Chapitre 20 : Par la force

ShiroiRyu
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Chapitre 20 : Par la force

« Pardonnez-moi, princesse Terria. Je ne voulais pas … »

« Je ne te pardonne pas du tout, Earnos. Et tu sais pourquoi ? Car je vais faire pareil que toi lorsque j’ai cassé ta foreuse il y a de cela plus de huit ans. »

Hein ? Mais ça commençait à dater sérieusement ! C’était vraiment plus que ridicule de lui en vouloir de la même façon qu’il y avait huit ans. Ils n’étaient plus des enfants ! Ils pouvaient se comporter comme des personnes responsables, non ?

« Et est-ce que tu veux savoir pourquoi ? Car j’attendais quand même cette soirée avec impatience mais toi, tu as encore tout gâché ! Tu vois le souci ? Tu nous as tous invité mais tu as décidé de partir sans même prévenir. A croire que tu voulais juste te débarrasser de nous ! On est sensé le prendre comment quand tu fais une telle chose hein ? Réponds-moi Earnos ! »

« Princesse, ce n’est ni l’heure, ni l’endroit de se donner en spectacle. Vous risquez d’attirer tous les regards sur vous. » murmura Earnos, cherchant à calmer l’adolescente.

« Ah ! Bien entendu, tu as raison ! Tu sais quoi ? » dit Terria en prenant la main directement dans la sienne et le tire dans la chambre d’Earnos.

Là-bas, elle n’hésite pas un instant à le plaquer contre le mur, posant ses deux mains sur celui-ci pour le bloquer. Hors de question qu’il s’échappe. Et de toute façon, elle remarquait qu’il allait parfaitement bien physiquement.

« Princesse, vous ne devriez pas être dans la chambre de votre chevalier. »

« Ah oui ? Et pourquoi donc ? Donne-moi une bonne explication pour que je ne sois pas dans la chambre d’un ami proche hein ? Vas-y, je t’écoute. »

« Je vous trouve … bien menaçante. Qu’est-ce que les filles vous ont dit ? Qu’est-ce qu’Olistar a encore raconté pour que vous soyez comme ça ? »

« ON NE PARLE PAS D’OLISTAR ! On parle de toi et de moi, Earnos ! Tu comprends ? » cria l’Apireine, rapprochant dangereusement son visage du sien.

« Oui mais … reculez … AIE ! » s’arrêta-t-il avant de se prendre une baffe de la part de l’Apireine. Il chercha une explication qui ne tarda pas à se faire entendre :

« Tu me tutoies dorénavant. Est-ce bien compris ? Rentres-toi ça dans le crâne, Earnos. »

« Oui mais pas besoin d’être aussi violente, je comprends avec des mots hein ? » bredouilla l’adolescent, décontenancé et un peu apeuré par l’imposante forme de la princesse.

« Ah non … Ah non, non … Tu ne m’auras pas de cette manière, Earnos. Pas cette fois, tu ne comprends pas avec des mots, loin de là. Tu te moques de moi depuis le début alors, je suis obligée d’utiliser la force pour que tu comprennes. »

« Mais comprendre quoi ? Où est-ce que vous voulez en venir, princesse … AH NON ! Pas la claque ! NON ! Je veux dire, où tu veux en venir ? »

« Devine un peu, imbécile ! Qu’est-ce que tu ressens pour moi hein ? »

Ce … que … HEIN ? Quoi ? C’était quoi cette question ? Il vint rougir violemment, clignant des yeux plusieurs fois à la suite pour être sûr d’avoir bien entendu. Qu’est-ce qu’elle venait de dire ? Il n’était pas sûr du tout … mais … mais …

« Je ne ressens que du devoir envers ta personne, Terria. Je ne fais qu’accomplir mon rôle de chevalier pour te protéger, voilà tout. »

« Mauvaise réponse ! » répondit-elle, collant subitement ses lèvres contre les siennes, les yeux d’Earnos s’ouvrant en grand. Que … Que … Non … Ce n’était pas possible hein ? C’était pas … C’était pas … Pourtant, il avait le visage de Terria collé contre le sien. Elle avait fermé les yeux, les rouvrant après quelques instants avant de retirer ses lèvres.

La princesse … La princesse venait de l’embrasser ! Il s’était mis à trembler mais d’excitation, n’arrivant pas à croire que c’était la réalité. Ah … Terria, venait de l’embrasser, Terria venait de l’embrasser et ce n’était pas une erreur en vue de la durée du baiser. Il savait pertinemment qu’elle l’aimait et … et … C’était réciproque ! Mais il y avait tellement de différences entre eux deux !  Pourtant, elle rougissait et elle souriait, aussi gênée et perturbée que lui. Finalement, elle reprit d’une voix forte :

« Je vais répéter ce que je t’ai dit. Tu as intérêt à me répondre la vérité. »

« Que … quoi ? De quoi ? Quelle question ? Tu vas répéter quoi ? »

« Qu’est-ce que tu ressens pour moi, Earnos ? » reprit l’adolescente aux cheveux blonds, reposant ses deux mains sur le mur pour bloquer le Coconfort.

