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Chapitre 4 : Ne pas la blesser

Chapitre 4 : Ne pas la blesser

« Je vais aller voir mademoiselle Douély. Ca fait très longtemps que je ne l’ai pas vue. » dit le jeune garçon aux cheveux blonds, sa mère poussant un léger soupir.

« Est-ce que tu as prévenu Herakié à ce sujet ? Car si elle vient te chercher alors que tu n’es pas là et que tu es en repos normalement … » murmura-t-elle alors qu’il bredouillait :

« Euh … Sincèrement, je ne préfère pas du tout qu’elle soit prévenue … Après, elle va vouloir me suivre et je veux être seul avec mademoiselle Douély. J’y vais maintenant ! »

Il s’éclipsa aussitôt, ne voulant pas continuer la conversation. Loin de là même ! Deux minutes plus tard, il était déjà dehors en train de courir. Hérakié allait lui faire une crise de jalousie mais qu’importe, le plus important était de voir Douély. Il n’eut aucun mal à se rendre le quartier réservé aux Munjas, regardant autour de lui. Hum … Ils étaient toujours aussi peu nombreux dans les rues … mais en même temps … Ils étaient toujours aussi silencieux et sinistres … et encapuchonnés.

« Douély … Mademoiselle Douély … Elle est … ici. » dit-il en retrouvant l’endroit où elle habitait, s’approchant de la porte. Lorsqu’il fut près d’elle, une sinistre voix s’adressa à lui :

« Earnos … Earnos … Qu’as-tu fait ? Pourquoi n’es-tu pas revenu ? »

« Euh … Mademoiselle Douély … Si c’est vous, je rappelle que ce n’est pas drôle du tout. Je ne suis pas quelqu’un de froussard et de peureux. » murmura-t-il bien qu’il sentait un souffle froid qui lui caressait la nuque, le forçant à se retourner. « Je vous ai dit d’arrêter ! Ce n’est pas drôle du tout, mademoiselle Douély ! »

La porte grinça, s’ouvrant légèrement. Il n’allait pas tomber dans le piège grossier. Elle lui en voulait car ça faisait déjà quelques semaines qu’il n’était pas venu la voir. A cause de tout ce qui s’était passé, il n’avait pas vraiment eut le temps pour une telle chose. Même si il le regrettait amèrement quoi … Enfin bon …

« Ce n’est pas drôle du tout ! » répéta-t-il en s’avançant vers la demeure maintenant ouverte.

Lorsqu’il pénétra à l’intérieur, la porte se referma derrière lui et tout s’enchaîna. Deux yeux bruns apparurent en face de lui, brillant dans le noir. Il poussa un cri, les yeux se déplaçant à toute vitesse sur la droite alors qu’il s’était mis à courir, se cognant contre le coin d’une table. Il pouffa de douleur, son corps s’arquant à cause de cela. Il se retrouva violemment plaqué sur le sol, ou du moins, pensa que c’était le cas avant de sentir qu’il était couché sur un canapé. Et sa tête se retrouvait enfouie dans quelque chose … de doux … mais qui l’empêchait de respirer. Il tenta de se mouvoir, une petite voix plaintive disant :

« Mais arrête de bouger ! C’est ta punition ! Tu es paralysé ! »

Paralysé ? Il pouvait quand même bouger ! Il continua de se mouvoir jusqu’à ce que deux lèvres se posent sur ses deux joues. Aussitôt, il se stoppa, immobile comme si il avait été réellement paralysé. Ce baiser … si bon …

« Tu vois … C’est ce que j’avais dit, Earnos. »

Finalement, la lumière revint, laissant paraître le visage souriant de la Munja. Celle-ci était toujours la même avec ses longs cheveux bruns, magnifiques à observer. Ce qu’il avait senti sur sa tête … C’était bien … euh ce qu’il pensait hein ? PFIOU ! Il avait un peu plus chaud maintenant à cause de ses bêtises.

Alors … Euh … Qu’est-ce qu’il devait faire ? Il était venu pour … quoi ? La jeune femme vint s’asseoir à côté de lui, le regard froncé avant de placer ses mains autour de son ventre. Elle le sera avec tendresse contre elle, le jeune garçon ne bougeant plus du tout. C’était … sympathique … Ça lui avait manqué aussi … Elle lui avait manqué aussi.

« Euh … Mademoi … » commença t-il à dire avant de s’arrêter. « Douély … Ca faisait très longtemps hein ? Vous m’avez manqué aussi … Enfin, tu m’as manqué … »

« Depuis cet incident avec … la reine et j’ai appris que tu étais rentré dans l’armée du royaume des insectes, je me demandais si tu m’avais oubliée. »

« Ah non ! JAMAIS ! Ça c’est impossible ! Je ne t’oublierai jamais ! » dit-il avec entrain alors qu’elle lui souriait, reprenant avec douceur :

« Je ne suis pas d’accord … Tu ne devrais pas être dans l’armée … Tu es beaucoup trop jeune et tu n’es pas fait pour cela, Earnos. »

« Je sais bien … que les Munjas ne sont pas appréciés … mais tu n’as pas à t’en faire, je ne te ferai jamais de mal, Douély ! Jamais ! Tu veux que je te raconte tout ce qui s’est passé ? »

Hum ? Pourquoi pas ? Elle s’apprêta à le relâcher de son étreinte mais le jeune garçon s’installa sur ses jambes. Et bien … Il commençait à faire son poids, n’est-ce pas ? Est-ce qu’il n’en profitait pas un peu par hasard ?

Une demi-heure s’écoula, le jeune garçon ne s’étant pas arrêté un seul instant dans son histoire. Il lui racontait la promesse faite à la princesse mais aussi à la reine, le fait que son père était un ancien général et toutes ces choses. Lorsqu’il eut terminé, la Munja semblait songeuse, avant de dire avec lenteur :

« Les Munjas peuvent converser avec les morts … Ainsi, on peut rentrer en relation avec les esprits des défunts. Oh … C’est quand même difficile, surtout quand les personnes sont très puissantes à la base de leur vivant … Mais c’est ainsi … »

« C’est très bien comme pouvoir, ça. Pourquoi est-ce que les Munjas ne sont pas appréciés ? Vous êtes pourtant … loin d’être effrayants. Toi, tu es vraiment jolie, Douély. » dit-il en rougissant un peu, la jeune femme aux yeux bruns rigolant.

« Et bien … Depuis quand tu essaies de flatter ma personne ? »

« Je ne fais que dire la vérité, Douély ! » répondit le jeune garçon aux cheveux blonds aussitôt, Douély, collant sa joue contre la sienne.

« Tu sais que parfois, tu es drôlement mignon quand tu parles de la sorte, Earnos. Ça me donne envie de te dévorer tout cru. Et dire que tu vas continuer à grandir. »

Et ? Qu’est-ce que cela allait faire ? Il ne comprenait pas … mais il avait senti une petite pointe de tristesse dans la voix de la Munja. Il frotta sa joue contre celle de Douély, comme pour la rassurer bien qu’il ne comprenait pas. Il ne voulait pas la savoir triste … alors il allait tout faire pour éviter qu’elle ne le soit.

« Dis … Earnos … Tu veux passer la soirée ici ? Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Je … Je n’ai pas d’affaire … Mais je veux bien … Je vais en prendre chez mes parents et je reviens tout de suite ! D’accord ? »

Bien entendu. Ils allaient passer une journée ensemble. La matinée venait à peine de débuter. Il repartit presque aussi vite qu’il était venu. Puis le temps passa, dix minutes, puis vingt … Enfin, une heure … puis une second heure. Assise sur le canapé, la jeune femme tapotait du pied sur le sol, se disant à elle-même :

« Il n’aurait quand même pas osé me faire ce coup ? Ce n’est pas dans son caractère … mais autant de temps … Qu’est-ce qu’il est en train de faire ? »

Brrr ! Elle n’appréciait pas vraiment cela … mais bon … Elle allait lui faire une grosse frayeur quand il reviendra ! Et puis … Depuis quand se comportait-elle de la sorte ? Hum … Depuis l’apparition de l’enfant dans sa demeure il y a de cela plusieurs années … Mais c’était ainsi, elle ne se le reprochait pas le moins du monde.

« Douély ! Douély ! Je suis de retour ! Enfin ! » s’écria une voix de derrière la porte.
Elle l’ouvrit, s’apprêtant à lui remonter les bretelles s’il en avait possédées. Mais en voyant que le jeune garçon semblait exténué, elle préféra lui demander :

« Tu en as mis du temps. Tu m’as l’air épuisé. Qu’est-ce qui s’est passé pendant ces deux heures ? A croire que tu as fait un marathon. »

« Je suis tombé … sur Herakié … Tu sais, je t’en ai déjà parlé, c’est la petite Scarhino. Et bien … En fait, elle m’attendait à la boutique de fleurs. Elle m’a demandé où j’étais, où est-ce que j’allais, j’ai dû lui mentir … Enfin, je n’aime pas mentir … Mais pour qu’elle soit contente et satisfaite, j’ai passé deux heures avec elle. Maintenant, je suis là pour toute la journée. »

« Oh … Mon pauvre petit Aspicot … Viens donc par là … » chuchota avec tendresse la Munja avant de passer une main dans ses cheveux couverts de sueur.

Il poussa un petit gémissement de plaisir, souriant tout en fermant les yeux. Quand elle l’appelait ainsi, il aimait particulièrement la sensation qu’il avait. C’était bizarre … et chaud en même temps. La jeune femme lui murmura que pour le reste de la journée, c’était repos. Ils allaient s’amuser et se distraire tous les deux, chose que le jeune garçon ne pouvait sûrement plus faire depuis qu’il était dans l’armée des insectes.

« On va essayer de faire que cette journée te donne envie de revenir encore une fois, n’est-ce pas ? » dit-elle alors qu’il ne lui répondait pas, appréciant la position dans laquelle il se trouvait. Il était d’accord avec tout ce qu’elle voulait. Le plus important pour lui, c’était de rester avec elle le plus longtemps possible. Mais il n’oubliait pas son rôle ailleurs.

Chapitre 3 : L’amour trouble

Chapitre 3 : L’amour trouble

« Tu as obtenu un jour de repos ? Qu’est-ce que tu vas en faire, Earnos ? » demanda l’un des soldats, presque aussi jeune que lui et qui était un camarade de chambre.

« A peu de choses près, c’est ça, oui … Enfin, il paraîtrait que c’est Olistar qui a demandé à ce que je prenne un jour de repos à cause de ce qui s’est passé il y a quelques jours. » murmura le jeune garçon aux cheveux blonds, sans que cela ne le gêne de parler de sa défaite face au Rapion. Il se leva, poussant un léger soupir avant de reprendre : « Je vais retourner voir ma famille. Ca fait déjà quelques semaines … Puis, ça ne peut pas … me faire du mal. »

Même si il avait un peu honte d’abandonner la princesse, ne serait-ce que pour quelques heures. Il n’en avait pas vraiment envie … Surtout que le deuil était loin d’être terminé pour elle. Il aurait bien aimé l’aider mais … Il n’avait aucune idée en tête, aucune solution ! Et il devait avouer que cela le faisait rager intérieurement … lui qui était pourtant si calme en apparence. Bon … Il verrait plus tard.

« Je vais préparer mes affaires pour la journée. » annonça-t-il à l’autre soldat.

« Aucun problème, je te laisse tranquille et pépère. » répondit le soldat avant de s’éloigner et de quitter la chambre. Ce n’était pas des chambres individuelles … malgré son statut de chevalier, il ne le méritait pas encore. Et oui … Il devait faire des efforts pour obtenir ce qu’il désirait. C’était pareil qu’à son ancien travail.

Quelques minutes plus tard, il avait quitté la chambre, mais aussi le château. Direction la maison ! Il lui fallut une bonne heure de marche, sa foreuse dans une main, ses affaires sur son dos. Heureusement pour lui, il avait appris qu’il pouvait passer la nuit chez ses parents. Ah … Mais en même temps … Douély. Il avait envie de revoir la jeune femme ! Elle lui manquait terriblement, autant que ses parents d’ailleurs.

« Maman … Papa … C’est moi, Earnos. » dit-il lorsqu’il pénétra dans la boutique, ayant senti le besoin de se représenter aux personnes qui constituaient sa famille. Il avait oublié sur le moment que son père était sûrement parti travailler.

« EARNOS ! Mon fils ! » s’écria une femme avant de venir le serrer dans ses bras. Aie … C’est vrai … L’affection, toutes ces choses. Il rigola légèrement, serrant sa mère alors qu’il se demandait où était tous les autres membres de sa famille.

« Maman … Où est-ce qu’elles sont ? Enfin … Tu travailles seule maintenant ? »

« Mais non … Simplement, tu sais très bien que Passy n’est plus avec nous. Elle est maintenant avec son époux. Quant à Cassina, elle est partie voir Raor pour quelques heures. Tu sais bien à quel point ils sont proches tous les deux. Ah … Mes filles grandissent trop vite. Prends tout ton temps, Earnos, d’accord ? » lui dit sa mère, le gardant contre elle pendant de longues secondes jusqu’à ce qu’une petite voix se fasse entendre.

