Chapitre 11 : Remède de grand-mère

ShiroiRyu
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Chapitre 11 : Remède de grand-mère

« ATCHA ! »

Il éternua, aspergeant la jeune femme aux cheveux blonds d’une coulée de morve verdâtre et gélatineuse. Cynthia n’eut même pas une mine de dégoût, prenant un mouchoir noir pour s’essuyer avant de le tendre en direction de Thierry. Celui-ci le récupéra alors qu’ils marchaient côte à côte : Il avait finalement accepté la présence de la jeune femme pour une nouvelle journée tout en lui promettant de la virer dès qu’ils allaient arriver à Joliberges. Il se moucha un bon coup alors qu’elle disait :

« Il fallait s’y attendre. Plonger deux fois de suite dans l’eau froide d’un lac alors qu’il ne fait déjà pas très chaud. »

« Je te rappelle que la première fois, c’est de TA FAUTE ! »

« Ce n’est pas moi qui ai décidé de prendre un bain matinal parce que je fus… « surprise » de voir une autre personne derrière moi. »

« MERDE ! Commen CHOUM ! »

Il avait eut le temps d’enfouir à nouveau sa tête dans le mouchoir alors que déjà, il éternuait une seconde fois. Non mais vraiment, comment avait-il put choper un rhume aussi facilement ?! Soprallegro sur son bras, il prenait les devants alors que Cynthia le suivait à l’intérieur de l’un des nombreux chemins du Mont Couronné.

« Nous devons passer ce minuscule passage pour nous rendre de l’autre côté du Mont Couronné. Ensuite, nous serons bientôt arrivés près d’un port pour nous mener à Joliberges. »

« Nous devons d’abord nous rendre à Charbourg puis Féli-cité avant de trouver une ville dans les environs qui pourra nous mener à Joliberges. »

« JE LE SAIS BIEN ! Ne me prend pas pour un imbécile ! »

« Tu t’énerves facilement, tu devrais sérieusement apprendre à te calmer. Fais comme moi, vois la vie du bon côté. »

« J’en ATCHOUM rien à fou… »

Il n’arrivait pas à terminer sa phrase, si ce n’en était pas malheureux. Rien que le fait de la voir arrivait à l’énerver. Heureusement que maintenant qu’il était réveillé, il pouvait reculer et se préparer mentalement à la supporter. Il ne savait vraiment pas quel était son problème avec elle. Qu’est-ce qui lui prenait de le suivre comme ça ? Pendant plus d’une heure, ils marchaient dans la grotte, Soprallegro servant de radar pour les guider sans encombres à l’intérieur. Enfin, ils purent sortir de cette dernière mais il ne semblait pas guéri pour autant et ça, elle l’avait bien remarqué. Elle poussa un léger soupir avant de dire :

« Tu veux de l’aide ? Tu ne voudrais pas que je te soigne ? Je connais un bon… »

« NON ! Z’en ai rien à foutre de tes trucs chelous ! »

« Mais laisse moi finir, bon dieu ! Je pourrais te préparer un remède contre le rhume ! Arrête de faire un peu le grincheux et laisse toi faire ! »

« NON ! Et puis de toute fazon, tu ferais za pourquoi ? »

Voilà qu’il avait maintenant la voix qui déraillait et rappelait presque celle d’un Psykokwak alors qu’elle avait son sourire aux lèvres. Soprallegro avait disparu dans sa pokéball pour laisser les deux personnes entre elles. Cynthia fit semblant de réfléchir pendant quelques secondes avant de dire :

« Je ne sais pas ? Car j’en ai envie ? Car c’est dans ma nature d’aider autrui comme c’est dans ta nature d’être grincheux et acariâtre ? »

Il grogna légèrement en réponse à Cynthia avant de l’observer de ses yeux rubis : Elle disait peut-être ça sous un ton amusé mais elle était sérieuse. Elle voulait s’occuper de lui ? Comme si il avait besoin d’aide ! Il s’était toujours débrouillé depuis plus de dix ans alors pourquoi aurait-il maintenant besoin de compagnie ?

