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Chapitre 27 : Retour au travail

Chapitre 27 : Retour au travail

« Hum … » murmura t-il alors que tout le monde avait dû s’arrêter de travailler pour une occasion spéciale. Ca faisait deux ou trois jours depuis son anniversaire et depuis, il n’était plus en froid avec ses parents. Avec une très grande réticence, ils avaient finalement accepté qu’il continue de voir Douély et heureusement … Car c’était bien plus important. Depuis ce jour, il pouvait apprendre de nouvelles choses grâce à elle. Et puis … Elle était vraiment jolie Douély … Il ne l’avait pas remarqué en fait la première fois mais maintenant qu’il la revoyait, il rougissait à chaque fois stupidement. Enfin, il avait de la chance car Herakié n’était pas au courant sinon elle risquait de faire un véritable carnage si elle apprenait cela. Oh … que oui … Rien que le fait d’y penser arrivait à le faire trembler à cette idée. Enfin, aujourd’hui, il n’avait pas plus de temps que cela à y réfléchir. Oui … Aujourd’hui était une nouvelle fois un jour où la famille royale allait se présenter au peuple. Or … Le travail avait décidé de s’accorder une pause cette fois-ci. Et voilà qu’ils étaient tous alignés les uns à côté des autres alors que la foule laissait passer la famille royale, entourée de bon nombre de gardes … et du Rapion ? Celui-ci était à côté de nombreux Apitrinis, marchant sans se préoccuper des personnes qui tentaient d’apercevoir le roi et la reine dans la foule.

« Visiblement, il semble être de nouveau apprécié … »

Il avait dit cela en constatant ce qu’il voyait, sa foreuse plantée dans le sol devant lui. Dire que la famille royale était à nouveau réunie. Elle semblait heureuse la princesse, n’est-ce pas ? Il voyait le roi et la reine qui passaient devant lui. Il haussa subitement un sourcil, remarquant que la reine lui faisait un léger sourire. Il rougit violemment à ce geste, détournant le regard alors qu’il s’aperçut que personne n’avait noté cela. Il vit aussi Holikan qui était non-loin de la princesse. En fait, par rapport à elle, il était à l’opposé de la jeune fille aux cheveux blonds. Tiens, en parlant de celle-ci …

« Coucou … Earnos. » répondit-elle. Du moins, c’est ce qu’il croyait entendre. Mais il l’avait lu sur ses lèvres alors que la jeune fille avait tourné sa tête vers lui à son tour. Elle l’avait remarqué lui aussi ? Mais comment est-ce qu’il avait pu comprendre ce qu’elle disait. Bah … De toute façon, il s’en fichait. Il croisa les bras, l’ignorant superbement ou presque. Il ne pouvait pas s’empêcher de voir sa mine triste et abattue alors qu’elle continuait à marcher. Elle semblait même faire un geste pour tenter de quitter la parade mais … Non. Elle ne fit rien du tout. De toute façon, elle manquait de courage, comme d’habitude.

Elle s’éloigna, continuant sa route en même temps que le Rapion et le Yanma. Lui ? Il continuait d’observer le défilé des Apitrinis et des gardes … Ah … Pourquoi est-ce qu’il était venu ici ? Ah oui … Car les autres auraient refusé qu’il travaille. Pfff … Il poussa un profond soupir qui ne passa pas inaperçu alors qu’un homme qui travaillait avec lui vint lui dire :

« Paraitrait que le petit Rapion va retrouver sa place qu’il avait perdue. »

« Sa place ? Vous voulez dire … avec les Apitrinis ? Enfin, que les gens ne le haïssent plus ? »

« C’est exact, ouep … Suffit de voir … Personne n’a murmuré ou presque quand il s’est présenté avec la famille royale. Ah … La reine Seiry fait vraiment un travail remarquable. Y a peu de personnes qui apprécient les Drascores et les Rapions même si on ne sait jamais réellement pourquoi mais elle … Malgré l’attentat, elle continue de tenter de nouer des liens avec eux. C’est la meilleure chose à faire si elle veut y arriver. »

Lui … Il le savait parfaitement, depuis le début même … Depuis fort longtemps … Qu’elle était forte, la reine Seiry. Qu’elle avait une volonté exemplaire et des idéaux splendides. C’était pour ça qu’elle … Il voulait la protéger bien qu’il n’en avait pas la possibilité. Il baissa le regard, murmurant pour lui-même :

« Je ne suis pas assez fort … pour protéger sa fille … Alors comment je pourrai faire pour protéger la mère ? »

« Qu’est-ce que tu racontes, gamin ? » répondit l’homme avec qui il parlait depuis quelques instants. Il hocha la tête négativement, lui disant :

« Ce n’est rien de bien important. Mais par contre … Les relations sont meilleures avec les Rapions et les Drascores ? Car ça fait quand même beaucoup de temps. »

« Oh … Ca, c’est qu’une rumeur mais il paraîtrait que la reine va repartir là-bas. Finalement, le roi a décidé de la laisser … Faut dire qu’il n’a pas vraiment son mot à dire à ce sujet. »

« C’est vrai … C’est la reine qui décide à la base. Même si le roi est le monarque et la puissance de ce royaume, c’est la reine Seiry qui dirige tout ça. » termina le jeune garçon, replongeant dans ses pensées comme auparavant.

Elle allait repartir après toute cette histoire ? La reine Seiry était vraiment très courageuse … Un modèle pour tous et pour toutes. Pourquoi est-ce qu’il n’était pas aussi fort que ce Yanma et ce Rapion ? C’était la première fois … qu’il pensait à une telle chose. Devenir fort … pour protéger la reine … Ah … Pourquoi est-ce qu’il pensait à ça ?

Pfff … Et voilà qu’il pensait à la princesse. Elle allait recommencer à prendre la tête à tout le monde. Il allait devoir faire attention aux endroits où il creusait. Pfff … Si seulement, elle pouvait ne pas se comporter comme une petite peste. Montrer un peu de respect … envers ceux qui allaient la protéger dans quelques années voir bien plus tôt.

« De toute façon, ça ne sert à rien de penser à tout ça. Bon … Quand est-ce qu’on va retourner au travail sinon ? Car on a autre chose à faire. On a une nouvelle tour à préparer. »

« T’as l’air bien pressé de bosser à nouveau. Tu devrais prendre un peu le temps de souffler, gamin. Le travail peut bien attendre. Ce genre de choses, ça se produit que trop rarement. »

Pas assez rarement à son goût. Il avait l’impression de toujours revoir la princesse et la reine … beaucoup trop même … Bon … Il regardait à gauche et à droite, ne remarquant même pas son père ou sa famille. Car oui … Il y avait de fortes chances que ses sœurs et sa mère soient aussi présentes. Au moins, il aurait pu se distraire à essayer de les trouver mais elles n’étaient même pas présentes.

« Pfff … Bon … Je vais me balader un peu … De toute façon, ça ne sera pas finit avant une bonne heure et on ne reprendra pas le travail avant autant de temps. »

« Fais gaffe à pas te perdre sinon je risque de me faire tabasser par le chef. »

« Je ne suis plus un gamin. J’ai perdu l’âge de me perdre. »

Mais pourtant, il évitait quand même de faire du zèle. Si il ne pouvait pas travailler, ça ne voulait pas dire qu’il allait perdre son temps non plus hein ? Il allait vérifier un peu la structure du sol du village et de ses rues, ça allait l’occuper pendant quelque temps … Et au moins, cela lui servirait à quelque chose pour avoir une base pour de futurs travaux.

Du moins, cela dura un temps, jusqu’à ce qu’il percute une personne. Il poussa un petit gémissement de douleur, relevant la tête avant de la reculer, surpris. Il bafouilla :

« Par … Pardon … Monsieur … Ou madame. »

C’était qui ? C’était … la première fois qu’il voyait une telle personne. Comme les Munjas, il en avait entendu parler … Il savait qu’ils étaient souvent là … Mais comme il n’était pas du genre à s’amuser, c’était la première fois qu’il en voyait une. Cette personne … Elle avait son visage entièrement recouvert par un masque. Un masque qui exprimait une grande inquiétude, les yeux grands ouverts comme la bouche. Le masque semblait crier …

Chapitre 26 : Sous les bandages

Chapitre 26 : Sous les bandages

« Hmmm … Hmmm … Sent bon. » marmonna le jeune garçon en bougeant dans un lit.


Il ouvrit ses yeux, remarquant qu’il ne dormait pas chez lui. Ah … Oui … C’était vrai … Il avait oublié … pendant quelques instants … Mais maintenant, tout était revenu. Il se releva du lit, remarquant que Douély n’était plus là.

« Mademoiselle Douély ? Où êtes-vous ? » demanda t-il d’une voix faible sans obtenir de réponses. Il quitta la chambre, entendant quelques murmures comme une chanson qui était chantée. C’était vers la cuisine ? Il se dirigeait vers l’origine des sons, disant : « Hein ? Euh … Qui êtes-vous ? » en apercevant une personne entièrement recouverte de bandages de couleur blanche de la tête aux pieds. On ne voyait rien du tout, même pas ses cheveux ou un simple morceau de peau. Elle n’était pas visible du tout.

« Hum ? Tu ne me reconnais pas, Earnos ? Ne t’inquiète pas, tu sais parfaitement qu’aujourd’hui, tu ne travailles pas, n’est-ce pas ? »

« Trava … AH ! Si ! Je dois aller travailler ! Il est quelle heure ?! » s’écria t-il subitement sans même remarquer qu’il s’adressait à Douély. Celle-ci portait un tablier par-dessus ses bandages, le jeune garçon se demandant si c’était vraiment nécessaire.

« Tu n’iras pas travailler, de toute façon, tu serais déjà en retard de plusieurs heures. Alors retournes t’asseoir et dis-moi ce que tu en penses. Je ne cuisine que très peu pour moi car je n’ai pas besoin de trop manger mais cela devrait être plus que convenable. »

Plus que conve … Ses yeux s’ouvrirent en grand alors qu’il apercevait un gâteau d’anniversaire circulaire sur une assiette. C’était vraiment un petit gâteau … pour deux personnes ou trois au grand maximum. Mais il était juste magnifique. Comment est-ce qu’elle avait réussi à faire ça ? Il la regardait avec émerveillement, la jeune femme disant :

« Et bien … Tu veux que je te chante une petite chanson ? Même si c’est avec un petit jour de retard ? Je ne pense pas que le jour en lui-même soit un problème non ? »

« C’est vraiment vo… toi qui a fait ça ? »

« Et bien … N’aurais-tu pas confiance en mes talents culinaires, Earnos ? Sache que je sais parfaitement cuisiner et faire diverses choses. Une Munja qui a passé autant de temps que moi possède bien plus de connaissances qu’une majorité de personnes. »

« Wah … Mais c’est juste que … Je viens de me lever et manger du gâteau … Même d’anniversaire … Enfin ! Je veux bien un effort ! » dit-il bien qu’il était parfaitement visible de voir qu’il se forçait pas le moins du monde.

« Bon et bien … Je vais devoir chanter, il me semble. »

Elle ouvrit la bouche en même temps que celle du jeune garçon bien qu’à des buts différents. Alors qu’elle chantonnait gaiement, Earnos attaquait une partie du gâteau. Aussi succulent dans le goût que dans l’apparence. Pourtant, il n’arriva même pas à en manger un quart, tendant un morceau à la jeune femme, celle-ci se laissant nourrir par Earnos.

« Alors ? Alors ? C’est bon ? » demanda t-il tandis qu’elle lui répondait :

« Suis-je sensée dire que c’est mauvais alors que je l’ai fait ? Enfin … Je ne suis pas aussi imbue de moi-même pour dire le contraire mais oui, je suis plutôt contente de moi. Il faut dire que j’ai mis tous mes sentiments dans ce gâteau … Comme tu fais de même pour ton travail. »

« Tant mieux alors … Je suis content si tu es contente. »

« Et si tu me racontais finalement ce qui s’est passé hier ? » dit-elle alors qu’il reposait la cuillère sur l’assiette. Lui raconter … D’accord … Il n’avait rien contre mais … C’était juste un peu gênant quand même.

Il commença à parler, lui expliquant la journée d’hier. Le fait qu’il n’était pas parti travaillé, le fait qu’il était vraiment content d’aller la voir alors qu’il avait oublié de prévenir ses parents. Il racontait tout depuis le début jusqu’au moment où il parlait de l’interdiction de ses parents. Dès qu’il eut terminé, elle sembla songeuse, comme réfléchissant à la situation.

« Mais ça ne change rien ! Moi, tu es ma première amie et que tu sois une Munja ne change rien du tout à tout ça ! Moi, je n’ai pas envie de ne plus te voir, Douély ! »

« Que je sois une Munja change beaucoup de choses, je suis désolée de te dire cela, Earnos. Mais à côté, je dois te remercier. Ce sont de très belles paroles de ta part et il est rare qu’une personne porte autant attention à nous. Tu es un petit garçon très spécial … et c’est pour cela que je t’ai choisi. Si cela n’avait pas été le cas, nous ne nous serions jamais vus. »

« C’est pas possible, Douély ! Je n’écouterai pas mes parents ! Je reviendrai te voir quand j’en ai envie ! Tu es ma meilleure amie ! Tu es aussi mon professeur ! »

« Assez perdu de temps … n’est-ce pas ? Earnos ? »

« Euh … Oui … Mais perdu de temps par rapport à quoi ? » demanda t-il avec une soudaine appréhension alors qu’elle se levait pour se mettre devant lui.

« Et bien … Déjà que cela fait un jour de retard, je risque d’être en faute, n’est-ce pas ? »

« Mais en faute par rapport à quoi ? » se répéta t-il ou presque.

« Oh … Ne fait pas l’innocent, Earnos. Mais qu’importe, on ne va pas faire durer plus longtemps. » reprit-elle alors qu’il remarquait qu’elle retirait ses bandelettes autour de ses deux mains, laissant paraître celles-ci.

« Euh … Oui … C’est vrai … C’est mon cadeau … »

« Ne fait pas semblant d’être surpris, d’accord ? Tu seras l’unique personne à m’avoir vue depuis ce jour … C’est vraiment unique. »

« Gloups … Oui. » déglutit-il sachant pertinemment qu’elle avait entièrement raison. Le problème, c’est que c’était lui qui était vraiment gêné alors que c’était normalement le contraire. Il avait l’impression de passer … pour … enfin … De regarder quelque chose qu’il ne devrait pas voir normalement.

