Chapitre 50 : Perturbé

ShiroiRyu
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Chapitre 50 : Perturbé

« Férast ! Férast ! Réponds-moi ! Férast ! Férast ! »

Elle secouait le Foretress sans qu’aucune réaction de ce dernier ne se fasse sentir, loin de là même. Il ne bougeait plus, Lisian reprenant en criant :

« Earnos ! Tu as tué Férast ! Tu l’as tué ! Tu l’as tué ! Tu as tué Férast ! »

« Je ne l’ai pas tué mais plutôt sauvé … Sans moi, il serait mort … et moi aussi. » marmonna le jeune homme, s’écroulant à genoux, se tenant le bras droit.

« NE RACONTE PAS N’IMPORTE QUOI ! IL EST … »

« Il est vivant. Il respire. Vérifie bien, tu peux le voir, tu peux l’écouter. Tu n’as qu’à entendre les battements de son cœur, tu verras bien alors. »

Les battements de son cœur ? Elle s’exécuta, entendant ces derniers avant de pousser un cri de joie mais surtout de soulagement. Il était vraiment vivant ! VRAIMENT ! Mais comment était-ce possible ? Comment ? Elle avait besoin de savoir ! Le jeune homme aux cheveux blonds se releva, gémissant un peu avant de s’éloigner.

« EARNOS ! Pourquoi est-ce que tu l’as sauvé ? Comment est-ce que tu l’as sauvé ? »

« Très simplement, je l’ai arrêté avant que son explosion ne se termine. Résultat : nous sommes tous les deux salement blessés mais en vie. Sinon, je n’aurai pas survécu. Je suis résistant, pas immortel. Quel idiot … Quel idiot … »

« Il ne voulait pas … que tu changes. Il a été drôlement affecté … Il était le premier à crier que tu n’étais pas coupable mais ensuite, tu as rejoint les rebelles. » murmura la jeune femme aux cheveux bruns alors qu’il marmonnait :

« J’ai mes raisons … d’être avec eux. Mais cela ne te concerne pas, est-ce bien compris ? »

« Je veux savoir ! Je veux savoir pourquoi tu fais ça ! Qu’est-ce qui te pousse à agir de la sorte ! Tu n’as pas changé ! Tu tiens toujours … à nous. » bredouilla Lisian.

« Si tu tiens vraiment à moi et à Olistar, tu ferais mieux de quitter l’armée et de ne plus revenir pendant quelques temps … Jusqu’à ce que le roi soit mort mais cela ne saurait tarder. Maintenant, tu es prévenue. A toi de voir ce que tu veux faire. »

« Ce n’est pas une réponse, Earnos ! Je veux une réponse ! Dis-moi ce qui … »

« Essaie de bien t’occuper de Férast. Un homme capable de se sacrifier … pour la personne qu’il aime, c’est quelqu’un qu’il faut chérir … Tu en as de la chance. Je n’aurai pas été l’homme de tes rêves, je suis incapable de cela. »

Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Elle le regarda partie, éberluée par ses paroles alors qu’après quelques instants, elle utilisait ses rares pouvoirs psychiques pour soulever Férast et partir avec lui dans un endroit plus tranquille, là où elle pourrait panser ses blessures.

« Tu as perdu, Holikan, tu es encore pas assez fort pour me battre. »

« NE DIT PAS CA ! J’y arriverai ! JE VAIS TE LE MONTRER ! » hurla le Yanmega en se redressant, Olistar croisant les bras au niveau de la poitrine.
« Non désolé, tu ne peux pas … Tu as perdu, admets tout simplement. »

« NON ! JE REFUSE ! JE REFUSE ! JE REFUSE ! JE REFUSE ! » hurla le Yanmega avant de courir vers elle, s’écroulant quelques centimètres devant elle.

Il aurait paru pathétique aux yeux de n’importe qui mais pour elle, c’était autre chose, autre chose … Bien plus grand, bien plus merveilleux. Oui, c’était ça, c’était exactement ça. Elle vint s’accroupir devant le Yanmega, caressant sa joue.

« Tu as perdu, Holikan. Il faut admettre lorsque l’on est incapable de se battre. On ne peut pas arriver seul à braver tous les barrages. »

« Est-ce … Est-ce pour ça que tu m’as abandonné ? Pour aller aider Earnos ? » bredouilla le jeune homme aux cheveux verts. « J’ai l’impression qu’il compte tellement plus pour toi … que moi. Je sais bien que je suis loin d’être aussi … »

« Fragile que lui ? Gentil ? Ne t’en fait pas, ce qui est merveilleux avec toi et ce qu’Earnos n’a pas, c’est que tu es capable de changer ce qui te rendait si horrible aux yeux d’une majorité. Tu n’es plus haineux envers les Drascores. Puis tu t’es mis à douter à propos de ton roi, n’est-ce pas ? Tu sais, Earnos n’a pas changé, contrairement à ce que tu peux croire. »

« Il est devenu un rebelle ! Même s’il n’a pas tué la princesse, il a quand même rejoint l’ennemi ! Et toi aussi ! » déclara le Yanmega.

