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Chapitre 18 : Souffrir seul

Chapitre 18 : Souffrir seul

« Téoooooo ! Téooooooo ! » cria Bel alors que le matin venait à peine de se lever.

« Bel … Tu ne veux pas arrêter ? Certaines personnes dorment encore à cette heure-ci. Tu n’as même pas dormi correctement cette nuit. » répondit Touko, la suivant avec lassitude.

« Mais peut-être que Téo n’est pas loin. Je dois le retrouver avant qu’il ne soit trop tard. »

« Hum … Et si tu le laissais souffler un peu aussi ? C’est peut-être pour ça qu’il ne t’apprécie pas, contrairement à ce que tu veux croire. »

« Mais ce n’est pas vrai. Tu as entendu le professeur hier ? Il ne me déteste pas ! Et puis, il doit maintenant se sentir tout seul. » répondit calmement Bel mais avec un grand sourire aux lèvres. Elle ne perdait pas du tout son caractère …

« Humpf … Fais comme tu veux bien que je pense qu’il y a une autre solution que de réveiller toute la ville avec tes cris. Par contre, les garçons dorment encore. Des grosses larves … »

Une autre solution ? Elle voulait bien l’entendre. Mais Touko resta muette, ne semblant pas se préoccuper de ce qu’elle disait il y a encore quelques secondes. Bon ! Ben, comme elle ne voulait pas en parler, elle n’allait pas perdre plus de temps avec ça ! Elle recommença à crier, du moins, elle essaya avant qu’une main ne se mette sur sa bouche.

« Ah non ! Tu vas t’arrêter ! Ce n’est pas humain de torturer les gens de la sorte ! »

« HUMPF ! HMMMF ! HUMPF ! » marmonna l’adolescente aux cheveux blonds, essayant de retirer la main de Touko sur sa bouche.

« Non, je ne te lâcherai pas. Tu as intérêt à te calmer avant qu’il ne soit trop tard … Respire un bon coup, reprend ton souffle et ensuite, je te retire ma main. Tu me promets de ne pas crier ? Bel ? Tu me le promets ? »

« … … HUMPF ! » dit Bel alors que Touko retirait sa main. « AH ET BIEN MERCI ! MAIS POURQUOI EST-CE QUE TU AS … »

« Mais tu ne m’as pas écouté ! » s’écria Touko après lui avoir remis la main sur la bouche. « Et dire que j’avais une idée pour que tu puisses retrouver à coup sûr Téo. »

Bel s’arrêta aussitôt dans ses mouvements, étant particulièrement tranquille tandis que Touko l’observait pendant quelques secondes. Hum … Bon … Est-ce qu’elle était vraiment calme cette fois ? D’après le regard émeraude, c’était le cas. Elle retira sa main, s’apprêtant à la remettre aussitôt que Bel ouvrit la bouche. Pourtant, ce fut d’une voix inquiète que Bel pris la parole, murmurant faiblement :

« Alors … Dis … Dis … Dis-moi c’est comment que je peux retrouver Téo ? »

« Hum ? Te voilà bien docile. Dorénavant, si je vois que tu continues à faire la folle, je crois que je te menacerai de faire du mal à Téo. Je suis sûre que ça marchera parfaitement. » répondit Touko, Bel posant ses mains sur ses épaules.

« S’il te plaît ! Tu ne m’as pas dit ce que je dois faire ! Téo est tout seul ! »

« Hum ? Je t’ai déjà dit de te calmer ! Mais sinon, l’idée est toute simple. Il faut juste que l’on accélère le rythme et ensuite, nous nous rendons à l’arène pour le second badge. Si nous nous dépêchons, nous arriverons avant lui. Bien entendu, il faudra questionner la championne de l’arène pour être sûr qu’il ne soit pas déjà en possession du badge. »

« Et ensuite, s’il n’a pas son badge, je l’attends discrètement derrière un mur et je lui fais la plus grosse surprise de sa vie ! »

« … … … Quand tu parles comme ça, tu me fais vraiment peur, Bel. Tu le sais ? » dit Touko alors que l’adolescente aux cheveux blonds rigolait fortement. Pourtant elle semblait plus qu’apprécier l’idée de son amie d’enfance.

« Hihihi ! Pourtant, je ne suis pas effrayante ! Mais il faut que j’aille capturer un troisième pokémon pour l’arène ! Ce n’est pas facile du tout ! »

« Euh … Tu n’as pas besoin d’avoir un troisième pokémon. D’après ce que j’ai appris, il n’y a que deux pokémons à affronter. Donc tu n’as pas à t’en préoccuper d’en avoir un troisième. »

« Alors je vais entraîner mes deux pokémons ! » termina-t-elle de dire avec un grand sourire. Ah … Bon … S’il suffisait simplement de parler de Téo pour qu’elle soit aussi joyeuse, c’était bien plus simple à noter pour les prochaines fois. Ce Téo … Qu’est-ce qu’il avait de si spécial pour mettre dans cet état Bel ? Vraiment, elle ne comprenait pas.

Ailleurs, l’adolescent au béret rouge et aux cheveux noirs était en sueur, marchant avec lenteur. Il commence à tousser violemment alors qu’il s’arrête de marcher. Il posa une main sur un arbre, respirant bruyamment.

« Aller … La ville n’est pas si loin que ça … Pas du tout même. J’y suis presque. Maillard est à portée de la ville. Ah … Ah … J’aurai dû en prendre plus. »

« Vipé ? VIPELIERRE ! » s’écria aussitôt Vélicia en remarquant le visage rouge de l’adolescent. Il était en chaleur ou quoi ? Non … D’après ce qu’elle remarquait, ce n’était pas du tout ça. Il se sentait mal … très mal même.

« Non, non … T’as pas besoin de gueuler, Vélicia. Je vais bien. Faut juste qu’on trouve la ville et ensuite … Et ensuite … On verra plus tard. »

« Larveyette ? Larve, larve ? » demanda la petite chenille alors qu’il cherchait à rassurer ses deux pokémons. Bon … C’était juste … un petit problème. Rien de bien grave. Ah … Il n’y avait pas du tout à s’en faire à son sujet.

« Je vais vous prouver que je vais bien. Regardez-moi ! »

Avec lenteur, il recommença à marcher. Du moins, il faisait un pas en avant par un pas, l’autre pied se traînant lamentablement au sol. Sur son visage, on pouvait apercevoir toute la souffrance de cette action. Des lianes l’empêchèrent d’avancer plus longtemps, Vélicia le regardant avec un peu de colère. Elle reprit :

« Vipé ! Vipélierre, vivi, vipélierre ! »

« D’accord … Je me repose juste cinq minutes. Pas besoin de t’exciter sur moi sinon je t’abandonne directement, c’est compris ? »

Il pouvait toujours parler, il savait qu’il n’était pas écouté par ses pokémons. Mais bon … Il ne pouvait rien y faire. Il vint s’asseoir contre un arbre, sans sourire, ni rien. Ah … Ah … Qu’est-ce que ? Ils étaient au beau milieu de l’après-midi et pourtant, Vélicia sortit la couverture offerte par la Team Plasma pour la mettre sur lui.

« Vipé … Vipérlierre, vipé, vivivi … Vipélierre. »

« Je ne suis pas en état critique … Même si c’est vrai que … J’ai un peu froid. » murmura-t-il faiblement alors que sa main droite fouillait dans le sac banane qu’il ouvrit. « Je peux te demander quelque chose ? Car je ne crois pas que Lisanée en sera capable … »

« Vipé ? Vipélierre ! Vipé vivi vipélierre ! »

« Merci bien … Car tu peux te déplacer plus rapidement qu’elle. Bon … Tiens … » chuchote l’adolescent, sortant les petites boîtes de caoutchouc complètement vides. Il les tendit à la Vipélierre, celle-ci les récupérant grâce à ses lianes. « Essaye de trouver quelqu’un ou quelque chose … Ou je ne sais quoi … Je vais t’attendre avec Lisanée. »

C’était plus grave qu’il ne le faisait croire. Il avait l’air calme et serein, comme habitué à tout ceci. Mais pourtant, elle était aussi inquiète que la Larveyette. D’ailleurs, Lisanée avait poussé des petits cris, Vélicia retirant la couverture. Qu’est-ce que… La petite chenille commençait à cracher sa sécrétion, enroulant ses jambes puis son corps et ses bras dans une toile solide jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que la tête qui soit au-dehors.

« Qu’est-ce que … tu fais ? »

« Larveyette ! Larve ! Larveyette ! » cria la petite chenille, grimpant sur le cocon de toile jusqu’à venir se loger juste au niveau du col de l’adolescent. Elle avait pénétré dans le petit espace entre le haut du cocon et le cou de Téo.

« Idiote … Tu n’as pas besoin de faire tout ceci pour moi. S’il te plaît, Vélicia. »

« Vipélierre ! » annonça la pokémon avant de faire apparaître d’autres lianes. Aussitôt, elle se balança d’arbre en arbre, disparaissant au loin tandis qu’il poussait un profond soupir.

« Si on m’avait dit un jour que je devrais compter sur mes pokémons … pour tout ça … Je n’y aurai jamais cru. Je pose plus de problèmes que je n’en résous … »

« Larve ? » demanda la pokémon en le regardant de ses petits yeux globuleux. Elle pencha le front en avant, les petites boules dessus tentant de trouver le front de Téo. Il se pencha faiblement, nouant le contact entre lui et sa pokémon. Ah … Vraiment … C’était bizarre qu’il réagisse ainsi. Pourtant, il se laissa faire, la pokémon poussant un petit cri inquiet.

« Bon … T’en fais pas, c’est devenue une habitude. Mais bon … Je le montres pas … »

Pourtant, la pokémon restait quand même un peu inquiète. Inquiète, inquiète, inquiète. S’il était devenu un dresseur, c’était pour éviter les inquiétudes. Bon … Il ferma les yeux, la Larveyette revenant s’installer correctement. Brrr … Et il en était certain … Qu’est-ce que Bel se serait imaginé hein ? S’il avait été dans cet état.

« Elle aurait encore piqué une crise et m’aurait rendu encore plus malade que je suis maintenant. Euh … Bon … Par contre, de toute façon, elle n’est pas là. »

Et si elle avait été là, il lui aurait hurlé dessus, quitte à ne plus avoir de voix. Ah … Bon … Les yeux fermés, il devait se laisser tranquille. Ah … Non vraiment, il ne devait pas dormir. Il ne devait pas avoir l’envie de dormir. C’était la pire des choses à faire. Il devait dialoguer … avec sa Larveyette. Il prit la parole une nouvelle fois :

« Lisanée ? Tu veux bien parler avec moi ? De tout et de rien … »

« Larve ? Larveyette ? Lalala ! Larve lar … » répondit avec douceur la pokémon.


Tant mieux alors … Mais maintenant, il devait réfléchir à quoi il devait parler. Un sujet … Un sujet de conversation tout simple. Il devait parler, dialoguer, faire quelque chose. Il rouvrit ses yeux, regardant la petite créature qui l’observait elle aussi. Purée … Pourquoi est-ce qu’il n’avait pas pris un Venipatte ? Ca aurait été plus … viril ou fort non ? Enfin … Bon, peut-être que c’était pas le plus impressionnant comme pokémon.

« Alors, qu’est-ce que tu faisais avant que je te capture par inadvertance ? Car tu traînais avec un Venipatte non ? Ou alors, vous vous affrontiez tous les deux ? »

« Larveyette ! Larve larve, larveyette, yette ! »

« Vous étiez alors en train de vous bagarrer … Je vois, je vois. »

« Larveyette … Larveyette … Larve ! » répondit avec entrain la petite créature.

« Hum ? Et tu dis que tu m’aimes bien et que ça ne te gêne pas que je t’ai capturé ? Je l’espère bien … Car sinon, ça risque de poser quelques problèmes lorsqu’il faudra que tu combattes pour moi. Tu penses pouvoir m’écouter ? »

Elle ne lui répondit pas, ayant fermé ses yeux tandis qu’il se retrouvait en train de soupirer. Bon … D’après ce qu’il avait compris, ce n’était pas encore pour maintenant qu’il allait recevoir de l’aide. Le plus gros souci … C’était de se faire comprendre. Est-ce que la Vipélierre allait réussir ou non ? Car malgré le cocon et la couverture qu’avait mise Vélicia avant de partir, il avait un peu froid.
« Brrrr … Si ça ne tenait qu’à moi … Je n’aurai jamais décidé … de faire ça. »

Mais bon, c’était ainsi. Et il avait pris sa décision lorsqu’il avait remarqué à quel point la vie était difficile. C’était pour ça … qu’il était maintenant assis contre un arbre, en train d’agoniser comme une créature blessée. Bon … Ce n’était pas la fin … Enfin pas encore. Mais là … Il ne pouvait plus tenir. Il était tellement fatigué, tellement exténué … Il ferma ses yeux à son tour, plongeant dans un sommeil profond.

« Vipélierre ! Vipé ! Vipélierre ! »

« Quoi ? Tu me dis que ton dresseur est ici ? Purée … Ca en fait du chemin depuis Maillard ! Je me demande même qu’est-ce que tu faisais avec des médicaments, toi. »

Une voix bourrue et masculine se fit entendre en plus de celle de la Vipélierre. La petite créature verte fit son apparition, utilisant ses lianes pour se déplacer alors qu’un homme de quarante ans, à la forte ossature, se présentait derrière elle. Lorsqu’il remarqua le cocon, il poussa un petit cri de surprise avant de dire :

« Ben mazette … Si je m’attendais à ça ! »

« VIPE ! VIPELIERRE ! VIPELIERRE ! » s’écria Vélicia, grimpant à toute allure vers Téo. Elle s’apprêtait à lui donner des claques au visage avec ses lianes mais l’homme l’arrêta.

« Ohla, ma petite … Tu vois bien qu’il respire … Par contre, l’a pas l’air en bon état quand même. Il est juste en train de se reposer. Et y a une drôle de cr… Oh bordel ! C’est une Larveyette, c’est une amie à toi ? Ou alors, elle s’est installée comme ça ? »

« Vipélierre … Vipé … Vi … vivi… lierre ? »

« Mais je te dis qu’il va bien … Enfin, je crois … Tant qu’il respire, c’est bon. Par contre, t’as gardé les petits médicaments avec toi ? Car va falloir les emmener à l’hôpital. »

La petite lézarde verte hocha la tête positivement, s’apprêtant à soulever son dresseur avec ses lianes bien qu’elle sentait qu’elle n’en aurait pas la force. L’homme l’arrêta d’une main avant de sortir une pokéball. Il cria :

« Ouvrifier ! Viens nous filer un petit coup de main ! »

Un pokémon plus que robuste et sérieux, malgré son nez de clown rouge, fit son apparition. Bandant les muscles, il s’approcha du cocon avant de le soulever avec ses deux mains. Il le plaça au-dessus de sa tête, disant :

« Ouvri ! Ouvrifier ! Ouvri, ouvri, ou ? »

« Y a un peu de chemin à faire mais je ne pense pas que ça va te déranger hein ? Ça te fera les muscles, Ouvrifier. On ne perd pas de temps. Direction Maillard et son hôpital ! »

« Vipélierre … Vipé … Vipélierre. » murmura faiblement Vélicia.

« Mais arrête de t’en faire à son sujet. Tu verras bien que c’est moins dramatique ça en a l’air. Tu rentres dans ta pokéball ? Ou alors, si tu peux récupérer ses affaires … »

Oui. C’était exactement ça qu’elle allait faire. Même si … L’adolescent était loin d’être parfait, elle était son premier pokémon. Et il avait bien montré qu’il n’était pas si monstrueux que ça malgré ce qu’il tentait d’être. Elle espérait que tout allait bien.

Chapitre 17 : Hurler à la lune

Chapitre 17 : Hurler à la lune

Ils allaient bientôt arriver dans une petite ville. C’est ce que Touko avait annoncé alors qu’ils marchaient sans même quitter le chemin de terre. Pourtant, elle ne savait pas pourquoi mais elle aurait bien aimé … partir de la route pour aller dans la forêt. C’était peut-être son intuition féminine mais elle avait l’impression que Téo se trouvait non-loin de là.

« Hum … Quand même … Bel … Sincèrement, il faut que tu arrêtes de faire la tête. »

« Mais je ne fais pas la tête, Touko ! Je te le promets ! Dis, dis … La ville où on va arriver, ce n’est pas Maillard hein ? Donc … »

« Non. Ce n’est pas Maillard. C’est juste un endroit pour nous reposer pour la journée. » répondit aussitôt Cheren après avoir coupé la parole à Bel.

« Ah … Zut alors … C’est dommage. »

Elle avait soufflé cela avec une petite pointe décontenancée. Elle avait pensé qu’avec toute cette histoire, cela lui aurait permis de retrouver Téo. Mais visiblement, ça n’allait pas être le cas. Ou peut-être que … Oui … C’était peut-être possible que … Téo soit dans cette ville ! Elle commença à courir à toute allure, dépassant Cheren puis Touko et Touya. Elle s’écria :

« Dites, dites ! Est-ce que l’on peut se dépêcher ? Il faut qu’on aille plus vite ! »

« Mais qu’est-ce qui lui prends … maintenant ? » demanda Touya avec un peu d’étonnement alors que Bel mettait de la distance entre eux et elle. Touko partit à sa suite, criant à son tour pour les deux adolescents derrière elle :

« Elle va sûrement encore faire une bêtise ! Pour ne pas changer ! Il faut l’arrêter maintenant ! BEL ! Mais attends-moi un peu ! Tu vas encore ta casser la … »

« OUILLE ! » dit tout simplement Bel avant de tomber au sol, sa robe n’étant vraiment pas faite pour la course contrairement à ce qu’elle pensait.

« Tu vois … ce que je te disais, Bel. Arrête donc tes bêtises et prends ton temps. » murmura Touko avant de l’aider à se relever. Néanmoins, dès que l’adolescente aux cheveux blonds fut à nouveau debout, ce fut pour recommencer sa course.

« Mais elle ne va pas s’arrêter ? Elle est remontée ou quoi ? » osa demander Touya en se mettant à côté de Touko. Celle-ci poussa un profond soupir, passant une main sur son front et son visage avant de reprendre avec calme :

« Non … Elle se fait des idées … C’est tout. Mais ça, tu ne peux pas savoir de quoi est-ce que l’on parle, tu n’es pas une fille, Touya. »

« Brillante déduction, Touko. Néanmoins, si nous ne voulons pas perdre de vue Bel, nous ferions mieux de la rejoindre le plus vite possible. » conclut Cheren alors qu’il se mettait à courir à son tour. Rapidement, il fut rejoint par Touko et Touya. Les trois adolescents partirent à la suite de Bel, espérant l’arrêter dans sa folle course pour arriver en ville … pour une raison qu’elle et Touko étaient les seules à connaître.

Finalement, le quatuor d’adolescents arriva en ville, Bel étant dans un triste état. Ses vêtements étaient salis par la terre tandis qu’elle avait des petites entailles sur ses bras. Mais rien de bien dramatique. Pourtant, Bel regardait à gauche et à droite, comme pour trouver quelqu’un qu’elle n’apercevait pas. Elle fit une petite moue triste, Touko et Touya étant derrière elle, un peu essoufflés. Dire qu’il commençait déjà à faire un peu nuit.

« Bel … Bel … Je sais bien que tu adores courir … mais la prochaine fois … Tu pourrais quand même nous attendre un peu, tu ne crois pas ? »

« Oh … Il n’est pas là. » murmura faiblement l’adolescente aux cheveux blonds.

« AH … AH … AH … BEEEEEEEEEEEEL ! » s’écria Cheren, une main sur le cœur, le souffle coupé alors qu’il semblait plus qu’en colère. Bel s’inclina plusieurs fois de suite.