Pourtant, les bandeaux tombaient les uns après les autres. Elle avait des vêtements sous tout ça ? Enfin … Qu’est-ce qu’il pensait ?! Douély n’était pas toute nue sous ses bandeaux quand même ! Qu’il était bête de penser ça ! Il voyait deux longues bottes brunes, mais c’était surtout ses collants … Ils allaient jusqu’en haut de ses cuisses, ne laissant pas paraître un morceau de chair ou presque. Par contre, elle portait une étrange tenue au niveau de ses hanches et de ses cuisses … Une tenue grise et elle avait une ceinture jaune de toile autour de la taille, assez grande cette ceinture.

« Ne me regarde pas avec tant d’insistance, jeune homme. » murmura t-elle avec un sourire.

Gloups … Il détourna le regard, bafouillant quelques excuses alors qu’elle rigolait. Voilà qu’elle laissait paraître ses deux bras, ces derniers étant eux aussi recouvert par un long gant brun bien que les doigts n’étaient pas protégés. Enfin, elle avait aussi un ruban rouge attaché à chaque bras. Sa poitrine était vraiment de taille moyenne, loin d’être trop grosse … mais protégée par le même tissu gris. Par contre, il remarquait qu’au niveau du haut des hanches, elle avait … de la maille ? Et en fait, il voyait une longue fermeture éclair qui traversait toute la tenue de haut en bas. Il ne restait plus que le visage …

« As-tu besoin que je te montre ce qui fait de moi une Munja ? »

« Hein ? Comment ça ? Une preuve ? Comme moi avec le fait que j’aime beaucoup forer ? »

« Oh … Même un Dardargnan normal n’aurait pas autant de motivation à forer … Mais oui, c’est cela. Regarde bien mon dos. »

Son dos ? AH ! Il voyait apparaître des sortes … d’ailes de pierre ? C’était drôlement bizarre … On pouvait penser qu’elles avaient été taillées grossièrement. Mais ce n’était pas laid … C’était même tout le contraire. Enfin bon … C’était quand même spécial.

« Et le clou du spectacle, Earnos ? »

« …. Euh … Euh … Oui ? Douély ? » demanda le jeune garçon avec appréhension.


Voilà qu’elle prenait les bandelettes entourant son visage. Peu à peu, les bandelettes descendaient, lui montrant alors une longue chevelure brune. Elle lui allait jusqu’à la hauteur de sa poitrine et du haut de son dos. Puis finalement, elle n’était plus recouverte de bandages, laissant paraître deux yeux bruns.

« Que que … Mademoiselle Douély … Vos yeux … »

« … … … … … »

Elle ne lui répondait pas alors qu’il semblait surpris, triste et inquiet en même temps. Les deux yeux de Douély … Ils étaient bruns … Ils étaient purs … comme deux pierres précieuses polies depuis des millénaires … Mais le plus … déprimant était l’absence de vie. Il avait l’impression de ne rien voir dans le regard de la jeune femme. Aucune réaction … Aucun sentiment … Rien de rien dans les yeux de Douély.

« … … … … … Earnos ! »

Sans même réellement prévenir, elle s’était jetée sur lui, venant l’enlacer tendrement alors qu’il était à nouveau surpris mais agréablement cette fois-ci. Lorsqu’il put revoir les yeux de la jeune femme, ils étaient éclatants de vie. Rieurs, joyeux, ils semblaient si heureux qu’il soit en face d’eux. Elle colla sa joue droite contre la sienne, la jeune femme reprenant :

« Pas trop déçu, Earnos ? Tu t’attendais à peut-être mieux. »

Il hocha la tête d’un air négatif, sans oser prendre la parole. C’était encore mieux que n’importe quel autre cadeau ! Finalement, après quelques secondes, il chuchota :

« C’est le meilleur cadeau … que j’ai jamais eut … »

« Pour l’instant … Es-tu capable d’attendre huit à dix ans ? Et je peux te promettre une nouvelle fois quelque chose, Earnos. »

« De quoi ? Je peux savoir, dis ? Dis ? » demanda le jeune garçon, une nouvelle fois plus qu’intéressé par la proposition de Douély. Pour toute réponse, elle vint simplement l’embrasser sur le front, un sourire aux lèvres.

« Il te faudra simplement être patient, d’accord ? »

« D’a … D’accord … Euh … Je devrais aller parler à mes parents maintenant ? Mais avant … Euh … Mademoiselle Douély ! Vous êtes vraiment très très belle ! Ca valait vraiment le coup d’attendre aussi longtemps ! Est-ce que toutes les Munjas sont aussi jolies ? »

« Oh … Vil dragueur. Tu essaies donc d’avoir d’autres Munjas à part moi ? » dit-elle en lui tirant un peu les joues avec amusement, le jeune garçon ne comprenant pas. « Fais attention, Earnos. Je pourrai être assez jalouse dans le fond. »

« Hein ? Mais non ! Je pensais pas du tout à ça, mademoiselle Douély ! Tu n’as pas à t’en faire ! J’irai pas voir d’autres Munjas. Ils sont plus effrayants que toi … Et c’est bizarre mais j’ai pas du tout peur de toi ! »

Il disait cela en rigolant à son tour, se mettant debout avant de se diriger vers la porte de sortie. Il s’arrêta néanmoins, reprenant la parole :

« Je vais dire à mes parents que je n’arrêterai pas de te voir ! Et que ça leur plaise ou non ! Surtout pas si je dois attendre encore dix années ! »

« Fais donc … Fais donc … » répondit la jeune femme, revenant l’enlacer et l’embrasser une dernière fois sur les joues. « Les prochaines fois, je me présenterai sans les bandages puisqu’il n’y a plus besoin de me cacher. »

Il hocha la tête positivement, poussant un léger soupir apaisé avant de quitter la demeure de Douély. Il était content … et satisfait … Car ce qu’il avait vu dépassait toutes ses espérances. C’était dommage que les Munjas se cachent ainsi mais Douély venait de lui donner toute sa confiance et ça, ça n’avait pas de prix à ses yeux !

« … … … C’est encore plus proche qu’auparavant … Qu’est-ce qui se passe avec lui ? »

Elle l’observait partir, étant la seule à remarquer l’aura noire qui entourait le jeune garçon. Une aura bien sombre … L’aura de la mort. Elle allait peut-être devoir sortir de chez elle finalement. Le jeune garçon était beaucoup trop important à ses yeux. Beaucoup plus qu’un simple futur Dardargnan. Elle en était sûre et certaine.

Chapitre 25 : L’âge de la rébellion

Quatrième partie : Un royaume en perdition

Chapitre 25 : L’âge de la rébellion

« Mais tu es devenu un véritable Muciole ! On ne t’arrête plus aujourd’hui ou quoi ? »

C’était la mère du jeune garçon qui s’adressait à ce dernier. Contrairement à ses habitudes, celui-ci semblait réellement excité par quelque chose qu’il n’avait pas encore expliqué. Il était une véritable puce incontrôlable, son père semblant surpris, demandant :

« Il n’y a pas un moyen de l’arrêter ? Je ne l’ai jamais vu ainsi … C’est entre l’émerveillement, l’effroi et l’inquiétude. Si tu as une explication … autre que le fait qu’il ait dix ans. »

« Nullement … Mais peut-être qu’il peut nous donner une explication ? Earnos ? » questionna sa mère alors qu’il quittait la pièce, s’arrêtant au beau milieu de son geste.

« Euh … Euh … Euh … Je vais d’abord aller me laver ! »

Il disparut comme une flèche. Bon sang … Il était monté sur ressort ou quoi ? Dire que toute sa famille se demandait ce qui se passait avec lui, il fallait dire que tout ça était arrivé presque inexplicablement à partir de hier soir. Comme ça … D’un coup, lorsque sa mère lui avait murmuré avant qu’il aille dormir que demain, il allait avoir dix ans … Il avait tout de suite montré un zèle incompréhensible.

« Voilà … Je suis prêt. » dit le jeune garçon, ressortant propre et correctement habillé, un petit sifflement admiratif de sa sœur aînée se faisant entendre.

« Et bien … As-tu rendez-vous avec la jeune Herakié ? » le questionna t-elle, un sourire aux lèvres alors qu’il hochait la tête négativement.

« Pas du tout ! Mais par contre, c’est vrai que je peux ne pas travailler aujourd’hui ? »

« Bien entendu, Earnos. Nous n’allons pas t’empêcher alors que c’est la première fois que tu demandes une telle chose. J’ai déjà prévenu le chef et les autres sont un peu tristes. Ils auraient bien aimé fêter cela avec toi mais bon … Ils comprennent. » répondit son père.

Tant mieux alors. Il poussa un soupir soulagé alors que nul ne connaissait la raison. Allait-il expliquer enfin ce qui se passait ? Pourquoi était-il dans un tel état ?

« Grand frère … Grand frère … Tu es content car c’est ton anniversaire ? » demanda Jiane, sa petite sœur qui le regardait avec interrogation.

« Bien sûr ! Mais ne t’en fait pas, un jour, tu auras aussi dix ans. AH ! Maman … Papa … Est-ce que je peux vous demander quelque chose ? »

« Bien entendu … Qu’est-ce qu’il y a ? » l’interrogea sa mère tandis qu’il reprenait la parole d’une voix un peu plus calme qu’auparavant :

« Euh … C’était pour savoir … Enfin non … C’était juste pour le dire … Ce soir, je vais dormir chez mademoiselle Douély ! C’était juste pour vous prévenir ! »

Tout le monde s’immobilisa et vint se taire. Il venait de dire quelque chose de choquant ou quoi ? Il regarda à gauche et à droite, se demandant si il venait de dire une bêtise ou non. Finalement, ce fut son père qui prit la parole, toussant légèrement comme pour bien montrer qu’il était un peu gêné par toute cette histoire :

« A ce sujet … Earnos … Nous voulions t’en parler mais tu ne nous laisses jamais le temps. »

« Oui … Papa ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu sembles un peu embêté … » murmura le jeune garçon avec un peu d’appréhension en voyant la mine de ses deux parents mais aussi de ses deux grandes sœurs. Il y avait un souci ou quoi ? Ce n’était pas dans leurs habitudes d’après ce qu’il savait … Mais bon … Peut-être que c’était assez grave.

« Nous en avons déjà parlé, n’est-ce pas ? Au sujet de cette … Munja. Nous t’avons même demandé à nous la présenter, au cas où … » reprit son père.

« Mademoiselle Douély n’aime pas vraiment sortir de chez elle. Mais pourquoi, vous, vous ne voulez pas venir la voir ? »

« Ce n’est pas à toi de poser les questions, Earnos. Tu sais parfaitement ce que sont les Munjas. Nous t’avons souvent prévenu … Auparavant, ce n’était pas aussi dérangeant car tu n’y allais pas aussi souvent mais depuis un ou deux mois, c’est à peine si tu es à la maison. Cela est assez inquiétant surtout que nous ne connaissons rien des Munjas. Il vaut mieux que tu évites de la voir dorénavant. Surtout que d’après ce que tu nous as dit, elle vit seule. Tu ne sais pas sur qui tu peu tomber, tu es encore très jeune. »

« … … … Papa, ça fait plus de cinq ans que je connais mademoiselle Douély. Et elle ne m’a jamais rien fait du tout ! Mademoiselle Douély est une femme vraiment très gentille ! Elle m’apprend beaucoup de choses puisque je ne peux pas aller à l’école ! Elle me raconte aussi beaucoup d’histoires ! Elle sait vraiment beaucoup de trucs ! » s’écria l’enfant aux cheveux blonds, une petite mine boudeuse.

« Oui mais nous ne savons pas ce qu’elle prépare. Les Munjas n’ont pas une bonne réputation dans notre village et encore moins dans le royaume. Toujours isolés, ils vivent en communauté alors qu’ils ne s’adressent pas la parole entre eux ou presque. Dans quelques années, lorsque tu seras adolescent voir adulte, tu seras libre d’aller la voir quand tu le désires mais il vaut mieux qu’à partir d’aujourd’hui, tu ne … »

« MÊME PAS ! » hurla Earnos en s’adressant à son père, celui-ci haussant un sourcil de surprise. « Vous ne voulez quand même pas que je n’aille plus la voir aujourd’hui ?! »

« Earnos … Il vaudrait mieux que tu te calmes … Ca ne sert à rien de s’emporter. » murmura sa mère sur un ton inhabituel, autant que ces phrases. Elle ne s’était jamais attendue à les dire au jeune garçon aux cheveux blonds.

« Non ! Je suis calme ! Et je ne vous écouterai pas ! Pas aujourd’hui ! Surtout pas aujourd’hui ! Mademoiselle Douély m’attend ! Moi aussi, j’ai attendu ça depuis beaucoup de temps ! Beaucoup trop même ! Vous ne pouvez pas comprendre ! »

« Mais comprendre quoi, Earnos ? » demanda Cassina avec délicatesse, espérant calmer le jeune garçon alors que celui-ci vociférait :

« Ce que ça fait d’attendre depuis autant de temps ! Je m’en vais maintenant pour la peine ! »

« Hein ? Mais attends … Earnos ! Nous n’avons même pas coupé ton … » commença à dire Passy avant qu’il ne la coupe une nouvelle fois :

« Mangez-le entre vous ! Moi, je n’en veux pas ! C’est plus important d’aller voir mademoiselle Douély que de manger un gâteau ! »

Et il était parti en claquant simplement la porte. Personne n’osait prendre la parole, un mélange de tristesse et d’étonnement se laissant voir sur leurs visages. Cette personne … Cette Munja nommée Douély … Etait-elle vraiment si importante que ça ? Mais pourtant, c’était simplement une Munja … Rien d’autre. Non … C’était une Munja et c’était là le problème … Comme l’était celui des Rapions et des Drascores …

« Oui ? Earnos ? » demanda une voix féminine alors que plusieurs coups venaient tambouriner à sa porte.

« C’est … C’est moi … mademoiselle Douély. » souffla une petite voix alors qu’elle ouvrait la porte. Le jeune garçon était bien présent, la tête baissée, les yeux rougis.

