconnu

ShiroiRyu
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Chapitre 9 : Un rôle inconnu

Là, les prochains jours étaient assez … calmes. Il fallait dire que les troupes de Traslord n’arriveraient pas avant quelques temps et c’était tant mieux. Néanmoins, les Gnomolds restaient de leur côté aussi et cela était assez … surprenant. Néanmoins, pas de nouvelle, bonne nouvelle. Il n’allait pas s’embêter avec tout ça. Par contre, Elen lui avait envoyé une drôle d’image … Drôle non pas dans le sens comique mais dans le fait qu’il ne s’y attendait pas le moins du monde. Elle était à côté d’une femme d’un certain âge … mais qui délivrait une prestance … surprenante. Cette femme était madame Liza et il avait fini par comprendre qu’il avait donc affaire à celle qui s’était occupée d’Elen pendant toutes ces années. Il avait écrit à Elen pour lui dire de la remercier de sa part et qu’il était pressé de la voir l’un de ces jours. Enfin bon … Il était aussi assez pressé d’avoir Elen avec lui … bien qu’il ne savait pas comment. Il reçut une petite tape dans le dos, le faisant se retourner pour apercevoir Clari.

« Et bien ? Je t’ai vu t’entraîner ces derniers jours comme un fou et là … Depuis la lettre que tu as reçue de la part d’Elen, c’est à nouveau la flemme qui t’envahit ? Je suis déçue … »

« Ne raconte pas n’importe quoi, j’ai quand même besoin d’un peu de repos, Clari. »

« Bien entendu … Ca fait quinze minutes que je t’observai, t’avais l’air dans la vague, comme d’habitude dès l’instant où tu penses à ta belle petite blonde. » répondit Clari.

« Tu veux pas repartir et me laisser seul ? Enfin allez voir ailleurs si j’y suis ? Ca me permettra de me concentrer au lieu de t’avoir dans mes pieds. »

« Je sais parfaitement que c’est ce que tu voudrais … C’est pourquoi je refuse cela et je vais voir comment tu t’entraînes si sérieusement. »

Il tiqua, émettant une petite mine boudeuse. Et zut … Il allait devoir se la coltiner encore hein ? Dommage pour lui … oui … Il n’allait pas pouvoir souffler un peu visiblement. Il haussa simplement les épaules, lui répondant :

« Fais comme tu veux … Je ne peux pas te forcer … Et toute façon, même si c’était le cas, tu ne m’écouterais pas … comme d’habitude. »

« C’est bien … Tu commences à me connaître de mieux en mieux. Bientôt, tu sauras exactement quoi dire en toutes circonstances quand je serai dans les parages. » dit-elle en rigolant à moitié alors qu’il se remettait déjà à lire.

Il aimait particulièrement les nouveaux livres sur les golems. Il y avait tellement de façons de les lire … C’était assez spécial en un sens. Ils expliquaient comment en créer de toutes sortes … mais aussi comment améliorer ceux de base. Par contre, il avouait ne rien savoir au sujet de la magie qui permettait de connecter chaque livre entre eux pour conférer plus de puissance golémique envers leur propriétaire. Comme quoi, ce n’était pas aussi simple que ça. Pendant qu’il lisait, Clari le regardait, la tête soutenue par ses deux mains dont les coudes étaient posés sur ses genoux.

« C’est si passionnant que cela, Tery ? Tu as l’air complètement subjugué par ton livre. »

« Ce n’est pas forcément passionnant mais j’y trouve un certain plaisir, c’est vrai. »

« … … … Si seulement, j’avais aussi un livre comme cela … Enfin bon, à part m’entraîner avec ma claymore et un peu sur ma magie, je ne sais pas vraiment faire grand-chose. » murmura la jeune femme aux couettes blondes.

Hum ? Elle avait un ton légèrement triste bien qu’elle gardait son sourire habituel. C’était assez surprenant mais bon … Elle était quand même capable d’avoir d’autres sentiments que ceux habituels hein ? Rien de bien surprenant … Il tapota doucement le crâne de la jeune femme en reprenant la parole :

« Ne t’en fais donc pas … Chacun a ses spécialités … Enfin, moi, je tente toujours de trouver la mienne. Je ne sais pas si je suis un magicien, un invocateur de golems ou un soldat. »

« Et si tu étais un peu de tout, pourquoi pas ? Rien ne t’en empêcherait non ? » dit-elle pour tenter de lancer une conversation alors qu’il haussait les épaules :

« Je ne suis pas réellement convaincu, je dois te l’avouer, Clari. Si c’était aussi simple que ça … Mais personnellement, je pense qu’il vaut mieux se spécialiser quelque part plutôt que d’être moyen partout. Enfin, c’est comme ça que je le vois de mon côté. »

« Et si tu étais bon partout ? » répliqua la jeune femme en rigolant.

« Ca voudrait dire que je suis parfait … ou presque … Et je ne pense pas que ça soit le cas. »

« Oh … Peut-être que si ? Rien ne t’empêche d’être parfait d’un côté et de ne pas l’être d’un autre. Parfait dans le combat magique, l’invocation et le combat armé tandis que tu es imparfait niveau émotions, sentiments et relations amoureuses. »

« Mais qu’est-ce que vous avez avec mes sentiments amoureux ?! Je n’ai rien fait de spécial que je sache ! Déjà depuis que tu as parlé avec ma mère, vous n’arrêtez pas de tourner en rond autour de cette histoire. J’aimerai bien des explications un jour ! »

« Si tu es grand … Tu verras bien ! Bon, je vais aller m’entraîner sérieusement aussi. Mon but n’est pas de me faire protéger par un golem. »

Ah ? Elle partait enfin ? Il n’allait pas pousser de soupir encore une fois mais il était quand même un peu soulagé intérieurement. Il allait pouvoir se concentrer correctement. Il la regarda partir tandis qu’il gardait son livre en main. Il ne voyait pas … pourquoi elles n’arrêtaient pas de parler toujours de cela …

Depuis que Clari avait rencontré sa mère, la jeune femme était assez insupportable par rapport à Elen. Elle lui faisait souvent des allusions et autres, ce qui le perturbait plus que tout dans sa réflexion et sa concentration. Bref, ce n’était pas forcément un bon jour à chaque fois qu’elle était dans les environs.

« Et si au lieu de penser à Clari, je reprenais mes livres ? »

Il n’avait toujours pas fait le choix sur ses préférences mais bon … Cela pouvait attendre n’est-ce pas ? Il voulait juste d’abord progresser pour avoir un niveau acceptable en tant qu’invocateur de golems, voilà tout. Le reste était déjà à un bon niveau, normalement.

D’autres journées passèrent peu à peu et il allait voir sa mère quand il en avait parfois la possibilité. Tant mieux pour lui car il ne voulait surtout pas avoir de soucis avec cela. Mais à côté, il attendait quand même la lettre d’Elen pour pouvoir lui écrire une nouvelle fois. C’est bizarre mais il pensait de plus en plus à elle depuis qu’il en avait parlé avec sa mère.

Il n’avait pas à se plonger dans ses rêveries ! De toute façon, il était trop tôt pour penser à de telles choses. Il regarda à gauche et à droite, se demandant quoi faire. Il avait déjà refermé son livre tandis que Clari ne l’avait guère réellement embêté ces derniers jours. Il avait apprécié cette tranquillité mais bon … Ne pas la voir était assez … triste. Il l’appréciait quand même, il le reconnaissait. C’était pour cela qu’il aimait bien l’avoir à ses côtés, malgré tous ses dires. C’était assez … ridicule en un sens. Quand elle était là, il ne voulait pas d’elle et quand elle n’était pas là, il se sentait seul.

« Pardonnez-moi … N’auriez-vous pas vu Clari ? » demanda t-il une nouvelle fois à un soldat qui s’amusait à aiguiser son épée. L’homme tourna sa tête vers lui, répondant :

« Qui c’est Clari ? »

« Une femme blonde avec deux couettes … Enfin, elle est pas si difficile à repérer, c’est une grande perche quand on y réfléchit bien. »

« Qui est une grande perche, mon petit Tery ? » murmura la voix de Clari, faussement douce. Il n’eut pas la possibilité de se retourner que déjà, il retrouvait les deux mains de Clari qui vinrent le serrer contre elle. « J’ai cru comprendre que l’on me cherchait ? »

« Hahaha … Euh … Même pas en rêve, Clari. »

Il voulut s’échapper mais elle ne lui laissa guère la possibilité, le jeune homme poussant un profond soupir. Il reprit en murmurant d’une voix lente :

« Je l’ai cherché … Je mérite amplement cela … C’est mon châtiment … C’est ma punit… AIE ! Ca fait mal ça ! Qu’est-ce qui te prends Clari ?! »

« J’ai l’impression que tu ne sais pas ce que tu veux hein ? »

… … … Elle avait raison. Il se laissa faire tandis qu’elle l’emmenait un peu au loin, les mettant à distance par rapport aux autres soldats. Assis sur le sol, côte à côte, les deux personnes observaient le ciel, le jeune homme prenant finalement la parole :

« Je pensais sérieusement que l’attaque arriverait bien plus vite mais je me suis trompé. »

« Ce n’est pas une question de rapidité … mais de préparation. Plus de temps ils attendront, plus nos troupes seront préparées … ou inversement … Il se pourrait que nous perdions notre vigilance et ils en profiteraient allégrement. »

« … … … Y a de chances, oui. Et pendant ce temps, les gnomolds sont bien tranquilles, un peu trop même à mon goût si je dois dire. »

« Ne t’inquiète donc pas … Ca n’arrivera pas maintenant. » dit-elle pour le rassurer.

« Pas vraiment convaincu. » termina le jeune homme aux cheveux bruns.

Oh que non … C’était même tout le contraire d’ailleurs. Il voulut se relever mais subitement, la jeune femme posa sa tête sur ses genoux, le faisant rougir violemment. Qu’est-ce que … Qu’est-ce qu’elle venait de faire là ?

Il n’eut pas le temps de dire quelque chose qu’elle prit sa main pour la poser sur ses cheveux, le forçant à la caresser avec douceur alors qu’il ne savait plus du tout où se mettre. Oh punaise … Elle aurait pu quand même éviter une telle chose hein ?! Il était complètement rouge de gêne et il ne savait pas du tout où se mettre.

« Je peux savoir pourquoi je dois faire ça ? »

« Car j’en ai envie et que c’est plus que plaisant. Continue donc … »

« Tout le monde nous regarde, Clari. » marmonna t-il alors que ce n’était guère vrai.

« … … Et alors ? C’est leurs problèmes, pas le mien. Je suis très bien là où je suis et tu ne me feras pas bouger le moins du monde, c’est bien compris, Tery ? »

… … … C’était bien compris. Il voulut soupirer mais il n’en avait même pas la force. Il espérait simplement que tout cela n’allait pas continuer trop longtemps … ou peut-être que si ? Il l’espérait dans le fond ? Ah … Après une trentaine de minutes, ils inversèrent les rôles, Clari l’empêchant de s’enfuir tandis qu’il se laissait faire.

Quelques heures s’écoulèrent et le soleil n’allait pas tarder à se coucher. Le jeune homme comme la jeune femme étaient restés ensembles, Tery semblant préférer sa compagnie à celle d’Olin comme il le remarquait lui-même. Alors qu’ils se dirigeaient pour aller dîner avec les autres, une troupe de quatre soldats arriva, tous aussi blessés les uns que les autres.

« Ils … Ils sont là ! Ils arrivent … Ils arrivent dans la forêt ! » s’écria l’un des soldats, quitte à perdre son souffle dans cette histoire.

« Que l’on aille chercher des soigneurs ! Calmez-vous sinon. Vous allez vite nous raconter tout depuis le début et ce qui se passe. » hurla un gradé avant de se calmer aussitôt pour s’adresser aux quatre soldats blessés. Clari regarda Tery, lui disant :

« Et toi qui voulait de l’action, tu vas être servi, n’est-ce pas ? »

« Peut-être mais pas à l’heure du repas ! Ca ne se fait pas ! » répliqua le jeune homme en émettant une petite mine déconfite par cette nouvelle.

« Roh … Ne fait donc pas cette tête. On s’occupe de ces quelques soldats perdus et on aura le temps d’aller manger avant même que le jour se lève. »

« … … … Je ne suis pas convaincu le moins du monde, là. Bon … Alors autant écouter ce que les soldats ont à dire et ensuite, on peut se préparer. » termina t-elle de dire alors qu’il hochait la tête. Bien entendu … De toute façon, ils n’avaient pas vraiment le choix. Si l’ennemi était là … Alors il fallait se préparer avant qu’il ne soit trop tard.

Tout se fit très rapidement, les soldats autour de Clari et Tery bougeant dans tous les sens tandis que le jeune homme plaçait déjà ses deux griffes sur ses mains. Son ventre gargouilla, Clari rigolant un peu avant que ce ne soit le sien qui fasse de même. Elle rougit légèrement, sa claymore dans son dos avant qu’ils ne viennent rejoindre les autres. Enfin, tout le monde se retrouva aligné en plusieurs files, un gradé prenant la parole :

« Bon … On ne va pas perdre plus de temps … Puisque le village risquerait d’être attaqué si nous ne sommes pas là, nous allons devoir laisser une partie de nos effectifs ici. L’autre partie ira tout simplement repousser l’armée ennemie. D’après les dires de nos éclaireurs qui sont revenus dans un triste état, ils sont plusieurs centaines. Pour une troupe de cette taille pour un aussi petit village, c’est bien plus qu’important. Cela n’est rien comparé aux véritables combats qui nous attendront plus tard mais ce n’est pas pour cela qu’il faut baisser votre garde ! Les ordres de la maréchale étaient formels : il faut protéger ce village comme les autres. Montrez à nos adversaires qu’ils n’ont rien à faire sur nos terres ! »

« J’ai une raison de plus … pour les repousser. » murmura le jeune homme aux cheveux bruns, Clari rigolant une nouvelle fois en lui chuchotant :

« Ne t’en fais pas … Il est hors de question que ta mère soit mise en danger. »

« J’utiliserai mes lignes d’Alzar … pour ceux qui me sont proches, pas pour un intérêt personnel … pas de cette façon. » reprit le jeune homme, n’écoutant plus les paroles du gradé qui continuait de prononcer un discours de motivation.

« Si seulement tout le monde pouvait penser ainsi … avec ces lignes d’Alzar … mais aussi que les autres ne jugent pas une personne suivant ses lignes … »

Elle avait dit cela avec tristesse et il allait lui demander ce qu’était le problème … avant de s’arrêter. C’était sûrement quelque chose de personnel … et il ne voulait vraiment pas en parler car ça ne le concernait pas. Si elle voulait se confier, il était là. Pourtant, ils n’allaient pas avoir le temps, comme il aimait se le répéter mentalement.

« Que tout le monde se mette en position ! La séparation des effectifs en deux va se faire dès maintenant ! » s’égosilla un autre gradé alors que Tery et Clari se mettaient en rang comme les autres. Ah … Tiens … Olin était de l’autre côté, avec les chefs.

Bah … Lui aussi donnait des ordres. Par contre, il était facile de voir que son caractère était bien différent des autres. C’était amusant en un sens, il le reconnaissait. Mais bon, ce n’était pas l’heure de s’amuser justement et il devait se concentrer ! Par chance, lui et Clari furent choisis pour aller combattre les soldats de Traslord. De la chance … ou non. Olin lui-même avait décidé de les prendre avec eux. Il savait parfaitement à quel point la jeune femme aux couettes blondes était forte … et aussi son ancien lieutenant.

« Puisque les effectifs ont été séparé, que ceux qui sont avec nous viennent nous suivre ! »

Il espérait intérieurement que les gradés allaient se taire pendant la marche en direction des soldats de Traslord. Car bon … Crier de la sorte n’allait pas leur permettre d’être très … discrets pendant leurs déplacements. Clari était toujours à ses côtés, comme à son habitude tandis qu’il regardait à gauche et à droite, la troupe s’enfonçant dans la forêt.

« Normalement … Je connais cette forêt … On ne devrait pas se perdre. »

« Et bien … Tu pourras me guider. Je te fais plus confiance qu’aux autres, question de principe. » dit Clari en lui souriant, faisant attention à ne pas cogner sa claymore contre les arbres tandis que le jeune homme tendait l’oreille.

C’était toujours sympathique à entendre. Ils continuèrent de se mouvoir à travers les arbres jusqu’au moment où une flèche vint se planter dans l’épaule d’un des soldats de Shunter. Aussitôt, des cris fusèrent dans tous les sens, Tery et Clari, se collant dos contre dos, la jeune femme ayant déjà sorti son arme.

« Visiblement, ils nous attendaient eux aussi. Dommage pour l’effet de surprise. » dit-elle avec un petit air amusé bien qu’il n’y avait pas de quoi l’être.

Le soldat qui s’était retrouvé avec une flèche fut aussitôt soigné tandis que déjà apparaissaient l’ennemi. De belles armures bleues sur une partie de leurs corps, ils semblaient bien mieux équipés que les soldats de Shunter au niveau de leurs défenses. C’était assez rageant en un sens mais l’équipement ne faisait pas tout dans un combat, c’était cela qu’il se disait dans sa tête pour se motiver.

« Je le sens quand même un peu mal, Clari. »

« Hum ? Et pourquoi cela, Tery ? Tu n’as pas du tout à t’inquiéter. Je ne pense pas qu’ils aient envoyé quelques personnes aux lignes d’Alzar et Zélisia … contrairement à nous deux. Tu veux montrer à quel point tu es devenu fort ? Tu peux facilement t’occuper d’eux. »

Facilement s’occuper d’eux ? Hum … C’est juste que … Voilà bon … C’était la première fois qu’il voyait un homme de Traslord. Ah mais non ! Quel idiot ! Il avait déjà vu une personne issue de Traslord ! Un jeune prince même … Ah … Mais pourquoi est-ce qu’il n’y avait pas réfléchit … Il n’y avait rien d’étonnant alors en les regardant.

« Dès l’instant où tu nous attaques, préviens-moi, Tery. Je m’occuperai de mon côté mais à nous deux, nous devrions facilement … »

« Pouvoir venir à bout de plusieurs centaines de soldats, c’est cela ? Tu n’es pas un peu folle ? » demanda t-il tandis qu’elle rigolait comme à son habitude.

« Pas le moins du monde. Tu n’as qu’à faire confiance en tes pouvoirs. »

Faire confiance, faire confiance … Bon … Ca ne servait à rien de s’attarder plus longtemps là-dessus. Il allait régler cette histoire le plus rapidement possible pour que sa mère soit en sécurité. Voilà ! C’était sur cela qu’il devait se focaliser ! Sur la protection de sa mère … Il devait protéger sa mère … Et pour ça … Il devait alors tuer ces soldats … Ah … Pourquoi n’y avait-il pas réfléchit plus tôt ? Avec rapidité, il s’éloigna du terrain de combat, c’est-à-dire la forêt, criant à Clari :

« Clari ! Est-ce que tu peux venir s’il te plaît ?! Du moins protéger mes arrières ? »

« Oh … D’accord, d’accord ! C’est demandé si gentiment, je ne peux rien te refuser ! »

Il avait déjà rangé ses deux griffes, les soldats de Shunter étant trop occupés à attaquer leurs adversaires pour se préoccuper des deux jeunes personnes qui mettaient de la distance avec eux. Dès qu’il fut assez loin, Clari se mit en position pour le défendre, le jeune homme commençant à psalmodier quelques paroles tout en prenant quelques morceaux de terre. Il lui fallait une base … Rien qu’une base … Pour préparer tout cela.

