Chapitre 21 : Silence pesant

ShiroiRyu
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Chapitre 21 : Silence pesant

« Tiens, Zéran. C’est pour toi. Bon appétit. »

« Merci beaucoup, Cator. Je suis certain que ça sera bon. » répondit le félémon aux cheveux blonds à son compagnon ventripotent. Ce fut l’une des rares conversations de la journée depuis l’attaque de la part des célestiens.
Nul n’avait vraiment cherché à converser avec les autres et même s’il n’était pas habitué à être en groupe, il avait très bien compris la raison qui poussait tout le monde à agir de la sorte. Ils … avaient été piégés. Même si les célestiens avaient prétendu que c’était eux qui avaient été floués, la vérité était toute autre.
Quelqu’un du groupe, qui savait donc quel chemin ils allaient prendre, avait réussi à indiquer d’une manière ou d’une autre, leurs présences aux félémons. A partir de là, les suppositions et les questions ne permettaient plus réellement de faire confiance aux autres. Lui-même l’avait déjà perdue auparavant mais cela venait de se renforcer grandement à cause de tout ça.


Quelques heures à peine s’étaient écoulées et il juste jeté un coup d’oeil pour voir qui était blessé ou non. Tant mieux pour tout le monde mais personne n’était blessé … sauf une même si elle évitait de le montrer. Klork avait été touché, face à trois célestiens et dire que malgré ça, le combat avait été beaucoup plus aisé …

« Par contre, dès que nous avons terminé de manger, nous pourrions reprendre la route sans aucun problème, non ? Sauf si quelqu’un a un souci de mobilité. »

« C’est bon pour moi. » déclara Klork, comme s’il s’était senti visé par les propos de Zéran. Les autres répondirent simplement par un mouvement de tête rapide, appuyant les paroles du félémon à l’unique œil doré valide.

« Alors tant mieux. Finissons-en vite et éloignons nous de là. De ce que j’ai compris, vous aviez déjà dit qu’auparavant, les cadavres risqueraient d’attirer quelques charognards et … »

« Zéran, nous somme déjà à un bon nombre de kilomètres de ces derniers. Nous n’avons rien à craindre, tu sais ? » lui dit doucement Agléa en le regardant, sourire aux lèvres.

« Ah … Ce n’est pas faux, c’est vrai, Agléa. Désolé, tout le monde. »

Pourquoi est-ce qu’il cherchait à faire autant la conversation ? Car le silence était vraiment trop lourd à ses yeux ? Car il avait des reproches à se faire ? Pourtant, il n’était pas celui qui avait décidé de prévenir les célestiens. Il ne savait même pas comment faire ! Et puis, à cause de ce combat, Klork était blessé … et ça, il n’arrivait pas à se le retirer du crâne.

« Bon ! Comme Zéran l’a dit, on va continuer et chercher un endroit où se reposer. J’imagine que le mieux serait une ville. Bon, dans les environs, je ne crois pas qu’il y en ait une mais d’ici demain ou après-demain, ça serait bon. »

« Nous te suivons, Cator. De toute façon, sans toi, nous serions perdus, tu le sais bien ? »

« Je le sais mais … Je ne m’attendais pas à ça, c’est tout, Zéran. Je suis désolé. »

« Tu n’as pas à l’être, Cator. Ce n’est pas comme si tu étais responsable de cette attaque. Ils nous sont tombés dessus sans que nous le sachions. »

« C’est … vrai, Zéran. Je vais éviter les sentiers battus. Peut-être qu’en allant sur des routes habituellement utilisées, nous serions plus en sécurité. »

Bien entendu, nul n’osait chercher à s’immiscer dans la conversation. Silesti était muette comme à son habitude ou presque tandis que Réxéros et Vélisa se parlaient entre eux. Sans même faire vraiment du commérage, ils avaient tellement confiance en eux deux que c’était normal … qu’ils communiquent qu’entre eux. Par contre, Agléa et Klork, chacun était de son côté. Ainsi, il n’y avait que deux petites conversations et encore …

Reprendre la route n’avait rien de bon, rien du tout. Une marche silencieuse et presque funèbre. Bien qu’ils n’avaient perdu personne et que les dégâts étaient minimes voire mineurs, aucun ne voulait prendre la parole. Lui-même avait essayé, comme pour s’excuser de ses pensées qu’il avait gardé au fond de lui ces derniers jours. Pourtant, c’était à peine si Agléa et Klork lui répondaient. Eux aussi, cela devait … être si déplaisant.