« Je ne m’attendais pas à te voir aussi tôt, Earnos. Mais attends un peu, tu as pleuré ? »

Sans un mot, il vint loger sa tête contre le haut du ventre de la jeune femme, reniflant bruyamment alors qu’elle refermait la porte derrière elle. Elle allait devoir lui demander quelques explications mais pour l’instant, elle …

« Snif … J’avais promis … que je ne devais … pas pleurer … »

« Allons … Allons … C’est surtout la première fois que je vois dans un tel état. Tu vas me raconter tout ce qui s’est passé d’accord ? »

Contrairement à sa position habituelle, il se retrouva installé les jambes de la Munja mais uniquement la tête. Le reste du corps était couché sur un canapé qu’elle venait visiblement de s’offrir puisque la dernière fois qu’il était venu, c’est-à-dire depuis hier ou avant-hier.

« Et bien … Earnos … Est-ce que tu t’es calmé ? »

« Hmm … Hmm … »

Il ne lui répondait que par des murmures tandis qu’elle triturait ses cheveux avec ses mains. Elle allait attendre encore un peu avant de lui poser la question principale : pourquoi ? A quatre ans, elle avait parfaitement compris mais là … Il venait d’avoir dix ans et ce n’était pas dans les habitudes, surtout les siennes, de pleurer autant.

« Earnos ? Est-ce bon ? Tu penses pouvoir me répondre ? Ne te force pas si tu n’en as pas envie, je pense que je peux patienter. » reprit-elle après une quinzaine de minutes, n’entendant plus qu’un léger souffle de la part d’Earnos.

Et bien … Visiblement … Il fallait s’en douter. Le jeune garçon s’était endormi sur ses jambes. Il était si fatigué que ça ? Enfin bon … Elle le souleva avec facilité, l’emmenant dans une autre pièce. Le cadeau allait devoir patienter mais il allait déjà en recevoir une partie. Quelques instants plus tard, alors qu’il dormait, la femme venait l’enlacer, la cape la recouvrant étant tombée au sol.

Chapitre 24 : Simplement des enfants

Chapitre 24 : Simplement des enfants

« Que la finale commence ! »

Une unique phrase de la part d’un soldat et voilà que deux enfants s’affrontaient … Mais ce n’était pas n’importe qui. Maintenant que les mois s’étaient écoulés, la haine envers les Rapions et les Drascores s’étaient amoindries et il y avait même quelques timides encouragements envers Olistar. Olistar ? Oui … Il y participait aussi et il se retrouvait en final contre Holikan. Un combat qui allait être grandiose et des plus éprouvants visiblement. Et lui ? Il était assis, quelques bandages sur le corps alors qu’il poussait un profond soupir. Il n’avait rien compris à ce qui lui était arrivé mais le roi lui-même s’était excusé de la part de son petit protégé. Il ne s’était pas attendu à ce qu’il se batte aussi sérieusement.

« … Ce n’est pas du tout la même catégorie que moi. »

Le jeune garçon aux cheveux blonds avait marmonné ses quelques mots avec un peu de dépit, ne détournant pas un seul instant le regard du combat alors qu’il savait pertinemment que la jeune fille n’était pas loin. En fait, elle était même à côté de lui, se triturant les doigts. Pourquoi est-ce qu’elle avait voulut l’encourager ? Il ne comprenait pas sa réaction mais si c’était sur le fait de se faire pardonner, ça ne marchait pas comme ça.

« … … … … Ils savent se battre hein ? Ils font ça depuis longtemps, non ? » demanda t-il alors que la reine lui répondait avec douceur :

« Ce n’est pas parce qu’une personne est moins forte qu’une autre qu’elle est pour autant moins apte à protéger une troisième personne. »

Elle jeta un regard à sa propre fille, celle-ci se demandant la raison d’un tel geste. La reine Seiry perdit son sourire, semblant un peu suspicieuse et étonnée. Normalement, avec de tels mots, cela coulait de source qu’elle parlait bien d’Earnos, Holikan et Terria. Hum … Le jeune garçon aux cheveux blonds détournait son regard de la reine Seiry, marmonnant :

«  De toute façon … Si une personne n’a pas envie de protéger une seconde, il n’aura jamais la force nécessaire pour cela. »

« C’est exact, jeune Earnos. Mais bon … Je suis sûre et certaine que tu en seras capable. » répondit aussitôt la femme aux cheveux blonds et aux yeux vairons.

Non … Il n’en serait pas capable et il avait finalement compris pourquoi il ne pardonnerait pas à la jeune fille aux cheveux blonds. C’était si simple … et si stupide en même temps … Il savait qu’elle faisait des efforts pour se faire pardonner. Et dans le fond … C’était lui qui était stupide de penser que cela avait une importance.

« Grande sœur Passy n’est pas là. Je vais aller la rechercher. »

Il se leva subitement, ayant prononcé quelques mots sans y accorder une réelle importance. Il voulait tout simplement mettre le plus de distance entre la princesse et lui. Voilà … Il le reconnaissait parfaitement. C’était une imbécillité de réagir ainsi … Mais il savait que c’était autre chose qu’il ne pouvait pas lui pardonner. Il l’avait finalement compris en revoyant la reine, en écoutant ses paroles. Ce n’était pas uniquement la destruction de la foreuse … C’était autre chose, de bien plus profondément ancré en lui. Il s’éloigna sous le regard de sa famille et celle royale, remarquant que son père discutait avec le roi de choses plus ou moins importantes. Pourquoi … est-ce que dans le fond … Il se sentait proche de la reine et du roi ? Il ne comprenait pas pourquoi … Il ne savait pas pourquoi …

« Hum … Il me semble un peu perturbé. » murmura la reine en le regardant partir, sa fille se tournant vers elle, attendant qu’elle continue de parler. Néanmoins, aucune autre parole ne sortit de sa bouche.

« Maman … Je … Euh … Holikan m’a demandé quelque chose pendant qu’il pouvait se reposer entre les matchs d’arène. C’est quoi la promesse entre Earnos et toi ? » demanda la jeune Apireine en regardant sa mère longuement.

« Hum ? De quelle promesse parle t-il ? » questionna la femme aux yeux vairons, pendant la tête sur le côté alors que la jeune fille reprenait aussitôt :

« Je ne sais pas justement … Mais Holikan m’a demandé ça car il a entendu Earnos qui parlait d’une promesse faite à toi. »

« Hum … Je ne vois pas de quoi il parle. » annonça sa mère en signalant par là que la conversation était terminée dorénavant.

Pourquoi est-ce que sa mère ne voulait pas lui dire la vérité ? Car elle savait pertinemment qu’elle mentait … Mais pourquoi est-ce qu’elle avait fait une promesse à Earnos ? Et quand ? Elle n’était pas au courant de ça ! Et pourtant, elle était toujours dans les pattes de sa mère. Enfin bon … Il n’y avait qu’une solution à tout cela … Demander à l’autre personne. Elle se leva, reprenant la parole :

« Maman … Papa … Je vais me promener un peu. »

« Hum ? Tu ne veux pas voir la fin du combat ? » demanda son père avant que sa femme ne mette la main sur la sienne, disant à son tour :

« Vas donc ma fille. Je pense que toute façon, ce combat risque de durer. Tu auras largement le temps de revenir. Holikan ne risque pas de perdre et Olistar semble ne pas vouloir abandonner le combat. C’est pourquoi cela va prendre du temps. »

La jeune fille remercia sa mère avant de quitter les tribunes royales, s’éloignant en courant. Il n’y avait qu’une seule personne qui pouvait lui répondre si sa mère ne voulait pas et c’était … Earnos tout simplement ! Maintenant, ce qu’elle devait faire, c’était le trouver et ce n’était pas une mince affaire.

« Earnos ? Earnos ? J’ai besoin de te dire quelque chose. »

Elle parlait quand même à voix basse pour ne pas se faire repérer. Si on apprenait que la princesse se baladait tranquillement à la recherche d’un … HEY ! En quoi ça devait l’embêter ? Elle faisait ce qu’elle voulait ! Bon ! Où est-ce qu’Earnos se trouvait ? Si elle le trouvait, elle pouvait espérer obtenir une réponse de sa part.

« Au moins … J’espère juste qu’il voudra bien me répondre. »

Où est-ce que sa sœur était partit ? Pfff … Il voulait surtout s’éloigner de cet endroit pour ne plus à avoir à le regarder … Il voulait s’éloigner, c’était tout … Juste partir … Mettre le maximum de distance … Revoir la reine, savoir qu’il était aussi faible … Ca n’avait été qu’une promesse d’enfant, mais il avait considéré … que cette promesse était importante.

AH ! Il trouva finalement sa sœur. Elle s’était quand même bien éloignée de l’arène dans le fond … Mais il avait réussi à la retrouver grâce à l’odeur particulière qui émanait d’elle. C’était bête mais il remarquait qu’il arrivait facilement à définir une odeur pour chaque membre de sa famille. Il ne savait pas pourquoi mais c’était ainsi. Hein ? Mais … Le jeune homme avec elle, c’était …

« Salaros ? »

Il avait murmuré ce nom en remarquant le Coxyclaque qui se trouvait avec sa sœur. Des cheveux verts assez courts, des yeux bruns, il semblait plutôt grand, mesurant plus d’un mètre quatre-vingts alors qu’il était facile de voir de quelle race d’insecte il était grâce à ses vêtements. Oui, sur le dos de ses vêtements verts, quelques points noirs étaient parfaitement visibles, montrant par là l’origine dont il était issu. Mais pourquoi ? Ah … Enfin non …

« Earnos. Earnos ? Tu es où ? Earnos ? Ah ! Tu es … » chuchota une voix féminine.

HEIN QUOI ?! Il se retourna pour apercevoir la petite Apireine dans son dos. Qu’est-ce qu’elle faisait là ?! Il la tira vers lui, lui mettant une main sur la bouche pour lui dire de se taire sans même remarquer l’affront dans le geste qu’il venait de faire.

« Oui, je le veux, Salaros. » murmura soudainement la voix de sa sœur avant qu’il ne se remette bien, l’apercevant … en train d’embrasser Salaros ? Celui-ci semblait s’être mis à genoux tandis que le jeune garçon apercevait un bel anneau argenté sur l’un des doigts de sa sœur aînée. Un anneau avec une améthyste dessus … Ce n’était pas une pierre gigantesque mais ce n’était pas un anneau de pacotille non plus.

« J’ai préféré attendre … que tu sois majeure … et quelques mois après … Je n’ai pas encore demandé à tes parents car je n’osais pas … Je sais parfaitement qu’il fallait commencer par eux au départ mais … Est-ce que tu me pardonnes ? » demanda le Coxyclaque alors qu’Earnos voyait un sourire sur les lèvres de sa sœur. C’était la première fois qu’il la voyait aussi heureuse … La première fois …

« Tu sais parfaitement que si j’ai accepté, c’est que cela m’importe peu … Même si j’estime que je préférai avoir la bénédiction de mes parents. Pourquoi ne viendrais-tu pas à la boutique demain ? Mes deux parents seront là … Et je devrai leur annoncer mon projet. »

« Cela sera tout simplement merveilleux de savoir que la femme de ma vie sera à côté de moi-même pendant mon travail. »

« Et moi, de me dire à chaque instant la chance que j’ai eut de te rencontrer. » termina Passy, serrant la main de Salaros avant de disparaître peu à peu dans les rues.

C’était … C’était quoi ça ? Il avait vu sa grande sœur … D’après ce qu’il avait compris … Elle venait d’accepter la demande en mariage de Salaros ? Mais pourquoi est-ce qu’il s’était caché ?! Pourquoi est-ce qu’il avait essayé de savoir où elle était ?

« Est-ce que tu peux me lâcher, Earnos ? »

Hein ? Quoi ? Il retira sa main de Terria. Ah oui … Il y avait aussi son cas à elle. Il n’avait pas le temps de se préoccuper plus que de cela de sa grande sœur. Il fallait savoir pourquoi elle était ici ? Et surtout … Pourquoi en fait … Ah … Non … Voilà qu’il était embrouillé.

« C’est bon … Mais qu’est-ce que vous faites là, princesse ? » demanda sur un ton neutre, faisant quelques pas en arrière pour mettre le plus de distance avec elle.

« Euh et bien … Je … » commença t-elle à dire, se retrouvant subitement gênée. Elle ne pouvait quand même pas lui dire qu’elle était venue car elle voulait le questionner non ?

« Si c’est pour un cadeau, je vous demande de me pardonner. Je n’aie pas eut le temps de penser à vous en ramener un pour votre anniversaire. Bon anniversaire néanmoins. Si vous voulez bien m’excuser, je vais retourner avec mes parents. »

Co … Comment ça ? Lui ? Il devait se faire pardonner ? Elle avait l’impression que c’était une fausse excuse juste pour ne pas vouloir lui parler. Elle … Elle … Elle …

« Earnos ! C’est quoi la promesse que tu as fait avec ma mère ?! » s’écria t-elle subitement alors qu’il s’immobilisait avant de reprendre, étonnée de se comporter ainsi : « Pardon … Pardon … Je ne voulais pas hurler … C’est juste que … Je tente de … Je tente vraiment de m’excuser pour ce que je t’ai fait mais … mais … »

« Au final, je me demande pourquoi je vous accorde de l’importance, princesse Terria. Si c’est au sujet de la foreuse, considérez que je viens de vous pardonner. J’accepte vos excuses, surtout que vous me les avez dites en face … Mais de l’autre côté, je me dis que ça sert à rien que je perde mon temps avec vous. Si vous ne savez pas pourquoi, vous n’avez qu’à y réfléchir. Dans le fond … J’ai une question dont je n’espère pas de réponse de votre part. Qu’est-ce que je suis par rapport à vous ? Juste une personne comme une autre. Au revoir et bonne route, si vous avez des questions, veuillez les poser à la reine, votre mère. »

… … … Elle resta interdite, le regardant retourner vers l’arène. Il venait encore de lui faire une longue tirade. Elle aurait dû être heureuse de savoir qu’il lui avait pardonnée pour la foreuse mais … mais … Pourquoi est-ce qu’elle pleurait ? A cause de ses paroles ? Elle ne savait pas du tout de quoi il parlait et c’était sûrement la raison des mots si durs de la part d’Earnos. Qu’est-ce qu’elle lui avait fait pour mériter ça ? Elle avait réussi à lui dire en face qu’elle s’excusait et lui … Et puis, c’était quoi cette promesse ?!