« Visiblement, les soldats vont avoir un sacré allié, héhéhé. »

« Chut … Clari … Je tente de me concentrer. Tu sais aussi bien que moi que ce n’est pas aussi simple que ça, n’est-ce pas ? »

« Ohlala … D’accord, je ne te perturbe plus mon grand … Pour l’instant, il n’y a pas à s’inquiéter, c’est bien tranquille. Comme quoi … Ils ne savent pas ce qui va les attendre dans moins de dix minutes, hihihi. »

Roh ! Qu’elle arrête avec son rire, ça allait le perturber plus que tout. Il avait décidé de tester une nouvelle technique … d’après les livres … qu’il avait compris … Il pouvait modifier un peu son golem, n’est-ce pas ? Alors il avait envie de tester cela.

Peu à peu, une petite forme commençait à apparaître devant ses yeux. Une forme bien spécifique … Un mélange de terre, de pierre mais aussi de racines. Clari avait même pousser un petit cri d’émerveillement à cette vue, disant avec joie :

« Ce n’est pas un golem normal ?! C’est quoi, Tery ?! »

« Un golem lié à la nature. Il est bien différent d’un golem de terre qui n’est constitué que de pierre et de terre. Ici, c’est vraiment un être issu de la nature même. J’avais envie d’essayer car il paraîtrait que cela est assez compliqué à créer … Mais à partir de là, Shunter est son terrain de prédilection. Ah … Quand j’ai vu Mekalarma, Honoros ou Claudiska, cela n’a rien à voir avec Shunter … Shunter est vraiment un endroit merveilleux et beau. »

« C’est rare qu’une personne préfère l’endroit où il vit qu’ailleurs … L’herbe est toujours plus verte ailleurs … mais je suis d’accord avec toit néanmoins. »

Tant mieux … Il n’avait pas envie d’en discuter plus que cela. Le golem de la nature prenait peu à peu forme, mesurant un mètre cinquante de hauteur. Il ne pouvait pas imaginer quelque chose de bien plus gros à l’heure actuelle. Formé de pierres dans la majorité de son corps, des racines se baladaient dans les espaces entre chaque pierre tandis que de la mousse se formait un peu sur les parties de son corps, comme pour le protéger.

« C’est le moment, Clari ! On peut y aller ! »

« Aucun souci, on n’a eu aucun problème, tant mieux alors ! Allons-y dès … »

Elle s’arrêta de parler alors que des petits cris se firent entendre au loin. Ce n’était pas des cris … d’humains. Il les reconnut tout de suite, hurlant à Clari de se dépêcher alors qu’il savait ce que cela voulait dire ! Les gnomolds étaient de la partie ! Ils allaient se mêler à la bataille ?! Ca allait devenir plus que problématique ! Et ce n’était pas son golem qui allait les aider plus que ça … surtout … surtout si il était là.

Chapitre 8 : Un ennemi imprévu

ShiroiRyu
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Chapitre 8 : Un ennemi imprévu

Ah … Son village … Il n’aimait guère cette idée de retrouver sa mère … Tout en l’aimant bien entendu. C’était juste qu’il … pfiou … Il fallait vraiment qu’il lui écrive … Car bon, voilà quoi ! Il ne lui donnait aucune nouvelle à chaque fois et ça, c’était vraiment problématique ! Le jeune homme poussa un léger soupir, remarquant son village au loin … Ah … Ils n’allaient pas traverser la forêt pour s’y rendre, tant mieux. Il ne voulait pas rencontrer non plus les Gnomolds tandis qu’ils allaient combattre. Ah … Les Gnomolds …

« Ce n’est vraiment pas une bonne chose si ils venaient … » murmura t-il avec lenteur.

« Hum ? A qui est-ce que tu parles ? Et de quoi est-ce que tu parles ? » demanda Clari, marchant à côté de lui, un grand sourire aux lèvres comme à son habitude.

« Les Gnomolds sont très influents dans ma région … Enfin, près de mon village. Je n’ai jamais compris pourquoi mais ils n’attaquent guère souvent celui-ci. Pourtant, l’unique fois où ils l’ont fait … à ma connaissance … »

L’unique fois … Cela avait … Cela lui avait permis de voir la vérité à ce jour. Ah … Il ne voulait pas s’en rappeler. Ce n’était pas une bonne chose ce genre de souvenirs, cela lui causait plus de problèmes qu’autre chose. Il regarda la jeune femme aux couettes blondes, lui faisant un petit sourire à son tour tandis qu’elle rigolait.

« Et bien … Savoir qu’il y a des Gnomolds te fait plaisir ? Tu sais bien que ce n’est pas pour eux que l’on vient. AH ! Au passage, tu me montreras donc ta mère ? »

« Pourquoi est-ce que je ferai ça ? Elle ne te connait pas et inversement. » répondit-il, un peu surpris par cette demande de la part de Clari. Celle-ci lui fit un petit geste du doigt, comme amusée par les propos de Tery avant de reprendre :

« Car j’ai envie de la voir, voilà tout. Je me demande à quoi ressemble donc la femme qui a put te mettre au monde. J’ai bien envie de rigoler, hihi. »

« Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle avec ma mère ! » s’écria le jeune homme aux cheveux bruns, comme un peu outragé d’entendre cela de la part de Clari.

« Roh … Tu ne sais pas relever l’humour hein ? Je voulais dire par là que j’ai envie de la connaître. J’ai juste envie de savoir qui t’a mis au monde. C’est tout. Il n’y a rien de méchant ou outrageant, ne t’en fais pas. Je sais quand même me comporter correctement hein ? »

« Ah oui … Mademoiselle est de la haute noblesse. Je l’avais parfaitement oublié. » répondit-il avec un peu d’ironie tandis qu’elle rougissait.

« Haute noblesse … Pas forcément … Mais disons que j’ai quand même quelques règles de savoir vivre … Ce n’est pas forcément le cas de tout le monde. »

Elle lui tira la langue avec amusement alors qu’Olin leur demandait d’accélérer le rythme. Ils étaient les derniers de la file, Tery se rappelant ces instants avec Elen. Ah … C’était ici … Enfin, non-loin de son village, qu’il avait trouvé la vérité … Qu’il avait réussi à l’apercevoir pour la première fois sans son masque. C’était un merveilleux souvenir à ses yeux.

« … … … Bon … Je ne dirai rien pour l’instant. »

Hum ? De quoi ? Il se tourna vers Clari qui avait pris la parole, se demandant de quoi est-ce qu’elle parlait. La jeune femme aux cheveux blonds marchant un peu plus vite pour rattraper les autres et les dépasser. HEY ! Qu’elle l’attende quand même !

La marche se termina normalement, aucun problème n’étant présent à l’horizon, du moins pour l’instant. Les soldats durent installer leurs tentes non loin du village de Leskar tandis qu’ils avaient la permission de se rendre dans celui-ci en attendant les nouveaux ordres. Le jeune homme aux cheveux bruns regarda à gauche puis à droite pour voir s’il n’était pas suivi avant de courir rapidement à travers les ruelles. Il arriva jusqu’à une modeste demeure, toquant plusieurs fois à la porte avant qu’une voix féminine ne se fasse attendre :

« Qui est-ce ? »

« Devine donc, maman ? » répondit-il en levant les yeux en l’air.

« Tery et sa petite amie ! » s’écria une voix derrière le jeune homme, celui-ci se retournant brusquement pour voir Clari qui lui faisait un grand sourire.

Les bruits de pas s’accélèrent subitement avant que la porte ne s’ouvre, laissant paraître celle qu’il pouvait nomme mère. Oh … Elle avait encore … perdu quelques kilogrammes … non ? Sa mère ressemblait de plus en plus à celle qu’il avait vue sur le dessin … Oh … Bien entendu, avec un peu plus du double d’années au compteur. La femme aux cheveux noirs posa son regard émeraude sur celui qui était son fils … puis l’imposante demoiselle à ses côtés.

« … … … Tery ? Ta petite amie ? Qu’est-ce que ça veut dire ? »

« Clari raconte n’importe quoi. Pardon de ne pas avoir pensé à t’écri… »

Aussitôt, des veines brunes étaient apparues sur la main droite de Léa, celle-ci prenant son fils par le col avant de le tirer à l’intérieur. Elle invita Clari à les suivre, la jeune femme paraissant surprise d’une telle action. Elle pénétra dans la maisonnette, fermant la porte derrière elle tout en se demandant si elle n’avait pas rêvé. Cette femme … n’hésitait pas à traîner son fils de la sorte ?

« Et bien … Je commence à savoir d’où vient cette habitude à ne pas répliquer lorsqu’il se fait dominé par les femmes. » dit-elle à voix basse, plus qu’amusée par la situation.
Quelques instants plus tard, elle se retrouvait assise à une table, une tasse de thé déposée devant elle. Encore une fois, elle était surprise … plus que surprise même. Cette femme … Léa … C’était bizarre mais elle n’avait rien d’une paysanne et pourtant …

« Alors … Qu’est-ce que mon imbécile de fils a de si particulier pour que vous puissiez traîner avec lui ? Mademoiselle … Clari, c’est cela ? »

« C’est exact. Quand à votre … fils … Disons qu’il est spécial à mes yeux. »

« Spécial ? Qu’est-ce qui tu lui as fait, Tery ? Espèce d’idiot. Je pensais que la première fois, tu avais compris mais visiblement, pas le moins du monde ! Quand est-ce que tu vas penser à m’écrire plus fréquemment ?! »

« Oh … Il était occupé à écrire à une autre femme. » répondit Clari, les joues du jeune homme s’empourprant violemment avant que sa mère ne tente de dire quelque chose. Pourtant, elle observa Clari pendant quelques instants, la regardant de haut en bas avant de dire :

« Ne seriez-vous pas la jeune demoiselle portant un masque blanc ? »

« Oh ? Vous la connaissez ? Tery ? Tu lui as dit que c’était une femme ? » demanda la jeune femme aux cheveux blonds alors que Tery hochait la tête négativement.

« Maman ? Comment est-ce que tu étais au courant ? Je ne t’ai pourtant jamais parlé d’elle. Enfin pas dans ces détails. » dit Tery en regardant sa mère.

« Hum ? Allons bon, qu’est-ce qu’il y a de si surprenant à ce que je sache que c’est une femme cette personne masquée ? A croire que cela est secret. »

« Normalement, c’est le cas, Maman. » répondit le jeune homme aux cheveux bruns, étonné.

« Elle cache très mal ses secrets si tu veux tout savoir. Rien que dans la gestuelle et dans ces paroles, il est facile de savoir que l’on a affaire à une femme. » reprit Léa, sûre d’elle. « Et puis, malgré ses capes autour d’elle, il est n’est pas si difficile de remarquer ses formes féminines. Bref … Je ne pensais pas que cela était si secret que cela. »

« … … … Clari … … … Avant que je t’en parle, est-ce que tu étais au courant ? » demanda Tery avec lenteur tandis que Clari lui disait :

« Et bien, disons que l’enlacement ne faisait aucun doute. Généralement, les amis masculins entre eux préfèrent se faire une accolade alors que là, cela allait bien plus que ça. »

« Tais-toi au lieu de raconter n’importe quoi ! Pas devant ma mère ! » s’écria t-il en rougissant un peu, la femme aux cheveux noirs restant de marbre devant cette anecdote. Il baissa la tête, reprenant : « Et Royan … semblait aussi le savoir. Est-ce que ça veut dire que je suis le seul à ne pas avoir remarqué que c’était une femme ? »

« Il y a de fortes chances, mon fils. » annonça Léa d’une voix calme.

« Je ne suis pas sûre que cela plaise à Elen que tu dises une telle chose. Enfin, de l’autre côté, c’est bien elle qui essayait de se cacher alors que c’était inutile. » termina de dire Clari.

« Hum … Donc … Elle s’appelle Elen, cette jeune demoiselle masquée qui semblait bien te connaître. C’est plutôt un nom assez joli. »

« Oh … Et bien entendu, elle lui a aussi envoyé plusieurs images qu’il garde précieusement avec lui. » reprit Clari alors que le jeune homme était pris de tremblements.

« NON MAIS TU VAS TE TAIRE ?! Ca ne te concerne pas, Clari ! Ca ne concerne personne ce qu’Elen fait ! C’est bien compris ?! cria t-il avec colère et gêne en se levant.

« Tery. Assis. » annonça Léa d’une voix neutre, le jeune homme s’exécutant aussitôt, pris à nouveau de tremblements mais cette fois-ci de peur. Clari regarda Léa avec étonnement. Il avait obtempéré aussitôt. La jeune femme aux cheveux blonds rigola en disant :

« Et bien … Visiblement, y en a un qui obéit à sa mère. C’est un brave garçon. »

« Toi … Ca se voit que tu ne connais pas ma mère … Je te promets qu’entre la maréchale ou elle, j’ai plus peur de ma propre mère que de la maréchale. »

« Oh … Tu n’as pas parlé de la maréchale à ta mère ? Madame Vanian, sachez aussi que votre fils s’est attiré les faveurs de la personne la plus importante et imposante de l’armée de Shunter, je veux parler de la maréchale Nali. »

« … … … Une maréchale et une jeune femme masquée de blanc … … … Tu n’essaierais quand même pas de faire double jeu ? »

« Bien sûr que non, Maman ! Je ne suis pas du tout comme ça ! Et pourquoi est-ce que l’on parle de tout ça ?! Ca ne … Mais qu’est-ce que tu fais Clari ?! » demanda le jeune homme alors que Clari s’était mise à fouiller dans les affaires que Tery transportait avec lui, le reste ayant été déposé dans une tente. Elle en sortit une image, la première qu’Elen lui avait envoyée. Il voulut la récupérer mais sa mère plaqua aussitôt sa main sur la sienne, l’empêchant de bouger tandis qu’elle récupérait l’image de son autre main. Elle l’observa pendant quelques instants, Tery baissant la tête, serrant les dents. Mais de quoi est-ce que Clari se mêlait ?! Ca ne la concernait pas ! Et surtout … Qu’est-ce que sa mère allait dire ?

« … … … Et quelle est ta relation avec cette jeune femme ? »

« Ma relation ? Comment ça, maman ? » dit-il avec un peu d’étonnement sincère.

« Tu es désespérant mon fils. Le pire est que tu sembles ne pas le faire exprès, c’est la chose la plus affligeante à mes yeux actuellement. » reprit Léa en poussant un profond soupir.

« Mais qu’est-ce tu veux dire ?! Je ne vois pas où tu veux en venir ! »

« Quels sont vos sentiments réciproques ? » termina de dire la femme aux cheveux noirs alors que Clari sifflait d’admiration. Elle-même n’aurait jamais osé poser la question.

« … … … HEIN ?! Que … Que … Quoi ? Nos sentiments réciproques ? » balbutia le jeune homme, rougissant violemment alors que Léa lui tendait l’image d’Elen. Il la rangea aussitôt, sa mère croisant les bras en attendant sa réponse. « Ohla … Maman … Tu te fais des idées. Elen et moi, il n’y a rien de tout cela. »

« Ah bon ? Ce n’est pas ce que j’ai cru comprendre, Tery. Tu sais, à Claudiska, quand elle a appris à ce sujet … Elle n’a pas hésité un instant à … » commença à dire Clari alors que le jeune homme mettait une main sur sa bouche pour la faire taire.

« Tu veux bien te taire ?! J’essaie un peu d’arranger les choses ! Purée ! Tu n’arrêtes pas de l’ouvrir quand il ne le faut pas, Clari. Bon … Euh … Maman … Il n’y a rien du tout entre Elen et moi, je ne … »

« Je ne crois pas t’avoir demandé cela, Tery. Je me répète une nouvelle fois : quels sont vos sentiments réciproques ? Que penses-tu d’Elen et inversement ? »

« … … … Je l’aime bien, c’est tout. » marmonna t-il. « C’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup pour tout ce qu’elle fait mais ça s’arrête là. Faut pas s’imaginer mille choses non plus hein ? Elle est très gentille, parfois un peu tête en l’air mais aussi du genre assez … euh … excitée. Quand elle a une idée en tête, qu’elle soit bonne ou mauvaise, elle est toujours prompte à réagir comme il le faut. Enfin bref … Je ne la déteste pas si c’est ce que tu veux savoir, maman. Je ne risque pas de la détester. Comme je ne déteste pas Clari ou la maréchale hein ? » reprit le jeune homme comme pour s’excuser.

« … … … Tu m’as l’air de plus fuir qu’autre chose. Enfin bon … Je vais arrêter de te perturber avec cela puisque visiblement, tu n’es encore qu’un enfant à ce niveau. » dit sa mère.

HEY ! C’était lui ou il venait de se faire insulter par sa mère ? Clari rigola, amusée par la situation tandis qu’il demandait des explications. Visiblement, il n’allait pas en avoir puisque sa mère décida de ne pas lui répondre à ce sujet.

Deux heures plus tard, avec la promesse de lui écrire absolument, Tery put quitter la demeure de sa mère, accompagné de Clari. La jeune femme aux cheveux blonds semblait folle de joie depuis qu’elle avait rencontré Léa, n’arrêtant pas de parler à Tery de sa mère. Au bout d’un moment, un peu fatigué, il demanda :

« Tu ne sais pas te stopper hein ? Mais quand même … Tu sais … Ma mère, c’est juste une femme comme les autres hein ? Elle n’a rien de bien spécial. »

« Bien entendu, bien entendu … Moi, je trouve que ta mère n’est pas comme les autres femmes. On ne dirait pas comme ça mais elle a l’air d’avoir une puissance assez imposante en termes de magie. Est-ce qu’elle était une grande magicienne dans le temps ? »

« Je ne crois pas. Moi, depuis que je suis là … Elle est toujours restée à la maison sans rien faire d’autre. Mais d’un autre côté … Nous avions quand même assez d’argent pour vivre grâce à la paye de la milice quand mon père est mort. Comme quoi, elle était veuve en même temps … Mais avant ma naissance, je ne sais pas … Je ne sais même pas comment ils se sont connus, où ils se sont épousés et toutes ces choses et tu sais quoi ? Ca ne m’intéresse pas. »

« Oh d’accord, monsieur le grognon, j’arrête de t’embêter hein ? »

Elle avait prononcé les derniers mots en soupirant tandis qu’ils retournaient au camp. Bon … Cette journée s’était passée d’une façon bizarre, il devait se l’avouer. Revoir sa mère était plaisant … Mais avec tout ce qui s’était dit …

« C’est vrai quoi … Je n’ai jamais pensé à Elen de la sorte. » marmonna t-il faiblement, Clari tournant son visage vers lui, intriguée. Cela avait été inaudible ou presque et elle se demandait de quoi est-ce qu’il parlait.

Lorsqu’ils arrivèrent parmi les tentes, Clari partit de son côté, lui annonçant qu’ils se reverraient le lendemain. Ah … Un peu de tranquillité ! Ca ne pouvait que lui faire du bien, de toute façon ! Il se dirigea vers sa propre tente, s’enfonçant à l’intérieur.

Bon … A quoi est-ce qu’il pouvait penser ? A quoi devait-il penser plutôt ? Car là, il était perdu, plus que perdu même, il devait l’avouer. Il ne voyait pas … ce qu’Elen avait à voir dans toute cette histoire. De toute façon, à chaque fois, il ne voyait la jeune femme aux cheveux blonds que très brièvement … Au départ de son aventure personnelle … Ah … C’est vrai que dans le fond … Il aimerait bien revoir Elen … mais plus librement et calmement … Enfin, sans qu’ils soient obligé de se séparer encore et toujours. Il avait presque l’impression qu’ils étaient des amants interdits.

