Chapitre 19 : Un acte horrible

ShiroiRyu
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Chapitre 19 : Un acte horrible

« Manelena, les gens, tu as entendu ? »

« Je sais bien, Tery. Je sais bien, enfin messire Tery. Qu’allez-vous faire donc ? »

« J’en ai aucune idée malheureusement ! Je ne vois pas comment je peux régler ça. Les autres démons n’ont pas ce problème, j’ai demandé à Héraisty. »

« Ils sont habitués à l’échelle sociale instaurée ici. Et je pense que les soldats des différentes nations aussi. Mais toi qui a toujours été tête en l’air et du genre à ne pas te préoccuper de ces petites choses, autant dire que ce n’est pas viable. »

« Mais si je ne fais rien, tu risques d’avoir de gros ennuis et… je ne veux pas que ça arrive ! »

« Alors, tu n’as qu’à trouver une solution, maître Tery. Enfin, tu as compris ! » s’exclama t-elle alors qu’ils étaient tous les deux dans la chambre de Tery une nouvelle fois.

Des journées s’étaient écoulées depuis la soirée où ils avaient bu un peu plus que nécessaire. Lorsqu’il s’était réveillé, autant dire qu’il en menait pas large, surtout qu’il était dans une tenue déplorable et que Manelena dormait à ses côtés. Il avait eu peur d’en avoir trop fait et de ne pas s’en rappeler mais Manelena portait encore quelques habits.

Puis peu à peu, il s’était dit que ce n’était pas si grave, loin de là. Dans les faits, s’il y avait bien une personne qu’il faisait plus qu’apprécier, c’était Manelena. Cela ne datait pas d’hier, ce qu’il ressentait pour elle. Pourquoi le cacher ? Pourquoi ne pas le montrer ? Ici, c’était impossible. S’il devait le montrer aux autres démons, autant dire qu’on voudra sa tête sur un plateau et que certains n’attendaient que ça.

« Je vais trouver une solution, Manelena. Mais… Est-ce que tu me feras confiance jusqu’au bout dans ma décision ? »

« Hmm… Je ne… » commença t-elle à dire avec un air un peu suspicieux. Mais elle s’arrêta aussitôt en voyant le regard du jeune homme posé sur elle. Même si cela ne semblait être qu’un « jeu » quand elle se faisait passer pour son esclave, Tery réfléchissait réellement à tout faire pour que ça se passe le mieux possible.

« Qu’importe ce que je ferais, je veux juste que tu saches que ma priorité est ta sécurité, Manelena. Tu es vraiment la personne la plus importante pour moi en ces lieux. »

« Mais quel beau parleur que tu fais, Tery. Tu devrais raconter de telles inep… Ah bon sang, tu vas arrêter de me fixer comme ça ? »

C’était elle qui avait fini par détourner le regard, plus gênée qu’elle ne l’aurai cru. D’une voix plus tremblante qu’elle ne le voulait, elle murmura :

« Je veux bien te faire confiance. Malgré les apparences, ces actes stupides et tout le reste, je suis sûre et certaine que tu envisages tout pour que ça se termine bien. »

« Je ne sais pas du tout. C’est juste absurde et monstrueux. »

Absurde et monstrueux ? Cela voulait dire qu’il avait déjà son idée en tête ? Maintenant, elle le regardait à nouveau, interrogative. Elle savait qu’il tiendrait ses promesses, du moins, qu’il fera tout pour qu’elle soit en sécurité. Mais absurde ? Monstrueux ? Qu’est-ce que Tery avait exactement en tête ?

« Il me faudra vraiment beaucoup de courage pour ça. Je suis vraiment désolé, Manelena. »

« Mais tu vas attendre un petit peu ? Et me dire de quoi tu parles exactement ? Car là, tu fais juste plus peur qu’autre chose, Tery. »

Encore, elle, avoir peur, c’était un concept assez étrange mais en même temps ce n’était pas impossible. Elle n’était pas totalement insensible. En même temps, cela lui arrivait d’être… inquiète et c’était justement ce qu’elle ressentait en écoutant Tery.

« Tery, je veux juste que tu me fasses une promesse, toi aussi. Si tu ne la fais pas, je ne pourrais pas alors accepter ce tu as dit. »

« Et de quelle promesse il s’agit ? » demanda Tery, cherchant à comprendre ce qui lui arrivait vu qu’elle n’avait pas le même timbre de voix que d’habitude.

