- Épilogue : Toujours plus - 7 juillet 2021
- Chapitre 59 : Tous ensemble - 30 juin 2021
- Chapitre 58 : Maréchal - 16 juin 2021
Chapitre 4 : Un monstre à abattre
« Nous sommes bientôt arrivés, Royan. Tu devrais être content. Tu vas pouvoir te reposer enfin. » répondit une forme masquée et camouflée par deux morceaux de tissu sur sa globalité.
« Je ne pense pas m’être plaint depuis le début, mademoiselle l’Ombre. » répliqua un adolescent avec neutralité alors qu’elle disait aussitôt :
« Oui mais ça se voyait dans ton regard et dans tes gestes que tu étais exténué ! »
« Et … ? Ca ne veut pas dire que je me suis plaint. »
… … … Bon, ça ne servait à rien d’être sympathique avec lui. Il ne faisait aucun effort à la base alors pourquoi perdre son temps ? Elle s’arrêta quelques secondes, s’imaginant Tery lorsqu’il allait voir son image. Elle n’avait pas encore utilisé la totalité de son miroir … et c’était tant mieux … En envoyant un par un … C’était mieux … beaucoup mieux.
« … Pourriez-vous arrêter de vous arrêter justement ? Nous devons avancer si cela ne vous dérange guère, mademoiselle l’Ombre. »
« C’est bon … C’est bon … Rien ne presse hein ? » marmonna t-elle, Royan l’ayant tiré de ses rêveries alors qu’elle grommelait. Pfff … Il ne pouvait pas la laisser tranquille un petit peu ? Rien ne pressait hein ! Elle commença à marcher à nouveau puis accéléra subitement le pas, Royan étant surpris. Elle courut à toute allure, utilisant le vent pour aller de plus en plus vite tandis qu’elle ricanait en remarquant Royan qui avait de plus en plus de distance avec elle. Il utilisait maladroitement le vent, tentant de la rattraper sans y arriver. Bon … Par contre, c’était drôle cinq minutes mais quand elle vit qu’il arrêtait de courir, croisant les bras avec l’air de la sermonner dans le regard, elle stoppa sa course. Elle revint vers lui, demandant d’une voix faussement douce :
« Et bien … Je pensais que tu voulais que nous nous dépêchions … Que des paroles, n’est-ce pas ? Il fallait s’en douter de la part d’un membre de la royauté. »
« Qu’insinuez-vous par là, mademoiselle l’Ombre ? » demanda l’adolescent sur un ton légèrement irrité par les paroles de la femme masquée.
« Hum … Non rien … Ne t’en fait pas … Je voulais juste te montrer par là qu’il n’y a pas besoin de se dépêcher … De toute façon, il faut que je réfléchisse à ce que je vais dire à l’Oracle … Car il ne s’attend pas à ce que j’ai quelqu’un qui m’accompagne … Par contre, tu veux te présenter en tant que le prince de Traslord ? »
« Si cela s’avère nécessaire, je pense que oui … Je veux surtout voir à quoi ressemble l’homme qui vous contrôle et vous dirige. »
« Ce n’est pas exactement comme ça ! L’Oracle est la personne qui dirige l’orphelinat où je me trouve ! Madame Liza est celle qui s’est occupée de moi depuis que je n’étais qu’une enfant. » dit-elle avec un peu d’entrain et de joie à l’idée de revoir la vieille femme.
« … … … Elle semble être très importante pour vous, mademoiselle l’Ombre. Elle doit être une femme exceptionnelle. » dit l’adolescent avec sincérité, ce qui choqua à moitié la femme masquée. Il pouvait parler ainsi des fois ? C’était … étonnant.
« Madame Liza s’occupe des enfants depuis de nombreuses années ! En fait … Je n’ai vu qu’elle depuis le début … Donc ça fait plus de vingt ans déjà … »
Hum … Donc … Cela devait être une personne âgée visiblement. Une personne d’expérience aussi. Il ne s’attendait pas réellement à cela … Mais au final, quand il y pensait plus longuement, elle était peut-être aussi spéciale que cet Oracle ? Il verrait cela en temps et en heure. Mais pour l’instant, ils devaient déjà arriver jusqu’à ce fameux orphelinat.
« Nous y serons en fin d’après-midi. » dit subitement la personne masquée en regardant le ciel au loin tandis qu’ils stoppaient brièvement leur marche.
