Tous les articles par ShiroiRyu

Chapitre 14 : Des regards éloquents

Chapitre 14 : Des regards éloquents

« Tu as appris au sujet des Rapions et des Drascores ? Il paraitrait que c’est la princesse Terria qui a demandé à ce qu’on les reçoit. » annonça l’un des soldats à côté d’Earnos.

« C’est quand même bizarre non ? Enfin … Pas bizarre … Elle a toujours voulu continuer ce que sa mère avait commencé. Mais quand même … Autant de Rapions et de Drascores ? » répondit un second soldat, le garçon aux cheveux blonds tendant l’oreille.

« C’est quand même une forte tête notre princesse hein ? Même si son père veut tout faire pour éviter qu’elle ne se mette en danger, elle a décidé de continuer qu’importe ce qu’il dirait. Elle n’a pas froid aux yeux. » s’exclama le premier soldat en rigolant.

« C’est le minimum à avoir pour notre future souveraine, hahaha ! »

Hahaha… Il aurait bien aimé rire mais il restait quand même inquiet à ce sujet. Ce n’était pas qu’il n’avait pas confiance en Olistar, loin de là … Mais par rapport aux autres Rapions et Drascores, ce n’était pas du tout la même chose. Il se méfiait d’eux, il ne savait pas du tout comment prendre toute cette nouvelle. Ah …

« De toute façon … Ca ne me concerne certainement pas. » marmonna-t-il avant de se préparer à son entraînement quotidien. Du moins, c’est ce qu’il avait prévu avant qu’une voix masculine ne lui réponde avec calme :

« Et pourtant, cela te concerne, Earnos. Prépare-toi, tu dois me suivre. »

Se préparer à le suivre ? Il se retourna pour voir Holikan. Le Yanma était là, les bras croisés, un peu irrité mais non pas par le jeune Aspicot. Hum … Ça devait être sûrement le fait qu’il y ait beaucoup de Rapions et Drascores non-loin de là. Earnos demanda :

« Euh … Tu es sûr que je dois venir aussi ? Je ne sais pas si c’est une bonne idée. »

« Arrête un peu de croire que tu es seulement un Aspicot comme n’importe quel Aspicot. Tu es un chevalier de la princesse. Même si le roi a refusé que les chevaliers puissent s’approcher d’elle … sauf pour mon cas qui est assez spécial. »

« D’accord … Donc … Je dois me préparer ? Enfin … Je dois prendre une tenue spéciale ou autre ? Car je n’ai jamais été … à une réunion comme ça, je crois. »

« Reste comme tu es, je ne crois pas que ça soit le plus important. » répondit le Yanma.

« Si tu le dis, je te fais confiance alors. » marmonna Earnos.

« C’est bien la seule personne à qui tu peux avoir confiance … Tu devrais arrêter d’accepter de t’entraîner avec … ce Rapion. »

Encore une petite discussion qui allait tourner sur le racisme précaire d’Holikan envers Olistar. C’était quand même assez gênant à force, non ? Mais voilà … Il évitait souvent de s’y intéresser … car il ne voulait surtout pas donner son avis sur le Rapion qu’il trouvait quand même sympathique et amical au fur et à mesure des jours qui s’écoulaient.

« Sincèrement … Pourquoi est-ce que la princesse fait une telle chose ? C’est complètement ridicule …Si ça tenait qu’à moi, je refuserai toute présence de Rapions et de Drascores après la mort de la reine Seiry. » continua de dire le Yanma alors qu’ils quittaient la zone d’entraînement. Là-bas, ils devaient maintenant se diriger vers la salle du trône.

« Dis … Si tu es fiancé à la princesse Terria, pourquoi est-ce que tu n’essaies pas de la suivre ? Ce n’est pas le rôle que tu dois avoir plus tard ? »

« Hein ? Fiancé ? Ah oui … Bien entendu. Mais non … Tu as pu le voir avec la reine Seiry et le roi Tanator, non ? Ils n’avaient pas les mêmes idées sur les Rapions et les Drascores. Ici, c’est à peu près pareil. Je ne suis pas d’accord avec ce que fait la princesse Terria. »

« Je vois … Je vois … Je suis désolé d’avoir posé cette question. »

« Ce n’est pas trop important. Je sais bien que ça en fait parler pas mal à ce sujet … »

« Mais bon … Au moins, comme ça, la princesse sera très bien protégée. » répondit Earnos avec un petit sourire au Yanma, celui-ci haussant les épaules en faisant de même.

« Très bien. On doit se dépêcher. Suis-moi maintenant et surtout ne me perd pas de vue, on va être un peu bousculés… Il y a aussi un peu de la noblesse ici. »

« De la noblesse ? Avec tout ce qui se passe ? » dit-il sur un ton surpris alors que le Yanma hochait la tête positivement. C’était bien le cas …

Finalement, ils arrivèrent jusqu’à la salle du trône, plusieurs gardes se trouvant devant celle-ci. Ils pénétrèrent à l’intérieur, Earnos étant impressionné par le décor. C’était … majestueux… Pourtant, ce n’était pas la première fois qu’il venait ici hein ? Mais maintenant, il avait vraiment l’impression de se retrouver face à la royauté.
« Earnos. Holikan. » murmura une voix féminine à l’autre bout de la salle du trône.

La princesse Terria était là, un petit sourire aux lèvres. Visiblement, elle semblait appréciée sa présence. Tant mieux … Au moins quelqu’un d’amical … Ah non. Il y avait aussi Olistar qui était adossé contre un mur de la salle, les bras croisés. Il avait eu aussi la permission de venir ? D’ailleurs, c’était lui ou …

« Tsss … Regarde-moi ça … Ils sont si nombreux … Ils pourraient facilement les tuer. »

Holikan avait murmuré cela alors qu’il pouvait maintenant voir une délégation de Rapions et Drascores. Ils devaient être une dizaine … dont trois ou quatre adolescents. Ils étaient tous un genou au sol, regardant le roi et la princesse. D’ailleurs, la princesse Terria s’était levée pour prendre la parole à son tour :

« Merci à vous tous d’être venu dans mon château. »

Et elle continua de parler alors que lui-même observait le reste de la salle. A part les Rapions, il y avait quelques Yanmegas, l’homme aux cheveux verts qui le regardait, différents insectes dans des parures de noble. Hein ? Qu’est-ce que ça voulait dire ?

Pourquoi est-ce qu’il voyait dans les yeux de certains nobles … un regard haineux dirigé vers la princesse ? Des mains qui tremblaient ? Des poings qui se serraient ? Mais cela était aussi visible chez certains Yanmegas sauf que chez les Yanmegas, c’était porté sur les Rapions et les Drascores. Qu’est-ce que ça veut dire ? Comme il se trouvait à côté d’Holikan, pendant que la princesse parlait, il murmura au Yanma :

« Dis … J’aimerai savoir … que … Est-ce que c’est moi ou il y a une mauvaise ambiance ? »

« Tu sais très bien que les Rapions et les Drascores ne sont pas du tout appréciés par l’armée du royaume des insectes … non ? » chuchota Holikan avec calme.

« Ce n’est pas vraiment de ça … dont je voulais parler … Mais plutôt des nobles, des diplomates, enfin … Des autres personnes présentes. »

Holikan leva un sourcil, un peu étonné par les propos d’Earnos avant de jeter un bref coup d’œil autour de lui. Hum … Il n’avait pas totalement tort sur ce coup. C’était même un constat qu’il avait déjà remarqué auparavant. Néanmoins … Néanmoins, il ne pouvait rien y faire, il n’était qu’un enfant, comme lui.

« C’est rare qu’un débutant remarque un tel détail, Earnos. Mais dis-toi que … Certains ne voient pas d’un bon œil toute cette histoire. »

« Je pensais plus au fait que ces personnes pourraient risquer d’att … »

« Il vaut mieux que tu ne termines pas ta phrase, Earnos. Cela pourrait te causer beaucoup de problèmes. Je suis d’accord avec toi mais pour l’heure, il vaut mieux se taire. » termina de dire Holikan alors que le jeune Aspicot comprenait cela.

D’ailleurs, le discours de la princesse se termina juste un peu après, ses yeux rubis se posant sur eux deux. Elle avait un petit sourire bien qu’il n’avait pas réellement écouté ce qu’elle avait dit. Il espérait que ce n’était pas trop important. Pourtant, les murmures se firent entendre de plus en plus autour de lui, que cela soit de la part des nobles ou des soldats. Les Rapions et les Drascores ? Ils se relevèrent tout simplement, l’un d’entre eux prenant la parole à son tour, répondant au discours de Terria :

« Merci pour votre accueil chaleureux, princesse et future monarque Terria. Nous sommes heureux de constater que vous voulez continuer le travail de votre défunte mère, la reine Seiry C’est pourquoi nous mettrons tout en œuvre pour que nos relations diplomatiques s’améliorent et voient alors un jour nouveau se lever. »

« Merci de ces paroles, ambassadeur. Comme je vous l’ai signalé, des chambres sont mises à votre disposition pour les quelques jours que vous allez rester. »

« Merci bien mais il vaut mieux éviter que nous restions dans le château. Néanmoins, votre acte est louable, princesse Terria. Comme convenu, Olistar restera à vos côtés. »

Les Rapions et les Drascores s’inclinèrent respectueusement encore une fois devant la princesse avant de se retirer. Lui ? Il les regardait simplement partir. Les questions qu’il se posait ne concernaient guère ces personnes … mais plutôt le reste de l’assemblée.

Chapitre 13 : Une heureuse surprise

Chapitre 13 : Une heureuse surprise

« Hum … Pas de progrès … Aucun progrès. »

Il disait cela avec calme tandis qu’il poussait un profond soupir. Il avait maintenant plus d’onze ans. Ah … Il vieillissait mais ce n’était pas pour cela qu’il s’améliorait. Il avait même parfois l’impression de régresser. C’était horrible de s’imaginer une telle chose mais il sentait que c’était la vérité. Ah … Bon … De l’autre côté, ses parents venaient le voir assez souvent pour le féliciter et lui dire qu’il faisait du bon travail.
Du bon travail … Quelle bonne blague ! Son travail était auprès de la princesse … Or, la princesse, il ne la voyait pas le moins du monde et c’était cela le plus gros problème à l’heure actuelle à ses yeux. Elle ne sortait presque plus … ou alors accompagnée par plusieurs gardes. La pauvre jeune fille … Elle n’avait rien à voir avec celle d’il y a plusieurs années … Elle ne méritait quand même pas une telle surveillance ! Elle avait besoin … de sortir calmement … enfin de vivre correctement comme une jeune fille de son âge !

Mais lui … Ce n’était pas lui qui pouvait lui faire une telle chose. Pas le moins du monde même …Ah … Bon … C’était mieux de ne pas y penser. Assis sur son habituel banc, il regardait les autres soldats qui s’entraînaient. Pour prendre des coups, il était champion ! Mais pour en donner, il était par contre particulièrement mauvais. C’en était risible … Défendre la princesse ne consistait pas simplement à faire ça !

Enfin … Depuis des mois, il avait aussi la visite de la petite Scarhino. Herakié était quand même très … spéciale. Même les soldats semblaient surpris de sa présence. Il fallait dire qu’avec elle, nul n’essayait réellement de s’approcher de lui. Elle était quand même un peu trop jalouse. Heureusement qu’il ne connaissait aucune autre fille à part Douély et elle. La princesse Terria … Hahaha … Il eut un petit rire en s’imaginant Herakié qui se disputerait à cause de la princesse Terria. Enfin bon … C’était ainsi qu’elle était faite et il ne pouvait pas la changer. Bref malgré le temps qui passait et les nombreuses visites, il n’avait pas eu d’amélioration et il stagnait à son grand désarroi.

Bon ! Même si il avait plusieurs problèmes, ce n’était pas pour cela qu’il se lamentait. Il ne faisait que constater qu’il était mauvais ! Et pour éviter cela, il devait s’améliorer encore et encore ! Il se releva de son banc, prenant sa foreuse dans ses deux mains. D’ailleurs, il arrivait à se battre avec elle mais il avait l’impression de ne pas progresser aussi avec son arme. Ah … Bon ! Il s’approcha d’un soldat de son âge, lui demandant s’il voulait s’entraîner avec lui. Le jeune garçon qui était un Insecateur accepta, Earnos le remerciant.

