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Chapitre 50 : Corriger les erreurs du passé

Chapitre 50 : Corriger les erreurs du passé

« Alors, ça donne quoi les tests de ton côté, Tery ? »

Il ne répondit pas, bougeant à peine la tête, yeux rivés sur son assiette. Ce n’était pas mauvais, loin de là mais … Il y avait autre chose, un peu plus ennuyeux et problématique. Elle reprit la parole sur un ton un peu étonné :

« Tery ? Tery ? Je te parle. Tery, tu es là pour me répondre ? Tery ? »

« Hein que quoi ? Euh .. Oui, je suis là, Elise. Je suis vraiment là. C’est pas mal du tout comme repas à la cantine. A se demander si ce n’est pas fait exprès pour appâter le chaland et inciter les gens à rester comme soldats. »

« Ce n’était pas vraiment ma question, Tery. Tes tests ? Tu penses avoir réussi ? »

« Euh oh … Oui … D’accord, je vois, je vois. Euh, oui, ça a été, c’était très éreintant et très épuisant mais oui, oui, ça va ! »

Le jeune homme aux cheveux bruns continua de hocher la tête plusieurs fois de suite, comme pour confirmer ses propos. Pour autant, Elise n’était guère convaincue par ses propos et fronça les sourcils avant de dire :

« Tu peux me regarder droit dans les yeux, Tery, quand je te parle, dis ? Simplement par pure politesse. Tu ne trouves pas ça normal, non ? »

Zut, elle voulait vraiment regarder sa face hein ? Bon, il devait lui faire un sourire et lui montrer que tout allait bien. Il redressa son regard, penchant la tête sur le côté, faisant un sourire tendre avant lui répondre :

« Voilà, est-ce que ta curiosité est satisfaite, Elise ? Est-ce que je peux continuer à manger tranquillement ? Ou alors, tu as d’autres questions ? »

« Mouais … On finit les tests et ensuite, tu retires cette foutue armure, tu me suis et tu vas surtout te reposer ! On dirait un cadavre ambulant ! »

Ouch. La petite remarque qui faisait plaisir. Peut-être parce qu’elle qu’elle était véridique ? Il évita pourtant de montrer qu’il avait été touché … avant de murmurer d’une voix lente :

« Ca sera fait, Elise. J’ai pas la force de répliquer ou de dire que ce n’est pas vrai. »

« Vaut mieux pour toi que tu ne cherches pas à me contredire sinon, je risquerai de me mettre vraiment en colère, Tery. Et une vraie colère, compris ? »

« Oui, oui. Je vais aller manger un bout, c’est tout, ça sera mieux et ensuite, et bien, on attendra la reprise. Je me demande si je peux me reposer une demie-heure, une heure. »

Il ne pouvait que murmurer cela. Poser réellement la question, à voix haute, risquerait de lui attirer plus de problèmes qu’autre chose. Et des problèmes, il en avait déjà assez au niveau de la santé. Il fallait espérer que les tests de cette après-midi n’allaient pas être plus durs.

Ailleurs, dans un coin perdu de Shunter, au-delà des frontières où la civilisation s’était installée, perdu par-delà la forêt, une jeune femme aux cheveux blonds et au ventre arrondi était debout, une main posée sur son ventre.

« Oh … C’est vraiment … difficile à porter. »

« J’en ait eut qu’un … mais oui, la première fois, ça n’a pas donné envie d’en faire un second. Puis après, quand tu le vois grandir, sourire, dire ses premiers mots, tu es si heureuse … que l’idée de rajouter un membre dans la famille te repasse dans le cerveau. »

« Comment vous avez fait auparavant ? Vous pouvez me le dire ? J’en ait strictement aucune idée. Mais … Il est lourd. Je me demande s’il est en bonne santé. Je ne sais pas … comment tout cela doit se passer quand c’est soi-même qui porte l’enfant. »

« C’est bien pour cela que Manelena m’a permis d’être à tes côtés. Pour te faciliter la tâche. Si tu auras du mal les premiers jours, je serais là. »

« Merci beaucoup, je ne sais pas comment ça va se passer. J’ai … un peu peur et je suis un peu anxieuse, je dois vous avouer. Mais en même temps … Je ne sais pas comment je dois appeler notre enfant. Je ne sais pas si c’est une fille, un garçon, ni même … »

« Tu voudrais attendre le retour de mon imbécile de fils, n’est-ce pas ? Ca se comprend parfaitement … mais si Manelena le retrouve, je ne suis pas certaine qu’il soit encore en état de converser. Enfin, tant qu’elle le ramène en vie. »

« Cela fait déjà un bout de temps que Manelena n’est pas venue. Elle ne vous a rien dit au sujet de sa destination ? Où est-ce qu’elle se rendait ou autre ? »

« De ce que j’ai compris, elle se dirigeait vers Traslord pour rencontre le jeune roi, Royan, n’est-ce pas ? J’ai encore un peu de mal avec les noms. »

« Oui, il semblerait qu’elle veuille attaquer les démons plutôt que d’attendre qu’ils viennent à eux. J’espère … qu’elle ne commettra pas de bêtises. »

Aucune évocation au sujet de ses … parents. Sérest et Séran. Pouvait-on vraiment parler de parents lorsqu’il s’agissait de deux divinités qui s’étaient réincarnées ? Difficile à dire mais … elle ne cherchait pas à en tenir compte. Elle se rappelait juste avoir voulu les sauver tous les deux … et qu’ils avaient fait pareil à leur encontre.

« Sérest … et Sérant n’avaient prévu de survivre … et de même pour moi. »

« Le passé est le passé. Le destin est fait pour être modifié. Si tu penses qu’il faut absolument suivre la voie que tes parents ont tracée pour toi, je suis le parfait exemple que le contraire est possible. Si j’avais obéis à mes parents, jamais je n’aurais eut la chance de devenir grand-mère tout en étant encore bien jeune ! »

« Et vos parents … d’arrières grands-parents. J’imagine qu’ils ne se doutaient pas un instant que cela arriverait, n’est-ce pas ? » répondit Elen tout en souriant avec amusement. Elle … n’avait pas besoin de raconter au sujet du « faux » père de Tery, n’est-ce pas ?

« Pas le moins du monde. Ils ne devaient pas déjà s’attendre à ce que je me présentes à eux à nouveau un jour. Enfin bon … Ce n’est pas bien important pour le moment. Ils vont bien, ils sont restés à Omnosmos malgré que des démons vivent sous eux. »

« A ce sujet, ce n’est pas trop dangereux justement ? Ils ne veulent pas venir avec nous ? »

« Malheureusement, je suis une tête de mule mais il faut bien que cela provienne de quelque part, n’est-ce pas ? Mes parents le sont au moins presque autant que moi. Et de ce que j’ai compris, à Omnosmos, même s’il y a des démons sous la cité, celle-ci est imprenable. »

Imprenable, imprenable, c’était un bien grand mot. Il fallait quand même faire attention un peu, n’est-ce pas ? Le jeune femme à la chevelure blonde était plongée dans une petite réflexion, cherchant visiblement un autre sujet de conversation.

« Dites … Est-ce que je peux vous poser une question ? »

« Hum ? Bien entendu, Elen. Qu’est-ce qu’il y a ? Tu fatigues ? Tu as besoin d’aide ? Tu peux me le dire, je vais t’emmener te reposer à l’intérieur hein ? On ne dirait pas mais rester debout avec un ventre comme ça, ce n’est pas de tout repos. »

« Non non ! Mais ça concerne bien l’enfant. Je … Comment dire, je ne veux pas passer pour une mauvaise mère mais … Quand il sera né ou elle bien entendu, j’aimerai … retourner à la recherche de Tery. Malheureusement, je ne peux pas y aller avec mon enfant, ça serait vraiment trop dangereux pour lui. Je me demandais donc si … »

« Si je pourrais m’en occuper pendant que tu seras à la poursuite de mon imbécile de fils, n’est-ce pas ? J’avais bien compris dès le début. J’avais pensé que tu allais parler de l’abandonner à sa grand-mère mais bon, tu as utilisé le terme de mère pour te désigner et tu t’inquiètes pour ton enfant avant même qu’il ne soit né, ce qui est un bon début. Je ne peux pas te promettre ce que tu veux, Elen. Il faut que tu élèves un peu cet enfant, au moins les premières semaines … et que tu reviennes assez souvent aussi. Est-ce que tu comprends cela ? Un enfant n’est pas un objet que l’on peut délaisser dans un coin pendant des mois ou des années, sous prétexte que tu as plus urgent ou important à faire. On ne sait pas dans quel état est Tery et si cet idiot qui s’appelle mon fils va bien … mais tu dois te préparer au meilleur comme au pire. Dans le pire des cas, tu seras seule pour l’élever … enfin presque. Mais tu sais, ce n’est pas une perspective horrible, n’est-ce pas ? »

Un petit sourire de la mère de Tery. Elle comprenait pourquoi elle disait cela. Tout simplement car elle était aussi une mère qui avait été chargée d’éduquer son enfant toute seule … enfin, pas dès la naissance par contre. Et il y avait une autre différence :

« Cet enfant aura une grand-mère pour s’occuper de lui … et aussi des arrières-grands-parents. Il ne sera jamais seul, tu peux t’en rassurer. »

« Je … Il n’est pas encore né que je pense déjà à envisager de le mettre de côté. Ce n’est pas que je ne le veux pas. C’est juste que … je ne pensais pas que ça arriverait aussi vite. Il est vrai que … je n’ai jamais vraiment relâché Tery, que j’ai montré une certaine possessivité … et agression physique envers lui mais … Enfin, je suis heureuse mais j’ai peur en même temps, madame Vanian. Je suis encore très jeune, vous savez. Je vis … dangereusement. »

« Et peut-être qu’il n’est pas encore temps pour toi de t’assagir. L’arrivée des démons à la surface ne présage rien de bon mais cet enfant que tu portes est le fruit de l’union de deux êtres consentants, qui se sont aimés malgré les différences … raciales, peut-on même dire, non ? Votre enfant est le fruit d’un démon mais aussi d’une divinité. Je suis certaine que même s’il n’est pas encore né, il est promis à une magnifique existence. Ca sera à des personnes comme moi, de simples humains, de lui montrer toute la beauté de ce monde qui a permis à deux êtres aux existences opposées de pouvoir s’aimer. »

« … … … Vous parlez un peu comme une ménestrel. » dit Elen tout en souriant, rigolant faiblement bien qu’elle rougissait, gênée par tout ça.

« Poète. Poète. On ne passe pas une partie de sa vie dans une bibliothèque dirigée par ses parents sans avoir une certaine culture. C’est bien les rares objets que j’ai emportés de chez moi lorsque j’ai décidé de fuguer pour vivre pleinement ma vie amoureuse. Une vie que je ne regretterai pour rien au monde. Mais bref, je pense que tu as parfaitement saisi mon message, n’est-ce pas ? Nous sommes d’accord ? »

« Oui, oui et merci encore pour tout. C’est vraiment … magnifique de votre part. Je ne suis encore qu’en réalité une étrangère ou presque. On ne se connaît pas tellement et … »

« Qu’est-ce que tu racontes là ? » s’exclama la mère de Tery en levant un sourcil. « Je ne suis pas assez gentille pour m’occuper de l’enfant de parfaits inconnus. Tu es là, tu es ma belle-fille même si … il est vrai que de ce que j’ai cru comprendre, ce côté-là, cela pose aussi quelques soucis, n’est-ce pas ? Ou je me trompe ? »

« Nous n’y avons jamais réellement pensé, je dois vous l’avouer. Et puis vous savez … »

Non. Elle ne devait pas en parler. Par rapport à Manelena. L’actuelle reine de Shunter n’était pas impassible et surtout guère insensible au charme de Tery. Celui-ci avait tellement de défauts et pourtant, le fait qu’il aille toujours de l’avant avait aisément passer outre les barrières sentimentales et émotionnelles de l’ancienne maréchale de l’armée de Shunter.

« Malgré tout ce qui se passe, mon fils a toujours essayé de me faire plaisir. Même s’il restait enfermé chez nous depuis la mort de son père, il n’a jamais été un mauvais garçon. Il ne pense jamais à mal et il ne veut pas faire souffrir. Il est … très protecteur. »

« Vraiment. On ne le croirait pas en le voyant mais oui. Il veut tellement nous mettre en sécurité mais à chaque fois, nous avons de plus en plus de problèmes qui nous tombent dessus. Je pensais qu’avec les créatures légendaires, cela serait terminé … mais maintenant, il y a les démons … et le fait qu’il ne soit plus là. Des fois, j’ai juste envie de pleurer ! »

Et elle était visiblement en train de pleurer ! Elle ne comprenait pas pourquoi elle sanglotait et avait les larmes aux yeux. Elle n’avait fait que parler, sans même s’emporter ou être en colère. Elle sentit une main lui tapoter doucement le dos avant qu’une voix féminine ne dise calmement, comme si tout cela était normal :

« Plus les mois passent … et plus tu réagiras de la sorte, anormalement, à la moindre phrase ou remarque que l’on te fera. Tu n’as pas à t’inquiéter, c’est ton corps et le fait que tu sois enceinte qui t’incite à réagir … un peu trop vivement au moindre mot. »

« Snif … Snif … C’est vrai ? Je … C’est vraiment dur d’être … mère. »

« Et encore, ce n’est pas le cas pour le moment. Mais oui, tu verras que c’est une expérience difficile mais unique en son genre. »

Elle ne savait pas comment répondre à la mère de Tery. Elle était si … gentille … et douce avec elle. Elle avait envie de la prendre dans ses bras et … c’est ce qu’elle fit, recommençant à pleurer longuement. Snif … Vraiment ! VRAIMENT !

« Ne t’en fait pas, ce n’est qu’un petit chagrin de rien du tout. Je suis certaine que tout va aller pour le mieux, d’accord ? Tu n’as pas à t’en faire. »

« C’est duuuuuuuuuuuuuur ! Vraiment trop duuuuuuuuuuur ! Snif … Vraiment … J’ai envie de retrouver Tery ! J’ai envie de lui montrer son enfant ! J’ai envie de vivre avec lui ! Juste dans une maisonnée ! J’en ai assez de tout çaaaaaaaaaa ! Même si … même si … Il a tenté de me tuer, je lui en veuuuuuuuuux pas ! Je le cognerai … juste très fort ! »

Une fois, deux fois, trois fois ! Elle le frappera jusqu’à ce qu’il s’excuse pour ses actions, snif ! Elle lui fera mal ! Elle lui fera très mal, quitte à lui transpercer le ventre mais ensuite, elle le soignera et elle l’aimera encore plus qu’avant.

« Je crois que je vais aller me reposer … Je suis vraiment fatiguée, snif. »

« Tu es plus qu’épuisée, Elen mais c’est normal. Ton corps te travaille et cela va être encore dans les prochains jours. Il va falloir que tu sois très forte, d’accord ? »

« Snif … Est-ce que … Est-ce que je peux compter sur vous ? »

« La question ne devrait même pas être posée, Elen. Si je usis là depuis plusieurs mois, n’est-ce pas déjà une réponse positive de ma part ? »

« Je ne saiiiiiiiiiiiis pas ! Snif … Ah … Snif … Ah … J’irais … trouver Tery … snif. » murmura t-elle, commençant à renifler bruyamment.

« Mais oui, tu le retrouveras et tu le ramèneras ici. On lui donnera chacun une paire de claques dont son visage se rappellera toute son existence. »

« Snif … d’accord, snif … Je note ça, je le ferais. » dit-elle en commençant à fermer les yeux, plongeant visiblement dans un sommeil qui était réparateur.

« Ah … Des fois, on se demande si en désirer un second est vraiment une bonne chose ou presque. Mais bon, au lieu d’un fils, j’ai aussi une belle fille à m’occuper. Et visiblement, elle risque de me prendre beaucoup de temps. »

« Sommeil … Je suis fatiguée … madame … Vanian, si fatiguée. »

« Je le sais, je le sais. Il est l’heure de se reposer. Je vais t’emmener sur la chaise à bascules, on va te mettre une couverture et tu vas rester bien au chaud, d’accord ? Il ne faut pas faire trop d’efforts quand on porte un enfant en soi. »

« Je le sais bien, je le sais mais … ah … »

Plus aucune réponse de la part d’Elen. Finalement, elle s’était vraiment assoupie. Avec lenteur, la mère de Tery l’emmena jusqu’à la chaise à bascules, la déposant délicatement dessus. Quelques minutes plus tard, elle avait une petite couverture sur les genoux et dormait profondément, des larmes aux yeux.

« Tery, si je te retrouve un jour, je te promets que ça ne sera pas avec une paire de claques que tu t’en sortiras pour ce que tu as commis. »

Elle était relativement en colère et vraiment, si elle lui mettait la main dessus, elle était certaine qu’elle ferait un carnage sur le jeune homme. Elen … était vraiment dévastée. Elle portait un enfant. C’était exactement le genre de moments où il fallait qu’il soit là. Mais non, ce n’était pas le cas. Tery n’était pas là … et il n’y avait aucune chance qu’il se présente à Elen avant que l’enfant ne naisse.

« C’est vraiment regrettable … très regrettable. »

Parler calmement pour donner l’impression qu’elle n’était pas en colère … alors qu’elle bouillonnait de rage intérieurement. C’était toujours ainsi. C’était aussi en partie pour cela qu’elle évitait de se mettre en colère … devant les autres. Elle était … assez violente quand cela devait arriver, parfois.  Ah … Il valait mieux ne plus y pensert et simplement patienter. Cet enfant allait avoir d’un plus grand soutien que prévu. D’ailleurs, c’était à se demander … si l’enfant allait naître sans aucun problème vu ses origines.

Sous la surface, Tery était tout simplement assis contre un mur, toujours recouvert de l’armure grise qu’il portait depuis hier. Seule sa tête était visible, le casque déposée à sa gauche. Elise s’était assises à ses côtés, à sa droite, toute aussi exténuée que lui alors que le jeune homme avait le visage baissé.

« C’était … vraiment … pas simple, Tery, n’est-ce pas ? »

« Hum hum … pas simple … c’est vrai … mais c’est terminé. Bravo Elise. »

« Je devrais plutôt dire : Bravo à toi, Tery. On a réussi. On est parmi les premiers. Tu veux que l’on rentre maintenant, Tery ? Ca serait mieux … pour l’annoncer à mon père. »

« S’il te plaît, juste quelques minutes, ensuite … ça ira. »

Il parlait lentement, vraiment très lentement et elle comprenait parfaitement que ça n’allait pas fort. Pour autant, elle chuchota d’une voix lente :

« Tu devrais quand même retirer cette armure au lieu, Tery. »

« Oui, je le sais bien mais … Pfiou … Tu veux bien m’aider à me lever ? »

A le lever ? Bien entendu. Elle ne voyait pas trop ce qui dérangeait Tery mais elle comprit rapidement lorsqu’il s’affaissa à moitié sur elle. HEY ! IL PORTAIT UNE ARMURE ! Il allait l’écraser s’il ne faisait pas gaffe ! Qu’il fasse attention à elle !

« Zou, enfin, bon débarras ! Quelle idée que de porter une armure aussi longtemps. Tu dois avoir le dos en compote ! Non, tout ton corps même ! »

« Je ne te le fais pas dire, Elise. Je ne te le fais pas … »

« HEY ! Tu ne vas pas me tomber dessus à nouveau ! Qu’est-ce qui se passe avec toi ? Je … Depuis ce matin, déjà au petit-déjeuner … … … Tery ? »

« Oui, Elise ? Qu’est-ce que tu … veux me dire exactement ? » murmura le jeune homme aux cheveux bruns avec lenteur. Elle le regardait à nouveau, mais avec un peu de colère dans les yeux. Croisant les bras au niveau de sa poitrine, elle reprit :

« Tu n’as pas quelque chose à devoir m’avouer par rapport à cette nuit ? »

« Je ne vois pas de quoi tu veux parler exactement, Elise. Je n’ai juste pas dormi de la nuit pour être sûr de … »

SBAF ! Il ne l’avait pas vue venir celle-là … et malgré son état physique, il venait AUSSI de la sentir sur sa joue. Elise le prit par le col, criant :

« Toi, moi … au lit et maintenant. J’arrive pas à le croire que tu te sois décidé à faire une nuit blanche JUSTE LE JOUR DU TEST ! Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ?! »

« Rien de spécial. Tu m’as fait mal … Elise. Vraiment, je vais avoir une marque. »

« Et si tu continues à me répondre, tu vas en avoir une seconde. Tu me suis et tu ne poses plus aucune question, compris ? »

Il ne faisait que lui obéir alors qu’elle lui prenait la main. Certains soldats qui avaient passé les tests les regardèrent, interloqués par les propos assez virulents d’Elise mais surtout qui pouvaient avoir un autre sens que celui prévus par la démone aux cheveux auburn. Se faisant traîner hors du bâtiment, en direction du château, elle demanda aux servants où était la chambre de Tery, ces derniers la lui indiquant.

« Et maintenant, pour la peine … Tu vas voir ce dont je suis VRAIMENT CAPABLE ! »

Qu’est-ce que … Il remarqua bien trop tard les lignes d’Alzar sur les bras d’Elise. Celle-ci l’avait soulevé avec aisance avant de le projeter sur le lit, faisant presque trembler la pièce. Elle sauta à son tour sur ce dernier, ayant bien entendu refermer la porte derrière eux. Sans même lui laisser la possibilité de s’installer, elle le prit contre elle avant de dire :

« Et maintenant, tu t’endors sinon, je vais être vraiment furax. »

« Si tu ne me secoues pas … trop … ça devrait aller. »

Et il avait encore la force de répliquer ? Elle s’apprêtait à le secouer exprès pour avoir proféré de tels propos mais elle s’arrêta. Le jeune homme ne bougeait déjà plus sur le lit, même s’il était sûrement bien mal installé. Ah … Voilà, c’était mieux. Il en faisait … toujours trop. Elle passa une main dans ses cheveux, veillant sur lui pendant qu’il se reposait.

Chapitre 49 : A la tête d’une troupe

Chapitre 49 : A la tête d’une troupe

« Tery, tu as vraiment des idées stupides, si tu ne le savais pas encore ? »

« Grâce à toi, je suis au courant, Elise mais bon … Au moins, ça me va bien, n’est-ce pas ? »

« Pas tellement, on dirait une boîte de conserve. Tu n’as vraiment aucun mal à te mouvoir ? »

Pour lui montrer que non, il fit quelques pas sur place, petit sourire aux lèvres. Oh, l’armure était vraiment basique en terme de coloration. Grise … mais le métal était vraiment différent de celui qu’il connaissait à la surface. Surprenant … très surprenant. Et du côté d’Elise, il devait avouer que tout ça lui allait franchement plutôt bien.

« Tu es plutôt mignonne dans cette tenue, Elise. Ce n’est pas trop difficile à porter ? »

« Entendre ça de ta part, c’est vraiment plutôt flatteur. C’est assez léger et je n’ai aucun mal à me déplacer mais … me battre avec une arme comme ça, je ne sais pas. J’ai encore des difficultés, je suis vraiment habituée à utiliser ma magie. »

« Essaie quand même de te concentrer à utiliser une arme, Elise. Cela peut te servir dans le futur. Si une personne est capable de contenir ta magie, tu seras sans moyen de te défendre et d’attaquer. C’est une mesure de précaution pour ta sécurité. »

« Oh ? Je ne dois donc pas compter sur toi pour me protéger ? C’est un peu décevant de t’entendre me dire ça, Tery, vraiment. »

Qu’elle ne raconte pas n’importe quoi. Le mieux était toujours d’envisager le pire dans chaque situation. C’est pourquoi lui-même cherchait à porter une armure bien trop grosse et lourde pour lui. Il était vrai qu’il n’était pas d’une forte constitution mais toute cette marche, toutes ces années, tous ces combats, cela lui avait permis de s’endurcir.

Il fit quelques pas dans l’armure, celle-ci émettant plus de bruit qu’il ne le pensait avant de faire d’autres mouvements avec les bras et les pieds. C’était vraiment … lourd à porter hein ? Mais bon, il devait s’y faire, c’était aussi simple que ça et pas autrement ! Hmm, quelques pas encore et il tenta de courir. OUCH !

« J’ai l’impression que l’on tente de m’étouffer pendant ma course. C’est une sensation vraiment horrible, Elise. »

« Tu n’es pas fait pour porter une armure, Tery. Du moins, pas aussi grosse que ça. Pourquoi est-ce que tu veux absolument faire ça ? Tu as normalement des golems pour ça ? Et puis, tu es plutôt du genre tête brûlée, non ? »

« Hum… Si je te dis les raisons, tu risques de m’en vouloir ou de te moquer de moi, je ne suis pas vraiment certain que j’ai besoin de ça. »

« Ben dis, je vais me retenir de rire, c’est aussi simple. Qu’est-ce que tu veux m’annoncer ou me dire ? Promis, je ne rigolerais pas. »

« Manelena, c’est tout. A toi de savoir pourquoi je dis ça. »

Manelena ? Hum … Elle resta songeuse. Est-ce que c’était pour bien se faire voir par la jeune femme aux cheveux argentés ? Non, c’était assez risible comme raisonnement. Il y avait sûrement quelque chose de bien plus compliqué derrière tout ça.

« Je ne sais pas … si tu es au courant mais … Chaque personne possédant des lignes d’Alzar ou des lignes de Zélisia ont un pouvoir unique en eux. J’imagine que pour les démons, c’est à peu près pareil. Je crois que de ton côté, sans même l’avoir remarqué, c’est la maîtrise du feu via ton propre corps. Normalement, si tu utilises les flammes, tu fais attention à ne pas te brûler toi-même mais … cela ne te dérange pas et même tes habits sont ignifugés quand tu agis de la sorte. Dans le cas d’Elen, tu as sûrement déjà vu son arc non ? « 

« C’est exact mais je ne sais jamais où elle le met après le combat. »

« Elle ne le met pas, elle le crée par elle-même. C’est là son pouvoir. Il en est … de même pour Manelena qui se permet de créer sa propre armure sur son corps. »

« Et toi, Tery ? De quoi est-ce qu’il s’agit ? » demanda t-elle alors qu’il retirait son casque doucement, un sourire doux aux lèvres. Il chuchota :

« J’en ait … aucune idée … Mais bon, je me disais que si je devais me tenir face à Manelena, j’aimerai bien qu’elle ait la surprise de me voir dans une armure aussi imposante que la sienne. C’est aussi simple que ça même si … c’est ridicule. Je me rappelle le jour où je l’ai vue sans son casque … ou quand elle a fait apparaître son armure la première fois devant mes yeux. C’était surprenant et impressionnant. Je veux produire la même chose. »

« J’arriverai jamais à savoir qui tu aimes réellement dans le fond. Elen ou Manelena ? »

Comme pris en faute, le jeune homme ne chercha pas à répondre, finissant simplement par baisser la tête, sans pour autant être honteux. Disons … qu’il ne connaissait pas lui-même la portée de ses sentiments. A partir de là, difficile de pouvoir prétendre l’expliquer à autrui.

« Mouais, on dirait bien que tu n’as aucune idée toi-même. Bon ! Continuons à nous entraîner pour que le test se passe plus facilement. »

Au moins, ils étaient tous les deux d’accord sur un point hein ? Le jeune homme aux cheveux bruns commença à exécuter quelques mouvements, cherchant d’ailleurs à voir s’il n’aura pas de difficultés à appeler des golems malgré son armure.

Résultat ? Plus que positif. Visiblement, ses pouvoirs n’étaient pas gêné par le métal, tant qu’il pouvait avoir un contact, pas forcément avec la peau, sur le sol à ses pieds. Bon maintenant, pour les griffes, il fallait voir comment ça allait se débrouiller.

« J’ai l’habitude de faire paraître des griffes au bout de mes mains mais je risquerai d’être plutôt salement remarqué si je fais ça. Bon … Voyons voir celles qu’elle nous a données. »

« De mon côté, tu en penses quoi ? Je devrais me battre comme ça, Tery ? Dans cette position ? » demanda Elise alors qu’il la regardait. Un pied en avant, prenant bien appui sur ses jambes, elle tenait fermement son épée courte dans la main droite, sa rondache solidement attachée à son bras gauche. Et ben … Elle avait vraiment tout d’une héroïne.