« Soit … Mais si nous nous arrêtons toutes les cinq minutes, nous en seront encore partant pour plusieurs jours. »
« Cela t’arrive un peu d’être plus aimable ? Je ne sais pas … Quelques fois … »
« Je ne vois pas où est le problème dans mes paroles. Je ne faisais qu’un constat. »
« Oui mais un constat qui devient lassant puisque tu n’arrêtes pas de faire le même depuis plusieurs jours. Si tu es fatigué de marcher, tu peux aussi retourner dans ton royaume, n’est-ce pas ? Rien ne te l’interdit. » répondit-elle avec lenteur, prenant une profonde respiration. Ce n’était pas son genre d’être un peu énervée mais Royan était toujours là, critiquant la majorité de ses mouvements. Au bout d’un moment, cela était … énervant.
« … … … Soit … Je ne parlerai donc guère pour les prochaines heures puisque c’est ainsi que vous voulez que notre relation se passe. »
Ah bon ? C’était vrai ? Ses yeux bleus se posèrent sur Royan comme pour espérer qu’il ne blaguait pas. Pour toute réponse, l’adolescent fronça les sourcils. Ca se voyait tellement qu’elle semblait heureuse qu’il propose une telle chose. Hum … Il détourna le regard, légèrement vexé par tant de joie.
« Alors … Maintenant, si tu veux bien me suivre, nous allons continuer le voyage. »
Aussitôt dit, aussitôt fait. Il s’était mis à marcher derrière elle, ne proférant plus aucune parole comme il en avait convenu. Il allait lui montrer à quel point cela pouvait être ennuyeux de n’avoir personne à qui parler. Du moins … C’est ce qu’il pensait faire.
Plusieurs heures de marche et elle n’avait pas ouvert la bouche une seule fois, elle aussi. Visiblement, les deux personnes n’avaient rien à se dire mais elle semblait un peu guillerette. Hum … Encore et toujours ce Tery, n’est-ce pas ? Il pourrait lui poser une question des plus embarrassantes mais après, il valait mieux ne plus jamais penser à lui adresser la parole. Pourtant, il demanda d’une voix lente :
« Cela ne vous gêne guère de n’avoir personne avec qui parler ? »
« Hum ? Tiens … Tu t’es décidé à ouvrir la bouche finalement ? » dit-elle en rigolant légèrement avant de reprendre : « Pour te répondre, pas le moins du monde ! Je suis habituée à être toujours isolée dans mon coin et puis, lorsque je voyageais dans les alentours de l’orphelinat avant que je n’ai dix-huit ans, j’étais toujours seule. Donc bon … Je me suis habituée à ne pas parler pendant que je marche. »
« … … … D’accord … Si vous le dites … Sommes-nous proches ? »
« Dans moins d’une heure, cela devrait être bon. Si tu as envie de parler, tu le peux mais évite alors de t’adresser à moi ainsi, d’accord ? »
« … … … Je n’avais aucune agressivité dans mes paroles auparavant. » tenta t-il de répliquer tandis qu’elle le coupait presque aussitôt :
« Il n’est pas question de répliquer ou non mais simplement de penser que répéter maintes fois la même chose peut porter sur les nerfs d’une autre personne. Oui, je m’arrête souvent, oui, je sais très bien qu’avec ça, on prend un peu de retard mais nous ne sommes pas si pressés. »
« … … Si vous le dites, mademoiselle l’Ombre. Il est vrai d’un autre côté, que nous n’avons aucune obligation à accélérer le pas, je le conçois. »
« Il faut vraiment aussi que je t’apprenne à parler correctement au passage. »
« Hum ? Et pourquoi cela ? » demanda l’adolescent alors qu’elle ne lui répondait pas. Il verrait bien … mais s’il réfléchissait un petit peu, cela était facile à comprendre.
Voilà … Enfin … Ils étaient arrivés … En fin d’après-midi, le soleil ne s’était pas encore couché mais cela n’allait pas tarder. Quelques enfants jouaient dehors, sous la surveillance d’une vieille femme assise. Tous les regards se positionnèrent vers les deux personnes avant que des cris ne fusent en leur direction.
« C’est grande sœur ! Elle est de retour ! Ca fait longtemps ! » cria une fille qui devait avoir huit ans avant de courir vers la femme masquée.
« Mais non ! C’est grand frère ! Ca faisait vraiment longtemps ! Euh … Beaucoup de temps ! » s’égosilla un garçon d’une dizaine d’années tout en rejoignant la fille.