« Pardon, pardon, Cheren ! J’avais oublié que tu n’aimais pas courir ! » dit-elle en s’excusant plusieurs fois de suite, Cheren répondant avec énervement :

« Je n’ai jamais dit que je n’aimais pas courir ! Mais courir pendant une demi-heure juste parce que tu as décidé de faire la course, c’est complètement idiot ! Maintenant, je me sens mal. Allons au centre pokémon … Ca sera bien mieux … »

Sans même attendre les réponses des trois autres adolescents, il se dirigea vers le centre pokémon, marchant d’un pas lent. Quelle idiote cette adolescente ! Bel était plus que gênée et confuse par ce qui venait de se passer, Touya lui disant :

« Euh … Ne t’en fais pas. Tu sais bien comment Cheren est. Dès demain, il ne t’en voudra plus à ce sujet. Il aura déjà tout oublié te concernant. Il sait aussi bien que nous deux à quel point tu peux parfois faire des actions complètement irréalistes. Tu n’as pas à t’en faire. Allons le rejoindre au centre pokémon. De toute façon, nous devons appeler le professeur Araragi comme elle nous l’a demandé auparavant. »

« AHHHHHH ! Ca me fait penser que je devais la contacter pour dire que j’ai eu mon premier badge ! J’ai complètement oublié ! J’espère qu’elle ne va pas m’en vouloir ! » dit Bel, nageant en plein confusion à cause de toute cette histoire.

Avoir des problèmes avec le professeur Araragi ? Pas vraiment de quoi s’inquiéter. Le professeur était plus sympathique qu’elle ne laissait le croire. Les trois adolescents se dirigèrent vers le centre pokémon, apercevant Cheren qui avait demandé à l’infirmière de soigner ses pokémons. Bel et les deux autre adolescents firent de même tandis que Cheren passa à côté d’eux sans rien dire.

« Pardon, pardon, pardon, Cheren ! Je te promets que je ne voulais pas te faire mal ! »

Mais aucune réponse de la part de Cheren. Il vint s’asseoir sur une chaise, attendant que ses pokémons soient soignés. Bel fit une petite moue triste tandis que Touko s’approchait déjà d’un ordinateur pour rentrer en contact avec le professeur Araragi. Quand le visage de la femme se trouva sur l’écran, Cheren se leva pour se diriger à côté des autres.

« OH ! Mais vous êtes tous réunis ! Visiblement, vous vous êtes retrouvés ! C’est une très bonne nouvelle visiblement ! Je ne m’attendais pas à vous avoir tous les quatre ensembles ! » annonça la voix du professeur Araragi avec joie.

« COUCOU PROFESSEUR ARARAGI ! J’ai eu mon premier badge avec Téo ! »

« Oh ? Bel ! Toutes mes félicitations ! Et je pense qu’il en est de même pour vous trois, n’est-ce pas ? » demanda le professeur alors que Touko répondait :

« C’est exact. On a réussi à avoir notre premier badge tous les quatre. On a aussi capturé chacun un autre pokémon. Enfin, ce n’était pas bien difficile. Par contre, on a rencontré une personne assez bizarre. Elle portait le nom de … N. Et aussi, pendant qu’on se promenait, on a rencontré un groupe de personnes qui s’appelait la Team Plasma. Vous en avez déjà entendu parler, professeur Araragi ? »

« Simplement de nom … et ce n’était pas souvent en bien d’après mes souvenirs. Vous devriez faire attention à vos pokémons au cas où. » déclara Araragi.

« On fera attention, professeur Araragi. Mais sinon, qu’est-ce que vous vouliez nous dire maintenant que nous avons notre premier badge ? » interrogea Touya.

La femme professeur sembla songeuse, posant une main sur son menton, le regard dirigé vers le plafond. Elle avait oublié la raison ? Cheren poussa un léger soupir désabusé. Des fois, le professeur se comportait un peu comme Bel, c’était désastreux. Bel remarqua le soupir, lui faisant un petit sourire gêné comme pour lui dire que ce n’était pas bien grave.

« Je crois qu’il s’agissait du Vokit. J’ai cru comprendre que Bel n’avait pas le sien ? Vous ne deviez pas le lui donner ? Ou alors … »

« AH ! Je ne suis pas mieux que Bel sur ce coup ! » répondit Touko en se donnant une claque sur le front alors qu’elle fouillait dans son sac.

Hum ? L’adolescente aux cheveux blonds tourna son visage vers Touko, la regardant avec étonnement. Le Vokit ? Elle en avait déjà entendu parler mais … Est-ce que Téo en avait un ? Elle regarda la sorte de montre rouge que sortait Touko, celle-ci la lui donnant avec un petit sourire gêné aux lèvres. Elle murmrua :

« Pardon Bel … Ca m’est complètement sorti de la tête … Enfin … C’est le tien … »

« Merci ! Merci ! Merci ! » répondit Bel avant de serrer dans ses bras l’adolescente aux cheveux bruns. Celle-i rigola faiblement, comme amusée par ses paroles tout en déposant le Vokit dans ses mains. Le professeur reprit la parole :

« Avec ce Vokit, dorénavant, vous n’aurez plus besoin de vous rendre au Centre Pokémon pour essayer de dialoguer avec moi ou avec vos amis. »

« Professeur Araragi ! Est-ce que Téo a aussi un Vokit ? » demanda aussitôt l’adolescente aux cheveux blonds. Cette fois-ci, ce furent trois soupirs qui se firent entendre derrière Bel. Quoi ? Qu’est-ce qu’elle avait demandé de mal ? C’était juste une question qu’elle estimait assez importante ! Rien de plus ! C’était juste … pour savoir … au cas où, voilà tout. Le professeur fit une petite mine triste, lui répondant :

« Oh … Tu sais … Sans que ça coûte très cher, le Vokit est quand même un petit bijou technologique. Et donc, Téo n’a pas les moyens d’avoir son propre Vokit. »

« Ah … Euh … Zut alors. C’est dommage. Ca coûte combien ?! »

Quoi ? Tous les regards se posèrent sur elle, l’adolescente baissant la tête, un peu gênée par tout ça. Qu’est-ce qu’ils voulaient ? Elle n’avait rien dit de spécial hein ? Euh … Euh … C’était quand même bizarre, ce regard insistant de leur part.

« Bel … Tu ne penses quand même pas à ça ? Ce garçon ne le mérite pas ! Je t’en empêcherai ! » annonça Touko avec un petit peu de colère.

« Mais de quoi ? » demanda Bel sur un ton étonné, ses yeux émeraudes posé sur Touko.

« Pfff … Je n’arrive pas à savoir si tu le fais exprès ou non. Ton idée, ce n’est quand même pas de payer un Vokit à Téo, n’est-ce pas ? Tu ne pensais quand même pas mentir ? »

« Hein ? Euh … Et bien … Euh … Et bien … Euh … » murmura Bel, détournant le regard, se frottant les bras avec gêne. « Je … Disons juste … que voilà quoi … »

« AH ! Tu vois donc ? Tu faisais semblant d’être idiote sur le coup ! Tu comptais vraiment lui en acheter un ! Mais t’es bête ou quoi ? Ca coûte super cher ! »

« Mais euh ! Vraiment, c’est mon argent et j’en fais ce que je veux ! »

« Hum ? Vous parlez de Téo … mais je ne le vois pas à côté de toi, Bel. Pourtant, vous me contactez de la même ville. Vous n’êtes pas ensembles ? Pourtant, il m’a tout raconté au sujet de votre duo pour récupérer votre premier badge. Tu as remarqué qu’il s’occupait particulièrement bien de ses pokémons ? »

« TEO EST ICI ?! » hurla soudainement l’adolescente aux cheveux blonds. Cheren poussa un cri de surprise, plaçant ses mains sur ses oreilles. Touko et Touya émirent simplement des petits rictus de douleur alors que la majorité du centre pokémon était maintenant en train de les regarder. Le professeur Araragi fut surprise du cri de Bel avant d’éclater de rire.

« Bien sûr que oui ! Il m’a raconté aussi au sujet du Venipatte et du Larveyette que vous avez malheureusement inversé dans les captures. »

« Je suis sûr qu’il a dit … des mauvaises choses sur moi. Je ne fais que des bêtises. » murmura Bel, baissant à nouveau la tête.

« Hum ? Des mauvaises choses ? Outre ta maladresse légendaire, c’était plutôt des compliments. Il était étonné que tu sois aussi forte. »

« Téo a vraiment dit ça ? » reprit Bel, rougissant faiblement alors que le professeur confirmait ses propos. L’adolescente aux yeux verts poussa un petit cri ravi avant de reprendre sur un ton plus qu’enjoué :

« Téo ne doit pas être trop loin alors ! Je vais le chercher maintenant ! Je m’en vais tout de suite pour le retrouver ! Désolée, professeur Araragi ! Merci beaucoup ! »

HEYYYYYYYYY ! Touko voulut l’arrêter mais c’était déjà trop tard. En moins de cinq minutes, le comportement de Bel avait radicalement changé. C’était tout simplement … stupéfiant ! Cheren se massa le front, marmonnant :

« Elle va encore chercher les problèmes. Professeur, ce n’était pas forcément très intelligent de votre part, ce que vous venez de faire. »

« Hum ? Et pourquoi cela ? Bel et Téo ont récupéré leurs pokémons en même temps. D’après ce que je remarque, Bel a l’air d’apprécier Téo. De même, ça ne peut faire que du bien à Téo d’avoir Bel qui le persécute. »

« Vous écoutez ce que vous dites, professeur ? On a rencontré Téo et c’était à peine s’il nous adressait la parole. Y a vraiment pas plus antipathique que lui. » reprit Touko, croisant les bras au niveau de la poitrine.

« Hum ? Et vous avez essayé de comprendre pourquoi il est comme ça ? Je ne suis pas sûre que ça soit le cas. C’est comme avec Cheren. Désolée, Cheren, mais tu n’es pas le plus social des adolescents que j’ai rencontrés. »

« Tsss … » répondit tout simplement Cheren après les paroles du professeur, préférant ne pas lui répondre. Les trois adolescents allaient continuer à discuter avec elle en attendant que Bel se fatigue de sa petite recherche. Oh … Si elle en était capable bien entendu.

Ailleurs, au beau milieu des ruelles, une adolescente en robe blanche et à la veste orange courait à gauche et à droite, se dirigeant vers les endroits où, pour elle, il était possible de se reposer. Elle criait de toutes ses forces :

« TEOOOOOOOOOOOO ! TEOOOOOOOOOOO ! OU TU ES TEO ?! »

« Non mais c’est quoi cette folle ! » hurla une personne par la fenêtre, rapidement rejointe par une seconde qui s’exclama avec autant de force :

« Elle va arrêter ?! C’est pas l’heure de gueuler ! Mes gamins vont dormir ! »

« Mais je cherche Téo ! Vous ne l’auriez pas vu ? » demanda-t-elle en usant de toute sa voix.

« MAIS ON S’EN FOUT DE TON TEO ! Fais-nous pas chier avec lui ! T’avais qu’à pas perdre ton pokémon si t’es pas capable de t’en occuper ! »

« Mais Téo … n’est pas un pokémon. » termina de dire Bel, un peu déconfite. Téo n’était pas loin … Pas loin du tout. Mais il n’était pas dans la ville … Elle en était sûre maintenant.


Ailleurs, au pied d’un arbre, l’adolescent était déjà en train de roupiller doucement. Avec la petite couverture qu’il avait reçue, il serrait ses deux pokémons contre lui. Parfois, pendant son sommeil, un petit rictus parcourait ses lèvres comme s’il souffrait en silence. Et d’autres fois, il avait le visage apaisé et tranquille … comme inerte et dénué de vie.

Chapitre 16 : Un petit mal

Chapitre 16 : Un petit mal

« Ah … Ah … Ah … Me voilà enfin arrivé dans une ville. Pfiou … Il était temps. »

Plus que temps même. Il poussa un soupir de soulagement, passant une main sur son front en sueur. La marche … Autant de marche sans s’arrêter … pour être sûr de ne pas être suivi par une adolescente un peu trop zélée. Il mit une main sur son ventre, gémissant un peu de douleur avant de rechercher un centre pokémon. Enfin, le centre pokémon de cette petite ville. Voilà … Il avait ce qu’il voulait … C’était là qu’il allait pouvoir voir si ses pokémons étaient en bonne santé ou non. Il pénétra dans le bâtiment, s’approchant d’une infirmière.

« Ca serait pour voir si tout va bien avec elles. » murmura-t-il en désignant ses deux pokémons, l’une dans ses bras, l’autre sur son épaule. Elles descendirent de lui tandis que l’infirmière hochait la tête avant de demander :

« Pourrais-je savoir votre nom ? »

« Téo … Tout simplement Téo. Vous en avez besoin pour mettre le nom du dresseur sur mes pokémons ? » dit l’adolescent aux cheveux noirs.

« C’est exact … Mais vous vous appelez bien Téo donc ? Le professeur Araragi voulait que vous lui téléphoniez le plus rapidement si possible. »

« Le professeur Araragi ? » murmura calmement Téo sans même être inquiet alors qu’il aurait pourtant toutes les raisons de l’être. L’infirmière reprit :

« Elle semblait plutôt en colère d’après ce que j’ai compris. »

« En colère ? Bon ben … Euh … Il y a un moyen de l’appeler ? Pendant que vous soignez mes pokémons ou non ? » dit le garçon à la casquette alors qu’elle lui désignait un ordinateur. C’est vrai … A partir de ça, on pouvait voir avec qui on communiquait. On envoyait aussi les pokémons que l’on avait en trop et toutes ces choses.

« Bonne chance … Je vais m’occuper de vos pokémons en attendant. »

Bonne chance ? A croire que le professeur Araragi était tout simplement un monstre. Ce n’était quand même pas le cas … et elle lui avait laissé plutôt une bonne impression l’unique fois où il avait pu la voir. Il rentra ses différentes données dans l’ordinateur, faisant de même pour joindre le professeur Araragi. Il dut attendre environ deux minutes avant que n’apparaisse sur l’écran le visage de la femme professeur.

« Oh … C’est Téo. » murmura tout simplement l’écran, digitalisant la voix du professeur.

« Bonjour … Professeur … » chuchota faiblement l’adolescent.
Il ne savait pas pourquoi mais il avait une mauvaise impression. Il se sentait un peu mal là … Peut-être était-ce à cause de la phrase du professeur ? Dénuée complètement d’émotions ? Alors qu’elle avait la neutralité peinte sur son visage ? Elle croisait simplement les bras au niveau de sa poitrine, son index droit tapotant légèrement son coude comme si elle attendait quelque chose de bien spécial. Finalement, il reprit :

« Euh … Il paraîtrait que vous vouliez me parler, non ? D’après ce que l’infirmière a … »

« Oh ? Il paraîtrait ? Est-ce que je ne t’avais pas demandé quelque chose avant que tu ne partes la dernière fois ? Est-ce que tu perds déjà la mémoire à ton âge ? »

« Non, non … Pas du tout, loin de ça ! Disons qu’à cause de certaines circonstances … »

« Je me fiche royalement des circonstances. Je crois bien que tu m’avais fait une promesse, n’est-ce pas ? Est-ce que tu l’as respectée ? Il y a peu de chances. Je vais être obligée de … »

« NON ! Surtout pas professeur Araragi ! Désolé ! Je suis vraiment désolé ! » s’écria-t-il en balbutiant, cherchant rapidement ses mots. « Je n’avais vraiment pas le temps. Après le badge, je n’ai vraiment pas pu … Enfin, je, je … »

« Tu devrais arrêter de commencer à t’inquiéter. Je ne vais rien faire … bien que je fus obligée de mentir. Comprends-tu ce que j’ai dût faire ? Je mets mon métier en péril simplement pour respecter ta décision. »

Il poussa un profond soupir de soulagement. Pendant quelques instants, il y avait vraiment cru … vraiment cru que ça serait la fin de son histoire. Mais peut-être que la chance était encore de son côté ? Enfin, il valait mieux qu’il ne joue pas plus longtemps avec celle-ci … car il risquait de le regretter amèrement. Le professeur poussa un profond soupir.

« Donc … D’après ce que j’ai compris, tu as réussi à avoir ton premier badge, n’est-ce pas ? Toutes mes félicitations. Comment s’est passé ton combat ? »

« Oh … Et bien, je … Disons que j’ai utilisé Vipélierre et Bel a utilisé son Moustillon. »

« Hum ? Oh ! Elle a donc réussi à avoir son badge elle aussi ? Mes félicitations à vous deux. »

« Ce n’était pas grand-chose. Enfin … Vous saviez que Bel était plutôt douée dans les combats pokémons ? Je ne m’attendais pas à ça de sa part. »

« Hum ? Bien entendu. Je te rappelle que vous provenez de la même ville que moi. J’ai donc les différentes données des élèves et … Hum. Désolée, Téo. » coupa la femme, Téo faisant un petit geste de la main avant de répondre :

« Ce n’est pas très grave. Vous ne pensiez pas à mal à ce sujet. Mais donc, moi et Bel avons dû combattre tous les deux, côte à côte pour avoir notre badge. »

« Oh … Visiblement, Rachid et ses frères sont toujours d’humeur festive. Je me disais bien qu’ils avaient préparé une telle « attraction » pour leur restaurant. Ils sont parfois … assez surprenants dira-t-on. Néanmoins, maintenant que nous en avons terminé avec le badge … »

« Ah ! Et j’ai aussi capturé une Larveyette. Enfin … A la base, j’aurai dû capturer un Venipatte mais il a fallu que Bel fasse l’idiote encore une fois. Au final, je me suis retrouvé avec une Larveyette et elle, avec le Venipatte. »

« Je vois, je vois mais … J’ai autre chose dont je dois te parler. » coupa le professeur.

Et d’après le regard qu’elle lui portait, ce n’était pas forcément une bonne chose. Il déglutit, hochant la tête alors qu’il l’écoutait parler pendant plusieurs minutes. Oui … Bien entendu … Il savait parfaitement pourquoi il faisait ça … Mais aussi pourquoi il disait de telles choses. De même … Ah … Bon … Il devait plutôt arrêter de … Non, il ne pouvait pas.

Les minutes s’écoulèrent inlassablement et il était étrangement docile. Plus que docile même. Cela contrastait avec son caractère habituel et il était même parfois en train de rougir. Le professeur Araragi continuait de lui parler sans même chercher à reprendre son souffle. Elle en avait des choses à dire visiblement, beaucoup plus que nécessaire même.

« Est-ce que tu m’écoutes, Téo ? Je ne rigole pas à ce sujet. »

« Je vous écoute depuis le début, professeur Araragi. Ne vous inquiétez donc pas. »

« Ne pas m’inquiéter ? Est-ce donc une blague de ta part ? J’ai toutes les raisons de m’inquiéter. Je te rappelle que tu m’as menti délibérément. Sais-tu ce qu’est l’éthique professionnelle ? Peut-être qu’à ton âge, cela ne te dit rien mais ces mensonges peuvent aller très loin. Tu es prévenu. »

« Je sais parfaitement que … je n’aurai pas dû faire ça … Mais vous comprenez aussi … »

« Je comprends parfaitement ce que tu veux faire. Je reconnais même que c’est très … courageux de ta part mais aussi complètement fou et aberrant. De même, ce n’est pas comme ça que tu vas pouvoir régler tes affaires. Tu devrais lui parler. »

« Je ne crois pas que … ça soit une bonne idée. »

Pas du tout même. Loin de là ! Ce n’était pas du tout son intention. Il n’avait clairement pas envie … d’une telle chose. Il baissa la tête après ses paroles, cherchant pertinemment que le professeur n’allait pas apprécier ce qu’il venait de dire. Pourtant, elle soupira encore une fois, posant une main dans ses cheveux avant de dire calmement :

« Irrécupérable … Tu es vraiment irrécupérable. Est-ce que tu le sais ? »

« Je le sais très bien … Mais s’il vous plaît … Dites-lui simplement que je vais bien et qu’il n’y a aucune raison de s’inquiéter. Je reviendrai quand tout sera réglé. »

« Tu sais très bien que ce n’est pas aussi simple que cela. Comment dois-je l’annoncer ? Car je tiens à te signaler qu’ils me poseront alors encore plus de questions. Sincèrement, dans quelle galère m’as-tu mise, Téo, hum ? »

« Pardonnez-moi … encore une fois, professeur Araragi. C’est juste que vous … »

« Dis-toi que c’est bien parce que je vous connais depuis des années que je fais ça. Je lui parlerais, tu n’as pas à t’en faire à ce sujet. » conclut-elle.

