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Chapitre 10 : Le candidat de la Vanité

ShiroiRyu
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Chapitre 10 : Le candidat de la Vanité

« Zut zut zut ! Et zut ! » grogna Zéran en tournant sur lui-même comme une bête sauvage.

Comment réussir à rester tranquille et sage dans une telle situation ? Il n’en savait trop rien alors qu’il faisait les cent pas. Le jour J était venu. Il ne fallait plus qu’attendre que son père le convoque comme les candidats pour l’expédition. Mais il n’allait pas être le seul pour la candidature de la Vanité. Il y avait du monde, beaucoup trop de monde.

« Je suis désolé, messire Zéran de la Vanité mais … »

« Tu n’as pas à t’excuser. Je suis au courant. Tu peux y aller, on se retrouve plus tard. »

« En tant que deux candidats, n’est-ce pas ? » dit Klork dans un grand sourire qui était presque charmeur, Zéran détournant la tête, plus gêné qu’il ne l’aurait pensé.

« Ouais, ouais, on va dire ça comme ça ! Fais plutôt attention à toi et s’il te plaît, ne dragues pas mes servantes. Elles sont toujours en pâmoison devant toi. »

« Je ne suis pas ainsi et je ne le serais jamais. Ne vous inquiétez pas à leur sujet. Il ne leur arrivera rien de mal, je peux vous le promettre. Si vous voulez bien me pardonner … »

Klork s’était incliné dans son armure rouge avant de tout simplement prendre un autre chemin que le jeune homme aux cheveux blonds. Celui-ci vint se masser le front, prenant de profondes respirations. Se calmer, il devait juste se calmer mais comment faire ? Il n’y arrivait pas du tout ! Il n’y arrivait pas ! Kosmor n’était pas là, ayant été appelé par leur père, comme pour éviter qu’il n’ait du soutien jusqu’à la toute fin.

« Pendant un mois, je l’ai presque ignoré. Je n’ai jamais chercher à prendre le contact avec lui. Je n’ai jamais chercher à … il doit m’en vouloir. Je n’ai aucune chance »

Il s’en voulait. Il était nul. Il allait tout simplement gâcher ce que Klork lui avait offert Il n’allait pas y arriver, c’était fichu. Toute cette confiance accumulée en un mois commençait déjà à se fissurer, preuve qu’il n’était peut-être pas fait pour être choisi, comme il le pensait. Il ne voulait pas … Il n’avait pas envie d’échouer, pas maintenant.

« Je vais pas … Je vais pas … Ah … Ah … Ah … »

Agléa n’était pas revenue ces derniers jours sauf pour la nominature du candidat de la Vanité. Elle lui avait fait un petit sourire mais un peu boudeur sans qu’il ne sache pourquoi elle réagissait de la sorte. Il n’avait rien fait de mal, n’est-ce pas ?

« Les autres sont tous là, comme la dernière fois. Ils attendant simplement que mon père déclare que la prochaine expédition va commencer. »

Ils étaient tous là, comme la dernière fois, comme il y avait un bon mois. Ils avaient ramené leurs soldats, leurs employés et il y avait une telle foule. Il avait finit par se retrouver dans sa chambre avec Klork. Celui-ci avait été un peu surpris mais n’avait rien dit. Mais maintenant, Klork lui-même n’était plus là et il était complètement seul, sans pouvoir faire quelque chose contre ça. Il était tout simplement seul … sans aucun échappatoire malheureusement.

« Quand est-ce qu’ils vont venir me chercher ? Quand ? »

Il s’était mis assis sur son lit, tremblant légèrement en tapant du pied sur le sol. Il était Zéran de la Vanité, fils de l’actuel monarque du royaume des félémons. Trembler comme ça, ce n’était pas l’image qu’il devait montrer de lui. Il devait être rassurant … rassurant et fort. Il devait montrer à quel point il n’avait pas peur de tout ça. Il devait montrer à quel point tout cela ne l’affectait pas et …

« Maître Zéran ? » demanda une voix féminine avant de frapper contre la porte de sa chambre. Sursautant sur le coup, il se tourna vers celle-ci, la voix reprenant : « Votre père, le roi, désire que vous veniez dans la salle du trône et cela le plus rapidement possible. »

« Dites-lui que cela va me prendre quelques minutes mais que je serais là. Ah non ! Attendez, je vais arriver tout de suite, ne vous inquiétez pas, je suis là. »

Il s’était relevé et s’était aussitôt dirigé vers sa porte, l’ouvrant pour faire face à sa cousine aux cheveux bleus, Zyréna. Le fait qu’elle l’appelle maître d’une voix un peu différente l’avait empêché de remarquer qu’il s’agissait d’elle. Elle le regarda doucement avant de commencer à lui remettre correctement son col, disant :

« Sois calme, Zéran. Ce n’est pas grand-chose. Tu es en sueur et cela se voit … Hum … Attends un petit peu. Voilà … Ça sera mieux. »

Après avoir terminé de le remettre correctement en terme vestimentaire, elle avait fait un petit mouvement de la main, faisant paraître une légère bruine sur son visage, rafraîchissant le jeune homme cornu qui poussa un soupir de soulagement.

« Ce n’est pas mieux comme ça ? Tu es en train de te liquéfier sur place. Comment est-ce que tu veux être présentable face à ton père et devant les candidats ? »

« Tu crois que je devrais y aller avec le sourire alors que je ne sais pas si … je vais être choisi ? Non, je n’y arriverai pas. Je ne sais pas ce qui m’attends. Je n’y arriverais pas. »

« Ce n’est pas en refusant d’avancer que tu pourras alors réaliser ce que tu désires. Vas-y normalement et s’il le faut, regardes tout simplement Klork. Tu seras rassuré par sa présence, non ? N’est-ce pas pour ce jour-là que vous avez été ensemble tous le temps ? »

« J’aimerai franchement que les servantes arrêtent d’espionner nos entraînements. Je sais bien que toutes semblent le désirer mais quand même … »

« Ah … Tu as parfois la tête dure. Parfois, tu es un imbécile mais tu es Zéran. Si seulement tu avais décidé d’agir comme ça beaucoup plus tôt, tu ne serais pas passé par tout ça en si peu de temps ! Allez, zou ! Vas-y maintenant ! »

« Oui, oui ! Je vais y aller, rah ! Je vous jure, pourquoi est-ce que l’on m’oblige à me presser ? Ce n’est pas comme si … Enfin bon, je dois te dire merci, c’est ça ? »

« Et moi, je dois te répondre : y a pas de quoi ! Allez, tu vas montrer ce que tu as dans le ventre ! » s’exclama Zyréna en lui tapant doucement dans le dos pour le rassurer.

Si c’était aussi simple … mais ça l’était ! Sa cousine venait juste de le réconforter, bon, à sa façon mais elle venait de le faire. Il était largement capable d’arriver à ce qu’il désirait faire. Avec lenteur, il se dirigeait maintenant dans le couloir qui menait à l’endroit où son père l’attendait. En voyant les gardes devant la double porte menant à la salle du trône, il prit une profonde respiration avant de les regarder. Un petit hochement de tête positif et les gardes ouvrirent la double porte.
Anxiété, malaise, appréhension, effroi, il ressentait tout ça en même temps mais … il devait prendre sur lui-même. Il devait continuer à avancer et regarder tout simplement droit devant lui. Il ne devait pas hésiter … Il ne devait pas avoir peur. Il ne devait rien craindre. Un bref regard à côté de son père et il voyait Kosmor qui était debout. Il ne lisait rien sur son visage. Il n’était pas au courant de la décision de son père.

« C’est étrange … Il a l’air un peu différent. »

« C’est bien lui, le fils aîné de la famille royale de la Vanité ? Il ne ressemble pas aux rumeurs. Il est assez chétif, non ? » dit une seconde voix après la première. Bien entendu, des murmures, les uns après les autres. Pourquoi en serait-il autrement ? Il cligna des yeux avant d’entendre une voix s’exclamer :

« Arrêtez de détourner le regard, messire Zéran de la Vanité ! Restez face à votre père ! Faites-lui front, c’est tout ! »

« Klork ! Un peu de tenue, je te prie ! » répondit une autre voix avec un peu d’agacement dans le ton alors que Zéran cherchait d’où provenait la voix.
Néanmoins, pas difficile de savoir à qui elle appartenait. Le mieux, c’était de faire ce qu’elle venait de dire. Rester face à son père. Celui-ci était bien là, assis sur son trône … mais ce n’était pas un problème. Ce n’était pas un problème.

« Zéran … Te voilà enfin. » murmura son père bien que sa voix résonna dans la salle du trône. Même en parlant aussi faiblement, tous pouvaient l’entendre. Le jeune homme aux cheveux blonds vint déglutir avant de se tenir droit comme un i face à son père. C’était mieux … que de poser un genou au sol. « Est-ce ainsi que tu comptes attendre la nomination du candidat de la Vanité, Zéran ? »

« C’est exact, père. Aujourd’hui, ce n’est pas en tant que votre fils que je me présentes à vous et bien que je vous dois tout le respect qui vous incombe, je ne veux pas me rabaisser. »

Cette phrase n’avait aucun sens. Pour autant, il avait réussi à la prononcer sans trembler dans sa voix. Finalement, malgré tout ce qu’il avait voulu faire, son regard se détourna brièvement. Il y avait bien quelques cousins … et cousines. Non pas les servantes et majordomes, non, non, plutôt ceux qui provenaient de branches très proches de celle principale de la Vanité. Le genre de cousins dont on se passerait volontiers.

« Soit … Commençons alors. Vous êtes tous réunis aujourd’hui dans le but de vous préparer à l’expédition future qui débutera d’ici quelques jours. Un long mois s’est écoulé, très long pour certains tandis que pour d’autres, cela n’a duré qu’un instant. Pendant ce laps de temps, certains se sont rencontrés, d’autres ont continué de se préparer en solitaire. »

Est-ce qu’il était en train de parler de lui ? Ou alors aussi des autres candidats ? Son père ne le regardait pas. Il s’était levé, impérial, royal, semblant jeter un regard sur l’assemblée pour y imposer toute sa stature, tout en continuant son discours :

« L’expédition a pour but de récupérer le coeur du monarque félémon. Je ne précises pas mon coeur car comme vous le savez tous, c’est ce dernier qui fait de vous ou non le ou la future monarque du royaume des félémons. Depuis des temps immémoriaux, ce coeur est la source de la puissance du roi ou de la reine qui dirige ce peuple. En tant que tel, il vous faut alors comprendre l’importance de la récupération de ce coeur. »

Quelques murmures à nouveau mais cela ne concernait plus le jeune homme aux cheveux blonds mais les propos du roi des félémons. Après quelques secondes, le silence était revenu, le monarque ayant attendu ce dernier pour reprendre :

« Le coeur du monarque félémon recèle une incroyable puissance mais a un coût : il n’est pas permanent. Après plusieurs décennies voire parfois un siècle, il s’avère que le coeur décide de quitter le corps de l’actuel monarque pour retourner au sein même de nos ennemis mortels. Je n’aurai guère besoin de vous donner leurs noms et pourtant, il me le faut. Ces ennemis sont les célestiens, ces être à moitié oiseaux, capables du pire mais rarement du meilleur. Nul ne sait quelle raison pousse le coeur du monarque félémon à retourner là-bas mais les faits sont là : ce dernier semble se recharger dans le royaume des célestiens et il nous faut absolument le récupérer. J’ai fait mon temps … et il est de mon devoir de lancer la nouvelle génération. »

De bien sages paroles alors que nul n’osait maintenant lever un peu la voix pour parler avec son voisin. Cette histoire, tous l’avaient déjà entendue ou lue. Pour autant, l’entendre de la voix du roi-même avait un petit quelque chose qui la rendait encore plus particulière.

« Nous sommes en guerre depuis des millénaires. Alors qu’eux-même se renient avec leurs différentes castes, nous-mêmes avons forgé ce royaume merveilleux. Nous sommes sept familles mais nous ne sommes qu’une seule race : celle des félémons. Le devoir de nos sept jeunes envoyés est de retrouver le coeur du monarque félémon mais aussi de trouver parmi eux celui ou celle qui me succédera. Chaque famille est dotée d’une qualité qui la rend unique par rapport aux autres. C’est cette qualité qui est nécessaire pour permettre au groupe d’arriver jusqu’au bout de son objectif. C’est cette qualité qui est nécessaire chez chacun et chacune. Ne reculez jamais, jeunes gens, la tâche sera rude, qui sait, il vous faudra peut-être des mois voire des années pour l’accomplir. Vous allez faire de nombreuses rencontres, vous retrouver face aux célestiens, voyager à travers les villages des humains, mais tout cela vous forgera l’expérience nécessaire pour vous permettre de survivre. Moi-même, j’ai fait partie d’un groupe comme le vôtre il y a de cela plusieurs décennies auparavant. »


Ne pas bouger. Il ne devait pas bouger et regarder son père, encore et toujours. Celui-ci ne semblait pas avoir terminer de parler. Il fallait dire qu’aujourd’hui était le jour où tout allait débuter pour sept félémons. Il ne savait pas … Il ne savait pas quoi dire ou faire. Il était juste là, immobile, retenant sa respiration.

« J’ai rencontré des félémons merveilleux, tous avaient un certain charme, de l’ambition, tous désiraient atteindre un même but commun : retrouver le coeur du monarque félémon et devenir le prochain. Bien entendu, nous en avons perdu en route. Que cela soit par les bêtes sauvages, les célestiens … ou autre. »

Autre. Rien que ce mot pouvait lui faire glacer le sang. Autre … Il n’y avait qu’une seule description qui convenait à ce terme : celui de la trahison. Les félémons, chaque famille désirait que le monarque soit issue de leur branche. Il n’y avait rien d’anormal, c’était dans le propre du félémon que de chercher le pouvoir.
Il ne savait pas exactement comment son père avait obtenu le pouvoir mais au final, c’était lui qui était revenu comme seul survivant parmi les sept envoyés. C’était l’unique être à avoir obtenu le droit de porter ce titre. Il était vrai qu’il avait évoqué le fait qu’il faille plusieurs décennies voire bien un siècle pour que le coeur s’en aille. En même temps, la longévité d’un félémon était généralement d’un siècle et demi voire plus. Lorsqu’ils atteignaient l’âge adulte, aux environ de dix-huit ans, âge qu’ils partageaient avec la race humaine, leurs corps vieillissaient beaucoup plus lentement. C’est pourquoi son père, malgré qu’il se rapprochait maintenant du siècle en terme d’années, n’avait qu’à peine quelques poils blancs parmi sa chevelure blonde, que cela soit au niveau de sa barbe ou sa moustache.

« Aujourd’hui, une nouvelle page de l’histoire du royaume des félémons se tourne. Une nouvelle page va s’écrire et vous en serez les auteurs. Que les six candidats des familles autres que celle de la Vanité se présentent devant moi. »

Des bruits de pas et il osa finalement tourner le regard. Il reconnaissait Agléa, il reconnaissait Klork. Il y en avait quatre autres, deux femmes et deux hommes. L’un semblait même bien plus petit que lui. Maigre consolation à l’heure actuelle.

« Vous êtes les représentants de vos familles, les symboles, non, les joyaux de celles-ci ! En tant que tel, il est de votre devoir de briller de mille lueurs pour que votre éclat resplendisse et envahisse votre famille. Sachez que peut-être que vous allez mourir lors de cette expédition mais que chacun de vos actes sera reconnu à sa juste valeur. Nous n’oublierons jamais les sacrifices qui seront les vôtres. Présentez-vous, un par un. Cupidité. »

« Réxéros est mon nom et je suis heureux de servir la cause des félémons. » dit un homme aux cheveux noirs plaqués sur son crâne, une mèche cachant l’un de ses yeux verts. Sa tenue était impeccable comme sa coiffure. Pour Zéran, il était plus petit que lui.

« Avidité. Présentez-vous à votre tour, je vous prie. »

« Mon nom est Vélisa. Je suis enchantée à l’idée de pouvoir être la pierre qui servira à maintenir la cause des félémons. » vint répondre à la suite une jeune femme aux cheveux bleu saphir, ses yeux bruns se fermant lorsqu’elle vint s’agenouiller. Elle aussi était visiblement plus petite que Zéran, tant mieux !

« Rage, dévoilez votre nom maintenant. » continua le roi après les propos de Vélisa.

« Klork est le nom que mes parents m’ont donné lorsque je suis né. Je jures de le porter avec fierté et de l’emmener avec moi dans ma tombe pour honorer le royaume des félémons. » vint dire d’une voix forte et puissante le jeune homme aux cheveux verts, son unique œil doré se posant sur Zéran, lui faisant un petit sourire que le membre de la Vanité lui rendit.

« Débauche, exprimez-vous à cet instant. »

« Je m’appelle Agléa et je suis enchantée à l’idée de mettre tout mon corps et toute mon âme au service du royaume des félémons. » dit d’une voix enjouée la femme à la chevelure auburn, quelques toussotements se faisant entendre quand plusieurs personnes la regardaient. Elle n’était pas vraiment … obligée de s’incliner, hein ?

« Bien … Gloutonnerie ! Il est temps pour vous de paraître. » continua le roi des félémons, ne semblant guère intéressé par les charmes physiques d’Agléa.

« Cator. Je représenterais ma famille dans cette expédition que je mènerais de part mes connaissances. Avec moi, le royaume des félémons est en sécurité. » répondit un jeune homme qui devait bien avoir sa taille à Zéran … mais aussi au moins vingt ou trente kilogrammes de plus que lui. Sa chevelure brune est presque inexistante mais étrangement, il avait des yeux vairons : celui de gauche est rouge, l’autre est bleu.

« Oisiveté. Veuillez vous réveiller dès maintenant. Vous êtes dans la salle du trône. »

« Hein ? Que … Oh … Silesti. Je promets que … le royaume des … félémons sera … entre de bonnes mains. Aaaah … » dit une femme à peine plus petite que Zéran, sa chevelure noire cachant en partie ses yeux bruns alors qu’elle dormait sur place. Et bien … C’était pas avec elle qu’ils allaient sauver le royaume. D’autre toussotements s’étaient fait entendre.

« Maintenant, il ne reste plus qu’un candidat qui doit se présenter. Comme cela l’a toujours été, celui-ci n’est présenté qu’à la fin puisqu’il s’agit du candidat issu de la famille du monarque actuel des félémons »

… … … C’était le moment ou jamais, n’est-ce pas ? Le jeune homme aux cheveux blonds avait décidé de reculer pour laisser place aux candidats légitimes. Lui-même, il ne devait que patienter. Il n’avait pas été voir son père pendant un mois, il ne l’avait jamais fait auparavant. Il ne haïssait pas son père, loin de là mais … il avait eut l’impression d’abandonner tout ce pour quoi il se battait depuis des années et en même temps, il …

« Zéran de la Vanité. Veuillez vous révéler. »

Ne le regrettait pas. Il avait passé plutôt un bon moment avec Klork et il était vraiment dommage que … Hein ? Qu’est-ce qu’il venait d’entendre ? Il n’était pas sûr que cela soit correct. Est-ce que son père venait de l’appeler ? Ses yeux rubis se posèrent sur les six candidats devant lui, tous étaient retournés pour le regarder. Euh … Euh … Euh … Hein ? Comment ça ? Comment était-ce possible ? Son père aussi l’observait. Ça voulait dire qu’il devait avancer ? Avec lenteur, il arriva à la hauteur des six autres candidats, regardant brièvement Klork et Agléa. Les deux personnes avaient le sourire aux lèvres.

« Je promet à chaque membre de l’expédition, chaque félémon du royaume et aux sept familles qui les dirigent la réussite de notre mission. Je me nomme Zéran. »

Est-ce que cela convenait ? Il n’en avait aucune idée. Il ne bougea pas de son emplacement, restant parfaitement stoïque comme pour être sûr qu’il avait bien fait. Il espérait que …

« Bien … Demain sera la présentation au public des sept envoyés. Pour aujourd’hui, nous allons tout simplement fêter la préparation du groupe chargé de l’expédition. Que chacune et chacune profite de la soirée, le palais est assez grand pour recevoir tout le monde. »


Mais pour l’heure, Zéran allait surtout respirer un grand coup et assurer ce qu’il venait d’entendre. Il n’avait pas rêvé, n’est-ce pas ? Il avait été … choisi ? Mais pourquoi ? Comment ? Enfin … Il avait tout simplement …

« Zééééééééééraaaaaaaaaaaaan ! Mes félicitations ! » hurla une voix enjouée et féminine avant qu’il ne se fasse percuter par une créature à la chevelure auburn, l’amortissement s’étant fait grâce au doux mais généreux volume qui composait la poitrine de la jeune femme.

« Euh … On va se calmer, mademoiselle Agléa. Vous êtes bien gentille mais on est en public et je ne veux pas que les gens se fassent des idées. »

« Cela voudrait dire qu’en privé, ça ne vous dérangerait pas ? » demanda t-elle d’une petite voix joueuse, Zéran sentant une main se poser sur son épaule gauche.

« Je te l’avais dit, Zéran. Enfin, je vous l’avais dit. »

« Klork. Tu imagines ? Je ne comprends pas vraiment ce qui se passe dans la tête de mon père mais … je crois que je ne devrais pas poser de questions, c’est ça ? »

« C’est exact. Je pense que pour aujourd’hui, il vaut mieux aller fêter cela tranquillement. Un petit entraînement vous intéresse t-il ? »

« Est-ce que tu plaisantes, Klork ? » demanda Zéran pour être sûr de bien comprendre ce que venait de proposer le jeune homme aux cheveux verts.

« Bien entendu, il ne pouvait en être autrement, n’est-ce pas ? »

« Tu sais qu’avec toi, je préfère franchement me méfier ? Mademoiselle Agléa, est-ce que vous pouvez vraiment me relâcher ? Les gens vont finir par se poser des questions. »

« Et pourquoi est-ce que ce félémon ne pourrait pas aussi retirer sa main ? » demanda Agléa en faisant une mine boudeuse, regardant Klork qui arrête son contact sur l’épaule de Zéran tout en poussant un léger soupir.

« Maintenant que c’est fait, vous pouvez le relâcher comme il le désire, non ? »

« Hum … Simplement s’il en a envie, mais à côté, je veux qu’il me promettre d’avoir une danse avec moi ! »

Quelle danse ? Quelle promesse ? Ce n’était qu’un repas, non ? Ce n’était pas un bal ou autre ! Elle était en train de s’imaginer mille chose mais oui, il lui fit une promesse pour qu’elle puisse enfin le lâcher. Pfiou, ce n’était pas trop tôt ! Et maintenant ? Et bien … Il allait peut-être se reposer dans les jardins royaux.
Ce n’était pas tout ça … Mais Kosmor était venu lui aussi pour le féliciter et lui dire bravo alors qu’il avait fermé les yeux, assis sur le banc. Il était triste qu’il doive partir mais ce n’était pas grave. Zéran passa une main sur la chevelure de son petit frère, finissant par fermer les yeux. Quelques minutes plus tard, il était déjà endormi sur le banc, ayant besoin de soulager son corps de tout ce stress accumulé. Il était … le candidat de la Vanité.

Chapitre 9 : Visite incongrue

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Chapitre 9 : Visite incongrue

« Klork, tu peux me rappeler qui a eut la merveilleuse idée de te permettre de dormir ici ? »

« Un jeune homme aux cheveux blonds et aux yeux rouges. » rétorqua avec un léger sourire l’homme aux cheveux verts de son propre côté.

« Non mais sincèrement, je ne devais pas être bien à ce moment précis. On a commencé à cinq heures du matin ! CINQ ! Je suis juste … lessivé. »

« Hahahaha ! Oui, tu ne devais pas être bien. Tu devais être … sincère. C’est étrange comme sensation, n’est-ce pas ? Mais bon, merci, ça me fait plaisir. Et … Tu n’es pas trop fatigué malgré ce que tu prétends. Tu es à peine en sueur. »


Il ne restait qu’un peu moins d’une semaine. Peut-être trois ou quatre jours, il n’en savait trop rien. La seule chose qu’il arrivait à retenir, c’était le fait que le jeune homme en face de lui le forçait à se lever avant l’aube pour commencer l’entraînement. Le pire dans tout ça, c’est qu’il n’avait visiblement AUCUN problème à se lever aussi tôt.

« Le bon côté de se lever aussi tôt, c’est que je peux me moquer des coupes de mes servantes qui se réveillent à peine en même temps que toi et moi. Comme ça, elles n’oseront plus me critiquer ou me crier dessus, héhéhé. »

« Si tu as le temps de t’amuser à penser de la sorte, peut-être qu’il vaudrait mieux alors perdre ton temps à te concentrer sur la prochaine heure d’entraînement qui t’attends, non ? »

« … … … Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter un tel sort, mais qu’est-ce que j’ai fait ? »

« Maître Zéran ! Maître Zéran ! » s’écria une voix féminine alors qu’il voyait l’une des servantes arriver vers lui, un peu essoufflée et rougie par l’effort de courir avec ses vêtements. C’est vrai que cela ne devait pas être simple mais bon …

« Oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? Prenez donc votre respiration, je vous prie. Ça ira beaucoup mieux. Rien ne presse, n’est-ce pas ? »

« Je … Enfin, une femme voudrait vous voir. Elle prétend être de la famille de la Débauche et veut absolument converser avec vous ! »

« Hein ? Bon … Je crois que l’entraînement est écourté, Klork. Tu viens ? On va voir ce que cette famille me veut. Je n’ai pourtant aucune relation avec elle. »

Enfin, lui-même, non. Il savait que sa famille était assez proche de la famille de la Débauche pour une bonne raison : les plus beaux et belles félémons se trouvaient dans celles-ci. De véritables sculptures animées, des tableaux ayant pris vie, leur beauté était sans égale et il le savait très bien … sauf que lui-même s’en fichait particulièrement.

« Est-ce que vous êtes sûr que je dois venir, Zéran de la Vanité ? »

« Plus tellement si tu recommences à me vouvoyer comme ça. Qu’est-ce que j’ai dit à ce sujet ? Est-ce que je dois me répéter, Klork ? Enfin … Ça ne me dérange pas, moi. »

Mais alors, qu’est-ce que cette personne voulait ? Surtout une femme. Il était à nouveau suspicieux malgré ce mois presque très plaisant qu’il avait passé en la compagnie de Klork. Kosmor l’adorait et il était difficile de se dire que cela ne faisait que si peu de temps qu’il était parmi eux. Étrange … mais pas déplaisant.

« Oh ! C’est donc bien vous, Zéran de la Vanité ! Je suis si heureuse de vous rencontrer ! »

Elle est grande. C’est la première chose qu’il remarqua alors qu’elle le dépassait de plus d’une dizaine de centimètres. Très grande même. Hum … Et sa robe bustier mettait en valeur sa poitrine des plus généreuses, peut-être trop. Il fallait dire que le tissu n’en cachait qu’une partie, ne laissant pas trop de place à l’imagination. Est-ce qu’elle était venue pour ça ?

« Je devrais tout d’abord me présenter. Je me nommes Agléa de la Débauche. Je suis enchantée de vous connaître. »
Et voilà une petite courbette pour compléter le tout. Qu’est-ce qu’elle voulait réellement en agissant de la sorte ? Car oui, cette courbette avait surtout pour but de tenter de lui en mettre plein la vue, n’est-ce pas ? Il n’était pas stupide pour ne pas avoir compris ce petit manège de la part de cette femme mais … bon ?