« Je dirais que Royan a vraiment beaucoup de chance. Tu veux t’entraîner ? »

« Avec joie, en plus, tu espère me perturber en me complimentant. Tu sais à quoi t’attendre pour cette peine, n’est-ce pas ? Est-ce que tu es prêt à en payer les conséquences ? »

Hahaha. Il émit juste un rire amusé avant de se concentrer sur les griffes. Oui là, il devait les tenir en main. Ce n’était pas une arme « fusionnée » avec ses doigts, c’était beaucoup moins instinctif que dans ses souvenirs.

Il était vrai qu’au tout début, lorsqu’il connaissait à peine Elise, il se battait de cette manière. Mais depuis le moment où il avait appris à correctement utiliser sa magie et invoquer les golems, il n’avait plus vraiment utilisé de telles armes. Elles étaient toujours dans son sac … et à force, il avait fini par abandonner ça. Bon, ce n’était pas les griffes qui provenaient de son sac et donc l’allure et la composition étaient bien différentes de celles d’une arme provenant de la surface mais qu’importe.

Il amorça quelques mouvements, ralentis à cause de l’épaisse armure sur son corps. Hum … Pourtant, Manelena n’avait aucune difficulté à se mouvoir. Comment est-ce que ça se faisait ? Qu’est-ce qui la rendait si différente de lui ? Est-ce que l’armure était comme une seconde peau pour lui ? Humpf !

« Euh, Tery … Je sais bien que tu fais exprès de ne pas te donner à fond car je débute réellement avec une arme à la main mais c’est un peu vexant. »

« Ce n’est pas à cause de toi, Elise, c’est plutôt moi le souci. Je ne le fais pas exprès contrairement à ce que tu crois ! »

Il n’avait pas envie de se moquer d’elle mais les griffes, déjà, il avait beaucoup de mal à les garder en main. Ensuite, cette armure l’empêchait d’esquiver aisément les coups et heureusement qu’elle semblait plutôt solide et résistante.

« J’ai l’impression que tu réagis complètement au ralenti et tout ça ! »

« C’est pas qu’une impression, c’est la réalité, Elise ! Cette armure est vraiment difficile à porter ! Je me demande comment font les autres habituellement. »

« Ils ne portent pas une armure lourde du jour au lendemain, Tery. C’est aussi simple que ça ! Qu’est-ce qui t’a pris, pfff ? »

« Je vais peut porter juste d’abord le torse uniquement et ensuite, je … »

« Tu crois vraiment avoir le temps ? Les tests sont demain, je te rappelle. Et maintenant que tu as dit que tu allais porter une armure lourde, ils s’attendent à ce que tu la portes ! »

« RAAAAAAAAAAAAAH ! Mais je le sais, pas besoin de CRIER, ELISE ! » hurla t-il à la jeune femme aux cheveux auburns.

Zut, voilà quoi ! Il était un peu agacé par les propos d’Elise. Elle croyait quoi ? Qu’il ne le savait pas ? Et surtout, ils n’avaient aucune idée de quand serait les prochains tests !

Visiblement, Elise ne s’était pas attendu à ce qu’il réagisse avec autant de véhémence, restant interdite pendant quelques secondes, comme pour être sûre de bien avoir entendu Tery. Finalement, ce fut lui qui chuchota de façon presque inaudible :

« Pardon, Elise. Ce n’est pas contre toi … C’est juste qu’avec tout ce qui s’est passé, nos chances de retourner à la surface étaient quasiment nulles. Je voulais absolument qu’on trouve le moyen d’y arriver et voilà … »

« Oui, oui, je pense comprendre, Tery. Je vais faire comme si. »

Oui mais il n’était pas vraiment convaincu sur le coup, pas du tout même. Mais bon, ce n’était pas le moment de tirer la tronche. Ils allaient mieux … Ils allaient mieux tous les deux, c’est ce qui importait le plus ou presque.

Ouais, non. En fait, avoir chercher à « imiter » Manelena, ce n’était pas une bonne chose mais il ne pouvait pas revenir en arrière. Peut-être qu’il allait faire nuit blanche pour réussir à pouvoir … hmm … Il ne savait pas. Il espérait que le test allait bien se passer.

Heureusement, Elise s’était couchée assez tôt tandis que lui-même continuait à s’entraîner pendant la nuit. Malgré les difficultés à se mouvoir, la fatigue constante, ses muscles qui hurlaient et les heures qui passaient, il tenait bon.

C’était l’unique chose qu’il pouvait accomplir actuellement et lorsqu’Elise se réveilla, quelques heures plus tard, il était déjà debout. Il n’avait pas dormi de la nuit et il n’avait pas retiré son casque du crâne.

« Tery ? Tu es déjà debout ? Ah … Tu ne lâches pas cette armure hein ? »

« Ou… Oui … Tu devrais aller manger un morceau, c’est déjà fait pour moi. On n’a, je te rappelle, un test à passer aujourd’hui. »

« C’est exact mais bon, tu ne veux pas manger avec moi ? Je ne suis pas vraiment motivée à manger seule avec mon père si tu vois ce que je veux dire. »

« D’accord, d’accord mais bien pour toi que je fais ça hein ? Si cela n’avait pas été le cas, je te l’aurais dit … Par contre, je ne vais pas retirer l’armure. J’espère que l’empereur n’en prendra pas ombrage sinon, je suis mal. C’est vraiment pour … la garder jusqu’à la fin du test. »

« Je ne sais pas comment il va le prendre … mais bon, on expliquera que c’est pour que tu restes en forme jusqu’au bout. Peut-être qu’il prendra ça pour du dévouement ? »

Peut-être que oui, peut-être que non ? Peut-être qu’il en savait trop rien au final. Le jeune homme aux cheveux bruns hocha la tête casquée, suivant Elise jusqu’à la salle du déjeuner, saluant respectueusement le monarque déjà là.

Heureusement, le repas se passa plus aisément qu’il ne le pensait, Tery avant retiré son casque, bien entendu. Il mangea un peu mais surtout, il évitait de regarder Elise pour qu’elle ne remarque pas à quel point il était fatigué par cette nuit blanche. Son corps lui faisait mal, atrocement mal … et il se demandait s’il venait pas de signer son échec en agissant ainsi.

« Bon ! Premier test ! Vous allez me faire plusieurs tours de terrain ! Je vous dirais quand vous pourrez vous arrêter. Par contre, n’espérez pas une chose : vous allez porter ces sacs de pierre sur votre dos. Ceux qui ont des armures ne sont pas privilégiés : vous allez aussi en prendre. Il n’y a aucune raison. Rien ne dit que ce ne sont pas des armures de pacotille que vous avez sur le corps ! HOP ! Allez-y ! »

Super … Visiblement, ça allait très bien débuter … surtout pour les épuiser, n’est-ce pas ? Pourtant, il ne chercha pas à faire de remarque. Ce n’était pas le bon moment pour ça et il voulait éviter d’avoir des soucis, plus qu’il n’en faut. Il commença à courir, remarquant qu’il n’était pas le seul à porter une armure lourde mais qu’ils étaient très rares. Elise courait à côté de lui, avec son armure de cuir sur le corps.

« Ce n’est pas trop dur, Tery ? Je veux bien le croire si tu me le dis … mais bon … »

« Mais bon quoi ? Ne t’en fait pas, ça va … Je modère juste mon allure, comme il l’a dit, c’est juste courir. Il n’y a pas de but à atteindre. Le seul truc, c’est de garder un rythme constant et de courir … pas de finir épuisé en faisant un sprint. Et toi ? Ce n’est pas trop lourd ? »

« Ca va, ca va ! Bien mieux que je ne le pensais. » dit-elle avec entrain alors qu’elle montrait qu’elle pouvait porter cela avec une certaine aisance.

Ah ! Oui, d’accord ! Lui, bizarrement, ça ne semblait pas si lourd que ça. Peut-être parce que le sac appuyait sur l’armure lourde … mais sans plus ? Ce n’est pas comme si l’armure s’enfonçait dans la chair à cause du poids de ces rochers.

Oui, c’était plus simple que prévu et malgré la fatigue qu’il avait à cause du manque de sommeil, il arrivait à garder sa concentration pendant la course , restant debout néanmoins lorsque celle-ci fut terminée. Première épreuve finie, n’est-ce pas ? Hum … et maintenant ?

« Nous allons faire passer différentes épreuves selon vos styles. Ceux qui ont des armures lourdes, vous allez devoir montrer vos capacités à absorber les coups, même les plus terribles. Ne vous en faites pas pour vos armures, surtout si elles proviennent de chez nous, s’il y a quelques trous, vous en aurez d’autres … si vous survivez d’ici là et que vous êtes acceptés. »

Rassurant ? Et les autres ? Du genre Elise avec son armure de cuir ? Qu’est-ce que ça allait donner de son côté ? Il en avait strictement aucune idée, il devait avouer mais autant se concentrer du sien. Il faisait confiance à Elise pour réussir.

Bon … De son côté, il s’attendait pas à ce qu’ils … envoient différentes lances parcourues par de nombreux éléments. C’était vraiment une méthode plus que violente, beaucoup trop à ses yeux. Mais bon, il se devait de l’accepter. Par contre, est-ce qu’ils étaient autorisés à utiliser la magie ? Un regard tourné vers l’officier et celui-ci répondit :

« Votre but est de réussir à survivre, n’importe quelle façon … et la puissance des attaques vont aller en augmentant. Faites de votre mieux. »

« C’est tout ce que je voulais savoir ! Je vais y aller alors ! » s’exclama Tery avant de se concentrer, faisant apparaître ce qui semblait être un bouclier puis un autre sur ses bras. Oui, deux boucliers qui étaient faits intégralement de pierre.

Bon, les premières lances percutèrent l’armure et les boucliers sans pour autant réussir à les traverser. Il avait visiblement fait un boulot pas vilain du tout, il était content. Par contre, il remarquait que les éléments n’étaient pas encore trop ancrés dans les lances, c’était juste … des lancers sans rien du tout.

« Et maintenant … Augmentons la puissance pour voir ce dont vous êtes capables. »

Augmenter la puissance ? AH ! Ca devenait sérieux alors ! Aussitôt, il ne chercha plus à se protéger avec ses boucliers, créant tout simplement un mur de pierre devant lui, n’hésitant pas à ne pas pouvoir voir ce qui se trouvait en face. Oui, toute façon, le fait que le mur tremble, se fissure et autre, c’était déjà une preuve que ça dégénérait bien vite de ce côté-là.

« Et pour cette troisième partie, voyons voir ce que vous pouvez faire face à un assaut de tous les côtés ! Envoyez les décharges maximales ! »

C’était une blague n’est-ce pas ? Ils étaient en train de se moquer de lui ?! Pas besoin de réfléchir plus longtemps ! Venant poser un genou au sol, ses deux mains se placèrent elles aussi sur ce dernier avant qu’un imposant dôme de pierre ne le recouvre sur quelques mètres de diamètre. Heureusement qu’il était seul ! Il sentit le dôme se fissurer voire exploser en de nombreux endroits mais déjà un autre dôme apparaissait, remplaçant le précédent.

Il ne savait pas combien de temps cela avait duré mais … lorsque tout était terminé, il entendit un cri pour leur dire d’arrêter leur magie. Son corps … Il ne supportait plus. Il n’aurait pas dû … se mettre accroupi. Non … Ce n’était pas une bonne idée.

Il n’arrivait plus à se relever, plus du tout. Il remarqua à peine l’officier démoniaque qui se rapprochait de lui, semblant vouloir lui dire quelque chose. Oui, il était usé et fatigué, il respirait bruyamment, il avait l’impression de manquer de souffle et …

« Ben alors, t’as un peu de mal à te redresser, recrue ? Faut pas se leurrer, t’es le seul à n’avoir subit aucune blessure malgré les déferlantes. Bon, le souci, c’est que si après ça, tu es sans défense, tu es particulièrement inutile. Mais tu fais un sacré rempart. »

« Première fois … que je porte une armure … aussi lourde, j’ai juste besoin … de souffler un peu, vous en faites … pas, ça ira mieux … après. »

« Hum ? Première fois ? Vrai ça ? Il est vrai que tes gestes étaient un peu trop désordonnés pour que cela soit habituel. Bah, tu n’as que plus de mérite. Par contre, les tests ne sont pas finis mais à cette allure, tu as tes chances. »

Et comment … Est-ce qu’Elise se débrouillait ? Il se posait tout simplement la question alors qu’il haletait, finissant enfin par se remettre debout. Voilà … C’était … mieux … beaucoup mieux, n’est-ce pas ? Il pouvait … se tenir droit et ferme.

« Je suis prêt pour le reste, ça devrait aller. Une nuit … blanche n’est rien. »

« Et nuit blanche en plus ? Tu n’exagères pas un peu ? Bref, ne fais pas le fanfaron. T’es peut-être résistant mais ça ne change pas que tu en as encore pas mal à baver, comme les autres. Et dire que c’est l’une de nos armures de pacotille. »

Il ne répondit pas, préférant se concentrer sur la tâche qui allait l’attendre. Faire confiance à Elise. Il devait juste faire confiance à Elise mais … Lui-même devait se faire confiance. Il était fort, il était concentré et il allait réussir ce qu’il désirait !

« Ce n’est pas ça qui va m’arrêter. Que le reste des tests … continue. »

Oui ! Il ne devait pas s’en faire. Il allait tout simplement balayer tout ce qui se trouvait devant lui comme si de rien n’était. Maintenant, qu’est-ce qu’il fallait faire ? Réussir à protéger autrui ? Non … Il devait montrer que malgré la puissance qui se trouvait en face, il était capable d’avancer. Il voyait … Il voyait parfaitement de quoi il s’agissait.

« Ce n’est pas grand-chose ! JE PEUX LE FAIRE ! »

Il venait tout simplement d’hurler à pleins poumons avant de planter un soleret de métal dans le sol, faisant un premier pas en avant … puis un second, et un troisième. Il était vrai qu’en face, il y avait un vent puissant puis d’autres déferlantes élémentaires … voire des attaques aux armes lourdes. Il s’arrêtait … et il s’immobilisait … mais il continuait à avancer.

Pour autant, lorsque le test se termina, il avait remarqué que d’autres avaient bien mieux fait que lui. C’était dommage … vraiment dommage mais il ne devait pas être mécontent de sa prestation. Certains par contre, avaient tout simplement été incapables de tenir et se retrouvaient avachis au sol. La concurrence était rude pour quelques personnes.

« Mouais, au cas où, sachez que c’est pas définitif mais que ces tests permettent de savoir qui on va mettre en avant pour les différents rôles et autres. »

Différents rôles et autres ? Ah … Euh bon. Elise ? Où est-ce qu’elle était ? Il la chercha du regard, finissant par le trouver. Tout doucement, il hocha la tête casquée en sa direction, comme pour lui dire que tout allait bien. Juste … Quand tout cela sera terminé, il espérait tout simplement qu’il puisse dormir une demie-journée ou plus.

« Qu’est-ce que nous devons faire ? Dites-le … s’il vous plaît. »

« Tu m’as l’air bien motivé, non ? Ne t’en fait pas, tu vas très vite savoir ce qui t’attends. Les tests ne sont pas terminés, loin de là. »

Il ne se rappelait plus si l’armée de Shunter, cela avait été aussi long ? Encore qu’il y avait eut quelques duels, non ? Il se rappelait cela avec les nobles. Oui, ça avait très mal terminé. D’ailleurs, ses soldats étaient plus corrects que les autres pour le moment.

« Peut-être qu’ils ont déjà trop salement vécu … pour pouvoir se comporter comme des enfoirés. Ca serait une bonne chose ça ne finisse pas mal pour une fois. » se dit-il à lui-même bien que l’officier à ses côtés l’avait entendu.

« L’heure du repas ! La cantine pour tous ! Vous allez aussi devoir vous habituer à ça ! »

Ah ! Vrai, avec les différents tests, les heures défilaient à toute allure et il allait pouvoir manger avec Elise. Par contre, s’il retirait son casque, elle allait très vite comprendre à quel point ça n’allait pas du tout niveau fatigue et épuisement. Enfin bon, il verra ça plus tard.

Epilogue : Deux chefs

Epilogue : Deux chefs

« Qu’est-ce qu’on va faire de son corps, Zéran ? »

« Rien du tout. On ne va pas l’emporter, on va le laisser là. Il est assez reconnu non ? Nous n’avons donc pas à nous en occuper, ce n’est pas à nous de gérer sa mort. »

« Vous … Vous allez … même pas les prévenir ? » bafouilla Cator, perturbé par les propos de Zéran et Klork. Le premier répondit sur un ton nonchalant :

« Prévenir ? C’est déjà fait. Ces personnes qui nous regardent à travers leurs fenêtres, qu’est-ce que tu crois exactement à leur sujet ? Elles sont au courant de la situation. Elles doivent nous haïr et actuellement, c’est réciproque. Je ne veux rien avoir affaire avec eux, rien du tout. »

La fin de ses paroles était maintenant sur le ton de la colère. Cator devait arrêter de se bercer d’illusions. Vélisa n’avait eut que ce qu’elle méritait et même Réxéros était encore sur le choc de voir à quel point le reste du groupe ne s’apitoyait pas sur le sort de Vélisa.

« Elle a joué avec nos vies, elle a tout simplement perdu la sienne. Fin de l’histoire. Pourquoi devrait-on s’attarder plus longtemps à son sujet ? Réxéros, ça aurait put être la même de toute façon, ce n’était pas comme si ça aurait changé grand-chose. Réxéros, tu as été acquitté des accusations à ton sujet mais ça ne change pas que tu as accepté ce qu’elle t’a proposé. Ne comptes pas sur moi pour te faire confiance dorénavant.  Enfin, tu t’en doutes que c’était déjà le cas auparavant. Maintenant, tu n’as qu’à récupérer les affaires de Vélisa qui pourraient nous être utiles, c’est bien toi qui faisait les poches des célestiens, non ? »


Encore une remarque qui était plus que blessante en direction de Réxéros. Bon les autres cadavres, ils ressemblaient à quoi ? Leurs tenues étaient bien différentes. Aucune ne ressemblait à une autre. Il n’y avait que parfois, un symbole en forme de tête de chat cornu. Bon c’était pas tout ça, il finit par s’approcher du corps de Vélisa, finissant par en retirer le fameux médaillon en forme de coeur. Zéran haussa un sourcil, murmurant :

« C’est quoi ça ? Comment ça se fait qu’elle a ça de son côté ? Elle ne me l’aurait quand … »

Le félémon aux cheveux blonds se mit à fouiller dans son sac avec un peu d’appréhension avant d’en extirper son propre médaillon. Il n’avait jamais essayé d’en parler, pensant à un souvenir de la part de sa cousine qu’elle aurait mis dans son sac discrètement mais maintenant qu’il le sortait, il ressemblait exactement à celui de Vélisa.

« Comment elle peut avoir le même ? C’est … Klork ? »

« Tu n’étais pas avec nous, c’est vrai. Mais ça ne change pas que c’est étrange que ton père n’en ait pas parlé. Il en a confié un à chacun d’entre nous. Il nous a expliqué que chaque expédition pour récupérer le coeur avait cet artefact. Ses propres paroles, c’était, si je ne me trompe pas : « Même lorsque vous serez seuls, ceux qui sont morts continueront de vous accompagner pour vous prêter leur force. » »

Ceux qui sont morts ? Comme Vélisa ? Et elle allait faire ça comment ? Car maintenant qu’elle n’était plus qu’un cadavre comme tant d’autres dans cette soirée, il était difficile de voir comment tout cela allait être possible en fin de compte, oh que oui.

Du moins, jusqu’à ce que son médaillon commence à s’illuminer comme celui de Vélisa mais aussi chez chaque candidat félémon en un endroit précis sur leurs corps ou dans leurs sacs. Tous commencèrent à sortir leur médaillon à leur tour, finissant par observer ce qui était en train de se produire. De nombreuses fissures commencèrent à apparaître sur le médaillon de Vélisa, de plus en plus en même temps qu’un craquement sonore se faisait entendre.

« Il est en train de se briser ?! C’est quoi cette aura magique ?! »

Même s’il était impossible de calculer directement la puissance magique d’une personne, si la magie d’un objet ou d’un être était assez forte, il était alors possible de la ressentir … et c’était exactement ce qui était en train se produire en ce moment même ! Le pendentif éclata en morceaux, un souffle en émanant, faisant tomber à la renverse Cator et Réxéros qui étaient les plus près de ce dernier. Les autres se tenaient fermement sur leurs pieds, poussant un gémissement de douleur sauf Silesti et Klork qui serraient les dents seulement.

« Il se passe quoi avec ces foutus médaillons ?! Je ne peux même pas le lâcher ! »

La seule chose qu’il comprenait, c’est que la magie qui venait d’émaner du médaillon de Vélisa était maintenant en train de se transférer dans les six autres. Quelques secondes s’étaient écoulées et Zéran se retrouva à genoux, en train d’haleter pour reprendre son souffle. Il ne restait plus que des cendres du médaillon de Vélisa mais surtout, il se sentait … revigoré ? Oui, il n’était plus fatigué mais pas seulement, il avait la sensation d’être devenu plus puissant. Un bref constat chez les autres et il comprenait que même les yeux bruns de Silesti s’écarquillaient un peu de surprise, ce qui était rare de voir comme état chez elle.

« C’était quoi ce délire ?! Quelqu’un a une explication ? »

« Le … LE CORPS DE VELISA DISPARAIT ! » hurla la voix de Réxéros. Comment ça ? Est-ce qu’ils n’en avaient pas déjà eut assez ?! Ils avaient à peine le temps de souffler que déjà une autre catastrophe était en train de se produire ?


Réxéros ne plaisantait pas. Le cadavre de la candidate de la Cupidité était bel et bien en train de se dissiper, comme si tout son être était maintenant voué à retourner au néant. Déglutissant légèrement car il avait l’impression que la situation dégénérait, Zéran resta parfaitement immobile, n’osant plus faire ne serait-ce qu’un seul mouvement.
Enfin, au bout d’une minute, il recommença à bouger un peu, restant sur place. Son visage se tournait vers tous les autres. Que ça soit chez Réxéros, Cator ou alors les deux félémones, aucun ne prenait la parole. Même Klork ne disait plus rien.

« Je … Je … Je crois que j’ai besoin de m’asseoir sur le coup. C’était quoi tout ça ? »

« Je n’en sais rien, Zéran. Le monarque ne nous a pas parlé de tout ça. Je n’ai donc aucune idée à ce sujet. Je pense que c’est pareil pour vous autres. »

« Je ne connais rien du tout et je crois que je n’ai pas envie d’en savoir plus pour le moment. Je préfère que l’on aille ailleurs. Cette ville n’est définitivement pas faite pour nous. » déclara Agléa avec lenteur, tous acquiesçant d’un mouvement de la tête. Cator comme Réxéros avaient fini de s’apitoyer sur le sort de Vélisa. De toute façon, vue la situation …

Après avoir vérifié que chacun avait ses affaires et le coeur n’étant plus à la moquerie par rapport à Réxéros, surtout en vue de la situation, ils avaient fini par quitter cet endroit qu’ils pouvaient définitivement tous considérer comme un lieu maudit. Un premier candidat était déjà mort et cela en à peine un mois avec le reste du groupe. Un candidat qui avait causé bien plus de problèmes qu’autre chose … mais un candidat quand même.
Le moral n’était vraiment pas au rose dans le groupe et ça n’avait rien d’anormal par rapport à tout ça. Comment pouvaient-ils être réellement joyeux ? Une traîtresse, avec une preuve irréfutable. Un groupe qui voulait leur mort, un groupe qui voulait les protéger aussi ? Et pour ce dernier, ce n’était pas sûr du tout.
Il avait juste jeté un regard à Klork et aux autres. Tous avaient des mines fatiguées et abattues. Sauf Silesti qui était imperturbable à nouveau, comme si tout cela était déjà derrière elle, comme si de rien n’était. Après une bonne heure de marche, alors qu’ils étaient sûrs qu’ils étaient maintenant bien éloignés de la ville, Zéran leva une main :

« Arrêtons-nous ici. Installons nos bagages et je crois que l’on peut se reposer pour la nuit. Elle n’est même pas complète. Espérons qu’on arrivera à retrouver le sommeil. »

« Est-ce que tu veux des tours de garde, Zéran ? » questionna Agléa, le félémon à la chevelure blonde hochant négativement la tête. A ses yeux, c’était complètement inutile mais peut-être qu’il se trompait, non ? Il finit par murmurer :

« Faites comme vous le désirez mais je crois que je vais aller m’endormir sans même essayer d’installer la tente. Au moins, comme ça, on sera réveillés automatiquement par le mal de dos que l’on va se choper à dormir de la sorte. Dites … Vos blessures ont disparu aussi, hein ? »

Il avait posé cette question qui le taraudait depuis le départ de cette ville. Lorsqu’il avait décidé d’observer Agléa et Cator, il avait bien remarqué que chez eux comme chez lui, il n’y avait plus aucune trace de blessure. Il en était de même sûrement pour Klork, cela restant difficile à confirmer à cause de son armure. Dans le cas de Silesti, vu qu’elle n’avait pas été blessée, la question ne se posait pas … et même Réxéros était à nouveau indemne.

« Zéran ? Est-ce que je peux ? » murmura faiblement une voix alors qu’il levait la tête en direction d’Agléa. Qu’est-ce qu’elle voulait ? Il s’était positionné contre un arbre, s’étant assis, dos contre ce dernier, dans l’espoir de pouvoir être tranquille.

« C’est pour quoi, Agléa ? Tu as besoin de moi quelque part ? »

« Ce quelque part, c’est dans tes bras. Est-ce que c’est possible ou non ? » demanda t-elle en le regardant droit dans les yeux. Est-ce qu’il en avait envie ? Hmm … Finalement, après quelques secondes d’hésitation, il avait finit par ouvrir doucement ses bras, Agléa en profitant aussitôt pour s’y installer.

« C’est exceptionnel, compris ? J’ai pas envie que les autres s’imaginent des choses à notre sujet, Agléa. On a tous besoin de dormir. »

« Pas de soucis. Je serais sage comme une image. » dit-elle avant de réfugier sa tête contre le torse du félémon blond, celui-ci fermant ses yeux sous le regard envieux de Klork.

Maintenant, le plus important était de sombrer dans le sommeil, ce qui ne fût pas bien difficile pour les six personnes restantes et cela malgré le reniflement de Réxéros. Il devait peut-être l’aimer plus que de raison, malgré les apparences. Néanmoins, la nuit se passa tranquillement, sans qu’il n’y ait plus de problèmes qu’il n’en fallait déjà.

Le lendemain matin, ils n’étaient pas vraiment plus frais qu’avant leur sommeil. Seule Agléa avait une mine presque radieuse, comme si la mort de Vélisa était déjà un mauvais souvenir. Elle était toujours calfeutrée contre Zéran, minaudant dans ses bras tout en disant :

« Vivement la prochaine fois. Tes bras sont si forts et ton corps est si chaud et … »

« Stop, Agléa. Je t’ai dit que cette nuit, c’était exceptionnel. » coupa t-il sur un ton peut-être un peu plus sec que prévu. Il n’avait pas envie d’être trop virulent envers elle, surtout qu’elle ne lui avait rien fait, loin de là. C’était même le contraire.

Il ne s’était jamais senti aussi bien que cette nuit mais revenir à l’avouer, c’était accorder du crédit aux paroles d’Agléa. C’était ça le corps d’une félémone contre le sien ? Il avait sentit son souffle chaud sur son visage, il avait sentit sa poitrine gonflée qui s’appuyait contre son torse à chaque respiration, son visage apaisé, épanoui et heureux. Qu’est-ce qu’elle pouvait lui trouver ? Qu’est-ce qu’il avait de si spécial qui arrivait à l’attirer ? Et puis, son propre corps, il n’était pas stupide, la désirait. Il avait bien ressenti ça dans le bas de son être … et elle aussi, sûrement, en vue de la position dans laquelle ils avaient dormi.