Pfiou … Il poussa un petit soupir de soulagement. Au moins, il en avait moins à s’en faire maintenant. Oui … Mais ça ne voulait pas dire que tout était terminé. Il s’apprêtait à reprendre la parole mais la voix de l’infirmière se fit entendre derrière lui :

« Téo ? Téo ? Vos pokémons sont prêts. Vous pouvez venir les chercher. »

« Oh ! Pardonnez-moi, professeur Araragi. »

Il se leva alors qu’elle faisait un geste de la main pour dire que ce n’était pas bien grave. L’adolescent vient récupérer ses deux pokémons, les deux étant déjà sorties. Aussitôt, la Vipélierre grimpa dans ses bras tandis que la Larveyette montait sur son épaule comme à son habitude. Il revint vers l’écran, le professeur Araragi regardant les deux pokémons.

« Et bien … A part le fait qu’ils ne … »

« Elles … Ce sont toutes les deux des filles. Alors … Elle s’appelle Vélicia. » dit-il en désignant la Vipélierre. « Et la petite Larveyette s’appelle Lisanée. »

« Bonjour à toutes les deux. Visiblement, vous semblez aller très bien avec Téo, n’est-ce pas ? Prenez-bien soin de lui, d’accord ? »

« Vipé ? » « Larve ? » dirent les deux pokémons en même temps, chacune étant intriguées par les paroles du professeur Araragi.

« Professeur ! Ce ne sont pas à elles de faire ça ! De toute façon, elles sont juste là pour … »

« Pour ? Continue donc ta phrase … Et affirme complètement ce que tu tentes de dire. » marmonna le professeur Araragi, le regard froncé.

« Non. Je n’ai pas envie de la continuer. Je n’en vois pas l’intérêt. »

Il fit une mine boudeuse tandis que les pokémons restaient intriguées. Il avait voulu dire quelque chose qu’il semblait déjà regretter avant même de l’annoncer. Finalement, ce fut la femme professeur qui coupa le silence :

« Mais nous n’avons toujours pas parlé du plus important, Téo. »

« Hein ? Euh ? Comment ça ? Qu’est-ce qu’il y a d’important à savoir ? »

« Hum … Ne fais pas l’innocent. Tu sais parfaitement de quoi est-ce que je parle. » déclara sèchement le professeur Araragi. Il toussa un peut, lui répondant :

« J’ai quelques douleurs … mais vraiment minimes. Mais sinon, ça peut aller. De toute façon, le plus important, c’est que je puisse marcher, n’est-ce pas ? »

« Tu devrais éviter d’être trop optimiste à ce sujet. Enfin, non, je ne devrais pas dire cela. Je veux juste que tu évites de ne pas prendre au sérieux ce qui se passe, Téo. »

« Oui … Pardonnez-moi professeur Araragi. J’éviterai à l’avenir d’utiliser l’humour pour parler de tout ca. » bafouilla Téo, baissant la tête avec confusion.

« Arrête donc de demander à ce que je te pardonne. Bon … Tu as intérêt à me donner de tes nouvelles dorénavant. De toutes les progressions. Ai-je été claire ? »

Elle avait été très claire. Il hocha la tête positivement alors qu’enfin, la communication était complètement coupée. Il se releva, gémissant un peu de douleur avant de jeter un œil à ses pieds. Oui … C’est vrai … C’est comme ça qu’il était … Et on ne pouvait rien y changer.

« Bon … Désolé mais pour ce soir, ça sera encore dehors que l’on va dormir. On a de la chance. Il ne fait pas trop froid puisqu’on est en été. Par contre … Lorsqu’arrivera l’automne voir l’hiver, il faudra que je réfléchisse sérieusement … «

Qu’il réfléchisse sérieusement à l’idée de se prendre une tente. Il était contre les dépenses inutiles … et pour l’heure, un tel achat en était une. Mais il fallait reconnaître quand même que s’il … était resté avec Bel, tout aurait été bien plus rapide et simple. Ah … Vraiment … C’était tout le contraire même. Il poussa un profond soupir avant de quitter le centre pokémon. Vraiment … C’était n’importe quoi.

« Bon … Peut-être qu’avant de penser à dormir … Il serait bon que j’aille acheter à manger … pour nous trois, n’est-ce pas ? »

Les deux pokémons poussèrent des cris ravis alors qu’il avait un petit sourire aux lèvres. Oui … C’était stupide de penser de la sorte … mais ça lui plaisait quand même un peu. Il se dirigea vers un marché tout ce qu’il y avait de plus basique, pénétrant à l’intérieur. De la nourriture pour les pokémons … Ses deux pokémons étaient des plantes non ? Alors Vélicia et Lisanée devaient manger la même chose.

« Est-ce que ça vous convient les filles ? » dit-il en désignant un sachet de nourriture dont la description disait qu’elle permettait de rendre brillante et douce les feuilles de vos pokémons plantes. Rien que ça, n’est-ce-pas ? Les deux pokémons poussèrent des petits cris en même temps, signe que c’était plus que bon pour elles.
Pfiou … Tant mieux … Il avait pris le moins cher et cela semblait leur convenir. Peut-être qu’un jour … Après tout ça, il pourrait penser à leur offrir quelque chose de bien meilleur mais pour l’heure, il n’avait même pas à y penser. Il observa de quoi manger pour lui … Il ne devait même pas penser aux plats, loin de là.

« Je pense que je pourrai supporter tout ça. J’ai juste besoin d’eau. »

Voilà, c’est ce qu’il avait décidé. La seule chose qu’il prendrait, c’était une bouteille d’eau. Ca lui permettrait alors de prendre ses médicaments en même temps. Le reste, il n’en avait vraiment rien à faire. Il paya le tout, quittant le magasin avant de se diriger hors de la ville. Voilà … Encore un petit coin près des arbres, assez éloigné de la ville.
« Je ne peux pas vous offrir mieux, les filles. »

« Vipé … lierre. » « Larveyette ! Larve, Larveyette ! »

L’une ne fit acquiescer, la seconde étant un peu plus heureuse à cette idée de dormir dehors. Il les regarda manger pendant qu’il prenait quelques cachets avec sa bouteille d’eau. Son ventre gronda faiblement mais il s’en fichait. Le plus important pour l’instant, c’était de ne dépenser presque rien. Ses pokémons devaient manger … Lui … Il en avait rien à faire. Il avait l’habitude d’être à la diète. Hahaha … Est-ce que c’était drôle ? Non.

Chapitre 15 : Une lettre pour le définir

Chapitre 15 : Une lettre pour le définir

« Fais-moi un petit sourire Bel. Aller ! »

« Touko … S’il te plaît, c’est très gentil mais … j’ai pas envie de rire. » murmura l’adolescente aux cheveux blonds, baissant la tête, un peu confuse.

« Je n’arrêterai pas dans tant que je n’aurai pas un sourire. C’est tout. Elle est où la petite Bel toujours souriante et pétillante de vie hein ? J’aimerai bien le savoir, moi ! »

Elle était toujours là, c’était simplement … qu’elle avait des petites préoccupations. Elle n’avait pas l’habitude d’être aussi … triste … Du moins pas autant que ça. C’était bête comme … réflexions. Elle se frotta le bras, détournant le regard pour observer le décor. Touko, Touya et Cheren ne voulaient pas quitter les chemins tracés dans la terre pour guider les dresseurs et autres personnes qui voulaient se rendre vers la prochaine ville.
Or … Elle savait parfaitement que Téo se trouvait non-pas sur ce chemin. Car c’était si prévisible de sa part. Elle commençait à bien connaître l’adolescent malgré le peu de temps qui s’était écoulé. Elle voulait le revoir … Elle voulait VRAIMENT le revoir … Mais pourquoi lui ne voulait pas ? Est-ce qu’elle avait été méchante avec lui ? Il y a peu de chance. Elle n’était jamais méchante depuis le début.

« … Bel ? Qu’est-ce qu’il a de si bien par rapport à nous hein ? »

« Hein ? Tu parles de qui ? » questionna Bel après l’interrogation de Touko.

« Ne fait pas l’innocente ! Tu sais parfaitement de qui je parle, n’est-ce pas ? » reprit la fille à la casquette blanche et rouge. Bel murmura :

« C’était la première fois … que je me faisais un ami sans que vous soyez à côté de moi. Les autres … C’est juste parce que vous étiez avec moi. »

« Bel, je n’aime pas te faire du mal mais, tu sais, je ne crois pas que Téo te … »

« Je pense que vous pourriez occulter cette conversation pour plus tard. Nous avons sûrement un problème. » annonça Cheren en coupant Touko. Il désigna du regard une personne qui venait de s’interposer au beau milieu du chemin.

« C’est qui ce type ? » reprit néanmoins Touko.

Elle ne semblait guère impressionnée par la personne en face d’eux. Malgré les apparences, elle devait avoir leur âge ou alors un an de plus. Des cheveux verts plutôt … longs mais non pas rectilignes, plutôt hirsutes en même temps. L’adolescent les avait jusqu’au milieu du dos. Il portait une casquette noire et blanche tandis qu’il avait une veste de couleur blanche et un jean de couleur brune. Il releva sa casquette, observant les quatre personnes avant de dire :

« Ne voudriez-vous pas libérer vos pokémons ? »

« Hum ? Hein ? Qu’est-ce qu’il raconte ? » demanda Touya en s’adressant à ses compagnons, un peu surpris de la question que cette personne venait de poser.

Des yeux verts … mais d’une étrange pureté. C’est ce qu’elle voyait en premier chez l’adolescent en face d’eux. Celui-ci avait un petit sourire, loin d’être machiavélique, plutôt tendre et délicat. D’ailleurs, il reprit la parole :

« Je m’appelle N. Je suis sur cette route pour aider les jeunes dresseurs à suivre le chemin de la liberté. La liberté de leurs pokémons. »

« Désolée, nous ne sommes pas intéressés. » reprit Touko, invitant tout le monde à continuer leur chemin sans même s’intéresser plus longtemps à N.

« Je suis moi-même désolé de ne pas pouvoir vous laisser passer. » annonça l’adolescent aux cheveux verts, faisant barrage de ses deux mains. Dans celles-ci, il avait deux pokéballs. « Je dois vous faire comprendre que vous ne pouvez garder vos pokémons dans ces affreuses sphères rouges et blanches. Les pokémons sont nos amis, non nos esclaves. Ainsi capturés, ils ne peuvent être réellement libres de leurs choix. »

« Et c’est un type qui a deux pokéballs dans ses mains qui va me faire la morale ? Non mais je crois rêver. » répliqua aussitôt Touko, semblant bien être la meneuse du quatuor.

« Ces pokémons sont mes amis … Ils ont décidé de m’accompagner de leur plein gré. Je n’ai jamais cherché à les affaiblir et à les blesser pour les capturer. Ne comprenez-vous pas toute la souffrance qui émane de vos pokémons ? »

« Nos pokémons n’ont pas l’air de se plaindre de leurs traitements. » annonça Cheren avec calme et bien plus de tact que Touko.

« Ils ne peuvent pas se plaindre. Vous les muselez ! Comment peuvent-ils s’exprimer dans ces pokéballs ? Je suis là pour les sauver. »

« L’idée est bonne … Mais par contre, le principe, t’es plutôt à la ramasse mon grand. » répondit sèchement Touko, sortant une pokéball.

« Touko, je vais t’aider contre lui. Il a deux pokéballs alors autant que l’on se batte tous les deux ensembles, ça ne te dérange pas ? »

Si ça la dérangeait ? Elle était toujours partante pour se faire aider. Puisque Touya venait de proposer de lui donner un coup de main, ce n’était pas de refus. Sans hésitation, elle envoya sa pokéball devant elle alors que Touya faisait de même. Aussitôt, un Vipélierre et un Gruikui firent leurs apparitions. Le second cracha quelques flammes à partir de son museau, prêt à se battre. N observa les deux pokémons pendant quelques instants avant de murmurer :

« Ils ne savent pas ce qu’est la liberté. Ils ont été manipulés dès leurs naissances. »

« Et ? Où est le problème qu’ils soient en contact avec des humains depuis qu’ils ont nés ? J’ai l’impression que tu te prends un peu trop au sérieux ! »

« Me prendre au sérieux ? Mais je suis sérieux. Plus que sérieux même. J’œuvre pour un monde de paix où les pokémons seraient les égaux des humains … Où les pokéballs n’existeraient plus … Mais vous ne voulez pas comprendre. Je vais vous montrer alors … ce qu’est une relation de confiance entre les pokémons et les humains. Montrez-vous donc. »

N envoya ses deux pokéballs au sol, un Ponchien et un Mascaïman faisant leurs apparitions à leurs tours devant lui. Aussitôt, les deux petites créatures s’approchèrent de N, quémandant quelques caresses. Il s’accroupit devant eux, passant ses mains sur leurs crânes avant de murmurer d’une voix douce :

« Mes deux chers amis … Ne cherchez pas à blesser ces deux pokémons. Je veux que vous soyez gentils avec eux. Qu’ils puissent comprendre la vérité. »

« Mascaï ! Mascaï ! » répondit aussitôt le crocodile de couleur sable.


Le chien ne fit qu’un petit aboiement pour confirmer les dires de son ami avant de se positionner en face du Gruikui de Touya. Le Mascaïman fit de même avec le Vipélierre de Touko. Bel et Cheren ? Ils restaient tout simplement en arrière.
Elle … Elle n’avait pas vraiment envie de regarder ce combat. Cet adolescent … était bizarre mais elle ne le voyait pas comme quelqu’un de méchant. Oh … Elle était quand même d’accord avec lui sur de nombreux points mais après … Elle ne se sentait pas plus concernée que ça dans l’histoire. Pourquoi ? Car elle savait que son Moustillon l’aimait beaucoup et son Venipatte aussi. Elle n’avait jamais rien fait de mal pour chacun enfin … Sauf peut-être son Venipatte qu’elle avait dû blesser pour le capturer.

« Apparaît Venipatte. » dit-elle tout doucement en sortant une pokéball, faisant apparaître la petite chenille de couleur rouge devant elle. Elle vint s’accroupir, commençant à caresser doucement la créature avant de reprendre la parole : « Dis ? Est-ce que j’ai été méchante avec toi ? Enfin … Pas trop … Enfin, je ne sais pas. »

« Tu parles à ton pokémon ? Tu crois vraiment que c’est le moment ? » demanda Cheren, gardant ses yeux fixés sur le début du combat entre N et Touko accompagnée de Touya.

« Je voulais juste savoir … s’il m’aimait bien. Tu crois que ton Moustillon t’aime bien ? »

« Comment est-ce que tu sais que je possède un Moustillon ? »

« C’est facile non ? Si Touko a un Vipélierre et Touya un Gruikui, il ne reste plus que toi pour prendre un Moustillon. » dit l’adolescente aux cheveux blonds avec un petit sourire.

« C’est logique … C’est simplement le fait que ça soit toi … qui dit cela … qui est un peu problématique, il faut le reconnaître. »

« Ah ? Et pourquoi ça ? » demanda-t-elle en penchant la tête sur le côté. Elle n’avait pas remarqué que son Venipatte restait parfaitement immobile, semblant bien apprécié les caresses qu’elle lui prodiguait.

« Pour rien du tout … Je vais observer le combat. C’est bien plus intéressant. » termina de dire Cheren sur un ton sec bien que nullement méchant.

« D’accord … Je … Je reste ici … »

Peut-être qu’elle … Non … Bien que Cheren était parti, elle ne pouvait pas. Ça ne se faisait pas et elle n’était pas comme ça. Ah … Bon … Son Venipatte continuait d’apprécier les caresses qu’elle donnait inlassablement. Elle avait eu la petite idée de partir pendant qu’ils étaient tous occupés mais … Elle n’était pas comme ça.

« Je ne suis pas une méchante fille, n’est-ce pas, Venipatte ? »

« Ven … Ven. » répondit tout simplement le pokémon ressemblant à un mille-pattes de couleur rouge. Celui-ci ne semblait que peu concerné par toute cette histoire.

Si elle n’était pas une méchante fille, alors pourquoi est-ce qu’elle se sentait mal dans toute cette histoire ? Pourquoi est-ce qu’elle avait l’impression d’avoir tout raté ? Peut-être que … Dans le fond, c’était tout simplement vrai. Elle n’était pas faite pour être dresseuse. Non … Elle voulait quand même voir Téo avant qu’elle ne prenne ce genre de décisions. Elle n’avait pas envie … de faire une bêtise.
Le combat contre N se déroulait plutôt bien. Enfin … D’après ce qu’elle pouvait voir au loin. Le Gruikui et le Vipélierre avaient des avantages assez conséquents par rapport aux pokémons de N : ils savaient plus que bien se battre. Cela se voyait dans l’expérience de leurs attaques. C’était sûrement avec eux qu’ils avaient réussi à avoir le premier badge. Elle en était sûre et certaine à ce sujet.

Mais voilà … Le Ponchien et le Mascaïman étaient loin d’être faibles. En fait … Non, ils étaient sûrement bien plus faibles que leurs adversaires mais ils continuaient de combattre. Peut-être tout simplement parce qu’ils voulaient mériter ce dont ils étaient capables ? Malgré leurs faiblesses ? C’était sûrement ça … Elle aussi … Elle devait montrer à Téo et aux autres ce dont elle était capable. Elle était forte … elle aussi …

Des flammes et des lianes frappèrent les deux pokémons de N. Néanmoins, l’une des lianes fut coincée entre les crocs du Mascaïman, celui-ci tirant de toutes ses forces pour ramener le Vipélierre à sa hauteur. Néanmoins, le Gruikui cracha des flammes sur la liane, la brûlant, ce qui eut pour effet de faire tomber le Mascaïman en arrière, n’ayant plus rien à tirer. Sa tête percuta un rocher, le sonnant tandis que le Ponchien tentait de continuer le combat avec bravoure. Pourtant, N le souleva, le prenant dans ses bras.

« Vous en avez assez fait … tous les deux. Je ne vais pas vous pousser à vos limites les plus extrêmes simplement pour acquérir la victoire sur des êtres barbares qui ne comprennent que la force. » murmura N en rappelant son Mascaïman.

« Tu nous agresses et après, tu prétends le contraire ? Je crois que je vais m’en occuper personnellement de ce type. » commença à s’égosiller Touko.

« Non ! Non ! Touko ! Ne fait pas ça ! »

Touya retint l’adolescente en passant ses deux mains autour de son ventre. N poussa un profond soupir, rappelant son second pokémon avant de retirer sa casquette. Il passa une main dans ses cheveux verts, reprenant la parole :

« Pour l’heure … Vous ne comprenez pas encore … Mais nous nous reverrons … et je vous montrerai un jour qu’on peut vivre en harmonie sans toutes ces machines pour contrôler les pokémons. Mais je dois m’en aller maintenant … J’ai autre chose à faire. »

Touko se calma peu à peu, rappelant son pokémon tandis que Toiya faisait de même de son côté. L’adolescent aux cheveux verts était maintenant parti au loin alors que Bel continuait de caresser son pokémon. Finalement, Touko revint vers elle, lui disant :

« Désolée, y avait un petit souci à régler mais maintenant c’est tout bon. »

« Je me suis occupée de mon Venipatte. Désolée … Je ne voulais pas participer à ça. Ce … N a l’air gentil quand même non ? Tu ne crois pas ? »

« On peut être gentil et stupide en même temps. Ca existe … J’en sais quelque chose. » murmura Touko en rigolant un peu.