« Zéran de la Vanité et Klork de la Rage … mais qu’est-ce que la candidate de la Débauche fait par ici ? Que je sache, la décision finale n’est pas encore pour aujourd’hui, non ? »

« Je tenais principalement à vous saluer car cela m’étonnerait qu’une autre personne que vous-même ne puisse devenir candidat de la Vanité, n’est-ce pas ? Forger de bonnes relations avec un futur camarade d’expédition, il n’y a rien d’anormal, non ? »

Sourire rayonnant et ravageur. Il se sentait un peu rougir en la regardant mais il fallait dire qu’elle ne faisait rien pour cacher ses attributs. D’ailleurs, en détournant le regard, il pouvait voir une magnifique chevelure couleur auburn, allant de pair avec la robe qu’elle portait. Le tissu et les coutures dorées montraient bien que cela n’était pas un simple habit que l’on portait tous les jours. A quoi est-ce qu’elle jouait ? Il notait aussi ses deux yeux émeraude, aussi beaux que les pierres précieuses dont leur couleur était issue. Par contre, sa robe cachait ses pieds mais ce n’était pas bien grave.

« Messire Zéran de la Vanité ? Messire ? » demanda Agléa sur un ton inquiet.

« Oh oui, pardon. Désolé, j’étais un peu perdu. Enfin bref, comme je voulais le dire, je ne suis pas encore sûr d’être nominé et je préfère ne pas me déclarer avant que mon père n’aie pris cette décision réellement. J’ai des cousins et des cousines qui sont aussi doués que moi et qui mériteraient autant cette place. Mais merci de votre visite et … »

« Allons ! Ne soyez donc pas embarrassé ! Je suis certaine que vous serez pris et j’avoue que je préfère vous avoir à mes côtés plutôt qu’une autre personne de la Vanité. »

C’était quoi ce petit sourire désarmant ? Elle lui faisait un numéro de charme ? C’était plutôt réussi bien qu’il retrouva vite ses esprits quelques secondes après. Il secoua la tête négativement, reprenant la parole d’une voix calme et lente :

« Par contre, vous m’excuserez mais je ne peux pas vous raccompagner à la sortie. Je vous remercie d’être passé mais j’ai un entraînement à accomplir avec Klork et il ne peut pas vraiment trop attendre non plus. »

« Oh … Est-ce que je peux vous regarder si ce n’est pas trop demandé ? »

« Hum … Qu’est-ce que tu en dis, Klork ? Il n’y a aucun secret militaire ou autre dans l’entraînement que tu me fais suivre ? »

« Pas le moins du monde, Zéran de la Vanité. Ce n’est qu’un entraînement commun aux membres de la famille de la Rage, rien de plus, rien de moins. »

« Bon et bien, vous pouvez y assisté vu que Klork est d’accord, Agléa de la Débauche. Mais attention, je vous préviens, interdiction de me déranger, compris ? »

Pour toute réponse, elle lui fit un grand sourire, toujours aussi radieux avant de s’incliner. Non mais stop hein ! Il avait compris sa manœuvre et Klork n’était pas vraiment du genre à se … hein ? Klork n’était visiblement pas du tout dérangé par ça, s’étant déjà retourné comme si de rien n’était pour se rendre à la zone d’entraînement.

« Je vous laisse alors me guider, messire Zéran de la Vanité. Je serais discrète. »

Discrète ? Alors pourquoi est-ce qu’elle le collait à moitié ? Il avait compris sa manœuvre, il était loin d’être un imbécile mais bon hein … Ah .. .Enfin … Ce n’était pas le moment de s’interroger. Par contre, sa venue était des plus suspicieuses et voilà que se rappelait à son bon souvenir quelques pensées qu’il avait délibérément ignorées ces dernières semaines.

Il n’avait pas envie de s’en rappeler. Il ne voulait pas s’en rappeler. Qu’on le laisse tranquille à ce sujet et tout ira parfaitement dans le meilleur des mondes. Visiblement mécontent maintenant ,voilà qu’il tenait fermement les deux cimeterres dans ses mains, s’apprêtant à débuter l’entraînement avant qu’Agléa ne s’exclame :

« Vous utilisez des armes réelles ?! N’est-ce pas trop dangereux ? »

« Pas le moins du monde. Il suffit d’avoir un bon partenaire d’entraînement et de savoir aussi quand s’arrêter dans une telle situation, rien de plus, rien de moins. »

« Oh ! D’accord, d’accord ! Vous êtes donc bien plus fort que vous ne voulez le montrer. Je suis encore plus enjouée à l’idée de vous observer ! »

Et voilà qu’elle sautillait sur place, faisant un peu rebondir sa poitrine dans le tissu. POURQUOI est-ce qu’il avait décidé de la regarder pendant qu’il lui parlait ?! Sa politesse vint lui coûter un bon coup de poing dans la joue gauche de la part de Klork, celui-ci s’exclamant avec un peu de colère dans la voix :

« Attention, Zéran de la Vanité ! Je n’aimerai pas que vous vous déconcentriez comme ça. Cela peut très vite être mortel. Est-ce que ces dernières semaines n’auraient servi à rien ? J’espère que non … Il ne reste plus que quelques jours. »

« Aie ! Ma faute, je le reconnais … ah … Ouch. Bon sang, mon menton ! »

« Un peu de sérieux … Je n’ai pas visé cet endroit, je ne suis pas stupide non plus. »

« HEY ! Pas besoin de frapper aussi fort messire Zéran,, grosse brute ! Ce n’est qu’un entraînement, rien d’autre ! Y a pas besoin d’être aussi violent ! »

Grosse brute ? Il cligna des yeux en entendant Agléa qui prenait sa défense. De quoi est-ce qu’elle se mêlait cette femme ? Elle était peut-être mignonne, sacrément mignonne mais qu’elle s’occupe de ce qui la regarde, hein ?

« Je n’ai pas besoin d’aide et j’ai pris bien pire ces derniers jours. Restez tranquille si vous voulez pouvoir regarder la suite, compris ? »

Elle fit un petit marmonnement de mécontentement, fixant Klork de ses yeux verts, visiblement en colère. Elle avait croisé les bras sous sa poitrine généreuse, lui donnant encore plus de volume en la soulevant mais Zéran l’ignorait complètement, Klork faisant déjà cela depuis le début de la nouvelle session. Ah …
Une bonne heure passa et Agléa n’avait pas dérangé, comme convenu. Tant mieux. Si elle se montrait tranquille, elle devenait alors une personne bien plus agréable . Mais bon, ça ne changeait pas qu’elle n’avait pas besoin de rester ici aussi longtemps. Cela allait être l’heure du repas et il observa Agléa. Elle attendait quelque chose, non ?

« J’imagine que les servantes vont me tomber dessus si je ne le propose pas … donc on va le faire. Pfiou … Mademoiselle Agléa de la Débauche, est-ce que vous voulez bien déjeuner avec nous aujourd’hui ? Mon père ne sera sûrement pas à table mais vous aurez aussi la présence de mon petit frère et de Klork à table. »

« Je … Cela serait avec un grand plaisir. Je ne peux pas refuser une telle invitation de votre part. Cela apporterait une certaine disgrâce à ma famille. Surtout que la nôtre est très proche de la vôtre depuis des générations, ne l’oublions pas ! »

« C’est exact mais moi-même, je n’ai aucune relation avec la famille de la Débauche. Il faut dire que j’en ai aucune, tout court. Je n’ai pas chercher les relations depuis que je suis né. Enfin bon, ramassons l’équipement et allons déjeuner. »


C’était ainsi et pas autrement, depuis des semaines. Entraînement, déjeuner, entraînement, déjeuner. Kosmor était un peu triste de ne plus s’entraîner avec lui mais en contrepartie, il était visiblement très joyeux d’avoir Klork tout le temps maintenant. Il ne pensait pas que le jeune garçon aux cheveux blancs s’attacherait autant à une personne extérieure.

« Il faut dire que depuis sa mort … nous ne sommes que deux en plus de père. »

« De quoi est-ce que vous parlez, Zéran de la Vanité ? » lui demanda Klork alors que Zéran faisait un geste négatif de la main comme pour dire que ce n’était pas bien important.

Encore une fois, c’était un mauvais souvenir. L’absence de présence féminine autre que les servantes du domaine et le professeur particulier de Kosmor n’était … pas un problème. Cela ne regardait que sa famille, même pas les autres branches de la Vanité. Non, ce n’était que lui, Kosmor et son père. Le reste n’avait pas à s’intéresser à ça. C’était privé.

« Comme vous le désirez. Vous savez où me trouver de toute façon si cela est nécessaire. »

« Ça ne le sera pas, tu n’as pas à t’en faire, Klork. Bon, mademoiselle Agléa de la Débauche, veuillez m’accompagner pendant que je vais vous emmener là où il faut. »

« Oh ? Là où il faut ? N’est-ce pas problématique ? Nous ne nous connaissons qu’à peine. N’allons donc pas trop vite en besogne, je vous prie ! »

« Je ne parlais pas de ça et ce n’est pas du tout mon humour, j’espère que vous comprendrez parfaitement mon message dorénavant. »

Un peu pince-sans-rire, il fallait dire que ce genre de sujet lui causait plus de problèmes qu’il n’en fallait. Le jeune homme aux cheveux blonds poussa un léger soupir, regardant Klork dans son unique œil valide. Est-ce qu’ils pensaient pareil tous les deux ? Il y avait de très fortes chances que ça soit le cas mais bon … Ils ne pouvaient pas faire autre chose. Mais il remarquait aussi que les servantes n’étaient pas ravies de la venue de cette nouvelle personne. Bon, ce n’était pas bien grave non plus hein ?

« Je ne pense pas que le repas vous convienne, mademoiselle Agléa de la Débauche donc … »

« Pourquoi ne pas m’appeler tout simplement par mon prénom comme vous le faites si bien avec Klork ? Pourquoi cela spécialement pour lui et non avec moi ? »

« Car je ne vous connais pas assez et que je ne penses pas que cela soit très courtois de ma part. Klork continue de me vouvoyer et de m’appeler Zéran de la Vanité. Je ne lui en veux pas de ce côté, c’est normal quand on est habitué à ça, loin de là. »

« Alors, s’il suffit de mieux se connaître, je peux tout simplement me décrire. Je me nomme Agléa de la Débauche, comme je vous l’avais dit auparavant. Je suis tout simplement âgée de 22 ans et je mesure 1 mètre 83 pour environ 64 kilogrammes. Voyons ! Qu’est-ce que vous me faites dire, messire Zéran ! »

« Je ne vous aie jamais forcé à … Hein ? 1 mètre 83 ? Vous plaisantez, j’espère ? »

« Pas le moins du monde, pourquoi cela ? Est-ce vraiment si étonnant d’être de cette taille ? Sachez que ce n’est pas la taille qui fait tout, loin de là ! »

« Je ne pensais pas à ça comme problème ! RAAAAAAAAH ! Pourquoi est-ce que vous me forcez à dire des choses … Rah … Klork, tu mesures combien de ton côté ? »

« 1 mètre 77 pour tout vous dire. Après, je portes de lourds solerets qui me rajoutent quelques centimètres, ce qui peut donner l’impression que je suis bien plus grand que vous. »

« Je mesure 1 mètre 74 de mon côté … Grumpf … Je suis donc le plus petit de cette table. Très sympathique pour moi, je vous jures »

Et voilà qu’il grommelait un peu alors que Klork comme Agléa eurent un petit rire. C’était pas tout ça hein ! Il ne trouvait pas tout cela très amusant de son côté, loin de là. Pourquoi est-ce qu’ils rigolaient tous les deux ? Ça n’avait rien de drôle ou autre ! Raaaaaaah !

Le repas se passa de façon plus sympathique qu’il n’y pensait. Malgré les apparences, Agléa avait une certaine intelligence et culture Ainsi, elle était belle et studieuse, autant dire qu’elle était parfaite dans son rôle de candidate de la Débauche. Maintenant, combien d’hommes allaient tomber entre ses pattes ?

« Ça ne me concerne pas du tout. Je n’ai pas que ça à faire .. loin de là. »

Le jeune homme aux cheveux blonds répondit aux nombreuses questions d’Agléa. Pourquoi est-ce qu’elle voulait savoir autant de choses à son sujet ? Qu’est-ce qui lui prenait ? Si vraiment elle pensait le faire tomber dans ses bras, elle pouvait déjà considérer que c’était foutu. Il n’était pas aussi stupide que ça pour sombrer de la sorte.

« Merci beaucoup, messire Zéran de la Vanité. Ce fut une très bonne journée. J’étais heureuse de vous rencontrer, sachez-le. Si vous me trouvez, je suis à l’auberge du Sbire de la Déviance, vous devriez connaître, j’imagine. »

« Je connais, je connais, que de nom. Je ne vais pas dans ce genre d’établissements. »

Pour cela, il fallait déjà se motiver à sortir de chez soi. Autant dire que c’était foutu pour sa part. Avec un petit sourire mauvais aux lèvres, voilà qu’il invita Agléa à partir de chez lui maintenant qu’elle était … QUE … Elle s’était jetée à moitié sur lui, plaquant son imposante poitrine contre son torse, venant déposer deux baiser sonores sur ses joues, laissant des traces de rouge à lèvres.

« Il était de mon devoir de vous remercier pour cet agréable moment. »

« Ce n’était vraiment pas nécessaire, si vous voulez tout savoir. »

« Je suis sûre que si … Au revoir, messire Zéran ! Au plaisir de vous revoir dans quelques jours, en tant que candidat officiel de la Vanité ! »

Et la voilà maintenant en train de s’éloigner avec quelques salutations de la main. Lorsque qu’enfin, elle n’était plus visible, les épaules de Zéran s’affaissèrent, le jeune homme sortant un mouchoir pour s’essuyer les joues tout en s’adressant à Klork :

« J’imagine que je ne me fais pas d’idées lorsque j’ai remarqué qu’elle t’avait complètement ignoré, n’est-ce pas ? Ou presque … »

« Pas le moins du monde mais bon, vous savez, cela m’importe réellement peu. Je ne m’attaches pas à ce genre de futilités, je dois avouer. »

« Tu fais bien mais elle m’a épuisé. J’aimerai bien faire comme si je n’avais rien saisi mais difficile de ne pas chercher à comprendre son message.

« Oh ? Et c’est lequel ? » demanda Klork, comme si de rien n’était. Visiblement, l’embrassade et les baisers sur la joue de Zéran ne l’avaient guère gêné à ce sujet.

« Comme elle l’a si bien dit, nos familles se connaissent et sont proches depuis des siècles. J’imagine qu’elle veut m’avoir dans sa poche si je suis nommé … ça sera plus simple. »

« Plus simple pour l’expédition. Elle saura qu’elle n’aura pas à se méfier de vous et inversement … Du moins, c’est ce qu’elle aimerait tenter de faire. »

« Je n’ai confiance en personne … et j’imagine que les autres familles ne prendront pas vraiment la peine de venir me saluer pour tenter d’être dans mes petits papiers. »

« Hum … et … moi ? Qu’est-ce que vous pensez exactement de moi ? »

« Disons que tu es plus supportable que cette boule d’énergie qui est venue m’épuiser plus rapidement que toi en une semaine d’entraînement. J’ai l’impression d’avoir pris vingt ans pendant le temps où elle était là »

Et puis, il pouvait difficilement ignorer ce parfum qui arrivait à ses narines. Encore présente, il ne pouvait ignorer à quel point le corps de la jeune femme était somptueux et parfait. Comment est-ce de telles courbes pouvaient se trouver sur une unique personne ? Il avait l’impression que le chiffre d’or s’était réincarné en une femme. Et cela sans voir ses cornes.

« Messire Zéran de la Vanité ? Messire ? Est-ce que … Qu’est-ce que l’on fait ? »

« Est-ce que tu es motivé à t’entraîner ? Malgré la fatigue, je n’ai pas vraiment envie de stopper là. Et puis bon, que ça ne donne pas l’impression que tu es là simplement pour le plaisir. Mon père ne serait pas vraiment d’accord par rapport à ta présence. »

« Je ne sais pas s’il s’intéresse vraiment à tout cela mais par mesure de précaution, il est vrai qu’il vaut mieux que je montre la raison qui me pousse à être ici. Allons récupérer vos cimeterres et je vous attendrai. »

Mouais ! C’était vraiment pas faux. Agléa, sa présence puait … non pas d’un doux parfum mais bien de ses ambitions. Elle espérait tellement qu’il se mette de son côté s’il était nominé. Elle avait la sensation qu’il allait être choisi et ça en était presque flatteur mais cette fille, il n’avait pas confiance le moins du monde à son sujet.

Voilà. Les minutes s’étaient écoulées et il était maintenant prêt à retourner à l’entraînement. Une main tenant chaque poignet, il ne faisait plus que patienter Klork qui mettait du temps à revenir. Où est-ce qu’il était vraiment passé de son côté ? Un bref regard et il le remarqua au loin, en train de parler avec les servantes. D’ailleurs, celles-ci étaient surexcitées. Qu’est-ce qui … HEY ! BON ! Zéran cria :

« HEY ! KLORK ! ARRÊTES DE DRAGUER LES FILLES DE MA FAMILLE ET RAMENES-TOI MAINTENANT ! »

« Il ne se doutes vraiment de rien, hein ? De toute façon, vous ne faites rien pour lui faire remarquer. Bonne chance, messire Klork ! » s’exclama l’une des servants en rigolant.

« Ne vous inquiétez pas. Je me charges de terminer son entraînement pour qu’il devienne le prochain monarque des félémons. » vint dire Klork tout en souriant aux servantes, celles-ci s’inclinant devant lui alors qu’il retournait auprès de Zéran. Il s’excusa plusieurs fois, Zéran bougonnant que ce n’était pas parce qu’Agléa lui avait sauté dessus qu’il devait être jaloux et tenter sa chance avec les servantes du domaine. Klork ne chercha pas à répondre à cela.

Chapitre 8 : Dans sa propre famille

ShiroiRyu
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Chapitre 8 : Dans sa propre famille

« Dites-moi, Zéran de la Vanité, est-ce que je me trompes ou de plus en plus de personnes viennent fréquenter votre demeure dernièrement ? »

« C’est exact. Tu ne te trompes pas du tout. Et ce ne sont pas des personnes fréquentables. »

« Oh ? Comment cela ? Il est vrai que certaines se sont approchées de moi pour tenter de communiquer mais j’ai préféré leur expliquer que j’étais occupé de mon propre côté et que je ne pouvais pas perdre de temps à discuter. »

« Tu es libre de tes choix … si tu veux parler avec eux, tu peux le faire. » marmonna le jeune homme aux cheveux blonds, comme contrarié par quelque chose qu’il ne voulait pas expliquer. Klork cligna de son œil valide, comme étonné avant de dire

« Euh … Pourquoi une telle phrase, messire Zéran de la Vanité ? »

« Pour rien, pour rien. Je ne crois pas que ça soit bien important que tu te questionne sur des futilités de la sorte. Foutus charognards. » grommela Zéran, visiblement très irrité, Klork arrêtant l’entraînement avant de dire :

« Est-ce que vous les connaissez ces personnes ? Elles portent les atours liés à votre famille. »

« Bien sûr que je les connais. Ce sont mes cousins et cousines issues de branches plus ou moins éloignées à la mienne, voilà tout ! »

« Oh … C’est vrai. Et … Hum … Visiblement, cela ne te fait pas vraiment plaisir, n’est-ce pas ? Ou alors, je me trompesdans ce que je ressens ? »

« Est-ce que tu es là pour m’entraîner ou alors pour parler, Klork de la Rage ? Tu sembles très loquace aujourd’hui, ce n’est pas dans tes habitudes, n’est-ce pas ? » dit le jeune homme aux cheveux blonds, de plus en plus colérique. Klork prit une profonde inspiration. Ça ne servait à rien de discuter avec lui dans cet état visiblement.

« Puisque tu le prends ainsi, Zéran … Je me dois de te calmer. »

Hum ? Le prince de la Vanité tenta de faire un mouvement en voyant que Klork s’était avancé vers lui avec vivacité mais à peine avait-il eut le temps de réagir qu’il était déjà au sol, mordant la poussière ou plutôt la terre dans ce cas précis.

« Maintenant, est-ce que tu veux bien te montrer plus raisonnable ? Je n’ai pas envie de leur adresser la parole mais tu es … très énervé. Tu ne veux pas m’expliquer ? »

« Je peux savoir ce qui te prend, Klork ?! Relâches-moi aussitôt sinon, je risque de … … … Klork, tu peux me relâcher s’il te plaît ? Je vais tout te dire. »

En fait, il avait perdu tout énervement dès l’instant où il avait compris qu’il ne gagnerait pas contre Klork. Mais surtout, le fait que ce dernier le mettre à terre d’une façon aussi rude prouvait bien qu’encore maintenant, la différence d’expérience était assez flagrante. Zéran se remit debout, faisant un mouvement de la tête pour qu’ils aillent s’asseoir sur l’un des bancs.

« Tu voudrais que je commence par où, Klork ? Dis-le moi et ensuite, on verra si je peux t’offrir une réponse satisfaisante ou non. »

« Pourquoi pas par le début, tout simplement ? Ça ne serait pas le plus simple. Je ne suis pas là pour juger, Zéran, tu … je … Ah ! Pardon ! »

« Pardon ? Et pour quelle raison est-ce que tu t’excuses maintenant, je peux savoir ? »

« Tout simplement que je n’avais pas remarqué que je te tutoyais. Je m’excuse. Ce n’était pas voulu de ma part et … J’ai recommencé. Je suis vraiment désolé, Zéran de la Vanité. Cela ne se reproduira plus, je vous le jure. »

« Pas besoin de jurer pour des trucs aussi futiles. Est-ce que j’ai l’air de t’en vouloir à vie pour ce que tu as fait ? Est-ce que j’ai l’air de te haïr ? »

« Nullement mais … Enfin, je … Enfin ne changeons pas de conversation ! Je vous écoute ! » s’exclama une nouvelle fois l’homme dans sa colossale armure rouge, Zéran poussant un léger soupir. Bon, ça ne servait à rien de le forcer à changer de caractère. C’est vrai qu’il avait été surpris de son côté mais … cela ne l’avait pas dérangé.

« Ce sont mes cousins et cousines … mais surtout, ils ne sont pas là pour une visite de courtoisie. J’imagine que vu les délais qui se réduisent de jour en jour, ils sont en train d’amadouer mon père pour tenter de devenir le candidat de la Vanité. »

« Et c’est pour cela que tu t’emporte, Zéran ? Tu … Ah ! Vous devriez pourtant savoir que ce n’est pas aussi important que ça, non ? Ce que les autres tentent de faire. Ayez juste confiance en vos propres capacités. Vous avez montré des progrès fulgurants et je suis sûr que cela n’est pas passé inaperçu aux yeux de votre père. »

« Mon … père n’est pas comme celui auquel on pense, tout le monde est bien loin de la vérité en ce qui le concerne … mais j’ai l’impression que personne ne remarque cela. Mais bon … Je me fais sûrement des illusions, j’imagine. »

« Il ne faut pas dire cela. Vous savez quoi, Zéran ? On va penser à autre chose. Et si nous allions plutôt me montrer le reste des jardins voire les autres zones de votre château ? Pour changer ? Dans le fond, je ne connais réellement que cet endroit et votre salle à manger. L’entraînement pourra bien attendre une heure ou deux. Mais cela vous aérera l’esprit. »

« … … … Pourquoi pas ? Qu’est-ce que j’ai à y perdre de toute façon ? » termina de dire Zéran en haussant les épaules comme si de rien n’était.

« Alors, je vous suis, messire Zéran de la Vanité ! » dit Klork tout en se tenant bien droit, debout à côté de Zéran. D’un mouvement de la tête, il l’incita à le suivre pour qu’ils puissent enfin partir tous les deux. Hum … Pourquoi est-ce qu’il allait trouver ça déplaisant ?

Car voilà. Pendant qu’il marchait avec Klork, lui faisant visiter les lieuxx, ce n’était pas ses cousins et cousines, qu’il salua à peine d’un mouvement de la main, le problème mais bel et bien les servantes. Encore elles … Toujours en train de rire dès qu’ils étaient tous les deux ensemble. Il n’avait aucune idée de quoi elles parlaient mais il trouvait ça vraiment irritant.

« Elles sont plus que problématiques ces filles … Je ne sais pas si elles s’en rendent compte dans le fond … grrr … Problématique et ennuyeuse. »

« Nous devrions plutôt continuer le reste de la visite. Votre château est vraiment somptueux et imposant. Pourtant, en même temps, il n’y a pas trop de … comment je pourrais dire ça ? Vous voyez le terme que l’on veut dire quand une personne en fait trop ? Enfin, on ne dirait pas que cela correspondrait à une famille de la Vanité. »

« C’est tout simplement que mon père, contrairement aux autres branches de la Vanité, ne pense pas que la valeur d’une félémon se voit à travers les statues imposantes qui pourraient orner les couloirs d’un domaine. »

« Je vois, je vois. Ce n’est pas faux et … enfin … votre père est vraiment exceptionnel et spécial. Beaucoup se l’imaginent comme un monstre cruel et tyrannique. En vérité, il s’avère tout simplement qu’il est très droit dans ses bottes mais aussi très sérieux et pragmatique. J’imagine que cela doit effrayer quelques personnes. »

« Il n’y a pas que ça si tu veux tout savoir. Quand il te regarde droit dans les yeux, il te donne l’impression qu’il peut lire dans ton être sans que tu sois capable de le combattre. C’est vraiment effrayant, je peux te le confirmer. »

« Est-ce pour cela que vous avez peur de lui ? Sincèrement ? »

« Je … Hum … Je … » commença à dire Zéran, visiblement gêné à l’idée d’en parler. Il finit par se tourne vers Klork, le regardant droit dans son unique œil doré. « Quand je m’observe lorsque je suis en face de lui, j’ai surtout cette impression de ne pas exister, de ne pas lui être utile pour plus tard. C’est tout, je ne sais pas si c’est de la peur .. mais cela ne me plaît pas. Je veux être assez important pour lui, voilà tout. C’est peut-être pas très glorieux de la part d’un membre de la Vanité, encore plus de la part du prince. »

« Et pourquoi cela ? Où est-ce qu’il a été marqué que ça ne l’était pas ? Je ne vois rien qui force un félémon à agir comme le voudrait sa famille. »

« Ah ! Si c’était aussi simple que ça. Ça se voit que votre famille n’a jamais été au sommet de la hiérarchie des félémons pendant des siècles. C’est bien ma veine … vraiment. Enfin, non, je ne tenais pas à me moquer de toi, Klork. »

« Je le sais parfaitement même s’il faut avouer que c’est assez vexant quand tu te comportes de la sorte, n’est-ce pas ? » dit Klork, cherchant à le rassurer par ses propos.

« Je ne peux pas le cacher … Je suis vraiment désolé à ce sujet. Bref, tu sais à peu près pourquoi je n’apprécie pas la visite de mes cousins et cousines. Ils sont vraiment superficiels et veulent simplement obtenir ce titre de candidat ou candidate pour pouvoir briller au sein même de la famille de la Vanité. Même s’ils devaient mourir, rien que le fait qu’ils aient été choisi par mon père suffirait à ce que la branche soit raccrochée à celle principale. »

« Je vois … Je vois vraiment de quoi tu veux parler. Ce n’est pas vraiment une nouvelle plaisante, loin de là mais … cela ne te regarde pas directement. Si tu ne te concentres que sur ton propre objectif, tu n’auras alors guère à avoir peur de ce qui t’entoure. »

« Si vraiment … ah … Bref, viens plutôt. Tu me suis et ça ira mieux »

Il mentait complètement mais qu’importe, il n’était pas là pour être soutenu moralement par ce type hein ? Enfin … Du moins, pas de cette manière ou presque. Le jeune homme aux cheveux blonds invita Klork à l’accompagner pour lui montrer le reste de sa demeure.
Après bien une heure à visiter les couloirs, parfois les pièces, comme la bibliothèque, la salle de cours personnelle où Kosmor fit une salutation de la main à Klork, rapidement ramené à l’ordre par son professeur. Un petit sourire se dessina sur les lèvres de l’homme aux cheveux verts bien qu’il fût désolé pour l’enfant.

