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Chapitre 31 : Mise à mort

Quatrième partie : Jurer sa mort

Chapitre 31 : Mise à mort

« Tu as entendu la nouvelle ? C’est … tout simplement impossible ! »

Depuis déjà plusieurs heures, les rumeurs parcouraient tout le royaume. Il fallait dire que les déclarations du roi avaient été des plus importantes. La princesse … serait morte ? Il y avait déjà de nombreux sanglots, des personnes de mauvais augure qui disaient que le royaume était perdu. Mais pas seulement elles ! Il y avait aussi d’autres personnes qui se réjouissaient intérieurement de la situation : les rebelles qui s’étaient tus depuis plusieurs mois à cause de tout ce qui s’était passé. Maintenant qu’il ne restait plus que le roi et que la dernière Apireine était morte, il était possible pour eux de briser cette monarchie décadente !

« Il paraîtrait que c’est l’un de ses chevaliers qui l’a tuée. Je n’arrive pas à le croire … Comment … Pourquoi est-ce qu’un chevalier ferait ça ? Il s’agirait du Dardargnan qui l’accompagnait depuis des années ! Earnos, je crois. »

« Attends un peu … Earnos ? Le fils de Walane ? Le général et un grand ami du roi ? Je crois que la relation entre eux deux, risque de battre de l’aile. »

« D’ailleurs, le roi a mis sa tête à prix et qu’importe s’il est trouvé mort ou vif, une forte récompense a été promise à celui qui emmènerait Earnos devant lui. »

« Une forte récompense … C’est juste un Dardargnan mais il a été quand même … sacrément malin pour réussir à faire cela pendant des années … si c’était vraiment son but. »

Mais tout cela semblait si … impossible. Comme si tout n’était pas réel. Pourquoi est-ce que le jeune homme aurait fait ça ? Pourquoi maintenant et pas avant ? Et surtout, après tout ce qu’il avait accompli le royaume, pourquoi causer la perte ? Tout cela semblait si invraisemblable, si irréel. Il y avait une part cachée dans tout cela mais où était la vérité ? Nul ne le savait à part le roi et le Dardargnan … D’ailleurs, il y avait aussi autre chose qui était dérangeant : le corps de l’Apireine n’était pas trouvable. Si elle était vraiment morte, il devrait y avoir une preuve non ?

Ailleurs, Earnos avait le corps froid de l’Apireine contre lui, la serrant dans ses bras comme pour tenter de lui donner un peu de chaleur. Il était adossé dans une ruelle, une ruelle d’un quartier à moitié détruit mais complètement abandonné depuis des années. Il n’avait pas à s’inquiéter pour l’instant d’être repéré. Ce n’était même pas sa première inquiétude ! Sa seule pensée était tournée vers elle … Vers l’Apireine dans ses bras.

« Terria … Terria, je te … Je te l’avais dit qu’on serait exilés hein ? »

Il lui avait dit que ça risquait de très mal se finir mais pas comme ça. Pas du tout même. Il avait une main posée sur le ventre, là où la griffe du roi avait traversé sa propre fille. Il tremblait de tout son corps, non pas de peur, loin de là. Il n’avait plus peur, plus du tout. Il ne se préoccupait plus d’avoir peur … Il n’avait plus la tête à ça. Il n’avait plus … la tête à ça. Il continuait de caresser les cheveux de Terria, murmurant :

« Mais ne t’en fait pas … Ne t’en fait pas … Ca ne se passera pas comme ça, pas du tout. »

Autre part, c’était la consternation chez la famille d’Earnos. Personne n’arrivait à s’imaginer le Dardargnan commettre un tel crime et cela malgré les paroles du roi. Des paroles difficiles à mettre en doute car il était le monarque mais d’un autre côté, il semblait plus que perturbé par tout cela. La Drascore était d’ailleurs auprès des femmes de la famille d’Earnos, assise et gardant son calme, les bras croisés.

« Olistar, tu es … Tu étais toujours auprès de mon fils. Pourquoi est-ce qu’il a fait ça ? Je ne veux pas croire le roi, ce n’est pas possible. »

« Earnos n’aurait jamais commis une telle chose. On ne sait pas si Terria est morte mais … Si vous voulez tout savoir, Terria et Earnos ont décidé de s’exiler et de quitter le royaume. Je ne vais pas vous cacher plus longtemps le fait qu’Earnos et elles sont amoureux l’un de l’autre. »

« Earnos … et Terria ? Earnos était vraiment … Alors ? Le … L’anniversaire de la princesse, ce que Walane et le roi Théor ont dit… » balbutia la femme aux cheveux rouges.

« C’était déjà le cas depuis la fête des Arakdos. C’est pourquoi cela fut gardé secret depuis tout ce temps. Vu la réaction du roi ainsi que son idée de faire un tournoi, il faut comprendre qu’Earnos et Terria n’avaient pas d’autres choix. »

« Mon fils … a préféré s’enfuir avec … celle qu’il aimait. Mon fils aimait la princesse. Mon fils … Earnos … Earnos est recherché, mort ou vif. »

La Drascore vint réagir aussitôt, réceptionnant la Coxyclaque qui venait de s’évanouir sous l’émotion. Aie, aie, aie … Quand même, des fois, il valait mieux prévoir tout ce qui se passait car il y avait de quoi être plus que surpris.
Dans les rues, les discussions allaient bon train en ce qui concernait Earnos et Terria. Il fallait dire que de plus en plus de rumeurs se faisaient entendre, certaines étant plus abracadabrantes que d’autres, certaines … plus proches de la vérité.

« T’es au courant ? Il paraîtrait qu’en fait, le Dardargnan a sali et violé la princesse avant de la tuer. C’est tout simplement horrible ! Comment est-ce qu’il a pu faire ça ? »

« Ne raconte pas n’importe quoi ! Il paraitrait qu’en fait, le Dardargnan et la princesse étaient amoureux. T’étais au courant au sujet du tournoi que le roi voulait faire ? »

« Oui et ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » demanda la seconde personne.

« Ben imagine ! Un Dardargnan, tu crois vraiment que c’est costaud ? Bien sûr que non ! En clair, le Dardargnan a préféré s’enfuir avec la princesse pour qu’ils puissent vivre librement ! Et en même temps, on ne sait pas si elle est vivante ou non. Peut-être que le roi veut retrouver la princesse pour qu’elle soit mariée au vainqueur du tournoi. »

« Mais c’est horrible alors ! On devrait la laisser épouser qui est-ce qu’elle désire ! »

« Bien entendu ! Mais vas dire ça au roi ! Et maintenant, on ne saura jamais la vérité puisque ce Dardargnan est introuvable. Comment veux-tu qu’on sache tout ça alors ? » termina de dire la première personne, recommençant à parler de tout et de rien.

Si seulement la vie était aussi simple que cela mais ce n’était pas le cas. Nul ne connaissait la vérité à part le roi et Earnos. Même les gardes qui avaient été avec le roi … n’étaient pas présents lorsque celui-ci avait porté le coup fatal à sa propre fille. Non … Il n’y avait que deux personnes : un traître au royaume, considéré comme l’assassin de la future monarque et … l’actuel roi des insectes.
Tout jouait contre lui, tout ! Mais il ne se laisserait pas faire ! Il en était hors de question ! Il garderait … Il allait la garder avec lui. Il était hors de question de rendre ce corps au roi ! De se rendre ! Pas après le crime que le roi avait commis ! IL EN ETAIT HORS DE QUESTION ! HORS DE QUESTION !

« Ah … Ah … Ah … Terria … Et nos projets ? Nos projets ? On avait dit que l’on fonderait une famille ! Pourquoi est-ce que tu … as fait ça ? J’aurai pu facilement me protéger ! Un petit trou dans le ventre ne m’aurait rien fait ! Toi, toi … Tu étais si fragile, il aurait mieux valu que ça soit moi … Hahaha … Terria. »

Il sanglota, recouvrant de ses larmes le visage sans vie de Terria. Il ne devait pas pleurer mais c’était plus difficile ! Comment est-ce qu’il pouvait faire autrement ? Terria n’était plus vivante ! Terria était morte ! Morte par son père ! Son père qui n’avait jamais pensé au bonheur de sa fille ! Toujours à envisager le mieux pour le royaume ! Sans se préoccuper un seul instant du bonheur de Terria ! Le bonheur que LUI lui donnait ! Lui quand il allait la prendre discrètement, l’emmenant faire une promenade pendant qu’ils fuguaient. Ah … Ah … Il devait s’en aller. Il se sentait mal …

« Mais où est-ce que je vais me rendre ? Je ne veux pas altérer ta beauté, Terria. »


Il passa une main sur sa joue froide comme la mort. S’il ne trouvait pas le moyen de garder son corps indemne, elle allait devenir … Il poussa un hurlement strident, le corps de Terria tombant au sol alors qu’il criait :

« JAMAIS ! JAMAIS ! JE NE LAISSERAI JAMAIS TON CORPS DEVENIR CADAVERIQUE ! JAMAIS ! JE VAIS TOUT FAIRE POUR QUE TU RESTES BELLE COMME AU PREMIER JOUR ! »

Peut-être qu’en allant voir les Arakdos … Oui, ils avaient trouvés le moyen de garder les corps indemnes. De les garder aussi beaux … que lors du moment où ils étaient morts. Ah … Ah … Hahaha … Il éclata d’un rire parcouru de sanglots avant de soulever le corps de Terria, s’envolant une nouvelle fois. Il ne remarque pas l’ombre qui le suivait, une ombre aux longs cheveux bruns et aux yeux de même couleur.

« Visiblement, cela est arrivé plus tôt que prévu. » murmura la personne aux cheveux bruns avant de se mettre à s’envoler à son tour, accompagnant le Dardargnan sans même qu’il ne puisse la remarquer.
Beaucoup trop tôt … Quelque chose s’était passé … Quelque chose de néfaste et mauvais, de très mauvais même. L’explication ? Elle avait entendu les rumeurs mais elle venait d’en avoir la confirmation. Le royaume courait à sa perte … si elle ne se mêlait pas de cette histoire. C’était donc à elle de s’occuper de ce qui se passait. Cela n’allait pas être une simple tâche, loin de là … Mais il était temps de briser cette malédiction.

Chapitre 30 : Un geste regrettable

Chapitre 30 : Un geste regrettable

«  Terria, mets-toi derrière moi. Regarde par la fenêtre s’il y a des gardes. »

Il avait dit cela en tremblant, étant épris de terreur alors qu’il savait que c’était sa dernière heure qui venait d’arriver. Terria s’exécuta, signalant après quelques secondes :

« Il n’y a personne, Earnos. On pourrait toujours s’enfuir et … »

« Enfuis-toi toute seule. Je vais essayer de raisonner ton père. Je vais lui faire entendre raison. Et je pense que de toute façon, ça ne sera pas possible mais enfuis-toi et … »

Il en était tout simplement hors de question ! Sans hésiter, elle se plaça à côté d’Earnos, lui prenant le bras alors que la porte de la chambre éclatait en morceaux, laissant voir l’homme aux cheveux verts, le monarque à l’allure impériale mais surtout ivre de haine.

« TERRIA ! Qu’est-ce que cela veut dire ?! JE VEUX DES EXPLICATIONS ! »

« J’aime Earnos, père. Je l’aime et il m’aime. Nous avons décidé de nous enfuir puisque tu ne nous permets pas de nous aimer librement. » dit clairement la jeune femme aux cheveux blonds, un peu effrayée par les yeux rubis de son père.

« T’aimer librement ? Tu as besoin d’un insecte fort ! D’une personne capable de te protéger en toutes circonstances ! Capable de … »

« Ce n’est pas parce que tu n’as pas pu sauver maman que ça ne seras le cas d’Earnos avec moi ! Earnos a toujours veillé sur moi, depuis des années ! Autant que toi avec maman quand vous étiez encore adolescents ! Vous me racontiez toujours cette histoire ! »

« NE PARLE PLUS DE TA MERE ! EST-CE CLAIR ?! TU VIENS AVEC … »

« Je ne peux pas accepter cette requête, roi Théor. » coupa calmement l’adolescent aux cheveux blonds alors que le roi Yanmega posait ses yeux sur lui. Earnos s’était placé devant la princesse, tendant les bras comme pour la protéger. « La princesse et moi, nous refusons de vous suivre tant que nous ne sommes pas sûrs que nous puissions nous aimer. J’aime votre fille depuis des années, je l’ai protégée pendant des années et je continuerai à la protéger, que vous le vouliez ou non. »

« Petit impertinent, comment oses-tu me parler de la sorte ? Toi ? Le fils de mon meilleur ami ! Comment as-tu osé poignarder le roi des insectes dans le dos ?! Depuis … Depuis quand est-ce que vous avez fait cela ? Depuis quand vous vous cachiez ? » demanda le roi, ses poings serrés, ces derniers commençant à se modifier.