« C’est pas drôle ! Pas drôle du tout ! Tu te moques de moi, Touko ! »

ROH ! Elle n’oserait pas ! Enfin, pas trop … Mais bon … Elle ne lui voulait pas de mal … Elle tapota doucement le crâne de Bel qui poussa une petite plainte. La fille aux cheveux blonds rappela son pokémon, se relevant avant de dire :

« Je vais vous accompagner jusqu’à Maillard pour avoir le second badge. »

« Oh ? Pourquoi est-ce que tu dis ça ? Tu comptais t’échapper toute seule avant ce combat ? T’es une petite cachottière en fin de compte ! »

Elle eut un faible sourire, sans pour autant être plus qu’heureuse. Elle voulait arriver au plus vite à la prochaine ville. Là-bas, elle demanderait alors si le champion de l’arène avait déjà affronté un adolescent portant le nom de Téo. Si ce n’était pas le cas … Alors, elle l’attendrait ! Et pendant des jours si c’était possible ! Un petit murmure se fit entendre à côté d’elle, Touko chuchotant à Touya :

« Tu vois … C’est pour ce genre de flammes dans ses yeux que je me dis qu’elle est spéciale, ma petite Bel. Tu ne trouves pas ? »

« Souvent … Cela risque d’emmener de nombreux ennuis. » rétorqua Cheren en remettant correctement ses lunettes.

« Hein ? De quoi est-ce que vous parlez ? » demanda Bel en s’adressant à ses compagnons.

« Oh ! De rien, de rien ! Mais tu sembles avoir une idée en tête, n’est-ce pas ? »

« Oui ! Je suis sûre qu’elle marchera ! Mais il faut vite que l’on se dépêche ! » s’écria avec joie la jeune demoiselle aux cheveux blonds.

« Se dépêcher ? Oh … Pour avoir le second badge ? Je commence à voir où tu veux en venir, Bel. Ah … Impossible de te changer ! » répondit finalement Touko avant de se mettre à suivre l’adolescente qui courait vers l’avant. Cheren et Touya étaient derrière elles, marchant tranquillement sans même se poser de questions. Elles étaient plus énergétiques qu’eux.

Chapitre 14 : Une organisation spéciale

Chapitre 14 : Une organisation spéciale

« Qu’est-ce que ça veut dire ? » marmonne l’adolescent en ouvrant faiblement ses yeux.

Des pokémons … Il y avait de nombreux pokémons autour de lui. Mais ils ne semblaient pas inamicaux, loin de là même. Non, ils semblaient être là comme pour le rechercher … ou du moins le trouver. Sa Vipélierre et sa Larveyette continuaient de dormir alors qu’il regardait à nouveau autour de lui. Avec des pokémons aussi nombreux, s’ils devaient combattre, c’était tout bonnement impossible. Pourtant, ce fut une voix féminine qui cria :

« AH ! Ils sont là ! Qu’est-ce que vous avez trouvé ici ? Un dresseur ? »

Cette personne … Elle devait avoir une vingtaine d’années tout au plus. Elle avait des yeux bleus et des cheveux rouges. Enfin, ce n’était pas la première chose qu’il remarquait chez elle. C’était plutôt sa tenue qui était très surprenante dira-t-on. Il ne s’était pas vraiment attendu à cela. C’était peut-être même la première fois qu’il en voyait une comme ça. Une sorte de cagoule bleu ciel sur le crâne, avec deux lacets qui se croisaient sur le sommet, elle portait aussi une tenue blanche et bleue ciel qui se terminait comme une robe. Dessous ? Un pantalon de toile noire tandis qu’elle avait de longs gants et de longues bottes couleur bleu ciel. C’était bizarre … vraiment bizarre même.

« Euh … Je peux savoir si je vous dérange ? » demanda-t-il.

« Ca serait plutôt à moi de te poser la question, je crois. Qu’est-ce que tu fais ici ? De bon matin ? Et surtout dans une telle position ? Ne me dit pas que … »

« Je vous laisse deviner alors ? Vous semblez avoir une idée en tête. » ironisa l’adolescent.

« Hey ! Marl ! Soran ! Venez-vite ici ! Et avec une couverture s’il vous plaît ! »

Hum ? Quoi ? Qu’est-ce qui se passait là ? C’était quoi cette femme ? Avec les cris, ses deux pokémons commencèrent à s’éveiller. Il les serra contre lui pour éviter qu’elles ne bougent bien qu’elles étaient autant intriguées que lui par tout cela. Ces personnes … Qu’est-ce qu’elles voulaient ? Rapidement, deux hommes qui devaient pas être si éloignés au niveau de l’âge firent leurs apparitions. La même tenue mais heureusement, pas la même coupe et couleur de cheveux et de yeux … sinon, il aurait eu l’impression de voir des clones.

« Et si vous pouviez me dire plutôt qui est-ce que vous êtes ? Ca m’aiderait quand même pas mal du tout … Je dis ça, je dis rien hein ? »

« Oh ? Tu n’as pas encore entendu de nous ? Bon, ça ne fait rien. Tu es capable de te lever un peu ? Dormir ici, ce n’est pas la meilleure des idées. »

« On va dire que je n’ai pas vraiment le choix non plus.  C’est sûr que dormir en plein air, c’est vraiment le genre de choses que j’adore faire. »

« Aie … T’as l’air plutôt grognon. » reprit la jeune femme alors qu’il se levait, serrant ses deux pokémons contre soi. C’était clairement pas de la pitié dont il avait besoin actuellement. La couverture tomba au sol tandis qu’il s’apprêtait à partir, ses deux pokémons près de lui. Si en plus, ces personnes ne voulaient pas lui répondre, pourquoi est-ce qu’il discuterait ?

« Bon, si ça vous dérange pas, je vais plutôt m’en aller. Bonne route. »

« Hey … Mais attends un peu … Pourquoi as-tu gardé tes pokémons contre toi au lieu de les rappeler dans tes pokéballs … si tu es un dresseur ? » demanda l’un des hommes. Marl ou Soran ? Il s’en fichait royalement.

« Hum ? Pourquoi ça ? Car elles avaient envie de dormir avec moi. Je ne vois pas en quoi ça vous concerne comment j’élève mes pokémons. »

« Oh non non ! C’est plutôt surprenant … Enfin … Tu as des pokéballs mais tu aimes tes pokémons … Vraiment surprenant même. »

C’était quoi ces trois types ? Il haussa un sourcil, se tournant vers eux pour être sûr de les avoir en face. Ils étaient complètement cinglés ou quoi ? Il répliqua avec un peu d’énervement dans la voix :

« Bien entendu que j’apprécie mes pokémons. Il ne manquerait plus que j’aille les battre ! Vous êtes complètement stupides ou quoi ? »

« Un adolescent … qui n’aime pas les autres … mais les pokémons ! » s’écria la jeune femme avec une certaine joie. Oh putain ! OH NON ! NON ET NON ! Il n’était pas retombé sur trois freaks comme Bel ! AH NON ! Hors de question ! Bon ! Il devait s’en aller à toute vitesse ! Il se retourna une nouvelle fois, accélérant le pas. Pourtant, il fut rapidement rejoint par les trois jeunes adultes tandis que ses deux pokémons le regardaient avec interrogation.

Est-ce qu’ils allaient le lâcher ? Il voulut encore aller plus vite mais il savait que ce n’était pas possible. Du moins, pas de la façon dont il le désirait. RAHHHH ! De toute façon, il avait juste à les ignorer et à espérer qu’ils soient moins cons que Bel ! Mais bon, ils étaient adultes, ils devaient comprendre alors qu’il en avait rien à faire d’eux, n’est-ce pas ?

« Donc … Nous disions … Nous sommes la Team Plasma. »

« Heureux de vous connaître. » marmonna l’adolescent tout en évitant de les regarder.

« Le but de notre organisation est de libérer tous les pokémons du joug des humains. »

« Super … Et pourquoi vous avez des pokémons alors ? Et aussi des pokéballs d’ailleurs ? »

Peut-être qu’avec de telles questions, ils allaient lui lâcher la grappe ? Qu’est-ce qu’il avait fait pour mériter un pareil traitement hein ? Qu’est-ce qu’il avait fait ? Il aimerait bien le savoir ! Est-ce qu’il avait menacé Arceus ? Oser le critiquer ? Quelle bonne blague ! Rien de tout cela ! Il ne méritait pas un pareil traitement de la part du dieu pokémon !

« Hein ? Ah ! Mais ces pokémons sont nos amis. Ils nous font confiance et nous leur faisons confiance. Nous ne leur donnons aucun ordre, juste des conseils. » répondit la jeune femme.

« Ils vous font confiance mais vous vous sentez obligés de les mettre dans des pokéballs pour exprimer votre confiance. Je note l’idée et je la ressortirai un jour. »

Il ne pouvait pas s’empêcher d’être sec avec ces imbéciles. C’était la seule chose qu’ils méritaient. Il voulait tout simplement qu’ils le lâchent et qu’il puisse respirer. C’était beaucoup trop demandé ou quoi ?

« Oh ! C’est une bonne remarque ! Mais tu serais un excellent membre de la Team Plasma ! Suis-nous donc … Avec ce que tu viens de nous montrer et ce que tu viens de dire, nous ne pouvons que t’inviter à prendre un petit-déjeuner avec nous. »

« Désolé mais ça ne m’intéresse … Hum … Moi, peut-être que non … Mais mes pokémons risquent d’avoir faim. Bon, je veux bien vous suivre. »

Il avait dit cela en marmonnant, visiblement peu enclin à les accompagner bien qu’ils lui proposaient plus que gentiment. Cette Team Plasma … Bel aurait pu facilement en faire partie. Vue la mentalité et le QI moyen nécessaire … Pourtant, au bout de cinq minutes, il se retrouvait dans une petite clairière où les trois personnes avaient installé une tente. Pourtant, aucun feu n’était présent. Ils n’avaient pas froid ? Devant son regard, l’un des hommes dit :

« Nous n’utilisons pas de bois pour faire du feu … Nous avons un pokémon qui permet de nous réchauffer. C’est plus bénéfique pour la nature. »

« Plus bénéfique … Oui … Je vois, je vois … Vélicia, Lisanée, je vous fais descendre. Allez-vous dégourdir les pattes. »

Il déposa les deux pokémons au sol, faisant attention à ces dernières. Pourtant, l’une comme l’autre ne s’éloigna pas de lui, du moins, pas à plus d’un mètre de distance. Pendant ce temps, les membres de la Team Plasma commencèrent à distribuer le petit-déjeuner, que cela soit pour les pokémons ou pour lui. Aie, aie, aie … Il acceptait la nourriture de trois inconnus mais pas celle de Bel ? Rien que ça … C’était quand même bien stupide. Pourtant, à la vue du bol de nourriture, son ventre gronda et il murmura :

« Merci pour ce repas. Par contre, je ne vous dérangerai pas plus. »

« Oh … Tu es libre de choisir ce que tu veux faire ! Mais si tu veux suivre nos principes, nous sommes un peu partout dans la région. »

« Je noterai vos propos … Merci bien. »

Pfff … Il n’aimait pas la communication avec autrui. Ils allaient sûrement remarquer quelques petits détails le concernant. Il en était sûr et certain … Il devait juste tout faire pour éviter qu’ils ne les voient. Il commença à manger tranquillement, ne disant plus rien alors que ses pokémons faisaient de même. La jeune femme chercha pourtant à faire la discussion :

« Je me disais … Tu es un dresseur débutant non ? D’habitude, les dresseurs suivent un chemin particulier pour les arènes. Or … Si tu es sur cette route, c’est qu’il y a une raison. Tu as réussi à avoir ton premier badge donc ? »

« Un peu … Ce n’était pas vraiment fameux, je dois dire. Y a pas de quoi se vanter. » répondit l’adolescent aux cheveux noirs. Oui … Il n’avait pas aimé se faire aider de la sorte par Bel … Enfin, rien que l’idée d’avoir gagné un combat avec elle, brrr ! Ca l’énervait quand même. Il préféra prendre une nouvelle bouchée de son petit-déjeuner pour ne pas continuer, à contrario de la jeune femme qui reprit :

« Je vois, je vois … Est-ce que tu es devenu dresseur à cause des autres ? Parce que tu avais envie de capturer des pokémons ? Tu n’as pas l’air … »

« La raison pour laquelle je suis devenu dresseur ne concerne que moi. Je ne pense pas que ça intéresse tellement le reste du monde pourquoi je fais ça. Mais si vous voulez savoir, je ne veux pas devenir le meilleur dresseur ou capturer tous les pokémons qui existent. Je veux juste battre le maître de la ligue pokémon … et ensuite, j’arrêterai. »

« Tu arrêteras ? Tu veux dire que tu ne comptes pas faire autre chose après que tu sois maître pokémon ? Enfin … Si tu y arrives. » questionna l’un des deux hommes.

« C’est ce que j’ai prévu. Je n’aurai aucune raison de continuer après ça. »

« C’est bizarre comme rêve. C’est très étrange même. D’habitude, lorsque l’on est au sommet, on tente d’y rester mais toi … T’es pas un adolescent ordinaire ! Ca me fait penser ! On n’a même pas pensé à te demander ton nom ! »

URF ! Un éclair de génie de la part de cet homme ! Rien que ça ! C’est sût qu’avec tout ce qui venait de se passer, il n’aurait jamais eu l’idée de dire son prénom. Super ! Bon, il devait quand même leur répondre car il était « poli ». Il dit calmement :

« Je m’appelle Téo. Je sais d’après ce que j’ai cru comprendre que l’un d’entre vous s’appelle Marl, l’autre Soran. La jeune femme, je ne connais malheureusement pas son nom. »

« Je m’appelle Sally. Heureuse de te connaître, Téo. »

Oui, c’était réciproque … ou pas. De toute façon, il savait qu’il allait les oublier dès le lendemain. Alors pourquoi continuer sur cette voie hein ? Pourquoi chercher autant les problèmes ? Ou du moins, l’ennui qui l’envahissait. Mais pourtant, l’un des hommes, celui aux cheveux bleus assez hirsutes, se présenta comme Soran. Le second, celui aux cheveux verts joints en une queue-de-cheval, s’appelait Marl. Super. Maintenant … Est-ce qu’il pouvait s’en aller ? Il passa une main devant sa bouche pour bâiller, Sally disant :

« Ah … C’est vrai que tu dormais pendant que nous arrivions. »

« D’ailleurs, qu’est-ce que vous faisiez en pleine nature ? Vous avez l’habitude d’agresser les personnes qui dorment dans celle-ci ? »

« Oh … Pas forcément agresser … Disons que nous empêchons aux hommes de polluer cette nature. C’est pourquoi nous sommes une troupe chargée d’explorer la forêt de cette route pour rechercher tout dresseur qui jetterait ses déchets ou laisserait un feu allumé. »

« C’est plutôt pas mal. » dit l’adolescent sans aucune ironie, semblant sincère.

« C’est plutôt éreintant. » répondit Soran en rigolant un peu. « Mais bon, si on aimait pas ce métier, on ne le ferait pas hein ? Car souvent, pour arriver à quelque chose, tout est une question de motivation. Ce n’est pas ce que l’on a dans les bras mais dans le cœur qui compte. Enfin, c’est ma vision des choses. »

Hum ? Il haussa un sourcil à l’écoute de Soran. Bizarre … Enfin … C’était pas mal comme idée … Disons que ce genre de pensées n’était pas forcément niaise. Il allait finir par croire qu’il s’était trompé à leurs sujets. Et puis quoi encore hein ? Néanmoins, il termina de manger, ses pokémons faisant de même avant de se lever.

« Je vais devoir vous quitter … Merci pour le repas, c’était très sympa de votre part. »

« Oh mais de rien, c’est tout à fait normal, je trouve. »

« Je suis pas sûr que tout le monde dirait ça. Bon … Vélicia, Lisanée, on s’en va. » annonça t-il avant de se pencher en avant. Il récupéra la Vipélierre qui ne se fit pas désirer cette fois pour la prendre dans ses bras. Sa Larveyette grimpa sur son épaule droite, se logeant contre son cou tandis qu’il se tournait vers le trio de la team Plasma. « Bonne chance. »

« Et à toi aussi. Si au cas où, tu décides de changer d’avis, tu devrais facilement trouver nos confrères dans n’importe quelle ville ! Nous sommes partout ! »

« D’accord, d’accord. Je note la proposition … Bon je m’en vais. »

« Bonne route ! AH ! Tiens ! Ca ne peut pas te faire de mal ! » s’écria Sally avant d’aller dans la tente, en retirant une couverture bleue pas forcément épaisse mais qui devait quand même tenir chaud. Elle reprit avec un sourire : « Au moins, si tu comptes encore dormir dehors sans que ça soit dans une tente, toi et tes pokémons, vous aurez plus chaud. »

« … … … Merci beaucoup. »

Il s’inclina tout simplement devant Sally avant de mettre le plus de distance avec eux. C’était quoi ce monde dans lequel il vivait ? Comment des types comme ça pouvaient offrir de telles choses aux inconnus ? Si le monde était vraiment aussi gentil, jamais rien de tout cela ne serait arrivé ! Loin de là même ! Alors … Alors … Pourquoi ? Pourquoi fallait-il que ça se passe ainsi ? Pourquoi ? Il voulait une réponse !

Stupide ! C’était particulièrement voir complètement stupide de raisonner de la sorte. Il serra avec un peu plus de force sa Vipélierre, la pokémon se laissant faire tandis que sa Larveyette restait collée bien à lui. Il se sépara du trio de la team Plasma avant de recommencer à marcher à travers les bois.

« Ce monde est complètement stupide … Si tout était aussi beau dans la vie, pourquoi est-ce que je serai là, hein ? Ah … Oui … Vous ne pouvez pas savoir toutes les deux. »

« Vipé ? » murmura sa pokémon dans ses bras.

« Non rien … Ce n’est pas important du tout. Vous n’avez pas à vous en faire. »

Et pourtant, Vélicia comme Lisanée étaient plutôt inquiètes. Les petits coups de fatigue de l’adolescent étaient plutôt fréquents non ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Ce n’était pas normal une telle fatigue. Mais elles … ne pouvaient rien dire.

Chapitre 13 : Avoir des amis avec soi

Chapitre 13 : Avoir des amis avec soi

« Qu’est-ce que tu regardes donc, Bel ? »

C’était Touko qui s’adressait à elle, l’adolescente bougeant la tête à gauche et à droite comme à la recherche de quelque chose. Ils étaient tous les quatre réunis, Bel étant un peu derrière les autres tandis que Touko reprenait :

« Bel ? Bel ? Tu peux me répondre, tu sais. Je ne vais pas te mordre non plus hein ? »

« AH ! Euh ! Désolée … Touko. Je … Je regardais juste les arbres. » murmura l’adolescente aux cheveux blonds sur un ton évasif.

« Hum … Et ils sont beaux ou non ? » demanda Touko avec un petite sourire aux lèvres.

Visiblement, Bel ne semblait pas apte à répondre, continuant de regarder les arbres. Elle fut rapidement rattrapée par Touko, la fille aux cheveux blonds s’étant écroulée en avant à cause d’une pierre un peu trop grosse sur son chemin et qu’elle n’avait pas vue. Elle poussa un petit cri de surprise, Touko marmonnant :

« Fais donc quand même un peu attention à toi, Bel. Tu ne regardes même pas où tu mets les pieds. C’est dangereux … Enfin bon … Ca se voit que tu n’as pas changée et c’est la meilleure des choses que j’ai apprises depuis quelques temps déjà. »

« Pardon, Touko. Je suis juste un peu fatiguée. »

A qui voulait-elle faire croire cela ? Cheren releva ses lunettes tandis que Touya la regardait discrètement. Les deux adolescents commencèrent à parler entre eux, s’éloignant un peu de Touko pour qu’elle puisse s’occuper elle-même du cas de Bel qui n’allait pas vraiment très fort depuis le départ de Téo. Elle n’avait plus rien à voir avec l’adolescente toujours folle et joyeuse, c’était bizarre de le voir aussi triste … un peu comme si …

« Bel ! Tu vas arrêter d’être morose un peu ? Fais-moi donc un grand sourire ! Tu devrais être heureuse d’être avec nous, n’est-ce-pas ? N’est-ce pas ? » répéta Touko pour être sûre que Bel lui réponde. L’adolescente aux yeux verts plaça ses mains sur son ventre, comme gênée.

