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Chapitre 55 : L’assaut
« Douély ? Tu es vraiment sûre que je ne peux pas sortir ? Je ne sais pas du tout ce qui se passe dehors et j’aimerai quand même avoir des nouvelles de la situation. »
« Je t’ai déjà dit que non. Tu ne peux pas sortir, tu sortiras lorsque le moment est venu. Est-ce que le moment est venu ? Non. Maintenant, si tu veux des nouvelles, je peux facilement t’en donner. De toute façon, il faut que je sorte. »
« Dans ton état ? » bredouilla l’Apireine, peu rassurée par les paroles de Douély et surtout en vue de la forme qu’elle avait depuis maintenant pas mal de temps.
« Tu veux que tes enfants et toi aient à manger ? Alors, tu te tais et tu me laisses faire. Comme d’habitude, quoi. Pfff … Je te jure, qu’est-ce que je vais faire de toi ? »
« Je ne sais pas du tout mais pas besoin d’être blessante. Et je veux que tu aies aussi à manger donc si je peux t’aider, dis-moi ce que je peux faire. »
« Le ménage et la cuisine. Tu sais cuisiner, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Alors fais donc à manger avec ce qui reste, ça sera une grande aide. »
Comme elle le voulait ! Au moins, la Munja était quand même plus ouverte qu’auparavant, ce qui était une très bonne chose à ses yeux. Bon, par contre, elle avait toujours la langue bien pendue mais qu’est-ce que c’était bon d’être vivante ! C’était vraiment une chose merveilleuse et elle ne voulait plus jamais mourir !
Mais bon, ça, elle ne pouvait jamais le décider. C’était au temps et au destin de choisir quand est-ce que le moment serait venu. Pourtant, maintenant, elle envisageait une longue vie à côté d’Earnos. Mais pour ça, il fallait que cette guerre stupide se termine. Il fallait que tout cela cesse ! Mais voilà … Personne n’était au courant qu’elle était revenue à la vie et finalement, est-ce que cela changerait beaucoup de choses ?
« Hum ? Ce n’est pas encore prêt ? Qu’est-ce que tu as fait pour que ça ne soit pas prêt ? » demanda la jeune femme aux cheveux bruns, revenant une heure plus tard avec tout ce qu’il fallait pour tenir encore plusieurs semaines.
« Au moins, on est sûr de ne pas mourir de faim ! »
« Oui mais pourquoi n’est-ce pas encore prêt ? Qu’as-tu fait pendant tout ce temps ? »
« Euh … Je réfléchissais à tout ce qui se passait. D’ailleurs, tu as ramené quoi ? Peut-être que je peux préparer autre chose que ce qui était prévu. » dit la jeune femme aux cheveux blonds avant de regarder les objets rapportés par Douély.
« Fais comme tu veux, au final, je veux même plus en discuter, je suis lassée. »
Pourtant, elle n’avait rien fait pour cela. Mais bon, elle pouvait comprendre l’agacement de la jeune femme. Ne pas se sentir bien, être incapable d’agir et surtout de réagir. Oui, elle comprenait parfaitement cela même si ce n’était pas plaisant, cela pouvait être une triste réalité, une réalité que les deux n’aimaient guère.
« Est-ce que tu as des nouvelles d’Earnos ? Dis … Dis ? »
« J’en ai … Car visiblement, il n’y a pas que ça. Si tu veux tout savoir, ton père est sur le point de tomber et la risque de se terminer plus tôt que je ne le pensais. »
« Comment ça ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ? Enfin, pour mon père, je préfère ne pas y penser … J’ai mal rien qu’à l’idée de ce qui se passe avec lui … »
« Hum ? Tout simplement qu’il ne reste plus que le château à conquérir avant que le roi ne tombe, ainsi, les rebelles ont bientôt gagné et Earnos aussi. Mais tu devrais plutôt te préoccuper d’autre chose. Ce n’est pas aussi simple que tu ne le crois. »
« Si je me représente devant tout le monde, cela n’empêchera pas les rebelles d’être toujours présents … et de vouloir me tuer, c’est ça ? »
« Surprenant de ta part mais c’est exact. Tu ne peux pas croire que tout cela va se passer bien tranquillement et calmement hein ? »
« Pas vraiment … Mais alors, qu’est-ce que l’on doit faire, Douély ? » demanda la jeune femme aux cheveux blonds, regardant ses deux enfants. Elle n’avait pas idée de ce qu’il fallait faire pour réussir à retrouver la paix dans le royaume.