« Cela doit faire une année … Je dirai depuis la fête des Arakdos. » murmura Earnos.

« DEPUIS UN AN, VOUS VOUS VOYIEZ ?! Depuis un an, ma petite fille s’éclipsait en douce pour venir voir un simple Dardargnan ? Ah … Ah … Ah … Elle n’est pas en sécurité. Elle n’est pas en sécurité si elle est capable encore de s’enfuir. Je ne sais pas comment elle est sortie de la chambre hier soir mais je savais où elle pouvait se rendre. Je le savais ! Je savais où elle comptait se rendre ! Ce n’était pas la première fois qu’elle se rendait ici ! »

« Et cela fait des années qu’Earnos m’aide à faire des fugues, cela fait des années que nous nous retrouvons quand nous le pouvons. Cela fait des années qu’il est à mes côtés ! Cela fait des années qu’il est auprès de moi ! Père ! J’aime Earnos et tu ne pourras rien y changer ! Ce n’est pas en tentant de me forcer à épouser une personne que je n’aime pas que tu arrangeras les choses ! Laisse-moi aimer Earnos, laisse-moi l’épouser ! Tu auras le gendre idéal ! C’est le meilleur parti possible pour moi ! Au lieu d’être en colère, tu devrais être heureux pour moi ! Et aussi pour le fils de ton ami ! »

« Ma fille … Ma fille … Amoureuse d’un faible … D’un être qui ne pourra pas la protéger. Si moi, je n’ai pas réussi à protéger Seiry alors comment est-ce qu’un simple Dardargnan le pourrait ? Comment est-ce que ça serait possible ? »

« Papa, arrête de te tracasser pour rien. Repose-toi, tu as eu un grand règne mais c’est à moi de continuer l’œuvre de maman. » chuchota l’Apireine d’une voix douce pour le rassurer.

« TAIS-TOI TERRIA ! TAIS-TOI ! Comment est-ce que tu peux dire ça ? Ta mère … Ta mère est morte parce qu’elle avait justement fait un grand règne ! Parce qu’elle avait été merveilleuse ! Comme ta grand-mère … Comme ton arrière-grand-mère, comme chacune des Apireines de ce royaume ! Toi, tu suivrais le même chemin qu’elles … Le même chemin mais je le refuse … Je refuse que ça se comme ça ! Je refuse que ça se déroule ainsi ! »

Ses deux mains étaient devenues des griffes, de dangereuses griffes pointues. Celles d’un Yanmega qui avait encore toute sa puissance malgré son âge. Il jeta un regard à la tache de sang sur le lit, poussant un hurlement de rage et de colère. Aussitôt, Earnos se plaça correctement devant Terria. Il n’avait pas ses lances mais qu’importe, il n’allait quand même pas commettre un crime envers la monarchie.

« Je ne sais pas du tout de quoi vous parlez mais je ne vous laisserai pas faire du mal à Terria. Elle a décidé de m’accompagner et je suis bien décidé moi-même à ce qu’elle me suive. »

« Tu ne la suivras pas ! Elle va revenir avec moi, elle épousera l’insecte le plus fort de ce royaume et elle sera protégée … contrairement à sa mère que je n’ai pas pu protéger. »

« Je ne peux pas vous laisser faire ça. Je suis désolé … Je vais gagner du temps pour que Terria puisse s’enfuir mais je vous laisserai pas la reprendre si c’est pour l’obliger à une vie où elle serait menottée à un mariage qu’elle ne désire pas. Le but des Apireines est de servir le royaume qu’elles dirigent. Si ce royaume n’est pas capable d’accepter l’un de ses rares caprices personnels en ce qui concerne son choix amoureux alors ce royaume ne mérite pas d’avoir une Apireine comme souveraine. »

« Tu oses insulter le royaume ? Je ne te laisserai plus vivre même si tu es le fils de mon meilleur ami ! Même si tu es celui qui a réussi à réunir tous les insectes dans le royaume ! Je ne peux pas laisser tes paroles impunies ! »

« Papa ! Ne le touche surtout pas ! Ne touche pas à un seul cheveu d’Earnos ! »

C’est vrai. Il avait oublié cela. Ses lances étaient des armes … mais il était un insecte. Et en tant qu’insecte, il pouvait aussi utiliser son propre corps comme une arme ! Déjà deux petites pointes apparaissaient au bout de ses mains, semblant fusionner avec elles. Il était prêt … Il n’avait pas besoin de lances puisqu’elles étaient déjà là.

« Earnos ! Qu’est-ce que tu fais ? Tu ne vas quand même pas blesser mon père ! »

« Terria, je ne veux surtout pas … qu’il te fasse du mal. Recule s’il te plaît … Passe par la fenêtre. Enfuis-toi, tu sais où nous devons nous rendre. Je te rejoindrai plus tard, je te le promets. Je t’aime, Terria. » murmura Earnos, gardant ses yeux fixés sur le Yanmega.

« TERRIA ! Tu as intérêt à rester ici ! Je ne te punirai pas … Mais ce Dardargnan … mérite la peine de mort ! » hurla soudainement le Yanmega en réagissant au quart de tour. Il s’était déplacé avec vélocité vers Earnos, celui-ci ne s’étant pas attendu à une telle pointe de vitesse de la part du roi. Si avec cet âge, il se déplaçait aussi rapidement alors qu’est-ce que cela avait été il y a plus de vingt ans.
Mais ce n’était pas le moment. Il devait se protéger avant qu’il ne soit trop tard ! Pourtant, il sentait que son corps ne réagissait que trop lentement, incapable devenir parer la griffe droite qui fonçait vers lui, au niveau du ventre. Pourtant, la griffe s’arrêta à quelques centimètres de son ventre, recouverte de sang. Il écarquilla les yeux, voyant Terria qui avait le ventre traversé par le bras de son père.

« Terr … Terria ? » murmurèrent les deux hommes en même temps, les yeux grands ouverts alors que le roi retirait aussitôt son bras, sa griffe redevenant main. Il fit quelques pas en arrière, regardant le sang de son bras puis le trou béant dans le ventre de sa fille. Celle-ci avait les yeux à moitié-clos, du sang s’écoulant de ses lèvres mais plus aucune réaction. Le jeune homme s’approcha d’elle, lui tapotant doucement les joues avant d’avoir les larmes aux yeux. Ce n’était pas possible. Pas maintenant hein ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi ? Pourquoi ? POURQUOI ? POURQUOI MAINTENANT ? Il poussa un hurlement strident avant de regarder le roi, serrant les dents.

« Vous l’avez tuée ! Vous l’avez tuée ! Vous l’avez tuée car vous ne vouliez pas qu’elle soit heureuse ! Vous ne vouliez pas qu’elle m’aime ! »

« Tu as tué ma fille ! Tu l’as tuée ! Tu as tué ma fille ! Cet acte ne passera pas impuni ! A cause de toi, le royaume est perdu ! Le royaume des insectes est perdu ! » hurla le roi à son tour, rejetant la faute de son acte sur le jeune homme. « Ma fille est morte … Après ma femme, ma fille est morte. Je n’ai pas été capable de la protéger non plus, je n’ai pas été capable de la protéger. Mais sa mort ne restera pas impunie ! GARDES ! GARDES ! »

Le roi criait à se briser la voix alors que des bruits de pas se faisaient entendre dans la maison de Douély. Aussitôt, Earnos prit le corps de sa bien-aimée dans ses bras, sautant par la fenêtre alors que les soldats arrivaient.

« Cet homme ! Cet homme vient de tuer la princesse Terria ! Pourchassez-le avant qu’il ne s’enfuie ! Pourchassez-le et tuez-le si vous le voyez ! Le royaume est perdu par sa faute ! »

Earnos était en train de courir, son dos faisant apparaître deux bosses dont la chair se déchira, laissant voir deux ailes. Sans hésiter un instant, il s’envola, Terria dans ses bras alors que ses larmes s’écoulaient le long de ses joues. Terria … Terria … Plus que le royaume, c’est lui qui venait de la perdre.

Chapitre 29 : Fonder une famille

Chapitre 29 : Fonder une famille

« Par contre, je suis désolée, je ne peux pas vraiment te faire à manger. J’ai trouvé ce tablier mais il n’y avait rien dans les meubles. »

« Toi ? Cuisiner ? Est-ce une blague ? Je vois mal ma princesse me faire la cuisine. » dit le Dardargnan avant de rire, Terria faisant la moue.

« Oui, bien entendu … Et puis quoi encore ? Je suis sûre que je peux être une grande cuisinière ! Tiens, je sais même ce que je vais faire maintenant que je suis une adulte. Ma mère était fleuriste non ? Alors, je serai cuisinière pour le royaume. »

« Aie, aie, aie, je disais ça en rigolant, Terria. Ne te met pas en colère. Je suis sûr que tu sais très bien cuisiner, je ne voulais pas te mettre en colère. »

« En fait, je ne sais pas du tout cuisiner, héhé. » répondit l’Apireine dans un grand sourire.

« HAHA ! Je le savais ! Je m’en doutais ! C’était bien plus facile à deviner hein ? Mais ne t’en fait pas, tout s’apprend et je suis sûr que tu deviendras une grande cuisinière. »

« Merci beaucoup, Earnos. Ça me touche vraiment que tu me dises ça. Quoi de mieux pour me sentir rassurée, n’est-ce pas ? Regarde le canapé ! Il est un peu poussiéreux mais je pense que l’on peut s’installer dessus sans problème. »

« Tu veux visiter la demeure de Douély ? Enfin, je crois que tu la connais déjà. »

Hahaha ! Et alors ? Ça ne l’empêchait pas de vouloir quand même la visiter non ? De toute façon, elle n’était pas bien grande, ça n’avait rien à voir avec le château mais qu’est-ce qu’elle se sentait bien ici. C’était juste pour la soirée … et nulle part ailleurs. Après, dès demain matin, ils partiraient tous les deux.

« Alors, tu as la salle de bain, je ne suis pas sûr que tout fonctionne encore. »

« Je ne sais pas … De toute façon, nous n’en aurons pas là où nous allons mais ce n’est pas bien grave. On continue de visiter ? Je connais déjà la cuisine et le salon comme tu peux t’en douter. Il ne reste plus qu’un seul endroit alors à visiter. »

« Oui … C’est vrai … Un seul endroit mais c’est le plus important pour se reposer. » murmura le jeune homme aux cheveux blonds alors qu’il se dirigeait vers la chambre de Douély. Aussitôt, la jeune femme vint s’asseoir dessus, regardant Earnos.

« Tu sais … Earnos … Pour fonder une famille … Enfin … Je ne veux pas t’embêter plus longtemps avec cela … Mais bon … » commença-t-elle à bredouiller tout en rougissant.

« Oui … Qu’est-ce qu’il faut ? » demanda-t-il, cherchant à comprendre ou du moins, se demandant s’il comprenait la même chose qu’elle.

« Il faut que deux personnes s’aiment pour toute la vie. Enfin … Surtout qu’ils s’aiment … tendrement. » répondit-elle, commençant à descendre le haut de sa robe avec lenteur, le jeune homme déglutissant. Oui, c’était vrai. « Fais pareil, c’est gênant si je le fais seule ! »

D’accord, d’accord ! Mais quand même … Il ne pouvait pas retirer ses yeux de la jeune femme qui commençait à se dénuder devant lui. Zut, zut zut ! Au lieu de la regarder, il valait mieux pour lui quand même qu’il retire son haut aussi ! Il parut torse nu devant elle alors qu’elle camouflait sa poitrine d’une main, la robe étant tombée jusqu’au ventre.