« Terria, sincèrement, je préfère ne pas y répondre. Ça ne se fait pas et ça ne va causer … »

« Je veux une réponse claire, Earnos ! J’en veux une maintenant ! Et ce n’est pas de la part de la princesse de ton royaume que je te demande ça, compris ? »

« Terria, sincèrement, ça ne va pas rien mener de bon ! Ce n’est pas possible et tu le sais aussi bien que moi ! Alors, arrêtons-nous en-là avant qu’il ne soit trop tard et que nous le regrettons. Tu vois où je veux en venir, non ? Terria, s’il te plaît, c’est juste stu … »

Encore une fois, il fut plongé dans le mutisme par les lèvres de la princesse. Celle-ci avait pris son visage entre ses mains, l’embrassant longuement. En fait, il sentait même qu’elle lui caressait un peu les dents avec la langue avant de chercher la sienne. Elle … Elle n’avait pas peur de ce genre de baisers ? Lui-même, il sentait ses forces défaillir.
Il ne cherchait même plus vraiment à lutter contre ça. Pourquoi est-ce qu’il le ferait ? C’était aussi ce qu’il désirait depuis le début, non ? Alors … Pourquoi combattre ça ? Il le savait … Ses pensées avaient une explication rationnelle … mais son cœur et son corps avaient d’autres idées. La preuve en était qu’il avait posé ses mains sur les hanches de Terria, la fixant longuement jusqu’à ce qu’elle retire ses lèvres.

« Je vais poser la même question qu’auparavant, Earnos. Je veux une réponse maintenant. Ta véritable réponse, d’accord ? Alors … »

« Ça ne sert à rien, Terria. Ça ne sert à rien. Je ne suis qu’un Coconfort, je ne deviendrai qu’un simple Dardargnan. Les Apireines sont faites pour être avec des insectes forts ! Tu crois que j’ai le droit de t’aimer ? Mais non ! Ce n’est pas ça ! Je t’aime, je t’aime vraiment ! Si tu n’avais pas été une Apireine, je t’aurai déjà embrassé plusieurs fois. Je ne veux pas faillir à mon devoir, je ne veux pas mélanger mes sentiments à ce dernier ! Je ne veux pas que l’on se fasse de faux espoirs, je ne veux pas croire à ça. »

Elle ne lui répondit pas, restant près de lui tout en tendant ses lèvres, fermant les yeux à moitié. NON ! Il ne devait pas répondre à ça ! C’était de la provocation de la part de Terria ! C’était juste aberrant que la princesse du royaume ne comprenne pas ce qui se passait … si … si … si tout cela … était révélé au grand jour. Il attendit quelques secondes, Terria continuant de le fixer de ses yeux mi-clos, ses lèvres toujours à portée de l’adolescent.

« Et zut ! Terria, princesse, tu le fais vraiment exprès ! Je suis sensé faire quoi moi quand je vois ça hein ? Qu’est-ce que je suis sensé faire ? »

Il parlait à voix haute, surtout à lui-même avant de coller brièvement ses lèvres sur celle de Terria pour confirmer que ses sentiments étaient réciproques. Oh, ça n’avait duré qu’une seconde, même pas mais cela semblait avoir suffi à l’Apireine qui poussa un cri de joie.

« Ça a marché ! Ça a marché ! Ce qu’Olistar et Lisian avaient dit, ça s’est vraiment réalisé. »

« Hein ? Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ? De ? Qu’est-ce qu’elles ont dit ? »

« Elles m’ont convaincu d’être beaucoup plus agressive dans mes actes pour être sûre. C’était vraiment très … gênant … en un sens. Car bon, c’était ma première fois hein ? Mais dans le fond, ça a permis à ce que tu me dises que tu m’aimes. C’était le tout pour le tout comme elles me l’ont dit ! C’était tout ou rien ! »

« Et je suis tombé en plein dans le piège. Bon sang ! Maintenant que tu as réussi ton coup, il vaut mieux que tu quittes ma chambre. »

Bien entendu … Bien entendu … Bien entendu ! Elle éclata de rire avant de lui prendre la main pour l’emmener jusqu’à la porte. Là-bas, ce fut lui qui l’ouvrit, retirant sa main pour qu’elle puisse partir. Pourtant, elle se positionna devant la porte, regardant à gauche et à droite avant de se pencher en avant, tendant ses lèvres une nouvelle fois.

« Pour me souhaiter bonne nuit, Earnos. »

« Terria … Qu’est-ce que tu vas faire si on se fait repérer ? »

« Juste un tout petit et je pars ensuite. » déclara l’adolescente aux cheveux blonds.
Bon … Un petit alors. Il regarda à gauche et à droite. Il n’y avait personne. Il embrassa une nouvelle fois la princesse, celle-ci poussant un petit cri ravi et étouffé avant de s’en aller gaiement. Il referma la porte derrière lui, soupirant d’angoisse et de joie en même temps.

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