- Épilogue : Toujours plus - 7 juillet 2021
- Chapitre 59 : Tous ensemble - 30 juin 2021
- Chapitre 58 : Maréchal - 16 juin 2021
Chapitre 16 : Deux êtres, deux chemins
Des cris d’animaux se firent entendre, de nombreux pas les accompagnant. Une fourrure albinos et une apparence proche du loup. La différence résidait dans les oreilles qui étaient accompagnées par des cornes en spirale comme celles des béliers. L’un des animaux s’approchait de Tery et de l’Ombre, reniflant les deux corps. Il était possible de voir que contrairement à ses compagnons, il avait une seconde tête qui était poussée à côté de la première. L’une avait les cornes qui se terminaient en avant tandis que sur la seconde tête, elles se terminaient en arrière.
« Reuk ! Reukkkkkkk ! » s’écria la bête à deux têtes.
La créature bicéphale donna un léger coup de patte dans chaque corps. Elle hurla une nouvelle fois avant de s’éloigner avec son groupe : l’odeur qui émanait des deux humains était plus que déplaisante…Une bonne demi-heure s’écoula et les yeux verts de Tery s’ouvrirent peu à peu pour regarder le ciel. Qu’est-ce… Il n’avait pas le temps de mettre ses réflexions en tête qu’il remarqua tout de suite l’Ombre encapuchonnée couchée à côté de lui. Il se releva avec surprise, voyant le masque blanc qui émit un petit bruit en tombant au sol. Ce masque… c’était… celui de l’Ombre ?
« Je… Attend un peu. » balbutia-t-il, cherchant à retrouver ses esprits.
Il devait reprendre ses esprits et se concentrer. Il avait une drôle d’odeur sur ses vêtements, une odeur qui lui faisait tourner la tête. AH ! Il s’en rappelait ! Il s’était évanoui après un combat contre l’Ombre mais… Il n’était pas mort et ils étaient sortis de la grotte. L’Ombre lui avait menti ? Mais sur quel point ? Son envie de le tuer ? Depuis le début ? Il ne savait pas et il se faisait mal au crâne à tant réfléchir ! Il s’en rappelait maintenant… Cette fumée verte… Il l’avait aperçue à la fin et après… Le trou noir. Est-ce que le scorpion cyclope avait sorti un gaz toxique avant de mourir ? Un poison ? Mais alors… Pourquoi était-il encore là ? Et surtout dehors… Et puis, l’Ombre encapuchonnée.
« L’Ombre, hey, l’Ombre ! Réveille-toi ! Aller ! »
Il lui cria dessus mais aucune réponse. Instinctivement, il se rapprocha d’elle, prêt à la retourner mais il s’arrêta avant d’accomplir le geste. Si le masque était sur son visage, alors qu’est-ce qui… recouvrait celui de l’Ombre ? Il déglutit lentement, se disant que si l’Ombre n’avait plus son masque et qu’elle était évanouie, alors… il pourrait voir ce qui se cachait sous ce masque. C’était le bon moment, n’est-ce pas ?
« Ca… ne se fait pas, j’en suis sûr mais… » murmura le jeune homme, se contrôlant.
Avec tout ce qui s’était passé, il était de plus en plus confus. Il poussa un petit râle d’énervement avant de prendre le masque blanc. Sans regarder l’Ombre, il tenta de lui remettre le masque blanc avec difficulté. Il eut la surprise de sentir les cheveux de l’Ombre entre ses doigts. Ils ne semblaient pas très longs mais pourtant, elle avait plusieurs mèches de couleur blonde. Il était de plus en plus pressé de savoir qui elle était mais… Il ne pouvait pas. Après une minute d’effort, il releva légèrement la tête de l’Ombre pour voir si le masque tenait correctement. Ce fut le cas et il soupira d’apaisement. Tant mieux.
« Maintenant, on fait quoi ? Je ne peux même pas lui faire confiance. Même pas en cette personne alors… Je … Je … »
Il n’avait plus qu’un choix à faire. Mais… Il n’allait pas abandonner l’Ombre ! Quelque chose en lui lui disait que c’était grâce à elle si il s’en était sorti vivant. Comment aurait-il pu quitter la grotte sinon ? Il installa les différents sacs sur son dos, remarquant que la tête du scorpion cyclope était toujours dedans. Oui… Voilà ce qu’il allait devenir. Il s’était décidé. Il soupira légèrement avant de placer ses deux mains sous l’Ombre. Encore plus surprenant qu’il ne le pensait, il s’écroula au sol après avoir soulevé l’Ombre.