« Je suis très très heureuse d’être avec vous. Vraiment très heureuse même. Ca me fait vraiment plaisir ! Mais mais … J’avais un ami … Enfin, un nouvel ami et il est parti donc je suis un peu triste quand même. Mais bon … Je le reverrais peut-être à la prochaine arène ? »

« Oh … Si tu es gentille, que tu crois en Arceus, tous les miracles sont possibles ! »

« Mais mais mais … MAIS EUH ! Tu te moques de moi, Touko ! C’est pas gentil ! » s’écria Bel avant de tapoter légèrement les bras de Touko qui se protégeait, rigolant à cause de la réaction de l’adolescente. Voilà, c’était bien mieux comme ça. Elle la revoyait comme à son habitude. Elle était bien plus mignonne avec ce genre de réactions. Ce garçon … Téo … était juste un petit imbécile qui ne comprenait pas la chance qu’il avait d’avoir connu Bel. D’ailleurs, à ce sujet, elle restait quand même suspicieuse. Elle demanda à Bel :

« Dis-moi … Tu ne voudrais pas me parler un peu de ce fameux Téo ? »

« Hein ? Euh ? Téo ? Tu veux que je te parle de Téo ? »

Elle sembla plus que surprise et confuse par les paroles de Touko. Tout de suite, elle commença à s’imaginer des choses. Pourquoi est-ce que Touko était intéressée par Téo ? Il avait quelque chose de spécial ? Ah ! Peut-être que … Non … Ce n’était pas vraiment le genre de Touko ? Mais qu’est-ce qu’elle en savait du genre de Touko à la base. Bon … Toute façon, elle pouvait bien lui répondre !

« Euh … Alors … Qu’est-ce que tu veux savoir au sujet de Téo ? »

« Et bien, d’où est-ce qu’il vient, quels sont ses pokémons, comment est-ce qu’il se comporte quand il ne combat pas, quand il combat, toutes ces choses ! »

Toutes ces choses ? Elle voulait vraiment tout savoir au sujet de Téo alors … Ah … Euh … C’était quand même plutôt gênant mais elle voulait bien aider Touko pour qu’elle comprenne bien mieux Téo. Oui … C’était de son devoir de l’aider à le comprendre !

« Alors … Euh et bien … Téo est quelqu’un de quand même assez grand ! Il doit avoir notre âge à peu près ! Alors, je l’ai rencontré lorsqu’il venait pour récupérer son premier pokémon ! Moi aussi, je venais en même temps bien que je crois que j’étais en retard, je ne sais plus vraiment. Mais le professeur Araragi a été très gentille et patiente. »

« Oh … Pour la description physique, tu peux oublier hein ? Je l’ai déjà vu, Téo. C’est plus au niveau du comportement que je veux en savoir plus. »

« Ah ! Euh alors … Et bien … Alors … Il … Ah ! On a essayé de faire un combat de pokémons dès le départ ! Et bien, il a réussi à me battre ! Mais ensuite, il a pris un autre chemin que moi mais il est venu ensuite me donner mon pokédex. Il n’est pas vraiment méchant, juste un peu trop souvent grognon ! »

« Oh … S’il t’a ramené ton pokédex, c’est qu’il est donc quand même un peu gentil non ? Et ensuite ? Comment est-ce qu’il s’est débrouillé pendant ton combat pour que tu perdes ? » dit Touko, les deux adolescents s’étant arrêté de marcher pour pouvoir entendre eux aussi les paroles de Bel. Oh … Ils étaient potentiellement intéressés par cet adolescent que Bel avait côtoyé bien qu’ils évitaient de trop le montrer.

« Il est vraiment très gentil quand il le veut ! Il y a aussi quand il m’a rattrapée … Enfin … Et puis …Y avait beaucoup de choses. Pour le combat, il m’a battue car j’étais trop excitée à l’idée d’avoir mon premier pokémon. Mais ensuite, quand j’ai capturé mon autre pokémon et lui aussi … Ah oui, d’ailleurs, on voulait chacun capturer un pokémon mais au final, on a capturé le pokémon de l’autre ! Lui, il a une Larveyette à ma place. Mais bon … Quand on s’est affronté une nouvelle fois, j’ai réussi à le battre. C’était deux pokémons contre deux. Puis y a aussi au moment où on a eu notre premier badge ensembles ! On a affronté deux des trois champions en même temps, c’était vraiment bien ! »

« Oh … Dès qu’il s’agit de parler de Téo, tu es intarissable sur le sujet. Même si au final, tu ne m’en parles qu’à moitié de ce que je veux, Bel. » murmura Touko en rigolant.

« Mais mais mais ! C’est toi qui m’as dit de t’en parler ! Dis, dis tu ne te moques quand même pas de moi hein ? Touko ! Méchante ! »

Bel lui tira la langue comme le ferait un enfant d’une diziane d’années, Touko faisant de même mais plus discrètement. Elle était plus amusée qu’autre chose par les réactions de Bel.

« Continue donc d’en parler … Pendant votre combat à deux contre deux, comment ça s’est passé ? Est-ce qu’il t’a écouté ? »

« Euh … Pas vraiment … Pas du tout au début. Il a fallu que je crie un peu en lui disant qu’il arrête de faire des bêtises pour qu’on ne perde pas. »

« Toi … qui crie ? Crier dans le sens « Je me mets en colère à cause de toi » ? » murmura Cheren, posant son regard caché par ses lunettes sur Bel.

« Bien sûr ! On était obligé de toute façon ! Sinon, on risquait de perdre ! Mais je me suis pas énervée … Je lui ai juste demandé d’arrêter de faire la tête et de se concentrer pour qu’on puisse gagner tous les deux. Au final … On a réussi à battre nos adversaires sans même perdre l’un de nos pokémons ! »

« Vos pokémons ne sont pas faibles. Il suffit simplement de leur donner les bons ordres et alors, ils donneront le maximum d’eux-mêmes. » annonça Touya, faisant apparaître un Gruikui devant lui, le serrant dans ses bras.

« Oui mais Téo était une vraie tête de mule … Enfin, après, comme je l’ai dit, il a accepté et il a été très gentil, du début jusqu’à la fin. »

Oh … Ca … Ils étaient tous les trois sûrs et certains de ce que l’adolescente disait. Ca se lisait sur son visage qu’elle pensait réellement ce qu’elle disait. Bon … Après, entre ça et ce qui était la vérité, c’était deux choses bien différentes. D’ailleurs, dès qu’elle cessa de parler de Téo, son regard s’assombrit. Elle murmura avec douceur :

« Puis … Puis … Il m’a quand même laissé aller dans ses bras … quand j’ai téléphoné à mon père. Il a été assez gentil … pour ça. »

« Ton père ? Tu lui as téléphoné ? » balbutia Touko, un peu étonnée. Touya avait arrêté de caresser son petit porcelet tandis que Cheren avait son regard fixé sur Bel.

« Bien entendu … Je … Je voulais qu’il apprenne que j’avais mon premier badge. Qu’il soit fier de moi mais … Voilà tout. »

« Pas besoin d’en dire plus. On a tout de suite compris où tu voulais en venir, Bel. » répondit Cheren, coupant la parole à Bel avant qu’elle ne cherche à continuer.

« Ton père … Ah … Oui … C’est vrai. On a pas besoin d’en savoir plus à ce sujet. On sait parfaitement ce qui a dû se passer. » annonça Touya, rappelant son Gruikui.

Un silence s’installa entre eux quatre, l’adolescente aux cheveux blonds baissant la tête d’un air confus. A cause d’elle, ce n’était plus vraiment la joie parmi eux. Elle n’aurait jamais dû parler de son père. Ce n’était pas vraiment un sujet tabou mais … Ce n’était pas le meilleur sujet qu’ils pouvaient avoir maintenant qu’ils s’étaient tous retrouvé.

« De toute façon ! Regarde ! Nous avons tous débuté en même temps donc tu n’as pas à t’inquiéter ! Et puis, dans cette région du monde, il est dit que souvent, les nouveaux dresseurs commencent à l’âge de l’adolescence ! » annonça Touko, espérant couper cet élan de tristesse qui envahissait Bel. La fille aux yeux émeraudes se tourna vers elle.

« C’est vrai … Téo aussi a commencé à quinze ans … Enfin, je crois … Il a l’air d’avoir mon âge … Enfin, notre âge. Si je n’avais pas commencé maintenant … »

« Tu vois ? Il n’y a pas que des mauvais côtés à commencer à quinze ans. Dis-toi qu’ailleurs, ils commencent à dix ans … Mais à dix ans, tu crois réellement pouvoir te débrouiller tout seul ? Ce n’est pas le cas ! Au moins, même si on aura moins d’expérience qu’eux sur les combats de pokémons, bien que ça reste à prouver, au moins, on a plus d’expérience sur la vie. Et de toute façon, entre nous … Que je sache, tu as peut-être cinq ans de retard mais tu es loin d’être une idiote hein ? Je te rappelle le collège pokémon ? »

« Euh … Je ne sais pas trop si c’est bien d’en parler un peu. » marmonna Bel, comme confuse et gênée à l’idée de parler de ce genre de choses.

« Oh ! Cheren ? Puisque tu sais aussi bien que moi que tu es ciblé dans mes propos, tu ne veux pas répéter les prouesses de Bel à l’école ? » demanda Touko, l’adolescent à la petite mèche noire se tournant vers Bel avant de l’observer pendant plusieurs secondes.

« Hum ? Comme celle où elle est venue en pantoufles au collège ? Hum … Non, ce n’est pas une prouesse … Celle où elle est venue en pyjama ? »

« Tu vois, Touko ! C’est pour ça que je ne voulais pas en parler ! Il n’arrête pas de se moquer de moi ! » s’écria Bel en désignant Cheren du doigt.

« Je ne fais qu’énoncer des faits avérés et exacts. Et … » s’arrêta soudainement Cheren, le regard furieux de Touko étant pointé vers lui. « A côté, même si tu n’arrives toujours pas à écrire au bon endroit ton prénom et ton nom de famille, tu es quand même une élève studieuse. Et bien que tu ne réponds pas souvent aux bonnes questions malgré tes réponses exactes, tu montres quand même que tu as de bonnes connaissances. Enfin, pour l’entraînement aux combats pokémons, tu as toujours été considérée comme l’une des meilleures élèves. »

« Ah ! Tu vois, Bel ? Même Cheren dit que tu es plus douée que n’importe quel gamin à casquette avec son premier pokémon. »

« Je me sens un peu offensé, Touko. » murmura Touya en bougeant légèrement sa casquette pour bien signaler pourquoi il disait cela. En réponse à l’adolescent, Touko fit le même geste avec sa propre casquette, lui répliquant :

« Y a pas de quoi. Sauf si tu te considères encore comme un gamin à quinze ans, Touya. »

« Je n’ai pas dit cela. Mais bon, pourquoi avoir précisé la casquette ? »

« Car je te ciblais dans mes propos. » annonça Touko en rigolant, amusée par l’adolescent.

Touya fut décontenancé, restant immobile pendant quelques instants avant d’hausser les épaules. Ca ne servait à rien d’avoir une discussion avec elle. Elle était toujours trop excitée comme fille, c’était si facile à comprendre pourquoi elle et Bel étaient amies.

« Si vous n’avez plus besoin de moi pour remonter l’estime que vous avez pour vous-mêmes … Je vais alors retourner à mon occupation première : vous ignorer. »

« Oh ! Je vois, je vois ! Bonne occupation alors, Cheren ! » s’écria Bel avec un peu plus de joie au cœur, un petit grognement sortant des lèvres de Touko.

« Oh toi … Mon petit gars à lunettes … Si je t’attrape, tu risques de le regretter ! CHEREN ! COURS ! C’est un conseil ! » hurla Touko.

« Qu’est-ce que … AH ! Mais non ! Ne me touche pas ! Espèce de folle ! »

Il avait réagi aussitôt, commençant à galoper avec effroi alors que Bel et Touya éclatèrent de rire en regardant les deux personnes, l’un tentant d’échapper à l’autre. Pourtant, au bout de cinq minutes, Cheren fatigua, étant forcé de s’arrêter alors que Touko faisait craquer ses poings, reprenant la parole :

« Bon … Cheren … Tu veux souffrir comment ? Par le crâne ? »

« J’aimerai ne pas souffrir du tout … si possible … Je retire tout ce que j’ai dit. »

« Retirer tout ce que tu as dit ? Je ne sais pas si c’est suffisant. Tu sais ce que je veux. »

« Mais ce n’est pas la vérité ! Je n’ai pas l’habitude de … BON ! D’accord, d’accord ! Je m’excuse sincèrement, Bel, pour ce que j’ai dit. Oh … Et aussi votre seigneurie Touko. »

« Le baisemain. » termina de dire Touko en tendant sa main droite vers Cheren. Celui-ci fit une petite mine de dégoût avant de venir l’embrasser sur le dos. « Oh … Et bien sûr, je te pardonne pour cette fois mais la prochaine fois que tu me fais une telle tête … »

« J’ai parfaitement compris le message, Touko. » répondit Cheren, chuchotant très faiblement : « Tortionnaire … »

« Hum ? Tu disais quoi ? Tu peux répéter pour moi ? Je n’ai pas entendu. »

« Je disais que c’était très gentil de ta part de protéger Bel. »

« Oh … Et je continuerai de la protéger aussi longtemps qu’il le faudra. Les imbéciles qui tentent de s’amuser à ses dépens, ils risquent de ne pas apprécier de m’avoir en face d’eux ! » s’égosilla Touko en se donnant un petit coup de poing sur le torse.

Oh ça … Il n’en doutait pas le moins du monde. Il savait parfaitement que l’adolescente en était capable. D’ailleurs, Bel ne serait pas forcément heureuse d’apprendre ce que Touko risquait de faire à Téo si elle lui mettait la main dessus. Gloups … Oui, lui-même n’était clairement pas motivé à essayer d’imaginer ce qui se passerait si tel était le cas. Ah … Rien qu’au fait d’y réfléchir, ça risquait de ne pas être joli à voir.

Chapitre 12 : Calme et sérénité

Chapitre 12 : Calme et sérénité

« Enfin … tranquille. » murmura la voix d’un adolescent au beau milieu de la campagne.

Oui ! Il avait décidé de ne pas suivre les chemins dessinés dans la terre. La raison était simple, très simple même. Bel n’était pas assez intelligente pour dériver de ces chemins. Ou alors, elle était beaucoup trop idiote et elle risquait justement d’en dériver. Humpf … C’était quand même bien plus compliqué qu’il ne le pensait. Il se donna une petite claque sur le front.

« Mais pourquoi je commence déjà à penser aux problèmes qu’elle pourrait me causer ? Je ne suis pas là pour ça justement ! Pfff ! Je vous jure, vraiment … Bon, toute façon, c’est l’heure. Si elle les avait vus, elle aurait posé des questions. »

Il ouvrait son sac banane, retirant plusieurs gélules avant de les avaler. Il fit une moue pour montrer à quel point c’était mauvais avant de refermer son sac. Ce n’était pas l’heure de se préoccuper de ce genre de petites choses. Il avait enfin réussi à se débarrasser d’elle. Alors bon, il devait mettre encore plus de distance avec elle.

« On ne peut jamais savoir où elle se trouve … Elle pourrait se trouver derrière moi que … »

Instinctivement, il se retourna pour être sûr que ce n’était pas le cas. Pfiou … Non … Il n’y avait que des arbres autour de lui. Rien d’autre pfiou ! Il posa une main sur son cœur, prenant une profonde respiration. Ces journées avec cette adolescente avaient été éprouvantes, plus qu’éprouvantes même. Il fallait dire … qu’elle avait réussi à lui porter sur les nerfs de nombreuses fois et que …

« Mais tu vas arrêter, Téo ? Ce n’est pas de ta faute ! Faut que tu te la retires de la tête ! »

Mais comment faire ? En une semaine, enfin, un peu moins, elle avait réussi à s’implanter dans son crâne de telle sorte qu’il ne risquait pas de l’oublier de sitôt. Elle était stupide ! C’était une fille complètement stupide qui arrivait à l’énerver même quand elle n’était pas là ! Heureusement pour lui qu’il était du genre non violent !

« Car sinon, y aurait des baffes qui se perdraient, je vous le promets ! »

Il le promettait à qui ? Il n’y avait personne autour de lui ! Que des arbres ! Pas de cri féminin qui l’appelait et d’autres choses … Ah … Bon … Il était tranquille ou pas ? Ou alors, est-ce qu’elle lui manquait ? Ah ! Absurde ! Mais il se compliquait la vie pour rien du tout car il pensait un peu à elle. Mais maintenant, elle avait des amis.

« Et bon débarras ! Le reste n’a aucune importance ! Et faut que j’arrête de me parler tout seul car j’ai l’air d’un véritable débile ! »

Et pas qu’un peu ! Même si elle n’était plus là, il devait chercher à discuter ! Il n’allait pas insulter le vide. Bon … Peut-être qu’en faisant cela … Oui. C’était une excellente idée. Il fit grandir ses deux pokéballs, les envoyant au sol pour qu’apparaissent ses pokémons.

« Bon … Vous deux … C’est compris, vous allez être un peu plus utile pour l’heure. Vous pouvez vous balader autour de moi pendant que je me repose. Ça peut que vous faire du bien de sortir de vos pokéballs. » dit-il en s’adressant à ses pokémons.

« Vipé ! Vipélierre ! » répondit le petit lézard de couleur vert calmement.

« Larve … yette ? » murmura l’autre pokémon, la chenille commençant à grimper sur la jambe de Téo pour monter jusqu’à son épaule et venir s’y installer.

« Ouais … Bon … Tu me dis si je te dérange hein ? »

« Larveyette. Larve … » répondit la chenille, collant son front contre celui de l’adolescent, poussant un petit soupir de bonheur avant de rester sur son épaule.

« Bon … Visiblement, je sers de reposoir à une chenille de taille anormale. Tu peux aussi venir Vipélierre hein ? J’ai besoin de me reposer une vingtaine de minutes là … »

Hum ? Venir dans les bras de son dresseur ? Pourquoi pas. Le pokémon marcha avec lenteur vers l’adolescent, sautant finalement sur ses genoux. Téo passa une main sur le crâne de son Vipélierre, marmonnant calmement :

« Je devrais peut-être vous trouver des petits surnoms … Mais je ne suis pas doué pour eux. Déjà, je ne sais même pas si vous êtes des filles ou des garçons. »

Son Larveyette rouvrit les yeux qu’il avait fermés après s’être installé. Quant à son Vipélierre, il semblait un peu décontenancé par les propos de son dresseur. Celui-ci semblait pourtant des plus sérieux, regardant son Vipélierre avant de lui répondre :

« HEY ! Que je sache, quand je t’ai pris, je n’ai pas décidé de te soulever, de te retourner et de te mettre sur le dos pour savoir de quel sexe tu étais ! Me regarde pas de la sorte ! »

Le Vipélierre détourna la tête d’un air vaniteux et hautain comme s’il se sentait vexé par les paroles de Téo. Celui-ci poussa un profond soupir avant de marmonner :

« Super … Je suis tombé sur un pokémon antipathique. Enfin, qui se ressemble s’assemble, n’est-ce pas ? Si tu comme ça, c’est que je dois l’être un peu à moitié. Alors … Tu es une fille ? Ou un garçon ? Tu hoches la tête positivement si tu es une fille. Pareil pour toi. »

Il s’adressait ensuite à Larveyette. Les deux pokémons hochèrent la tête en même temps, signe que … Oh punaise. Il se massa le front, murmurant :

« Si j’ai compris … Vous êtes deux femelles ? »

« Vipélierre ! Vipé vipélierre ! » répondit le petit lézard.