Oui … Il avait finalement compris … Il n’y avait pas que le comportement de la princesse qui était à remettre en cause … Mais aussi sa mémoire … Il n’était au final qu’un garçon comme les autres … Pourquoi est-ce qu’il devait faire une promesse où il la protégerait ? Alors qu’elle-même l’avait oubliée ? Ca servait à quoi de se battre pour une personne qui ne savait même pas que vous existiez ou presque ? Il ne voyait pas ce qu’elle voulait faire avec lui mais il valait mieux pour eux deux de ne pas chercher à discuter. Ca ne mènerait à rien de bon. Il respectait la promesse faite à la Reine … car elle était une adulte et elle n’avait pas oublié.

Chapitre 23 : Si faible

Chapitre 23 : Si faible

« … … … Comment est-ce que j’ai fait pour me retrouver là ? »

Comment ?! COMMENT ?! Il aurait bien aimé le savoir. Il tenait entre ses mains une foreuse mais ce n’était pas la sienne. Non … C’était une offerte par l’armée … L’armée du royaume des insectes ? Il avait murmuré avec dépit alors qu’il regardait autour de lui. Un terrain vague … Que du sable et de la pierre … Pas d’herbe car cela n’avait pas été nécessaire. Et puis … C’était quoi cette foule autour de lui ?! Dans les gradins ?!

« Mon fils va participer au petit tournoi en l’honneur de votre fille, roi Tanator. »

Ce fut cette phrase issue de la bouche de son père qui avait été le déclenchement de toute cette série de drames. Enfin … Drames personnels bien entendu. Il avait voulu refuser mais son père l’avait un peu forcé et puis, la reine lui avait chuchoté quelque chose dans l’oreille … Et il avait finalement accepté.

« Pourquoi est-ce que dès que la reine parle, moi, je l’écoute tout le temps ? »

Elle lui avait chuchoté de lui montrer qu’il était capable de la protéger ainsi que la princesse. Il n’avait même pas eut le courage de répliquer qu’il ne comptait pas protéger la jeune fille … Pfff … Pfff … ET PFFFF ! Il poussait de plus en plus de soupir en croisant les bras. Voilà qu’il jetait un regard à la tribune royale. Il n’arrivait pas à croire que son père, sa mère et le reste de sa famille se trouvaient côte à côte avec le roi et la reine. Il semblerait même qu’ils discutaient entre eux. Et il apercevait … la princesse qui le regardait.

« De toute façon … Je m’en fiche … Je ne vais même pas me battre … »

Oui, il en était hors de question, quitte à décevoir la re … ET NON ! Il ne pouvait pas décevoir la reine ! Il ne le pouvait pas ! C’était juste impossible. Mais qu’est-ce qu’il allait faire ? Il ne savait pas se battre et … Il avait appris que ce Rapion allait être de la partie. Si il devait le combattre, autant abandonner tout de suite, ça lui ferait moins mal. Voilà qu’il était complètement anxieux avant que son adversaire ne se présente à lui.

Des yeux rouges comme lui … et des cheveux verts plutôt courts … Un Yanma ? Il n’avait clairement pas de chance … Après un Rapion, c’était un Yanma. Il n’avait … Bon … Ca ne servait à rien du tout de se plaindre hein ? Ca n’allait rien arranger mais quand même … Qu’est-ce que … Le Yanma se tournait vers l’endroit où se trouvait les membres royaux avant de s’incliner, posant une main sur son cœur. Ah … Il devait faire pareil ? Pourtant, d’après ses souvenirs, ça ne s’était pas passé comme ça. Enfin bon … Il s’exécuta, faisant le même geste avant de se remettre en position. Avec quoi est-ce qu’il allait se battre ? Il l’observa, remarquant qu’il tenait une unique griffe dans sa main droite. L’enfant était plus âgé que lui et bien que le ton était neutre lorsqu’il s’adressa à lui, il remarqua que le Yanma semblait vouloir le rassurer :

« Tu n’as pas à t’inquiéter. Les armes que nous avons peuvent nous faire mal mais ne nous blesseront pas. Au grand maximum, nous aurons des bleus mais elles ne sont pas plus dangereuses que cela. Tu es son fils, n’est-ce pas ? Je m’appelle Holikan. »

« Euh … Si tu parles de l’homme assis à côté du roi, c’est exact. » répondit-il tout simplement alors que le Yanma hochait la tête pour lui dire qu’il pouvait commencer à attaquer.

Il lui laissait l’initiative ? C’était sympathique de sa part mais en un sens, cela voulait dire qu’il se considérait bien trop puissant par rapport à lui. Enfin … Il avait certainement raison. Les Yanmas étaient souvent promis à de grandes destinées militaires de toute façon.

Pour … Pour qui … Ah … Pourquoi son père avait voulut qu’Earnos participe au tournoi ? Elle était restée muette mais elle se rappelait parfaitement de ce qui s’était passé la dernière fois … avec Olistar. Et là, il affrontait Holikan ? C’était tout simplement horrible de la part de son père ! Et dire que les deux parents d’Earnos semblaient intéressés … Ils n’étaient pas du tout au courant hein ? Ils ne savaient pas à quel point Holikan était fort …

Et voilà que le combat commençait. Elle fut étonnée de voir que c’était Earnos qui fit le premier geste, courant en direction d’Holikan. Pourtant, il s’arrêta à quelques centimètres de lui, plantant sa foreuse dans le sol en même temps qu’il la faisait tournoyer. Le résultat fut que de nombreux jets de pierres partirent en direction d’Holikan. Celui-ci fit quelques gestes pour les éviter, arrivant à la hauteur d’Earnos.

Que … Que … Quoi ? Comment est-ce qu’il avait fait pour se déplacer aussi vite ? Il ne l’avait même pas remarqué ! Il était encore plus rapide que le Rapion ! C’était impossible et pourtant … Il serra sa main gauche sur la foreuse avant de tenter de frapper Holikan mais celui-ci fit une nouvelle esquive, lui donnant un coup de pied pour l’envoyer au loin. La foreuse accompagne le jeune garçon aux cheveux blonds alors qu’il retombait en arrière.

« AH ! Mais fais attention, Earnos ! » s’écrit Cassina en se levant de son fauteuil, tentant d’encourager son jeune frère dans son combat.

Bien sûr qu’il faisait attention mais ce n’était pas aussi simple que ça ! C’était même tout le contraire ! Se battre avec sa foreuse impliquait d’avoir le temps de charger son attaque. Il n’était pas rapide, il ne pouvait pas esquiver facilement, bref c’était loin d’être simple ! RAHHHHHHHHHHH ! Il ne devait pas s’emporter ! Il ne devait même pas combattre à la base ?! Pourquoi est-ce qu’il devait faire tout ça ?!

« Je suis nul de toute façon … »

Il avait dit cela comme une évidence avant qu’Holikan n’arrive vers lui. De toute façon … Pourquoi continuer ? Il allait faire semblant de se battre. C’était tout … Et qu’importe si ça ne plaisait pas. Il voulait que ça s’arrête maintenant.

« Ne t’en fais pas … Je ne veux pas chercher à te ridiculiser devant tes parents. » murmura Holikan alors que le jeune garçon se retrouvait près de lui, serrant sa griffe.

Pourquoi le ton était-il aussi neutre ? Sans être moqueur ni vaniteux, il savait qu’Holikan ne désirait pas lui faire du mal … mais dans le fond, il avait quand même sa fierté et c’était bien là le grand problème. Il avait sa fierté d’insecte !

« Ne t’en fais pas … Je compte quand même me battre jusqu’au bout ! »

Quitte à perdre, ça sera avec les honneurs. Il fonça vers Holikan, tête en avant. Le Yanma fut surpris de la réaction d’Earnos, se retrouvant projeté en arrière, le souffle coupé alors que l’Aspicot tenait sa foreuse une nouvelle fois entre ses mains. La foreuse semblait s’accélérer et aller de plus en plus vite. Quitte à tout utiliser …

« Je vois … C’est de ma faute. Je n’ai pas voulut te considérer à ta juste valeur. »

Holikan retira sa main de son ventre, fermant les yeux. Hum … Cela valait bien une leçon. Il devait toujours se battre au maximum de ses capacités même si l’adversaire n’avait aucune chance. Ce n’était pas juste sinon…

« Hum … Combien de temps cela fait-il ? » demanda subitement le roi en s’adressant à l’un des nombreux gardes en armure rouge derrière lui dans la tribune rouge.

« Une bonne dizaine de minutes. Pourtant, il semblerait que le jeune Holikan soit sérieux. » répondit l’un des gardes alors que le roi marmonnait dans sa barde.

« Cela semble être pour bientôt, n’est-ce pas ? » s’adressa t-il subitement en tournant son visage vers Walane, celui-ci hochant la tête positivement.

« Ca ne doit être qu’une question de semaines ou plutôt de mois, c’est exact. »

« C’est toujours une étape importante dans la vie d’un insecte. Certains n’ont pas cette possibilité mais ce n’est pas pour autant qu’ils sont moins bons que d’autres. Cela semble être assez étonnant néanmoins … Il est bien jeune et il tient bien plus que les autres. » termina le roi alors que les deux hommes observaient à nouveau le combat.

Ca … ne servait à rien … Il servait plus de sac de frappe qu’autre chose. Mais il tenait bon … Il se relevait à chaque fois avec l’idée de ne jamais retomber. Le pire restait que plus le temps passait, plus il avait l’impression que la situation lui échappait. En fait, ce n’était pas une impression mais la triste réalité. Plus il combattait, plus le Yanma semblait devenir de plus en plus rapide. Il n’avait aucune ch…

« VAS-Y EARNOS ! MONTRE CE DONT TU ES CAPABLE ! »

… … … L’Aspicot comme le Yanma s’arrêtèrent de combattre, leurs deux visages surpris se tournant vers l’origine de la voix. Terria ? Elle l’encourageait ? Lui ? Il n’y avait pas erreur sur la personne ? C’était sûrement le cas car bon …

C’était l’unique moyen qu’elle avait trouvé pour tenter d’exprimer ses excuses envers Earnos. Elle … Elle allait l’encourager … malgré que son adversaire soit Holikan. Et puis … Sur le coup, elle trouvait que cela avait été une très bonne idée. Elle n’avait pas compris pourquoi Earnos n’avait pas combattu ainsi contre Olistar. Puis bon … Il se débrouillait vraiment très bien. Elle espérait juste qu’il comprendrait qu’elle voulait vraiment se faire pardonner par le jeune garçon. C’était tout.

« Et bien … Ma fille … As-tu décidé de changer de camp aujourd’hui ? » demanda subitement la reine Seiry en lui adressant un léger sourire, la jeune fille aux cheveux blonds baissant aussitôt la tête, gênée. Ce n’était pas vraiment ça … C’était juste que … Depuis le jour où il s’était mis en colère, elle avait commencé à comprendre qu’il ne fallait pas toujours se comporter comme une enfant. Dans quelques années, Earnos allait être un citoyen qui l’apprécierait. Si elle voulait devenir une grande Apireine, il était hors de question de jouer avec ses citoyens de la sorte. Et puis bon … C’était bête mais à force de le voir, elle voulait devenir son amie … car elle l’avait fait tellement souffrir.

« Tu es un garçon très spécial … n’est-ce pas ? Mais qu’est-ce qu’il y a d’étonnant dans le fond ? Il fallait que je m’en doute. Nous allons nous battre sérieusement alors. »

Hein ? Comment ? Le Yanma avait fini de regarder la princesse, un sourire aux lèvres. Un sourire des plus inquiétants. Earnos avait commencé à reculer, un peu apeuré. Ce sourire … n’avait rien à voir avec les sentiments précédents. Il n’eut le temps que de voir un flash avant de sentir une ruée de coups qui vinrent s’abattre sur lui, sur la globalité de la face avant de son corps. Lorsque celle-ci s’arrêta, le Yanma était derrière lui, lui tournant le dos.

« Je m’en doutais … Cela devait être une erreur dans le fond. Je suis vraiment stupide … Accorder de l’importance à une telle chose. Cela se voit que je manque d’entraînement. »

« … … … Ah … … … Je … La reine Seiry. » bafouilla Earnos.

Hum ? Quoi ? Il était encore conscient ? Après tout ce qu’il venait de lui donner ? Il se retourna pour l’observer, les jambes de l’Aspicot s’étant mises à trembler. Il n’avait même pas la force de faire ne serait-ce qu’un mouvement.

« La reine Seiry … Je dois … tenir pour sa … promesse. »

Pourtant, les jambes d’Earnos flanchèrent avant qu’il ne s’écroule au sol, les yeux rubis grand ouverts. Une promesse ? De quoi est-ce qu’il parlait ? Holikan tourna son visage vers la reine Seiry. Celle-ci avait encore un sourire aux lèvres comme si … Elle avait entendu toute la conversation, c’est cela ? Des applaudissements se firent entendre pour féliciter le Yanma et pourtant, celui-ci ne semblait pas plus heureux que cela.

Chapitre 22 : Une surprise royale

Chapitre 22 : Une surprise royale

« Co… Co… Comment ?! » demanda le jeune garçon en écarquillant les yeux alors que son père n’était même pas préparé pour le travail. Plusieurs mois s’étaient écoulés, entre quatre et cinq pour être plus précis.

« Tu as parfaitement entendu, Earnos. Habille-toi correctement. Nous partons dans … » commença à dire son père avant qu’Earnos ne lui coupe la parole :

« Mais attends, Papa ! Tu me dis que nous allons voir le roi et la reine ?! Mais pourquoi ?! Pourquoi ? Je … Je … Je … Je ne comprends … »

« Hum ? Tu ne comprends pas, c’est cela ? Et bien … Fiston, si tu écoutais un peu plus souvent ce que l’on te disait et si tu venais un peu plus souvent en balade avec la famille, tu saurais que ta mère est considérée comme l’une des meilleures fleuristes du royaume ainsi que Florensia. C’est pourquoi il nous arrive en de rares fois par an d’aller dans le château royal pour emmener des fleurs à la famille royale. »

« Mais mais mais … Comment ça se fait que je ne le savais pas ?! » s’écria le jeune garçon aux cheveux blonds alors que son père reprenait la parole après sa tirade :

« Car tu n’écoutais jamais … Tu restais toujours fixé sur ton travail … Mais maintenant, tu es bientôt âgé de dix ans et il serait bien temps que tu ouvres les yeux sur le monde qui t’entoure. Tout ne se rapporte pas uniquement à la boutique de fleurs de ta mère ou alors à la zone de travail dans lequel nous sommes, toi et moi. Peut-être que tu n’as pas envie de venir encore cette fois mais aujourd’hui, puisque nous avons le temps d’en discuter et que tu as même pris la peine de ne pas penser au travail, tu viens avec nous même si tu n’es guère motivé. »

« Je ne vois pas pourquoi je viendrai … Le travail n’attend pas, Papa ! »

Il avait dit cela sur un ton un peu rageur. Dès qu’il repensait à elle … A cette fille … C’était stupide de ne pas vouloir lui pardonner mais elle ne méritait pas qu’il lui pardonne. Il s’en voulait légèrement car ce n’était pas dans ses habitudes mais ce qu’elle avait fait … Il ne voulait PAS DU TOUT d’une troisième fois.