« Z’en veux pas, z’est tout ! Direction Charbourg ! »

Pfff… Il ne se laissait vraiment pas faire ! Enfin bon, cela ne faisait que deux ou trois jours qu’elle le connaissait. C’était normal qu’il n’aille pas se laisser apprivoiser. Un vrai petit animal sauvage. Elle tapota légèrement le dos de Thierry, celui-ci se tournant vers elle, le regard furieux par ce geste qu’il trouvait un peu trop familier à son goût. Pour qui elle se prenait ?!

« On n’a pas élever les Wattouats enzemble ze tiens à te dire… alors zte’plaît évite za comme zestes ! »

« De citron ? »

Il la regardait, affligé par l’humour de la jeune femme. Il était impossible pour elle de se taire quand le moment était venu ou quoi ?! Il préféra ne pas répondre à l’humour dévastateur de Cynthia, gardant le mouchoir noir de la jeune femme contre son nez au cas où. Au bout de quatre heures de marche, ils arrivaient finalement dans Charbourg qui était bien moins imposante comme ville qu’Unionpolis. Dire qu’ils étaient obligés de passer la nuit dans ce lieu. Sans même attendre l’avis de Cynthia, il alla se diriger vers une pharmacie avant de demander à l’intérieur :

« Z’auriez un truc contre ça ? »

« Pouvez vous me donner ce que je vais vous demander ? »

Cynthia était rapidement venue aux côtés de Thierry, le pharmacien la regardant avant d’hocher la tête pour l’écouter sans se préoccuper plus longtemps du jeune homme. Mais c’était quoi ce délire ?! Il était là le premier ! C’était donc à lui d’être servi en premier ! Il allait prendre la parole mais un violent éternuement l’arrêta avant même qu’il ne puisse ouvrir la bouche. Finalement, le pharmacien tendit un petit sachet à Cynthia qui paya le tout avant de prendre de sa main libre celle du jeune homme.

« Bon accompagne moi. »

Il tenta de retirer sa main mais il voyait qu’elle la serrait avec force. Elle avait une sacrée poigne et il se faisait presque traîner dans la rue comme un gamin qui ne voulait pas prendre ses médicaments. Finalement, ils pénétrèrent à l’intérieur d’un hôtel où elle demanda deux chambres alors qu’il était limite en train de bouder, les bras croisés alors qu’elle le traînait par le col.

« Heu… Est-ce que je peux vous demander ce que vous faites à ce jeune homme, mademoiselle ? »

« Elle me pourrie mon exiztance ! Voilà tout ze qu’elle fait ! »

« Je m’occupe de ce jeune homme, voilà tout. Un vrai Ursaring quand il s’y met. »

L’homme à l’accueil poussa un petit rire amusé avant de lui tendre deux clés pour des chambres l’unes à côté de l’autre. Visiblement, l’homme se faisait des idées mais elle n’y prêtait pas attention. Thierry tenta de se libérer de la poigne de Cynthia mais se résigna finalement et enfin au grand soulagement de cette dernière : Il espérait simplement avoir envie de dégueuler sur elle, ça la calmerait sûrement !

« Tiens ? Tu as terminé de faire la moue ? »

« La ferme ! Me parle pas ! Z’en ai rien à foutre de toi ! »

« Je sais, je sais. Tiens, prend donc cette clé et reste dans ta chambre. Tu promets de ne pas t’en aller ? Je vais te faire mon remède. »

« Oué, oué, compte dessus et bois de l’eau fraîche, ze pars dès que tu as le dos tourné ! »

« Thierry… »

Il avait ouvert sa porte et rentrait dans sa chambre. Il s’apprêtait à la refermer mais déjà, le pied droit de Cynthia bloquait la porte. Elle avait à nouveau son regard sérieux posé sur Thierry, ses yeux argentés exprimant néanmoins une certaine chaleur.

