Chapitre 23 : Nous étions quatre

ShiroiRyu
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Chapitre 23 : Nous étions quatre

Aucune explication. Il n’avait aucune explication à ceci. Comment arrivait-il à dormir aussi tranquillement et avec une personne qu’il ne connaissait pas ? Elle avait beau dire qu’elle le connaissait, lui ne s’en rappelait pas ! Elle s’était serrée contre lui pendant qu’il dormait et il s’était tout de suite réveillé. Il avait bien tenté de se débattre mais elle s’était mise à parler dans son sommeil :

« Tout les quatre… ensemble. Ses plus grands fans. »

Ses fans ? Mais de qui parlait-elle ? Il avait bien une idée en tête mais il voulait se la retirer tout de suite, il ne devait pas penser à ça. Mais il n’y arrivait pas ! Ca ne servait à rien ! Il ne pouvait pas s’empêcher de penser à lui ! De plus… Il ne sentait pas mal. Il ne vomissait pas comme avec Cynthia… C’était vraiment bizarre. Et dire que Gladys continuait de murmurer dans son sommeil ces mêmes phrases. Ca lui tapait sur le système mais il devait savoir :

« Ses plus grands fans ? De qui parles-tu ? »

Elle trembla légèrement, le serrant plus contre lui et il sentit sa poitrine contre son dos. Visiblement, il faisait une chaleur torrentielle sous la couverture puisque la chemise blanche de la jeune femme était trempée et il le remarquait bien. Elle murmura à nouveau pendant qu’elle dormait, répondant à Thierry :

« Monsieur Quentin… »

« Quentin ?! »

Aie ! Il n’y avait plus aucun doute ! Plus aucun doute possible ! Elle ne se moquait pas de lui, c’était impossible qu’elle se moque de lui ! Elle connaissait le nom de son père, elle ne plaisantait pas mais pourquoi ne se souvenait-il pas de la jeune femme ? Elle avait dit qu’elle, Pierrick et Cynthia le connaissaient mais pourtant les deux derniers n’avaient rien dit ou alors ils jouaient bien le jeu. Il retira les deux mains de Gladys autour de son ventre. Il se retourna avant de l’enlacer contre lui :

« Continue… Continue de parler de lui. Quel était son pokémon préféré ? »

« C’est… C’était Palinette. Une jolie Lockpin, une très jolie Lockpin. Elle était très forte. »

La jeune femme aux couettes noires lui répondait comme si de rien n’était. Elle semblait faire la conversation à quelqu’un dans ses rêves mais se doutait-elle un instant que la personne qui lui posait ces questions était avec elle, en train de l’enlacer ? Il y avait peu de chances. Du côté de Thierry, il ne cherchait même pas à cacher les émotions qui parcouraient son être à ce moment. Il continuait de lui poser des questions :

« C’était quoi son but ? »

« Conquérir Sinnoh et rendre heureux son fils Thierry. Il était gentil, Thierry. »

« Mais ça on s’en fout qu’il était gentil ! Est-ce qu’il était fort ? »

« Très fort ! Très très fort ! Et tout le monde l’aimait beaucoup. Le papa de Pierrick l’appréciait énormément et ils étaient amis. »

« Charles… »

Le nom du champion de Joliberges. Il était le père de Pierrick et ça il le savait. Pourquoi avait-il effacé tous les souvenirs de ces moments dans sa mémoire ? Il n’avait aucune explication mais il devait remercier la jeune femme aux couettes noires. Grâce à elle, il se sentait un peu mieux au fond de lui, savoir que d’autres… n’avaient pas oublié son père avait suffit à le rendre heureux. Un jour, il retournera à Charbourg et ira saluer et discuter avec Pierrick. Peut-être qu’il allait lui permettre de retrouver d’autres souvenirs. Même si il ne se souvenait de rien, il pouvait toujours s’aider de lui, de Gladys et de Cynthia… Cynthia ! Il fallait qu’il lui pose des questions lorsqu’il allait la voir ! Finalement, il s’endormit contre Gladys, ne lui posant plus de questions.
Le lendemain matin, il se réveilla, les yeux à moitié clos, remarquant que la jeune femme aux couettes noires était partie de ses bras. En un sens, ça lui était égal, il s’en fichait pas mal mais quand même… Comment se fait-il qu’il n’ait rien ressenti ? Gladys se présenta à lui, quelques boutons de sa chemise blanche ouverts pour laisser apparaître un décolleté qui pouvait promettre bien plus que prévu bien qu’il n’égalait pas celui de Cynthia. Il se donna une claque sur le front, se disant que ce n’était pas l’heure de penser à de tels trucs.

« Bien dormi, Thierry ? »

« Oué, oué, ça peut aller mais faut pas croire que je redormirais une seconde fois. »

« Une seconde fois avec moi ? Ou une seconde fois tout court ? »

« Fais pas la maligne ! »

Elle éclata de rire alors qu’il se levait, remarquant que sa propre veste était ouverte légèrement. Il observa Gladys qui détourna le regard en rougissant. Il poussa un léger grognement pour lui dire qu’il n’appréciait pas ce genre de choses et elle alla se réfugier dans la cuisine. Quand à lui, il se dirigea vers la salle de bain pour se donner un petit coup d’eau sur le visage.