C’était surtout le côté froid de Klork qu’il avait du mal à supporter. Tellement habitué à ce que le félémon lui adresse la parole que là, il se sentait étrangement seul. En même temps, il s’était juré de ne pas lui faire confiance, à lui comme aux autres. Il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même pour un tel résultat, n’est-ce pas ?

D’autres heures s’écoulèrent et la soirée était maintenant arrivée. Prêt à aider Klork à monter leur tente, celui-ci fit un petit mouvement de la main tout en grimaçant, déclarant d’une voix qui se voulait calme :

« Je vais … m’en charger, Zéran. Ne t’en fait pas, ce n’est pas bien … important. »

« Euh, je peux décider ça par moi-même, non ? Et n’oublies pas de la Vanité. »

« Zéran de la Vanité. Oui … Mais je peux me charger de ça, ce n’est pas très difficile, oui. »

« Et moi-même, je considère que je peux t’aider. A deux, ça ira plus vite, Klork, non ? » chercha à dire encore et encore Zéran, regardant l’oeil doré du candidat de la Rage comme pour espérer avoir son approbation par rapport à tout ça.

« D’accord, Zéran de la Vanité. Ca sera mieux ensemble. »

Pfiou ! Il ne savait pas pourquoi mais il était vraiment soulagé que Klork accepte sa proposition. Même si dans le fond, il était convaincu que Klork irait plus vite pour monter la tente tout seul mais bon … Il était content et voilà qu’après une quinzaine de minutes, tout était en position, que ça soit leur tente ou celles des autres.

« Je vais chercher du bois. » vint dire Agléa tout en ayant sorti son fouet, Zéran ne comprenant pas à quoi cela allait lui servir. Elle remarqua son regard, reprenant : « Tu verras, c’est beaucoup plus simple avec ma méthode. Tu veux m’accompagner ? »

« Pourquoi pas Agléa ? J’en ai fini avec la tente. » dit-il après quelques secondes.

« Et puis, tu sais, nous pourrons … hein, tu acceptes ? Ah ben alors, allons-y tout de suite avant que tu ne changes d’avis ! » s’exclama la félémone avec plus de joie dans la voix que tout le groupe réuni. Là aussi, bizarrement, cela lui réchauffait le coeur. Ainsi, cela avait été décidé et il se mettait déjà en route sans plus tarder. Qu’est-ce qu’elle allait lui montrer ?
C’est peut-être pour cette raison qu’il avait accepté sa proposition. Agléa avait toujours été souriante et heureuse à ses côtés. C’était bien ce dont il avait besoin pour l’heure actuelle. Et tout ça car il n’avait aucune explication raisonnable à son comportement un peu infantile. Oui, ne pas faire confiance aux autres, c’était bien ce que son père lui avait dit avant de partir … mais était-ce vraiment impossible ? En même temps, avec les derniers événements, faire confiance à l’un des membres du groupe serait vraiment trop risqué.

« Ah … Sacrée journée que voilà hein, Zéran ? Mais nous nous en sommes tous sortis. »

« C’est exact, Agléa. Je ne savais pas que tu étais aussi douée pour te battre, c’est surprenant. » dit-il tout en la suivant, la félémone grimpant sur des racines au sol, sans même se soucier de la vue qu’elle offrait parfois à Zéran. Ou alors, elle s’en souciait mais elle savait que c’était assez efficace sur lui, ce qui était peut-être une bonne raison pour qu’elle l’accomplisse.