« Et tu pourras discuter avec la princesse pour que vous fassiez la paix. » murmura sa mère. … Parler avec elle ? AVEC ELLE ?!

« Même pas en rêve ! Je ne discuterai pas avec elle ! »

« Mon fils ? Tu es sûr de ne pas vouloir y réfléchir plus sérieusement ? » demanda soudainement sa mère avant qu’il ne la voit mettre une paire de gants blancs aux mains. Que que que … NON NON ET NON ! Il s’était mis à trembler tout en reculant, bafouillant :

« Mais MAMANNNNNNNNNNNNN ! Je n’ai pas envie d’aller au château ! »

« Mais tu viendras quand même … Et vous discuterez comme des personnes adultes, toi et la princesse Terria. Je suis sûre que le roi et la reine seraient d’accord pour cela. Ils doivent être au courant de cette petite anecdote vous concernant tous les deux. Et puis … Une future Apireine se doit d’être proche de son peuple, c’est pourquoi il faut lui laisser réparer ses bêtises. Si tu ne mets pas du tien … Je serai contrainte de t’y forcer, Earnos. » reprit sa mère, retirant peu à peu ses gants. L’effet que cela produisait avait été plutôt violent … très violent même quand on y réfléchissait bien. Le jeune garçon détourna le regard, marmonnant :

« Je viens … mais je ne lui parlerai pas. Mais pourquoi on va là-bas aujourd’hui ? »

« Car nous avons été invité pour les dix ans de la princesse Terria. Et oui, même si elle est plus vieille que toi de quelques semaines, il semblerait qu’elle n’ait pas ta maturité. Dommage que tu sois aussi distant … Tu aurais pu essayer de lui donner un peu de ton caractère. Pas totalement non plus. Les Apireines sont déjà des personnes qui ne pensent qu’au royaume avant même leur propre vie. Si tu la fais devenir comme toi, tu imagines ? » reprit sa mère sur un ton bien plus amical, le jeune garçon commençant à s’imaginer comment serait la princesse Terria si elle était ainsi.

Toujours à jouer son rôle de princesse, à parler avec les autres insectes, à montrer le bon exemple, à ne jamais penser à elle-même … … … C’était comme ça qu’il se voyait lui-même ? Enfin, s’il devait se parler de lui … Qu’est-ce que cela donnerait ? Si il devait se définir ? Ah … Ca ne serait pas très joli … Il pouvait se dire qu’il travaillait durement, très durement même mais à côté … Il n’était pas sociable, il n’avait pas d’ami ou presque à part Herakié et encore … De l’autre côté, il ne pensait qu’au travail sans même s’intéresser au reste. Il était parfois très froid et distant … Enfin bon …

« Nous partons dans une vingtaine de minutes. » reprit son père finalement alors que le jeune garçon hochait la tête. D’accord …

« Je vais aller me laver et être présentable, maman … » marmonna l’Aspicot avant de s’éloigner. Pfff … Non … Il ne voulait pas … Pas du tout … aller là-bas. Il prit sa foreuse avec lui, celle qui était dans un triste état mais toujours capable d’être utilisée.
Pourtant, voilà qu’il était de la partie avec le reste de sa famille, toute celle-ci s’étant mise en marcher pour se diriger le palais royal. Après de nombreux dédales et de tunnels les faisant monter et descendre sur plusieurs strates, ils étaient arrivés à leur lieu de destination. Lui ? Il ne regardait même pas le château, ne s’en préoccupant pas le moins du monde. Il ne voulait pas l’étudier en détail, savoir si il était grand ou non. Rien que de savoir qu’il allait la revoir … Ca lui mettait les nerfs en boule. Il ne voulait pas revoir … Il ne voulait absolument pas la revoir ! Pas le moins du monde !

« Ah ! Messire Walane ! Dame Niny ! Nous vous attendions. Nous avons reçu un message de la part du roi à votre sujet. »

L’un des gardes s’était adressé à eux tandis que le jeune garçon le regardait d’un air surpris. Le garde semblait ravi de revoir ses parents sans qu’il n’arrive à expliquer pourquoi. Enfin, peut-être que cela voulait dire que ses parents étaient plus connus que prévu. Peut-être que cela n’allait pas être une si mauvaise journée dans le fond ?

« Et bien … Earnos … Regarde les fleurs à droite … Ben tu vois … C’est notre mère qui les as plantées elle-même. » vint lui dire subitement Passy alors qu’il jetait un regard vers l’endroit qu’elle désignait du doigt.
Des fleurs … De très belles fleurs si on pouvait dire cela … Puisque c’était du lierre … Mais un lierre magnifique et splendide. On voyait qu’il n’avait rien d’un parasite qui envahissait une autre plante. Non … Le lierre était là, présent, entourant finement des bégonias orange. Le lierre était si maigre, si petit et pourtant, il se liait avec tant d’insistance.

« Un attachement ou une amitié éternelle … et qui résiste à l’épreuve du temps. »

« Oh … Malgré que tu ne sois jamais là à la boutique de fleurs, visiblement, tu nous écoutes souvent sinon tu ne te souviendrais pas de la signification. » répondit sa mère en lui souriant, lui caressant le sommet de son crâne alors qu’il rougissait à cause de l’acte.

« Bonjour madame Niny ! Bonjour monsieur Walane ! »

Il tressaillit, s’immobilisant aussitôt en entendant la petite voix fluette. Qu’est-ce que … Qu’est-ce que … Pourquoi est-ce qu’elle était déjà là ?! Lui qui était derrière ses grandes sœurs et ses deux parents, il était bien caché mais il commençait à l’apercevoir. Elle semblait si heureuse et radieuse. Pourtant, la joie qui parcourait son visage s’arrêta subitement au moment où elle arriva devant ses parents.

« Mais … Mais … Mais … Euh … Euh … Euh … Madame … Niny ? C’est votre fils ? » demanda t-elle subitement d’une petite voix très faible en désignant Earnos du regard.

« Oui. C’est la première fois qu’il vient au château. Il est le troisième enfant, tu sais celui dont tu voulais tant faire la connaissance car tu ne l’avais jamais vu. » répondit la femme Coxyclaque, faisant semblant de ne pas savoir au sujet des deux enfants.

« Ah … Euh … Oui … Bien sûr. Ma mère va bientôt arrivé. Euh … Vous savez où vous rendre. » bafouilla la petite Apireine alors que toute la famille d’Earnos avançait.

Il passa à côté d’elle, l’ignorant complètement alors qu’elle lui jetait un regard en biais. La foreuse qu’il avait sur son dos… Ce n’était pas celle qu’elle avait achetée pour lui hein ? Il ne la prenait même pas … Il ne lui avait pas pardonnée … Elle devait … Elle devait s’expliquer avec lui avant qu’il ne soit trop tard. Alors qu’ils s’enfonçaient dans le palais, elle s’était retournée avec conviction. Pourtant, toute sa conviction s’était envolée en fumée en un instant. Elle n’y arrivait pas … Elle n’était pas assez forte pour … ça …

« Roi Tanator, reine Seiry, c’est un honneur renouvelé de vous rencontrer. »

C’était son père et sa mère qui avaient pris la parole, les deux adultes s’inclinant respectueusement devant la famille royale. Lui-même fit le geste ainsi que ses sœurs. Il trouvait cela attendrissant de voir la plus jeune se prêter à tout cela. Lorsqu’il releva la tête après l’avoir baissée pour s’incliner, il remarqua le visage de la reine Seiry. Son sourire … Son sourire était si beau et si tendre … Si chaleureux … Et c’était bien qu’elle regardait … Ah … Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’elle le regardait lui ? Est-ce qu’elle avait réussi à le reconnaître ? A savoir qu’il était l’enfant qu’elle avait rencontré il y a presque six ans ?

« Earnos … Ne fixe donc pas la reine Seiry de la sorte, c’est impoli. » murmura Cassina alors qu’il répondait en chuchotant, détournant la tête :

« Par … Pardon … C’est vrai que je ne devrais pas … Je devrais aller m’excuser … Enfin … Euh … C’est juste que … Voilà. »

Il valait mieux qu’il se taise plutôt. Il n’arrivait toujours pas à croire ce qui se passait ici. Comment est-ce que ses deux parents pouvaient être reliés au roi et à la reine … Sa mère … Une fleuriste royale ? Et il n’apprenait ça que maintenant ?! Il s’en voulait terriblement à cet instant de ne jamais prendre réellement part aux discussions entre membres de sa famille. Visiblement, il loupait des choses très importantes.

… … … … … Voilà maintenant … Non … Il y avait sûrement un problème, un GROS problème … Ce n’était pas possible autrement. Pourquoi … Pourquoi est-ce que sa famille mangeait à la même table que celle du roi et de la reine ? Et aussi de nombreux insectes nobles ? Heureusement, il n’était encore qu’un enfant et il avait été mis de côté avec ses deux plus jeunes sœurs. Heureusement ? Oui … Car sinon, il ne saurait pas comment se tenir face à ces personnes trop importantes pour lui.
Il pouvait remarquer que la princesse était assise à côté de sa mère, à la droite de cette dernière. Elle semblait si heureuse avec celle-ci … Il n’était pas rare qu’elles parlent entre elles. Et le roi … Il parlait avec son père ? Son père était assis à la gauche du roi ? Et ils semblaient discuter de choses assez importantes. Même trop importantes … Et ça le concernait lui ?! Même si ils étaient à une autre table, il sentit que les regards royaux convergeaient vers lui ainsi que de nombreux autres. Qu’est-ce … Qu’est-ce qu’ils avaient dit ? De … De quoi est-ce qu’ils parlaient ? Il ne sentait plus très bien maintenant.

Chapitre 21 : L’apprécier

Chapitre 21 : L’apprécier

Quelques semaines s’étaient écoulées depuis cette petite session avec la vision du tournoi. Il n’avait guère porté plus d’intérêt sur la chose et depuis, ses parents avaient évité de lui en reparler ou de le forcer à y participer. Ainsi, il pouvait revivre des jours heureux sans se poser de questions. Enfin, il exagérait ainsi mais de l’autre côté, ce n’était pas si loin de la vérité. Sa foreuse attachée à son dos grâce à deux lanières, il était temps pour lui de rentrer à la boutique de fleurs. Du moins, c’est ce qu’il aurait aimé faire.

« E … AR … NOSSSSSSSSSSSS ! » s’écria soudainement une voix qui lui fit détourner la tête. Ah … Euh … Il haussa un sourcil en apercevant la jeune Scarhino. Il fallait dire que depuis quelques temps, il ne la voyait guère plus qu’une fois par semaine. Et donc … ca devenait assez rare. Néanmoins, à force … « Et bien ? Pourquoi tu ne réponds pas ? Tu as fini de travailler ? Tu rentres avec moi, dis ? »

« … Pourquoi pas ? » annonça t-il avant qu’elle ne pousse un cri de joie. Elle semblait si heureuse qu’il accepte. Sans aucune gêne, elle lui prit sa main tandis qu’il l’observait. Elle était toujours vivace hein ? Ca lui rappelait la princesse mais contrairement à cette dernière, Herakié était bien différente. Oui … Elle ne jouait pas avec lui.

« Tu ne parles pas beaucoup, Earnos … Elle s’est passée comment ta journée ? » demanda la jeune fille, essayant de faire la conversation en espérant y arriver.

« Comme d’habitude … Il n’y a rien de bien différent par rapport aux autres journées. »

« Ah … Euh … Je vois … » répondit Herakié d’un air un peu dépité. Elle devait trouver un autre sujet de conversation. « Euh sinon et bien … Aujourd’hui, une nouvelle élève est venue dans notre école ! Elle se prenait pour la reine ! »

« Hum ? Ah bon ? » dit-il sur un ton faussement intéressé bien que son regard rubis se posait sur le visage de la jeune fille. Un regard qu’il haussa légèrement comme surpris par quelque chose la concernant. Elle reprenait la conversation :

« Oui et comme elle était nouvelle, elle ne me connaissait pas ! Et tu me connais bien, Earnos hein ? Tu sais bien que moi, j’aime pas qu’on m’embête, surtout que des fois, je suis seule dans mon coin pour m’amuser. »

« Continues donc … » murmura le jeune garçon, arrêtant de la regarder pour mieux pouvoir l’écouter. Il ne semblait même pas se soucier du fait qu’il avait sa main dans celle d’Herakié. De l’autre côté, il posait ses yeux sur le sac-banane qu’il avait autour de la taille depuis maintenant quelques semaines. Ah … Cette ceinture …

« Bon et bien … Dès le premier jour, on s’est battu, elle et moi ! Devine qui a gagné ! » s’écria la jeune fille avec entrain tandis qu’il lui répondait :

« Toi, n’est-ce-pas ? Mais à part ça … C’était quoi ? »

« Une Papilusion de la haute société ! Mais moi, je m’en fiche de ça … Elle n’avait qu’à pas m’embêter de toute façon ! Même si elle se battait déjà très bien, elle ne fait pas le poids par rapport à moi ! Enfin, elle était quand même assez forte … »

« C’est pour ça que tu essayes de cacher ta blessure à la joue gauche ? Tu n’arrêtes pas de poser ta main dessus comme pour éviter que je la regarde. »

HEIN ?! Il avait dit cela avec neutralité alors qu’elle bafouillait, cherchant à lui répondre avant de retirer sa main de sa joue gauche. Elle se tourna vers lui, présentant la légère éraflure au jeune garçon en marmonnant :

« C’est rien du tout. Rien de bien grave et … »

Elle pencha la tête sur le côté alors qu’il retirait sa main. Il ouvrit la bourse autour de sa taille, retirant un pansement avant de lui dire :

« Montres-moi ta joue … Je vais voir si c’est la bonne taille ou non. »

Elle hocha la tête sans un mot, rougissant légèrement tandis qu’il s’approchait d’elle. Hum … Ce n’était pas la bonne taille de pansement malheureusement. Il replongea sa main dans sa banane, en sortant finalement un pansement de moindre taille. Voilà … Cela semblait être beaucoup mieux. Il le déposa doucement sur la joue d’Herakié, celle-ci semblant avoir une bouffée de chaleur en vue de la rougeur qu’elle avait aux joues.