« Et rien ne m’empêchera de toute faire pour que ce moment exceptionnel se reproduise. »

« Sûrement … Nous verrons ça plus tard. Hmm ? Où est-ce que Réxéros et Cator se trouvent ? Ne me dites pas qu’ils se sont enfuis ? »

Il avait fini par poser la question en remarquant l’absence des deux félémons. Silesti était toujours endormie complètement tandis que Klork faisait quelques étirements avant de dire d’une voix calme, très calme :

« Ils sont partis se rafraîchir un peu. Vu qu’il y a Cator, je ne m’inquiète pas trop par rapport à Réxéros. De toute façon, maintenant qu’il n’y a plus Vélisa … »

Maintenant qu’elle n’était plus là, il était vrai que Réxéros allait peut-être se calmer. Oh, hors de question de lui faire réellement confiance, personne parmi le quatuor présent ici ne pouvait lui accorder du crédit mais … il était devenu inoffensif normalement. Agléa regarda Zéran avec émerveillement, finissant par dire :

« Zéran, ça me trotte depuis déjà un bout de temps mais avec la mort de Vélisa, maintenant, je suis certaine que c’est une bonne idée mais … pourquoi tu ne serais pas le chef de notre groupe ? Je veux dire, tu n’arrêtes pas de te soucier des autres, tu poses énormément de questions, tu cherches à épauler chaque personne présente. Je suis sûre que Klork et Silesti seront d’accord à ce sujet ! »

« Pour ma part, il est vrai qu’il faut avouer que pour une fois, elle a une bonne idée. »

« Hmm … Zéran … chef ? Pourquoi pas ? Hmm … Oui. Zéran … chef. »

Silesti ne dormait que d’une oreille visiblement. Pourquoi est-ce qu’il ne s’en était pas douté ne serait-ce qu’un seul instant ? Zéran eut un faible sourire, comprenant que dans le fond, on ne lui laissait pas le choix. Pour autant, il se tourna vers Klork avant de dire :

« Seulement si Klork devient mon bras droit voire le second chef. S’il devait m’arriver un malheur, j’estime que ça serait le félémon le plus responsable pour vous permettre de survivre. Je pense que vu que je suis déjà accepté, vous ne pouvez pas contester ma première décision non ? Encore qu’il faut l’accord de Cator. »

Celui de Réxéros ? Pour lui, il en avait strictement rien à faire donc à partir de là, ce qu’il pensait, c’était bien la moindre des choses dont il portait un réel intérêt. D’ailleurs, Réxéros et Cator en mettaient du temps tous les deux, non ?

« Je vais rentrer le premier, Cator. Tu … devrais t’envoyer un peu plus d’eau encore. Tu en as bien besoin. Je vais retourner voir les autres. »

« Dis-leur que j’arrive tout de suite, Réxéros. » répondit le félémon un peu grasouillet alors qu’il plongeait dans ce qui semblait être une rivière avoisinante au campement. Il y avait bien cinq bonne minutes de marche mais aucune difficulté pour se perdre entre les deux endroits.

Réxéros s’était mis à marcher avec lenteur à travers les bois, sortant une lettre de la manche de sa tenue. Sans un mot, la main tenant la lettre se balançait en direction du sol, deux doigts finissant par l’attraper, provenant d’une main cachée derrière un arbre.

« La somme est en intégralité. Parfait. Si vous avez besoin de nos services une nouvelle fois, vous savez où nous trouver. Ces … amateurs ne valaient rien s’ils sont pris par surprise. »

« Vu que le travail a été accompli, vous pouvez disposer et bien entendu, qu’aucun d’entre vous ne tente de nous suivre. Votre présence n’est plus nécessaire. »

« La discrétion est notre maître mot … contrairement à celle qui fût votre compagne. »

« Ne parlez plus d’elle. Elle a dépassé les limites un bon nombre de fois. Malgré le messager que j’avais envoyé pour qu’il tombe sur une patrouille de célestiens, cela n’a pas été suffisant pour la tuer, elle. Il faut dire que je l’avais mise en garde. »

« Ce qui vous a permis d’abaisser cette dernière lorsqu’elle vous a proposé de vous faire passer comme mort sous les coups de ce grouspuscule qui avait été payé par elle. »

« Dommage qu’elle ne s’attendait pas à ce que j’ai mes propres « ressources ». Elle a toujours été ainsi : trop sûre d’elle, narcissique et du genre à me sous-estimer. Dommage pour elle, elle avait une certaine énergie au lit et son argent me manquera mais bon … elle n’est pas la seule membre de l’Avidité à aimer débourser des mille et des cents chez notre famille. Vous pouvez maintenant disposer, je dois retrouver le reste de mon groupe. »

Et se faire passer pour une victime, un dommage collatéral. L’être qui avait disparu ne portait pas les mêmes atours que les rares cadavres qui s’en étaient pris à Vélisa et la troupe qu’elle avait engagée. Un petit corps qui laissait simplement paraître un symbole sur ses vêtements : Une tête de chat avec des cornes. Rien à voir avec ce Cercle des Damnés !

« Réxéros ? Où est-ce que Cator se trouve ? Vous n’étiez pas partis tous les deux ensemble ? »

« Il va arriver. Il s’est lavé en second. Je suis juste parti devant. Qu’est-ce qui se passe ici ? »

« Les autres membre du groupe ont décidé de mon nommer chef à l’unanimité. Klork sera le second chef s’il doit m’arriver quelque chose à cause de circonstances ou autres. J’attendais Cator pour lui demander si cela le dérangeait. »

Oh ? Cela voulait donc dire qu’il n’avait même pas voix au chapitre dans cette décision, n’est-ce pas ? Réxéros fit un petit hochement de tête positif, comme pour dire que le message était très bien passé, retournant à ses affaires pour les préparer. Cator arriva une dizaine de minutes après, Zéran lui demandant une confirmation par rapport à Réxéros, confirmation que Cator lui donna. Il accepta aussi le félémon à la chevelure blonde comme chef du groupe, position nécessaire à ses yeux en vue des derniers événements.

« Ca ne veut pas dire que tu ne ne seras plus celui qui nous guidera hein ? Tu es toujours à ta place par rapport à ça. Tu es bien celui qui sait où on doit se rendre. »

« Dans le royaume des félémons, cela sera sans difficultés mais après, ça sera plus ardu mais oui, le message est bien passé, Zéran. Ca me fait plaisir de savoir que c’est toi qui va nous diriger. Enfin, toi ou Klork, bien entendu ! »

Tant mieux alors. Il avait l’approbation des quatre autres membres du groupe. Réxéros était juste une personne accessoire, un félémon qu’il valait mieux ne plus considérer comme candidat pour devenir le monarque du royaume des félémons. A cinq contre un, il n’avait tout simplement aucune chance de pouvoir faire ses manigances.

« Bon, alors, la première décision que je vais prendre, ça va être d’éviter les villes félémones pendant une semaine environ. Il y a de très fortes chances que la mort de la candidate de l’Avidité arrivent aux oreilles de tous et de toutes. Comme chaque ville va être en ébullition, on ne pourra pas les traverser tranquillement. Ca vous semble raisonnable ? »

« Je ne serais pas d’humeur à me quereller avec d’autres individus. Pour moi, ça ne me pose aucun souci. » déclara Klork avec déjà toutes ses affaires sur le dos, visiblement prêt à partir le plus tôt possible. Tant mieux en un sens.

« J’irais où tu iras, Zéran. Si tu ne veux pas aller en ville, alors je n’irais pas. Je trouverai bien des moyens naturels dans les forêts ou autres pour garder ma beauté fraîche. »

« Tu n’as pas besoin de tout ça, Agléa. Restes tout simplement naturelle et ça sera déjà parfait et suffisant. Silesti ? Cator ? Vous deux ? Ca vous va aussi ? »

« Je ferais tout pour nous emmener dans des zones où il n’y a VRAIMENT aucun danger ! »

Il prenait ça pour un oui de la part de Cator. Un petit regard en coin en direction de Silesti et il comprenait que c’était bon aussi pour elle. Finalement, ses yeux rubis se posèrent sur Réxéros. Sans même lui adresser la parole, il comprenait que de toute façon, il valait mieux pour lui qu’il accepte. Comme dépité, Réxéros détourna la tête en signe d’acquiescement. Parfait alors, ils étaient tous d’accord ! C’était une excellente chose.

« Un premier candidat est mort, monarque. »

« Oh ? Et de qui s’agit-il ? » demanda un félémon à la chevelure aussi blonde que son fils, bien que sa pilosité faciale s’ornait d’une moustache et d’une barbe de même couleur.

« Vélisa de l’Avidité. Sa famille va déjà être prévenue par rapport à sa défaite dans la course menant au trône. Devons-nous prendre des mesures préventives pour contrecarrer leurs actes ? Comme cela fût si souvent le cas dans les précédentes expéditions ? »

« Comme dans les précédentes, nous ne nous en mêlerons pas personnellement. Ce n’est pas à nous de protéger ces candidats mais à eux-mêmes de se débrouiller avec leurs propres capacités. S’ils n’y arrivent guère, ils n’ont donc pas leur place pour la mission qui leur a été confiée. Par contre … Vous savez quoi faire de ceci, n’est-ce pas, Ekzival ? »

Le monarque cornu assis sur son trône désignait le corps que tenait l’être en face de lui. Non-pourvu de cornes, une chevelure noire, il avait un genou au sol comme preuve de soumission au roi des félémons. Ses yeux clos, il portait dans ses mains le corps sans vie de Vélisa.

« Bien entendu, monarque. Je vais la mettre dans la salle prévue à cet effet. Son corps est toujours très utile même si son cerveau ne répond plus. »

« En attendant que d’autres arrivent, il nous faut bien préparer tout cela pour plus tard. Tu peux disposer dès maintenant. » fit le roi d’un mouvement de la main, l’humain se redressant avec le cadavre de la candidate de l’Avidité dans ses bras.


Se retournant, il disparut en un instant, comme si tout son corps venait de se téléporter hors de la salle du trône. Le monarque eut un léger sourire, chuchotant pour lui-même :

« Finalement, c’était donc bien l’Avidité qui allait mourir en premier. Dire que je pensais entre elle ou la Cupidité. Tous ces millénaires et ces deux familles qui ne changeront jamais de comportement. A partir de là, ils ne comprendront jamais pourquoi ce sont toujours les premières à perdre. Quelle bande d’imbéciles. »

Mais c’était ce genre d’imbéciles qui ne faisait que rendre cette compétition plus intéressante que le reste. Ailleurs, dans une salle complètement plongée dans le noir, l’être dépourvu de cornes déposa le cadavre de Vélisa dans ce qui semblait être un bocal cylindrique de grande taille. Quelques secondes après, quelques petites lumières apparurent tout autour du bocal cylindrique, des fils venant se planter dans la chair de Vélisa en divers endroits, un liquide violet remplissant le bocal pour y plonger le cadavre de la candidate de l’Avidité.

« Première étape accomplie. Plus que cinq autres … enfin, je devrais dire six. »

Maintenant, il n’avait plus aucune raison de rester dans cet endroit souterrain, que nul ne pouvait accéder de manière conventionnelle. Un dernier regard émeraude envers les tubes fluorescents de couleur violet et un soupir se fit entendre de la part de l’humain.

« Bonne survie, mademoiselle Vélisa. Espérons que vous ne deviendrez pas folle. »

Il n’était plus là. Et dans la pièce résonnait inlassablement les battement réguliers d’un coeur.

Chapitre 29 : Première mort

Chapitre 29 : Première mort

« Est-ce que l’un d’entre vous aurait des indices sur leurs localisations ? »

« Pas du tout. On va dire entre nous qu’ils ne donnent guère envie de savoir où ils sont. On va devoir partir chacun de notre côté, Zéran ? » demanda Cator alors que le félémon blonde faisait un mouvement négatif de la tête.

« Il vaut mieux éviter, entre nous. Nous séparer alors qu’on ne sait pas combien sont encore les forces ennemies face à nous, c’est bien trop risqué. Nous sommes tous les cinq réunis, nous n’avons pas besoin de nous séparer. Est-ce qu’il y aurait une auberge de luxe dans les environs ? Peut-être qu’ils se retrouveront là-bas ? »

« Il est vrai que vu qu’ils sont toujours côte à côte, si on trouve l’un, on devrait aisément trouver l’autre normalement. C’est une bonne piste, Zéran. »

Tant mieux car c’était la seule qu’ils avaient. Remerciant Klork pour la confirmation de sa proposition, ils s’étaient remis en marche, regardant les différents bâtiments autour d’eux. Ils étaient passés par différents quartiers résidentiels et il valait mieux chercher du côté des quartiers marchands … donc là d’où ils provenaient ? Encore qu’il devait y en avoir plusieurs c’est pourquoi ce n’était pas aussi simple que prévu, loin de là.

« Peut-être que si l’on arrive à grimper sur les toits, on aurait une meilleure vision ? » proposa Cator alors qu’Agléa reprenait déjà son fouet en main, venant le faire claquer au sol puis s’enrouler sur l’un des tuyaux de canalisation jonchant le toit d’une habitation proche.

« Si ce n’est que ça, je vais prendre de l’avance ! Klork, vue ton armure, on va éviter que tu t’enfonces dans l’un des toits hein ? »

Petite remarque qui ne se voulait pas forcément blessante mais qui avait eut le mérite de faire mouche. Sans même qu’il ne puisse réagir, Zéran regarda le fouet s’enrouler autour de ses hanches et le tirer vers le toit à son tour. Atterrissant dans le décolleté d’Agléa, dont il se demandait si elle n’avait pas fait exprès à ce stade, celle-ci vint dire :

« Moi et Zéran, on va vous donner des informations à ce sujet le plus rapidement possible. »

« Il y a des méthodes bien plus aisées que d’agir de la sorte, Agléa. Ah … Bon, excusez-là, Klork, Silesti et Cator, on va se dépêcher. »

Il n’était pas sûr que ça soit très rassurant comme moment … et surtout, il n’était pas convaincu qu’il allait tenir correctement sur le toit. Il regarda Agléa qui, contrairement à lui, se tenait fermement et aisément sur ce dernier.

« Tu n’as pas peur de tomber, Agléa ? Le sol est vraiment trop … bas. »

« Tu plaisantes, non ? Il n’y a peut-être que cinq mètres et encore, je n’en suis pas certaine. C’est vrai que je pouvais prendre encore plus haut et … tu as le vertige ? »

« Je ne crois pas l’avoir … mais je ne crois pas ne pas l’avoir aussi. C’est vraiment compliquée comme sensation, je dois t’avouer. Je ne sais pas … comment réagir. »

« Prends mon bras alors, Zéran. Tu sais, je suis une habituée donc ça ne me fait rien. On devrait plus aisément trouver ce que l’on cherche maintenant. »

Une habituée ? Elle aimait jouer les filles de l’air ? Il ne connaissait rien du tout sur Agléa mais ce n’était pas franchement plus chez Klork. Simplement, avec Klork, il en avait appris un peu sur sa famille, de ce qu’il avait connu de la bouche même du candidat de la Rage. Mais Agléa ? Rien de rien, rien sur sa famille, rien sur son passé, rien.

« Tu es presque surpris que je saches faire ça ? Ce n’est pourtant pas si compliqué dans le fond, tu verra, Zéran ! Est-ce que ne veux pas t’accrocher à mon bras ? »

Elle continuait de le lui proposer et sur le coup, il se voyait mal le refuser. Déglutissant un peu, il haleta avant de se mettre debout, tremblant un peu. Pourquoi est-ce qu’il manquait autant de courage maintenant ? Il agrippa le bras d’Agléa, celle-ci lui faisant un grand sourire victorieux, comme si ce simple geste suffisait à lui faire gagner des points … mais sur quoi ? Il n’en avait strictement aucune idée.

« Bon bon bon … Tu n’apprécies pas la vue, Zéran ? Et je ne parles pas de mon décolleté. »

« Ha … Ha … Ha … Est-ce que je dois rire, Agléa ? La vue … est magnifique, dommage que ça ne soit pas l’heure pour ça. » finit-il par avouer en cherchant à rester bien droit à côté d’elle. Oui bon, elle avait totalement raison, ce n’était pas déplaisant.

« Bon maintenant, allons chercher quelque chose de bien plus laid ! Un type petit et moche comme un pou ! Ca ne devrait pas être difficile ! »

Petit et moche comme un pou ? Il était vrai que Réxéros n’était pas bien grand mais de là à l’insulter et … HEY ! QU’EST-CE QUI LUI PREND ?! Il la voyait courir sur le toit avec une aisance, le haut de son corps penché en avant, son bustier se mouvant un peu dans tous les sens, c’était à se demander comment cela faisait pour ne pas s’échapper.

« Attends moi, Agléa ! NE ME LAISSES PAS ICI ! »

Mais elle venait déjà de bondir, faisant un saut prodigieux, comme si de rien n’était pour atterrir sur un second toit. Il devait faire quoi ? Pareil ? Mais mais mais … Elle était capable de faire ça comment ? Enfin … Elle avait réussi ça comment ? Hein ? Ca ne devait pas être trop difficile si elle avait réussi mais il ne se sentait pas rassuré du tout.

« Bon, il faut que je m’y lances mais je te retiens, Agléa ! »

« N’oublie pas d’utiliser la magie du vent pour te donner un petit coup de main, Zéran ! »

HEIN ?! Coup de main ? Magie du vent et … ?! C’était un peu TARD pour le prévenir ! Il avait déjà sauté pour tenter de la rejoindre mais il avait à peine fait la moitié du chemin que son corps tombait déjà en direction du sol.

Pour autant, ce ne fût pas la pierre dure que sa tête percuta mais une surface douce et chaude qu’il reconnut facilement en voyant la dentelle noire de près, vraiment très près. Le fouet était autour de sa personne et sa personne était dans les bras d’Agléa. Encore une fois.

Trouver la trace de Réxéros ne devait pas être trop difficile maintenant qu’ils avaient une bien meilleure vision. Par contre, se déplacer aussi aisément qu’Agléa, il n’était vraiment pas sûr d’y arriver, loin de là. Heureusement, il pouvait la suivre maintenant qu’il savait qu’il pouvait utiliser sa magie du vent pour faire quelques sauts plus impressionnants. Le souci restait principalement l’atterrissage où sa face percutait la majorité du temps les tuiles.

« Et bien … Je ne savais pas que tu aimais autant les tuiles, Zéran. Elles ont bon goût ? »

« Ce n’est pas vraiment amusant, Agléa … Pas du tout même. »

« Oh ? Pourtant, je trouvais cela divertissant de mon côté. OH ! J’ai une bonne nouvelle, j’ai fini par le trouver. Et visiblement, il a réussi à se débarrasser des assassins. Dommage. »

Réussi à le trouver ? Qui ? Réxéros ? Et les assassins ? Quels assassins ? Lui aussi avait été attaqué par les assassins ? Ce n’était pas logique du tout ! Il baissa les yeux tout en se retournant, faisant quelques grands gestes pour que Klork et les autres puissent le voir et surtout le suivre alors qu’il allait les guider jusqu’à Réxéros.

« Comment est-ce que LUI a réussi ça ? Alors qu’il sait à peine se battre ? »

« Ne me poses pas la question, Zéran. Je crois que l’on va avoir besoin de quelques explications. Je me demandes si je fais la méchante félémone et toi tu fais le gentil félémon ? Qu’est-ce que tu en dis exactement, Zéran ? » demanda t-elle alors qu’elle s’apprêtait déjà à descendre du toit, vérifiant néanmoins sa tenue auparavant.

Elle ne voulait pas que cette dernière la lâche après tous les sauts qu’elle avait effectués. Bon, elle devait tenir et elle fit tout simplement un dernier saut pour tomber à quelques mètres de la scène de combat, un petit sourire mauvais aux lèvres avant de dire :

« Et bien … Réxéros, tu n’as pas l’air en très grande forme ou c’est moi ? On dirait que tu as été … attaqué, c’est étrange, non ? »

« Et… Etrange ? Agléa ? Qu’est-ce que … vous faites là, vous ? » demanda le félémon plus petit que les autres membres du groupe. Il était vrai qu’il avait de nombreuses blessures mais pas aussi profondes qu’on aurait pu le croire à distance.

« Nous sommes tout simplement venus voir où vous étiez, toi et Vélisa. Il semblerait que tout le groupe a été pris d’assaut par des assassins qui portaient tous la même tenue. On n’a pas chercher à en savoir plus à ce sujet vu que la priorité était de reformer le groupe. »

C’était toujours la demoiselle de la Débauche qui prenait la parole, comme si elle était bien décidée à tirer la lumière sur cette histoire. Pourtant, Réxéros poussa un petit soulagement, accompagné d’un soupir de dépit avant de murmurer :

« Comme tu peux le voir, ce n’est pas la grande forme. Vous devriez être contents, non ? »

« Ce n’est pas vraiment le terme que j’aurai employé. Si tu as été attaqué, cela voudrait donc dire que toi et Vélisa, vous ne travaillez plus en collaboration comme depuis le début de l’expédition ? » demanda Zéran avec lenteur en le regardant de ses yeux rubis.


Il était redescendu et finalement, Klork et les autres étaient eux aussi arrivés à destination. Maintenant, l’interrogatoire allait pouvoir commencer ou presque. A regarder l’état de Réxéros, même si ce n’était pas très beau à voir, il n’allait pas si mal que ça .

« Vélisa et moi ? Travailler ensemble ? C’est quoi qui vous fait dire ça ? Le fait qu’on discute tout le temps ensemble ? Je pourrais en dire de même avec vous trois ! »

Même dans cet état, il avait encore la force de faire le fanfaron ? Il venait de désigner Agléa, Zéran et Klork, les trois se regardant brièvement sans pour autant nier les paroles de Réxéros. Reprenant la parole, Zéran haussa en même temps les épaules :

« Sauf qu’on a jamais eut comme projet d’accuser les autres et de chercher à les éliminer. Qui nous dit que tout ça n’est pas qu’un gros mensonge ? Où est donc Vélisa ? Car étrangement, c’est elle que l’on n’arrive pas à voir. »

« Vous ne me croyez pas ? Alors que je suis autant blessé que vous ? Que tous ces types sont morts ? C’est une blague, j’espère ! Est-ce que j’ai l’air de faire semblant ?! »

Il s’écriait cela avec colère, finissant par cracher un peu de sang, mettant une main sur sa bouche comme pour essuyer tout ça. Pour autant, aucun des autres félémons ne vint chercher à l’épauler, comme si tous pensaient qu’il méritait un tel traitement.

« C’est … n’importe quoi. Je me fais agressé, j’ai réussi à m’en sortir et c’est donc comme ça que je suis sauvé ? J’aurai peut-être préféré mourir après ça. Je ne sais pas où est Vélisa. Nous avons passé un moment ensemble dans une chambre et ensuite, nous sommes partis chacun de notre côté pour ne pas éveiller plus les suspicions à notre sujet. »

« Genre, que vous êtes responsables de l’attaque des célestiens sur nous, c’est ça ? »

Ecarquillant les yeux devant les propos de Zéran, Réxéros s’apprêtait à les infirmer, finissant par détourner la tête avant de chuchoter :

« Je n’étais pas vraiment d’accord avec elle … mais elle disait que cela serait une bonne idée que de vous forcer à combattre et ensuite vous juger. Elle considérait qu’ainsi, vous auriez moins confiance les uns envers les autres. Après, il suffisait qu’elle achète votre confiance avec diverses méthodes monétaires. »

« Donc … tu confirmes que c’est pas toi qui a fait ça mais Vélisa ? Mais que tu étais au courant et que cela t’importait peu si l’un d’entre nous mourrait ? »

Il était déjà prêt à s’en prendre à Réxéros, tenant fermement mais avec un peu de colère ses deux cimeterres. Il avait tellement envie de les abattre sur le cou du félémon et de mettre un terme à sa vie. Cela serait bien plus simple que tout le reste. Ca serait si facile … de l’exterminer et de se débarrasser de lui une bonne fois pour toutes.

« Qu’est-ce qu’on fait de lui ? Je voudrais bien le tuer. De toute façon, ce n’est pas comme s’il nous serait très utile non ? En plus d’être un lâche, c’est un traître. »

« Laissons-le en vie et allons chercher Vélisa. Elle pourra toujours contester. »

Il n’était pas convaincu que ça serait la meilleure chose à faire, mais bon … Si Klork le dit. Comment pouvait-il expliquer réellement ça ? Il avait surtout l’impression que Réxéros était en train de se foutre royalement de leurs gueules et qu’il ne s’en privait pas. Avec difficultés, il se releva, finalement aidé par Cator qui était visiblement attristé par l’état du félémon.

« Ca ira … Je peux marcher, Cator mais merci quand même … Je peux vous indiquer où est Vélisa. Je sais dans quelle auberge elle a décidé de se rendre. »

« Vous êtes juste deux parasites, autant toi qu’elle. » dit Zéran sèchement, ne laissant aucune trace d’émotions sur son visage. Il haïssait plus que tout le mensonge de ce félémon. Il n’avait pas le moins du monde confiance en ce dernier et il était certain que Vélisa allait tout faire pour se dédouaner aussi. Pourtant, Klork lui avait dit de le laisser en vie.

« On ferait mieux d’accélérer, Zéran. Rexéros ! Tu passes devant et tu vas nous guider. Bien entendu, un mauvais geste de ta part et ça sera la fin. J’imagine que Silesti pourra se charger personnellement de ta punition. Tu en dis quoi, Silesti ? »

« Il … a voulu … notre mort. Si cela … doit arriver, je lui ferais … payer avec la sienne. Il sera mort … lui aussi … sans aucune hésitation. »

« Tu as compris la mademoiselle de l’Oïsiveté, non ? Avances et ne traînes pas au flanc. Tu crois que je suis stupide ? J’ai bien vu que tes blessures sont mineures. Et je ne suis pas aveugle au point de ne pas avoir remarqué ce détail. »

« Je le savais … et je n’ai rien fait pour le cacher. J’ai réussi à m’en sortir, c’est tout. Je suis déjà content que ça ne soit pas aussi grave que je ne le pensais. »

Content ? Est-ce qu’il avait une simple idée de la situation ? Car il n’avait pas à être heureux en ce moment même, loin de là. Un mauvais pas de sa part et il se retrouvait embroché par les lames de Zéran et Klork mais pas seulement. Silesti venait de confirmer qu’elle se chargerait de lui à son tour et en vue de ses capacités et du fait qu’elle était indemne malgré le nombre impressionnant d’assassins sur son dos, autant dire qu’il valait mieux ne pas se risquer à la combattre. Zéran regarda Agléa avec apathie, comme si tout était démotivant de son côté, la félémone de la Débauche lui murmurant :

« Ca ne va pas, Zéran ? Je me doutes que tu ne voulais pas le voir en vie mais tu comprends que nous n’avions pas le choix, n’est-ce pas ? »

« Je le sais parfaitement … mais en même temps, il ne mérite pas d’être en vie. Avec son comportement, je ne sais pas si c’est vraiment lui le responsable pour les célestiens. J’ai l’impression qu’il se doutait que s’il répondait négativement, on l’aurait tué sur le champ. »

« Tu aurais fait ça, toi ? Zéran ? Je ne t’ai pas connu ainsi. » chuchota Agléa, un peu étonnée des propos de Zéran, l’étonnement se faisant lire à son tour sur le visage de Zéran.

« Tu me connais à peine depuis un mois, Agléa. Ce n’est pas comme si tu pouvais lire en moi comme dans un livre ouvert, n’est-ce pas ? »

« Bien sûr, bien sûr. Ca ne fait qu’un mois depuis le début de l’expédition. »

« C’est ça, ce n’est pas comme si vraiment, tu savais tout de moi. »

« Ce n’est pas faux, Zéran, même si je veux justement en apprendre plus à ton sujet même si tu te montres plus que réticent. Enfin, on va dire que les derniers événements ne se prêtent pas à la confidence mais tu sauras que je suis là pour toi et plus encore. »

Même dans cette situation, même alors qu’ils étaient en danger de mort, qu’ils étaient blessés et meurtris, elle continuait son numéro de charme. Est-ce qu’elle avait une simple idée de l’endroit où ils étaient ? Ou alors, est-ce qu’elle était nymphomane ou quoi ?