« Mais… Elle est super légère ! » s’écria t-il, surpris.
Ce constat s’imposait. Il s’était attendu à ce qu’elle soit plus lourde et avait arqué ses jambes de telle façon alors quand il s’était relevé… Le résultat se trouvait là. Il était retombé au sol avec l’Ombre sur lui. Il se redressa aussitôt, soulevant l’Ombre en faisant attention maintenant. Enfin, ses nombreux entraînements portaient leurs fruits : il n’avait aucune difficulté à porter l’Ombre avec ses bras au-dessous. Encore une fois, elle lui avait sauvé la vie et il lui en était redevable mais après ça…Rien, plus rien du tout. Il ne lui faisait plus confiance, il n’avait plus confiance en l’Ombre.
« Ca sera la dernière chose que je ferais pour toi. Ensuite, tu disparaîtras de ma vie à tout jamais, l’Ombre. Je… te remercie de ce que tu as fait depuis le début. Tu… m’as aidé un bon nombre de fois, tu m’as permis d’utiliser la magie et les armes mais… ce que tu as fait est impardonnable. Je ne peux plus te faire confiance après ça. Je te raccompagnerais jusqu’à Midès mais après ça, ça sera terminé. Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu as tout brisé ? Je … Ca me plaisait contrairement à ce que je pensais au début. Je ne pensais pas que j’y arriverai. Depuis des années, j’ai évité d’apprendre la magie, le combat avec des armes, tout ! Pourquoi ? Pourquoi ?! »
Il lui parlait sans savoir si elle l’entendait ou non. Ah… La marche se déroula sans problèmes, il se rappelait le chemin à suivre et nul ne les dérangeait. Ils avaient encore l’odeur du scorpion cyclope sur eux et donc, personne n’allait tenter de s’en prendre à eux. Est-ce que l’Ombre allait s’en sortir ? Cette question le taraudait mais il n’avait aucun élément de réponse. Il avait rangé ses deux griffes dans son sac pour la porter.
Quelqu’un… s’occupait d’elle. Elle le ressentait… Elle ne pouvait pas bouger. Son corps luttait contre le poison malgré l’antidote et elle savait que cela allait mettre du temps à se soigner. Qui la portait ? Tery ? Après ce qu’elle avait tenté de faire ? Après tout ça ? Elle entendit ses paroles… mais ne pouvait pas y répondre. Son masque ! Est-ce qu’il… l’avait vu sans son masque ? Elle ne voulait pas ! Elle espérait que ce n’était pas le cas ! Elle ne voulait pas qu’il voit son visage ! Personne ne devait savoir si elle était une fille ou alors un garçon.
« Tu seras logée dans l’auberge en attendant que tu sois soignée mais moi, je ne serais plus là. Je m’en vais, l’Ombre. Je ne vais plus rester avec toi, tu m’avais laissé le choix auparavant. Je ne sais pas pourquoi tu voulais me tuer mais tu es clairement quelqu’un de stupide…et moi aussi. Je t’ai donné ma confiance mais toi… Tu ne fais qu’obéir aux autres sans avoir une propre réflexion. Tu devrais penser à peu à toi-même, à ce que tu veux réellement… Je sais que je n’ai pas de leçons à te donner mais… » dit-il avant de se stopper dans ses paroles.
Il ne termina pas sa phrase, fermant les yeux en s’immobilisant. C’est vrai quoi… Il s’était décidé à ne pas rejoindre l’armée de Midès mais maintenant, c’est-ce qu’il allait faire. Dire qu’il aurait bien aimé parcourir le monde avec l’Ombre, qu’il avait pensé tout oublier avec cette personne mais au final… Cela n’avait été qu’un tissu de mensonges. Comme cet homme… Il n’avait gardé qu’une chose de cet homme, un seul dicton : rembourser toujours ses dettes. Il avait une dette de vie envers l’Ombre.
« Nous y sommes arrivés. Nous voilà de retour à Midès. » murmura le jeune homme.
