Chapitre 12 : Le remord

ShiroiRyu
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Chapitre 12 : Le remord

« Peuh ! Il ne m’a même pas laissée parler. Il ne méritait pas mes excuses alors ! » se dit-elle à elle-même alors qu’Olistar était parti sans un mot, retournant dans son coin.

Elle vagabondait maintenant à travers l’immense jardin de son château. De magnifiques fleurs, toutes différentes se trouvaient autour d’elle. Elle s’arrêta devant une rose de couleur bleue, la prenant entre ses doigts avant de la retirer du reste des fleurs. Elle la respira à plein poumons, appréciant fortement l’odeur.

« Je me demande qui c’est qui s’occupe de ces fleurs … Elles sont toujours aussi belles … Et elles sentent toujours aussi bon … »

Elle ne pouvait pas s’en empêcher. Elle devait demander aux jardiniers qui était-ce la personne qui ramenait ces fleurs. Car elles ne venaient pas comme cela … comme par magie. Hum … Voilà qu’elle oubliait déjà complètement le jeune garçon. Ou non … Ca n’avait pas tardé à revenir dans sa mémoire, en moins de quelques secondes. Pfff … Gardant la rose avec elle, elle vint la mettre dans ses cheveux blonds, poussant un léger soupir. Elle murmura :

« Non mais … quand même … Il aurait pu être un peu plus patient aussi. Je voulais m’excuser … moi … Je ne voulais pas casser sa foreuse. »

Peut-être qu’elle pouvait réfléchir à demander un peu d’argent pour pouvoir lui acheter une nouvelle foreuse. Ah mais non ! Il ne méritait pas qu’elle s’inquiète pour lui ! Il ne méritait pas le moins du monde qu’elle le rembourse ! Elle était en tord peut-être mais … Bon … Il n’avait rien voulu entendre, c’était aussi de sa faute ! Surtout de sa faute !

« Et bien … Ma fille ? Visiblement, il semblerait que tu sois plutôt soucieuse, n’est-ce pas ? »

HEIN ?! La voix qui s’était adressée à elle était si douce et tendre qu’elle la reconnaissait plus que facilement ! Maman ! Sa mère était là ! Elle tourna sa tête en direction d’une magnifique femme qui devait avoir une quarantaine d’années. C’était bien sa mère ! C’était bien elle ! Aussitôt qu’elle la remarqua, elle se jeta dans ses bras, venant se faire enlacer par celle qui l’avait mise au monde.

« Maman ! Maman ! MAMAN ! Pourquoi est-ce que tu es partie encore ?! »

« Allons … Tu sais parfaitement que je suis occupée … »

« Non, ce n’est pas vrai, maman ! Tu n’est pas tout le temps occupé ! Tu mens, tu mens, tu mens ! » s’écria la jeune fille avec véhémence tandis qu’elle tapotait légèrement contre le ventre de sa mère sans lui faire grand mal.

« Allons … Arrêtes de faire l’enfant … Tu sais parfaitement que c’est le cas. »

« Ce n’est pas vrai, pas vrai et pas vrai ! » reprit Terria avant d’arrêter de frapper contre le ventre de sa mère. Elle renifla bruyamment, signe qu’elle commençait déjà à pleurer tandis que sa mère l’emmenait près d’un banc. Elle vint s’asseoir, la jeune fille faisant de même avant de s’essuyer les yeux. Elle devait éviter de pleurer.

« Snif … Je fais pas l’enfant, maman … C’est juste que tu t’en vas tout le temps. Et je ne peux même pas te parler de ce que j’ai fait, et tout … et tout. Snif … »

« Et bien ? Maintenant, je suis là … Tu peux donc parler comme tu le désires. »

Snif … Ce n’était pas la même chose … Pas du tout même … Snif … Mais devant le sourire de sa mère, elle ne pouvait que lui parler de ce qu’elle avait fait aujourd’hui, cette grosse bêtise.