« Grand frère Earnos ? T’es à nouveau là ? »

Ah ! Olly était là ! La plus petite de sa famille ! Dire qu’elle avait maintenant cinq ans … et qu’elle savait plus que bien parler. C’est vrai … A cinq ans, lui, était déjà en train de forer … Mais il n’avait pas honte de ce qu’il avait fait … et de ce qu’il était devenu. Loin de là même.

« Par contre, Earnos … Quelqu’un t’attendait aussi depuis tout ce temps. Je crois même qu’elle va arriver d’ici un quart d’heure. Reste là en attendant. »

Hum ? Il avait une petite idée sur la personne mais il préféra se taire. Et visiblement, il avait parfaitement raison quand la porte du magasin s’ouvrit, laissant apparaître une jeune fille aux cheveux bleus. Celle-ci ne l’ayant pas encore remarqué, demanda à sa mère :

« Dites … Est-ce qu’Earnos viendra bientôt ? Il est toujours trop occupé avec ses entraînements. Et dans le château, on ne me le laisse pas rentrer pour le voir. »

« Et bien … Je pense que tu seras heureuse car aujourd’hui, il est là. »

Ah ? Ah bon ? Elle tourna sa tête à gauche puis à droite, ne le remarquant pas. Ce fut lorsqu’elle remarqua des cheveux blonds derrière le comptoir qu’elle s’approcha discrètement de celui-ci. Puis sans même prévenir, elle passa au-dessus du comptoir, atterrissant sur le jeune garçon alors que la femme Coxyclaque rigolait, amusée.

« AIE ! AIE ! C’est bon ! Coucou à toi aussi, Hérakié ! HEY ! Lâche-moi, c’est bon ! »

« Madame, on s’en va se promener ! » dit la jeune fille aux cheveux bleus, emportant Earnos sans même lui laisser le temps de prendre la parole.

Voilà maintenant qu’il était au beau milieu du village, en train de marcher à côté d’Herakié, celle-ci lui tenant fortement la main quitte à lui faire mal. Elle ne voulait surtout pas qu’il la lâche. Il en était hors de question ! Et puis, elle faisait une petite mine boudeuse même si elle était très heureuse de le revoir. Tactique qui marcha puisqu’il prit la parole :

« Euh … Herakié … Ne fait pas trop la tête, d’accord ? C’est juste qu’avec l’entraînement … et puis l’armée … et tout ça … J’étais très occupé. »

« Ca change rien … que tu aurais pu venir plus souvent. »

« Mais tu peux venir me voir quand tu veux hein ? Euh … Ca ne me dérange pas ! » dit-il avec un peu de gêne, la jeune fille s’arrêtant sur le chemin. Elle se pencha vers lui, les yeux fermés tout en tendant ses lèvres. « Mais … mais … Qu’est-ce que tu fais, Herakié ? » reprit le jeune garçon en reculant un peu, posant ses deux mains sur les épaules pour éviter ça.

« Bah … Si tu … veux que je vienne plus souvent te voir … C’est bien parce que tu m’apprécies beaucoup non ? » demanda la jeune fille en rouvrant ses yeux, sa tête penchée sur le côté comme dubitative par les paroles d’Earnos.

« Je t’apprécie beaucoup mais quand même pas à ce point. Euh … On ferait mieux de rentrer tous les deux … Il se fait déjà tard de toute façon. Et puis, je dois partir tôt dès demain. »

« Mais ça ne fait même pas une heure ! » se plaint la jeune fille, recommençant à faire une mine boudeuse bien qu’il souriait légèrement. Ça ne marchait pas cette fois.

Sur le chemin alors qu’il la raccompagnait, ils s’arrêtèrent une nouvelle fois, apercevant deux formes qu’il connaissait très bien. Sa sœur … Cassina était là ? Avec Raor ? OUPS ! Il se cacha avec Herakié, semblant se rappeler une petite scène pas si … lointaine que ça avec la princesse Terria. Qu’est-ce qu’ils disaient ?
Il tendit l’oreille, Herakié faisant de même. C’était quoi … Le Chenipotte tentait d’embrasser sa sœur aînée mais celle-ci refusa le baiser, rougissant néanmoins violemment. Elle s’éloignera sans plus de discussion, discussion dont ils n’ont rien pu entendre. Néanmoins, malgré le refus du baiser, cela se voyait parfaitement qu’elle avait des sentiments pour le Chenipotte. Voilà que le Chenipotte passa à côté de l’endroit où ils s’étaient cachés, ne semblant même pas les remarquer.

« Et bien … Moi … Si j’avais été Cassina … J’aurai accepté de l’embrasser … Enfin, si c’était toi bien entendu hein ? » murmura Herakié avec candeur.

« Je ne sais pas pourquoi … elle refuse ça. Pourtant, elle l’aime. »

Il avait fait semblant de ne pas l’entendre, la jeune fille poussant un petit gémissement plaintif pour bien signaler qu’elle n’appréciait pas cela. Elle l’embrassa soudainement sur la joue, le faisant crier de surprise alors qu’il cherchait une explication. Elle lui signala que cela, c’était pour l’avoir ignoré. Maintenant, il était temps de rentrer.

Elle le raccompagna jusqu’à la boutique de fleurs, le jeune garçon lui demandant si il devait l’emmener jusqu’à chez elle. Elle signala que non mais qu’en échange, il devait revenir bien plus souvent ! Elle le laissa devant la boutique, s’éloignant à son tour avec plusieurs salutations de la main. Elle était adorable … en quelque sorte.

« Et bien … On dirait qu’au final, tout s’est bien passé, non ? » lui demanda sa mère alors qu’il pénétrait dans le magasin.

« Ca peut aller … Cassina est rentrée ? Je l’ai vue sur le chemin … »

« C’est exact. Elle semblait un peu chamboulée. Enfin bon … C’est de son âge, les amours … Tu es encore trop jeune pour ça … bien que visiblement, Herakié semble avoir déjà quelques années de plus sur le sujet. » reprit sa mère avec amusement.

« Maman … s’il te plaît … On peut parler d’autre chose ? J’espère que Papa va bientôt rentrer … Je veux le voir avant de repartir. »

« Oh … D’ailleurs, pendant que tu n’étais pas là, un jeune Rapion est venu nous voir. Il était porteur d’un message qui signalait que tu avais encore quelques jours de repos en plus. »

« Hein ? Quoi ? Olistar est venu ? » dit-il avec surprise.

Comment ça se faisait ? Et puis … Enfin non … Ce n’était pas le plus important. Il avait encore quelques jours de repos ? Mais il savait ce qu’il allait faire ! Bien entendu, ne pas prévenir Herakié car sinon, il n’aurait aucun moment pour souffler mais … Il allait voir Douély ! OUI ! C’était une excellente chose que ce repos ! Il allait revoir Douély … et peut-être parler avec elle. Rien que cette idée … Il adorait ! Vivement demain !

Chapitre 2 : Une cuisante défaite

Chapitre 2 : Une cuisante défaite

« Déjà un entraînement ? Ils viennent à peine de se lever. Ah … C’est le petit Earnos. Toujours en pleine forme visiblement. » dit un soldat, d’autres discutant entre eux. Nul ne semblait vouloir s’entraîner, tous encore à moitié endormis.

Il était là, faisant face au Rapion qui le regardait lentement. Aucun ne fit un geste pendant plusieurs secondes. Ils ne faisaient que se mouvoir en rond, attendant que l’un prenne les devants. L’Aspicot se méfiait depuis le temps du Rapion. A force, il savait que s’emporter contre lui était loin d’être une excellente idée. Pourtant, il fallait réagir … maintenant ! Il s’élança vers l’adolescent, sa foreuse à la main. Puis subitement, il relâcha son arme, celle-ci partant en direction d’Olistar.

Et bien ? Quelle drôle de tactique. Il évita la foreuse avec agilité, donnant simplement un petit coup de pied pour le faire dériver de sa trajectoire. La foreuse alla se planter dans le sol au beau milieu de quelques soldats tandis qu’il se remettait correctement. Correctement à temps pour éviter une nouvelle pointe, de la taille d’un poing qui fonçait vers son ventre. WOW ! Elle était sortie de la main droite d’Earnos ?

« Je vais finir par croire que tu utilises enfin tes capacités, Earnos. » annonça t-il.

« Mes capacités sont dérisoires … mais je ferais de mon mieux. » répondit le jeune garçon avec neutralité avant de recommencer à donner des coups de piqures avec la paume de sa main droite. Mais il voyait parfaitement qu’il n’arrivait pas à le toucher le moins du monde.

Plusieurs murmures se firent entendre tout autour d’eux. Chacun remarquait que le Rapion semblait s’amuser avec l’Aspicot comme si de rien n’était. Comme si … Il n’y avait aucune difficulté à le mettre à mal. C’était assez triste en soi … Puis soudainement, Olistar s’arrêta, faisant sortir de sa paume un dard avant de percuter celui d’Earnos avec celui-ci.

« Tu n’es pas le seul capable d’utiliser une telle arme, Earnos. Tu t’en doutes, n’est-ce pas ? »

« Tu as beaucoup plus de choix que moi, Olistar. Je n’ai pas grand-chose contre cela. »

« Ne dit pas cela … Je suis sûr que tu es capable de bien plus. » reprit le Rapion avant de faire apparaître un second dard dans son autre main.
Maintenant, c’était lui qui reculait, ne pouvant essayer que de parer les coups sans réellement y arriver. Lorsqu’il se protégeait d’un dard, le second venait le frapper sur le ventre, sur le torse, sur le bras qui tentait de se mettre entre son corps et l’arme. Mais tout en reculant, il tournait pour tracer un cercle et restait dans la zone d’entraînement. En même temps, il ne faisait que baisser la tête pour se protéger.

« Sais-tu que la meilleure défense est l’attaque, Earnos ? Tu peux faire beaucoup mieux. »

Beaucoup mieux ? Elle n’en était pas si sûre. Elle ne pouvait qu’apercevoir le jeune garçon aux cheveux blonds qui faisait des efforts pour ne pas paraître ridicule. C’était stupide … Il ne savait pas se battre contrairement à Olistar. Pourquoi un tel entraînement alors ? Elle n’avait plus envie de regarder ce combat. Elle s’apprêta à partir avec les Apitrinis avant que des murmures ne se fassent entendre en nombre.

« Qu’est-ce que … Depuis quand as-tu fait ça ? » demanda Olistar, complètement immobile alors que ses deux pieds étaient recouverts d’une substance blanche et collante.

« Je devais juste te mettre en confiance … Si je l’utilisais trop tôt, tu l’aurais évité facilement … Alors il fallait … te faire faire la même chose pendant … quelques secondes. »

Même si ses deux bras étaient recouverts de bleus à cause des parades, il semblait encore capable de se battre. Sans attendre que le Rapion retire la sécrétion sur ces pieds, il s’élança vers lui, le dard dans sa main droite prêt à venir frapper lourdement Olistar en plein ventre. Le Rapion tentait de bouger ses deux pieds, n’y arrivant pas tout en serrant les dents. Hum … C’était vraiment très efficace pour le paralyser ! Et assez ingénieux d’ailleurs.

« Mais bon … Tu manques encore d’expérience, Earnos. » dit le Rapion en soupirant, un léger sourire dessiné sur ses lèvres.
Lorsque l’Aspicot fut à sa portée, les deux dards dans ses paumes commencèrent à percuter l’enfant aux cheveux blonds à une vitesse folle. Celui-ci n’avait pu faire ne serait-ce qu’un mouvement pour attaquer le Rapion. La main droite avec son dard levé, Earnos s’était immobilisé à une cinquantaine de centimètres d’Olistar.

« Si tu m’immobilises, le mieux est de ne pas m’attaquer au corps à corps car je serai prompt à réagir … Il vaut mieux attaquer à distance. Tu as perdu, Earnos. »

Le corps du jeune garçon s’écroula au sol tandis que le Rapion déchirait la sécrétion sur ses jambes. Déjà quelques soldats s’approchaient des deux enfants pour apercevoir comment ils allaient. L’entraînement allait être écourté pour celui qui était allongé sur le sol.

« Princesse Terria ? Il est peut-être temps d’aller vous préparer pour vos cours. » murmura un Apitrini d’une quinzaine d’années. La jeune fille aux cheveux blonds fit quelques pas en direction des soldats, d’Earnos et Olistar avant de s’arrêter. Le jeune Aspicot s’était relevé, gémissant un peu de douleur.

« Nous pouvons y aller. Je n’ai plus rien à faire. » chuchota Terria avant de s’éloigner, le regard rubis semblant terne et vide.

« Cela faisait très mal … Cette attaque … On aurait cru … que tu me frappais une centaine de fois … sans même que je puisse faire quelque chose, Olistar. »

« Une nuée … C’est un peu le principe du dard mais en une quantité beaucoup plus nombreuse et rapide à agir. » dit Olistar, haussant un sourcil.

« Ca faisait quand même très mal … » reprit Earnos en regardant ses deux bras puis posant une main sur son ventre et son torse.
Etonnant … quand même. Il avait gagné avec facilité, ça, ce n’était pas surprenant … Non, ce qui pouvait créer une certaine surprise, c’était plutôt le fait qu’il se relève ainsi. On n’aurait pas cru en le regardant mais … Il était plutôt résistant, n’est-ce pas ? Il hocha la tête en réponse aux derniers propos d’Earnos avant de lui signaler qu’il partait de son côté mais qu’il était prêt à s’entraîner une nouvelle fois avec lui quand il le voulait.