« Je vais préparer le petit-déjeuner. Tu aimes quoi ? »

« Je m’en fous ! Comme si ça m’intéressait que tu saches ce qui me plaît ? Je te rappelle que je suis ton futur adversaire ! »

« Ce n’est pas pour cela que je dois tenter de t’empoisonner pour le repas. »

Elle rigola à nouveau, Thierry ne lui répondant pas tandis qu’il s’observait dans le miroir. Il avait une sale mine… du moins pour lui. Il avait le regard clair et heureux, comme si il avait passé la meilleure nuit de toute sa vie. Il n’aimait pas ça : On commence comme ça et on finit par oublier la raison qui le poussait à être à Sinnoh.

« Je vais vérifier si la tempête s’est arrêtée. »

« Ce n’est pas le cas, ne te fatigue pas pour rien ! »

Néanmoins, il alla vérifier, ne faisant guère confiance à Gladys. Visiblement, il avait déjà oublié la nuit qui s’était déroulée avec elle. Il se dirigea vers la porte d’entrée, ouvrant cette dernière avant de recevoir à nouveau un violent souffle de neige dans le visage. Elle avait raison… totalement raison. Gladys sortit de la cuisine, posant sur la table quelques œufs sur le plat, des tartines et quelques bols contenant un liquide brun et chaud.

« Viens donc t’asseoir, Thierry. Heureusement que je sais quand même cuisiner. Dans ce genre de moments, ce n’est pas une compétence inutile hihi. »

« Ca se terminera jamais ce truc ? »

« Allons fais pas cette tête ! Je t’ai dit hier qu’elle s’arrêtera aujourd’hui. Il te suffit juste d’attendre quelques heures et je te guiderais à Frimapic, d’accord ? »

« Pourquoi tu irais guider ton ennemi ?! Je te rappelle que je suis ton futur adversaire. »

« Oui, oui. Parle toujours, tu m’intéresses Thierry ! J’ai le droit de choisir encore si je veux aider quelqu’un ou non. »

Tsss ! Elle était aussi caractérielle que Cynthia mais sous une autre forme. Il alla s’installer en grognant légèrement, ne cherchant même pas à regarder Gladys dans ses yeux orange. Il alla manger sans aucun mot, la jeune femme faisant de même. Le petit-déjeuner se passa dans le silence, Gladys tentant bien de faire la conversation mais il refusait obstinément de lui répondre. C’était quoi son problème ?

« Tu m’en veux, Thierry ? J’ai fait quelque chose de mal ? »

« Non mais me prend pas la tête ! Je ne veux pas que tu croies qu’il y a quelque chose entre toi et moi. Evite de penser que je suis gentil avec toi ! »

« Je n’ai jamais pensé cela, c’est toi qui te fixe cette idée, hihi. »

Mais pourquoi il avait à s’expliquer de toute façon ?! C’était pas son problème ! Tout se mélangeait dans sa tête depuis qu’il avait vu Gladys, depuis qu’il avait dormi avec elle. Il termina son repas, se préparant à sortir à nouveau alors que déjà la jeune femme au pull autour de la hanche reprit la parole :

« Mais qu’est-ce que tu vas faire ?! »

« Ca ne se voit pas ?! Je vais sortir d’ici ! J’en ai assez de rester dans cet endroit ! »

« Mais… Et la tempête ?! Tu vas faire une bêtise ! »

« Mais je m’en contrefous ! J’ai pas que ça à faire de rester avec toi et prendre la dînette ! »

« Mais pourquoi… Tu as tant changé ? »

Elle s’était approchée de lui, serrant sa main gauche de ses deux mains en baissant la tête. Elle voulait une réponse de sa part, savoir si c’était bien là la raison qui l’avait fait devenir ainsi. Thierry ne retira pas sa main, se trouvant devant la porte. Finalement, après une quinzaine de secondes, il dit sur un ton fatigué :

« Chacun change Gladys. Je ne sais pas qui était celui que tu as connu mais je ne suis plus ce dernier. Maintenant, lâche ma main et laisse moi aller à Frimapic. »

« Je t’accompagne ! Je ne peux pas te laisser partir tout seul ! Tiens bien ma main et prépare tes affaires ! »

« Elles sont déjà prêtes… »

« HIIII ! Mais pas les miennes ! Attends quelques minutes s’il te plaît ! »

Il poussa un profond soupir désabusé alors que la jeune femme relâchait ses deux mains. Elle était surexcitée mais vraiment chaleureuse. Comment avait-elle réussi à être championne de Frimapic, ville réputée pour son grand froid ? Une manieuse de glace aussi gentille et amicale, elle était un paradoxe à elle-même. Elle revient finalement après huit minutes, ayant refermé les boutons de sa chemise blanche tandis qu’il avait bien remis son écharpe blanche autour de son cou. Il prit tout de suite la parole :

« Hey mais… Tu ne vas pas y aller comme ça ?! »