« Mais à quoi est-ce que je pense, moi ? » s’écria le jeune homme en se donnant une claque sur le front. Des amants interdits ! Où est-ce qu’il avait eut cette idée saugrenue dans sa tête ?! Il se le demandait bien car là, c’était carrément abusé ! Comment est-ce qu’il … C’était vrai qu’Elen avait certains charmes bien à elle, différents de ceux de Clari ou de Manelena et puis … A côté … MAIS STOP ! Il se donna des coups de poing sur la tempe. Voilà qu’à cause de sa mère et de Clari, il avait des idées absurdes dans le crâne !

« Un rassemblement est demandé d’urgence ! » hurla une voix forte au-dehors de la tente.

Qu’est-ce que … Il se dirigea hors de sa tente, se retrouvant rapidement à côté d’Olin alors qu’un homme attendait que tous et toutes soient là. Après plusieurs minutes, lorsque les soldats étaient regroupés, l’homme dit :

« Les gnomolds ont envoyé des éclaireurs … La majorité d’entre eux sont morts avant même de remarquer qu’ils avaient été vus. Néanmoins, les autres se sont enfuis pour prévenir le reste des gnomolds. C’est donc une mesure de prévention. »

Et c’était cela la mesure d’urgence ? Signalez qu’il y allait avoir des Gnomolds autour d’eux ? Rien de bien nouveau. Voilà qu’il s’était fait des idées. Il poussa un petit soupir tandis qu’Olin tournait son visage vers lui.

« Ca ne va pas, Tery ? On dirait que ça te gêne que les gnomolds soient là. »

« Non pas le moins du monde … juste qu’il s’emporte simplement pour ça. Ca n’a rien de bien étonnant … Les gnomolds ont toujours été une source de problème. »

« Ah bon ? Ah oui ! Déjà quand j’étais venu ici … Enfin … Je sais plus … Je crois que oui … Même qu’il y avait cette personne masquée de blanc … Enfin bref, les Gnomolds étaient là aussi, ils étaient venus combattre ce gros ver. »

« Ah … Ca fameux gros ver … Enfin bon … Rien de bien dramatique. »

Loin de là même, il salua Olin, Clari s’approchant de lui en lui annonçant qu’elle se chargerait de le protéger au cas où des Gnomolds. Il émit un grand rire amusé par les propos de la jeune femme, lui disant en souriant :

« Tu n’as pas à t’inquiéter au sujet des gnomolds, je les connais très bien. »

« C’est vrai que c’est ton village … Mais quand même, il y a une concentration anormale des gnomolds près de votre village. L’armée de Shunter n’a jamais essayé de régler leurs comptes définitivement ? Une bonne fois pour toutes ? »

« HAHAHAHA ! Tu crois que c’est aussi simple que ça ? Non … Les Gnomolds sont beaucoup trop nombreux … Bien plus que tu ne le crois … »

« Ils sont vraiment … si imposants que ça ? » questionna la jeune femme, surprise de la réaction de Tery. Elle ne s’attendait pas à de telles choses de sa part … Enfin … De le voir le prendre avec le sourire. C’était … assez inquiétant quand on y réfléchissait bien.

« Pas forcément imposants … A part leur chef … Lui, il est carrément monstrueux. »

« Tu l’as déjà rencontré ?! dit-elle avec étonnement alors qu’il hochait la tête positivement.

« Ca n’a rien de bien étonnant puisque c’était lui qui a emmené mon père à la mort et qui a attaqué mon village il y a de cela quinze ans ou presque, j’ai arrêté de compter. »

Elle haussa les épaules, ne pouvant faire que cela tandis que le jeune homme la regardait toujours avec un petit sourire aux lèvres. Quand il parlait des Gnomolds, il avait cette expression qui le rendait si différent … et inquiétant en même temps, elle le reconnaissait.

« Enfin bon, ça ne change rien au fait que si tu as besoin d’aide, je serais là, Tery. » dit-elle pour se donner une certaine contenance qu’elle avait beaucoup de mal à avoir.

« Merci beaucoup de ta sollicitude, cela me touche énormément, Clari. »

« … … … Je vais te laisser alors, Tery. »

Différent … C’était le mot parfait pour le désigner lorsqu’elle le voyait alors qu’ils avaient affaire aux Gnomolds. Elle s’éloigna en l’observant du coin de l’œil. Elle allait devoir le surveiller au cas où pour qu’il ne commette pas de bêtises avec ces lignes noires. C’était une mesure de précaution car elle ne savait pas le moins du monde comment il allait réagir face aux Gnomolds. Maintenant qu’il savait utiliser ses pouvoirs, s’il en abusait …

« Les gnomolds … Ah … Oui … Les gnomolds … »

Il regardait le ciel, un petit sourire aux lèvres. C’était l’une des causes lointaines qui dans le fond, lui avait permis de devenir ce qu’il était aujourd’hui. Et puis … A côté, il y avait sa mère… Et Elen … Et l’armée de Shunter … C’était grâce à ces personnes qui l’entouraient qu’il était … ça.

« Assez perdu de temps … Il vaut mieux ne pas traîner. »

Il se donna des petites claques sur les joues. Et pourquoi ne se préparait-il pas ? Du genre en s’entraînant ? Et en lisant les livres sur les golems … A force, il commençait sérieusement à bien y arriver. Ses créations n’étaient pas aussi … grandes que celle dont Elen et Clari lui avaient parlée mais bon … Il n’utilisait pas ses lignes noires pour cela et il ne voulait surtout pas s’évanouir. Hum … Bon … Le but était d’en créer un rapidement et ensuite de voir pour la puissance. Il fallait aussi dire que ces entraînements étaient assez disparates … Il n’avait pas réellement de vrais moments … où il s’entraînait constamment sur les golems. Il devait plutôt s’appliquer au lieu de faire n’importe quoi. Et aussi faire tout cela avec beaucoup plus de sérieux. C’était … bizarre de penser à cela maintenant ? Peut-être.

Chapitre 7 : La mort aux frontières

ShiroiRyu
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Chapitre 7 : La mort aux frontières

Encore une nouvelle journée … pour partir en mission. Il poussa un soupir alors qu’il se levait dans son lit. Du moins … Il n’était pas le seul à dormir dedans. Clari était encore endormie tandis qu’il poussait un léger soupir. Sincèrement, un jour, il allait devoir lui expliquer que ça ne se faisait pas. Mais bon … A quoi bon perdre son temps avec elle ? Elle ne semblait pas vouloir l’écouter … Donc ça ne servait à rien du tout.

« Bon … Je me lève … Dans cinq secon … »

« Bonjour, Tery. » murmura soudainement une voix à côté de lui avant qu’il ne se retrouve allongé sur le lit, Clari à moitié sur lui. La tête posée sur son torse, elle avait un sourire aux lèvres tandis qu’elle gardait les yeux fermés. « Bien dormi encore aujourd’hui ? »

« Ca peut aller. A force, on s’habitue à tes ronflements. » répondit-il avec amusement alors que la jeune femme lui tirait tout de suite les joues, un peu rouge de gêne.

« Je ne ronfle pas ! Je ne suis pas comme ça, Tery Vanian ! » s’écria t-elle avant de retirer ses doigts des joues du jeune homme. Elle vint l’embrasser doucement sur la joue droite.

« Si ça ne te dérange pas trop, j’aimerai aussi pouvoir me lever … Il faudrait que l’on se prépare. Même si nous sommes des lèves-tôt, à force de rester dans le lit, on va finir par arriver en retard et je ne crois pas que ça soit une bonne idée. »

« Roh … Nous allons bientôt retourner à Midès. Pourquoi est-ce que tu ne prends pas ton temps un petit peu ? Rien ne presse, Tery. »

Il n’était pas vraiment d’accord avec elle mais elle ne lui laissait pas le moindre choix. Il poussa un petit soupir, la jeune femme semblant surprise tandis qu’il lui caressait le cuir chevelu sans même s’en rendre compte. Il avait pris une certaine habitude de la savoir auprès de lui, il le reconnaissait parfaitement. Etait-ce une mauvaise ou une bonne ? Ce n’était pas à lui de décider. Au final, ça ne lui déplaisait pas.
Elle poussa un petit murmure de plaisir, se laissant faire en rigolant à moitié tandis qu’il ne comprenait pas la raison d’un tel éclat. Pourtant, après cinq minutes, lorsqu’il s’arrêta, elle lui demanda de continuer. Pourtant, il se leva, Clari faisant une petite moue boudeuse attendrissante tandis qu’il se dirigeait vers le bac remplit d’eau. Il s’aspergea le visage, Clari venant le rejoindre avant de faire de même. Elle l’aspergea avec amusement tandis qu’il commença à faire de même de son côté.

« Allez, arrête Clari, on n’a pas de temps à perdre avec tout ça. »

« Je ne sais pas trop … Ca n’a pas duré assez de temps justement … »

« Qu’est-ce qui n’a pas assez duré ? » demanda t-il alors qu’elle ne semblait pas vouloir lui répondre, faisant juste une petite moue boudeuse.

… Il ne savait même pas ce qu’il lui avait fait ce matin ? Ce geste pourtant si simple avait beaucoup d’importance pour elle. Même si ce … Ce n’était pas de la façon là … que les gens le verraient. Enfin à la base, ils n’avaient même pas besoin de le savoir !

Une demi-heure s’écoula et ils quittèrent la chambre, des sacs sur leurs dos. Ils allaient partir … Là, ce n’était qu’une auberge car ils n’étaient pas si nombreux que cela, sept personnes d’après ses souvenirs. Donc, ils pouvaient éviter de dormir dans des tentes … Ah … Des tentes … Vraiment … La vie de soldat n’était clairement pas simple mais bon, il s’y était habitué depuis déjà pas mal de temps …

« Ca fait déjà plus d’une année … Hum … Cela passe beaucoup trop vite. »

« Qu’est-ce que tu racontes ? Tu es encore en train de te parler tout seul, Tery. »

« … … … Fichue habitude. Je me demande de qui je tiens ça. » répondit le jeune homme aux cheveux bruns, passant une main dans ces derniers. C’est vrai … Auparavant, il n’avait jamais eut un tel tic. Enfin bon … Ce n’était pas si grave que ça … tant que ce n’était pas en combat car là, signaler à l’ennemi ce que l’on comptait faire … Ce n’était pas une bonne idée.

Peu à peu, les autres soldats se réveillaient alors que le duo avait déjà terminé de manger. Pour l’heure, il n’avait pas reçu de nouvelles lettres de la petite demoiselle au masque blanc mais ce n’était pas si préoccupant que ça. Il ne pouvait pas espérer recevoir une lettre chaque jour non plus hein ? Lorsque tous furent prêts, ils quittèrent l’auberge dans laquelle ils avaient tous dormis pour se préparer à rentrer à Midès.
Comme à son habitude, il ne parlait pas réellement avec les autres soldats et inversement. A part Olin et Clari, il n’avait pas de relations avec les autres et il n’en voulait pas plus que cela. Autant ne pas perdre plus de temps que cela dans toute cette histoire … Enfin, sans vouloir être malpoli par rapport aux autres soldats. Il n’avait jamais été … très sociable dans le fond … Et cela faisait depuis longtemps que c’était ainsi.

« Hum ? A quoi est-ce que tu penses, Tery ? »

Clari s’était adressée à lui alors qu’Olin s’était dirigé vers les autres soldats pour parler un peu avec lui. Hum … Il se tourna vers la jeune femme aux couettes blondes, lui faisant un petit sourire avant de lui répondre d’une voix neutre :

« Je ne sais pas trop … A pas grand-chose. J’aimerai bien revoir ma mère … Encore une fois, j’ai complètement oublié de la prévenir et de lui écrire ces derniers mois. La dernière fois que j’ai faite une telle chose, elle a perdu plus de vingt kilos. Si elle se met dans le même état qu’auparavant, j’ai bien peur que je puisse la soulever à une main. »

« Tu ne parles pas souvent de ta famille, hein ? »

« Je ne vois pas pourquoi j’en parlerai … Ma mère est assez spéciale mais … bon … »

C’était sa mère donc il l’adorait. Ca n’avait rien du tout à voir avec son père. Oh … Son père, il ne voulait rien savoir à son sujet. Devant son visage tiré par la colère, Clari demanda :

« Ta mère est-elle si mauvaise que ça ? Ca ne semble pas te réjouir … »

« Hein ? Comment ça ? Pas du tout ! Ma mère est vraiment spéciale mais je l’adore ! » répondit-il aussitôt avec entrain. « Ce n’est pas du tout ça ! Non … J’aime … Enfin … »

« Il n’y a pas de honte à dire que tu aimes tes parents, hein ? » dit la jeune femme en souriant, amusée par les rougeurs sur les joues de Tery.

« Je n’aime pas mon père, je le déteste … et je le hais même. Mais par contre, ma mère … »

Sa mère … était vraiment très importante pour lui. C’était elle … qui malgré les apparences … s’était occupée de lui depuis le début. Et puis, il l’adorait, voilà tout ! Bien qu’il ne terminait pas sa phrase, Clari sembla comprendre ce qu’il pensait et lui tapota doucement le dos du crâne avec tendresse, un sourire aux lèvres.

Le voyage continua et dura moins longtemps que prévu. La preuve, ils arrivèrent au beau milieu de la nuit dans la capitale. Oui … Comme ils n’étaient guère loin, tous avaient décidé de continuer la marche même pendant la nuit. Dormir une nouvelle fois à l’auberge et surtout dans la capitale, c’était une bonne chose, une excellente chose même.

Enfin … Sauf quand Clari se colla contre lui pour dormir comme à leur habitude. Une nouvelle nuit s’écoula et il se laissa faire en poussant un petit soupir. La jeune femme à moitié couchée sur lui, il ferma les yeux en même temps qu’elle, s’endormant sans même se poser plus de questions. C’était bien parce qu’il lui faisait confiance … qu’il laissait faire une telle chose. Normalement, il ne fallait même pas rêver pour … faire ça avec une femme ! Enfin, il savait que ce n’était pas normal mais avec Clari … Il avait quand même l’impression que la jeune femme cherchait à être très proche de lui sans pour autant aller trop loin un peu … comme si ils devenaient membres d’une même famille. C’était stupide de penser ainsi … Mais à force, il avait peu à peu accepter cette idée venant de Clari.

« Debout, grosse marmotte ! On doit se dépêcher de se rendre aux baraques de l’armée. Normalement, si nous sommes arrivés à Midès, nous aurions dû dormir là-bas mais Olin a signalé qu’il se prendrait les réprimandes des supérieurs pour nous avoir laisser dormir dans une auberge pour la dernière fois. »


Il ouvrit ses yeux, se rappelant où il était. C’est vrai … Ils dormaient dans une auberge. Enfin non … Ils étaient maintenant à Midès. Ah ! La capitale ! Dire qu’il était revenu à Shunter il n’y a qu’à peine un mois … Ou quelque chose du genre … Il n’avait pas calculé le nombre de jours et en y pensant réellement, il se demandait quel jour ils étaient aujourd’hui.

« Hey … Tu ne veux quand même pas que je vienne vers toi, Tery ? Que je me couche sur toi pour t’embrasser pour te forcer à te lever, n’est-ce pas ? »

« Euh … Non merci, Clari. Je me lève dès maintenant, tu n’as pas à t’inquiéter à ce sujet. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Il se redressa dans le lit puis se mit de côté avant de se lever. Clari fit une petite mine boudeuse avant de rire. Ils se préparèrent, descendant pour voir les autres soldats qu’ils saluèrent. Pour paraître plus crédibles, il valait mieux qu’ils retournent tous en même temps pour éviter les soucis.

Tous déjeunèrent tranquillement, partant de tout et de rien. Les quelques missions n’avaient guère été un problème et bien qu’il avait des lignes noires … Il sentait que la méfiance des autres soldats se relâchaient un peu à son égard. Hey ! Il n’était pas si différent des autres quand même hein ? Il n’était pas non un monstre … Ah … Enfin bon … Ce n’était pas le moment de penser de telles choses, surtout qu’ils n’essayaient plus vraiment de l’éviter.

Et puis … Avec ce qui se passait autour d’eux, chacun n’avait pas le temps de penser à soi-même. Voilà qu’ils étaient tous alignés, avec d’autres soldats de Shunter en plusieurs files indiennes. Quelque chose de grave ou d’important s’était passé ou quoi ? Lorsqu’il vit la maréchale, il trembla légèrement.

« Je ne vais pas perdre mon temps à tout vous expliquer … Je pense que la majorité d’entre vous ont déjà vent de ce qui se passe dans le royaume. »

La majorité dont il ne faisait pas partie visiblement. La maréchale s’arrêta devant lui alors qu’il était en tête de file. Gloups … Il déglutit, ne bougeant plus d’un pli. Rien dire … Ne rien dire … Et il ne savait pas ce qui lui arrivait avec la maréchale à chaque fois qu’il la voyait.

« Honoros et Traslord nous assaillent par l’Est. De l’autre côté, il semblerait que Claudiska se prépare aussi à rentrer en guerre contre nous. »

« Et … Et Mekalarma ? J’ai entendu des rumeurs comme quoi le dirigeant précédent était mort par une personne de l’armée de Shunter et qu’ils allaient nous déclarer la guerre. »

Ce fut un soldat qui avait pris la parole, un peu tremblant à l’idée de couper la parole à la maréchale. Celle-ci se positionna devant la file de l’homme qui avait parlé. Plusieurs secondes … et aucune parole … Puis enfin, elle reprit :

« Mekalarma semble étrangement silencieux et n’est pas un problème à l’heure actuelle. Néanmoins, nos espions les surveillent. »

« Mais à côté, on se fait attaquer par trois royaumes sur quatre ! Qu’est-ce qui s’est passé avec eux pour qu’ils s’allient contre nous ?! »

Voilà qu’une femme d’une trentaine d’années avait pris la parole en s’écriant, tous les regards tournés vers elle. Elle avait osé hausser le ton ? Cela était souvent la dernière chose qu’une personne faisait … Enfin, en exagérant un peu quand même.

« … … … … … Les simples soldats n’ont pas à être au courant des actions de leurs supérieurs. Il y a une différence entre ce que vous voyez et la réalité. »

La maréchale s’était adressée à la femme calmement bien que son visage était tourné vers Tery. Celui-ci eut un léger frisson. Qu’est-ce qu’il avait fait cette fois ? HEY ! Elle n’allait pas lui faire de mal quand même non plus hein ?!

… … … Peut-être qu’elle voulait dire par là qu’il était responsable de tout cela ? Enfin … Sans être seul dans l’affaire … Récupérer les médaillons, tuer le dirigeant de Mekalarma, créer des problèmes à Honoros. Il n’y avait qu’à Traslord qu’il n’avait pas posé le pied … mais d’autres si … Enfin … Si ils étaient en guerre contre les quatre autres royaumes, c’était en grande partie à cause de lui ?!

« C’est juste … pas possible … » murmura t-il avec lenteur, tombant subitement au sol. Tout son corps s’était penché en avant alors qu’il s’était évanoui sur le coup.

Lorsqu’il rouvrit ses yeux, il remarqua qu’il était installé dans un lit, tous les autres étant complètement vides. Assis sur une chaise, un homme semblait occupé à écrire. Il voulut se redresser, l’homme se tournant vers lui. Il devait avoir une cinquantaine d’années, le crâne dégarni avec quelques favoris bruns tandis que ses yeux verts étaient derrière des lunettes.

