Chapitre 14 : La grotte de Litan Deseria

ShiroiRyu
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Chapitre 14 : La grotte de Litan Deseria

« Restons groupés, d’accord ? » murmura l’être masqué, cachant sa nervosité avec difficultés. Ce n’était qu’un mauvais moment … Ce n’était pas la première fois.

« Je ne peux pas dire le contraire. Je n’ai pas envie de me perdre dans cet endroit. Tu connais les lieux ou non ? » demanda-t-il calmement alors qu’elle poussait un soupir.
« Je t’ai signalé que ce n’était pas le cas. Tu ne m’écoutes pas, Tery ? »
« Si, si… Juste que je me sens un peu perdu. Je peux te prendre la main, l’Ombre ? Je n’aimerais pas me perdre ici. Et puis … Au moins, je serai un peu rassuré. » dit le jeune homme, quand même un peu gêné à cette idée. Heureusement que depuis des années, il ne n’avait pas réellement appris des notions aussi simples que le simple fait de tenir la main d’une personne inconnue … ou proche. Il nageait un peu dans la confusion.
« Mieux vaut éviter ça. Si nous nous faisons attaquer, nous ne pourrons pas riposter. » annonça la personne encapuchonnée alors qu’il était un peu décontenancé.
Tery hocha la tête pour dire qu’il avait compris le message. De toute façon, avec ses deux griffes, il aurait eu du mal à prendre la main de l’Ombre dans la sienne. Il observa les alentours rien de spécial visiblement. Il se mit à marcher d’un pas lent à travers le paysage alors que l’Ombre le suivait, visage sous le masque baissé en direction du sol.
Le tuer maintenant ? Ne pas le tuer ? Qu’est-ce qu’elle devait faire pour être enfin en paix ? Non… Elle ne devait pas le tuer ! Le scorpion allait s’en occuper tout seul et ainsi, elle n’aurait aucun remord. A qui voulait-elle faire croire ça ? Si c’était à sa propre personne, elle venait de se louper lourdement. Elle se rappelait de sa rencontre avec Tery, du sauvetage de ce dernier grâce à elle et de … et de … tellement de choses.
« AH ! J’ai oublié ! » s’écria t-elle subitement comme si elle venait de se rappeler quelque chose de plus qu’important. Le jeune homme se tourna vers elle, lui demandant :
« Oublié quoi, l’Ombre ? Il y a un souci ? On a oublié des vivres ? »
« J’ai oublié de te faire apprendre l’un des sorts neutres. Enfin … Tellement … »
« C’est pour ça que tu es si étonnée ? Ca pourra attendre demain ou après-demain lorsque l’on rentrera. » dit-il en haussant les épaules, amusé par la réaction de l’être encapuchonné.
« Oui mais non ! Ca ne pourra pas ! Ca ne sera pas possible ! »
« Et pourquoi ça ? » questionna le jeune homme, un peu surpris par cette affirmation.
Il s’arrêta, se tournant vers la personne sous cette cape brune. Il observa le masque blanc et les deux yeux bleus qu’il pouvait apercevoir sous ce dernier. L’Ombre était vraiment bizarre depuis ce matin. Il y avait un problème mais où ? Il attendait une réponse de la part de l’Ombre, réponse qui n’arriva pas.
« Si tu veux garder tes secrets, libre à toi. C’est quand même dommage que tu ne veuilles rien me dire. Si encore, c’était quelque chose d’important en rapport avec ta mission, j’aurais compris mais là… Tu ne veux vraiment rien me dire ? Je n’aime pas savoir que tu vas mal. J’ai l’habitude de t’entendre rigoler. » reprit le jeune homme avec un peu de tristesse.
« Je ne peux pas Tery ! Je ne peux pas ! Tu ne comprends pas ou quoi ? »