Pourtant, le Rapion fut arrêté sur le chemin par Holikan, celui-ci croisant les bras, le regard froncé vers lui. Olistar soupira légèrement, comme amusé par la réaction du Yanma alors que celui-ci ne semblait pas décolérer. Holikan dit avec calme néanmoins :

« J’espère que tu ne te sens pas fier d’avoir gagné contre un débutant. La prochaine fois que tu veux combattre, il vaudrait mieux que ça soit contre un adversaire de ton niveau. »

« Oh … Personnellement, je ne m’attendais pas à perdre contre Earnos mais je veux lui permettre de s’améliorer et la meilleure façon pour lui est de s’entraîner avec des personnes comme moi. Quant à un futur affrontement entre toi et moi, pourquoi pas ? Mais pas maintenant … Ta fierté t’empêche de faire un entraînement après que je sorte d’un combat. Bien entendu, n’oublions pas néanmoins que tu n’apprécies pas ma présence. »

« Ta présence n’est pas acceptée … simplement tolérée. Je n’oublierai jamais ce que tu es … De quelle race tu proviens. » reprit Holikan, laissant passer Olistar à côté de lui.

« Préviens-moi le jour où tu arrêteras avec ces préjugés. Ce jour-là, tu auras peut-être ta mentalité qui aura évolué. Allez … On se revoit plus tard. »

Détestable … Voilà comment il voyait le Rapion un peu plus âgé que lui. Il le détestait … Sans se retourner, il le laissa partir, ne faisant que serrer les dents. Il fallait prévenir Earnos à ce sujet. L’Aspicot était quand même le fils d’un ancien général d’après ce qu’il avait appris … et aussi l’un des nouveaux chevaliers de la princesse Terria. Il allait le mettre un peu au pas pour qu’il sache tout ce qu’il y a à faire et à ne pas faire.

« Earnos ? Est-ce que je peux te parler ? » dit-il en s’approchant de lui.

« Oui … Enfin … Je ne connais pas encore les noms de tout le monde … Mais toi, c’est bien … Holikan, non ? Le fiancé de la princesse Terria. Aie. » répondit le jeune garçon aux cheveux blonds en récupérant la foreuse, se tenant la hanche de l’autre main.

« C’est exact … Enfin, je suis le prétendant à la princesse Terria, je ne suis pas encore son fiancé. Nous sommes trop jeunes pour cela. Enfin … Je ne suis pas là pour te parler de ça. Est-ce que je peux plutôt discuter avec toi ? Au sujet d’Olis… du Rapion et de diverses autres choses ? Je pense que ça te sera plutôt utile dans le futur. »

« Et l’entraînement ? On ne peut pas l’oublier. » annonça Earnos en regardant les soldats qui commençaient enfin à s’échauffer.

« Je pense, et je ne suis pas le seul, que tu as bien le droit à du repos pour une bonne demi-heure, voir une heure. Il faudrait peut-être même voir un soigneur. »

« Je ne suis pas dans un tel état quand même … Mais bon … Si tu veux parler, d’accord. »

De toute façon, il n’avait pas vraiment à se plaindre. Le Yanma, à part sa rivalité exubérante avec le Rapion, était quelqu’un de très apprécié par tout le monde. Un futur général comme chacun aimait le dire. Alors bon, il pouvait toujours apprendre plus de choses grâce à lui. Il accompagna le Yanma loin de la zone d’entraînement, prêt à l’entendre. Ses débuts étaient parcouru d’embûches mais cela ne l’embêtait pas. Non … Il tiendrait sa promesse.

Chapitre 1 : Un entraînement comme un autre

Première partie : La vie d’un simple soldat

Chapitre 1 : Un entraînement comme un autre

« … … … Il est l’heure de se lever. » murmura d’une voix lente, un jeune garçon aux cheveux blonds. Il se redressa dans son lit, le regard perdu dans la vague.

Ses yeux rubis se refermèrent pendant quelques secondes avant qu’il ne se lève finalement de son lit. Il n’avait pas de temps à perdre … Surtout pas ! Il se prépara, quittant sa chambre quelques minutes plus tard. A cette heure-ci, il ne devait pas y avoir grand monde, il le savait parfaitement. Peut-être qu’il allait quand même se nourrir un peu avant d’aller à l’entraînement … En même temps, il était habituellement seul.
Il se dirigea vers la cantine, remarquant néanmoins que les cuisiniers royaux étaient déjà présents. Eux … ne dormaient que très peu. Il était normal alors qu’ils soient disponibles à toute heure pour préparer le repas des personnes du château. Hum … Bon … Il salua les cuisiniers, prenant un plateau avant de commencer à se servir. Il mangea tranquillement et en prenant son temps. Rien ne pressait, loin de là même.

Dès qu’il eut terminé, il quitta la cantine, allant maintenant dehors. C’était là que la majorité des entraînements avait lieu. Et maintenant, avec sa foreuse dans sa main droite, il était prêt à s’entraîner. Autant dire que c’était une arme des moins communes dans l’armée … Néanmoins, les Dardargnans semblaient souvent s’en servir … Du moins, ceux qui provenaient du peuple comme lui … Les Dardargnans nobles utilisaient quant à eux des lances aussi pointues que les foreuses … et un peu plus perçantes. Enfin, rien ne valait sa petite foreuse dont il était plutôt fier. Le reste lui importait vraiment peu !

Un mouvement, deux mouvements, avec un tel objet, ce n’était pas vraiment l’agilité qui primait. Il devait surtout apprendre à bien utiliser son arme Plus facile à dire qu’à faire n’est-ce pas hein ? Il roula sur le côté, sa foreuse s’actionnant alors qu’il visait devant lui. Si il avait le malheur de glisser sur le sol et de créer un nouveau trou dedans, il savait qu’il allait avoir de gros problèmes. Hum … Bon … De toute façon …

« Hey ! Déjà debout Earnos ? Hahaha ! Bien sûr ! Que je suis bête ! C’est toujours toi le premier debout, je suis idiot ! » lui dit une voix amusée derrière lui.

Il se retourna pour apercevoir un soldat, lui aussi un lève-tôt. Oh … Il était le premier, ça ne voulait pas dire néanmoins qu’il était debout cinq heures avant les autres non. D’après ce qu’il savait … Il se levait habituellement vers quatre heures à quatre heures et demie. Ensuite, normalement, les soldats devaient se lever au grand maximum vers cinq heures et demie voir six heures. Ainsi, il avait une heure d’avance, rien de plus.

« Encore en train de t’entraîner, n’est-ce pas ? Tu devrais sérieusement penser à dormir un peu plus longtemps … Tu es jeune, autant en profiter un peu. »

Ah … Ce soldat, c’était un Insecateur d’une trentaine d’années qui l’avait pris en affection car il était aussi l’un des premiers debout. Bref, c’était le genre de petite chose qui n’avait guère d’importance à ses yeux. Mais voilà … Il fit un petit geste négatif de la main, disant :

« Je ne peux pas … Je ne fais que débuter dans l’armée. Il faut que je m’entraîne plus que les autres, c’est important pour moi. Je dois continuer alors à m’entraîner. »

« Hahaha ! Fais comme tu veux, je ne risque pas de t’en empêcher ! Allez bon entraînement ! Moi, je vais aller déjeuner, j’ai les crocs ! »

Il salua le soldat qui s’était éloigné pour aller dans la cantine, recommençant son entraînement. Hum … Maintenant, il avait du mal à rester concentré. Les autres allaient se réveiller les uns après les autres … Et ils allaient lui demander de s’entraîner avec eux. Ça n’allait pas lui plaire … Ou alors qu’à moitié généralement … Hum … Bon … Autant arrêter de s’entraîner, ça n’allait pas servir à grand-chose à ce qu’il sache. Il allait se diriger vers un mur pour se reposer mais fut aussitôt arrêté par une voix :

« Et bien … Toujours en train de s’entraîner visiblement. »

Il se retourna pour apercevoir le Rapion. Olistar … Qu’est-ce que ce dernier faisait là ? Toujours présent avec son absence de sourire … Ca ne lui plaisait pas … Mais en même temps … Il ne l’appréciait pas à cause de la défaite … et aussi du caractère de l’adolescent. Oui … C’était déjà un adolescent, Olistar. Il avait quelques années en plus que lui mais bon, ça ne changeait rien au fait qu’il ne l’appréciait pas … pour l’heure.

« Je comptais m’arrêter, de toute façon. Les autres vont tous venir. Et je suis déjà un peu fatigué. » dit-il, tentant d’écourter la conversation.

« J’aimerai te parler quand tu auras le temps, je te laisse te reposer. Ne t’épuise pas trop. »

Hum ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il y avait encore quelque chose qui se manigançait, n’est-ce pas ? Enfin bon … De toute façon, maintenant, c’était l’instant de repos et rien d’autre. Il observa les différentes personnes qui passaient devant lui. Hum … Elles le regardaient toutes avec une petite appréhension ou un sourire aux lèvres. Il était vrai que son nom était … quand même connu. A cause de son père bien entendu.

Mais bon … Ca ne lui posait aucun problème personnellement. Il n’allait pas nier la célébrité de son père même si il devait avouer qu’il avait été étonné d’apprendre ceci à son sujet. Comme quoi, il ne fallait pas juger un livre à sa couverture. Hum … Même si ça ne faisait que peu de temps qu’il était dans l’armée … Il se demandait s’il allait pouvoir réellement s’améliorer ? Bien entendu, ce n’est pas aussi simple que cela mais il avait quand même une bonne raison. Cette raison … Il la voyait traverser et marcher sans se retourner.
Une jeune fille aux cheveux blonds et aux yeux rubis … accompagnée de nombreux enfants de son âge environ. Une Apireine et ses Apitrinis. L’unique Apireine de ce royaume … La fierté … La perle rare … Le joyau … qui ne devait jamais mourir. Il ne pouvait y avoir qu’une Apireine … Du moins, pas ainsi … Le royaume était dirigé par une Apireine et l’insecte qu’elle aimait. Or … La mère de Terria, l’ancienne reine … était morte maintenant. Il n’y avait plus que le père et la fille pour perdurer la royauté. S’il devait arriver un malheur à Terria, le royaume était perdu. Il devait la protéger … mais aussi pour une autre raison … Il ne voulait plus la voir pleurer cette jeune fille … qui se considérait trop bien par rapport aux autres. Oui … Qui l’avait manipulé depuis le début avant de comprendre qu’il avait été le jeune garçon de son passé. Hum … Mais maintenant, c’était de l’histoire ancienne, il avait complètement mis tout cela de côté. Seul le présent était important.

La princesse n’était plus présente tandis qu’il fermait les yeux, sa foreuse déposée devant lui. Bon … Ce n’était pas tout … Mais pendant qu’ils déjeunaient tous, il allait se reposer. Il prit une profonde respiration, commençant à s’endormir peu à peu. Ce n’était pas si embêtant des fois … de pouvoir se reposer. C’était la seule chose à laquelle il pensait pour l’instant.
Mais son sommeil fut de courte durée alors qu’il fut secoué légèrement par quelqu’un. Il ouvrit ses yeux, voyant la seconde personne qui l’avait battu violemment … à l’époque. Le jeune Yanma nommé Holikan. Hum … Celui-ci était déjà promis comme fiancé à la princesse Terria, il fallait dire que les Yanmas étaient de futurs grands généraux ou autres hauts-gradés dans l’armée des insectes. Qu’est-ce qu’il lui voulait ?

« Est-ce que je peux t’aider ? Ah … » murmura Earnos, passant une main sur sa bouche.
Maintenant qu’il avait la possibilité de dormir un peu plus tard que d’habitude, son corps n’était pas encore habitué au rythme de cette nouvelle vie … cette vie de soldat … ou plus précisément de chevalier. Oui. C’était son nouveau titre.

« C’est juste pour te prévenir que tout le monde va se préparer à s’entraîner. Il faudrait que tu ailles te trouver une personne avec qui t’entraîner puisqu’aujourd’hui, c’est en duo que ça se fait. Tu as déjà une idée en tête ? »

« Nul besoin de chercher. Je suis avec lui. » annonça une voix qui fit grogner légèrement le Yanma. Le Rapion s’était approché des deux personnes, reprenant : « Je veux voir à quel point il a changé depuis le début. »

« Il n’a pas besoin de toi, c’est bien compris ? »

« Ne t’inquiète donc pas, ce n’est pas un problème. Dès que j’en aurai terminé avec lui, tu pourras essayer d’obtenir ta revanche pour ta défaite au tournoi. »

Le Rapion savait qu’il venait de faire mouche envers le Yanma. Celui-ci piqua un fard, serrant les dents comme pour se préparer à le frapper … avant de s’arrêter. Il valait bien mieux que ça, il n’allait pas laisser de telles paroles l’atteindre. Il s’éloigna sans un mot, haussant simplement les épaules tandis qu’Earnos murmurait :

« Comme tu le désires … Mais je rappelle que je ne suis qu’un débutant. »

« Ce n’est pas un souci, ce n’est pas parce que tu débutes que tu es plus faible que d’autre. »

Alors à quoi cela allait-il servir hein ? Il posa son regard sur le Rapion, serrant sa foreuse dans ses mains. Bon … Il allait devoir se battre, n’est-ce pas ? Et contre Olistar ? Le gagnant du tournoi organisé pour l’anniversaire de la princesse ? Vraiment … C’était complètement stupide ce genre de choses.