« Et bien, tu sais, on peut être une félémone vraiment très belle comme moi mais ça attire la jalousie ou certaines personnes mal-intentionnées. Pour ça, il a fallut que je saches me défendre, qu’importe la personne qui tentait de me mettre la main dessus. »

« Je vois, je vois … c’est donc plus de la protection que pour vraiment se battre ? Même si le pauvre célestien n’a rien pu faire contre toi. Enfin, contre les autres non plus d’ailleurs. Je ne savais pas qu’ils étaient aussi doués pour se battre. »

« Ils le savent tous. Nous sommes « l’élite » des félémons, Zéran. Si nous ne savions pas nous battre et nous défendre, nous ne pourrions même pas espérer être choisis. »

« C’est vrai … C’est une bonne remarque. ATTENTION ! » s’écria t-il subitement alors qu’il la voyait glisser sur une racine un peu moins solide que les autres. Aussitôt, il s’était placé dans son dos, la réceptionnant alors qu’elle poussait un petit cri surpris, finissant par atterrir sur Zéran qui avait réussi à rester debout.

« Oups, désolée, Zéran, je … Oh … Tu es plutôt costaud, non ? Malgré ma taille, je ne pensais pas que tu serais pas hiiiiiii ! »

Elle pensait bien. Il avait deviné le reste de sa phrase sans qu’elle na la termine, finissant par s’écrouler au sol, elle sur lui. Heureusement, sa poitrine gonflée était collée à son torse et non plus haut mais en même temps, qu’est-ce qu’elle était grande ! Non pas sa poitrine mais Agléa en elle-même. Elle chuchota :

« Et bien … Plus de peur que de mal … et la position n’est pas déplaisante, Zéran, non ? »

« Pas vraiment … mais en même temps, je peux à peine respirer, Agléa. Tu veux bien … »

« Me pousser ? On peut rester ainsi une ou deux minutes, non ? Rien ne nous l’interdis. »

Qu’est-ce que les autres allaient s’imaginer en les voyant ? Pour autant, il avait remarqué que la félémone s’était descendue le long de son corps, comme pour pouvoir faire que leurs deux visages soient à la même hauteur. Par contre, vu qu’elle était assez grande, sa poitrine avait légèrement descendue pour mieux se loger contre son corps.

C’était la première fois … qu’il était ainsi avec une félémone. Il ne savait pas vraiment où se placer mais en même temps, Agléa, malgré ses paroles, ne tentait rien de tendancieux. Alors qu’il l’imaginait en profiter de la situation, elle avait juste fini par poser sa tête contre son épaule, soupirant d’aise tout en chuchotant :

« Je suis contente de savoir que tu n’es pas blessé. Déjà avec ta fièvre, j’étais inquiète mais là … avec cette attaque … c’était tout simplement horrible. »

« Nous devrions aller récupérer du bois, ça serait mieux plutôt que de rester ici. On va se salir et ça fait déjà deux minutes, Agléa. Je crois que c’est plus que suffisant, non ? »

« Est-ce si déplaisant que ça, Zéran ? Mon corps a si chaud … en restant contre toi. »

« Ce n’est pas déplaisant mais nous sommes partis avec un objectif. Le mieux serait qu’on aille accomplir le-dit objectif. Allez, je vais te relever, fais attention. »

Il se sentait un peu mieux et il était vrai aussi qu’il avait assez chaud aux joues et aux oreilles en la regardant aussi proche de lui. Et surtout, en sentant ce parfum qui émanait de son corps Il finit par se redresser, la gardant auprès de lui jusqu’à ce qu’elle se retrouve debout en face de lui. Puis, sans crier gare, elle lui sauta à nouveau dans les bras, passant les siens autour du cou de Zéran, celui-ci s’apprêtant déjà à la repousser.