Elle venait de lui crier dessus ? Il s’immobilisa, stupéfait d’entendre une voix colérique de la part de l’ombre. Oh… Il l’avait déjà entendu lorsqu’il était convalescent mais cette voix dirigée vers lui, il avait la désagréable sensation d’avoir commis une faute irréversible. Ses yeux émeraude se posèrent sur le masque, un petit sourire triste se dessinant sur les lèvres de Tery. Il se remit en route en murmurant :
« D’accord, d’accord. Tu ne veux rien dire, j’ai compris. Je te laisse prendre les devants. »
Il s’arrêta au milieu de la plaine, attendant que l’Ombre passe devant lui pour le guider. Elle tremblait légèrement, comme prise de rage ou d’un sentiment qu’elle n’arrivait pas à contrôler : pourquoi devait-elle tout compliquer à la fin ? Il lui suffisait de lui décocher une flèche en plein cœur, de le tuer sans se soucier de tout ça.
« A… Allons-y. On va éviter à tout prix de se faire repérer par les créatures qui vivent ici. J’utiliserais une magie de vent pour transporter notre odeur à d’autres endroits et les mener en bateau. Ils ne sauront pas notre position. »
Il ne répondit pas aux phrases de l’ombre. Cette fois-ci, il évitait clairement de prendre la parole. Il valait mieux ne rien dire et se taire. Ne pas lui donner sa confiance absolue, voilà ce qu’il devait faire puisqu’il était ainsi. La marche se poursuivie pendant une trentaine de minutes, le jeune homme sentant un léger vent qui le frappait au visage.
Ne rien dire, ne rien dire, revenir à ses anciennes habitudes. C’était plus facile à penser qu’à faire ! Il avait tant envie de discuter avec l’Ombre, parler pour rompre la monotonie et le mutisme de ce moment. Des cris d’animaux, des croassements et toutes sortes de bruits bizarres les entouraient mais elle ne semblait pas s’en soucier, comme plongée dans sa mission… mais quelle mission ? Car il avait maintenant la nette impression qu’il y avait encore plus qu’il ne le pensait derrière cette mission … Oh que oui.
Ils n’étaient plus très loin, elle le sentait grâce aux effluves magiques dans cet endroit. La majorité des créatures de Litan Deseria étaient monstrueuses mais inaptes à la magie mais elle sentait une légère puissance magique dans une direction au nord-est de leurs positions. Ce scorpion… était doué de pouvoirs magiques donc il était capable d’utiliser un élément. Il restait à savoir lequel.


Sentir ? Ah ! C’est vrai : Il ne portait pas de masque alors que c’était son cas. Ce dernier était très utile, bien plus utile qu’un simple objet que l’on mettait sur le visage. Mais cela, Tery ne le savait pas et il n’allait jamais le savoir. Celui-ci posa subitement une main sur son épaule, l’ombre sursautant sur le coup en préparant un début de sort. Elle arrêta son sort, lui demandant ce qui se passait. Il lui désigna d’un doigt ce qu’il avait remarqué … Une grotte ? Comment est-ce qu’elle ne l’avait pas vu ? A cause de sa perturb… AH !

Il la retourna pour l’avoir en face de lui. Il rapprocha son visage à quelques centimètres du masque blanc de l’Ombre, celle-ci ouvrant en grand ses yeux bleus de stupéfaction. Si elle n’aurait pas eu le masque, elle savait qu’elle aurait senti le souffle de Tery sur son visage. Elle tremblait de toutes parts, ne comprenant pas ce que voulait le jeune homme par rapport à elle. Il lui demanda avec un peu de colère ce qui se passait. Il voulait savoir mais elle lui répondit qu’elle ne pouvait pas. Pourquoi est-ce qu’il ne comprenait pas ? Il empoigna le bras de l’Ombre, celle-ci poussant un léger cri de douleur en essayant de retirer ce dernier. Depuis quand Tery était-il aussi fort ? Ou alors, était-ce simplement autre chose qui la rendait si vulnérable ? Lentement, elle se mit à murmurer :
« Dans ce monde, certaines personnes pensent d’abord aux autres avant elles-mêmes. Je fais partie de ces personnes. Si je ne devais penser qu’à mes états d’âme, je ne serais pas ici. Lâche-moi maintenant. Nous allons dans cette grotte. »
Un léger mouvement et elle retira son bras comme si de rien n’était. Il l’empoigna à nouveau, le regard froncé. Il n’était pas satisfait des dernières paroles de l’Ombre : Comment pouvait-il être satisfait ? Elle n’était pas un sacrifice humain quand même !
« Tery, si tu ne me lâches pas d’ici quelques secondes, je serais forcé de te briser la main droite. S’il te plaît … Retire ta main alors, d’accord ? »
« Je n’ai pas envie de te quitter, d’accord ? Tu es mon maître, que tu le veuilles ou non. Le disciple se doit de savoir ce qui préoccupe son maître. Il lui est dévoué corps et âme. Enfin … Dis comme ça … Ça parait quand même bizarre. »
« Un maître a environ quarante ans minimum. Je n’en ai que dix-huit comme toi. Ne lâche pas mon bras si tu veux mais je te traînerais avec moi. »