« Comme ma petite sœur va débuter dans le forage et le minage, je me dois de prendre des précautions au cas où elle se blesserait. » répondit-il à une question imaginaire qu’elle aurait pu posée si elle avait été capable de s’adresser à lui, chose impossible dans l’état dans lequel elle se trouvait à l’heure actuelle. Elle balbutia simplement un « D’accord. » alors qu’il rangeait toutes ses affaires sans plus de mots.

Voilà qu’ils étaient à nouveau en route pour marcher ensemble, le jeune garçon aux cheveux blonds restant définitivement muet tandis qu’elle-même semblait avoir quelques problèmes. Elle ne savait guère quoi dire mais elle devait bien trouver un sujet de conversation. Un autre … Un autre … Car c’était la première fois … qu’il faisait une telle chose.

« Alors … Euh … Comme ça … Jiane va bientôt travailler avec vous ? »

« C’est exact … Ca ne me plaît pas … Car ce n’est qu’une enfant … Mais … Depuis déjà plusieurs mois, elle n’arrête pas de se préparer. »

« Tu sais que tu es aussi un enfant, Earnos ? » répondit Herakié en lui faisant un léger sourire, le jeune garçon haussant les épaules. « Et puis … Si elle veut ressembler à son grand frère, ça se comprend … Tu es aussi un enfant … »

« Je le sais parfaitement … Mais bon … Pourquoi est-ce qu’elle veut faire pareil ? C’est pas un travail pour elle … Elle pourrait juste aller travailler avec ses grandes sœurs. Pourquoi est-ce qu’elle veut faire comme moi ? C’est pas normal. »

« Dis … Tu ne penserais quand même pas que les filles ne devraient pas travailler dans les mines, les grottes, tout ça parce que ce sont des filles ? »

Elle avait posé cette question avec un peu d’étonnement, le jeune garçon reculant sa tête comme pour réfléchir. Non … Ce n’était pas ça … C’était juste que … C’était juste …

« Ma petite sœur n’a pas travaillé à son âge … C’est tout. Voilà… » répondit-il en détournant le regard. C’était tout … Il n’avait pas besoin d’expliquer autre chose.

« Et c’est Earnos qui dit ça alors qu’il a commencé à travailler à l’âge de quatre ans. » répliqua Herakié en rigolant d’un air amusé.

« C’est pas pareil ! Pas du tout pareil même ! Ne mélange pas tout ! » s’écria Earnos avec un peu de colère bien qu’elle ne semblait guère imposante.

« Hihihihi …. Il suffit donc de juste parler de ta petite sœur pour que tu arrêtes d’être aussi … froid ? Je vais noter ça dans mon cahier comme ça, la prochaine fois, ça me permettra de m’amuser bien plus avec toi, Earnos. Mais tu sais … Ce n’est pas très grave hein ? Moi, je sais que tu aimes beaucoup ta famille et que tu n’as pas envie qu’elle continue à vivre comme ça. Tu es vraiment très gentil. »

« … … … Je veux juste travailler, Herakié … C’est tout. Je veux juste que ma famille n’ait plus besoin de souffrir pour ça. »

« Moi, je te comprend vraiment, Earnos. Juré ! » dit-elle avec entrain.

Il avait posé son regard sur la jeune fille. Qu’est-ce qu’elle y connaissait ? Comment pouvait-elle dire qu’elle le comprenait ? Il aurait aimé lui dire la vérité en face mais au final, c’est lui qui se trompait. Elle pouvait le comprendre … Surtout elle dans le fond … Puisqu’elle avait déjà perdu sa mère, elle voulait rendre son père heureux aussi. Pfff … Il passa une main sur le sommet du crâne d’Herakié, caressant celui-ci.

« Je veux bien te croire, Herakié. Allez … Ce que j’ai dit, je vais le faire … Nous allons rentrer chez toi non ? Même si il n’est pas tard, il ne faudrait pas perdre de temps. »

Il avait raison ! Elle serra avec plus d’insistance la main de l’Aspicot alors qu’ils recommençaient à marcher. Le chemin vers lequel se trouvait la maison de la Scarhino était loin d’être celui qu’il utilisait pour rentrer chez lui mais qu’importe … Il allait l’accompagner jusqu’à chez elle comme il l’avait signalé. Sur le chemin, il remarqua qu’elle lui jetait quelques regards discrets et furtifs bien que visiblement, il y avait encore du travail de ce côté.

« Un problème avec moi, Herakié ? »

« Il … Enfin … J’ai appris que tu as été voir les tournois pour les enfants qui veulent rentrer dans l’armée. Tu voulais y participer ? » demanda t-elle finalement, heureuse qu’il ait pris la parole en premier.

« PAS DU TOUT ! Je ne veux pas rentrer dans l’armée ! On en parle plus ! Je n’irai jamais dans l’armée ! Surtout pas ! » s’écria le jeune garçon alors qu’elle poussait un soupir de soulagement, lui répondant :

« Tant mieux … Car si tu allais dans l’armée, moi, je ne pourrai plus te voir … Et ça, c’est très embêtant pour moi … Beaucoup trop embêtant même. »

« Et je ne pourrai plus voir ma famille non plus. Donc, c’est pour ça que je ne voulais pas. »

Et puis … De l’autre côté, il n’osait pas dire qu’il s’était fait battre à plate couture par un Rapion … Et qu’il ne voulait pas protéger une princesse aussi … gamine … Mais ça, ça ne concernait pas la Scarhino, c’était du domaine du personnel. Il était temps d’accélérer le rythme car il lui semblait qu’ils n’avançaient guère. Elle chuchota en chemin :

« Dis … Earnos … Pourquoi est-ce que tu as accepté de m’accompagner aujourd’hui ? »

« Hum ? Comment ça ? Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« Ben … D’habitude … Tu ne veux pas … Tu te laisses juste attraper … Mais là, tu as dit oui. C’est pour ça que je suis si heureuse aujourd’hui ! »

« Je ne sais pas du tout … Herakié … Pas du tout, oui … »

Il n’arrivait même pas à se l’expliquer à lui-même. Depuis qu’il avait revu la princesse, il acceptait de plus en plus souvent d’accompagner Herakié. Peut-être comparait-il les deux filles ? Et il voyait à quel point Herakié était une fille très gentille, bien qu’un peu collante … Tout le contraire de la princesse Terria ! Au bout du compte, il discutait avec Herakié tout au long du chemin, arrivant jusqu’à la maison de la jeune fille et de son père. En dépit de ce qu’il pensait, la maison semblait plutôt bien entretenue. Il fallait dire qu’il n’était venu que de rares fois devant celle-ci. Cela devait même se compter sur les doigts de la main. Il eut juste le temps de réagir que les lèvres d’Herakié se posèrent sur sa joue gauche.

« Je vais marquer dans mon journal intime que tu m’as raccompagnée aujourd’hui ! Dis … Euh … Earnos … » murmura la jeune fille après sa légère exaltation. Elle se triturait les doigts, donnant un coup de pied dans le sol d’un air gêné avant de reprendre : « Dis … Earnos, tu viendras me chercher une nouvelle fois ? Enfin … Quand tu as le temps hein ? Quand tu ne dois pas trop travailler … »

« Si je ne suis pas trop fatigué … et que j’y pense, pourquoi pas ? Allez … Je vais rentrer … Car moi, j’ai encore du chemin à faire. »

« AU REVOIR, EARNOS ! Rentres-bien ! »

Elle avait crié de toutes ses forces, le saluant vivement d’un geste de la main alors qu’il s’éloignait peu à peu. Pfff … Il ne pouvait pas s’empêcher de sourire. Quel idiot … Voilà qu’il s’attachait un peu à Herakié … Comme quoi, il lui avait fallut trouver « pire » pour cela.

Chapitre 20 : La récompense de la princesse

Chapitre 20 : La récompense de la princesse

« Papa … Je rentre en avance, j’ai déjà terminé de travailler. » murmura le jeune garçon aux cheveux blonds alors que son père lui faisait un geste de la main.

« Tu as déjà prévenu le chef ? Si c’est le cas, d’accord. Par contre, ne rentre pas à la maison tout de suite, tu sais ce que ta mère et moi t’avons demandé. »

« Oui … Papa … Je vais aller voir … Pfff … » marmonna Earnos entre ses dents, s’éloignant de son père et du lieu de travail. Pfff … Vraiment … Pourquoi est-ce qu’il devait faire ça ? C’était de la faute à mademoiselle Florensia ça. Depuis qu’elle avait parlé de l’armée à sa mère, celle-ci en avait parlé à son père et voilà qu’ils n’arrêtaient pas d’en parler, avec un entrain bien différent de celui auquel il s’était attendu. Ils espéraient vraiment qu’il soit intéressé par ça ? Pfff … Ce n’était pas du tout son genre.

Depuis plusieurs mois, à cause de l’attentat envers la reine Seiry, le roi avait décidé d’organiser plusieurs tournois pour rechercher de nouveaux soldats. Enfin, ce qui était spécial, c’est qu’ils recrutaient même dans les enfants à partir de huit voir six ans … Donc c’était quand même un panel très large … Et pour éviter de prendre des soldats nullement motivés, des tournois parsemaient les villes et les villages. Ceux qui gagnaient ou montraient preuve d’une très grande volonté avaient la possibilité de rejoindre l’armée des insectes au plus bas de l’échelon bien entendu.
Et lui dans cette histoire ? Il n’en avait rien à faire mais ses parents voulaient quand même qu’il y jette un œil … Ca ne payait pas de mine et il s’en fichait royalement. Surtout que tout ça était pour protéger la reine et la princesse. Il ne voulait plus de cette promesse … Il aurait bien aimé revoir la reine pour qu’il puisse lui dire au sujet de la promesse … qu’il ne voulait plus la tenir … Mais bon … Il voulait juste protéger la reine … La princesse, elle n’avait qu’à se débrouiller seule puisque c’était dans ses habitudes de chercher les problèmes.

Enfin bon … Voilà qu’il avait dû partir quasiment à l’opposé du chemin habituel pour se rendre dans la ville la plus proche. Celle-ci semblait en effervescence et pour cause : Il semblerait que la princesse elle-même était présente pour présider au tournoi. PFFFFF ! Il valait mieux qu’il change de ville car sinon …

« Et pourquoi est-ce que je devrais me cacher à la base ? J’ai rien à me reprocher que je sache, moi. » marmonna t-il entre ses dents. C’était tout le contraire même … Il n’avait pas à partir car ELLE était là. NON ! Il n’était pas du genre à se mettre en colère ou en vouloir aux autres mais elle … Malgré que … La foreuse que lui avait donné l’Apitrini … Enfin … Même ça, il ne l’utilisait guère souvent. Il préférait celle que ses parents lui avaient offerte. Enfin, même si elle était cassée …

« Hey ? Petit ? Qu’est-ce que tu fais là ? T’es venu ici pour participer ? » demanda une voix, le garçon se tournant pour voir un homme en armure verte, une épée attachée à la ceinture. Un Insecateur ? Surement un soldat.

« Pas du tout … Je suis juste venu voir … C’est où l’endroit des spectateurs ? » répondit-il tandis que l’homme lui disait de venir le suivre. Quelques minutes plus tard, il se retrouvait dans les gradins, installé au premier rang car il était un enfant et donc qu’il ne pouvait voir que si il était assez près de la zone de combat.

Celle-ci était des plus basiques quand on la regardait bien : Un simple terrain herbeux. Enfin, il y avait quand même quelques coins où l’herbe n’était pas installée et de nombreux rochers de différentes tailles. Cela permettait à tous et à toutes de combattre sans problèmes. Bon … Il était juste venu voir … Même si il n’allait pas trouver ça …

« Ah. Je me disais aussi. » murmura t-il soudainement en même temps que son regard ne se porte sur la personne assise sur une tribune bien différente.

Ah … Plusieurs gardes et elle était là. Calme et assise, les mains posées sur ses jambes, elle balançait ses pieds en avant et en arrière, attendant avec impatience que les combats commencent. Pourquoi une telle impatience ? Car pour ces fameux tournois d’enfants et de jeunes adolescents, il y avait une certaine personne que le gagnant devait affronter. Cette personne était nulle autre qu’Holikan. Considéré comme le meilleur élément parmi les plus jeunes membres de l’armée, il était toujours là quand elle présidait un tournoi.

« Dans combien de temps le premier combat commence ? » demanda t-elle en s’adressant à une femme fortement protégée par une armure rouge, celle-ci ayant deux gigantesques pinces comme armes dans son dos.

« Hum ? Princesse ? Dans environ une quinzaine de minutes, veuillez prendre votre mal en patience. » répondit la femme avant que la jeune fille ne se mette debout.

« Je vais aller me balader un petit peu en attendant. Je promets de ne pas quitter l’arène. »

Oui mais non. La soldate fit un petit geste de la main, deux personnes venant accompagner la princesse alors que celle-ci faisait une petite moue boudeuse. C’était quoi ce manque de confiance ? Depuis que sa mère restait au château, elle n’avait plus essayé de faire des petites fugues … Enfin, beaucoup moins qu’auparavant quoi.

Hum ? Elle partait ? Tant pis. De toute façon, ce n’était pas son problème. Il s’en fichait pas mal dans le fond quand il y réfléchissait bien. Il devait juste attendre que le combat commence, qu’il y jette un œil, qu’il fasse semblant de s’exclamer de joie devant tout ça. Pfff … Vraiment, il n’avait pas que ça à faire. Pourquoi est-ce que les gens ne comprenaient pas ? Hum … Il passa une main sur son front, fermant les yeux avant de poser la seconde sur la bouche. Il était fatigué … Légèrement fatigué … Et ce n’était pas à cause du travail abattu.