« Evitons d’y aller trop fort, d’accord ? » demanda l’Aspicot.

« Ne t’en fait pas ! Tout le monde sait que tu ne tapes pas très fort mais que tu es aussi résistant qu’un roc, Earnos ! » répondit le jeune Insecateur.

« Ah … Je ne sais pas si je dois en être flatté ou non. »
Autant le prendre sur le ton du compliment, le garçon aux cheveux verts ne semblait pas vouloir chercher la bagarre. Néanmoins, il ne faisait que lui dire la triste vérité. Il servait véritablement de sac de frappe lorsqu’il s’entraînait. Enfin … Son visage n’en pâtissait pas car les autres évitaient de le cibler à cette hauteur … heureusement pour lui.

M’enfin, les journées maintenant, s’écoulaient rapidement, très rapidement et là, il avait eu le droit à du repos. Donc … Il allait pouvoir retourner chez ses parents, chose qu’l ne tarda pas à faire. Comme il ne les voyait qu’une fois par mois ou presque, c’était toujours plaisant de retourner à la maison … ou plutôt au magasin de fleurs. Après une marche de plusieurs minutes, il arriva jusqu’à la boutique, pénétrant à l’intérieur.

« Maman … Je suis rentré … » murmura-t-il tout simplement.

Aussitôt, il eut une petite forme qui vint atterrir dans ses bras. La plus jeune de ses sœurs était là, heureuse de le voir tandis que sa mère passait de l’autre côté du comptoir pour venir l’embrasser sur les deux joues. Oh … Il y avait bien Cassina aussi … Elle-même ne faisait que lui sourire, continuant d’arroser les fleurs.

« Tu aurais pu nous prévenir non ? Combien de fois t’ai-je déjà dit cela, Earnos ? »

« Pardon maman … Je voulais faire une surprise. Bonjour Cassina … Bonjour Olly ! Tu aides maman, c’est cela ? Tu ne fais pas de bêtises, j’espère ? »

La plus jeune de la famille hocha la tête négativement, faisant un sourire à son grand frère qui lui caressait le sommet des cheveux. Il en fallait vraiment peu pour qu’elle soit heureuse, n’est-ce pas ? Mais … Jiane … Ah … Vraiment, vraiment …

« Jiane et ton père sont déjà partis depuis quelques heures au travail. Tu devrais les voir cette après-midi ou ce soir … De toute façon, tu es là pour la journée. »

« C’est le cas. Enfin … Est-ce que je peux vous aider pour les fleurs ? » demanda le jeune garçon aux cheveux blonds, sa mère rigolant faiblement.

« Tu es là pour te reposer, c’est pourtant facile à comprendre non ? »

« Oui mais … Je ne vais pas rester là à rien faire non ? » annonça Earnos, un peu déconfit à l’idée de se tourner les pouces pendant plusieurs heures. Même si cela n’était pas forcément très visible quand on le regardait à cause de son physique, il était un travailleur !

« Et pourtant … Si ! C’est bel et bien le cas … Que je ne te vois pas aider Cassina ou Olly pendant que j’ai le dos tourné, c’est compris ? Olly apprend justement le métier. »

Il fit une petite mine boudeuse. Il n’aimait pas vraiment ça … Mais bon … Si encore … Il y avait Douély … Peut-être que … Qu’elle était revenue ? Il quitta le magasin, disant à sa mère qu’il revient le plus vite possible. Il se dirigea aussitôt vers le quartier des Munjas. D’ailleurs, ce quartier avait bien changé … Maintenant, les Munjas semblaient bien moins nombreux … au contraire des gardes de l’armée qui étaient présents.

« Petit ? Qu’est-ce que tu fais ici ? Ce n’est pas un endroit pour toi. »

« Je voulais juste voir … une Munja. » murmura Earnos en réponse au soldat qui s’était approché de lui pour le questionner.

« Il n’y a rien à voir ici. Il vaut mieux que tu rentres chez tes parents. »

Il avait parfaitement compris … Douély n’était toujours pas revenue … et elle risquait de ne jamais revenir dans le fond. Rien que le fait … de ne plus la revoir … Voilà qu’il se démotivait une nouvelle fois. Les mains dans les poches, il revint chez lui, pénétrant à nouveau dans le magasin de fleurs.

Pendant le reste de la journée, il restait assis, se triturant les doigts. Au final, il n’y avait pas de quoi être joyeux s’il regardait tout ce qui se passait autour de lui. Jiane faisait le même travail que son père alors qu’il ne voulait pas … Il y avait aussi Douély qui restait introuvable malgré toutes les suppliques qu’il lançait dans le vide chaque soir … Enfin, il y avait aussi l’entraînement qui n’emmenait à rien du tout. Il était inutile … particulièrement inutile, il le savait bien … Et puis, le pire restait quand même l’emprisonnement dans une cage dorée de la princesse Terria.

« C’est vraiment moche … depuis quelques temps. »

« Hum ? De quoi est-ce que tu parles, Earnos ? Qu’est-ce qui est moche ? » demanda sa mère en voyant la mine abattu de son fils.

« Oh … Pas grand-chose, maman … Vraiment … »

« Je ne sais pas pourquoi tu dis cela … Mais sache que tout n’est pas si noir … Tu n’es peut-être pas encore au courant mais sache que ta grande sœur va avoir un enfant. »

Sa grande sœur ? Il ne parlait pas de Cassina quand même ? Il se tourna vers l’adolescente, celle-ci hochant la tête négativement en rigolant. Bien sûr que non !

« Je parle de Passy … Tu sais bien qu’elle a quitté la maison depuis … »

« Passy va avoir un enfant ? » demanda t-il en se redressant de la chaise.

« Oui oui … Elle doit en être à environ à trois ou quatre mois d’après le médecin. Mais ne t’en fait donc pas à ce sujet … Elle va très bien. Pourquoi n’irais-tu pas la rendre visite dès que tu auras un jour de plus pour te reposer ? Ca serait une bonne idée. Elle serait folle de joie, je parie à ce sujet. » annonça sa mère.

« Maman … Tu penses que je pourrai être le parrain ? Enfin … Si elle veut bien … »

« Tu es un peu jeune mais pourquoi pas ? Tu n’auras qu’à lui poser la question. »

« Oui ! Bien sûr ! Bon … Quand est-ce que papa et Jiane rentrent aussi ? Je commence à avoir un peu faim. » s’écria le jeune garçon aux cheveux blonds.

« Et bien … Maintenant, tu m’as l’air tout de suite plus motivé. »

Sa mère l’observa, amusée par la situation tandis qu’il rigolait un peu. Il adorait les enfants, enfin … Ceux qui étaient plus jeunes que lui. C’était pour cela qu’il aimait ses petites sœurs … Alors savoir qu’ils allaient avoir un nouveau membre dans la famille, cela lui mettait du baume au cœur. Au moins … Il y avait de bonnes nouvelles dans ce monde. Il devait les accepter au lieu de se morfondre.

Chapitre 12 : Recouverte par la terre

Chapitre 12 : Recouverte par la terre

« Il n’y a jamais eu autant de monde … » murmura le jeune garçon aux cheveux blonds alors qu’il se retrouvait en face d’Olistar.
Celui-ci tenta de lui donner un coup au visage, le jeune garçon plaçant sa main devant celui-ci. La main d’Olistar percuta celle d’Earnos alors que le jeune garçon reculait faiblement sous la puissance du coup. Pourtant, il ne semblait pas être plus gêné que cela par ce qui venait de se passer. Il regarda derrière le Rapion, celui-ci prenant la parole :

« Tu devrais éviter de te déconcentrer. Je t’ai déjà dit ce qui risquait de se passer non ? »

« Je ne me déconcentre pas … Je suis même très concentré contrairement à ce que tu crois … Je ne fais que regarder le reste … Il y a tellement de personnes … »

Tellement de personnes ? Mais ce n’était pas le plus important ! Visiblement, il ne prêtait pas attention au combat hein ? Il retira son poing avant de le pointer en direction du ventre d’Earnos. Le jeune Aspicot plaça sa main pour le parer. Néanmoins, le second poing d’Olistar arriva en direction de son visage. Il le para de son autre main, Earnos disant :

« Tu vois … Je suis calme … Et je surveille tout ce que tu fais … Tu es plus rassuré ? »

« Pas le moins du monde … Tu ne sais même pas ce que je compte faire … La preuve ! »

Le crâne d’Olistar percuta celui d’Earnos, le jeune garçon poussant un cri de surprise avant de tomber au sol sur les fesses. Olistar se massa le front, gémissant un peu de douleur.

« Ça commence à être sacrément dur là. J’ai l’impression de m’être cogné contre un rocher. »

« Mais tu as vu ce que tu as utilisé comme technique aussi ? Aie, aie, aie. » marmonna le jeune garçon en se relevant, sanglotant presque. Heureusement qu’il était un soldat … Il remarqua le regard d’Holikan qui restait rivé sur lui et Olistar. Depuis déjà pas mal de temps, il commençait à le surveiller de plus en plus. Ça devenait quand même problématique.

« Qu’est-ce que tu regardes encore ? Si c’est Holikan, je t’ai dit de ne pas te préoccuper de lui. Il fait sa vie … Il peut me regarder, m’étudier, faire tout ce qu’il veut … Ce n’est pas un souci. Et tu sais pourquoi ? Car c’est son souci. »

« Oui mais quand même … Il faudrait discuter avec lui. »

« Je n’ai pas de temps à perdre avec lui. » annonça Olistar, haussant les épaules avec désinvolture. Depuis qu’il était dans l’armée … Il avait remarqué le changement de comportement du Rapion par rapport à lui d’ailleurs. Quand même … Il avait quelque chose de spécial ou quoi ? Il se le demandait … Mais bon … Il …

« Dites ? Est-ce que je peux vous prendre ce petit Aspicot ? »

Hein ? L’adolescent et l’enfant se tournèrent vers la personne qui venait de s’adresser à Olistar. C’était une jeune fille, qui devait avoir onze ans ou presque. Il ne connaissait pas … cette race d’insecte. De quelle origine elle était ? Olistar la regarda pendant quelques secondes puis Earnos avant de lui répondre :

« Bien entendu. Je n’ai pas l’exclusivité de ce petit Aspicot comme tu aimes l’appeler. Tu dois être content, Earnos, n’est-ce pas ? Tu vas t’entraîner avec une autre personne. »

« Euh … Oui … Ca me changera de me prendre des coups de poing de ta part. » dit Earnos, un peu surpris par la réaction d’Olistar qui s’éloigna pour se diriger vers Holikan. Après une courte discussion où il remarqua qu’Holikan s’énervait avant de sortir ses armes. Olistar semblait rire un peu avant de s’éloigner, Holikan le suivant. Cela allait être sacrément sanglant … Il valait mieux essayer d’arrêter ces deux-là avant que ça ne devienne violent.

« Bonjour ? Tu me regardes quand même un peu ? Je t’observais depuis quelques minutes. Contre un Rapion, tu n’as aucune chance de gagner, tu le sais ? »

Hein ? Quoi ? Il se tourna vers la jeune fille qui s’adressait maintenant à lui. Elle avait des cheveux bruns assez courts, deux yeux noirs tandis qu’elle portait une étrange … robe blanche et noire. Etrange ? Non pas parce qu’elle était habillée ainsi pour un entraînement mais à cause de ce qui s’y trouvait dessus.

« Pourquoi est-ce qu’il y a des morceaux de pierre sur ta robe ? » dit-il en désignant les morceaux du doigt. La jeune fille rigola légèrement avant de lui répondre :

« Et bien … Tu le sauras si tu me bats ! On n’y va pas maintenant ? »

« Bien entendu … Mais je te préviens, je ne suis pas très fort. »

Il était au moins sincère, c’était une bonne qualité. Elle l’observa avec un sourire avant de s’élancer vers lui. Elle ne déplaçait pas trop vite contrairement au Rapion … mais aussi … Elle était quand même assez lente même … C’était bizarre … Et ses coups étaient bien moins forts ? Est-ce qu’il allait réussir à la battre ? Il ne devait pas se vanter ou se croire trop fort, ce n’était pas du tout bon pour lui.