« Et pourquoi ? Où est le problème ? Ma tenue n’est pas bien ? »

« Mais t’es arriérée ou quoi ?! Il doit faire moins vingt dehors et toi, tu restes dans cette tenue ! Vas t’habiller un peu plus chaudement ! »

« Mais j’ai que ça sur le dos et arrête de me crier dessus ! Je n’ai pas peur de la tempête ! Tu vas voir comment je me débrouille ! Friola, viens donc devant moi ! »

Devant les yeux étonnés de Thierry apparu un Blizzaroi… Plutôt une reine si on jouait sur les mots. Elle ressemblait exactement à la créature qu’il avait rencontrée hier. Rapidement, la colère lui montait déjà mais il se rappela que celui qui l’avait attaqué ressemblait à un mâle. De plus, d’après ses connaissances…

« Laisse moi voir un truc. Je n’ai pas touché l’autre mais je veux vérifier quelque chose. »

« Mais qu’est-ce que tu lui fais ? »

Il touchait la fourrure de la Blizzaroi, remarquant bien que celle-ci était plus épaisse que l’autre. Malgré sa mauvaise vision dans la neige, le cri de celui qui l’avait attaqué était bien plus masculin que féminin. Finalement, il poussa un nouveau soupir avant de dire :

« Non rien, c’est bon. Mais en quoi ta Blizzaroi va nous aider ? »

« Héhéhé ! Friola, tu veux bien lui montrer ce que tu sais faire ? »

« Blizza ! »

La créature à la fourrure blanche ouvrit la porte, se positionnant devant Thierry et Gladys. Celle-ci demanda au jeune homme de bien rester derrière Friola alors qu’ils sortaient finalement de la cabane. Après plusieurs minutes, il comprit ce qui se passait : La tempête de neige était bien là mais… Elle semblait éviter la Blizzaroi comme si cette dernière était en train de la contrôler. C’est vrai ! Pourquoi n’y avait-il pas pensé sur le coup ?

« Les Blizzarois et leurs sous-évolutions, les Blizzis, sont capables de contrôle les tempêtes de neige du moins pour éviter qu’elles ne s’abattent sur eux. »

« Mais mais mais mais… En y réfléchissant… »

« Quoi donc, Thierry ? Tu sembles choqué. »

« Mais pourquoi tu n’as pas fait ça hier ?! On aurait put partir d’ici plus tôt ! »

« Oups… Disons que… J’ai un peu oublié. »

Elle se tapota légèrement le dos de sa tête pour dire qu’elle était désolée alors qu’il l’observait d’un air suspicieux. Se moquait-elle de lui ? Il y avait intérêt que ça ne soit pas le cas, il n’était pas du genre à apprécier ce genre de blagues. Ils restèrent derrière Friola alors que la tempête de neige semblait s’arrêter peu à peu bien qu’elle ne disparaissait jamais totalement. Maintenant, il arrivait à voir à peu près convenablement et il s’était mis en mode grognon :

« J’espère qu’on arrive bientôt. Plus vite, je m’occupe de toi, plus vite je me barre d’ici. »

« Non mais ne boudes quand même pas ? Je t’ai dit que j’étais désolée, Thierry. Désolée ! »

« Ca ne change rien qu’on a perdu une journée pour rien et que j’ai dû dormir avec toi. »

« Dis tout de suite que c’était déplaisant ! »

Elle lui tira la langue tandis qu’il ne lui répondait pas. Sincèrement, il avait gaspillé une journée inutilement à cause de ça ! Mais en un sens… Il devait aussi remercier la jeune femme aux longues couettes noires pour la soirée qu’il avait passé. En un sens et il devait le reconnaître, grâce à elle, il avait maintenant une petite raison de plus de rester à Sinnoh. Une raison qu’il n’arrivait pas encore à expliquer parfaitement mais si il était lié à Pierrick, Gladys et Cynthia, alors il y avait une petite chance qu’il retrouve ce pan de mémoire qu’il avait perdu ce jour là. Une partie des souvenirs qu’il avait oublié… Ce moment où il n’était qu’un simple enfant… Ce moment où il avait encore son héros devant ses yeux, le seul qui comptait véritablement pour lui. Plusieurs heures se déroulèrent, Friola guidant les deux jeunes personnes comme si elle connaissait le chemin avant que finalement, ils n’arrivent à une sorte d’escalier recouvert partiellement de neige. Gladys prit la parole en souriant :

« Nous voilà arrivés à Frimapic ! »

« Emmène moi directement à ton arène, on va se battre… Oh et puis non, montre moi où se trouve le centre pokémon, j’ai quelques petits trucs à faire avant. »

Elle haussa les épaules avec un petit sourire amusé. En un sens, il lui parlait et c’était une très bonne chose. Il ne restait plus qu’à changer son caractère pour le rendre moins grincheux et c’était parfait. D’un pas lent mais sûr, les deux personnes se dirigèrent dans la ville de Frimapic, Gladys l’emmenant vers le lieu qu’il voulait. D’ici quelques heures au grand maximum, le septième champion allait affronter son challenger.

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