« Tu peux aussi venir t’asseoir, hein ? Ca sera mieux … pour se toucher. »

« Oui … C’est vrai, Terria. C’est juste que … Enfin, c’est un peu gênant. »

« Ça l’est pour nous deux ! Si … Euh … Je retire ma main, tu ne regardes pas trop hein ? » chuchota-t-elle alors qu’il hochait la tête négativement.

« Tu sais aussi bien que moi que ce n’est pas possible. Je serai obligé de t’observer. »

L’idiot … Ce n’était qu’un idiot ! Mais c’était cet idiot qu’elle aimait. Elle enleva sa main qui camouflait sa poitrine, la dévoilant aux yeux du Dardargnan. Celui-ci commença à retirer son pantalon tandis que Terria se levait, laissant tomber sa robe au sol. Finalement, les derniers vêtements ne furent plus qu’une formalité.

Les deux personnes étaient nues comme des vers, n’osant pas se regarder. En fait, elles étaient adossées l’une à l’autre, leurs deux mains se joignant avant qu’il ne murmure :

« Un moment, il faudra bien que l’un de nous se retourne … Enfin, le mieux serait que ça soit tous les deux, Terria. Mais … Je n’ai jamais vu … de fille nue. »

« Et alors ? Moi ? Je dois dire quoi ? Tu crois que je vois des garçons nus tous … HI ! C’est froid ! » s’écria la jeune femme aux cheveux blonds alors qu’elle sentait les deux mains qui vinrent l’enlacer au niveau du ventre, Earnos s’étant retourné. Il posa quelques baisers sur l’épaule gauche de Terria, celle-ci plongeant dans son mutisme, caressant son visage.

Ce n’était plus le moment de parler entre eux. Elle se tourna à son tour, venant l’embrasser longuement alors que leurs mains venaient parcourir le corps de l’autre pour le découvrir par le toucher et non la vue. Chacun cherchait le petit endroit spécial, celui qui donnerait des frissons d’excitation. Il ne tarda pas à le trouver chez Terria, celle-ci semblant adorer qu’on titille doucement son oreille avec des lèvres.
Lui ? C’était tout aussi simple puisqu’il suffisait qu’elle passe un doigt le long de sa colonne vertébrale pour lui donner de petits tremblements. Finalement, l’excitation prit le devant sur la timidité, Earnos demandant d’abord à pouvoir embrasser le creux de la poitrine de Terria, chose qu’elle lui laissa faire. Peu à peu, leurs deux corps semblaient prêts à accepter l’un en l’autre. Ce fut elle qui ouvrit faiblement l’intérieur de ses cuisses, cachant son visage derrière ses mains de honte. Lui ? Il utilisait simplement ses mains pour voir son visage, se couchant à moitié sur elle. Elle ne lui demanda même pas d’être doux car c’était avec une extrême précaution qu’il accomplissait tout cela.

Une extrême précaution et une hésitation attendrissante. A chaque centimètre rentré, elle gémissait et il s’arrêtait, prêt à se retirer. Mais pourtant, elle lui demandait de continuer, lui murmurant dans ses sanglots qu’elle voulait être uniquement à lui et que si elle devait souffrir un peu pour pouvoir l’aimer, elle n’avait pas peur.

Alors finalement, il fut intégralement en elle. Un peu de sang s’échappa mais voilà que ses gémissements plaintifs se transformaient en murmure de bonheur. Voilà qu’il prenait un rythme soutenu, son corps s’écrasant contre la poitrine de Terria. Il ne vint pas tenir très longtemps en elle, ne durant que quelques instants.

Pourtant, ces instants furent merveilleux pour l’un comme pour l’autre. La jeune femme haletait de plaisir tandis que le jeune homme avait sa tête contre son sein droit. Il ne faisait plus rien d’autre, murmurant :

« Je te promets de faire mie… »

« Pas besoin de parler, Earnos. Je ne te demande pas de faire mieux, surtout pour une première fois et j’étais plus qu’heureuse … Je suis enfin avec toi. »

C’est vrai … Ils étaient enfin réunis tous les deux. C’était le plus important. Ils restèrent ainsi pendant plusieurs minutes, chacun murmurant des mots doux à l’autre.

« Je serai tellement heureuse que cette première fois donne déjà la vie. »

« Il y a peu de chances que ça soit le cas mais pourquoi pas ? Je n’aurai rien contre. »

« Tu l’appellerais comment si c’était une fille ou un garçon ? » demanda-t-elle tout en rigolant, Earnos ne bougeant pas de sa position sur le lit.


Ça ? Il ne le savait pas encore. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il avait besoin de sommeil avec elle. Il déposa un rapide baiser sur le contour du sein sur lequel il se reposait, venant ensuite s’endormir alors qu’elle posait ses mains sur son dos, s’endormant à son tour quelques instants plus tard. Elle n’avait même pas cherché à mettre la couverture sur leurs deux corps.


Le lendemain matin, elle fut la première à se réveiller, embrassant les cheveux blonds du Dardargnan tout en remarquant ce qu’ils avaient fait tous les deux. Oui, elle voyait la tache de sang parmi les draps et elle ne put s’empêcher de rougir. Earnos se réveilla quelques instants après elle, les deux amants s’embrassant tendrement pendant quelques secondes pour se dire bonjour bien qu’aucun mot ne fut dit.
Finalement, ils se levèrent, décidant de se rhabiller car il était temps pour eux de quitter le royaume. Les vêtements froissés, les cheveux ébouriffés, les deux jeunes gens se regardèrent, un sourire aux lèvres alors qu’ils pouvaient voir le soleil radieux à travers la fenêtre. Il déposa ses lèvres sur celles de Terria, chacun murmurant à l’autre qu’il n’oublierait pas ce jour si spécial. Oh, bien entendu, ils allaient devoir s’excuser envers Douély si la Munja remontrait son visage mais cela faisait tellement de temps …

« OU EST MA FILLE ? OU EST-ELLE ? » hurla une voix avant qu’ils n’entendirent un fracas terrible de l’autre côté de la maisonnette. Quelqu’un venait de défoncer la porte ? « VOUS ! Vous restez ici et vous faites pour que personne ne s’échappe d’ici ! »

Les deux amants se regardèrent, apeurés alors qu’ils savaient de qui provenait la voix. Il n’y avait qu’une seule personne pour parler autant d’autorité. La personne qu’Earnos redoutait plus que tout au monde : le roi Théor : le roi des insectes.

Chapitre 28 : Un exil nécessaire

Chapitre 28 : Un exil nécessaire

Il était prêt … Complètement prêt même. Il ne l’avait jamais été avant aujourd’hui. Il avait son cœur qui battait à deux cents à l’heure alors qu’il avait lu l’heure et l’endroit où il devait se rendre. Un exil … Un véritable exil. Ne plus voir sa famille ? Ne plus voir sa famille ? Il avait envie de pleurer mais il se retenait. Il faisait ça par amour.

« Elle en met du temps … Peut-être que … » commença-t-il à murmurer alors qu’il était adossé à un mur. Un mur bien spécifique puisque de nombreux buissons cachaient une bonne partie de ce dernier. Finalement, un corps plus grand que le sien s’enfonça dans ses bras, à travers les buissons, venant l’embrasser longuement.

« Earnos, tu étais donc là. C’est bien ce qu’Olistar m’avait dit. » murmura une voix féminine qu’il reconnut facilement puisqu’il s’agissait de celle de la femme qu’il aimait.

« Visiblement, nous avons eu la même idée, Terria. Je … Je suis désolé pour hier, enfin, cette après-midi … J’aurai voulu le dire aux yeux de tous mais … «

Il se prit une violente baffe de la part de Terria, celle-ci venant de lui couper la parole. Avant même qu’il ne pose de questions, elle reprit :

« Ça, c’est bien parce que tu la méritais. Maintenant, je veux que dorénavant, tu assumes complètement ton amour pour moi. Tu ne pouvais pas savoir comme j’aurai voulu que tu hurles que tu gagnerais le tournoi ou alors que tu refusais une telle chose mais non, tu as encore préféré jouer l’indifférent devant tout le monde. Tu as du mal à y croire ou quoi ? »

« J’ai beaucoup de mal à croire que la princesse que je sers depuis des années m’aime … Oui, c’est surtout cela. Mais j’ai encore plus de mal à croire que les gens accepteraient qu’un simple Dardargnan … puisse être roi … et surtout aimé par leur Apireine. »

« EARNOS ! Arrête ça, j’ai été claire à ce sujet non ? Je t’aime, tout simplement. Arrête de te faire des idées autrement. Je suis prête à partir au bout du monde avec toi ! Mais est-ce que toi, tu en es capable hein ? Je veux le savoir … avant que l’on prenne cette décision. »

« Tu ne reverras plus personne … Terria. Tu ne reverras plus jamais ton père. »

« Sans être dans ma crise, je peux te promettre que son sort m’indiffère complètement. Je ne suis pas un objet qu’il peut manipuler à sa guise ! »

« Il t’aime, c’est tout, Terria. Il t’aime vraiment mais d’une façon …un peu spéciale. » murmura l’adolescent, Terria croisant les bras.

« Je le sais parfaitement … Je sais parfaitement que mon père m’aime et qu’il fait tout cela pour que je sois en sécurité quand il ne sera plus là ! Je sais parfaitement qu’il perd complètement la tête mais il est encore le roi actuellement ! »

« Calme-toi … Calme … toi s’il te plaît. De toute façon, nous ne verrons plus personne dorénavant. Nous ne verrons plus Olistar, plus Holikan, plus Férast … Je ne reverrai plus jamais mon père. Peut-être même qu’il partira à ma recherche et cherchera à me tuer sous ordre du roi. Tu … Tu comprends, Terria ? Tu comprends ? »

Il s’était mis à trembler, reniflant sans pour autant montrer de larmes. Elle … était bête sur ce coup. Earnos faisait un plus grand sacrifice qu’elle sur le coup. Elle vint l’enlacer, l’embrassant plusieurs fois à la suite, sans que les baisers ne durent très longtemps.

« Pardon Earnos … Je sais parfaitement tout ce que tu fais pour moi. Tu es plus que mon chevalier, tu es beaucoup plus. Tu es trop important … et l’exil ne me dérange pas. Nous fonderons notre propre royaume … Je lui ai déjà trouvé un nom. Qu’est-ce que tu penses de « notre famille » ? » demanda-t-elle en lui souriant tendrement.

La petite anecdote fit rire légèrement le jeune homme qui sécha une larme discrète avant de lui sourire à son tendre. Une famille ? Avec elle ? Il était convaincu que c’était la plus belle chose qui soit. Il chuchota faiblement :

« Ça serait avec grand plaisir, ma princesse. Mais ne perdons pas de temps, d’accord ? »

« Bien sûr mon … amour ? Qu’est-ce que tu penses de ce titre que je te donne ? Mon chevalier d’amour ? Bon, ça fait un peu pathétique donc on garde juste mon tendre amour. » répondit-elle avant qu’il pousse un peu les buissons, montrant par là le trou par lequel ils passaient auparavant. Toujours présent, toujours pas réparé, hahaha.
Il passa en premier pour être sûr qu’il n’y avait personne avant que Terria ne vienne le rejoindre. Voilà … Ils étaient sortis du château. Maintenant ? Ils étaient libres comme l’air.
Oh … Ils avaient juste pris quelques affaires, des vêtements mais sans que ça soit le plus important. C’était bête mais vivre d’amour et d’eau fraîche ne semblait pas les effrayer.

Alors qu’ils s’éloignaient du château en pleine nuit, ils ne prenaient pas forcément la fuite en courant comme des dératés. Non … Ils n’avaient rien à se reprocher. Lui comme elle s’aimaient tous les deux, c’était chose normale que de marcher …

« Ça me fait bizarre … de ne pas être immobilisée dans un coin, Earnos. Tu sais … D’être libre tous les deux sans se poser de questions. »

« Je comprends parfaitement ce que tu veux dire … Ça me fait le même effet, j’ai l’impression vraiment que … C’était la meilleure chose à faire. »

« Hahaha … C’était la meilleure chose à faire, oui ! Tous les deux, nous pouvons nous aimer librement maintenant ! Viens donc par-là ! »

Comme elle était plus grande et plus forte que lui, elle prenait les devants, venant l’embrasser tendrement au beau milieu de la rue qu’ils parcouraient. Oh, ils étaient en pleine nuit, il était surement vingt-trois heures voire minuit et donc il n’y avait personne mais qu’importe ! Même s’il y avait une personne ou une dizaine de personnes, ça ne changeait rien ! Il se lécha les lèvres et celles de la princesse quand elle commença à arrêter le baiser.

