Chapitre 30 : Aux petits soins

ShiroiRyu
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Chapitre 30 : Aux petits soins

Il fronça les sourcils, poussant un petit gémissement avant d’ouvrir les yeux. Où est-ce qu’il se trouvait ? Qu’est-ce qui s’était passé ? La dernière chose dont il se rappelait était … la collecte de branches puis une bien plus grosse qui l’avait frappé en plein sur le front. Le front … Il posa une main sur celui-ci, s’apprêtant à gémir avant de remarquer qu’il avait un bandage. Tiens ? Et d’ailleurs, où est-ce qu’il se trouvait ?
Un rapide coup d’œil autour de lui lui permit de deviner la réponse à sa question. Il se trouvait dans une tente … Sûrement celle où il dormait avec Manelena. D’ailleurs, la jeune femme n’était pas là ? Et surtout, qu’est-ce qui s’était passé entre le moment où il s’était évanoui et celui actuel ? Il poussa un petit soupir, encore à moitié endormi. Il se leva, se dirigeant vers la sortie de la tente avant de remarquer qu’il titubait et avait plus que mal au crâne, comme une violente migraine. A peine il fit un pas au-dehors de la tente et voilà que sa vue se brouilla et qu’il s’écroula sur le sol.

« Qu’est-ce que … Tery ? » demanda une voix féminine alors qu’il entendait des bruits de pas qui se dirigeaient vers lui. Difficile de savoir qui était en train de le relever, il avait beaucoup de mal à apercevoir cette personne à cause de sa vue brouillée.

Il fut ramené dans la tandis qu’il respirait bruyamment et rapidement. C’était quoi ce qui se passait avec son corps ? Il était brûlant ! Il avait beaucoup trop de mal à raisonner correctement ! Il ne savait même plus ce qui se passait. Ah … Ah … Ce coup sur la tête qu’il avait reçu, qu’est-ce qu’il lui avait fait ? Il ne savait pas, pas du tout même. Il tenta de balbutier quelque chose, plongeant à nouveau dans l’inconscience.

Mal … Il souffrait … Ca lui rappelait tellement de souvenirs … lorsqu’il était enfant … Lorsqu’il était malade. Est-ce qu’il était malade ? C’était stupide … Comment pouvait-il être malade alors qu’il ne l’avait jamais été depuis quelques années ? Depuis qu’il avait quitté le village. Ah … Ah … Il avait du mal à raisonner, tellement de mal. Ah … Ah … Tiens ? Il entendait des voix ? Il devait … essayer de les comprendre. Il devait faire un effort. Il tenta de se relever, poussant un gémissement plaintif avant de s’écrouler à nouveau au sol, restant couché. Aussitôt après son gémissement, une tête se fit voir à l’intérieur de la tente.

« Fausse alerte. Il est toujours en train de dormir. » murmura une voix qu’il reconnut comme féminine. C’était … la maréchale ? Ou … Sérest ? Ah … Il ne savait pas du tout.
Tout ce qu’il savait, c’est qu’il était en train de brûler dans ses vêtements, il était en train de se consumer sans possibilité de s’arrêter. Il devait éviter de rester là. Il devait bouger de là ! Il poussa un long râle, gesticulant sous la couverture alors que maintenant, plusieurs personnes pénétraient dans la tente. Qu’on le libère de cette chaleur ! Il était en train de se consumer ! De se consumer ! Il devait prendre l’air !

« Mais qu’est-ce qui lui arrive, bon sang ?! »

« Avec toutes ses couvertures, il est normal qu’il réagisse ainsi. Il faut les lui retirer et retirer son haut. Il aussi éponger sa sueur. Je ne pensais pas avoir affaire à une telle infection. Est-ce que tu peux m’aider Séran ? Manelena, est-ce que tu peux aller chercher de l’eau ? Normalement, ça ne devrait pas être trop difficile. »

Séran ? Manelena ? Alors … La seconde voix … Celle qui venait de parler, c’était bien Sérest ?Ah … Ah… Mais malgré tout ce qu’elle disait, il continuait d’avoir si chaud. Pourquoi est-ce qu’il avait aussi chaud ? POURQUOI ? Il sentit qu’on relevait son corps, retirant son haut alors que quelque chose de froid se posait sur son torse, puis ses bras … et son dos … C’était froid, très froid, il tremblait même mais était-ce à cause du froid ou alors de sa maladie ? Malade … Comment pouvait-il être malade ?

