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Chapitre 23 : Se parler en face à face

Chapitre 23 : Se parler en face à face

Lorsqu’il était revenu, il avait remarqué que Klork s’apprêtait à lui demander quelque chose sans pour autant le faire. Ne cherchant pas à savoir de quoi il s’agissait, il fit comme si de rien n’était. Ils étaient alors reparti pour quelques kilomètres vers le sud-est. Juste une petite marche d’une heure environ avant qu’il ne puissent s’installer correctement pour la soirée.

« Tiens … Zéran … Tu as été gentil aujourd’hui … alors tu y as … droit. »

« Euh ? Je crois que je dois dire merci, c’est bien ça ? Alors merci. »

Elle avait fait de sacrées emplettes avec Klork, il fallait avouer que c’en était vraiment impressionnant. Comment est-ce qu’autant de nourriture était possible pour eux sept ? Il avait l’impression qu’un banquet comme celui d’avant leur départ du domaine de sa propre famille était à peine plus grand que ça.

« Tu comptes vraiment manger tout ça, Silesti ? C’est pas un peu trop … énorme ? »

« Si … j’ai faim … alors j’ai faim … et je mange, c’est tout. »

Argument recevable. Mais voilà, il n’allait pas refuser ce qu’elle lui servait, c’était mesquin de sa part, n’est-ce pas ? Enfin, surtout indélicat. Tous les autres avaient reçu aussi un peu du repas préparé par Cator avec la nourriture achetée par Silesti. Même Réxéros et Vélisa qui ne s’y attendaient visiblement pas. Tant mieux … Peut-être que le repas permettrait justement de réchauffer un peu l’ambiance morose ? C’était peut-être ça l’idée de Silesti en fin de compte et il ne le remarquait que maintenant ?

Elle était peut-être bien plus intelligente qu’elle en donnait l’impression. Hum … En plus, il se rappelait brièvement du célestien qui l’avait combattue. Il ne lui restait plus que les pieds, comme si tout le reste avait été balayé dans une explosion. C’est ça, c’était bien ça en fait. A force de ne pas se méfier d’elle ou à peine, elle était pourtant la …

« Bon, le repas, c’est bien bon mais c’est pas ça qui va nous aider à trouver la personne responsable de l’attaque des célestiens. »

Qu’est-ce qui prenait à Réxéros d’en parler à voix haute comme ça ? Est-ce qu’il cherchait les ennuis maintenant ? A quoi est-ce que ça allait mener de parler de tout ça maintenant ! Pour autant, malgré le silence qui s’installa, il reprit :

« On sait que ça ne peut être que l’un d’entre nous car les célestiens nous sont tombés dessus non par hasard et qu’ensuite, nous … »

« Tu oublies aussi qu’ils étaient autant surpris que nous. S’ils étaient préparés à nous attaquer, Klork n’aurait pas lancé une offensive sur eux avant même qu’ils n’agissent. » corrigea Agléa, déjà visiblement agacée par le sujet.

« Ça ne changera pas qu’ils étaient à la recherche de notre groupe. Nous leurs sommes tombés dessus avant eux, voilà tout. » reprit Réxéros avec lenteur.

« Cela veut dire que quelqu’un leur a donné une indication de l’aire où nous étions »

Voilà que Vélisa se joignait maintenant à la conversation, comme pour appuyer les dires de Réxéros. Les quatre autres félémons continuaient de manger en silence, Zéran remarquant que comme lui, tous observaient les trois en train de parler. Qu’est-ce qu’il pouvait se tramer dans le cerveau de ces personnes ? Il n’en avait strictement aucune idée mais il n’était pas si certain que ça soit vraiment une bonne chose dans le fond.

« De toute façon, tout porte à croire que c’est Zéran le responsable de tout ça. »

« Hein que quoi ? Et pour quelle raison ? » s’exclama le félémon à la chevelure blonde, s’étant arrêter de manger pour se tourner vers Réxéros.

« Pour quelqu’un de la famille de la Vanité, tu es bien trop tranquille. Tu ne te mets jamais en avant et c’est bien trop étrange pour que ça soit normal. En même temps, ta famille a toujours été celle qui en ressortait vainqueur. Qui sait quel stratagème tu as mis en place pour nous ? »

« C’est complètement absurde. Je n’avais jamais rencontré de célestiens de ma vie avant ceux que nous avons affronté ces derniers jours ! » continua de dire Zéran, abasourdi.