Voilà de quoi refroidir leurs relations : il s’était mis à se rebeller légèrement. A force de lui cacher trop de choses, l’Ombre n’avait réussi qu’à se le mettre sur le dos. Ce n’était pas ses problèmes, seulement les siens. Il n’avait pas à savoir sa mission : de plus, qu’est-ce qu’il aurait pensé si elle lui avait dit qu’elle comptait bien la remplir ? Il se serait enfui ou il se serait défendu. La grotte n’était plus qu’à une dizaine de mètres et déjà une odeur insoutenable se faisait sentir. Tery posa une main sur son nez, lâchant l’Ombre.

« C’est quoi ça ? C’est horrible ! Ça me donne envie de pleurer ! » dit-il avec dégoût.
« Des corps en putréfaction ou si tu préfères, ce sont des cadavres. »
Elle annonçait ça sur un ton neutre mais elle n’en était pas moins choquée. Heureusement qu’elle portait le masque, elle ne pensait même pas à ce que devait subir Tery. Elle jeta un regard vers ce dernier, le voyant en train de sangloter. C’était assez… bizarre de le voir dans cet état. Peut-être dans une autre situation, elle aurait trouvé cela touchant mais ici, il n’en était pas question. Elle ne devait pas faire dans le sentimental.
Des corps dont il manquait des morceaux de peau ou des muscles, d’autres n’ayant plus que les os sous leurs vêtement. Les vêtements semblaient pourtant récents. La peau était verte, entièrement verte et il s’accroupit devant l’un pour l’étudier :
« C’est bizarre cette couleur. Tu en penses quoi, l’Om… »

Il s’arrêta au beau milieu de sa phrase, un haut le coeur venant de lui arriver. Une main sur la bouche, il se mit à courir en arrière pour ne pas montrer le spectacle affligeant où ses entrailles se vidaient peu à peu sur le sol à ses pieds. Visiblement, l’odeur était vraiment insupportable. L’Ombre le regarda, ses yeux saphir montrant l’inquiétude qu’elle lui portait : une inquiétude contraire à sa mission. Rapidement, elle déchira un morceau de sa cape brune avec ses deux mains avant de s’approcher de lui.
« Ne bouge pas, Tery. Je vais te faire un « masque » de second ordre mais au moins, tu pourras mieux tenir le coup. » murmura l’être masqué avec douceur.
Ca s’était arrêté et heureusement. Il se laissa faire en fermant les yeux, l’Ombre passant dans son dos avant de lui faire une sorte de foulard très serré, créant une légère ouverture pour la bouche. Elle semblait prendre son temps, réfléchissant à la situation : il était de dos, il lui suffisait simplement de planter une flèche dans son coeur et de le laisser mourir aux côtés des autres. C’était aussi simple que ça… Alors pourquoi n’y arrivait-elle pas ?

Il toussa violemment, bougeant ses mains alors qu’il lui disait qu’elle l’étranglait. Elle retira subitement ses mains du nœud qu’elle finissait de lui faire. Le foulard tomba du visage de Tery mais elle le reprit, recommençant une seconde fois. Elle y arriva avec brio alors que le jeune homme rigolait faiblement :

« J’ai vraiment cru que tu voulais me tuer sur ce coup. Mais bon, je sais bien que tu n’es pas comme ça. Si tu voulais vraiment me tuer, tu l’aurais fait depuis pas mal de temps. »

