Chapitre 4 : Tendre et violente

ShiroiRyu
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Chapitre 4 : Tendre et violente

« Merci beaucoup, Earnos. C’est du très bon travail. Tu en as terminé pour la journée. »

« Déjà ? Mais ça ne fait que quelques heures … » murmura le jeune garçon en réponse à un homme qui devait bien mesurer deux mètres de hauteur. Celui-ci avait deux longues couettes blanches mais cernées de … pics ? Le reste de ses cheveux était court et brun tandis qu’il semblait être puissant, très puissant d’après les muscles qui parsemaient son torse. Impressionnant … et inquiétant en même temps.

« Ouais mais non … T’es encore qu’un enfant de huit ans alors je te laisse quand même le reste de ta journée. Je ne suis pas tortionnaire … pas trop … HEY ! TOI ! AU LIEU DE REGARDER LES INSECTES QUI VOLENT, VAS BOSSER ! »

… … … … … Earnos resta muet après le cri du Scarabrute, le chef Forsak était toujours quelqu’un de très … Enfin … Qui avait la voix qui portait très très loin. Et lui dans tout ça ? Et bien … Il planta sa foreuse dans le sol, observant les fondations de la nouvelle tour. Oui … Une tour qui allait être crée grâce au tunnel qu’il avait creusé il y a de cela quasiment deux semaines. Deux semaines depuis la fois où il avait revu la princesse. Plus de nouvelles après tout ça mais ce n’était pas le plus important ou le plus dramatique.

Hum … Les morceaux de pierre qu’il avait créés aujourd’hui étaient tous déposés les uns à côté des autres. Ah … Les fondations de la tour devaient faire environ cinq mètres de hauteur et de nombreux matériaux étaient présents pour créer celle-ci. Du bois … Enormément de bois … Tout cela avait été emmené par les Insecateurs … De l’autre côté, il y avait bien un ou deux cube de fer d’environ trois mètres de hauteur, des personnes en armure rouge étant à côtés d’eux comme pour savoir le moment où ils allaient les découper. Enfin … Il y avait tout un tas de cailloux dont les siens. C’était ainsi que les tours étaient construites. En apparence extérieure, elle semblait être simplement faite de bois mais à l’intérieur, de nombreuses armatures étaient constituées de fer. Enfin, les escaliers avaient une base en pierre tandis que l’extérieur était composé de bois. Bref … Malgré les apparences, elle n’était pas faite uniquement de bois et tout cela simplement pour un souci de solidité.

« Bon … Ben … Je crois que je vais partir alors. »

Il se parlait à lui-même, extirpant son objet de travail du sol alors qu’il quittait le lieu. Bon … Il se trouvait à peine au beau milieu de l’après-midi. Qu’est-ce qu’il allait pouvoir faire ? Retourner à la maison ? Et faire quoi ? Est-ce qu’il allait lui rendre visite ? Il ne pouvait pas l’embêter tant que ça dans le fond. Elle était quand même occupée. Bon … Et bien … Visiblement … Il n’avait pas vraiment le choix.

« T’es venue me chercher mon amour ?! » s’écria une voix sur la gauche.

… … … … … Il n’avait même pas remarqué où il s’était dirigé. Une école … élémentaire bien entendu. Toute faite de bois elle aussi, elle était des plus imposantes car elle comportait plusieurs niveaux d’études. Mais bon … Là … le plus important … était le fait qu’il s’était rendu ici sans même le remarquer. Et surtout … Il voyait une jeune fille qui fonçait directement vers lui. Il devait se préparer à l’éviter.

« Non, non et non ! Tu ne t’échapperas pas cette fois ! »

Hein ? Sa foreuse vola sur le côté alors qu’il se retrouvait plaqué avec violence sur le sol. Il poussa même un cri de surprise, sans qu’il ne puisse bouger. Immo … bilisé. Il prit une profonde respiration, murmurant doucement :

« Herakié … Tu m’as fait mal. Très mal même. »

« C’était la seule façon que j’avais de faire pour que tu me regardes ! Te plains pas trop non plus ! J’ai été drôlement gentille, je trouve ! »

« Gentille n’est pas le mot que j’utiliserai … pour te définir. Tu as terminé les cours visiblement ? Tu ne veux pas rentrer avec tes copines ! »

« HAHAHAHA ! Arrêtes de plaisanter ! Tu sais bien que tu passes après elles ! » s’écria la jeune fille avant de lui donner un coup de poing dans le ventre, le faisant pouffer de douleur.

