- Épilogue : Toujours plus - 7 juillet 2021
- Chapitre 59 : Tous ensemble - 30 juin 2021
- Chapitre 58 : Maréchal - 16 juin 2021
Chapitre 1 : Rencontre fortuite
« STOP ! STOP ! C’est bon ! Arrête ! Mon Machoc a compris la leçon ! »
« Mais je ne suis pas certain que toi, tu l’aies compris. »
Le pokémon à la crête brune et à la peau grise était tombé, des marques de poing sur le visage. Un adolescent d’une quinzaine d’année, aux habits dépareillés était en train de reculer avant qu’un poing ne fonce vers lui, se stoppant à quelques centimètres de son visage. Il tomba à genoux, sous le choc de l’émotion.
« Et la prochaine fois que tu tentes une manœuvre comme ça, la distance n’existera pas entre mon poing et ton visage, est-ce bien compris ? »
« J’ai parfaitement compris le message ! PROMIS ! PROMIS ! »
« Bien maintenant, disparais de mon champ de vision. J’ai beaucoup mieux à faire que de perdre mon temps avec des imbécilités de ton genre. »
L’adolescent qui avait mis à terre le Machoc s’éloigna, se dirigeant vers la sortie du lycée, ne jetant plus un seul regard à la personne qui rappelait son pokémon. Passant une main sur une mèche de cheveux bruns, il pouvait alors observer de son œil gauche de couleur verte. A part la mèche, sa coiffure partait dans tous les sens, assez hirsute et formant des épis qui lui donnaient un air un peu fou. Pourtant, en le regardant dans les yeux, on pouvait voir le plus grand sérieux du monde. Remettant correctement sa veste rouge sur lui, il en sortit une paire de lunettes de la poche extérieure avant de se la mettre devant les yeux.
« Quand même … qu’est-ce que Ryusuke lui a mis. Pourquoi est-ce que les apprentis caïds ne comprennent pas la leçon ? » dit l’un des élèves, s’adressant à son compagnon.
« Le problème, c’est surtout le fait qu’il ait aucun pokémon. C’est pas le premier élève qui tentait de faire le malin devant lui. »
« Mais en même temps, t’as vu ? Ce qu’il a fait ? On ne dirait pas en le regardant, il a quelques muscles mais à part ça … tenir le coup face aux brutes de … »
« Bougez de là. J’aimerai quitter le lycée. »
Le ton n’était guère autoritaire mais ne laissait pas place à l’opposition. Les deux élèves se poussèrent, bredouillant quelques mots tandis qu’il continuait son chemin. Son sac par-dessus l’épaule, il observa le soleil couchant à l’horizon. Il était déjà assez tard, un peu trop même à son goût mais qu’importe, il devait rentrer chez lui. Passant la porte d’une modeste demeure, la première voix qu’il entendit fut celle de sa mère :
« Ryusuke ? C’est toi ? Ryusuke ? »
« Je suis rentré. » dit-il d’une voix nonchalante, sans même se sentir concerné par la suite des paroles que sa mère venait lui déclarer :
« Il paraîtrait que tu as encore causé du trouble au lycée avec un élève et … »
« Comme d’habitude. Il y en a qui me provoquent, je ne fais que répliquer. »
« Ce n’est pas tout. Il y a aussi le fait que tu sèches tous les cours liés aux pokémon. Tu sais bien que si nous t’avons envoyé dans cette école, c’est pour une bonne raison non ? »
« JE NE PRENDRAI JAMAIS DE COURS SUR LES POKEMON ! »
« Rien à faire, ne discute pas avec lui sur ce point, s’il te plaît, chérie. »
Ryusuke grimpa les escaliers, trois par trois, se dirigeant vers sa chambre avant de claquer la porte derrière lui. Jetant son sac sur le côté, il vint aussitôt s’installer devant son bureau, s’asseyant sur une chaise. Un crayon, une feuille de papier et voilà, il était maintenant ailleurs. Nul n’allait le déranger dorénavant et …
« Ryusuke ! S’il te plaît ! Tu veux bien aller chercher des baies dans la forêt ? Pour le dessert de ce soir, tu serais un amour ! Merci beaucoup ! » cria sa mère de l’autre côté de la porte.
Pfff ! Bon, on ne lui laissait pas vraiment le choix de toute façon, il semblerait. Il déposa le crayon, quittant sa chambre avant de récupérer le panier dans sa main droite. Il sortit de la maisonnette. Cela allait peut-être l’inspirer pour ce qu’il comptait faire de son crayon ? Peut-être ? Pénétrant dans la forêt, il remarqua bien vite que quelque chose clochait.