« Que ce n’est rien de dangereux pour toi. Pfff… Qu’est-ce que j’ai l’air en disant ça ? On dirait que je vais minauder comme une petite pucelle. »

« Je ne crois pas que ça soit dangereux pour moi. Mais c’est pour toi, Manelena. Il se peut que tu sois blessée, que tu sois meurtrie, que cela t’affecte à jamais. »

« Hum… J’ai été reniée par mon père pendant plus de deux décennies, je suis certaine d’être assez forte pour ce que tu risques de me préparer. »

« Je ne sais pas du tout, Manelena. Je… Pardon à l’avance. Je vais me préparer… et vraiment, s’il te plaît, pardonne-moi. »

Mais le pardonner de quoi ? Elle voulait lui poser la question mais elle avait vraiment une certaine appréhension qui vint l’habiter. C’était elle ou… Tery la mettait mal à l’aise ? Surtout qu’il la détaillait de haut en bas.

Il signala qu’il allait revenir dans quelques heures. Elle pouvait rester ici car si elle tentait de sortir sans qu’il soit à ses côtés, elle allait avoir de sérieux ennuis. Même si elle était brave, elle n’était pas complètement stupide.

Mais qu’est-ce qu’elle allait faire ? Pendant tout ce temps ? Car oui, elle avait une boule dans le ventre. Elle n’arrivait pas à l’expliquer mais elle qui y pensait depuis des journées, elle avait le sentiment que Tery la regardait comme… un prédateur ?

C’était un regard déplaisant, un regard qu’elle avait déjà vu si souvent depuis qu’ils se retrouvaient dans ce monde souterrain. Un regard carnassier où bon nombre de démons, qu’ils soient mâles ou femelles, semblaient chercher le moment où elle serait sans défense pour lui faire subir les pires sévices. Alors pourquoi ? Pourquoi est-ce que Tery avait eu ce regard si horrible ? Est-ce qu’il comptait… non. Pas Tery. Ce n’était pas son genre.

Pourtant, quelques heures plus tard, il était revenu. Elle remarqua qu’il tenait deux paires de menottes dans les mains. Du moins, en vue de l’épaisseur des menottes, ça ressemblait plus à des bracelets joints par une chaîne en métal entre les deux bracelets. Avec deux paires, elle commençait à comprendre où il voulait en venir.

« Tu décides enfin de prendre cette histoire au sérieux, Tery ? »

Il avait refermé la porte derrière lui, tournant la clef pour être sûre qu’on ne vienne pas le déranger. Il tira les rideaux pour que nul ne puisse les observer dans la chambre, n’allumant qu’une bougie sous une cloche de verre pour diffuser une lumière à peine perceptible dans la pièce. Les menottes déposées sur le bureau, elle remarqua qu’il ne l’avait même pas regardé depuis qu’il était rentré. Et il n’avait même pas cherché à parler.

« Tery ? Tu pourrais au moins t’exprimer, tu ne crois pas ? »

« La ferme, Manelena. » répliqua sèchement Tery alors qu’il finissait par se débarrasser de son haut, lentement mais sûrement, jetant ce dernier au sol.


Il se retourna vers elle, dévoilant ses yeux rubis alors qu’elle avait un léger frisson qui vint la parcourir. Elle le sentait, elle sentait le même regard que les autres démons dans ce foutu royaume, dans cette capitale pourrie. Elle sentait que Tery avait exactement ce…

« Déshabille-toi, maintenant, Manelena. »

« Je ne suis pas vraiment certaine d’apprécier cette idée, Tery. » déclara t-elle avant de finir par se lever du lit, prête à se mettre debout. Mais une baffe cinglante vint la faire retomber dessus, Manelena écarquillant les yeux avant de se mettre à grogner, des lignes noires apparaissant sur ses bras.

« TERY ! TU VAS VITE COMPRENDRE QUE … »

Une nouvelle baffe mais cette fois, elle arriva à parer le coup. Mais le front de Tery percuta le sien, la sonnant à moitié, comme si elle avait reçu un coup de marteau sur la crâne.

« MAIS QU’EST-CE QUE TU FOUS, BORDEL ?! »

Hein ?! Elle sentait sa poitrine qui venait de se retrouver à l’air libre, ses yeux se rouvrant sur ceux rubis de Tery. Ce n’était pas les yeux d’un homme, ni d’un démon, mais ceux d’un prédateur. Elle se sentait si… petite face à lui. Mais il en fallait plus pour l’impressionner !

« Je te laisse une chance de te faire par… »

Il l’empêchait de finir sa phrase à chaque instant. Alors qu’elle avait senti que son haut s’était déchiré, il en était de même avec son bas, ses habits ayant été retiré comme s’ils n’étaient que du papier pour une main de Tery. Une main légèrement griffue, l’autre maintenant les deux bras au-dessus de la tête de Manelena, entourant ses poignets.