« Allons chercher du bois alors, Zéran, c’est bien ça ? »

« C’est le cas … mais pour ça, il faudrait que tu me laisses la possibilité de bouger. Tu ne crois pas que tu en fais un peu, voire beaucoup trop ? »

« On en fait jamais trop envers la personne qui nous intéresse, Zéran. Tu devrais le savoir ! Bon … J’avais dit que j’avais à te montrer comment je me débrouilles avec le bois. Mais peut-être que tu voudrais que je te montres autre chose ? »

A nouveau ce petit ton mutin dont elle s’enorgueillit. Et surtout, son index gauche s’était posé sur son décolleté, tirant très faiblement sur le tissu pour lui permettre de voir qu’elle avait toujours cette dentelle noire issue de son corset.

« Allons plutôt voir ta fameuse technique avec la récolte de bois. J’avoue que je trouve ça suspicieux un peu. De quoi es-tu donc réellement capable ? »

« Et bien … Tu vois le contrôle du fouet, n’est-ce pas ? Et bien, c’est principalement basé sur un mouvement tel qu’il me permet de s’enserrer autour d’un objet ou d’une personne. »

« Mais pour ça, il faut que l’objet ou la personne soit assez gros non ? Pour que tu puisses utiliser correctement le fouet. Enfin, si j’ai bien compris, si je ne me plante pas. C’est bien ça, non ? Ou alors, j’ai complètement faux et je me trompe sur toute la ligne. »

« Pas le moins du monde ! C’est pour ça qu’il va falloir que l’on trouve une racine assez solide ou plutôt une liane car les racines ne sont pas vraiment aussi « pliables ». Ensuite, on va réunir du bois et enfin, tu verras ce que je peux faire avec le fouet. »

Et tout ça en un claquement de doigts, n’est-ce pas ? Il avait un sourire un peu moqueur, allant bien mieux maintenant qu’il lui parlait. Pourtant, son sourire vint disparaître lorsqu’ils avaient attaché une belle quantité de bois en un fagot avec une liane des plus solides. Et ensuite ? Ce qui lui avait fait perdre son sourire ? Tout simplement qu’elle avait attaché ensuite son fouet à cette liane … et qu’elle la soulevait au-dessus du sol comme si de rien n’était. Ecarquillant les yeux, il avait tenté d’ouvrir la bouche sans qu’aucun son n’en sorte.

« Impressionné, non ? Contrairement à ce que tu peux croire, c’est plus avec l’aide de la magie du vent que simplement tirer une chose aussi solide. Simplement, grâce à mon fouet et avec cette magie, je peux alors déplacer à ma volonté et à ma guise ce que je désires et cela malgré que ça fasse un poids assez conséquent. »

« Tu … es sûre que tu n’as pas besoin d’aide ? Ça me paraît assez ennuyeux que je ne fasses rien du tout. J’ai vraiment l’impression d’être inutile, là. »

« Hmm … Tu pourrais poser ta main sur mon crâne et me féliciter pour ce bon travail ? »


Grand sourire aux lèvres encore de sa part. Dans le fond, malgré les derniers événements, est-ce que ça voulait dire qu’elle se sentait en sécurité avec lui ? Qu’elle ne craignait pas qu’il la trahisse ? Qu’elle ne le pensait pas responsable de cette attaque ? Hum … C’était … un soulagement, n’est-ce pas ? Voilà qu’il plaça sa main sur le sommet du crâne de la félémone aux cheveux auburn, se permettant même de caresser sa chevelure pendant quelques secondes. Elle poussa un léger soupir de plaisir non-feint avant de dire qu’ils pouvaient retourner voir les autres !
Bon par contre, l’ambiance en revenant était la même qu’en partant. Aucun ne s’adressait la parole, chacun était de son côté et il ne remarqua pas Klork. Délaissant Agléa en la félicitant encore d’avoir réussi à tirer ce fagot de bois bien qu’il s’en voulait de lui avoir laissé cette tâche des plus déplaisantes, il demanda si quelqu’un savait où se trouvait Klork.