« Je ne pensais à rien de sexuel … ou déplacé, Zéran. Mais disons que si tu as besoin justement d’une confidente ou d’une personne à qui tu veux parler, je suis là. »

« Je notes la proposition dans ma tête. Elle ne sera pas oubliée. Allons plutôt chercher la dernière des enflures. Qu’on règle ça une bonne fois pour toutes. »

L’irritation était peinte sur son visage et il se doutait qu’Agléa n’appréciait pas qu’il parle de la sorte mais justement, sur le moment, il n’en avait rien à faire. Réxéros continuait de les guider, certaines fenêtres continuant de s’ouvrir brièvement avant de se fermer.

« Dès qu’on en a fini avec Vélisa et qu’on a réussi à la retrouver, on se tirer de là. Aucune raison de rester plus longtemps en ville. »

Tous étaient d’accord avec la proposition de Zéran. Cet endroit, comme chaque ville au service de l’Avidité ou la Cupidité, était maintenant à proscrire de leur carnet de route. En disant cela, Réxéros eut un petit glapissement étouffé, comme s’il voulait contester ça mais le regard borgne de Klork l’incita à se taire. Auparavant, il était du genre à l’ouvrir pour pas grand-chose mais pas aujourd’hui.

« Elle doit être normalement dans les environs. C’est la meilleure auberge de la ville et tout ça est à l’oeil pour elle vue sa famille. »

« Je me contrefous de combien ça lui a coûté ou plutôt rien coûté dans ce cas précis. Je veux juste la voir entre deux yeux et envisager qu’on l’abandonne ou qu’on la tue. »

« Je crois que pour le dernier point, nous sommes arrivés trop tard, Zéran. »

Hum ? Qu’est-ce que voulait insinuer Klork par là ? Il s’était tourné vers le félémon borgne, celui-ci faisant un mouvement de la tête en direction de la droite. Réxéros étouffa un cri, commençant à courir en direction de ce qui semblait être … un amoncellement de corps ? Non, c’était exagéré car ils étaient éparpillés mais …

« Ils sont bien plus nombreux ici qu’ailleurs. Qu’est-ce que ça veut dire ? »

« Visiblement, le mystère reste entier. » continua de dire Zéran après les propos de Klork, Cator finissant par s’écrier :

« Maias mais mais … ELLE EST MORTE ! ELLE EST MORTE ! »

Il était peut-être le seul à montrer réellement une quelconque émotion au spectacle affligeant d’un Réxéros en larmes qui était à genoux en train de serrer le corps sans vie de Vélisa. Celle-ci avait les yeux ouverts en grand, laissant paraître l’effroi d’une situation qu’elle n’avait pas prévue. Et Cator était maintenant arrivé non-loin de Réxéros, lui tapotant doucement le dos tandis que Klork et Zéran commençaient à étudier les cadavres au sol.

« C’est toujours le même groupe que celui qui nous a attaqué, n’est-ce pas, Zéran ? »

« Visiblement, il s’en est pris aussi à Vélisa, ce qui veut tout simplement dire une chose, non ? » murmura Zéran après les propos de Klork, tenant fermement ses cimeterres en main.

Aucun mouvement de la part d’Agléa et Silesti. Les deux félémones regardaient simplement le duo, ce dernier s’arrêtant sur ce qui semblait être les autres cadavres présents. Oui, s’il y en avait autant, c’était pour une unique raison. Klork finit par chuchoter :

« Zéran, ils ne portent pas les mêmes tenues que ceux que nous connaissons. »

C’est vrai. Ces félémons encapuchonnés avaient des tenues vertes avec un col jaune. Il était possible de voir qu’ils avaient de longues manches au bout jaune. Sur le tissu couvrant la poitrine, on pouvait apercevoir comme une pièce de monnaie avec un visage cornu dessiné à l’intérieur. Kéran désigna le cercle de félémons qui entouraient Vélisa, comme pour la protéger.La remarque de Zéran incita Klork à la réflexion. Maintenant qu’il le disait, il était vrai que ces félémons encapuchonnés formaient comme un cercle autour du cadavre de Vélisa. Il y avait zéro émotion peinte sur leur visage. Tout en reniflant, Cator parut étonné, prenant ce qui semblait être un bout de papier qui pendait d’une poche de Vélisa.

« C’est … C’est quoi ça ? Un … Un contrat mais pour … quoi ? »

Un contrat ? Sans même laisser le temps à Réxéros de s’expliquer, Zéran était arrivé avant de le récupérer des mains de Cator, et cela sans aucune douceur. Le félémon grasouillet avait poussé un léger cri de surprise, ne s’étant pas attendu à une telle réaction de la part de Zéran. Il s’exclama en bafouillant un peu :

« Tu … Tu pouvais être plus délicat, Zéran. Ce n’est pas … »

« Ca m’a bien l’air d’être l’écriture de Vélisa de ce que je crois savoir … et c’est aussi le sceau de sa famille. Klork … Tu devrais le lire à ton tour. »

Il avait finalement tendu le morceau de papier en direction du félémon en armure, celui-ci haussant son seul sourcil valide avant de le prendre en main. Son œil doré commença à le parcourir avant d’émettre un grognement :

« Jusqu’au bout, n’est-ce pas hein ? Agléa, Silesti, on a notre responsable ! C’est elle qui a envoyé les assassins sur notre dos ! Visiblement, ça s’est retourné contre elle … »

« Mais maintenant, c’est quoi cet autre groupe ? S’être focalisé sur elle … Il a voulut la protéger ? Quelqu’un le connaît ? »

Aucune réponse positive sur le momentet Réxéros s’était arrêté de pleurer, comme s’il venait de comprendre que Vélisa avait aussi décidé de se débarrasser de lui et cela sans hésitation.

Chapitre 28 : Se réunir

Chapitre 28 : Se réunir

« Klork, comment est-ce qu’on les sort de là ? Une suggestion ? Dis moi que tu en as une ! »

« Bien entendu … mais ça ne sera pas forcément plaisant. Ils vont se concentrer sur eux deux vu qu’ils sont blessés. De même, on ne sait pas si d’autres sont présents tout autour de nous. On ne peut pas prédire ce qui nous attend. »

« Est-ce que tu veux que l’on fonce dans le tas ? Si je me fais à nouveau électrocuter, je crois que je ne pourrais pas tenir très longtemps. J’ai envie de briller un peu, comme toi ! »

« Ce n’est pas le moment de vouloir fanfaronner, Zéran. Combats comme tu le fais d’habitude. Tu t’imagines que c’est un entraînement mais réel et tu essaies d’esquiver chaque attaque et sort qu’ils vont te lancer. Ca ne sera pas aisé mais tu auras moins de mal que moi en armure. »

« Tu plaisantes hein ? J’ai vu à quel point tu te débrouilles plus que bien malgré ton armure. Enfin, j’ai aussi compris le message. Je te laisses passer devant, je te suis de près. »

Une brève discussion et les voilà maintenant en train de lancer l’assaut sur ces êtres encapuchonnés, certains se retournant vers eux pour être prêts à les accueillir. Tant mieux s’ils ne craignaient rien, ils auront au moins une vie très brève.

« Puisque cette ville est complètement pourrie et gangrenée par Vélisa, je n’aurais aucune retenue dans mes coups. AGLEA ! CATOR ! COUCHEZ-VOUS MAINTENANT ! »

Les deux candidats s’exécutèrent, finissant accroupis au même moment où une lame enflammée se dessinait verticalement devant Klork. La lame continua son chemin, emportant avec elle trois des félémons camouflés par leurs tenues, ces dernières flambant dès l’instant où la lame les toucha. Tandis que les félémons encapuchonnés étaient occupés à se rouler sur le sol ou à esquiver la lame, Agléa et Cator se redressèrent, le fouet de la félémone de la Débauche venant entourer le bras d’un des agresseurs pour le tirer à elle avant de le faire cogner violemment contre un mur, Cator frappant de son marteau sur le visage d’un autre.

« VENEZ PAS ICI ! REJOIGNEZ-NOUS ! »

Même s’il était inutile de crier puisqu’ils étaient maintenant tous les quatre réunis, Zéran soupira de soulagement et il n’était visiblement pas le seul. Une main caressa sa joue légèrement entaillée par les attaques dans l’auberge.

« Tu as l’air de souffrir, Zéran. Si je comprends tout, vous avez été attaqués aussi, n’est-ce pas ? Est-ce que … vous savez qui est derrière tout ça ? »

« Ne parlez pas trop, on discutera de tout ça après les avoir exterminés ! Ils vont comprendre qu’ils ne peuvent rien contre nous maintenant que nous sommes tous les quatre ensemble. »

« Désolé, Agléa, on discutera tous les deux après. Klork a raison. On a déjà assez combattu de notre côté, nous sommes épuisés mais tant que nous ne sommes pas en sécurité, on va éviter de trop bavarder. Tu m’excuses donc ? » chuchota Zéran avec lenteur.

« Oh, pour la peine, je serais ta soigneuse personnelle. On prendra du temps à deux pour ça. »

Malgré la situation, elle avait encore la force et le courage de faire de l’humour ? C’était vraiment une sacrée félémon hein ? Il ne put s’empêcher de sourire alors qu’il était maintenant temps de donner une bonne leçon à leurs adversaires.

« Faisons-leur regretter d’avoir voulu nous confronter, Klork ! »

« Ne t’en fait pas à ce sujet, j’imagine qu’ils sont déjà dans cet état d’esprit. Maintenant, je suis un peu plus calme, ça ne sera pas plus rassurant pour eux. »

Héhéhé. Ils étaient à nouveau tous les quatre. Il ne manquait que Silesti mais les deux autres pouvaient bien disparaître. Il n’en avait rien à faire. Même s’il n’y avait aucune évidence que Réxéros avait aussi œuvré à ça, vu qu’il traînait tout le temps avec Vélisa, autant dire que même sans une preuve concrète, la suspicion était de mise.

« Pfff, maintenant que Zéran est là, je vais devoir combattre sérieusement, c’est ça ? Je voulais qu’il me voie un peu plus blessée pour voler à mon secours, c’est vraiment dommage. »

« Tu sais que je peux t’entendre, Agléa ? A partir de là, ça sera difficile de faire ne serait-ce qu’un seul mouvement pour t’aider. »

« MAIS EUUUUUUUUUUUH ! BON ZOU ! Du balai ! » s’écria la félémone aux atouts physiques impressionnants, son fouet venant claquer sur le visage d’un félémon encapuchonné avant de se serrer autour de son cou.
… … … Vraiment ? Elle avait hurlé à tous de se baisser avant que le félémon sur lequel le fouet s’était enroulé quittait le sol, tournoyant autour d’Agléa comme un fléau félémon. Son corps percuta de nombreux autres félémons, les repoussant contre les murs, les faisant tomber au sol avant que l’arme ne finisse par le lâcher.

« Oh … J’ai la tête qui tourne un peu … et mal aux bras. »

Il avait fait tomber l’un de ses cimeterres, réceptionnant Agléa qui était tout simplement tombé dans ses bras. Rougissant violemment en sentant ce sur quoi sa main était posée, il la remit correctement sur le dos de la félémon en lui disant que c’était du beau travail.

« Alors, tu n’as qu’à me laisser rester dans tes bras non ? Tu ne crois pas que ça serait une bien meilleure récompense ? Je peux très bien … »

« Agléa, j’ai vraiment l’impression que tu ne saisis pas le moment. On est en pleine agression, tu es blessée, moi aussi. On a bien mieux à faire, tu ne crois pas ? »

« Pas le moins du monde ! Klork et Cator peuvent finir le travail que j’ai commencé ! De toute façon, certains doivent avoir leurs membre brisés. Pendant ce temps, j’ai tellement de questions à te poser, j’espère que tu es prêt, Zéran. »

Des questions ? Non. Bon. Il était temps qu’elle comprenne. Il la repoussa un peu franchement, récupérant son cimeterre au sol avant d’aller rejoindre Klork et Cator sur la scène de combat. Il ne savait pas comment lui-même pouvait combattre correctement par rapport à ces deux-là. Il comprenait que malgré l’entraînement, il n’était rien.

Rien du tout. Même Cator, qui était moins en forme que lui, se débrouillait bien mieux en situation réelle. Pourquoi alors pendant le combat contre les Lizéfals, il avait réussi à bien se débrouiller ? Qu’est-ce qui était si différent du reste ? Il devait trouver une explication raisonnable à ça sinon … il ne fallait pas espérer qu’il s’en sorte.

Heureusement, Klork était en train d’achever correctement chaque adversaire, n’en laissant aucun en vie malgré les recommandations de Cator. Le félémon aux cheveux verts expliqua au candidat de la Gloutonnerie qu’ils avaient déjà tout ce qu’il fallait comme information et que ce n’était rien de bien plaisant à entendre.

Lorsqu’ils purent souffler une nouvelle fois en étant certains qu’ils étaient hors de danger, Zéran se tourna vers Cator et Agléa. Cette dernière faisait une petite mine boudeuse, comme pour bien signaler qu’elle était mécontente du traitement de « l’oubli » qu’avait fait Zéran sur elle alors qu’elle cherchait juste son attention.

« Est-ce que vous avez des nouvelles de Silesti ? » demanda Cator sur un ton légèrement inquiet, Zéran hochant la tête négativement avant de répondre :

« C’est la prochaine que j’aimerai retrouver. On va se mettre en route … mais est-ce que tu aurai une idée de l’endroit où elle aurait été se reposer ? Car visiblement, vous avez tous décidé de ne pas dormir à l’auberge, n’est-ce pas ? Sans nous prévenir … »

Oui, il appuyait là où ça faisait mal et cela sans aucune réticence. Il regarda Cator qui baissa les yeux, un peu honteux tandis qu’Agléa faisait une petite moue déconfite, finissant par avouer d’une voix lente :

« Je n’avais aucune confiance dans l’auberge que Vélisa avait trouvée pour nous. Malheureusement, même ainsi, ce ne fut pas assez. Je voulais t’en parler mais tu avais déjà pris une chambre avec Klork et surtout, expliquer pourquoi je n’appréciais pas ça devant elle, cela aurait continué à la faire hurler et je n’avais pas envie de l’entendre. »

« Donc, tu avoues que tu as préféré m’abandonner un peu à mon sort, c’est bien ça, Agléa ? »

« Pas du tout. Je savais que tu étais accompagné de Klork donc je n’avais aucune inquiétude de ce côté-là. Ce n’est pas comme si Klork n’était pas digne de confiance hein ? Par contre, vu que vous avez passé toute une nuit encore ensemble, la prochaine est pour moi, Klork ! »

« Vous ferez ce que vous voulez tous les deux, cela ne me regarde pas. Maintenant … Cator, est-ce que tu peux reprendre ? Du moins, nous donner une information si tu en as. »

« Et bien, je ne voulais pas la laisser seule cette nuit mais étrangement, elle m’a dit que ce n’était pas un problème et qu’elle resterait dans les environs. Elle semblait vraiment très calme, enfin, plus que d’habitude, vous voyez ce que je veux dire ? »

« Vu qu’il s’agit de Silesti, elle n’est pas généralement calme … mais amorphe, on va dire ça pour rester correct entre nous. Mais j’ai envie qu’on aille l’aider, où est-ce que tu as dormi ? D’ailleurs, Agléa, tu as dormi dans la même auberge que Cator ? » questionna Zéran.

« Bien sûr que non, voyons donc ! La seule chambre que je veux partager, c’est avec toi. »

Ce n’était pas le sujet de la question, pour ne pas changer. Néanmoins, cela voulait dire qu’ils avaient fini par se retrouver. Continuant d’interroger Cator, ce dernier devait bien savoir où se trouvait Silesti, non ? Demandant au candidat de la Gloutonnerie de bien vouloir les guider, ce dernier accepta, se rappelant parfaitement le chemin qu’il avait pris.

« Par contre, aucun félémon n’est venu nous aider. Il n’y a même pas de soldats dans les alentours ! Ça donne l’impression que chaque nuit, ça se passe ainsi ! »

« Peut-être pas chaque nuit, Cator mais il y a de fortes chances que ça soit le comité d’accueil qui nous attendait depuis le début. On remerciera Vélisa en personne pour ça. »

« D’après ce que vous nous avez dit, c’est confirmé que c’est elle ? Mais lorsqu’on va … la retrouver, comment est-ce que l’on va faire ? Comment est-ce que ça va se dérouler ? Normalement, nous devions être sept, n’est-ce pas ? »

« Pour la mission ? C’est exact … mais je pense que c’est comme ça que chaque mission s’est déroulée à chaque fois … Des traîtres, des morts et autres. Il y a de très fortes chances que ça se finisse souvent de la sorte ou presque si on ne fait pas plus attention à ce qui va nous attendre. Donc pour Vélisa, à vous de voir mais de mon côté, je crois que … »

Il ne termina pas sa phrase, la laissant en suspens. Normalement, tout le monde savait ce qu’il voulait dire par là. Cator plongea dans son mutisme, n’appréciant guère l’idée tandis que Klork serrait plus fortement son arme dans sa main. Seule Agléa finit par répondre :

« Si c’est le prix à payer, je n’aurais pas d’hésitation. Dans ce monde, il faut parfois s’attendre à subir le pire pour espérer le meilleur. Si nous la laissons en vie, qui dit qu’elle ne nous créera pas plus d’ennuis qu’en la tuant ? »

« C’est ça, Agléa. Tu as parfaitement compris ce que je voulais dire par là. »

« Alors, la question et le choix ne se posent pas. On verra ce que Réxéros pensera de tout ça vu quel point il est proche d’elle mais je vais finir par croire que c’est elle aussi qui est derrière tout ça pour l’attaque des célestiens. »

« Ça ne serait pas vraiment étonnant en un sens, non ? Mais bon, de ce côté-là, on aura aucune confirmation sauf si Réxéros décide de nous le révéler. Mais avant lui, on va déjà essayer de retrouver Silesti. Cator ? On y est presque ? » demanda Zéran après les propos de Klork, Cator regardant à gauche et à droite avant de finalement … aller tout droit dans les ruelles.

« C’est par ici ! C’est vers là que je me suis séparé avec Silesti ! Normalement, il ne devrait pas y avoir trop d’auberges dans les environs et … »

Cator s’arrêta de parler, poussant un cri de stupeur alors qu’un corps venait de tomber devant lui, brisé de toutes parts, d’après la position de ses bras et ses jambes. Déjà mort, il était possible de lire l’effroi sur le visage du félémon, sa capuche n’étant plus sur son crâne.

« Qu’est-ce que … D’où est-ce que ça vient ça ? Hey ! Attention ! Ca arrive encore ! »

« Une pluie de félémons ? Y a qu’une seule personne qui peut faire ça ! »

Klork avait levé les yeux au ciel, clignant un peu ces derniers en réfléchissant à ce qui venait de se produire. D’où est-ce qu’ils provenaient ? Cela faisait déjà le quatrième corps que le groupe évitait, tous provenant d’un envoi vers la gauche. Klork désigna l’endroit d’un mouvement de la lame avant que tous ne se mettent en route.

Et ils retrouvèrent Silesti. Indemne. Même pas une trace de sang ou de blessure, aucune éraflure alors qu’elle était adossée contre un mur, comme endormie. Les bras croisés à hauteur de sa poitrine, elle semblait prendre une profonde respiration. Au sol, il y avait bien une dizaine de cadavres. Si on comptait ceux qui avaient volés dans tous les sens, cela voulait dire qu’ils avaient été encore plus nombreux pour elle seule que pour Klork et lui.

« Silesti ? Est-ce que tu dors ? » demanda Zéran avec neutralité tout en se rapprochant d’elle. Lentement, les yeux bruns s’ouvrirent pour se poser sur lui.

« Pas possible … Zéran. Ils sont … venus me déranger dans ma sieste, dans mon lit. Ils voulaient … me tuer … mais … ils sont morts. Ça leur apprendra. J’ai sommeil … »
Ca leur apprendra. C’était le bon terme alors qu’il regardait juste l’ampleur des dégâts. Se rapprochant un peu plus de Silesti, il se surprit à lui caresser le sommet du crâne, comme à une enfant alors qu’elle se laissait faire en refermant les yeux.

« On va dire qu’il y avait plus d’inquiétude que de mal dans cette situation. Bon, nous sommes tous les cinq. Qu’est-ce que l’on fait ? On part déjà à leur recherche ou non ? »

« Je dirais plutôt que nous aillions nous reposer. On va essayer de trouver la place principale de la ville ou du moins, un endroit assez ouvert pour ne pas être pris par surprise par d’autres agresseurs. On souffle cinq ou dix minutes et ensuite on va les chercher. » déclara Klork, reprenant aussitôt : « De toute façon, s’ils sont ensemble, il n’y a pas trop à s’inquiéter pour eux. Les plus importants sont ici de toute façon. »

Aucune remarque de la part de Cator et Silesti. Zéran et Agléa n’avaient fait qu’un hochement de tête positif aux propos du félémon en armure rouge, comme si tout cela était des plus logiques. Un coin où ils pouvaient se reposer un peu, oui.

« Je pense que ça fera l’affaire pour ici. Bon, faisons un bilan des blessures. Moi-même, je n’ai que quelques égratignures. Zéran ? Tu as été brûlé en de nombreux endroits, non ? Est-ce que ça va un peu mieux ? » questionna Klork alors qu’ils avaient fini par se réunir dans la place centrale du village, là où une fontaine trônait.

« Maintenant que l’adrénaline de ces combats n’est plus là, je dois avouer que je ne fais pas vraiment le fanfaron. Ça me fait mal de partout et mon corps reste engourdi de partout. »

« D’accord. Cator ? Tu as l’air aussi d’avoir quelques blessures mais rien d’aussi grave que Zéran, c’est bien ça, n’est-ce pas ? Agléa … Tu as réussi à esquiver la majorité des attaques, tu as juste quelques égratignures toi aussi. Quant à toi, Silesti … Elle dort. »

Bilan qui pouvait presque être navrant mais qui était pourtant bien réaliste. La félémone aux cheveux noirs dormait sur place, comme à son habitude, nullement inquiète par la tournure des événements. L’avait-elle déjà été réellement un jour dans le fond ?

Pfiou … Lui aussi allait fermer les yeux, tiens. Il avait besoin de se reposer, comme les autres. Mais il restait debout, contrairement aux quatre autres félémon qui s’étaient mis assis sur le bord de la fontaine pour pouvoir souffler un peu.

« D’ici dix minutes, pas plus, d’accord ? On va quand même voir ce qu’ils sont devenus ou alors, s’ils ont quitté la ville en sachant qu’ils n’auront pas réussi à nous abattre. »

« C’est triste d’avoir de telles pensées tout ça parce qu’ils ont été aveuglé par leur désir de vengeance et de domination. » marmonna Zéran, en ne bougeant pas de sa position. Agléa avait posé sa tête sur son épaule gauche et il n’osait faire aucun mouvement.

« Ah … J’ai l’impression de servir de reposoir, hein, Agléa? Du moins, j’imagine que tu n’irais pas t’en plaindre ou je me trompes? »

« Pas le moins du monde. Se réveiller en sursaut même si on est préparé à une telle attaque. Je me demandes si c’est ce sur quoi on va devoir s’inquiéter dorénavant tous les jours ? Même si on en finit avec Vélisa ce soir ? »

« Les sessions devraient être plus ou moins calmes suivant les jours qui nous attendent mais oui, c’est le lot quotidien de ce qui va nous tomber dessus, Zéran. Déçu ? »

« Pas vraiment. J’y étais préparé. » chuchota faiblement le candidat de la Vanité. Les paroles de son père, il s’en rappelait. Au final, alors, il n’avait pas tort. Maintenant qu’une brèche s’était ouverte dans le groupe, il comprenait que certains voulaient absolument que les autres ne réussissent pas dans leur objectif commun.

« Ces deux idiots. Ils ont réussi à tout gâcher et cela ne fait même pas un mois que nous sommes partis. Leurs familles ont toujours été extravagantes mais sur le coup, elles ont vraiment choisi les pires candidats possibles. »

« Arrêtons d’en parler, Klork, non ? D’ici peu de temps ça sera de l’histoire ancienne. Il n’y a pas besoin de s’y attacher plus que ça. »

« Ce n’est pas faux mais ne devient pas complètement indifférent à tout ce qui se passe autour de nous, d’accord ? Je n’ai pas … envie que tu finisses comme ça. »

« Tu n’as aucune crainte par rapport à ça. Je préférerai encore mourir que de terminer comme ces deux êtres infâmes. Je vaux bien mieux que ça. »

Les autres devaient sûrement entendre leur conversation mais aucun ne faisait de réflexion. De toute façon, il n’était pas vraiment possible de dormir dans une telle situation. Ils n’étaient pas en sécurité, qui sait ce qui allait les attendre ? Ils avaient éliminé presque une quarantaine de personnes, QUARANTE félémons quoi !

« Je ne pensais pas … que l’on aurait à affronter notre propre race avant les célestiens. »

« Et oui, Zéran … et oui. Tu n’étais pas préparé à ça … mais maintenant, c’est le cas, hein ? »

« Comme tu dis, maintenant, je sais à quoi m’attendre plus exactement. Aucune pitié. »

Il vit l’unique œil valide de Klork se plisser à ses paroles. Malgré ce qu’ils avaient déclaré tous les deux quelques instants auparavant, il comprenait que Zéran avait prononcé cela sur le ton de la colère et ne le pensait peut-être pas réellement. Encore qu’il était difficile de comprendre ce que ressentait Klork, un peu comme l’esprit d’une félémone.

Réxéros et Vélisa. Il n’avait aucune envie d’aller les rechercher mais il ne faisait aucune illusion à ce sujet. S’il ne faisait pas attention, cela provoquerait plus de problèmes qu’autre chose car ils étaient dans une ville dirigée par la famille de l’Avidité. Cela voulait dire qu’en faisant du mal à Vélisa, ils se mettaient toute la ville sur le dos.

« Bah … En un sens, vu l’accueil, c’est pas comme si j’allais vanter cette ville à d’autres. » s’était-il dit en murmurant cela à voix basse.

Le félémon à la chevelure blonde était songeur et il sentit que la tête d’Agléa se faisait encore un peu plus lourde maintenant. Est-ce qu’elle n’en profitait pas un peu trop ? D’après les mouvements de tête, il se disait que peut-être que si. Finalement, il fit bouger un peu son épaule, posant une main sur la hanche d’Agléa avant de faire que sa tête arrive sur ses genoux. Oui, bon, ils étaient tous réunis et ce n’était pas vraiment un spectacle qu’il aimait montrer aux autres, encore qu’il n’y avait rien de honteux.

« On attends que tu aies fini ta session de caresse dans les cheveux, Zéran ? » demanda Klork sur un ton presque un peu irrité, Cator regardant Zéran et Agléa avec un peu de jalousie.

« On va dire ça comme ça … Même si dans le fond, on doit se douter qu’elle est réveillée et qu’elle ne veut juste pas vraiment bouger hein, n’est-ce pas Agléa ? »

« Hmm … Exactement. J’ai le droit aussi d’un petit moment de repos. Et je suis bien … et puis, c’est toi qui m’a mis dans cette position. »

Oui, c’était exact mais en même temps, ils avaient autre chose de plus important à accomplir, non ? Non, ce n’était pas sauver le monde, ils n’étaient pas des héros et vu comment tout cela dégénérait, il valait mieux éviter de penser de la sorte.

« Zéran, est-ce que c’est bon maintenant ? » demanda Klork après cinq bonnes minutes, le félémon à la chevelure blonde finissant par relever le visage d’Agléa qui bougonna légèrement, n’appréciant guère d’être déplacée de la sorte, loin de là.

« C’est bon pour moi, Agléa. On verra ça un autre moment, là, ce n’est ni l’endroit, ni l’heure pour de telles familiarités. Cator ? Silesti ? Vous êtes prêts ? On se remet en route. »

Il s’était finalement levé, reprenant juste un cimeterre en main, l’autre accroché à son dos. Il avait aidé Agléa à se lever, celle-ci ayant une mine un peu trop radieuse, comme si les paroles de Zéran n’étaient pas tombées dans l’oreille d’une félémone sourde.

« T’en fait pas, Zéran. J’ai parfaitement notée ta proposition dans ma tête ! Allons-y vite ! »

Et bien ? Agléa en mettait de l’entrain ou c’était lui ? A croire que rien que l’idée d’avoir un petit moment avec lui avait redonné des forces et de la motivation à Agléa. Bon … Qu’ils aillent retrouver Réxéros et Vélisa et mettre un terme à tout ça.