« N’oublie pas que tu dois rester concentré, d’accord ? Il ne faut pas que tu dérives de ce que tu fais, Kosmor. Bonne chance pour tes cours. »

« Merci beaucoup, monsieur Klork ! Et bonne chance avec grand frère ! Je sais que ce n’est pas vraiment facile et qu’en même temps, il … »

« Monsieur Kosmor ! Un peu de retenue pendant que vous êtes en classe, d’accord ? » dit une félémon avec ses cheveux noirs attachés en chignon. Malgré son air sévère, elle devait à peine avoir quelques années de plus que Zéran.

« Oui madameeeeeeeeeeee ! Je suis vraiment désolé ! »

« Cela sera mademoiselle pour vous, je vous rappelles que je ne suis pas encore mariée. N’essayez pas de me vieillir plus qu’il n’en faut. »

« Tu vois, dans ces moments-là, on ne dérange pas. C’est encore une connaissance de la famille. Le genre de cousine qui est de la famille mais qui n’a jamais cherché à obtenir les faveurs de la branche principale de la Vanité plus qu’il n’en faut. C’est bien pour cela qu’elle est d’ailleurs acceptée ici. Car nous savons parfaitement qu’elle ne recherche pas la puissance, loin de là. Enfin bref, on a bientôt terminé, suis-moi. » dit-il tout en fermant la porte derrière eux, ayant déjà repris la marche pendant qu’il parlait à Klork.

Quelques minutes après, ils étaient à nouveau dans la zone d’entraînement, non loin des armes déposées au sol quelques heures plus tôt. Nul n’avait osé les récupérer. Néanmoins, elles étaient toutes rangées dans leur sac, bien sagement, comme si quelqu’un s’était s’occuper de ça discrètement, sans vouloir prévenir les autres.

« Hum … Pfiou … avec tout ça, je ne suis même plus motivé à combattre pour l’entraînement. Désolé Klork, tu dois avoir l’impression d’être venu pour rien. »

« Ce n’est pas bien grave. La marche est une forme d’entraînement comme une autre. On ne dirait pas mais le fait d’avoir marché autant, sans même réellement se reposer, cela est assez épuisant, vous ne croyez pas ? »

« Il est vrai que j’ai mal aux jambes mais de là à dire que c’est à cause de la marche … et toi ? Est-ce que tu as mal ou non ? » demanda t-il à Klork, celui-ci souriant :

« Pas le moins du monde, je suis désolé pour vous. Mais je comprend pour l’arrêt. »

« Tant mieux alors car je ne voulais pas avoir une longue discussion des plus ennuyeuses à ce sujet, entre nous. Bon … Qu’est-ce que l’on va faire alors pour changer ? »

« Est-ce que … vous voudriez aller voir comment cela se passe avec vos cousins ? »

Le regard noir que lui lança Zéran fit s’immobiliser Klork. Bon … C’était une mauvaise idée, vraiment une très mauvaise idée. Il ne pensait pas que cela dérangerait autant le jeune homme, surtout après leur petite discussion mais visiblement, il s’était trompé lourdement. Il toussota un peu, finissant par reprendre d’une voix lente :

« Euh … Est-ce que vous voudriez que l’on discute d’autre chose ? »

« Pourquoi on ne parlerait pas un peu de TA famille plutôt hum ? Qu’est-ce que tu en dis ? Tu es prêt à en dire plus sur ta branche et autres ? »

« Euh … Hum … Bien entendu, pourquoi pas ? Je n’ai rien à cacher de ce côté, loin de là. Je suis plutôt heureux et satisfait de ma famille mais oui. Je veux bien. Cela vous permettra d’en savoir plus à mon sujet. » vint répondre Klork, hochant la tête positivement à la question de Zéran qui émit un grognement. Ce dernier aurait préféré visiblement que Klork soit embêté et gêné par cette demande incongrue venant de lui.

« Bon, en fait, je ne suis pas sûr d’être vraiment intéressé dans le fond. En quoi est-ce que ça me concerne réellement, est-ce que tu peux me le dire ? »

« Cela ne vous regarde pas mais comme vous vouliez en savoir plus, j’étais prêt à vous en dire plus. Mais sachez que ça n’a rien de si exceptionnel et que vous ne devriez pas être si surpris que ma vie ne soit pas aussi intéressante que la vôtre. »

« Ah … Si tu peux surtout arrêter de te rabaisser déjà, je pense que ça serait pas mal pour toi et moi, tu ne crois pas ? Allez, suis-moi plutôt. J’arrive pas à croire qu’un homme de la Rage se comporte comme une jouvencelle à son premier rendez-vous. »

« Oh ? Vous avez de l’expérience dans ce domaine, Zéran de la Vanité ? Il est vrai que vous êtes plutôt élégant comme homme. Je suis sûr que vous devez trouver facilement chaussure à votre pied, me tromperai-je ? »

« Je vais juste te dire une chose : pendant les jours où tu es venu depuis que tu es arrivé, est-ce que tu m’as vu converser avec une félémone ? Après que tu y aies réfléchit, tu auras ta réponse à ce que tu viens de dire. » marmonna le jeune homme aux cheveux blonds, un peu agacé par tout ça bien qu’il cherchait à ne pas trop le montrer .

« Je ne crois pas mais peut-être que lorsque je ne suis pas là, je ne vais pas vous juger là-dessus. Vous êtes libre de faire votre vie et … »

« La réponse est non : je n’ai pas de temps à perdre avec ça. Ma priorité concerne principalement notre future expédition et rien d’autre. »

« Oh … Mais vous savez, restreindre ses sentiments, ce n’est pas forcément une bonne chose. Il faut parfois s’ouvrir aux autres pour permettre de se découvrir. »

« Tu es un combattant, Klork, pas un philosophe. Ce genre de propos qui sort de ta bouche, il est vraiment difficile d’y croire et … »

« Que je sois de la famille de la Rage ne veut pas insinuer que je ne sais pas me débrouiller dans d’autres domaines ou que je suis un idiot, Zéran de la Vanité. » coupa sèchement et subitement Klork avant de s’éloigner du jeune homme.

« Qu’est-ce qui te prends, Klork ? Tu t’en vas ? J’ai dit quelque chose qui t’a fâché ? »

« Visiblement, vous avez encore beaucoup à apprendre sur la psychologie des autres, Zéran de la Vanité. Je vais récupérer mes armes et m’en aller. »

« Hey hey hey … Qu’est-ce que ça veut dire ? Tu m’en veux car j’ai dit que tu n’avais pas l’allure de quelqu’un qui pourrait faire de belles phrases ? Je suis désolé de pas être désolé mais à côté, tu dois reconnaître que ton apparence ne … »

« Qu’est-ce que vous en savez exactement de mon apparence hein ? » coupa une nouvelle fois Klork en fixant Zéran de son unique œil valide. Le jeune homme aux cheveux blonds fit un pas en arrière. Il était vraiment en colère, non ?

« Euh … Justement, je n’en sais rien ? Mais je vois pas pourquoi tu t’excites et tu t’énerves autant, c’est juste une remarque anodine. Ce n’était pas insultant. »

« Et bien dorénavant, vous allez apprendre à mesurer vos paroles. Que vous soyez Zéran de la Vanité ne vous permet pas d’insulter autrui comme si de rien n’était. »

« Mais mais mais … T’es une sacrée tête de mule en fait ? J’imaginais clairement pas que tu serais en train de bouder quoi ! Puisque tu le prends comme ça, tu n’auras qu’à pas venir demain puis les autres jours, comme ça, c’est réglé ! »

« Tant mieux alors car je ne comptais pas revenir. » rétorqua Klork, ayant finit de récupérer ses affaires avant de s’éloigner. Pfiou … Il avait l’impression d’avoir affaire à un gamin mal-luné mais en même temps, lui-même n’était pas franchement mieux pour avoir répliqué ainsi. Mais … qu’est-ce qui lui avait pris à ce type de se comporter comme ça ?

Bon maintenant que Klork était plus là, ça devenait drôlement vide et calme. Il pensait retourner dans sa chambre mais voilà que trois servantes lui bloquèrent le passage, furieuses et en colère, s’exclamant :

« Zéran ! On peut savoir que tu as fait à l’instant ?! »

« Et vous, est-ce que je peux vous rappeler à qui vous vous adressez ? Je suis de mauvaise humeur alors, il est clairement pas le moment de venir me chercher ! »

« T’as pas l’air d’avoir compris que Klork fait plusieurs kilomètres pour venir te voir depuis des jours ! Il est seul dans une auberge de la ville alors que le reste de sa famille est rentrée depuis des semaines chez elle ! La seule raison pour laquelle il reste, c’est juste pour venir t’entraîner ! Et je n’ai pas besoin de signaler où on se trouve, non ? »

RAAAAAAAAH ! MAIS ELLES ALLAIENT LA FERMER ?! Le jeune homme serra les poings, observant les servantes. Qu’elles soient des employés de maison mais surtout des cousines lointaines qui se permettaient de lui faire la leçon, il détestait ça ! Mais surtout, qu’elles lui expliquaient clairement les efforts commis par Klork pour lui, il enrageait encore plus ! Qu’est-ce que Klork avait besoin de faire tout ça ?!

« HEY TOI ! Arrêtes-toi maintenant si tu ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose de mal ! »

« Zéran de la Vanité ? Nous nous sommes pourtant tout dit, n’est-ce pas ? »

Heureusement pour lui, contrairement à ce qu’il pensait, Klork n’était pas parti si loin. Bon, c’est vrai qu’il y avait un peu de distance entre la ville et le domaine où il habitait avec sa famille mais bon … Il avait presque l’impression que Klork avait été exprès assez lent pour qu’il puisse le rattraper. Se plaçant en face de lui, il finit par dire en reprenant son souffle :

« Je ne sais pas ce qu’il y a eut réellement. Je ne suis pas sûr de bien comprendre ou saisir exactement tout ce qui se passe. Néanmoins, si c’est de ma faute, je tiens à m’excuser. J’ai pas envie du tout que les servantes m’en veulent pendant des générations mais surtout que l’entraînement s’arrête maintenant. T’es vraiment un imbécile de première catégorie pour faire tout ça pour une famille qui n’est pas la tienne mais qu’importe. Ce que tu as accomplis, je ne l’oublierai pas. C’est pourquoi je te demandes de bien réfléchir avant de t’en aller. Il me reste encore une semaine avant que le choix final de mon père soit fait. J’avoue que je préférerai que tu sois là avec moi et mon petit frère lorsqu’il donnera le nom. Si ce n’est pas le mien, tu pourras partir comme tu le sens. Si c’est le mien, tant mieux et tu auras mes félicitations. Qu’est-ce que tu en dis ? »

« Tu as … vraiment une drôle de façon de t’excuser, Zéran. »

« Mes excuses les plus sincères. Je ne voulais pas t’offenser et ça ne sera jamais mon but. Je ne peux te promettre que cette vérité à mon encontre. »

« Hmm … D’accord, Zéran. Si c’est vrai, une poignée de main suffira non ? » dit Klork en tendant la sienne, Zéran l’observant quelques instants. Bah, ça ne pouvait rien être de mal non ? Il prit la poignée de main, se faisant tirer contre Klork qui vint frotter sa chevelure blonde avec amusement en le gardant contre son armure rouge.

« Je te rappelles que tu es en train de m’appeler encore et encore … Zéran. Et tu sembles aussi me tutoyer, tu t’es enfin habitué à ça ? »

« Pas le moins du monde, entre nous. Mais bon, c’est ainsi et pas autrement. Donc … Est-ce que … Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Klork, remarquant le geste familier qu’il faisait.

« J’ai entendu dire que tu avais une chambre à une auberge de la ville. J’imagine que les servantes vont être contentes d’apprendre qu’elles vont pouvoir préparer la chambre d’invité. Et hors de question de refuser, ma façon à moi de m’excuser. »

Oh. Il le relâcha comme si de rien n’était, hochant la tête positivement. Il n’était que … moyennement d’accord avec ça, pour une étrange raison. Mais voilà, pour la dernière semaine, Zéran ne savait pas pourquoi mais il sentait que l’entraînement allait être plus qu’horrible. Du genre, il allait devoir se lever à des heures pas possibles le matin.

Chapitre 7 : Garder ses convictions

ShiroiRyu
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Chapitre 7 : Garder ses convictions

« OUCH ! J’ai des marques, je crois … Ça fait plus mal que prévu ! »

« Oh ? Vraiment, Zéran de la Vanité ? Est-ce que je peux voir ça ? » demanda l’homme en armure rouge, regardant celui qui était tombé au sol dans l’herbe. Sur ses fesses, Zéran finit par lâcher son arme, relevant son bras pour montrer de nombreux bleus.

« J’ai l’impression que tu donnes des coups encore plus violents que d’habitude. Est-ce que je me trompes ou alors, c’est bien le cas ? »

« Je ne peux pas répondre à cette question de façon honnête. » répondit doucement Klork en détournant la tête, reprenant presqu’aussitôt : « Disons que j’estime que vos progrès sont assez importants et fulgurants pour que je doive m’y mettre plus sérieusement. »

« AH ! En clair, tu frappes plus fort qu’auparavant ! Je me disais bien que ce n’était pas le cas y a quelques jours ! J’en étais sûr et certain ! Je le savais ! » s’écria le jeune homme.

« Pris la main dans le sac … ou plutôt, la main sur la garde de mon arme. Je suis désolé, Zéran de la Vanité. Cela a pour unique but d’améliorer les capacités de votre corps à réceptionner me attaques mais aussi les parer ou les esquiver. »

« Ce n’est pas grave, monsieur Klork ! Mon grand frère, il aime bien prendre beaucoup de coups s’il sait qu’il est fautif ! Faut que vous continuez ! »

« Kosmor … Tu n’as pas cours par hasard ? » demanda le jeune homme aux cheveux blonds, se tournant vers son petit frère, assis tout simplement sur un banc comme si de rien n’était. Celui-ci lui tira la langue. Depuis qu’il avait dit cela à Klork, il y a bientôt une semaine, son petit frère lui en voulait terriblement alors que Klork était déjà passé à autre chose.

« J’espère que vous allez en cours, jeune Kosmor, comme vous me l’avez promis, n’est-ce pas ? Si c’est le cas et que vous n’avez rien, vous pouvez regarder votre grand frère. »

« Promis, monsieur Klork ! Je n’ai pas de cours là pour toute une heure ! Je peux vous regarder alors, dites dites ? Ça ne vous dérange pas ? »

« Pas le moins du monde mon côté. Bon … Zéran de la Vanité, vous avez donc des bleus un peu partout, c’est bien ça, n’est-ce pas ? »

C’était pourtant facile à voir non ? Zéran ne répondit pas, relevant son pantalon en toile pour montrer ses cuisses aux nombreuses marques causées par l’arme de Klork. C’était même d’ailleurs affreux. Encore que lui-même se battait avec des armes réelles, Klork ne faisait qu’utiliser des armes en bois de son côté.

« J’ai l’impression que je ne serais jamais à ton niveau, Klork. »

« Vous ne pouvez pas atteindre mon expérience en deux semaines, messire Zéran de la Vanité. Si cela était aussi simple, je crois que je serais plus qu’envieux de votre capacité d’évolution qui dépasserait tout ce qui est possible de connaître dans le monde des félémons. Ne soyez pas pressés, tout arrivera à qui sait attendre, j’en suis sûr et certain. »

Pour autant, le jeune homme aux cheveux blonds poussa un léger soupir. Si vraiment c’était aussi simple que de patienter pour obtenir une telle chose, il l’aurait fait depuis longtemps mais là, vraiment, non, ça ne lui convenait qu’à moitié.

« Bon, je vais sûrement me débrouiller comme d’habitude ! »

« Est-ce que vous semblez désolé par mes paroles ? SI tel est le cas, je tiens à m’en excuser. »

« Je ne le suis pas, pas du tout, simplement, je … Hum ? »

Il s’arrêta dans ses paroles, finissant par voir quelqu’un à qui il ne s’attendait pas. Son père était là, dans le couloir en face de la zone d’entraînement. Et il était en train de le regarder comme si de rien n’était. Pendant quelques secondes, il avait l’impression que le temps venait de s’arrêter complètement, sans même qu’il ne puisse faire quelque chose contre ça .

« Père … Qu’est-ce qu’il fait ici ? »

« Hein ? Père est là depuis déjà au moine une quinzaine de minutes, grand frère. C’est étrange que tu ne l’aies vu que maintenant ! Tu veux que je lui dises de venir ? »

« Non non ! C’est bon ! Je ne veux surtout pas qu’il vienne ! » s’exclama Zéran avant de se redresser. Il n’avait pas envie que son père lui dise encore à quel point il était déçu et autre. Il n’avait pas envie de repenser à ça. Il savait qu’il n’avait aucune chance d’être choisir comme candidat et là, il essayait tout simplement d’oublier tout ça.

« Comme tu veux … Mais je sais pas pourquoi tu t’inquiètes autant, grand frère. »

« C’est tout … Je n’ai juste pas envie qu’il vienne, rien de plus. Klork ? On reprend ? » souffla Zéran avant de récupérer ses deux cimeterres dans l’herbe, se mettant en position de défense.

« Je ne sais pas si c’est conseillé dans l’état émotionnel dans lequel vous êtes. Est-ce que vous êtes certain de ne pas vouloir attendre quelques minutes ? »

« Je n’ai pas besoin de ça. Je suis parfaitement capable de combattre maintenant ! »

Et voilà qu’il se jetait sur le jeune homme borgne, n’hésitant pas à en faire beaucoup trop. Parfois, il jetait un bref regard sur son père mais comprit très vite que celui-ci était finalement parti, comme si de rien n’était. Un coup sec de la garde de l’arme en bois de Klork vint le frapper sur le sommet du crâne, l’assommant à moitié.

« Vous êtes complètement déconcentré, messire Zéran de la Vanité. »

« Aaaaaah … Mon crâne ! Ça me fait super mal ! C’est horrible! Qu’est-ce qui t’a prit de frapper aussi fort, Klork ? Tu es fou ou quoi ?! »

« Pas plus que les autre fois mais vous n’étiez pas correctement positionné en défense et vos attaques étaient irréfléchies. Cela fut très facile de vous épuiser et de profiter d’un moment de faiblesse pour vous frapper. Nous allons nous reposer pour quelques minutes, le temps d’évacuer les pensées négatives que vous avez accumulées. »

Des pensées négatives ? Est-ce qu’il avait compris qu’il pensait à son père ? En voyant le regard doré de Klork posé sur lui, la question ne se posait plus vraiment. Un peu décontenancé et désabusé qu’il était si facile de lire en lui, il finit par hocher la tête.

« D’accord mais pas plus d’une quinzaine de minutes et pendant ce temps, on va parler. »

« Bien entendu, il n’en serait autrement mais de quoi voulez-vous parler, messire Zéran de la Vanité ? » lui demanda Klork alors que Kosmor venait se rapprocher d’eux. Et les cours ? Zéran le regarda mais son petit frère continua de lui tirer la langue.

« Je ne sais pas vraiment, je n’ai jamais été doué pour faire la conversation avec autrui. Peut-être que tu pourrais m’expliquer qui sont les membres de ta famille ? A part qu’il s’agit de celle de la Rage. Est-ce que tu fais partie de celle principale ? »

« Nullement … Je suis l’une des branches proches de la famille de la Rage mais je n’en fait pas directement parti. De toute façon, ce n’est pas possible avec la faible puissance que je possède de mon côté, malheureusement. »

« Faible ne serait pas vraiment le terme que j’utiliserai, je dois avouer. Du moins, pour te définir. Tu insinuerais que les autres sont encore plus forts que toi ? »

« Je … Je ne sais pas, je dois avouer. Ma famille est loin d’être la plus remarquable parmi les branches qui entourent celles de la Rage mais en même temps … »

« Attends un peu. Ca revient à dire que même si tu ne fais pas partie de la famille principale de la Rage, tu es quand même assez doué et fort pour avoir été choisi au lieu d’un membre de la famille principale ! Je sais pas pour toi mais moi, ça m’épate et dans le bon sens ! »

« A ce point ? Est-ce que vous ne vous moquez pas de moi par hasard ? Du moins, même pas un petit peu, messire Zéran de la Vanité ? » le questionna Klork alors que le jeune homme aux yeux rubis hochait négativement la tête.

C’était … juste remarquable même s’il ne pouvait pas le lui dire directement ou alors, c’était peut-être déjà trop tard pour ça ? Et puis bon, ça voulait dire une chose déplaisante, qu’il n’avait pas envie d’avouer à Klork. Celui-ci le regarda longuement mais Zéran avait décidé de se taire, ne prenant plus la parole pendant les quelques minutes de pause qu’ils avaient décidé de s’octroyer. C’était … vraiment déplaisant.
Cela voulait dire qu’un membre non-direct d’une famille avait toutes ses chances pour pouvoir participer en son nom. Si bien entendu, il faisait ses preuves, même en mourant, il y avait de grosses chances que la branche reliée à ce candidat soit très vite reliée voire incorporée directement dans la famille principale.

Mais ce n’était pas ça le problème ! Le problème, c’est que ça voulait dire que si ça se passait dans les autres familles, cela pouvait aussi se passer dans dans la famille de la Vanité ! Sa famille ! La sienne ! Ça voulait dire que … lui aussi … Ça voulait dire qu’à l’heure actuelle, ses cousins et cousines étaient capables de prendre sa place.

« Si je suis tout juste incapable … Qu’est-ce que je vais faire exactement ? »

« De quoi est-ce que vous parlez, Zéran de la Vanité ? »

« Rien de bien spécial, simplement du fait que dans le fond, si tu as réussi, ça veut dire que mon père pourrait choisir aisément une autre personne que moi, donc pas de sa famille directement pour pouvoir prétendre à la candidature de la Vanité à la place de moi-même. »

« C’est exact mais vous n’êtes pas en train d’abandonner, j’espère ? »

« Bien sûr que non ! Enfin … Je ne sais pas. Est-ce que je vous donne vraiment l’impression de pouvoir devenir le candidat de la Vanité, Klork ? »

« J’en suis plus que sûr et certain à ce sujet. Croyez donc en ce que vous avez accompli depuis le début, je suis là et votre petit frère aussi ! Je suis certain que vous serez tout simplement parfaitement pour ce rôle, croyez en vous ! »

« Je voudrais bien … mais ce n’est vraiment pas très simple, entre nous. Je ne sais pas … J’ai pas l’impression de changer pour le mieux, Klork. »

« Est-ce que vous voulez donc que l’on arrête définitivement les entraînements, Zéran de la vanité ? Vous savez, si je fais cela, je ne pense pas remettre les pieds ici alors. Je n’aurai aucune raison pour cela et de toute façon, on ne me laissera plus rentrer. »

« Je n’ai pas dit ça, Klork ! Ne raconte donc pas n’importe quoi, s’il te plaît ! »

« Alors, continuez de vous battre jusqu’au bout. Jusqu’au dernier jour, jusqu’à la dernière heure, jusqu’à la dernière minute. Jusqu’à ce que votre père soit en face de vous et donne le nom du candidat de la Vanité. »

« Je vais essayer … Je ne promets rie du tout à ce sujet. »

« Ce n’es pas une question de promettre ou non mais de simplement se dire « Oui, je vais y arriver ! Oui, je vais le faire ! ». Tout est une question de psyché et rien d’autre. Vous en êtes capable et vous le savez aussi bien que moi. Néanmoins, dès l’instant où vous voyez votre père, vous perdez tous vos moyens. Devenez le candidat de la Vanité et acquérez votre indépendance par rapport à votre famille. »

L’indépendance par rapport à sa famille. Qu’est-ce qu’il … AH ! Oui, c’est vrai. S’il n’était pas choisi, il allait toujours rester dans les pattes de son père alors qu’en étant nominé, il allait partir à l’aventure avec Klork et les autres. C’est vrai … Il finit par hocher la tête positivement, faisant un petit sourire avant de dire :

« Je pense que le message est très bien passé, Klork. Je devrais te remercier encore, c’est bien ça ? Qu’est-ce que tu veux dans le fond ? »

« Que vous croyez autant en vous que moi je le crois. » dit le jeune homme aux cheveux verts sans sourire, les bras croisés à hauteur de son poitrail.

« Je ne sais pas si je vais y arriver … Mais je vais tenter ? C’est tout ce que je peux te dire, Klork. Je ne peux pas plus … et je vais tout faire pour y arriver. »

« Alors tant mieux ! C’est ce que je voulais entendre et rien d’autre de votre part, j’avoue que je suis très content de vous l’entendre dire, vraiment … »

Il lui en fallait peu pour être heureux mais il comprenait toujours pas pourquoi cela affectait autant cet homme qui n’avait aucune relation réelle avec la famille de la Vanité. Il était vrai qu’il savait que certaines familles étaient proches, très proches. Un peu comme celle de l’Avidité et de la Cupidité. Les deux familles étaient vraiment très proches généralement d’après ses souvenirs. Hum … Mais celle de la Rage ?

« Bon, j’imagine que ce n’est pas bien grave et que ça ne me concerne pas. »

« De quoi donc, Zéran de la Vanité ? Vous vous parlez seul maintenant ? »

« Non non ! Pas du tout ! Enfin, ce n’est pas aussi simple que ça, loin de là. Enfin, comment est-ce que je pourrais vous expliquer ça plus correctement … Hmmm … Entraînons-nous. »

Le jeune homme aux cheveux blonds tentait de s’exprimer mais autant dire qu’il n’était franchement pas très doué pour cela. Klork rigola un peu, le genre de petit rire cristallin qui, sans savoir pourquoi, surprenait Zéran car il ne le voyait pas agir de la sorte.

L’entraînement était encore et toujours là. Il passait les prochaines heures à tenter d’évacuer ce petit stress qu’il avait accumulé juste par la simple présence de son père dans les environs. C’était d’un ridicule de réagir de la sorte mais c’était instinctif et il savait que cela n’allait pas faciliter du tout son envie de devenir candidat.

« Qu’est-ce que tu en penses ? En deux semaines, tu as réussi à te faire un aperçu, non ? »

« C’est exact … Si vous voulez mon avis, j’estime que ses progrès sont conséquents mais je ne pense pas que cela soit uniquement à cause du style d’entraînement donné par cette personne issue de la famille de la Rage. » répondit la seconde voix à la première.

« Il est vrai qu’un tel changement radical ne peut pas provenir que d’une unique raison. Est-ce que tu aurais une seconde explication ou non ? »

« J’en ait aucune. Cela concerne tout simplement la personne qui a décidé de l’entraîner. Il y a de très fortes chances que cela influe sur le mental de votre fil, mon roi. »

« Nous sommes d’accord sur ce point. L’arrivée providentielle du candidat de la Rage dans notre demeure est perçue comme une bonne chose par tout notre entourage. »

« A ce point ? J’avais entendu des rumeurs comme quoi les servantes et les majordomes pensaient ainsi … mais les gardes aussi ? »

« C’est exact. Je n’ai pas demandé directement mais tendre l’oreille en feignant l’indifférence peut parfois être très utile suivant les situations. Je n’aurai qu’une simple question à ce sujet : Entre toi et lui, qui gagnerait ? » questionna le monarque félémon dans la salle du trône.

