Chapitre 5 : Forger l’histoire

ShiroiRyu
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Chapitre 5 : Forger l’histoire

« Princesse Terria ? Ne me forcez donc pas à vous chercher. »

Hum … Huit ans. Cela en faisait maintenant un peu plus de deux ans qu’il était là pour surveiller la princesse Terria. Le souci, c’est qu’elle avait encore disparue. Le souci, c’est qu’elle était devenue bien plus douée dans ses parties de cache-cache.

« Est-ce qu’elle aurait quitté le château ? Si tel est le cas, il vaut mieux que je m’effoce de confirmer cela avant de me mettre en route. »

Un rapide coup d’œil, une course assez folle dans les couloirs, quelques gardes le saluant en lui disant qu’il a encore perdu la princesse de vue. Bien entendu, il essaie d’ignorer d’Holikan qui cherche encore à le provoquer inutilement.

« Humpf. Bon, voilà qui est bien problématique. Si elle a réussi à s’enfuir, le royaume est beaucoup plus grand que cela. Malheureusement pour elle … Je ne suis pas simple à échapper. Elle va bien finir par comprendre son erreur. »

« Ah ? Qu’est-ce que tu fais, Olistar ? Tu quittes le château ? »

« Un petit achat à faire, je reviendrais dans l’heure qui arrive si vous voulez rassurer les autres soldats. Je ne serais donc pas très long. »

« Fais donc, tu tiens généralement tes promesses de toute façon. »

« Je ne vois pas pourquoi j’en ferais si je ne suis pas capable de m’y tenir. »

Les deux soldats haussèrent les épaules avant de le laisser s’échapper, le jeune garçon aux cheveux violets quittant le château pour se mettre à courir à travers les ruelles.

« Elle va devoir comprendre qu’il n’est pas bon d’agacer un Rapion. »

Elle était si facile à trouver … et cela, elle ne s’en rendait pas compte. Une petite Apireine qui voletait dans les ruelles, ça ne passait pas inaperçu. Bien entendu, nul n’osait croire ce qui se passait mais quelqu’un de mal intentionné pouvait la faire souffrir terriblement. Le souci était qu’elle ne s’en rendait guère compte et que cela pouvait finir de façon dramatique. Ah … Il ne peut rien dire de mauvais sur elle, elle veut juste s’amuser.

« Mais son amusement peut lui coûter la vie ! »

Voilà le problème ! Et cela, elle ne le comprends pas. Il doit se dépêcher avant qu’il ne soit trop tard. S’il ne fait pas attention, cela peut devenir très grave. Il ne peut pas se permettre une telle chose. Il ne peut pas laisser cela se produire.

« Je vais devoir la retrouver, elle est peut-être en danger. »

Il ne veut pas se faire de fausses frayeurs mais ne pas prévoir le pire dans une situation comme celle-ci, ça peut résulter par la mort de la princesse. Si cela devait arriver, il valait mieux alors ne plus rien espérer pour la paix entre le royaume et les peuples du désert.

Pourtant, il n’eut guère réellement de mal à la trouver, contrairement à ce qu’il aurait pensé et pour cause : elle était tout simplement devant lui, accompagnée d’un garçon aux cheveux blonds tenant une foreuse. Un rapide coup d’oeil lui fit comprendre qu’il s’agissait d’un Aspicot, l’un de ces insectes devenant dans le futur un Dardargnan.

« Comme le destin est vraiment étrange. »

« Qu’est-ce qu’il raconte ? Bon, euh … reculez, princesse Terria ! »

« D’… D’accord ! » s’exclama la petite fille aux cheveux blonds alors qu’il haussait un œil. Qu’est-ce que cet Aspicot comptait faire ? Se battre contre lui ? Réellement ? Sans vantardise ou prétention, c’était tout simplement de la folie que de vouloir le provoquer.

« Il vaut mieux me rendre la princesse Terria sans combattre. »

« Je ne suis pas du genre à écouter les ordres d’autrui, sauf celui de mon patron ! »

Patron ? Cet enfant était donc bien déjà un jeune travailleur ? A un si jeune âge ? Il avait à peine cinq ans, autant que la princesse Terria. Comment est-ce qu’il pouvait travailler ? Non, c’était stupide de penser de la sorte, vraiment stupide.

« Je ne suis pas mieux que lui en vue de l’âge que j’ai maintenant. »

« Qu’est-ce que tu racontes ? Si tu comptes faire du mal à la princesse Terria, il faudra me passer sur le corps ! Et je te préviens, ça fait des années que je tiens ma foreuse ! Je sais me battre avec ! Tu auras de sacrées surprises ! »

« Cette foreuse ne me semble pas très résistante. »

« Ne raconte pas n’importe quoi et recule ! Je n’hésiterais pas un instant ! »

« Tu risques surtout de te faire mal … je ne veux pas te blesser, jeune Aspicot. »

Ce n’est pas de la prétention ou autre mais cet enfant n’a aucune idée de ce qui se tient en face de lui. D’ailleurs, le plus étrange est peut-être bien le fait que cet enfant ne semble pourtant pas hésitant un seul instant par rapport à la protection de la princesse.

« Tu n’es pas un ennemi, n’est-ce pas ? »

« Je suis l’ennemi de ceux qui tentent de s’en prendre à la princesse Terria ! »

« Tu te trompes d’adversaire. Arrête ceci dès maintenant et je te promets que tu ne souffriras pas si tu décides de t’en prendre à moi. Que comptes-tu faire ? »

« Que tu croies m’impressionner mais je ne tomberais pas dans ce piège. »

Jeune et impétueux, tout le contraire de lui. Il le vit qui commença à courir vers lui à toute allure avant qu’il ne fasse un simple mouvement de la main pour l’esquiver et l’éviter avec une aisance des plus certaines. Il se faisait du mal : qu’il arrête maintenant non ?