Pourquoi est-ce qu’elle était aussi mouvementée ? Presque comme en ébullition. Ce n’était pas une bonne chose. Il y avait un événement peu commun dans la forêt pour aller la perturber et … AH ! Il se coucha aussitôt, évitant de justesse trois Dardargnans qui l’avaient ignoré superbement. Pour que ces pokémon si agressifs en viennent à ne pas le voir, c’est qu’ils pourchassaient quelqu’un. Ce quelqu’un devait être assez énervant et agaçant pour qu’ils attaquent à plusieurs encore que, les Dardargnans étaient reconnus pour être très territoriaux. Donc quand il s’agissait de faire le ménage pour effacer l’intrus, ils employaient les grands moyens. Hum, déplaisant et il ne devait pas se mêler de ça.
Ah ah ah ! La petite créature à la corne verte ne chercha pas à regarder derrière elle. Courant sur plusieurs mètres, elle utilisait ses pouvoirs de téléportation pour en gagner d’autres. Les bourdonnements aigus se firent entendre mais elle ne s’y intéressait guère. A cette allure, si elle ne faisait pas attention, elle pouvait alors se considérer comme morte ! Il en était hors de question ! Elle n’était pas en train de se battre depuis autant de temps juste pour abandonner maintenant ! Non, non et non !
Mais ça ne servait à rien. Peu à peu, elle perdait le peu de distance qu’elle avait par rapport aux Dardargnans. Peu à peu, ils prenaient de l’avance sur elle jusqu’à finir par la rattraper. Le dard de pointu au bout de l’abdomen du plus proche se dirigea vers la petite créature capable de se téléporter, prêt à faire son office.
« On ne t’a jamais dit d’affronter un adversaire à ta taille ?! »
Un coup de pied dans l’abdomen et voilà que l’insecte ailé fut projeté contre un arbre, le sonnant à moitié sous la puissance de la frappe. L’adolescent aux cheveux bruns atterrit devant la petite créature, la fixant avec un air dédaigneux. N’importe quoi, c’était vraiment n’importe quoi ce qu’il était en train de faire.
« Je vous jure, je suis là pour chercher des baies ! »
Mais à dix contre un, il était tout simplement hors de question de ne pas s’en mêler. Enfin, maintenant, d’après ce qu’il voyait, c’était plutôt neuf contre un. C’était vraiment n’importe quoi. Il jeta un bref regard derrière lui, observant le pokémon d’une taille ridicule. Un premier constat venait s’établir : c’était une Tarsal. La différence résidait dans ses couleurs. Tout était complètement inversé : ses cornes étaient vertes, sa chevelure était rouge tandis que sa robe était teintée de lignes noires malgré qu’elle restait majoritairement blanche.
Il allait avoir besoin d’une explication. Ce n’était pas normal qu’une Tarsal se ramène dans le coin. Normalement, elles ne vivaient pas ici, du moins, pas dans la forêt, ni dans sa petite ville. Et qu’est-ce qu’il … il vint s’accroupir aussitôt, un Dardargnan passant au-dessus de lui, prêt à tenter de le liquider. Ah oui ? C’était comme ça qu’il tentait de s’en prendre à lui ? Qu’il dégage ! Il n’était pas d’humeur ce soir ! Son pied s’enfonça dans l’abdomen du pokémon aux trois dards, l’envoyant dans les airs avant qu’il ne retombe lourdement à quelques mètres de lui et de la petite Tarsal. VRAIMENT !
« Qui c’est le prochain ? Vous comptez venir à plusieurs ? »
Il avait fait un mouvement de la main droite, invitant les Dardargnan à se frotter à lui. Pendant ce temps, la Tarsal pouvait toujours s’échapper. Il ne voyait pas combien de temps il allait tenir. Zut ! Il n’avait pas pensé à prendre d’antidote sur lui. De même, à la base, il ne pensait pas tomber sur une bande de pokémon en train de poursuivre une créature loin de son habitat et aux couleurs inhabituelles. Il marmonna dans sa barbe :
« C’est vraiment pas ma journée, je vous le dis. »
Mais bon, il allait la finir le plus vite possible, laisser s’enfuir cette Tarsal et après, hein ? Comment est-ce qu’il pouvait deviner que c’était une femelle et non un mâle ? L’instinct bien entendu. Les Tarsal mâles étaient quand même un peu plus enclins à se bagarrer, à cause de cette histoire qui concernait les Gallame.
« Disparais pendant que je te fais gagner du temps. Et sors de cette forêt. Les Dardargnan ne sont pas habitués de toute façon à quitter leur habitat naturel. Ils ne te poursuivront plus. »
Voilà qu’il s’adressait à cette ridicule petite créature. Cette journée était gâchée, du début jusqu’à la fin. Encore un appel de l’école, une nouvelle bagarre, une dispute avec ses parents et maintenant, c’était l’apothéose. Une pokémon qui ne savait pas se débrouiller seule. Qu’est-ce qu’il avait fait à Arceus pour mériter une telle chose ?