« Et qui pourrait confirmer tes dires ? Hmmm ? C’est bien ce que je pensais. »

Silesti posait maintenant son regard sur Zéran, un peu intéressée par la suite des événements alors que Cator s’était complètement plongé dans son mutisme. Klork avait fermé son unique œil valide comme songeur bien que sa main libre se posait sur son arme. Agléa s’apprêtait à prendre la parole mais Vélisa fût la plus rapide :

« De plus, tu es parti seul encore maintenant avant que nous nous en aillons de ce village »

« Normal, j’ai été envoyer une lettre à mon petit frère, Kosmor, pour ne pas changer. Je l’ai fait depuis le début, je ne vois pas pourquoi j’arrêterais maintenant. »

« Et qui peut prouver que ce n’était pas une lettre pour prévenir certains félémons de notre présence et nous attendre pour qu’ils puissent nous tuer plus aisément ? »

« C’est vraiment stupide. Je n’ai aucune connaissance extérieure par rapport au domaine de la Vanité. Je ne suis jamais sorti de chez moi avant le début de l’expédition ou presque. Je ne connais rien de ce monde et c’est moi qu’on accuse ? Pourquoi est-ce que ça ne serait pas toi, Réxéros ? Ou alors tout simplement Vélisa aussi ? »

« Bien entendu. Quand on ne sait pas se défendre avec des arguments convaincants, on tente de cibler l’autre personne, c’est normal, vraiment normal. Tu oublies une chose : je suis celui qui nous a permis d’obtenir de nombreux objets à bas prix grâce à mes connaissances dans une précédente ville. Pourquoi perdrais-je la possibilité de gagner plus d’argent indirectement alors que je suis de la famille de la Cupidité ? »

« Tout simplement pour nous piéger et je … AH ! Et qui nous dit que tu n’as pas prévenu les célestiens ou un félémon quand tu es resté en arrière de ton côté hein ? C’est facile d’accuser les autres sans aucune preuve mais dès qu’il s’agit d’avoir un alibi, t’es pas le mieux placé ! »

« Il faut avouer que ce n’est pas faux ce que dit Zéran. »

Silesti avait enfin ouvert la bouche et sans arrêt, un léger sourire aux lèvres tout en regardant le félémon, comme s’il venait de trouver une brèche dans l’argumentaire de Réxéros. D’ailleurs, celui-ci avait sa bouche grande ouverte, comme pour s’apprêter à parler mais Vélisa poussa un soupir, finissant par fouiller dans ses poches avant d’en retirer un papier :

« Obligé de se justifier à chaque fois. T’es vraiment pénible, Zéran. Ce papier, c’est une reconnaissance d’achat de la part de la famille envers celle de Réxéros. Ce dernier a pris du temps car il devait mener une affaire juteuse sur laquelle ma famille rôdait. Il lui a fallut rattraper par lui-même le déficit obtenu à cause de ces promotions faites pour nous. Avant d’accuser quelqu’un, tu ferais bien d’avoir des preuves. »

Zéran récupéra le morceau de papier, le regardant de gauche à droite avec appréhension. De ce qu’il était possible de voir, il était plus qu’authentique, et le félémon commençait à trembler de tout son être. Agléa coupa le bref silence :

« Accuser quelqu’un sans aucune preuve, si je ne trompes pas, c’est bien ce par quoi vous avez commencé tous les deux non ? »

« Je ne penses pas que quelqu’un de trop proche à Zéran puisse prendre la parole pour le protéger, Agléa. Tu ferais mieux de te taire. » répondit Vélisa, visiblement déjà irritée par le fait qu’elle décide de se mêler de tout ça.

« En parant de personnes très proches, je ne vois pas pourquoi tu as eut le besoin de justifier les actes de Réxéros. Il était assez … grand pour se défendre non ? Car oui, vous êtes tous les deux collés l’un à l’autre. Ca ne trompe personne. » rétorqua Agléa, ayant bien appuyé sur le « grand » avec un petit sourire mauvais qu’elle ne cachait guère.

Et cela suffisait amplement à faire apparaître une belle veine sur le cou de Réxéros qui détestait que l’on parle expressément de sa taille. Avec lui et Vélisa en colère, Zéran cherchait lui-même à se calmer sans pour autant y arriver.