Ca faisait mal, bon sang ! La jeune fille se releva de lui, Earnos se redressant à son tour en se massant le ventre. Elle ne connaissait pas sa force. Pourtant, on ne pouvait pas dire qu’elle n’était pas mignonne, loin de là même. Âgée d’une année de moins que lui,, elle était munie d’un simple short bleu allant de pair avec son haut. Néanmoins, deux bracelets bleus foncés étaient présents, des pics en sortant alors qu’elle avait un ruban bleu … Bleu … Bleu … Bleu … Elle était toute habillée de bleu mais avait aussi des longs cheveux bleus, des yeux bleus … Et lui venait de s’en prendre un en plein dans le ventre, il était sûr.

« Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ? Tu veux me dire que je suis jolie ? »

« … … … … … Sans façon. »

« HEY ! Tu pourrais quand même être plus sympa ! Tu me raccompagnes chez moi, dis dis ? Déjà que je t’ai pas vu depuis plus d’une semaine et demie ! Tu n’as pas arrêté de travailler sans même t’arrêter ! Moi, je ne pouvais pas venir te chercher chez toi car ta maman me disait que tu étais toujours très fatigué ! » marmonna Herakié alors qu’il soupirait.

Oui … Cela avait été un sacré mensonge … Mais c’était l’unique solution qu’il trouvait pour éviter que la jeune fille ne le colle trop. Mais bon … Ca ne servait à rien et comme d’habitude, il était toujours sincère dans ses paroles.

« Herakié … Je ne t’aime pas, tu le sais bien. »

« Allez, allez ! Ne dit pas ça ! Tu sais bien que tu m’aimes bien ! Sinon … Tu ne viendrais pas me chercher alors que tu rentres du travail hein ?! »

Il fut projeté en avant après un petit coup de main dans son dos, roulant pendant deux à trois secondes. Voilà … pourquoi il ne l’aimait pas. La jeune fille poussa un cri, légèrement apeurée alors qu’elle courait vers lui.

« Désolée, désolée ! Mais pourquoi est-ce que tu es aussi fragile ?! »

« Pourquoi est-ce que tu es aussi forte ? » rétorqua t-il en se redressant, gémissant de douleur alors qu’elle semblait un peu triste par le geste qu’elle avait fait.

« … … … Ce n’est pas de ma faute. Tu sais bien que ma Maman et mon Papa sont une Scarhino et un Scarabrute … C’est encore … ma faute en fait … » répondit la jeune fille, baissant la tête alors qu’il disait d’un air un peu confus :

« Hein ? Euh … Non … Ce n’est pas de ta faute. Ta maman est euh … Enfin, comment dire … Ce n’est pas important, enfin peut-être que si quand même … Mais non, ça, ce qui est arrivé à ta maman, ce n’est pas ta faute. »

« Ben … Elle est morte quand je suis née donc c’est de ma faute quand même. »

« Tu ne l’as pas voulu et tu n’étais qu’un bébé donc non, ce n’est pas de ta faute. » termina t-il d’un air assez sec.

Ca ne servait à rien de continuer cette discussion qu’il trouvait des plus ennuyantes. Il marcha sans regarder si Herakié le suivait bien que c’était visiblement le cas. Sa main gauche dans sa poche, sa main droite tenant sa foreuse, il observait les bâtiments autour de lui. Il ne voulait surtout pas perdre plus de temps maintenant.

« Dis ? Tu veux bien me prendre la main, Earnos ? »

« Pourquoi faire ? Tu es fatiguée ? » demanda t-il aussitôt alors qu’elle commençait :

« Non mais euh … Enfin … Si … J’ai beaucoup écrit et mon sac est assez lourd. »

Il s’arrêta, haussant un sourcil inquisiteur en la regardant. Elle se moquait de lui ou quoi ? Elle avait une force qui lui permettait de soulever cinq personnes comme elle et … Elle détournait un peu la tête de côté, la bretelle droite de son sac tombant comme pour inviter le jeune garçon à le prendre. … … … … … Il poussa un soupir.