« Tu veux pas retirer ton pied, zte’plait ? »

« Non, Thierry. On ne plaisante pas avec la santé. Tu me promets de rester ici pendant que je vais préparer mon remède ? Tu ne bouges pas, d’accord ? »

Il poussa un profond soupir pour signaler qu’il était d’accord alors qu’elle retirait son pied. Il referma la porte avant de se diriger vers la salle de bain, observant le mouchoir noir recouvert de la substance visqueuse. Il décida de le nettoyer : Ce n’était pas parce que c’était celui d’une humaine qu’il n’allait pas s’en occuper ! De toute façon, dès qu’il serait soigné, il allait le lui rendre. Il n’allait pas garder ce truc avec lui ! Comme si il avait besoin d’amis dans ce monde ! Surtout venant de la part de la région de Sinnoh. Ca faisait plus de dix ans qu’il voyageait seul alors il en avait rien à faire des autres ! Il se coucha sur le lit, ne cherchant même pas à allumer la télévision : Lui et les informations, il avait abandonné ça depuis des années… depuis le jour où il avait appris cette nouvelle.

« Thierry ? Thierry ? Tu dors ? »

Elle toqua une seconde fois de sa main libre alors qu’elle attendait que le jeune homme lui parle. Aucune réponse. Il n’était pas sérieusement parti quand même ?! Il n’aurait pas osé faire ça une nouvelle fois ?! Elle allait ouvrir la porte alors qu’elle s’énervait déjà intérieurement, prête à aller le rechercher et à lui administrer une sévère correction. Elle ouvrit la porte, poussant un soupir d’apaisement en voyant que Thierry s’était endormi sur le lit, au-dessus des couvertures :

« Allons bon… Voilà qu’il dort maintenant. Ca change de le voir aussi calme. Je n’arrive toujours pas à m’y faire. »

Elle déposa le bol rempli d’un liquide jaune et fumant sur la table de nuit avant de pousser légèrement Thierry sur le côté pour ouvrir le lit. Elle souleva la couverture avec difficultés pour faire passer le jeune homme aux cheveux bruns sous cette dernière avant de poser une main sur son front :

« Il fallait s’en douter. Vu l’excitation dans laquelle tu te mets pendant que tu as un rhume, tu as maintenant de la fièvre. Heureusement que Cynthia pense à tout n’est-ce pas ? »

Elle rigola très faiblement alors qu’elle se dirigeait dans la salle de bains de la chambre d’hôtel, remarquant le petit mouchoir noir trempé et lavé. Au moins, il avait une petite once de délicatesse et de propreté, c’était vraiment bizarre. Elle ne savait pas sur quel pied danser avec lui. Mais bon, elle devait le reconnaître : Voir ce jeune homme qui s’énervait aussi facilement lui rappelait un peu son adolescence et son enfance. Elle prit un gant de toilette, ressortant de la salle de bain avant de retourner dans sa chambre. Elle revint avec le sac de la pharmacie et un nouveau bol.

Qu’est-ce qui se passait ? Où est-ce qu’il était ? Il avait simplement fermé les yeux pendant quelques secondes et il se retrouvait allongé dans un lit, sous des couvertures alors qu’il crevait de chaud. Il tentait d’ouvrir ses yeux mais n’y arrivait pas, son crâne lui faisait atrocement mal. Il avait quand même pas choper une maladie ?! La dernière fois, Lachanceuse avait passé presque une semaine à le soigner car à cause de ses réticences à prendre ses médicaments et autres, il était tombé dans un état pire que celui de départ. Il entendait une petite voix à côté de lui mais n’arrivait pas à discerner d’où elle provenait. Il haletait légèrement en tentant de parler :

« Qu’est-ce… Je suis…. L’est où ? »