« De toute façon, tout t’inculpe, Zéran. Tu ferais mieux d’avouer plutôt que de chercher à te faire défendre par une félémone ! Tu n’as même pas une seule once de courage ! »

« Je n’ai pas à me défendre d’un acte que je n’ai pas commis ! Je n’ai pas besoin de … »

« Alors pourquoi est-ce que tu faisait une drôle de tête ces derniers jours ? Comme si tu te sentais coupable de quelque chose ! Ou alors tout simplement déçu que tu n’aies pas réussi à tuer l’un d’entre nous. Ca serait beaucoup plus simple hein ? »

« Mais c’est juste aberrant ! On a chacun nos qualités ! Contre les Lizéfal, je rappelle que vous n’avez RIEN fait ! Rien du tout, Vélisa et Réxéros ! Vous êtes juste restés là à attendre que moi et Klork, on s’occupe d’eux. On s’est mis en danger pour vous ! Cator aussi n’a rien fait mais lui au moins, il s’excuse et ce n’est pas de sa faute ! Tout le monde fait des erreurs ! Silesti et Agléa aussi ont essayé d’aider. »

« Qui nous dit que ce n’était pas une manœuvre pour nous inciter à te faire confiance ? »

« Oh … Quel félémon ! Il est prêt à risquer sa vie pour nous ! »

Ils étaient énervants et agaçants. Non, en fait, c’était pire que ça. Le félémon aux cheveux blonds était presque dépité par la situation. Comment et pourquoi ils en étaient arrivés là ? Ils accusaient à tort et à travers et lui-même n’avait plus vraiment la force de répliquer.

« De toute façon, pour la défense, ce n’est pas comme si tu étais aussi doué que Klork, n’es-ce pas ? Tu sais à peine te battre. C’est juste une excuse. Tu es peut-être le plus manipulateur d’entre nous, Zéran mais on ne tombera pas dans ton piège. On va faire un vote. »

« Un … vote ? Mais pour quoi faire ? » demanda t-il, recommençant à trembler de tout son être. Qu’est-ce qu’ils voulaient faire comme vote ?

« Vu que tu ne peux pas voter puisque tu es l’accusé, on va dire que si trois d’entre nous veulent ta mort, on t’exécutera. Je vote pour. »

« Moi de même. Cator ? » demanda Vélisa après avoir levé la main en même temps que Réxéros ou presque. Néanmoins, lorsqu’une imposante lame s’éleva à la place d’une main, les deux félémons l’abaissèrent aussitôt, Klork étant visiblement énervé, très énervé, son œil doré posé sur Réxéros alors qu’il tenait fermement son arme.

« Et pourquoi forcément le tuer ? Si vous n’aviez pas confiance en lui, vous pourriez aisément l’abandonner et le livrer à lui-même non ? Vous allez très vite en besogne … et je pourrais faire de même de mon côté. Si vous touchez ne serait qu’à un seul cheveu de Zéran et s’il devait lui arriver quelque chose, je vous promets que le groupe finira par être réduit de moitié entre sa mort et les vôtres. »

« Tsss ! Des menaces maintenant ? Tu crois vraiment nous impressionner comme ça, Klork ? » déclara Vélisa s’étant redressée pour faire front au félémon en armure rouge.

« Je ne cherche pas à impressionner quiconque mais si vous voulez jouer à celui qui tuera l’autre en premier, je veux y participer. Compris ? » continua de dire Klork, rapprochant son visage balafré de celui de Vélisa, celle-ci étant presque hors d’elle.

« Ne te fout pas de ma gueule ! C’est à peine si tu nous adresses la parole lorsque nous nous sommes tous retrouvés dans le domaine de la Vanité, devant le roi des félémons ! Et depuis, tu es toujours aux basques de Zéran ! Peut-être même que tu as été payé ? AH ! Tu peux toujours donner ton prix et … »

Ce ne fût pas un coup d’épée mais de poing qui vint percuter la joue de Vélisa, l’envoyant sur Réxéros qui tomba à la renverse sous la puissance du coup. Mais sans même leur laisser le temps de prendre la parole, Réxéros hurla :

« ON NE M’ACHETE PAS ! TOUCHEZ A ZERAN ET JE VOUS ELIMINE ! »

« Euh … C’est bon … Klork. C’est bon, je crois … Je crois que les esprits sont un peu échauffés et que tout le monde n’a pas les idées claires et … AH ! Klork ! »

« QUOI ZERAN ?! … … … Pardon. Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Ta blessure à la hanche ! Elle s’est rouverte. Il faut qu’on te la soigne et vite ! »

« Tu … TU ME LE PAYERAS, SALOPARD ! »

Vélisa avait crié à son tour, saignant à la joue, s’apprêtant à sortir ses propres armes mais Réxéros l’arrêta à temps. Silesti avait refermé ses yeux, gardant son sourire aux lèvres comme si tout cela avait été grandement amusant. Agléa, quant à elle, observait d’un mauvais œil Réxéros et Vélisa, finissant par rejoindre l’autre duo en disant :