« De toute façon … Il faudra bien en passer par là. Je suis prêt. »

Il se plaça en face d’Olistar, le regardant longuement. Il n’était pas emballé par toute cette histoire mais bon … Il devait s’entraîner … et pour ça, il devait apprendre de la part de plus fort que lui. Derrière une partie des soldats qui s’étaient réunis, Terria surveillait le combat.

Epilogue : Une ère sombre

Epilogue : Une ère sombre

« C’est un drame … C’est un drame ! C’EST UN DRAME ! UN DRAME ! PREVENEZ … »

« SEIRY ! SEIRY ! NON ! SEIRY ! »

« Roi Tanator ?! Qu’est-ce que vous faites ici ? La reine … Seiry ? »

Il était difficile de savoir qui parlait alors que tout un attroupement s’était fait autour du cadavre de la fleuriste. Pourtant, lorsque les soldats arrivèrent, accompagnés du roi, tous se poussèrent pour les laisser passer. Le roi était en pleurs, prenant la main de sa femme alors qu’il n’arrivait pas à le croire. Il se redressa, hurlant :

« POUSSEZ-VOUS ! POUSSEZ-VOUS ! Sinon, je vous enferme ! Je vous enferme tous ! Trouvez-moi les coupables ! Trouvez ceux qui ont fait ce crime ! Ils subiront la peine … »

« Ils l’ont déjà subi … Roi Tanator. » répondit l’un des soldats, sûrement plus gradé que les autres pour pouvoir s’adresser au roi.

Le roi tourna son visage vers les cadavres des assassins. Ils étaient recouverts d’entailles alors qu’il observait les alentours. Des Apitrinis étaient assis contre les murs, en larmes mais recouverts de sang. Leurs mains étaient devenues des semblants de griffes. Ils … Ils …

« Pardon … Pardon roi … Tanator … Nous … Nous ne savions pas … Nous ne savions pas qui elle était … Nous n’avons pas eut le temps… »

« Vous n’êtes pas en faute … les enfants. Non … J’ai accepté cette stupidité. Je n’aurai pas … »

Non … Ca ne servait à rien, ce n’était pas l’heure de penser ainsi. Ce n’était pas le moment ! On n’avait pas à trouver des coupables parmi eux ! Les cadavres … Les soldats se rapprochaient d’eux pour les étudier.

« Qu’est-ce que … Qu’est-ce que cette race fait ici ?! Comment est-ce que des Scorplanes ont-ils pu pénétrer dans le royaume ? PREVENEZ L’ARMEE ! »

ASSEZ ! ASSEZ ! ASSEZ ! Il souleva sa femme avec facilité, retenant de nouvelles larmes avant de passer une main sur son visage. Deux lentilles, l’une rouge et l’autre bleue glissèrent de ses yeux pour tomber sur sa robe blanche. Il devait … prévenir sa fille qui n’était pas encore au courant. Déjà cet événement … qui la concernait elle … mais maintenant sa mère. Cela allait être difficile, très difficile.

« Aidez les Apitrinis … Emmenez-les à nos soigneurs … Que tout le monde s’occupe d’eux. Ils ont réussi … à sauver la princesse. » murmura t-il avec un petit trémolo dans sa voix alors que les soldats hochaient la tête pour dire qu’ils avaient compris.


Ces Apitrinis … Les personnes les plus fidèles du royaume. Personne … ne pouvait prétendre le contraire. Si il y avait des personnes dont on pouvait être sûr que la mort de l’Apireine les affecterait tout autant que les proches de celle-ci, c’était bien eux. Il suffisait de les voir … de les regarder … Dès leur plus jeune âge, ils étaient au service de la royauté, toujours prêts à la servir. Et aujourd’hui … En dépit du sacrifice de bon nombre de leurs vies … Elle était morte.

Une cérémonie avait été faite pour son enterrement. Une cérémonie silencieuse … Et le jeune garçon avait eut du mal à rester de marbre. On lui avait expliqué, il n’était pas plus bête qu’un autre. Il avait appris que la fleuriste, celle qui lui offrait des fleurs chaque année était la reine Seiry. Il n’arrivait pas à le croire … Depuis toutes ces années, il n’avait jamais fait la comparaison, il n’était pas le seul dans ce cas précis.

Il avait détourné le regard en voyant les yeux rougis de la princesse. Holikan était à côté d’elle, la jeune fille se serrant dans ses bras en sanglotant plusieurs fois de suite. Elle était en pleurs et il la comprenait. Sa mère … Il avait remarqué à quel point elle tenait à la reine Seiry. Il le savait ! Il le savait parfaitement ! Et lui … ET LUI !

« ZUT ! ZUT ! ET ZUT ! ZUTTTTTTTTT ! »

« Qu’est-ce que tu fais, Earnos ?! Mais arrête ! Chéri ! » s’écria sa mère alors que le jeune garçon aux cheveux blonds frappait le sol avec insistance, s’ensanglantant ses deux poings. Son père vint l’arrêter. C’était ça sa promesse ?! C’était ça ?! Il n’était même pas capable de remarquer ce genre de détails ! Il était complètement stupide !

Pourquoi ? Pourquoi ? Trois jours s’étaient écoulés depuis la cérémonie. Il avait encore du mal à s’en remettre personnellement. Pourquoi ? Pourquoi ? Est-ce qu’il se trouvait devant le roi ? Il voyait la mine triste de la princesse, assise sur le trône où avait siégé sa mère, la reine Seiry, il y a de cela encore quelques semaines. Car oui … Ce n’était pas la véritable reine qui s’était trouvée là pendant qu’elle jouait son rôle de fleuriste. Toute sa famille était présente comme pour un certain événement. Ce n’était pas une distribution de fleurs …

« Walane … Si ce n’était pas à cause de cet événement … Je n’aurai jamais pensé te revoir … dans ces circonstances et ainsi … »

« Tanator, je sais à quel point ton rôle est important. Si tu m’as convoqué ainsi que le reste de ma famille, cela est pour une bonne raison. »

« Seiry … Avant de mourir … Du moins … Elle m’avait prévenue … Durant ces dernières années … Et plus récemment avec ce qui s’était passé lors du premier attentat … Elle me l’avait demandé … Mais avant, faudrait-il peut-être raconter tout à tes enfants ? »

Le roi s’était levé alors qu’un peu de surprise se fit voir dans les yeux de la princesse mais pas uniquement. Que cela soit le jeune Aspicot ou ses sœurs, tout le monde restait un peu étonné. De quoi ? Raconter quoi ? Leur père prit la parole après quelques secondes :

« Je ne serai pas très long … Je suis un ancien général qui était au service de la mère de la reine Seiry mais aussi un ami proche de cette dernière et du futur roi Tanator. Mais durant mon adolescence, j’ai rencontré Niny et il s’avère qu’après la guerre avec les Rapions et les Drascores, j’ai quitté mon rôle de général pour pouvoir être présent auprès de ma future famille. Je n’ai jamais regretté ce choix. »

« Papa … était un Dardargnan général ? » demanda le jeune garçon d’un air éberlué alors que le roi répondit aussitôt en s’adressant à lui :

« Bien entendu. Et pas l’un des moindres. Néanmoins, à part dans la hiérarchie militaire vieillissante, il n’est guère reconnu au statut qu’il mérite. C’est bien dommage mais je respecte son choix et sa décision car je suis convaincu qu’il a fait les bons. Est-ce que je peux continuer Walane ? »

« Bien entendu … Tu es le roi … dorénavant. »

Même si ce n’était pas l’heure, ni le moment pour sourire, le roi en fit un en direction du père d’Earnos. Il se tourna vers le jeune garçon, celui-ci attendant de voir ce qu’il allait dire.

« Les premiers mois furent difficiles pour ton père et ta mère. Il s’avère que quitter le train de vie d’un général, cela était compliqué. Mais ils pouvaient compter sur Seiry et moi-même pour les épauler. Bien entendu, ton père voulait se débrouiller seul car sa fierté de soldat est toujours présente en lui. Je suis sûr que s’il devait reprendre les armes, il n’aurait aucune réticence à le faire maintenant que vous êtes plutôt grands et âgés. »

« Pourquoi … est-ce que … la reine est devenue une fleuriste ? » demanda le jeune garçon une nouvelle fois alors le roi semblait songeur.

« Tout simplement car elle appréciait ta mère, jeune enfant. Je crois même que c’était là la raison qui l’a poussé à choisir de devenir une fleuriste … »

« La reine Seiry voulait aussi voir comment était les enfants que nous avions. » murmura soudainement sa mère. « Lorsque j’étais seule avec elle, nous parlions de la princesse et d’Earnos. En y réfléchissant, c’est même à partir de l’une de nos discussions qu’elle a décidé de présenter la princesse à Earnos. Elle voulait que … sa fille soit proche du peuple … mais aussi de notre famille. C’est pour cela aussi que nous étions invités assez souvent au château bien que nous n’avions pas à parler de notre relation avec la famille royale. »

« Je pense que je dois … passer à la raison de votre présence en ce lieu. Earnos … Ma femme m’a souvent annoncé qu’elle désirait que tu deviennes l’un des chevaliers personnels de ma fille. En l’honneur de sa mémoire, je me dois de respecter ses dernières volontés mais … Je ne peux pas te forcer. C’est à toi de choisir. »

Hein ?! Quoi ?! Il posa son regard sur le roi puis sur la princesse. Celle-ci semblait aussi surprise que lui par les dires de son père. Avant même qu’elle ne dise quelque chose, il décida de répondre à au roi Tanator :

« Mais … La princesse Terria … a déjà … le Yanma et … le Rapion pour la protéger. »

« Réfléchis-y. Je ne peux pas te forcer, jeune garçon. » reprit le roi alors que l’enfant ne savait plus où se mettre. La reine … Si elle devait mourir un jour … Si elle devait …

« Je … Je peux aller demander … de quoi boire ? »

« Bien entendu … Un soldat va te guider vers les cuisines. » répondit le roi Tanator en faisant un geste de la main.
Tous … sauf ses deux jeunes sœurs, comprenaient pourquoi il demandait une telle chose. Il avait besoin de réfléchir … à cette proposition. Tout le monde aurait accepté normalement … Tout le monde … Mais lui, c’était différent. Ca lui rappelait les journées où ses parents tentaient de l’emmener aux arènes. Il avait montré par là sa faiblesse.

Ah … Ah … Ah … Il était là … dans la cuisine royale … Plusieurs personnes le regardaient. Certaines étaient plutôt imposantes et il reconnut de nombreux Caratrocs mais il n’avait pas la tête à ça. Le verre d’eau déposé devant lui, il réfléchissait, il réfléchissait à tout. Il devait prendre une décision. Ses deux mains tremblaient alors qu’il se murmurait pour lui-même :

« Comment est-ce que je suis sensé faire ça ? Je ne pourrai plus voir papa et maman … Puis mes sœurs … Mais … Mais … »

Mais il ne pouvait pas refuser. Il ne le pouvait pas ! Il en était hors … de question … Et puis, un soldat, c’était mieux payé non ? Peut-être que si il rejoignait l’armée, il aurait alors plus d’argent à donner à ses parents. Ca permettrait … Ca permettrait ! OUI ! Ca permettrait à Jiane et Olly d’aller à l’école ! Il était encore temps pour ses deux sœurs ! C’était pour ça … C’était pour ça …

« Alors ? Visiblement, tu sembles avoir pris ta décision, Earnos. »

Il était retourné dans la salle du trône. Ses parents, sa famille, le roi et la princesse étaient toujours là. Ils l’avaient attendu ? C’était normal … Vraiment normal … Il posa son regard sur ses deux plus jeunes sœurs. C’était pour elles … Uniquement pour elles … mais aussi sa famille qu’il allait faire ça.

« Monsieur le roi Tanator … Je … Je … »

Il coupa sa phrase en plein milieu, ses yeux se posant sur la princesse. Non, il s’était trompé sur toute la ligne. Il n’y avait pas que sa famille dans cette histoire, il y avait aussi cette promesse … Tout ce qui tournait autour de celle-ci. Il fit un petit hochement de tête envers la jeune fille aux cheveux blonds, celle-ci paraissant étonnée de sa réaction. Par respect pour la reine Seiry, pour cette promesse et parce qu’il … II … ne voulait pas que Terria soit triste …

« Roi Tanator, je veux bien devenir un soldat de votre armée. »

« Un chevalier. Ce n’est pas le même statut, Earnos. » corrigea le roi avant de se lever de son trône.

A partir d’aujourd’hui, il n’était plus au service d’un Scarabrute … Non … Il allait servir son royaume … Même si il n’avait que dix ans … Même si il était faible … Il continuerait de veiller sur la princesse Terria, comme il l’avait promis à la reine Seiry il y a de cela cinq ans.