Il avait décidé de faire un détour pour ne pas avoir en face de lui les gardes d’auparavant. Il préférait revoir les autres, ceux qu’il connaissait. Quand il se présenta devant eux avec l’Ombre dans ses bras, il prit la parole avant même qu’ils ne parlent :
« J’aurais… besoin d’aide, monsieur Herk. Nous avons affronté le scorpion cyclope de Litan Deseria et… je crois que nous avons eu un peu de mal. »
« Bien sûr ! C’est normal ! Qu’est-ce qui lui est arrivé ? Est-ce que… vous avez respiré le poison du scorpion ? Vous avez bien fait de vous enfuir ! Roan, vas chercher tout de suite un antidote du désert chez l’apothicaire ! »
L’un des gardes s’éloignait en courant dans la capitale tandis que Tery serrait l’Ombre contre lui. Les autres gardes s’approchaient de lui pour vérifier l’état du jeune homme alors que celui-ci prenait la parole pour les contredire :
« Nous… nous sommes pas enfuis. Nous avons… tué le scorpion cyclope mais… Je crois que son cadavre était empoisonné. »
Les trois gardes l’observèrent avec surprise. L’un d’entre eux allait rire mais le dénommé Herk, le plus vieux des trois lui donna un léger coup de coude dans les hanches. Le vieil homme âgé d’une cinquantaine d’années regarda Tery dans ses yeux verts pour voir s’il plaisantait ou non. Herk lui dit d’une voix lente :
« Et… Pourquoi l’as-tu tué ? Vous avez fait ça à dessein, n’est-ce pas ? »
« Je… veux rejoindre votre armée. L’armée royale de Shunter. »
Les trois gardes soulevèrent un sourcil interrogateur, étonnés de voir le jeune homme dire une telle chose. Ce n’était pas qu’ils ne voulaient pas… mais il était si jeune, c’était dommage de gâcher cette jeunesse maintenant, surtout pour une telle chose. Herk allait prendre la parole en caressant sa moustache grisonnante mais Roan revint avec un flacon contenant un liquide violet. Il semblait essoufflé et tout l’attirail qu’il avait sur le corps devait sûrement être l’une des raisons qui l’avait autant exténué.
« J’ai l’antidote ! Il paraît qu’il est sacrément efficace ! Vas-y, donne le à ton ami ! » annonça Herk alors que Tery murmurait :
« Est-ce que… je pourrais juste prendre la potion et l’emmener à l’auberge ? J’ai… à lui parler en privé. Et je ne suis pas sûr qu’il veuille que je retire son masque. »
« Hum… Comme tu le désires, Tery mais… Réfléchis bien aux conséquences de ton acte. Je parle bien de ce que tu comptes faire après cette histoire. »
Il hocha la tête pour dire qu’il avait bien compris le message d’Herk avant de rentrer dans la capitale. Accompagné de Roan qui déposa la potion dans l’un des sacs, il se dirigea vers l’auberge. Lorsqu’il se retrouva devant cette dernière, le jeune homme aux cheveux bruns remercia Roan tandis qu’il pénétrait à l’intérieur.
Sans même répondre à l’aubergiste qui l’interrogeait, il grimpa les escaliers, se dirigeant vers sa chambre. Déposant le corps de l’Ombre sur le lit, il ferma la chambre à clé. Il ouvrit son sac, regardant la tête du scorpion cyclope. Il émit un petit rictus à cause de l’odeur, refermant le sac pour en prendre un autre. Alors, c’était un flacon violet… Après quelques secondes, il trouva le flacon, l’ouvrant rapidement avant de déposer le flacon près de l’ouverture du masque blanc au niveau des lèvres.
« Bois ça et dès que tu vas mieux, je m’en vais. Si… seulement tu n’avais pas fait ça. Tu n’étais pas obligé d’obéir à cette fichue mission mais tu as tout foutu en l’air ! Vraiment… A quoi ça t’aurait servi de me tuer ? Je ne suis pas un héros ou quelqu’un de dangereux ou violent… mais toi… Tu n’as même pas cherché à me connaître. » murmura t-il.