« Tu veux un petit secret, Holikan ? » souffla avec tendresse la Drascore, rapprochant son visage du sien avant de chuchoter quelque chose dans son oreille. Quelques instants plus tard, elle reprit doucement : « A toi de me croire ou non … mais sache que c’est la stricte vérité. Toi qui l’as autant côtoyé que moi, tu devrais savoir que ce n’est pas possible autrement. »

« Pour qu’il en arrive à une telle extrémité, est-ce que ça veut dire que … »

« A toi de te forger tes propres idées. Par contre, je vais continuer à combattre avec lui. C’est pourquoi je vais t’emmener avec moi et te faire loger dans un endroit bien spécial. Mais je ne veux pas que tu en sortes, d’accord ? Je ne veux pas que tu le quittes. »

« Pour … Pourquoi est-ce que tu fais ça ? »

« Je ne sais pas, imbécile. Peut-être parce que je t’aime ? » déclara Olistar en rigolant, posant un rapide baiser sur les lèvres du Yanmega avant de le soulever.
Les deux personnes quittèrent la base qui allait finir par être envahie par les rebelles, comme tant d’autres. C’était une victoire complète ou presque … Du moins du côté d’Olistar et Earnos. Maintenant, il fallait voir si cela était aussi le cas chez les autres rebelles envoyés pour les bases. Tout cela se verrait dans quelques jours.

Ah … Ah … Ah … Maintenant qu’il était seul, il pouvait retirer ce masque d’indifférence qu’il avait posé sur son visage pendant ce combat contre Férast et Lisian. Les larmes commencèrent à s’écouler de ses yeux alors qu’il poussait des hurlements dans sa chambre, celle-ci étant fermé à clé. Il n’arrivait pas à le croire ! Il n’arrivait pas à croire ce qui s’était passé ! Ce qu’avait fait … Férast !

« Il n’a pas hésité un instant ! Il n’a pas hésité à se suicider s’il le fallait ! Tout ça pour me tuer … Me tuer … Mais la protéger. »

La protéger ! Voilà ce qu’était un véritable insecte ! Férast en était un ! Holikan en était un ! Tainor en était un ! Lui ? Il n’était qu’un ersatz d’insecte ! Il n’était rien par rapport à eux ! Il n’avait qu’une idée : la vengeance ! Car Terria était morte à sa place !

« Pourquoi est-ce que ce n’est pas moi plutôt ? Pourquoi ? POURQUOI ? »

« EARNOS ! OUVRE-MOI CETTE PORTE TOUT DE SUITE ! » hurla une voix de l’autre côté de la porte, la voix d’Olistar visiblement. Elle n’avait pas apprécié de voir la porte fermée à clé par le jeune homme.

« Je veux être seul, Olistar ! Juste quelques minutes ! »

« Hors de question ! Tu m’ouvres tout de suite ou je défonce cette porte ! » cria Olistar alors qu’il se levait de son lit, se frottant les yeux avant de permettre à la porte d’être ouverte. Aussitôt, la jeune femme referma la porte derrière elle, regardant Earnos.

« Quoi encore ? Pourquoi tu t’excites comme ça ? »

« Mais regarde-moi dans quel état tu es ! Quand on me disait que c’était grave, je ne pensais pas à ce point ! Qu’est-ce qui s’est passé ? Mais attends un peu, tu as pleuré ? Tu as les yeux rouges, je ne parle pas de tes pupilles. »

« Rien d’important. » souffla le jeune homme aux cheveux blonds.

« Ce n’est pas du tout ce que je vois et ce que je pense donc tu veux bien t’expliquer ? Pendant que je te soigne. PUREE ! Mais c’est quoi ces brûlures et ces blessures ? Tu vas garder ça pendant quelques semaines au moins ! »

« C’est juste la preuve que je suis un idiot … »

« Tu l’as toujours été, c’est ce qui te rend si exceptionnellement différent. Mais tu es un gentil idiot, un idiot qui tient énormément à ses proches. »

« Mais qui n’arrive pas à les protéger. » corrigea le jeune homme en baissant la tête, pleurant maintenant discrètement.

Tainor, Herakié, Lisian, Férast, toutes ces personnes avaient été blessées, blessées gravement par sa faute. C’était de cette façon qu’il voulait tenir à elles ? Non … Il était si faible. Il devait continuer à se battre mais au final, il n’allait pas y arriver. Il sentait qu’il n’y arriverait pas. Tout ce qu’il faisait était voué à l’échec.

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