« Veuillez ne pas vous lever de votre lit. Merci bien. »

« … … … Qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce que je fais ici exactement ? » demanda le jeune homme, un peu étonné de se retrouver au final dans une salle de repos.

« Vous vous êtes évanoui tout simplement … Au beau milieu de la cour pendant que la maréchale faisait son discours. Ce n’était pas la meilleure idée à faire … Elle vous a soulevé et transporté ici comme un vulgaire sac de pommes de terre. »

« … … … Est-ce qu’elle risque de revenir ? »

« Pourquoi ? Tu as peur de quelque chose ? » demanda subitement une voix de l’autre côté de la porte, celle-ci s’ouvrant pour laisser paraître la femme en armure noire.

Aussitôt, l’homme s’éloigna sans demander son reste, la maréchale referma la porte derrière elle. Chaque pas émit un bruit métallique, Tery se recroquevillant à moitié dans son lit, un peu apeuré. A chaque fois … qu’il voyait la maréchale … Il avait toujours cette impression …

« Je … Je n’ai pas vraiment peur … Enfin … Peut-être que si … »

« Et pourquoi aurais-tu peur par rapport à moi ? As-tu quelque chose à te reprocher ? »

« Je ne sais pas … Le fait que je me sois évanoui pendant votre discours ? Je n’arrive même pas à comprendre pourquoi je me suis évanoui. »

La femme en armure noire vint s’asseoir sur le lit, Tery ayant l’impression que celui-ci s’enfonçait complètement dans le sol. Qu’est-ce … Qu’est-ce qu’elle allait faire ? Il resta muet pendant deux bonnes minutes, la maréchale n’ouvrant pas la bouche sous son casque avant qu’il ne prenne finalement la parole, disant d’une voix gênée et distante :

« Je crois que je me suis … évanoui … car je suis responsable de tout ce que vous avez dit. »

« Ce que j’ai dit ? Les attaques sur notre royaume ? Tu n’as pas les épaules assez solides pour cela ? Pour te dire que tu es celui qui est à l’origine de tout cela ? »

« Pas du tout ! Je ne suis qu’un soldat ! Il y a encore deux ans, je ne faisais rien de ma vie ! Je n’ai pas la mentalité et le courage pour me tenir responsables de tout ça ! » s’écria t-il en tremblant violemment, ne voulant pas se rappeler de tout cela.

« … … … Tu n’es pas le seul responsable de tout cela. Tu vas sur quel âge ? Vingt ans non ? Dis-toi qu’à vingt-trois ans, je suis déjà maréchale … L’un des plus hauts statuts militaires de notre royaume. A la base, les problèmes de Mekalarma, tu n’étais pas seul que je sache. Pareil pour Claudiska et Honoros. Pfff … Tu n’as toujours pas la mentalité d’un soldat. S’évanouir à cause de cela … C’est vraiment pathétique. »

Elle avait soupiré cela devant le regard surpris du jeune homme. C’était vraiment la maréchale qui parlait … ou alors mademoiselle Nali ? Le ton n’avait pas été violent, c’était même tout le contraire. Il voulut parler mais il sentit que ce n’était pas le moment, se triturant les doigts avant de se prendre un très faible coup de poing métallique sur le front :

« Arrête de te triturer l’esprit avec de telles choses complètement absurdes. Tu es un soldat et ce n’est pas par ta faute que notre royaume est en guerre. Mettre tout sur le dos d’une seule personne, c’est manquer de courage et ne pas assumer ses actes. Ce n’est pas à un simple homme comme toi qu’on doit incomber cette faute. »

« Mademoiselle … Mane … » commença t-il avant de s’arrêter, les yeux rubis sous ce casque de métal noir le fixant, lourds de sens. « Non rien … Et pardonnez-moi pour cet évanouissement. Et pour tout ce que j’ai fait auparavant. »

Le poing vint le frapper plus violemment sur le front, le faisant se recoucher sur le lit alors qu’il poussait un petit cri de douleur. Pourtant, c’était uniquement la main dans un gant de dentelle noir qu’il vit et non le métal.

« Tu crois que tu peux dire une telle chose après tout ce que tu as tenté de faire ? De qui est-ce que tu te moques hein ? Fais attention, à toi … Tery … C’est un conseil. Tu deviens une plaie … peu à peu. Au passage, tu as intérêt à te remettre vite d’aplomb car tu vas bientôt partir en mission … Tu iras te rendre près d’un petit village où il semblerait que les soldats de Traslord se réunissent. Vous allez devoir les arrêter avant qu’ils ne détruisent ce village. »

« Détruire ce village ? Mais est-ce que nous aurons assez de soldats pour cela ? Car si on doit sauver tous les villages, cela sera assez difficile, n’est-ce pas ? »

« Le village de Leskar. » reprit-elle alors qu’il se statufiait.

Est-ce qu’il … avait mal entendu ? Voir très mal entendu ? Il l’espérait … vraiment … Pourtant, il se redressa subitement dans son lit avant de se lever. Ses deux jambes tremblèrent, comme incapables de le porter alors qu’elle avait esquissé un simple geste pour le réceptionner. Pourtant, elle ne bougea pas tandis qu’il se tenait devant elle.

« Et pourquoi est-ce que je n’ai pas été prévenu avant ?! »

« Car tu es ciblé personnellement. En vue de ta réaction, tu aurais pu commettre une bêtise … Et visiblement, tu sembles en vouloir commettre une, n’est-ce pas ? »

« Ce n’est pas du tout ça ! Je dois aller au village de Leskar ! Il faut que je les arrête ! »

« Et tu penses que je dois te laisser faire cela, Tery Vanian ? »

« Il le faut ! Il y a ma mère là-bas ! C’est la seule personne qui me reste ! » s’écria t-il en posant ses mains sur les épaules métalliques de la femme en face de lui, plus pour s’y accrocher et se maintenir que pour lui dire de le laisser passer.

« Sais-tu ce que tu es en train de faire exactement, Tery ? Je te conseille de retirer tes mains … si tu veux pouvoir encore les utiliser pour le reste de ta vie. »

« Pardon … mademoiselle Manelena … Je vais demander aux supérieurs pour me rendre à Leskar. » dit-il sans remarquer comment il l’avait appelé.

Il passa à côté d’elle, marchant et titubant pour sortir de la pièce. Elle le laissa faire, ne soupirant même pas tandis qu’elle restait là, le regard droit en direction de la fenêtre en face d’elle. Hum … Elle savait que ce n’était pas la meilleure chose … à faire … Mais bon … Elle avait préféré le prévenir. Elle s’était doutée de la raison de son évanouissement depuis le début. Hum … Quel garçon plus que stupide.

« Mais je vous dis que je vais parfaitement bien ! Je suis prêt pour partir pour Leskar ! »

Une demi-heure plus tard, il était face à un homme d’une quarantaine d’années, assis derrière son bureau. Il ne cherchait même pas à écouter son interlocuteur qui était nul autre que Tery, le jeune homme s’égosillant à nouveau :

« Laissez-moi y aller ! J’ai de la famille là-bas ! Je dois aller les sauver si Traslord les attaque ! Bon sang ! Vous ne m’écoutez même pas ! »

« Bien entendu … Bien entendu … Avez-vous terminé ? J’ai de la paperasse. »

… … … BON SANG ! Il ne devait pas se foutre en colère mais il ne savait pas ce qui le retenait de lui coller un pain dans la figure. Déjà ses veines noires étaient apparues sur sa main droite qu’il avait serrée comme un poing. Ne pas perdre son calme sinon … sinon … Une main gantée de noir métallique vint subitement lui tordre son bras à moitié, lui arrachant un cri de douleur alors que la maréchale dit :

« Ne t’avise même pas de faire cela … Tery. »

« Que … Maréchale … Nali ? »

Aussitôt, l’homme se leva de son bureau, la saluant militairement tandis qu’elle retirait sa main du bras de Tery. L’homme dit :

« Ce jeune homme vous importune t-il ? Il déblatérait au sujet du village de Leskar. »

« Et il partira avec la troupe qui doit se rendre là-bas. Mettez aussi Clari Onival et … cet Olin aussi. Avec eux, il y a de fortes chances que cette affaire soit réglée. »

« Ce sont vos ordres … maréchale … donc je les exécuterai. »

L’homme semblait assez dépité de voir qu’elle s’était rangée du côté de Tery mais la femme en armure noire quitta la pièce, rapidement suivie par Tery. Celui-ci voulut prendre la parole mais elle vint lui dire :

« Ne t’avise … surtout pas pour me remercier. Je fais cela pour me débarrasser de toi. »

Comme ça … C’était dit. Il baissa la main, hochant simplement la tête avant de partir de son côté. Il allait être accompagné d’Olin et Clari … Avec eux, il était impossible qu’il perde … Il allait protéger son village et revoir sa mère en même temps !

Chapitre 6 : En partance vers Shunter

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Chapitre 6 : En partance vers Shunter

Pendant les jours qui s’écoulaient, c’était à peine si elle voyait Royan. Bizarrement, l’adolescent n’était pas aussi présent qu’elle le pensait. Ce fut madame Liza qui lui prévint que le prince avait peut-être envie d’être un peu d’être seul. Elle avait décidé de ne pas le déranger tandis qu’elle s’était mise à attendre avec anxiété la lettre du jeune homme. Quand elle l’avait reçu, une journée après son retour chez l’Oracle, elle avait été comme folle de joie. A côté, elle allait suivre les consignes de madame Liza au sujet de ce qu’elle devait faire.

Lorsqu’elle avait fini de lui écrire, elle avait décidé de montrer sa lettre à la vieille femme. Pour toute réponse, celle-ci avait poussé un petit rire en lui caressant le sommet du crâne. Sans aucune explication, elle était partie alors qu’elle ne savait pas ce que cela voulait dire. Plusieurs jours s’étaient écoulés et après ces petites aventures à l’orphelinat, elle était prête.

« Royan … Je n’attends plus que toi, je te signale. »

« Je vais me préparer … Cela ne prendra que peu de temps. » répondit l’adolescent tandis qu’elle était adossée à un mur. Vraiment … Des fois …

Son masque blanc était à nouveau indemne, sans aucune fissure. C’était parfait de son point de vue ! Enfin … Ou presque … Elle avait envie d’apprendre à se débrouiller sans celui-ci ! Car un jour … Si elle devait le retirer définitivement … Elle ne devait plus compter sur le masque ! AH … Elle voulait refaire cet entraînement avec Tery !

« Mademoiselle … Mademoiselle … Mademoiselle … Mademoiselle … Mademoiselle … »

« Hein quoi ? » demanda t-elle subitement alors que Royan répétait en boucle le même mot.

« Enfin vous répondez … Je pensais que vous étiez déconnectée du monde qui vous entoure. Je suis maintenant prêt, nous pouvons y aller quand vous le désirez. »

« Pfff … Ne dit pas n’importe quoi, je ne suis pas déconnectée ou je ne sais quoi. J’ai juste eut le temps de réfléchir à quelque chose d’important le tant que tu finisses de te préparer comme une fille. » répliqua t-elle, Royan lui répondant aussitôt :

« Hum … Même si je me prépare comme une fille, ce n’est peut-être pas le cas de tout le monde ici, n’est-ce pas ? »

« Tu peux dire tout ce que tu veux, Royan, ça ne m’affecte pas le moins du monde. Et puis, maintenant, madame Liza m’a donné quelques conseils. »

« Hum … Donc mademoiselle l’Ombre va se mettre alors en chasse de sa proie. Pauvre jeune homme aux cheveux bruns, il ne sait pas quel destin cruel l’attend. »

« Qu’est-ce que tu racontes comme bêtises, Royan ?! » s’écria la jeune femme masquée alors que l’adolescent s’éloignait déjà de l’orphelinat, après avoir quitté le bâtiment. Il annonça qu’il allait lui laisser du temps pour dire au revoir aux enfants et à la vieille femme.

Une demi-heure s’écoula, la femme masquée revenant pour signaler que tout était bon et qu’ils pouvaient maintenant partir sans aucun problème. L’adolescent hocha la tête positivement avant de se mettre en route.

Peu à peu, l’orphelinat ne devenait plus qu’un point dans l’horizon tandis qu’elle ne parlait pas. Ah … Quitter les enfants, madame Liza et l’Oracle. Sa plus grande surprise était quand même la réaction de l’Oracle. Elle aurait pensé que celui-ci se serait mis en colère car elle avait ramené l’adolescent mais ce n’était pas le cas à son grand soulagement. Elle ferma les yeux, poussant un léger soupir alors que Royan lui demandait :

« Que se passe t-il ? Un flot de souvenirs vous envahit après un nouveau départ ? »

« … … Arrête tes bêtises, d’accord ? Je ne pensais pas du tout à cela. »

« Alors … A quoi pensiez-vous ? Hum … Au départ … Néanmoins … Où allons-nous ? Car nous n’avons aucune information sur ce que vous allez devoir faire. »

« … Je pensais commencer les recherches à un endroit très précis. » dit-elle sur un ton évasif avant d’accélérer le rythme de ses pas. Etrange … Elle semblait un peu gênée, n’est-ce pas ?

« Et … Est-il possible de savoir où nous allons nous rendre alors ? » demanda l’adolescent avec neutralité, réfléchissant à la raison avant de reprendre : « Serait-il possible que nous nous rendions dans un certain royaume ? »

« Cer … tain royaume ? » marmonna la jeune femme masquée, s’immobilisant. « Je pensais … nous rendre au royaume de Shunter … Il est très proche de l’orphelinat. »

« Oh … C’est donc là, l’unique raison qui nous pousse à nous rendre à Shunter ? Le mieux serait de retourner à Traslord. Là-bas, je pourrai questionner au sujet de cette personne. Vous savez … Je suis le prince donc j’ai des ressources bien plus grandes qu’on ne le croit. »

« Oui mais … Mais … C’est un peu loin quand même comparé à Shunter. » dit-elle gênée.

« Soit … Peut-être que vous avez raison alors ? »

« J’ai toujours raison. Surtout pour une chose importante. Au lieu de perdre notre temps, on ferait mieux d’accélérer le rythme ! Tu te dépêches un peu, Royan ? En plus, je sais où nous pourrons nous reposer dans les prochains jours. Je connais une bonne auberge. »

« Ah bon ? Et bien … On va dire que je suis pressé de voir cela. Je vais donc vous suivre sans aucun mot. » répondit-il pour finir la conversation.

Il avait finit de s’amuser avec les sentiments de la jeune femme. Et s’amuser était un bien grand mot … Il ne trouvait pas cela forcément drôle … Ou alors peut-être que si. La jeune femme était quelqu’un de bien spécial. Il n’avait jamais connu une telle personne auparavant.

Finalement, lorsqu’elle voulut présenter l’auberge à l’adolescent, ce fut avec déconfiture qu’elle remarqua qu’il n’en restait plus rien … Plus rien du tout … A part des cendres, des morceaux de bois et quelques rares morceaux de métal. Royan haussa un sourcil de surprise, se tournant vers la jeune femme avant de dire :

« Je ne pense pas réussir à dormir dans un tel endroit si vous voulez mon avis. »

« Ce n’est pas drôle du tout, Royan. Qu’est-ce qui s’est passé ici ? Il y a moins … d’un an … C’était encore resplendissant. Mais là … Ce n’était pas du tout comme ça avant ! »

« Je m’en doutais, non ? Je ne suis pas stupide … Mais comme vous semblez choquée, le mieux est d’interroger les quelques personnes qui sont proches de ces ruines. »

Il désigna du regard cinq à six personnes, deux d’entre elles semblant issues du domaine militaire. Alors qu’ils s’approchaient tous les deux pour avoir plus d’informations à ce sujet, les deux soldats tournèrent la tête en leur direction. L’un d’entre eux s’approcha, cherchant à prendre la parole avant de voir le masque blanc de son interlocuteur.

« Ah … Un adepte de Zélisia … Vous allez sûrement pouvoir nous aider … Ou du moins, nous allons pouvoir vous prévenir. »

« Me prévenir à quel sujet ? » demanda la jeune femme masquée, un peu inquiète.

« Et bien … Il semblerait que l’un des employés de cet auberge ait complètement perdu la raison et … Comme vous pouvez le voir, voici le résultat. Ainsi, nous tentons de prendre le plus de témoignages de la part des personnes dans les environs mais tout ce que nous savons, c’est qu’il s’agirait d’une personne avec des ailes. »

Des ailes ? Ses yeux bleus trahirent sa surprise tandis que Royan le semblait tout autant, bien que beaucoup plus discret au niveau du faciès. Le second soldat vint vers eux, disant :

« Enfin bon … Nous-mêmes avons eut connaissance de cette histoire, il y a peu. Aucun survivant donc difficile de mettre un visage sur cette personne. A part qu’elle avait des ailes d’après ce qui avait été dit … Mais le plus … étrange est que l’absence de survivants n’est pas seulement à cause d’elle. »

« Comment cela ? Est-ce que vous pouvez mieux vous expliquer ? » questionna Elen.

« Et bien, il semblerait que tous ceux qui soient morts par elle aient été calcinés. Ensuite, les voyageurs ont trouvé de nombreux cadavres qui parsemaient les routes … Et cela ne semble pas être la même personne responsable de l’incendie. »

« Ca me semble bien compliqué mais que voulez-vous que je fasse ? »

« Et bien … Comme vous avez les lignes de Zélisia, si vous rencontrez cette personne par hasard, pouvez-vous l’arrêter ? Et si ce n’est pas possible, normalement, en vue des pouvoirs que vous possédez, vous pourrez alors la mettre hors d’état de nuire et alors nous prévenir en nous donnant le plus de détails concernant cette personne. Toute aide sera la bienvenue or celle d’une personne telle que vous, elle est très appréciable ! »

Ohla ! On n’arrêtait pas de la complimenter … Enfin, ce genre de compliments était sympathique mais quand même. Pour toute réponse, elle hocha la tête, murmurant :

« Si je vois cette personne, je ferai de mon mieux pour l’arrêter, je vous le promets. »

« Tant mieux … Nous vous faisons confiance. » annonça l’un des deux soldats tandis qu’elle demandait à Rokan de la suivre d’un geste de la tête.

Celui-ci s’exécuta, s’éloignant des décombres tandis qu’elle fit de même de son côté. Ils n’avaient pas plus de temps à perdre, il fallait continuer à avancer. Mais … Cette histoire était saugrenue … Un employé de la taverne avait détruit celle-ci ? Et avait des ailes ? Etait-ce un membre de Claudiska ?

« Cela m’étonnerait qu’une personne de Claudiska travaille ici. De toute façon, si c’était le cas, vous l’auriez remarqué non ? Aviez-vous vu un tel être quand vous êtes venue ? »

« Pas le moins du monde mais après, peut-être que la personne était malade hein ? Ou alors à côté, je n’ai pas pu voir tout le monde, les étudier ou alors, je ne m’en rappelle pas. »

Elle voulait argumenter contre l’adolescent pour bien lui montrer qu’elle réfléchissait aussi à cette idée. Surtout qu’il l’avait contredit sans même qu’elle n’ouvre la bouche comme si il avait été capable de lire dans ses pensées, ce qui ne lui plaisait pas du tout.

« … … … C’est aussi possible bien qu’une perte de mémoire à votre âge serait problématique. » répondit l’adolescent tandis qu’elle tremblait un peu de colère. Tsss ! Il allait le lui payer quand elle trouverait comment faire !

Puisqu’il n’y avait plus d’auberge alors ils allaient dormir à la belle étoile. Enfin, ça n’avait rien de bien surprenant puisqu’ils étaient maintenant habitués à cela. Royan lui-même avait commencé à ne plus se plaindre un peu de dormir avec le vent qui venait frapper son visage.