« Tu as ramené ce que je t’ai demandé, Manelena ? Merci bien … Bon, par contre, il faut que je fasse autre chose. Je vais voir dans les alentours s’il y a quelques herbes qui peuvent être utilisées pour atténuer la fièvre. Séran, est-ce que tu peux venir avec moi ? »

« Hum ? Et vous avez le laisser comme ça ? Il continue de dégouliner de sueur. » annonça la voix de Manelena, facilement reconnaissable. Elle ne semblait pas être heureuse d’être là. Ah … Il comprenait. Vraiment …

« Tu peux t’en occuper pendant ce temps, non ? Séran, nous y allons. »

« HEY ! Mais attendez, je n’ai pas que ça à faire ! » s’écria Manelena. Il entendit les bruits de pas qui s’éloignaient à toute vitesse de la tente avant que le silence résonne dans la tente. Puis finalement, au bout de deux minutes, la voix de Manelena reprit : « Je vous jure … Vraiment. Comme si une maréchale allait s’occuper d’un simple soldat. Un soldat qui tombe fiévreux dès la première petite infection de pacotille. »

Il aurait bien aimé dire que ce n’était pas de sa faute mais il était le seul responsable de son propre corps. Il ne pouvait même pas lui parler, incapable de proférer quelques paroles. Une main se posa sur son front pendant quelques secondes avant de se retirer.

« Qu’est-ce que tu veux que l’on vérifie avec une main ? Tsss … Vraiment, si tu étais malade, il n’y a qu’une solution pour voir si tu as réellement de la fièvre. »

Elle lui parlait ? Mais est-ce qu’elle savait qu’il était réveillé ? Ou du moins, à moitié conscient ? C’était une question qu’il se posait avant que ses pensées ne soient complètement brouillées par autre chose. Qu’est-ce que … Qu’est-ce que Manelena venait de poser sur son front ? Et puis, il sentait un léger souffle qui venait caresser ses lèvres.

« Pfff … Ca m’a l’air quand même assez réaliste. Ce n’est pas de la comédie. » reprit la femme aux cheveux argentés bien qu’il sentait qu’elle ne bougeait pas cette chose sur son front. « Tsss … Tu as l’air si faible, encore plus vulnérable que d’habitude, Tery Vanian. Il serait si facile de se débarrasser de toi … après tout ce que tu m’as fait subir, n’est-ce pas ? Qu’est-ce que tu en penses ? Ah mais tu n’es pas conscient … Ça serait si simple … Tery. Je pourrais enfin être tranquille. Tu me pourris l’existence depuis que tu es là. Je me demande même pourquoi est-ce que tu n’as pas encore décidé de partir et de me laisser tranquille ? Hum ? Pourquoi est-ce que tu n’arrêtes pas de me coller depuis le début ? Tu crois que je veux devenir ton amie ? Que j’ai besoin d’une personne comme toi à mes côtés ? Regarde dans quel état tu es … Tu ne sais rien du tout, pauvre idiot. »

Pourquoi est-ce qu’elle parlait autant ? Il pouvait quand même l’entendre même s’il ne pouvait pas bouger. Ah … Peut-être qu’en faisant un petit mouvement, un petit mouvement de rien du tout. Peut-être qu’ouvrir les yeux ? Il poussa un faible gémissement, ouvrant les yeux pour apercevoir … le visage de Manelena juste en face du sien ? Elle avait collé son front contre le sien et ce qu’il avait senti sur ses lèvres était le souffle chaud qui sortait de celles de la jeune femme ? Celle-ci le fixa pendant quelques secondes de ses yeux rubis avant de retirer son front avec calme. Il referma avec lenteur ses yeux, chuchotant faiblement :

« Pardon … Manelena. Je suis … désolé. »

« Hum ? Pardon pour quelle raison ? T’es réveillé visiblement ? Bon, donc, tu n’as pas besoin de moi pour te nettoyer. Débrouille-toi seul. »

« Pardon … de te causer … autant de problèmes. »

Comment est-ce qu’elle pouvait le laisser dire ça ? Alors que c’était elle la responsable de cette branche qui lui était tombée sur le crâne ! Tsss ! Pourquoi est-ce qu’il disait ça ? POURQUOI ? POURQUOI ? Ca l’énervait encore plus que tout le reste ! ENCORE PLUS !