« Ca te fait quel effet, Earnos ? De s’embrasser à l’air libre ? Sans aucune contrainte ? »

« Je me sens vraiment bien … très bien même … »

« Et moi donc ! On recommence à partir ? On doit quitter le royaume. Tu sais où l’on va se rendre ? Du moins, est-ce que tu as une idée ? »

« On va aller retrouver la communauté Libegon dans le désert. Ils seront avec nous car ils n’ont pas appréciés l’histoire de la première Apireine et celle qui se déroule en ce moment. »

« Je comprends ce que tu veux dire, Earnos. Je pense que c’est une bonne idée ! On va vivre dans le désert, ça m’étonne un peu mais ne t’en fait pas, je suis très solide. » dit-elle en rigolant avec amusement. « Bien sûr, n’oublie pas que j’ai servi quand même comme ambassadrice pour les Rapions et les Drascores. »

« Mais je te fais entièrement confiance. Terria ? Je peux te proposer quelque chose ? Enfin, c’est à toi de voir mais … bon … C’est un peu une requête inutile. »

« Mais dis-là au lieu ! Tout ce que tu proposes n’est pas inutile ! Tu parles si peu, tu es si timide, Earnos. Et dire que tu as convaincu Férast de parler beaucoup plus et de s’ouvrir, tu devrais faire de même de ton côté. »

« Alors … Je vais te proposer quelque chose. Ca sera juste … bref … pour cette nuit hein ? Rendons-nous chez Douély. Je ne pense pas qu’elle soit revenue … Mais tu parlais d’une famille, pourquoi ne pas commencer dès maintenant ? »

« Earnos ! Nous n’avons pas … » bredouilla la jeune femme aux cheveux blonds, rougissant violemment à l’idée qu’elle se faisait de la proposition du Dardargnan.

« Du genre, tu es la femme de la maison et moi l’homme. J’aimerai bien qu’on … fasse une soirée où on serait tous les deux dans une famille normale. »

« Mais c’est quoi cette idée ? » dit-elle, étonnée par la proposition d’Earnos.

« Elle est stupide, je sais … C’est juste que … pour moi … La famille, c’est très important … alors, je voulais déjà m’imaginer en fonder une avec toi. »

« Mais non ! Elle est excellente ! Viens donc ! On va commencer tout de suite ! » répondit-elle dans un grand éclat de rire avant de lui prendre la main.

Elle lui tira le bras, les deux personnes se mettant à courir pour se diriger vers le quartier des Munjas. Ils arrivèrent devant la demeure de Douély, Earnos voulant pénétrer en premier pour être sûr qu’elle n’était pas là. Pourtant, Terria l’arrêta, lui disant de la laisser d’abord rentrer. Elle avait une petite idée en tête.
Après quelques instants, elle lui demanda de toquer à la porte puis de pénétrer dans la maison de Douély, chose qu’il fit. Lorsqu’il rentra dans la demeure de la Munja, Terria l’attendait, ayant un tablier autour de la taille et une spatule. Elle dit dans un grand sourire :

« Bonsoir mon amour ! Tu as une dure journée de travail ? Viens donc te reposer. »

Le visage d’Earnos s’illumina, ne semblant jamais avoir été aussi heureux. Oh, il était peut-être minuit et ce n’était clairement pas le moment de jouer à cela mais qu’est-ce qu’il était fou de joie ! Cette vision lui brûlait le cœur de mille feux.

Chapitre 27 : Décision irrévocable

Chapitre 27 : Décision irrévocable

Pourtant, la situation s’envenima deux mois plus tard, lorsque des hurlements se firent entendre dans tout le château. Des cris provenant de la salle du trône avant que ne sorte en colère la jeune femme aux cheveux blonds.

« Je refuse cela ! Tu comprends, papa ? JE REFUSE ! »

« Tu feras ce que je te dis ! Quel meilleur moyen pour trouve le gendre idéal que de faire un tournoi où le plus fort des insectes aura ta main ! »

« JE REFUSE DE DEVENIR UNE RECOMPENSE ! »

Elle s’en alla en courant, n’hésitant pas à bousculer les différents soldats sur son chemin. Un tournoi ? Le plus fort des insectes ? Le roi n’avait donc pas abandonné cette idée de trouver un gendre pour sa fille ? Sans même se préoccuper des sentiments de celle-ci ?

Elle n’avait même pas cherché à se diriger vers sa chambre. Non, elle s’était tout simplement dirigé vers le terrain d’entraînement, là où un jeune homme aux cheveux blonds était en train de combattre un autre aux cheveux verts sous les yeux d’une femme aux cheveux violets. Le combat s’arrêta lorsque les trois personnes virent la princesse en pleurs, celle-ci fonçant dans les bras du Dardargnan avant d’hurler :

« Earnos ! Mon père veut faire un tournoi ! Mon père veut faire un tournoi où je serai le premier prix ! Tu entends ? Il veut … Il veut que je devienne la femme du vainqueur ! »

« Euh … Attendez un peu, princesse. » dit le jeune homme, gardant son calme, regardant autour de lui. Ce genre de scènes allait porter à confusion. Néanmoins, Holikan et Olistar vinrent près d’eux pour savoir ce qui se passait tandis que d’autres tendaient l’oreille.

« Non ! Je ne peux pas attendre ! Mon père veut que je devienne la femme d’un autre ! »

« La femme d’un autre, la femme d’un autre … Vous savez … Il suffit juste que cette autre personne gagne le tournoi et ensuite … »

SBAF ! La claque qu’il se prit était des plus violentes, le faisant pencher sa tête sur le côté droit alors qu’elle s’en allait en pleurant. Aie, aie, aie. Ca faisait horriblement mal.

« Tu lui as fait quoi à la princesse pour la mettre dans cet état ? » demanda Olistar, Earnos haussant les épaules avant de murmurer :

« C’est quoi cette idée de tournoi ? De quoi est-ce qu’elle parlait ? »

« Peut-être qu’il aurait mieux fallut lui poser la question non ? Avant de dire de telles choses. Je pense que dans une situation comme ça, tu aurais pu te montrer un peu moins … « évasif », Earnos. » dit Olistar en soupirant. « On sait bien que vous voulez éviter de trop en montrer mais pas du tout, ce n’est pas bon non plus. »

« Je sais bien … mais c’était instinctif. Mais cette idée de tournoi … Il faudrait en savoir plus à ce sujet car je suis vraiment très intrigué. »

Qui ne l’était pas ? Chacun reprit son travail habituel sauf lui ainsi qu’Olistar et Holikan. Tous allèrent se renseigner au sujet de ce fameux tournoi. Ainsi, le roi avait décidé de créer ce tournoi car il en avait assez de ne pas trouver une personne assez forte pour sa fille. C’est pourquoi il avait décidé que ce tournoi l’aiderait à trouver une solution à tous ses problèmes. Bien entendu, Earnos pouvait aussi y participer bien que l’un comme l’autre ne pensait pas qu’il irait très loin dans ce tournoi.
Et les jours d’après ? Il avait tout simplement l’impression de retourner à la situation d’il y a quelques années. La princesse était impossible à voir. Aucune personne ne pouvait rentrer dans sa chambre et elle pouvait à peine en sortir, sous bonne escorte. Il trouvait la situation insoutenable. Plus qu’insoutenable même.
Déjà, il était en manque des baisers de la princesse, tout son corps réclamait l’épiderme de l’Apireine contre le sien. C’est tout ce qu’il désirait. Et ça, il ne pouvait même pas l’obtenir ? AH ! Quelle blague ! Quelle idiotie ! Il n’aimait surtout pas ce qui se passait ! Il ne pouvait pas laisser continuer une telle chose ! Il en était hors de question !

Il devait trouver un moyen de libérer Terria ! Participer au tournoi ? Non … Ça lui rappelait quelque chose ce tournoi ! Ça lui rappelait quelque chose. Il devait mettre la main dessus et … Plusieurs coups se firent entendre à la porte.

« Je peux rentrer, Earnos ? C’est Olistar. »

« Oui, bien entendu. Pourquoi est-ce que tu ne pourrais pas ? » répliqua le Dardargnan, un peu étonné du ton doux de la Drascore. Celle-ci pénétra dans la chambre avant de lui sourire faiblement. « Comment est-ce que tu vas ? »

« Pas si bien que ça … Disons que ce tournoi ne me donne pas vraiment de bonnes vibrations. J’essaye de me rappeler où j’en ai déjà entendu parler … Mais je ne suis plus sûr de cela. »

« Je pense savoir à quoi tu penses justement. »

« Le tournoi de la première Apireine ! VOILA ! C’était ça ! »

Il s’en rappelait maintenant ! La création du royaume ! C’était ça ! Voilà ce que ça lui rappelait ! La création du royaume, le tournoi, le drame … C’était ça … C’était ça dont il se rappelait maintenant. Oui … Parfaitement.

« Le roi a utilisé le même procédé que pour la création du royaume. »

« Et qu’est-ce que tu comptes faire, Earnos ? » demanda la Drascore, gardant son sourire et croisant les bras au niveau de sa poitrine.

« Je ne sais pas … J’ai peut-être une idée … mais aberrante. »

« Aberrante au point que tu ne peux pas me la dire ? »

« Tu es bien la seule à qui je peux la dire … Je compte kidnapper la princesse et m’enfuir avec elle au loin … sûrement dans le désert où vivent les communautés Libegons et Drascores. Peut-être qu’elles accepteront de nous cacher parmi elles. »

« Ça semble correspondre à ce que Terria veut faire. Je peux donc te donner cela … »

Lui donner quoi ? La jeune femme s’approcha de lui, tendant une lettre. Une lettre … de la princesse Terria ? Il commença à l’ouvrir mais elle l’arrêta, reprenant :

« Attends que je sois partie … et prépare aussi tes affaires. Enfin bon, je te souhaite bonne chance, Earnos. Vous en aurez bien besoin tous les deux, je ne peux faire que ça. »

« Attends un peu, Olistar ! Depuis quand est-ce que tu … sais ? » demanda-t-il finalement alors qu’elle éclatait de rire.

« Allons-bon … Si j’ai incité Terria à réagir de la sorte après la fête, c’est bien parce que je me doutais de quelque chose non ? Et puis bon, il faudrait être aveugle … ou fou … pour ne pas comprendre la relation entre toi et elle. »

« Ne dit rien du tout, s’il te plaît. Je ne veux pas que les autres soient au courant. »

« Je suis celle qui va se charger d’endormir les gardes ce soir … Après, vous vous débrouillez seuls, tous les deux. Attends que le roi se calme ou … trépasse. Je n’aime pas utiliser ce mot mais je suis bien obligée dans cette situation. Enfin bref … Vivez heureux, tu peux me le promettre, Earnos ? Toi et elle … »

« Je te le promets, Olistar. Je vivrai heureux avec elle, je la rendrai heureuse du mieux que je le peux. » dit le jeune homme alors qu’Olistar tendait ses bras vers lui.

« Une dernière étreinte ? Car nous n’allons pas nous voir avant un bon bout de temps, je crois. Si cela ne te dérange pas d’être serré dans les bras d’une autre femme. »

Bien sûr que non. De toute façon, il devait remercier la jeune femme pour ce qu’elle venait de faire. Il vint serrer Olistar dans ses bras et inversement, celle-ci lui murmurant :

« Bonne chance, Earnos … Sois heureux … Et sache que bien que tout sera très difficile à partir de maintenant, tu seras toujours accompagné par la femme que tu aimes. »

« Je ne peux pas te forcer à nous accompagner, Olistar. Je ne veux pas que tu sois en danger, toi aussi car si je me fais attraper, c’est la mort qui m’attends. »

« Je ne peux pas obliger Holikan à me suivre non plus. Pardon … J’irai rassurer tes parents quand ils apprendront la nouvelle, je te le promets. Je veillerai sur ta famille à ta place. Mais ne regrette pas ce que tu comptes faire. »

Oui … Il resta ainsi pendant quelques minutes, gardant Olistar contre lui. Celle-ci se libéra finalement de son étreinte, venant l’embrasser sur la joue avant de lui caresser le sommet du crâne. C’était peut-être la dernière fois qu’il la verrait. Lorsqu’elle partit, il s’écroula sur son lit, restant assis en se tenant la tête entre ses mains. Qu’importe si cela devait le mener à l’exil, il avait pris sa décision. Il partirait avec Terria.