« Vous semblez bien plus motivée à cuisiner … Mademoiselle l’Ombre. »

« Tu préférais ne pas avoir du tout à manger ? Je ne vais pas te laisser mourir de faim non plus, tu sais bien, Royan. » dit la jeune femme masquée de blanc.

« Je ne pensais pas à une telle chose personnellement. Heureusement que vous cuisinez car je ne saurai pas en être capable. »

« … … … Je pourrai presque prendre cela pour un compliment venant de ta part. » reprit-elle une nouvelle fois alors que Royan lui annonça aussitôt :

« C’en était un, mademoiselle l’Ombre. »

« … … … C’est si rare venant de ta part, prince Royan. » termina la jeune femme aux yeux bleus alors qu’elle commençait à le servir. Elle s’était mise à cuisiner. Tout simplement car elle savait que ce n’était pas avec cela qu’on nourrissait un homme … Elle devait devenir encore plus douée dans la cuisine pour que … Ter … euh chaque personne qui l’accompagne soit en bonne santé.

Le lendemain matin, elle était déjà debout à l’aube, remarquant que Royan s’était levé. Elle commença à le chercher, ne le remarquant pas tandis qu’elle poussait un léger soupir. Où est-ce que l’enfant était encore parti ? Vraiment intenable hein ? Enfin … Ce n’était plus un enfant mais quand même …

« Royan ?! Où es-tu ? ROYAN ! » commença-t-elle à crier avant qu’une voix ne se fasse entendre sur le côté, à travers les arbres.

« Je suis là … Il n’y a nul besoin de hausser la voix, je ne suis pas loin. »

« … … … Où est-ce que tu étais ? » demanda la jeune femme masquée alors que l’adolescent haussait les épaules, lui répondant avec lenteur :

« Là où une personne a besoin d’avoir un peu d’intimité, voilà tout. »

« … … … Moi et mes questions idiotes. Je vais préparer de quoi déjeuner. » répondit Elen en essayant de ne pas rougir aux propos de l’adolescent.

« Ce n’est pas une question idiote. Je n’ai pas prévenu et cela est en partie ma faute. Néanmoins, vous dormiez tellement bien que je n’avais guère l’envie de vous réveiller. »

« … … … Tu ne m’observes quand même pas pendant que je dors ? »

« Nullement … Je n’ai pas que cela à faire. Si cela ne vous dérange pas, je vais maintenant me passer à nouveau de l’eau sur le visage. »

« Oui bien entendu … Fais donc, Royan. » marmonna-t-elle en le regardant partir. Elle avait du mal à le saisir … C’est vrai … Elle l’avouait … Beaucoup de mal même.

Bon, ce n’était pas le plus important non plus. Elle sortit quelques ustensiles de son sac, les ayant pris avant de partir de l’orphelinat. Elle avait décidé de faire des progrès … et avec ce que madame Liza lui avait dit, elle allait mettre toutes les chances de son côté !

« J’espère que Tery recevra ma lettre … Car ça sera la dernière avec une image de moi. »

Elle se demandait quand même ce que le jeune homme allait penser de cette image. Elle espérait qu’il ne se moquerait pas de la vieille dame. Enfin … Non … Elle ne voulait pas qu’il se moque mais après … Tery n’était pas comme ça hein ?

« Tery n’est pas du genre à se moquer des autres gratuitement et méchamment … »

Enfin normalement … Elle ne savait pas du tout, elle devait se l’avouer. Mais elle espérait réellement qu’il ne se moquerait pas … Car si c’était le cas … Ce qu’elle pensait de lui serait émoussé … Est-ce qu’elle serait triste alors ? Triste de savoir cela ? Elle … n’y avait pas réfléchit. Elle l’idéalisait peut-être un peu trop ? Hein ? C’était ça … Elle se l’imaginait trop parfait … Alors que ce n’était pas du tout le cas. Mais … Mais …

« Tery est vraiment quelqu’un de très important pour moi ! C’est mon premier ami ! » dit-elle cela en s’écriant à moitié, convaincue par ses paroles.

« Je n’en doutais pas … Cela se voit dans votre regard, vos gestes, vos paroles. »

« Que … ROYAN ! Arrête d’apparaître comme ça et surtout d’écouter ma conversation ! » répondit la jeune femme masquée de blanc avec un peu de gêne.

« … Ecouter ? Il faut dire que je ne peux pas vraiment faire autrement. Vous savez qu’il est possible de penser à voix basse, mademoiselle l’Ombre ? »

« Qu’est-ce que tu veux insinuer par là, Royan ? »

« Et bien tout simplement qu’il est possible de penser sans lever la voix. Ainsi, vous pourrez garder vos pensées secrètes au lieu de les révéler aux personnes qui vous entourent. »

« … … … Ce n’est pas vrai ! Je ne suis pas comme ça ! » s’écria la jeune femme avec plus de gêne qu’autre chose alors qu’il lui souriait une nouvelle fois. Elle recula aussitôt.

« Que se passe t-il ? J’ai l’impression que vous venez de voir un fantôme. »

« Tu es capable d’être joyeux ? » demanda t-elle avec surprise, l’adolescent haussant un sourcil tandis que son sourire disparaissait. Il reprit :

« Bien entendu … Pourquoi est-ce que je ne le serai pas ? Qu’est-ce donc que ces paroles issues de votre bouche ? Cela est surprenant. »

« … … C’est à moi de le dire, Royan. J’ai cru te voir sourire. » marmonna la jeune femme, Royan se sentant presque offusqué par ses paroles.

« Bien entendu … Je pense que je vais préférer ne rien dire au sujet de vos mots. »

« Ah ! Ne te met pas en colère, Royan. Ce n’était pas le but … C’est juste … Que cela semblait vraiment naturel … Non forcé … C’était bizarre … et plaisant en même temps. »

« … … … Je vais repartir pour quelques minutes. Finissez donc de vous parler à vous-même, mademoiselle l’Ombre. » reprit l’adolescent aux cheveux bleus, s’éloignant sans jeter un regard en arrière. Il en avait … assez entendu.

Vingt minutes plus tard, il était revenu, le regard saphir et froid comme à son habitude. Elle ne chercha plus à s’excuser, sachant pertinemment que cela ne servait à rien. Elle lui signala simplement qu’ils allaient repartir dès qu’il était prêt. Il lui répliqua que c’était déjà le cas et qu’il était temps d’accélérer le pas. Visiblement, il semblait lui en vouloir quand même un peu. Pourtant, après quelques temps, il lui demanda :

« L’Oracle ne vous a-t-il pas donné un indice sur cette personne ? »

« A part que c’est une femme possédant des lignes d’Alzar … Non … Et aussi qu’elle était réellement dangereuse, bien plus que les autres personnes. »

« … … … Y aurait-il une chance que cette personne soit Manelena ? La maréchale Nali ? »

Hein quoi ? Elle s’immobilisa, tournant son visage masqué vers lui. Qu’est-ce qu’il venait de dire ? Elle avait l’impression d’avoir très mal compris mais … Quand on y réfléchissait bien … Il y avait des chances. Elle reprit après les propos de l’adolescent :

« Cette Manelena … Elle était capable d’utiliser ses lignes d’Alzar sans devenir folle … Elle a même appris à Tery à les utiliser. »

« Mais à côté … Cela voudrait dire que la maréchale elle-même … est notre ennemie ? Mademoiselle l’Ombre, cela semble quand même peu probable. Ce n’était qu’une idée de ma part, il vaudrait mieux ne pas y tenir compte. »

« Non mais ça peut être … vrai. Il ne faut pas dire ça, Royan ! »

Il aurait mieux fait de se taire. Affronter la maréchale ? Cela reviendrait à affronter le royaume de Shunter. Il avait énormément de mal à croire que deux personnes pouvaient mettre à mal tout un royaume. Après … Après … Tout … Quand on y réfléchissait … Le jeune homme appelé Tery, accompagné de la maréchale et de Clari … avaient réussi à éliminer le dirigeant de Mekalarma. Le dirigeant lui-même ! Alors rien qu’avec cela … C’était plus qu’impressionnant … Mais Shunter … Shunter cachait bien son jeu.

« Pour le royaume considéré comme le moins évolué … Il pose de graves problèmes. »

« De quoi parles-tu, Royan ? Le royaume ? » demanda la jeune femme masquée.

« Rien de bien important, simplement une petite réflexion. »

Mais une réflexion sur quoi ? Elle aimerait bien le savoir ! Car bon … Lui cacher la vérité, ça allait au bout d’un temps. Ce … garçon … Elle ne savait pas quoi penser de lui. Mais bon … Il avait le droit d’avoir ses petits secrets, ce n’était pas interdit, loin de là même. Combien de temps cela allait-il prendre ? Comme elle voulait revoir le jeune homme, les lettres allaient arriver plus rapidement et ça, c’était une bonne nouvelle. AH ! Elle savait par où ils allaient commencer à Shunter ! Elle se tourna vers Royan, disant :

« Royan … Nous allons à Midès ! On doit s’y rendre au plus tôt ! »

« La capitale du royaume de Shunter ? Cela est plutôt risqué de se rendre là-bas … Bien que normalement, nous ne sommes pas recherchés par les soldats de ce royaume d’après ce que j’ai cru remarqué près des décombres de cette auberge. »

« … … … Si on est discrets, ça passera facilement, il n’y a pas à s’inquiéter à ce sujet. »

« Je le serai … Je ne suis pas du genre à me mettre en valeur, néanmoins pouvez-vous me faire une promesse ? » demanda l’adolescent, s’arrêtant sur le chemin de terre.

Quelle promesse ? Lorsqu’il vint lui dire de ne pas s’exalter si elle revoyait Tery, elle eut un petit tic nerveux, évitant de rougir. Non mais qu’est-ce que … C’était que cette promesse ?! Elle voulut répliquer mais Royan s’était déjà remis à marcher, comme si il connaissait cette réponse. Mais hey ! Qu’il s’arrête ! Ce n’était pas drôle du tout !

« Royan ! Je ne suis pas comme ça ! Tery le sait parfaitement ! » dit-elle, embarassée.

Bien entendu, elle le vit hausser les épaules. Perdue. C’est ce qu’elle était alors qu’elle remarchait à côté de l’adolescent. C’était quoi … son souci avec lui ? Elle avait du mal à essayer de le comprendre. Il semblait prendre … du plaisir à s’amuser verbalement avec elle.

Chapitre 5 : Se forger sa propre identité

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Chapitre 5 : Se forger sa propre identité

« Madame Liza … Comment est-ce que vous allez ? Maintenant que j’ai parlé avec l’Oracle, j’ai beaucoup plus de temps à passer avec vous si vous le désirez. » dit la jeune femme masquée alors que Royan la suivait sans rien murmurer.

« Déjà terminé avec l’Oracle ? Cela n’a été guère long … Ca m’étonne un peu, je dois te l’avouer. Mais bon … Si nous pouvons parler … Alors, allons-y. »

« Je vais vous laisser entre femmes. Je vais voir la chambre que l’Oracle me confie pour les quelques jours que nous passerons ici. »

« Hum … Quel charmant adolescent … Assez poli dans ses paroles. » murmura la vieille femme en regardant partir Royan du coin de l’œil. Elen haussa les épaules, répondant :

« Ca … C’est parce que vous ne le connaissez guère assez, madame Liza. Vous voulez rentrer dans la maison ? Enfin … Avec tout ce temps passé … Elle doit être poussiéreuse. »

« Allons bon … Ne penses-tu pas que j’ai passé quelques coups de chiffon pendant que tu n’étais point là ? En attendant ton retour, mon enfant ? Ou alors … Préfères-tu que je t’appelle par ton véritable prénom puisqu’il n’y a personne avec nous ? » demanda Liza.

« Par mon véritable … nom … Ca me plairait bien mieux. » chuchota Elen en rougissant derrière son masque blanc fissuré, le retirant déjà pour montrer son visage à la vieille femme. Celle-ci lui fit un petit sourire alors qu’elles étaient déjà rentrées dans la modeste demeure.

« Alors … Soit … Visiblement, tu préfères que je t’appelle Elen. Par où commencer ? Par la question la plus élémentaire qui soit ? As-tu revu ce jeune homme ? »

« D’abord … Je pensais que vous alliez me demander si j’allais bien. Mais oui … J’ai revu Tery et il va très bien … Enfin … Il allait très bien, c’est toujours trop compliqué avec lui, vous savez ? Il est entouré par deux femmes dont l’une est carrément la maréchale de l’armée de Shunter ! Rien que ça ! Et à côté, il … »

« Oh … De la concurrence ? Peut-être que tu ne t’attendais pas à ce qu’il soit accompagné ? » demanda la vieille femme en lisant sur le visage d’Elen, celle-ci rougissant un peu plus qu’avant tout en reprenant la parole :

« Ce n’est pas du tout ça ! Enfin … J’ai commencé à lui écrire et inversement … Et vous savez, j’ai même pris des images de moi ! Avec cet objet ! »

Elle prit le petit miroir, semblant avoir une idée de génie avant de le mettre devant elle et la vieille femme. Celle-ci parut surprise, jusqu’à ce qu’Elen dise :

« Je vais prendre une image avec vous et la lui envoyée ! »

« Allons … Allons … Elen … J’ai passé l’âge de ce genre de choses. Je ne suis pas faite … »

« Tery verra qui est la personne qui s’est occupée de moi pendant des années ! La personne la plus importante à mes yeux ! Venez, madame Liza ! » s’exclama la jeune femme en rigolant.

« Ne penses-tu pas qu’il n’aimerait voir que ta personne ? » demanda la vieille femme alors qu’Elen ne semblait pas l’écouter, mettant tout en place. Elle avait déjà retiré ses capes pour être la plus présentable possible, faisant un grand sourire alors que la vieille femme soupirait d’amusement. Elle se mit correctement, regardant le miroir en face d’elle.

Quelques minutes plus tard, la jeune femme était déjà assise à une table, attendant que Liza vienne s’asseoir en face avec deux petites tasses. Royan n’était toujours pas revenu et dans le fond, c’était une bonne chose … Elle pouvait enfin respirer un peu … Mais bon … De l’autre côté, l’adolescent avait quand même quelques qualités indéniables, même si elles étaient profondément enfouies et qu’il était peu possible de les voir.

« Et bien … Tu ne parles guère aujourd’hui, Elen. Est-ce que la compagnie d’une vieille dame comme moi te déplaît tant que cela ? » dit subitement Liza en la regardant.

« Hein ? Quoi ? Bien sûr que non ! Ne dites pas cela ! C’est juste … Que je me demandais quand est-ce que Tery recevra ma lettre … Et surtout quand je recevrai la sienne … Vous savez … Comme à chaque fois, il y a un problème, on ne peut jamais rester ensembles. Alors … Bon, c’est le seul moyen trouvé pour que nous puissions parler tous les deux. »

« Ne t’en fais donc pas … Un jour, vous serez tous les deux réunis, j’en suis sûre et certaine. Et ne t’inquiète donc pas si tes sentiments ne se transmettent pas à ce jeune homme. Rien que le fait d’avoir celui qui nous est cher à ses côtés est déjà une source de bonheur. Tant que cette personne est heureuse … Alors nous le sommes aussi … »

« Euh … Je ne sais pas du tout de quoi vous voulez parler … Madame Liza … » marmonna subitement la jeune femme aux cheveux blonds, baissant la tête d’un air gêné. Elle ne voyait pas de quoi … de quoi est-ce qu’elle parlait hein ? Une personne chère … Elle parlait de Tery ? Ahhhh ! Mais qu’est-ce qui lui prenait de penser ainsi du jeune homme ? Mais à côté … La vieille femme … Elle parlait … de ça … Comme si ça la concernait.

« Madame Liza … Euh … Est-ce qu’il y a une personne importante pour vous ? »

« Tu es très importante à mes yeux, Elen, comme tous les enfants de l’orphelinat. » répondit aussitôt la femme d’un certain âge.

« D’accord, je ne poserai pas plus de questions à ce sujet, madame Liza. » annonça Elen en rigolant un peu. C’était aussi sa vie privée à la vieille femme même si … Depuis des années … Elle ne l’avait jamais vue quitter cet endroit …

Qu’est-ce qu’elle était ? Du moins … Avant d’être celle qui s’occupait des enfants de l’orphelinat … Qu’est-ce que la vieille femme était ? Elle ne la voyait pas souvent utiliser de la magie mais elle savait pertinemment qu’elle était très douée pour cela … Une magie élémentaire de la terre … Mais aussi en relation avec la nature et la végétation … Enfin bref … Elle était très forte … du moins … Elle le sentait …

« Ce n’est pas parce que je t’ai répondu évasivement que la discussion est terminée, Elen. Nous pouvons toujours continuer à parler, n’est-ce pas ? »

« Euh … Bien entendu, madame … Liza … C’est juste que je ne sais pas quoi dire. »

« Oh … C’est vrai ? Je pensais que tu allais me raconter tout ce qui s’était passé depuis ce temps … Depuis ton départ, il y a plusieurs mois … »

« AH ! Euh … Alors … Je veux bien tout vous dire à ce sujet. »

Elle s’était mise à parler, parler, parler, sans jamais s’arrêté réellement. Elle expliquait tout ce qui s’était passé à Traslord et Claudiska ainsi que les nombreuses lettres reçues et envoyées à Tery. Il y avait tellement de choses à raconter comme la triste histoire des frères de Royan, la première fois qu’elle avait envoyé une image au jeune homme, les assassins qui se faisaient passer pour des envoyés de l’Oracle …

« Des assassins … Cela est inquiétant en soi … L’image de l’Oracle s’en retrouverait salie. »

« Mais bon … Ne vous en faites pas, madame Liza. Comme je suis réellement venue de la part de l’Oracle, les frères du prince Royant ont vite vu la différence. »

« Mais à côté, sais-tu pour qui ils travaillaient ? Car si … »

« J’y ai réfléchis et je ne l’ai jamais dit car je ne suis pas sûre de cela mais je pense qu’ils travaillent pour le royaume de Shunter ou quelqu’un d’autre … Mais je ne connais que le roi de Shunter pour tenter de vouloir les médaillons. »

« Hum … C’est une bonne déduction, Elen. Très bonne, je pense. Mais tu devrais évoquer cela à l’Oracle. Qu’il y a sûrement d’autres personnes qui recherchent ces médaillons. »

C’était exact … Mais bon … Maintenant, elle allait raconter ce qui était dans les lettres de Tery. Elle expliquait l’histoire avec Honoros, ce qui s’était passé … Puis après, elle racontait avec Mekalarma … Mekalarma … Elle avait encore du mal à le croire mais c’était la vérité, le jeune homme avait réussi à avoir les trois médaillons là-bas mais surtout à sortir vivant de cet endroit ! Comment était-ce possible ? Mais bon …

« Il parait qu’ils ont affronté un golem gigantesque …AH ! Vous saviez que Tery était quelqu’un capable de créer un golem ? »

« Oh … Plus je t’écoute et plus je me dis que ce garçon est exceptionnel. Capable de contrôler ses lignes d’Alzar, capable de créer un golem, capable de sortir en vie de Mekalarma après avoir réussi à tuer le dirigeant … Oh … Au passage, ce jeune homme me semble quand même être un petit délinquant non ? A créer des problèmes aux endroits qu’il visite. » dit la vieille femme alors qu’Elen semblait s’offusquer, disant aussitôt :

« Mais non ! Enfin … Si … Peut-être … A cause des médaillons, il a crée énormément de problèmes à Mekalarma … Mais vous savez aussi bien que moi que Mekalarma n’est pas un royaume apprécié de tous ! Moi, ça ne me dérange pas ! Et pour Honoros, il m’a dit qu’il a préféré prévenir la personne qui avait le médaillon plutôt que de la tuer … Et il a réussi à avoir son médaillon comme ça ! Enfin … Je me demande si il n’a pas fait du charme … à cette femme de l’autre côté. Enfin …. Ce n’est pas son genre non plus. »

« Hum … Privilégier le dialogue à la violence … C’est une bonne méthode diplomatique. D’après tes dires, il me semble un peu forcé dans ses actes non ? Il ne semble pas être un mauvais … garçon … Je voulais simplement te titiller sur ce point, Elen. »

C’était vil et bas de la part de la vieille dame ! Elle fit une petite moue boudeuse tandis que Liza souriait faiblement. Elle était mignonne quand elle réagissait ainsi.