« Je crois qu’il est parti se laver. Il ne semblait pas vraiment aller bien. »

« Et j’imagine que vous ne savez pas par où, n’est-ce pas ? » continua t-il de demander alors que chacun hochait la tête négativement.
Bien entendu … S’ils s’étaient montré utiles, cela se saurait. Ah … Enfin bon … Maintenant, le repas allait être possible et déjà, le feu commençait à crépiter, tous remerciant Agléa pour avoir emmené le feu. Zéran ne fit aucune remarque comme quoi il avait été là lui aussi. Dans le fond, il avait été plus là pour « superviser » le tout qu’autre chose.

Klork était revenu, une bonne trentaine de minutes plus tard, encore un peu trempé, observant le feu sans un mot. S’installant auprès de ce dernier pour se réchauffer, Cator était déjà en train de préparer le repas sur un autre bûcher. Est-ce qu’il devait parler à Klork ou non ? Vu qu’il avait réussi à communiquer avec Agléa, il pouvait peut-être s’adresser à Klork non ? RAAAAAAAH ! Tout ça parce qu’il avait laissé place à la suspicion depuis le début !

Et pourtant, Klork était bien l’unique personne dont il n’avait pas besoin de se méfier. Enfin … Beaucoup moins que les autres ! Et encore, dans l’ordre, ça serait Klork, Agléa, Silesti, Cator, Réxéros et Vélisa. Cette dernière, il n’arrivait pas à réellement … l’apprécier. Peut-être était-ce à cause de ses petites crises de colère qu’elle possédait ? Il n’en avait pas vraiment d’explications, il devait avouer. Par contre, à part lui, il voyait pas leurs cornes.

« Je crois qu’aujourd’hui, on a eut une rude journée. On ferait bien d’aller tous se coucher, ça serait mieux pour tout le monde, j’imagine. »

Mieux pour tout le monde. AH ! Quelle réplique stupide venant de sa part. Il eut un petit sourire mauvais, comme s’il s’en voulait de parler de la sorte. Sa principale préoccupation à l’heure actuelle était surtout Klork. Avoir de ses nouvelles, surtout par rapport à ses nombreuses blessures. Enfin, nombreuses, non … mais il était blessé. Il répéta :

« Je pense que je vais aller me coucher tout de suite. Bonne nuit tout le monde. »

« Bonne nuit, Zéran. Je te rejoindrais bientôt. J’ai encore quelques petites choses à faire de mon côté et ça sera bon aussi. » lui dit le félémon à la chevelure verte.

« Comme tu veux, Klork. Bonne nuit … encore une fois. »

Il se répétait, presque inlassablement, comme si de rien n’était. Peut-être qu’il était vraiment plus que fatigué mais en même temps, vue sa condition physique, c’était la meilleure chose qui pouvait lui arriver. Il n’était pas en état émotionnel de pouvoir continuer sur cette voie.


Le voilà tout simplement avachi dans la tente. Il ne chercha pas à fermer les yeux, il les gardait grands ouverts simplement pour attendre cette personne. Il avait besoin de discuter avec Klork comme il l’avait fait avec Agléa. Bon, sans que ça aille aussi loin qu’avec Agléa. Et puis, surtout, Klork était un félémon hein ?

« Je ne comprend pas comment je peux être aussi exténué… ah … »

Il se parlait à lui-même, comme pour se convaincre qu’il l’était réellement mais rien n’y faisait. Il gardait les yeux à moitié ouverts, les minutes s’écoulant inlassablement, les unes après les autres. Rien de rien, Klork n’apparaissait pas … et c’était presque étrange. Est-ce qu’il allait vraiment se coucher ? Peut-être qu’il devait aller le chercher.