Sa Larveyette fit de même tandis qu’il fermait les yeux. Bon … Il devait alors réfléchir à des noms féminins … Qu’est-ce qu’il pouvait prendre ? En sachant qu’il fallait que ça soit de jolis noms et pas des noms insultants … Il n’aimait pas que l’on insulte les gens … Enfin, il ne faisait pas mieux de son côté mais ses pokémons n’avaient rien à voir avec Bel. Sauf peut-être Larveyette puisqu’à la base, elle était prévue pour elle.

« Bon … Alors comme nom, je propose Vélicia pour toi. » dit-il en s’adressant à sa Vipélierre. « Et pour toi, Lisanée. Vous en pensez quoi ? » finit-il d’annoncer.

« LARVEYETTE ! » s’écria vivement la chenille à la carapace verte. De son côté, Vélicia sembla apprécier elle aussi son nouveau nom, arrêtant de faire la tête.

« Vipé … Vipélierre. Vipé vip. » murmura-t-elle en faisant apparaître une liane, venant caresser la joue de son dresseur. Celui-ci eut un petit sourire.

« Tant mieux si ça vous plaît … Par contre … Par contre … On se repose … sincèrement, j’en ai besoin. Vous pouvez dormir avec moi. »

Il avait dit cela en prenant une profonde respiration, poussant un léger râle. Il s’adossa correctement contre un arbre, fermant les yeux tandis que Vélicia s’installa dans ses bras. Elle créa d’autres lianes, serrant son dresseur contre elle tandis que Lisanée venait coller sa joue contre celle de Téo.

« Besoin … de se reposer, oui. Ah … J’ai un peu mal. »

Mais il n’avait pas à se plaindre à ce sujet. Pas le moins du monde. C’est lui qui avait décidé que ça se passerait ainsi. C’est lui qui avait décidé qu’il serait seul en abandonnant complètement Bel à ses amis. S’il avait décidé de les suivre, ça aurait été bien plus problématique. Ah … Ah … Il respira bruyamment plusieurs fois avant de se calmer, Vélicia le regardant longuement bien qu’il ne pouvait pas le remarquer. Lisanée avait déjà fermé les yeux, s’étant profondément endormie auprès de son dresseur.

« Vipélierre … Vipé, Vipélierre … Vi … » souffla la lézarde avant de plonger dans un songe.

Il se réveilla quatre heures plus tard, étant au beau milieu de l’après-midi. Il marmonna quelque chose d’incompréhensible, remarquant les petites créatures pressées contre lui. Sa Vipélierre dormait doucement dans ses bras tandis que sa Larveyette faisait de même.

« Mouais … Ce n’est pas comme si c’était gênant ou autre. Mais quand même … Je ne pensais pas qu’on pouvait dormir de la sorte. Vélicia ? »

Il posa un doigt sur le sommet du crâne de sa pokémon, lui caressant doucement celui-ci pour voir sa réaction. Elle ne tarda pas à se montrer, les yeux de la Vipélierre s’ouvrant peu à peu.

« Visiblement … C’est un bon réveil … Lisanée, c’est pareil pour toi. »

Il fit de même avec sa Larveyette, celle-ci ouvrant à tour ses petits yeux. Avec lenteur, elle se rapprocha du front de l’adolescent, collant ses deux petites boules frontales contre Téo. L’adolescent se laissa faire, sachant que cela correspondait à un signe de rapprochement entre sa pokémon et lui. Finalement, il attendit que Vélicia descende de ses jambes, chose qui n’arriva pas puisque la pokémon se remit en boule sur lui.

« Vélicia … C’est l’heure de se réveiller. Ne compte pas te rendormir. Ca ne marche pas comme ça avec moi. » chuchota t-il en secouant un peu sa pokémon. Sa Vipélierre fit sortir deux lianes pour venir entourer la main de Téo et la repousser. « Hey ! On ne fait pas sa forte tête ! On a autre chose ! On doit bouger un peu ! Sinon, on n’aura pas de quoi tenir en terme de nourriture jusqu’à la prochaine ville ! Tu as envie d’avoir à manger, oui ou non ? Si c’est le cas, alors, tu te réveilles Vélicia et plus vite que ça ! »

La pokémon poussa un petit rugissement de colère avant de se redresser, quittant les jambes de son dresseur. Visiblement, elle n’avait pas du tout apprécié les paroles de celui-ci. Pourtant, l’adolescent tapota son crâne avec délicatesse avant de la prendre dans ses bras. Il devait juste se lever, il n’avait jamais dit qu’il ne pouvait pas la prendre avec lui.

Pendant qu’ils remarchaient à travers la végétation, il observait les alentours, espérant ne pas avoir la mauvaise surprise de retomber sur Bel. Oui, malgré son repos, il ne pouvait pas vraiment se retirer l’adolescente de la tête. C’était impossible. Mais maintenant, il se sentait quand même un peu mieux et capable d’avancer. C’était juste qu’avec … « ça », elle pouvait facilement le rattraper si elle savait où il se trouvait.

« Bon, je n’ai plus que ça comme solution pour essayer de penser à autre chose. »

« Vipé ? » murmura Vélicia, le regardant avec interrogation.

« Je sais comment on va s’en sortir, tous les trois. »

S’en sortir tous les trois ? Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Les deux pokémons ne comprirent pas, Téo restant muet. Finalement, lorsqu’il réussit à trouver à ce qu’il cherchait, il déposa les deux pokémons au sol.

« Voilà … Nous allons nous entraîner ici. Nous devons progresser tous les trois. »

« Larveyette ? » demanda Lisanée, ne semblant pas réellement comprendre où il voulait en venir. L’endroit où ils se trouvaient ressemblait un peu à une clairière bien que plus petite. Il y a avait simplement un tronc d’arbre tandis que tout le reste était vide sur un diamètre d’une cinq à dix mètres. Il reprit calmement :

« Vélicia et Lisanée, vous allez vous affronter. Il n’y a que comme ça que vous allez progresser. C’est aussi simple que ça. C’est bien compris ? »

« Vipélierre … Vipé, Vipélierre … Vipélierre. »

« Normalement, elle a un avantage sur toi … mais il peut vite disparaître. Elle devrait plutôt se méfier même. Bon … Je m’installe sur le tronc et je vous regarde faire. Vous pensez vous débrouiller sans moi ? C’est bon ? »

Les deux pokémons se regardèrent pendant quelques secondes avant d’hocher la tête ensembles. Elles semblaient d’accord bien qu’un peu réticentes à cette idée. Néanmoins, il voulait simplement les entraîner pour qu’elles deviennent plus fortes.

« Larve ? Larveyette, larve larveyette ! »

« Vipé … Vipé vipé vi … Vipélierre. » répondit tout simplement Vélicia à Lisanée alors que les deux pokémons se retrouvaient face à face.

« Vous pouvez commencer dès maintenant. » annonça Téo en levant la main en l’air, l’abaissant aussitôt pour que les deux créatures puissent s’affronter. Lui … Pendant ce temps … Il allait tout simplement observer, n’est-ce pas ? C’était … la meilleure chose à faire.

Il ferma ses yeux, le seul bruit qu’il entendait était les cris de ses pokémons. Si on lui avait dit qu’un jour, il deviendrait dresseur … Il aurait eu beaucoup de mal à y croire. Encore maintenant, alors qu’il avait la vérité en face, il avait du mal à se demander si c’était un rêve ou la réalité. Et pourtant … Il connaissait la réponse.

« Larve ! » s’écria Lisanée avant de tenter de se rapprocher de Vélicia. Néanmoins, celle-ci ne se laissa pas faire, reculant et mettant le plus de distance entre elle et son adversaire. De son côté, Lisanée crachait plusieurs fois de la toile en direction de la Vipélierre.

« A distance … Lisanée ne pourra pas faire de grands dégâts … Et inversement, les lianes ne sont pas forcément très efficaces. Comment est-ce que vous allez vous débrouiller toutes les deux ? Montrez-moi donc ce que vous savez faire … »

C’était un test … Car pour l’heure, il n’avait qu’elles pour tenter de gagner son second badge. Bien entendu, le temps qu’il arrive en ville, il avait encore le temps … Mais ce n’était pas en ignorant les entraînements qu’il pouvait compter les voir progresser, loin de là.

« Vipééééééééééé ! » hurla Vélicia en tournoyant sur elle-même, ses lianes commençant à fouetter tout ce qui se trouvait autour d’elle dans un rayon de deux à trois mètres.

« Larve ? Larveyette ? LARVE ! LARVEYETTE ! »

Aie … Ca semblait mal parti pour la petite chenille. Celle-ci se prenait chaque liane comme un vilain coup de fouet tandis que la Vipélierre continuait d’avancer sans même reculer. Néanmoins, Lisanée faisait pareil de son côté. Elle tenait bon, se recouvrant le visage avec la petite feuille qu’elle portait au sommet de son crâne.

« Hum ? Très bien … Très bien même … »

Il s’était attendu à ce que la petite chenille commence à pleurer et à sangloter en disant que ça faisait mal … mais ce n’était pas le cas. Non, c’était même tout le contraire. Elle semblait être une forte tête et capable de se prendre des coups. Finalement, la Vipélierre s’arrêta de tourner, plus étourdie qu’autre chose par sa propre attaque.

« Oh … C’est donc fini. » murmura t-il calmement.


Maintenant que la Vipélierre était incapable de se battre, Lisanée pouvait attaquer avec facilité. Du moins, c’est ce qu’il croyait. Lisanée s’était avancé avec rapidité vers la Vipélierre, prête à lui faire une charge dévastatrice. Néanmoins, au moment où elle s’élança vers son adversaire, Vélicia reprit conscience et …

« Pourquoi est-ce que je ne m’en serai douté ? » marmonna l’adolescent quelques secondes plus tard. Il se releva en poussant un profond soupir, des petits gémissements se faisant entendre de la part de ses deux pokémons.

« Vipééééé … »

« Lar … Larve … » dit la chenille alors qu’elle était tout simplement assommée comme la Vipélierre. Bon … Il considérait ceci comme une égalité alors.

Chapitre 11 : S’éloigner d’elle

Second évènement : Isolation

Chapitre 11 : S’éloigner d’elle

« Et bien … Si tu nous racontais tout ? Tu as l’air toujours aussi joyeuse. » demanda Touko.

« J’ai eu mon premier badge hier ! C’était un combat en duo ! Dis, dis, Touko, tu veux que je te montre mon ami ? Il s’appelle Téo et il est un peu ronchon mais très gentil ! »

« Bel, qu’est-ce que je t’ai déjà dit à ce sujet ? Arrête de parler comme ça, on dirait que tu évoques un pokémon quand tu parles de cette manière. Bon, alors, où est ce fameux Téo ? »

Touko rigola néanmoins devant l’insistance de l’adolescente aux cheveux blonds à lui montrer qui était son nouvel ami. Celui-ci ne fit pas un geste, l’adolescente à la casquette l’observant alors qu’elle était emmené par Bel. Lorsqu’elle arriva à sa hauteur, elle lui fit un petit sourire, disant avec amusement :

« Joli béret. C’est toi donc le nouvel ami de Bel ? Elle a le chic pour s’en faire. »

« Je ne crois pas que le terme ami serait celui que j’utiliserai pour Bel. » répliqua aussitôt Téo avec calme bien que Touko ne perdait pas son sourire. Cheren et Touya vinrent rejoindre le trio, saluant Téo en tendant leurs mains. Avec lenteur, il les serra bien qu’il hochait simplement la tête pour leur adresser la parole. Bel, quant à elle avait juste la joie peinte sur son visage, follement heureuse de retrouver tout le monde.

« Donc vous avez eu votre premier badge vous aussi ? C’est vraiment excellent ! Vous avez aussi dû combattre en même temps ? » demanda l’adolescente, serrant les mains de Cheren et de Touko dans les siennes avant de se mettre en marche. Touya se retrouvait derrière le trio avec Téo, semblant un peu gêné, non pas à cause de l’adolescent mais plus de Bel.

« Haha … ha … Elle ne changera jamais. Elle est toujours la même. Tu … connais Bel depuis longtemps ? Elle est quand même assez … spéciale, tu remarqueras. »

« J’ai une petite question : est-ce que vous allez tous passer les uns après les autres pour tenter de me tirer les vers du nez et savoir ma relation avec Bel ? »

« Haha … ha … ha. Je vois. Tu n’es pas très loquace, c’est ça ? » murmura Touya, retirant sa casquette pour se gratter le sommet du crâne d’un air confus.

« Et laisse-moi deviner … Cheren est un peu l’intello de la bande ? »

« Hahaha … Disons qu’il est le plus réfléchit et aussi le plus calme quand il le faut. Mais si on devait nous caractériser de la sorte, je crois qu’il serait l’intello de la bande comme tu le dis si bien. » répondit Touya, remettant correctement sa casquette sur son crâne.

« Donc … Si je récapitule, nous avons l’imbécile, l’intello, la forte tête … et comment est-ce que je dois t’appeler ? Si tu veux bien m’aider car je n’ai pas envie d’y réfléchir. »

« L’imbé …Aie, aie, aie … Je crois que dans le fond, Bel s’est un peu trompée à ton sujet. Enfin, tu peux m’appeler comme tu veux. Je ne catégorise pas les gens à … »

« Donc, va pour simplet. Ca ne correspond pas exactement à ce que tu montres mais comme tu as l’air de vouloir mener une vie simple, autant utiliser ce terme. »

Hahaha … Touko émit juste un petit rire comme si de rien n’était alors que Bel se retournait pour regarder les deux adolescents. Elle retira ses mains de celles de Touko et Cheren pour courir vers Téo, lui prenant finalement la main.

« Touya ! Ce n’est pas sympathique de ta part de le garder rien que pour toi ! Téo, dis, dis ! Viens par-là ! Tu vas discuter un peu avec Cheren et Touko aussi ! Vilain Touya ! »

« Et tu ne veux pas plutôt me lâcher un peu ? Et je ne parle pas que de ma main. » marmonna Téo sans grande conviction, visiblement peu motivé par Bel et ses amis.

« Alors, Touko, Cheren, voici Téo ! Il est un peu grognon mais très gentil ! » signala Bel, Cheren remettant correctement ses lunettes en murmurant :

« Bel … Je te signale que tu l’as déjà dit. Tu devrais arrêter de te répéter. »

« Tu vois, Téo ! Dis, dis, je suis sûre que tu seras un bon ami à Cheren aussi ! Lui aussi ne fait que bouder un peu trop souvent, il ne sourit même pas du tout ! Hein oui, Cheren ? »

« Je souris quand la situation s’y prête, Bel. » répondit aussitôt l’adolescent aux cheveux noirs, poussant un profond soupir après cela. Vraiment … Cette fille était irrécupérable, qu’importe les efforts que tous et toutes tentaient pour lui donner l’air un peu moins niaise.

« Et tu ne souris jamais ! JAMAIS ! Pfffff ! T’es vraiment pas drôle, Cheren ! Tu ne changes pas du tout ! Au moins, avec Téo, on rigole beaucoup quand même ! »

« Hein ? Quoi ? Moi ? Tu rigoles avec moi ? » demanda l’adolescent plus que surpris par les paroles de Bel. Il entendit un petit rire de la part de Touko mais il préféra ne pas s’y attarder, continuant de regarder Bel. « J’espère que tu plaisantes quand même. »

« Pas du tout ! J’ai souvent rigolé avec toi ! Enfin, je fais aussi souvent des bêtises mais au moins, c’est toujours drôle quand c’est avec toi. »

« Oh bordel … Je crois qu’elle me donne déjà mal au crâne. »

Il avait dit cela en posant une main sur son front, cherchant à calmer ses pensées. Bon … Bel avait des amis … Des amis qui semblaient très proches puisqu’ils semblaient bien la connaître. Cela voulait dire … Oui. Ça voulait tout dire ! Il allait pouvoir enfin souffler !

« Hum ? Et si nous allions dans un coin pour boire ? Je suis sûre que Bel aurait beaucoup de choses à nous raconter sur son aventure jusqu’au premier badge. » annonça Touko avec une petite pointe d’ironie, son visage tourné vers Téo. Comme en réaction à cela, il émit un profond grognement. Elle voulait tout faire pour l’embarrasser.

« Hum … Euh … Euh … Je ne sais pas trop … Enfin … Si, oui ! Peut-être ! » balbutia Bel, semblant prise au dépourvu par Touko bien qu’elle jetait un regard inquiet vers Téo et Touko. C’était bizarre … Ils semblaient bien s’entendre tous les deux. Si bien s’entendre même.

Tous se retrouvèrent autour d’une table à une terrasse, chacun ayant pris une consommation sauf Téo qui avait décidé de boire uniquement un verre d’eau. Bel était toujours en train d’essayer de converser avec lui, folle de joie comme à son habitude. Lui ? Il faisait simplement semblant de l’écouter comme à son habitude. Il était plutôt songeur.

« Et puis, c’est comme ça que nous avons réussi à avoir notre premier badge ! Touko, tu aurais dû voir comment c’était ! C’était vraiment plus que beau ! »

Le problème alors qu’elle s’adressait à Touko ? C’était surtout qu’elle ne faisait que regarder Téo, comme si elle parlait à lui. Celui-ci se massait le front, passant une main devant sa bouche alors que Touko ne faisait que rigoler.

« On dirait bien que quelqu’un perturbe un certain Téo où je me trompe ? Tu devrais le laisser respirer un petit peu, Bel. Il ne va pas s’enfuir hein ? »

Comme en réponse à cela, l’adolescent trembla légèrement. Bel fit une petite moue boudeuse, prenant le bras de Téo entre les siens en s’écriant :

« Si, si ! La dernière fois, il a tenté de s’enfuir mais il ne court pas très vite ! Il voulait sûrement que je le rattrape ! Alors je l’ai rattrapé et il ne s’enfuira pas cette fois ! »

« Et bien … On dirait que tu es très bien accrochée, Bel. Tu devrais quand même le laisser respirer un peu. Tu n’as qu’à le mettre dans une pokéball si tu veux le garder tout le temps près de toi. C’est aussi simple que ça ! »

« Mais nonnnnnn ! Ce n’est pas ça du tout ! Tu … Tu te trompes partout ! » bafouilla Bel, cherchant à éviter le regard de Téo maintenant. « C’est juste qu’il a fait tellement de choses pour moi ! Tu sais du genre quand … Ben, euh … Je tombe un peu souvent au sol hein hein ? Enfin ? Je tombe souvent par terre ! Et bien, tu aurais dû voir quand je cherchais Téo hier ! Et bien, j’ai failli tomber par terre mais Téo m’a retenu en posant une main sur le ventre, ici ! » termina de dire Bel en passant une main le long de ses hanches.

« Oh … Un véritable chevalier servant en quelque sorte. » murmura Touko, regardant Téo avec une étrange lueur dans les yeux. Celui-ci fit semblant de l’ignorer avant de dire :

« J’aurai bien voulu qu’elle ait son souffle coupé à ce moment mais manque de pot, je n’ai jamais de chance dès qu’il s’agit d’une telle chose. »

« Beuh ! Et hier, tu étais quand même très gentil, je te rappelle, Téo ! Hier, tu m’as laissé être dans tes bras pendant cinq minutes après que … »

« Que tu pleures comme une madeleine pour une raison inconnue. Et je ne t’ai pas permis d’aller dans mes bras ! Si tu avais remarqué, je n’ai même pas cherché à faire ne serait-ce qu’un seul mouvement vers toi ! Arrête de t’imaginer des choses ! Bon, je vais à l’intérieur du café, je vais déjà payer ma consommation. » s’écria-t-il avant de se lever, retirant les bras de Bel autour du sien, celle-ci se levant aussi.