De la candeur ? De l’imbécillité ? Quel était le motif qui permettait à Tery de dire de tels mots ? Elle ne comprenait pas, non. Elle n’y arrivait pas, ça ne servait à rien ! Sans rien dire, elle se dirigea vers l’un des cadavres, récupérant le morceau de bois qu’il tenait dans une main. Rapidement, elle fit apparaître une flamme au bout de ce dernier : c’était simplement une torche comme il en existait tant d’autres.
« A compter de maintenant, ne me quitte pas de plus de cinquante centimètres. Nous ne pouvons pas risquer de nous perdre de vue. »
« Aucun souci, je te suivrais comme ton ombre. » répondit-il en rigolant à moitié.
Elle s’immobilisa alors qu’ils pénétraient à peine dans la grotte. Comme son ombre ? Comme son ombre ? Elle devait se calmer, ne rien dire sous peine de s’énerver à nouveau pour une chose inutile. Qu’il se taise au lieu de dire de telles âneries, qu’il se taise. Elle ne pouvait pas … supporter ça. Elle lui demanda de ne plus parler pour éviter de se faire repérer. Elle se tourna vers lui pour voir s’il avait compris le message : il mima avec sa bouche un mot Da-Kor. En clair, il allait se taire et intérieurement, elle était heureuse. Au moins, il n’allait pas lui donner plus de remords sur la conscience. Le pauvre homme, il était si jeune, autant qu’elle mais pourtant, il ne savait rien contrairement à elle. Si seulement ils s’étaient connus bien plus tôt. Ah non ! Quelle idée stupide que de penser ça, jamais ils ne seraient connus auparavant. Et pour quelle raison ? Tout simplement car …
« C’était quoi ça ? Qu’est-ce que … ça veut dire ? »
Tery venait de prendre la parole en s’écriant brièvement. Elle l’observa tout en tendant l’oreille. Des cliquetis et des bruits de pas qui résonnaient dans la grotte. Ce n’était pas vraiment des pas vu la vitesse à laquelle on entendait les bruits… plutôt des pattes.

Elle lui demanda de lui prendre la main. D’abord réticent sans savoir exactement ce qui se passait, elle lui cria et ordonna de la prendre. Il s’exécuta, passant sa main dans la sienne. Les cliquetis étaient de plus en plus proches au fur et à mesure qu’ils avançaient. Elle le savait qu’ils se rapprochaient : l’émanation de magie était si forte et présente en ce lieu qu’elle ne pouvait pas faire autrement que de le sentir !
« Il y a de la lumière et… une drôle d’odeur. » murmura le jeune homme.
Cette odeur, ils savaient tous les deux quel en était l’origine : des nouveaux cadavres se montraient, tous ayant leurs troncs retirés alors qu’ils arrivaient dans une dernière pièce. La première chose qu’il remarqua fut que le plafond était parsemé de nombreux trous dans lesquels la lumière pénétrait à l’intérieur de cette salle. L’émanation… L’émanation magique se rapprochait peu à peu mais où ? Elle était si puissante comparée à ses sens. Des cliquetis se firent entendre sur la droite alors qu’elle cria à Tery de faire attention. Elle le poussa avec violence, tombant sur lui au moment où un dard se planta dans le sol à l’endroit où il s’était trouvé il y a encore quelques minutes. Le jeune homme aux cheveux bruns tourna son visage vers la personne à côté de lui, remarquant qu’elle n’avait plus rien sur la peau… En fait, il ne restait plus que les os et le crâne l’observait de ses orbites vides.

Il poussa un petit cri avant de se redresser subitement. Il avait porté l’Ombre avec lui pour la remettre debout. Celle-ci sembla surprise par le geste de Tery mais ne prononça aucune parole. Le moment n’était pas venu de parler de toute façon. Quelque chose s’était rapproché d’eux mais quoi ? L’aiguillon de plusieurs mètres se retira du sol alors qu’il se présentait aux deux humains. Claquant ses deux mandibules en direction de Tery et de l’Ombre, celle-ci murmura avec calme bien qu’elle avait du mal à ne pas trembler :
« Un scorpion cyclope. Cette créature, elle vit ici depuis quand ? »