« Ils ne sont pas au courant visiblement ? » dit Royan alors qu’elle hochait la tête négativement. Peut-être qu’il était temps de leur dire … La jeune fille arriva à la hauteur d’Elen, tirant un peu sur sa cape en marmonnant :
« Dis, dis … Grande sœur … Quand est-ce que tu retires ton masque ? On ne te voit jamais … C’est vraiment embêtant ! Montre-leur que j’ai raison ! »
« Peut-être la prochaine fois … Il se peut que lorsque je reviendrai ici, je sois encore plus accompagnée. » murmura d’une voix douce la femme masquée bien qu’elle ne répondait pas par la positive à la question permettant de deviner son sexe.
« C’est vrai ?! Qui ça sera ? Et c’est qui le garçon qui t’accompagne ? C’est ton amoureux ? » demanda la jeune fille une nouvelle fois tandis que Royan répondait aussitôt :
« Pas le moins du monde, jeune demoiselle. Néanmoins, si tu veux voir son amoureux, pour l’instant, il se trouve dans le lointain royaume de Shunter. Peut-être que la prochaine fois, ça sera lui qui sera présent à ses côtés. »
« Que … QU’EST-CE QUE TU RACONTES, ROYAN ?! » s’écria Elen avec colère et gêne alors qu’elle s’arrêtait en voyant le sourire machiavélique de l’adolescent.
« Cela est ma vengeance pour tout ce qui s’est passé pendant le voyage. »
AH ! Le saligaud ! Elle se retenait de proférer une insulte envers lui, surtout que cela n’était pas méchant à la base. L’adolescent s’était éloigné pour se diriger vers la vieille femme alors qu’Elen voyait le regard brillant de la jeune fille. Le garçon d’une dizaine d’années était arrivé à sa hauteur, en même temps que d’autres enfants.
« Alors, tu vois ! Je t’ai dit que c’était bien une grande sœur ! Et pas un grand frère ! »
« T’as pas vu que le grand garçon a dit que c’était juste pour se venger ? Elle n’a pas d’amoureux ! Donc c’est peut-être pas une grande sœur mais un grand frère ! »
« Arrête de dire des bêtises ! Grande sœur ! Dis leur que t’es une dame ! Et que tu as un amoureux aussi ! Et que tu nous le montreras ! »
« Euh … Euh … Si vous pouviez tous vous calmer … Je vais aller voir Madame Liza. La prochaine fois, je vais tout faire pour qu’une autre personne m’accompagne. »
Elle préférait se carapater, ne voulant pas répondre à ces questions gênantes. C’était même … beaucoup trop gênant … Plus que la normale. Elle avança en passant à côté des enfants, des mines boudeuses apparaissant sur leurs visages. Hein ? Quoi ? Qu’est-ce que Royan faisait auprès de la vieille femme ? Celle-ci restait assise sur un rocking-chair, ses yeux se posant sur le masque fissuré d’Elen avant de dire d’une voix lente :
« Et bien … Cela faisait très longtemps … mon enfant … Ton compagnon de voyage m’a déjà raconté une partie de ce qui s’est passé. »
« Madame Liza ! Qu’est-ce que … Qu’est-ce que Royan vous a raconté ? » balbutia la jeune femme pour bien montrer qu’elle était inquiète sur les paroles de l’adolescent.
« Et bien … Peu de choses puisque tu es partie pendant plusieurs mois sans même nous écrire une seule fois. » dit la vieille femme avec le ton du reproche alors que la femme masquée baissait son visage, déconfite. Les enfants étaient retournés en partie jouer entre eux, d’autres ayant rejoint les adultes et l’adolescent pour écouter l’histoire de la personne cachée sous deux capes. Celle-ci murmura :
« Je … Et bien … Je … Je n’ai pas d’excuses … madame Liza. »
« Tu étais tout simplement très occupée, il paraîtrait … Mais tu devrais aller voir l’Oracle avec ton jeune ami. Je t’attendrai et nous pourrons alors parler. »
« D’accord, madame Liza ! Bon … Royan. On se dépêche. »
Elle s’était maintenant adressée à l’adolescent, lui intimant de la suivre alors que celui-ci jetait un dernier regard à la vieille femme avant de rejoindre Elen. Sur le chemin de l’orphelinat qui les mena jusqu’au bureau de l’Oracle, Royan dit :
« Cette femme … est vraiment spéciale … On sent qu’elle a vécu des expériences affreuses … mais pourtant … Elle reste forte. »
« Madame Liza … Ca fait depuis très longtemps qu’elle est ici … Je crois qu’elle l’était même avant que je sois née. Je ne sais pas pourquoi elle travaille ici mais je l’en remercie. Si il n’y avait eut que l’Oracle, je n’aurai jamais pu tenir. Madame Liza est vraiment très importante pour tout le monde dans l’orphelinat. »
« Mais elle commence à se faire vieille … n’est-ce-pas ? »
« Hein ? Pourquoi est-ce que tu dis ça, Royan ? » demanda la jeune femme masquée avec interrogation alors que l’adolescent haussait un sourcil.
