Chapitre 17 : La famille avant tout

ShiroiRyu
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Chapitre 17 : La famille avant tout

« Maman … Suis-je vraiment obligé de venir ? » demanda le jeune garçon aux cheveux blonds en poussant un léger soupir.

« Hum ? Bien entendu, Earnos. » répondit la femme aux cheveux rouges alors qu’Earnos faisait une petite moue boudeuse. Autour de lui, ses deux grandes sœurs préparaient correctement les deux plus petites. Lui … Il se redressait de la chaise, marmonnant :

« Je voulais aller travailler … Pourquoi est-ce que l’on m’en a empêché ? »

« Car ça fait plus de six mois que tu n’as pas pris un jour de repos. Normalement, nous aurions dû t’arrêter avant, te laisser te reposer auparavant mais comme tu semblais si motivé, nous avons préféré ne rien faire. Mais cette fois-ci, comme on peut … »

« Mais je ne veux pas … Maman … Je veux juste retourner travailler. J’ai pas besoin d’aller voir madame Florensia. Et puis … C’est pour vous, pas pour moi. » dit-il en coupant la parole à sa mère, celle-ci reprenant d’une voix douce :

« Allons … Tu sais aussi bien que moi que Florensia adore tes visites. Déjà que sa boutique est souvent fermée, tu pourrais aller lui dire bonjour de temps à autre au lieu de ne penser qu’à travailler. Et c’est décidé, tu viens avec nous, que tu le veuilles ou non. »

« Mais maman … S’il te plaît. » marmonna le jeune garçon sur un ton plaintif alors que la femme fit un geste négatif du doigt.

« Non, non … Et non … Ce que j’ai dit, je reste sur ma position. Tu as intérêt à te prépare car d’ici quinze minutes, nous ne serons plus là. »

Mais il voulait aller travailler ! Pourquoi est-ce que son père avait accepté qu’il se repose ? Lui-même ne le voulait pas ! Pfff … Ce n’était vraiment pas juste ! Pas juste du tout même ! Il n’avait rien fait pour mériter une telle chose ! Il travaillait très bien ! Peut-être qu’il travaillait trop ? Il ne savait pas … du tout … Il était assez perdu, il devait l’avouer. Mais quand même … Enfin bon … C’était si grave que ça de trop travailler ?

« Earnos ? Nous partons ? Tu es prêt ? » intima la voix de sa mère pour lui conseiller de se dépêcher, chose qu’il fit. Quelques secondes plus tard, il se trouvait devant elle, la foreuse à moitié cassée entre ses mains. Passy haussa un sourcil, observant son petit frère :

« On peut savoir ce que tu fais, Earnos ? Pourquoi tu prends ta foreuse ? »

« Car je ne veux pas la quitter ! Je ne partirai pas sans elle ! » s’écria le jeune garçon avant que ses deux sœurs aînées ne soupirent en même temps, sa mère disant :

« Laissez-le donc … On ne peut pas lui faire complètement oublier son travail … »

« … … … Merci, maman. » répondit l’enfant aux cheveux blonds alors qu’il fit un grand sourire. Jiane, sa petite sœur qui venait d’avoir six ans s’approcha de lui, demandant à ce qu’il lui parle un peu de sa foreuse pendant qu’ils se rendaient chez la fleuriste. Il émit un rire sonore pas trop fort avant de signaler qu’il le voulait bien. Pourquoi pas ? Ca serait distrayant … et en même temps, ça lui ferait penser un peu au travail.

Pendant la majorité du chemin, seules les voix du jeune garçon et de sa sœur cadette parcouraient les environs. La plus jeune de la famille, les deux adolescentes ainsi que la mère restèrent muettes, gardant néanmoins le sourire aux lèvres en écoutant les paroles d’Earnos. Il semblait réellement appliquer son rôle de grand frère.