« J’en ai marre, marre, marre ! »
Encore une fois, il s’affaissa sur lui-même, évitant deux Dardargnan qui se percutèrent violemment, tombant à la renverse, sonnés par leurs propres attaques. Heureusement que les pokémon étaient des créatures primitives. Il voulait passer à autre chose ! Tirer un trait sur cette histoire et l’oublier définitivement ! Il avait bien mieux à faire ! Et pourquoi est-ce que la Tarsal était en train de le regarder ? Tiens donc, elle avait les yeux verts, comme prévu. Rien de surprenant, il avait trouvé la logique derrière cette créature aux couleurs bien plus rares qu’il ne le pensait. Oui, elle était même différente de ces pokémon qu’on disait chromatiques. Mais pour ça, il ne s’y attardait pas. Il ne voulait aucun rapport avec les pokémon, sauf si cela consistait à se défendre de leurs attaques incessantes !
Le reste des Dardargnan se jeta sur lui mais il avait déjà tout préparé pour éviter cela. En se retournant, il agrippa la Tarsal par la hanche, la soulevant avec facilité. Il esquiva les nombreux dards qui fusèrent en sa direction, commençant à courir. Quel idiot mais quel idiot ! Et son panier dans tout ça ? Hein ? Est-ce qu’elle y avait pensé ?
« Première et dernière fois que je perds mon temps avec ces idioties ! »
Aucune réponse de la Tarsal. Elle ne comprenait pas qu’il était en train de lui sauver la vie ? Bien qu’il ne faisait pas cela pour qu’elle lui soit redevable, ça ne voulait pas dire qu’elle n’avait pas à ouvrir sa bouche hein ? Pfff ! Voilà maintenant que les Dardargnan projetaient des dards, bien moins gros que les appendices qu’ils avaient mais tout aussi dangereux.
Puis plus rien. Il avait réussi à les esquiver mais la seule chose qu’il venait de remarquer, c’est que les bourdonnements n’étaient pas aussi lointains que prévu alors qu’il avait été téléporté. Il posa un regard bref sur la Tarsal, c’était elle hein ? Il recommença à courir, se mettant à transpirer fortement, chose qui ne passa pas inaperçu aux yeux de la Tarsal. Celle-ci avait relevé son regard émeraude, le posant sur Ryusuke.
« Zut ! Zut ! Et Zut ! Quelle idiotie ! Mais quelle idiotie ! »
Il se répétait inlassablement mais comment faire autrement ? Il était en train d’être poursuivi par des Dardargnan qui ne le lâchaient pas d’une semelle. Il s’était mêlé d’une histoire qui ne le regardait pas le moins du monde ! Voilà le résultat ! Première et dernière fois qu’il s’occupait des affaires d’une autre ! Elle n’avait qu’à se débrouiller !
Elle ressentait de la colère dans l’adolescent mais elle n’était pas tournée vers elle mais contre lui-même ? Pourquoi ? Car il avait décidé de l’aider ? Est-ce qu’elle était une plaie trop grande pour lui ? Elle allait régler cela une bonne fois pour toutes. Elle ferma les yeux puis les rouvrit, complètement roses.
L’adolescent fut téléporté comme la Tarsal bien loin par rapport aux Dardargnan. D’ailleurs, elle ne les entendait plus, c’était un signe de victoire non ? Elle fut déposée doucement au sol avant que le corps de Ryusuke ne tombe lourdement à côté d’elle. Elle sursauta, ne poussant pas un cri avant de regarder. Qu’est-ce qu’il avait ? Il semblait fiévreux ! Ce n’était pas normal ! Elle descendit ses yeux, remarquant la jambe droite.
« Vas t-en. Laisse-moi tranquille, c’est bon. »
Il marmonnait cela, serrant les dents tout en cherchant à se redresser. Ca lui faisait un mal de chien ! Il posa une main au sol, s’en servant comme appui mais il chancela aussitôt, s’écroulant sur le côté. Ça ne sert à rien. Sans antidote, il était fichu et … AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! Ce cri fut surtout dans ses pensées alors qu’il s’était mordu les lèvres jusqu’au sang, la Tarsal venant de lui retirer le dard dans sa jambe. Elle était folle ? Elle n’était pas partie ? Il était convaincu que c’était une Tarsal et non un. Il le voyait dans ses geste et hein ? Elle posa une patte sur son front comme pour lui dire de ne pas s’en faire avant qu’elle ne se téléporte. Voilà comme ça. Il n’avait pas besoin de l’aide d’une pokémon. Il pouvait facilement se débrouiller seul mais là, il devait se reposer.