« Je t’accompagne ! Comme ça, je peux aussi payer pour moi ! »

« Hors de question ! Tu restes assise et tu attends comme les autres ! Je peux payer pour moi, je suis assez grand. Et comme ça, tu peux discuter avec les autres mais arrête sérieusement de me coller, ça devient vraiment lassant ! BORDEL ! »

« Mais mais mais … Téo ? Téo ? TEO ! Attends … » commença à dire Bel avant que Touko ne lui prenne le bras pour l’empêcher d’accompagner l’adolescent qui rentra à l’intérieur du café. La fille aux cheveux blonds fit une petite moue triste, retournant s’asseoir, jetant quelques brefs regards vers l’intérieur du café. Elle n’arrivait pas à voir Téo.

« Et bien … Quel charmant adolescent. » murmura Cheren avec ironie, suçant sa boisson à travers d’une paille, Touko répliquant aussitôt :

« Aussi agréable qu’une porte de prison. Ca me rappelle quelqu’un que je connais bien. »

« Je ne me permettrais pas de vous insulter, je tiens à vous le signaler. »

« Oh … Tu sais de toute façon ce qui risque de t’arriver hein ? » dit Touya, émettant un petit rire en regardant Touko. Celle-ci lui fit les gros yeux, l’adolescent levant les deux mains en l’air comme pour dire qu’il se rendait et surtout qu’il ne pensait pas du tout qu’elle était inquiétante. Enfin … Juste un peu quand même ?

A l’intérieur, l’adolescent au béret déposa quelques pièces pour sa consommation. Comme il avait pris uniquement de l’eau, cela ne revenait guère cher. La jeune femme qui était derrière le comptoir le remercia tandis qu’il tournait sa tête vers l’entrée du café. Pendant quelques secondes, il observa la porte, espérant qu’elle ne s’ouvre pas avant de demander à la femme :

« Est-ce qu’il y a une autre sortie dans ce café ? Je dois éviter d’être vu. »

« Euh … Oui ? Vous pouvez prendre cette porte … Enfin … Ca me concerne pas de toute façon. » annonça la jeune femme avec neutralité.

Sans même la remercier alors qu’elle lui avait désigné une porte, il se dirigea vers celle-ci, quittant le café. Parfait … Bel ne pouvait pas le voir. Il quitta rapidement le café, ne se gênant pas pour accélérer le pas bien qu’il allait toujours à une cadence assez lente. Ah … Ah … Ah … Il ne remarqua pas une adolescente aux cheveux bruns, une casquette sur son crâne. Adossée contre un mur, elle murmura :

« Vraiment … Qu’est-ce que c’est ce type au fond ? »

Elle s’éloigna sans un mot, retournant auprès de Bel et des deux autres adolescents avant de s’asseoir. La jeune demoiselle aux cheveux blonds sembla un peu anxieuse, regardant l’entrée du café avant de se lever. Touko la laissa faire, l’adolescente aux cheveux blonds disant avec appréhension et un petit tremblement :

« Il en met du temps pour payer sa bouteille d’eau. Je … Je vais voir à l’intérieur. »

Touko poussa un léger soupir, lui disant de revenir vite tandis que Cheren et Touya restèrent muets. Lorsque Bel pénétra dans le café, ce fut Cheren qui déclara calmement :

« Il est parti par l’autre issue, n’est-ce-pas, Touko ? »

« Je ne sais pas c’est qui réellement ce type mais y en a une qui risque d’être pas vraiment consolable pendant quelques jours. Elle semblait vraiment l’apprécier. Je me demande pourquoi faut-il qu’à chaque fois, elle apprécie des types vraiment bizarres. » murmura Touko tandis que Bel ne revint que deux minutes plus tard, complètement affolée.

« Téo est parti par l’autre sortie du café ! Il faut absolument que je le rattrape ! »

Elle s’était mise à courir, Touya passant une main sur son front en poussant un profond soupir. Bon … Tout était dit dans la phrase de Bel. Ils déposèrent l’argent pour payer les consommations, se levant à leur tour pour suivre Bel. Comme Téo n’était pas parti depuis très longtemps, il ne devait pas forcément être très loin. La jeune fille aux cheveux blonds n’hésita pas à pénétrer dans divers bâtiments et à courir, les trois autres adolescents semblant bien moins motivés à mettre la main sur Téo. Finalement, au bout d’une bonne demi-heure, Bel revint vers eux, la tête baissée vers le sol.

« Je ne l’ai pas trouvé … D’habitude … Il ne court pas aussi vite … Il doit être encore en ville … mais je ne le trouve pas du tout. » dit-elle avec une pointe de tristesse.

« Il est peut-être parti de la ville. C’est tout. Bon … Toute façon, ça devait arriver, vu comment tu n’arrêtais pas de l’agripper. » annonça Cheren avant de se prendre un violent coup de poing sur le derrière du crâne.

« La ferme, Cheren. Elle va croire que c’est de sa faute si un adolescent particulièrement stupide n’arrive pas à voir à quel point Bel est une perle ! » gronda Touko.

« Où est-ce qu’il est ? Je n’aime pas le laisser seul … Il était vraiment amusant comme garçon. Et puis, il était aussi très gentil ! Il faut absolument qu’on le retrouve ! »

Très gentil ? Il n’y avait qu’elle pour penser de la sorte. Touko posa une main sur son épaule droite, hochant la tête négativement pour lui dire qu’ils n’allaient rien faire du tout.

« Néanmoins, je te conseille de nous accompagner jusqu’à la prochaine ville. Au moins, tu ne seras pas seule pendant le voyage. Ca sera mieux que rien non ? »

« Oui bien sûr … Mais Téo sera seul non ? Dis, dis, Touko, tu crois que Téo ne m’apprécie pas ? » demanda Bel avec sincérité.

« On va dire que … Pfiou … Mais dis-moi plutôt … Est-ce que tu considères Téo comme un ami ? » questionna l’adolescente aux cheveux bruns si bizarrement coiffés.

« Hein ? Mais bien sûr ! J’adore Téo comme je vous adore tous les trois ! » s’écria Bel avec joie rien qu’à l’idée de parler de l’adolescent au béret rouge.

« Hum … Et est-ce que tu penses que Téo te considère comme une amie ? »

« Euh bien s … Euh … Euh … » commença à dire Bel avant de baisser la tête. « Et bien, je … Je ne sais pas en fait, Touko. Je n’ai pas pu lui demander. »

Voilà où elle voulait en venir. Il valait mieux … qu’elle ne se fasse pas d’illusions.

Chapitre 10 : Finalement seul

Chapitre 10 : Finalement seul

« Téo … S’il te plaît ? » murmura-t-elle une nouvelle fois avant qu’il ne pousse un petit râle de colère. Pourquoi fallait-il que ça se passe toujours ainsi hein ? POURQUOI ?

« Demain … Bel … Tu me fais la promesse de disparaître de ma vie. Je ne veux plus rien à voir avec toi. Est-ce bien compris ? Nous allons à l’hôtel et demain, je ne serai plus là. »

« Je suis si inutile que ça ? » balbutia l’adolescente aux cheveux blonds.

« Mais ce n’est pas une question d’être inutile ou non ! Allons-y maintenant, je commence à me sentir mal avec toute cette histoire. » annonça Téo en lui prenant la main. Ils retournèrent en ville, Bel restant muette pendant la majorité du trajet. Maintenant que la nuit était tombée, ce fut les poteaux lumineux qui éclairaient la ville. Une belle lueur dans l’obscurité.

Il s’arrêta au beau milieu de la route, regardant les quelques bâtiments illuminés. Si il habitait dans une plus grande ville, cela aurait été magnifique à regarder … mais il n’était pas un poète de toute façon. Il sentit la main de Bel qui tremblait, le forçant à la regarder. Ah ben … oui … Bien entendu, quelle blague … mais quelle blague.

« J’espère que tu as quelque chose de plus chaud à te mettre, Bel. »

« Je … J’ai juste un peu froid mais ça va un peu mieux avec toi, Téo. Dis, dis, on trouve l’hôtel ? Car je ne sais pas du tout où nous rendre, moi ! »

Elle avait dit cela sur un ton qui se voulait enjoué bien qu’il sentit que c’était loin d’être le cas. Elle n’était pas heureuse, loin de là même. Bon, ce n’était pas du tout son problème. Elle garda sa main dans la sienne tandis qu’il la conduisait vers un hôtel qui de l’extérieur, ne payait pas de mine mais qui ne devait pas coûter trop cher. Si elle payait la chambre, il n’allait pas non plus lui demander le grand luxe. Pénétrant dans le bâtiment, il regarda à l’intérieur. C’était une décoration sobre mais au moins, il y avait une moquette bleue au sol. Bref, ce n’était pas non plus si … horrible. Ils se présentèrent à la réception, Téo laissant Bel se charger de tout cela pendant qu’il restait en arrière. Quelques minutes plus tard, elle s’approcha de lui, tendant une clé avant de lui dire :

« Voilà la clé de ta chambre, Téo. Merci beaucoup. Dis … Tu n’étais pas sérieux hein ? »

« Hum ? Une clé ? Et tu en as une aussi ? » demanda-t-il sans même répondre à sa question.

« Bien sûr ? Tu ne croyais pas que nous allions dormir dans la même chambre hein ? Ils n’ont pas de chambre avec deux lits de disponible. » répondit l’adolescente avant de rire à cette idée. C’était un véritable rire, qui venait du fond du cœur, nullement forcé.

« Ouais bien sûr, je le savais parfaitement ! » grogna Téo, pris en défaut. Qu’est-ce qu’il s’était imaginé comme idiotie sur ce coup hein ? PFFFF ! Il prit la clé avant de monter à l’étage mais elle l’arrêta, désignant l’ascenseur.

« Nous sommes au cinquième étage, Téo. Ca serait bête de se fatiguer alors qu’il y a un ascenseur hein ? Tu ne trouves pas ? » dit Bel, gardant son sourire en remarquant ce que l’adolescent continuait de faire comme étourderies depuis qu’ils étaient dans l’hôtel.

Devant celui-ci en attendant qu’il descende, Bel observa plusieurs fois Téo. L’adolescent aux cheveux noirs faisait semblant de ne pas la remarquer, poussant un profond soupir néanmoins. Qu’est-ce que l’ascenseur attendait ? Hmmmm… Ca ne lui plaisait pas de rester ici à ne rien faire ! Pas du tout même !

« Et bien ? C’était vraiment une sacrée journée, hein hein ? Téo ? »

« On va dire que ça aurait pu être pire, largement pire même. Bon … Cet ascenseur, il arrive ou non ? Je suis plutôt fatigué avec toute cette histoire ! »

« Dis, dis … Tu étais sérieux ou non ? Car tu n’as pas répondu avant. » posa t-elle comme question, l’adolescent feignant l’ignorance. Pourtant, comme elle le regarda longuement, il prit sa respiration, cherchant les mots à prononcer.

« Je suis parfaitement sérieux … mais arrête de penser à ça pour aujourd’hui. Tu as eu une journée plutôt difficile. » répondit-il finalement alors que l’ascenseur venait de s’ouvrir. Il tapota Bel sur son crâne recouvert par son chapeau vert. Elle poussa un petit cri de surprise et de joie, s’engouffrant à l’intérieur de l’ascenseur avec lui. Lorsqu’il vit à la lenteur avec laquelle l’ascenseur montait, il comprit pourquoi il avait mis autant de temps à venir. Pendant la montée, l’adolescente aux cheveux blonds chantonnait gaiement. Plus rien à voir avec celle qui pleurait dans ses bras il y avait quelques temps.

« Demain, tu veux que je vienne te réveiller, Téo ? Ca me ferait vraiment plaisir ! »

« Pas besoin … Je compte dormir assez tard. Tu peux te réveiller, prendre ton petit-déjeuner et ensuite me laisser seul. Je n’ai plus besoin de toi. »

« Ne dit pas ça ! Tu sais très bien que tu ne le penses pas du tout, Téo ! » annonça l’adolescente, Téo se plaçant en face d’elle pour qu’elle puisse bien voir son visage.

« Ai-je l’air de ne pas le penser, Bel ? Aujourd’hui fut exceptionnel, voilà tout ! »

« Beuh … C’est vraiment pas gentil de ta part, Téo. Pourtant, tu l’étais toute la journée avec moi ! Enfin … Une grande partie de la journée ! » s’écria-t-elle tandis que l’ascenseur s’ouvrait au cinquième étage. Il en avait marre de l’ignorer. Du moins, il tentait de le faire mais comme elle criait à côté de lui, il ne pouvait que l’entendre.

« Je t’ai pourtant annoncé que je ne voulais plus te voir. C’est pourtant pas si difficile à comprendre hein ? Ou alors tu le fais tout simplement exprès. »

« Je le fais peut-être exprès car je n’ai pas envie que tu partes ? » dit Bel avant d’éclater de rire, l’adolescent se trouvant devant la porte de sa chambre. Vite ! Il devait vite rentrer dans sa chambre avant qu’il ne soit trop tard ! Il fit tourner la clé dans la serrure, s’apprêtant à en finir pour la journée avant que Bel ne lui prenne les deux mains pour qu’il la regarde. Elle l’embrassa sur la joue en un baiser sonore, rigolant une nouvelle fois.

« Qu’est-ce que … Qu’est-ce que tu viens de faire là ? »

« C’est pour te remercier de cette journée. Tu en as fait beaucoup pour moi. Bonne nuit. »

« Euh ouais … Bonne nuit, Bel. » murmura-t-il en la regardant partir vers sa chambre. Il attendit qu’elle pénètre à l’intérieur avant de passer une main sur son visage. Vraiment, c’était n’importe quoi ce qui se passait avec cette fille.

Il rentra dans sa chambre, remarquant que les murs n’étaient guère bien épais. En fait, il entendait même Bel qui chantonnait gaiement à côté. Ah … D’ailleurs, sa chambre à lui n’était pas vraiment spéciale … Il devait se l’avouer. Toute façon, il n’allait pas se plaindre, c’était une chambre gratuite. Si cette fille voulait lui payer une chambre, libre à elle. Il n’allait pas refuser plus longtemps !

Enfin bon … Il aurait aimé se comporter de la sorte, avec joie et liesse mais ce n’était pas le cas. Alors qu’il se lavait et se mettait dans une tenue plus décontractée, pouvant enfin enfiler un pyjama, il remarqua qu’il n’entendait plus le petit chant de Bel. Celle-ci en avait déjà terminé ? Peut-être s’était-elle tout simplement déjà engouffrée dans les bras de Morphée ? A défaut d’être dans les siens quand elle pleurait comme une madeleine.

Il aurait mieux fait de se taire mentalement. Voilà qu’il entendait à nouveau les petits sanglots de la jeune fille aux cheveux blonds. Oh, ils étaient plutôt discrets mais il arrivait à les reconnaître puisqu’il les avait entendus dans la journée. Bon sang … C’était quoi ces pleurs ? Il n’allait pas sortir de la chambre et toquer pour voir. Elle pouvait bien pleurer, ce n’était pas son problème.

« Chacun sa merde, ma grande. » dit-il avec neutralité avant de retourner dans la salle de bain, son sac banane dans ses mains. Il n’avait pas le temps de se préoccuper d’elle.

Il ouvrit son sac banane, observant le visage dénué de sentiments qu’il offrait quotidiennement. Il plongea sa main dans le sac, en retirant plusieurs petits flacons de plastique qu’il ouvrit avant d’en retirer des petites gélules de différentes couleurs. Il en prit une grande bouchée, avalant de l’eau avec.

« Pfff … Dire que je ne peux même pas les prendre pendant qu’elle est là sinon, elle n’arrêterait pas de me questionner. D’ailleurs, j’aurai peut-être dû passer un appel au professeur Araragi. Elle risque de m’en vouloir. »

Il s’observa une nouvelle fois dans la glace. Il avait vraiment une sale mine. Comme si il se forçait, il fit un petit sourire à l’image reflétée sur le miroir. Ouais … Bon … Ce n’était pas tout ça et il ne pouvait rien y faire hein ? Il quitta la salle de bain, se dirigeant vers son lit alors qu’il continuait d’entendre les sanglots de Bel. Bon sang !

« Mais je n’y crois pas ! MAIS JE N’Y CROIS PAS ! »

« Té … Téo ? » balbutia une voix de l’autre côté du mur.

« C’est quoi ton problème encore ? Hein ? HEIN ? Bel ! Et c’est quoi ce bordel ! Pourquoi est-ce que nos deux lits sont l’un contre l’autre ? Ils ne pouvaient pas éviter ça ! »

« Est-ce que … Est-ce que tu m’as entendu ? » demanda Bel d’une voix troublée.

« Ouais et j’espère que je ne t’entendrai plus ! Met-la en veilleuse et bonne nuit ! »

« Bonne nuit, Téo. Dors bien … et désolée de pleurer. »

Ouais, ouais. Bien entendu, elle semblait vachement désolée hein ? Il avait beaucoup de mal à la croire à ce sujet. Mais bon, il savait que c’était sincère. Il ferma les yeux, les sanglots continuant pendant quelques instants avant de s’arrêter après un ou deux reniflements. Hum … Bien … Elle s’était arrêtée … Pfff …

« C’est vraiment qu’une fille complètement stupide. Je ne vais pas me prendre la tête à cause d’elle. Ça serait qu’une source d’ennuis. Demain, c’est fini. »

Il s’endormit finalement à son tour, trouvant le sommeil avec un peu de mal. Le lendemain matin, il resta dans son lit pendant une bonne demi-heure, gesticulant faiblement avec une certaine difficulté. Finalement, rassemblant tout son courage, il se redressa dans son lit, regardant l’heure qu’il était. Plus de onze heures et demie. Il espérait qu’elle était partie mais … Il ne se faisait pas d’illusions. Il se lava, prenant quelques gélules avant de les avaler. Voilà de quoi lui couper l’appétit, yerk. Lorsqu’il ouvrit la porte de sa chambre pour en sortir, il put faire un constat affligeant, du moins à ses yeux.

« Coucou Téo. J’ai déjà déjeuné mais je t’attendais ! »

Ah la petite … GRRRRRRR ! Il avait du mal à se contrôler mais … Il devait reconnaître que c’était bien joué de sa part. Enfin, elle avait une certaine patience pour attendre ici de l’autre côté de la porte. Vraiment, vraiment, vraiment … Il posa une main sur son épaule, passant à côté d’elle avant de se diriger vers l’ascenseur. Elle l’accompagna, demandant :

« Tu n’as pas faim, Téo ? Tu ne veux pas de déjeuner ? Tu verrais, ils font d’excellentes vien… vonnoi… enfin des croissants et des pains au chocolat ! »

« Je ne déjeune jamais le matin. Tu ne l’as peut-être pas encore remarqué mais c’est pourtant le cas. Je pensais m’en aller tout de suite. Il va être l’heure de se … »

« Se rendre à la ville de Maillard ! Mais je pense qu’on devrait essayer de trouver quelques dresseurs qui accepteraient de se battre contre nous ! Car il faut aussi que l’on s’entraîne ! On ne peut pas faire cela qu’entre nous ! »

« … Tu es désespérante comme fille. Je n’arrive pas à croire que tu ne comprends pas le message que je tente de te transmettre. » annonça t-il en quittant l’ascenseur puis l’hôtel, Bel derrière lui. « C’est pourtant simple, non ? »

« Dis, dis, on va faire quelques achats pour le voyage ? Et puis, comme ça, on peut encore se promener un peu. Car il est rare que l’on retourne dans une ville où on a eu à affronter un champion d’arène. Je crois que c’est … logique d’après ce que je sais. »

« Tais-toi … et allons-y avant que tu me fatigues encore plus. Je viens de me réveiller et tu me donnes déjà envie d’aller me rendormir. »

Elle émit un grand rire avant de serrer sa main droite dans la sienne. Pourquoi est-ce qu’elle se sentait obligée de faire ce geste ? Elle n’avait aucune pudeur ? Cette fille était juste un pur concentré d’ennuis en devenir. Encore que pour hier, elle n’avait fait aucune maladresse … ou presque … Enfin, le moment où elle avait failli tomber pendant qu’elle pleurait. Il était en partie responsable de cela, il devait le reconnaître. Ah … Vraiment.