« J’ai déjà ma main droite qui est occupée à tenir ma foreuse. Je peux prendre ton sac si tu le veux. » murmura le jeune garçon en tendant sa main gauche, la jeune fille lui mettant en un instant le sac sur le dos avant de prendre sa main gauche, rigolant :

« Ca, c’est parce que tu es vraiment gentil ! C’est pour te récompenser ! »

« Je n’ai pas besoin de récompen … Aie. » coupa t-il alors qu’il avait tenté de retirer sa main. Résultat ? Herakié la serra avec plus de force pour être sûr qu’il ne s’échappe pas.

« Tu disais quoi, Earnos ? Tu n’as pas terminé ta phrase, ce n’est pas bien du tout ! »

« Rien … Rien du tout. » grommela t-il, se disant intérieurement qu’il devait éviter à l’avenir de retourner devant l’école, c’était une question de survie !


Une bonne vingtaine de minutes s’écoulèrent alors qu’ils arrivaient finalement à l’endroit où il habitait. Oui … Il n’allait même pas la raccompagner puisqu’elle habitait plus loin. Il ne fallait pas exagérer non plus ! Enfin … Bon … Il entendait des petits rires devant lui, ses yeux rubis se posant sur une fille d’environ douze ans et aux cheveux rouges : sa grande sœur.

« Et bien … Je me demandais quand est-ce que tu allais t’y mettre, Earnos. » dit Cassina en rigolant assez fortement, un bouquet de fleurs entre les mains.

« Bonjour Cassina ! Earnos a porté mon sac aujourd’hui ! Comme j’étais fatigué, il a voulut de lui-même ! Et puis, il m’a pris aussi la main ! »

« Je vois … Je vois … Et bien, Earnos … Je ne pensais pas cela de toi. »

« C’est bon, Herakié. Je vais rentrer dans le magasin de fleurs maintenant que je suis arrivé. Tu n’as pas besoin de moi pour continuer la route. » répondit-il sur un ton neutre, posant sa foreuse sur le sol avant de retirer le sac de son dos. Il le tendit à la Scarhino qui fit une petite moue triste tout en récupérant ce qui lui appartenait. Elle retira la main d’Earnos de la sienne, remettant bien son sac sur son dos avant de l’embrasser subitement sur la joue droite.

« Merci beaucoup Earnos ! C’était très gentil de ta part ! Tu reviens me chercher à l’école quand tu veux ! » annonça la jeune fille aux cheveux bleus sur un ton enjoué avant de courir et de s’éloigner, Earnos murmurant avec lenteur :

« Elle n’était pas … fatiguée du tout. »

« Earnos … Earnos … Earnos … Sincèrement, je me demande si des fois, tu réagis plus lentement que la moyenne ou si alors, tu as du mal à savoir quand une personne joue avec toi. » soupira Cassina tandis que le jeune garçon aux cheveux blonds reprenait sa foreuse, pénétrant dans la boutique de fleurs, sa sœur l’accompagnant tout en reprenant : « Et bien … Sinon … Visiblement, ça avance bien avec la petite Scarhino. Elle est mignonne non ? »

« Elle fait très mal surtout. » répondit le jeune garçon en soulevant un peu son haut, laissant apparaître le bas de son ventre et l’endroit où Herakié avait frappé. Une petite marque rouge était visible, Cassina rigolant une nouvelle fois.

« C’est sa marque d’affection. Tu sais parfaitement que ta future fiancée ne te veut pas de mal. Je suis sûre que d’ici quelques années, elle deviendra une femme très ravissante. »

« Et qui terrorisera le garçon qu’elle aime. Le pauvre finira dans un lit, son corps brisé en mille morceaux. » annonça Earnos avec ironie une nouvelle fois.

« Je crois que je vais devoir prévenir Maman et le reste de la famille que l’on va avoir un handicapé à vie d’ici quelques années. »

« … … … Ce n’était pas drôle, Cassina. Si elle était moins brutale, elle … serait attachante, je crois. » reprit le jeune garçon, sa sœur ne pouvant s’empêcher de rire à ses paroles.

Le jeune garçon avait beaucoup de mal à exprimer ce qu’il ressentait alors que c’était l’inverse du côté de la petite Scarhino. Ne dit-on pas que les opposés s’attirent ? Et ce n’était pas le cas des deux enfants ?

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