Chapitre 26 : Ne pas hésiter à l’aimer

Chapitre 26 : Ne pas hésiter à l’aimer

Après ce qui s’était passé, après ce qui avait été dit, il ne pouvait rien faire d’autre que de s’entraîner, s’entraîner longuement. Il ne se privait pas pour combattre. Avec une endurance hors-pair, il arrivait à gagner la majorité de ses combats pendant les entraînements. Devenir plus fort, n’est-ce pas ? C’était ça ? Devenir toujours plus fort, sans même se poser de questions, sans même savoir qui a raison ou tort, n’est-ce pas ?


Ca ne faisait rien … Il devait devenir plus fort. Il devait se faire respecter par le roi pour espérer avoir la main de la princesse. Même si cela avait été dit sur le ton de la plaisanterie, il y croyait dur comme fer. Il croyait vraiment en cela. Il devait montrer ce dont il était capable ! Il n’était pas qu’un simple Dardargnan !

« Earnos ? Tu es vraiment sûr de toi ? Je te préviens que je n’irai pas de main morte. »

« Holikan, je dois t’affronter, c’est aussi simple que ça ! Et je te demande d’être le plus sérieux possible ! Ensuite, je ferai pareil avec Olistar même si là, je n’espère pas du tout gagner … » marmonna Earnos en regardant la Drascore qui lui faisait un grand sourire.

« Tu insinuerais qu’Olistar est plus forte que moi ? Le pire, c’est que je ne peux même pas te contredire et ça m’enrage plus que tout. »

« Être plus faible qu’une fille, je ne sais pas … Ça doit être quelque chose d’horrible mais à force, je m’y fais. Je sais que je suis plus faible que la princesse Terria … donc bon … Je le prends moins mal quand j’y repense à chaque fois. Tu es prêt ? »

« Je suis prêt … Mais je te rappelle que je ne te ferai pas de cadeau. »

Pas de cadeau ? Tant mieux, il préférait que ça se passe ainsi et pas autrement. Le jeune homme aux cheveux verts se tint en face de lui avant qu’Earnos ne lance sa première attaque. Au loin, Olistar était à côté de la princesse Terria, disant d’une voix amusée :

« Alors, qu’est-ce que cela fait de voir quelqu’un se battre pour soi ? »

« Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler, Olistar. » murmura la jeune femme aux cheveux blonds alors qu’Olistar rigolait avant de reprendre :

« Bien entendu, tu ne vois pas de quoi je veux parler. Bien entendu … Qui donc n’arrêtait pas de me parler de lui quand nous étions seules ? »

« Je crois me rappeler que je n’étais pas la seule. Quelqu’un n’était pas avare de compliments à ce sujet, est-ce que je me trompe ? »

« Oh … Et je n’en suis toujours pas à son encontre. Earnos est vraiment quelqu’un de spécial. Je le reconnais amplement. »

« HEY ! Ne dit pas ça alors que tu as déjà Holikan, c’est compris ? » déclara la princesse avec un peu de colère, Olistar soufflant dans son oreille :

« Et donc … Ce n’est pas de la jalousie que j’entends de la part de la princesse ? »

Tsss ! Terria détourna le regard sans répondre, rougissant légèrement alors qu’Earnos se retrouvait à terre. Holikan respirait bruyamment, semblant épuisé alors qu’Earnos avait plusieurs ecchymoses qui apparaissaient sur son corps.

« Earnos … Je ne sais pas ce que tu es … Sûrement un roc, ce n’est pas possible autrement. J’avais l’impression de frapper contre de la pierre. »

« Je ne comprends pas … Je ne comprends pas du tout … »

« De quoi ? Pourquoi je suis debout ? Le problème vient de ton attaque et surtout que je sois un Yanmega. Tu ne tapes pas assez fort dès le début et plus le combat s’éternise, plus je frappe et me déplace rapidement. Sache cela … »

« Donc tant que je ne suis pas assez fort, je ne pourrai jamais te battre. Car faire durer le combat contre toi reviendrait à perdre, c’est cela ? » marmonna l’adolescent.

« A peu de choses près, je dirai que c’est ça … Je suis désolé mais il vaut mieux que tu t’entraînes avec d’autres personnes pour le moment. »

« Hors de question, je dois progresser et ce n’est pas en gagnant tout le temps que je le pourrai. Je préfère encore perdre contre toi ou Olistar, voire même Herakié plutôt de gagner avec facilité, sans pour autant m’en vanter. »

« Comme tu le désires … Bon, je vais aller voir Olistar. Soigne-toi, repose-toi et recontacte-moi quand tu le veux pour la revanche. Tu sais où me trouver. »

Oui, bien entendu. Il n’en demandait pas plus. Il resta couché au sol, serrant les poings tout en prenant une profonde respiration. Il s’était loupé encore une fois. Encore une fois … Finalement, il se redressa, allant à l’opposé d’Olistar, Holikan et Terria. D’ailleurs, l’Apireine s’éloigna à son tour, allant dans la direction inverse à celle d’Earnos.

« Qu’est-ce qui se passe, Olistar ? Tu as l’air soucieuse ? »

« Oh pas vraiment soucieuse … Disons plutôt que je satisfaite de la tournure des évènements même si cela ne sera pas forcément le cas de tout le monde. »

« J’avoue que je ne comprends guère où tu veux en venir mais ce n’est pas bien grave. Si je devais comprendre tout ce que tu disais, je serai dans une belle galère. »
Oh bien entendu. Quel vil flatteur quand il s’y mettait. Il disait tout simplement qu’elle était quand même d’un autre niveau en terme d’intelligence. Bien, bien, bien, il se rattrapait ! Il en avait de la chance qu’elle soit aussi gentille avec lui. De toute façon, elle avait réussi à le maîtriser et maintenant, elle pouvait voir le résultat. Holikan était aussi doux qu’un agneau ou presque. Rien à voir avec celui qui fut un raciste pendant de nombreuses années.

« Quand même … La princesse s’est mise à partir rapidement après que j’ai fini mon combat contre Earnos. Je me demande si elle a pris au sérieux les propos de son père. »

« Oh … Quel idiot tu es. Tais-toi et suis-moi au lieu. » soupira Olistar en rigolant.

Ailleurs, la princesse se retrouvait adossée à un mur, les bras plaqués contre celui-ci, deux mains les maintenant fermement : les mains d’Earnos. Celui-ci embrassait avec vigueur la jeune femme aux cheveux blonds, caressant ses hanches en même temps. Elle ? Elle se laissait étreindre, rejoignant ses mains pour se coller tout à lui. Lorsque le baiser fut stoppé, elle demanda d’une voix essoufflée :

« Et bien … Je ne veux pas dire … mais un tel baiser … C’est la première fois que j’en ai un de la sorte. Tu m’étonnes, Earnos. Qu’est-ce qui se passe ? »

« Terria, je t’aime … Je t’aime plus que tout. »

« Première nouvelle … Tu ne penses pas que je suis déjà au courant de tout ça ? »

« Non ! Tu ne comprends pas ! Je t’aime vraiment. Je veux t’aimer chaque jour de la semaine, chaque heure, chaque minute de ma vie. Je n’en peux plus de ne pas pouvoir te tenir la main quand je le désire, de ne pas pouvoir t’embrasser quand je le veux. J’en ai assez ! Mais je ne serai jamais assez fort ! Jamais ! Je voulais battre Holikan … Je voulais le battre pour montrer au roi que je suis digne de toi. Pour montrer que je suis assez fort pour être le futur roi mais surtout l’homme que tu aimes. »

« Oh … L’homme que j’aime n’a pas besoin d’être fort. Tout ce que je demande, c’est de t’avoir à mes côtés à chaque moment de mon existence, rien de plus. » répondit-elle avec tendresse, passant ses bras autour du cou du jeune homme aux cheveux blonds.

« Mais ce n’est pas assez, Terria. Pas du tout, je dois le montrer aux yeux des autres aussi. Je dois le montrer aux yeux de ton père, du peuple. Je veux être un Dardargnan digne de toi. »

« Tu es un peu comme mon père, Earnos. Tu as besoin de te distinguer pour ne pas être dans mon ombre, c’est ça ? Reste comme tu es, c’est amplement suffisant. »

« … … … Si seulement c’était aussi facile, Terria. Si seulement ça l’était … Terria … Je veux vraiment que tu restes avec moi … pour toujours. Je veux que tu comprennes cela. »

Bien sûr qu’elle comprenait ! Elle comprenait même très facilement car elle ressentait la même chose ! D’ailleurs, à force d’être dans les bras d’Earnos, elle avait un peu chaud. Ils étaient tous les deux rouges à force de se serrer l’un contre l’autre.

« Earnos, tu sais, un jour … Enfin, je vais essayer de forcer la chose avec mon père. Autant, avant, ils pouvaient prendre cela sur le ton de la rigolade. Autant maintenant, il est bel et bien sobre. Je vais parler avec lui. »

« Fais de ton mieux mais ne te mets pas en danger à cause de moi d’accord ? Enfin qu’est-ce que je dis, le roi va mieux depuis des mois. »

« Oui … Il va mieux … Enfin … Oui … » dit-elle avec tristesse, un sourire aux lèvres.

Qu’est-ce que ça voulait dire ? Terria semblait avoir perdu toute joie de vivre dès l’instant où il avait dit cela. Est-ce qu’il avait commis une bêtise ? Mais quel idiot ! Il la reprit dans ses bras, la serrant contre lui. Mais oui, tout allait bien se passer. Tout allait bien se passer.

Chapitre 25 : Blague et vérité

Chapitre 25 : Blague et vérité

Rien à faire, rien du tout. Le roi ne semblait même pas l’écouter ! Son propre père se fichait complètement de ce qu’elle disait ! Il n’avait en tête que l’idée même de lui trouver un parti noble et surtout puissant. Il ne l’écoutait pas … Il s’en fichait complètement. Il ne lui portait aucun intérêt. Il voulait juste un gendre capable de perpétuer la royauté.
« Earnos … Tu viendras à mon anniversaire hein ? »
Elle lui avait demandé cela en l’implorant presque, quelques larmes aux yeux. Mais il n’avait pas déjà répondu à cette question ? C’est vrai que cela faisait quelques semaines et que l’anniversaire était ce soir mais quand même … Enfin bon, il passa une main sous les yeux de Terria, essuyant ses larmes en disant d’une voix calme et douce :
« J’ai dit que je venais, je tiendrai parole, voilà tout. Tu n’as pas l’inquiétude à te faire, d’accord ? C’est ce soir et il faut alors que je me prépare. Essaie de tout faire pour que je sois assis à tes côtés, au moins, tu n’auras alors pas d’inquiétudes à avoir. »
« Oui ! Bien sûr, je vais aussi me préparer, Earnos ! Les gens vont se poser des questions si je mets trop de temps. Déjà que nous ne sommes pas cachés, là. »
Oui … Bien entendu. Il comprenait parfaitement. Elle vint déposer un rapide et chaste baiser sur ses lèvres en vérifiant auparavant que personne n’était là. Ensuite, elle l’enlaça pendant quelques secondes avant de finalement quitter ses bras pour s’en aller de son côté. Il la regarda partir en poussant un profond soupir. Il l’aimait … tellement … Peut-être qu’il pouvait tenter d’en parler avec le roi ce soir ?
D’ailleurs, le soir ne tarda pas à se présenter, lui-même étant habillé élégamment, comme auparavant … lors de la fête. Avec les lunettes de son père … Il était vraiment un Dardargnan ? Il avait du mal à le croire mais pourtant, c’était bel et bien le cas. En même temps, la princesse était tout simplement radieuse et magnifique. Il adorait vraiment ses cheveux blonds et longs. Par contre, ce qu’il appréciait moins, c’était le fait qu’il voyait plusieurs têtes inconnues … et plutôt jeunes … comme eux.
Mais au moins, ils étaient côte à côte. Terria avait réussi à les réunir ensembles, d’une façon bien ingénieuse puisqu’à côté d’elle se trouvait donc lui … mais aussi Holikan. Ainsi, elle avait prétexté qu’elle préférait être entourée de ses deux chevaliers. Malins, très malin de sa part ! D’ailleurs, il appréciait tellement cette idée qu’il avait cherché à prendre sa main sous la table. Bien entendu, il y avait aussi Olistar et sa propre famille. En même temps, Férast et Lisian n’avaient pas été invités, cela était dommage.
« Dix-huit ans, princesse Terria. Maintenant, vous êtes une grande fille. » déclara Earnos en émettant un grand rire, la jeune femme rougissant violemment.
« Hey ! Tu es prié de ne pas te moquer, Earnos ! Je suis plus âgée que toi, ça veut dire ! »
« Euh … Ca, je n’en suis pas si sûr. De toute façon, on a à peu près le même âge, hein ? Donc, je ne pense pas que cela va changer beaucoup de choses. » répondit-il dans un sourire.
« Bien entendu, Earnos, bien entendu. »
Et pendant toute la soirée, le Dardargnan s’accapara l’attention de la princesse. Comme il était à côté d’elle, cela n’était pas difficile et aucun des nobles autour d’eux ne pouvait semblait avoir l’intérêt de l’Apireine. Olistar discutait avec Holikan, les deux personnes regardant souvent Terria et Earnos.
Les minutes passèrent, devenant quelques heures et chacun et chacune avait maintenant les joues rougies par la légère montée de l’alcool. Oh, bien entendu, les plus jeunes n’avaient pas le droit à cela malgré qu’elles veuillent y goûter. Oui, il parlait bien de ses deux plus jeunes sœurs et aussi de sa filleule.