Chapitre 27 : Seuls contre tous

Chapitre 27 : Seuls contre tous

« AAAAAAAAH ! Euh ? On a touché le sol ? »

« Remets-toi correctement debout plutôt, Zéran. Ils vont sûrement nous rejoindre. »

Il était dehors avec Klork. Des morceaux de verre autour d’eux. Et surtout, vu le brouhaha causé, il remarquait que personne n’avait ouvert ses fenêtres, comme si tout le monde savait ce qui était en train de se passer. Un grognement quitta ses lèvres :

« Bien entendu, on est dans une zone dirigée par la famille de l’Avidité ! A partir de là, il fallait s’en douter qu’ils allaient nous tendre un piège. Maintenant, c’est sûr que … »

« Zéran, pas le temps de parler ! Il va falloir retourner dans l’auberge pour aller chercher les autres avant qu’ils ne soient en danger ! Pas besoin de se soucier de Réxéros et Vélisa, ils sont de mèche tous les deux ! On n’a pas à s’en faire ! »

Il savait parfaitement que Klork avait raison mais en même temps, ils n’étaient pas là pour ces deux-là ! Il était moins rassuré pour Agléa ! Si Cator était dans une chambre avec Silesti, il n’avait pas trop à s’en faire. C’était vraiment pour Agléa que …

« Ne t’en fait pas. Agléa est capable de se défendre, Zéran. Je ne savais pas que tu serais aussi inquiet pour elle. C’est un peu étrange non mais tu l’apprécies bien, non ? »

« Elle n’a pas sa langue dans sa poche mais elle n’a jamais été méchante ou odieuse. Et puis, en même temps, elle est vraiment très collante hein ? Mais bon … »

« T’en fait pas, pas besoin de plus d’explications. ATTENTION ! CERTAINS SAUTENT ! »

Sauter ? Ah oui … Pas faux ! Il avait juste le temps de voir deux félémons encapuchonnés qui prenaient le même chemin qu’eux. Dommage mais Klork était déjà là à les attendre, épée fermement tenue à deux mains à la verticale alors que les deux félémons tombaient lourdement dessus, se plantant au niveau du ventre en émettant un gargouilli des plus horribles et nullement mélodieux. De quoi donner envie de vomir ou presque.

« Et voilà une bonne chose qui est faite. Bon … Zéran, on va rentrer dans l’auberge. »

Il ne faisait qu’exécuter les ordres de Klork. Dans une telle situation, il reconnaissait parfaitement le génie militaire qui animait le félémon de la rage. Refuser de lui obéir, ça serait tout simplement risquer sa vie bêtement. Vu que la porte de l’auberge était ouverte comme si de rien n’était, cela voulait dire une seule chose.

« L’aubergiste collabore aussi avec ces types. D’ailleurs, tu les reconnais, Klork ? »

« Pas du tout, je ne me suis pas préoccupe de leurs tenues. Je ne sais pas ce qu’ils sont mais vu qu’on sait ce qu’ils veulent, on va juste tenter d’en garder un en vie pour l’interroger. Ou alors, on ira voir avec l’aubergiste. Tu es prêt ? Ils vont arriver par les escaliers ! Tu sais faire un peu de magie, Zéran ? Si c’est le cas, n’hésites pas ! »

« Je ne suis pas franchement doué mais … on va tenter ! » s’exalta Zéran, motivé.

C’est vrai. Ils étaient dans l’auberge complètement vide. Il n’y avait personne, pas même l’aubergiste, sauf peut-être ces félémons qui étaient dans les escaliers, prêts à les descendre ! BON ! Il avait une petite idée en tête, un peu folle mais qu’importe !

« J’espère que plus dure sera leur chute ! » chuchota t-il à Klork qui s’apprêtait déjà à se diriger vers les escaliers pour les empêcher de tous leur tomber dessus. Ils étaient encore bien une dizaine malgré les différentes morts déjà produites.

Mais voilà, il avait décidé de créer un léger souffle de vent en direction de jambes de ces félémons. Le résultat ne tarda guère : les premiers commencèrent à tomber, emportant ceux derrière eux alors que Klork venait se positionner de côté, soulevant sa lourde lame à deux mains avant de l’abattre sur leurs adversaires.

« Pour des êtres qui étaient préparés à nous tuer, je les trouve bien inexpérimentés. Est-ce qu’ils ont compensé leur efficacité par le nombre ? »

« Je n’en sais trop rien, Klork mais au cas où, par mesure de précaution, on va essayer de tous les éliminer et fait … »

Sans qu’il ne puisse terminer sa phrase, ce qui était devenu une habitude dans ce combat, il eut le temps de voir des éclairs atteindre Klork, celui-ci étant parcouru de spasmes, serrant les dents avant d’hurler :

« ENCORE UN EN VIE DANS CE TAS ?! JE VAIS ARRANGER CA ! »

Il avait relevé son arme une nouvelle fois, observant parmi les morts celui dont le corps se soulevait encore légèrement. Rien de tout cela. Son regard borgne et doré fixait maintenant les assassins restants en haut des escaliers, prêt à s’y jeter.

« Zéran ?! Est-ce que je peux te laisser cette montagne de cadavres et trouver celui qui a tenté de m’électrocuter ? Heureusement que mon armure me protège par rapport à ça mais ce genre de choc électrique ne fait JAMAIS du bien ! » s’exclama le candidat de la Rage.

« Je ne te demande donc pas si ça va ? Fais attention à toi et je vais me charger d’eux ! »

Oui enfin, se charger de quelques corps trucidés, ce n’était pas vraiment très glorieux mais Klork n’avait attendu que sa confirmation avant de grimper les escaliers, deux par deux, son épée bâtarde entre ses mains. D’après les différents cris qu’il entendait, un certain carnage venait de commencer mais il ne pouvait pas le voir.
Bon de son côté, il devait avouer qu’il se sentait nauséeux à avoir autant de corps près de lui, surtout en train de baigner dans le sang, l’odeur commençant à lui faire tourner la tête. Il devait éviter de vomir mais dire qu’il s’agissait d’êtres comme lui. Ces personnes avaient été envoyé délibérément pour tenter de les tuer.


Il devait trouver celui qui était encore en vie. Taillader chaque félémon risquait de lui prendre beaucoup de temps mais surtout de l’essoufler. Il devait bien y avoir une autre méthode. Mettre le feu aux cadavres ? Bonjour l’odeur, la fumée et il risquait de faire flamber complètement l’auberge. Tout ça car on voulait leurs morts hein ?! TOUT CA POUR CA !

« On va éviter les flammes … Je ne sais pas trop ce que je peux faire mais peut-être qu’ainsi, vous allez finir par sortir de votre tanière. »

Il était furieux. Peut-être parce qu’il avait chercher à tout prix à éviter que le groupe ne pâtisse des action de Réxéros et Vélisa, surtout de cette dernière, maintenant qu’il était sûr à 100 % qu’elle était responsable de tout ça. Mais voilà, eux, ils avaient décidé de n’en faire qu’à leur tête, qu’importe la situation. Il allait leur faire payer … et ces cinq cadavres de félémons aussi. D’ailleurs, il ne se préoccupait même pas de savoir leurs origines, plus maintenant, ça pouvait bien attendre après. Se rapprochant d’une table qui se trouvait au rez-de-chaussée puisque c’était là qu’étaient servis les repas, il donna un violent coup de pied dans l’un des pieds de la table, l’extirpant avant de commencer à le tailler avec quelques minuscules lames de vent, en formant une pointe digne d’un pieu.

« Vue la longueur, ça devrait suffire à traverser les différents corps … et même si ça se brise en chemin, je suis sûr que la douleur sera assez forte. »

Il devait être sadique. Ces êtres voulaient les tuer, il fallait donc les exterminer avant que ça ne soit l’inverse. Ce petit moment de tranquillité avec Klork n’avait pas duré puis surtout, il s’était senti trompé une nouvelle fois. Il n’aimait pas cette sensation.

« On se fout encore et toujours de moi. Si vraiment, on veut pourrir cette expédition, je vais vous donner des raisons de m’en vouloir ! »

Et voilà qu’il commençait à soulever le pieu avec le vent, utilisant cet élément pour le faire voleter dans la pièce avant de venir le planter dans les différents cadavres devant lui. Il était comme enragé par tout ça. Il était le fils de l’actuel monarque ! Il était l’un des plus éminents membres de la famille de la Vanité ! Qu’on tente de l’assassiner en traître tout en oubliant les objectifs communs au royaume, il ne supportait pas !

« UN APRES LES AUTRES ! DISPARAISSEZ ! »

Lequel de ces cadavres allait s’animer et tenter de fuir ?! Celui de gauche, l’un parmi les trois allongés les uns sur les autres ?! Celui qui pendait lamentablement contre le bord des escaliers ?! Il allait très vite le savoir !

« SORS DONC DE TA CACHETTE ! TU N’AS DONC AUCUNE CONSIDERATION POUR LES CADAVRES DE TES AMIS ?! »

Même s’il ne fallait rien espérer de la part de types qui avaient voulu les abattre en jouant sur le nombre. Dommage pour eux mais il était accompagné par Klork et lui-même n’était pas en reste. AH ! Alors qu’il s’apprêtait à lancer son pieu sur le cadavre avachi sur le bord des escaliers, celui-ci vint réagir sur le moment, roulant un peu pour éviter de justesse le pieu.

« Héhéhé ! C’était donc toi ?! TU VAS … »

Un arc électrique se dessina parmi les trois cadavres allongés les uns sur les autres, venant foudroyer le félémon à la chevelure blonde. Il sentait déjà sa peau qui brûlait en de nombreux endroits, tout son être tremblant sous l’attaque alors qu’un cri rauque résonnait dans l’auberge. Il … AAAAAAAH ! PAS MAINTENANT ! NON ! IL REFUSAIT LA DEFAITE !

Mais son corps lui répondait à peine. Il avait l’impression d’être complètement paralysé. Il ne pouvait pas … il ne pouvait pas bouger plus que ça. IL NE POUVAIT PAS ET … Ah … Ah … Ah … Il voyait le sourire de son agresseur. Celui-ci, malgré son état se sentait victorieux.

« Si on ne peut … en emporter qu’un, au moins que celui de la Vanité disparaisse. La famille de la Vanité ne sera pas victorieuse cette fois, hahaha ! »

« Attends que je … que je t’attrape … je vais te faire … regretter ton existence ! »

« Et comment est-ce que tu comptes faire mon grand ? Tu ne peux plus bouger, tu es… complètement immobile et autant dire que c’est fichu pour toi ! »

« Viens donc … me le dire … en face ! On verra si je ne peux plus bouger ! » s’écria Zéran, son corps continuant de ne pas réagir à ses tentatives de mouvement. Malgré ses dires, le félémon encapuchonné ne chercha pas à se rapprocher, faisant grésiller de l’électricité entre ses mains tout en murmurant que par mesure de précaution, il valait mieux en terminer dès maintenant avec lui, comme ça, vu qu’il sera le seul rescapé de la bande, sa récompense n’en sera que plus grande, hahaha !

« Hum ? Et si tu évitais de tuer mon ami ? »

Un corps fut projeté sur l’agresseur alors que Klork sautait des escaliers pour atterrir au rez-de-chaussée. Le bois craqua et se brisa sous ses solerets de métal rouge alors qu’il se tenait devant le félémon à la chevelure blonde. Sa voix inquiète trembla légèrement alors que le candidat de la Rage demandait :

« Tu … Tu es encore en état ? Rien de trop grave, Zéran ? »

« Ça peut aller … On va dire que je n’arrive pas à me mouvoir et que ça m’énerve ! »

« C’est normal. Tous tes muscles sont tendus à cause du choc. Attends un petit peu … » continua de dire Klork avant de tendre son index gauche recouvert par le gantelet de métal sur le torse de Zéran. Un petit choc et voilà que Zéran cria une nouvelle fois de douleur avant de tomber à genoux … mais il arrivait à bouger ! ENFIN !

« Et maintenant … Éliminons ce dernier type. Je pensais en laisser un en vie … mais j’ai changé d’avis. Ça ne nous sera pas utile. »

« Qu’est-ce qui te prends, Klork ? Tu … Tu … »

« Ce qui me prend ? C’est que j’ai faillit te perdre, Zéran ! C’est ça ce qui me prend ! Alors maintenant, tu vas reculer … et tu vas aussi me chercher l’aubergiste car j’ai eut une MAUVAISE SURPRISE en allant en haut ! »

« Où sont … les autres, d’ailleurs ? » demanda une nouvelle fois Zéran, cherchant à retrouver son souffle ou du moins à reprendre le contrôle de son corps, émettant un petit gémissement de douleur à cette idée, ça ne lui faisait vraiment pas du bien.

« Voilà la mauvaise surprise, il n’y a personne ! PERSONNE ! Je ne sais pas où ils sont ! »

« Comment ça ? Ils ne sont pas dans leurs chambres ? Est-ce qu’il y a des traces de … »

« Attends un peu, je termine ce que j’ai commencé. » coupa sèchement Klork avant de se diriger vers le félémon encapuchonné qui tentait de se relever malgré le lourd poids de son comparse déjà mort. D’un geste rapide et précis, sa lame se logea dans le torse du félémon, tournant lentement, très lentement à l’intérieur, des gargouillis se faisant entendre de la part de l’agresseur de Zéran pour enfin que son corps ne bouge plus.

« Qu’est-ce que … ça veut dire exactement ? S’ils ne sont pas là, je … Ah … Tout d’abord, merci Klork. Je crois que je n’aurai pas … »

Il n’aurait pas survécu, n’est-ce pas ? Maintenant, la dure réalité venait de le frapper de plein fouet alors qu’il plaçait une main sur son visage. Il avait … faillit mourir, n’est-ce pas ? Il serait peut-être mort à l’heure où il avait cette pensée. Il avait … hahaha … Il avait un petit rire nerveux, tout son corps étant parcouru par de nombreux tremblements.

« Il n’y avait aucune affaire ou autre. Il semblerait que nous soyons les seuls dans cette auberge. Il n’y avait même pas d’autres clients … ce qui me fait dire qu’il y en a un qui va nous donner quelques explications mais auparavant … »

Voilà qu’il se retrouva soulevé comme un simple fétu de paille, finissant sur l’épaule de Klork. HEY ! Il pouvait marcher ! Mais Klork … était vraiment impressionnant. Il n’avait vraiment aucune blessure sur le corps ce coup-ci. Est-ce qu’il était enragé ou en colère ? Hey … C’était vraiment gênant mais bon … sur le coup, il préférait se taire. Surtout quand la porte en bois se brisa sous le coup de soleret de Klork.

« Je sais que vous êtes là depuis le début en espérant que tout soit réglé. Vous avez vu toute la scène et je crois que vous allez nous devoir quelques explications. »

Le ton était sec et cassant, le genre qui ne laissait pas vraiment de place à l’absence de réponse. Cloîtré dans un coin, l’aubergiste n’osait plus bouger, tremblant de tout son être, couvrant son crâne comme pour se protéger de l’attaque qu’il allait subir.

« Vous voulez nous donner des explications ou alors, il faut que je vous fasses subir le même sort ? Où sont tous les autres ? Mais surtout, est-ce que c’est la candidate de l’Avidité qui vous a demandé de faire ceci ? REPONDEZ MAINTENANT ! »

« Je … Je ne sais pas où sont vos compagnons ! Je sais juste que je devais vous laisser une chambre et laisser ces félémon rentrer ! Je ne savais pas que vous étiez des criminels ! »

« DES CRIMINELS ?! NOUS SOMMES LES CANDIDATS DE LA VANITE ET DE LA RAGE ! OU EST LA CANDIDATE DE L’AVIDITE ?! »

« JE NE SAIS PAS ! Je vous le promet ! Ne me tuez pas, je vous en pries ! Je … Je devais juste faire ça, je ne devais rien faire d’autre ! J’ai un commerce, j’ai une famille, j’ai, j’ai … elle m’a donné une forte somme d’argent, je … »

« Disparaissez de mon champ de vision et que je ne vous revois plus. » murmura Klork, comme s’il avait du mal à contrôler ses pulsions meurtrières sur le moment.

« Klork … Il faut que l’on fouille la ville et vite. Les autres ont sûrement besoin d’aide. »

« Pas Vélisa et Réxéros mais oui, Agléa, Sirénia et Silesti, on doit les retrouver et vite. »

« Est-ce que par contre, tu peux me déposer au sol ? Je peux … marcher. Il faut que j’aille récupérer mes armes aussi, d’ailleurs. »

Comprenant la position dans laquelle se trouvait Zéran, le félémon à la chevelure émeraude fit un hochement de tête positif avant de le déposer, comme il le demandait. Retournant dans la pièce principale de l’auberge où les débris s’entremêlaient aux cadavres et au sang, Zéran vint se pencher pour reprendre ses armes en main avant de chuchoter :

« Ca veut dire … que personne n’avait confiance envers les autres en fin de compte. »

« Non, personne n’avait confiance dans la proposition de Vélisa. Ils s’attendaient tous à ça … et moi-même, j’ai été stupide. Je n’arrive pas à croire que je suis aussi bête pour ne pas m’être méfier. Çà m’apprendra à avoir passer une bonne soirée avec toi. »

« Je ne regrette pas le moins du monde tout ça, Klork. Simplement, je crois que moi aussi ,je m’en veux de ne pas avoir pris mes précautions. »

« A qui est-ce que tu le dis … d’ailleurs, ce qu’il faut retenir principalement, c’est qu’on se fait assez confiance tous les deux contrairement aux autres. J’imagine que Vélisa et Réxéros, ça doit être de même de leur côté. Il y a des chances … que la prochaine confrontation se termine très mal, Zéran. Il va falloir s’apprêter à les tuer. »

Les tuer ? Mais cela risquerait de détruire le groupe à peine formé. S’ils perdaient déjà l’un de leurs membres voire les deux, autant dire que … le chemin pour récupérer le coeur de son père allait être bien plus difficile.

« Ne commences pas à te faire d’illusions, Zéran. Ils ne nous laisseront pas le choix. Ils ont recommencé après avoir échoué la première fois. Ils ne veulent pas nous aider à cette tâche. Autant se débarrasser des traîtres le plus tôt possible. »

« Je sais que tu n’as pas tort, que c’est même logique mais … ah … disons que … j’ai beaucoup de mal à me dire ça. Ce sont des personnes avec qui nous discutions et … Non. Non et non. Je ne dois pas penser comme ça. »

« Il ne faut pas. La moindre hésitation en combat pourrait être fatale, Zéran. Je te l’ai assez souvent répété. Aujourd’hui était une première épreuve sur ce qui nous attendait. Tu comprends maintenant qu’il faut autant se méfier des félémons que des célestiens … et des humains. Encore que nous n’avons pas encore vu ces derniers. Ils sont plus dispersés dans nos frontières avec le royaume des célestiens. Nous sommes encore bien ancrés dans le royaume des félémons. Nous avons tellement de route à faire. »

C’était un petit changement de sujet à la fin, n’est-ce pas ? Le félémon aux cheveux bonds n’en fit pas plus la remarque à Klork alors qu’ils finissaient enfin par quitter l’auberge. Quelques claquements de fenêtre signalaient que les plus curieux avaient préféré ne pas en voir plus que prévu. C’était tant mieux … pour eux s’ils ne voulaient pas mourir.

« Par où est-ce que l’on part, Klork ? Tu as une idée ? »

« Pas le moins du monde et cette ville est bien trop grande pour deux personnes. »

« On va essayer de retourner sur nos pas de la journée. Peut-être que l’on trouvera quelqu’un, du moins, c’est ce que j’espère ! »

Il n’était pas le seul à espérer, Klork faisant un léger sourire en voyant Zéran partir vers la droite. Il avait une assez bonne mémoire pour ce genre de détails et ça pouvait être très utile, surtout dans une telle situation. Les deux félémons commencèrent à courir, Klork faisant un véritable tintamarre dans son armure. Etrange … Il n’y avait même aucune milice dans les ruelles. Est-ce que tout la ville était prise « d’assaut » par ce groupuscule ?

« J’ai l’impression que Vélisa et Réxéros ont mis les grands moyens pour arriver à tout ça. »

« Sûrement mais je ne vais pas les interroger, Klork. Tu as raison, il fallait s’y attendre. Je m’y préparais mais … je ne savais pas qu’ils oseraient faire ça aussitôt qu’ils en auraient la chance. C’est juste aberrant ! Ils n’ont aucune décence ! »

« La décence est vraiment la dernière chose qu’ils posséderaient, Zéran. Est-ce que tu entends du bruit ? Avec mon armure, j’ai du mal. »

« Rien de rien, aucun signe de combat non plus. Les rues sont déserts, complètement désertes. On a l’impression qu’il s’agit d’une ville fantôme. »

Le terme était vraiment approprié sur le moment même. Tout était simplement désert autour d’eux. C’était vraiment glauque mais aucun ne fit la remarque à ce sujet. Maintenant, ils finirent par se taire et stoppèrent leur course. Ca ne servait à rien d’aller n’importe où.

« Zéran … Si tu tends l’oreille et que tu … » commença à dire Klork avant d’être interrompu par un mouvement de la main de Zéran. Ce dernier avait son visage qui regardait à gauche et à droite, comme s’il cherchait d’où provenait ce bruit de lames qui s’entrechoquaient.

« PAR ICI, KLORK ! Y A UN AFFRONTEMENT ! »

Et sans attendre que le félémon en armure le suive, il partait déjà dans une ruelle, la traversant en intégralité pour arriver dans une autre rue. Là-bas, il voyait à nouveau une dizaine de ces personnes encapuchonnées. Certaines étaient blessées, d’autres non mais aucune n’était au sol Elles formaient un cercle autour de deux personnes.

« Agléa ! AGLEA ! CATOR ! NOUS SOMMES LA ! »

« Bravo pour la discrétion, Zéran … mais au moins, ils savent qu’ils n’ont rien à craindre maintenant que nous sommes arrivés. » soupira Klork, ne pouvant pas réellement en vouloir à Zéran d’avoir voulu prévenir les deux autres membres du groupe.
Surtout que visiblement, ce n’était pas très joyeux de leur côté. Cator était haletant, en sueur et couvert de blessures, cela malgré son bouclier qui montrait de nombreuses fissures et son marteau. Agléa aussi n’était pas vraiment en bon état. Heureusement qu’ils étaient là.

Chapitre 26 : Parfaite confiance

Chapitre 26 : Parfaite confiance

« Pour une fois qu’Agléa n’a pas voulu me sauter dessus, je ne sais pas si je dois trouver cela triste ou si je dois être content. Qu’est-ce que tu en dis, Klork ? »

« Que tu te poses beaucoup trop de questions pour le moment, voilà tout. Moi, ce qui m’interroge le plus, c’est que nous sommes les seuls à être monter déjà dans notre chambre. Enfin, j’imagine que dormir dans la même chambre que moi ne te dérange pas non ? »

« Après ces derniers jours ? C’est la moindre de mes inquiétudes si tu veux tout savoir. Au moins, je sais avec qui je suis et à quoi je dois m’attendre hein ? »

« Ce n’est pas faux du tout. En espérant que tu t’attends à une bonne chose. La chambre n’est pas si mal non ? C’est pas autant le grand luxe que la dernière fois mais y a pas de quoi être mécontent. » signala Klork tout en regardant autour de lui dans la pièce.

C’était un endroit vraiment pas vilain. Deux lits, il y avait une douche dans une autre pièce qui faisait aussi salle de toilette. L’espace n’était pas aussi grand que dans la précédente auberge mais en même temps, ce n’était pas aussi dramatique que prévu.

« Ah … Tant que l’on arrive à dormir aisément, on va pas s’en plaindre. Un lit, c’est vraiment mieux que ne rien avoir. Encore que mon dos commence à s’habituer à dormir sur une surface assez dure comme la pierre. Même si Cator nous trouver parfois des coins avec de l’herbe, ça permet de reposer un peu notre dos. On ne va pas s’en plaindre ! » finit par s’exclamer Zéran avant de s’allonger sur le lit, poussant un profond soupir de soulagement en sentant son dos apprécier cette sensation si agréable de douceur et moelleux.

« On croirait presque un chat et … Pourquoi est-ce que tu souris comme ça ? »

« Tu parles de chat et je me suis rappelé un peu tes réactions à ce moment. Il faut avouer qu’elles étaient vraiment très amusantes. »

« Si tu peux oublier ça et les effacer de ton esprit, je crois que j’apprécierai grandement, Zéran. Ce n’est pas vraiment une chose dont je suis fier. Est-ce que je t’en demande trop ? »

« Exactement, tu m’en demandes beaucoup trop ! C’est impossible pour moi d’ignorer complètement ça. Je ne peux pas m’en empêcher ! »

« Peut-être que si je te fais taire à tout jamais, tu n’auras pas la langue aussi bien pendue ? » demanda Klork alors que Zéran s’apprêtait à répondre, disant d’une voix enjouée :

« Et comment est-ce que tu compterais faire ça ? Avec quelle méthode et quel moyen ? Tu vas tout … » termina t-il avant d’être coupé en pleine parole par ce qui semblait être un objet fait de tissu et de plumes : un oreiller qu’il se prit dans le visage.

« Et voilà, cette méthode est assez radicale et sûrement terriblement efficace contre les adversaires un peu trop prétentieux et vaniteux. »

« AH ! TU VAS VOIR, TOI ! » s’écria Zéran avant de récupérer l’objet du délit mais aussi son propre oreiller, l’envoyant dans la tête de Klork, du moins, en essayant d’y arriver.

Car oui, il fallait s’en douter, le félémon à la chevelure verte esquiva les deux attaques avec une certaine aisance, récupérant les deux « armes » en plein vol avant de les renvoyer à l’expéditeur, Zéran tombant sur le lit, vaincu.

« Non mais hey ! C’est pas vraiment du jeu ! Tu exagères ! Si j’avais su, je serais pas … »

« Comment ça, ce n’est pas du jeu ? Qu’est-ce que j’ai fait qui ne soit pas autorisé, Zéran ? Tu veux que je viennes en personne m’occuper de ton cas ? »

Ton faussement menaçant alors que Zéran se remettait assis sur le lit, le regard avec un air de défi comme pour l’inciter à essayer, nullement effrayé par tout ça. Voilà que Klork prit le traversin le tenant comme son épée bâtarde habituellement.

« Hey, hey, hey, je peux savoir ce que tu comptes faire, Klork ? J’aime pas cette lueur de folie dans ton regard. Je te rappelles aussi que nous devions discuter de Réxéros et Vélisa. Ces deux-là sont inquiétants et … »

« Ne commence pas à changer de sujet. Je ressens la peur dans ta voix. Est-ce que tu me crains, Zéran ? Est-ce que tu trembles à l’idée de devoir m’affronter ? Maintenant, tu vas comprendre la terreur que ressentent les célestiens à mon encontre ! »

HEY ! S’il faisait le malin et qu’il voulait vraiment jouer à ça, ils allaient être deux ! S’il n’était pas doué avec les oreillers, il avait son propre traversin de son côté ! Voilà qu’il récupéra son arme, la tenant fermement entre ses mains, menaçant Klork de faire ne serait-ce qu’un pas. Est-ce qu’il voulait des ennuis ? Car il allait en avoir !

« Tu ne sais pas à qui tu as affaire, Klork ! Je suis Zéran de la Vanité et … »

Il n’eut guère le temps de terminer sa phrase qu’un coup de polochon vint le frapper sur le côté, l’envoyant tout simplement se retrouver face plantée dans le lit. WOW ! Ca faisait pas mal mais qu’est-ce que c’était violent ! Il avait mis des briques ou quoi ?! Il tenta de se relever mais à peine avait-il le temps qu’il finissait inlassablement par se retrouver allongé sur le lit. Finalement, Klork se retrouva à quatre pattes au-dessus de lui, le polochon placé au niveau du cou de Zéran, comme pour lui montrer qu’il était bloqué.