« Ben … Aujourd’hui, j’ai voulu jouer en-dehors du château et … et … » commença t-elle en s’arrêtant aussitôt. Sa mère la regardait avec les sourcils froncés, comme si elle lui lançait un regard accusateur. He… Hey … Ce n’était pas que de sa faute non plus hein ? C’était aussi celle des gardes qui ne faisaient pas assez attention.

« Continues donc, Terria. Tu es partie jouer dehors comme d’habitude et ensuite ? »

« Et bien … Euh … Euh … J’ai rencontré un Aspicot. Enfin, je l’ai déjà rencontré assez souvent aussi ! Enfin … Il s’appelle … … Il s’appelle … »

Elle n’avait quand même pas oublié son nom hein ?! Elle s’en voudrait plus que tout si elle l’avait encore oublié ! Elle se malaxa le crâne pour s’en rappeler. Il s’appelait comment, il s’appelait comment ?! Il s’appelait comment ?! Elle n’avait pas oublié son nom quand même ! Ca serait vraiment trop bête si c’était ça ! Elle s’en voudrait pour au moins plusieurs heures ! Alors … Alors … Alors …

« EARNOS ! Il s’appelle Earnos ! C’est un Aspicot qui ne pense qu’à forer ! Il ne pense tout le temps qu’à ça, tout le temps, tout le temps, tout le temps ! »

« Hum … Je vois, je vois … Earnos, n’est-ce pas ? Et ensuite ? » demanda la femme aux cheveux blonds, un diadème dans ces derniers.

« Et bien … La première fois, il n’a pas arrêté de creuser, il m’a même aidé … Enfin ça, je te l’ai déjà dit la dernière fois mais là, aujourd’hui, je suis encore partie jouer et je l’ai revu ! »

« Et bien ? Quoi donc ? C’est peut-être là le coup du destin ? » répondit Seiry avec tendresse, passant une main dans les cheveux blonds de la jeune fille.

« Le coup de quoi ? Du destin ? Je sais pas maman ! Mais enfin … Euh … Disons qu’il y avait aussi Olistar avec moi … Et puis … Et puis … Ils se sont bagarrés car je ne voulais pas qu’Olistar me suive … Et puis … Euh … Euh … Je faisais ça juste pour m’amuser, je te le promets ! Je te le promets vraiment, maman ! »

« Hum … Pour t’amuser ? Et ils se sont bagarrés pour s’amuser aussi ? » demanda la reine alors qu’elle hochait la tête négativement pour lui répondre :

« Non maman ! Ils ne jouaient pas ! Earnos ne savait pas que je faisais juste ça pour ne pas retourner au château car je ne voulais pas y aller maintenant ! Mais Earnos, il s’est battu avec Olistar mais Olistar était vraiment très très fort et  puis euh … Euh … Puis ça s’est cassé … La foreuse qu’Earnos utilisait s’est cassée ! »

La reine ne lui répondit pas, ses yeux dirigés vers le ciel. Elle l’avait très bien entendu mais elle semblait réfléchir. Une bonne minute s’écoula, la jeune fille balançant ses pieds d’un air gêné, ses yeux posés en direction du sol. Elle s’apprêtait à reprendre la parole mais ce fut la reine qui annonça :

« Si j’ai bien compris, Earnos et Olistar se sont combattus simplement car tu voulais t’amuser ? Et est-ce qu’Earnos et Olistar savaient cela ? »

« Olistar … savait que je ne faisais que m’amuser … Que je n’étais pas … en danger … Mais Earnos non … Alors il continuait de se battre … » marmonna la jeune fille, gardant ses yeux baissés en direction du sol.

« Et donc … Sa foreuse, l’outil de travail des Aspicots, a été détruit simplement car tu voulais t’amuser, c’est bien cela ? Je ne pense pas que je t’ai éduqué de cette manière, ma fille. »

… … … Terria déglutit. Elle savait … Elle savait que sa mère réagirait ainsi. Elle savait aussi qu’elle avait commis une bêtise. Elle savait qu’elle avait été trop loin. Elle savait qu’elle n’aurait jamais dû faire tout ceci. Elle savait … Elle savait … Mais … Mais …

« Et pourquoi ne lui as-tu rien dit ? Les citoyens du royaume des insectes ne sont pas des jouets, Terria. Tu ne dois pas t’amuser à leurs dépends. Tu seras la prochaine Apireine de ce royaume un jour, tu te dois d’être responsable et mature, même à ton âge. » chuchota Seiry, sa fille relevant finalement les yeux pour les mettre en face de ceux de sa mère.