« Une question dont vous connaissez parfaitement la réponse, n’est-ce pas ? La question ne devrait pas se poser : Moi, bien entendu. »

« C’est ce que je voulais entendre de ta part. Et comment cela se passe t-il avec Kosmor ? »

« Il est bien plus doué que son grand frère dans tous les domaines, mon roi. D’ici quelques années, il fera un combattant d’élite parfait. Je ne maîtrise pas aussi bien que vous la magie mais je pense pouvoir lui apprendre de solides bases à ce sujet. »

« Alors n’hésites pas … Sinon, je me chargerais moi-même de son éducation. »

« N’avez vous pas peur qu’un jour, il … Enfin, vous voyez de ce que je veux parler, n’est-ce pas ? » dit un homme en face du monarque, un genou au sol. Son visage était d’ailleurs tourné vers ce dernier, n’osant nullement regarder le roi du royaume des félémons.

« Même si cela devait arriver, il ne sera pas possible d’arrêter l’inexorable. »

« Bien entendu mais il s’avère que cela était étonnant de votre part d’avoir deux enfants. »

« Ne parles donc pas de choses inutiles. Tu sais aussi bien que moi les raisons qui m’ont toujours poussé à agir de la sorte sauf dans ce cas précis. Mais il s’avère que peut-être que je me suis trompé sur le premier de mes enfants. Il devient enfin mûr après tout ce temps. »

Sans un mot, l’homme avait finit par se relever, s’inclinant poliment devant le monarque du royaume des félémons avant de signaler qu’il allait partir dès maintenant. Le roi fit un petit mouvement de la main pour lui dire qu’il pouvait se retirer, restant seul dans la salle du trône. Oui, à cet instant précis, il n’y avait eut aucun garde pour les entendre.

« Bon, Klork, tu viens manger en même temps que moi et mon petit frère. »

« Est-ce que vous êtes sûr que c’est vraiment très raisonnable ? »

« Ca ne l’est pas le moins du monde mais depuis quelques temps, mon père ne mange plus avec nous. Il est dit qu’il a des choses bien plus importantes à faire que ça. »

« Oh ? C’est vrai ? Et j’imagine que vous en avez aucune idée de quoi il pourrait s’agir exactement, n’est-ce pas ? » interrogea le félémon borgne.

« Pas le moins du monde et ça ne m’intéresse pas aussi, il faut dire. Bon, est-ce que tu acceptes ou pas ? Tu peux toujours refuser. »

« Est-ce qu’il est possible simplement de pouvoir me passer un peu d’eau sur le corps ? Je suis en sueur et cela est horrible de … »

« Pas de problèmes, je vais appeler les servantes. Direction le bain de ton côté. Pour ma part, je vais déjà prévenir les cuisiniers de rajouter un couvert. »

« Euh … Un bain ? Euh … Il n’y a pas besoin et … »

A peine avait-il eut le temps de prendre la parole que déjà quatre servantes tiraient l’imposant homme en armure rouge. En voilà un visage encore pleinement confus. Rien à redire, cela l’amusait grandement une telle réaction chez Klork.

Lorsqu’il revint, la première chose qu’il constata, c’était les nombreux murmures entre les servantes. Elles se regardaient entre elles puis Klork tout en rigolant. Lorsqu’il s’installa à table avec Zéran et son frère, il avait une mauvaise mine.

« Et bien ? Le fait d’être propre te dérange tant que ça, Klork ? »

« Ce n’est pas du tout cela, Zéran de la Vanité … Ah … Non, pas du tout. »

Il était visiblement exténué, comme si cette épreuve l’avait fatigué plus que nécessaire. Bien destiné à l’embêter encore un peu plus pendant que le repas était servi, Zéran lui dit :

« D’après les oeillades de mes servantes, il semblerait que tu te sois fait de nouvelles jouvencelle intéressées par ton corps athlétique. »

« Je ne pense pas que ça soit cela, loin de là, Zéran. Non … Pas du tout. » soupira une nouvelle fois l’homme aux cheveux verts. D’après les rires des servantes, il n’était pas du tout d’accord avec l’affirmation de Klork mais bon…

« Je ne vais pas t’embêter plus que ça sur ce point qui semble vraiment t’intimider. Et puis si je continue, mon petit frère risque de continuer à m’en vouloir. »

Pour toute réponse de la part de ce dernier, celui-ci commença à tirer la langue … avant de s’arrêter. Non, pas ce soir ! Pas pendant l’heure du repas. Surtout qu’il y avait les majordomes, les servantes et autres. Il devait bien se tenir devant eux, voyons donc !

« Elles ont l’air vraiment bavardes ce soir. Qu’est-ce qu’elles ont à me regarder maintenant ? »

Au début, il trouvait cela amusant mais maintenant, c’était vraiment déplaisant. Qu’est-ce qu’il prenait aux servantes de le regarder après Klork ? C’était comme s’il y avait quelque chose à comparer chez eux. Il était vrai que ces femmes … AH ! C’était pour lui, les rires !

« Du balai ! Je veux être tranquilles avec Klork et Kosmor ! ZOU ! »

Il venait de crier à l’attention des servantes, celles-ci quittant la pièce sans pour autant se départir de leurs rires. Il ne savait pas pourquoi mais actuellement, il ne se trouvait vraiment pas très flatté … et cela sans aucune explication raisonnable.

« Pourquoi êtes-vous en colère, Zéran de la Vanité ? Si c’est à cause … »

« Non, tu n’es pas responsable du comportement indécent de mes servantes. »

« Je pense vraiment que vous vous fourvoyer sur leurs comptes. J’ai sûrement l’explication à leur comportement mais je ne peux vous la donner. »

« Pas devant Kosmor, j’aimerai, oui.. » marmonna le jeune homme aux cheveux blonds, comme blessé dans son amour-propre. Pourtant, Klork soupira, se disant que Zéran se trompait lourdement sur tout ça. Néanmoins, s’il se trompait, c’était tant mieux en un sens. Cela serait beaucoup pour eux deux. Pour l’heure, il allait plutôt profiter du repas que lui offrait le prince issu de la famille de la Vanité.

Chapitre 6 : Sur les rotules

ShiroiRyu
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Chapitre 6 : Sur les rotules

« Bon sang … Je n’ai jamais autant apprécié l’herbe qu’aujourd’hui. »

Il était allongé, face contre la verdure alors qu’il respirait bruyamment. Une semaine. Ça ne faisait qu’une semaine mais tout son corps endolori lui hurlait d’arrêter ce supplice. Pour autant, le jeune homme aux cheveux blonds chercha à se relever mais tout son corps décida de le désobéir, le faisant s’écrouler, face contre l’herbe.

« Je ne peux plus bouger du tout, Klork. On peut arrêter là pour aujourd’hui ? »

« Cela ne fait que quatre heures sans aucune interruption, Zéran de la Vanité. Néanmoins, je sais ce qu’il vous faut et … »

« Non … Non .. ET NON ! HORS DE QUESARGGGGGGL ! »

Un hurlement strident mais pourtant, aucun garde ou serviteur ne vint s’enquérir de ce qui se passait. Au tout début, cela avait même rameuté une dizaine de personnes mais aujourd’hui, plus personne ne s’en inquiétait. La raison ? Tout simplement que les puissantes mains de Klork étaient en train de masser tout l’être qui était allongé au sol, appuyant en de nombreux endroits comme pour viser ses points vitaux.

« Voilà … Ça devrait aller mieux d’ici quelques minutes. Nous pourrons reprendre. »

« Je ne te dis pas merci. Je te le ferais payer au centuple, je te préviens. »

« Vous commencez à accumuler une certaine dette envers moi, non ? »

En plus, il se permettait de faire de l’humour. RAAAAAAAAH ! Il se foutait de sa gueule en plus ! Il allait le lui faire regretter ! Mais pas maintenant, tout son corps semblait maintenant se reposer. Et lui aussi. Ah … Une unique semaine où il s’était concentré uniquement sur cet entraînement. Il avait complètement occulté le reste. Le plus surprenant restait le fait que son père ne venait pas le voir … et que lui-même, ne ressentait pas ce besoin maladif de se présenter devant le monarque du royaume.

« Grand frère, tu manges encore de l’herbe ? Ce sont les vaches qui font ça. »

« Kosmor … Si j’arrive à relever la main, je te promets à toi aussi que tu vas le regretter. »

« Ah bon ? Mais pour ça, il faut que tu y arrives, grand frère. Monsieur Klork, vous n’êtes pas trop méchant avec lui hein ? Ne lui faites pas trop mal. »

« Je serais aussi doux qu’un agneau et … »

« Il veut plutôt dire aussi doux qu’un ours dans un costume d’agneau. Une telle force, ce n’est pas possible. » s’égosilla le jeune homme aux cheveux blonds, cherchant à se redresser, finissant à quatre pattes, visage tourné vers le sol. Il vint recevoir un jet d’eau sur le crâne, son petit frère lui disant de ne pas trop en faire quand même malgré tout. Pour toute réponse, Zéran poussa un grognement de mécontentement mais comprenait qu’il était inquiet, ce qui n’était pas illogique en soi. C’était même plus que normal.

Ah … Ah … Ah … Pfiou. Bon, cela faisait cinq minutes mais il était maintenant debout, droit et fier … et avec les jambes qui tremblaient de partout. Il tenait fermement ou du moins, essayait de tenir dans ses mains deux cimeterres de belle facture. Enfin, des « résidus » selon la qualité de Klork. Et oui, il combattait à arme réelle.

« Je suis prêt, on peut recommencer dès maintenant ! »

« Tant mieux alors … Je ne vais pas m’arrêter jusqu’à ce que vous ne puissiez plus parler maintenant, Zéran. Attention à vous, j’arrive tout de suite. »

Arriver tout de suite ? Comment ça ? Il eut la réponse lorsque l’homme à l’oeil doré était déjà à sa hauteur. VITE ! Il para le coup avec ses deux cimeterres, prenant appui sur ses pieds. AAAAAAAAAAAAH ! Mais qu’est-ce que ça faisait mal ! Tout son corps avait déjà recommencé à lui dire d’arrêter mais il ne se sentait pas le courage de l’écouter.

« Sans effort, aucun réconfort, non ? Je crois que c’est comme ça … qu’on dit. »

« Attention à ne pas trop parler, Zéran de la Vanité. Si vous parlez trop, vous allez perdre votre souffle et votre concentration. »

« De la part de quelqu’un qui me fait la leçon sans même que cela ne le dérange, je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. Bon … Je me tais alors ! »

C’était le mieux qu’il puisse faire dans cette situation. Coup sur coup, il tentait de les rendre mais on sentait les années d’expérience de Klork alors que lui-même débutait avec les cimeterres. Pour autant, il ne s’était jamais senti aussi fort que maintenant. Il avait l’impression qu’il avait tout loupé depuis le début.

« A me demander pourquoi mon maître n’a pas comprit plus tôt … »

Mais ce n’était pas le moment de se poser des questions inutiles de la sorte. Il fallait se concentrer et uniquement faire ça Le reste pouvait bien attendre. Il prit une profonde respiration, ayant réussi à faire quelques pas en arrière pour éviter les attaques de Klork. S’il y en avait un qui était vraiment émerveillé, c’était Kosmor.

« Waouuuuh ! Grand frère, tu te bats vraiment bien ! Puis aussi monsieur Klork ! »

« Je ne savais pas que votre petit frère était aussi fervent sur ce point. »

« Je te l’ai pourtant déjà dit, non ? Tu ne m’écoutes qu’à moitié ou presque lorsque je t’adresse la parole, j’ai l’impression. Il m’a même déjà demandé si je pouvais te questionner pour savoir si tu voulais aussi l’entraîner un jour. »

« Je me concentre sur vous actuellement mais peut-être qu’en revenant de l’expédition, je pourrais prendre une partie de mon temps pour lui apprendre les rudiments du combat. »

« Hmm .. .Tu n’aurais pas oublié que généralement, il ne reste qu’une seule personne à la fin de chaque expédition ? A partir de là, je verrais difficilement comment tu pourras lui apprendre le combat si tu es mort … vu que je compte gagner. »

« Chaque ancienne expédition s’est terminée comme vous le dites. C’est à nous alors de briser ce cycle ou chacun décède pour ne laisser plus qu’un seul candidat. »

Humpf ! Il n’avait même pas senti la petite pique qu’il lui avait lancée. Rah, ce n’était même pas drôle dans le fond s’il ne réagissait pas aux petites provocations qu’il lui faisait ! Ah … Enfin bon, puisqu’il en était ainsi, il n’allait pas s’en plaindre non plus hein ? En une semaine, il avait fini par saisir le mode de pensée de Klork.
Naïf était le bon terme pour le définir. Il ne semblait pas très futé et malin mais faisait preuve d’une certaine concentration dans ce qu’il désirait accomplir. Simplement, ses objectifs, c’était à se demander s’il voulait vraiment devenir le seigneur des félémons. S’il n’envisageait pas de les trahir un jour ou l’autre, tout cela allait se retourner contre lui un moment.

« Déconcentration … et perte du combat et de la vie. »

Hein ? Il eut juste le temps de comprendre ce qu’il voulait dire par là lorsqu’il sentit un poing s’enfoncer dans son ventre, le faisant cracher et baver. Relâchant ses armes, il s’écroula à genoux au sol, ne comprenant pas ce qui se passait sauf que l’herbe était définitivement trop proche. Qu’est-ce que … euh …

« J’ai du mal … à respirer … » lâcha t-il avec un filet de salive

« Zéran de la Vanité, vous devez vraiment faire attention à vous. Ne pensez à rien d’autre qu’au combat même pendant un entraînement. C’est pourtant la base de tout, non ? »

« Je … le sais bien mais en même temps, je ne m’y attendais pas du tout, ah … ah … Je … »

« C’est bien parce que vous ne vous y attendiez pas que j’ai décidé d’agir de la sorte. J’en suis vraiment désolé mais il vous faut apprendre cette leçon et le plus tôt possible. »

Bien entendu. Ah … ah … Non … Ça voulait presque sortir. Voilà qu’il plaça une main devant sa bouche, comme pour s’empêcher de vomir. Il devait se retenir et bien vite avant que ça ne dégénère et que ça ne finisse par être le cas.

« Messire Zéran ? Vous … Attendez ? Est-ce que j’ai frappé trop fort ? »

Voilà qu’une voix inquiète venait se faire entendre à ses oreilles. Un bref instant, il croyait que c’était celle d’une servante mais seul Klork était accroupi à ses côtés, posant une main gantée de métal sur son visage, le relevant.

« Je tiens à m’excuser. Je ne pensais pas … que j’y avais mis trop de force. Je suis vraiment désolé, pardonnez-moi. Ce n’était vraiment pas ce que je désirais. »

« Ne … t’en fait pas, Klork. C’est juste que si je dois apprendre cette manière pour que cela rentre en moi, disons que c’était pas cher payé … ah … On peut juste se reposer ? »

Tout ce qu’il désirait ! Il sentit son corps se faire soulever comme un vulgaire sac de patates. La honte … Il éprouvait une alors qu’il sentait les puissantes mains de Klork le déposer enfin sur un banc. Le regard perdu vers le ciel, il tenta de parler mais n’y arriva pas.

« Je vais chercher de quoi boire, vous en avez vraiment besoin. »

« Je t’ai … déjà dit … de me tutoyer, Klork. Je croyais … que c’était passé. »

« Pas après ce que je viens de commettre. J’ai quelques restrictions et je compte bien m’y tenir. Déjà que ma famille n’apprécie pas que … Non rien. »

Hum ? Hein ? Qu’est-ce qu’il venait d’entendre ? Il tenta de baisser son visage pour s’adresser à Klork mais celui-ci était déjà parti chercher de quoi boire. Kosmor n’était plus là non plus. Est-ce qu’il avait mal compris les propos de Klork ? Ce n’était pas possible. Est-ce que son imbécile de famille tentait de lui signaler qu’il ne pouvait pas le voir ? Lui ? Un membre de la famille de la Vanité ? Le prince des félémons ?

« Foutue famille. Qu’est-ce qu’elle peut y comprendre ?! »

Elle ne comprenait pas la chance qu’elle avait de pouvoir converser avec le prince des félémons et que leur candidat n’était pas jeté comme un malpropre en venant ici. Foutue famille … ah … bon sang … Pourquoi est-ce qu’il supportait aussi aisément Klork ?

« Ce type ira me planter une lame dans le dos, j’en suis certain. »

Comme les autres candidats. Il ne voyait pas un autre cas de figure se présenter. Est-ce que Klork comprenait qu’il entraînait peut-être son futur assassin ? Oui … Enfin pour ça, il fallait que son père accepte de le nommer, ce qui n’était toujours pas fait pour le moment, loin de là.

« Je ne sais même pas ce qu’il pense de ce qui se passe ici. »

De toute façon, pour l’heure, depuis qu’il n’avait pas été au rendez-vous donné par son père lorsqu’il s’était battu contre Klork, le roi des félémons n’avait plus envoyé de nouvelle invitation à ce qu’il puisse le voir … et lui-même n’avait pas cherché cela.

« Je ne préfère pas me présenter devant lui, ça sera mieux … pour tous. »

Il avait encore honte de ce retard et de tout le reste. Le jeune homme aux cheveux blonds referma ses yeux rubis, ne cherchant pas à savoir où étaient Klork et Kosmor. Il avait tout simplement envie de se reposer. Et dire qu’il voyait son père que de rares fois, au repas.

… … … Pourquoi est-ce qu’en en ouvrant les yeux, il remarquait que le temps dans le ciel avait changé et s’était un peu obscurci ? Est-ce qu’il s’était endormi sur un banc ? Vraiment Il tenta de se mouvoir mais tout son corps lui en voulait grandement pour la torture orchestrée quelques heures auparavant. Il tourna son visage vers la droite, voyant son petit frère qui était assoupi, sa tête posée sur ses genoux. Est-ce qu’il avait veillé sur lui ?

« Le petit malin. Avec un visage aussi mignon lorsqu’il dort, j’imagine que les servantes ont préféré ne pas le réveiller malgré qu’il avait des cours et … »

Hein ? Voilà qu’il regarda maintenant vers la gauche. Klork ? Il était là lui aussi ? Il dormait aussi, les bras croisés, yeux fermés. Pourtant, il était impressionnant … même dans son sommeil. Il ne laissait aucune ouverture. C’était … vraiment … effrayant.

Effrayant ? Bien entendu ! Comment est-ce qu’il pouvait espérer le trahir et le tuer s’il ne lui permettait même pas une simple ouverture ? Oui, cette pensée froide et sinistre était encore présente dans sa tête alors qu’il approchait son index de la joue de Klork.

« Pouic … Pouic … Tu dors d’une étrange façon. »

« Hiiii ! Qu’est-ce que ?! » s’exclama subitement Klork, se mettant debout en regardant tout autour de lui comme pour voir où est-ce qu’il se trouvait. Zéran cligna des yeux : ce n’était … pas vraiment la réaction à laquelle il s’était attendu, il devait avouer.

« Tu dormais. Comme quoi, je n’étais pas le seul à avoir besoin de me reposer, on dirait bien mais … pourquoi tu ne m’as pas réveillé ? Je suis sec et puant à cause de la sueur. »

« Zéran ? Enfin … Zéran de la Vanité ? Moi-même et votre petit frère, nous avons préféré vous laisser ainsi car vous en aviez bien besoin. Je m’excuse de m’être endormi dans votre domaine, cela ne se reproduira plus. »

« Euh … Je ne vais pas commencer à t’harceler à cause de ça. Il ne faudrait pas trop pousser non plus hein ? Ce n’est pas bien dramatique non plus … Mais c’est juste étonnant, un peu comme le cri que tu as poussé. Et dire que je pensais que tu serais un adversaire vraiment coriace à battre. Te faire surprendre par un doigt … »

« Ce n’est pas très drôle de se moquer ! Je n’étais pas sur mes gardes et … Arrêtez ! »

Il était tout simplement en train de rire. Malgré la stature de l’homme aux cheveux verts, malgré sa cicatrice qui le rendait borgne et cet œil doré qui donnait l’impression de pouvoir vous transpercer avec aisance, il ne s’était tellement pas attendu à ça. Bon … C’était décidé ou presque : Il allait le tuer en dernier lorsqu’il faudra se battre pour la place de monarque après avoir récupéré le coeur du précédent roi. Par contre, où étaient ses cornes ?

« Vous avez fini ? Ce n’est pas très drôle … Vraiment… »

« Ca l’est et pas qu’un peu. Bon, au moins, je sais maintenant que personne n’est parfait lorsqu’il s’agit de combattre, n’est-ce pas, hein ? Comme quoi, me dire de me concentrer pendant le combat, il va falloir que certains appliquent cela aussi dans leur sommeil. »

« Mais mais mais … Arrêtes donc, Zéran ! Vraiment … »

Ah … L’air gêné de Klork valait le détour mais avec les paroles du membre de la Rage et ses propres rires, voilà que Kosmor se réveillait en se frottant les yeux, demandant ce qui se passait. Il s’apprêtait à tout lui raconter mais le regard colérique de Klork l’en empêcha. Ooooh ! Il pouvait donc faire ce genre de visage ?

« Rien de spécial, Kosmor. Dis-moi, petit brigand, tu n’avais pas quelques cours ? »

« Ben … C’est dommage pour eux, grand frère ! Il faudra les rattraper demain ou alors peut-être après-demain ou alors encore un autre jour ! » s’exclama l’enfant aux cheveux blancs avec un grand sourire faussement innocent. Est-ce que Klork allait tomber dans le piège ?

« Jeune Kosmor, n’abandonnez pas vos cours. Ils sont très importants pour votre futur. D’accord ? Un jour, vous en comprendrez le besoin. »

Sans même qu’il ne sache pourquoi, il remarqua que son petit frère venait d’être rouge aux joues, bredouillant quelques mots en baissant les yeux, murmurant un :

« Euh … d’accord, monsieur Klork … Je veux bien faire un petit effort. »

« J’en suis vraiment ravi. Vous verrez qu’un jour, cela vous sera très utile. »

« Mais seulement parce que vous le dites hein et pas autre chose ! Sinon, je ne croirais en rien d’autre, je tiens à vous le dire hein ? Je ne suis pas comme ça ! »

« On dirait presque une réplique miniature de vous-même, Zéran de la Vanité. »

« Heureusement vu qu’il s’agit de mon petit frère. » dit le jeune homme aux cheveux blonds en souriant un peu aux propos de Klork. Bien entendu … Hum ? Pourquoi est-ce que l’homme aux cheveux verts commença à le regarder puis Kosmor ? Ah … Il voyait ce qui le dérangeait un peu. Il reprit : « Pour Kosmor et moi, je … »

« Je n’ai pas posé de questions car je ne veux pas de réponse, Zéran. Ce n’est pas à moi que vous devez répondre. Des fois, ces phrases ne sont pas nécessaire. »

Peut-être. Il devait aisément comprendre pourquoi lui et son petit frère étaient visiblement très différents en terme de chevelure. Ce n’était pas le plus difficile à saisir mais parfois, certains ne comprenaient pas exactement pourquoi une telle chose était possible.

« Je pense que nous devrions arrêter maintenant l’entraînement, nous en avons déjà assez fait aujourd’hui, non ?  Sauf si vous voulez continuer encore … »

« Non, non, je pense que c’est largement suffisant pour ce soir, enfin à mes yeux. Kosmor, tu vas pouvoir aller retourner en cours … encore que vu l’heure approximative, j’imagine qu’ils sont tous terminés malheureusement, ah … »

« Hahaha ! Et oui, grand frère ! C’est vraiment bien dommage pour eux ! Euh … Monsieur Klork, vous venez manger avec nous aussi ou pas ? »

« Je ne peux pas, cela est peut-être beaucoup trop pour un simple félémon comme moi. Il ne faut pas oublier que je ne suis que le candidat de la Rage, rien d’autre. Je ne peux pas m’installer à la même table que les deux princes et le monarque du royaume. »

« Je ne crois pas que cela dérangerait mon père et mon petit frère. » déclara Zéran tout en haussant les épaules, l’oeil doré de Klork se posant sur lui :

« Mais je dois donc comprendre que cela vous causerait du tort, Zéran de la Vanité. »

« Je n’ai pas dit ça non plus … mais je ne voudrais pas que les autres pensent que nous soyons amis, toi et moi. Ils vont commencer à se poser beaucoup de questions à ce sujet. »

« C’est exact. Nous ne sommes pas amis, ni camarades. Je dois m’en aller. »

« Grand frèèèèèère. » dit Kosmor sur un ton indigné alors que les deux regardaient Klork qui s’éloignait seul à l’horizon, disparaissant dans un couloir comme si de rien n’était.

« Qu’est-ce qu’il y a, Kosmor ? Tu en fais une tête. On dirait que tu es en colère. »

« Ben oui que je le suis ! Pourquoi tu as dit des choses aussi méchantes à monsieur Klork ?! »

« Des choses aussi méchantes ? Qu’est-ce que j’ai prononcé ? Je n’ai rien dit d’insultant envers sa personne que je sache, non ? »

« Ce n’est pas ça ! Tu as dit que ce n’était pas ton ami ! C’est pas gentil de ta part ! Il vient tout le temps pour t’entraîner et tu dis que c’est pas ton ami ! »

« Car ce n’est pas le cas ? C’est juste un professeur temporaire, rien de plus, rien de moins. Tu sais, je devrais le tuer un jour, petit frère. C’est comme ça que ça se passe depuis le début. Ça ne changer pas tout simplement parce que tu l’espères hein ? »

Comme s’il venait de découvrir la vérité, son petit frère ouvrit la bouche sans qu’aucun son n’en sorte. Il aurait bien répliqué à Zéran mais sur le coup, il ne savait pas quoi dire alors sa bouche se ferma quelques secondes après, ses petits poings se serrant avec force.

« On va juste dire qu’il est un peu mieux considéré que les autres félémons, rien de plus. Un ami ne vous trahirait pas sans la moindre hésitation. »

« C’est vrai. Un ami ne ferait pas ça … et monsieur Klork non plus, Kéran ! »

« Ça, tu ne peux pas le savoir exactement, Kosmor. Tu n’es pas dans sa tête et peut-être qu’il aurait put très bien nous tuer pendant que nous dormions, toi et moi. »

« Et il ne l’a pas fait ! Ça veut dire que ce n’est pas ça qu’il veut faire, c’est tout ! T’es vraiment trop bête ! Ben, pour la peine, moi, je te boude et je vais faire mes devoirs ! »

Tiens ? Quoi ? Qu’est-ce qu’il a dit de si méchant ? Faudrait peut-être pas le faire passer pour un monstre alors que ce n’était pas du tout son but ! M’enfin, son frère qui le boudait, c’était peut-être une première. Du moins, pour une raison qui paraissait des plus sérieuses. Est-ce qu’il avait été assez mesquin envers Klork ?

« C’est vrai que Kosmor a l’air de bien l’aimer mais bon … des gens que Kosmor n’aiment pas, ça doit se compter sur les doigts d’une main et encore, peut-être celle d’un manchot. »

Ah … Par contre, avec tout ce qu’il avait fait aujourd’hui, il avait bien besoin d’une douche et du genre très forte et efficace. Il était vraiment en train de nager dans ses vêtements et il espérait que ça ne perdure pas trop. Par contre, en relevant ses manches, il constatait qu’étrangement, ses muscles ne lui faisaient plus trop mal sur le coup.

« Hahaha … J’espère juste que je finirais pas comme lui. »

Pas qu’il était vilain garçon ce Klork mais disons que sa carrure était plus effrayante qu’autre chose. Il était à peine plus grand que lui mais il semblait si … fort.