« Est-ce que tu avoues ta défaite, Zéran ? Si tu la reconnais, ta mort sera paisible. »

« Je suis … Zéran ! De la Vanité ! Jamais je ne faillirais ! Ja… mais ! Oh bon sang … Tu me colle un peu trop, Klork, sur le coup. Et bon sang, même si c’est un polochon, tu sais très bien viser avec ! J’ai l’impression que ma tête résonne à chaque fois que tu me frappes ! »

« On ne se méfie jamais d’un polochon, Zéran. Et tu sais, je ne me suis jamais autant amusé de toute … HAHAHA ! Mais qu’est-ce que … ZERAN ! »

Il avait décidé de se venger et pour ça, il avait profité d’un moment de distraction chez son adversaire. Voilà que ce dernier gesticulait au-dessus de lui, le félémon à la chevelure blonde continuant de chatouiller ses hanches, remarquant à quel point elles étaient fines maintenant qu’il n’y avait plus cette épaisse armure rouge par-dessus. Héhéhé ! Encore que son armure ne recouvrait peut-être pas cette partie mais qu’importe ! Il dominait Klork !

« Zé … Zéran ! S’il te plaît, il vaut mieux que tu arrêtes ça ! »

« Et pourquoi donc ? Est-ce que tu te soumets enfin à ton futur monarque, Klork ? »

C’était ridicule, vraiment ridicule. Il s’amusait comme un enfant avec Klork, chose qu’il n’aurait jamais fait avec autrui, même pendant son enfance. Et il ne comprenait pas … pourquoi ça ne le dérangeait pas du tout.

« Pas … Pas besoin de me soumettre, je l’accepterais … volontiers ! Alors, s’il te plaît, il faut que tu arrêtes maintenant, Zéran ! Ca serait bête … que … que je m’emporte ! »

Ah oui ? Qu’il s’emporte ? Alors que c’était maintenant lui qui était allongé sur le lit avec Zéran au-desspus, continuant de chatouiller ses hanches ? Bon sang, elles étaient vraiment pas bien épaisses et Klork en avait presque la larme à l’oeil. Et lui ? Il n’arrêtait pas. Il pouvait faire succomber Klork, il n’allait pas se priver !

« Jures-toi de te soumettre définitivement au grand et puissant Zéran et je te libère ! »

« J’ai déjà dit que ça sera le cas ! Arrêtes ça, Zéran. Je risques de répliquer et tu le sentiras passer, je suis sûr que tu t’en remettras pas ! »

La voix était presque implorante. Est-ce que Klork était vraiment aussi faible que ça face aux chatouilles ? Mais surtout … euh … entre deux félémon, est- ce que ce genre de jeux se faisait réellement ? Sa petite hésitation lui coûta la « vie », tout son corps se retrouvant soulevé avec une aisance certaine, Klork le regardant de son œil doré encore un peu rougi par les larmes. Il finit par chuchoter faiblement :

« Vengeance ? Snif … Ah … Vengeance alors. »

« Allons bon, Klork, je suis sûr que toi et moi, nous pouvons discuter comme d’honnêtes félémons. Nous sommes des êtres civilisés, n’est-ce pas ? N’agissons donc guère trop abruptement et ensuite, nous pourrons parler toi et moi et … »

BOOM ! Tout son corps s’enfonça dans le matelas, faisant trembler la pièce. Il fallait espérer que personne n’ait entendu ce tintamarre alors qu’ils finissaient écroulés, l’un à côté de l’autre sur le lit. Zéran ferma les yeux, reprenant sa respiration avant de marmonner :

« Nous en étions où exactement, Klork ? Est-ce que tu peux me le dire ? Je ne suis pas encore vraiment sûr … d’avoir bien saisi. »

« Laisses-moi donc juste quelques minutes et on reprendra le cour des choses. Enfin, la normalité entre nous. Je n’ai pas l’habitude … de faire ça. C’est aussi épuisant que le plus dur des entraînements. Ah … Ah … Ah …Je suis en sueur et dégoulinant. »

« Hahaha, je suis désolé, ce n’était pas voulu de ma part. Ah … Mais au moins, ça fait du bien après tout ce qui s’est passé. Ca m’a permis de ne penser à plus rien, pas toi ? »

« Ah pour se vider l’esprit, je dirais que moi aussi de mon côté. Je suis vraiment … épuisé. »

« Pas faux. On va rester comme ça pendant quelques instants, ça nous fera du bien. »

En entendant le léger grognement de la part de Klork, il comprit que ce dernier était bien d’accord avec lui. Pfiou … Comment est-ce qu’il pouvait se laisser aller aussi aisément avec un félémon complètement étranger ? Enfin non, pas étranger. Il était si rassuré de l’avoir à ses côtés, il avait compris qu’en pensant que Klork pouvait le trahir, cela causerait plus de troubles qu’autre chose.
Et voilà, les yeux clos, il respirait un peu bruyamment, entendant le souffle de Klork à côté de lui. Bien entendu, ce dernier aussi avait besoin de souffler, n’est-ce pas ? Visiblement, cela n’avait pas été une chose aisée pour eux et … tiens ? Klork s’était endormi ou assoupi ? Il avait tourné son visage vers ce dernier, le regardant longuement comme pour l’étudier. Bien entendu … Hmm … Quand il était ainsi, il avait vraiment une allure différente. Plus fragile, plus faible, qui donnait presque envie de le protéger.

« Pfiou … Je crois que je vais pas bien si je commence à avoir des réactions du genre. »

Klork était loin d’être le félémon très faible qu’il était en train de s’imaginer par rapport à ce dernier. D’ailleurs, si celui-ci apprenait comment il le voyait, il y avait de très fortes chances que le candidat de la Rage lui en fasse baver sérieusement. Mais … A part les félémons de la Vanité, les autres familles ne montraient jamais habituellement leurs cornes ou quoi ?

Finalement, ce fut lui qui vint s’endormir, bien plus épuisé qu’il ne le pensait par toute cette histoire. C’est en sentant doucement une main se poser sur sa joue, pendant un bref instant, qu’il commença à réagir et à ouvrir les yeux, la main se retirant subitement. Il ne savait pas ce que c’était mais elle avait été étrangement douce.

« Zéran ? Il faudrait peut-être … aller se laver, non ? J’ai déjà pris ma douche mais toi, tu devrais faire de même. Je vais voir pour qu’on nous donne à manger directement dans la chambre, ça sera beaucoup mieux. Profites-en, non ? »

« Hmm … Qu’est-ce que .. Il s’est passé quoi par ici ? »

« Rien du tout, rien de spécial. Il faut juste que tu te réveilles. On va être en pleine soirée. J’imagine que les autres sont partis manger sans nous. Je vais voir si on peut avoir encore un repas. Tu te réveilles correctement et tu files sous la douche ! »

Ouais ouais ouais. Pas habitué à recevoir des ordres de la part de Klork, Zéran émit juste un petit grognement de mécontentement avant de se redresser dans le lit puis de quitter ce dernier. Hmm … Lorsque Klork s’était rapproché, une bonne odeur émanait de lui. Il ne savait pas avec quoi il se lavait mais ça semblait terriblement efficace dans le fond.

« Faudra que je lui demande quels produits il utilise pour se laver le corps. »

Encore que les conseils beauté, il pensait plus les obtenir chez Agléa que chez Klork. D’ailleurs, le fait qu’Agléa ne vienne pas le déranger, c’était un peu étrange mais en même temps, vu qu’il dormait, il n’allait pas s’en plaindre. Maintenant que Klork était parti, il se dirigea vers la douche, finissant par se laver et profiter un peu de l’eau chaude pour se réveiller mais lentement, très lentement. De l’autre côté de la porte, Klork vint dire :

« Je suis de retour ! Heureusement pour nous, les repas dans la chambre, c’est possible ! »

« Tu as donc ramené toute la nourriture pour nous, c’est bien ça, Klork ? »

« C’est exact, Zéran ! Et attention, vu ce que j’ai ramené, tu as intérêt à tout manger. »

Hmm ? Qu’est-ce que ça voulait dire par là ? Passant la tête trempée hors de la salle de douche, voilà qu’il jeta un œil et … HEY ! Ils étaient que deux, pas une dizaine ! Il y avait de quoi nourrir tout un régiment ! Il avait peut-être faim mais pas à ce point non plus ! Il finit par sortir de la salle de douche, serviette autour du corps tout en disant :

« J’ai l’impression que tu as pris la portion pour tout le monde, Klork. Où est-ce qu’ils sont d’ailleurs ? Ils sont déjà partis manger ? »

« Je n’en sais trop rien. Sur le coup, vu que je ne veux pas de dispute inutile, je n’ai pas chercher à savoir dans quel chambre ils sont. Je n’ai pas envie de retomber sur Réxéros et Vélisa, sûrement en train de copuler ou en train de me chercher des ennuis. J’ai beaucoup mieux à faire de mes journées que ces querelles infantiles. »

« C’est pas faux et je crois que ma tenue risquerait de faire qu’Agléa me saute dessus. »

« C’est vrai que tu as déjà plus de muscles qu’au tout début, et cela en deux mois environ. Il faut dire que les efforts produits sont nombreux. Par contre, tu peux te rhabiller, oui ? Je n’ai pas envie de manger avec quelqu’un à moitié nu. »

« Tu as totalement raison de demander une telle chose. C’est bien pour cela que je vais accéder à ta requête et aller m’habiller. Par contre, tu penses vraiment que Réxéros et Vélisa … sont ce genre de félémons entre eux ? » demanda Zéran tout en tournant le dos à Klork, faisant tomber la serviette pour commencer à s’habiller.

« A mes yeux, il y a de très fortes chances que ça soit le cas, oui. Après, on va éviter de parler d’eux, Zéran. Bon appétit à toi ! » coupa Klork. C’est vrai, on pouvait éviter le sujet.


Et il en était de même pour Klork. D’ailleurs, lorsqu’il avait terminé de se rhabiller, il remarqua le visage gêné du félémon. Ben quoi ? C’était pas la première fois non ? Parfois, Klork avait de ces réactions. Enfin, ils mangèrent tranquillement sur les lits, faisant néanmoins attention à ne pas salir les couettes, reprenant la parole entre eux :

« Vélisa et Réxéros, ils se connaissent depuis bien longtemps, n’est-ce pas ? »

« De ce que j’ai appris, Zéran, c’est exact. Mais vraiment, ils se connaissent depuis l’enfance. Autant dire qu’ils sont sûrement les plus proches parmi les membres du groupe. »

« J’avoue que parfois, je me poses la question vu comment Vélisa s’énerve et s’emporte et que Réxéros s’en prend plein la tête à cause d’elle. » soupira le félémon à la chevelure blonde.

« Qui aime bien châtie bien je dirais. Peut-être que c’est une marque d’affection ? Je sais juste que leurs deux familles travaillent souvent ensemble, ça doit donc forger quelques liens pour les rapprocher bien que je ne connais pas tout ça en détails »

« C’est vrai que la famille de l’Avidité achète beaucoup à celle de la Cupidité. »

Pour le repas en lui-même, ils n’avaient pas vraiment à se plaindre, un peu comme pour la chambre. C’était délicieux et ça rentrait parfaitement en bouche. Ainsi, ils pouvaient profiter aisément du repas comme si de rien n’était et surtout, qu’est-ce qu’ils étaient tranquilles. Le repas était copieux et il y avait vraiment de tout, que ça soit avec la viande, le pain ou même un peu de fromage et autres délices culinaires difficiles à ignorer.

« Pour une auberge qui ne payait pas de mine, il faut avouer que c’est bien meilleur que prévu. J’espère juste que les autres ne seront pas déçus eux aussi. »

« On entendra sûrement Vélisa se plaindre encore une fois … encore que sur le coup, vu qu’il s’agit d’une ville sous le contrôle de sa famille, ça ne devrait pas être le cas. »

« Qu’est-ce que tu es médisant envers elle, Klork. Je ne suis pas habitué à ce que tu sois aussi véhément envers autrui. Je sais bien que … »

« Ce n’est pas par rapport à moi … mais plus à cause de ce qui s’est passé te concernant. Que ça soit elle ou Réxéros, je ne leur pardonne pas pour ce qu’ils ont accompli tous les deux. »

« Tu sais, tu n’as pas besoin de me couver autant. Je ne suis pas une poupée de porcelaine. S’il y a vraiment un souci avec eux, je pourrais aussi me défendre. J’ai même penser à m’en occuper mais … hmm … on va dire que … ce n’est plus prévu. Je me dis qu’il vaut mieux pour le groupe d’arrêter de penser de la sorte. »

« C’est une bonne pensée, Zéran mais en même temps, il est dommage qu’ils ne l’appliquent pas aussi de leur côté. Ça aiderait grandement en un sens. Mais bon, contrairement à toi, ils ne sont pas aussi sages. C’est d’ailleurs étonnant de te voir autant penser pour le groupe alors que tu donnais l’impression d’être vraiment individualiste au départ. »

Ah bon ? Terminant sa bouchée, il regarda Klork de ses yeux rubis. C’était vraiment l’image qu’il donnait ? Après, il comprenait parfaitement ce que disait Klork. Il n’avait pas totalement tort sur le coup. Après bon, ce n’était pas bien grave et il y avait des choses plus importantes, n’est-ce pas ? Comme continuer à s’en sortir et aller récupérer le coeur de son père.

« Tu penses que le voyage prendra beaucoup de temps ? »

« Hein, Zéran ? Hmm … Je ne sais pas du tout. Comme tu t’en doutes, c’est la première fois que je vais aussi loin. Je dirais que suivant qui on va rencontrer et toutes ces choses, on devrait en avoir pour un bout de temps. Peut-être une année ou deux ? Pourquoi cette question ? Tu as déjà envie de te séparer de nous ? Tu risques de rendre triste Agléa, hein ? »

« Pas besoin de te moquer, hahaha … Je sais parfaitement où tu veux en venir, Klork mais oui … C’est pas vraiment me séparer de vous. Simplement, je voudrais éviter de rester avec de mauvaises fréquentations. Autant toi, Agléa, Cator et Silesti, ça passe aisément, autant Réxéros et Vélisa, je préfère ne pas les voir. »

D’un hochement de tête positif, Klork lui fit comprendre qu’il n’en pensait pas moins. Enfin, ils allaient terminer le repas et ensuite, ils allaient passer leur soirée à discuter tous les deux. Agléa pouvait bien attendre le lendemain, non ? Quant à Cator et Silesti, ils allaient sûrement passer du temps ensemble, eux aussi, Silesti étant souvent accrochée à Cator.

« Ah … Bon, je te jure … Je n’ai pas remarqué mais il fait déjà nuit, Klork. »

« Hum ? Ah oui, par la fenêtre, on peut voir. Il a l’air de faire bon. Attends, je vais l’ouvrir, ça nous fera que du bien de profiter d’un bol d’air frais. »

Il était bien d’accord avec le félémon aux cheveux verts, celui-ci s’étant levé du lit pour se rapprocher de la fenêtre avant de s’arrêter dans son geste pour l’ouvrir. Un grognement se fit entendre avant qu’il ne retourne près du lit, prenant son épée après avoir enfilé son armure.

« Qu’est-ce qui … Klork ? Pourquoi tu as ton arme en main ? »

« Fais de même, Zéran. On dirait qu’on va avoir de la visite et vite. » déclara Klork, déjà sur le pied de guerre alors que le félémon lui obéissait rapidement. S’il disait une telle chose, c’est qu’ils allaient avoir de gros problèmes.


Voilà qu’il serrait déjà les deux armes dans ses mains, ne sachant pas où regarder. Heureusement que Klork était là puisqu’il était déjà focalisé sur la porte, d’où on pouvait entendre de nombreux bruits de pas rapides ainsi que des cris de l’autre côté. Il murmura à Zéran de se placer sur le côté et non devant la porte avant que celle-ci ne vole en arrière, comme ayant subit une violente déflagration magique.

« TROUVEZ-LES ET TU… » hurla une voix masculine.

La voix n’avait pas eut le temps de terminer sa phrase. Avant même qu’elle ne puisse donner ses ordres à ses compagnons, sa tête avait quitté le reste de son corps d’un geste vif de la part de Klork, celui-ci criant :

« Vous voulez notre mort ?! BONNE CHANCE POUR Y ARRIVER ! »

« Ils nous attendaient ?! Mais ils n’étaient normalement pas au courant de notre arrivée ! »

« Avec le brouahaha que vous faites dans le couloir, vous pensiez VRAIMENT être discrets ?! Zéran ! N’aies aucune hésitation même si ce sont des félémons ! Ils ont été envoyés contre nous, ils ne nous laisseront pas vivre ou être prisonniers ! »

« Bien compris, Klork. Il faut que l’on trouve les autres dans les autres chambres ! Autant les aider le plus vite possible ! »

« On va d’abord se débarrasser de ceux qui s’en prennent à nous avant de se préoccuper des autres. On ne pourra pas le faire si nous ne restons pas en vie, Zéran ! »

Il comprenait parfaitement le message de Klork. Ah … Ah … Et c’était quoi ces félémons encapuchonnés ? On voyait à peine leurs cornes sur leurs têtes ! Et surtout, comment cela se faisait-il qu’ils étaient aussi nombreux ? Il y en avait plus d’une dizaine ! Et chacun était en train de rentrer dans la chambre pour les bloquer ! Impossible de fuir !

« Zéran, tu as ton sac sur le dos ? On dirait que oui … Alors, tu vas t’accrocher à moi. Ici, on ne pourra pas se battre correctement. » finit par dire Klork avant de soulever le félémon avec aisance. Un bond en arrière et voilà qu’ils finissaient par sauter par la fenêtre. HEYYYYY !

Chapitre 48 : Un contingent pour la surface

Chapitre 48 : Un contingent pour la surface

« Ce n’est donc pas une blague ? Même si je m’en doutais mais … vraiment ? »

« Oui, il a été formel à ce sujet. Je vis ma vie comme je le désire. Les autres membres de la famille, même si je ne les aie jamais vus, font de même de leur côté. Pourquoi est-ce que ça serait différent pour moi, hein ? »

« Oui mais bon … Vous venez à peine de vous retrouver. En même temps, il n’a pas l’air d’un grand sentimental donc j’imagine que plus vite tu t’en vas, mieux c’est. »

« Bah … Il vient me voir de temps en temps mais à part ça, ce n’est pas comme si ma présence lui était nécessaire. Je l’ai un peu impressionné par mes flammes avec ce petit « incident » concernant l’un des soldats. »

« Mouais … Si on peut éviter d’en reparler, je ne serais pas contre. » marmonna le jeune homme aux cheveux bruns. Ce n’était pas pour lui plaire.

« Il m’a dit que mes flammes, même si elles étaient étranges, lui rappelaient celles de certains livres d’histoire. Comme si mes flammes pouvaient peut-être soigner les blessures. »

« Soigner les blessures ? Cautériser ? Faut peut-être pas rêver non plus, Elise. Tu n’as jamais appris à faire cela. Tes flammes sont dévastatrices, pas purificatrices. » répondit doucement Tery. Il préférait être honnête avec elle.

« Humpf mais ça ne change rien du tout de ton côté, mes flammes sont visiblement presque uniques car reliées à la famille royale. »

« Peut-être ? C’est sûrement le cas, Elise mais bon, ça serait une bonne nouvelle, n’est-ce pas ? M’enfin, tu es déjà la princesse de la plus haute entité du monde démoniaque, ce n’est pas n’importe quoi à la base. »

« C’est exact mais ça ne veut pas dire que je n’ai pas à mériter cette place, Tery ! D’ailleurs, en parlant de mérite et de place, par où est-ce que tu partais avant que j’arrive ? »

« L’un des lieutenants m’a dit que l’empereur lui-même voulait que je me rendes à un bâtiment hors du palais. Il semblerait qu’une future expédition va avoir lieu et qu’il voudrait que j’y participe. Enfin comme la dernière fois, quoi. Tu sais … avant que l’on aie des problèmes. »

« Ouais, ouais, je sais parfaitement de quoi tu parles, Tery. Et bien, allons-y alors, non ? »

« Euh, il a dit moi … pas toi. Tu n’as pas besoin de venir, Elise. C’est inutile. »

« Hum … Il a dit toi donc indirectement, il a dit moi. Si tu dois retourner à la surface, il est hors de question que je reste là, les bras croisés, à ne rien faire. »

« Pourquoi est-ce que tu es obligée de te forcer à me compliquer la vie plus qu’il n’en faut hein ? Tu ne pourrais pas rendre ça bien plus simple ? »

« Pas le moins du monde, Tery ! Pas le moins du monde. Où tu iras, j’irais. »

RAAAAAAAAAH ! Dire qu’il pensait qu’elle allait pouvoir mener une vie un peu plus tranquille et peinarde, elle faisait vraiment tout pour que ça ne soit pas le cas hein ? Est-ce qu’elle ne pouvait pas comprendre que c’était pour son bien qu’il faisait tout cela ? Il n’était pas stupide à ce point mais … elle par contre, elle faisait tout pour l’irriter.
Bon, maintenant qu’ils quittaient le château, d’autres regards se posaient sur eux. Oui, certains étaient interrogateurs, d’autres étaient envieux … et il fallait sûrement se méfier. Certains n’allaient sûrement pas hésiter à les agresser voire tenter de les tuer.

Pour cela, ça voulait dire qu’ils allaient devoir faire plus qu’attention au moindre de leurs déplacements. Bon, le lieutenant avait été sympathique et avait donné une carte pour se guider par rapport au château. Heureusement … car il ne savait rien à ce sujet.

Bon … Alors … Dans les ruelles, il regardait les démons. Comme dans le fond, il n’avait pas réellement put observer tout cela, c’était un peu problématique mais maintenant qu’ils étaient libres de se déplacer comme si de rien n’était, c’était une bonne chose d’en profiter pour étudier les environs. Hum … Des auberges, quelques magasins, il se demandait d’ailleurs i la vie était assez cher ici ou pas.
D’ailleurs, comment allait-il gagner de l’argent ? Si tous les soldats étaient issus de familles nobles, ça ne devait pas être nécessaire ? Est-ce qu’ils combattaient juste pour la gloire ? Peut-être plus de titres nobliaux ? Il n’avait strictement aucune idée à ce sujet … et peut-être que dans le fond, c’était mieux de ne rien connaître ?

« Certains doivent être sûrement prêts à tout … quitte à vendre père et mère pour ça. »

« Hum ? De quoi est-ce que tu parles là, Tery ? »

« Juste que je me demandais pourquoi les soldats de la capitale démoniaque se battent ? Qu’est-ce qui les motive ? Vu qu’ils n’ont pas l’air d’être issus de familles pauvres car ces dernières n’ont pas accès à la capitale, je me posais la question, c’est tout. »

« Bah ! Vu que d’après ce qui a été dit, une famille est plus ou moins noble suivant son sang, peut-être que certains démons sont récompensés par un sang de meilleur qualité ? »

« Et comment tu voudrais que ça se fasses ça ? » dit Tery, clignant des yeux. C’était pas le genre de discussion que l’on pouvait avoir habituellement mais bon …

« Bah ! Par le mariage, rien de plus simple. Il suffit de faire quelques mariages arrangés et voilà qu’un sang devient bien plus noble … ou moins, si certaines familles n’ont pas vraiment le choix pour faire perdurer leurs existences. »

« Je me demande où est-ce que tu as appris tout ça. Ce n’est pas normalement quelque chose qu’une serveuse dans une auberge devrait connaître. »

« Oh, tu sais, les discussions avec Royan perduraient longtemps dans la nuit. Nous avions tellement à apprendre l’un de l’autre et … »

« Je ne veux pas plus de détails, Elise … enfin … Vous vous l’êtes dit ? »

« Euh … de quoi ? Moi et Royan ? Se dire quoi ? »

« Bah, ça crève les yeux ! Que toi et lui, vous vous aimiez. Je sais que je suis pas le mieux placé vu qu’avec Elen, il m’a fallut du temps mais vous deux … »

« Oh ! Euh … Euh et ben … Non. On a pas vraiment eut le temps. Et puis, nos positions sociales et tout le reste, on a préféré ne rien s’avouer et puis on a rien fait non plus et … »

« Ohla, je n’ai pas demandé autant de détails, Elise. Pas du tout, je pense qu’il vaut mieux que tu gardes ça pour toi, si ça ne te dérange pas. »

« Oui … C’est pas faux. Euh … Désolée, Tery. Si on peut changer de conversation, je ne crois pas que je peux être très éloquente à ce sujet. »

« Hahaha … Je crois que j’ai trouvé un point faible à la jolie demoiselle rousse. Je note donc cela pour plus tard … mais oui, je ne vais pas te déranger à ce sujet, ne t’en fait pas. » dit-il tout doucement. Autant il parlait sur un ton moqueur, autant il n’allait pas vraiment s’amuser longtemps à ça. Ce n’était pas son genre … mais il semblerait que dans le domaine de l’amour, elle était encore néophyte.

Enfin, d’après le plan dessiné sur le lieutenant, ils avaient finit par se retrouver devant ce qui semblait être un bien beau bâtiment militaire. Hum … C’est vrai que le château ne pouvait pas réellement abriter toute une compagnie ou l’armée du royaume. Devant les soldats se trouvant devant la porte, Tery fouilla ses poches avant d’en extirper une lettre :

« On m’a dit que je devais vous donner ça, je ne fais que transmettre alors. »

« Hum ? Oh … Vous êtes … Ah oui ! On parle que de vous dans la capitale depuis quelques jours. La nouvelle princesse … qui provient de la surface, c’est ça ? »

« Oui, et je suis pareil de mon côté. A la base, ça ne concernait que moi mais visiblement, elle ne me laisse pas vraiment le choix, n’est-ce pas, Elise ? »

« Pas le moins du monde, Tery. Pas le moins du monde. Le roi lui-même nous a signalé que nous devrions nous présenter pour l’expédition qui va avoir lieu à la surface. »

« Hmm … Je vois mais c’est pas à moi qu’il faut faire ses preuves. Vu que c’est la première que l’on fait de notre côté, on peut pas se permettre de prendre des débutants. Vous allez sûrement devoir faire vos preuves ou donner de bonnes raisons. »

« Et le fait que vous soyez l’une des princesses du royaume n’en est pas une. » déclara le second soldat à l’encontre d’Elise, celle-ci faisant un sourire mauvais.

« Pas de soucis, je n’ai jamais pensé à utiliser mon titre. Je n’aurai aucun souci à subir le même traitement que Tery pour voir si je suis capable d’être choisie ou non. »

« Euh … Hey … Je crois que c’est elle qui a flambé l’un des soldats dans le palais royal. »

« Naaaaan ? Tu crois ? C’était pas juste une rumeur pour nous faire peur ? »

Sourire encore plus grand de la part d’Elise, Tery se massant le front pour éviter de montrer son irritation. Comme il s’en doutait un peu, cela allait très vite dégénérer s’il ne faisait pas attention, n’est-ce pas ? Enfin bon … Comme d’habitude.

« Elise, tu te calmes s’il te plaît ? Je ne veux pas d’effervescence plus que nécessaire hein ? »

« Oh … Ce manque de confiance me fait vraiment très mal. Je suis sage comme une image, Tery. Malheureusement, certaines images vont bien plus mal que des mots ou actes. »

« Je vois parfaitement de quoi tu parles, Elise … et il vaut mieux se cantonner aux images. Bref … Est-ce que l’on peut rentrer et nous dire où nous devons nous rendre ? »

« Oui, oui, bien entendu. Prenez le couloir de droite,continuez jusqu’au croisement, prenez à gauche puis ça sera la troisième porte à droite. »


Bon. Il allait juste remercier le soldat et se mettre en marche hein ? C’était mieux que de chercher à comprendre une certaine logique dans tout ça. Bon, par contre, il espérait qu’Elise avait bien écouté car il n’était pas sûr de se rappeler de la fin.

« Bon, alors, d’abord à droite … Ensuite … Au croisement, on va vers la gauche, c’est ça ? »

« C’est ça, Tery. Tu veux me donner la main pour être sûr de ne pas te perdre ? Ne t’en fait pas, je suis là pour toi, d’accord ? »

Elle lui fit un petit sourire amusé, la situation … elle trouvait cela drôle, n’est-ce pas ? Pour autant, ce n’était pas son cas de son côté mais il n’allait pas le dire. En fait, il se demandait si cela allait finir … comme la dernière fois qu’ils avaient passé un test … en clair, un joli massacre en masse, n’est-ce pas ?