« Besoin d’aide tous les deux ? Si je peux faire les bandages … »

« Non, ça va aller. Zéran, vas plutôt avec Agléa, je vais me charger de ça tout seul et … »

« Je ne peux pas te laisser seul, surtout après tout ça. Et surtout avec eux qui n’hésiteront pas à s’en prendre à toi. C’est de ma faute si … »

« Ce n’est pas de ta faute. Tu n’es pas responsable de ces personnes qui n’hésitent pas à accuser sans même chercher à discuter auparavant. Ne t’en fait pas, je me soigne … et ensuite, on pourra discuter, toi et moi. »

« D’accord … Je veux bien … enfin, je crois que je veux bien. Je n’en suis plus vraiment aussi sûr que ça mais … Agléa ? Tu … m’emmènes ailleurs ? »

Cator. Ce dernier n’avait pas osé bouger ou lever la voix. Il avait juste regardé le groupe se déchirer sans même avoir la possibilité de se mêler à cette joute verbale. Joute à laquelle il n’aurait de toute façon pas voulu y participer. C’était horrible, tout simplement horrible. Chacun partait de son côté, sauf Silesti qui restait immobile.

« Quel duo d’imbéciles ! Zéran, n’y penses plus, d’accord ? »

« Je voudrais bien … t’y voir, Agléa. On vient de m’accuser de chercher à tuer tout le groupe, de travailler avec les célestiens et de dire que je suis complètement inutile. »

« Ces deux imbéciles se croient être le centre du monde, tout simplement car ils ont de l’argent à ne plus savoir quoi en faire. Tsss c’est bien le genre de félémons que je ne supportes pas du tout. Et dire qu’en plus, il voulait se « payer mes charmes », cet enfoiré de Réxéros. »

Ils avaient trouvé un coin tranquille, près d’un arbre mort depuis déjà bien longtemps. Zéran s’était tourné vers Agléa, surpris de ses paroles bien qu’il montrait principalement de la tristesse dans ses yeux rubis. Elle lui dit avec une pointe d’aigreur :

« Et oui, tout le monde n’est pas aussi sympathique que toi envers moi, Zéran. Tu crois que je ne vois pas le regard libidineux qu’il a vers moi ? Il doit sûrement en avoir payé un sacré nombre de félémones pour s’occuper de la nouille qu’il a entre ses cuisses. Et s’il a déjà eut une aventure avec Vélisa, j’imagine que vu son physique et sa gueule de molosse, ça ne devait pas être très plaisant à vivre. »

« Hahaha … Ah … Je penses donc que tu as refusé sa proposition, n’est-ce pas ? »

« Il est vrai que certaines félémons, hommes ou femmes, de la Débauche sont ainsi mais ce n’est pas mon cas. Pour toi, j’imagine que je ferais un prix d’ami : ça sera gratuit. »

« Merci … de me faire sourire avec tes bêtises, Agléa. »

« Oh mais je ne dis pas de bêtises. D’ailleurs, si tu veux tout savoir, tu auras plusieurs échantillons à tester. Du moins, disons qu’en plus d’être gratuit, tu pourras en demander quand tu veux, tu vois ? C’est aussi simple que ça ! »

« Arrêtes donc tes idioties, Agléa. Je pourrais presque y croire et … » commença t-il à dire avant d’être interrompu par la félémone aux cheveux auburn.


Celle-ci lui avait pris sa tête pour venir la faire se loger contre sa généreuse poitrine. Il gesticula pendant quelques instants, cherchant à s’échapper mais elle maintenait une pression assez forte contre lui, chuchotant :

« Je ne plaisanterais jamais par rapport à ce sujet, c’est aussi simple que ça. Si j’ai envie de le faire avec quelqu’un, je n’aurai aucune retenue … Et je te promet que cette personne ne le regrettera pas le moins du monde, Zéran. »

« Humpf … Hu … Humpf hum … humpf … » soupira Zéran avant de fermer les yeux. Il était bien installé et il eut même l’audace de placer ses mains dans le haut du dos nu de la félémone, la gardant contre lui pendant deux bonne minutes.