« Tais-toi et repose-toi au lieu ! Tu crois vraiment que tu es en état de pouvoir parler ? C’est mieux que tu la mettes en veilleuse car je risquerai de ne plus te supporter ! »

« Par … » commença t-il à dire alors qu’elle s’écriait :

« Je t’ai dit de la fermer ! C’est pourtant clair ? LA FERME, TERY ! »

D’accord. D’accord. Il était vraiment désolé … Mais il ne pouvait pas le dire alors. Les yeux clos, il chercha tout simplement le sommeil alors qu’il sentait que la femme aux cheveux argentés restait près de lui. Assise, elle veillait sur son sommeil qu’il ne tarda pas à retrouver plus que rapidement. Ce qui se passa après, il ne le saurait jamais.


Le lendemain matin, lorsqu’il ouvrit les yeux, la fatigue semblait avoir complètement disparu. Il se sentit bien mieux et décida de se lever, s’arrêtant au beau milieu de son geste. Manelena était en train de dormir elle aussi, assise contre la toile de la tente. Ses deux mains étaient posées de part et d’autre de son corps alors qu’elle semblait réellement exténuée. Elle avait fait beaucoup d’efforts ou … Il n’eut pas vraiment le temps de penser à tout cela, la jeune femme se réveillant quelques secondes après lui, ses yeux rubis à moitié ouverts.

« Finalement debout ? Ça a l’air d’aller mieux … on dirait … »

« Bien mieux ! Je me sens même en pleine forme. J’ai aussi l’impression d’avoir maigri de plusieurs kilogrammes. Mais … Je n’arrive pas à savoir ce qui s’est passé. »

« Il ne s’est rien passé du tout ! Tu étais tout simplement malade ! » éructa t-elle en se redressant, marchant à toute allure hors de la tente.

« Hein ? Mais qu’est-ce que j’ai dit cette fois ? » bafouilla le jeune homme avec incompréhension. Il était malade … Et il se rappelait un peu de ce qui s’était passé avant qu’il ne soit inconscient. Enfin … La maréchale n’avait été pas trop loin de lui. Lorsqu’il sortit de la tente à son tour, Sérest lui fit un grand sourire.

« Et bien … On dirait que la fièvre est passé, n’est-ce pas ? C’est une bonne chose. Je ne pensais pas que cela prendrait toute une journée. »

« Je suis resté couché pendant une journée ? Mais mais mais … Et comment vous avez-fait ? On n’a pas avancé ? Je suis vraiment désolé, Manelena. »

« Tsss … Il vaudrait mieux pour toi que tu te taises. » murmura la femme dans sa robe de métal blanc alors qu’il se demandait si ses paroles lui étaient destinées … ou alors à quelqu’un d’autre. Il avait un peu cette impression en l’écoutant.

« Pardon, pardon … Mais ce n’est pas l’endroit où nous étions d’après ce que je me rappelle ? Où nous trouvons-nous ? Vous n’avez pas eu de mal à vous déplacer avec moi ? »

« Loin de là, Tery. Loin de là … Quelqu’un t’a porté pendant tout le trajet. » annonça Sérest, Manelena tournant aussitôt son visage vers elle.

« Merci beaucoup, Séran. Je devais être quand même bien lourd à force. » répondit le jeune homme d’un air un peu confus, Sérest s’apprêtant à ouvrir la bouche avant de s’arrêter. Ah … Bon … Il était un peu stupide … ou alors le faisait-il exprès ? En observant brièvement le jeune homme, elle le vit regarder Manelena du coin de l’œil. Non … Il n’était pas aussi idiot que ça. Il comprenait parfaitement ce qui s’était passé. Elle fit un petit geste à Séran pour lui dire de ne pas compliquer la chose, l’homme hochant la tête positivement.