Le combat dura longtemps, très longtemps même. Il ne savait pas si cela était de la malchance mais à chaque fois qu’il frappait la jeune fille, il rencontrait une pierre de son habit. Il y en avait autant que ça ? Ses poings étaient endoloris et son corps était quand même un peu fatigué. Mais c’était aussi le cas de la jeune fille.

« Tu te débrouilles plutôt bien ! Normalement, tout le monde devrait déjà être fatigué … Mais toi, tu tiens bon ! C’est vraiment une bonne chose ! »

« Merci beaucoup … Je fais simplement de mon mieux. »

« Tu es un chevalier de la princesse aussi hein ? Ça doit être vraiment … superbe. » murmura la jeune fille, tentant de lui faucher les jambes d’un coup de pied bien placé.


Son pied percuta celui de la jeune fille pour le repousser. Elle s’écroula au sol, poussant un petit gémissement avant de se relever. Elle semblait heureuse et joyeuse de se battre contre lui. Il était si faible que ça ? Mouais … Enfin bon … Il soupira, se disant qu’il devait sûrement rêvé. Ce n’était pas forcément ça. Il devait prendre un peu plus confiance en lui.

« Dommage ! Tu viens de perdre, Earnos ! Tu devais surveiller le combat ! »

Comment ça ? Il n’eut pas le temps de réagir qu’une main se posa sur son cou. Il tomba avec violence sur le sol, la jeune fille venant s’asseoir sur lui avant de lui donner un puissant coup de poing sur le visage. Lorsqu’elle vit qu’il n’était même pas sonné ou évanoui par le coup, elle se releva, un grand sourire aux lèvres.

« C’est bien ce que je pensais. Tu as la tête plus dure que n’importe quelle pierre du royaume des insectes ! Je l’avais remarqué auparavant, je voulais le confirmer. »

« En me donnant un coup comme ça ? Aie, aie, aie … J’ai la migraine maintenant. » marmonna le jeune garçon aux yeux rubis.

« Ca te passera. Si tu préfères abandonner le combat car tu as trop mal, je comprendrai. »

Lui ? Abandonner de la sorte ? Il se redressa avec facilité, du moins ce qu’il pensait. Il tituba un peu, reprenant une position correcte quelques secondes après. La jeune fille sembla émerveillée, tapant dans ses mains avec joie avant de dire :

« J’abandonne le combat ! Tu as gagné … Earnos, c’est ça ? Je m’appelle Lisian, je suis une Cheniti. Heureuse de te rencontrer ! »

« Je m’appelle … Earnos et je suis un Aspicot … Enfin, enchanté de te rencontrer aussi ? » murmura d’une voix peu assurée.

« Je pense que oui. Nous allons nous revoir bien assez tôt ! Tu es quand même quelqu’un qui tient bon hein ? Toujours prêt à te relever ! »

Oui ? Enfin … Il ne savait pas ce qu’il devait comprendre. Elle s’approcha de lui, l’embrasant sur la joue alors qu’il ne réagit pas tout de suite. Elle s’éloigna avant de rire, le laissant seul tandis qu’Olistar revenait vers le jeune garçon. Il semblait assez exténué et avait quelques marques sur le corps.

« Et bien … On dirait que tu as réussi à taper dans l’œil de cette Cheniti. »

« Hein ? Oui … Enfin … Je ne sais pas vraiment … Qu’est-ce qui s’est passé ? »

« De ton côté ? Et bien … Il semblerait qu’il y ait quelqu’un qui t’apprécie malgré le peu d’estime que tu as pour toi. De l’autre côté … Si tu parles de moi, disons qu’Holikan s’est montré un peu plus tenace que d’habitude. »

« Ah … Enfin … D’accord. Je crois que je suis un peu perturbé. J’ai l’impression que les ennuis vont continuer d’arriver. » murmura le jeune garçon en s’éloignant un peu chamboulé.

« Méfies-toi quand même des Chenitis ! » répondit Olistar en le laissant s’éloigner.

Oui … Peut-être … Mais là, il avait visiblement bien besoin de se reposer. Il chercha un banc, allant s’asseoir avant de passer une main sur son front puis sa joue. Il était un peu … perturbé par les évènements. Il devait se l’avouer.

Chapitre 11 : Jamais sans surveillance

Seconde partie : Une société matriarcale

Chapitre 11 : Jamais sans surveillance

« Tu as entendu les nouveaux ordres du roi ? C’est un peu dingue quand même non ? »

« Bah … Il fait ça pour nous. Avec ce qui s’est passé depuis la mort de la reine Seiry, puis avec cette Munja … Enfin, j’ai entendu dire qu’il allait tout faire pour purger le royaume de l’intérieur. Tu savais que le commandant Loran était un traître ? Qu’il préparait un coup d’état avec d’autres personnes. Ca m’a étonné … Il était plus que respecté. »

Des soldats discutaient entre eux des derniers évènements du royaume. Depuis maintenant plus d’un trimestre, le roi était devenu comme obnubilé par la protection du royaume et de sa fille. Il était tout simplement impossible de ne pas se faire surveiller en permanence maintenant. Le jeune garçon aux cheveux blonds était assis sur son habituel banc, ayant remarqué depuis tout ce temps qu’il n’avait pas revu la princesse ou presque. Cette dernière n’avait vraiment pas de chance d’ailleurs à ce sujet … Oh que non … Il la plaignait et sincèrement … En même temps … Il se demandait où était Douély. Autant de temps et aucune nouvelle, elle lui manquait terriblement.

« J’espère qu’elle va bien … C’est tout ce que je veux … » se murmura-t-il à lui-même.

« Encore en train de te parler tout seul, Earnos ? Je t’ai pourtant déjà signalé que ce n’était pas une bonne chose. » annonça une voix sur sa droite, Earnos tournant son visage pour voir Olistar. Malgré tout ce qui se passait, le fait qu’il paraissait encore plus suspicieux, le Rapion semblait plutôt bien vivre les évènements actuels.

« Je pense que je suis encore capable de savoir ce qui est bon pour moi, Olistar. Ne me dit pas que tu veux que je te serve encore de sac de frappe ? Holikan n’appréciera pas du tout. »

« Oh laisse tomber ce qui se passe avec lui. Viens plutôt t’entraîner. Tu n’es pas encore assez renforcé … Et tu sais bien que les autres se moquent de toi. C’est une raison de plus pour les faire taire. Ne me force pas à te prendre la main. »

« Pfff … D’accord, d’accord … Je viens … Je prends ma foreuse et j’arrive. D’ailleurs … Pourquoi est-ce que tu ne t’entraînes pas avec les nouvelles recrues ? Elles sont bien meilleures que moi non ? Ça serait bien plus équitable. »

« Et si je te dis que je n’en ai pas envie ? Je préfère t’avoir comme adversaire. Non pas parce que tu ne me feras aucun mal mais parce que tu me donnes envie de te voir progresser et ça depuis le début. » dit Olistar avec calme et sérénité.

Depuis quand est-ce qu’Olistar était aussi amical envers lui ? Depuis qu’il était dans l’armée des insectes non ? C’était assez surprenant … Mais en même temps, il se méfiait au cas où. Bien qu’il ne soit pas paranoïaque comme Holikan, il restait quand même assez … sur ses gardes par rapport au Rapion. C’était des années de méfiance et surtout des siècles et des millénaires d’histoire entre les Rapions, les Drascores et le royaume des insectes.

« Bon ? Est-ce que tu viens ? Ou alors, je dois te traîner ? » reprit Olistar alors qu’il n’avait pas répondu après ses courtes phrases.

« Oui … Oui … C’est bon. J’arrive, j’arrive. Je vais prendre ma foreuse. » répéta le jeune garçon aux cheveux blonds avant de se lever de son banc.

Quelques minutes plus tard, il était face à Olistar, comme à son habitude. Le Rapion lui souriait, s’élançant vers lui sans même prendre la peine de se défendre. Il avait peu à peu compris à quoi jouait le Rapion avec lui. Il ne le remarquait que peu mais son propre corps devenait plus … résistant. Ainsi, il n’avait pas à avoir peur de se prendre des coups puisque son corps supportait la douleur mais en même temps …

« Je ne suis pas un sac de frappe ! » s’écria t-il subitement, courant en avant alors qu’Olistar tenta de donner un coup de pied.
L’adolescent aux cheveux violets tomba en arrière, Earnos sur lui. Le jeune garçon tenait sa foreuse dans ses mains, la soulevant dans les airs comme pour être prêt à l’abattre sur Olistar. Ce n’était qu’un entraînement donc il n’allait pas tuer Olistar mais il fallait quand même que le Rapion admette sa défaite sur ce coup.

« Très bien très bien ! ENFIN tu réagis comme il le faut, Earnos ! Tu sais bien que ce n’est pas en restant simplement inactif que tu pourras protéger la princesse de la sorte. Néanmoins, tu devrais faire plus attention à toi … Car tu es sans protection … »

Sans protection et où ça ? Il abaissa rapidement la foreuse au niveau du cou du Rapion, celui-ci le frappant violemment au ventre. Earnos fut pris de convulsions, toussant violemment avant de s’écrouler sur le côté. Le Rapion reprit :

« Bon … C’était vraiment bien … Mais j’ai l’impression que tu te rapproches de plus en plus du Coconfort … Ah … Ce terme utilisé … L’évolution …Des fois, cela change complètement notre corps. Oui … A tout jamais … »

Olistar poussa un profond soupir, comme si quelque chose le dérangeait plus que tout dans cette histoire. Il se releva, regardant si Earnos allait bien avant de lui dire :

« Demain, on refait la même, Earnos. Je t’attendrai alors ne t’avise pas de me faire faux bond. Je n’aimerai pas à avoir à te tirer de ta chambre. »

« … … J’ai compris … Je serai là demain. Mais quand est-ce que tu combattras sérieusement ? Car le coup … que tu m’as donné était différent des autres. » murmura le jeune garçon aux cheveux blonds, restant couché au sol.

« Quand j’estime qu’il sera l’heure voilà tout. »

« … … … Je vois, pardon de t’avoir posé la question. Je vais aller retourner m’asseoir sur le banc maintenant que c’est terminé. »

Aussitôt dit, aussitôt fait, Earnos se redressa pour se diriger vers son banc. C’était bizarre … d’être aussi démotivé … Il ne savait pas pourquoi il l’était … Pas le moins du monde … Pffff … Douély … Douély … Terria, la princesse Terria aussi. Ça ne devait pas être très joli de son côté. Hum … Il aimerait bien savoir comment elle allait. Il avait fait une promesse à la reine Seiry, il comptait la respecter mais comment faire en étant éloigné de la princesse ?

Il n’eut guère à attendre trop longtemps pour le savoir. Alors qu’il se dirigeait vers les quartiers où il demeurait pour dormir le soir, tandis qu’il marchait dans un couloir du palais, il put la voir. Mais comme il s’en était douté, elle n’était plus seule. Les deux Apitrinis à ses côtés n’avaient rien de bien surprenant … C’était plutôt les quatre soldats lourdement protégés autour des trois enfants le « problème ».

« Princesse Terria. » dit-il tout simplement alors qu’ils arrivaient à sa hauteur, la jeune fille aux cheveux blonds se tournant vers lui, un petit sourire triste aux lèvres.

« Earnos. » dit-elle avec neutralité alors que l’un des gardes se plaçait entre le trio d’enfants et Earnos. Il prit la parole à son tour :

« Princesse Terria, veuillez continuer à avancer et à vous rendre dans votre chambre s’il vous plaît. Nous ne pouvons pas vous laisser parler à un étranger. »

« Earnos est l’un de mes chevaliers personnels. Ce fut la dernière volonté de ma mère, la reine Seiry. Je pense quand même qu’il fait une exception non ? » demanda t-elle calmement.

« Les ordres de votre père sont formels. Seul Holikan peut vous adresser la parole parmi l’armée du royaume des insectes. Si vous voulez bien avancer … » reprit le soldat tandis qu’elle poussait un profond soupir.