« Je n’ai pas envie … de l’être … Et puis … Et puis … Je sais juste que … Maman … Je m’en veux vraiment d’avoir cassé la foreuse. Mais je ne sais pas ce que je dois faire ! Maman ! Tu veux bien m’aider s’il te plaît ? S’il te plaît ? »

« Je n’ai pas à t’aider … Tu es responsable de tes actes … Je ne peux que te conseiller, Terria. Tu dois te faire pardonner mais surtout t’excuser pour ta conduite qui est très loin d’être celle de la future Apireine de ce royaume. »

« D’accord … D’accord … Je vais aller écrire une lettre d’excu … » commença à dire la jeune fille aux cheveux blonds avant de se lever du banc, sa mère l’arrêtant.

« Et tu penses vraiment que cela sera suffisant ? » dit-elle en se levant à son tour, ses yeux vairons posés sur ceux de sa fille. « Il te faudra bien plus que cela. Je veux que tu ailles en personne lui rendre une visite et t’excuser auprès de sa famille. Bien entendu, tu porteras toi-même la foreuse que tu lui offriras. »

« Hein ? Mais c’est trop lourd ! Et je vais me salir les mains ! Et puis, c’est beaucoup trop pour une punition, maman ! Snif … Snif … » commença t-elle à pleurer, sa mère ne semblant pas y prêter plus attention que cela. La femme reprit :

« Et bien … Il fallait y réfléchir avant de faire une telle chose. Je t’avoue que je suis très déçue de tes réactions, Terria. Pourquoi ne veux-tu pas comprendre que nous servons le peuple des insectes et inversement ? Si tu ne fais que recevoir sans donner, tu n’as rien compris à ton rôle, jeune princesse. »

« Hein ? Mais mais … Mais … Snif … Je ne suis qu’une enfant ! Snif … »

« Être une enfant ne t’empêche pas d’avoir un comportement respectueux d’autrui. » répliqua aussitôt sa mère, la jeune fille s’étant mise à trembler.

… … Sa mère ne pouvait pas le comprendre. Elle ne pouvait pas savoir pourquoi elle faisait tout le temps ça … Pourquoi est-ce qu’elle quittait son château … Pourquoi est-ce qu’elle posait autant de problèmes … Pourquoi est-ce qu’elle … Elle sentit les deux mains de sa mère qui vinrent lui caresser ses cheveux alors qu’elle lui chuchotait :

« Je ne t’en veux pas personnellement … Mais l’Apireine est l’âme de ce royaume … Si tu montres que l’âme est pervertie, tu mets alors le royaume en péril. »

« Je sais bien … Mais … Maman … Je suis une enfant … avant d’être une Apireine … »

« Je le sais parfaitement … Mais il faut revoir tes priorités dans le futur … Tu es une Apireine avant d’être une femme. »


La jeune fille parut choquée par les paroles de sa mère, celle-ci arrêtant de lui caresser les cheveux, observant une nouvelle fois le ciel. Elle murmura comme pour terminer cette conversation qui avait au final que trop durer :

« Et Olistar ? Que penses-tu de lui ? Tu sais parfaitement pourquoi il est ici, n’est-ce pas ? »

Olistar ? C’était quoi le rapport avec le jeune Rapion ? Elle ne savait pas … Mais sa mère voulait lui dire sûrement quelque chose par là … mais quoi ?Elle devait lui répondre bien qu’elle ne voyait pas où elle voulait en venir.

« Ben … Euh … Au sujet d’Olistar … Je veux bien te répondre, maman. » murmura la jeune fille, ne comprenant pas ce que sa mère venait de faire en détournant la discussion sur un autre point… qui était tout aussi important.

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