« Tu ne vas quand même pas remercier un type qui n’a rien fait. » annonça Manelena séchement, Tery penchant la tête sur le côté, la regardant avec interrogation. « C’est moi qui t’ai porté pendant tout le trajet et oui, tu étais sacrément lourd. Heureusement que tu ne portes pas une armure en plus, tu … Qu’est-ce qu’il y a encore ? Tu arrêtes de me regarder d’un air bête ? TERY ! Arrête ça, j’ai dit ! » s’écria t-elle à la fin.

« Ah ! Non … Merci … Enfin, merci beaucoup. J’ai un peu honte que ça soit toi qui ait dû me porter pendant tout le trajet, Manelena, c’est tout. »

« Mais ne t’en fait donc pas, Tery. Manelena a aussi veillé sur toi pendant toute la nuit. Elle était à ton chevet et n’arrêtait pas de t’observer pour voir si tu allais bien. De même, elle a serré ta main toute la journée pour voir s’il y avait un quelconque mouvement de ta part. C’était très attendrissant comme spectacle. »

« Je ne crois pas qu’il ait besoin d’avoir ce genre de détails alors abstiens-toi, Sérest. » annonça la jeune femme aux cheveux gris sèchement.
Puis plus rien ne fut prononcé. Il fallait dire que Tery était toujours un peu confus, continuant de regarder Manelena alors qu’il marchait à ses côtés. C’était vrai tout ça ? Il se serait douté pour le fait qu’elle l’ait porté sur son dos. Mais pas pour le reste … Enfin, ce n’était pas vraiment ce que Manelena ferait d’après ce qu’il savait d’elle. Mais peut-être qu’il se trompait lourdement à son sujet depuis le début ? Non. Ce n’était pas possible.

« Quelle chance d’avoir été inconscient pendant une journée, Tery. Tu ne t’es pas ennuyé pendant que nous marchions sans nous arrêter. D’après ce que Manelena a dit, nous devrions être proches des frontières de l’ouest voir nord-ouest de Shunter … Donc aux abords de Mékalarma. » annonça calmement Sérest.

Que … Que … Quoi ? Ils allaient retourner à Mékalarma ? Mais mais mais … Il n’avait vraiment pas envie avec tout ça ! Le golem géant ne lui laissait guère un bon souvenir. D’ailleurs, les éclairs non plus au passage. Bref … C’était quoi ça ? Cette nouvelle ? Aie, aie, aie … Ca ne lui plaisait pas du tout ! Pourtant, il ne répondit pas à Sérest, voulant éviter de se mettre Manelena à dos une nouvelle fois. Et puis, avec tout ce qui avait été dit, c’était vraiment pas son intention. Mais Manelena … faire ça ? Si encore, elle avait rougit aux paroles de Sérest ou alors, avait montré un peu de gêne, il aurait pu y croire … Mais la jeune femme restait imperméable ou presque au niveau émotionnel. Comment savoir si c’était la vérité ou alors tout simplement une boutade de la part de Sérest ? Difficile à deviner.

« Pendant que … j’étais convalescent … Est-ce qu’il s’est passé quelque chose ? » demanda-t-il finalement bien qu’il n’osait pas regarder Manelena.

« Rien du tout. Quand tu t’adresses à une personne, aie au moins la décence de l’observer. C’est impoli, Tery Vanian. » murmura la jeune femme aux yeux rubis.

« Ah … Pardon, pardon, Manelena. C’est juste que … Enfin bon … Merci de m’avoir répondu. Et aussi un peu pour tout ce que tu as fait. »

« Tu me remercies un peu pour ce que j’ai fait ? UN PEU ?! » s’écria t-elle, s’énervant subitement alors qu’il se confondait en excuses aussitôt.