Chapitre 32 : Protéger jusqu’à la mort

Chapitre 32 : Protéger jusqu’à la mort

« Ah … Ah … Ah … AH ! »

Une femme s’était mise à courir à toute allure à travers les ruelles. Cheveux blonds, yeux vairons, la nuit était tombée depuis longtemps. Plusieurs bourdonnements se faisaient entendre derrière elle mais elle ne s’’arrêtait pas, la robe blanche dans son dos se déchirant faiblement alors qu’elle murmurait pour elle-même :

« Il fallait bien … que cela arrive un jour. Visiblement, ils attendaient ce moment, n’est-ce pas ? Hum … Je m’en doutais … Ils ont du courage de vouloir s’en prendre à moi. Dommage que j’ai derrière moi ces nombreuses années de combat. »

Des ailes se formèrent dans son dos alors qu’elle s’envolait, plusieurs voix se soulevant pour dire qu’elle venait de prendre la voie des airs. Dommage pour eux mais la majorité des insectes n’était pas capable d’envoler. C’était leur défaite. Ce n’était pas pour aujourd’hui qu’ils allaient pouvoir la tuer … Mais cela était inquiétant. Etaient-ils au courant ? Il y avait de fortes chances puisqu’elle avait été visée principalement.

« Si tel est le cas … Cela devient plus que problématique. Je vais devoir le prévenir. Dommage … C’était vraiment apaisant de pouvoir vivre ainsi. Qu’est-ce que … Ils sont déjà là ? Je n’ai même pas le temps de souffler. »

Elle s’était trompée … Ils étaient capables de la suivre dans la voie des airs. Visiblement, ils avaient de plus en plus de membres. Elle devait le prévenir avant qu’il ne soit trop tard.

Au loin, bien plus loin, à des kilomètres de là, dans le château, plusieurs personnes se levèrent en même temps dans leurs lits. Comme manipulées par un pouvoir inconnu, elles quittaient leurs chambres, laissant paraître différentes chevelures bien qu’elles ne représentaient qu’une unique race. Tous semblaient se diriger vers un unique endroit : Devant la porte d’une chambre. Sans même parler, certaines personnes, une partie semblant à peine adolescente, s’éloignèrent, marchant pieds nus en quittant les couloirs. Des Apitrinis … Il y avait un nombre plus qu’important d’Apitrinis … Plus d’une vingtaine. Des enfants, des adolescents et quelques adultes.
Dehors, sous le froid et la tempête, d’autres Apitrinis étaient présents, ne semblant guère être dérangés par le gel et le vent. Une fine pluie s’était même mise à tomber, leurs cheveux cachant une partie de leurs visages. Pourtant, malgré les chevelures, des yeux complètement rouges étaient visibles. Soudainement, plusieurs Apitrinis levèrent la tête en même temps, sautant dans les airs en même temps que des ailes apparaissaient dans leurs dos.

« Qu’est-ce que cela veut … »

« Faites gaffe ! Ce n’était pas prévu qu’il y ait des gardes ! »

« Mais ce sont des gamins ?! Des Apitrinis ? »

Plusieurs voix s’étaient levées en même temps que les Apitrinis percutaient une partie des ombres dans le ciel. Des corps tombèrent au sol, les Apitrinis venant les entourer, un vent violent se soulevant, des fissures se créant sur le sol à cause de celui-ci.

Elle se redressa subitement dans son lit. C’était quoi ces bruits ?! A cause de son redressement, elle avait mal au crâne. En plus d’être à moitié endormie, beaucoup trop fatiguée par ce qui s’était passé aujourd’hui. Hihi … Elle souriait quand même. Ca avait été une drôle de journée … Mais elle avait bien aimé. Par contre, qu’est-ce qui se passait ? Elle se leva, quittant son lit avant de mettre des socquettes ainsi que des petites pantoufles noires. Elle ouvrit la porte de sa chambre, poussant un cri de surprise.


C’était … C’était quoi ça ?! Elle se retenait de s’évanouir, ne pouvant que contempler l’horreur. Des corps, il y avait des corps d’Apitrinis sur le sol, des plaies béantes sur ces derniers. C’était … C’était horrible ! Elle posait une main sur sa bouche, s’empêchant de vomir alors qu’elle remarquait que ses pieds trempaient dans le sang. AH ! Elle sauta en arrière, entendant des bourdonnements stridents en même temps que des cris :

« La princesse est sortie ! TUEZ-LA ! Faites tout ce que vous pouvez pour la tuer ! Il ne faut pas qu’elle en sorte ! Ce sont les ordres ! »

« … … … … … »

Un craquement sonore résonna dans le couloir alors qu’elle pouvait apercevoir plusieurs enfants et adolescents en pyjama. Le craquement venait d’eux ? Mais c’était … des Apitrinis ? Ils tournèrent leurs visages vers elle, laissant paraître des yeux complètement rouges. Elle fit quelques pas en arrière, reculant avant qu’un bruit de verre cassé résonne derrière elle, la forçant à se retourner. Des êtres encapuchonnés étaient là, accroupis, des dagues à la main, d’autres possédant des griffes. Ils fonçaient déjà vers elle, n’ayant qu’un but en tête.

Elle était là … immobile … sur le sommet d’un immeuble de pierre. Elle observait le ciel et sa lune … C’était magnifique … Malgré les feuillages, elle pouvait apercevoir la magnificence de l’astre lunaire. Elle tendit sa main, des lignes de sang s’écoulant le long de ses doigts pour venir s’infiltrer à l’intérieur de sa robe blanche déchirée en de nombreuses parties.

« Dommage … Il est vraiment dommage … Pourquoi refuser une telle chose ? Une telle avancée ? Êtes-vous des anciens membres … de l’armée ? »

Elle s’était adressée dans un sourire aux nombreuses personnes en face d’elle. Un sourire qui contrastait avec l’état déplorable dans lequel elle était. Oui … Elle était sanguinolente, prête à tomber au moindre moment. Elle …

« Une partie de nos membres est bien dans cette idée. Enfin … Nous … On a pas participer exactement à la guerre, faut dire qu’on s’en foutait réellement. Mais ceux qui nous ont engagés sont contre vos idéaux … Reine Seiry. »

Elle gardait son sourire, passant une main sur le diadème rouge qu’elle portait habituellement sur ses cheveux blonds. Elle le tapota doucement, l’objet se fissurant avant de tomber en poussière. Pourtant, le rubis restait là, bien ancré dans son crâne.

« Bien au courant … Il semblerait que le secret des Apireines aie été divulguée. Je ne demanderai pas comment cela a été possible. Cela reviendrait à soupçonner mon mari or j’ai pleinement confiance en lui. A quoi pensez-vous que tout cela rime en me tuant ? Vous tenterez de mettre à mal les fondations même de notre royaume. »

« Ca … Ca nous importe peu. On est déjà pas dans votre foutu royaume à la base, juste parce qu’on a des petites « manies » qui dérangent le royaume. Alors … »

« Assez. Vous n’êtes pas là pour discuter mais la tuer. » reprit soudainement une voix qui coupa celle de l’une des personnes qui s’adressait à la femme. Peu à peu, un être ailé atterrissait sur le toit, entre la reine Seiry et les autres personnes. « Alors, mademoiselle la fleuriste Florensia … » reprit l’être aux ailes d’Aeromite tandis que des bourdonnements se firent entendre peu à peu autour d’eux. Il claqua des doigts pour signaler de vérifier ce qui se passait, disant à la femme aux cheveux blonds : « Nous n’avons rien de spécial contre vous … Mais vouloir faire la paix avec les Rapions et les Drascores est une mauvaise idée. Vous êtes un peu trop avant-gardiste … Et comparée à la précédente reine, votre mère, il s’avère que votre mode de pensée déplait à beaucoup plus de personnes que vous ne le croyez. Qu’avez-vous à dire ? »

« Je fais tout ce que j’estime être bon pour le bien du peuple et non le bien personnel. Vos privilèges étaient trop grands dès le départ. »

« Nos privilèges, nos privilèges … Vous avez … Il existe certaines règles dites « officieuses » dans le royaume. Comme celle que nul ne connait au sujet de l’Apireine qui joue un double jeu … Mais généralement, les Apireines restent dans les environs de leur château avec leur seconde « personnalité ». Vous …. Reine Seiry, vous avez décidé de prendre des risques et c’est cela qui va vous perdre. Je vous déconseille de garder ce sourire aux lèvres. Votre fille y passera bien assez tôt. Des assassins sont déjà envoyés chez elle. »

Pourtant, elle continuait d’avoir le sourire aux lèvres malgré son état. Elle n’avait pas peur pour sa fille ? Pauvre folle … L’homme sortit un petit flacon de sa tenue, celui-ci étant bouché. Elle murmura avec tranquillité :

« Ces règles … officieuses … Il semblerait que vous ne soyez pas au courant de ces dernières. Vous n’en connaissez qu’une partie … Bien qu’il soit trop tard pour moi … Ma fille est en sécurité … Qu’importe le nombre d’assassins que vous enverrez. »

Comment pouvait-elle en être aussi sûre ?! Ca ne servait à rien d’attendre plus longtemps ! Le flacon s’ouvrit, une fine poudre en sortant alors qu’elle gardait les yeux grands ouverts. Le royaume … était attaqué de l’intérieur. Qu’importe ce que l’on pouvait croire, c’était la triste vérité … Comment est-ce que des personnes ainsi intentionnées … pouvaient en intenter au royaume ? Tout cela … la rendait triste … Elle gardait son sourire aux lèvres, pensant à l’homme qu’elle avait décidé d’aimer, la fille qu’elle avait eut avec lui … et son royaume … Pour une Apireine … Son royaume était tout … Et elle se sentit trahie … C’était cela qui lui faisait mal … Elle ne pouvait s’empêcher de pleurer, chuchotant :

« Qu’importe ce que j’ai fait … Je l’ai toujours accompli en voulant rendre mon peuple heureux. Visiblement, en plus d’avoir été une mauvaise mère, trop absente pour Terria, il semblerait que j’ai été aussi une mauvaise reine, incapable de comprendre les désirs de mon peuple. Peut-être est-ce alors normal … que je m’éteigne maintenant. »

« Vous n’êtes pas à remettre en cause totalement … reine Seiry. Il est juste impossible de contenter tout le monde. Adieu … »

Il avait entendu des cris alors que l’immeuble s’était mis à trembler. Plusieurs des personnes qui l’accompagnaient revinrent vers lui en sautant sur le toit, blessées avant d’hurler de se dépêcher car ils avaient affaire à des monstres. Il jeta la poudre en direction de la reine, celle-ci restant parfaitement immobile. Ses yeux se fermèrent sur le spectacle d’un homme qui s’envolait alors que d’autres se faisaient sauvagement lapidés par plusieurs adultes issus des Apitrinis. Son corps s’écroula au sol, l’un des rares assassins encore vivants lui laissant une marque significative sur le front. Tout était terminé pour elle mais … Même couchée sur le sol, elle gardait le sourire. En tant que mère … Peut-être qu’elle n’avait pas tout échoué … Sa fille … Sa fille ne serait pas seule dans les futures épreuves qui allaient l’attendre. Qu’elle l’excuse pour le royaume qu’elle lui laissait. Qu’elle lui … pardonne … pour tout. Sa poitrine se souleva une dernière fois avant de ne plus bouger, la femme au rubis ancré dans le front ayant ses deux mains posée sur son ventre. La reine du royaume des insectes n’était plus.

Chapitre 31 : Une pitoyable promesse

Chapitre 31 : Une pitoyable promesse

« Si je le désire une nouvelle fois ? Je n’avais que cinq ans à cette époque. »

Il avait dit cela sur un ton las et mollasson alors que la jeune fille retournait s’asseoir. C’est vrai … Il n’était pas obligé de le promettre encore une fois. Il pouvait tout simplement refuser. Elle comprendrait parfaitement. C’était normal … de ne pas vouloir après tout ce qu’elle lui avait fait depuis qu’elle l’avait revu. Ce n’était pas très grave … n’est-ce pas ? Alors pourquoi est-ce qu’elle tremblait légèrement ? Elle avait peur … qu’il refuse ? Pourtant, il poussa un profond soupir, s’approchant d’elle avant de se mettre à genoux.

« J’ai vu Holikan le faire alors je pense que je dois faire pareil. » répondit-il avec lenteur, soulevant la main de la jeune fille avec la sienne. Il l’embrassa avec délicatesse tandis qu’elle avait un peu de rouge aux joues. Il reprit après quelques secondes sur un ton neutre : « Je jure de servir la princesse Terria sur mon honneur d’insecte et sur mon âme. Je jure de mettre mes sentiments personnels, ma famille et mon royaume de côté lorsqu’il s’agira des intérêts de la princesse Terria. … … … Bon par contre, je ne sais pas quoi dire de plus. »

« Alors il vaut mieux rien dire ! » répliqua t-elle en retirant sa main, faisant une petite moue mi-boudeuse, mi-gênée. Ce n’était pas vraiment des paroles dignes d’un protecteur mais … C’était quand même passable voir très bien. Enfin bon … Elle n’allait pas dire que ça ne lui faisait pas plaisir. Elle chuchota : « J’accepte que tu me protèges, Earnos. Et puis … Ca serait méchant de ma part de refuser alors que tu as été le premier protecteur … Et puis, si ma mère a voulut que tu deviennes mon protecteur, c’est qu’il y avait une bonne raison non ? Alors … Quand je sortirai du château, je devrais compter sur toi pour me protéger, d’accord ? »

« N’abusez pas non plus de votre pouvoir, princesse Terria. Je ne suis pas votre serviteur personnel. Vous avez le garçon Yanma et le garçon Rapion pour ça. J’ai juste signalé que j’étais d’accord pour promettre une nouvelle fois votre protection. »

« C’est mesquin de ta part, Earnos ! » répondit-elle en tirant la langue à moitié, Florensia rigolant légèrement en voyant la réaction des deux enfants.