Quant à son père et au roi Théor, ils semblaient se retrouver grâce à l’alcool. Ici, plus de place à la monarchie et au grade militaire, simplement à deux bons vieux amis. D’ailleurs, ils continuaient de rire et de boire ensemble, Walane posant son regard sur son fils avant de dire d’une voix amusée :
« Hey, Théor, je me disais. Puisque mon fils est sans petite amie et que ta fille est libre, pourquoi est-ce que l’on ne les mettrait pas ensemble hein ? »
Aussitôt, les conversations s’arrêtèrent, Earnos et Terria se tournant vers le père du premier. Qu’est-ce qu’il venait de dire ? Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd là. Loin de là même. Earnos remarqua le regard de sa grande sœur posée sur lui et Terria. Celle-ci vint dire d’une voix un peu troublée et sûrement poussée par l’alcool :
« Earnos est un gentil garçon, très gentil garçon ! Moi, ça ne me dérange pas si c’est lui ! De toute façon, il est le seul garçon qui est à mes côtés depuis des années ! Maintenant, Holi … Holikan est avec sa Drascore donc bon, y a plus personnes pour moi à part Earnos. »
« Je ne fais que servir ma princesse … » bredouilla le jeune homme aux cheveux blonds.
« Arrête tes bêtises, Earnos ! Princesse, princesse, si mon père et le tien décident que nous devons nous marier, ben on le fera ! Que ça te plaise ou non ! Je suis une femme avant d’être une princesse ! Et un joli garçon comme toi, ça ne serait pas déplaisant ! »
« La princesse semble avoir un peu trop bu. Elle n’a plus toute sa raison. » dit l’un des nobles, étant un puissant Scarhino qui gardait difficilement son calme malgré la situation.
« Je n’ai pas trop bu ! C’est compris ? Et puis, je vois pas pourquoi tu as été invité. De toute façon, le seul qui est à mes côtés depuis le début, c’est Earnos et personne d’autre ! Moi, je ne veux personne d’autre pour l’instant ! »
Et lui ? Il ne savait plus du tout où se mettre. Malgré les effluves d’alcool, il gardait son calme et son sérieux, chose bien difficile. Il pourrait crier que ça ne le dérangeait pas non plus ! Il pourrait aussi donner des choses car il voyait bien que Terria était prête.
« Il faut dire que nous avons tous les deux des cheveux blonds et des yeux rouges … Et il y a un proverbe qui dit que ceux qui se ressemblent s’assemblent. »

Oh qu’il avait honte, qu’il avait vraiment honte de dire ça. C’était particulièrement ridicule. Il pourrait juste faire comme Terria. Prétendre qu’il était ivre et dire ce qu’il voulait.
« HAHAHAHA ! Mais Walane était en train de rire, n’est-ce pas ? Comme si ma fille allait se fiancer avec un Dardargnan. »
« Hey, Théor, on parle quand même de mon fils, ce n’est pas n’importe qui. » dit le Dardargnan avant de donner une petite tape dans l’épaule de son ami.
« Ah oui, bien entendu. Je ne nie pas que ton fils est bien spécial ! Réussir à ramener tous les peuples des insectes dans le royaume, ce n’est pas n’importe qui ! »
« Et alors ? Qu’est-ce que l’on attend ? Si tu es d’accord, je ne vois pas pourquoi on refuserait ! Et puis, ça me permettrait alors de t’appeler comme je le désire puisque tu es de la famille ! Ça serait plutôt drôle non ? »
« Hahaha ! Oui, ça le serait mais ton fils est bien trop faible. J’ai besoin d’un gendre fort et intelligent. Ton fils n’est peut-être pas un idiot, loin de là mais s’il devenait plus fort, j’y réfléchirai. On va dire que si vraiment, je ne trouve personne pour ma fille, je penserai à ton fils ! Qu’est-ce que tu en penses, Walane ? »
« Ouais, ça me convient mais maintenant, on est pas là pour parler de mon fils mais plutôt pour l’anniversaire de ta fille, la future reine de ce royaume ! »
Les deux hommes éclatèrent de rire ensemble alors qu’Earnos ne savait plus du tout où se mettre. Qu’est-ce qui venait de se passer ? Et les nobles dans tout ça ? Et la princesse ? AH ! Il perdait complètement la tête à cause de toute cette histoire !
Mais sous la table, Terria venait caresser sa main avec tendresse, s’approchant de lui comme pour lui chuchoter quelque chose dans le creux de l’oreille :
« Earnos, tu crois que je fais bien la fille un peu alcoolisée ? »
« Quoi ? Tout ça, ce n’était que du pipeau ? Terria. Ça ne se fait pas du tout. »
« Tu as bien entendu mon père non ? Et le tien hein ? Alors, pourquoi ne pas faire semblant aussi … Et puis, bon, tu as vu que mon père … n’est pas totalement contre non plus. »
« Oui mais bon … Il n’est pas totalement pour. Je vais devoir faire de gros efforts. Tu crois vraiment que je peux devenir plus fort ? » demanda l’adolescent.
« Je suis sûre et certaine que ça soit le cas. Tu veux encore un peu de vin ? J’ai l’impression que tu n’as pas beaucoup bu de la soirée. Je vais tout faire pour que tu sois saoul comme un tonneau ! Ca va être drôle de te voir comme ça ! »
« Je ne suis pas si sûr à ce sujet … que cela soit drôle. »
« Hahaha ! Aller ! Bois, bois, bois ! » dit la jeune femme qui fêtait son anniversaire, lui ouvrant la bouche pour le forcer à boire. AIE AIE AIE ! HEY ! Il n’avait pas de force comparé à elle ! Ça ne servait à rien de lutter, il le savait parfaitement mais bon … Voilà qu’il était en train de s’abreuver par la force d’un liquide alcoolisé. Et zut ! Elle faisait semblant ? MON ŒIL ! Elle était complètement bourrée !

Chapitre 24 : L’amour est partout

Chapitre 24 : L’amour est partout

« Lis … Lisian … Je … Je dois t’avouer quelque chose. »

« Qu’est-ce qu’il y a encore ? Pour tes leçons de savoir comment gérer ta timidité, ce n’est pas encore maintenant. Tu le sais pourtant non ? »

« Je t’aime, Lisian ! »

La Cheniti devenue Cheniselle resta interdite pendant plusieurs secondes avant que le rouge ne monte à ses joues. Elle ne rêvait pas hein ? Ou alors, l’adolescent boursouflé légèrement en raison de son état de Foretress venait de dire quelque chose de … surprenant ? Ohla ! Ohla, ohla ! Elle devait se calmer et se concentrer ! Ce n’était pas bien grave, ce n’était pas bien important, c’est juste que sur le coup …

« Férast, comment ne pas te brusquer ou te choquer … Enfin non … Mon but n’est pas de te faire mal mais voilà quoi … Il vaudrait mieux … Oh … Ce n’est pas que je te déteste, loin de là même ! Je t’apprécie énormément et ensuite, je … Oh, je ne sais plus. »

« Tu n’es pas obligée de donner une réponse maintenant même si elle sera négative. Au moins, je voulais juste que tu le saches, c’est tout ! »

« Oui mais non, ça ne se dit pas en public, ça … Regarde les autres autour de nous ! Maintenant, ils vont attendre une réponse ! Si je te réponds non, ils vont croire que je suis la dernière des garces. Enfin bon … Je veux bien que l’on se donne la main pour l’instant. »

C’est vrai ? Férast semblait plus qu’heureux, arborant un grand sourire avant de tendre sa main potelée et deux fois plus grosse que celle de la Cheniselle. Celle-ci vint rougir, détournant le regard avant d’y poser la sienne. Elle marmonna :

« Oui bon, n’en fait pas tout une maladie non plus hein ? C’est juste comme ça et pas autrement. C’est simplement car y a tout le monde. Sinon, j’aurai refusé. »

« Ça ne fait rien, Lisian. Je veux bien que tu continues à m’apprendre. »

« Mouais, je suis pas vraiment convaincue de vouloir continuer. »

Mais bon, pourquoi pas ? Après tout, ça ne devait pas être si dommageable de sortir avec Férast. C’était bien le seul garçon qu’elle connaissait depuis maintenant pas mal d’années. Même si elle avait essayé de mettre la main sur Earnos, il fallait bien s’occuper du Foretress et puis, elle ne trouvait pas cela désagréable.

« Hey ! Qu’est-ce que vous regardez tous ? C’est pas un spectacle ici ! » s’écria la Cheniselle en rougissant, tirant Férast loin de cet endroit.

Oh ? Lui ? Il n’avait pas perdu une miette de ce spectacle. Il était content pour eux … même si dans le fond, il était quand même jaloux de Férast. Non pas parce qu’il semblerait que la Cheniselle ait répondu à son amour … mais plutôt parce que lui qui était d’habitude si muet et timide … Lui avait réussi à déclarer devant tout le monde cela. Il était ridicule, complètement ridicule et pathétique ! Il avait honte de lui sur ce coup !

Tellement honte qu’il ne répondit pas au baiser de Terria quelques heures plus tard alors qu’ils se retrouvaient dans un coin isolé dans le château. Elle connaissait ce dernier par cœur et savait parfaitement où se rendre pour qu’ils soient tranquilles. Remarquant qu’Earnos ne mettait pas du sien dans le baiser, elle lui caressa la joue, demandant :

« Earnos ? Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu n’es quand même pas triste pour Lisian non ? On m’a appris la nouvelle au sujet d’elle et de Férast. »

« Je ne suis pas triste pour eux ou à cause d’eux … Mais à cause de nous. »

« Ah non, Earnos. On ne va quand même pas recommencer ça, non ? Je te l’ai déjà dit, ce n’est pas un problème que tu sois un Dardargnan ! Non ! Je suis même très heureuse que ça soit le cas ! Ça montre que tu es exceptionnel … et tu l’es à mes yeux. »

« Terria, sincèrement … Je… Je voudrai tellement le dire à ton père, demander ta main au roi Théor, le crier à tout le monde mais … »

« Tu manques de courage et surtout tu as peur du regard des autres. Je le sais parfaitement, Earnos, je le sais parfaitement mais ça ne me gêne pas. Autant que l’on garde ça secret s’il le faut, ce n’est pas un problème pour moi … tant que toi et moi, on s’aime … » chuchota avec douceur l’adolescente, collant la joue d’Earnos contre sa poitrine d’un air protecteur et maternel. Elle voulait le rassurer, espérant que cela marcherait.