« Euh … et après, c’est le combien à quel endroit ? Y a cinquante mille portes ! »

« Troisième porte à droite. Allez, prends ma main, ça sera mieux. »

Non ! Enfin … Elle ne lui laissa pas le choix tandis qu’elle lui prenait la main de force, le regardant avec un grand sourire victorieux. Ah … cette fille, vraiment. Qu’est-ce qu’il allait pouvoir faire d’elle dans le futur hein ?

« Hum … Euh … Elise, peut-être qu’il aurait mieux valu toquer avant de rentrer ? »

« Maintenant que c’est fait, c’est un peu tard. » répondit-elle nonchalamment tandis qu’ils se retrouvaient dans ce qui semblait être un bureau équipé sobrement.

« Et maintenant, il faut surtout s’excuser plutôt que de rester là, les bras ballants. Hum … Pardonnez-nous ? Nous sommes là pour nous inscrire à la future expédition pour emmener à la surface sous conseil de l’empereur. »

« Tiens donc, pas la première fois qu’on me fait le coup mais ça me fait toujours autant rire d’entendre des types utiliser cette excuse foireuse pour se faire accepter. Et ce sont encore les deux rigolos devant l’entrée qui s’amusent à ça. Je vais vraiment les écraser un jour. »

« Euh … Est-ce que l’on pourrait se concentrer un tout petit peu, si ça ne vous dérange pas ? »

« Ouais ouais … Bon, vous deux, vous êtes sûrs de votre choix ? Y aura pas vraiment de retour en arrière ou de choses du genre hein ? Vous êtes prévenus, autant que ça soit clair. »

« Pas vraiment, nous aimerions retourner à la surface le plus vite possible … Nous avons des choses à accomplir là-bas, c’est tout. »

« Vos raisons personnelles ne me regardent pas, tant que vous ne mettez pas en danger le reste des soldats de l’armée, c’est bien clair ? »

« Comme de l’eau de roche. Vous ne pouviez pas faire plus explicite à ce sujet. Par contre, où faut-il passer les tests ? Est-ce qu’il va falloir s’entretuer pour garder simplement les survivants les plus forts ou quelque chose du genre ? »

« Vous vous croyez chez les barbares des strates supérieures ou quoi ? Il va y avoir quelques tests physiques pour connaître vos aptitudes mais nous n’avons pas besoin de tells méthodes pour savoir qui est capable ou non de survivre. Je vous jure … »

La question avait été assez impertinente mais qu’importe, c’était voulu de sa part. Même si cela avait été assez dangereux, il était plutôt content du résultat. Bon ! Ce n’était pas tout ça mais avec une telle nouvelle, ils pouvaient donc se préparer plus calmement à tout ça.

« Merci beaucoup, c’est tout ce que je voulais savoir, je dois avouer. »

« Donc faut que je vous note pour les prochains tests, c’est bien ça ? »

« Si ça ne vous dérange pas, merci encore. » continua de dire Tery. Autant bien se montrer maintenant, n’est-ce pas ? Il n’avait aucune raison de se mettre à dos ce démon aux cheveux grisonnants. Il devait déjà avoir bien vécu … mais était-ce derrière un bureau ou au combat ? Enfin, il n’avait pas à poser la question.

« Les tests se dérouleront d’ici deux jours. Vous pouvez vous préparer, allez récupérer votre équipement pour déjà vous y habituer et tout le reste. »

Il allait juste demander comment pouvaient-ils savoir si tel ou tel objet allait leur correspondre mais le démon était déjà reparti se concentrer sur un papier. Qu’est-ce qui allait se passer exactement ? Il en avait aucune idée et … il ne se voyait pas vraiment le déranger une autre fois, à contrario d’Elise qui prit la parole :

« Mais l’armurerie, elle se trouve où exactement ? Vous pouvez nous le dire ? »

« Hum ? Sortez d’ici, revenez à l’intersection, prenez la voie de gauche et ça sera la quatrième porte sur votre gauche. Là-bas, vous prendrez le troisième guichet en partant de la droite. »

Est-ce que c’était visible que le jeune homme avait un air un peu placé au visage ? Car actuellement, c’était son sentiment personnel. Heureusement, il évita de trop le montrer tandis qu’il saluait le démon d’un hochement de tête positif. Bon … Ils pouvaient y aller donc, n’est-ce pas ? Ils n’avaient plus rien à faire en ces lieux !

Ouais ou presque … n’est-ce pas ? Il se tourna vers Elise mais celle-ci avait un petit sourire aux lèvres tandis qu’ils quittaient la pièce. Alors, retour en arrière et ensuite, ils devaient prendre le chemin qui … oh vraiment ?

« Euh Elise, tu peux me guider, s’il te plaît ? Je crois que sinon … »

« Oui, oui, j’ai parfaitement compris, Tery. Tu veux bien me donner la main cette fois ? Ou alors, je vais te laisser en arrière hein ? »

« Tu le ferais vraiment, Elise ? Tu en serais incapable et … Hum, en fait, non, tu en serais largement capable. On va éviter alors. »

Ca ne lui plaisait pas mais bon, elle ne lui laissait pas tellement le choix. Avec lenteur, il déposa sa main dans celle d’Elise, celle-ci venant croiser ses doigts avec les siens. Hum … Il ne le remarquait que maintenant mais les doigts d’Elise étaient vraiment devenus chauds par rapport au premier jour où ils s’étaient retrouvés dans le monde démoniaque.

« Prenons l’autre chemin dans le croisement. Comme nous venons de la droite, cela veut dire que le chemin de gauche est celui du milieu … »

Il ne chercha pas à répondre. Il comprenait simplement que l’administration, même dans le monde souterrain, cela pouvait être une véritable horreur. Pour autant, il se montra sage et obéissant, ne faisant que rester muet tandis qu’elle l’emmenait après vers la quatrième porte à gauche. Contrairement à la précédente, celle-ci ne fut pas difficile à trouver. La raison ? Il y avait déjà une petite file qui rentrait et sortait.

Ils se présentèrent à la fin de celle-ci, attendant leur tour. Ouais … Les gens regardaient leurs mains liées entre eux et il était vrai que c’était particulièrement gênant. Il s’apprêtait à retirer sa main mais Elise serra un peu plus fortement, faisant un geste négatif de la tête tout en souriant, lui chuchotant :

« Non non, je vais te l’interdire. »

« Il y a d’autres démons, Elise. Arrête de faire l’enfant, je ne vais pas me perdre ici. »

« Hum ? Ah bon ? Tu es sûr de ça ? Tu peux donc m’indiquer quel guichet il faut aller ? »

… … … Il resta muet pendant quelques secondes. Elle venait de l’avoir avec une aisance certaine. Grrr ! Mais en même temps, il pouvait sûrement la piéger s’il faisait attention, n’est-ce pas ? AH ! Oui,bien entendu ! Un sourire se dessina sur ses lèvres avant qu’il ne retire sa main de celle d’Elise, montrant du doigt :

« Tu vois ? Ce n’est pas bien dur, c’est écrit Armurerie par ici. »

« Oui mais là aussi … et là encore. Il y a pourtant qu’une file que l’on doit prendre. »

Gnnn ! Mais pourquoi est-ce que cet endroit faisait pour tout pour le contrarier mais surtout donner raison à Elise ? Elle le prit maintenant par le bras, l’emmenant au troisième guichet qui était situé vers la droite. D’ailleurs, pourquoi déjà récupérer des affaires ?

« Si les tests ne sont que dans deux jours, pourquoi se préparer dès maintenant ? »

« J’imagine que ça ne doit pas être un équipement facile à porter … et que c’est pour nous préparer physiquement à tout cela, rien de plus, rien de moins. »

« Ah oui, peut-être. Ca me semble être une bonne raison, Elise. M’enfin, ils auraient put nous le dire directement plutôt hein ? »

« C’est pas faux mais bon .. .C’est l’armée. C’est la première fois que je suis dans un tel bâtiment. A partir de là, je ne sais pas quoi faire. Tery ! Toi, tu as déjà été dans celle de Shunter, non ? Tu peux peut-être m’expliquer les journées habituelles ? »

Il n’était pas convaincu que ça se passe de la même façon qu’à Shunter mais qu’importe, ce n’était pas à lui de le signaler. Le démon aux cheveux bruns resta parfaitement sage, jusqu’à ce que ça soit leur tour au guichet. Oh … C’était visiblement une démone aux cheveux noirs, plutôt courts, légèrement souriante, comme si elle était amusée de les voir ensemble.

« Hum ? Qu’est-ce que je peux faire pour vous deux ? »

« Nous avons … été inscrits normalement pour les tests qui vont se dérouler dans deux jours. On nous a signalé de devoir passer par ici. »

« C’est exact. Il me faut juste des détails sur votre façon de combattre et aussi votre type d’armure plus exactement. Une armure trop épaisse pour vous pourrait être plus négative qu’autre chose, voilà tout. »

« De mon côté, j’imagine que ça sera donc armure de cuir. Pour le combat à armes, euh … Tery, tu crois que c’est quoi qui me conviendrait ? »

« Je ne me suis jamais posé la question en ce qui te concerne. Tu es plutôt du genre à être au corps à corps, n’est-ce pas ? Vu ce dont tu es capable avec ta magie et tout le reste. »

« C’est ça ! Tu penses qu’une épée courte et bouclier, ça peut être une bonne idée ? »

« Oui ! Enfin, au moins, je serais un peu plus rassuré de mon côté en ce qui te concerne. Mettez-lui donc une rondache et une épée courte avec une armure en cuir s’il vous plaît. De mon côté, je me bats normalement avec des griffes … et mettez moi l’une de vos armures les plus lourdes. » termina t-il de demander, Elise comme la guichetière le regardant avec interrogation, cette dernière prenant la parole :

« Je veux pas être vexante mais vous avez plutôt le profil allumette que grand baraqué. »

« Ne vous inquiétez pas pour le poids, je sais exactement ce que je fais. »

Justement, même en savant ce qu’il faisait, ce n’était pas le moment de faire le fanfaron. Elise s’apprêtait à dire quelque chose mais s’arrêta dans ses propos, comprenant que Tery n’allait pas changer de position. Ah … Enfin bon … Maintenant, les voilà avec deux sacs, celui du jeune homme deux fois plus gros que celui d’Elise, sur leurs dos. Il était temps d’aller tester tout ça pour les deux prochains jours, n’est-ce pas ?

Chapitre 25 : Une discussion envenimée

Chapitre 25 : Une discussion envenimée

« Bon, peut-être que nous devrions prendre plusieurs jours de repos ici, non ? »

Zéran avait proposé cela aux autres membres du groupe. La raison à cette question ? Tout simplement que pour lui, à ses yeux, ça semblait être le meilleur choix possible. Ainsi, ils pouvaient donc enfin se reposer correctement mais surtout évacuer tout ça. Bien entendu, cela lui permettrait aussi de préparer se venger et …

« Zéran, je crois que c’est une très bonne suggestion. Au lieu de nous précipiter et comme nous sommes dans une ville assez importante, nous pourrions écrire chacun à nos familles. Zéran écrit à son petit frère, ça ne veut pas dire que nous devons couper les ponts de notre côté. Sincèrement, cela me semble être très bon. » déclara Klork à sa suite.

« Ouais, pourquoi pas ? Il a peut-être raison dans le fond. Avec tout ce qui s’est passé, on est pas à une journée près et vu que ton père, le roi des félémons, a réussi à tenir des années avec son coeur en moins, je penses pas que quelques jours de plus vont le déranger. »

Même Réxéros était d’accord avec lui ? Pourquoi pas ? Et les autres ? Silesti dormait à moitié, comme à son habitude, finissant par marmonner :

« Oui … D’accord … Mais faudra juste … venir … me réveiller … et me sortir sinon … je dormirais dans le lit … tout le temps. »

« Je viendrais faire ça, Silesti, ce n’est pas un problème. De mon côté, je suis pour aussi, Zéran. Je pense que ça me pemettra de me rappeler un peu les environs. Je n’ai pas de carte sur moi mais je me renseignerais et à partir de là, suivant le nom des zones et autres, je pourrais nous guider plus aisément. Et il faut aussi que je rapporte ce que j’ai récupéré pendant notre voyage chez différents marchands. Comme nous sommes dans une ville dirigée par la famille de Vélisa, je sais qu’il y a beaucoup d’argent à se faire. »

« Un vrai commerçant dans le fond, n’est-ce pas, Cator ? Enfin, rien à voir avec Réxéros et Vélisa de ce côté précis, bien entendu. Bref, pour l’instant, ça en fait pas mal qui sont ok. Silesti et Cator, c’est donc bon. Klork pareil. Aglaé ? Vélisa ? »

« Bah … C’est la ville dirigée par ma famille. Ne pas vouloir rester un temps par ici, ça serait stupide de ma part. Bien entendu que je suis d’accord. » dit Vélisa avec une pointe d’ironie, haussant les épaules comme pour bien montrer que la question de Zéran était particulièrement stupide. Aglaé posa une main sur son cou, terminant :

« Et bien, oui ! Comme je ne connais pas forcément toutes les coutumes de chaque ville, je n’ai aucune raison de ne pas accepter. Et puis surtout, ça veut dire que je vais pouvoir kidnapper Zéran pour faire de longues séances de promenade ! Ainsi, ma réponse est encore oui, oui et encore oui ! Et au cas où, je termine par un oui ! »

« Bon, visiblement, c’est décidé alors ? Ne perdons pas plus de temps et allons-y ! On va se trouver une auberge et ensuite, nous … »

« Avant d’aller trouver une auberge, profitons-en un peu pour visiter les lieux. Rien ne presse, nous ne sommes en fin de compte qu’en plein milieu d’après-midi. »

Réxéros qui lui coupait la parole. Bon, d’accord. Pas besoin d’auberge puisqu’il en était ainsi. C’est vrai que rien ne les forçait à aller tout de suite trouver une auberge mais après, ce n’était pas comme si ces dernières manquaient réellement, non ? Ils pouvaient aisément en trouver une autre plus tard, il en était sûr et certain.

« Pour la visite, je vais donc kidnapper Zéran ! Désolée pour toi, Klork ! Il fallait être bien plus rapide ! Hahaha ! » s’exclama Aglaé en attrapant Zéran par le bras, recommençant la même attaque pour envelopper celui-ci de son carquois de chair et de dentelle.

« Ce n’est pas bien grave, je ne vais pas forcer Zéran à me suivre s’il ne le désire pas et … »

« Sinon, tu peux aussi nous accompagner, tu sais ? Rien n’interdit cela. Et que je sache, Aglaé n’a pas signalé qu’elle voulait que l’on soient seuls. A partir de là, difficile non ? »

« Même si elle ne dit rien, Zéran, ça se voit parfaitement dans son regard qu’elle voudrait profiter uniquement de ta compagnie et non pas de celle d’un autre. Ne t’en fait pas, ce n’est pas bien grave et je vais m’en aller de mon côté. »

« Et si moi, je refuse et que j’ai envie que tu viennes ? » dit sèchement Zéran tout en attrapant la main de Klork. Quelques secondes passèrent alors que le silence s’installait dans le groupe. Klork regarda les deux mains avant de finalement retirer la sienne comme si de rien n’était, Aglaé coupant le silence pesant avant de marmonner :

« Si Zéran le veut tant, je peux bien faire un petite exception pour toi, Klork. »

« … … … De toute façon, vu comment Zéran ne veut pas me lâcher, je crois que je n’avais guère le choix de toute façon. J’accepte votre proposition à tous les deux. »

« Silesti ? Tu veux m’accompagner ? Comme de toute façon, ça sera tranquilles et un peu fatiguant, tu pourras te reposer derrière moi pendant que je discuterais avec les différents marchands, ce n’est pas une mauvaise idée, non ? » commença à proposer Cator de son côté alors que le trio s’éloignait déjà sans plus de conversation.

« … … Pourquoi pas, Cator ? Pourquoi pas … Pour … quoi pas ? Ah … Oui. Puis … Tu me payeras quelque chose à manger, oui. »

« Je crois que de toute façon, tu ne m’aurais pas laissé le choix toi non plus. Mais j’y étais près donc aucun souci. Allons-y ! Bonne route à vous deux, Réxéros, Vélisa ! »

« Oui, oui, faites néanmoins attention à vous deux, ces endroits ne sont pas forcément très sûrs, vous le savez, n’est-ce pas ? »

« J’ai Silesti avec moi donc je ne me fais aucune inquiétude ! » répondit Cator presque au tac-au-tac avec Réxéros tout en rigolant, Silesti suivant le félémon bedonnant tel un fantôme, lévitant comme à son habitude au-dessus du sol.

« Nous voilà donc seuls, toi et moi, Vélisa. Que faisons-nous en fin de compte ? »

« Chacun de son côté et nous verrons en temps et en heure. Rien ne presse. »

Tous avaient pris une direction différente. Qu’importe la situation, il était grand temps que chacun se réserve un petit moment pour lui seul. Du moins, c’était ce qui était prévu mais comme d’habitude, la vie réservait toujours quelques surprises. Zéran ne s’était pas tellement attendu à finir encore avec Klork et Aglaé bien que la situation n’était pas déplaisante.

« Je me demandes quand même qu’est-ce que tout ça va donner. Comment est-ce que l’on va réagir et autre ? Si la situation dégénère ? »

« Ce n’est pas à nous d’y réfléchir, Zéran. Ne te tracasse pas l’esprit avec ça. Réxéros et Vélisa ne pensent qu’à leurs pommes, j’imagine que Klork est d’accord avec moi. »

« C’est exact mais ça ne veut pas dire que je prendrai toutes tes paroles pour argent comptant, Aglaé, je tiens à te le préciser tout de suite, n’est-ce pas ? »

« Je n’en demandais pas plus de toute façon. Ce n’est pas bien important … mais Zéran, tu continues de t’interroger ? Pourtant, c’est toi qui a proposé que chacun se repose non ? Nous allons tous nous retrouver à l’auberge et tout ira bien mieux. Bon, bien entendu, c’est déjà fichu pour l’harmonie parfaite dans le groupe mais qu’importe… Si au moins, on peut éviter que tout ça ne dégénère, ça ne sera déjà franchement pas mal ! »

« Je le sais, je le sais … mais bon … Ah … Dites, tous les deux, qu’est-ce que vous … » commença à demander Zéran avant de s’arrêter. Lui-même désirait se venger de Vélisa et Réxéros mais est-ce que Klork et Aglaé apprécieraient ? Il y avait déjà pensé mais en même temps, maintenant qu’ils étaient là, il pouvait bien les interroger, non ?

… … … Alors pourquoi est-ce qu’il y arrivait pas ? Est-ce qu’il avait peur de comment ils allaient le percevoir s’il commençait à les questionner ? A vouloir apprendre à leur sujet ? Du moins, à ce qu’ils s’imaginent qu’il n’est qu’un félémon qui veut se venger ? Ce n’était pas vraiment lui, n’est-ce pas ? Depuis quand se préoccupait-il autant de tout ça ?

« Zéran ? Tu veux nous poser une question ? Si c’est le cas, il faut la terminer. »

« C’est pour savoir si tu t’es enfin décidé à prendre une chambre commune pour moi et toi dans l’auberge pour ce soir ? La réponse est oui, oui et oui ! »

« Non, ce n’est pas ça, Aglaé. Dites, je me demandais dans le fond. Comment … est-ce que l’on va faire pour Réxéros et Vélisa ? Qu’est-ce qui est prévu exactement ? Ils sont les fauteurs de troubles, non ? On ne peut pas les laisser continuer ainsi, n’est-ce pas ? »

Et voilà, il avait enfin posé la question. Il avait un peu dérivé du sujet principal. Du moins, en parlant au pluriel, cela permettait de leur faire croire qu’il ne se sentait pas comme principal intéressé par tout ça. Mais était-ce vraiment suffisant ? Est-ce qu’ils allaient tous les deux comprendre ? Il n’en avait aucune stricte idée.

« Hum … Le mieux dans cette situation, c’est de ne rien faire. Réxéros et Vélisa ont des atouts assez importants. Avec leurs villes, nous pourrions aisément trouver un endroit nous reposer sans même que cela ne nous coûte trop cher, Zéran. Mais s’ils recommencent … »

« Si ces deux idiots tentent de rouvrir la bouche pour dire des conneries, je m’en charge ! »

Ce n’était pas vraiment les réponses désirées mais d’un autre côté, il était un peu soulagé de voir que les deux ne le jugeaient pas à son sujet. Il avait eut légèrement peur mais en fin de compte, tout allait pour le mieux. Hahaha … Hahaha … Ah … Pourquoi est-ce qu’il se sentait beaucoup mieux ? Mais leurs réponses … dans le fond, ce n’était pas vraiment …

« On ne leur fait aucun mal physiquement donc, c’est bien ça ? »

« Pas besoin, de toute façon, s’ils osent s’en prendre directement à toi, Silesti et Cator ne resteront pas sans rien faire. Silesti elle-même, si elle se met en colère, il vaut mieux qu’ils aient préparé leurs testaments car il ne restera plus rien d’eux. »

« Tu la crains vraiment, Klork. Je ne l’avais pas tellement remarqué auparavant mais au final, tu es du genre à toujours la valoriser. Elle est bien plus puissante que toi ? » questionna Zéran, comme intéressé par la réponse du félémon à la chevelure verte, celui-ci passant une main dans celle-ci, un peu surpris par cette question.

« Je ne la connais pas personnellement mais je sais que certains membres de la famille de l’Oisiveté viennent parfois nous accompagner pour l’entraînement. Malheureusement, en vue de mon expérience actuelle, je ne peux jamais participer aux entraînements avec eux. Mais de ce que j’ai vu des membres de ma famille, ils finissent souvent dans un sale état. »

Un sale état ? Comme ? En voyant l’air étonné de Zéran, Klork baissa les épaules comme grandement fatigué. Ce n’était sûrement pas de ce sujet dont il avait envie de parler mais maintenant qu’il était lancé, autant continuer, n’est-ce pas ?

« On va dire que l’Oisiveté sait conserver sa force. Le problème, c’est quand elle la déploie, généralement, il ne reste plus rien dans les alentours, voilà tout. »

« Euh … A ce point ? C’est vrai qu’à côté, le célestien qui avait affronté Silesti, il ne restait plus grand-chose de son être mais quand même … »

« Plus grand-chose ? Tu plaisantes, Zéran, hein ? Je me suis rappelée qu’il lui restait plus que ses sandales et encore, un peu de ses jambes et c’était tout ! Moi aussi, j’ai entendu des rumeurs sur la famille de l’Oisiveté. Il vaut mieux ne pas les énerver. Ils sont d’un naturel calme et tranquille mais quand ils s’emportent … »

D’accord, d’accord ! Le message était très bien passé chez lui ! Il avait parfaitement saisi ce qu’il fallait comprendre. Ne pas chercher les ennuis avec Silesti. De toute façon, vu son caractère actuel, pourquoi l’embêter ? Elle était une personne agréable et en même temps, elle avait de ces sourires si francs et sincères bien que trop rares. Oui, il n’y avait que bien peu souvent des émotions peintes sur le visage de la félémone.

« Enfin, on parle, on parle, mais on reste sur nos gardes hein ? Si Réxéros et Vélisa manigancent une nouvelle fois quelque chose, il faudra réagir en conséquence. »

« C’est exact, Aglaé mais tu n’as pas à t’en faire, vu que je vais dormir avec Zéran, je pourrais aisément le surveiller et nul ne pourra l’atteindre. »

« Grmbl. » grogna Aglaé, comme si le candidat de la Rage venait de la poignarder.

Ailleurs, Cator était en vive discussion avec ce qui semblait être un marchand félémon d’un âge plutôt avancé, présentant diverses écailles de lizéfal et autres objets, comme des herbes, des morceaux de bois et ainsi de suite. Derrière lui, Silesti fermait les yeux complètement, plongée dans un sommeil des plus profonds.

« Euh … Votre amie va bien ou non ? Car elle a une sacrée trogne là … »

« Ne vous préoccupez pas d’elle et continuons de parler de nos affaires ! Combien vous m’en donneriez pour tout ça ? Les écailles sont bien découpées, elles peuvent être utilisées pour des armures et autres. Les lizéfals étaient de taille adulte. »

« Je peux parfaitement le voir mais comment êtes-vous autant au courant de ces choses ? C’est un peu étonnant non ? Vous me semblez bien jeune. »

« Je suis le candidat de la Gloutonnerie. A partir de là, ce qui se trouve hors de vos villes, je sais tout à leur sujet. C’est pourquoi vous ne pouvez pas m’arnaquer. »

« De … De la Gloutonnerie ? Mais il fallait le dire tout de suite ! Mais qu’est-ce que le candidat de cette famille fait ici ? Est-ce que les autres membres sont présents aussi ? Peut-être que l’on pourrait faire affaire, non ? »

Bien entendu. Un changement de ton. Et pas seulement en donnant sa famille mais aussi en signalant ce qu’il était. Ce félémon espérait se faire un peu de publicité aisément et pour ça, il valait mieux qu’il se montre bien plus coopératif, non ?

« Et bien, je ne fais qu’attendre vos différentes offres. J’accepte les espèces sonnantes et trébuchantes vu que je vais en avoir besoin ou alors ce que vous me proposez en échange. Bien entendu, je vous déconseille de m’arnaquer. Oh à ce sujet … Silesti ? »

« Hmm … oui ? Qu’est-ce qu’il … y a, Cator ? »

« Est-ce que tu ne voudrais pas te présenter, s’il te plaît ? Je suis sûr que ce vendeur serait ravi de savoir qui m’accompagne. Ca serait normal et poli, non ? »

« Bien … parce que … c’est toi, Cator. Je m’appelles Silesti … et je suis … candidate … de l’Oisiveté. Bonjour … à vous. »

« Can … Can … Candidate ? Vous … vous plaisantez, n’est-ce pas ? Vous devriez bien avoir une preuve tous les deux ! Je ne tomberais pas dans un piège aussi grossier ! »

« Une preuve ? Oh, vous voulez parler de ce que le roi des félémons nous a donné ? »

Il ne comptait pas utiliser ça aussi rapidement mais pourquoi pas ? Voilà que le félémon commença à fouiller dans sa poche gauche, finissant par en extirper ce qui semblait être un médaillon en forme de coeur. Il était dans une protection faite d’argent, celle-ci s’ouvrant pour dévoiler le bijou. Entouré d’or, l’intérieur même était fait d’un rubis des plus purs, brillant presque rien qu’en le regardant. Le marchant ouvrit en grand ses yeux :

« Co… Combien pour cette merveille ? Dites-moi en votre prix, il est le vôtre ! »

« Vous en perdez votre langage. Cet objet n’est pas à vendre. Il nous a été offert par le roi lui-même et nous ne pouvons pas le perdre. Si quelqu’un tente de nous le voler, il le payera de sa vie, je n’ai pas chercher à vérifier si c’était vrai. Nous en avons tous un bien que généralement, nous évitons de le montrer aux autres. Mais on reprend donc ? Maintenant que nous avons confirmé nos identités, je suis sûr que nous pouvons très bien nous entendre, vous et moi. »

Il n’avait pas pour but de profiter de sa position, loin de là mais si ça lui permettait d’être pris au sérieux, il ne fallait pas hésiter là-dessus. Maintenant que le marchand était presque devenu livide en apprenant la nouvelle, Cator reprit la conversation comme si de rien n’était.

« Votre amie, elle a aussi ce médaillon, hein ? Je … Pas besoin de le montrer mais est-ce que ça veut dire que les sept membres sont présents dans la ville ? »

« C’est exact mais ne vous inquiétez pas, nous nous sommes séparés chacun de notre côté pour faire nos emplettes. C’est ainsi ! »

« Je … Je vois, tant mieux en un sens. Hahaha … Reprenons alors. Je vais vous proposer ceci et cela, et peut-être ceci pour cette charmante demoiselle de l’Oisiveté. »

En espérant qu’elle apprécie le geste. Est-ce qu’elle était en train de le surveiller ? Elle avait les yeux clos mais pourtant, il se sentait épié. Peut-être qu’il se faisait des idées ? Peut-être qu’il s’imaginait des choses ? Ah oui, c’était sûrement ça. En fait, il en était même certain. Il y avait de très fortes chances que ça soit ça, hahaha. Bon … Autant vite terminer ses affaire avec eux puis fermer la boutique pour la journée, il avait besoin de de se reposer.