Chapitre 5 : Le début de l’entraînement

ShiroiRyu
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Chapitre 5 : Le début de l’entraînement

« Hmmm … Bon, on parie combien qu’il ne sera pas là ? »

Il était le lendemain et malgré les courbatures sur son corps, il était fin prêt à accomplir une nouvelle journée où il sentait qu’il n’allait pas pouvoir plaire à son père malgré toutes les tentatives pour y arriver. Sortant de sa chambre après avoir fait un brin de toilette et être sûr qu’il soit correctement présentable, il s’apprêtait à se rendre à la salle où prendre son petit-déjeuner quand un majordome s’approcha de lui, déclarant :

« Pardonnez-moi, maître Zéran mais un individu attend à la porte d’accès de la maison. Malgré les gardes et les tentatives de ces derniers pour le déloger, il a signalé qu’il était là pour vous rencontrer. Que devons-nous faire ? »

« Est-ce qu’il a dit comment est-ce qu’il s’appelait ? Klork de la Rage ? »

« C’est bien ça, maître Zéran. Que voulez-vous que l’on fasse ? Il s’avère qu’il s’agit du candidat de la Rage. Néanmoins, nous pouvons le repousser, quitte à utiliser un peu plus de force pour cela, si vous le désirez. »

« Depuis combien de temps est-ce qu’il attends devant l’entrée ? » demanda le jeune homme aux cheveux blonds, semblant se préparer à une mauvaise nouvelle de la part de son majordome. Celui-ci eut un petit temps d’arrêt, finissant par déclarer :

« Environ deux heures et demie. Il était là aux aurores si vous voulez savoir dans les moindres détails. Que devons-nous faire alors ? Nous savons parfaitement que vous refusez tout… »

« Faites-le rentrer, c’est un véritable idiot. Je n’arrive pas à le croire. »

« … … … Comme vous le désirez. Où dois-je lui demander de patienter ? »

« Hmm ? Vraiment ? Qu’il vienne nous rejoindre pour le petit-déjeuner. Mon père ne sera normalement pas là donc ça devrait passer. Prévenez aussi les servantes qu’il y a une bouche en plus à nourrir. Je vous jure … Je ne peux pas laisser quelqu’un comme ça. Étant le fils du monarque des félémons, j’ai quelques responsabilités à prendre. »

« Comme vous le désirez, maître Zéran. Je vais de ce pas m’enquérir d’emmener ce félémon en armure rouge auprès de vous et de prévenir les servantes. »

Hum ? Il avait presque remarqué un ton amusé dans la voix du majordome. Est-ce qu’il y avait quelque chose de drôle dans ce qu’il venait de dire ? Il n’en était pas vraiment certain mais il n’allait pas se poser plus de questions. Dans la salle à manger, Zéran observa son petit frère qui émergeait à peine de son sommeil. Malgré toutes les qualités qu’il avait, il n’était pas un oiseau du matin et cela même une quinzaine de minutes après s’être extirpé de son lit. Petit sourire aux lèvres, il attendit que Klork arrive, celui-ci demandant :

« Hum … Est-ce que c’est vraiment bon pour moi d’être ici, Zéran de la Vanité ? »

« Si je l’ai décidé, je pense que oui. Et de toute façon, tu attends depuis quelques heures non ? Manges donc un petit morceau et comme ça, tu seras un peu ballonné pour l’entraînement. »

« C’est étrange comme conception. M’affaiblir avant un entraînement par de la nourriture. Est-ce vraiment là une méthode que vous comptez utiliser ? »

« Et tu peux éviter de me vouvoyer ? Ça me donne l’impression d’être super vieux par rapport à toi … et même si c’est vrai que tu me dois le respect vu que je suis le fils du monarque, c’est assez dérangeant quoi. »

« Je ne pense pas y arriver. Cela serait au-dessus de mes moyens, je tiens à m’en excuser. Mais je peux vous déclarer que ce repas est vraiment très bon. Vous pourrez féliciter les cuisiniers à ce sujet, je vous prie ? Sachant que je ne suis qu’un invité. »

« Un invité ? Hein ? C’est vraiment ça ? Un invité ? » répéta Zéran comme s’il avait du mal à saisir le sens de ce mot. Klork pencha la tête sur le côté, son unique œil doré valide le regardant avec étonnement.

« Bien entendu, non ? Je suis votre invité pour ce repas ? Je tiens à vous remercier et je vous promets de faire que votre entraînement ne soit pas en vain. »

« C’est … C’est la première fois que Zéran, il reçoit un invité ! » s’exclama Kosmor qui semblait comme enfin s’extirper de sa torpeur. Hey hey hey ! Il n’avait pas besoin de crier de la sorte, tout le monde pouvait l’entendre hein ?

« Oui enfin bon, ça n’a rien d’exceptionnel. Dès que nous aurons terminé, nous irons voir ce que tu as ramené, Klork. Je n’ai pas oublié que tu m’as dit que tu allais venir avec un peu d’équipement provenant de ta maison. »

« C’est exact. J’ai laissé mon sac à l’entrée de la salle à manger. Vos servantes n’ont pas vraiment voulu que je les emmène ici. »

« Je crois que je comprends parfaitement la raison qui les pousse à refuser une telle chose. » dit le jeune homme aux cheveux blonds avec une petite pointe d’ironie.

« Je ne sais pas vraiment, je dois vous avouer. Néanmoins, ce petit-déjeuner était très copieux. Je ne penses pas que je pourrais manger plus, vous devrez m’en excuser. Il m’arrive parfois de me mettre à jeun le matin. L’estomac vide, je me sens plus léger. »

« Bah … Au moins, tu t’es forcé à essayer d’être respectable envers notre famille en acceptant ce petit-déjeuner. Je ne vais pas t’obliger à manger plus que nécessaire. J’ai moi-même terminé de mon côté. Je ne te fais pas faire la visite des lieux, on va directement dans les jardins pour aller à l’entraînement. Le temps que tu me montres ce que tu as ramené, je suis sûr que cela sera largement assez pour digérer ! »

« Il y a de fortes chances que oui vu que je vais vous expliquer les qualités et défauts de chaque épée que j’ai ramenée. »

Ohla. Lorsqu’il quitta la salle à manger avec Klork, celui-ci s’était dirigé vers un imposant sac qu’il vint soulever avec une facilité qui le laissa bouche bée. Surtout que les tintements de métal montraient bien que ça ne devait pas être léger mais surtout en très grosse quantité dans ce sac de cuir. Oh bon sang … Qu’est-ce qu’il avait vraiment ramené ?

« Euh, tu as ramené toute ton armurerie ou quoi ? »

« Hein ? Bien sûr que non ! Juste deux trois bricoles. Ce sont des armes non-utilisables pour ma famille. Elles ne sont pas d’une très grande qualité mais vu la quantité et le nombre, je me suis dis que cela serait parfait pour nous. »

« Vraiment ? J’ai du mal à savoir comment je dois réagir avec toi, tu le sais ? »

« Oh … A ce point, Zéran de la Vanité ? Vous savez, ce n’est pas grand-chose dans le fond, loin de là. Alors, est-ce ici que nous allons nous entraîner ? »

« En fait, je préfère éviter les jardins royaux. Disons qu’hier, ils n’ont pas vraiment apprécié que je fasses quelques trous dans ces derniers. »

Il était encore un peu confus et c’était à se demander si les gens le voyaient vraiment comme le prince du royaume des félémons. Bon, le seul qui en avait l’air à l’heure actuelle, c’était la personne en face de lui. La seule personne à même citer sa famille après son prénom.

« C’est une bien belle salle comme le reste de votre domaine. »

« Tu es du genre à dire ouvertement ce que tu penses n’est-ce pas ? » rétorqua Zéran, évitant de trop sourire. Il n’allait pas abaisser ses défenses devant ce type.

« Je préfère être sincère à ce sujet, Zéran de la Vanité. Chez nous, c’est bien plus austère, il faut l’avouer. C’est pourquoi la décoration de cette salle, bien que superflue, ajoute beaucoup néanmoins à la vision appréciable qu’elle en donne. »

« Ouais … Tu dis vraiment ce que tu penses dans le fond. Fais quand même à ne pas trop en dire, ça pourrait te jouer de mauvais tours un jour hein ? »

« Je note cette remarque mais nous allons devoir commencer dès maintenant à nous concentrer dès maintenant à la raison de ma présence chez vous. »

« Je n’attends que ça. Je ne t’ai pas invité par plaisir de discuter avec toi. Tu as dit que tu voulais m’entraîner et il y a des chances que cela puisse m’aider dans le futur. Je n’ai donc aucune raison de refuser ça … mais je tiens à te préciser qu’il ne faut pas croire que tu puisses être familier avec moi, compris ? »

« Cela ne sera jamais le cas, Zéran de la Vanité. Tant que vous continuez à m’appeler par mon prénom, cela me suffit amplement, je peux vous le confirmer. »

« J’ai quand même été élevé assez correctement par ma famille pour appeler correctement les personnes à qui je m’adresse, même si elles sont d’une autre famille, Klork de la Rage. »

Par contre, il reconnaissait ouvertement qu’il ne savait pas s’il devait l’appeler Klork, Klork de la Rage, le vouvoyer, le tutoyer. Là, il alternait parfois entre tout ça et autant dire qu’il était un peu perdu. Mais … hors de question de le montrer à cet homme même si ce dernier se montrait très sympathique aux premiers abords. La famille de la Rage restait composée de nombreuses brutes et ça, lui, il ne pouvait pas l’oublier, loin de là !

« Alors, voilà les différentes lames que nous possédons. Cela va du cimeterre à l’épée longue, l’épée courte, l’épée bâtarde, l’épée à deux mains et … »

« Euh. L’épée à deux mains, est-ce que j’ai vraiment le physique pour transporter une arme aussi lourde et épaisse ? Un peu de sérieux hein ! »

« Et pourquoi pas ? Il faut essayer, peut-être que cela vous conviendra mieux que vous ne le pensez, Zéran de la Rage. Le plus important est de voir avec quelle arme vous vous sentez le mieux. De même, il s’agit là de véritables armes. »

Ah ben ça, il l’avait remarqué. Ce n’était pas des armes en bois. Ce n’était pas comme si c’était la première fois qu’il voyait une arme réelle hein ? Il n’était pas si niais et stupide. Simplement, ça ne changeait pas que ce n’était pas forcément très plaisant de voir autant d’armes réunies sur le sol. Heureusement que son petit frère n’était pas là.

« Commençons par les les lames les plus courtes. Les dagues vous conviendront peut-être si vous aimez les combats à courte portée mais surtout les attaques très rapides. Je vais vous montrer quelques mouvements avec. »

Quelques mouvements avec quoi ? Les dagues ? Vraiment ? Genre, il sait utiliser les dagues ? Il recula néanmoins pour laisser place à l’imposant homme faire une démonstration de sa force ou plutôt de son talent. Hum … Il avait un regard un peu moqueur mais celui-ci se changea vite fait en surprise. Il … était vraiment doué. Il avait l’impression de voir son professeur en face de lui. Comment est-ce qu’il faisait ça ? C’était presque s’il dansait et encore, il avait une armure assez lourde sur le corps.

« Ce n’est pas trop difficile ? Je veux dire … Wow … C’est franchement pas mal et … »

« Hop ! A vous de montrer ce que vous savez faire dès maintenant ! Je suis certain que cela sera aussi bien que moi, Zéran de la Vanité. »

« Si c’est pour se moquer de moi et me rendre ridicule, je promets de vous le faire regretter, Klork de la Rage. Vous êtes prévenu hein ? »

Bon, ce n’était pas tout ça mais pourquoi ne pas essayer ? Il n’avait rien à perdre, loin de là ! Le jeune homme aux cheveux blonds poussa un léger soupir avant de se concentrer. Alors, il suffisait de faire un mouvement comme ça et puis ainsi, c’est bien ça ?

« Vous voyez ? Ce n’est pas mal du tout ! Voyons une autre arme. Même si je pense que vous ne serez pas adapté aux armes lourdes, on va pourtant voir au cas où. Peut-être que vous serez du genre à pouvoir déverser toute votre puissance dans une attaque. »

« Hum … Il ne faudrait peut-être pas trop exagérer non plus. Mais oui, qu’est-ce que vous voulez que j’essaie maintenant, je peux savoir ? »

« On va essayer l’épée bâtarde. Son nom est dû au fait que … »

« Elle peut s’utiliser à une main comme à deux. Je n’ai peut-être pas l’expérience d’un combattant mais j’ai quand même les connaissances nécessaires à ça. »

Un franc sourire se dessina sur les lèvres de Klork. Visiblement, il s’était attendu à une telle réplique de la part du jeune homme, c’était bien pour cela qu’il ne vint pas répondre. Les trois prochaines heures passèrent à une allure plus folle que ne l’aurait cru Zéran. L’arsenal militaire ramené par Klork n’était pas à désirer, loin de là.

« Alors, en définitive, j’imagine que cela vous conviendra mieux. »

« Les cimeterres ? Pourquoi ça ? J’ai toujours peur avec leurs lames courbées, elles sont bizarres. Mais est-ce que je dois les utiliser une dans chaque main ? »

« Malgré votre apparence qui semble refléter quelqu’un de calme et posé, je ne vous vois pas être sur la défensive donc deux cimeterres me semble être une bonne idée. »

Apparence calme et posée ? Et il n’était pas du genre à l’être dans le fond ? Ce type se permettait quand même de lui faire part de certains commentaires dont il aurait peut-être mieux valut y réfléchir avant non ? Ce n’était pas tout ça mais il y avait quelques limites à ne pas dépasser et là, l’homme était en train de les franchir à tout allure.

« D’accord, d’accord … Je vais donc demander à mon père de me préparer quelques cimeterres en bois pour m’entraîner et … »

« Non, il ne vous faut pas des cimeterres en bois. Gardez ces derniers, je vous les offre. En tant que candidat de la Rage, je peux me permettre une telle chose. »

« Est-ce que vous êtes en train de plaisanter ? L’équipement provient des forges de la Rage. Ce n’est pas le genre de choses que l’on donne comme ça ! »

« Oh, je peux faire ce que je désire et puis, comme signalé, aux yeux de la Rage, ce sont des armes ratées donc ce n’est pas une grosse perte. »

« Ratées … Grosses pertes … Et ça vous sert à quoi de me donner un tel équipement, est-ce que je peux le savoir ? Qu’est-ce que vous avez à y gagner ? »

« Vous vous répétez souvent, Zéran de la Vanité, vous savez ? » lui répond l’homme aux cheveux verts avec à nouveau un sourire. C’était bizarre, franchement bizarre, il l’avait toujours imaginé comme quelqu’un de solitaire mais là, il n’avait aucun mal à s’adresser à lui. Enfin, le plus surprenant, c’était lui-même. Il s’étonnait de parler aussi facilement avec une personne qu’il connaissait à peine, encore plus issue d’une autre famille.

« Je ne prêtes pas ma confiance à quiconque, je tiens à vous le déclarer. »

« Je ne comptes pas l’acquérir. Ce n’était pas mon but … vous savez déjà ce que je veux, non ? Et pourquoi ne pas utiliser des cimeterres en bois ? Tout simplement à cause du poids. Vous avez passé trop de temps avec des armes factices et cela est problématique. Vous devez garder le poids des armes en métal dans vos mains. »

« Pour ne pas perdre cette sensation, c’est ça ? C’est donc l’explication sur le fait que je me débrouille moins bien que mon petit frère au combat, n’est-ce pas ? »

« Hum … De ce que j’ai vu, votre petit frère a un talent naturel pour le combat, c’est encore autre chose, il faut reconnaître mais vous n’êtes pas en reste ! »

« Je pense que si je lui donnes ce compliment de la part d’un membre de la Rage, il sera ravi. Il est vrai que pour les cours plus théoriques, il est moins doué … Mais bon … »

« Ce n’est pas de lui dont nous parlons aujourd’hui. Acceptez ce présent de ma part, vous ne le regretterez pas, je vous le promet. »

Une promesse ? Ils en étaient maintenant à ça ? Est-ce que cet homme avait vraiment la moindre idée de ce qu’il était en train de dire ? Il n’en était pas vraiment sûr, loin de là. Enfin bon, voilà qu’il s’était mis à haleter bruyamment, remarquant qu’il était en sueur alors que Klork était à peine essoufflé.

« Vous faites combien d’heures par jour pour ne pas être exténué comme moi ? »

« Moi-même ? Oh … Hum … Disons que généralement, j’en fais pour huit à dix heures. Vous savez, c’est comme une sorte de métier. Je ne le regrette pas le moins du monde. »

« Huit à dix heures d’exercices de la sorte ?! Tu plaisantes, j’espère ! Comment est-ce que tu fais pour tenir le coup ? Tu dois avoir mal partout, n’est-ce pas ? Je veux bien ta recette magique pour ne pas être complètement en train de ramper au sol à la fin ! »

« Une recette magique ? Disons l’habitude ? Au tout début, lorsque l’on commence à quatre ou cinq ans, c’est très difficile. Puis, il y a certaines choses qui sont plus dures pour certains que pour d’autres. Mais voilà et .. Oui ? Pourquoi ce visage, Zéran de la Vanité ? »

Ok. Ils étaient vraiment pas du même monde. Le contraste entre la Vanité et la Rage venait de s’agrandir mais d’une façon vraiment gigantesque. Il ne s’était jamais posé la question avant aujourd’hui mais c’était à se demander s’il était vraiment un félémon et pas un monstre. Il poussa un profond soupir avant de dire :

« Nous, à quatre ou cinq ans, on commence simplement à écrire et lire, rien de plus. Tu sais le faire ou quoi ? Enfin, tu sais … ça, non ? »

« Je n’ai pas vraiment une culture aussi développée que la vôtre mais oui, j’ai les bases de l’écriture, de la lecture et des mathématiques. Disons que nous nous embarrassons pas de ces choses théoriques dans la famille de la Rage. »

« Pfiou … Ouais … Je note. Bon, tu sais quoi ? Suis-moi, je crois qu’on va aller se désaltérer et se restaurer. Trois heures et je suis complètement lessivé. Je crois que Kosmor se moquerait bien de moi et les servantes aussi. »

« Les servantes semblent très proches de vous, est-ce qu’elles sont de votre famille ? J’ai cru entendre que c’est ainsi que cela se passe dans votre famille. »

« Tu crois bien, Klork de la Rage. Ca a toujours été ainsi et pas autrement. On préfère toujours rester entre membres de la Vanité. Ce sont donc des lointaines cousines, parfois au septième ou huitième degré. En plus, ça ne pose généralement aucun problème pour le mariage entre personnes de la même famille … enfin, généralement hein ? »

« Je comprend. Chez nous, nous n’avons pas vraiment des serviteurs, plutôt des aides au combat. Peut-être qu’un jour, vous aimeriez voir ? »

« Euh … Non merci. Je crois que s’ils ont tous votre physique, je vais avoir l’air d’un lilliputien contrairement à eux. » dit-il, repensant a groupe qui accompagnait Klork hier.

« Non, il ne faut pas dire cela, loin de là. Enfin, j’avoue que je ne suis pas le plus grand voire même l’un des plus petits et … »

« Après ce que je viens de dire, tu oses m’annoncer ça ! Non merci et deux fois plutôt qu’une ! » s’exclama le jeune homme aux cheveux blonds, passant une main dans la sueur qui parcourait sa chevelure. Pfiou … Il était maintenant debout, ramassant les armes avec Klork pour les ranger reprenant : « Bon, tu me suis. Si tu te perds, on risque d’avoir encore des soucis avec les gardes. »

« Comme vous le désirez. Je vous accompagne donc, Zéran de la Vanité. »

Zéran de la Vanité. Zéran de la Vanité. Il trouvait vraiment cela un peu lourd à prononcer à chaque fois mais en même temps, il n’était pas sûr que ça se passe autrement hein ? Il poussa un nouveau soupir, finissant par déclarer d’une voix qui se voulait calme :

« Tu peux m’appeler tout simplement Zéran, ça suffira. Et pas de mais … Si je t’appelle uniquement Klork, j’imagine que ça suffira, n’est-ce pas ? »

« Je ne pense pas que je serais capable de vous appeler de la sorte, j’en suis vraiment désolé. C’est malheureusement au-dessus de mes forces. »

« Et bien, que tu sois malheureux ou non, je m’en contrefous. Tu vas faire un effort et tu ferais bien de commencer à t’entraîner dès maintenant. »

« Je ne crois pas avoir le choix. Est-ce une manière de m’apprendre à bien me tenir dans la société qui compose la famille de la Vanité ? »

« On va dire ça comme ça … Ouais … C’est peut-être une bonne idée. Dorénavant, on verra aussi pour que tu retires ton armure lorsque tu ne combats pas. Tu donnes vraiment l’impression d’être un colosse avec ce truc sur les épaules. »

« Mon armure est comme ma seconde peau. Je ne préfère pas la retirer … »

Oui, oui, il ne préfère pas et pourtant, il va faire des efforts. Voilà que le jeune homme continuait de discuter avec son compagnon de la Rage, ne remarquant guère les discussions entre les différents serviteurs de la Vanité. Peut-être qu’il ne le ressentait pas encore mais peu à peu, il changeait et cela pour le meilleur.

« Après, on ira aussi s’éponger et s’arroser le corps avec de l’eau car là … »

Hmmm ? Klork s’était arrêté pendant quelques secondes avant de signaler que oui. Pourquoi est-ce qu’il y avait eut cette petite interruption ? Il n’en avait strictement aucune idée mais ce n’était pas bien grave de toute façon. Ah … Sacrée première journée d’entraînement.

Chapitre 4 : Une mentalité à suivre

ShiroiRyu
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Chapitre 4 : Une mentalité à suivre

« Que tu sois prêt ou non ne changera rien à ce qui va t’attendre ! »

« Je n’ai pas envie de me battre dans de telles conditions. Je préfère vous signaler que … »

Il ne laissa pas la personne prendre la parole. Il ne se préoccupait pas de ce type ! Il voulait juste lui infliger une bonne correction ! L’éducation, même militaire, était parfaite dans sa famille ! Prétendre le contraire, cela revenait alors à insulter sa famille et il n’allait pas laisser faire ça ! Il en était hors de question ! HORS DE QUESTION !

« Je tiens à me présenter quand même. Je me nommes Klork de la famille de la Rage. »

« Zéran de la Vanité est celui qui te mettra à terre pour te faire ravaler tes paroles ! »

« Il n’est pas question de me faire ravaler mes paroles ou autre. Je ne comprends pas pourquoi vous réagissez de la sorte mais … bon. »

Et il pouvait le vouvoyer autant qu’il le désirait, ça n’allait rien changer ! Ce Klork semblait des plus calmes malgré qu’il avait insulté sa famille ! Le jeune homme aux cheveux blonds chercha à frapper dans la hanche non-couverte par l’armure de métal rouge. Avec de tels actes, il allait être facile de repérer ses points faibles à ce type !

« Tu ne pourras plus lutter très bientôt. Tu as tellement d’ouvertures. »

« Je crois que vous vous méprenez complètement, Zéran de la Vanité. Si je ne suis pas couvert sur de nombreuses parties de mon corps, c’est pour me permettre une meilleure aisance dans mes déplacements. En voilà une preuve. »

Un mouvement sur le côté et il esquiva facilement le coup d’épée en bois de la part de Zéran. Celui-ci, un peu étonné, secoua la tête négativement. Ce n’était pas le moment de se faire avoir comme ça ! Il valait mieux, beaucoup mieux que ce type ! Son professeur était un bretteur hors-pair ! C’était un humain qui, pourtant, vivait avec eux depuis si longtemps. Un étrange humain mais c’était bien un humain !

« Je ne te laisserais pas continuer de la sorte ! Qu’importe si tu penses pouvoir esquiver mes coups, ça ne changera rien du tout ! RIEN DU TOUT ! »

« Vous vous emportez trop facilement. Cela est néfaste si vous voulez obtenir des résultats. Calmez-vous mais gardez cette hargne pour vos coups. Cette force peut être terrifiante si utilisée à bon escient. N’est-ce pas ce que vous désirez ? »

« Mais tais-toi ! Arrêtes de me parler ! Tu ne pourras pas me déconcentrer ! Je ne suis pas aussi faible que ça pour me laisser avoir de cette façon ! » hurla le jeune homme aux cheveux blonds, serrant les dents en tentant d’atteindre sa cible. Rien à faire malheureusement. C’était tout simplement impossible … mais c’était mal le connaître !

« Vous allez finir par vous épuiser et cela ne colle pas avec votre stature qui se veut calme et disciplinée. Nous devrions arrêter ce combat avant que vous ne vous fassiez mal, c’est pour votre bien. Je ne voudrais pas être mal vu par votre père, comprenez donc. »

« Laisses mon père hors de tout ça ! IL N’A RIEN A VOIR ! » hurla Zéran avec colère.

Pourquoi parler de lui alors qu’ils sont en plein combat ?! Ce jeune homme en armure rouge, il continue de se moquer ouvertement de lui ! Il semble en avoir rien à faire de ce qu’il ressent ! Il se fichait complètement de lui, ça n’allait pas se passer comme ça ! Une fois, deux fois, mais pas trois ! Il allait exterminer l’existence même de cet enfoiré !

Enfin, c’est ce qu’il avait prévu mais il n’était pas sûr d’y arriver. Ses coups, à chaque fois, ils ne touchaient pas sa cible ou du moins, pas directement. Cet homme arrivait à se battre avec une telle aisance mais surtout à parer ses coups comme si de rien n’était.

« Qu’est-ce que tu me cherches exactement ? Qu’est-ce que tu as à y gagner ? »

« Cela me permet de voir ce qu’est réellement l’héritier de la Vanité. Rien de plus, rien de moins. Si cela me permet aussi de constater sa force, je ne suis que gagnant dans l’histoire. »

Comme s’il venait de commettre un impair à parler de la sorte, l’homme posa une main devant sa bouche pour se taire. Visiblement, il était grandement gêné par ce qu’il venait de dire et il hocha la tête négativement plusieurs fois.

« Je devrais plutôt ne plus parler. Ce n’est pas dans mes habitudes de m’exprimer ouvertement envers une personne qui m’est complètement inconnue. Je tiens d’ailleurs à me présenter une nouvelle fois: je me nommes Klork de la Rage et comme vous vous en êtes sûrement douté, je suis le représentant de la famille de la Rage. Enchanté. » dit-il en une longue tirade.

« Enchanté ? Tu te fous de ma gueule ? En plein combat ? Mais tu me prends vraiment pour un mec ridicule, c’est ça hein ? Tu crois que je n’ai aucune chance contre toi ou quoi ? »

Il allait lui montrer à quel point il se trompait complètement ! Il allait bien finir par l’atteindre ! Mais en même temps, le souffle commençait à lui manquer et il sentait bien que sa tête tournait. Dans le fond, depuis le début de la journée, il s’entraînait presque sans cesse. Bien entendu, il se reposait entre mais ça ne changeait pas grand-chose.

« Je ne veux pas vous paraître insultant, ce n’est pas du tout le cas, Zéran. »

Alors … Qu’il arrête ce petit jeu stupide. Peut-être qu’en s’excusant d’avoir insulté son professeur et indirectement sa famille, il pouvait lui pardonner. Non … Ce Klork, il le regardait sans avoir de la pitié. C’était pire que ça. Il semblait … vraiment gêné par ses propres paroles. Est-ce qu’il s’en voulait réellement ?! Zéran marmonna à voix haute :

« C’est tout simplement absurde. Pourquoi est-ce que tu as voulu m’affronter ? »

« Hein ? Mais je n’ai pas voulu cela. Vous vous trompez complètement, n’est-ce pas ? »

Le jeune félémon aux cheveux blonds émit un petit rictus de colère. Il ne pouvait pas nier ça … Ce type, malgré sa taille et son allure, il ne semblait pas médisant ou méchant mais il l’avait provoqué ! Il devait se battre avec lui ! C’était par respect pour son maître !