« Je pense que c’est à cause de cette maréchale … Elle fait tout pour faire souffrir Tery … Et aussi l’armée de Midès … J’aimerai vraiment qu’il quitte celle-ci ! Comme ça, je pourrai sûrement vous le montrer ! L’Oracle est d’accord pour que je le ramène ici. Je suis sûre qu’il sera heureux de vous voir en vrai. »

« Oh … Et inversement … Mais j’y pense … Tu n’as pas pris d’images avec lui ? Ainsi, je pourrai mettre un visage à ce si charmant garçon. »

« … … … … … Non. AHHHHHHHH ! Mais quelle idiote ! » s’écria soudainement la jeune femme aux cheveux blonds, marchant devant Liza en faisant les cent pas. « Pourquoi, je n’y ai pas pensé ? Pourquoi ? Pourtant, c’était vraiment important ! AHHHH ! »

« Oh … Ne t’emporte donc pas pour ceci … Ce n’est pas si important que ça quand même, Elen. Tu auras tout le temps de faire mille images avec lui. »

« Mais non … Enfin si … Enfin, je veux le revoir … Comme toujours … Mais c’était important … J’aurai pu garder une image de lui avec moi. Je crois que je vais lui demander d’en prendre une quand je recevrai sa lettre. Je mets l’objet avec dans la lettre et voilà ! »

« Et tu penses sincèrement que la lettre arrivera à s’envoler avec le miroir ? Bien que de petite taille, il semble assez lourd non ? »

« … … … Je ne sais pas … Je verrais quand je recevrai la lettre. Je veux juste pouvoir vous le montrer le plus tôt possible. Tery est vraiment quelqu’un de bien ! » dit la jeune femme aux yeux bleus tandis que Liza se levait.

« Ne t’inquiète donc pas … Je ne partirai pas tant que tu ne me l’auras pas montré … Je te le promets, d’accord ? »

« Partir où ? » demanda Elen avec un peu d’inquiétude, cela se voyant sur les traits de son visage. La vieille femme s’approcha d’elle, posant une main ridée sur son épaule.

« Ne fait donc pas … l’enfant. Je ne suis plus toute jeune et il faudra bien qu’un jour … »

« MAIS NON ! Ne dites pas ça, madame Liza ! Vous êtes encore très jeune ! »

« Tu me complimentes par là mais je traîne ce corps depuis plus de soixante ans. »

Oui mais … Mais … Pourquoi est-ce qu’elle remettait ça sur le tapis ?! Déjà l’Oracle ou Royan auparavant … Elle était peut-être un peu âgée … Mais elle avait encore plusieurs décennies devant elle ! Ah … Ah … Elle s’était mise à trembler à l’idée de perdre la vieille femme mais celle-ci vint la serrer contre elle, lui chuchotant de se calmer. Elle n’allait pas partir … pas maintenant … Elle devait juste se préparer, voilà tout.

« Je ne suis pas éternelle … Elen. »

« Mais … Mais c’est trop tôt ! Vous devez rester avec moi le plus longtemps, madame Liza ! »

« Je vais faire de mon mieux, d’accord ? Ce vieux corps ravagé par le temps tiendra autant qu’il le faudra … Simplement pour toi, n’est-ce pas ? »

« … … … Il tiendra des décennies durant … Je vais aller voir l’Oracle pour lui parler un peu plus de tout ce qui s’est passé. Je suis désolée, madame Liza. »

Désolée pour quelle raison ? A cause de ses paroles ? Ce n’était pas de sa faute … Elle était inquiète pour sa santé, elle ne pouvait pas lui en vouloir pour cela. La jeune femme aux cheveux blonds remit correctement son masque fissuré sur son visage avant que Liza ne dise :

« Hum … J’y pensais … Mais veux-tu te rendre plus féminine, Elen ? »

« Hein ? Co… Comment ça ? Pourquoi vous me dites cela ? »

« Je ne sais pas … Peut-être pour faire plaisir à Tery quand il te reverra ? Mais en contrepartie, il faudra éviter à tout prix que tu lui envoies une image de toi car cela prendra du temps et tu veux lui faire une surprise, n’est-ce pas ? »

« … … … Je ne sais pas trop. » marmonna la jeune femme avec gêne alors que Liza s’approchait d’elle, passant une main dans ses cheveux. C’était … C’était en rapport avec ses cheveux ? Liza vint lui dire de rapprocher son oreille, commençant à lui chuchoter quelque chose dans celle-ci.

Une quinzaine de minutes plus tard, un peu rouge aux joues, elle passait une main dans ses cheveux tout en se dirigeant vers l’orphelinat à nouveau. Elle devait parler à l’Oracle pour lui raconter un peu ce qui s’était passé avec Tery et toutes ces choses. En y réfléchissant bien, elle n’avait même pas pris la peine de tout lui expliquer. Ah ….

« Tery, Tery, Tery … Je ne sais pas si cela va marcher … réellement … »

Mais elle l’espérait. Elle n’avait pas revu Royan depuis qu’ils s’étaient séparés et elle se demandait ce que l’adolescent était en train de faire. Elle espérait tout simplement que ce n’était pas une bêtise car elle n’avait pas envie de les corriger après. Plusieurs coups donnés à la porte, elle attendait que l’Oracle lui demande de rentrer avant de pénétrer à l’intérieur.

« Hum … Neel ? Que se passe t-il donc ? Je pensais que notre conversation était terminée. »

« Oracle … Je … Je crois que je n’ai pas eut le temps de tout vous dire … Et comme … Je pense partir dans deux ou trois jours … Enfin, bientôt … Tout de suite … »

« Depuis quand es-tu aussi émotive et tremblante ? Te fais-je donc peur à ce point ? » demanda le vieil homme en se relevant de son fauteuil, l’observant longuement, yeux dans les yeux malgré le masque qu’elle portait.

« Non … Non … C’est juste que … Est-ce que je peux m’asseoir ? Et comme, je … Je ne sais pas ce que vous allez penser de tout cela. »

Il fit un petit geste de la main pour l’inviter à s’asseoir comme elle le désirait. La jeune femme masquée s’exécuta, cherchant maintenant les mots qu’elle voulait utiliser. Elle avait du mal … beaucoup de mal même … Mais elle devait se concentrer … et réfléchir à tout cela … Qu’est-ce qu’elle allait dire ?
Finalement, dès qu’elle commença à parler, tout le reste suivi avec précision. Elle n’omettait aucun détail, n’évitant pas de parler de telle ou telle scène enfin … sauf celles qui étaient uniquement réservées à elle et Tery … comme le petit « entraînement » dans la forêt. Lorsqu’elle eut enfin terminé, au bout d’une demi-heure, le vieil homme prit la parole :

« Et bien … Et bien … Voilà un flot d’informations plus qu’intéressant. Ce jeune homme … Tery … S’il arrive à canaliser ses lignes noires … Il peut être une personne très importante dans le futur. Être entouré de la maréchale de l’armée de Shunter ainsi que d’une personne ayant des lignes de Zélisia … Oui … Ce garçon est très intriguant. »

« Vous voyez, Oracle ? Il n’est pas si monstrueux que ça non plus ! »

« Je ne pense pas qu’il soit monstrueux … Néanmoins, il est un cas unique ou très rare puisqu’il semblerait que cette maréchale possède des lignes d’Alzar elle aussi et qu’elle arrive à les contrôler. Hum … Je vais peut-être devoir me renseigner à ce sujet. »

« … … … Euh … … … Oui, bien sûr, Oracle. Maintenant, je crois que j’ai tout dit. »

« Le garçon que tu as emmené … Garde-le avec toi, il sera bien plus en sécurité à tes côtés que dans cet orphelinat même si celui-ci est retiré du monde, d’accord ? »

« Hein ? D’accord … Si c’est ce que vous désirez, Oracle. »

Bon, dans le fond, elle ne voulait pas se débarrasser de Royan bien qu’à côté, elle aurait bien aimé passer un peu de temps toute seule. Elle s’inclina devant l’Oracle, s’apprêtant à partir.

« Au passage … Neel … Ton masque sera prêt dès demain, tu n’as pas à t’en faire à ce sujet. »

« Déjà ? Aussi vite ? Mais comment est-ce que … »

« Nous avons déjà eut cette conversation maintes fois dans le passé, Neel. Je ne peux pas te révéler comment je crée cet objet, j’en suis désolé. »

« Ca ne fait rien … Sinon, je partirai d’ici deux ou trois jours, je pense. Vous pouvez prendre tout votre temps si vous le désirez. »

Il hocha la tête tout en signalant qu’il verrait cela. Elle referma la porte derrière elle, quittant une nouvelle fois l’orphelinat. Elle observa les enfants qui jouaient entre eux, suivant leur âge. Le plus âgé devait avoir une dizaine d’années voir onze au grand maximum. Ah … Dix ans … C’était vers ce moment précis que les lignes apparaissaient n’est-ce pas ? Et c’était elle qui …

« AH ! Tu viens jouer avec nous, grande sœur ? »

« C’est pas une grande sœur mais un grand frère ! »

A force de rester immobile à les regarder jouer, des enfants s’étaient approchés d’elle. Voilà qu’ils recommençaient à la questionner, espérant obtenir des réponses. Elle répondit :

« Je ne sais pas trop … Vous savez … Je suis une grande personne maintenant. »

« Y a pas d’âges pour s’amuser ! Allez, viens, grande sœur ! » dit une fille en lui prenant sa main gantée alors qu’elle se laissait traîner.

« C’est pas une sœur ! C’est un frère ! » s’égosilla un jeune garçon tandis qu’elle se demandait ce qu’elle devait faire. Bon … Elle allait s’amuser avec eux, ça ne pouvait pas lui faire de mal dans le fond, n’est-ce pas ?

Tout en essayant de libérer son esprit et de laisser vaguer ses pensées à autre chose, elle ne pouvait s’empêcher de réfléchir à tout ceci. Elle était soulagée que l’Oracle prenne bien au sujet de Tery … C’était même plus que soulageant …

« Attention ! La balle arrive vers toi ! Grande sœur ! »

Oups ! Ses deux mains arrêtèrent un ballon constitué de mousse alors qu’elle le renvoyait en direction de la jeune fille qui l’avait prévenue. Ah … Elle devait quand même faire éviter de trop réfléchir pendant qu’elle s’amusait avec les enfants, n’est-ce pas ? Pourtant, ses pensées étaient toujours tournées vers le futur. Maintenant … Elle sentait qu’elle était plus … libre.

Libre de faire sa vie ailleurs que dans l’orphelinat ? Oui et non … Son existence était liée à l’orphelinat … à madame Liza … à l’Oracle … aux enfants qui se trouvaient là. Elle ne pouvait pas les oublier, les rayer de sa vie … mais sa vie n’était pas uniquement l’orphelinat ! Plus maintenant ! Sa vie, c’était parcourir le monde avec Tery !

« Attention ! Grand frère ! Fais attention ! »

D’un geste vif et rapide, son pied se leva pour venir frapper le ballon de mousse, l’envoyant à une dizaine de mètres dans les airs alors qu’elle entendait plusieurs murmures ébahis par le geste qu’elle venait de faire. Elle réfléchissait … Elle réfléchissait tellement … à toute cette situation. Avec lenteur, elle tendit sa main droite sur le côté, réceptionnant la balle.

« WAOUH ! C’est super, grand frère ! Comment est-ce que tu as fait ça ?! »

« Hum ? Hein ? De quoi ? » demanda la jeune femme au masque fissuré alors qu’elle remarquait ce qu’elle venait de faire.

« La balle ! Ce que tu as fait avec la belle ! C’était super ! » s’écria un autre garçon.

Ah bon ? Ah … Qu’importe … Pour l’heure, elle allait arrêter de se triturer les méninges, d’accord ? Elle envoya la balle dans les airs une seconde fois, la faisant tournoyer par la magie du vent, ce n’était pas grand-chose. Les enfants continuaient de l’observer, amusés par ce qu’elle était en train de faire. Il en fallait peu pour rendre heureux des enfants, n’est-ce pas ? Elle allait s’amuser un peu … Pour passer le temps avec eux.

Chapitre 4 : Un monstre à abattre

ShiroiRyu
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Chapitre 4 : Un monstre à abattre

« Nous sommes bientôt arrivés, Royan. Tu devrais être content. Tu vas pouvoir te reposer enfin. » répondit une forme masquée et camouflée par deux morceaux de tissu sur sa globalité.

« Je ne pense pas m’être plaint depuis le début, mademoiselle l’Ombre. » répliqua un adolescent avec neutralité alors qu’elle disait aussitôt :

« Oui mais ça se voyait dans ton regard et dans tes gestes que tu étais exténué ! »

« Et … ? Ca ne veut pas dire que je me suis plaint. »

… … … Bon, ça ne servait à rien d’être sympathique avec lui. Il ne faisait aucun effort à la base alors pourquoi perdre son temps ? Elle s’arrêta quelques secondes, s’imaginant Tery lorsqu’il allait voir son image. Elle n’avait pas encore utilisé la totalité de son miroir … et c’était tant mieux … En envoyant un par un … C’était mieux … beaucoup mieux.

« … Pourriez-vous arrêter de vous arrêter justement ? Nous devons avancer si cela ne vous dérange guère, mademoiselle l’Ombre. »

« C’est bon … C’est bon … Rien ne presse hein ? » marmonna t-elle, Royan l’ayant tiré de ses rêveries alors qu’elle grommelait. Pfff … Il ne pouvait pas la laisser tranquille un petit peu ? Rien ne pressait hein ! Elle commença à marcher à nouveau puis accéléra subitement le pas, Royan étant surpris. Elle courut à toute allure, utilisant le vent pour aller de plus en plus vite tandis qu’elle ricanait en remarquant Royan qui avait de plus en plus de distance avec elle. Il utilisait maladroitement le vent, tentant de la rattraper sans y arriver. Bon … Par contre, c’était drôle cinq minutes mais quand elle vit qu’il arrêtait de courir, croisant les bras avec l’air de la sermonner dans le regard, elle stoppa sa course. Elle revint vers lui, demandant d’une voix faussement douce :

« Et bien … Je pensais que tu voulais que nous nous dépêchions … Que des paroles, n’est-ce pas ? Il fallait s’en douter de la part d’un membre de la royauté. »

« Qu’insinuez-vous par là, mademoiselle l’Ombre ? » demanda l’adolescent sur un ton légèrement irrité par les paroles de la femme masquée.

« Hum … Non rien … Ne t’en fait pas … Je voulais juste te montrer par là qu’il n’y a pas besoin de se dépêcher … De toute façon, il faut que je réfléchisse à ce que je vais dire à l’Oracle … Car il ne s’attend pas à ce que j’ai quelqu’un qui m’accompagne … Par contre, tu veux te présenter en tant que le prince de Traslord ? »

« Si cela s’avère nécessaire, je pense que oui … Je veux surtout voir à quoi ressemble l’homme qui vous contrôle et vous dirige. »

« Ce n’est pas exactement comme ça ! L’Oracle est la personne qui dirige l’orphelinat où je me trouve ! Madame Liza est celle qui s’est occupée de moi depuis que je n’étais qu’une enfant. » dit-elle avec un peu d’entrain et de joie à l’idée de revoir la vieille femme.

« … … … Elle semble être très importante pour vous, mademoiselle l’Ombre. Elle doit être une femme exceptionnelle. » dit l’adolescent avec sincérité, ce qui choqua à moitié la femme masquée. Il pouvait parler ainsi des fois ? C’était … étonnant.

« Madame Liza s’occupe des enfants depuis de nombreuses années ! En fait … Je n’ai vu qu’elle depuis le début … Donc ça fait plus de vingt ans déjà … »

Hum … Donc … Cela devait être une personne âgée visiblement. Une personne d’expérience aussi. Il ne s’attendait pas réellement à cela … Mais au final, quand il y pensait plus longuement, elle était peut-être aussi spéciale que cet Oracle ? Il verrait cela en temps et en heure. Mais pour l’instant, ils devaient déjà arriver jusqu’à ce fameux orphelinat.

« Nous y serons en fin d’après-midi. » dit subitement la personne masquée en regardant le ciel au loin tandis qu’ils stoppaient brièvement leur marche.

« Soit … Mais si nous nous arrêtons toutes les cinq minutes, nous en seront encore partant pour plusieurs jours. »

« Cela t’arrive un peu d’être plus aimable ? Je ne sais pas … Quelques fois … »

« Je ne vois pas où est le problème dans mes paroles. Je ne faisais qu’un constat. »

« Oui mais un constat qui devient lassant puisque tu n’arrêtes pas de faire le même depuis plusieurs jours. Si tu es fatigué de marcher, tu peux aussi retourner dans ton royaume, n’est-ce pas ? Rien ne te l’interdit. » répondit-elle avec lenteur, prenant une profonde respiration. Ce n’était pas son genre d’être un peu énervée mais Royan était toujours là, critiquant la majorité de ses mouvements. Au bout d’un moment, cela était … énervant.

« … … … Soit … Je ne parlerai donc guère pour les prochaines heures puisque c’est ainsi que vous voulez que notre relation se passe. »

Ah bon ? C’était vrai ? Ses yeux bleus se posèrent sur Royan comme pour espérer qu’il ne blaguait pas. Pour toute réponse, l’adolescent fronça les sourcils. Ca se voyait tellement qu’elle semblait heureuse qu’il propose une telle chose. Hum … Il détourna le regard, légèrement vexé par tant de joie.

« Alors … Maintenant, si tu veux bien me suivre, nous allons continuer le voyage. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Il s’était mis à marcher derrière elle, ne proférant plus aucune parole comme il en avait convenu. Il allait lui montrer à quel point cela pouvait être ennuyeux de n’avoir personne à qui parler. Du moins … C’est ce qu’il pensait faire.