« Et bien ? Il reste encore quelques heures de travail mais il s’avère que la nuit va bientôt tomber. Je crois que le palais royal est quand même assez loin non ? » dit la femme aux yeux vairons alors que la jeune fille hochait la tête.

« Oui … Je ferai bien mieux de partir maintenant. Déjà que je suis sûre qu’ils sont tous en train de me rechercher … ou alors de m’attendre car de toute façon, je suis toujours à m’enfuir un petit peu, hihihi ! Merci beaucoup pour cette journée, madame Florensia ! Au revoir, Earnos ! Je reviendrai t’embêter un peu quand je le peux ! »

« Oh … Et bien … Earnos ? Tu comptes laisser une jeune fille rentrer seule en pleine nuit ? Encore plus la princesse ? Encore plus alors que tu viens de lui faire une promesse ? » murmura Florensia tandis qu’il tournait la tête vers la fleuriste.

« Mais elle est capable de … Bon … Euh … D’accord … Merci beaucoup pour tout aujourd’hui, madame Florensia. Les fleurs étaient très belles, comme d’habitude ! » répondit-il avant de se diriger vers la sortie du magasin, invitant la princesse Terria à le suivre. Il lui avait ouvert la porte, la jeune fille souriant avant de passer la première dehors. Brrr, il faisait froid !

Elle était prête à rentrer ? Il connaissait quand même le chemin pour la raccompagné au château. Ils saluèrent la fleuriste, celle-ci refermant la porte de sa boutique alors qu’ils étaient maintenant en route pour le château. Sur le chemin, aucun ne prit la parole, la jeune fille regardant à gauche et à droite sans parler. Elle ne savait pas quoi dire de toute façon …

« On va se dépêcher quand même, princesse Terria. Si il fait nuit, je pense que les gardes, le roi et la reine doivent être très inquiets. »

« Sûrement ! Mais j’ai un bon garde du corps alors je ne devrais pas être en danger, non ? »

« Si on se fait attaquer par un Rapion ou un Yanma, je ne pourrais pas vous défendre. Mais vous aurez le temps de vous enfuir, je peux vous le certifier. »

« … … Je n’aime pas ça ! Tu ne te feras pas encore du mal par ma faute ! Si on se fait attaquer, j’irai me battre avec toi ! » répondit-elle en tapant du poing contre sa poitrine.

« Vous ? Vous iriez vous battre ? C’est assez … »

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’un violent coup de vent vint le faire tomber sur le côté, la jeune fille ayant fait apparaître des ailes dans son dos. Celles-ci s’étaient mise à bourdonner plus que rapidement. C’était elle ? Qui produisait ce vent ?

« Tu vois ? Si je fais ça, je peux faire quand même mal ! Tiens … Prend ma main. » chuchota la jeune fille en tendant celle de droite, le jeune garçon l’acceptant, plutôt surpris. Finalement, il marmonna entre ses dents :

« Même la princesse est plus forte que moi … »

Hein ? Quoi ? Elle voyait le visage à moitié dépité d’Earnos, la jeune fille se sentant subitement embarrassée. Elle n’avait pas voulut faire ça pour se mettre en valeur ! Juste pour signaler qu’elle pouvait quand même se défendre un peu aussi ! Elle murmura :

« Euh … Earnos, moi, je ne sais pas me battre non plus hein ? Juste que si … On se fait attaqué, au moins, on saura un peu se protéger hein ? »

« … … Peut-être un petit peu … Je ne sais pas vraiment du tout. » répondit-il sur un ton plutôt distant et dénué d’intérêt. Il n’était quand même pas triste à cause du fait qu’elle savait se défendre ? Ou qu’elle semblait plus forte que lui hein ?

« Dis … Earnos … Est-ce que tu serais en train de bouder ? »

« Hein ? Mais même pas ! Je ne vois pas pourquoi vous dites ça, princesse. Nous devrions accélérer le pas ! Allez ! Vous pouvez courir ? Ou un peu voler non ? Avec vos petites ailes. »

« Dis … Earnos … Je voulais m’excuser pour ce que j’ai fait y a deux ans. Tu sais … Quand je suis tombée sur toi et que j’ai voulut m’amuser à ce que tu me protèges des Apitrinis. » coupa t-elle aussitôt alors qu’il s’était apprêté à courir. Il se retourna vers elle, un peu étonné de ses paroles. Pourquoi est-ce qu’elle parlait de quelque chose d’aussi vieux ? C’était quand même bizarre … Mais bon … Il posa sa main sur le sommet du crâne de la jeune fille, elle était quand même un peu plus petite que lui quand on y réfléchissait bien.

« C’est déjà pardonné tout ça depuis le temps. »

Elle avait fait un effort, elle s’était rappelée de la promesse qu’il avait faite, il n’avait plus aucune raison de lui en vouloir. Elle fit un petit sourire alors qu’ils repartaient. Une bonne trentaine de minutes de marche plus tard, elle s’étai tretrouvée sur son dos, les deux mains autour de son cou, la tête posée contre lui. Elle avait les yeux à moitié clos tandis que le jeune garçon l’avait prise sur lui car elle semblait plus que fatiguée. Ils étaient finalement arrivés au château, plusieurs gardes s’approchant d’eux, armes aux mains avant de le remarquer. Ils dirent tout simplement :

« Ah … Mais c’est son fils … C’est bon, il n’y a aucun souci. Merci d’avoir ramené la princesse. Ah … Mais elle est endormie ? Appelez les Apitri… »

« Non. C’est bon, je suis réveillée. » marmonna la jeune fille, descendant d’Earnos qui la déposa avec douceur sur le sol. Les yeux à moitié clos, elle reprit : « Merci beaucoup pour aujourd’hui, Earnos. Et pour tout ce que tu as fait. Bonne nuit. »

« Bonne nuit princesse Terria. Je dois rentrer, il va être encore plus tard et mes parents vont être inquiets. Bonne soirée, messires. » répondit-il en saluant les gardes et la princesse, celle-ci faisant un geste lent de la main avant de s’enfoncer à l’intérieur du château.

Pfff … Ca avait été une journée bien plus mouvementée qu’il ne l’aurait cru. M’enfin, dès que la princesse était dans les parages, la journée n’allait pas être banale, il l’avait remarqué depuis le temps. Mais bon … Ce n’était pas si déplaisant que ça d’un autre côté. Elle avait fait de véritables efforts et il le reconnaissait parfaitement.

« Ah ! Pardon … Désolé … » dit-il en bousculant par inadvertance une personne encapuchonnée, celle-ci lui répondant d’une voix douce :

« Les enfants ne devraient pas être dehors à cette heure-ci. Tu ferais mieux de rentrer car la nuit sera fraîche aujourd’hui. »

« Mer … Merci beaucoup. » répondit-il tout simplement en accélérant le pas.
Cette personne … Elle se dirigeait vers le palais ? Ah ? Et d’autres l’accompagnait ? Il voyait cela puisqu’il passait à côté d’elles en commençant à courir. C’était bizarre … Il avait bien plus froid depuis que cette personne avait parlé. M’enfin … Il rentra en sécurité chez lui, racontant sa journée avec madame Florensia sans évoquer pour autant la princesse.

Chapitre 30 : Deux enfants et une fleuriste

Chapitre 30 : Deux enfants et une fleuriste

« Earnos ? Quand comptes-tu te rendre chez Florensia ? Rappelles-toi qu’elle t’a offert des fleurs comme à son habitude pour ton anniversaire. »

« Je comptais y aller aujourd’hui, maman … Est-ce que madame Florensia sera là ? » demanda t-il en s’adressant à sa mère, celle-ci lui répondant aussitôt :

« Elle doit sûrement être là. Tu devrais néanmoins aller vite la voir et passer la journée avec elle pour te faire pardonner d’avoir mis autant de temps à la remercier. »

C’était ce qu’il allait faire ! C’était une très bonne idée même ! Il se leva de sa chaise, prenant sa foreuse dans ses deux mains avant de quitter la demeure familiale. S’il restait toute la journée avec la fleuriste, c’était un bon moyen pour s’excuser. Une bonne vingtaine de minutes de marche et il pénétra dans la modeste boutique … Pourtant, elle ne devait même pas être ouverte ? Comment cela se faisait-il que …

« Madame Florensia ? Madame … Florensia ? Où êtes-vous ? Votre magasin est déjà ouvert ? » dit-il avec un peu d’appréhension dans la voix.

« Et bien … Ne me remarques-tu donc pas, Earnos ? » murmura une voix douce sur le côté, lui faisant tourner la tête vers cette direction. La femme aux cheveux blonds était présente, un sourire aux lèvres, cachée dans l’ombre. Pourquoi est- ce qu’elle faisait cela ?

« AH ! Ne me faites pas peur comme ça, madame Florensia ! Je voulais vous remercier pour les fleurs … Même si c’est assez tard. »

« Oh … Ca ne fait rien … C’est l’intention qui compte, n’est-ce pas ? » dit-elle dans un sourire tandis qu’il rougissait en la regardant. C’était … gênant quand elle réagissait ainsi. Il ne savait pas réellement expliquer pourquoi mais voilà quoi …

« Euh ! J’ai décidé qu’au lieu de travailler aujourd’hui, j’allais vous aider toute la journée ! Je ne suis pas aussi doué que ma maman et mes sœurs mais je sais quand même me débrouiller ! » reprit-il pour éviter de trop réfléchir et de sentir trop gêné par tout cela.

« Hum … Pourquoi pas ? Je suis sûre que tu pourrais m’aider … Tu n’es pas un garçon ordinaire, n’est-ce pas ? Même si tu n’es pas un Coxy comme tes deux sœurs ou ta mère, tu as des connaissances liées à ces derniers. Sache que nos races n’ont jamais notre chemin tracé tout de suite. Nous pouvons dévier de ce dernier pour devenir ce que nous voulons. C’est pourquoi je suis une fleuriste. »

« C’est vrai … Vous n’avez pas l’air d’une Coxy. Tiens … Madame Florensia, vous êtes quelle race d’insecte en fait ? Je n’arrive pas à le savoir en vous regardant. »

« C’est … un … se … cret ! » dit-elle en lui tapotant doucement le nez quatre fois de suite à chaque syllabe, le jeune garçon rougissant en la voyant faire.

« D’accord … C’est comme … vous le voulez. Euh … Alors, vous me dites en quoi je peux vous aider ? » demanda t-il alors qu’elle hochait la tête. Bien entendu ! Qu’il l’accompagne ! Il allait lui montrer quoi faire pour l’occuper.

Plusieurs heures passèrent, trois ou quatre, il n’avait pas réellement cherché à calculer. Lorsqu’il travaillait, c’était pour travailler, pas pour flâner. Tout ce qu’il savait, c’est que tous et toutes étaient surpris de voir un jeune « apprenti » avec la fleuriste. Elle signalait que c’était plus qu’un simple apprenti sans donner plus d’explications à ce sujet. Finalement, ce fut elle qui s’adressa au jeune garçon, lui murmurant :

« Je crois que quelqu’un t’observe discrètement … ou du moins en essayant de l’être. »

Qui donc ? Il déposa le pot de fleurs qu’il avait en main pour se tourner vers la direction que la femme aux cheveux blonds regardait. … … … C’était une blague, n’est-ce pas ? Il apercevait une petite ombre ridicule qui tentait de se cacher sans y arriver réellement. Mais cette ombre … Il la reconnaissait entre mille ! Il sortit de la boutique, l’agrippant par le bras.

« Qu’est-ce que vous faites là, princesse Terria ?! Vous n’êtes pas au château ?! »

« Aie, aie ! Mais lâche-moi ! Ca fait mal ! » s’écria la jeune fille alors qu’il retirait son bras, marmonnant une petite excuse. Elle reprit la parole : « Ne crois pas que je t’ai suivi. Je voulais juste voir où tu allais et puis, quand j’ai demandé à madame Niny, elle m’a répondu que tu étais partie ici. Je suis juste venue voir ce que tu faisais. »

« Vous avez vue, vous pouvez donc partir. » répliqua le jeune garçon sans même chercher à se dire que les paroles de la jeune fille étaient plus que louches.

« Non ! Euh … Je voulais visiter aussi l’intérieur du magasin de fleurs. » répondit-elle, bafouillant à moitié alors qu’elle pénétrait dans la boutique pour confirmer ses dires. Lorsqu’elle vit Florensia, elle parut légèrement surprise, la femme lui souriant.