« J’ai été contente de te voir, Earnos. Merci encore. Je dois m’en aller. »

Il ne fit qu’hocher la tête en réponse aux paroles de la princesse Terria. Il laissa passer la petite troupe avant de soupirer à son tour quand il n’y eut plus personne. Ce n’était pas vraiment une vie pour elle. A force, il allait finir par comprendre la réaction de la jeune fille … Celle qui consistait à s’enfuir dès qu’elle le pouvait.
Dans sa chambre, il se coucha, fermant les yeux longuement comme pour réfléchir à la situation. Il avait de la peine pour la princesse Terria mais il ne pouvait rien faire. Il n’était pas dans les bons papiers du roi … surtout après l’échec avec Douély. Qu’est-ce qu’il pouvait faire d’autre hein ? Il n’était pas faiseur de miracles.

« Mais … Si elle refait une fugue … Qu’est-ce que je vais faire ? »

Il parlait à voix haute puisqu’il était le seul … dans sa chambre. Mais il devait y réfléchir. Oh … Son cœur lui dictait déjà sa réponse mais son cerveau signalait le contraire. Il ne devait pas commettre de bêtises. Plus facile à dire qu’à faire … Mais … Bon …

« La princesse Terria est ma princesse. Je dois la servir … Et je dois aussi servir mon roi … Mais aussi mon royaume … Mais qui dois-je servir au-dessus des autres ? Les ordres du roi ? De la future Apireine ? Du peuple ? De tous ? Je n’ai que dix ans … bientôt onze … »

Et il se posait beaucoup trop de questions comparé à un enfant de son âge. Il aurait aimé … continuer son travail de foreur. Ça lui manquait déjà. Couché sur le lit, il chercha le sommeil pour quelques heures. Peut-il devait-il voir sur le moment ? Même si … La promesse faite à la reine était plus importante que les paroles du roi. Cela … Il en était sûr et certain. Mais pour l’heure … Il laisserait … les évènements se dérouler tranquillement.

Chapitre 10 : Le monde autour de lui

Chapitre 10 : Le monde autour de lui

« Douély … » murmura le jeune garçon alors qu’il était assis sur un banc. Devant lui se trouvait les soldats en train de s’entraîner. Il ne se reposait pas, il réfléchissait … Il réfléchissait à ce qui se passait. Depuis déjà plus d’un mois, il avait ce petit instant quotidien où il était immobile et stoïque, plongé dans ses pensées. Un mois … et aucune nouvelle de la Munja. Dire qu’il était inquiet serait mentir … Il était presque affolé bien qu’il ne le montrait pas. Pourquoi ? Pourquoi ? Tout simplement parce que le roi avait demandé à ce que l’on interroge tous les Munjas, que cela soit par la force si nécessaire.

La force … Pour quelle raison ? Est-ce qu’il y avait vraiment besoin d’utiliser une telle chose ? Il se le demandait … Il se posait sincèrement la question. Depuis plus d’un mois, il n’avait pas eu le temps de parler à la princesse. Pour un chevalier, il était bien pitoyable … et il négligeait ses relations sociales. Il repoussait Herakié, même si c’était gentiment … et il n’avait vu sa famille que deux fois en un mois … Douély … C’était aussi sa famille. La jeune femme était sa famille ! C’était normal qu’il se montre aussi inquiet non ? Ce n’était pas normal ? Est-ce qu’il avait fait une bêtise ? Ou quelque chose du genre ? Il avait besoin de savoir ! Il avait vraiment besoin de savoir ce qui s’était passé !

« Hey … Earnos, tu es prêt pour l’entraînement d’aujourd’hui ? » demanda Olistar, se tenant devant lui, le visage neutre. Le jeune garçon aux cheveux blonds releva son visage, le posant sur le Rapion avant de lui répondre calmement :

« Je ne sais pas si … Ça sera efficace … Pourquoi est-ce que tu ne vas pas t’entraîner avec Holikan ? Il est plus de ton niveau … Je ne te serai pas très utile. »

« Il n’attend que ça … et cela me fait sourire de l’exaspérer à ce point. Regarde donc le visage qu’il a … Il nous observe. » dit le Rapion en lui désignant du regard de voir vers la droite. Le Yanma se tenait à une dizaine de mètres, au milieu des combats, les bras croisés.

« Ah … Je ne pense vraiment pas que ça soit une bonne idée … »

« Si je te dis que si … C’est que ça l’est … Il faut que tu penses à autre chose au lieu de ressasser tous ses vieux souvenirs. Aller … Ne me force pas à venir te traîner. »

« N’utilise pas la force … Tu serais sûr de gagner. Je viens … mais je te préviens, je ne suis pas du tout motivé … » termina de dire le jeune garçon aux cheveux blonds avant de se lever, tenant sa foreuse dans les mains.
Il accompagna la Rapion, se plaçant face à lui alors qu’il entendit un petit grognement de la part du Yanma. Quoi ? Il ne faisait que s’entraîner avec lui, rien de plus … Ce n’était pas comme si … Ah … Non, contrairement au Yanma, il ne détestait pas particulièrement Olistar. Le combat commença, Earnos donnant la majorité de ses coups dans le vide, en recevant une bonne partie en plein sur son corps.

Le combat ne dura guère longtemps, une dizaine de minutes tout au plus … Et le visage d’Earnos était déjà parcouru par les bleus tandis que le Rapion semblait quasiment intact. Pourtant, l’Aspicot ne semblait pas plus fatigué que cela lorsqu’il annonça :

« Je crois que ça suffit comme entraînement. Si tu as besoin d’un sac de frappe … »

« Je t’appellerai bien que je ne te considère pas comme tel, je tiens à te le signaler. »

Oui oui … Il s’éloigna sans plus de paroles, un supérieur lui disant d’aller se reposer. Pourquoi est-ce qu’il acceptait à chaque fois de se faire mettre des baffes par ce Rapion ? Il était clairement au-dessus de lui … Et ça n’allait pas l’aider à s’améliorer hein ? Il quitta la zone d’entraînement, vagabondant dans le château avec sa foreuse à la main. Plusieurs fois, on lui signala d’aller se faire soigner ses petites blessures, plusieurs fois, il répondait par l’affirmative sans pour autant s’y rendre.
D’ailleurs … C’était lui ou depuis alors un mois, il y avait de plus en plus d’insectes qu’il ne connaissait pas ? D’ailleurs, ils étaient de plus en plus nombreux aux entraînements … Est-ce qu’il y avait eu un recrutement encore plus important ? Il n’était pas au courant … Mais après … Avec ce qui s’était passé, le roi avait perdu son sourire … La princesse elle aussi … semblait plus qu’inquiète et la seule chose qu’il avait entendue, c’était bien le fait que plusieurs personnes proches de la monarchie et des nobles avaient été trouvées, fomentant des coups d’état pour tenter d’abattre le roi et sa fille.

Et les exécutions n’avaient pas tardé … après bien sûr une petite séance de questions-réponses. Des exécutions … Au temps de la reine Seiry, il n’y en avait jamais eu. La princesse Terria avait annoncé qu’elle ne voulait pas que l’on fasse une telle chose mais comme elle n’était pas encore en âge d’être la future reine, seul le roi avait le pouvoir. Un pouvoir qu’il considérait comme nécessaire si il voulait protéger sa fille. Il avait annoncé maintes fois que c’était uniquement cette raison qui le poussait à agir ainsi. Lui ? De son côté ? Qu’est-ce qu’il pensait ? Pas grand-chose … Bizarrement, le choc de savoir la reine Seiry morte et la disparition de Douély … Il commençait à essayer de ne plus être affecté par ce genre de petits détails. Il ne pensait qu’à protéger la princesse à sa façon.

« Aie ! » s’écria t-il faiblement alors que quelqu’un venait de le percuter, le faisant tomber en arrière. Qu’est-ce qui … Il n’’avait même pas remarqué qui l’avait percuté.
Pourtant, lorsqu’il posa ses yeux sur la personne, il fut étonné de voir un enfant qui devait avoir à peine sept ou huit ans. Il avait d’étranges lunettes rouges sur les yeux. Des lunettes qui semblaient être fissurées de partout puisqu’il y avait plusieurs rayures noires dessus. Il arrivait vraiment à voir quelque chose avec elles ? Et toute cette fourrure violette sur lui … Il n’avait pas trop chaud ? Earnos se redressa, disant doucement :

« Pardon … Je ne t’ai pas fait trop mal. Je ne t’avais pas vu. »

« C’est de ma faute … J’étais trop pressé ! Je dois m’en aller ! Excusez-moi ! » répondit l’enfant avant de se redresser à son tour, courant en laissant sur place Earnos.

« Hein mais … Il n’était pas plus petit que la moyenne ? » demanda l’Aspicot, se disant que même pour un enfant de cet âge, bien qu’il ne le connaissait pas précisément, il lui semblait quand même bien … chétif au niveau de la taille.

Enfin … Ce n’était pas un … Non, il ne connaissait pas vraiment cette race. Il fallait dire qu’à la base, il n’avait pas réfléchit à cette éventualité … De voir d’autres insectes que ceux qu’il rencontrait habituellement pendant les séances d’entraînement. Il savait juste … qu’il en existait beaucoup plus qu’on ne le croyait.

D’ailleurs, il y avait aussi de plus en plus de Caratrocs. Il ne l’avait pas remarqué auparavant … Mais ces hommes et femmes dans des armures plus qu’imposantes … C’était les cuisiniers ! Les cuisiniers qui lui servaient habituellement à manger ! C’était encore plus étonnant de savoir qu’ils défendaient le château. Il avait appris qu’il était plus que difficile d’espérer les déloger de l’emplacement qu’ils prenaient.

« Pourquoi est-ce que tout le monde est excité aujourd’hui ? C’est quand même bizarre … vraiment trop bizarre même … Je devrais me méfier … hum … » se dit-il avant de retourner dans sa chambre, s’observant dans le petit miroir.

Son visage était dans un triste état … mais il savait que le Rapion ne faisait pas cela avec plaisir pour le faire souffrir, loin de là même. C’était simplement une façon comme une autre de s’entraîner … Oui … Olistar semblait même avoir des idées bien arrêtées sur ce qu’il faisait avec lui bien que l’Aspicot ne pouvait pas le comprendre. Ce qui se passait dans la tête du Rapion était souvent un mystère d’après ce qu’il avait saisi.

Mais bref … Ce n’était pas le moment de penser à une telle chose … Il s’approcha de la fenêtre de sa chambre, regardant le monde qui s’entraînait. D’ailleurs … A cette hauteur, il pouvait apercevoir les nouvelles races d’insectes qu’il n’avait jamais remarqués auparavant. Maintenant, quelques rares Yanmas étaient parmi les soldats … Et il n’y avait pas que ça … Diverses personnes qu’il n’avait jamais vues auparavant marchaient dans les couloirs. D’ailleurs, c’était lui ou alors il apercevait des Scarhinos qui soulevaient d’imposantes masses avant de se les envoyer les uns sur les autres ?

« Est-ce que le monde serait en train de devenir fou ? »

Il n’espérait pas … car il n’aurait pas la possibilité de l’arrêter. Il n’était qu’un simple enfant, rien d’autre … mais avec ce qui venait de se passer, il était facile de comprendre qu’il était inquiet, très inquiet même. Tout ceci n’annonçait rien de bon. Pourquoi est-ce que Douély était partie ? Si cela n’avait pas été le cas … Peut-être alors que ça ne se serait pas passé ?

« Earnos ? Earnos ? De nombreuses personnes m’ont signalé que tu ne t’étais pas rendu à l’infirmerie ! » dit une voix derrière la porte en toquant assez fortement.
Holikan ? Ah … Zut … Maintenant, il allait être forcé de s’y rendre. Il poussa un profond soupir, arrêtant de regarder par la fenêtre avant d’ouvrir la porte. Il avait entièrement raison. Devant lui se tenait le Yanma, le prenant par le bras avant de dire :

« Mais quand même … Pourquoi est-ce que tu acceptes une telle chose ? Tu sais pourtant réfléchir non, Earnos ? Alors, tu pourrais éviter de te faire martyriser par ce … cette … Ce … Rapion ! Je t’accompagne jusqu’à l’infirmerie pour être sûr que tu ne fasses pas faux bon. »

« Je ne crois pas que qu’il soit mauvais, Holikan … Pas du tout même … Et ce n’est pas si grave, cela changera avec le temps. Comment va … la princesse ? »

Il n’obtint aucune réponse de la part du Yanma. Avait-il reçu des ordres pour l’empêcher de parler de la princesse à lui ? C’était … surprenant et un peu triste. Il était quand même aussi un chevalier … Mais bon … Avec le monde qui changeait autour de lui, il ne pouvait pas vraiment penser à lui dans cette histoire. Bon … Direction l’infirmerie.