« Ah … Zéran, est-ce que tu dors ? Si c’est le cas, tu n’as pas besoin de me répondre. »

Autant jouer le jeu. Il avait complètement fermé les yeux, sentant le souffle chaud de Klork sur son visage. Qu’est-ce qu’il faisait à être aussi proche ? Pourtant, il avait envie de discuter avec le candidat de la Rage alors pourquoi se sentait-il obligé de faire semblant de se cacher ? Qu’est-ce que ça allait lui apporter réellement ? Il en avait … aucune idée.

« Tant mieux … Je n’avais vraiment pas envie d’en parler aujourd’hui. Ah … Fichues blessures. Pourquoi est-ce qu’il a fallut qu’ils me ciblent là ? »

Des bruits de métal déposé sur le sol de la tente. Il pouvait rouvrir les yeux, il arrivait à voir le dos de Klork ainsi. Malgré le tissu brun, il y avait des marques rouges, des taches.

« Qu’est-ce qu’ils diraient s’ils savaient le nombre de coups reçus ? Ces célestiens n’avaient rien de simple contrairement à ce qu’ils pensaient. »

Et voilà qu’il l’entendait encore se plaindre et gémir … avant de retirer son haut ? Une petite mimique se dessina sur ses lèvres. Il s’attendait à des marques, des petites cicatrices mais pas … en aussi grande quantité. Qu’est-ce qu’il avait combattu pour en avoir autant ? C’était à peine s’il y avait encore de la peau normale sur son dos. D’ailleurs, il avait de nombreux bandages en haut du dos.

« Quel imbécile d’avoir oublié d’en prendre des propres pour me changer là-bas. Heureusement qu’il dort … Humpf … Ah … »

Il ne savait pas vraiment ce qu’était en train d’accomplir Klork mais il était sûr et certain que ça ne devait pas être réellement joyeux. Le félémon à la chevelure verte était comme concentré sur sa tache, retirant les bandages ensanglantés avant d’en faire de nouveaux tout en poussant un gémissement et une complainte de douleur.
Il aurait bien voulu l’aider, lui proposer de lui faire les bandages mais avec ce qu’il avait dit en rentrant dans la tente, c’était peut être mieux que non. Klork pouvait le considérer comme coupable, non ? Ça n’aurait rien d’anormal … aux yeux de ce dernier.

« Je suis … vraiment désolé, Klork. » finit-il par murmurer faiblement.

« Que … que … QUE … Zéran ? Tu es encore réveillé ? Depuis quand ?! » s’exclama le félémon sans pour autant se retourner en sa direction, restant de dos, ramenant son haut au niveau de son torse.

« Depuis longtemps. Je n’ai pas réussi à dormir, je suis vraiment désolé … J’ai vraiment eu beaucoup de mal pour ça mais … je suis désolé. »

« Tu es désolé de quoi ? De ce que tu as vu et que tu ne devrais pas voir ? Tu … Notre tente est éloignée des autres, je ne pense pas que je vais les réveiller mais … »

« Tes blessures et ces cicatrices, elles sont si nombreuses … Tu n’as pas mal ? »

« Bah, elles sont présentes depuis des années. Elles ne me font plus souffrir depuis bien longtemps. Mais c’est donc de ça dont tu parles ? Et de rien d’autre ? »

« De quoi est-ce que j’aurais pû parler, Klork ? Tu as été le seul à en combattre trois en même temps, je crois. Ils étaient une dizaine et … enfin voilà. Mais bon … »

« Ce n’est rien. Ce n’est pas bien important. Tu parlais de mes blessures de guerre, rien d’autre. Je sais bien qu’à dix-huit ans, avoir le corps déjà aussi cicatricé, ce n’est vraiment pas beau mais … étant le dernier membre de ma famille, je dois lui faire honneur. »

« N’oublie pas qu’il y a autre chose que la guerre dans la vie. Peut-être que tu devrais penser à prendre un peu soin de toi et de ton corps. Allez … Je vais tenter de dormir. »

« Peut-être … Zéran. Dors bien. » termina de dire Klork avant que le silence s’installe dans la tente. Dormir … même s’il se sentait vraiment mal.

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