Chapitre 12 : Nullement apprécié

ShiroiRyu
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Chapitre 12 : Nullement apprécié

« Je dois m’en aller dès maintenant. Bonne journée. »

Hmm ? Dès maintenant ? Il avait fallût un bon mois pour qu’Earnos prononce ces paroles qui étaient loin d’être anodines. Qu’est-ce que cela voulait dire exactement ? Tout simplement qu’il comptait aller voir le quartier des Munjas.
Sauf que cette fois-ci, il était prêt. Il avait décidé de tout faire pour être sûr de ne rien manquer, loin de là. Humpf ! C’était étrange, vraiment très étrange que de vouloir suivre un garçon-Aspicot mais en même temps, c’était bien ce qu’il s’était promis non ? Avec la vélocité qui le caractérisait tant, il finit par retrouver la trace du garçon-Aspicot, qui prenait bien le chemin du quartier des Munjas. Comme la dernière fois, il disparut dans un bâtiment.

Cette fois-ci, hors de question de ne rien faire ! Il se rapprocha du bâtiment, y jetant un œil. Oui, bien entendu, il y avait des fenêtres. C’était la logique même. Il n’appréciait guère de faire cela mais il pénétra dans une chambre … de femme ? Hein ? Une chambre de femme-Munja ? D’après ce qu’il pouvait voir ? Et il entendait aussi des paroles ?

« Alors, comme cela, Earnos, tu as fait tout ça aujourd’hui en cours ? Surprenant. »

« Baaaaaaah … Euh … Oui, madame Douély. Mais bon, c’est pas forcément simple aussi hein ? Faut pas se mentir ! Si c’était si facile, je serais pas là ! »

« Et c’est pour cela que je te donne encore des cours malgré que … hum … tu sois maintenant dans une école spéciale du château. Mais bon, cela ne te dérange pas trop non ? »

« Non non ! Pas du tout ! Je suis toujours content de te voir ! »

« Tant mieux car tu sais parfaitement que c’est réciproque, petit Aspicot ! »

Tant de mièvreries. Il voyait les deux personnes qui lui tournaient le dos. Earnos était sur les genoux d’une personne encapuchonnée. D’après le ton de le voix et la chambre, aucun doute sur le fait qu’il s’agissait d’une femme. Celle-ci reprenait la parole, disant :

« Alors bon, que veux-tu que l’on fasses, toi et moi, Earnos, aujourd’hui ? Encore des cours ? Tu as peut-être une autre idée en tête non ? A toi de décider pour aujourd’hui ! »

« Beeeeeen ! Encore des cours ! Encore ! J’aime bien ça, ça ne me dérange pas du tout en fait, Douély ! Je préfère apprendre encore ! »

« Pour impressionner tes camarades, n’est-ce pas ? D’ailleurs, les nobles sont-ils toujours aussi … prétentieux, Earnos ? Ils ne te dérangent pas ? »

« Ben en fait, pas vraiment, c’est même le contraire ! Ils aiment bien passer du temps avec moi, je comprends pas vraiment pourquoi, je dois avouer. Tu as une explication, dis ? »

« Hmm, sûrement car tu es le plus mignon des garçons-Aspicot que je connaisses. »

« C’est vraiment … perturbant. Je crois qu’il va falloir que je prévienne ses parents. »

Mais pour l’instant, il valait mieux observer tout cela. Pendant plusieurs heures, l’enfant restait sur les jambes de cette étrange femme-Munja. D’après les rumeurs, les Munja étaient des êtres plutôt problématiques, causant de nombreux ennuis. Ici, c’était tout le contraire, chaleureuse, amicale, tendre avec un enfant, est-ce qu’Earnos avait ce pouvoir ?

« Bon ! Earnos, il se fait tard, il va être l’heure pour toi de partir ! »

« Mais euh … tu ne voudrais pas que je parte hein ? N’est-ce pas ? »

« Tu sais parfaitement que non, petite fripouille. Tu es en train de jouer avec moi, vilain petit garçon ! Mais oui, il faut que tu t’en ailles. Par contre, continues de te méfier de ce garçon Rapion, d’accord ? Ne lui fait pas vraiment confiance. »

« Comme tu le voudras, Douély ! Mais moi non plus … et tu sais pourquoi. »

« Oui, oui, mais ce n’est pas uniquement pour cela, hein ? Tu t’en doutes ? N’est-ce pas ? »

« Oui bien sûr mais euh … enfin, t’en fais pas, promis, je serais prudent ! »

Il vint lui dire cela avec un petit sourire aux lèvres alors qu’elle venait le serrer plus fortement dans ses bras. L’enfant-Aspicot sembla ravi de tout cela, rigolant légèrement à l’enlacement tandis qu’Olistar quittait cet endroit par l’endroit d’où il provenait.