Chapitre 9 : Disparue de ce monde

Chapitre 9 : Disparue de ce monde

« Donc mademoiselle Douély est une personne très importante pour moi. » annonça le jeune garçon aux cheveux blonds. Le roi toussa un peu avant de reprendre :

« Soit … Nous allons devoir nous préparer pour nous rendre dans le quartier des Munjas de ta ville, Earnos. Tu seras celui qui nous guide et qui fera notre porte-parole. »

D’accord … Il comprenait … et il vit le sourire de la princesse Terria qui l’encourageait sur cette voie. Bon si tel était le cas, alors il n’avait aucune raison de refuser. Il allait juste devoir trouver de sacrés arguments pour convaincre Douély de recommencer la manœuvre une seconde fois. Déjà que … La première fois, elle avait été quand même plus que réticente. Est-ce qu’il avait mis les pieds dans un engrenage plus que dangereux ? Peut-être … Mais bon … Pour l’heure, il allait devoir chercher ce qu’il allait dire à la jeune femme.

« Est-ce que je peux vous demander la permission de me retirer dans ma chambre, roi Tanator ? J’aimerai pouvoir réfléchir à tout cela … »

« Bien entendu, tu as mon accord. Le temps que nous nous préparions, ma fille et moi, ainsi qu’une petite troupe de soldats, il va se passer environ deux heures. Cela te semble-t-il plus que satisfaisant, Earnos ? » demanda le roi en souriant.

« Oui, oui ! Bien entendu ! Je vais donc me préparer tout de suite, roi Tanator. » dit le jeune garçon avant de se diriger vers la sortie. Il revint rapidement dans la chambre, posant une main sur son cœur. Ah … Le roi … Il espérait que tout allait bien se passer.


Il avait le trac … Et pas qu’un peu. Mais bon … C’était une demande royale, encore plus que celle de la princesse ! D’ailleurs, la princesse semblait un peu intimidée aussi … Il fallait dire qu’elle avait peur qu’il se fâche, il en était sûr mais cette fois … Il n’allait pas se mettre à lui faire la tête, ce n’était pas un souci. Bon ! Qu’est-ce qu’il devait dire à Douély ?

« Ce n’est pas simple … Pas simple du tout … Hier, j’ai réussi à l’amadouer mais maintenant … Aujourd’hui, ça ne risque pas de marcher. » murmura t-il à lui-même.

Mais ça ne l’aidait pas à trouver une solution de se parler tout seul ! Bon … Alors … Qu’est-ce qu’il avait comme idée ? Comme solution ? A l’heure actuelle ? Aucune … Bon ! Fini de rêvasser ! Il n’y avait qu’une réponse à tout cela et c’était …

« Je verrai sur le moment ! Douély ne peut pas me refuser une nouvelle fois ! Si elle a accepté la première fois, elle acceptera surement la seconde ! »

C’était aussi simple que ça ! Voilà tout ! Bon … Par contre, il ne lui avait pas fallu deux heures pour trouver cette idée. Et qu’est-ce qu’il allait faire ? Et bien … S’entraîner … Il reprit sa foreuse, allant sur le terrain avant de commencer à donner des coups dans le vide, visant des cibles invisibles.
Pfiou … Deux heures allaient plus vite passer à s’occuper de la sorte plutôt qu’à regarder son plafond. De toute façon, il n’était pas le genre de garçon qui aimait rester là à ne rien faire. Non … Il avait besoin de bouger … bien qu’on ne pouvait pas forcément le deviner en connaissant son caractère habituel. Oui … Il était ainsi, il ne pouvait pas rester inerte.

On vint le cherche lorsqu’il fut temps, un soldat l’emmenant auprès du roi et de la princesse. Elle allait être aussi du voyage, n’est-ce pas ? Tant mieux, au moins, il se sentirait moins seul pendant la conver … Hum ? Il vit Holikan, semblant surpris … Mais aussi Olistar ? C’était surprenant … Mais il valait mieux ne rien dire alors.

« Maintenant que tout le monde est prêt … Nous pouvons y aller. » annonça le roi avant que chacun ne se mette en route. Les soldats étaient tout autour d’eux tandis que le jeune garçon était à la même hauteur que la princesse, Olistar et Holikan derrière eux. Aussitôt, après cinq minutes de marche, elle murmura :

« Je … Earnos … Je voulais te dire que, ce n’est pas moi qui … »

« Princesse Terria, ne vous inquiétez pas à ce sujet, je ne suis pas en colère par rapport à vous. Pas du tout même, je sais parfaitement que vous n’avez rien dit. Mais vous sembliez si désolée, je ne veux pas que vous croyez que je vous en veux. De toute façon, même si cela avait été vous qui aurait prévenu votre père, le roi Tanator, je ne l’aurai pas mal pris. »

« C’est vrai ce que tu me dis ? Je ne voudrai pas que … ça recommence. » chuchota la jeune fille aux yeux rubis tandis qu’il poussait un léger soupir.

« Ça ne me dérange pas du tout. De toute façon, je m’y attendais un peu depuis le jour où on m’a dit que je devais éviter de revoir Douély. Au final, maintenant on m’y force. » termina-t-il de dire alors qu’elle souriait. C’est vrai ! Les adultes étaient trop bêtes. Des fois, ils voulaient une chose et le lendemain, ils voulaient le contraire.

Olistar et Holikan les observaient. Le premier semblait amusé par les deux enfants plus jeunes que lui tandis que le second semblait suspicieux. Devant l’air qu’il donnait, Olistar lui donna un petit coup de coude dans la hanche avant de dire :

« Alors … On est inquiet pour sa fiancée ? »

« Aie ! Ne t’avise plus de refaire cela, c’est compris ? Je ne suis pas le moins du monde inquiet, pourquoi est-ce que je le serai ? Je ne vois pas ce qu’il y a de bizarre ou inquiétant à ce qu’ils discutent tous les deux … »

« Oh … Bien entendu, il vaut mieux se voiler la face, n’est-ce pas ? »

Se voiler la face ? Qu’est-ce qu’il insinuait par-là ? Et depuis quand est-ce que le Rapion faisait ce geste ? Ils n’étaient pas amis ! Il n’avait pas intérêt à recommencer car la prochaine fois … Cela risquait de très mal se finir entre eux deux, oh que oui. Il avança plus rapidement qu’auparavant, rejoignant la princesse Terria et Earnos. Il commença à parler avec eux tandis que le Rapion restait derrière, le visage neutre.

« L’histoire … a la vie dure … très dure … C’est dommage. » murmura l’adolescent aux cheveux violets, restant en retrait par rapport aux autres.

Mais bon … Il fallait l’accepter. On ne modifiait pas autant d’années, de décennies … voir même de siècles, si plus … en un instant. C’était pour cela qu’il était présent, n’est-ce pas ? Pour pouvoir changer le cours des choses, sans être forcément capable d’y arriver.

Ils arrivèrent au quartier des Munjas bien que quelques curieux les aient accompagnés à distance, restant au loin pour éviter les ennuis. Ils attendaient … de savoir ce qui se passait. Le jeune garçon toqua à la porte de Douély, prenant la parole. Il devait la convaincre … mais aucune réponse. Il reprit la parole, cherchant calmement à se faire comprendre. Bon … Il espérait que cette fois-ci, ça passe.

« Ouvrez la porte ! Nous n’avons pas de temps à perdre ! » s’écria le roi, des soldats forçant l’ouverte de la demeure de Douély pour voir qu’elle était complètement … vide.

Qu’est-ce que ça voulait dire ? Les soldats commencèrent à fouiller dans chaque pièce, aucune trace de la Munja. Le garçon aux cheveux blonds cria son nom plusieurs fois, espérant qu’elle l’entende, qu’elle signale sa présence mais rien de rien.

« Où est-ce qu’elle est passé ? DOUELY ! Tu m’entends ? C’est Earnos ! Douély ! »

« Père … Normalement, Douély habitait ici mais … Peut-être qu’elle n’est pas là pour le moment ? » chuchota la jeune fille aux cheveux blonds à son père.

« Ce n’est pas possible, princesse Terria. » annonça Earnos, ne pouvant pas mentir à ce sujet. « Douély a toujours été là quand je venais la voir. Je ne pense pas que ça soit un coup de chance … à chaque fois … Ca veut dire qu’elle était là tout le temps. Je ne crois pas qu’elle soit partie comme ça, il doit y avoir une raison. »

« Qu’importe la raison, il faut me la retrouver dès maintenant ! Fouillez tout de suite les autres maisons des Munjas ! Trouvez-la moi MAINTENANT ! » cria une nouvelle fois le roi alors qu’Earnos semblait surpris de la réaction de celui-ci.

Dans quoi … Dans quoi est-ce qu’il venait de se lancer ? Il ne comprenait pas … Mais … Mais il avait un peu peur. Les soldats quittèrent la maison de Douély tandis qu’il restait à l’intérieur, accompagné de Terria, Olistar et Holikan. Le Rapion observa les meubles, passant un doigt dessus avant de murmurer :

« Elle est partie sans même prendre ses affaires … Il semblerait qu’elle ne voulait pas que le roi la trouve … Ni le roi, ni personne d’autre. Qu’est-ce qui s’est passé hier ? »

« Hier … J’ai vu ma mère … avec Earnos. Nous avons parlé … Et elle m’a demandé de faire attention aux personnes qui entourent mon père … mais aussi de continuer à œuvrer pour la réconciliation entre les Rapions, Drascores et le royaume des insectes. » dit la jeune fille aux cheveux blonds tandis que le Rapion se tournait vers elle.

« Votre mère était quelqu’un de formidable … Bien qu’elle était responsable en partie de ce qui s’était passé il y a presque vingt ans. Elle a voulu racheter ses erreurs … et elle a bien fait. J’espère que vous continuerez à suivre sa voie, princesse Terria. »

« C’est ce que je ferais … Pas forcément pour les Rapions et les Drascores mais parce que je t’apprécie, Olistar. » annonça la jeune fille, un petit grognement se faisant entendre de la part d’Holikan. Même si il était au courant, ça ne lui plaisait pas.

Et Earnos ? Il était resté immobile, ne sachant guère quoi penser. Où … était … Douély ?

Chapitre 8 : Le conseiller

Chapitre 8 : Le conseiller

« Tu es sûr de vouloir me raccompagner, Earnos ? Si on te remarque avec moi, il y a des chances que tu te fasses crier dessus. Ce n’est pas très … chevaleresque d’accompagner une princesse dans ses bêtises. » murmura la jeune fille aux cheveux blonds.

« Cela l’est encore moins de la laisser seule sans rien faire. » répondit aussitôt le jeune garçon aux cheveux blonds alors qu’ils marchaient lentement mais surement en direction du château.

Il ne disait rien du tout, faisant simplement attention à ce qu’ils ne se fassent pas repérés. Il y avait quand même un gros problème … Il venait d’y penser … mais quand personne n’allait le voir pour s’entraîner … ni dans sa chambre … Et puis, là, quelques heures s’étaient écoulées … Et il y avait aussi la princesse Terria. Oh non … Il allait avoir de gros soucis.

« Tu as l’air un peu inquiet … Mais ne t’en fait pas, comme d’habitude, si il y a un souci, tu peux compter sur moi. Surtout que tu m’as rendu un grand service aujourd’hui. » annonça la jeune fille aux cheveux blonds en ayant un grand sourire aux lèvres.

« Je ne pense pas que vous pourrez m’aider, princesse Terria. Si le roi lui-même apprend cela, il risque de ne pas apprécier … Ni mon père, d’ailleurs. »

« Tu es mon chevalier … Tu as essayé de m’arrêter mais tu n’y es pas arrivé, voilà tout. Bien entendu, si Holikan ouvre la bouche au mauvais moment, cela se passera mal pour lui. » murmura la jeune fille, l’intonation résonnant comme une menace qu’il valait mieux qu’elle ne la mette pas à exécution. Pfiou … Il se sentait un peu plus rassuré maintenant.