« Assez, je ne me répéterais pas une seconde fois. Princesse Terria ? »

« Je … Je … Earnos, fais attention à toi. »

Hum ? Voilà, c’est étrange, très étrange. Elle le connaît mais surtout, le ton indécis de la princesse Terria risque de lui coûter cher, très cher. Est-ce qu’elle finit par s’en rendre compte ou non ? Car il n’en a pas l’impression. Il esquive une nouvelle fois le jeune enfant aux cheveux blonds, faisant un bond sur le côté.

« Stop … Earnos. Je ne veux aucun mal à la princesse Terria et il semblerait que vous non plus. Il vaut mieux éviter les confusions, n’est-ce pas ? »

« ASSEZ ! Ne tente pas de m’avoir par des paroles bizarres ! Si tu parles comme ça, c’est que tu es bizarre ! Je ne tomberais pas dans le piège ! »

Cet enfant n’est pas vraiment une lumière, n’est-ce pas ? Mais pourtant, il y a quelque chose dans son regard ou dans ses gestes qui le rend spécial mais quoi ? Il n’en a aucune idée, c’est peut-être ça qui le dérange dans le fond.

« Bon … Je pense qu’une leçon s’impose visiblement. »

« Qu’est-ce que tu comptes faire ? Je ne peux pas aller à l’école. Tu te vantes en plus d’avoir une éducation par rapport à moi ? Tu es vraiment un monstre. »

L’enfant parle bien pour un Aspicot travailleur. C’est toujours aussi surprenant en soi. Mais pourtant, ça l’embête moins, beaucoup moins. Il doit avoir une bonne éducation de la part de ses parents. Ses parents, cette arme, tout … Humpf.

« Que cela disparaisse en morceaux. »

Une main se pose sur la foreuse en marche, une seconde puis plus rien. L’objet de métal tombe en morceaux au sol tandis que le Rapion fixe l’Aspicot, celui-ci étant interloqué. Olistar regarde ses mains avec lenteur, clignant des yeux :

« Hum ? Ce n’est pas dans mes habitudes pourtant. Je ne me comportes pas de la sorte. »

« Ma foreuse. Ma foreuse … c’est ma foreuse. »

« Je ne voulais pas en venir jusque là mais visiblement, tu ne m’a pas laissé le choix. »

Sa première impression avait été la bonne. Cet enfant n’était pas dangereux, loin de là. Le problème résidait plutôt dans la jeune fille derrière cet Aspicot.

« Princesse Terria, pourquoi avez vous fait cela ? Si vous aviez décidé de l’arrêter, tout aurait put se terminer sans en arriver à cette extrémité, vous le savez ? »

« Je voulais … je voulais juste m’amuser, Olistar. Je ne pensais pas que ça arriverait à ça ! Je te le promets ! Je te le promets vraiment ! Earnos, tu me crois aussi, hein ? Je ne voulais pas que ça se casse ! Olistar, t’es une vraie brute ! Tu as cassé sa foreuses ! »

« Mon cadeau … de papa … mon cadeau … de maman. J’avais promis que j’y ferais attention. J’avais promis de ne pas le casser. J’avais promis … snif. »

Un cadeau de ses parents ? Hum, cela expliquait pourquoi il était en pleurs maintenant. C’était parfaitement compréhensible de sa part de réagir de la sorte. Pourtant, le regard embrumé par les larmes était maintenant furieux.

« Un jeu ? C’était juste un jeu ? Tu trouvais ça amusant ?! »

Il s’était dirigé vers la princesse Terria mais déjà, le Rapion s’était interposé entre eux deux, faisant rempart de son corps. Pourtant, l’enfant continua son chemin en criant :

« TU TROUVAIS CA DRÔLE HEIN ?! DE T’AMUSER GRÂCE AUX MALHEURS DES AUTRES ! SALE APIREINE POURRIE GÂTEE ! »

« Ne compte pas lui faire de mal, tu … »

Ce fut un coup de poing qui vint atteindre le Rapion, celui-ci n’ayant pas pensé un seul instant à ce que l’enfant cherche à le frapper lui mais Terria sous le coup de la colère. Un peu sonné et éberlué, sa tête pencha sur le côté jusqu’à ce qu’il réagisse correctement.

« Remercie ton garde du corps qu’il soit là ! Je ne veux plus jamais te revoir ! »

Comment … avait-il put se faire toucher ainsi ? Est-ce que pendant un court instant, l’enfant en face de lui avait été impossible à lire ? Comment est-ce possible ? Normalement, il devait être capable de se défendre du moindre fait et geste. Surtout de la part d’un Aspicot qui n’avait aucune expérience dans l’art du combat.

« Mais mais mais … Earnos ! Je peux te refaire une foreuse ! Je suis … »

« TAIS-TOI J’AI DIT ! JE NE VEUX PLUS T’ENTENDRE ! »

Pendant qu’il se concentrait, il avait complètement oublié la dispute entre les deux enfants plus jeunes que lui. S’il ne faisait pas attention, cela pouvait très mal se finir. Il valait mieux qu’il reste sur ses gardes au cas où. L’Aspicot pouvait avoir un geste malheureux et regrettable. Il valait mieux alors être sûr.

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