Plusieurs heures de marche et elle n’avait pas ouvert la bouche une seule fois, elle aussi. Visiblement, les deux personnes n’avaient rien à se dire mais elle semblait un peu guillerette. Hum … Encore et toujours ce Tery, n’est-ce pas ? Il pourrait lui poser une question des plus embarrassantes mais après, il valait mieux ne plus jamais penser à lui adresser la parole. Pourtant, il demanda d’une voix lente :

« Cela ne vous gêne guère de n’avoir personne avec qui parler ? »

« Hum ? Tiens … Tu t’es décidé à ouvrir la bouche finalement ? » dit-elle en rigolant légèrement avant de reprendre : « Pour te répondre, pas le moins du monde ! Je suis habituée à être toujours isolée dans mon coin et puis, lorsque je voyageais dans les alentours de l’orphelinat avant que je n’ai dix-huit ans, j’étais toujours seule. Donc bon … Je me suis habituée à ne pas parler pendant que je marche. »

« … … … D’accord … Si vous le dites … Sommes-nous proches ? »

« Dans moins d’une heure, cela devrait être bon. Si tu as envie de parler, tu le peux mais évite alors de t’adresser à moi ainsi, d’accord ? »

« … … … Je n’avais aucune agressivité dans mes paroles auparavant. » tenta t-il de répliquer tandis qu’elle le coupait presque aussitôt :

« Il n’est pas question de répliquer ou non mais simplement de penser que répéter maintes fois la même chose peut porter sur les nerfs d’une autre personne. Oui, je m’arrête souvent, oui, je sais très bien qu’avec ça, on prend un peu de retard mais nous ne sommes pas si pressés. »

« … … Si vous le dites, mademoiselle l’Ombre. Il est vrai d’un autre côté, que nous n’avons aucune obligation à accélérer le pas, je le conçois. »

« Il faut vraiment aussi que je t’apprenne à parler correctement au passage. »

« Hum ? Et pourquoi cela ? » demanda l’adolescent alors qu’elle ne lui répondait pas. Il verrait bien … mais s’il réfléchissait un petit peu, cela était facile à comprendre.

Voilà … Enfin … Ils étaient arrivés … En fin d’après-midi, le soleil ne s’était pas encore couché mais cela n’allait pas tarder. Quelques enfants jouaient dehors, sous la surveillance d’une vieille femme assise. Tous les regards se positionnèrent vers les deux personnes avant que des cris ne fusent en leur direction.

« C’est grande sœur ! Elle est de retour ! Ca fait longtemps ! » cria une fille qui devait avoir huit ans avant de courir vers la femme masquée.

« Mais non ! C’est grand frère ! Ca faisait vraiment longtemps ! Euh … Beaucoup de temps ! » s’égosilla un garçon d’une dizaine d’années tout en rejoignant la fille.

« Ils ne sont pas au courant visiblement ? » dit Royan alors qu’elle hochait la tête négativement. Peut-être qu’il était temps de leur dire … La jeune fille arriva à la hauteur d’Elen, tirant un peu sur sa cape en marmonnant :

« Dis, dis … Grande sœur … Quand est-ce que tu retires ton masque ? On ne te voit jamais … C’est vraiment embêtant ! Montre-leur que j’ai raison ! »

« Peut-être la prochaine fois … Il se peut que lorsque je reviendrai ici, je sois encore plus accompagnée. » murmura d’une voix douce la femme masquée bien qu’elle ne répondait pas par la positive à la question permettant de deviner son sexe.

« C’est vrai ?! Qui ça sera ? Et c’est qui le garçon qui t’accompagne ? C’est ton amoureux ? » demanda la jeune fille une nouvelle fois tandis que Royan répondait aussitôt :

« Pas le moins du monde, jeune demoiselle. Néanmoins, si tu veux voir son amoureux, pour l’instant, il se trouve dans le lointain royaume de Shunter. Peut-être que la prochaine fois, ça sera lui qui sera présent à ses côtés. »

« Que … QU’EST-CE QUE TU RACONTES, ROYAN ?! » s’écria Elen avec colère et gêne alors qu’elle s’arrêtait en voyant le sourire machiavélique de l’adolescent.

« Cela est ma vengeance pour tout ce qui s’est passé pendant le voyage. »

AH ! Le saligaud ! Elle se retenait de proférer une insulte envers lui, surtout que cela n’était pas méchant à la base. L’adolescent s’était éloigné pour se diriger vers la vieille femme alors qu’Elen voyait le regard brillant de la jeune fille. Le garçon d’une dizaine d’années était arrivé à sa hauteur, en même temps que d’autres enfants.

« Alors, tu vois ! Je t’ai dit que c’était bien une grande sœur ! Et pas un grand frère ! »

« T’as pas vu que le grand garçon a dit que c’était juste pour se venger ? Elle n’a pas d’amoureux ! Donc c’est peut-être pas une grande sœur mais un grand frère ! »

« Arrête de dire des bêtises ! Grande sœur ! Dis leur que t’es une dame ! Et que tu as un amoureux aussi ! Et que tu nous le montreras ! »

« Euh … Euh … Si vous pouviez tous vous calmer … Je vais aller voir Madame Liza. La prochaine fois, je vais tout faire pour qu’une autre personne m’accompagne. »

Elle préférait se carapater, ne voulant pas répondre à ces questions gênantes. C’était même … beaucoup trop gênant … Plus que la normale. Elle avança en passant à côté des enfants, des mines boudeuses apparaissant sur leurs visages. Hein ? Quoi ? Qu’est-ce que Royan faisait auprès de la vieille femme ? Celle-ci restait assise sur un rocking-chair, ses yeux se posant sur le masque fissuré d’Elen avant de dire d’une voix lente :

« Et bien … Cela faisait très longtemps … mon enfant … Ton compagnon de voyage m’a déjà raconté une partie de ce qui s’est passé. »

« Madame Liza ! Qu’est-ce que … Qu’est-ce que Royan vous a raconté ? » balbutia la jeune femme pour bien montrer qu’elle était inquiète sur les paroles de l’adolescent.

« Et bien … Peu de choses puisque tu es partie pendant plusieurs mois sans même nous écrire une seule fois. » dit la vieille femme avec le ton du reproche alors que la femme masquée baissait son visage, déconfite. Les enfants étaient retournés en partie jouer entre eux, d’autres ayant rejoint les adultes et l’adolescent pour écouter l’histoire de la personne cachée sous deux capes. Celle-ci murmura :

« Je … Et bien … Je … Je n’ai pas d’excuses … madame Liza. »

« Tu étais tout simplement très occupée, il paraîtrait … Mais tu devrais aller voir l’Oracle avec ton jeune ami. Je t’attendrai et nous pourrons alors parler. »

« D’accord, madame Liza ! Bon … Royan. On se dépêche. »

Elle s’était maintenant adressée à l’adolescent, lui intimant de la suivre alors que celui-ci jetait un dernier regard à la vieille femme avant de rejoindre Elen. Sur le chemin de l’orphelinat qui les mena jusqu’au bureau de l’Oracle, Royan dit :

« Cette femme … est vraiment spéciale … On sent qu’elle a vécu des expériences affreuses … mais pourtant … Elle reste forte. »

« Madame Liza … Ca fait depuis très longtemps qu’elle est ici … Je crois qu’elle l’était même avant que je sois née. Je ne sais pas pourquoi elle travaille ici mais je l’en remercie. Si il n’y avait eut que l’Oracle, je n’aurai jamais pu tenir. Madame Liza est vraiment très importante pour tout le monde dans l’orphelinat. »

« Mais elle commence à se faire vieille … n’est-ce-pas ? »

« Hein ? Pourquoi est-ce que tu dis ça, Royan ? » demanda la jeune femme masquée avec interrogation alors que l’adolescent haussait un sourcil.

… … … Cette femme … … … Pourquoi disait-elle une telle chose ? Pour ne pas souffrir ? Non … En regardant les yeux bleus, il comprenait que son esprit préférait bloquer … Une telle pensée mais pourtant, c’était la réalité. Il continua de suivre la jeune femme masquée, jusqu’à ce qu’elle se présente devant une porte. Elle toqua plusieurs fois, une voix masculine disant :

« Qui est-ce ? J’ai demandé à ne pas être dérangé aujourd’hui. »

« O… Oracle … Je … Je … C’est moi … Neel. » murmura avec tremblement la femme masquée.

« Neel ?! Rentre donc ! Cela fait des mois que tu es partie ! »

Elle fit un petit geste de la tête, invitant l’adolescent à rentrer avec elle alors que celui-ci se demandait à quoi ressemblait l’homme que craignaient autant Tery et Elen … Ou du moins … Que Tery ne portait pas dans son cœur. Il fut aussi surpris que le vieillard qui se tenait devant lui, assis sur un fauteuil, l’Oracle disant :

« Qui est-ce donc ? Je ne pense pas connaître cet adolescent. Il n’est pas de chez nous. »

L’Oracle n’avait pas changé au fil des années … Il était toujours le même … Ses cheveux blancs … Sa longue barbe et sa moustache … Il faisait toujours autant l’être sage et bienveillant … Même Royan semblait étonné en le regardant, répondant :

« Je m’appelle Royan et j’accompagne la personne qui se nomme Neel. »

« Oh … Ce n’est donc pas lui le fameux Tery dont tu me parlais, Neel. Il est normal que cela ne soit pas le cas … en vue de tes paroles. Ce futur jeune homme n’est encore qu’au stade de l’adolescence alors que Tery est déjà un jeune adulte. »

… … … Elle se triturait les mains comme gênée. Elle ne savait pas quoi dire à l’Oracle ? Il fallait dire que depuis plusieurs mois, elle n’avait donné aucune nouvelle. Alors bon … Par quoi elle devait commencer ? Le vieil homme l’observa longuement de ses yeux argentés, attendant qu’elle prenne la parole mais pourtant, ce fut Royan qui commença :

« Je pense qu’il est inutile de vous dire qui je suis réellement, messire. »

« Le prince Royan du royaume de Traslord. Je suis désolé au sujet de vos deux frères. Néanmoins, vous savoir aux côtés de mon envoyé me réchauffe le cœur. La famille royale de Traslord est donc encore loin d’être éteinte. »

« AH ! Euh … Oracle … Au passage, nous avons récupéré des médaillons, du moins, une partie d’entre eux. »

Peut-être qu’elle pouvait alors amorcer une conversation de la sorte ? Du moins, c’est ce qu’elle espérait. Elle fouilla dans son sac, extirpant trois médaillons alors qu’elle les déposait devant le vieil homme. Celui-ci les observa brièvement, se levant tout en reprenant la parole :

« Bien bien … Mais cela semble toujours peu, n’est-ce pas ? Où sont les autres, Neel ? »

« Et bien … Euh … J’ai entendu dire que le royaume de Shunter en avait récupéré une bonne partie … Dont ceux de Mekalarma … Et aussi une partie de ceux de Claudiska … Quand à Honoros, je ne sais pas réellement à ce sujet. »

« Hum … Est-ce Tery qui est responsable de la mort du dirigeant de Mekalarma ? » demanda l’Oracle sur un ton neutre alors qu’elle semblait surprise. Il était au courant à ce sujet ?

« Je crois … Enfin oui … Il a même récupéré quelques livres … sur les golems … »

« Impressionnant … Vraiment impressionnant. Il faudra me le présenter un jour. Ce jeune homme est bien différent d’un simple porteur des lignes d’Alzar. Mais soit … Maintenant que tu es là … J’ai d’autres nouvelles à t’annoncer et … Cela n’est guère plaisant à entendre. »

« … … … Comment ça, Oracle ? » dit-elle avec une pointe d’inquiétude dans la voix.

« Ta prochaine mission est un assassinat … Et il s’avère que cette fois, je ne suis pas sûr de ta sécurité … » reprit l’Oracle tandis qu’elle demandait aussitôt :

« Est-ce que … C’est encore un enfant ? D’ici ? Je ne veux … plus le faire. »

« Non ce n’est pas un enfant … Mais une femme de ton âge … Et elle n’est pas d’ici. »

Royan n’avait rien dit, ne laissant pas paraître sa surprise à l’écoute du mot « enfant ». Qu’est-ce que cela voulait dire ? La jeune femme tuait des enfants pour l’Oracle ?! Il avait du mal à le croire … mais … Si c’était la vérité alors …

« Une femme de mon âge ? Et elle a les lignes d’Alzar ? Mais j’ai … Enfin bon … Qu’est-ce qu’elle a de si spéciale par rapport aux autres ? »

« Ses lignes se sont réveillées il n’y a que peu de temps … Cela ne te rappelle pas quelqu’un ? Mais il s’avère que dans son cas, c’est bien différent. Il n’y a pas de retour en arrière pour elle. Elle a déjà dévasté l’auberge où elle travaillait et elle semble être à la recherche de quelque chose ou quelqu’un. As-tu d’autres questions mon enfant ? Je vais garder ces pendentifs en sécurité si cela ne te dérange guère. »

Non … Elle n’avait pas d’autres questions … mais elle restait quand même un peu inquiète. Elle s’inclina devant l’Oracle, s’apprêtant à partir avant que l’Oracle ne l’arrête :

« Au passage … Pour ton masque … Je ne l’avais guère remarqué mais il me semble dans un état plus que triste. J’espère que personne d’autre n’a vu ton visage … Au passage … Visiblement, je commence à omettre bon nombre de choses. As-tu revu ce Tery ? »

« Oui … Enfin … Oui ! Je … Comment dire … Il est vraiment devenu très fort ! Et vous savez quoi ? Il arrive à contrôler parfaitement ses lignes d’Alzar ! Vous auriez dû voir comment il a réussi à arrêter une vouivre qui avait un médaillon de Claudiska ! »

« Oh … Je me l’imagine et je me doute en écoutant la ferveur dans tes paroles. Je vais préparer déjà un nouveau masque pour toi … Tu pourras donner le tien à Liza. Pendant ce temps, je vais aussi demander à celle-ci de préparer une chambre pour le prince Royan. Pardonnez-nous, prince Royan mais notre orphelinat n’est pas la meilleure auberge que vous pourriez avoir. »

« Ce n’est pas grave … J’ai parcouru des journées et des semaines entières … Je ne vais pas me plaindre de pouvoir dormir dans un lit même si il n’est pas à baldaquin. »

Le vieil homme sourit à la remarque de l’adolescent, celui-ci partant en même temps que la femme masquée. Quand ils ne furent plus là, l’Oracle retourna s’asseoir correctement sur son fauteuil, semblant réfléchir à la situation. La jeune femme … avait bien changé depuis ces dernières années. Il sentait l’influence de cet homme nommé Tery sur elle … Une bonne influence … Mais jusqu’à où ? Jusqu’à quand ? Et surtout … La femme qu’elle allait devoir abattre … Il n’était pas sûr de la suite des évènements. En même temps, la jeune demoiselle lui avait dit sans le remarquer que Tery, celui-ci qui avait déjà vu son visage, était encore vivant. Elle semblait si heureuse … depuis qu’il était là.

« … … … J’en apprends des choses à votre sujet … mademoiselle l’Ombre. » murmura l’adolescent dans les couloirs.

« Et quoi donc, prince Royan ? Qu’est-ce que vous appris à mon sujet qui vous semble si important à vos yeux ? » demanda t-elle sur un ton amusé.

« Est-ce que Tery est au courant que vous avez fait un génocide d’enfants ? »

Il avait fait exprès d’exagéré ses propos pour voir la réaction de la jeune femme. Il avait été surpris par cela et il se doutait de la réponse de la femme masquée. Elle venait serrer son poing droit, comme si elle s’apprêtait à le frapper avec, disant entre ses dents :

« Tery … n’a pas besoin de savoir … ça … Depuis que … Je le connais … J’ai dû … en tuer un seul … Un seul … Je n’aime pas ça non plus. »

« Et pourtant, vous le faites … Et on ne sait même pas la raison qui vous pousse à faire ceci. »

« Car ils avaient les lignes d’Alzar ! Mais avec Tery, ce n’est pas pareil ! »

Elle ne voulait plus en parler ! Même quelques secondes étaient une torture pour elle ! Elle accéléra le pas, laissant l’adolescent derrière elle. Assez … Elle en avait assez.

Chapitre 3 : De mission en mission

ShiroiRyu
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Chapitre 3 : De mission en mission

« Nous y voilà ! Ce n’est qu’une modeste tribu de Gnomolds mais avec ces guerres qui se préparent, nous devons les tuer avant qu’ils ne nous assaillent en même temps que les armées ennemies. » murmura Olin en désignant un point à l’horizon avec son doigt.

« Donc … On doit les éradiquer et les combattre, c’est bien cela ? Ca ne devrait pas être trop dur. » répondit le jeune homme aux cheveux bruns alors que Clari sortait déjà son imposante claymore, faisant apparaître des lignes blanches sur ses deux bras.

« Zélisia … C’est la première fois que je vois une personne avec des lignes comme ça. » murmura Olin en regardant Clari tandis qu’il tournait ensuite son regard vers Tery. Un regard qu’il retira aussitôt, se grattant la joue. Pourtant, ce n’était pas passé inaperçu aux yeux de Tery. Hum … Il s’en doutait … Il était au courant … Il avait préféré ne pas voir les visages des autres soldats mais il le savait … Pfff …

« Bon … Je vais prendre un peu d’avance. »

Tery avait dit cela en poussant un profond soupir, se mettant à courir tout en ayant déjà ses deux griffes aux mains. Clari lui dit de l’attendre, courant à sa suite. Le duo arriva rapidement à la hauteur d’un simple camp de Gnomolds. Ils devaient être bien une dizaine à une quinzaine de membres, tous surpris de voir les deux humains. Pourtant, ils ne tardèrent pas à sortir les armes, criant :

« DES HUMAINS ! TUEZ-LES ! CE SONT SUREMENT DES ECLAIREURS ! »

Et pourtant, moins d’une dizaine de minutes plus tard, alors que les soldats arrivaient, le camp était déjà dévasté. Ils purent voir les lignes noires sur le visage de Tery avant qu’elles ne disparaissent. Clari était à côté de lui, un sourire aux lèvres en lui tapotant doucement le derrière du crâne, disant :

« C’était parfait, tu vois, Tery ? Pas besoin d’avoir peur de perdre le contrôle. Tu arrives parfaitement à gérer cette situation. »

« Oui mais non … Si par malheur, j’arrête de penser à ça … Je ne sais pas ce qui se passera … Je ne sais pas du tout … Et cela m’effraie vraiment … » murmura le jeune homme aux cheveux bruns tandis qu’elle rangeait son arme dans son dos, prenant sa main :

« Pas besoin d’avoir peur … Si vraiment tu deviens dingue, je m’occuperai personnellement de ton cas … Et tu sais parfaitement ce que cela veut dire, n’est-ce pas ? »

« Que je risque d’avoir très mal … Je le sais parfaitement … oui … On peut arrêter de parler de perfection ? Ca me donne mal au crâne et je suis loin de l’être d’après mes souvenirs. »

« Roh … Qui serait donc parfait ? Les autres n’ont pas à te juger sur tes lignes, surtout quand on sait que tu arrives à les contrôler. »

Elle l’avait enlacé tendrement derrière lui, passant ses deux mains autour de son cou alors que les soldats ne disaient plus rien. Olin signala simplement qu’il était temps de rentrer puisque le camp avait été détruit bien plus rapidement que prévu. Tery se laissa faire par la jeune femme aux couettes blondes, restant près d’elle sans rien dire de plus. Lorsqu’ils retournèrent à la base, les soldats se séparèrent tandis qu’il restait seul avec Clari. Olin dit qu’il allait prévenir au sujet de la réussite de la mission. Finalement, ils étaient à nouveau isolés, Tery poussant un léger soupir tout en disant :

« Je vais aller me reposer dans ma chambre si j’en ai une. »

« Tu veux que je m’invite aussi, Tery ? Tu sais bien que ça ne me dérange pas hein ? » répondit la jeune femme avec un sourire.