« Je vous jures ! Sincèrement, c’était quoi cette idée d’accuser Zéran, Réxéros ?! »

« Tu ne va pas remettre ça sur le tapis, Vélisa. Je pensais qu’on avait décidé de ne plus en parler et que ça serait mieux d’ignorer le reste, non ? »

« J’arrêterai seulement quand je l’aurai décidé. Or pour le moment, devant ces imbécillités, c’est difficile de rester là, sans rien dire ou sans rien faire ! »

« Non mais dans le fond, je me suis trompé, je me suis trompé, c’est bon, j’ai compris ! Heureusement que Cator nous a emmené dans une ville de ta famille. Comme c’est ta famille, ça veut dire qu’il y a un annexe à la mienne dans les environs, non ? »

« C’est exact mais qu’est-ce que tu comptes préparer ? Je tiens à te signaler que j’ai plus envie d’une embrouille. Ils nous suspectent, tout cela parce qu’on a décidé d’accuser Zéran sans aucune preuve. Au final, je n’ai fait que suivre tes paroles. Je n’ai aucune idée de qui est derrière cette attaque de la part des célestiens ! »

« Bien entendu que tu n’es pas au courant. Si tu l’étais, ça serait bien plus suspect. » rétorqua Réxéros, comme visiblement agacé par les propos de Vélisa. Celle-ci l’arrêta aussitôt, se plaçant devant lui, posant une main sur son épaule.

« Depuis quand est-ce que tu me parles sur ce ton arrogant, Réxéros, je peux savoir ? »

« Ce n’était pas voulu, Vélisa. Mais moins chacun en sait, mieux c’est pour nous deux. »

« … … … Fais vraiment attention à ce que tu dis, compris ? Un mot de travers et ça pourrait très vite dégénéré. Qu’importe que l’on se connaisse depuis longtemps, toi et moi. »

« C’est justement parce que l’on se connaît depuis notre enfance que nous pouvons tirer notre épingle du jeu, Vélisa. Ne gâchons pas tout ça avec des querelles infantiles. »

« Est-ce que tu es en train de considérer que je me comporte comme une gamine ? T’as vraiment envie que je te cognes, hein ? Déjà avec ce foutu Klork … »

« Il ne t’a pas loupé. J’imagine que ça te fait encore mal ? Tu as même un œil au beurre noir qui est présent. On devrait aller voir un guérisseur, je ne suis pas vraiment fait pour ce genre de magie, tu le sais bien … et toi non plus. »

« Te montres pas aussi prévenant, tu crois que je ne sais pas ce que ça veut dire dans le fond ? Je ne suis pas aussi stupide que cette Aglaé. Elle et ses gros pis ! J’ai parfaitement vu que tu étais en train de baver dessus. D’ailleurs, ça m’a bien rire quand elle t’a rembarré. J’étais là, à vous écouter tous les deux. Dommage que ton argent ne puisse pas te payer la candidate de la Débauche hein ? Pas trop déçu ? »

« Pas du tout, je l’aurais un jour et je ne vois pas ce qu’il y a de drôle. » commença à grogner à son tour Réxéros, serrant les dents alors que Vélisa reprenait sur le même ton amusé :

« On va finir par croire que tu as accusé Zéran tout simplement pour qu’elle te tombe dans les bras, hahaha ! Tu t’es salement planté sur le coup ! Vraiment, un parfait imbécile ! Mais bon, tu m’es très utile hein ? Et tu le sais parfaitement. Sans toi, je ne pourrais pas acheter autant de choses parmi toutes celles que je désire. »

« Ouais, ouais, je sais … mais y a l’art et la manière de le dire, Vélisa. » continua t-il de marmonner, visiblement très contrarié par tout ça.

« Roh … Si c’est ainsi, tu sais quoi ? On va faire comme ce que cette vache avait proposé sauf que ça sera pour toi et moi. Une chambre pour nous deux. En plus, généralement, on a les idées plus claires après, tu ne t’en rappelles pas ? Lorsque toi et moi, nous nous vidons l’esprit … et autre chose, qu’est-ce que tu en dis ? Et en plus, tu sais que c’est gratuit, tu en dis quoi, partenaire ? Intéressé par ma proposition ? »

« … … … Tu sais bien que oui. On va se trouver une chambre et on laisse les autres en plan ? Ou il vaut mieux que l’on se retrouve tous ensemble ? Car bon, si c’est pour avoir encore des soucis, je préférerais éviter … »

« J’ai une bien meilleure idée. Mais pour ça, il va falloir que tu sois sage et que tu m’écoutes bien tranquillement, d’accord ? Maintenant, tu vas me laisser t’expliquer tout ça. » vint lui chuchoter Vélisa tout en rapprochant ses lèvres de son oreille.
Et maintenant, le félémon de petite taille comparé au reste du groupe hocha plusieurs fois de suite la tête, petit sourire aux lèvres. Et bien en voilà un Réxéros heureux hein ? Elle était certaine que cela lui conviendrait. Ils allaient retrouver les autres et ensuite, ils allaient passer tous les deux un peu de bon temps ensemble, en plus, le meilleur dans tout ça ? C’est que c’était gratuit pour les deux, alors autant en profiter !

Chapitre 24 : Nervosité ambiante

Chapitre 24 : Nervosité ambiante

« Est-ce que tu aurais une idée précise, Klork ? De ton côté ? Ou des indices que je n’ai pas ? Car je t’avoue que je ne sais pas du tout comment faire de mon côté. »

« Tu n’es pas seul, Zéran, à voir ça … mais bon … Entre nous, je ne crois pas que nous trouverons réellement de solution aussi aisément. C’est dommage mais … c’était bien préparé. Et en même temps, je suis certain que ce n’est pas l’un d’entre nous directement. »

« Comment ça ? Qu’est-ce que tu veux dire par là, Klork ? » questionna une nouvelle fois le félémon aux yeux rubis, couché dans la tente alors que chacune d’entre elles était bien séparée des autres. Ils se parlaient en chuchotant, comme si de rien n’était.

« Qu’il y a de fortes chances qu’une personne extérieure ait prévenu justement les célestiens de notre arrivée mais … qu’en même temps, cette personne a été envoyée par l’un d’entre nous. Je dirais qu’elle devait transporter un message que les célestiens ont intercepté et que dans ce message, il y avait le chemin que nous aillions prendre. »

« Comment … est-ce que tu as pû imaginer tout ça, Klork ? »

« Tout simplement par pure réflexion, rien d’autre. C’est une méthode que certains félémons utiliseraient pour se débarrasser de leurs concurrents. Tu ne peux pas savoir à quel point certains sont viles et mauvais, prêts à tout pour balayer leurs adversaires. »

« Je ne vois pas … mais ça a l’air vraiment de te déranger des personnes qui agissent ainsi. Des personnes qui sont prêtes à trahir les autres. Ce n’est jamais le cas dans la famille de la Rage ? Ne te met pas en colère hein ? Je ne fais que te demander. »

« Je ne suis pas en colère, loin de là, Zéran. Mais ta question mérite une réponse appropriée : il y en a … mais si on les trouve, ce n’est pas seulement eux qui sont bafoués et répudiés. Non, toute leur famille est alors ternie et il leur faudra des années voire des décennies pour laver le déshonneur qui vont les envahir. Aucun n’oserait faire ça … »

« Je vois, je vois. Ca n’a vraiment pas l’air très drôle chez vous, je tiens à te le dire. »

« Ca n’a jamais été le cas. Vous vous êtes imaginé des choses particulièrement fausses par rapport à la famile de la Rage. Enfin, le seul point où vous avez tous entièrement raison, c’est bien sur notre côté guerrier. De ce point de vue, nous sommes vraiment tous des brutes épaisses mais avec un zeste de stratégie quand même. »

Ils étaient tous les deux couchés, aucun ne regardant l’autre. Les deux félémons étudiaient juste le tissu de la toile de la tente, comme si de rien n’était. Pourtant, leur conversation continuait, Zéran finissant par reprendre la parole :

« Dans le fond, je dirais que vous êtes les plus appréciables des félémons. Je ne comprends pas pourquoi la famille de la Rage n’est pas plus proche de celle de la Vanité. »

« Car dans le fond, nous ne recherchons pas le pouvoir ou nous ne l’avons pas. Nous sommes bien plus axés sur la guerre et le combat qu’autre chose. Pour autant, nous ne sommes pas à prendre à la légère, tu t’en doutes, non ? »

« Pas un seul instant, je sais à quoi m’attendre en vue de tes capacités au combat. » murmura Zéran. Rien que le fait de parler de tout et de rien, cela semblait soulager grandement le félémon à la chevelure blonde, celui-ci continuant de dire : « Revenons-en à la personne responsable. Tu penses vraiment qu’elle cherchait à tous nous tuer ? »

« J’imagine qu’elle n’a pas vu plus loin que le bout de son nez. Si elle avait réellement réfléchit à la tournure des événements, peut-être qu’elle aurait alors envisagé quelques célestiens mais pas une troupe qui nous dépassait en nombre. Nous serions peut-être tous morts et dans le fond, le coupable aussi, ça aurait été problématique pour lui. »

« C’est vrai que mourir bêtement car son piège s’est retourné contre lui, je crois que ça aurait été une mort des plus stupides. Enfin, ce n’est pas à rire. C’est même très sérieux. »

« Comme tu le dis si bien, la situation est plus que sérieuse mais … on ne pourra rien faire d’autre. Il faudra juste rester sur nos gardes pour que ça ne se reproduise plus, Zéran. Maintenant, de toute façon, on sait qu’on n’a pas à s’inquiéter l’un par rapport à l’autre non ? »

« C’est exact, Klork. C’est exact. D’ailleurs, y a un point positif à tout ça même si tu ne l’as pas forcément remarqué mais … tu me tutoies définitivement. »

« Humpf ! Je ne répondrais pas à cette remarque ! » marmonna Klork, comme pris en faute avant de tourner le dos à Zéran qui avait un sourire aux lèvres. En se comportant de cette façon, ça ne faisait que l’amuser encore plus. Il appréciait bien de voir Klork réagir ainsi.

Mais bon, ça ne voulait pas dire que tout était en paix. Maintenant, il fallait dormir mais … Le pouvait-on réellement ? Lui-même se rappelait des cris de Vélisa en direction de Klork. Même s’il souriait en se rappelant du coup que le félémon avait porté, c’était plus la menace de Vélisa qui l’inquiétait. Elle le méritait amplement mais …

« Klork, tu crois qu’on devrait faire un tour de garde pour … »

Aucune réponse de la part de ce dernier. Il eut rapidement la réponse en voyant le corps qui se soulevait de dos. Il était profondément endormi. Il avait suffit d’un seul instant, n’est-ce pas ? Peut-être qu’il était bien plus fatigué qu’il ne le montrait ? Oui, il y avait de fortes chances que ça soit ça dans le fond.

« Je me dis que je ne suis peut-être pas le seul à être grandement soulagé ce soir. Peut-être que ça lui tenait autant à coeur qu’à moi dans le fond … hahaha. »

Il devait avoir le sourire, oui, un grand sourire, peut-être pas victorieux, mais de joie. Il était content, très content de tout ça. Comme avec Agléa, il sentait que pour Klork, il n’y avait plus vraiment aucune inquiétude à avoir le concernant. Il était sûr et certain qu’il était vraiment digne de confiance. L’un comme l’autre ne lui feront jamais de mal.

« Depuis quand est-ce que je n’ai … pas pensé ainsi ? »

Même durant son enfance, il s’accordait à se rappeler qu’il ne donnait sa confiance à personne. Pourquoi est-ce qu’il avait toujours ainsi. Etait-ce à cause de quelqu’un ? D’un mauvais souvenir ? Il n’en avait pas vraiment idée mais … bon … Il allait plutôt dormir, là.

Le lendemain ne se passa pas sous les meilleurs auspices. Il fallait dire que les regards haineux de Vélisa étaient presque comme autant de poignards lancés en direction de Klork. Pour autant, celui-ci avait décidé de l’ignorer complètement. Ce n’était pas comme si s’excuser allait vraiment arranger la situation, n’est-ce pas ?

De toute façon, le plus soucieux du groupe n’était pas Klork mais Cator. Celui-ci, tous les cent mètres ou presque, regardait à gauche et à droite, jusqu’à ce que Silesti finisse par arriver à a hauteur, marmonnant faiblement :

« Se passe quoi … Cator ? On … ralentit, non ? Tu as peur … des célestiens ? »

« N… Non, Silesti. Tu te trompes complètement. Ce n’est pas du tout ça. C’est juste que … »

« Si tu as peur des célestiens, nous te protégerons … Toi, tu nous guides. »

« Ce n’est pas ça, je te dis. C’est juste étrange. Les animaux, ils sont effrayés et apeurés. Je ne sais pas pourquoi mais on dirait que dans les environs, quelque chose de dangereux s’y trouve. Je n’ai aucune idée par rapport à ça. »

Etrange ? Klork et Zéran se regardèrent. Est-ce que Vélisa et Réxéros avaient préparé un piège ou autre ? Car oui, ils étaient maintenant les principaux suspects et le reste du groupe n’avait plus vraiment de doute à ce sujet. Pour autant, il ne fallait pas accuser à tort, c’était bien pour cela qu’ils restaient muets, ne prenant pas la parole.

« Si un animal … sauvage nous attaque, on … le tue et on le mange. »

Devant les paroles de Silesti, Cator eut un petit sourire, comme si de tels propos étaient rassurants, ce qui n’était pas vraiment le cas dans une telle situation. Pour autant, il ne se plaint guère de tout ça, finissant par dire :

« D’accord, d’accord, j’ai compris. On va reprendre la route alors. Désolé de vous avoir fait part de mes inquiétudes, c’était peut être inutile en fin de compte. Nous sommes tout un groupe de félémons expérimentés. Nous n’avons rien à craindre. »

« C’est exact, Cator ! Tu n’as aucun souci à te faire. Mais ça reste étonnant ce que tu dis. Tu aurais une idée de ce qui mettrait les animaux dans cet état ? »

Zéran avait fini par accélérer le pas, Klork restant en retrait, comme d’habitude, Agléa venant lui tenir compagnie, plus visiblement pour le titiller que pour avoir une véritable conversation avec lui. Comme surpris que Zéran s’intéresse à ce qu’il avait dit, Cator trembla légèrement, devenant songeur avant de finalement répondre :

« Ca peut être un animal beaucoup plus dangereux que les autres. Ou alors, un mouvement de félémons qui sont partis en chasse. A côté ça peut être aussi un élément naturel comme tout simplement un incendie ou autre. Enfin, dans tous les cas, ce n’est pas un bon signe et nous devrions prendre en compte ces mouvements. »

« Peut-être que le mieux serait alors que l’on trouve une ville le plus rapidement possible. Tu penses pouvoir nous guider, Cator ? Peut-être dans la journée ? »

« Je … Je vais faire de mon mieux, je préfère ne rien promettre, je suis vraiment désolé. »

« Tu n’as pas à t’excuser. Si tu veux vraiment que l’on soit tous heureux, c’est plutôt si tu finis par arriver à nous extirper de cette zone. J’ai l’impression que l’on vit dans la jungle depuis des semaines … et ça n’en fait même pas une en fin de compte. »

« C’est vrai … En fait, à cause de cet aspect, nous sommes bien plus lents qu’à nos débuts car il est plus facile de se perdre dans une jungle que dans un bois. Et bien entendu, il est beaucoup plus aisé de se repérer dans une plaine ou une prairie que dans un endroit boisé. »

Il fallait reconnaître que Cator était vraiment doué dans son rôle de guide explorateur. Mais surtout, vu que Zéran discutait avec lui, ça permettait de le rassurer un peu sur la démarche finale dans toute cette histoire. Comme soulagé qu’on ne lui en veuille pas pour ce retard mais surtout les explications peu rassurantes données, voilà qu’il continuait à discuter avec Zéran, décrivant parfois les bêtes sauvages que l’on pourraient trouver dans les environs.

« Il ne manie peut-être pas aussi bien la parole que moi mais il faut avouer qu’il est doué. »

« Zéran ? Ce n’est pas vraiment une question de manipulation mais plus de sincérité qu’autre chose. Il ne cherche pas à mentir à Cator, il s’intéresse vraiment à ce qu’il lui dit et ça se voit dans son regard et dans sa voix. Il a tant à apprendre. Peut-être que tout ce qui est banal pour nous est une nouveauté à ses yeux. » répondit Klork à Zéran qui était revenu vers lui.

« Comme les yeux d’un enfant. Hahaha. Si je lui dis ça en pleine face, je ne crois pas qu’il appréciera la comparaison, Klork. Pas du tout même. Et ta blessure ? »

« Ca peut aller. Mes blessures vont se refermer peu à peu. Nous, les membres de la Rage, avons des capacités de régénération un peu supérieures aux autres. »

« Un peu ? Ou beaucoup ? Enfin, contrairement à Zéran, je ne connais pas l’exactitude de l’état de tes blessures donc je ne peux rien dire ou savoir. » demanda Cator à son tour.

« Ce n’est pas bien grave ou important. Tout ce qu’il faut savoir, c’est que je suis loin d’être dans un état aussi critique que pourrait le supposer Zéran avec son zèle légendaire. »

« Il est vrai que parfois, il fait un foin de pas grand-chose. Mais bon … A côté, parfois, il oublie le plus important et c’est … assez triste. » déclara Agléa qui s’était rapprochée.

Triste ? L’oeil doré de Klork jeta un regard à Agléa. Que voulait-elle dire par là ? Qu’est-ce qu’insinuait en particulier ? Hum … A l’écouter, on pourrait presque croire que Zéran avait commis une bêtise ou un acte dont il ne se souvenait guère et dont seule Agléa avait connaissance. Qu’est-ce qui s’était passé entre eux, hier ?

« Sinon, tu as remarqué que Réxéros et Vélisa ne nous ont pas adressé la parole depuis le début de la journée ? Ils nous ignorent complètement ? »

« Tant mieux en un sens. Hier, j’étais presque capable de commettre un meurtre. »

« Je crois que le plus désolé si cela devait arriver aurait été Zéran, Klork, n’est-ce pas ? »

Il y avait de très fortes chances … et cela malgré le fait qu’il soit la cible des accusations. Même avec ça, il cherchait à être assez fort pour montrer que cela ne l’affectait pas … mais dans le fond, il ne fallait pas se faire d’illusions. Cela le touchait, et bien plus qu’il n’en fallait. Comment pouvait-on désirer la mort d’une personne à ce point ? Surtout sans aucune preuve ? C’était tout simplement absurde et déraisonnable.

« Je ne pense pas qu’il faut se mettre martel en tête. Ce qui s’est passé est vraiment désastreux et risible … mais au moins, tout semble s’être arrangé, non ? »

« Je ne sais pas pourquoi tu tentes de me rassurer. Ce n’est pas comme si j’étais inquiet, tu sais ? Il vaudrait mieux voir avec Zéran pour ça. »

« Zéran est en pleine discussion avec Cator. Je ne vais pas l’empêcher de converser avec ce dernier alors qu’il fait d’incroyables efforts pour tenter de le rassurer. » dit Agléa alors que Klork haussait un sourcil. D’incroyables efforts ? Il ne fallait peut-être pas exagérer non plus hein ? Zéran avait l’air de faire que tout se déroule très bien aussi.

« Quand même, tu as l’air d’une vraie encyclopédie vivante, on te l’a déjà dit ? »

« Jamais … Enfin, sauf parmi les miens mais tu sais, Zéran, c’est naturel chez nous. Nous adorons explorer ce monde, découvrir ses richesses, sa faune, sa flore. On se demande comment certaines créatures vivent parmi nous, quel est leur mode alimentaire et toutes ces choses. D’ailleurs, cela peut te paraître étonnant mais nous sommes très doués pour en dresser quelques unes. Tu sais, ces diligences et autres véhicules tirés ou alors les montures que certain félémons ont ? Et bien, si elles ont été dressées par un félémon de la famille de la Gloutonnerie, c’est une marque de qualité. »

« Je vois, je vois … mais non, ce n’est pas si étonnant que ça non plus. Tu montres parfaitement que tu t’y connais dans tout ça. Je n’ai pas à être surpris ! »

« Dommage mais bon, c’est une sorte de compliment si tu reconnais ça non ? Je ne devrais pas être déçu alors, non ? » dit le félémon un peu plus petit que lui mais avec un léger sourire gêné aux lèvres, comme si se mettre en valeur n’était pas une habitude chez lui.

« Pas le moins du monde ! C’est quand même grâce à toi qu’on est sur la route et correctement. Tu devrais arrêté d’être inquiet. Tu es toujours en train de sourire mais à côté, tu as l’air d’être une boule d’anxiété. Tu devrais faire attention. »

« Je ne crois pas être le seul à être anxieux pour pas grand-chose, non ? Nous sommes deux dans ce cas, n’est-ce pas ? Toi et moi, hahaha. » continua de dire Cator tout en rigolant.

« Tu marques un point, ce n’est pas faux du tout. J’ai parfois quelques … soucis, il faut reconnaître mais bon, ça va un peu mieux, je dois t’avouer. J’ai réussi à faire la paix avec Klork et puis Agléa aussi. Et toi, ça avance bien avec Silesti ? »

« Hein que de quoi ? Silesti ? Et bien … Disons qu’elle adore ma cuisine, c’est un premier pas. Au moins, je sais comment la calmer si elle se met en colère, hahaha. »

« Ne dit-on pas que pour atteindre le coeur d’une félémone, il faut passer par son estomac ? »

« Je ne crois pas que ça soit cette réplique exacte, Zéran. » le corrigea Cator bien plus qu’enjoué et amusé par les propos du félémon blondinet.

« L’idée est là, c’est le plus important non ? » continua Zéran de dire alors qu’il souriait à son tour. Au moins, en discutant de choses aussi inutiles et superflues ou presque, il avait réussi à s’aérer l’esprit et à penser à autre chose.
Car oui, il n’était pas aveugle. Il avait senti cette colère sourde qui résidait dans Réxéros et Vélisa. D’ailleurs, il était assez inquiet par rapport à Cator. Il avait bien compris que le félémon un peu grassouillet ne savait pas dans quel « camp » se mettre, c’était d’ailleurs un peu pour ça qu’il cherchait à discuter avec lui. Pour lui montrer qu’il n’avait pas besoin de se focaliser sur un clan ou un autre.

Car d’ailleurs, il n’y avait pas de clan et c’était ça que Réxéros et Vélisa ne semblaient pas comprendre. Ils étaient un seul groupe et lui-même, malgré les dires de son père, comprenait parfaitement qu’il ne devait pas prendre en considération ces trahisons … du moins jusqu’à maintenant. Il ne pouvait pas ignorer que Vélisa et Réxéros voulaient sa mort.

Et il devait réagir en conséquence. Les sourires et tout le reste, ça allait un moment. Même s’il savait que Klork et Agléa n’apprécieraient pas ça, il n’était pas félémon à se laisser faire. Hier, cela avait été une mauvaise surprise et il était vrai qu’il avait très mal accusé le coup … mais maintenant, ça allait mieux et il était hors de question qu’il se fasse marcher sur les pieds par ces deux félémons. Il ne pensait pas les éliminer … mais leur faire bien comprendre de ne pas plus recommencer s’ils ne voulaient pas avoir de gros problèmes à l’avenir.

« Je ferais bien d’y réfléchir sérieusement … Une leçon à leur donner. »

Il était peut-être un peu vindicatif mais dans une telle situation, il fallait bien que cela rentre dans le crâne de ces deux félémons. Peut-être que son père n’avait pas totalement tort … mais ni totalement raison. Peut-être était-ce une réaction exagérée et que si Agléa et Klork l’apprenaient, ils appréciraient guère ce qu’il fait mais … non. Cela ne le gênait pas.

« Ces êtres ne comprennent pas la manière douce, pourquoi devrais-je … »

« Zéran ? De qui est-ce que tu parles ? De quelques animaux ? »

« Hein ? Euh … Non non ! Je parlais d’autre chose. Je me dis que ce n’est pas si bon que ça ou presque … Enfin, rien de bien important. »

« Sinon, qu’est-ce que tu aimerais manger ce soir ? Silesti a dit qu’elle comptait nous faire profiter de toute la nourriture qu’elle a achetée donc autant s’y jeter dessus non ? »

« J’avoue que je ne voudrais pas quelque chose de trop lourd dans l’estomac si possible. J’ai un peu le ventre noué à cause de toute cette situation mais en même temps, on ne tente pas d’arriver en ville avant le début de soirée ? La question ne se poserait pas alors, non ? »

« Ce n’est pas faux mais par mesure de précaution, il vaut mieux prévoir non ? Et il y a aussi le repas de midi qu’il ne faut pas ignorer non plus ! »

Il marquait un point à ce sujet ! Par contre, Zéran était retourné auprès de Klork et Agléa, remarquant que les deux jeunes gens discutaient tranquillement depuis déjà quelques temps. Est-ce qu’ils avaient fait la paix ? Car dans le fond, il n’était pas sûr qu’ils avaient été vraiment amis mais sur le coup, il était plutôt heureux de la situation.

« De quoi est-ce que vous parliez de bien ? Je peux participer ? » questionna Zéran.

« Oh, tout simplement de pas grand-chose. Je me tenais au courant de ses blessures. Il me signalait que ça va aller et que ce n’est pas aussi grave que prévu. C’est donc une bonne chose en un sens ! Mais maintenant, est-ce que ça sera suffisant ? » déclara Agléa.

« Comment ça ? Savoir si on se fait attaqués ou autre ? Et bien, je serais là. De mon côté, on va dire que je n’ai aucun souci à me battre donc je devrais pouvoir repousser nos assaillants. Enfin, ça dépendra de ce qui nous tombera dessus. » reprit aussitôt Zéran.

« Ce n’est pas faux … c’est même correct en un sens mais après … Même blessé, je peux me battre, c’est toujours ainsi avec les membres de la Rage. Même amputé d’un bras ou d’une jambe, il ne faut pas croire que la partie est gagnée face à nous. »

« C’est vraiment très rassurant quand tu parles ainsi. Quelle virilité, Klork ! » s’exclama Zéran tout en rigolant un peu, Klork finissant par détourner la tête sans pour autant répondre à la courte provocation du jeune homme.

Mais voilà, la discussion avait le mérite de faire passer le temps et rapidement, ils arrivèrent en vue d’une ville plutôt imposante. Mais à peine avaient-ils remarqué celle-ci qu’une voix féminine s’écria derrière eux :

« AH ! Mais c’est l’une de nos villes à l’Avidité ! Enfin un endroit à peu près potable ! »

« Bon et bien, au moins, nous aurons un toit au-dessus de nos têtes et nous pourrons donc nous reposer calmement et allégrement. C’est une très bonne chose … ah … » compléta Réxéros après les paroles enjouées de Vélisa :

« On va peut-être même pouvoir prendre un bon bain ! En voilà une excellente nouvelle, n’est-ce pas, Zéran ? Tu voudras venir avec moi, dis ? »

Chacun y allait de sa petite phrase, Zéran haussant un sourcil comme à son habitude aux propos d’Agléa. Celle-ci devait déjà connaître la réponse, n’est-ce pas ? Pourtant, elle attendait qu’il parle, Zéran murmurant :

« Un jour, on verra. Pour l’heure, je pense que je vais me contenter d’une chambre d’auberge comme à mon habitude. Une chambre partagée avec une félémone, quand je serais marié. »

C’était bien là l’unique réponse convenable qu’il pouvait donner par rapport à tout ça. Il observa le visage réjoui d’Agléa qui devait s’imaginer mille choses et pas forcément des plus décentes à leur sujet.
Et maintenant, il regardait aussi Klork. Bien entendu, ils allaient prendre une chambre à deux. Agléa avec Silesti, ça ne serait pas une mauvaise chose non plus. Ah … Et Cator avec Réxéros, pourquoi pas ? Vélisa n’a qu’à rester seule. Enfin, qu’ils se débrouillent ces deux là.