« Et bien … Si je m’attendais à avoir la princesse devant moi. Bienvenue dans ma modeste boutique, princesse Terria. »

« Euh … Euh … Bonjour madame Florensia. » murmura la jeune Apireine en baissant les yeux, légèrement rouge de honte.

Qu’est-ce qu’elle venait faire ici réellement ? Il n’arrivait pas à le croire mais la princesse lui collait vraiment à l’arrière-train. Il avait cette impression à force de la voir autour de lui. C’était quand même assez inquiétant en un sens. Elle ne cherchait quand même à se faire excuser, n’est-ce pas ? Ca ne servait à rien ! Il lui avait pardonné pour la foreuse mais pour le reste, il en était hors de question !

… … … Qu’est-ce qu’elle voulait faire ? Maintenant qu’il était là … Qu’elle était là … Elle ne pouvait plus reculer ! Elle s’était encore enfuie une fois du palais, ce qui n’était pas dans ses habitudes ! Après avoir revu le jeune garçon il y a quelques jours, elle s’était ancrée en tête de devoir se faire pardonner ! C’était vital à ses yeux ! C’était bête de penser comme ça mais elle voulait se faire pardonner plus que tout ! Elle ne comprenait pas pourquoi elle devait faire ça pour un simple Aspicot mais elle sentait que c’était important.

« Est-ce que je peux … vous aider dans votre boutique ? » demanda la jeune fille.

« Bien entendu. » répondit aussitôt Florensia, sans même laisser le temps à Earnos de donner son avis sur la question.

Comme il s’en doutait et contrairement à ce qu’il pensait, deux choses contradictoires, elle mettait de l’ardeur à la tâche mais elle ne faisait pas d’erreurs ou de fautes. Enfin, à part être trop zélée, elle semblait bien réussir dans ce que la fleuriste lui demandait. C’était plutôt étonnant quand on la regardait bien … Mais bon …

« C’est … Tu travailles bien, Terria. » dit le jeune garçon après plusieurs heures de travail. Il le reconnaissait … Comme lors de la première fois … où il l’avait revue, elle faisait des efforts pour apprendre. Mais contrairement au forage, jouer les fleuristes était beaucoup moins difficile. Il remarqua que la jeune fille aux cheveux blonds rougissait violemment à ces propos, n’ayant aucune explication à cela.


C’était la première fois qu’elle entendait un compliment de la part d’Earnos. C’était bizarre … Ca lui faisait chaud au cœur d’apprendre ça. Pourtant, des compliments, elle en recevait souvent de la part des nobles, des Apitrinis, d’Holikan … mais c’était peut-être parce … que ce n’était pas habituel de la part d’Earnos que ça lui faisait un tel effet ?

« Ben … Ben … Euh … Euh … Ben … Euh … Merci beaucoup Earnos. Je fais de mon mieux ! »

Elle se remettait au travail. Comme elle portait une fine robe blanche offerte par la fleuriste pour éviter que les gens ne la reconnaissent, elle pouvait travailler sans aucun problème. Elle semblait vraiment très bien se débrouiller … C’était plutôt étonnant pour une jeune fille qui n’avait jamais réellement travaillé quand on y réfléchissait à tout cela.

Pendant ce temps, alors que les deux enfants marchaient à gauche et à droite, la fleuriste les regardait, accoudée au comptoir, un sourire aux lèvres. Elle aussi semblait heureuse … Le jeune garçon tentait de reprocher de nombreuses choses à la jeune princesse mais il ne pouvait que constater et la remercier pour son aide.
Les minutes s’écoulèrent puis les heures. Vint le moment où ils purent se reposer plus que cinq à dix petites minutes. Lui ? Il ne s’était pas attendu à avoir à manger de la part de la fleuriste. Elle avait préparé un repas tout aussi succulent que ceux de sa mère et il remarquait que même la princesse appréciait le met. Il s’était attendu à une petite pique comme quoi, la nourriture n’était pas aussi bonne qu’au château mais visiblement, ce n’était pas du tout le cas. La fleuriste prit finalement la parole en les regardant manger :

« J’espère que cela vous satisfait les enfants. Je n’ai pas l’habitude de cuisiner pour d’autres personnes à part moi-même. Je ne peux donc pas juger sur la qualité. »

« C’est vraiment bon, madame Florensia ! » répondit le jeune garçon.

« Ca ressemble un peu aux repas que ma mère me fait quand elle n’est pas occupée avec les Rapions et les Drascores. » signala la jeune fille aux cheveux blonds, continuant de manger sans attendre réellement de remarques de la part des deux personnes présentes.

« Hum … Je vois, je vois … Je peux vous poser une question les enfants ? Vous semblez très bien vous entendre, n’est-ce pas ? »

Il commença à tousser violemment, s’étranglant à moitié après les paroles de la fleuriste. Lui ? Bien s’entendre avec la princesse ? Même pas en rêve. Il fit un geste négatif de la main pour signaler que c’était tout le contraire tandis que la princesse détournait le regard d’un air triste, arrêtant de manger.

« Ce n’est pas du tout ça, madame Florensia. Il n’y a aucun doute qu’Earnos et moi soyons amis. Je lui ai fait beaucoup de mal. »

Hum ? Il posa son visage sur elle. Si elle pensait que c’était en racontant à quelqu’un d’autre qu’il allait l’excuser pour cette raison plus profonde, elle se trompait lourdement. Pourtant, avant même qu’il ne lui réponde, ce fut Florensia, les deux mains soutenant son visage au-dessus de la table qui prit la parole :

« Tu es sûre de cela ? Pour quelqu’un qui doit t’en vouloir, j’ai l’impression qu’Earnos est souvent là pour éviter que tu ne te fasses mal. Tu n’as pas remarqué ses doigts comparés aux tiens ? Normalement, une débutante en tant que fleuriste a les doigts recouverts de petites entailles et blessures à cause des épines. »

Hein ? Quoi ? Alors qu’elle observait ses doigts qui étaient dans un parfait état, le jeune garçon avait aussitôt caché les siens, les mettant sous la table. Florensia reprit :

« Earnos me donne plus l’impression de te protéger qu’autre chose. Hum … Tiens. Cela me fait penser. Earnos, que penses-tu de faire une promesse à la princesse ? De toujours la servir et la protéger ? Bien que tu ne le montres pas concrètement, tu te préoccu… »

« AH ! » s’écria subitement la jeune fille aux cheveux blonds, pointant du doigt Earnos. Le jeune garçon recula son visage, surpris par cette réaction alors qu’elle se levait de sa chaise. Elle positionna son visage en face du sien, penchant sa tête sur la gauche puis sur la droite. « Tu es le petit garçon très sale de la grotte ! Euh … Euh … Le petit garçon qui a fait la promesse de me protéger à ma mère ! » reprit-elle aussitôt d’un air gêné. Ca n’avait pas été un compliment ses premières paroles, elle le reconnaissait parfaitement.

… … … Il l’observait sans sourciller. Elle s’en rappelait ? M’enfin … Sous la forme du jeune garçon très sale … Il ne pouvait pas s’empêcher d’émettre un discret sourire alors que la jeune fille murmurait :

« C’est mon … premier protecteur. Enfin … Il n’est pas forcément très fort comme Holikan ou alors Olistar mais c’est ma mère qui l’a choisi. Je ne savais pas que c’était toi, Earnos ! »

Elle lui prit les deux mains, le regardant avec un grand sourire, ses deux yeux rubis posés sur son visage. Elle semblait relativement heureuse … et soulagée n’est-ce pas ? Elle avait l’impression que tout était enfin terminé. Il n’avait guère pris la parole alors qu’elle semblait continuer à parler :

« Je ne savais pas que tu étais le fils de madame Niny déjà avant ! En fait, j’aurai dû te voir bien plus souvent ! Mais pourquoi tu ne m’as jamais dit qui tu étais ?! »

« Car ce n’était pas important. Ce n’était qu’une promesse d’enfant. »

« C’était une promesse dont tu t’es rappelé depuis tout ce temps ! » dit-elle en modifiant les dires du jeune garçon. « Et moi … Je ne m’en rappelais même pas … Pardon, Earnos. »

« Ce n’était pas important. Je ne suis qu’un simple garçon dans le fond. Je fais de mon mieux dans ce que je suis le moins doué. Il vaut mieux qu’Holikan et Olis … »

« Et bien, Earnos ? Je ne t’ai pas entendu faire cette promesse si tu le désirais une nouvelle fois. » coupa Florensia en regardant les deux enfants, n’ayant pas pris la parole depuis plusieurs minutes. Elle avait observé l’Aspicot et l’Apireine sans rien dire. Allait-il réitérer sa promesse ou alors conclure que ça ne servait plus à rien ?

Chapitre 29 : En préparation d’un attentat

Chapitre 29 : En préparation d’un attentat

« Avez-vous appris les dernières nouvelles au sujet de la reine Seiry ? »

« Ne pas le savoir serait plutôt étonnant ! Pour qui nous prends-tu ? Tout le monde sait que la reine Seiry risque de repartir très bientôt en direction du désert. »

« CESSEZ DE PARLER ET INSTALLEZ VOUS ! Nous devons réfléchir à ce que nous allons accomplir. Nous ne pouvons pas laisser passer cette occasion. »

Le décor n’avait guère réellement changé par rapport à la dernière fois. Néanmoins, c’était le lieu où il se produisait exactement qui était différent. Oui … Comme à chaque réunion, l’endroit était détruit après utilisation. Une simple mesure de sécurité …

« Bon … Nous allons pouvoir reprendre alors le sujet principal de notre réunion. Le retour des Drascores et des Rapions sur le devant de la scène. Le ridicule petit ambassadeur Rapion qui accompagne la princesse semble avoir de plus en plus de partisans et cela est un problème majeur. Si il s’avère que ces … insectes sont avec elle une nouvelle fois, il y a de fortes chances que nous n’ayons guère plus de chances pour réussir à l’assassiner. » reprit une voix, celle de l’unique personne debout dans la salle.

« Que devons-nous faire ? Préparer déjà quelques espions cette fois-ci ? Pour l’éliminer pendant le déplacement ? Mais parmi les gardes qui l’entourent ? Cela risque d’être difficile, très difficile. Il n’y aura que des gardes de confiance. »

« Non … Nous allons recommencer la même tactique qu’auparavant. Mais pour cela, il faut que nous soyons préparés. Nous n’avons pas le droit à l’échec cette fois-ci. » répondit la même personne debout alors que dans l’assistance, plusieurs personnes commençaient à murmurer entre elles. « Pendant que chacun fait l’inventaire de son équipement et des personnes qui lui sont proches et prêtes à partir en mission, je vais réfléchir de mon côté. »

Voilà que l’être s’éloignait de la salle de réunion, quittant la pièce sous le regard des autres. C’était rare … les fois où cette personne considérée comme un chef décidait alors de penser dans son coin. Mais bon … Pendant ce temps …

« Quand même … Si c’était vraiment aussi simple que ça … Mais les Rapions et les Drascores sont trop dangereux. Le pire est qu’ils ne sont pas de notre côté et si nous devons les affronter, nous aurions beaucoup trop de pertes … »

« C’est juste une mission impossible ! Il faudrait vraiment mettre le maximum de nos forces … Mais cela risque d’intriguer … Et cette fois-ci, il n’y aurait même plus l’effet de surprise. »

« Mais si nous avons la puissance et le nombre … Cela devrait suffire, n’est-ce pas ? »

C’était un peu l’effervescence dans la pièce, chacun levant la voix par rapport à un autre pour mieux se faire entendre bien que tout cela semblait particulièrement inutile. Nul n’avait réellement une idée convenable à proposer et c’était bien là tout le souci. Une idée … Une idée qui surclassait les autres et permettrait alors de mettre un terme à la monarchie de l’Apireine en place. Le roi … Ils pouvaient bien attendre, ce n’était pas un problème. Malgré la force de celui-ci, il était beaucoup moins respecté que sa femme. Non, ils devaient frapper un grand coup et pour cela, il n’y avait qu’une cible potentielle … Deux au grand maximum.

Finalement, après une bonne demi-heure, la personne revint, les murmures s’arrêtant presque aussitôt alors qu’elle restait debout son siège. Attendant que le silence plane complètement, elle vint dire :

« J’ai décidé de ce que nous allons faire. Nous allons agir dès la semaine prochaine … Il semblerait que la reine partira à ce moment. Je ne connais pas encore la date précise mais je vous l’apprendrai dès que cela sera le cas. »

« Mais quel est votre plan ? Quand est-ce que nous devons attaquer ? Comment surtout ? » demanda une personne assise alors que celle debout lui répondit :

« L’écrasement par la force … Mais sur plusieurs phases. Cela ne sert à rien de jeter tous nos membres, cela nous emmènerait tout simplement à nous entretuer. C’est pourquoi vous allez envoyer d’abord une première horde composée de nos membres les plus récents et les plus … « dissidents ». Autant se débarrasser de ceux qui ne sont pas nécessaires et nous causent des problèmes. Ensuite, vous attaquerez par vague. Mais pour cela, attaquez-les avant qu’ils ne pénétrèrent dans le désert. Il y a de fortes chances que les Rapions et les Drascores les attendent à l’entrée pour éviter une nouvelle erreur. Est-ce bien compris par tous et par toutes ? Vous n’avez pas à vous mêler en personne de cet assassinat … Ils n’ont nullement besoin de savoir qui est responsable de cela. Si il s’avère que l’un d’entre nous se fait repéré, ils pourraient remonter jusqu’aux autres. Malheureusement, cela n’arrivera pas car il y a de fortes chances que la personne remarquée ne soit plus de ce monde dans la soirée qui suis. Est-ce bien compris ? Si tel est le cas … Vous pouvez tous disposer. »

Peu à peu, la salle se vidait complètement ou presque … Presque ? Car oui … Il ne restait plus qu’une dizaine de personnes dont celle qui dirigeait la troupe.