« Qu’importe qui ou quoi est à l’origine de tout ça, je combattrais jusqu’au bout. »

« Et si au lieu de considérer cela comme un désir de revanche, on voyait ce combat comme un entraînement, qu’en dites-vous, Zéran ? »

« Un entraînement ? Pourquoi est-ce que j’accepterai un entraînement avec vous ? Donnez-moi une bonne raison que de m’entraîner avec vous ! »

« Et bien … Simplement pour mieux se connaître ? Je suis sûr que cela est une bonne chose et nous permettra de partir sur de bien meilleures bases, non ? »

Il commençait presque à perdre toute envie de se battre. Ce type, malgré qu’il était de la famille de la Rage, il lui donnait plus l’impression d’être de l’Oisiveté. Ses parole étaient calmes, beaucoup trop calmes pour le candidat de la Rage ! Il voyait plus ces êtres tout ravager sur leurs passages, ne laissant que désespoir et perdition derrière eux.

« Tu me fatigues … Même si c’est un entraînement, tu n’aurais aucune chance de me battre. Je suis l’aîné de la famille de la Vanité. Mon père est le monarque actuel. Ma puissance est donc sans pareille contrairement à la tienne. » continua de dire Zéran avec moins de véhémence.

« Cela reste encore à prouver. Mais donc …Considérons donc ce combat comme une méthode pour apprendre à mieux nous connaître. D’ailleurs, c’est ainsi que les membres de ma famille font pour mieux se comprendre. »

Ah mais qu’il se taise ! Il lui donnait mal au crâne à s’exprimer de la sorte. Haletant, il reprenait sa conversation en fixant l’homme aux cheveux verts en face de lui. Il ne souriait pas, il ne montrait aucune émotion ou expression sur son visage. Mais qu’est-ce qu’il avait un air des plus sérieux. Rah … Ce type voulait vraiment le connaître ?

« Qu’est-ce que tu as à gagner en apprenant des choses à mon sujet ? »

« Rien de spécial mais un combat nous permet de nous donner à fond dans ce que l’on fait. J’ai remarqué à quel point vous étiez enjoué en combattant ce qui semble être votre petit frère. Je me suis dit que pour vous, la famille est vraiment importante, n’est-ce pas ? »

« Ne faites pas comme si vous saviez exactement ce que je ressens. Je ne tomberais pas dans un piège aussi grossier, je tiens à vous le signaler tout de suite. »

« Qui a parlé de piège ? Non, seulement, je trouves cela admirable les personnes qui font ça pour leur famille. C’est pourquoi le fait que vous me proposiez un affrontement, même sous le coup de la colère est une bonne opportunité. »

Opportunité, opportunité, c’est bon, ce type a commencé à l’user réellement. Il ne pensait pas ça possible mais il était vraiment fatigué par cet homme. Pfiou … Il n’avait plus envie de lui faire ravaler ses paroles. Quelqu’un comme lui n’aurait jamais cherché à insulter délibérément les enseignements de son maître bretteur.

« Pourquoi … est-ce que tu as dit que mes mouvements à l’épée n’étaient pas parfaits, loin de là ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Avant que l’on se combatte. »

« Tout simplement car ils sont irréguliers. Vous n’êtes peut-être pas fait pour l’épée. »

« Je me suis toujours entraîné et battu à l’épée depuis mon plus jeune âge. Il est peut-être un peu tard pour prétendre que je ne suis pas bon avec, non ? »

« C’est exact ! Alors, l’éventualité que vous soyez juste inefficient avec votre style de combat à l’épée est tout à fait possible, je suis désolé de vous l’annoncer. »

C’est tard, trop tard pour lui dire ça. Il ne se moquait pas de lui. Cela s’entendait dans le ton de sa voix. Cet homme était sérieux. Les membres de la famille de la Rage étaient les spécialistes du combat. Si ce Klork … déclarait une telle chose …

« Ça ne changera rien. Je vais continuer, jusqu’au bout. »

Pour l’honneur de sa famille, même s’il doit finir sur les rotules, il va encore se battre ! Ce n’était pas le moment de flancher. S’il abandonnait maintenant, autant dire qu’il abandonnait tout ! Il devait … encore tout … recommencer. Comment est-ce qu’il pouvait alors prétendre pouvoir devenir le candidat de la Vanité … s’il ne cherchait pas à dépasser ses limites ?

Voilà que malgré l’interruption, le combat venait de recommencer, sans même que le jeune homme aux cheveux blonds ne cherche à trouver un avantage à battre Klork. Zéran donnait des coups qui partaient généralement dans le vide, frappant à côté de l’homme dans son imposante armure rouge. Ah … Ah … Ah … Il était maintenant bien essoufflé.

« Tu n’as pas du mal à te déplacer ? L’armure n’est pas trop lourde ? Comment est-ce que tu fais malgré celle-ci pour y arriver ? Ce n’est pas … normal de se déplacer ainsi. »

« Comme vous l’avez dit de votre côté, vous avez été habitué pendant des années à vous battre à l’épée. De mon côté, les lourdes charges ne sont plus un problème. »

« C’est … normal … Ah .. Mais ça ne changera rien ! Armure ou pas, je vais te vaincre ! »

Il devait arrêter de parler pour ne rien dire. Le combat n’allait pas pouvoir avancer sinon dans de telles conditions. Il avait déjà l’impression qu’il était retardé depuis pas mal de minutes. En même temps, ses chances étaient infimes de gagner … mais pas inexistantes !

Un coup, un second coup, un troisième coup … et voilà que son épée quitta sa main sans même qu’il ne comprenne pourquoi. Le mouvement de la lame de son adversaire avait été si vif et rapide qu’il ne l’avait pas remarqué. Bafouillant, il observa Klork :

« Qu’est-ce que … Ça veut dire ça ? Tu … Tu as fait quoi ? »

« Votre main n’était pas assez serrée sur la garde de votre arme. Je vous l’aie pourtant déjà dit, non ? A partir de là, il ne me fût pas trop difficile de pouvoir prendre l’ascendant sur vous d’une petite frappe, rien de plus, rien de moins. Est-ce que l’on doit considérer que ce combat est terminé ou non ? J’aimerai … vous parler si c’est possible. »

« Ce combat sera terminé seulement lorsque je l’aurai décidé. » déclara Zéran, récupérant sa lame en bois … avant de la planter dans le sol devant lui. « Il l’est maintenant. S’il a suffit d’un seul coup pour me battre, ça prouve que je suis vraiment en retard dans le domaine du combat et que je ne peux pas faire jeu égal avec vous, Klork de la Rage. »

« C’est … vraiment étrange comme réaction. Étrange mais ce n’est pas déplaisant. »

L’homme aux cheveux verts parut surpris des propos de Zéran. Assez surpris au point de se rapprocher de lui, lui faisant face avant de tendre avec lenteur sa main en sa direction :

« Je tiens à clarifier une nouvelle fois tout cela. Je ne suis pas venu dans le but d’insulter votre famille, Kéran de la Vanité. Je tiens à me présenter : Klork de la Rage. »

« Cela ne fera que la troisième fois vous vous présentez est-ce que vous le remarquez au moins ou non ? Car j’en ait pas vraiment l’impression. »

« A ce point ? Je n’ai guère compter. Je tiens à m’en excuser. Ce n’était guère voulu de ma part que de vous donner cette impression. »

« Ah … Laissez tomber et plutôt, expliquez-moi pourquoi vous ne vous êtes pas moqué de moi comme les autres ? Je ne suis pas aveugle. » marmonna Zéran en faisant un mouvement de la tête pour désigner les autres candidats. Sa défaite n’allait pas arranger les choses, il le savait parfaitement. Entre son petit frère et maintenant ce Klork, autant dire qu’il ne faisait pas bon d’être lui-même. Klork haussa les épaules, répondant :

« Pourquoi le ferais-je ? Je n’ai aucune raison à cela. Vous vous entraînez en famille, ne vous l’ai-je pas dit justement auparavant ? Pourquoi devrais-je en rire ?

« Si bien entendu mais ça ne change pas … enfin, qu’est-ce que vous avez à y gagner ? »

« Vous allez devenir le futur candidat de la Vanité, non ? Alors, il n’est pas anormal que d’entretenir une bonne relation avec quelqu’un qui sera un prochain partenaire dans notre prochaine expédition et … Pourquoi ce regard désolé ? »

« Ce n’est pas envers … vous. » murmura Zéran. C’était étrange. Cet homme ne laissait transparaître aucun mensonge dans sa voix. Pourtant, il savait pertinemment que les êtres de la Rage étaient connus pour être toujours francs, c’était surprenant… très surprenant mais pas dans le mauvais sens, loin de là. Autant être honnête jusqu’au bout : « Rien n’est sûr par rapport à ma nomination. Mon père ne sait pas s’il me choisira. Disons qu’il m’a signalé que je manquais de beaucoup de choses sauf que je n’arrive pas à percevoir de quoi il s’agit. »

« Oh … Il faut avouer que cela est assez problématique. Sans savoir ce qui nous attend, il est parfois difficile de progresser dans l’inconnu. »

« Mais il est hors de question d’abandonner maintenant ! J’arriverai à devenir le candidat de la Vanité mais surtout le prochain monarque ! »

« Gardez cette volonté, Zéran de la Vanité. » lui dit Klork, faisant un petit sourire. Zéran le remarqua, un peu perturbé par ce dernier. Hey … C’était quoi ça ? Pourquoi est-ce qu’il était en train de sourire comme ça ? Désarmé par ça, il bredouilla :

« Oui, je vais la garder mais il faut voir si ça va payer un jour, ça, j’en suis pas certain. »

« Je ne peux pas vous aider pour le reste mais j’ai une proposition à vous faire. »

« Hum ? Quoi donc ? » questionna le jeune homme aux cheveux blonds, devenant aussitôt suspicieux. Bien entendu, voilà bien. C’était logique, il y avait toujours un piège et …

« Laissez-moi donc vous servir de partenaire pour votre entraînement au combat. »

« Hein ? Que … Enfin … Pourquoi cela ? » dit Zéran, ne s’étant visiblement pas attendu à une telle proposition de la part du candidat de la Rage. Encore un peu surpris, cela commençait à faire beaucoup en une journée, il reprit : « Qu’est-ce que vous avez réellement à y gagner en vous exprimant ainsi, je peux savoir ? »

« Comme je vous l’ai dit, j’ai apprécié votre entraînement contre votre petit frère. Vous avez un esprit familial très fort et cela est une qualité remarquable pour un félémon. »

« Est-ce que vous n’auriez pas pris un coup de trop sur la tête à vous exprimer comme ça ? Une qualité remarquable ? Il n’y a bien que la famille de la Vanité qui pense de la sorte et encore, ce n’est pas totalement vrai. Vos mensonges ne m’affecteront pas, je vous préviens. »

« Il est nul question de mensonges, loin de là ! J’ai … le désir de vous entraîner pour vous permettre d’accéder à votre rêve. J’ai le sentiment que si je ne le fais pas, je regretterais le fait de ne pas vous avoir laissé cette chance même si ce n’est pas moi qui prendra la décision finale. Si vous ne devenez pas candidat de la Vanité, j’ai cette sensation que vous perdrez toute volonté de vivre et … ce n’est pas possible. »

« Arrêtez vos imbécillités et … taisez-vous. Je crois que j’en ait assez entendu pour aujourd’hui. Vous en avez fini avec mon père, n’est-ce pas ? Alors, il n’y a plus aucune raison pour vous de rester ici aujourd’hui. »

Cet homme. Qu’est-ce qu’il se permettait ? Pourquoi est-ce qu’il en savait autant à son sujet ? Il avait presque l’impression de lire dans ses pensées les plus secrètes. Est-ce que ça voulait dire que son père … l’avait prévenu à son sujet ? C’était n’importe quoi.

« Comme … vous le désirez. Je ne peux pas vous forcer la main, loin de là. »

« Néanmoins, vous pouvez convenir d’une heure matinale dès demain. Mais je tiens à vous prévenir : je ne comptes pas m’arrêter avec un simple entraînement d’une heure ou deux. Vous finirez sur les rotules sans pouvoir reprendre votre souffle. Est-ce que vous comprenez ? »

« Je n’en attendais pas moins de votre part, Zéran de la Vanité et il me tarde simplement d’être demain. Est-ce que cela vous dérange si je ramène plusieurs équipements pour l’entraînement ? Nous pourrons juger alors comment vous améliorer. »

« Tant que vous n’empoisonnez pas la garde des armes que vous allez ramener, je ne vois aucune raison de refuser ça, loin de là. Bref … Je vais retourner dans mes quartiers. Je crois que pour aujourd’hui, j’ai été assez atteint par la défaite »

Sans aucune salutation de sa part, il se retourna pour s’éloigner de Klork de la Rage. De toute façon, il passa en ignorant les autres candidats, sans même un regard en leur direction. Ces types avaient parfaitement entendu ce qu’il avait dit, n’est-ce pas ? Les sept familles étaient donc au courant qu’il allait être entraîné par celle de la Rage.

Pfiou … Aujourd’hui, cela avait été vraiment une journée mentalement épuisante. Il ne s’était pas attendu à une telle rencontre avec un membre provenant d’une autre famille. Ce Klork, c’était étrange de vouloir chercher à l’entraîner. Surtout pour prétendre que cela avantagerait tout le groupe. D’ailleurs, il n’avait même pas vu ses cornes.
C’était … si … bizarre. Il y avait un piège quelque part. Accorder à sa confiance à une autre famille reviendrait à signer son arrêt de mort. Cela avait toujours été ainsi et pas autrement. C’était son seul mode de pensée. La seule façon pour lui de voir les choses. Pourtant, ce Klork, il était vraiment trop honnête. Il prétendait que c’était plaisant de voir un félémon se comporter comme ça envers sa famille.
Etant retourné dans sa chambre, ses pensées continuaient de tournoyer dans son esprit, l’invitant à se coucher sur son lit avant de sombrer dans le sommeil. Est-ce que ça voulait dire que Klork réagissait de la même manière envers sa propre famille ? Il était vraiment très étrange ce type. Il n’arrivait pas à le chasser de son esprit.

Enfin bon, ce n’était pas bien grave dans le fond … c’est ce qu’il aurait aimé se dire. Lorsqu’il se réveilla, il était toujours sous le choc. Encore perturbé par cette rencontre, il ne toucha guère à son repas dans son assiette au dîner, son petit frère lui en faisant la remarque.

« Dis, dis, grand frère, tu es malade ou quoi ? Tu as à peine mangé aujourd’hui ! »

« Zéran. Je n’ai pas voulu faire la remarque devant les employés mais tu as osé oublier l’un de nos rendez-vous ? J’avais demandé à ce que tu me rejoignes dans la salle du trône mais tu ne l’as guère fait. Une servante m’a signalé que tu t’es combattu contre l’un des candidats et qu’ensuite, tu es parti directement dans ta chambre pour te reposer. »

« Que … Euh … Oui … C’est vrai, père. Je suis vraiment désolé. » dit le jeune homme aux cheveux blonds, comme pris en défaut une nouvelle fois. C’était … la première fois qu’il avait oublié un tel rendez-vous. Son père devait être furieux et …

« J’ai aussi entendu dire que tu avais déclaré que ce candidat pouvait revenir demain pour participer à tes entraînements au combat, n’est-ce pas ? Et cela, sans même chercher à avoir mon autorisation. Est-ce que je me trompes ? »

« N.. N… Non ! C’est peut-être de l’impudence de ma part et dès demain, je lui dirais de retourner chez lui tout en m’excusant de la gêne occasionnée. » bredouilla Zéran, ne sachant plus où se mettre. Ses yeux rivés sur son assiette, il sentait bien que c’était définitivement fichu pour lui que d’espérer devenir le candidat de la Vanité.

« Non, tu iras honorer ce que tu as proposé à ce jeune homme de la Vanité et tu iras profiter de l’entraînement qui en sortira. Pour une fois que tu acceptes une aide extérieure à la famille, c’est une bonne chose. Continues sur cette voie, Zéran. »

Hein ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce que son père le félicitait ? Ce n’était … pas normal non ? Ce n’était pas ce à quoi il s’était attendu de sa part. Ce n’était pas ça qu’il pensait obtenir comme réponse. Pourtant, quelque part, dans son cœur, un soulagement s’était fait ressentir. Était-ce parce le fait qu’il allait pouvoir confirmait ce qu’il avait prévu avec Klork ? Ou le fait que son père lui avait dit ces quelques paroles ? Il … n’en savait rien du tout.

Chapitre 3 : Abus de méfiance

ShiroiRyu
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Chapitre 3 : Abus de méfiance

Qu’est-ce que ces types voulaient ? Ils étaient toujours là, en train de le regarder. Est-ce qu’ils avaient envie de se battre ? Car si tel était le cas, il n’aurait aucune hésitation. Enfin non, il fallait être un peu sérieux, c’était tout simplement impossible de gagner contre autant de personnes. Néanmoins, qu’est-ce qu’ils avaient tous à le fixer de la sorte ?
Certains étaient en train de sourire, d’autres non. Il ne cherchait même pas à les étudier plus en détail. Il remarquait juste qu’il y avait autant de filles que de garçons, comme il l’avait bien vu la première fois qu’ils étaient passés dans les couloirs. Hmm … Bon, ce n’était pas bien grave. Il n’avait pas à s’intéresser à ces types.
Il se pencha en avant, récupérant les épées et les boucliers en bois que lui et Kosmor avaient utilisés pour leur entraînement à deux. Bon puisqu’il en était ainsi, autant continuer sur cette voie et ensuite, il verrait par lui-même ce qu’il allait faire. Ça allait être bien mieux. De quelle voie il parlait intérieurement ?
Celle de l’ignorance complète de ces personnes dont il ne connaissait rien du tout. Pourquoi continuer à les regarder et les observer alors qu’il ne s’y intéressait pas ? Mais bon, ceux qui ne se moquaient pas de lui … En fait, il n’y avait bien qu’une seule personne qui n’avait visiblement aucun sourire en le regardant. Elle était impressionnante en taille, non ?
Et ces atours … Hmm … Non, il était hors de question de commencer à trouver un quelconque intérêt pour une autre famille. Si cette personne était une pince-sans-rire dans sa propre famille, ça ne le regardait pas le moins du monde. Mais … vraiment …

De toute façon, ces personnes, même si Kosmor voulait qu’il devienne ami avec elles, c’était tout simplement impossible. La mission qui était confiée aux sept candidats pour nommer parmi eux le futur chef des félémons était du genre très sanglante. Bien entendu, à chaque fois, c’était la famille de la Vanité qui avait son représentant qui finissait par gagner mais ce n’était pas qu’un simple détail à noter.

« Ces types, ils attendent de moi un adversaire à leur hauteur. Non, c’est le contraire, ils se moquent de moi. Ils se disent que j’ai l’air bien ridicule. »

Ridicule ? Tout simplement car il n’est pas aussi bien que son père. Car il s’est entraîné avec son petit frère et qu’il s’est fait battre à plate couture ou presque. Il n’était pas assez bien aux yeux de tous et de toutes ! Il n’était pas con ou aveugle ! Il avait parfaitement compris ça ! Il savait parfaitement ce que …

« Maître Zéran, que se passes t-il ? Vous vous êtes encore sali ! »

« Désolé mais mon petit frère voulait que je l’entraîne. Je n’ai pas put refuser sa demander comme d’habitude Vous savez comment il arrive à faire son regard larmoyant, n’est-ce pas ? Il est si efficace avec cette arme, ça en est surprenant. Ah … Dites, pourquoi est-ce qu’ils sont encore là ? Je pensais que c’était fini ? »

« Hmm … En fait, de ce que j’ai cru comprendre, votre père veut les voir, individuellement. C’est pourquoi ils attendent l’ordre avant d’aller se présenter à lui sûrement pour un interrogatoire un peu plus poussé. C’est tout ce que je sais d’un des gardes, pardon. »

« Oh, vous n’avez pas à vous excuser. C’est déjà pas mal comme information. Qu’ils ne viennent pas saccager néanmoins le jardin pendant qu’ils le visitent. »

Il y tenait. Il ne pouvait pas dire que c’était un souvenir de sa mère ou autre. Il n’en avait aucun souvenir. C’était aussi simple que ça. Son père lui avait juste signalé qu’il s’agissait d’une femme d’une extrême beauté, difficile à oublier … alors pourquoi lui-même ne s’en rappelait pas le moins du monde ? C’était … déplaisant.
Grumpf. Par contre, le fait que son père veuille voir les candidats, un par un, là, c’était intrigant. Ce n’était pas dans les habitudes de son père de faire ça. Etait-ce pour faire quelques préparatifs ou autres avant le lancement de l’expédition ?
Mais pourquoi faire que ça soit un par un. Etait-ce alors juste un message personnel à l’encontre de chaque candidat ? Pour mieux apprendre à les connaître et tout ? Etait-ce pour avoir un avantage à confier au candidat de la famille de la Vanité ?

« Non, il n’est pas du tout comme ça. Il a sûrement une idée derrière la tête mais je parie que ce n’est pas du tout ce à quoi je pense. »

Son père n’envisageait pas de tricher. Il était toujours droit et intègre. D’ailleurs, même pour un peuple aussi traître que celui des félémons, là où une certaine ambiance de trahison, vengeance et violence, était présente en permanence, son père faisait office de monarque incontesté et nul n’osait contredire son titre. Il avait toujours été assez impressionné par ça d’ailleurs. De voir en lui l’âme d’un chef qui se faisait respecté malgré leur race.

« Est-ce que je dois réussir à obtenir leur confiance ? »

Il s’était tourné brièvement vers ces hommes et femmes entourés par leurs soldats et serviteurs. D’ailleurs, l’un des groupes n’était plus présent pendant qu’il avait eut le dos tourné. Hmm, sûrement le premier à aller discuter avec son père, n’est-ce pas ? Mais ça servait à quoi d’acquérir leur confiance ?
Dans l’idée, il n’y allait avoir plus qu’un seul candidat à la fin de cette expédition, comme d’habitude. Six des sept candidats étaient destinés à mourir pour la gloire du dernier. Chercher à se rapprocher d’êtres dont il allait oublier le visage juste après qu’ils meurent, ça n’avait aucun intérêt, non ?

Pfff … Il avait envie de recommencer à s’entraîner à l’épée mais pas devant une foule spectatrice. Il n’était pas là pour se mettre en valeur et s’amuser avec son arme, c’est pourquoi il restait quand même réticent par rapport à ça.

« Maître Zéran ? Maître Zéran ? Que voulez-vous faire ? »

« Oh ? Euh … Hum, de quoi est-ce que nous parlions exactement ? J’avoue que je n’ai plus suivi tout le fil de la conversation, je tiens à m’excuser. »

« Par rapport à vos vêtements. Vous ne pouvez pas vous présenter devant ces envoyés dans cette tenue non ? Et il nous faut ranger ces épées et ces boucliers. Je vais appeler une autre servante pour venir les récupérer alors que j’irais vous accompagner pour vous changer. »

« Hmm … Je n’ai pas besoin d’aide pour me changer hein ? »

« Oh que si, vous laissez traîner vos affaires comme à votre habitude. Je dois ensuite ramasser derrière vous. J’avoue que c’est une tâche épuisante mais bon … »

« Zyréna, s’il te plaît … Évites de le dire à voix haute. Les gens peuvent nous entendre. »

Et il avait même des petits rires provenant des personnes au loin. Certains avaient visiblement une audition très développée pour pouvoir entendre ce que venait de dire la servante. Plaçant une main devant sa bouche en voyant qu’elle allait la rouvrir, il finit par dire d’une voix lente, très lente :

« Qu’est-ce que je viens de déclarer ? Tu n’as pas écouté ce que j’ai dit ? »

« Hmpf ! Hmpf … Hmm … Hmpf hmpf ! » tenta dire dire la servante tout en cherchant à se débattre mais sans aucune efficacité malheureusement. Finalement, elle arriva à faire retirer la main de Zéran de sa bouche, prenant une profonde respiration : « Pfiou … J’ai compris le message mais je continuerai si vous n’allez pas vous changer. »

Bon sang. Elle était vraiment intransigeante quand elle s’y mettait. Ce n’était pas parce qu’avec ses cheveux rouges avec cette petite frange de couleur bleue et le fait qu’elle soit sa cousine de cinq ans plus jeune que lui, qu’elle pouvait se permettre un tel langage. Il avait vraiment l’impression qu’il se faisait marcher par les plus jeunes de la famille, même si elle était éloignée. Bon … Il avait compris le message la deuxième fois.

Pfiou, dans sa chambre, il se permettait enfin de souffler un peu. Ce n’était pas tout ça mais mentalement, c’était relativement épuisant. Il avait sentit tous les regards qui se posaient sur lui. Des regards moqueurs, calculateurs. Tous jugeaient ses chances de devenir le candidat de la Vanité. Tous jugeaient alors le fait qu’il soit un adversaire de taille ou non.

« Et tous doivent se dire que je suis plus que pathétique, tsss … »

C’est pour ça qu’il n’avait pas envie de voir ces types. C’était lui qui devait les considérait comme inférieurs par rapport à ses origines. C’était lui qui devait tout simplement les voir comme des êtres incapables de pouvoir rivaliser avec sa famille.

Grumpf. Il entendit quelques frappes à la porte, c’était Zyréna qui lui demandait s’il avait terminé pour qu’il puisse récupérer quelques affaires. Non mais sérieusement. Autant les autres serviteurs et servantes gardaient vraiment une certaine distance avec lui, son père et son petit frère, autant elle, deux minutes après le début d’une discussion, elle n’avait plus rien à faire du protocole et des règles de conduite.

« Des fois, je me demandes si un petit coup sur le sommet du crâne du ne serait pas parfait pour lui remettre un peu les idées en place dans ces moments précis. »

Mais bon, il était pas le mieux positionné à l’heure actuelle pour parler de tout ça. Ah … Bon, voilà, vêtements propres, est-ce que cela conviendra à Zyréna ? Il n’en avait strictement aucune idée. De toute façon, avec sa chevelure rouge, elle était facile à reconnaître et il se rappelait parfois qu’il tentait de l’éviter. Oui, rien que ça !

Le voilà à nouveau en train de se promener dans les jardins royaux. Un bref coup d’oeil lui montrer qu’ils sont toujours là : eux. Les candidats des autres familles. Certains se sont éloignés des autres. En fait, trois sont réunis et discutent entre eux malgré leurs gardes tandis que les deux autres attendent leur tour d’après ce qu’il pensait remarquer.

« Ils auront bientôt fini. Vivement qu’ils partent de là. Plus vite ils disparaîtront de mon champ de vision, mieux je me porterais, tsss. »

C’était méchant et mesquin de sa part mais il en avait toujours été ainsi. Il n’arrivait pas à supporter les autres familles, ça n’allait pas changer maintenant. Pourquoi est-ce qu’il devrait se forcer à voir tout d’une autre façon pour ces personnes dont il ne se rappellera pas l’existence ? Il devait être plus pragmatique … mais était-ce que son père désirait ?

Non, il ne savait pas le moins du monde ce que son père voulait de lui et il ne pouvait pas lire dans les pensées de ce dernier. S’il ne lui demandait pas de façon directe, il n’obtiendra jamais de réponse et à partir de là, autant ne pas se bercer plus longtemps d’illusions. Recommencer l’entraînement comme si de rien n’était ?


En ignorant les autres ? Cela était plus facile à dire qu’à faire. Malheureusement, il y avait de fortes chances qu’il n’y arrive pas. Difficile de se concentrer quand on se savait épié. Il avait un style de combat plutôt rudimentaire et son petit frère était déjà bien plus ingénieux sur de nombreux qu’il était difficile d’ignorer.