Après une bonne heure de marche, ils étaient finalement arrivés dans la rue où se trouvait la boutique de fleurs de Florensia. Néanmoins, malgré la matinée, il semblait qu’il y avait déjà quelqu’un avec la femme aux cheveux blonds. Un étrange homme aux cheveux violets ébouriffés. Il devait avoir la trentaine d’années, donc il était plus jeune que Florensia. Néanmoins, il lui prenait la main, la baisant doucement avant qu’elle ne la retire. Malgré la dizaine de mètres qui séparait la famille avec la boutique de fleurs, il était capable d’entendre la conversation entre la fleuriste et l’homme :

« Pardonnez-moi mais malheureusement, mon travail me prend trop de temps pour laisser une place à l’amour dans mon cœur. Je suis au regret de vous le répéter une nouvelle fois : je me dois de refuser vos demandes. »

« Mais réfléchissez donc, mademoiselle Florensia. Une aussi belle femme que vous, vivre seule ? Cela me chagrine et me fait mal au cœur. »

Mal au cœur ? Elle parut confuse alors qu’elle poussait un profond soupir dans lequel semblait s’exprimer une grande tristesse. Elle posa sa main sur sa propre joue gauche, semblant réfléchir longuement à la situation alors que le jeune garçon aux cheveux blonds remarquait quelque chose chez l’homme accroupi. Celui-ci avait plongé sa main dans son dos, l’enfant fronçant les sourcils. C’était quoi … cette petite fiole dans lequel baignait une sorte de liquide violet ? Il ne savait pas pourquoi mais tout son corps s’était mis à trembler avant qu’il ne plante sa foreuse dans le sol. Ses sœurs et sa mère le regardèrent tandis qu’il pointait la main gauche vers l’homme. Un minuscule dard sortit de sa paume, percutant la fiole, l’homme poussant un cri de douleur. La fiole se brisa en morceaux, laissant s’échapper une petite fumée violette alors que l’homme et Florensia se tournaient vers lui. Il put voir pendant quelques secondes le regard furieux de l’homme avant que celui-ci ne se redresse, disant d’une voix faussement calme :

« Je vois que vous avez des clients, je vais vous laisser, mademoiselle Florensia. Bonne journée. »

« Bonne journée à vous aussi. » répondit la femme alors que la famille d’Earnos et lui-même arrivaient à sa hauteur. L’homme s’éloigna aussitôt, mettant un maximum de distance entre lui et les « clients » dont il parlait à la fleuriste. Le jeune garçon fit un petit hochement de tête en sa direction avant de prendre la parole, espérant qu’elle allait l’écouter :

« Madame Florensia ! Madame Florensia ! Cet homme avait … »

« Je sais très bien ce qu’il avait, Earnos. Ne t’inquiètes donc pas pour moi, je ne suis pas née de la dernière pluie. Ce n’est pas le premier, ni le dernier prétendant que j’aurai dans ma vie. Mais merci beaucoup pour ce que tu as fait, tu as été très valeureux. » répondit Florensia avant de baiser son front, le faisant rougir violemment.

« Dis … Maman … Pourquoi que grand frère est tour rouge aux joues ? » demanda Olly, la plus jeune de la famille, seulement âgée de trois ans et quelques mois. Ses cheveux rouges étaient bien coiffés en bol, une partie cachant son œil gauche de couleur rubis.

« Car grand frère, il aime beaucoup madame Florensia, c’est pour ça qu’il ne voulait pas venir. » répondit Jiane, l’autre sœur, un sourire espiègle aux lèvres alors que ses yeux émeraude se posaient sur son grand frère. Elle passa une main ses couettes blondes, le jeune garçon répondant à la provocation en disant tout simplement :

« Ce n’est pas du tout ça. Il ne faut pas raconter n’importe quoi, Jiane. Si tu continues comme ça, je ne te parlerai plus de ma foreuse. »

« Hein ? Mais non ! J’ai besoin de savoir, moi ! Papa et Maman m’ont dit que je pourrai commencer dans quelques semaines ! » s’écria une nouvelle fois la jeune fille, Earnos émettant un petit rire avant de se prendre une très légère claque sur le sommet de son crâne par Cassina. Il poussa un petit cri de douleur, faisant la moue aussitôt. Sa mère comme l’aînée des enfants et la fleuriste ne firent qu’un simple sourire, Florensia invitant tout le monde à pénétrer dans la boutique.