Lentement, le liquide violet s’insinua à travers le masque alors qu’elle avalait le liquide. Elle toussa faiblement tandis qu’il s’éloignait un peu pour laisser l’Ombre respirer. L’antidote devait être très efficace car il sentait au fond de lui que maintenant, elle était guérie. Néanmoins, il se devait d’attendre qu’elle soit capable de se relever avant de partir.
Une trentaine de minutes s’écoulèrent et l’Ombre leva la main droite avec lenteur. Il était resté assis sur une chaise, attendant qu’elle puisse bouger. Finalement, c’était le cas d’après ce qu’il venait de voir. Ses yeux saphir s’ouvrirent à travers son masque et aussitôt, Tery se releva en prenant ses deux sacs : celui qui contenait la tête du scorpion cyclope et l’autre contenant ses affaires. Le haut du corps de l’Ombre se redressa pour regarder Tery.
« Tu as l’air d’aller mieux l’Ombre. Maintenant… Je peux y aller. » annonça t-il.
« Attend un peu, nous… nous pouvons discuter ! » s’écria-t-elle avant de gémir un peu de douleur. Puisqu’elle lui avait donné son masque, elle avait subi aussi les effets du poison.
« Je ne sais pas pourquoi tu ne m’as pas tué dans la grotte mais tu es trop hésitante. »
« Ne m’insulte pas ! Tu… Tu ne sais rien de moi ! »
« Et pourtant, j’ai essayé, j’ai souvent essayé mais tu as toujours refusée mes questions. Tu pouvais y répondre, rien ne t’en empêchait hein ? »
« Je ne t’ai pas tué ! Et j’aurais pu le faire ! Rien ne m’en empêchait ! » dit-elle avec frénésie, essayant de bouger du lit sans y arriver. Elle n’était pas encore en état de faire cela. Il poussa un profond soupir, se penchant en avant sur sa chaise, ses coudes posés sur ses genoux. Il l’observa de ses yeux verts, murmurant avec calme :
« Alors explique-moi… ce qui se passe. J’aimerai bien le savoir … »
Il vint ensuite s’asseoir sur le lit à côté de l’être camouflé dans sa cape brune. Elle l’observa de ses yeux saphir, elle avait encore une chance de le tuer mais… c’était le moindre de ses soucis. Elle toussa à nouveau, prenant la parole :
« Je ne peux rien dire… Ma mission ne doit pas être divulguée… Je recherche les médaillons des cinq éléments et si… Tu n’étais pas un Porteur, j’aurais aimé… que tu restes avec moi… mais c’est impossible ! C’est tout simplement impossible !
« Porteur ? C’est quoi ? Tu pourrais me le dire non ? » murmura le jeune homme.
« Tu vois tes veines noires ? Et bien c’est ça… Tu es capable d’utiliser tous les éléments mais… Tu es tout le contraire de moi et… Si je t’emmenais avec moi à cet endroit, tu seras sûrement tué par l’Oracle ou par moi. Tu es comme moi … tout en étant opposé. » annonça la personne masquée de blanc avec une pointe de tristesse.
« D’ac… cord. Bref, tu ne m’aides pas plus que ça. Nous n’avons plus rien à nous dire. » termina-t-il de dire avec neutralité.
Finalement, il se leva du lit, mettant les deux sacs sur son dos. Il s’apprêtait à s’en aller mais l’Ombre se redressa en s’écroulant au sol. Elle n’avait pas encore laissé le temps à ses deux pieds de réagir et de se remettre en pleine forme. Les yeux verts de Tery la regardèrent alors qu’il s’était immobilisé. L’Ombre lui demanda :
« Qu’est-ce que… tu vas faire maintenant ? Je… ne peux pas arrêter ma mission et… Un jour, je devrais te tuer. J’y serais forcé ! Et alors … Ce jour-là, je crois que … »
« Nous verrons bien si ce jour arrivera ou non. Tu sais quoi ? Je t’aiderais même à me retrouver. Prends ça. » annonça Tery en l’observant toujours au sol.