Les combats se déclaraient les uns après les autres alors qu’elle semblait un peu soucieuse. Pendant qu’elle se baladait dans l’arène, elle avait cru apercevoir … euh le garçon Aspicot … EARNOS ! Oui ! Elle se rappelait de son nom maintenant mais … Qu’est-ce qu’il faisait là ? Est-ce qu’il allait participer au tournoi ? Il y avait très peu de chances. Elle n’avait même pas put lui parler mais en plus … Elle n’y arriverait pas.

« De toute façon … Il n’a même pas la foreuse que je lui ai achetée. »

La soldate Cizayox s’était tournée vers elle, se demandant à qui elle parlait alors que la princesse semblait un peu soucieuse et perdue. D’après ce que les Apitrinis avaient dit, il ne lui pardonnait pas car il avait dit qu’elle n’était pas assez courageuse pour le lui dire en face. C’était pas de sa faute ! Enfin … Pas totalement non plus … Elle ne faisait rien de mal …

Ennuyeux … Enfin … Non … Ca ne l’était pas … Mais pour lui, ça l’était … Il ne voyait pas pourquoi il devait regarder ça. C’était si intéressant que ça de se battre ? Lui ne voyait pas ce qu’il y avait de si bien dans tout ça. Oh … Loin de là même. Il poussa un léger soupir, passant une main dans ses cheveux blonds. Il n’allait pas regarder jusqu’à la fin de tout … Il s’arrêta de penser au même instant où son regard croisa celui de la princesse. Elle l’avait remarqué, n’est-ce pas ? Ils commencèrent à se fixer longuement, le jeune garçon clignant des yeux avant que la jeune fille ne le fasse à son tour.

«Qu’est-ce qu’elle a maintenant ? Elle m’a vu, je l’ai vue … C’est quoi le souci ? » marmonna t-il entre ses dents, détournant finalement le regard.

« Je suis sûre qu’il doit encore m’en vouloir … Il n’arrête pas de me regarder … Il doit se dire que je ne suis qu’une couarde. Ce n’est pas vrai mais … Snif … »

Snif ? Elle était triste à cause de lui ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Elle se frotta les yeux bien qu’elle ne pleurait pas. Elle ne comprenait pas … Pourquoi est-ce qu’elle pleurait à cause de ce garçon ? Il n’avait rien du tout de spécial pourtant. Et puis, était-ce parce qu’elle n’arrivait pas à faire qu’il soit de son côté ? A lui montrer qu’elle était une bonne princesse ? Même Olistar disait du bien d’elle … Alors pourquoi pas cet Aspicot ?

Il valait mieux fixer son regard sur le combat plutôt que sur la princesse. De toute façon, les soldats autour d’elle semblaient vouloir lui dire quelque chose. Il avait presque crut la voir pleurer. Elle faisait encore son numéro. Il en était sûr et certain. Pendant ce temps, lui, il n’allait plus s’intéresser au cas de la princesse, ce n’était plus son problème.
Les combats commençaient et se terminaient les uns après les autres jusqu’à arriver au clou du spectacle. Un combat contre le gagnant du tournoi et Holikan. Le gagnant était un adolescent d’environ quatorze ans Scarhino d’après ce qu’il remarquait. Par contre … Cet Holikan, la foule semblait l’apprécier grandement et lui-même le connaissait un peu … C’était un Yanma … Et surtout, le « fiancé » attitré de la princesse. A voir sa carrure et sa prestance, ça semblait bien lui correspondre.

« VAS-Y HOLIKAN ! FAIS DE … »

« Princesse ! Veuillez ne pas crier en public ! »

Voilà que toutes les têtes convergeaient vers la tribune où siégeait la princesse. C’était elle qui venait de hausser la voix avant d’être coupée par la soldate Cizayox. La jeune fille aux yeux rubis vint rougir légèrement, un peu gênée mais amusée à cause de ce qu’elle venait de faire. De son côté, sur le terrain, Holikan poussait un petit soupir, comme si il trouvait cela plutôt distrayant. Finalement, il s’était tourné vers son adversaire, disant :

« Avec la princesse derrière moi, tu comprends que je ne peux pas perdre. »

« J’AI TOUJOURS VOULUT VOIR CE QUE TU VALAIS ! » hurla le Scarhino en fonçant vers lui à toute vitesse, sa tête penchée en avant.

… … … Deux minutes ? Ou trois ? Tout ce qu’il savait, c’est que lui-même devait le reconnaître. Holikan … était fort … vraiment très fort … L’adolescent Scarhino ne l’avait guère réellement touché ou affecté … Ah … C’était quand même bizarre. Comment une telle personne pouvait servir la princesse ? Enfin, ce n’était pas son problème. En parlant de la princesse, celle-ci était descendue dans l’arène, venant récompenser Holikan en l’embrassant sur la joue. Elle se donnait en spectacle … comme d’habitude.

« Je ne vois pas ce qu’il y a de si bien avec l’armée. »

Il se leva, prenant sa foreuse avec lui avant de s’éloigner. Il était temps de rentrer. Tout ça ne l’intéressait pas le moins du monde. Lorsqu’il revint chez lui, sa mère le questionna ainsi que ses deux sœurs. Il répondit avec la plus grande franchise que cela avait été ennuyeux ou presque. Seul le combat contre Holikan avait relevé l’intérêt dans tout ceci. L’ainée des sœurs poussa un profond soupir. Non … Visiblement, cela ne servait à rien. On ne pouvait pas le forcer à apprécier quelque chose s’il n’en avait guère l’envie.

Chapitre 19 : Un complot contre la royauté

Chapitre 19 : Un complot contre la royauté

« Cela fait six longs mois depuis notre tentative d’assassinat échouée. »

La voix avait été directement au point central de la conversation qui allait avoir lieu. Une unique table faite de bois circulaire et de plusieurs mètres de diamètre. Une table gigantesque quand on y réfléchissait bien. Autour, une cinquantaine de personnes était assise, leurs regards dirigés vers l’unique être qui était debout. Au-dessus d’eux, un chandelier éclairait l’entièreté de la pièce qui était complètement vide à part la table en son milieu.

« Maintenant que les esprits se sont calmés, que nous ne sommes plus jugés rien qu’au regard, il est temps d’envisager un second plan ? » reprit la voix, celle-ci provenant de l’être debout.

« Pendant ses six mois, nous avons lancé une longue investigation pour essayer de voir comment s’en prendre à la reine mais cela a été impossible. La garde était beaucoup trop renforcée pour que nous puissions faire quelque chose de correct. » répondit l’une des personnes qui était assise, faisant des ronds avec son index gauche sur la table.

« De l’autre côté … Le temps s’écoule et donc nous avons de plus grandes chances d’y arriver maintenant. » annonça une seconde personne, à l’exacte opposée de celle qui avait pris la parole. « Mais il ne faut pas se rater cette fois-ci … Qu’importe le temps que cela prendra, nous devons nous préparer correctement. »

« C’est une bonne remarque de ta part. Cela nous changera un peu, il faut l’avouer. Bon … Avant d’imaginer un plan à ce sujet, quelqu’un peut-il nous donner des nouvelles de nos relations avec les Scorvols et les Scorplanes ? »

Finalement, l’être qui était debout par rapport aux autres se retrouva assis alors qu’il faisait un petit geste de la main pour dire aux autres de commencer à parler. Ils se regardèrent, certains tournant la tête vers ceux en face, à gauche ou à leur droite. Aucun n’osait prendre la parole, de peur de dire une bêtise ou alors de mettre en colère celui qui semblait diriger les opérations. Néanmoins, après deux minutes de silence, une personne dit :

« Même si cela fait six mois, les Scorvols et les Scorplanes ont encore une rancune assez tenace par rapport à ce qui s’est passé. »

« Que cela leur plaise ou non, ce n’est pas un problème. Sont-ils toujours avec nous ou non ? » demanda l’être qui s’était assis il y a peu.

« Ils continuerons de nous écouter et de nous suivre si vous l’ordonnez. » reprit la voix qui avait finalement de mettre un terme au silence.

« Tant mieux alors … Ce problème s’est résolu de lui-même … Si nous pouvions dire qu’il y en avait un à la base. » termina l’être qui se redressa de sa chaise.

Il ne pouvait pas rester en place … Il semblait être parcouru par mille pensées comme si il se devait de voir beaucoup plus loin que dans les évènements actuels. Ah … Bon … Maintenant que ce point était réglé, il fallait s’attarder sur un autre, un autre qui avait aussi son importance. Comme à chaque réunion, il fallait prendre des nouvelles sur tous les fronts pour ne pas laisser la possibilité d’avoir une nouvelle erreur.

« … … Et maintenant … Passons à l’autre sujet pour ne pas avoir de mauvaise surprise. Avez-vous des nouvelles à me donner par rapport aux relations des Rapions, Drascores et du royaume ? Est-ce que ces relations ont empiré ou alors ? » reprit la personne debout.

« … AHEM … » marmonnèrent plusieurs voix en même temps, signe que la tension montait subitement d’un cran lorsqu’il avait posé cette question.

« Et bien ? J’attends une réponse … Et cette fois-ci, je la veux le plus rapidement possible. C’est à cause d’eux que notre précédente tentative a été un échec. »

« Euh … Malgré ce qui s’est passé et les paroles du roi, il semblerait que les relations entre ce peuple et le royaume restent quand même assez neutres voir bonnes … Les tentatives de la reine sont toujours ancrées dans leurs esprits et ils savent que ce n’est pas de leur faute pour cette tentative d’assassinat. Non, c’est même le contraire. Malgré le fait qu’elle ne vienne plus et les paroles du roi, leur ambassadeur continue d’être auprès de la princesse et il semblerait que la jeune fille soit à ses côtés pour bien montrer au peuple que le travail commencé par la reine ne sera pas terminé. »

Toutes les têtes convergèrent vers la personne qui avait fait cette longue tirade. Une femme aux cheveux rouges. Ceux-ci semblaient prendre la forme de trois pointes dont celle centrale était plus grande que les deux autres. Enfin, elle avait une paire de lunettes devant ses yeux bleus, jouant avec une fiole entre ses deux doigts.

« Hum … C’est assez rare que tu prennes la parole, Eriastée. » murmura une voix juste à côté de la femme, celle-ci répondant aussitôt :

« Je n’aime pas parler pour ne rien dire, c’est là toute la nuance. »

« Ne commencez guère à vous disputer. Hum … Visiblement, c’est une mauvaise nouvelle. D’après ce que j’ai appris personnellement, il semblerait que la reine aura bientôt à nouveau le droit de se rendre dans le désert. Comme il ne s’est rien passé depuis des mois, le roi semble de moins en moins réticent à ce qu’elle recommence son rôle d’ambassadrice. »

L’être qui était debout commença à faire les cent pas, se mettant à réfléchir à la situation. Ce n’était guère quelque chose de favorable mais il n’y avait pas cinquante solutions. Soit ils profitaient du fait que la reine était dans le royaume, soit ils attendaient qu’elle retourne dans le désert. Subitement, une voix s’éleva parmi les membres assis :

« De mon côté, j’ai appris que les Rapions et les Drascores ont bien précisés qu’ils accompagneraient la reine dans le moindre de ses déplacements dans le désert, que cela soit à l’entrée de celui-ci, soit dans le lieu où ils vivent. Ils veulent absolument éviter une nouvelle catastrophe et surtout, ils ont l’air de réellement tenir à cœur cette idée de réconciliation. Néanmoins, j’ai remarqué aussi que pas mal de dissidents Rapions et Drascores continuent de garder leur haine envers leur royaume intacte. Nous pourrions en profiter et tenter de dialoguer avec eux ? Si ils se retrouvent près de la reine … »

« Visiblement, cela doit être une journée très spéciale, Faros. Toi aussi, tu n’es pas enclin à t’adresser aux autres pendant la réunion. » coupa l’être debout, son visage tourné vers celui qui venait de parler. « Mais continues donc. Nous t’écoutons. »

« Je disais donc que si nous tentions de communiquer avec eux, nous pourrions alors être près de la reine et la tuer sans même qu’elle ne le remarque. Néanmoins, j’ai déjà pensé aux éventuels problèmes. Il se pourrait qu’ils fassent double jeu. Malgré leur répugnance à l’idée de revenir dans le royaume, ils ne seraient pas de notre côté et c’est pour cela que si nous leur parlions de l’idée d’assassiner la reine, cela a un risque de se retourner contre nous. »

La personne avait finalement de parler, poussant un profond soupir. Dans le fond, sa longue diatribe n’avait pas servit à grand-chose, juste à signaler que tout cela n’allait pas être simple. Il avait une paire de lunettes rouges sur ses yeux, des lunettes assez spéciales. Celles-ci semblaient transformer le regard en yeux à facettes, comme le serait ceux d’une mouche. Enfin, il avait des cheveux violets ébouriffés un peu partout, cheveux dans lesquels il passa sa main d’un air absent. L’être debout reprit la parole :

« … … … Nous avons tout le temps de réfléchir à ce projet … Visiblement, nous devons d’abord renforcer nos relations avec les Scorvols et les Scorplanes. Ce seront eux les fers de lance de notre assaut … N’hésitez pas à garder un ou deux d’entre eux avec vous si cela s’avère nécessaire. Je terminerai cette réunion par un petit rappel. Soyez discrets, très discrets … Depuis cet attentat échoué, tous et toutes sont dans la ligne de mire du roi. C’est pourquoi nous avons retiré une bonne partie de nos membres et avons changé de locaux toutes les semaines et tous les mois. C’est une mesure de précaution pour éviter d’avoir de sérieux ennuis. Je vous conseillerai simplement de faire attention … Réellement attention. Nous avons même refusé plusieurs races souvent proches envers l’armée car nous ne pouvons leur faire confiance … Notre projet est beaucoup trop grand pour qu’un grain de sable ne vienne enrayer ses engrenages. Est-ce bien compris ? »

« Si la princesse commence à suivre les ambitions de la mère, devrions-nous … » commença à dire une des personnes assises bien que tous se levaient peu à peu.

«  Cela me parait évident, n’est-ce pas ? Nous voulons mettre un terme à la royauté … Pour cela, nous devons tuer ce qui est à sa source … et ses racines … La race des Apireines doit disparaître à tout jamais. La fille y passera aussi mais c’est la reine dont nous devons nous occuper en priorité. Son enfant ne sera guère difficile à éliminer. » termina l’être avant d’émettre un long bourdonnement aiguë. Puis quelques secondes plus tard, il n’était plus là. Certaines personnes se regardèrent tandis que les autres quittaient la place. Un bâtiment s’effondra, lieu où ils s’étaient tous réunis pour discuter. Il ne devait y avoir aucune trace qui permettrait aux agents royaux de les retrouver.