« Je pense qu’ils se font déjà assez d’idées à nos sujets. Je ne vais pas leur permettre d’alimenter encore plus leurs débats. Désolé mais je préfère refuser. »

« Bon … Et bien, je prend ça pour un oui alors ! »

Elle rigola une nouvelle fois avant de l’accompagner. Il préféra ne pas lui répondre, haussant les épaules tout en se dirigeant vers les bâtiments. Il remarquait les regards posés sur lui et sur Clari … C’était plus de la crainte qu’autre chose … le concernant … Pfff … Et si il écrivait à Elen ? Ah non … Malheureusement, il devait déjà attendre sa lettre à la base. Couché sur son lit quelques minutes plus tard, il marmonna entre ses dents :

« Et quand est-ce qu’elle va m’écrire alors ? »

« Je te rappelle que je suis là, Tery. On ne pense pas à une autre femme en ma présence. » répliqua la jeune femme aux couettes blondes en faisant une légère moue boudeuse.

« Je suis désolé, Clari … C’est juste … que j’ai besoin de lui parler … Avec tout ce qui s’est passé, j’ai assez mal … et puis bon … Voilà quoi. »

« Tu as l’impression qu’elle est indispensable à tes yeux mais tu sais, ce n’est pas le cas hein ? Si tu as besoin de parler, je suis là aussi. Et je sais aussi bien que toi que c’est au sujet de tes lignes d’Alzar alors attention, j’arrive ! »

HEIN ?! La jeune femme aux couettes blondes avait déposé son arme sur le sol, retirant quelques morceaux de métal qui ornaient sa tenue avant de n’être plus que recouverte par des vêtements. Même si il avait eut le temps de réagir, il ne s’était pas attendu à ce qu’elle saute sur le lit juste à côté de lui. Il poussa un cri de surprise, se retrouvant enlacé par Clari alors qu’il tentait de dire :

« Non mais si des personnes rentrent ?! Qu’est-ce qu’ils vont dire ?! »

« J’ai fermé la porte à clé, Tery. Je ne suis pas bête … Mais à côté … Si c’est juste le voyeurisme qui te dérange, cela veut dire que le reste ne te gêne guère ? » chuchota t-elle dans le creux de son oreille alors qu’il tremblait, collant son dos contre le mur en plaçant ses mains devant lui. Qu’elle arrête de s’approcher ! Il n’acceptait surtout pas cela !

« Clari ! Ca devient vraiment lassant tout ça ! Je ne veux pas de ça ! Nous ne sommes pas assez proches et ce n’est pas en allant trop vite que ça arrangera les choses ! »

« … … … Imbécile. Ca ne se refuse pas une invitation par une femme … Surtout si on est célibataire, sans petite amie et qu’on n’y connait rien. » marmonna t-elle avant de se retourner, reprenant aussitôt : « De toute façon, je ne parlais pas de ça … Je voulais juste te réconforter si tu avais besoin de parler pour les lignes d’Alzar mais visiblement, dans le fond, tu n’as pas l’air si triste que ça alors je vais m’en aller ! »

« Tu boudes, Clari ? » chuchota t-il doucement alors qu’elle tremblait en entendant ce ton.

« N’envisage même pas la possibilité que tu t’excuses de cette manière, Tery. Ca ne marche pas comme ça avec moi ! Je tiens à te le signaler au cas où ! »

« Oh … D’accord … Je me sentais un peu mal … C’est vrai … Les regards des autres, l’ignorance ou le refus de la maréchale … Le fait que l’Ombre ne m’ait toujours pas répondu … Mes lignes d’Alzar … C’est vraiment trop de problèmes en tête. »

Elle ne se retourna pas, étant toujours de dos par rapport à lui. Pfff … C’était bête … Il refusait à chaque fois l’affection de Clari mais en même temps … Quand il n’en avait pas … Il se sentait un peu triste et seul. Pfff …

« Clari … Allez … Tu vas arrêter de bouder ? S’il te plaît ? Ca me manque … un peu. » marmonna le jeune homme en se rapprochant d’elle, un peu tremblant. Dès qu’il fut à portée, elle se retourna, collant ses deux mains contre lui avant de l’enlacer longuement.

« Attrapé, le petit Tery ! » s’écria t-elle avec joie alors que le jeune homme étouffait un cri, sa tête plongée dans sa poitrine. Il tenta de bouger, s’arrêtant au bout d’une quinzaine de secondes tandis qu’elle disait : « J’aime bien t’avoir par les sentiments, ça marche tout le temps ! La preuve … Regarde où est-ce que tu te trouves ? »

« Laisse-moi … respirer ! Tu m’étouffes avec tout ça ! » dit-il, du moins, tenta t-il de dire.

« Tout ça ? Oh … Donc, ce n’est pas … rien du tout ? » reprit-elle alors qu’il rougissait, fermant finalement les yeux sans plus rien dire.

Hum ? Quoi ? Elle lui extirpa un peu la tête de sa poitrine pour voir sa réaction, se demandant si elle avait exagéré ou non. Pour toute réponse, le jeune homme rouvrit ses yeux, la regardant longuement. Elle le redéposa contre son corps, souriant.

Voilà, comme ça … Elle était contente … Et lui-même ne trouvait pas cela déplaisant. De toute façon, il ne détestait pas Clari alors bon … Pourquoi refuser une telle marque d’affection ? Et puis … Si ça pouvait lui faire plaisir à la jeune femme, autant accepter. Il fallait juste éviter que les gens croient que cela allait plus loin.

Il ne s’en serait jamais douté mais il s’était finalement endormi au bout d’une dizaine de minutes, contrastant avec ses paroles. Dire qu’il pensait ne pas réussir à dormir avec tout ce qui s’était passé ces derniers jours, le regard des autres … Clari n’avait pas menti, l’avoir à ses côtés avait quelque chose de vraiment réconfortant et tendre.

Lorsqu’il se réveilla, quelques heures plus tard, il était couché à côté de Clari, celle-ci ayant fermé ses yeux pour s’endormir à son tour. Voilà, c’était le seul moment où il pouvait dire qu’elle était mignonne … Lorsqu’elle dormait. Bien qu’un peu gêné par cette position qui lui rappelait quelques souvenirs avec Elen, il restait couché, observant le plafond. Avec lenteur, il tendit sa main droite, faisant apparaître ses lignes noires. Il suffisait de penser à son père … pour que la haine l’envahisse … Il ne lui pardonnerait jamais … pour ce qu’il avait fait. Pas le moins du monde. Un petit murmure et voilà que Clari déposait sa tête contre son épaule, un petit sourire aux lèvres en même temps qu’elle dormait.

Bon … Ce n’était pas si embêtant que ça… Mais ce n’était pas pareil qu’avec Elen ou la maréchale … Il n’arrivait pas à croire que … Clari fasse réellement ça pour lui. Il avait l’impression que ce n’était pas lui qu’elle recherchait mais c’était comme souvent à ses yeux, une réflexion complètement stupide pour sa part. Bon … Est-ce qu’il devait se lever ? Laisser tranquille Clari ? En vue de sa position, il en était hors de question hein ?

« Clari … Il est l’heure de te réveiller … Je sais que tu ne dors pas. »

Aucune réponse de la part de la jeune femme. Il posa un doigt sur sa joue, appuyant légèrement dessus. Aucune réaction. Hum … La connaissant, elle pouvait sûrement faire exprès n’est-ce pas ? Il tira un peu sur la joue de la jeune femme, ayant pour seule réaction de la faire se coller bien plus contre lui, la moitié supérieure du corps se calfeutrant contre son torse. Oh purée … Bon … Il n’allait plus bouger.

Les heures s’écoulèrent à nouveau et il avait plus que chaud. Quand il rouvrit ses yeux, il vit le visage de Clari à quelques centimètres du sien. Ses joues étaient rougies alors qu’elle était bien réveillée, l’observant longuement. Qu’est-ce que … Il recula aussitôt, la jeune femme faisant de même. Bon sang ! Son cœur battait à deux cents à l’heure alors qu’il cherchait à parler sans y arriver. Qu’est-ce qui lui prenait ?!

« Pardon … Je ne voulais pas te réveiller, Tery. Tu dormais si paisiblement … On est en pleine nuit … A force de dormir … Enfin bon … Nous avons encore plusieurs missions. Pendant que tu dormais … Je suis partie pour prendre des nouvelles avant qu’il ne fasse trop nuit et … »

« D’a… D’accord … C’est bon. » répondit-il en tremblant un peu, trouvant cela bizarre que la jeune femme réagisse de la même façon que lui. Il n’avait pas l’habitude, pas du tout même. C’était assez inquiétant. Il se leva, se dirigeant vers la fenêtre. C’est vrai … Il faisait nuit … Et assez frais en même temps. Pfff … Il avait dormi trop de temps ou quoi ?

« On en a pour encore combien de missions, Clari ? » demanda t-il lentement.

« Je ne sais pas … Jusqu’à ce que Manelena veuille bien te faire revenir près d’elle. Tu es doué hein ? Pour jouer avec le cœur des femmes qui sont proches de toi. On ne dirait pas comme ça mais dans le fond … Je suis sûr que ça te plaît ce que la maréchale fait. »

« Pas le moins du monde. Tu te fais des illusions, Clari. » répliqua le jeune homme avant de retourner se coucher sur son lit, observant le plafond. « Au passage, maintenant que je suis réveillé, tu comptes quand même aller dans ton lit hein ? »

« Hum … C’est une proposition ma foi intéressante mais j’en ai une autre en tête. Puisque j’ai commencé la journée à dormir avec toi, je compte bien la terminer. Au passage, ce n’est pas une proposition. » dit-elle en se contredisant presque aussitôt. Elle s’installa confortablement, attendant la réponse du jeune homme qui ne vint pas. Il avait déjà essayé de chercher le sommeil, le trouvant rapidement alors qu’elle se collait près de lui pour s’endormir elle aussi.

Les jours s’écoulèrent les uns après les autres jusqu’à ce qu’une semaine se soit déroulée. Le missions étaient assez différentes et diversifiées. Ils eurent même à escorter un groupe de vilageois pour qu’ils soient en sécurité, loin des combats entre les deux armées. Il y avait bien entendu aussi des chasses mais de l’exploration, du repérage et autres. Et la semaine s’était écoulée très rapidement, ne lui permettant pas de penser un instant au reste.

Lorsqu’il eut le temps de se reposer, il était couché sur son lit, prenant une profonde respiration. Vraiment … Il était exténué à chaque fin de mission mais bon … Au moins, la paye serait plutôt bonne grâce aux primes pour les missions et cela lui faisait plaisir. Il allait pouvoir en envoyer une bonne partie à sa mère. Tiens … Il allait devoir lui écrire. Il n’arrêtait pas de le dire mais ne le faisait jamais. Quel fils indigne quand on y réfléchissait ! Quelques coups à la porte et il demanda qui était là.

« Devine donc, espèce de niais ! » rigola une voix féminine de l’autre côté alors qu’il soupirait, ne cherchant pas à ouvrir la porte. Pourtant, il sentait déjà un léger vent qui passait sous celle-ci, le forçant à se lever. Il tourna la clé, Clari apparaissant devant lui, un sourire radieux aux lèvres. Aussitôt qu’elle l’avait en face d’elle, elle vint l’enlacer, reprenant la parole : « Devine qui vient dormir encore avec toi ?! »

« Je pensais avoir été clair, Clari. Il faut arrêter ça. » murmura le jeune homme en ne remarquant pas la petite blague verbale qu’il venait de faire. Pourtant, elle ne semblait même pas l’entendre, l’invitant à s’installer sur le lit alors qu’elle semblait déjà avoir retiré son équipement dans sa propre chambre. Pfff … Il se plaça dans le lit à nouveau avant d’entendre des petits coups contre la fenêtre. Il se redressa aussitôt, courant vers celle-ci. La jeune femme aux couettes blondes fit une petite moue boudeuse tout en disant :

« Tu oses répondre et penser à une autre femme alors qu’il y en a une qui t’attend dans ton lit, Tery. Tu devrais avoir honte de toi. »

« Je sais que je suis un rustre, tu n’arrêtes pas de me le répéter dès que je pense à Elen, Clari. » répliqua t-il alors qu’il ouvrait la fenêtre, laissant la petite lettre ailée rentrer. C’était bien … une lettre d’elle. Ah … Il se sentait soulagé et heureux en un sens. Clari s’était redressée dans le lit, se mettant assise alors que lui-même allait s’asseoir sur une chaise en bois pour pouvoir lire tranquillement.

Des nouvelles … C’était vraiment des nouvelles d’Elen ! Elle signalait qu’elle était bientôt arrivée chez l’Oracle, que Royan était toujours aussi embêtant quand il s’y mettait mais qu’elle continuait à être heureuse rien qu’en pensant à Tery. Rah … Elle allait le faire rougir. En observant la lettre, il remarqua qu’une image était jointe. Hein ? Qu’est-ce que …

« AH ! Tu rougis ! Me dit pas qu’elle t’a envoyé une image perverse ?! » s’écria Clari en se levant du lit, le jeune homme tentant de cacher aussitôt la lettre et ce qui était joint avec. Il ne put résister au vent que Clari utilisa contre lui, la jeune femme récupérant l’image avec facilité avant de la regarder, haussant un sourcil.

« Et bien … Qu’est-ce qu’elle a de spécial cette image ? Je n’arrive pas à voir où est … le truc. Tu peux m’expliquer si ça ne te dérange pas trop ? »

« Tu ne la trouves pas… radieuse, toi ? Et puis … Y a une certaine … candeur ? Je ne sais pas … Enfin … Tu sais … Elle n’est pas forcément très féminine à la base contrairement à toi ou Manelena … Enfin, vous savez vous mettre en valeur toutes les deux … Mais elle … Elle est toujours camouflée sous ses capes. »

Radieuse ? Candeur ? Absence de féminité ? Hum … C’était bizarre mais … Bon … Il était vrai que sur cette image, la jeune femme aux yeux bleus avait quelque chose de spécial. Mais comment l’expliquer … Hum … Bon … Elle rendit l’image au jeune homme, celui-ci la rangeant avec les autres en la regardant une dernière fois.

L’image représentait Elen, sans son masque mais néanmoins avec les capes sur son corps à moitié découvert. Elle se trouvait assise sur un tronc d’arbre, les jambes croisées, les deux mains nues posées sur ces dernières. Elle avait un petit sourire aux lèvres, les joues légèrement rougies par l’émotion ou alors la gêne, il ne pouvait pas le savoir. Mais … Il la trouvait plutôt mignonne comme ça. Clari était retournée dans le lit, l’observant écrire pour répondre à Elen. Elle murmura :

« Dépêche-toi quand même, Tery sinon le lit risque d’être froid. »

« Je me dépêche … Ca ne devrait pas prendre trop de temps. »

Et pourtant, il lui fallut presque trois quarts d’heures pour terminer sa lettre. Lorsqu’il l’avait laissé voler, il se retourna pour voir Clari qui s’était endormie à force de l’attendre. Il n’avait pas menti … au sujet de Clari. Elle était une jolie fille … C’est bizarre mais il n’arrivait pas à la considérer comme une possibilité amoureuse. Enfin … Amoureuse … Il n’avait jamais penser réellement à l’amour de toute façon à la base.

Bon … Qu’est-ce qu’il allait faire demain ? Il ne le savait pas le moins du monde mais au moins, il était sûr d’une chose : il allait devoir dormir. En y réfléchissant … bien … Est-ce que dormir avec Manelena … avant qu’il ne sache la vérité aurait été une bonne chose ? Il avouait avoir un peu peur d’elle.
Quand à Elen … Et bien … Elen … Hum … En y réfléchissant plus profondément … Avoir Elen auprès de lui … C’est comme serrer un petit corps contre le sien. Enfin … Avoir une femme plus grande que lui en face … Ca avait quelque chose d’assez impressionnant en un sens, il le reconnaissait parfaitement. Mais de l’autre côté … Serrer Elen, c’était bien différent de serrer Clari ou Manelena. Enfin … Quand il l’avait pu pour Manelena. Peut-être parce qu’avec Elen, c’était totalement différent ? Les deux personnes ne se voyaient que trop peu au goût de Tery.

« Tery … Tu attends … quoi ? » marmonna Clari dans le lit, gesticulant faiblement, complètement endormie ou presque. Elle parlait dans son sommeil ou c’était lui ?

« J’arrive, j’arrive, Clari. Ne t’en fait donc pas, dors. »

« Pas … si tu n’es pas là … Tery. » répondit-elle avant de bailler légèrement, le jeune homme souriant en observant Clari.

Bon … Ce n’était plus l’heure de se poser des questions. Il commençait sérieusement à être tard et en attendant une nouvelle réponse, il allait tout simplement rejoindre Clari dans le lit. Il s’installa confortablement dans celui-ci, la jeune femme venant aussitôt l’enlacer en posant sa tête près de la sienne tandis qu’il rougissait. Il ne savait pas quoi penser de Clari … Mais au moins, il ne pouvait pas dire qu’il la détestait ou qu’il restait neutre face à elle. C’était même complètement différent. Il avait de l’affection pour elle, beaucoup d’affection même. Mais ça ne dépassait pas ce stade, loin de là même.

Il s’endormit rapidement auprès de la jeune femme, préférant ne plus penser sauf à ce qui allait l’attendre les prochains jours. Et il avait eut entièrement raison. Les missions s’amoncelaient les unes après les autres, ne lui permettant pas de souffler un seul instant avec Clari. Celle-ci prenait plutôt bien tout cela, ne semblant pas être gênée que la maréchale la prenne comme tête de turc avec lui.

« Sincèrement … Tu penses qu’elle va nous permettre de respirer bientôt ? » demanda t-il alors que les journées s’écoulaient les unes après les autres.

« Pas le moins du monde ! Mais bon … Tant que tu es à mes côtés, ça passe facilement. »

« … … … Bon … D’accord, j’avoue aussi qu’avoir des personnes avec qui passer le temps, ça aide beaucoup plus à supporter la situation. » marmonna le jeune homme aux cheveux bruns alors qu’elle semblait surprise. Il assumait ça ? Oh …

« Et puis … Cet Olin m’a l’air assez sympathique … C’était un ami à toi avant ? Il n’a pas l’air plus dérangé que ça par tes lignes noires … Contrairement aux autres. »

« Tant que je t’ai à mes côtés ou alors Olin, ça me suffit complètement. » répliqua t-il en passant une main sur son front, Clari restant encore plus étonnée qu’auparavant.

Roh … Il n’allait pas arrêter ses compliments, c’était cela ? Elle devait le remercier, n’est-ce pas ? Elle tenta de s’approcher de lui mais il l’esquiva aussitôt. Ah non … Pas de familiarités entre eux ! Du moins, pas en public. Surtout que bon … C’était déjà assez gênant de dormir ensembles dans le même lit.

« Bon … Si tu as terminé d’essayer de me coller, Clari, on a encore du travail. »

« On n’a QUE du travail. Tu n’as même pas pu souffler un peu depuis tout ce temps. Et je ne parle même pas de ce qui nous attend à côté hein ? »

« Pas besoin d’en parler … C’est exact. » murmura le jeune homme en gardant son sourire.

Il ne savait pas comment il devait prendre tout cela … Mais pour lui, c’était un test de la part de la maréchale Nali … Vivre avec des personnes haïssant les lignes … Il pouvait alors penser à les haïr à son tour … Et devenir fou … Mais bon … Ou de l’autre côté, accepter le regard des autres et ainsi vivre paisiblement.

« Et alors ? Qu’est-ce que tu attends, Tery ? On doit y aller. »

Oui … Il était peut-être trop optimiste des fois … Mais avec la maréchale, il ne voyait que ça … Enfin, il préférait voir le bon côté des choses avec elle. La maréchale était … Une personne bien plus compliquée qu’on ne le croyait. Et c’était cela qu’il voulait … comprendre … Il voulait comprendre la maréchale … Malgré les dires … Il la trouvait plus fragile que n’importe quelle autre femme … au même niveau qu’Elen.