Maintenant, ils étaient aux abords du château et ils s’approchèrent du petit passage secret, Terria passant avant lui tandis qu’il surveillait ses arrières. Ils rentrèrent à l’intérieur du château puis enfin, il était temps de se séparer. Il valait mieux qu’ils ne les voient pas ensembles. Il s’apprêta à partir, s’inclinant respectueusement devant Terria.

« Je vais vous laisser maintenant, princesse Terria. » murmura l’Aspicot.

« Attends un peu, Earnos ! J’ai quelque chose pour toi ! »

« Je n’ai rien besoin, princ … » dit-il avant de s’arrêter, la jeune fille aux cheveux blonds plongeant contre lui avant de l’enlacer longuement.

Qu’est-ce que … Cela voulait dire ? Il avait du mal à saisir la raison d’un tel acte, restant imperturbable alors que la jeune fille chuchotait :

« Merci pour tout … vraiment … Tu en as fait beaucoup aujourd’hui, Earnos. »

« Je n’ai fait que mon rôle de chevalier, princesse Terria. » annonça-t-il alors qu’elle retirait ses bras de sa taille, lui disant :

« Alors, continue toujours de me protéger, d’accord ? Et ne t’en fait pas, ce n’est pas parce que tu n’es pas aussi fort qu’Holikan et Olistar que tu es moins bien. Pas du tout même. »

Hum … Il ne savait pas si il devait prendre ça comme un compliment mais vue le sourire qu’elle lui fit, il hocha la tête avant qu’elle ne s’en aille, le saluant. Il la regarda partir sans rien dire, ni agir avant d’aller de son côté. Bon … Ca allait surement bien se passer, il allait juste inventer une excuse ou autre si on lui posait des questions.
Du moins, ça aurait dû se passer ainsi mais le lendemain, il eut la surprise de voir deux soldats qui demandaient où il se trouvait à d’autres personnes qui s’entraînaient. Elles le désignèrent du doigt, le jeune garçon s’arrêtant de donner des coups de foreuse, attendant qu’ils arrivent vers lui. L’un des soldats prit la parole :

« Earnos ? Le roi aimerait te voir. Il semblerait que cela soit au sujet d’une Munja. »

« Hein ? Euh … » balbutia le jeune garçon avant de dire : « Bien entendu. Je pense que je suis exempt d’entraînement pour le moment. C’est dommage. Je vous accompagne. »

Il n’avait pas vraiment le choix de toute façon. Il suivit les deux soldats, se demandant … si Terria avait parlé de cela à son père. Non … Elle ne ferait pas une telle bêtise … Mais en même temps … Cela consistait à voir sa mère morte … Donc peut-être que cela aurait intéressé le roi, n’est-ce pas ? Ah … Il espérait ne pas avoir de gros problèmes.
Il arriva jusqu’à la salle du trône, apercevant le Yanmega et sa fille. Celle-ci était assise sur l’autre fauteuil, baissant la tête, un peu rougissante. C’était donc elle … qui avait pris finalement la parole ? Ah … Bon … Il ne lui en voulait pas cette fois car il comprenait ce qu’elle avait fait … Oui, cette fois, il ne lui en voulait pas le moins du monde. Non … Bon … Il s’inclina devant le roi, attendant les paroles de celui-ci.

« Earnos … Ne t’en fait donc pas … Je ne t’ai pas convoqué pour te réprimander. Néanmoins, ta réaction en dit long sur ce que je pensais … Ainsi … Tu es sûrement au courant de la raison de cette convocation, n’est-ce pas ? »

« Je … Je le crois, roi Tanator. » murmura le jeune garçon, n’osant pas relever la tête.

« Cela concerne une certaine Munja que tu connais très bien il semblerait. »

« Ma… Mademoiselle Douély ? » demanda Earnos, posant son regard rubis sur le roi, plus qu’inquiet maintenant. Il avait désobéi aux paroles du soldat la dernière fois !

« C’est exact … J’ai appris hier que tu étais parti avec ma fille … pour aller la voir. La raison d’une telle action m’intrigua et j’ai dû demander à la princesse ce que cela voulait dire. Ce qu’elle m’a appris … était plus qu’étonnant. »

« Ne lui faites pas de mal, je vous en prie. » murmura le garçon, apeuré à cette idée.

« Du mal ? Mais pourquoi cela ? Je ne savais guère … qu’une telle Munja existait. Elle a sûrement des pouvoirs immenses et était sûrement une personne d’une grande importance dans le passé pour pouvoir invoquer l’esprit de ma défunte femme. » dit le roi avant d’éclater de rire. C’était … la première fois depuis cet incident … qu’il l’entendait rire. « Revoir ma femme … Cela me permettrait alors de lui parler … encore et encore … Mais bon … Cela aussi nous permettra d’en connaître un peu plus sur ce qui s’est passé. »

Bien entendu … C’était normal … Le roi voulait trouver ceux à l’origine de l’assassinat de sa femme … Pourquoi autre chose ? Il avait oublié cela … et il se sentit un peu soulagé à cette idée. Enfin bon … Ce n’était pas pour autant que tout était arrangé, loin de là même.

« Hum … Visiblement, je suis arrivé en retard. » annonça une voix derrière Earnos, celui-ci se retournant pour apercevoir une personne qu’il n’avait jamais vue.

Qui était-ce ? De longs cheveux verts … Deux yeux rubis … Mais rien que l’allure et la posture de l’homme d’une trentaine d’années sûrement … donnait tout simplement l’impression qu’il était un noble … un très grand noble. Il passa à côté d’Earnos, ses yeux rubis se posant sur lui avant que se dessine un sourire sur ses lèvres.

« Ah … Je suis désolé mais j’étais impatient de discuter avec Earnos au sujet de la petite conversation d’hier. » répondit le roi humblement comme d’égal à égal … Impressionnant … C’était vraiment impressionnant dans le fond … Il ne s’attendait pas à cela.
L’homme aux longs cheveux verts se positionna à côté du roi, restant debout alors que ses yeux fixaient maintenant l’Aspicot. Gloups … Il ne connaissait pas du tout cette personne et ça l’inquiétait quand même beaucoup … beaucoup trop même.

« Et bien soit … Depuis mon arrivée, nul ne parle … Vous pouvez continuer ce dont vous étiez en train de parler, n’est-ce pas ? » annonça l’homme aux cheveux verts alors qu’Earnos se demandait de quelle race il était.

« C’est correct. Ne perdons guère plus de temps. Earnos … Si je t’ai convoqué, c’est bien parce que tu sembles être le seul capable de pouvoir convaincre cette Munja de nous aider. »

« C’est … C’est correct … Pardonnez-moi pour ce que j’ai fait avec votre fille. »

« Hum ? De quoi donc ? Au sujet de cette Munja ? Tes intentions étaient nobles … Et en vue des conséquences, il s’avère que cela était une bonne chose. »

Une bonne chose ? D’avoir mis la princesse en danger ? Visiblement, le roi lui pardonnait cet écart mais quand même … C’était étonnant. Il devait remercier sa chance … ou quiconque d’autre. L’homme aux cheveux verts annonça :

« Néanmoins, la princesse était à ses risques et périls … Il faut éviter de faire une telle action sans prévenir au préalable diverses autorités compétentes. Cela aurait pu donner quelque chose de bien plus grave … »

« Je le … sais parfaitement … C’est pour cela que je m’excusais. »

« Allons, allons … Comme souvent, Earnos ne pensait pas à mal. Et ma fille était accompagnée de l’un de ses chevaliers, ce n’était pas si grave que cela. Ce n’est pas comme si Earnos l’avait emmenée dans un territoire inconnu de tous et de toutes. »

Oui c’était ça ! Mais bon … Maintenant, il appréciait déjà bien peu cette personne aux cheveux verts. Et … La conversation n’était visiblement pas terminée. Qu’est-ce qu’ils allaient faire avec Douély ? Et puis … Il avait sûrement un rôle dans tout cela … sinon, le roi n’aurait pas perdu de temps à le convoquer pour lui parler de la Munja.

Chapitre 7 : Un message pour la génération future

Chapitre 7 : Un message pour la génération future

« Comment … Comment est-ce possible ? » demanda l’esprit de la reine avec surprise alors qu’elle regardait autour d’elle. Ses yeux se posèrent sur la Munja, reprenant la parole : « C’est donc vous qui … Mais … Hum … »

« Ma … Maman ! » s’écria la jeune fille aux cheveux blonds, montant à moitié sur la table, le visage baigné par les larmes alors que la reine Seiry tournait son visage vers sa fille.

« Terria ? C’est donc toi qui a demandé … Je vois … Earnos. » murmura l’esprit en posant finalement son regard sur le jeune garçon aux cheveux blonds. Celui-ci hocha la tête plusieurs fois comme pour la saluer, tremblant un peu.

« C’est … C’est Earnos qui m’a aidé ! Il m’a dit qu’il connaissait une Munja qui était capable de te faire revenir ! C’est bien toi hein ? Hein ? Maman ! »

« C’est bel et bien moi … Même si cela s’avère étonnant … Et bien … Pourquoi m’avoir rappelé ici ? Tu as sûrement une raison … d’avoir fait une telle demande, n’est-ce pas ? »

« Maman … Je voulais … Je voulais juste te voir … C’est tout. » murmura la jeune fille en rougissant, un peu honteuse car elle venait de comprendre l’idiotie de ce qu’elle avait demandé. Juste … pour revoir sa mère … Elle avait mis en péril le travail du jeune garçon … Elle avait désobéi aux paroles de son père.

« Je te comprends … Je te comprends tant … Moi aussi, je suis heureuse de te voir, Terria … Tellement heureuse … Cela est arrivé si brusquement … »

« Maman … Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi … Pourquoi est-ce que c’est arrivé ? »

« Je ne sais guère comment ils ont été mis au courant mais il semblerait que le secret des Apireines fut découvert. Je ne pense pas que ton père l’eut dit à quelqu’un qui aurait alors donné cette information … à mes assassins. »

« Je tiens à signaler que la petite discussion ne peut durer qu’une demi-heure, une heure au maximum. Je ne suis pas capable de garder le contact plus longtemps. » annonça Douély subitement alors que la conversation semblait déjà prendre un chemin d’une longue discussion, très longue discussion entre la mère et la fille.
« Je … Je ferai vite … Je veux juste lui parler … lui parler … » répéta plusieurs fois Terria en remerciant Douély pour ce qu’elle avait fait.

« Ce n’est pas grand-chose … Mais cette discussion, je ne la sens pas nécessaire pour ma part. Earnos, tu m’accompagnes ? Nous allons sortir tous les deux. »

« Euh … Douély … J’aimerai rester ici, s’il te plaît. » murmura le jeune garçon aux cheveux blonds, la jeune femme semblant surprise des paroles de celui-ci.
Il avait envie de rester ? Bon … Elle ne s’était pas attendue à cela mais qu’importe. Elle prit Earnos, le forçant à s’asseoir sur ses genoux devant le regard étonné de la reine Seiry. Cette femme … Hum … Peut-être qu’après … Elle allait discuter avec elle. Mais avant … Il fallait d’abord parler avec sa fille … de choses plus importantes.

« Terria … Comment va-ton père ? Comment … accepte-t-il ma mort ? »

« Père … se sent très mal depuis ta mort. Mais il va bien quand même. Je … Je … Je vais bien aussi même si c’est difficile. Père fait tout pour que je sois très bien entourée et protégée. » murmura la jeune fille en baissant la tête.

« En te laissant aller voir une Munja ? » demanda la reine Seiry en lui souriant.
Elle trembla, regardant évasivement Earnos. Non … Ce n’était pas du tout le cas. Visiblement, l’esprit semblait heureux puisqu’il émit un petit rire cristallin avant de reprendre :

« De toute façon … Si tu es accompagnées par Earnos, tu n’as rien à craindre, n’est-ce pas ? »

« C’est vrai ! Earnos, c’est lui qui m’a tout dit au sujet de Douély et de pouvoir t’invoquer. Tu sais … Enfin … Maman … Pourquoi est-ce que tu as tout fait pour que je me rappelle de la promesse avec lui ? Car c’était toi … la fleuriste. » chuchota la jeune fille, un peu rougie par l’émotion. Elle ne savait pas vraiment quoi dire d’autre à ce moment.