« Je ne pensais pas à mal ! JE TE LE PROMETS ! »

« Ca va alors … Mais évite de te choper une nouvelle maladie, la prochaine fois. Vraiment … C’est quoi ce corps que tu possèdes ? Dès que tu as une maladie, c’est limite un drame national. Tu ne veux pas aussi que la prochaine fois, j’appelle les soigneurs royaux ? »

« Hein ? Quoi ? Les soigneurs royaux ? Euh … C’est juste que des fois, je suis malade, enfin, ça m’arrive très rarement. Pour te dire, je ne l’ai jamais été depuis que je suis dans l’armée de Shunter. J’ai été blessé, mais jamais malade. » dit-il avec neutralité.

« Et qu’est-ce que tu veux que ça me fasse hein ? »

Mais c’était elle qui lui parlait de tout ça ! Avec ses soigneurs royaux ! Il voulut lui répondre mais il préféra s’abstenir. Il n’avait vraiment pas envie de se battre avec la maréchale maintenant. Il s’était excusé, il l’avait remerciée et voilà, ça s’arrêtait là. Il poussa tout simplement un léger soupir désabusé alors qu’il accélérait le pas. En plus, avec ce qu’il venait d’apprendre, ça ne lui plaisait guère de se rendre à la frontière avec Mékalarma, loin de là même. Dire qu’il y avait été pour ces médaillons … ces fichus médaillons. Plus il en entendait parler, moins il les appréciait.

« Tery ? Coucou. » murmura une voix à côté de lui, le faisant sursauter mais surtout quitter ses rêveries ? C’était la femme ailée ?

« Euh … Coucou ? Qu’est-ce que je peux … faire pour toi, Sérest ? »

« Oh pas grand-chose. Tu t’es éloigné un peu du reste du groupe et je me demandais pourquoi. Peut-être que tu as envie de parler un peu ? De tout et de n’importe quoi bien entendu. »

« Je ne sais pas vraiment, je dois te l’avouer … Je n’ai pas forcément envie de parler. Je n’ai aucun sujet en tête et en plus, on doit essayer d’accélérer le rythme. Pourquoi est-ce que j’ai été envoyé en mission d’éclaireur ? Je ne suis clairement pas doué pour ça. »

« Il ne faut pas dire que l’on n’y arrivera pas avant d’avoir essayé, Tery. C’est aussi simple que cela pourtant, non ? Alors, tu fais des petits efforts et tu y arriveras, j’en suis sûre. »

Hum … Est-ce qu’elle pouvait lui pardonner de ne pas être convaincu par ses paroles ? Car bon … Avec tout ce qui se passait, malgré tout le temps écoulé avec les missions, ses entraînements dans l’armée, ses combats, il ne se sentait jamais réellement à sa place, loin de là même. C’était souvent le contraire. Il poussa un léger soupir, murmurant :

« Ce n’est pas … vraiment ce que je voulais de toute façon … »

« Hum ? Être dans l’armée de ton royaume ? Tu regrettes d’être l’un des protecteurs de ton royaume ? C’est plutôt … stupéfiant comme point de vue. »

« Non non ! Je ne regretterai jamais ça ! Pas du tout même ! C’est autre chose … Enfin, c’est plutôt compliqué, je dois l’avouer. Je suis assez … perturbé. »

« A cause de Manelena, n’est-ce pas ? Ne t’en fait donc pas. Tu veux un conseil de ma part concernant Manelena ? » chuchota Sérest en se rapprochant de lui, prête à lui dire quelque chose dans l’oreille avant qu’il ne la repousse faiblement.

« Je crois qu’il vaut mieux que je la laisse tranquille, c’est la meilleure chose à faire. »

« Ah … Tu ne comprendras donc jamais le cœur d’une femme. Surtout celui de Manelena qui est plus que facile à lire. » répondit Sérest en émettant un petit rire. Elle s’éloigna en le laissant seul, le jeune homme la regardant partir en haussant un sourcil. Manelena était facile à comprendre ? Personnellement, il avait besoin du manuel d’utilisation car c’était tout le contraire ce qu’il ressentait envers elle. Elle restait des plus compliqués et il n’avait jamais connu une femme comme ça … à part Elen. Mais Elen encore, c’était un joli comportement, bien appréciable, il devait le reconnaître. Il ne remarqua pas que Manelena s’avançait vers lui. Elle posa une main sur son épaule, murmurant :

« Qu’est-ce qu’elle t’a encore raconté cette femme ? »

« Manelena, cette femme s’appelle Sérest. Tu pourrais quand même évoquer son nom même si tu ne l’apprécies pas. » marmonna le jeune homme.