« Tu sais quoi ? Je vais voir avec mon père … Je vais y aller doucement mais tu sais quoi ? Depuis qu’Holikan a refusé de m’épouser et est parti avec Olistar, il recommence à perdre un peu la tête. Il se fait beaucoup de soucis. Il veut me trouver quelqu’un d’assez « bien » pour moi. Je veux le ménager même s’il ne va plus très bien. »

« Je … Je comprends … Je comprends parfaitement, Terria. » bredouilla le futur Dardargnan.

« Mais ne t’en fait pas, je pense qu’il comprendra et puis entre nous, tu sais, tu n’es pas n’importe quel Dardargnan, hein ? Tu es le fils de Walane, le plus grand ami de mon père ! Ca serait encore plus merveilleux si toi et moi, on pouvait s’aimer librement. »

Oui … Surement … Peut-être. Il devait avouer qu’il ne savait pas. Pas du tout même … Qu’est-ce qu’il devait penser ? Qu’est-ce qu’il pouvait penser ? Il ne savait pas. Il ne savait pas du tout ! Il était perdu depuis tellement de temps ! C’était tout simplement … Ah !

« Terria, qu’est-ce que tu … » demanda-t-il avec surprise alors que la princesse avait pris la main d’Earnos pour la poser sur son sein droit.

« Je veux juste que tu comprennes une chose, Earnos. » signala l’Apireine avec calme. « Je t’aime et tout mon corps ne sera qu’à toi et à personne d’autre. Qu’importe ce que mon père décidera, qu’importe ce que mon peuple choisira, tout mon être n’est qu’à toi et à personne d’autre. C’est un peu gênant avec cette main posée … mais je veux que tu comprennes réellement ce que tu représentes à mes yeux, Earnos. »

« Terria … » murmura le garçon aux cheveux blonds, tout aussi confus par le geste de Terria qu’elle-même. Pourtant, ce fut lui qui vint l’embrasser contrairement à d’habitude, n’hésitant pas à appuyer son baiser en passant sa main sur le dos du crâne de Terria pour que leurs lèvres se collent plus longtemps, plus intensément. Elle ? Elle se laissait faire, bien entendu. Ça ne lui déplaisait pas du tout. S’ils s’aimaient, c’était normal de le montrer de cette façon ?

« Earnos …Tu sais … Bientôt, j’aurai dix-huit ans. Toi aussi, non ? Enfin, je pense que mon père va vouloir inviter de nombreux hommes pour mon anniversaire. Mais je pense aussi qu’il va inviter ton père et donc ta famille et donc toi … Enfin … Tu viendras hein ? »

« Bien sûr que oui, pourquoi cette question ? Pourquoi est-ce que je refuserai de venir à ton anniversaire, Terria ? C’est juste stupide. Même avant que toi et moi … Enfin, je venais quand même te le souhaiter. Pourquoi je ferais exception à la règle ? »

« Je ne sais pas … Je veux juste tenter de convaincre mon père, d’accord ? Je vais voir si ça le gêne que ça soit un ami proche dont je suis amoureuse, enfin, je vais tenter de faire de mon mieux, je ne peux rien te promettre par contre, je suis désolée. »

« Je ne te demande pas la lune. Fais de ton mieux, Terria, je dois aussi faire des efforts. » répondit le Coconfort, caressant ses longs cheveux blonds.

« Nous ferons des efforts tous les deux, d’accord ? »

Bien entendu. Par contre, est-ce qu’il pouvait … hum … Il pressa un peu plus le sein droit de l’adolescente, celle-ci gémissant de surprise et de plaisir. Elle donna une petite tape à Earnos, rougissante avant de dire dans un sourire :

« Ne soyons pas si pressés, d’accord ? Enfin, je sais bien que tu ne l’es pas … Et que c’est un peu de ma faute si nous sommes dans cette position. »

Il n’allait sûrement pas se plaindre. Pas du tout même. Ah …Sans rien dire, il vint s’enfuir contre la poitrine de l’adolescente, respirant un grand coup alors que ses mains serraient son dos pour la garder le plus longtemps contre lui. Ça lui faisait tellement de bien … de se sentir aimé et d’aimer. Il avait tellement envie de pouvoir le dire comme Holikan, comme Férast ! Mais il manquait de courage, lui … qui n’avait jamais hésité à se blesser pour sauver la princesse. C’était peut-être son défi le plus ardu …

« Terria, tu sais quoi ? Je crois que je n’ai jamais eu une mission plus difficile que celle-ci. »

« Oh ? Et de quelle mission est-ce que tu parles ? »

« De celle qui consiste à déclarer mon amour envers toi à tout le monde. Regarde les autres, ils n’ont aucune difficulté, rien du tout même. »

« Chaque chose en son temps et en heure … On ne va pas se presser, enfin, pas trop. »

« J’aimerai quand même y arriver un jour … Je peux lutter contre une armée, je peux traverser des déserts mais dès qu’il s’agit des sentiments personnels, je suis vraiment nul. »

Mais non, mais non … Bon, heureusement pour eux deux, ils étaient dans un coin secret car cela leur permettait alors de passer une bonne partie du temps ensemble. Mais un jour, il faudrait bien qu’ils assument pleinement leur amour.

Chapitre 23 : En toute discrétion

Chapitre 23 : En toute discrétion

« Tu as entendu les dernières nouvelles ? Il paraîtrait que la princesse est déjà liée à quelqu’un bien que nul ne connaisse son nom. Je donnerai cher pour savoir qui est cette personne ! Elle doit en avoir de la chance ! La princesse Terria est un joli brin de fille. »

« Hahaha ! Tout ce que je sais, c’est que ce n’est pas toi ! C’est au moins ça le plus important dans l’histoire ! » répondit le second soldat en éclatant de rire.

Earnos ? Lui ? Il ne faisait que tendre l’oreille tout en s’entraînant. Il se rapprochait de ses dix-huit ans et il allait bientôt devenir un adulte. De toute façon, il était déjà considéré comme un Dardargnan. La raison était simple : il ne portait plus d’armure et ne faisait que se battre avec ses deux lances. Oh … Heureusement pour lui, il semblait plutôt bien se débrouiller avec celles-ci.
Bon … Qu’est-ce qu’il pouvait faire d’autre pour l’instant ? Rien du tout. Il allait bientôt avoir dix-huit ans et il posa son regard sur la princesse. Celle-ci était toujours là, en train d’observer les soldats discrètement. Malgré les rumeurs, le roi la laissait encore sortir de sa chambre. Soit il avait de plus en plus confiance en elle, soit il … se doutait de quelque chose.

« Tiens ! Elle est encore là. Tu crois que la princesse est intéressée par un soldat ? »

« Ca se saurait ! On parle quand même de la future reine ! Tu crois vraiment qu’elle va perdre son temps avec un simple soldat comme toi ou moi ? »

« Hey ! Je disais ça comme ça ! Pas besoin de m’agresser, comment est-ce que je suis sensé le savoir de toute façon hein ? T’excite pas sur moi non plus. »

« Je te disais comme ça, fais pas ta pleureuse. La petite princesse, elle observe les soldats depuis des années. C’est comme ça et ça ne changera pas. Toujours à regarder Holikan ou alors le Dardargnan que tu vois là-bas. Tiens d’ailleurs, ce Dardargnan, c’est le fils du meilleur ami du roi, tu dois le connaître, le général Walane, ça te dit quelque chose non ? »

« Oh bordel ! Le général Walane, quand j’étais petit, c’était le plus grand ami du général Théor … avant que celui-ci n’épouse la reine Seiry. »

« Ah … Ca ne nous rajeunit pas tout ça. »

Les soldats continuaient de parler entre eux tandis qu’Earnos jetait toujours un bref regard à la princesse. Pourquoi est-ce qu’elle était ici ? Qu’est-ce qu’elle voulait ? Il le savait bien mais il se posait tout un tas de question en la regardant. Elle lui fit un petit geste du doigt pour l’inciter à venir alors qu’elle s’en allait.
Quoi ? Non ! Pas au beau milieu des soldats ! De toute façon, il était sûr qu’elle ne prendrait pas de risque. Un peu comme lui, d’ailleurs … Mais bon, quand même, il fallait reconnaître que … C’était un peu plaisant d’être aimé par Terria. C’est ce qu’il désirait depuis si longtemps et au final, il l’avait reçu. Il avait reçu son amour.

C’était la chose la plus importante à ses yeux pour l’heure actuellement. C’était sûrement plus que stupide mais voilà … Gardant ses deux lances, il s’éloigna à son tour, évitant d’attirer les soupçons autour de lui alors qu’il se dirigeait vers les couloirs menant à sa chambre. A l’intérieur, il ne remarqua personne jusqu’à ce que la porte se referme derrière lui. Il ne devait pas se retourner … pour l’instant.

« Devine qui c’est, Earnos. » murmura une petite voix tendre.

« Princesse Terria, je pensais que l’on s’était mis d’accord à ce sujet. »

« Hum ? Au sujet de quoi ? Je ne crois pas m’en rappeler malheureusement. » souffla l’Apireine alors qu’elle se tenait devant la porte, empêchant Earnos de quitter la chambre.

« Tu le sais très bien … Ne fait pas semblant de ne pas comprendre, Terria. Si on se fait repérés, je risque de perdre la tête voire bien plus que cela. »

« Oh ? Et qui donc oserait faire une telle chose ? Il devra me passer sur le corps. »

Il n’était pas sûr que ça soit le comportement digne d’une princesse. Elle le regarda, ouvrant les bras comme pour l’inviter à se plonger dedans. Elle était grande, trop grande pour lui-même … Et en même temps, il était trop facile de se faire remarquer. Si quelqu’un apprenait qu’il était amoureux de la princesse et que les deux personnes … Ah … Il préférait vraiment ne pas y penser, ça serait trop risqué, trop fou …
Il ne voulait vraiment pas prendre le risque mais ce fut elle qui vint vers lui, l’embrassant longuement, joignant sa langue avec la sienne. Ce baiser n’avait rien de candide. A force de se voir en cachette, il savait qu’elle appréciait cette part de risque de se faire surprendre. Lui ? Il n’était pas contre non plus … mais quand même, c’était beaucoup de risques inconsidérés. Et si un jour, ils se faisaient attrapés et si …

« Earnos ? Tu es dans ta chambre ? » demanda une voix féminine.

OLISTAR ? La princesse ne stoppa pas le baiser mais lui-même si. PUREE ! S’il se faisait repéré ! Il était foutu ! Il ouvrit le placard, prenant la main de Terria pour la tirer avec lui avant de l’emmener à l’intérieur. Il referma le placard, Terria se collant à lui.

« Pas un bruit, d’accord ? C’est compris ? Ne parle surtout pas. »

« C’est Olistar, elle comprendra, Earnos. Quand même, tu es un grand peureux en fait. »

« J’ai surtout peur de te perdre, il faut me comprendre. » déclara-t-il tout simplement, la princesse Terria rougissant violemment avant d’émettre un grand sourire. Elle se colla encore plus contre lui, le gardant contre son cœur.

« Je t’aime, Earnos. » murmura-t-elle alors que la porte de la chambre s’ouvrait, laissant paraître Olistar. Celle-ci regarda à gauche puis à droite, poussant un soupir :

« Où est-ce que ce Dardargnan est passé ? Il me fait le coup depuis déjà plusieurs semaines. Si je l’attrape, il risque de passer un sale quart d’heure ! J’ai besoin de l’interroger ! Je suis sûre que la rumeur portait sur lui et Terria ! »

« Tu vois ? Elle risque de se mettre en colère. Je ne veux surtout pas … qu’elle sache. »

Humpf ! Elle était pourtant convaincue qu’elle comprendrait ! Néanmoins, elle ne vint rien dire, les deux personnes attendant qu’Olistar parte de la chambre puis quelques minutes avant de quitter le placard.
Les deux adolescents se regardèrent, Terria ayant les cheveux ébouriffés. Ah … Quelle idiote, vraiment quelle idiote. Il lui demanda de s’asseoir sur le lit, chose qu’elle fit. Il prit un petit miroir ainsi qu’un peigne, demandant à Terria de garder le miroir devant elle. Elle s’exécuta sans un mot alors qu’il prenait la parole :

« Il faut bien que l’on te coiffe correctement non ? Si les gens te voyaient avec cette tête, je ne sais pas comment ils réagiraient. Quand même, ça doit être beaucoup de travail non ? »

« Par jour ? Oh oui, bien plus que tu ne le crois ! Mais merci … C’est très gentil de ta part. »

De toute façon, comme ça, les personnes ne se poseraient aucune question à ce sujet. Il continua de la coiffer jusqu’à lui demander de quitter la chambre avec lui. Il continuerait à la coiffer en pleine marche, ce n’était pas bien difficile.