« Tout simplement car Earnos ne l’avait jamais oubliée malgré les années qui passaient. N’est-ce pas normal que de faire quelque chose pour que la future Apireine du royaume se rappelle de celle-ci ? » annonça l’esprit avec calme.

« C’est vrai … Mais maintenant … Earnos est devenu mon chevalier, comme Holikan. »

« Oh … C’est donc une bonne nouvelle dans le fond. Je peux alors partir l’esprit tranquille … Mais avant, il faut quand même que je te prévienne. »

La prévenir de quoi ? Earnos tendit l’oreille, intrigué par les propos de la reine alors que Terria faisait tout pour se concentrer. Elle ne devait pas trahir la confiance de sa mère, pas du tout même ! Alors … Qu’est-ce qu’elle allait lui dire ?

« Ton père va sûrement penser que les Rapions et les Scorplanes sont les responsables de ma mort. Il y a même de fortes chances que tout ce que … »

« Maman, je continuerai à tout faire pour que la paix avec les Rapions et les Scorplanes arrivent ! Je te le promet ! » coupa la jeune fille avant même que la reine ne termine ses paroles, celle-ci lui souriant tendrement. Plus besoin … de s’expliquer là-dessus. « En plus … Olistar est quelqu’un de très bien. Malgré les remarques d’Holikan, il est toujours là pour venir me protéger comme lui ou Earnos. »

« Oh … Olistar a ses petits secrets mais c’est un jeune Rapion de confiance, oui. »

Elle croyait les paroles de sa mère. Même si Olistar restait quelqu’un de discret, il s’ouvrait peu à peu depuis qu’Earnos était dans l’armée. Elle avait remarqué cela avec les nombreux entraînements et affrontement entre eux deux. Enfin … Sa mère avait sûrement autre chose à lui dire, non ? Car il n’y avait pas que ça … Elle s’en doutait même … Earnos était toujours assis sur les jambes de Douély. Ça ne semblait pas lui déplaire … d’ailleurs.

« Terria ? Terria ? Est-ce que tu as compris ce que je viens de te dire ? » demanda l’esprit de la reine Seiry alors que la jeune fille arrêtait d’observer Earnos.

« Euh … Non … Je suis désolée … Maman. » murmura la princesse, un peu honteuse.

« Je te demandais de prévenir ton père de se méfier de ses plus proches alliés … Déjà qu’auparavant, nous nous méfions tous les deux, cela ne semble pas s’être arrangé. La raison est justement ce que je t’ai demandé … auparavant. La paix avec les Rapions et les Drascores ne plait guère à tout le monde. De même, si les Rapions et les Drascores nous rejoignent … bon nombre de personnes seraient vite mises à l’écart. Les Drascores sont des insectes plus que puissants … mais aussi doués. Avec eux parmi nous, la noblesse corrompue subirait très vite une remise à l’ordre. Il faut alors que tu préviennes ton père mais aussi son conseiller d’être très prudents. S’il y a une guerre qui arrive … Elle proviendra de l’intérieur même du royaume. » termina de dire la reine Seiry avant que Douély n’annonce :

« Bon … Je suis désolée … Mais je commence sérieusement à fatiguer. Earnos … Tu vas raccompagner la princesse … Je ne vais pas la laisser rentrer seule. »

« Et bien … Alors … Il est temps pour moi de partir. » murmura l’esprit de la reine.

Mais elle … Elle ne voulait pas ! La jeune fille aux cheveux blonds se leva, tendant la main vers la reine Seiry bien que cela ne servit à rien. Earnos se leva à son tour, prenant la main de la princesse avant de signaler qu’il la raccompagnait maintenant. Il remercia encore une fois Douély pour tout ce qu’elle avait fait, Terria faisant de même bien qu’elle n’arrêtait pas de regarder sa mère. Néanmoins, les deux enfants quittèrent la demeure de la Munja, laissant seuls l’esprit et celle-ci.

« Et maintenant … Puisqu’ils sont partis … » commença à dire la reine Seiry.

« Je pense qu’il est grand temps de repartir de l’autre côté … Je n’aurai jamais dû faire une telle chose … Vraiment … Tout cela pour un jeune Aspicot. » se dit à elle-même la Munja, retirant ses bandages et s’apprêtant à renvoyer l’esprit là d’où il venait.

« J’ai une petite question … Mademoiselle Douély, n’est-ce pas ? » reprit l’esprit.

« … … … Je pense que je ne vais pas y répondre. »

« Normalement … Invoquer l’esprit d’une Apireine n’est pas une chose que la majorité des Munjas puisse faire. Ainsi … Je vous le demanderai … Qui étiez-vous ? »

« Je ne suis pas obligée d’y répondre. Néanmoins, vos agissements étaient très bons pour une Apireine … Au moins, contrairement à la majorité des précédentes, vous avez essayé de réparer les erreurs de ce royaume … » chuchota la Munja avec lenteur.

Réparer … les erreurs ? L’esprit fut intrigué par les paroles de Douély, celle-ci ayant terminé de retirer ses bandages avant de se positionner en face de la reine Seiry.

« Ce que j’étais … n’existe plus … Comme pour tous les Munjas. Ce que j’ai fait … ne se reproduira plus … Adieu, reine Seiry. » dit Douély avant que l’esprit ne disparaisse.

Chapitre 6 : Bien parce que c’est lui

Chapitre 6 : Bien parce que c’est lui

… … … Hum … … … Cela faisait bien deux semaines que la princesse Terria n’était pas venu le chercher. Peut-être que dans le fond, le projet était trop … dangereux pour elle et qu’elle avait préféré rebrousser chemin ? Il ne lui en voudrait pas le moins du monde mais bon, il aurait aimé être au courant.

Mais qu’importe … Il essayait de ne plus trop y penser. Encore une fois, en pleine matinée, alors que tout le monde dormait encore. Il se leva de son lit, se lavant rapidement avant de se diriger vers la cantine. Personne … Toujours aussi vide, n’est-ce pas ? Sauf bien sûr les cuisiniers qui étaient déjà debout depuis bien longtemps. Il les avait salués, mangeant tranquillement et en silence tout en gardant sa foreuse près de lui.

Lorsqu’il sortit de la cantine, sa foreuse en main, il fut soudainement plaqué contre un mur puis tiré sans qu’il ne puisse réagir. Une jeune fille aux cheveux blonds l’emmenait rapidement dans les couloirs, se cachant derrière un mur avant qu’il ne reconnaisse la princesse. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? La jeune fille était à moitié endormie, les cheveux blonds partant en plusieurs épis bien qu’elle lui souriait.

« C’est l’heure d’aller voir cette Douély. » signala t-elle avec joie.

« Heu … Princesse Terria … Vous êtes sûre qu’à moins de quatre heures et demi du matin … Cela soit vraiment une bonne idée ? »

« C’est la seule bonne idée que j’ai eu … Holikan n’était toujours pas d’accord pour que je vienne … Et puis, je ne vois pas pourquoi je serai en danger. Tu es l’un de mes chevaliers donc tu es là pour me protéger. Et puis, comme ça, aucune personne ne viendra nous déranger à cette heure-ci ! » reprit-elle, gardant son sourire.


Il n’était pas sûr que beaucoup de personnes soient déjà levées … Même Douély d’ailleurs … Mais bon … Il avait fait cette proposition à la princesse, il allait devoir la respecter, n’est-ce pas ? Ah … Il déposa correctement sa foreuse sur le dos avant de dire :

« Et bien … Alors … Une promesse étant une promesse, je vous accompagne. Néanmoins, je ne connais pas aussi bien que vous le château pour pouvoir m’en « échapper » discrètement. »

« Tu peux tout de suite dire que je ne pense qu’à m’enfuir du château hein ? Mais c’est vrai … Je connais beaucoup de passages secrets. Et en même temps … Personne ne sait ce dont je suis capable et je préfère ne pas encore le montrer … »

Hum ? De quoi est-ce qu’elle parlait ? Il se le demandait bien alors qu’il l’accompagnait, la jeune fille se déplaçant avec agilité et la grâce qui la caractérisait. Elle n’avait pas peur de salir très faiblement sa robe alors qu’ils avançaient à nouveau à travers les couloirs, évitant de rencontrer quelqu’un bien que cela serait rare à cette heure-ci.
Enfin … Elle désigna un trou caché par les herbes dans un mur, passant à l’intérieur pour quitter le château. Wa … Wah … Elle était vraiment plus maligne qu’on ne pouvait le croire. Trouver un tel endroit … C’était remarquable de sa part. Il sortit à son tour, complimentant la princesse pour cette échappée bien qu’il savait qu’il ne devait pas le faire. Elle rigola faiblement, lui demandant maintenant de bien vouloir la guider.

Il s’exécuta, la jeune fille le suivant bien qu’il jetait souvent un regard derrière lui pour se rassurer. Il ne voulait surtout pas commettre de bêtises avec elle. Si il lui arrivait un malheur … Et puis avec les paroles étaient toujours dans sa mémoire. Les Munjas étaient mauvais ? Et Douély avait peut-être tout manigancé depuis le début ? Non … Il ne voulait pas y croire. Elle n’était pas comme ça et il le savait parfaitement.

« Voilà … Nous sommes là … Par contre, veuillez rester très près de moi, d’accord ? »

« C’est un … C’est un endroit plutôt bizarre. » murmura la jeune fille avec une légère inquiétude tandis qu’ils étaient arrivé dans le quartier des Munjas du village du jeune garçon.


Gloups … Il ne s’était pas attendu … à ce qu’en fait … Autant de Munjas soient réveillés à cette heure-ci. Il devait être six heures et bien qu’ils aient beaucoup marché, aucun des deux n’était fatigué. Ils s’approchèrent de la porte de la demeure de Douély, Earnos demandant à la jeune fille de ne pas parler. Il toqua plusieurs fois, prenant la parole :

« Douély … Douély … C’est moi … Earnos … J’ai ramené quelqu’un qui voudrait te voir. »

« Earnos ? Mais … Qu’est-ce que tu fais ici à cette heure-ci ? Et qui est cette personne ? »

Il ne lui répondit pas, attendant que la porte s’ouvre avant d’apercevoir la jeune femme qui était à nouveau recouverte par les bandages et autres artifices. Terria recula un peu, comme effrayée par cette apparition alors que Douély les laissait rentrer.

« Douély … Je … J’aimerai que tu ramènes l’esprit de quelqu’un … La reine Seiry. » demanda aussitôt le jeune garçon lorsqu’ils furent installés.

« Hors de question, Earnos. C’est une chose bien trop grave ce que tu me demandes. »

Hein quoi ? Il ne s’était pas attendu à un refus de la jeune femme, celle-ci restant immobile tandis que Terria serrait les poings Ce n’était plus possible de reculer maintenant !

« Je suis la princ … » commença à dire la jeune fille avant qu’Earnos ne mette la main devant sa bouche pour qu’elle évite de parler. Mais … Mais …

« Douély … S’il te plaît … » murmura avec lenteur le jeune garçon alors que la jeune femme hochait la tête plusieurs fois négativement.

« Quand je dis non, c’est non. Ne me force pas à me répéter, Earnos. Ça ne marche pas comme ça. Si tu es simplement venu pour me demander ça, c’est non. »

« … … … Je voulais juste te demander cela … pour me faire plaisir … Je pensais que tu aimais bien me faire plaisir … » chuchota Earnos avec lenteur.

Qu’est-ce que … C’était quoi cette moue qu’il était en train de faire ? Terria était en train de l’observer, étonnée de voir la mine triste de l’enfant Aspicot. Douély l’observait lui aussi, regardant ses yeux rubis pendant plusieurs secondes. Il releva son regard de quelques centimètres pour qu’elle puisse mieux le regarder. Ah … Ah non ! Hors de question ! Ca ne marchait pas … Hum… Quand elle le voyait… Ça lui rappelait…

« Earnos … Je ne sais pas où tu as appris une telle chose … Je ne sais pas ce qui te pousse à faire ceci mais sache que … Hum ! ET ZUT ! »

Sans crier gare, la Munja vint subitement enlacer l’Aspicot, Terria poussant un cri de surprise. C’était quoi cette femme ? Le jeune garçon se laissa faire, un petit sourire aux lèvres. Il n’aurait jamais pensé que … que ça marcherait … Il était fier de savoir … qu’il avait un petit peu de charme et en même temps il avait honte de l’avoir utilisé sur Douély.