« Et depuis quand tu me fais un reproche hein ? Exprime-toi clairement ! »

« Ce n’était pas un reproche mais une remarque, Manelena. C’est tout. »

Il semblait plutôt las et fatigué … Encore une fois, il allait se disputer avec elle. C’était devenu une habitude, une très mauvaise habitude à ses yeux. Enfin bon … Il ne pouvait rien y faire. Il baissa la tête, continuant de marcher sans même savoir où se rendre. Pourtant, après une minute, une main se posa sur son front, le faisant crier de surprise.

« Non … Ca a l’air d’aller. Je pensais que la fièvre était revenue. »

Ma … Manelena ? La jeune femme qui avait continué de marcher à côté de lui … Elle … Elle venait de mettre sa main sur son front ?

« Manelena ! » s’égosilla-t-il, un peu apeuré et surtout étonné.

« Quoi donc ? Qu’est-ce qu’il y a ? C’est quoi encore ton problème ? »

« Je vais … encore dire une bêtise, je crois. » marmonna le jeune homme, Manelena soupirant aussitôt comme si elle s’y attendait. Elle lui demanda :

« Et bien, tu ne veux pas plutôt me la dire au lieu de tourner autour du pot ? »

« Euh … Et bien, merci de te préoccuper de moi ? » osa-t-il lui répondre.

Que … Que … QUOI ? Sa main toujours posée sur son front, elle le repoussa avec violence en arrière, le jeune homme s’apprêtant à tomber mais il fut aussitôt rattrapé par Manelena. Elle le tira contre elle, le soulevant un peu par le col avant de le fixer de ses yeux rubis.

« Arrête sérieusement ce petit jeu avec moi, Tery. »

« Mais … De quel jeu est-ce que tu parles, Manelena ? Je ne me moque pas de toi. Je le pense sincèrement. Enfin, c’est peut-être gênant d’en parler à voix haute … »

« Ah et bien ! Bravo, Tery ! Tu viens enfin de le comprendre ! Un peu de décence ne te ferait pas de mal en plus ! Pfff … Des fois, je me demande si tu ne te forces pas à ce que je te déteste … C’est l’impression que tu me donnes … »

« Hein ? Que … Enfin, non, je ne veux pas faire une telle chose ! C’est stupide ! Et puis, si tu ne détestes pas, ça veut dire que … »

Devant le regard rubis qui se fixa ardemment sur lui, il se tut aussitôt, baissant la tête. Qui ne disait mot consent … La jeune femme aux cheveux argentés n’avait pas réellement contesté ce qu’il pensait et pourtant, c’était assez facile à deviner non ? Enfin, il ne devait quand même pas se faire d’illusions. Elle ne le détestait pas, ça ne voulait pas dire qu’elle était folle de lui. Hahaha ! Une femme folle de lui … comme si c’était possible. Surtout pas Manelena. Il murmura faiblement pour lui-même :

« Comme si Manelena m’appréciait réellement dans le fond. Je ne lui cause que des problèmes depuis le début. Pfff … Je suis juste complètement stupide. »

« Tu es un parfait idiot si tu te rabaisser à penser de telles choses. Surtout à voix haute, Tery Vanian. Alors arrête tes bêtises et avance. »

« Ah ! Pardon, pardon encore une fois, Manelena. »

« Et dis-toi bien une chose : si vraiment, je ne pouvais pas te supporter, tu ne serais pas avec moi pour cette mission. Et ne me force pas à le dire une nouvelle fois. » annonça-t-elle en faisant un geste de la main pour qu’il se taise. Qu’il la mette définitivement en veilleuse. Elle lui avait dit indirectement que sa présence ne la dérangeait pas.

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