Comment ? D’habitude, il n’avait à peine une taille capable de faire le tour de son poignet alors les deux ? Et c’était quoi ces cornes sur son crâne ? Elles étaient différentes.

Elles étaient plus longues ? Comme celles de l’empereur Malark. Elle avait la sensation qu’elles faisaient partie intégrante de Tery, comme s’il avait toujours été un démon. Mais ce n’était pas l’heure de l’étudier, surtout pas ! Surtout qu’elle voyait l’excitation du jeune homme au niveau du bas-ventre.

« Dans d’autres circonstances, j’aurais été flattée mais pas là ! JE T’AI DIT DE DÉGAGER TERY ! TU VAS COMPRENDRE ?! »

Elle venait de lui envoyer son pied droit dans les bourses mais ce dernier avait été arrêté par la main libre du jeune homme. Non, ce n’était pas un homme à cet instant mais un monstre, elle le voyait bien. Elle comprenait ce qui risquait de l’attendre et déjà elle croisait les jambes pour l’en empêcher.

« Tu n’es pas décidée à te laisser faire, Manelena ? Tant mieux, je préfère quand tu tentes de résister, ça sera encore plus appétissant. »

Et voilà qu’il malmenait sa poitrine comme s’il pétrissait une pâte prête à être enfournée par le boulanger. Les seins de la femme aux cheveux d’argent étaient palpés, se faisant secoués à gauche et à droite alors qu’elle se retenait de gémir.

« JE VAIS TE BUTER, TERY ! JE VAIS VRAIMENT T’ECLATER TA FACE ! »

Elle commençait à gesticuler, sa magie se diffusant dans tout son corps. Elle ne savait pas ce qui était en train de lui prendre mais il allait le payer ! Elle allait lui faire regretter son existence ! De l’électricité vint par courir son corps mais aussitôt, elle poussa un cri de douleur. Elle venait … de se faire entailler par Tery ? Non, il avait formé une fine carapace de pierre autour de ses membres et de ses mains.

« Qu’est-ce que tu comptais faire, femelle ? M’électrocuter ? Je te connais depuis toutes ces années, je sais de quelle façon tu te bats, quelle est ta magie principale, tu crois que je n’ai pas pris mes précautions pour ce soir ? »

« Tery, si tu crois vraiment que je vais te pardonner ou que je vais passer l’éponge sur ce que tu tentes de faire, TU TE TROMPES LOURDEMENT ! »

Elle n’était pas qu’une adepte de l’électricité ! Elle était bien plus que ça ! Si elle ne pouvait pas le frapper de cette manière, ni utiliser la magie pour l’électrocuter et lui faire lâcher prise, elle avait bien d’autres façons d’y arriver !

« N’OUBLIE PAS QUI JE SUIS, TERY ! JE SUIS LA REINE MANELENA ! JE SUIS LA MARECHALE NALI ! JE SUIS UN BIEN PLUS GROS POISSON QUE TU NE POURRAS JAMAIS FERRER ! »

Et il allait très vite comprendre ce qu’elle était ! Il voulait utiliser la force ? Ils allaient être deux à ça ! Mais ce n’était plus un jeu, c’était un combat pour la survie ! Pour son intégrité ! Sans crier gare, elle commença à rouler sur le côté, emportant Tery avec elle pour qu’ils tombent tous les deux du lit. Étonné, le jeune homme relâcha à peine sa prise sur elle, chose dont elle profita aussitôt pour se libérer. Soulevant la table de nuit avec aisance, elle l’envoya sur Tery qui eut juste le temps de parer avec son bras.

« Tu veux vraiment te rebeller contre moi, Manelena ? Et qu’est-ce que tu comptes faire ensuite hein ? Qu’est-ce que tu crois que… »

C’était à elle de lancer l’assaut. S’il pensait qu’elle allait fuir, il venait de se planter royalement. Un peu comme son épaule et son coude dans le ventre de Tery, le faisant percuter le mur derrière eux avec une violence rare, toute la pièce s’étant mise à trembler sous le choc. Elle s’écria :

« Je vais te buter, Tery. Je vais te buter pour avoir tenté même de me toucher de la sorte ! »

Et dire qu’elle pensait s’abandonner à lui il y a quelques jours, avec l’alcool ? Comment est-ce qu’elle avait pu être autant aveugle ? Ce n’était pas la première fois qu’il la décevait mais elle, toujours aussi stupide à croire dans les sentiments de Tery, elle voulait lui pardonner !