… … … Cette femme … … … Pourquoi disait-elle une telle chose ? Pour ne pas souffrir ? Non … En regardant les yeux bleus, il comprenait que son esprit préférait bloquer … Une telle pensée mais pourtant, c’était la réalité. Il continua de suivre la jeune femme masquée, jusqu’à ce qu’elle se présente devant une porte. Elle toqua plusieurs fois, une voix masculine disant :
« Qui est-ce ? J’ai demandé à ne pas être dérangé aujourd’hui. »
« O… Oracle … Je … Je … C’est moi … Neel. » murmura avec tremblement la femme masquée.
« Neel ?! Rentre donc ! Cela fait des mois que tu es partie ! »
Elle fit un petit geste de la tête, invitant l’adolescent à rentrer avec elle alors que celui-ci se demandait à quoi ressemblait l’homme que craignaient autant Tery et Elen … Ou du moins … Que Tery ne portait pas dans son cœur. Il fut aussi surpris que le vieillard qui se tenait devant lui, assis sur un fauteuil, l’Oracle disant :
« Qui est-ce donc ? Je ne pense pas connaître cet adolescent. Il n’est pas de chez nous. »
L’Oracle n’avait pas changé au fil des années … Il était toujours le même … Ses cheveux blancs … Sa longue barbe et sa moustache … Il faisait toujours autant l’être sage et bienveillant … Même Royan semblait étonné en le regardant, répondant :
« Je m’appelle Royan et j’accompagne la personne qui se nomme Neel. »
« Oh … Ce n’est donc pas lui le fameux Tery dont tu me parlais, Neel. Il est normal que cela ne soit pas le cas … en vue de tes paroles. Ce futur jeune homme n’est encore qu’au stade de l’adolescence alors que Tery est déjà un jeune adulte. »
… … … Elle se triturait les mains comme gênée. Elle ne savait pas quoi dire à l’Oracle ? Il fallait dire que depuis plusieurs mois, elle n’avait donné aucune nouvelle. Alors bon … Par quoi elle devait commencer ? Le vieil homme l’observa longuement de ses yeux argentés, attendant qu’elle prenne la parole mais pourtant, ce fut Royan qui commença :
« Je pense qu’il est inutile de vous dire qui je suis réellement, messire. »
« Le prince Royan du royaume de Traslord. Je suis désolé au sujet de vos deux frères. Néanmoins, vous savoir aux côtés de mon envoyé me réchauffe le cœur. La famille royale de Traslord est donc encore loin d’être éteinte. »
« AH ! Euh … Oracle … Au passage, nous avons récupéré des médaillons, du moins, une partie d’entre eux. »
Peut-être qu’elle pouvait alors amorcer une conversation de la sorte ? Du moins, c’est ce qu’elle espérait. Elle fouilla dans son sac, extirpant trois médaillons alors qu’elle les déposait devant le vieil homme. Celui-ci les observa brièvement, se levant tout en reprenant la parole :
« Bien bien … Mais cela semble toujours peu, n’est-ce pas ? Où sont les autres, Neel ? »
« Et bien … Euh … J’ai entendu dire que le royaume de Shunter en avait récupéré une bonne partie … Dont ceux de Mekalarma … Et aussi une partie de ceux de Claudiska … Quand à Honoros, je ne sais pas réellement à ce sujet. »
« Hum … Est-ce Tery qui est responsable de la mort du dirigeant de Mekalarma ? » demanda l’Oracle sur un ton neutre alors qu’elle semblait surprise. Il était au courant à ce sujet ?
« Je crois … Enfin oui … Il a même récupéré quelques livres … sur les golems … »
« Impressionnant … Vraiment impressionnant. Il faudra me le présenter un jour. Ce jeune homme est bien différent d’un simple porteur des lignes d’Alzar. Mais soit … Maintenant que tu es là … J’ai d’autres nouvelles à t’annoncer et … Cela n’est guère plaisant à entendre. »
« … … … Comment ça, Oracle ? » dit-elle avec une pointe d’inquiétude dans la voix.