« Hum … Maintenant, si nous passions au réel sujet de notre réunion ? »

« C’est ce que nous attendions avec impatience. » répondit l’une des personnes assises.

« La reine ne sera pas du voyage … Rares sont ceux qui sont au courant mais il s’avère que cela est mon cas. Ce n’est donc pas notre véritable cible. »

« Autant se débarrasser de ceux qui auraient la bouche un peu trop ouverte. » reprit une autre personne tandis que celle debout lui disait :

« Qu’importe … Nombreux sont ceux qui se sont trompés dans ce que nous avons appris au sujet de la reine Seiry mais aujourd’hui, je peux confirmer notre cible réelle. »

« Ce n’était donc pas une légende ? Ou alors une rumeur ? Il est vrai que les Apireines ont une semblable ? Mais qui alors ? Cela doit être une personne importante, n’est-ce pas ? »

L’être debout fit un geste négatif de la main. Pas le moins du monde … C’était même tout le contraire. La reine Seiry était discrète, très discrète. Elle ne se faisait pas remarquer … sous son autre forme, c’était pour cela qu’il avait été encore plus difficile de confirmer cette rumeur. Mais voilà … Même ainsi, ils avaient réussi à retrouver sa trace.

« Quand est-ce que nous attaquerons alors ? » demanda une voix.

« Dans la nuit … Cela est prévu pour la soirée après le départ de cette fausse reine. »

« Ainsi … La majorité des gardes sera aux aguets et autour d’elle, ne se doutant pas un seul instant de ce qui va attendre la véritable reine. Mais ça ne sera pas tout … N’oubliez pas que nous allons aussi envisager de tuer la princesse. »

« Sans une future Apireine … Le royaume va courir à sa perte. » conclut l’un des membres parmi la dizaine restante assise.

« C’est le but recherché … Nous n’avons rien à craindre car dès l’instant où ils ne seront plus au pouvoir, nous pourrons enfin reprendre nos privilèges. Depuis la venue de l’Apireine Seiry, nos privilèges ne sont guère existants ! »

« Elle nous considère au même niveau que ces insectes pouilleux qui travaillent dans la terre. Nous valons mieux bien qu’eux ! Même les anciennes Apireines nous mettaient plus en valeur que ces créatures ! Elles connaissaient nos places mais … elle … elle … »

« Elle n’arrête pas de nous baratiner avec les Rapions et les Drascores ! Comme si ils étaient au centre de son attention ! Nous ne voulons pas de ces pouilleux dans le royaume ! »

« ASSEZ ! TAISEZ-VOUS BON SANG ! »

La personne qui était debout venait finalement de crier avec force, faisant s’arrêter là toutes celles qui tentaient de parler les unes après les autres.

« Gardez ces paroles pour vous plus tard ! Nous agirons dès qu’elles seront mortes ! Le roi a montré clairement qu’il n’appréciait pas les Rapions et les Drascores. Nous lancerons une nouvelle guerre plus tard. Maintenant … La réunion est terminée. Préparez-vous pour le soir prévu … Nous lancerons l’offensive … bien que cela ne soit pas personnellement. »

Finalement, les rares personnes encore présentes se levèrent, quittant la pièce après cette nouvelle réunion. Lorsque la salle fut complètement vide, le dernier insecte présent se dirigea vers une autre sortie, donnant un coup de pied contre un mur avant de s’éloigner à son tour. Deux minutes plus tard, le bâtiment s’écroula comme un simple château de cartes. Encore une fois … Jamais personne ne saurait ce qui s’était passé en ce lieu.

Chapitre 28 : Une mauvaise nouvelle

Chapitre 28 : Une mauvaise nouvelle

« Ou … Oui ? Il y a un problème ? » demanda t-il, espérant ne pas avoir mis la personne en colère. C’était la première fois … qu’il voyait une telle personne.

« Dans tes proches … Quelqu’un qui t’es proche … Que cela soit par le sang ou par les sentiments … » commença à dire l’être qui avait une voix masculine mais assez distante. C’était vraiment effrayant en un sens. Il recula, serrant la foreuse entre ses deux mains.


Il ne devait pas avoir peur … Mais cette personne l’angoissait. Et pourtant … Lorsqu’il avait combattu le Rapion, il n’avait pas craint pour sa vie. Il avait voulut protéger à tout prix la princesse mais là … Ce n’était pas la même chose. Il était seul … complètement seul …

« Quelqu’un disparaîtra … Cette personne est à tes côtés depuis le début … »

« De qui … De qui est-ce que vous voulez parler ? Et qu’est-ce que ça veut dire ? » bafouilla le jeune garçon en réponse à l’être masqué, reprenant : « Vous vous … êtes un Maskadra hein ? C’est … C’est la première fois que j’en vois un … Mais d’habitude, ils disent qu’ils sont souvent joyeux mais ce n’est pas votre cas … »

« N’as-tu donc point écouté ce que j’ai dit ? N’as-tu aucune crainte pour ceux que tu aimes ? Car la personne qui disparaîtra est celle qui t’es liée … »

« Mais qu’est-ce que vous racontez ?! Vous ne pouvez pas vous exprimer correctement ?! C’est si dur ?! » s’écria t-il, plus craintif qu’énervé par les propos de l’homme.

« Ne comprends-tu donc pas mes paroles ? Il est vrai que tu n’es qu’au début de ton existence … Mais tu es jeune … bien jeune pour avoir une telle destinée … »

Il en avait assez ! Il allait partir puisque cette personne ne savait pas parler correctement ! Il fit demi-tour sur lui-même, commençant à marcher avant de s’arrêter presque aussitôt. Non … A cause de ses paroles, il était maintenant trop intrigué.

« Mais de qui est-ce que vous parlez ? Ce n’est pas difficile de mettre un nom hein ? »

« Que cela soit bientôt … ou dans les années à venir … Tu seras proche de la déchéance du monde qui t’entoure … »

« ASSEZ ! Comme vous ne savez pas parler correctement, moi, je m’en vais ! » s’écria t-il finalement avec de la colère.
Il se retourna, commençant à courir sans s’arrêter avec sa foreuse. Qu’est-ce que ça voulait dire ?! Qu’est-ce qu’il voulait dire ce Maskara ?! Ils étaient sensés être amusants d’après ce qu’il savait et ce que cet homme avait dit n’avait rien de drôle ! RIEN DE RIEN ! Il s’arrêta après cinq bonnes minutes de course, épuisé et fatigué car il portait sa foreuse avec lui.

Le Maskadra ne l’avait pas suivi. Heureusement hein ?! Il ne voulait surtout plus revoir ce type ! Une personne proche ? Qui allait disparaître ? C’était affreux ! Et c’était plus qu’inquiétant … Il ne voulait pas que cela arrive ! Mais qui ? L’une de ses sœurs ? Sa famille ? Ses amis ? Il n’avait pas d’ami sauf …

« EARNOSSSSSSSSS ! Je me disais bien que tu étais ici ! »

Aie ! Ses oreilles ! Il fronça les sourcils, fermant les yeux en même temps. Ce cri… Il l’avait parfaitement reconnu, il fallait dire qu’avec un tel éclat dans la voix, il était difficile de ne pas mette un nom à cette voix. Il rouvrit ses yeux, se retrouvant face à face avec …

« Herakié ! Bon sang ! Ne me fait pas peur comme ça ! »

« Hihihi ! J’en étais sûre que tu étais là ! Puisque mon papa ne travaillait pas aujourd’hui, il était normal que toi aussi, tu ne travaillais pas ! Coucou Earnos ! Comment tu vas ?! »

« Disons que j’allais plutôt bien avant la perte de mes deux oreilles. » répondit-il assez sèchement bien qu’il n’avait aucune intonation méchante dans la voix.

« Toujours aussi drôle hein ? Tu viens te promener avec moi, Earnos ? J’ai quelque chose à te dire aujourd’hui. Je suis sûre que tu vas être plus que content quand tu l’apprendras ! »

« Une nouvelle ? Je ne suis pas vraiment convaincu que ça me plaise. » répondit-il alors que pourtant, il venait l’accompagner. La présence d’Herakié lui permettait d’oublier un peu celle de la princesse, c’était une bonne chose alors.

Ils commencèrent à marcher côte à côte, le jeune garçon ayant mis sa foreuse dans son dos, l’ayant attachée pour qu’elle ne tombe pas. Bon … Qu’est-ce qu’elle voulait lui dire ? Elle semblait prendre son temps et lui, ça commençait à l’agacer un peu bien que ce n’était pas envers elle mais à cause des paroles du Maskadra.

« Alors … Est-ce que tu vas me le dire ou tu attends que je te pose la question, Herakié ? »

« J’attendais que tu la poses ! Ca veut dire que tu t’intéresses à ce que je dis ! »

« … … Ne tourne pas autour du pot, s’il te plaît. »

« Je vais travailler avec toi ! » s’écria t-elle subitement avec joie, venant l’enlacer contre elle alors qu’il paraissait hébété. Il avait … mal entendu ? Très mal entendu hein ?

« Tu peux répéter s’il te plaît ? » murmura le jeune garçon avec appréhension.

« J’ai forcé mon père ! Je lui ai dit que je préférai quitter l’école pour venir travailler avec toi ! C’est une bonne nouvelle hein ? Tu es content aussi ? »

« Je ne suis pas content du tout ! Pourquoi est-ce que tu as quitté l’école ?! Tu avais la chance de pouvoir y aller et toi, tu … »

« Hihihi ! » rigola t-elle, posant un doigt sur son nez comme pour l’arrêter aussitôt. « Je t’ai pas tout dit … Je vais juste travailler une semaine sur deux ! Comme j’ai de très bonnes notes, je n’aurai même pas de retard ! Dis-le que tu es content ! »

« Euh … Si tu retournes à l’école … Enfin que tu y restes … Mais pourquoi est-ce que tu veux venir travailler avec moi ? Si tu vas à l’école, tu pourras faire autre chose que creuser des tunnels comme moi hein ? Si tu es en plus très intelligente, ça devrait être facile. »

« J’ai pas envie … Je veux juste rester avec toi, Earnos. Moi, ça me suffit complètement. »

« Mais pourquoi ? Ne me dit pas que c’est encore à cause de l’histoire de la fiancée hein ? »

« Et si c’était le cas ? » dit-elle avec un peu d’affront dans la voix alors qu’il poussait un profond soupir. Si c’était le cas … Il n’avait rien du tout à dire malheureusement.

« Arrête de te faire des illusions, c’est tout. Herakié … Tu ne peux pas imposer à un garçon de t’aimer hein ? Tu le sais bien … »

« Non mais je peux l’aider à ça ! Qu’importe le temps que ça prendra, hihihi ! Et puis … Ca fait quand même beaucoup d’années en plus … Trois ou quatre ! »

« Plutôt quatre si tu parles de ça … Je me rappelle la première question que tu m’as posée lorsque tu m’as vu … » marmonna t-il alors qu’elle lui répondait :

« Tu veux être mon amoureux ? »

Il passa une main sur son front. C’était exactement ces termes … La même intonation … Tout était parfaitement reproduit grâce à la voix de la jeune fille aux cheveux bleus. Ah … Vraiment … Il poussa un profond soupir, lui disant :

« Tu es trop jeune pour ça et moi aussi. Bon … Evite de faire des bêtises par contre. Déjà que je vais devoir m’occuper de ma sœur, si je dois en plus m’occuper de toi … »

« Hihihi ! Tu deviendras alors un véritable chef pour ça ! Peut-être que dans quelques années, ça sera toi qui donneras des commandes et des ordres aux autres ? »

Il haussa les épaules sans répondre. Peut-être … Il ne pensait pas vraiment à ça pour l’instant même si sa vie était toute tracée pour qu’il continue à travailler. AH ! Il s’arrêta subitement, observant Herakié qui le regardait avec des yeux surpris. Il y avait un souci ?

… … … Ce n’était pas possible hein ? La seule personne … vraiment proche de lui … à part sa famille … C’était Herakié … Est-ce que ça voulait dire que … qu’elle était en danger ? Si c’était le cas, il devait la prévenir … Lui dire de faire attention. Ou alors, essayer de mettre le maximum de distance avec elle pour qu’elle ne soit pas blessée. Il ne voulait surtout pas que la jeune fille aux longs cheveux bleus soit touchée par ça ! Il allait devoir réfléchir à tout ça plus tard. Pour l’instant, il allait la raccompagner, quitte à oublier le travail quelques temps.