« Il m’est déjà supérieur même dans l’expertise du combat. Ça en est presque pathétique de ma part hein ? Humpf … Ils sont sûrement en train de se moquer de moi. »

Il se répétait sans cesse cela, comme pour tenter de se convaincre lui-même. Peut-être que dans le fond, ils n’en avaient strictement rien à faire de lui et ils discutaient simplement de la réunion avec son père. Chacun ayant un point de vue différent, ça permettait alors de savoir ce qui s’était passé. Oui, c’était peut-être ça dans le fond …

« Je ne devrais pas me préoccuper plus longtemps de tout ça. »

C’était peut-être la seule phrase qu’il devait se répéter en boucle. A partir de là, ça serait parfait et il … Ah … Est-ce que les candidats étaient sympathiques ? Il se rappelait justement la phrase de son petit frère. Un bref regard lui indiquerait aisément de quelle famille était issu chaque candidat mais bon …
Il n’avait pas envie de lever ses yeux vers eux. Il ne les baissait pour personne mais les regarder reviendrait à se sentir concerné par eux, par ce qu’ils pensaient, ce qu’ils étaient, ce qu’il voyait. Il ne voulait pas … Son seul intérêt était vraiment pour sa famille. Commencer à porter un quelconque sentiment envers autrui, ça ne pouvait lui être que néfaste même si son père prétendait le contraire.

« Bon … Il faut juste que je souffle un peu, rien de plus, rien de moins. »


Une longue et profonde respiration. Ah … Il ne restait plus qu’une personne, n’est-ce pas ? D’ailleurs, pour la peine, malgré tout ce qu’il avait dit, malgré tout ce qu’il avait pensé, il allait regarder qui était cette dernière personne, le dernier candidat à aller voir son père.

Il fait un peu sa taille … mais il semble si imposant pourtant. Avec ces morceaux d’armure, il n’est pas difficile de savoir de quelle famille il provient. Il n’y a qu’une seule famille vraiment axée sur la guerre et il s’agit de celle de la Rage même loin du champ de bataille. Cet homme a une balafre qui traverse son œil gauche tandis que l’autre est de couleur dorée. Malgré la distance, oui, la rareté d’une telle couleur fait qu’il est facile de la reconnaître.

D’ailleurs, son armure est couleur rubis, comme si elle était capable de produire des flammes et même les endroits où il est possible de voir du tissu, ce dernier est de même couleur que l’armure. Par contre, pour la chevelure verte, il fallait reconnaître un sacré contraste avec l’armure et elle semblait plutôt en bataille bien qu’un peu longue pour un homme.

« Hum ? Est-ce qu’il m’a remarqué ? Bah … Qu’importe. Ils me fixaient, je n’ai pas à m’en vouloir de faire de même de mon côté. Et puis quoi encore. Manquerait plus que je sois honteux de ce que je fais maintenant, ah ! »

Pour la peine, il allait tout simplement recommencer l’entraînement. Se battant contre un ennemi invisible, voilà qu’il tentait pour autant de faire comme s’il affrontait son petit frère. Celui-ci, avec son uppercut fait à la rondache, avait réussi à le surprendre et pas forcément du bon côté. C’est pourquoi il devait tout mettre en œuvre pour trouver une solution face à ça.

Mais comment faire ? Donner un coup de bouclier pour parer celui qu’il risquait de recevoir si son épée était encore déviée ? Faire un mouvement sur le côté ? En arrière ? C’était bien trop compliqué d’envisager toutes les possibilités en plein combat. Et ce genre de réflexions pouvait être plus que mortel pendant un combat, n’est-ce pas ? Il ne devait pas oublier ça.

« Hum ? Oh … Tiens … C’est maintenant à son tour visiblement. »

Voilà qu’ils étaient cinq à discuter entre eux alors qu’il voyait le jeune homme en armure rouge partir vers la salle du trône avec ses soldats et ses serviteurs. Bon … Ben … Ce n’était pas tout ça, n’est-ce pas ? Il pouvait maintenant recommencer comme si rien ne l’intéressait.

Les cinq personnes discutaient entre elles mais cela ne serait qu’une perte de temps que de toutes les détailler. Peut-être que s’il finissait par être nommé candidat par la grâce de son père, alors, il voudra bien laisser un peu de son temps pour ça. Mais pour le moment, il ne voyait pas le besoin. Il l’avait fait sur un candidat, pas besoin que ça soit sur d’autres.

Le combat, était-ce vraiment ce qui lui manquait ? Il y avait sûrement du social aussi mais à part avec son père, son petit frère et les serviteurs de la maison, il était difficile de le voir discuter avec autrui. Mais ils … allaient former un groupe s’il devenait candidat de la Vanité Peut-être que son petit frère avait raison dans le fond ?

« Maître Zéran ? J’ai un message à vous faire passer de la part de votre père. »

Oh ? Elle était de retour pour venir lui parasiter son existence, ne serait-ce que pour quelques minutes. Pourtant, il fit un sourire à la servante à la chevelure bleue, disant :

« Bien entendu, si ce sont pour les habits, je tiens à préciser que c’est fait, je me suis changé. »

« Non non ! Ce n’est pas pour cela. Votre père désire vous voir après le dernière entrevue. »

« Hmm ? Qu’est-ce qu’il me voudrait exactement ? Il ne vous l’a pas dit ? »

« Je n’en sais pas le moins du monde. J’imagine qu’il veut vous montrer ce que vous devez devenir si vous désirez être l’un des leurs ? »

« Attention à ton langage, Zyréna. J’ai l’impression que tu outrepasses déjà ton rôle. »

« Ce n’est pas dans mes intentions, maître Zéran. Vous le savez parfaitement, non ? »

« Hmm … Et j’ai même l’impression que cela est en train de t’amuser, n’est-ce pas ? Ou alors, est-ce que je serais en train de me tromper ? Bref, je viendrais quand cela sera terminé avec le dernier candidat. Ce n’est pas encore le cas, non ? Si je me trompes pas, il doit être de la Rage. Cette famille-là n’est pas portée sur la réflexion et l’intelligence. Ils sont plus connus pour être des soldats militaires avec une vision très droite de l’éducation. De purs combattants. »

« C’est … exact. Je crois que votre père sera ravi de voir que vous vous êtes intéressé au candidat de la Rage. C’est une bonne chose, très bonne chose. Je ne peux que confirmer cela de mon propre côté. C’est … très plaisant, oui. »

« Ne commences donc pas à raconter n’importe quoi. Simplement, il était seul et isolé de son côté, en attendant son tour. Il n’a pas cherché à converser avec les autres candidats, donc, en se mettant dans son coin, il était plus aisé de le voir contrairement aux autres qui s’agglutinent et se collent les uns aux autres. »

« De bien vilaines paroles de votre part, maître Zéran. Néanmoins, qu’importe ce que vous tentez de contredire, vous savez parfaitement que les faits sont là. Je vais alors prévenir les gardes au sujet de votre réponse et je reviendrais vous chercher à ce moment précis. »

« Oui, oui, fais donc comme tu veux. Tu n’as pas besoin de moi, je crois, non ? »

« Nullement mais je tenais à vous le préciser. Bon entraînement en solitaire. Vous savez, continuez à faire des efforts, envisagez le monde qui vous entoure et vous pourrez alors essayer de devenir un grand monarque comme votre père. »

« Qu’est-ce que tu … Allez zou ! Du balai ! Tu dépasses carrément ta fonction ! »

Non mais oh ! Il n’allait pas se faire complimenter par une servante. Du moins, pas par Zyréna. Il ne fallait peut-être pas exagéré. Mais voilà qu’il entendait le petit rire de l’adolescente cornue, celle-ci s’éloignant avec amusement, comme plus que satisfaite de ce qu’elle venait d’accomplir. Ah … vraiment. Il finit par s’asseoir dans l’herbe. Pour la peine, qu’importe s’il venait se salir, ce n’était pas dramatique.

« Ça lui apprendra. Elle n’aura alors qu’à recommencer à laver mes vêtements, ah ! De toute façon, elle n’aura pas vraiment le choix. »


Hahaha ! Voilà qu’il rigolait de sa propre bêtise. Ce n’était pas dans ses habitudes de rire pour un acte aussi infantile mais il fallait vraiment avouer que ça faisait particulièrement du bien dans cette situation. Bon … Quelques minutes à rester dans l’herbe, reprendre une respiration normale et le voilà en train de serrer son arme une nouvelle fois.

L’entraînement se déroulait plutôt bien. La discussion avec Zyréna l’avait un peu embrouillé mais en même temps, il se sentait plus serein. Est-ce que le fait qu’il se soit intéressé à un autre candidat avait vraiment une importance aussi grande ? Ce n’était pas possible, non ? Est-ce que c’était vraiment ce que son père voulait ?

« Ca ne peut pas être ça. Du moins, pas de cette manière. Si c’était aussi simple que ça, je l’aurai fait depuis longtemps. C’est vrai que je n’ai aucun ami mais … bon … Ce n’est pas vraiment très utile dans ces moments-là. »

Bien entendu, c’était à se demander à qui il s’adressait mais finalement, quelques murmures se firent entendre alors qu’il se demandait ce qui était en train de se passer. Ce fût lorsqu’une voix s’adressa à lui, dans son dos, le faisant sursauter, qu’il se retourna aussitôt :

« Vous devriez mieux tenir votre arme. La poigne n’est pas assez forte pour ça. »

Hum hein ? Voilà qu’il … remarquait la personne en armure rouge. Qu’est-ce qu’elle lui voulait ? D’ailleurs, ça ne voulait pas dire qu’elle en avait terminé avec son père ? Donc, c’était à lui d’aller le voir, n’est-ce pas ? Pfff … Ouais, bon, elle s’adressait à lui mais ça ne voulait pas dire qu’il devait lui répondre non plus :

« Vous ne pensez quand même pas que je vais vous remercier non plus hein ? Enfin, pourquoi est-ce que vous me dites ça ? C’est vraiment si moche la façon dont je tiens mon arme ? J’ai pourtant eut l’un des meilleurs professeurs à la lame qui existe dans le royaume des félémons. Me dire ça est un peu étrange, non ? »

« Le meilleur des professeurs est inutile si l’élève n’est pas capable de suivre. Peut-être qu’il aurait mieux valu avoir un professeur plus adapté pour cela. »

« Est-ce que vous êtes en train de critiquer les choix de mon père ? Si tel est le cas, je vous préviens qu’en plus, vous êtes dans notre domaine, je vous le ferais amèrement regretté. »

« Il est nul question de critique ou autres mais de simplement faire une constatation pour que vous puissiez vous améliorer. Vous semblez très motivé dans ce que vous tentez d’accomplir, je trouve cela dommage que vos efforts soient voués au néant car vous avez eut la malchance de ne pas avoir appris correctement ce qu’il vous faut. » continua à dire le félémon.

« D’accord, vous l’aurez voulu. C’en est trop. Je ne vous laisserais pas insulter plus longtemps ma famille et mon maître épéiste. Prenez cette épée, je pense que je vais vous octroyer une petite leçon. Cela vous apprendra à quelle place vous devez vous trouver. »

S’emporter face à un simple type comme ça, ce n’était pas son genre mais dans le cas présent, il allait faire une petite exception pour ce type. Voilà qu’il vint lui envoyer l’épée en bois qu’il utilisait, lui disant de patienter pendant qu’il allait en chercher une seconde. Les boucliers ? Même pas en rêve, il ne comptait pas les utiliser.

« J’espère que vous êtes prêt, candidat de la Rage. »

« Pas le moins du monde car ce n’était pas mon but de vous mettre en colère. J’en suis désolé. » dit tout simplement le jeune homme aux cheveux verts, soupirant de désarroi.

Chapitre 2 : Les règles de l’expédition

ShiroiRyu
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Chapitre 2 : Les règles de l’expédition

« Encore, encore et encore … »

Rien à faire. Même en cherchant des informations sur les différentes familles, il ne voyait pas pourquoi il s’attardait plus longtemps sur elles. Ce n’était pas tout ça mais sincèrement, en quoi est-ce que ça devait l’intéresser ? Elles étaient inutiles ! Plus qu’inutiles même ! Il n’y avait rien à faire d’elles. Et même les candidats choisis ne seront jamais à la hauteur de cette tâche. Bon … Néanmoins, il se répétait à voix haute :

« Alors, les sept différentes familles sont celle de la Vanité, celle de la Cupidité puis aussi celle de l’Avidité. A ces trois-là, il faut rajouter celle de la Rage, de la Débauche mais aussi de la Gloutonnerie et enfin celle de l’Oisiveté. »

Maintenant, où est-ce qu’elles étaient installées ? Son intérêt pour elles était proche du néant ? Il préférait encore passer une heure ou deux à s’entraîner au combat plutôt que de chercher un quelconque intérêt aux autres familles. Mais … s’il ne faisait pas ça, c’était donc impossible pour lui que d’espérer obtenir l’aval de son père.

« Et sans son aval, autant considérer que c’est impossible pour moi d’être choisi. »

Ah, les six autres candidats pour l’expédition qui permettrait de nommer le futur ou la future monarque du royaume des félémons. Une place très convoitée, qui n’était pas forcément liée au sang contrairement à ce que l’on pensait.

« L’expédition sera de se lancer dans le royaume des célestiens pour récupérer le coeur de l’actuel roi des félémons. En ramenant ce dernier, celui ou celle qui aura réussi à traverser toutes les épreuves, combattu les célestiens et vécu de nombreuses aventures pourra alors devenir le nouveau seigneur des félémons. »

C’est une histoire des plus courantes car elle se répète sans cesse. Par contre, ce n’est pas tous les trente ans ou autres, ce n’est pas une date précise. C’est simplement que … Enfin bon … Il sait juste que s’il veut devenir le prochain monarque, il va devoir retrouver le coeur de son père pour le lui ramener et ainsi pouvoir s’asseoir sur le trône.

« Bon, tout ce qu’il faut savoir, c’est que même ainsi, ça sera un voyage de plusieurs mois voire années. J’ai bien fait de prévenir Kosmor si je dois partir. »

Comme ça, au moins, son petit frère est prévenu à son sujet et il peu donc se préparer à devoir se débrouiller tout seul. CA, de ce côté-là, bizarrement, il ne s’en faisait pas le moins du monde. Il était sûr et certain qu’il s’en tirerait sans aucune difficulté. C’était quand même un enfant des plus remarquables et dont il était fier.

« Ce qu’il faut aussi retenir, c’est que les sept candidats ne deviendront plus qu’un à la fin de cette série d’aventures et épreuves qui les attendront. Il y a de fortes chances qu’ils meurent, les uns après les autres jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un. »

Oui, jamais, au grand jamais, il y avait eut plusieurs survivants dans l’une des expéditions pour récupérer le coeur du précédent monarque. Non, il n’y en avait toujours eut qu’un seul et à partir de là, la question ne se posait jamais si pareille situation arrivait.

Mais si c’était le cas ? Hum … Est-ce qu’il y aurait un combat à mort ? Non, ça ne pouvait pas être aussi simple normalement. De toute façon, les sept candidats allaient très vite s’entretuer, il le savait bien. C’était toujours ainsi. Même si bien entendu, il n’avait jamais assisté à ça, vu que la précédente expédition datait tout simplement de l’époque où son père avait obtenu la couronne après avoir ramené le coeur du précédent monarque donc son grand-père. Oui … C’était toujours ainsi.

« Est-ce que père serait inquiet que je ne survive pas à tout cela ? Mais si je ne participes pas, cela reviendrait à mettre fin à des siècles de contrôle du royaumes félémons ! »

Et c’était pour cela qu’il ne pouvait pas accepter cette idée. Par tous les moyens, qu’importe les sacrifices à accomplir, il devait absolument être choisi ! ZOU ! Dehors, arme à la main, voilà qu’il se dirigeait vers les jardins royaux. Là-bas, il savait qu’il allait être tranquille et surtout qu’il allait pouvoir se concentrer calmement sans que l’on vienne le déranger.

« Bon, on va récapituler quelques mouvements. Peut-être qu’en me vidant l’esprit, j’arriverai alors à trouver ce qui déplaît tant à mon père. »

C’était une bonne méthode pour souffler un peu. Il en était sûr et certain. Se rappeler les bases du combat à l’épée ne serait pas une mauvaise chose. Le jeunne homme aux cheveux blonds fit quelques mouvements plus élégants que vraiment utiles dans un combat, gardant les yeux fermés pendant ces derniers.

« Pourtant, cela ne me pose aucun problème. »

Il ne voyait pas où il avait un défaut, c’était stupide. Ses mouvements étaient propres et soignés, il n’y avait aucune chance qu’il se plante dans les exercices les plus élémentaires. Hum ? Pourquoi est-ce qu’il y avait autant de murmures autour de lui ?

Il finit par rouvrir les yeux, remarquant dans le fond qu’il y avait bien plus de monde que prévu. Qu’est-ce que ça voulait dire exactement ? Qu’est-ce qu’ils faisaient tous là ? Il cligna de ses yeux rouges, fixant tout simplement les petits comités qu’il voyait dans les couloirs au loin. Se rapprochant d’une servante, il finit par demander :

« Est-ce que l’on a une explication pour tout ça, mademoiselle ? »

« Oh, maître Zéran. Auriez-vous oublié que c’est aujourd’hui que votre père reçoit les différents candidats des six autres familles principales ? »

« Oh ? Oui … J’ai oublié, je dois l’avouer. Je considère que cela n’avait aucune importance à mes yeux mais bon … Je ne compte pas les rencontrer. Ils peuvent continuer leur chemin. Que je saches, les autres serviteurs sont en train de les guider, n’est-ce pas ? »

« C’est exact mais vous êtes certain de ne pas vouloir vous présenter ? »

« Tant que je n’ai pas été nommé directement par mon père, ils n’ont pas besoin de savoir qui je suis. Je ne suis qu’un illustre inconnu à l’heure actuelle. Mais merci pour ces informations. »

« Comme vous le désirez, maître Zéran. Je vais retourner à mes obligations. »

La servante s’inclina respectueusement alors qu’il jetait un bref regard vers les nouveaux arrivants. Humpf … Bien entendu, il n’était pas aveugle. Il voyait parfaitement combien ils étaient : Il y avait trois femmes et trois hommes qui n’étaient sûrement pas plus jeunes ou vieux que lui. Oui, visiblement, c’était toujours ainsi. De jeunes adultes qui étaient parfaits pour accomplir leur future mission commune.
Il s’en doutait mais ces personnes n’étaient pas seules. Accompagnées chacune par quatre soldats et autant de serviteurs, le bruit des pas avait de quoi rendre sourd mais il ne devait pas s’en préoccuper. Pourquoi le ferait-il ? Ces personnes étaient tout simplement de plausibles futurs adversaires et ennemis mortels. Dans ce royaume, on ne pouvait avoir confiance qu’en une seule chose : sa famille. Et encore, ce n’était pas totalement vrai.

« Certains n’hésiteraient pas à tuer père et mère pour accomplir leurs desseins. »

BAH ! Ce n’était pas son cas et il n’envisageait pas le moins du monde une telle pensée. Que certains aient besoin de ça pour obtenir le pouvoir montrait bien là leur faiblesse d’esprit. De son propre côté, il était tout simplement hors de question de dériver du chemin qu’il comptait prendre depuis le début. Ah … Pfiou.

« Bon … Une, deux, trois et quatre. Une, deux, trois et quatre. »

« Grand frère, grand frère ! » s’écria une petite voix avant qu’une petite forme à la chevelure de neige ne vienne le percuter au niveau du ventre. « Tu viens pas voir les autres gens ? Ce sont de futurs amis non ? Si tu décides d’aller leur parler et tout, non ? »

« Ce ne sont pas de futurs amis, Kosmor, loin de là. Je te l’ai pourtant déjà dit, n’est-ce pas ? »

« Mais mais mais … Pourquoi ça, grand frère ? Vous allez aider à récupérer le cour de père, non ? C’est pourtant une chose très importante, n’est-ce pas ? Donc en travaillant tous ensemble, ce n’est pas beaucoup mieux que d’y aller tout seul ? »

« Tu es vraiment trop gentil et candide. Par contre, ça m’étonne que tu saches autant de choses en étant si jeune. Tu n’aurais pas commencé à fouiner un peu dans mes livres ou ceux qui ne sont normalement pas de ton âge, hmm ? »


Petit sourire qui se voulait innocent mais sur le coup, il savait parfaitement qu’il voulait le charmer par cette idée. Il n’allait pas tomber dans ce piège aussi grossier hein ? Oh et puis en fait, si … à pieds joints même. Sa main se plaça sur la chevelure blanche de Kosmor avant qu’il ne reprenne sur un ton doux :

« Peut-être que ce seront des amis pour une journée mais le lendemain, ils risqueront de se retourner contre toi sans même que tu ne puisses te défendre. »

« Hein ? Mais pourquoi est-ce qu’ils feraient ça si ce sont tes amis ? Ce n’est pas logique non ? C’est pas normal ! Moi, je comprends pas pourquoi tu penses comme ça en fait ! »

C’est bien pour ça qu’il le considérait encore trop innocent. Dire que dans certaines familles, à son âge, on lui apprendrait déjà quelques abominations comme le massacre d’autres félémons ou alors la chasse aux Célestiens.

Il avait de la chance d’être de la famille de la Vanité mais cela, Kosmor était encore trop jeune pour saisir ce concept. Il dit dans un léger soupir :

« Je penses ainsi car ce n’est pas possible autrement, Kosmor, voilà tout. »

« Ben que si ! Il faut que tu répètes après moi : Je vais penser autrement. Je vais penser autrement. Je vais penser autrement. »

« C’est plus du lavage de cerveau qu’autre chose, Kosmor, si je commences à répéter sans cesse ce que tu me dis hein ? Tu n’as pas cours ? »

« Hmmm … Hmmm … Ben … En fait … Euh … Je … Comment dire … »

Oh. Sujet fâcheux. Voilà que Zéran fronce les sourcils, se penchant en avant pour avoir le visage de son petit frère en face du sien. Est-ce qu’il avait quelque chose à lui dire ou alors, il devait interroger ses précepteurs ? Car oui, le jeune garçon en avait plusieurs.

« Tu dois m’avouer un truc ou deux, Kosmor ? Attention à ce que tu vas dire hein ? »

« Mais mais mais mais … Promis ! J’ai tout fini et puis, je savais déjà tout ce qui était dit ! Mais le professeur, il m’a dit que je devais rester toute l’heure, ce n’est pas drôle du tout. J’ai juste envie de passer du temps avec toi, grand frère ! »

Encore l’attaque des yeux trop mignons. Il n’était pas assez stupide pour se faire avoir deux fois de suite par la même technique de la part de son petit frère. Sa main se posa sur les yeux de l’enfant avant de lui dire d’une voix calme :

« Je dois m’entraîner encore. Et ensuite, j’ai mes propres leçons. Je suis peut-être un adulte mais ça ne change pas que j’ai beaucoup à apprendre malheureusement. »

« Dis, dis, je peux venir m’entraîner avec toi, grand frère ? Mais juste, tu combattras pas pour de vrai hein, hein ? Pour pas qu’on se fasse mal non plus ! »

Hmm ? Un combat avec son petit frère. Dans l’idée, cela pouvait paraître ridicule mais en réalité, il était vraiment intéressé par tout ça. Le jeune homme aux cheveux blonds fit un petit hochement de tête avant de lui dire de patienter quelques minutes.


Voilà. Quelques secondes après, il était revenu avec deux épées en bois mais aussi des petits boucliers circulaires. Ils pouvaient paraître très ridicules tous les deux mais cet équipement était parfait pour l’entraînement et il ne fallait pas l’oublier. Le plus important était la sécurité avant tout le reste et ça, c’était primordial.

« Alors, comment est-ce que l’on fait, Kosmor ? Jusqu’à ce que l’un de nous deux abandonne, c’est bien ça ? Qu’est-ce que tu en dis ? »

« OUIIIIIIIIIIIII ! JE VIENS TOUT DE SUITE ! »

Il ne lui avait même pas laissé le temps de terminer sa phrase que déjà l’enfant courait à toute allure vers lui. On pouvait croire qu’il n’y avait aucune technique mais il n’était pas stupide.

« La prochaine fois, tu pourras essayer de prévenir avant de jeter sur moi ? » dit Zéran avec un petit sourire. Son petit frère n’était pas n’importe qui ! Il n’avait peut-être qu’une dizaine d’années mais … il avait parfaitement conscience qu’il devait s’en méfier.

« Dans un vrai combat, les gens ne préviennent pas quand ils attaquent, grand frère ! Si tu te fais avoir comme ça, je vais gagner, hahaha ! »

Mouais ! Il s’en doutait un peu mais son petit frère aimait bien le titiller hein ? Bon, il était temps de montrer ce dont il était réellement capable ! Voilà qu’il paraît les coups de son petit frère, visant un peu ses épaules sans trop forcer dans chaque frappe. Le but n’était pas de le faire pleurer mais … il ne faisait pas confiance en Kosmor.


Et à raison, bien entendu ! S’il affrontait son petit frère, c’est bien parce qu’il savait que le combat allait être bien plus ardu que prévu. Malgré son jeune âge, son petit frère était un vrai prodige et ça, il ne pouvait que le reconnaître de nombreuses fois. D’ailleurs, ce combat le prouvait aussi bien que les précédents.

« Tu ne me laisseras même pas souffler un peu, hein, Kosmor ? »

« Moins de blablas, plus de combat, grand frère ! Si tu parles trop, tu vas t’essouffler et donc, tu tiendras pas assez longtemps ! Il faut que tu fasses attention ! »

Voilà qu’il recevait des conseils de la part de son petit frère. A quel point est-ce que tout ça était ridicule hein ? Mais voilà, c’était son petit frère et ce n’était pas pour n’importe quelle raison, hahaha. Cela lui mettait un peu de baume au coeur. Il finit par lui dire :

« Et toi aussi, tu parles beaucoup vu que tu me réponds, non ? Tu es facile à lire. »

« Facile ? Oh, tu veux dire que tu sais par où je vais frapper ? Bon ben alors, même si c’est comme ça, ben je vais très vite me débrouiller ! »

Et voilà qu’il avait compris où voulait en venir Kosmor. Rapidement, les coups accélèrent de plus en plus vite et Zéran devait reculer. Il frappait à une telle vitesse que cela devenait difficile de pouvoir parer les frappes de son petit frère.

C’est ça. Son petit frère n’avait pas encore une puissance suffisante à cause de son jeune âge mais ça ne changeait pas que la déferlante arrivait et qu’il avait du mal à la contenir. Gauche, droite, gauche, gauche, droite, gauche et … ZUT !

« Ne soit pas aussi prétentieux que ça, Kosmor ! Tu es encore trop jeune pour ça ! »

Bon, il n’aimait pas mettre trop de force mais il fallait parfois calmer son petit frère. Il était l’aîné dans la famille ! Il devait montrer l’exemple ! HEHO ! Ce n’était pas comme ça que ça allait se passer ! Voilà qu’il frappa lourdement sur le bouclier de son petit frère, sachant parfaitement qu’il allait le faire tomber et …

« Désolé grand frère mais à chaque fois, tu fais pareil donc j’ai changé ! »

« Hein ? Qu’est-ce que tu … » bredouilla Zéran, ne comprenant pas où il voulait en venir.

Son coup d’épée venait d’être dévié sur le côté. Oui, tout simplement sur le côté. Son petit frère venait non pas seulement de parer son coup mais de lui faire taper le sol avec sa lame en bois mais aussi perdre son équilibre.