Pour un tel nom ? C’était fort simple. Un unique œil mesurant quatre à cinq fois la taille d’un œil humain se trouvait au-dessus de sa gueule. L’œil globuleux observa les deux humains alors que ses mandibules claquèrent à nouveau pour signaler que le scorpion considérait la présence de Tery et de l’Ombre comme une intrusion. Mesurant dans les un mètre de hauteur pour une queue qui semblait pouvoir aller jusqu’à deux ou trois mètres de hauteur, sa peau brillait d’une belle clarté onyx alors que ses deux mandibules semblaient pouvoir trancher tout ce qui était à leurs portées.
« Attention à sa queue, ne te fais SURTOUT pas toucher par cette dernière. » s’écria l’être masqué de blanc tandis que Tery lui répondait un peu nerveusement :

« Je ne suis pas stupide, l’Ombre. Je sais quand même que les scorpions injectent leurs venins grâce à leurs queues. Tu penses que c’est quelle sorte de venin ? »
« Si ce n’était qu’un venin neurotoxique, ça serait plus facile pour nous mais je n’ai pas envie de tester personnellement. Alors bon … Il est l’heure de se battre. »
Il lui signala qu’il allait la suivre mais elle lui répliqua de rester là où il était. Elle fît apparaître un magnifique arc couleur azur. Il était fait de bois mais sa couleur était quand même assez bizarre pour quelqu’un qui n’avait vu que très rarement des arcs. Elle fit apparaître une flèche, visant directement la liaison entre la queue du scorpion et le reste de son corps. A son grand désarroi, la flèche percuta la carapace de la créature sans la blesser.
« Sa carapace est trop solide pour que tes flèches puissent passer ! » annonça Tery.
Sans attendre de réponses de la part de l’Ombre encapuchonnée, celle-ci lui hurlant de ne pas faire ça. Les griffes dirigées en avant, il s’était élancé vers elle. La créature arachnide s’était retournée vers l’Ombre, prête à venir planter ses mandibules en elle.
« Dis-moi ce que tu penses de ça, sale bête ! » s’écria le jeune homme.
Il vint griffer la carapace de la créature qui lui tournait le dos, remarquant que ses deux armes n’arrivaient qu’à peine à laisser quelques marques sur la protection de l’insecte. Vraiment, elle était très solide, trop solide pour ses armes alors comment faire ? Elle lui hurla de faire attention. La voix de l’Ombre résonna dans la grotte alors qu’il sauta en arrière pour échapper de justesse aux deux mandibules du scorpion cyclope. L’unique œil de ce dernier l’étudia pendant quelques instants avant de se fermer à moitié, signe qu’il n’appréciait guère la tentative du jeune homme.
« Je t’ai pourtant dit de reculer et de me laisser faire ! Je peux me charger de ce monstre ! »
« C’est un travail d’EQUIPE ! Tu comprends ce mot ? Ça veut dire que l’on doit prendre autant de risques l’un que l’autre. » répondit avec véhémence Tery.

MAIS IL ETAIT FAIBLE ! ZUT ! Voilà qu’il prenait des initiatives sans attendre ses paroles. Etait-elle en colère contre lui sur le fait qu’il prenait des risques inconsidérés… ou alors parce qu’il volait peu à peu de ses propres ailes. Visiblement, les paroles de l’ombre encapuchonnée avaient réussi à énerver le jeune homme qui posa son regard émeraude sur elle. Il était faible ? Il était faible ? Alors qu’est-ce qu’ils avaient foutu pendant trois mois ? Ils s’étaient tourné les pouces ? Il hurla en sa direction :
« J’en ai marre ! Je ne suis pas un gamin ! Si tu n’arrives pas à te mettre ça dans la tête, tu n’as qu’à partir ! Je n’ai pas besoin de toi si c’est pour toujours me rabaisser ! C’est compris ? »
Des paroles qui la frappèrent en plein cœur : elle rabaissait Tery ? Ce n’était pas vrai ! Elle était simplement inquiète de le savoir et ne voulait pas qu’il soit en danger inutilement, voilà tout ! Un petit cri la ramena à la réalité : Tery était couché au sol, bloquant le dard du scorpion unicorne avec ses deux griffes. Il ne faisait pas le poids, elle le savait bien !
« Je n’ai pas à hésiter, de toute façon…Cela pourra bien attendre. Pardonnez-moi Oracle, je n’obéirais pas à votre mission pour le moment. » se murmura-t-elle.
Voilà, elle était enfin en paix avec elle-même et déjà cinq flèches apparurent sur son arc. Des veines blanches firent de même sur ses bras alors qu’elle bandait l’arc en murmurant quelques paroles. Il fallait passer outre cette carapace !
« Tery, recule-toi ! Je vais tirer ! » dit l’Ombre en s’adressant au jeune homme.