« Cette femme-Munja … lui met de curieuses idées en tête. Je me demande ce qu’elle fabrique. J’espère pour Earnos que ce n’est pas très dangereux. »

Et voilà, il avait quitté cet endroit pour retourner au château. Ce qui allait se passer ne le concernait plus maintenant. Mais dès l’instant où il posa un pied dans celui-ci, une voix se fit entendre, agressive bien que juvénile :

« HEY ! Olistar ! Qu’est-ce que tu faisais dehors à cette heure-ci ? »

« Cela ne te concerne pas. Cela relève du domaine du privé. »


Voilà à qui il s’adressait : Un garçon qui devait être à peine moins âgé que lui mais habillé de vert comme ses cheveux assez aplatis. Ses yeux rouges le fixaient avec colère et dégoût ainsi que beaucoup de haine avant de dire :

« Cela me concerne car il en va de la sécurité de la princesse Terria. »

« La princesse Terria est en sécurité alors pourquoi s’évertuer à chercher querelle ? Qu’est-ce que tu y gagnerais à me provoquer ? »

« Simplement que tu fasses ne serait-ce qu’un faux pas envers la monarchie et je te jetterais dehors. On ne veut pas d’êtres comme toi par ici. »

« Tu ne veux pas, voilà la nuance et la différence … Holikan. Maintenant que c’est fait, je vais plutôt aller me reposer, il se fait tard et je commence à être fatigué par toute cette histoire. Bonne soirée à toi, nous nous reverrons sûrement demain. »

« HEY ! J’ai pas fini de te parler, tu as compris ? »

Aucune réponse de la part d’Olistar, celui-ci avait déjà disparu du champ de vision d’Holikan, le laissant alors seul. Celui-ci émit un grognement de mécontentement. Il n’aimait guère qu’on le prenne pour un imbécile, loin de là.

« Je te le ferais payer … et salement, tu verras demain. »

Mais pour l’heure, il allait voir les gardes pour leur demander s’ils savaient où était passé Olistar ces dernières. Lorsqu’il se présenta en face d’eux, malgré le fait qu’il n’était qu’un enfant, ils firent le salut militaire. Holikan dit d’une voix lente :

« Qu’est-ce que le garçon Rapion a fait dernièement ? Avez vous une idée de l’endroit où il a pût se rendre ? Quelqu’un l’a t-il observé ? »

« Nullement, Holikan. Nous ne l’interrogeons jamais. Cela ne regarde que lui et la reine Seiry a été formelle à ce sujet : nous ne devons pas lui chercher querelle. »

« Tu devrais donc faire attention à ce sujet. Si tu ne veux pas avoir trop d’ennuis. »

« Je m’en contrefiches de tout ça ! Mais sinon, rien d’autre à savoir à son sujet ? Y a bien un truc qui a dût vous marquer non ? Il part des fois ! »

« Ah ! Il est parti après le jeune garçon-Aspicot qui vient parfois au château pour des cours. Mais à part ça, rien de spécial, non. »

« Le jeune garçon-Aspicot ? J’ai remarqué que la princesse parlait souvent avec lui. Merci, j’ai tout ce qu’il fallait. Je me retire dès maintenant. »

Le garçon-Yanma salua les gardes avant de s’éloigner. Les deux soldats se regardèrent avant de se concerter entre eux, le premier disant au second :

« Future graine de chevalier ce petit Yanma. Si on m’avait dit ça dans le passé. »

« Hey ! Ne parle pas trop haut, il risquerait de t’entendre, tu sais bien qu’il est assez têtu comme une mule non ? Enfin, ce n’est pas un mauvais garçon, loin de là. »

« C’est la fierté du roi. Il faut dire qu’un jeune Yanma si prometteur, ça ne peut qu’éveiller l’intérêt de notre bon monarque. »

« Et puis, n’oublie pas aussi que c’est le futur fiancé de la princesse Terria. Et oui, rien que ça. Ah … Il y en a qui ont de la chance. Si jeune et déjà promis à un destin si grand. »

« Hey, sois pas jaloux d’un enfant, être soldat du roi, c’est déjà un sacré bon poste ! »

Vrai qu’il n’avait pas à se plaindre de sa position, hahaha ! Le soldat émit un petit rire, rapidement accompagné par celui de son camarade. Ils avaient plutôt la belle vie à l’heure actuelle. Mais ce petit soldat miniatue était vraiment remarquable … quant au garçon-Rapion, il l’était tout autant malgré la haine de certains insectes envers lui.

« Il faut que je me renseigne absolument sur les Munja. »

C’était la seule remarque qu’il s’était fait au moment où il avait décidé de se coucher sur son lit. Il l’avait décidé, il en était certain. Mais maintenant, c’était peut-être un domaine très dangereux dans lequel il allait s’enfoncer. S’il ne faisait guère attention, il risquait d’avoir de sérieux ennuis … et cela, il ne pouvait pas réellement se le permettre.

« Trop dangereux, très dangereux … mais bon, cela pourrait être intéressant. »

Intéressant, voilà le terme auquel il pensait quand il réfléchissait à cette histoire. C’était tout simplement n’importe quoi. Mais peut-être que cela serait une nouvelle motivation ? Lui qui n’avait pas vraiment de but personnel à l’heure actuelle ?

« Peut-être est-ce une bonne chose dans le fond ? »

Car cela faisait maintenant plusieurs mois, peut-être une année qu’il connaissait Earnos. Oh bien entendu, ils n’étaient pas amis, c’était tout le contraire en vue de la haine viscérale que lui portait le jeune garçon aux cheveux blonds mais … pourquoi pas ?

« Au moins … ah … pour quelle raison cela me préoccupe tant ? »

Aucune explication raisonnable. Rien de concret dans ses pensées ne lui permettait de comprendre son propre raisonnement. Il était étrange depuis ce jour où un simple garçon-Aspicot avait osé lui tenir tête. Mais ce sentiment n’était pas mauvais.

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