Il plongea la main dans l’une de ses poches, l’endroit où il avait rangé cet objet. Il retira la chaîne en or avec le cœur fait de pierre brune et brillante. D’un geste nonchalant, il envoya l’amulette vers l’Ombre encapuchonnée, lui disant d’une voix neutre :
« Je continuerais à progresser sans toi. Je deviendrais même quelqu’un de plus fort que toi. Je suis peut-être capable d’utiliser tous les éléments mais je me spécialiserais dans celui de la Terre. Un jour, peut-être, nous nous retrouverons et tu sauras que c’est moi. Garde cet objet avec toi, il te rappellera à quel point tu as été une idiote, l’Ombre. Ou alors un idiot … Je ne sais toujours pas ce que tu es … Et je ne pense pas que j’ai envie de le savoir dorénavant. »
Ne lui laissant même pas le temps de lui répondre, il quitta la chambre. En descendant les escaliers, il salua l’aubergiste, quittant cet endroit qui était si nauséabond à son nez maintenant. L’odeur malsaine qui y habitait ne lui plaisait guère. Dire… qu’il avait tout fait pour oublier ce moment, il fallait qu’il revienne le frapper en pleine face. Encore une… Encore une trahison bien entendu. C’était normal, c’était tout ce qu’il y avait de plus normal.
A genoux au pied du lit, l’Ombre encapuchonnée observa le pendentif qui se trouvait devant elle. Un objet pour se rappeler de lui ? Elle ne l’aurait pas oublié de toute façon mais… L’Oracle… l’avait tant fait souffrir avec cette épreuve. Se rapprocher de quelqu’un pour mieux s’éloigner. Etait-ce vraiment ce que l’Oracle voulait ? Et les dires de Tery avant son départ… Tout était perdu… Tout était définitivement perdu. Elle se sentait mal, plus que mal même à cause de ce qui s’était passé. Pourquoi une telle épreuve ? Méritait-elle un tel sort ? De telles choses ? Elle n’avait jamais eu le droit d’être heureuse de toute façon.
« Je le garderais… jusqu’à ce que je puisse te le rendre. » chuchota l’être encapuchonné.
Elle ferma ses yeux saphir sous son masque blanc. Sa main gantée de rouge vint récupérer le pendentif avec le cœur avant de l’installer sous la cape brune. Elle allait le mettre autour du cou mais nul n’allait le savoir à part elle. Elle poussa un profond soupir, se relevant pour vérifier ses propres affaires. Il lui avait laissé son sac et heureusement… En y pensant, est-ce que… Tery ! Elle ne savait pas si Tery avait vu son visage ! D’après la réaction du jeune homme, elle n’avait pas remarqué de changement… à part de l’amertume mais sinon… Rien de bien spécial. Il ne l’avait peut-être pas vu au final. Elle ne devait pas se soucier de ça.
Enfin … C’était plus facile à dire qu’à faire. Il le savait parfaitement. Il remit correctement son masque blanc sur son visage, sa cape sur son corps avant de se rapprocher de la fenêtre. De là, il observa la rue où se trouvait l’auberge avant de remarquer les différentes personnes. Hum … Bien entendu … Tery était déjà bien loin, n’est-ce pas ? Bien trop loin pour que cela serve à quelque chose d’essayer de le poursuivre.
« Est-ce qu’il compte réellement devenir un soldat de Shunter ? » murmura l’être encapuchonné avant de prendre son sac, quittant la pièce. Il descendit les escaliers, se dirigeant vers l’aubergiste qui parut surpris. Celui-ci lui dit :
« Et bien ? Tu n’es pas avec Tery ? Il est déjà parti depuis cinq à dix minutes. Ça ne va pas entre vous deux ? Depuis tout ce temps, ça m’étonne quand même. »
« Il y a eu … quelques petits problèmes. » dit la personne masquée.
« C’est vraiment dommage. Est-ce qu’il n’y a pas un moyen de s’arranger ? » annonça l’homme alors que l’être encapuchonné de brun hocha négativement la tête.
« Cette fois-ci, il y a de fortes chances que ça ne soit pas possible. C’est bête … mais c’est ainsi et je ne peux vraiment rien faire pour revenir en arrière. »
« Il y a toujours un moyen de réparer nos erreurs. Enfin, dans la majorité des cas, sauf quand c’est vraiment dramatique … comme la mort d’une personne. Enfin, je ne vais pas discuter de tout ça, ce n’est pas vraiment joyeux. »
L’Ombre murmura que oui, ça n’avait rien de joyeux. Mais bon … Est-ce que ça voulait dire qu’un jour … si elle revoyait Tery, il y avait une possibilité de réparer cette erreur ? Au fond d’elle, était-ce qu’elle désirait ? Il y avait des chances mais pour cela, elle allait quand même devoir faire quelque chose.