« Je ne sais guère quoi vous servir. Il est vrai que j’attendais votre visite mais nullement aussi tôt. Visiblement, vous êtes tous et toutes du matin. » annonça la femme aux cheveux blonds et aux yeux vairons tandis que la mère d’Earnos répondit :

« Exactement … Et il est vrai que j’ai dû … forcer un peu Earnos à venir ici, non pas parce qu’il ne voulait guère venir mais tout simplement car il travaillait beaucoup trop. »

« … … … Est-ce bien vrai, Earnos ? » demanda Florensia, le jeune garçon se raidissant aussitôt sur sa chaise, baissant la tête en marmonnant d’une voix neutre :

« Je ne travaille pas trop … C’est un mensonge … »

« Tu insinuerais donc que ta mère ment à ce sujet ? » reprit la femme aux cheveux blonds tandis qu’il tentait de lui répondre, se triturant les doigts :

« Non … Pas du tout … Maman ne ment pas … Mais je ne travaille pas trop … Je ne suis pas fatigué, moi ! Je vois pas pourquoi je ne devrai pas … »

« Hum … Imagines que tu sois au travail en ce moment-même. Si tu n’étais pas là, peut-être que cet Aéromite aurait put me faire des choses horribles si tu n’avais pas été là. »

… Hein ? Il releva la tête aussitôt, l’air de ne pas comprendre ce qu’elle venait de dire. Il lui … avait sauvé la vie ? Hein ? Enfin … C’est ça non ? Ou alors, il se trompait complètement ? Car elle lui fit un grand sourire tandis qu’il regardait ses deux sœurs aînées et sa mère. Toutes hochaient la tête positivement comme pour bien lui faire comprendre ce qu’il avait fait il y a de cela quelques minutes. Si … Il était parti travailler … La fleuriste … Madame Florensia aurait eut de gros problèmes ? A cause de cet homme ? C’est ça ?

« Mais c’était juste un coup de chance ! Et si j’étais malade, ça serait la même chose ! » dit-il comme pour se convaincre grâce à ses paroles.

« Il y a des chances oui … Mais tu n’étais pas malade … Dans le cas où tu le serais, tu n’aurais pas le choix que de rester au lit, cloué dedans. Mais là … Tu avais le choix entre travailler ou alors venir dans la boutique de fleurs. » dit Florensia d’une voix calme.

« Je n’ai pas vraiment eut le … »

Il s’arrêta dans ses paroles. Il savait qu’il n’avait pas à continuer à parler. Il valait mieux l’écouter et ne rien dire. Et puis … Elle n’avait pas totalement tord en un sens. Même si sa mère l’avait forcé, il aurait quand même pu refuser de venir … Ou alors tout simplement ne pas réagir et ne pas venir l’aider. Comme il s’était plongé dans son mutisme, Florensia reprit la parole, s’adressant une nouvelle fois à lui :

« Et pourquoi tu ne rentrerais pas dans l’armée ? Avec ce que tu viens de faire, tu n’as pas l’air de manquer de courage et ta mère m’a déjà raconté au sujet de la princesse … Toi-même, tu me l’as dit. Tu sais, tu as choisi deux fois de suite de protéger la princesse au lieu de faire ton travail, je pense que c’est une bonne … »

« Non … Je n’irai pas rentrer dans l’armée des insectes. Et puis, protéger la princesse, tout le monde le ferait … C’est comme protéger la reine Seiry. » coupa le jeune garçon.

« Es-tu sûr de ce que tu dis ? Tu dois être au courant de ce qui s’est passé ces derniers mois, non ? Alors ce que tu as fait, peu de personnes auraient fait de même. »

« Je n’irai quand même pas … Je veux rester avec ma mère, mon père et mes sœurs. Ils ont besoin de moi et j’ai besoin d’eux. Je n’irai pas dans l’armée car de toute façon, je n’y arriverai pas. Je ne veux plus que l’on parle de ça … »

Il avait croisé les bras, faisant une mine boudeuse. Non … C’était bête mais il ne pardonnait quand même pas à la princesse Terria pour ce qu’elle avait fait. Car elle n’avait même pas eut le courage de venir s’excuser en face à face. Lui … On ne l’achetait pas avec un cadeau. Et même si l’Apitrini lui disait qu’elle n’avait pas osé venir, il s’en fichait royalement. Ca ne fonctionnait pas comme ça. Il ne voulait rien savoir … Pas de la sorte. Et il … ne voulait pas protéger une princesse comme ça. A côté, il ne voulait pas quitter sa famille et il travaillait pour elle … Sa famille passait avant son royaume … Il avait fait deux fois une erreur … Il n’allait se faire avoir une troisième fois, il en était hors de question.

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