« MAIS CETTE FOIS, JE VAIS T’EXTERMINER ! »

Et qu’importe si les soldats et autres allaient tenter de l’arrêter ou de la souiller ensuite, elle emportera Tery avec elle ! D’ailleurs, elle était certaine qu’en vue du vacarme produit, ils n’allaient pas tarder ! Si tel était le cas, elle allait tuer Tery et ensuite en exterminer un maximum pour…

… … … Pourquoi personne ne venait les arrêter ? Même en fermant la porte à clef, il serait facile de la défoncer. Pareil en passant par la fenêtre. Cela ne laissait pas passer la lueur des cristaux qui éclairaient les zones pendant la « nuit ».

« Qu’est-ce que tu ça veut dire ? Où est-ce qu’ils sont tous ? »

« Tu n’as pas l’air de comprendre ta position hein ? Ici, tu n’es rien, Manelena. Tu n’es que bon à être utilisée comme l’esclave que tu es et … »

Un coup de poing dans le menton et le voilà en train de cracher du sang. Aussitôt, bien qu’elle ne pouvait pas être aussi efficace que lui, elle vient créer des griffes de pierre. Elle aussi, elle avait appris à son sujet ! Elle savait comment il combattait ! Les griffes tracèrent des lignes en diagonale sur le torse de Tery, pas assez profondément pour que ça soit réellement dangereux bien que du sang s’en écoulait.

« Ben alors, mon grand, t’es déjà essoufflé ? Tu pensais quoi ? Que j’allais être une gentille petite biche qui allait se faire croquer ? VIENS DONC, TERY ! Je vais t’arracher les couilles pour te les faire bouffer ! »

Et pourquoi est-ce qu’elle haletait et qu’elle sensiblement plus excitée que prévu par cette bagarre ? C’était vraiment ça qu’elle désirait ? Non ! Pas le moins du monde ! Il fallait être complètement tordue pour espérer du plaisir dans un tel endroit et à un tel moment ! Peut-être l’exaltation du combat ?

« Tu as terminé les enfantillages, Manelena ? Maintenant, je vais être sérieux. »

« Tu crois que ce sont des gamineries, Tery ? TU ES EN TRAIN DE ME DIRE QUE JE DEVRAIS ME LAISSER FAIRE ?! »

Un grand sourire se dessina sur les lèvres de Tery, comme s’il était amusé par les propos de la femme aux cheveux d’argent. Elle n’avait aucune idée de ce qui trottait dans la tête de Tery mais si elle ne trouvait pas rapidement une solution, elle allait…

« Tu es dispersée, Manelena. Pourtant, tu m’as toujours dit de ne pas l’être dans un combat à mort, n’est-ce pas ? »

Il avait frappé violemment dans le ventre de Manelena, la faisant pouffer de douleur. Elle se retrouva à nouveau projetée sur le lit mais cette fois-ci, ce dernier avait des bracelets de pierre qui traversèrent le sommier et le matelas pour bloquer Manelena au niveau des membres et de la tête.

« TERY VANIAAAAAAAAAAAAN ! JE VAIS TE TUER ! »

Elle recommençait à faire parcourir de l’électricité dans son corps mais à cause de ces liens de terre, c’était inutile. Du moins, c’est ce qu’elle croyait mais elle avait une solution. Elle le regarda avec rage alors qu’elle le voyait se rapprocher d’elle, prêt à faire son œuvre. Ses mains pouvaient toucher l’oreiller sur lequel sa tête était posée. Elle le gela avant d’utiliser un peu de magie de vent pour envoyer l’oreiller glacé sur la tête de Tery, lui ouvrant encore plus le crâne. Tery poussa un râle de rage, ignorant ce qu’elle venait de faire. Avec les jambes écartées de force, elle sentait le membre de Tery qui frottait contre son antre.

Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’elle était autant en sueur ? Et pourquoi est-ce qu’il prenait autant de temps ?! Qu’est-ce qu’il était foutait ?! Elle allait tout faire pour l’arrêter ! Elle pouvait encore ! Si elle se concentrait, peut-être qu’elle pourrait faire apparaître son armure et … non, ce n’était pas aussi simple que ça.

Son corps, ce stupide corps, il semblait désirer ça après toutes ces frustrations à avoir Tery contre soi pendant des semaines. COMMENT EST-CE QUE SON CORPS OSAIT L’ABANDONNER DE LA SORTE ?! Elle poussa un nouveau cri de rage, à tel point que la fenêtre de la chambre commença à se fissurer derrière le rideau.

Il était rentré ! Il était vraiment rentré ! Il avait osé le faire ! Il avait osé la souiller ! Il n’y avait aucun retour en arrière ! Au moment où il était rentré, elle avait senti que les liens de pierre se faisaient moins forts… assez pour lui permettre de libérer ses poings, chose dont elle ne se priva pas.