« Au voleur ! Au voleur ! Un Tarsal vient de me voler ! »
Et zut. Il ne pouvait même pas fermer les yeux tranquillement. C’est vrai. Même s’il y avait quelques arbres sur son chemin, il pouvait voir les lumières d’un magasin. Et subitement, il put voir la robe aux lignes noires devant lui. Le bouchon d’une fiole sauta avant que le liquide ne soit déversé sur sa jambe. Il poussa un gémissement, marmonnant :
« Pars. Pars loin, je vais régler la situation. Et ne reviens plus. »
Aucun merci, ni rien. S’il était dans cette galère, c’était à cause d’elle. Il la regarda disparaître une nouvelle fois, sans qu’elle ne revienne. Et zut. Il avait encore une galère à supporter. Il passa une main sur son front, sentant déjà les effets de l’antidote sur son corps. Ça allait beaucoup mieux. Ah … il avait besoin de respirer un peu.
Un marchand et un policier arrivèrent jusqu’à lui. Toujours couché, il écouta la marchand qui se montrait prévenant et inquiet, signalant que la Tarsal l’avait agressé. Il se redressa en gémissant, se retrouvant debout alors que la fiole de l’antidote roula à ses pieds. L’inquiétude du marchand disparut aussitôt avant qu’il ne le prenne par le col.
« Ce Tarsal t’appartenait n’est-ce pas ? »
« Je vous prie de vous calmer, vous n’avez aucune preuve que … »
« Touchez-moi encore une fois … » murmura l’adolescent avant de poser une main sur le bras qui le tenait par le col, le tordant aussitôt. De son autre main, il sortit son porte-monnaie avant de tendre un billet. Il força l’ouverture de la main dont il tordait le bras, insérant l’argent dedans avant de refermer le poing. « Et gardez la monnaie. »
« Attends un peu, jeune homme. Il faut que tu m’expliques au sujet de cet antidote et au … Ryusuke ? C’est toi ? Qu’est-ce que tu as fait encore ? Normalement, tu n’as aucun pokémon non ? » dit le policier, le reconnaissant enfin. Ryusuke relâcha le bras du marchand.
« Rien du tout. Juste un besoin d’antidote. J’ai payé, je retourne récupérer quelques baies. »
Et c’était la fin de la discussion. Vu qu’il avait donné cinq fois plus que la somme nécessaire à l’antidote, il savait que le marchand ne l’embêterait guère. Il s’enfonça dans la forêt, passant par là où il était passé la première fois, récupérant son panier. Sans perdre son temps, il récupéra les baies et retourna chez lui.
« Et bien alors ? Tu en as mis du temps, Ryusuke ? Mais ? Tu es blessé à la jambe ? Tu es sale et couvert d’herbe, qu’est-ce que tu as fait ? »
« Tiens, voilà tes baies, maman. »
Il déposa le panier sur la table, devant elle, ne répondant pas à ses questions. Ce n’était pas qu’il détestait sa mère, ni son père d’ailleurs. C’est tout simplement qu’il n’avait pas envie de parler ce soir. Il s’enferma dans sa chambre, observant la feuille de papier devant lui. Les minutes s’écoulèrent mais rien ne vint. Il n’avait plus aucune inspiration, c’était fichu. Il grogna, déposant son crayon sur la feuille avant de se coucher sur le dos sur son lit.
« M’énerve vraiment. Il a fallu que je me préoccupe de ça. Manquerait plus que demain au lycée, les autres l’apprennent par le policier. »
Mais ça ne devait pas arriver. Il se l’interdisait. Il ne voyait pas pourquoi ce policier allait trop l’ouvrir. Cette Tarsal, elle avait quoi ? Sa couleur était totalement différente de ce qu’il connaissait dans les livres. Il se mit sur le côté. Pfff, il n’allait quand même pas se mettre à penser à une pokémon dont il ne connaissait pas encore l’existence avant ce soir.
« Ryusuke ! Il est l’heure de manger, tu veux bien descendre ? »
Autant ne pas se préoccuper plus longtemps de tout ça. Dès demain, il aura déjà tout oublié. Il observa le dessin qu’il avait commencé, poussant un léger soupir. Demain serait un autre jour. Pour le moment, il allait devoir surtout esquiver les questions de sa mère au sujet de ce qui s’était passé. Ça allait être encore une sacrée soirée, il le sentait bien. Pourquoi est-ce qu’il fallait que tout ça lui arrive le même jour ? Il avait aussi besoin de souffler !