« Et bien … Qu’est-ce que tu attends ? Que je te prenne la main ? » dit-il avec un peu d’énervement alors qu’ils s’étaient arrêté après quelques mètres.

« Et bien non ! Car c’est déjà le cas, Téo ! » rigola Bel en soulevant leurs deux mains réunies. Pour seule réaction, l’adolescent retira sa main, poussant un grognement avant de s’éloigner d’elle. Il n’aimait pas du tout ce genre de comportement.

« On n’évitera ceci dorénavant. Que je sache, tu n’es pas une assistée qui a besoin que l’on aide à marcher hein ? Alors, tu as intérêt à bouger tes fesses et plus vite que ça ! »

« Oui Téoooooooooooo ! » cria t-elle avec une joie et liesse comme à son habitude, semblant plus qu’heureuse de passer du temps avec l’adolescent.

Il était vraiment exténué et fatigué. Qu’importe ce qu’il comptait faire, il savait qu’il n’allait pas pouvoir se débarrasser d’elle. Hier fut sa seule chance et il l’avait complètement gâchée. Tsss … Il le regrettait presque. PRESQUE … Car ce n’était pas le cas. Cette adolescente était un cas désespéré. Qu’est-ce qu’il allait pouvoir faire d’elle ?

« Téo ? Téo ? Il me reste encore un peu de mes bonbons d’hier. Tu en veux ? »

« Si ce sont encore tes marshmallows, il en est hors de question, Bel. Maintenant, si tu en as terminé avec tout ça, j’aimerai bien quitter cette ville. Alors dépêche … »

« BEL ? C’est toi ? BEL ! BEL ! » cria une voix féminine dans la rue où ils se trouvaient.

Hum ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? L’adolescente aux cheveux blonds avait déjà tourné son regard vers l’origine de la voix tandis qu’il faisait de même. Hein ? Qui était-ce ? Une adolescente habillée avec un jean … mais en short ? Elle avait une sacrée paire de bottes, elle partait en randonnée ou quoi ? Et que dire de sa chemise blanche, de sa veste noire … ou alors de sa coiffure brune plus que spéciale ? Elle avait une casquette blanche avec une pokéball rouge dessinée dessus. Super … Bel la connaissait ?

« TOUKOOOOOOOOOOO ! TOUKO ! C’EST TOI ! »

Ses oreilles ! Il venait de perdre ses deux oreilles après le cri de Bel qui courut à toute allure vers l’adolescente aux yeux bleus. Oh punaise ! Il la regarda partir et s’éloigner de lui. Elle allait se casser la figure. Il en était sûr et certain.

« Ah ! Mais c’est Bel ? Qu’est-ce que tu fais ici ? Nous ne t’avions pas vue à la distribution de pokémons ! On s’est dit que … »

« Il y a aussi Touya et Cheren ? Mais c’est une super nouvelle ! »

Bel, après avoir enlacé Touko, s’était mise à faire de même avec deux adolescents qui devaient avoir son âge. Lui ? Oh … Il était resté parfaitement immobile. En quoi est-ce que ça le concernait ? Enfin … Il s’était quand même lourdement trompé. Bel n’était pas seule, loin de là même. Elle semblait heureuse, rien à avoir avec hier. Elle avait au final des amis.

Chapitre 9 : Il suffit d’un rien

Chapitre 9 : Il suffit d’un rien

« Téoooooooooooo ! Téoooooooooo ! » s’écria l’adolescente aux cheveux blonds, sortant du restaurant où ils avaient mené une lutte sans merci pour avoir leur premier badge … ensemble ! Bel se retrouva rapidement à sa hauteur, un grand sourire aux lèvres tandis qu’il fit mine de l’ignorer. Après son effusion de joie, il évitait de la regarder. Tournant la tête à gauche et à droite pour ne pas la voir, elle se plaça finalement en face de lui, prenant son visage à deux mains avant de dire : « Mais tu m’écoutes un peu hein ? Hein ? Téo ! »

« Lâche-moi, Bel ! C’est bon ! » répondit-il en lui retirant ses mains. Voilà ! Il la regardait ! Qu’est-ce qu’elle voulait alors ? Qu’elle parle maintenant !

« On va fêter notre victoire tous les deux ? On a réussi à avoir notre premier badge ! Il faut fêter ça ! On a un peu d’argent en plus maintenant ! »

« Je dois garder mon argent pour des choses plus importantes. Je refuse donc de l’utiliser pour une futilité telle que fêter ma victoire pour un premier badge plutôt simple. »

« Tu es trop vaniteux et tu es trop avare ! » cria Bel avant de rigoler, plus amusée qu’autre chose par les dires de l’adolescent. Qu’il soit avare et vaniteux, c’était son problème. Ça ne la concernait pas ! Il annonça sèchement :

« Maintenant que tu sais ce que je suis, tu peux me laisser tranquille ? Je me repose et ensuite, je vais me préparer pour la seconde arène, voilà tout. »

« Oui … Mais non ! Tu viens avec moi ! » s’exclama l’adolescente aux cheveux blonds avant de lui prendre la main et de courir avec lui.

Mais qu’est-ce qui clochait chez elle ? QU’EST-CE QUI CLOCHAIT ? Il voulut retirer sa main mais elle la serrait avec tellement de force qu’elle l’empêchait par tous les moyens d’enfuir ! Il était obligé de la suivre même s’il n’en avait pas envie ! AH ! Qu’elle le lâcheeeeeee ! PUREE ! Ah ? Qu’est-ce que … La main de Bel se retira de la sienne pendant quelques instants alors qu’ils avaient arrêté de courir. Il pouvait s’enfuir ?

« Bonjour monsieur le vendeur ! Vous auriez quelques confiseries pour Téo et moi ? » demanda l’adolescente avec joie. Alors que Téo s’apprêtait à faire quelques pas pour s’éloigner, la main de Bel reprit rapidement la sienne, le forçant à rester en place. Elle se prenait pour qui ? Une gamine ou quoi ?

Devant son air ravi tandis que le marchand lui montrait tous ses échantillons, il la laissa faire. Lui ? Il regardait le ciel, étudiant celui-ci pour tenter de deviner l’heure. Le soleil n’était pas encore prêt de se coucher mais il n’était pas aussi haut que ça dans le ciel. Hum … Ils devaient être au milieu de l’après-midi.

« Téo ? Téo ? Tu ne prends pas de bonbons ? Regarde comme ça a l’air bon ! »

« Je t’ai déjà dit que je ne voulais rien acheter. Prends-toi ce que tu veux et laisse-moi tranquille, d’accord ? Bon … Maintenant … »

« C’est moi qui te les achète ! Goûte ce marshmallow ! » annonça Bel tout en lui fourrant un morceau de guimauve dans la bouche, l’adolescent ne s’y attendant pas. Il l’avala d’une traite, toussant un peu avant de s’exclamer :

« Mais tu es folle ? J’aurai pu m’étouffer ! Je n’ai pas envie de bonbons ! C’est pourtant … »

Hein ? Elle avait dit qu’elle lui en achetait ? Il écarquilla les yeux, semblant en proie au doute. C’était offert … de la part de Bel. Donc c’était gratuit. Mais en même temps, c’était Bel quoi. S’il acceptait une telle chose, elle allait se faire des idées et … Hum … Bon. Ce n’était que des bonbons n’est-ce pas ? Il prit simplement quelques friandises caramélisées et d’autres bonbons à sucer dans la bouche. Elle ? Elle avait décidé de prendre trois sucettes et quelques confiseries à mâcher. Elle remercia l’homme avant de rigoler, un grand sourire aux lèvres en observant Bel. Celui-ci ne la regardait pas, mangeant ses bonbons sans un mot. Il semblait prendre le maximum de temps pour les déguster, mettant cinq à dix bonnes minutes pour finir ne serait-ce qu’un seul d’entre eux.

« C’est bon hein ? Hein ? » demanda Bel, une sucette à la bouche, le regard rieur en s’adressant à lui. Pour toute réponse, il remua la tête de haut en bas sans un mot.

Et maintenant ? Qu’est-ce qu’ils allaient faire ? Tout simplement s’asseoir sur un banc tout en dégustant les bonbons achetés. Pendant qu’il observait le badge qu’il venait d’avoir, elle tentait de lui faire la conversation, Téo l’écoutant brièvement sans chercher à lui répondre. Dans le fond, c’était plutôt un monologue qu’un dialogue.

« Téo ? Dis … Dis … Je peux te demander quelque chose ? » murmura-t-elle faiblement.

« Même pas en rêve, Bel. » répondit-il aussitôt, finissant un caramel.

« Alors … Euh, je me disais … Puisqu’on a eu notre premier badge ensembles … » reprit l’adolescente, se triturant les doigts en baissant la tête. Ce n’était pas vraiment qu’elle était gênée mais une fausse manœuvre verbale avec Téo et c’était fichu.

« Je refuse tout de suite. Ne cherche même pas à me poser cette question. »

« Mais tu peux quand même me laisser te la poser non ? Tu peux y réfléchir un peu, Téo ! » bredouilla l’adolescente, posant ses mains sur ses épaules.


Grumpf … Il valait mieux la laisser parler. Avec son petit coup d’éclat pendant … le combat en arène, il se méfiait un petit peu d’elle. Mais il ne l’appréciait pas, il ne fallait pas rêver. Cette fille était comme une verrue au pied dont il fallait se débarrasser à tout prix. Il arrêta de sucer son bonbon, posant ses yeux bleus sur elle en attendant qu’elle reprenne.

« Tu sais, c’est quand même très triste de voyager tout seul quand on est un dresseur pokémon ! Tu ne trouves pas ? » dit-elle, essayant de parler implicitement. Elle n’était franchement pas douée pour cela mais elle essayait de faire de son mieux.

« J’arrive à m’en incommoder. Enfin, à la base, c’est ce que je comptais faire mais depuis le début du voyage, j’ai une épine dans le pied. »

« Mais tu ne te sens pas un peu seul ? » demanda Bel en rapprochant son visage du sien.

« Si je devais m’embarrasser de tels sentiments, il y aurait longtemps que je me serais senti seul. Je ne me sens pas seul, pas le moins du monde. »

« C’est bizarre … ce que tu dis … » murmura l’adolescente aux yeux verts, penchant la tête sur le côté. Non ! Elle ne devait pas perdre son idée de départ ! « Enfin … Euh … Comment dire … Je voulais te demander quelque chose. Alors, comme je pensais que tu te sentais seul et qu’il valait mieux, enfin, si tu en as envie … »

« Pas le moins du monde. Je me répète une nouvelle fois, c’est non. » coupa sèchement Téo sans même une once d’hésitation dans ses propos.

« Mais laisse-moi finiiiiiiiiiiiiiir ! » cria Bel dans un long râle rempli de désespoir.

« Mais pourquoi perdre ton temps à me demander quelque chose dont tu connais déjà la réponse ? » questionna l’adolescent avant qu’elle ne prenne son visage à deux mains. Elle colla son front contre le sien, leurs visages proches à quelques centimètres l’un de l’autre. Son souffle chaud caressait les lèvres de l’adolescent, celui-ci restant imperturbable.

« Car tu ne peux pas savoir avant d’avoir entendu. Donc, je disais … euh … Qu’est-ce que je disais ? AH OUI ! Je sais ce que je voulais dire ! Est-ce que tu veux bien que l’on voyage ensembles tous les deux ? Ca sera encore mieux ! » annonça l’adolescente avant de murmurer en trois temps, un petit sourire charmeur : « S’il … te … plaît ? »

« Hors de question. » annonça Téo, retirant les mains de Bel de son visage.

« Hein ? MAIS MAIS MAIS MAIS … Et le sourire ? Et puis la phrase dite toute lentement ? Pourquoi est-ce que tu n’as pas accepté ? Ça devrait marcher ! C’est comme ça dans les livres ! Ca marche tout le temps dans les livres ! »

Mais ils n’étaient pas dans un livre, seulement dans la vie réelle. Elle allait devoir arrêter de confondre la réalité et la fiction. Maintenant qu’elle avait fini de raconter sa vie et surtout d’essayer de l’amadouer, ils allaient pouvoir enfin se séparer. Il se leva du banc, Bel faisant de même, comme un automatisme.

Elle n’allait pas le laisser tranquille ! Malgré les apparences, elle était quand même du genre très tenace. Enfin, il avait pu le remarquer depuis leur première rencontre. Lorsqu’elle avait une idée en tête, elle ne se privait pas pour tout faire pour qu’elle s’accomplisse. Elle se positionna en face de lui, le fixant longuement. Il voulut passer à côté d’elle mais elle fit un pas sur le côté, se remettant en face de lui.

« Bel … S’ il te plaît, lâche-moi la grappe. Tu sais aussi bien que moi que tu me parasites. »

« Tu veux dormir à l’hôtel aujourd’hui ? »

« Bel, vraiment tu … Oh et puis zut, laisse tomber. Tu connais encore une fois ma réponse. »

Il fit un petit geste de la main pour dire qu’il n’en avait rien à faire. Il fit un demi-tour sur lui-même mais déjà, elle se retrouvait en face. Elle attendait sa réponse ? Et bien, qu’elle patiente car il ne lui répondrait pas. Pourtant, elle ne comptait pas abandonner la lutte verbale. A chaque mouvement qu’il faisait, elle était à ses côtés. Qu’elle était casse-pieds lorsqu’elle le désirait ! Il devait quitter cette ville et la laisser seule !

« Téoooooooo ! Tééééééoooooooooo ! Tu peux attendre dix minutes ? Je dois passer un coup de téléphone et ensuite, on peut aller à l’hôtel ! »

« Fais ça et tu ne me verras plus jamais. » répliqua l’adolescent mais elle était déjà partie.

Ah ? Elle voulait jouer à ça ? Alors, elle allait avoir une sacrée surprise ! Dès qu’elle fut hors de son champ de vision, il commença à courir à toute allure vers la sortie de la ville. Il ne restait plus qu’une heure ou deux avant que le soleil ne se couche. Après une dizaine de minutes, exténué et le souffle rapide, il était enfin sorti de la ville. Voilà ! Bon, il n’allait sûrement dormir bien au chaud dans un lit douillet mais ce n’était pas un souci. Bien entendu, il pouvait aussi oublier la tente mais qu’importe.

Humpf … Ce qu’elle allait devenir, il s’en fichait particulièrement. Il savait juste que se débarrasser d’elle était souvent plus compliqué qu’on ne le croyait. D’ailleurs, il avait même l’impression de l’entendre. Malgré qu’il avait quitté la ville, il semblait encore sa voix. C’était tout simplement impossible ! Si c’était le cas, il devait se cacher !

« Téoooooo ! Téoooooo ! Dis-moi où tu es ! Téooooooo ! » cria l’adolescente alors qu’il se cachait derrière un arbre, un rocher, n’importe quoi ! La nuit n’était pas encore présente donc elle pouvait facilement le repérer si elle cherchait.

« Hors de question qu’elle me trouve ! » marmonna t-il en se mettant assis derrière une pierre de grande taille. Il l’entendait crier son nom une nouvelle fois mais … Il y avait un problème dans le ton. Il entendait quelques trémolos :

« Téooooo ! Rép … Répond-moi ! Téoooooooo ! Snif … Snif … »

Hu ? C’était une drôle de manœuvre ça. Faire semblant de pleurer pour le faire sortir de sa cachette. Le gros souci dans ce qu’il pensait ? C’est qu’il ne s’imaginait pas l’adolescente avoir une telle tactique pour le manipuler. Qu’est-ce qui se passait ?

« Ce n’est pas mon problème de toute façon. » chuchota Téo en restant derrière son rocher.

« Téoooo, réponds … réponds moi s’il te plaît ! MOUINNNNNNNNNNNN ! »

Oh bordel ! Elle allait alerter tout le monde, même les pokémons sauvages si elle commençait à pleurer de la sorte ! Et pourquoi est-ce qu’elle pleurait ? Il sortit de sa cachette, faisant quelques pas vers elle. Elle était assise sur le sol, les jambes entrouvertes comme le serait un enfant qui venait de s’écorcher le genou. Elle avait de grosses larmes aux yeux, reniflant bruyamment en apercevant Téo. Elle se redressa, courant vers lui avec difficultés, son visage parcouru par les pleurs. Ah … Ah … AH NON !

« Désolé mais pour l’accolade, va te trouver une peluche Ronflex. » annonça l’adolescent, faisant un pas sur le côté alors qu’elle avait essayé de le serrer contre elle. Elle se pencha en avant, s’apprêtant à s’écrouler au sol mais il eut la décence de tendre son bras au niveau du ventre de l’adolescente, la rattrapant à temps. Il poussa un profond soupir. Il aurait mieux valu qu’il … ET MERDE ! Il venait de commettre une grosse erreur !

« Snif … Snif … Pourquoi tu es parti, Téo ? » bafouilla l’adolescente, passant ses deux mains autour du torse de Téo, se serrant contre lui, collant sa tête contre son torse.

« Car je veux me débarrasser de toi. Tu ne t’es quand même pas mise à chialer à cause de ça ? Je te l’ai pourtant déjà dit plein de fois. »

« Snif … Beuh … Téo, c’est pas de ta faute, snif. »

« Ah mais je l’espère bien car je m’en voudrai pas le moins du monde. » répondit-il sèchement, nullement apitoyé par les pleurs de Bel qui semblaient s’être arrêté peu à peu.

« Snif … Je peux rester s’il te plaît ? » demanda Bel après une trentaine de secondes de reniflement aiguës. Cette position n’était pas inconfortable mais elle pouvait donner quelques quiproquos. Et surtout, surtout … Il ne savait pas pourquoi elle pleurait !

« Tu m’expliques ce qui se passe ? »

Il ne lui répondait pas par l’affirmative car ne le tentait pas plus que ça qu’elle soit dans ses bras. Surtout qu’il ne faisait aucun geste chaleureux envers l’adolescente. Il avait juste les bras qui pendai… Ah non. Il avait toujours la main sur son ventre. Il la retira avec dextérité, levant les yeux en direction du ciel. Vraiment, qu’elle le lâche … et dans tous les sens du terme cette fois. Elle chuchota :

« C’est … Ce n’est pas grand-chose, Téo. Promis … »

« Bien entendu, tu as donc l’habitude de pleurer pour rien ? En plus d’être une hystérique complètement folle et enjouée, ça t’arrive d’avoir des sauts d’humeur et de pleurer sans raison ? Je dois t’appeler comment dorénavant ? Bel qui rit, Bel qui pleure ? »

« Mais nonnnnn ! C’est … C’est pas ça ! C’est … C’est personnel. »

Ah. Le domaine personnel. Comme il ne s’intéressait pas à elle, il n’allait pas poser plus de questions à ce sujet. Il n’aimerait pas aussi qu’elle commence à s’immiscer dans SA vie. Il poussa un profond soupir, se disant que cette fille n’était qu’une source d’ennui. Il ferma ses yeux saphir, s’immobilisant en laissant le temps qui s’écoulait. Puis finalement, il sentit que la pression exercée sur son dos et son torse se faisait moins forte. Elle releva son visage, le regardant de ses yeux émeraude mais rougis par l’émotion.

« Téo … Merci beaucoup. » dit-elle finalement après une vingtaine de secondes de fixation.

« Tu n’as pas à me remercier car je n’ai rien fait. Bon … Puisque tu as fini avec tes larmes de … Qu’est-ce qu’il y a encore ? »

« S’il te plaît … Viens dormir à l’hôtel, toi aussi. Je me sentirai moins inutile. »

« Je m’étais pourtant exprimé à ce sujet, Bel. » conclut l’adolescent, se préparant à partir maintenant qu’elle ne le serait plus. Néanmoins, Bel lui tira faiblement sur sa veste, le forçant à stopper son amorce de mouvement. Il l’étudia, remarquant à quel point elle semblait si vulnérable. Il s’était passé quoi alors au final ? Demain, c’était la dernière échéance !