Ses mains se dirigèrent vers le cou de Tery qui continuait son acte bestial mais elles continuèrent leur chemin pour arriver dans le dos du jeune homme aux cheveux bruns. S’enfonçant dans la chair de ce dernier, griffant son dos pour y laisser des traces sanglantes de son passage, ses pieds se libèrent pour venir enserrer le corps de Tery.

« Désolé, désolé, désolé, désolé… »

C’était à cause de ce mot répété, sans cesse, que ses mains avaient quitté la voie de la gorge de Tery pour finir par se nicher dans son dos. Cette rage accumulée dans ses doigts déchiraient le dos de Tery alors qu’il continuait la copulation bestiale, sans réel désir… ou alors, y en avait-il un ? Elle ne savait plus trop. Elle avait du mal à réfléchir correctement à la situation, surtout que son corps lui envoyait des spasmes de plaisir.

Des spasmes qu’elle avait du mal à refouler. Maintenant que la douleur première était passée, son corps continuait de réclamer sans cesse ce désir ardent qui bouillonnait en elle depuis tout ce temps. Mais quelque chose la dérangeait. Tery voulait lui faire mal, il voulait la marquer, par des blessures, des entailles, des blessures. Mais à chaque fois, cela n’avait jamais été trop profond, quitte à la blesser réellement.


Le lit était dans un triste état, en fait, on pouvait simplement envisager qu’ils étaient juste sur un matelas. La pièce était dans un triste état, avec la table de nuit brisée, de la poussière soulevée par les murs qui avaient tremblé et les débris de verre. On aurait cru à une véritable bataille dans le lieu.

Soudainement, sans prévenir elle s’arc-bouta en même temps qu’elle sentait le corps de Tery qui venait de se raidir. Une chaleur vint envahir son bas ventre en même temps que Tery continuait de murmurer le même mot, inlassablement. Et il vint finir par s’écrouler contre elle, sur ses seins nus. Un bref regard sur le dos du jeune homme et elle voyait qu’il était dans un triste état. Un peu comme elle dans le fond. Oui, ils étaient dans un état pitoyable.

Comme s’ils s’étaient livrés à une violence inouïe … et c’était le cas. Elle avait crié, elle avait hurlé, Tery lui aussi. Il s’était livré à un acte des plus horribles. Tout avait été ravagé alors… pourquoi est-ce qu’il pleurait contre son sein ? Comment osait-il être sans défense contre elle, ses cornes ayant disparu ?

Comment osait-il relever ses yeux émeraude, sans aucune malice ou perversité empreintes dessus ? Comment osait-il verser des larmes en la regardant ? Pensait-il vraiment qu’il allait être pardonné juste avec ça ? Pensait-il vraiment survivre à sa colère ?

« Pardon, Manelena. Pardon, pardon, pardon…. Pardon et encore pardon. »

Il avait posé ses lèvres sur les siennes, une fois, deux fois, trois fois. Il l’embrassait maintes fois sans qu’elle ne réagisse. Il l’embrassait avec une certaine ferveur, comme pour attendre quelque chose de sa part. Elle, de son côté, analysait toute la situation. Oui, elle avait été violée. Que son corps apprécie le traitement ou non, cela restait un viol.

Un viol de la part de l’être en qui elle avait une extrême confiance. Un viol qui avait souillé et terni son corps à tout jamais. Un viol dont jamais elle ne pourra laver l’affront maintenant qu’il avait été commis. Ses yeux rubis, rageurs, fixèrent Tery pendant de longues secondes, comme ignorant les baisers qu’il déposait. Puis toute rage vint quitter subitement le regard de Manelena mais aussi son visage et son corps. Les mains qui avaient griffé le dos de Tery, qui avaient martelé son corps, caressaient maintenant le dos ensanglanté du jeune homme.

« Dans la plus complète des ignorances… pour être le plus réaliste. »

Elle avait simplement soufflé cette phrase mais Tery ne l’écoutait plus. Il était avachi sur elle, son corps continuant à trembler un peu. Avec une fenêtre qui avait fini par tomber en morceaux à cause des évènements, normal qu’il avait froid. Elle-même n’avait guère chaud.

Observant plus ou moins ce qui restait des draps, elle vint les déposer sur leurs deux corps, elle-même restant assise dans le lit. Cette capitale démoniaque était pourrie jusqu’au bout pour avoir emmené Tery à réagir de la sorte. C’était une chose qu’elle ne pardonnerait pas.

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