« Ah non ! Tais toi et reste sage. Tu ne dois pas parler ou bouger. Dorénavant, tu m’écouteras quand tu commettras ce genre d’âneries ? »

Une voix féminine ? Et elle le réprimandait ? Il devait être en train de rêver, ce n’était pas possible. C’était impossible pour lui d’entendre une voix féminine. C’est sûr, il nageait en plein rêve et c’était pour ça qu’il entendait cette voix. Puisqu’il était dans son rêve, il pouvait y rester pendant quelques heures en plus. Rien ne lui interdisant de rêver de toute façon. Il répondit faiblement à la voix :

« Oui Maman… Serais sage… Promis. Suis gentil. »

Elle arrêta de préparer sa seconde recette en l’écoutant parler. Maman ? Il venait bien de l’appeler Maman ? Il se croyait retourné en enfance ou quoi ? A le voir aussi chétif et faible, l’entendre parler de sa mère, il fallait le voir pour y croire. Elle releva sa mèche de cheveux blonds qui cachait son œil gauche avant de poser son front contre celui de Thierry pour vérifier sa température. Oui, il était vraiment brûlant et devait nager en plein délire. C’était tout ce qu’il y avait de plus normal.

« Et bien. Tu n’aurais pas put faire plus de cent mètres avec cette fièvre ! Maintenant, tu vas boire ce que je vais te donner et tout ira bien. »

Il ne répondait pas, retournant dans sa torpeur alors qu’elle finissait maintenant son second remède miracle. Une dizaine de minutes plus tard, elle prit le bol dans lequel se trouvait un liquide vert et à l’aspect presque solide. Elle releva la tête de Thierry, portant le bol à ses lèvres pour lui avaler le liquide. Quelques gorgées après, elle retirait le bol alors qu’il se mettait à tousser sans pour autant ouvrir les yeux :

« C’est brûlant, n’est-ce pas ? C’est normal… C’est normal. Mais il va falloir tout finir maintenant sinon tu ne pourras pas être soigné. »

Elle porta le bol sur les lèvres de Thierry à nouveau, ne pouvant s’empêcher de le sourire en le voyant terminer la mixture qu’elle avait préparée. Elle déposa le bol vide sur la table de nuit avant de tremper le gant de toilette dans l’autre bol mais rempli du liquide jaune et fumant. Elle ressortie le gant avant de l’essorer puis de le déposer sur le front de Thierry :

« Hum… Vu ce que tu as pris, je crois qu’il va falloir que je reste ici pour veiller sur toi. Si les champions d’arène te voyaient dans cet état, ils se demanderaient si c’est bien cette personne qui a réussi à les éliminer sans perdre un seul de ces combats. »

Elle retourna dans sa chambre, prenant ses affaires avant de les déposer dans la chambre de Thierry. Elle descendit à l’accueil pour prévenir que l’autre chambre était disponible tout en rendant la clé. L’homme lui demanda quelques explications et elle signala simplement que Thierry était malade et qu’elle allait rester à son chevet pour le surveiller.

« Il en a de la chance. »

« Bien plus que vous ne le pensez. »

Elle émit un petit sourire à l’homme de l’accueil avant de remonter à l’étage et de se remettre à surveiller Thierry. Elle prit une chaise, s’installant à côté de lit du jeune homme avant de sortir un livre de son sac. La représentation du pokémon légendaire du temps était gravée sur la couverture et elle ouvrit le livre en le déposant sur ses genoux. Une main posée près de Thierry au cas où il aurait besoin d’aide, l’autre lui servait à tourner les pages alors qu’elle murmurait pour elle-même :

« Je me sentirais presque de retour à Célestia. »

Elle soupira longuement avec une légère pointe de tristesse : Avec son nouveau rôle depuis des années, elle n’avait guère vraiment le temps d’aller les voir et cela la gênait profondément. Si au moins, elle pouvait avoir des nouvelles d’eux mais ce n’était pas le cas.

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