« C’est malin, je fais comment moi ? Il ne me laisse pas bouger ! »
Elle n’avait pas le choix : elle espérait seulement éviter de trop blesser Tery avec ses flèches. Quatre d’entre elles s’étaient mis à briller d’une petite lueur brune au bout de leurs pointes alors qu’une autre s’était enflammée. Les cinq flèches quittèrent l’arc pour venir frapper la carapace du scorpion. Encore une fois, ce fut sans succès mais dès l’instant où les pointes touchèrent la carapace, quatre explosions de faible ampleur se produisirent, des morceaux de carapace tombant au sol alors que le jeune homme toussait en se redressant. Il saignait légèrement au front, un éclat de carapace l’ayant frappé après l’explosion. Il se positionna à côté de l’Ombre encapuchonnée avant de dire :
« Sacrément efficaces tes flèches ! Tu peux en utiliser d’autres ? »
« J’aimerais bien mais… Utiliser une telle quantité de magie me fatigue beaucoup. »
Alors … C’était à lui de rentrer en piste ! Elle lui cria de ne pas commettre de bêtises, ils avaient sûrement rendu le scorpion furieux. Et c’était le cas. A cause des multiples explosions, le scorpion s’était retiré, libérant ainsi Tery de son étreinte. Quand il se redressa sur ses multiples pattes, il claqua ses deux mandibules avec énergie. Il leva son dard dans les airs d’un air menaçant alors que le jeune homme observait le sol d’un air intrigué.
« Dis l’Ombre, tu n’as pas remarqué quelque chose de bizarre ? Il y a beaucoup trop de fissures au sol. » murmura le jeune homme, un peu surpris.
Comment ça ? Elle baissa son regard saphir vers l’emplacement qu’il lui désignait. C’était vrai, ils ne s’étaient pas trop préoccupés du décor sous les cadavres. Il y avait de nombreuses fissures qui zébraient le sol et soudainement, elle comprit : L’élément de cette créature, c’était le même que celui de Tery !
« TERY ! Fais attention ! » s’écria-t-elle en tendant une main vers lui.
Le petit cœur de pierre brune qu’il avait autour du cou se mit à briller alors que la queue du scorpion vint frapper le sol. Des nombreux tremblements se produisirent, certaines fissures se refermant alors que d’autres s’ouvraient sous leurs pieds. Il fut percuté de plein fouet par l’ombre qui le fit tomber au sol alors que ce dernier se soulevait à certains endroits, l’Ombre étant envoyé contre un mur. De nombreux morceaux de pierre allèrent la frapper au niveau des mains et des bras, la faisant lâcher son arc. BON SANG ! L’Ombre ! Qu’est-ce qu’elle avait fait ? Il se releva avec rapidité alors que le scorpion cyclope semblait surpris : Cet humain était en parfait état malgré son attaque ? Généralement, la majorité des humains étaient dans le même état que l’autre, celui avec sa cape. Mais lui… Il était capable de courir comme si il n’avait rien subit comme blessures. Le jeune homme aux cheveux bruns se pencha vers la personne qui était assise contre un mur, lui tapotant les épaules :
« Tu vas me répondre ? Tu fais encore semblant, n’est-ce pas ? Ce n’est pas drôle cette fois ! Tu vas me répondre, l’Ombre ? Je ne peux pas le battre tout seul, moi ! »

Aucune réaction, cette fois-ci, il en était sûr, elle ne blaguait pas. Etait-elle morte ? Ou alors simplement inconsciente ? Il ne se posait même plus ces questions. Cette créature, il allait la tuer et la réduire en cendres. Il se redressa pour se retourner vers le scorpion. Ses deux bras comme son visage laissèrent paraitre des lignes noires. Ses yeux verts se fermèrent pendant quelques secondes avant de s’ouvrir, la couleur de ses yeux étant devenue entièrement rouge.

« Tu vas le regretter … amèrement … oui … »

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