« Ta prochaine mission est un assassinat … Et il s’avère que cette fois, je ne suis pas sûr de ta sécurité … » reprit l’Oracle tandis qu’elle demandait aussitôt :
« Est-ce que … C’est encore un enfant ? D’ici ? Je ne veux … plus le faire. »
« Non ce n’est pas un enfant … Mais une femme de ton âge … Et elle n’est pas d’ici. »
Royan n’avait rien dit, ne laissant pas paraître sa surprise à l’écoute du mot « enfant ». Qu’est-ce que cela voulait dire ? La jeune femme tuait des enfants pour l’Oracle ?! Il avait du mal à le croire … mais … Si c’était la vérité alors …
« Une femme de mon âge ? Et elle a les lignes d’Alzar ? Mais j’ai … Enfin bon … Qu’est-ce qu’elle a de si spéciale par rapport aux autres ? »
« Ses lignes se sont réveillées il n’y a que peu de temps … Cela ne te rappelle pas quelqu’un ? Mais il s’avère que dans son cas, c’est bien différent. Il n’y a pas de retour en arrière pour elle. Elle a déjà dévasté l’auberge où elle travaillait et elle semble être à la recherche de quelque chose ou quelqu’un. As-tu d’autres questions mon enfant ? Je vais garder ces pendentifs en sécurité si cela ne te dérange guère. »
Non … Elle n’avait pas d’autres questions … mais elle restait quand même un peu inquiète. Elle s’inclina devant l’Oracle, s’apprêtant à partir avant que l’Oracle ne l’arrête :
« Au passage … Pour ton masque … Je ne l’avais guère remarqué mais il me semble dans un état plus que triste. J’espère que personne d’autre n’a vu ton visage … Au passage … Visiblement, je commence à omettre bon nombre de choses. As-tu revu ce Tery ? »
« Oui … Enfin … Oui ! Je … Comment dire … Il est vraiment devenu très fort ! Et vous savez quoi ? Il arrive à contrôler parfaitement ses lignes d’Alzar ! Vous auriez dû voir comment il a réussi à arrêter une vouivre qui avait un médaillon de Claudiska ! »
« Oh … Je me l’imagine et je me doute en écoutant la ferveur dans tes paroles. Je vais préparer déjà un nouveau masque pour toi … Tu pourras donner le tien à Liza. Pendant ce temps, je vais aussi demander à celle-ci de préparer une chambre pour le prince Royan. Pardonnez-nous, prince Royan mais notre orphelinat n’est pas la meilleure auberge que vous pourriez avoir. »
« Ce n’est pas grave … J’ai parcouru des journées et des semaines entières … Je ne vais pas me plaindre de pouvoir dormir dans un lit même si il n’est pas à baldaquin. »
Le vieil homme sourit à la remarque de l’adolescent, celui-ci partant en même temps que la femme masquée. Quand ils ne furent plus là, l’Oracle retourna s’asseoir correctement sur son fauteuil, semblant réfléchir à la situation. La jeune femme … avait bien changé depuis ces dernières années. Il sentait l’influence de cet homme nommé Tery sur elle … Une bonne influence … Mais jusqu’à où ? Jusqu’à quand ? Et surtout … La femme qu’elle allait devoir abattre … Il n’était pas sûr de la suite des évènements. En même temps, la jeune demoiselle lui avait dit sans le remarquer que Tery, celui-ci qui avait déjà vu son visage, était encore vivant. Elle semblait si heureuse … depuis qu’il était là.
« … … … J’en apprends des choses à votre sujet … mademoiselle l’Ombre. » murmura l’adolescent dans les couloirs.
« Et quoi donc, prince Royan ? Qu’est-ce que vous appris à mon sujet qui vous semble si important à vos yeux ? » demanda t-elle sur un ton amusé.
« Est-ce que Tery est au courant que vous avez fait un génocide d’enfants ? »
Il avait fait exprès d’exagéré ses propos pour voir la réaction de la jeune femme. Il avait été surpris par cela et il se doutait de la réponse de la femme masquée. Elle venait serrer son poing droit, comme si elle s’apprêtait à le frapper avec, disant entre ses dents :
« Tery … n’a pas besoin de savoir … ça … Depuis que … Je le connais … J’ai dû … en tuer un seul … Un seul … Je n’aime pas ça non plus. »
« Et pourtant, vous le faites … Et on ne sait même pas la raison qui vous pousse à faire ceci. »
« Car ils avaient les lignes d’Alzar ! Mais avec Tery, ce n’est pas pareil ! »
Elle ne voulait plus en parler ! Même quelques secondes étaient une torture pour elle ! Elle accéléra le pas, laissant l’adolescent derrière elle. Assez … Elle en avait assez.