« Désolé, grand frère mais la victoire, elle est à moi ! »

Il ne comprit pas tout de suite où voulait en venir le jeune garçon aux cheveux blancs avec cette petite mèche noire. Puis soudainement, comme un uppercut, le bouclier en bois vint le frapper dans le menton, lui faisant perdre tout simplement l’appui sur ses jambes et le faire tomber au sol des plus lourdement. Aie … Il venait … de perdre contre son petit frère.
Le pire dans cette histoire, c’est que ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait. Non, le pire, c’est que son petit frère pensait qu’il faisait exprès de le laisser gagner … mais ce n’était pas du tout le cas. Son petit frère gagnait toujours par ses propres capacités. Il perdait contre un enfant de dix ans. Dans de telles conditions …

« Grand frère, ça ne va pas ? Est-ce que j’ai fait mal ? »

« N… Non, j’ai juste envie de rester couché pour quelques minutes. Il fait plutôt bon donc j’en profite un peu. Bravo à toi, Kosmor. »

« Tu as encore fait exprès de me laisser gagner. Normalement, mon bouclier peut pas te faire aussi mal que ça ! Si ça t’a pas fait mal, pourquoi est-ce que tu es tombé alors, dis ? »

Il lui répondit brièvement que c’était plus la surprise que la force du coup qui avait réussi à l’étonner dans toute ce combat. Rien de plus, rien de moins, voilà tout ! Ah … Son petit frère vint s’écrouler à côté de lui, bras tendus sur les côtés, ayant jeté son équipement.

« J’ai pas envie que tu partes, grand frère mais … euh … les cousins dans la famille, ils ont l’air vraiment pas sympathiques du tout ! » vint dire Kosmor après quelques secondes.

« Je le sais parfaitement, Kosmor. Mais bon, dis toi que si j’y vais, peut-être que je deviendrais le futur roi et toi, j’ai déjà une place. Tu deviendras mon bras droit ! »

« Wow … Pourquoi ton bras droit et pas ton bras gauche ? Moi, je sais plutôt écrire de la main gauche, grand frère. Ca serait pas mieux, non ? »

« C’est une expression et rien d’autre. » dit-il tout en rigolant. Il avait perdu de vue la raison de son entraînement … comme bien souvent dès que Kosmor était là. Mais avoir Kosmor à ses côtés, ça lui permettait de comprendre bien vite qu’il avait beaucoup de travail. Malheureusement, tout seul, il n’avait aucune chance d’y arriver.

« Dis, tu veux que je demandes à père comment faire pour qu’il te nomme ? Mais je lui demande discrètement, comme ça, il saura pas que c’est pour toi ! »

« Je préfère éviter. Il serait capable de croire que je l’ai ouvertement trompé et que j’ai préféré utiliser mon petit frère pour une tâche indigne de notre famille. Je me chargerai de trouver les réponses à mes questions par moi-même, mais en temps et en heure ! Pour le moment, on va plutôt souffler quelques minutes et ensuite, tu partiras à ton prochain cours, compris ? »

« Hmm … D’accord grand frère mais bien parce que tu me le demandes. »

« Et tu continueras aussi quand je ne serais plus là ! Est-ce bien compris, petit bonhomme ? »

« Hmm … Mais c’est pas aussi bien que les entraînements au combat, grand frère. »

Il le savait parfaitement et il avait compris à quel point son petit frère allait être une terreur sur les champs de bataille mais c’était bien parce qu’un jour, il sentait que ce dernier allait se retrouver là-bas qu’il voulait améliorer ses chances de survie, coûte que coûte.

« Ah ! Enfin bon, allez zou, debout Kosmor ! Je n’ai pas envie que les servantes nous voient nous rouler dans l’herbe. Tu sais bien à quel point ça peut les agacer de voir nos habits salis par les tâches vertes, non ? »

Pour toute réponse, l’enfant eut un petit rire cristallin. Oui, il en était convaincu que lui aussi s’en rappelait parfaitement, c’était le genre de petits détails qui faisait toute la différence à leurs yeux. Même si les servantes étaient tenues de respecter le protocole et leur différence de statut social, même si lui n’avait que du mépris pour les autres familles, il considérait les serviteurs comme des membres de leur famille.

En un sens, c’était le cas bien qu’on le criait pas sur tous les toits. Certaines personnes étaient des branches cousines de la famille de la Vanité et indirectement ou non, servaient pour celle principale. C’est pourquoi il se sentait bien même s’il n’allait pas l’avouer à voix haute. Il avait une certaine retenue à avoir dans de telles conditions.

« Je ne peux pas me permettre de paraître faible aux yeux de tous. »

« Euh grand frère, on devrait vraiment se lever. Y a les gens des autres familles qui nous regardent là. Ils ont l’air de rigoler. »

Hein ? Comment ça ? Il se redressa aussitôt dans l’herbe, regardant à gauche et à droite. Qu’est-ce que son petit frère venait de dire ? Ils avaient déjà terminé ? Ce n’était pas possible ! Non non ! Il venait de dire quoi à l’instant ? Ne pas paraître faible ! Et là, il était en train de montrer tout le contraire, ce n’était pas bon !

« Petit frère, est-ce que tu peux me laisser seul ? S’il te plaît ? »

« Hein mais … Euh … grand … frère ? » dit l’enfant, étonné que son aîné ne l’appelle pas par son prénom comme d’habitude. S’étant remis correctement debout, Zéran laissa son petit frère s’éloigner, celui-ci le regardant une dernière fois sans vraiment comprendre.

« Bon bon bon … Qu’est-ce que nous avons là ? Je n’ai pas envie que l’on croit que je me suis donné en spectacle devant nos invités. »

C’était déplaisant. Vraiment déplaisant de n’avoir remarqué que trop tard ce qui venait de se passer. Si seulement il s’était préparé depuis le début à cette éventualité. Et ils étaient là depuis quand ? Plongeant une main dans sa poche, il en sortit une petite boîte en cuir qu’il ouvrit, en extirpant ce qui semblait être une paire de lunettes. Si les candidats voulaient rire de sa présence, ils pouvaient être plusieurs à ce petit jeu déplaisant.

Chapitre 1 : Déception

ShiroiRyu
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Chapitre 1 : Déception

« D’ici un mois, les choix seront arrêtés pour les candidats de chaque famille. Cela laisse à chacune d’entre elles la possibilité de faire les dernières modifications avant qu’il ne soit trop tard. Comprends-tu ce que cela veut dire ? »

Voix impériale. Assis sur un trône tout de noir en tissu, un imposant homme s’adressait à une personne en face de lui. Un genou au sol, celle-ci avait la tête baissée en direction de ce dernier, ne la relevant pas. Sa chevelure blonde, un peu hirsute, laissait paraître des cornes en spirale alors qu’une voix calme et masculine sortit de ses lèvres, répondant :

« C’est exact, père. Néanmoins, je pense que la majorité d’entre elles ont déjà pris leurs décisions depuis bien longtemps, si je peux me permettre cette remarque. »

« Tu le peux et tu n’as guère tort, certains ne sont pas indécis, contrairement à nous, Zéran. »

« V… Vous voulez dire que … » dit le jeune homme, bredouillant en gardant la tête toujours baissée. « Vous ne savez toujours pas qui vous désirez pour représenter notre famille ? »

« C’est exact. » répondit nonchalamment l’homme assis sur son trône. Une chevelure aussi blonde que celle de la personne en face de lui, ses yeux argentés semblaient comme lire dans le coeur de la personne à ses pieds. Lui aussi avait le même genre de cornes.

« Mais mais mais … Vous savez parfaitement que je suis plus que prêt pour ça ! »

« Insinuerais-tu que tu es donc capable de devenir le candidat de la famille de la Vanité ? »

« C’est exact, vous pouvez me faire confiance, je serais à la hauteur de cette tâche. »

« Je ne suis guère convaincu par tes propos. Tu manques beaucoup trop d’estime personnelle et de confiance en toi pour accéder à une telle responsabilité. »

« Mais je viens de vous… » commença à déclarer le jeune homme, ayant finit par relever la tête pour laisser paraître ses yeux rubis sur l’être assis sur son trône. « Pourquoi est-ce que vous n’accédez pas à ma requête ? »

« Car il s’agit d’une tâche des plus importantes, que je ne peux pas confier à n’importe qui, même s’il s’agit de mon propre fils, Zéran. »

« Je ne suis pas n’importe qui. J’ai les compétences nécessaires pour accomplir cette quête et il s’agit d’une affaire familiale et … »

« SILENCE ! Par ces paroles, tu viens de te discréditer ! Tu sais parfaitement qu’il s’agit là de la sauvegarde du royaume des félémons ! »

« Je … Je … Je suis vraiment désolé, père. » bredouilla le félémon aux cheveux blonds.

« Tu peux l’être. Si tu as fini de m’importuner, tu peux quitter cette salle. J’ai des affaires bien plus importantes à régler. Le groupe des sept candidats sera formé d’ici un mois. A toi de faire tes preuves mais tu pars avec un sérieux désavantage. »

Le jeune homme s’apprêtait à ouvrir sa bouche mais le regard froid provenant de son père lui coupa tout usage de la parole. Déglutissant, comme pris en défaut, il évita le regard des nombreux soldats présents dans la salle du trône, quittant celle-ci d’un pas rapide.

« Un mois … J’ai qu’un mois … »

C’était l’unique phrase que le jeune homme se répétait en boucle dans la tête alors qu’il espérait trouver une solution pour réussir à se faire valoir. Malheureusement, d’après les paroles de son père, il était très mal parti. Il avait vingt ans ! Il était en âge de participer à sa destinée ! Oui, il pouvait utiliser le terme de destinée pour une telle mission.

Un tel événement n’arrivait que très rarement, cela se comptait en décennies voire peut-être siècles ! Les livres d’histoire en parlaient sans cesse et c’était pour cela qu’il avait lu tout ces fichus bouquins pendant des années ! Pour se préparer à ce jour tant attendu ! Et là ? Son père venait de lui déclarer qu’il y avait de fortes chances qu’il ne soit pas choisi.

« C’est injuste, beaucoup trop injuste ! Moi, plus que les autres, je mérite d’y être ! »

Il ne voulait pas décevoir sa famille. Il ne voulait pas que tout cela s’arrête maintenant alors … pourquoi ? Pourquoi est-ce que son propre père se mettait en travers de son chemin ? C’était tout simplement incompréhensible de sa part ! Il n’avait pas à faire ça !

« Je … Je … Ah … Ça sert à rien. Il ne changera pas d’avis. »

« Grand frère, ça ne va pas ? Tu as l’air pas joyeux du tout. »

Oh ? Il s’arrêta dans sa marche, se tournant vers la petite voix enfantine qui venait de s’adresser à lui. A quelques mètres devant lui se tenait un enfant qui devait peut-être avoir une dizaine d’années au grand maximum. L’enfant avait une chevelure blanche plutôt courte, une simple mèche de cheveux noirs venant contraster en son milieu par rapport au reste. Ses petits yeux dorés le regardaient avec inquiétude, attendant une réponse de l’intéressé :

« Oh ? C’est toi, Kosmor ? Qu’est-ce que tu fais de beau ? »

« Je me suis entraîné à l’épée ! On m’a dit que j’étais trop jeune pour ça, comme d’habitude mais ils ont pas aimé quand ils étaient à terre, hahaha ! »

Un petit sourire se dessina sur les lèvres de Zéran. Son petit frère, dire que contrairement à lui, semblait naturellement doué pour tout ce qui était combat. Tapotant doucement le crâne de Kosmor, faisant attention à ses petites cornes en spirale, il lui dit :

« Mes félicitations. En même temps, tu as parmi l’un voire le meilleur professeur pour ça, n’est-ce pas ? C’est normal et logique que tu sois aussi fort. Bravo. »

« Je le suis pas encore autant que toi, grand frère mais un jour, oui ! Mais sinon, tu as changé la conversation ! Pourquoi est-ce que tu semblais triste ? » demanda son petit frère. Humpf … Visiblement, il avait donc décidé de vraiment tenter de lui sortir les vers du nez.

« Disons que j’ai eut une discussion assez vive avec père et que ça s’est mal passé. »

« C’est par rapport à quoi ? Tu peux me le dire ou pas ? »

« Je peux te le dire, bien entendu mais … Je ne sais pas si c’est une bonne chose dans le fond. C’est pas contre toi hein ? Tu t’en doutes, petit frère. »

Voilà que ce dernier lui fit une petite moue boudeuse, signe qu’il n’appréciait pas que son grand frère le laisse de côté. Celui-ci répondit par une mine amusée, continuant de tapoter son crâne tout en reprenant :

« C’est juste quelque chose que j’avais prévu depuis très longtemps et que père ne veut pas que je fasses. Je suis prêt … mais il ne veut pas le comprendre ! Je suis plus que prêt ! »

« Mais tu es prêt à quoi, grand frère ? Tu m’as pas dit c’était quoi exactement. »

« Hein ? Ah … Euh … Je suis juste prêt à devenir un candidat, voilà tout. »

« Un candidat ? C’est quoi un candidat ? » demanda Kosmor qui, visiblement, avait besoin de plus d’informations que ne le pensait son grand frère. Celui-ci se gratta la joue, un peu embêté, ne sachant pas trop quoi répondre exactement.

« Tu es peut-être trop jeune pour ça mais disons que si je suis choisi comme candidat, je risque de devoir partir longtemps, très longtemps. Mais quand je reviendrais, ça sera moi le roi des félémons ! Je prendrais la place de père ! »

« Wooooow … HEIN ?! PARTIR ?! Mais longtemps ?! Mais mais mais ! Nan ! J’ai pas envie que tu partes, moi ! Grand frère ! C’est pas drôle comme blague ! »

« Ce n’est pas une blague, petit frère. C’est pour ça que je fais toutes ces choses de bon matin, comme m’entraîner, courir, lire, c’est pour cette unique raison. »

« Mais … Mais … Maiiiiiiiiiiiiis ! Je ne veux pas moi ! J’ai pas envie que tu t’en ailles ! »

« Tu n’es pas le seul, visiblement. Père ne semble guère motivé à me laisser cette chance mais je devrais te remercier, Kosmor. Je crois que je vais aller retourner dans ma chambre pour trouver un moyen de réussir à le convaincre. J’ai un mois … un seul mois. Ça va aller si vite, il faut vraiment que j’ai une solution d’ici là. » murmura le jeune homme aux cheveux blonds, songeur, commençant à nouveau à avancer sans même regarder son petit frère.

« Dis … Est-ce que tu veux t’amuser avec moi, grand frère ? »

« Hum ? Kosmor, je viens de te dire que … enfin … »

« On m’a dit que j’avais le droit à une heure de repos avant de recommencer à m’entraîner mais à la magie. Tu veux bien, dis, dis ? »

Entraînement vraiment horrible, n’est-ce pas ? Malgré qu’il n’avait que dix ans, l’enfant devait faire autant d’exercices et cela qu’importe son jeune âge. Ah … Il était aussi passé par là mais il ne se rappelait pas que ce fût aussi long et difficile dans ses souvenirs. Non, ce n’était pas le cas. Bon, ce n’était pas grave. Devant son regard doré, il pliait.

« Bon, si tu as une unique heure, la mienne peut attendre alors. Ne t’en fait pas, nous allons nous amuser tous les deux, je te le promets. Suis-moi, petit frère. A quoi est-ce que tu veux jouer ? Tu veux bien me le dire ? »

« Pfff ! Je sais pas du tout ! Moi j’ai dit qu’on allait faire, c’est toi qui décide alors ! » s’exclama Kosmor, maintenant bien plus heureux qu’il y a quelques secondes. Ah … Un vil manipulateur dans le futur, il en était sûr et certain. Mais pour l’heure, ils allaient se contenter d’un moment fraternel.

Le temps passa bien rapidement, peut-être plus que prévu aux yeux du jeune garçon. Car dès l’instant où Zéran signala qu’il devait retourner à ses occupations, Kosmor l’implorait de rester mais cette fois-ci, le jeune homme tenait bon :

« Hors de question. Tu as aussi des devoirs à faire, Kosmor. Je me disais bien que ça me paraissait étrange mais en fait, tu n’as pas envie d’aller en cours, n’est-ce pas ? Tu es du genre à préférer les activités physiques. Petit malin ! Hop, vas-y vite sinon, je ne jouerai plus avec toi la prochaine fois, compris ? »

« Maiiiiiiiiiiis ! Grand frèreeee ! C’est méchant de ta part ! Très méchant même ! Je boude et pas qu’un peu, na ! Je boude vraiment ! »

Pour toute réponse, Zéran tira la langue. Oui, ce n’était pas très élégant de sa part mais qu’importe, il savait que ça marchait puisque Kosmor lui rendit le geste. Ah … Même s’il ne voulait pas l’avouer, cette heure lui avait permis de retrouver le calme dont il avait besoin.

Maintenant qu’il était seul, dans sa chambre, il songea à tout ce qu’il devait faire. Couché sur son lit, des papiers devant lui, il marmonnait pour lui-même quelques paroles dont il était le seul à pouvoir comprendre le sens. Est-ce que c’était une épreuve physique qu’il devait accomplir ? Morale ? Politique ?

Il n’avait aucune idée de ce que son père désirait pour qu’il puisse le choisir comme candidat de la famille de la Vanité. Sa famille était la plus puissante parmi les sept majeures des félémons. Il était de son devoir de se comporter en tant que tel ! Mais comment faire pour que ça se termine à peu près correctement ? Autant dire qu’il n’avait pas trente-six mille solutions malheureusement. Il devait trouver … le moyen d’être bien vu.

« Ah … Je n’ai aucune idée en tête. A me demander si je devrais pas poser la question à Kosmor. Jamais je n’aurai cru qu’il serait déjà aussi loin malgré son jeune âge. »

C’en était presque rageant et il avait même une petite pointe de jalousie envers son petit frère. Ses progrès étaient tels qu’il n’y avait que peu de doute que si lui n’arrivait pas à devenir le successeur de la famille malgré qu’il soit choisi, Kosmor était encore parfaitement placé pour le remplacer. Ah … Son adorable petit frère.

« Normalement, nous devrions nous battre mais … j’y arrive pas. »

Souvent, il entendait de nombreuses nouvelles par rapport aux conflits entres frères et sœurs au sein d’une même branche de la famille de la Vanité. Celle-ci était connue pour ses querelles incessantes internes et qui pouvaient mener à quelques malheureux accidents.

Oui, accident était le terme qu’il fallait utilisé quand une personne décédait de façon assez horrible et mystérieuse. Dans ce royaume, c’était monnaie courante et rares étaient les êtres qui pouvaient se sentir relativement en sécurité. Sécurité toute relative, oui …

« Ah … Enfin bon, ce n’est pas comme si j’avais vraiment à m’inquiéter de ça. »

Il faisait justement partie de ces personnes. En étant le fils du monarque actuel du royaume des félémons, il était pourtant une cible de choix. Mais en conséquence, les visiteurs étaient très rares et lui-même ne pouvait pas sortir sans plusieurs approbations, chose qui n’arrivait guère réellement. De toute façon, il n’avait aucune raison de sortir. Seule sa propre famille comptait dans ces moments précis.

Et même quand ce n’était pas dans ces moments. Elle était l’unique chose qui lui importait dans ce monde plus que futile. Pourquoi devait-il s’inquiéter des autres félémons ? La famille de la Vanité était celle au sommet de la hiérarchie, il n’y avait pas besoin de s’intéresser à cela pour que ça lui convienne.

« Devenir plus fort, encore plus fort, oui … ah … »

Il devait se rentrer ça dans le crâne, pour être au niveau que son père désirait. Du moins, si c’était ce que son père désirait qu’il devienne, chose dont il n’était pas certain. Mais bon, maintenant qu’il avait discuté un peu avec son petit frère, tout allait devenir bien mieux, il en était sûr et certain. Tout allait s’arranger.

« Je vais le faire aussi pour lui, que je devienne au moins un grand frère dont il serait fier. Je ne peux pas le laisser avoir tous les honneurs non plus ! »

Non pas qu’il était jaloux de son petit frère, enfin, un peu quand même, vu toutes les qualités qu’il avait. Il était même certain que son petit frère allait faire chavirer bon nombre de coeurs quand il deviendra adolescent voire adulte. Il devra aussi se méfier des personnes qui tenteront de le séduire pour profiter de son niveau social.

« Enfin bon, ce n’est pas à moi de gérer tout ça et on a encore le temps. Ce n’est qu’un enfant pour le moment, rien de plus, rien de moins, hahaha. »

Alors, ce n’était pas le bon moment pour ça. Reprenant les divers papiers sur son bureau, il s’était mis à les lire avec intérêt. De nombreuses notes sur ce qui allait se passer dans un mois. La chance d’une vie, que tout le monde désirait mais que la majorité n’allait jamais pouvoir ne serait-ce que caresser l’idée. Et oui, la vie était injuste mais c’était ainsi.

Dans ce monde, il y avait les puissants et les faibles. En tant que futur héritier de la famille de la Vanité, se trouvant au sommet de celle-ci en son sein même, il ne devait laisser paraître aucun défaut. Le fait que son père lui refuse la possibilité de participer, c’était un désaveu des plus complets … et cela devant les soldats qui devaient bien rire de la situation.

« Ah … Père, vous m’avez infligé la pire des hontes qu’il soit possible à mes yeux. Pour cela, il me faut absolument me racheter et pour cela … il faut absolument que je sois choisi. Je dois … vraiment le devenir. Devenir le candidat de la Vanité. »

Maintenant qu’il se faisait tard, on vint toquer à sa porte, une servante lui déclarant qu’il était l’heure du dîner et qu’il devait donc venir à table pour rejoindre le reste de sa famille. Bon et bien, d’autres responsabilités lui incombaient visiblement et il était donc hors de question de les ignorer. Il allait devoir se concentrer sur celles-ci et pas autrement.

« Ah … J’arrive tout de suite. Je serais présent d’ici quelques minutes. »

Dire qu’il devait se retrouver face à son père. Bien qu’il ne lui en voulait pas indirectement, sachant parfaitement que si son père ne voulait pas de lui en tant que candidat, c’était pour une bonne raison, le fait de dîner avec ce dernier n’était guère plaisant à imaginer. Mais bon, il était son fils, il lui devait le respect et il le respectait sans aucun problème. Il considérait son père comme un excellent monarque bien qu’il désirait énormément de ses enfants.

« Je ne peux pas lui en tenir rigueur, un échec causerait beaucoup trop de déshonneur. »

Le déshonneur, il n’avait que ce mot à la bouche mais c’était bel et bien le terme le plus important à retenir en tant que membre de la famille de la Vanité. Ah … Il n’avait pas envie d’y réfléchir plus longtemps mais cette pensée le taraudait beaucoup trop. Pourtant, il n’était pas le genre de jeune homme à s’enfoncer délibérément dans une complexité inutile mais à l’heure actuelle, dans cette situation, depuis cette scène dans la salle du trône, tout se remémorait à une vitesse folle dans sa tête.

« Père, je suis arrivé, comme vous le désiriez. »

« Bien, Zéran. Tu peux t’asseoir. Ton frère Kosmor est déjà là bien qu’il préférait attendre que tu sois arrivé pour commencer à manger. »

« Tu n’étais pas obligé, Kosmor, tu sais. Surtout si tu as faim après ton entraînement. Enfin, je tiens à m’excuser de mon retard. » continua de dire Zéran en hochant la tête.

« Nous allons considérer que ce n’est pas bien grave même s’il faut éviter que cela se reproduise, d’accord ? J’imagine que ta déception était grande cette après-midi, n’est-ce pas ? »

« Tout de suite les pieds dans le plat, père. C’est juste une brève infortune qui me touche mais je n’en tiens guère compte si cela peut vous rassurer. »

« Il te reste un bon mois pour trouver les raisons qui m’ont poussé à ne pas te nommer candidat tout de suite et ainsi à changer pour que mon avis diffère à ce moment précis. D’ailleurs, en parlant de candidat, je vais bientôt rencontrer ceux qui proviennent des autres familles Il semblerait que leur décision soit arrêtée depuis bien longtemps. »

« Ces familles prétendent pouvoir égaler la nôtre, père, mais c’est bien pour la famille de la Vanité que je veux devenir notre candidat ! »

« Et ce n’est pas en pensant en solitaire que tu pourras devenir le futur monarque de notre royaume. Le royaume ne tourne pas qu’autour d’un seul homme mais de toute une nation. »

« Je le sais parfaitement, père … mais la famille de la Vanité … »

« Est peut-être celle qui a régné depuis des générations ancestrales mais qu’importe. »

« Qu’importe ? Comment ça, qu’importe ? »

« Car ce royaume ne s’est pas fondé qu’avec seulement la puissance de notre famille mais aussi celle des six autres. Sans elles, nous n’aurions jamais gagné contre les célestiens. »

Grrr. Un petit grognement arriva aux lèvres de Zéran. Les célestiens. Ces êtres ailés étaient l’abomination venue du ciel. Les ennemis mortels des félémons et cela depuis des temps immémoriaux. Une guerre continue et perpétuelle entre leurs deux races, toujours présente actuellement. Et il n’y avait rien pour empêcher tout ça, loin de là.

« Mais il vous faut quand même reconnaître que notre famille est la plus grande ! »

« Zéran. Combien de fois devrais-je te le répéter ? Ce n’est pas ainsi que ça se passe, loin de là. Ce n’est pas en nous considérant supérieurs aux autres familles que nous nous en sortirons. La famille de la Vanité, n’est-ce pas celle de cette dernière mal-placée. Nous sommes forts, nous sommes puissants, nous sommes sans égaux et au sommet des félémons mais ça ne veut pas dire que nous devons ignorer nos concitoyens. »

Son père … Il savait parfaitement qu’il avait raison sur toute la ligne mais non. La famille de la Vanité méritait ce nom et ce titre. Bien sûr, il n’était pas possible de diriger un royaume aussi grand qu’avec sa propre famille … mais considérer les autres familles comme toutes aussi importantes ? C’était tout simplement impossible à concevoir. Il ne pouvait pas s’y plier et cela, qu’importe ce que son père pensait.

« Tu as un mois pour changer ce mode de pensée. Un long mois pour commencer à modifier tout ce qui faisait ta personnalité. »

« Je ne pourrais pas être quelqu’un de différent simplement pour devenir un candidat, père. »

« Dites, est-ce que vous vous disputez, grand frère ? Père ? Ce n’est pas bon les disputes. Ça fait refroidir le repas. Vous devriez manger avant qu’il ne soit trop froid hein hein ? Vous n’êtes pas d’accord tous les deux, dites ? » coupa le garçon à la mèche noire.

« Bien entendu que nous le sommes, je suis désolé, Kosmor. Père, je garderai vos paroles sagement ancrées dans ma mémoire. Nous devrions écouter Kosmor. »

« C’est exact. Mangeons donc, Kosmor, avant que ça ne soit trop froid pour que cela soit digeste. Nous avons eut chacun une rude journée. » termina de dire le seigneur des lieux mais aussi du royaume des félémons, Zéran baissant la tête dans son assiette après ses paroles.

Un mois. Il se répétait inlassablement cette date limite. Un mois … Et même si maintenant le repas était devenu bien triste et silencieux, il jeta un bref regard à son petit frère qui tentait de lui sourire comme pour le remercier de bien l’avoir écouté. Ah … Son petit frère adoré, bien entendu, qu’est-ce qu’il ne ferait pas pour lui, n’est-ce pas ?

Peut-être qu’il valait mieux en apprendre un peu plus sur les autres familles des félémons ? Bien entendu, il connaissait leurs noms et aussi leurs localisations mais peut-être qu’un rappel ne lui ferait pas de mal. Et une autre pensée lui avait traversé l’esprit : A quoi est-ce que les candidats des différente familles pouvaient ressembler ? Il en avait aucune idée.