« Une fois … Une fois je veux bien le faire … Mais quand même … Pourquoi est-ce que la princesse Terria veut rencontrer l’esprit de sa mère ? »

« Je … Je … J’aimerai lui parler un peu … Je n’ai pas eu le temps … C’est arrivé si vite. » commença à bredouiller la jeune fille alors que Douély se séparait du jeune garçon.

« Hum … Ce n’est pas à moi de m’intéresser à cela. Bon … Je reviens … Il va falloir que je me concentre visiblement … Me demander d’invoquer l’esprit d’une reine. Quand même … Earnos … Je te conseille de faire de ton mieux pour avoir une semaine de vacances d’ici le prochain mois. Oh oui … Car ce n’est pas simplement avec des petits yeux d’Aspicot battu que tu m’auras de la sorte. »

« … … … Je demanderai à la princesse Terria de trouver un moyen pour cela. » annonça le jeune garçon, Terria répondant aussitôt :

« Tant que je peux revoir ma mère, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir, promis. »

Pfiou … Heureusement que la princesse était là … Mais en même temps, les paroles de la Munja étaient plus que … surprenantes. Heureusement que Terria ne posait pas trop de questions hein ? Mais quand même, quand elle le regardait brièvement, elle semblait quand même … se dire que ce n’était pas vraiment normal tout cela. Douély était partie, se préparant pour l’invocation de l’esprit.

Une dizaine de minutes plus tard, elle était revenue, sans qu’il n’y ait quelque chose de changé … Qu’est-ce que ça voulait dire ? Elle n’allait quand même pas annuler hein ? La peur et la déconfiture se lurent sur le visage de Terria.

« Vous … Vous … Vous allez faire quoi ? » demanda-t-elle avec appréhension.

« Et bien … Je croyais que nous allions invoquer la reine Seiry, non ? Tu en as de la chance … d’avoir Earnos de ton côté. Sinon, j’aurai refusé net même pour une personne de sang royal comme toi. Tu devrais le remercier après. »

« Il n’y a pas besoin de cela, Douély. Je ne fais que mon rôle de chevalier de la princesse. C’est ce que j’estime être tout simplement … une chose normale pour moi. » coupa une nouvelle fois Earnos avant que la jeune fille ne prenne la parole.

Ils avaient … autre chose à faire pour le moment. Réunis autour d’une table, une forte lueur commença à émaner de Douély. Peu à peu, la lueur quittait son corps, formant une sphère de lumière au milieu de la table jusqu’à ce que celle-ci prenne une forme particulière. Une forme que les deux enfants connaissaient parfaitement, Terria étant en larmes.

Chapitre 5 : Proposition royale

Chapitre 5 : Proposition royale

« Earnos ? Te voilà donc … Bien que tu aies eut une permission de te reposer pendant une semaine après … le violent combat d’entraînement avec le … Rapion … » commença à dire un homme en armure rouge face à lui alors qu’il se trouvait dans un bureau. Un garde se trouvait derrière lui, surveillant la porte alors qu’il ne savait pas pourquoi il avait été contacté ici. C’était bizarre … Il n’avait rien fait de mal non ?

« Euh … Oui … Enfin …Merci beaucoup pour cette semaine. »

« Néanmoins … Néanmoins, il semblerait que tu sois rentré en contact avec les Munjas de ton village, n’est-ce pas ? » demanda une nouvelle le Cizayox avec lenteur alors qu’il ne pouvait qu’hocher la tête positivement, prenant la parole :

« C’est le cas. Je suis ami avec l’une d’entre eux qui s’appelle Douély. Pourquoi cette question ? Est-ce que c’est un problème ? »

« Tu es encore bien jeune … et je veux mettre ça sur le compte de ton innocence mais tu ne dois pas t’adresser à eux. Leurs pouvoirs sont incompréhensibles et maléfiques. Ainsi, il vaut mieux que tu ne cherches plus à reprendre contact avec la Munja avec qui tu parlais. »

« Je … Je comprends ce que vous voulez dire mais … Mademoiselle Douély est quelqu’un de très bien, qui s’est occupée de moi alors que je n’étais qu’un enfant … Je me suis perdu et elle a été là pour me sauver. Sans elle, je ne serai peut-être même plus là. » dit le jeune garçon aux cheveux blonds, apeuré un peu à l’idée de ne plus revoir la jeune femme.

« Hum … Je comprends, bien entendu … Mais malheureusement, c’est une simple mesure de précaution. Les Munjas n’ont guère une bonne notoriété et réputation dans l’armée. C’est un conseil, surtout que tu es l’un des chevaliers de la princesse Terria. Il suffirait que cette … Douély te manipule pour que la vie de la princesse soit en danger. »

Ce n’était pas possible ! Douély n’était pas comme ça ! Il le savait pertinemment ! Il allait répliquer mais … dans le fond … Il se doutait que le Cizayox ne disait pas cela pour le faire hurler … mais simplement pour le mettre en garde. Il y avait sûrement des Munjas maléfiques … comme chez chaque race d’insectes mais … bon … Et oui … Il y avait aussi la princesse Terria. Et elle, il devait absolument la protéger.

« Il faut nous comprendre, Earnos. Avec les récents événements … La sécurité du royaume est ce qui importe le plus. Lorsque tu as rejoint l’armée des insectes, tu t’en doutais, n’est-ce pas ? Alors … Il faut que tu penses à couper les ponts avec cette Munja. » continua de dire l’homme en armure rouge alors que le jeune garçon baissait la tête.

« Je … Je suis d’accord … Je veux bien que … Est-ce que je pourrais la revoir une dernière fois ? Au moins … Lui dire quelque chose. » annonça Earnos.

« Et te mettre en danger ? Est-ce que tu comprends la portée de tes paroles ? »

Mais … Mais … Mais … Il ne pouvait pas l’abandonner comme ça ! Partir du jour au lendemain sans même prévenir ! Rien qu’avoir cette idée était horrible … Encore plus que la séparation … Et son autre idée … justement … était à jeter visiblement. Dire qu’il aurait voulu en parler avec la princesse Terria avant qu’il ne se fasse refusé tout cela.

« Mais ce n’est pas grave ! » s’écria une voix de derrière la porte avant qu’elle ne s’ouvre, le garde se poussant au bon moment pour l’éviter.

La jeune fille aux cheveux blonds et à la parure royale se tenait là, les bras croisés, le regard légèrement froncé alors que derrière elle se trouvait Holikan. Le Cizayox s’était levé de sa chaise, comme étonné que la princesse se trouve devant lui avant de s’incliner respectueusement. La princesse reprit la parole :

« Ce n’est pas grave du tout … Ce n’est pas si important que ça et vue comment Earnos fait son travail, il n’est pas vraiment à juger là-dessus. »

« Princesse Terria … Sauf votre respect, nous parlons d’une Munja … »

« Une Munja qui ne lui a rien fait et qui ne semble avoir aucun antécédent. Il ne faut pas juger une personne sur sa race. Earnos, tu pourras retourner la voir quand tu veux. »

Le Cizayox allait prendre la parole pour contester mais la jeune fille fronça une nouvelle fois son regard, signe qu’elle ne voulait surtout pas être contestée. Depuis la mort de sa mère, elle se montrait assez … acariâtre dira-t-on.

« Tu peux t’en aller, Earnos. » reprit la princesse alors qu’il hochait la tête pour signaler qu’il avait bien compris. Il quitta le bureau, s’éloignant de quelques mètres jusqu’à attendre que la princesse Terria ressortit quelques minutes plus tard, accompagnée d’Holikan. Elle sembla surprise de le voir avant qu’il ne lui dise :

« Princesse … Est-ce que … je peux vous parler ? J’ai … une proposition à vous faire. Enfin, je pense qu’elle vous fera plus que plaisir mais … Disons que … Ca concerne justement la Munja dont je parlais avec … »

« Hein ? Euh … Bien entendu … C’est vraiment très rare que tu m’adresses la parole. » murmura la jeune fille aux yeux rubis, Holikan levant un sourcil d’étonnement.

« J’ai … Euh … Il vaudrait mieux que je vous en parle en privé, princesse Terria. Surtout en vue de comment les personnes réagissent … C’est une mesure de précaution. »

« Néanmoins, je vous accompagne tous les deux. » signala Holikan, ne laissant guère le choix à la princesse et à l’Aspicot de pouvoir contester ses paroles.

« Comme tu veux tant que tu ne répètes pas à tout le monde ce qu’il va me dire. » conclut la jeune fille avec autorité, signe qu’il valait mieux qu’il ne joue pas à un jeu stupide avec elle sur ce point. Elle n’était pas vraiment en « état » de s’amuser.

« Alors … Si vous voulez bien me suivre. » annonça Earnos.

Ils quittèrent les couloirs, se retrouvant dehors bien qu’ils restaient dans le château. Les entrainements continuaient mais étaient moins nombreux. Ils s’installèrent sur un banc, la jeune fille assise à côté d’Earnos, Holikan restant debout, regardant les alentours.

« Alors … Qu’est-ce que tu voulais me dire en secret ? » demanda la jeune fille, attendant bizarrement avec une certaine impatience les paroles d’Earnos.

« Alors … C’est juste une idée comme ça … car j’ai envie de vous voir heureuse. Voilà … Quand j’ai été chez Douély, j’ai appris de sa propre voix qu’il était possible de rappeler les esprits des personnes mortes. Enfin … Les Munjas en sont capables. »

« … … … Earnos, tu … » commença à dire Terria, le regard un peu trouble.

« Je me disais que c’était peut-être une bonne idée que d’y aller ensembles et de voir pour votre mère … La reine Seiry, qu’est-ce que vous en pensez ? »

Il … Il … Elle avait du mal à le croire mais ce que le jeune garçon lui proposait, c’était tout simplement … de revoir sa mère ? Mais mais … Mais … Devant le regard qu’elle lui lançait, Earnos reprit aussitôt la parole :

« Bien entendu, ça ne la fera pas revenir hein ? Je suis désolé de reparler de ça … Mais si vous voulez lui laisser un message, lui parler … C’est peut-être une bonne idée. »

« Je ne trouve pas que cela soit une bonne idée … Surtout d’emmener la princesse au-dehors du château. Earnos, je pensais que la discussion avait été compréhensible sur ce point. Avec tout ce qui s’est passé, je … »

« Si tu es si inquiet à mon sujet, tu n’auras qu’à nous accompagner, Holikan. » coupa aussitôt la jeune fille, un sourire aux lèvres, sourire qui n’avait plus été présent depuis si longtemps.

« Je pense qu’il vaut mieux que je prévienne … »

« Que tu préviennes qui ? Je pensais que j’avais été claire à ce sujet, Holikan. Si tu as pu écouter ce qu’il m’a dit, c’est bien parce que j’ai accepté. »

« Mais princesse … Cela est beaucoup trop dangereux ! » reprit le Yanma, confus mais obligé d’obéir aux ordres de celle qu’il doit protéger.

« Et alors … Tu n’auras qu’à venir avec nous. Bon … Euh … Merci beaucoup Earnos. Je viendrai te chercher lorsqu’on pourra y aller, d’accord ? »

« Bien entendu … Princesse Terria. Maintenant, je vais retourner m’entraîner comme les autres. De plus, il ne faut pas que les gens pensent que je vous importune. »

L’importuner ? Elle ? Elle recula son visage, un peu étonnée par les paroles d’Earnos alors que celui-ci se levait du banc. Il devait retourner dans sa chambre pour aller prendre sa foreuse puis ensuite se préparer à s’entraîner. Il s’éloigna sans un mot, s’inclinant auparavant devant la princesse. Il devait reprendre son occupation première.

Quant à elle, en vue du sourire et du petit saut qu’elle fit pour se lever, sa joie venait de grimper à forte échelle. Elle signala à Holikan de partir faire son entraînement lui aussi mais en même temps de bien oublier de ne surtout pas répéter ce qui avait été dit ici. Le Yanma poussa un profond soupir avant de retourner à son propre entraînement.