« Je dois m’en aller. Merci pour tout ce que vous avez fait. » dit l’être encapuchonné.
Peut-être qu’un jour … Suivant ce qui allait se passer, il reviendrait ici. Mais avant, il y avait plusieurs questions qui devaient obtenir une réponse. Et pour obtenir ces réponses, il devait retourner là d’où elle venait. Cet endroit où il avait reçu sa première mission à l’extérieur, loin des alentours. Il quitta l’auberge, le regardant pendant quelques secondes avant de se diriger vers la sortie de Midès. Il allait retourner là où se trouvait l’Oracle.
Le jeune homme aux cheveux bruns se dirigea avec vélocité en direction du bureau de recrutement. Le second sac contenant la tête du scorpion sur son dos, il voulait se dépêcher et en terminer avec toute cette histoire. Il ne devait pas renoncer maintenant, il avait fait son choix. Il avait décidé que c’était la meilleure chose à faire ! Il ne fallait pas reculer alors qu’il était proche du bureau. Aller ! C’était la dernière étape à faire ! Il pénétra à l’intérieur, regardant l’homme aux cheveux blonds qui était le même que la dernière fois. Celui-ci parut surpris de le voir, lui adressant la parole :
« Bonjo… Tu es le jeune de la dernière fois. Qu’est-ce que tu viens faire ici ? »
« Pardonnez-moi mais j’ai une chose plus qu’importante à faire. » coupa le jeune homme avant de passer à côté de lui, pénétrant dans l’autre pièce, là où se trouvait celui qui lui en avait fait bien bavé il y a pas mal de temps.
Ah … Lui … Il l’avait en face de lui ! AH ! Il n’allait pas se priver de perdre un peu de temps dans cette affaire. Qu’il déguste peu à peu sa victoire sur cet homme. Ca lui mettrait un peu de baume au cœur après ce qui venait de se passer. D’ailleurs, le petit homme avait été surpris de le voir puis peu à peu, la surprise laissa place à la colère.
« Je peux savoir ce que tu fous dans mon bureau, gamin ? T’as intérêt à avoir une bonne explication car sinon, tu te retrouves au trou dans moins de cinq minutes ! » s’égosilla subitement l’homme avec rage, tapant du poing sur le bureau.
« Hum … Visiblement, je ne suis pas le seul à avoir subi vos foudres. A croire que cela est une habitude chez nous. » ironisa Tery, étrangement calme. Il se demandait si c’était les évènements récents qui lui donnaient une telle assurance. Néanmoins, il serrait son sac contenant la tête de scorpion avant de reprendre : « Je crois que c’est une habitude chez vous … d’avoir envoyé plusieurs jeunes personnes à la mort, n’est-ce-pas ? »
« Je ne te permets pas de me parler comme ça ! Toi, tu vas finir… »
« TENEZ ! VOTRE FICHUE TÊTE DE SCORPION ! » hurla soudainement Tery avant de déposer le sac sur le bureau, se fichant de la paperasse dessus. Il ouvrit le sac, une forte odeur en émanant alors que le petit homme fit une mine dégoûtée.
« La tête … de scorpion ? AH ! Tu dois parler de cette foutue mission pour virer les petits mioches de paysans et des citoyens sans le sou qui rêvent de gloire et de fortune. Pour que leurs parents soient fiers d’eux, hein ? Tu penses vraiment que je vais te c… MAIS BORDEL ! C’est quoi cette odeur ? » cria une nouvelle fois le petit homme, celui aux cheveux blonds étant venu dans la pièce après la petite percée de Tery. Le recruteur regarda le sac ouvert, le faisant pencher vers le sol avant que la tête du scorpion ne roule dessus.
« Oh bon sang … » murmura l’assistant du recruteur.
« C’est ce que vous vouliez non ? » marmonna Tery, le regard froncé. « Alors, laissez-moi rejoindre l’armée de Midès maintenant. J’ai tenu ma parole. »
« Hahaha ! Bordel ! Bien entendu ! Bienvenue dans l’armée de Midès ! » ricana le petit homme, comme satisfait de ce qu’il venait de voir.