Chapitre 18 : Ce qui est caché

Chapitre 18 : Ce qui est caché

Depuis qu’il avait parlé de tout ça, il restait plongé dans son mutisme. Aucune parole ne sortit de sa bouche tandis qu’il fronçait un peu les sourcils. Il ne savait pas quoi dire … ou quoi faire … Il écoutait tout simplement ce que les deux femmes disaient. Ses deux sœurs aînées étaient parties avec ses deux sœurs cadettes pour leur montrer les fleurs de la boutique. Lui ? Il ne savait pas quoi faire … La boutique n’était pas si éloignée de cet endroit et …

« Maman ? Est-ce que je peux partir ? » demanda t-il avec lenteur.

« Tu laisses la foreuse ici … Car je ne veux pas que tu partes travailler. Je te connais que trop bien. » répondit-elle aussitôt, le jeune garçon semblant offusqué par les propos de sa mère.

« Je ne comptais pas … aller creuser des tunnels … Papa me l’interdirait … Et puis, je serai déjà trop en retard. Non … Mais en fait, je voulais aller la voir. » reprit-il, la femme aux cheveux rubis fronçant légèrement les sourcils, comme si elle comprenait parfaitement de qui il parlait. Elle poussa un profond soupir, disant :

« Vas-y donc … De toute façon, je ne pourrai pas t’en empêcher … »

« Vas-tu aller voir cette Munja ? » interrogea Florensia tandis qu’il reprenait :

« Comment … vous le savez ? Que c’est une Munja ? Je ne vous l’ai jamais dit pourtant. »

« Disons que ta mère aime beaucoup parler quelques fois. » dit la fleuriste, la mère d’Earnos détournant le regard en souriant légèrement. Mais elle racontait toute sa vie ou quoi ? Enfin bon … Puisqu’il avait l’autorisation, il pouvait partir alors. Il prit quand même sa foreuse, quittant la pièce puis la boutique de fleurs avant que ses sœurs ne lui posent de questions.

PFIOU ! Ca s’était passé sans aucun problème. Sa foreuse dans ses mains, il se mit à courir à toute allure pour mettre le plus de distance avec la boutique de fleurs. Ce n’est pas qu’il n’aimait pas cet endroit, c’était simplement qu’il préférait aller voir Douély. Il arriva dans le quartier des Munjas de la ville, plusieurs têtes se tournant vers lui. Toujours les mêmes paroles … Toujours les mêmes mots …

« Pourquoi est-ce que tu revenu ? Pourquoi ? » murmura un Munja à sa droite alors qu’il avançait sans même s’en préoccuper plus que ça des Munjas.

« Tu viens encore la voir ? Nous côtoyer ne t’apportera que du malheur … Il vaut mieux ne pas s’attacher à nous. Le temps n’a aucun effet sur nous. »

Un second Munja s’était adressé à lui alors qu’il tentait de l’ignorer. Ils avaient toujours le même discours … Alors pourquoi les écouter hein ? De toute façon, il ne venait pas pour eux … mais pour une seule personne, ce n’était pas bien compliqué pourtant. Allez ! Il arriva devant la porte de la demeure de Douély, déposant sa foreuse sur le côté avant de toquer. Quelques secondes plus tard, la voix de la Munja demanda :

« Qui est-ce ? Oh … Que je suis bête, il n’y a qu’une seule personne qui vient me voir. »

« C’est … C’est moi, mademoiselle Dou … » tenta t-il de répondre avant que la porte ne s’ouvre, un bras le tirant à l’intérieur. Il se retrouva enlacé par la Munja, se laissant faire.

« Alors, qu’est-ce qui t’emmène ici ? Je n’attendais pas ta visite, je dois l’avouer. »

« Et bien … Euh … Ma famille allait voir la fleuriste et moi, je pensais que c’était mieux que je vienne vous dire bonjour. J’espère que je ne dérange pas. » murmura t-il d’une voix légèrement intimidée en baissant la tête. La femme retira ses bras d’autour de son dos.

« Mais tu ne me déranges nullement ! Je suis même plutôt heureuse que tu aies préféré venir me voir plutôt que d’aller chez une fleuriste. Comme quoi, tu as de bon goût. »

Elle émit un grand rire sonore alors qu’elle venait l’installer sur une chaise. Elle était debout, passant à côté de lui alors qu’il était au final devant une table. Il était vrai qu’il avait un peu faim … Il n’avait pas mangé depuis le départ de la maison. Est-ce que Douély avait compris ça ? C’était à se demander comment elle faisait.

« Que veux-tu manger, Earnos ? Je te fais ce que tu aimes pour la peine. » dit-elle avant de se diriger vers la cuisine, le jeune garçon lui répondant :

« Euh … Comme vous voulez, mademoiselle Douély. Je n’ai … »

Il se stoppa au moment même où il se prit une claque derrière le crâne. Sans être violente, elle avait quand même réussi à lui faire pencher la tête en avant alors qu’il se retournait. Qu’est-ce que … Une ombre ?! Il voyait une ombre avec une main ?! Celle qui venait de le baffer ! Qu’est-ce que ça voulait dire ?!

« Cela t’apprendra … Visiblement, les années passent mais toi, tu oublies beaucoup de choses. » alla dire la voix de Douély dans la cuisine.

« Mais comment … C’est … Euh … De quoi ? Mais cette main … »

« Allons … Je suis une Munja … Je suis une femme inquiétante, très inquiétante, ne l’oublies pas, Earnos. Je pourrai te dévorer tout cru sans même que tu réagisses. »

Dévorer tout cru ? Le ton avait été des plus sérieux alors qu’il se mettait à trembler. Il n’aimait pas vraiment quand elle parlait comme ça. C’était plutôt inquiétant et effrayant … Il regarda à nouveau derrière lui, n’apercevant plus l’ombre alors qu’il se demandait pourquoi il s’était pris une claque. Elle revint quelques minutes plus tard avec de quoi manger, déposant le repas devant le jeune garçon.

« Et au passage … Si tu ne sais pas pourquoi tu t’es pris une baffe, je te conseille de te rappeler comment tu m’as appelée et comment tu me parles … »

« Euh … Et bien, je vous ai … AH ! Je sais ! » s’écria t-il subitement alors qu’elle venait lui faire un grand sourire, le garçon reprenant : « Je ne dois pas te vouvoyer et je ne dois pas dire mademoiselle Douély. C’est ça ? »

« C’est exact. Tu vois ? Tu commences à apprendre correctement … Alors bon …. Qu’as-tu de beau à me raconter aujourd’hui, Earnos ? »

Elle s’était assise en face de lui, ses deux coudes posés sur sa table alors qu’il commençait à lui raconter comment sa mère avait réussi à l’emmener de force chez la fleuriste. Il lui expliquait ce qui s’était passé là-bas avec la question de Florensia au sujet de l’armée des insectes et toutes ces choses. Quand il eut terminé, elle semblait songeuse bien que cela était impossible à voir à cause de tous les bandages sur son visage.

« Hum … L’armée des insectes … Il est vrai que tu es plutôt spécial comme petit garçon, n’est-ce pas ? Mais je ne crois pas que tu aies la mentalité pour être un soldat si tu veux mon avis. Tu es encore qu’un enfant non ? Et je pense qu’avec ton caractère, ça ne passerait pas du tout. J’espère que tu n’es pas fâché par ce que je viens de dire et … »

« Pas du tout … Et puis … Je ne veux pas rentrer dans l’armée … Je veux juste travailler pour que ma famille n’ait pas de problèmes avec l’argent. » répondit-il alors qu’il était presque certain que la jeune femme souriait.

« Tu sais que si tu travaillais dans l’armée, tu gagnerais beaucoup plus hein ? »

« Oui mais … Je ne verrai plus mon papa et ma maman … C’est pas la même chose … Et puis, je ne veux pas aller protéger la princesse Terria. »

« Ah … La princesse Terria … Assez incontrôlable, n’est-ce pas ? J’ai pu la voir quelque fois lorsqu’elle tentait de venir dans ce quartier. Elle adore visiter les villes en catimini. Heureusement que notre royaume n’est pas si grand que cela et que les villes sont reliées entre elles … Sinon, il y aurait de fortes chances qu’on ne la retrouve jamais. »

« Je m’en fiche d’elle … dorénavant … »

RAHHHH ! Elle poussa un petit cri ravi en voyant la mine boudeuse d’Earnos. Il avait fini de manger tout en ayant parlé et elle vint essuyer ses lèvres avec une serviette. Elle le savait rouge de gêne mais elle-même, ça ne l’embêtait pas du tout. Loin de là même … Elle était tellement … ravie de voir le jeune garçon ainsi.

« Earnos ? » demanda t-elle alors qu’ils étaient maintenant assis sur un fauteuil, le jeune garçon installé sur les jambes de Douély. « Tu sais ce qu’il va se passer dans six mois ? »

« Je vais avoir dix ans … Mais je ne sais pas si j’aurai mon cadeau de ta part. »

« Hum ? Tu ne t’estimes pas capable de l’avoir ? » dit-elle avec un peu d’étonnement dans la voix alors qu’il faisait un petit geste positif de la tête. « Roh … Tu ne veux pas faire des efforts pour le recevoir alors ? Peut-être que ce n’est pas assez bien ? »

« Non non ! C’est très bien ! C’est juste que … Je ne doive pas le dire … même si ça fait longtemps … Mais … J’ai pleuré quand ma foreuse s’est cassée à cause de la princesse Terria. Et on avait dit que je ne devais plus … »

« Je t’arrête tout de suite. » le coupa t-elle. « Si tu viens de me dire la vérité, cela contre le fait que tu as pleuré. Ainsi, tu n’as pas à t’en faire car tu mérites quand même ce cadeau. Sauf si bien sûr, tu veux changer d’avis. Je comprends qu’à force, tu n’as plus vraiment envie d’avoir cela. Tu grandis, tu n’as plus quatre ans. »

« NON ! Je veux vraiment te voir sans tes bandages ! Tu me l’as promis ! » s’écria t-il en se redressant, semblant sur le point d’être en colère.

« Même si tu as dix ans ? Tu sais, tu pourrais me demander autre chose. »

« Je veux juste te voir ! C’est tout ! J’ai pas besoin d’autre chose ! » reprit-il en tapant du pied sur le sol. Hum ? Il allait piquer une crise ? Ca serait bien la première fois … Mais bon … Elle était heureuse … Et pourtant …

« Tu sais bien que c’est un cadeau plus que futile et éphémère, n’est-ce pas ? »

« Mais c’est important ! Tu as dit que les Munjas ne se montraient qu’aux personnes en qui ils avaient confiance ! Si tu te montres, ça veut dire que je serai de confiance ! Et donc, que je serai plus grand qu’on ne le croit ! »

Les paroles étaient celles d’un enfant, le ton aussi mais … Elle voyait plus loin que ça. Elle déchiffrait les mots à travers les phrases. C’était donc cela ? Il voulait grandit avant l’heure ? Mais aussi lui montrer qu’elle lui faisait confiance.

« Tu l’as déjà gagné depuis toutes ces années, Earnos. » répondit-elle alors qu’il ne comprenait pas de quoi elle parlait. Il avait gagné quoi ? « Ferme les yeux, Earnos. Je vais te donner te faire sentir un petit aperçu. »

Hein ? Comment ça ? Il ferma ses yeux, tremblant un peu. Il entendait le frottement de quelque chose que l’on retirait … Puis aussi le bruit d’un objet qui tombait au sol.

« N’ouvre surtout pas les yeux sinon, tu peux considérer que tu as tout perdu. »


Alors il n’allait surtout pas ouvr… AHHHH ! Qu’est-ce que … Il sentait une joue qui se frottait contre la sienne. Non … Ce n’était pas un frottement … C’était plutôt comme si elle la collait … Et puis, il sentait le souffle de Douély qui venait frôler le bas de son oreille. Brrrr ! Il ne devait pas ouvrir ses yeux … Il savait ce qu’elle faisait. Elle avait retiré ses bandages au niveau de son visage. C’était … C’était … Les lèvres se posèrent sur sa joue avant qu’il ne s’écroule au sol, évanoui par le trop plein d’émotions ressenti.

Lorsqu’il rouvrit ses yeux, il vit le visage bandé de Douély alors qu’il tentait de redresser sa tête. Néanmoins, elle l’en empêcha d’un geste de la main, lui disant de rester couché sur ses genoux. Il était … sur ses genoux ? Qu’est-ce qui s’était passé ? Elle lui raconta qu’il s’était évanoui et lui annonça que tout cela avait été dû à une trop forte émotion conjuguée à une grande fatigue, beaucoup trop grande pour un aussi petit corps.

« … … … Maman avait raison … J’ai dormi longtemps ? » murmura t-il sur un ton coupable.

« Tu semblais si bien installé qu’il s’est passé plusieurs heures. »

« AH ! Mais je dois partir alors ! » s’écria le jeune garçon aux cheveux blonds, se redressant aussitôt. Douély le laissa faire, ne pouvant l’arrêter, disant simplement :

« Et bien alors … Bonne soirée, Earnos. Nous nous revoyons bientôt ? Car aujourd’hui, on peut considérer que c’était une journée de repos. »

« Bien sûr que oui, mademois… euh … Douély ! Au revoir ! »

Elle l’accompagnait jusqu’à la sortie de sa maisonnette. La nuit semblait être sur le point de tomber. Il était parti depuis aussi longtemps ?! Il récupéra la foreuse qu’il avait laissée devant la porte, heureux de voir qu’elle n’avait pas été volée. Il salua la Munja d’un geste de la main, celle-ci faisant de même. Lorsqu’il ne fut plus qu’un point dans l’horizon, elle ferma la porte derrière elle, s’adossant contre le rempart.

« Qu’est-ce que … ça veut dire ? Ce que j’ai senti … autour de lui … La mort … Il avait une telle aura … autour de lui … Je crois que … je vais devoir raccourcir les espaces entre ses cours. » souffla t-elle pour elle-même, la tête dirigée vers le sol. Ce n’était pas … une erreur. Le fait d’avoir gardé le jeune garçon contre elle lui avait permis de voir cela. Elle était maintenant inquiète. Elle ne voulait pas que cela arrive … Pas sur lui.