« Maintenant que j’y réfléchis … Quand Olistar me demandait de la coiffer … J’aurai dû m’en douter que ce n’était pas un garçon qui me demandait ça. »

« Earnos, tu sais que l’on parle pas d’une autre fille lorsqu’on est avec une autre ? Ça ne se fait pas du tout. » dit la princesse alors que quelques soldats se tournaient vers eux. Ils marchaient dans les couloirs, Earnos peignant la princesse sans poser de questions.

« AH ! Te voilà, Earnos ! Je peux savoir où tu étais ? » demanda la Drascore, se présentant en face d’eux et bloquant le chemin.

« Euh oui ? C’est pour quelle raison, Olistar ? Je suis un peu occupé. La princesse a voulu que je la coiffe. » soupira Earnos, espérant paraître crédible.

« La coiffer ? C’est vrai ce mensonge ? Enfin bon … Visiblement, tu es plus qu’occupé on dirait bien. Je vais alors te laisser passer, ça sera mieux. Mais toi et moi, il va falloir que nous discutions tous les deux. »

« Olistar, tu n’as pas un peu honte de t’accaparer Earnos à chaque fois ? Tu as maintenant un Yanmega dont tu dois t’occuper. » rétorqua la princesse en croisant les bras.

« Humpf. C’est bien à ce sujet que j’aimerai parler à Earnos. La personne qui se l’accapare un peu trop souvent, ces rumeurs … Je ne sais pas pourquoi mais beaucoup de choses concordent. » déclara la Drascore en souriant aux deux adolescents.

« Olistar, ce n’est pas ce que tu crois … » murmura Earnos, un peu troublé.

Olistar fit un geste de la main pour bien montrer qu’elle était sûre de ne pas se tromper, posant sa main sur l’épaule de Terria avant de partir de son côté. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il avait l’impression d’être le seul que ça perturbait réellement ? Peut-être qu’il pensait n’importe quoi ? Peut-être qu’il se trompait depuis le départ mais ne semblait pas le remarquer ? C’était ça … surement ça … Il devait aller peut-être voir le roi.

Chapitre 22 : Besoin de faire le vide

Chapitre 22 : Besoin de faire le vide

« Est-ce que je peux prendre une journée de repos ? Si cela ne dérange pas trop bien entendu. » demanda l’adolescent aux cheveux blonds.


Il avait besoin de s’exiler un peu du château, de faire le point sur différentes choses. Et surtout, il avait une certaine personne à aller voir. Même s’il savait que Terria n’apprécierait pas qu’il s’éloigne d’elle pour réfléchir à la situation.
Il quitta le château après qu’on lui accorda le droit de se reposer. Cela faisait maintenant quelques semaines depuis les événements. Mais après, ça ne changeait pas grand-chose sauf qu’il allait beaucoup mieux pour se mouvoir. Il se dirigea non pas vers la boutique de sa mère, non pas vers la maison de Douély mais vers une autre demeure. Il toqua plusieurs fois à la porte jusqu’à ce qu’une voix féminine dise :

« Oui, oui, j’arrive ! J’arrive ! Veuillez attendre ! »

La porte s’ouvrit sur une jeune femme aux cheveux rouges, une petite forme aux cheveux de même couleur se trouvant agrippée à sa jambe. D’ailleurs, la petite forme vint aussitôt vers Earnos, tirant sur ses vêtements avant de dire :

« C’est tonton Earnos ! Tonton Earnos ! »

« Tonton Earnos. J’ai que dix-sept ans, bon, bientôt dix-huit … Mais quand même, ne m’appelle pas tonton Earnos, d’accord ? Est-ce que tu comprends ? » demanda l’adolescent en s’adressant à la petite fille à ses pieds, la jeune femme éclatant de rire avant de dire :

« Cassiopi, ton oncle n’est pas si vieux que ça, n’est-ce pas ? Mais tu peux continuer à l’appeler comme ça. Earnos ? Qu’est-ce qui te fait venir chez nous ? Je ne m’attendais pas du tout à ta visite, je dois l’avouer. Tu veux patienter en attendant que Saralos revienne ? Je n’arrive pas à croire que vous parlez autant tous les deux. Je me demande bien de quoi. »

« Cela est en relation avec le royaume, je ne vais pas te mentir mais tu es déjà au courant. Malheureusement, c’est plutôt secret et il est le seul à pouvoir à m’aider. »

« Oh ! Des secrets, toujours des secrets. Quand même, des fois, je me demande si mon mari passe plus de temps avec moi ou alors avec toi. »

« Désolé de te l’accaparer autant, Passy. C’est juste que des fois, je dois lui parler, rien de plus. J’espère que tu ne m’en veux pas trop. »

« Tiens, d’ailleurs, en parlant de mari et de femme, je crois qu’il va être temps de te cuisiner. Maman m’a contacté car il semblerait qu’elle ait trouvé un long cheveu blond sur tes vêtements. Tu as essayé de faire passer cela pour tes cheveux mais ça ne marche pas avec moi. Alors, comme ça, tu vois quelqu’un mais tu ne veux pas le dire ? »

Il ne répondit pas, ne détournant même pas le regard en rougissant. Il ne fit qu’hocher la tête négativement. Cela ne concernait personne, loin de là même. Et puis quoi encore ? Ce fut Cassiopi qui le sortit de ce problème, lui demandant de jouer avec elle. Comme il n’avait rien à faire, autant s’amuser n’est-ce pas ? Et puis, comme ça, Passy ne l’interrogerait pas.

Du moins, c’est ce qu’il croyait puisque la jeune femme aux cheveux rouges insista plusieurs fois, lui demandant si elle la connaissait, si cela faisait depuis longtemps, s’ils s’étaient déjà embrassés ou enfuis discrètement pour ne pas se faire repérer par les parents. Lassé et fatigué, Earnos soupira longuement avant de dire :

« Mais en quoi cela te concerne, Passy ? De toute façon, tu t’imagines des choses. »

« Des choses que tu ne contredis pas, je tiens à te le signaler. Et cela m’intéresse car ça ressemble exactement à ce qui s’est passé avec moi. Quand je tentais de m’enfuir de la maison pour aller retrouver Saralos discrètement. C’est beau n’est-ce pas ? Quand on se retrouve seuls au monde, quand il n’y a plus personne autour de nous. Bien entendu, on a envie de crier que l’on aime cette personne, que tout le monde le sache mais des fois, on manque de courage. Et pourtant, on aimerait quand même pouvoir en profiter au beau jour. »

« C’est plus compliqué que ça, Passy. Je ne peux pas t’en parler, c’est tout. »

« Mais tu ne renies pas le fait que tu as une petite amie ! Il va falloir que je le dise à Maman ! » s’écria Passy avec joie, rigolant. Cassiopi ne comprenant pas, rigolant à son tour alors que l’adolescent se massait le front.

« Ne lui dit surtout pas ! Sinon, elle va finir par m’interroger aussi ! Et après, ça sera au tour de papa, je ne veux surtout pas qu’ils commencent à se poser des questions ! »

« J’y serai bien obligée, Earnos. C’est elle qui m’a demandé de te cuisiner, tu sais ? »

« Maman, tu vas cuisiner tonton Earnos ? Mais je ne veux pas ! Je ne veux pas manger tonton ! » dit la jeune fille aux cheveux rouges, commençant déjà à pleurer avant que sa mère ne passe une main dans ses cheveux.

« Je ne vais pas le manger, ma chérie. Par contre, Earnos, si tu veux, tu peux manger ici. Ensuite, avec Saralos, vous pourrez parler tous les deux. »

« C’est la meilleure solution. » déclara l’adolescent, ne sachant pas s’il pouvait en parler avec sa sœur … de cet amour interdit. Encore qu’avec elle, c’était pareil mais en même temps … Cela était quand même moins important que d’aimer en cachette la princesse de ce royaume ! D’ailleurs, Passy était en train de réfléchir, levant les yeux en l’air :

« Mais quand même … Des cheveux blonds ? Parmi tes connaissances, je ne vois pas beaucoup de personnes qui en possèdent. Enfin, je n’en vois qu’une mais c’est tout simplement impossible, n’est-ce pas Earnos ? Comme si toi et la princesse, vous ét … »

Elle s’arrêta dans ses paroles, voyant le regard fuyant de son petit frère. Ce n’était pas possible ! Elle recula sous la surprise avant de reprendre avec des tremblements :

« Earnos … Toi et la princesse Terria, vous … »

« Ne dit rien du tout ! Ne dit rien du tout ! C’est déjà plus qu’embarrassant maintenant ! Je ne veux pas en parler ! Je ne veux pas en parler ! » commença à bredouiller Earnos, sanglotant. Il ne voulait pas en parler ! C’était encore plus horrible d’en discuter avec une autre personne ! Cassiopi s’approcha du Coconfort, tapotant doucement sa jambe en disant :

« Maman, t’as fait pleurer tonton ! »

AH ! Elle s’excusait ! Mais visiblement, l’heure de jouer venait de se terminer. Le Coconfort se frottait les yeux, séchant ses larmes avant de dire avec une voix chevrotante que ce n’était pas très grave. Ce n’était pas bien important. Passy demanda à Earnos de la suivre dans la cuisine tandis que Cassiopi devait jouer seule. Ils allaient avoir une longue conversation tous les deux, très longue conversation.
Comme si cela lui soulageait et apaisait sa confiance, Earnos expliqua à sa grande sœur tout ce qui s’était passé depuis le début. Comment est-ce que Terria et lui en étaient arrivé là, comment est-ce que Terria avait fait le premier pas, les complications, toutes ces choses. Le fait qu’ils devaient être discrets, que lui-même ne pouvait pas réellement accepter cela.

C’était trop compliqué pour lui, beaucoup trop compliqué. Il ne pouvait pas … Il ne pouvait pas vivre avec ça. Passy tenta de le rassurer, lui expliquant qu’un jour ou l’autre, il faudra bien que le roi et le peuple des insectes acceptent cela. Si deux personnes s’aimaient toutes les deux, pourquoi refuser une telle chose ? C’était tout simplement horrible.
Saralos arriva quelques heures plus tard, étonné de voir Earnos. Et d’après l’humeur de la maisonnette, il semblerait que ce n’était pas la joie. Il ne chercha pas à savoir pourquoi, comprenant que cela concernait uniquement sa femme et Earnos. Il valait mieux ne pas poser de questions car visiblement, le Coconfort n’était pas venu là uniquement pour prendre des nouvelles de sa grande sœur et de sa filleule.

« Je vais vous laisser les garçons. Je vais aller border Cassiopi pour qu’elle puisse dormir. Pendant ce temps, faites ce que vous avez à faire. Earnos, je ne préviendrai pas maman à ce sujet. C’est bien trop important pour que cela se prolifère. Je lui signalerai juste que c’est le cas mais que je ne sais rien de plus. »

« Comme tu veux grande sœur … Bonne nuit, Cassiopi. » dit le Coconfort, venant embrasser la joue de la petite fille qui fit de même de son côté.

« Bonne nuit, ma grande. Dors bien. » répondit le Coxyclaque, faisant la même chose qu’Earnos envers sa fille.

Passy quitta la cuisine avec sa fille alors qu’Earnos poussait un profond soupir. Maintenant qu’ils étaient seuls, ils allaient pouvoir discuter tous les deux. Même si … La conversation qu’il avait eu était encore plus troublante qu’il ne l’aurait cru.

« Que veux-tu savoir, Earnos ? »

« Je voudrai des nouvelles des rebelles … Savoir s’ils fomentent quelque chose ou non. »

Il ne perdait pas de temps, il n’avait pas que cela à faire malheureusement. Mais comme Saralos était encore parmi les rebelles bien qu’il ne travaillait plus réellement pour eux. Enfin bon, cela lui permettrait d’en savoir plus et surtout de se préparer à réceptionner les rebelles … bien que cela était tout aussi dangereux pour Saralos.