« Tu veux que je te le dise ? C’est pourtant si simple … tellement simple à savoir, contrairement à ce que tu crois. Je vais te le dire. Il suffit tout simplement d’abattre la rébellion et le roi en même temps. Ni l’un, ni l’autre n’a sa place dans le royaume. »
HEIN ? Mais comment faire ! Ce n’était pas possible d’abattre les deux en même temps ! Loin de là ! Comment s’imaginer tout simplement que c’était … possible ? Arrêter la rébellion définitivement ? Mettre un terme à la folie du roi Théor ? Douély remarqua que la jeune femme était perturbée, reprenant calmement :
« Imagine toi donc … Qui vas-tu choisir ? Earnos ou ton père ? Même si ce choix est simple, il ne résoudra rien. Earnos a décidé de rejoindre les rebelles. A partir de là, malheureusement, tout est inutile. Comment trouver le moyen de tuer ceux qui vont libérer le royaume du roi maléfique ? Comment trouver le moyen de tuer le monarque qui veut rétablir le calme dans son royaume ? Si tout était aussi simple, le monde serait bien plus paisible. »
« Je ne sais pas … Je ne sais pas du tout … Je … Je suis perdue, désolée, Douély. » bredouilla l’Apireine, plus que confuse alors que Douély émettait un petit rire :
« Je suis certaine qu’Earnos a la solution. Le connaissant, s’il agit ainsi, c’est qu’il a une idée … s’il ne s’est pas perdu en chemin à cause de sa folie. »
« Perdu en chemin ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ? Je … Je ne vois pas … où tu veux en venir. » bredouilla la jeune femme aux cheveux blonds.
Avait-elle déjà oublié qu’Earnos était plongé dans la folie à cause de sa mort ? Et qu’il l’était toujours ? Oh … Il y avait aussi autre chose mais cela ne concernait pas l’Apireine pour le moment. Oui … Le moment viendrait où elle allait pouvoir se présenter à tous et à toutes.
C’était le moment. Le moment de lancer l’attaque sur le château. Arkanar avait prévenu les rebelles que cela allait être le cas. Ah … Il devait se préparer mentalement à ce que ça se passe ainsi et pas autrement. Il devait réfléchir … Oui … Il devait y réfléchir. Il devait penser à ce qu’il allait faire, à ce qu’il devait faire.
« Ce n’est pas aussi simple que ça. » marmonna le jeune homme dans sa chambre avant que des coups à la porte ne se fassent entendre.
« Earnos ? Il faut que l’on se prépare ! L’assaut sera lancé cette nuit ! »
Hum ? L’assaut ? Tant mieux alors. C’était une bonne chose. Il pouvait se préparer mentalement. Se préparer à éliminer le roi … Ce n’était maintenant plus qu’une question d’heures car il s’interdisait de reculer cette fois. Il n’y aurait pas de retour. Pas du tout même. Ah … Ah … Il devait se calmer, il devait prendre une profonde respiration.
« Ce n’est pas grand-chose … Pas grand-chose … C’est bientôt fini. »
« Qu’est-ce qui est bientôt fini, Earnos ? » demanda la voix de l’autre côté de la porte.
« Rien du tout. Signale aux autres que je serai là dès que ça commence. »
« Comme tu veux ! Fais gaffe quand même, c’est la dernière attaque ! » répondit la voix alors qu’il poussait un profond soupir. Oui … C’était le dernier combat. Le roi allait tomber … et ensuite ? Est-ce qu’il allait laisser les rebelles prendre le contrôle ? Surement.
Surement … Surement … Il était maintenant aligné avec d’autres insectes. Encore une fois, il semblerait qu’Arkanar ne soit pas de la partie. Ce dernier ne faisait rien du tout, n’est-ce pas ? Toujours à donner des ordres sans se salir les mains. En même temps, il se trouvait en face de la troupe qui allait combattre dans le château, prenant la parole :
« Je vais être bref et concis. Eliminez quiconque à vue. Ne vous préoccupez pas de la puissance de vos adversaires. L’unique but des rebelles est la mort de la monarchie. Trouvez et localisez le roi, tuez-le sans même chercher à le capturer, il faut qu’il meure. »
Le message était très bien passé pour lui. Il fronça les sourcils alors qu’il se sentait déjà à moitié … mal. Comme à chaque fois qu’il apercevait l’Aéromite, il ne comprenait pas ce qui se passait mais c’était plus fort que lui. L’Aéromite lui donnait mal au crâne.
« Allons-y. » dit un insecte en posant une main sur l’épaule du jeune homme, celui-ci hochant la tête positivement avant de répondre avec neutralité :
« Aucun problème … Le plus vite ça sera fait … »
« Le plus vite le royaume sera libéré de son roi. Tuons-le ensemble. Tuons-le tous ensemble. » reprit le même insecte avant que des cris ne résonnent dans la pièce où les rebelles s’étaient réunis pour écouter les paroles de l’Aéromite.
Tous étaient prêts pour l’assaut. Il était temps d’en finir. Le roi allait tomber … le plus rapidement possible. C’était ça qu’il désirait et rien d’autre.