« J’imagine que tu es potentiellement intéressé par ça, non ? Tu voudrais peut-être dormir avec moi ce soir ? Qu’est-ce que tu en dis ? Dormir, ça serait bien un grand mot mais je te donnerais de nombreuses occasions de sombrer dans le sommeil après, oui. »

Il ne répondit pas, restant complètement plongé dans son mutisme alors qu’elle soupirait un peu. C’était encore trop tôt, toujours trop tôt pour ça. Pourtant, dans le fond, elle espérait que ce jour allait bientôt arriver. A force de patienter, qui sait combien de temps elle tiendrait ? Qui sait … ce qu’elle ferait ?

« Je vais mieux. Merci. » finit par dire Zéran avant de s’extirper du cocon mammaire dans lequel il avait récupéré des forces. Malgré qu’il sentait une forte chaleur l’envahir, ce n’était pas le moment de penser à ça alors qu’Agléa lui souriait.

« Quand tu veux, tu peux revenir. Mes bras sont grands ouverts et mon corps l’est tout autant pour ta personne, Zéran. »

« Je notes la proposition … mais je ne suis pas rassuré par rapport à Klork. On retourne au campement ? Même si je sens que ça ne va pas être joyeux. »

« Tu n’es pas responsable de ça et tu n’as pas à t’en vouloir. Ce sont ces deux idiots qui mettent le moral à zéro dans tout le groupe. Peut-être qu’ils apprendront de leurs erreurs mais ils sont tellement imbus de leurs personnes que je crois que c’est impossible. »

« Tu as sûrement raison … oui, j’en suis même convaincu mais … »

« Mais je sais que mes paroles sont du vent pour toi. Ah … J’espère vraiment qu’un jour, tu mettras autant de zèle à me protéger et à penser à moi que tu le fais pour Klork. Et dire que c’est un félémon. Dis … Tu peux me rassurer ? Tu me trouves attirante ? »

Sans un mot, rougissant légèrement, il baissa les yeux vers le bas de propre tenue, Agléa faisant de même avant d’avoir un sourire rayonnant de joie. Elle avait sa réponse ! Ce n’était pas vraiment une réponse dont il était fier hein ? HEIN ?!

Maintenant qu’il retrouvait les autres, il remarquait qu’il n’y avait plus personne, sauf Klork, assis non-loin du feu. Même si cela l’embêtait, d’après ses propres dires, Agléa signala qu’elle allait aussi rentrer dans la tente pour se refaire une beauté. Où est-ce qu’ils étaient tous partis ? Est-ce qu’ils étaient dans leurs tentes ?

« Klork ? Est- ce que je peux m’asseoir près de toi ou non ? »

« Tu ne devrais même pas … poser la question, Zéran. Je tiens tout d’abord à m’excuser. »

« Attends avant les excuses. Comment est-ce que ta blessure va ? Tu as réussi à la soigner ? Tu as été te bander dans la tente ? Je sais bien que tu n’as pas envie que les autres le voient mais bon, en même temps, enfin, tu fais comme tu veux, ce n’est pas à moi de te le dire. »

« Ne t’en fait pas, je dirais que je vais bien … en un sens, on va dire. Enfin, je pense que je peux te dire ça, je n’en suis pas certain. »

« Je suis assez … perplexe par tout ça. Je crois que cette soirée a vraiment été pourrie du début jusqu’à la fin, entre nous. Je n’ai pas envie d’y repenser et ça me fatigue même. »

Zéran s’était assis à côté de Klork, cherchant à sourire par rapport à cette situation. Pourtant, le coeur n’y était pas, que ça soit pour lui comme pour le félémon à la chevelure émeraude à ses côtés. Ah … Non … C’était juste … stupide.

« Agléa est en sécurité avec Silesti qui dort non-loin. Je pense que si cette dernière n’a pas répondu ou ne s’est pas mêlé de tout ça, c’est qu’elle ne te considère pas comme un traître, Zéran. Je … tiens à m’excuser encore de mon comportement de ces derniers temps. »

« Je suis aussi fautif que toi même si … je pensais que tu me considérais comme responsable de cette attaque de la part des célestiens sur nous. » finit par avouer Zéran, baissant un peu ses yeux rubis. Malgré tout ça, il n’était pas vraiment fier de l’avouer.

« Comment est-ce que tu pourrais l’être ? Tu étais tout le temps avec moi et … tu es trop intègre pour faire un tel plan dans le dos des autres. Tu aurais préféré tous nous confronter ensemble plutôt que de vouloir nous planter un couteau dans le dos. »

« C’est gentil de me dire ça. Ca me fait … vraiment plaisir. Je … Je … Je … » commença à dire Zéran avant d’avoir ses épaules qui s’affaisèrent subitement.

« Le contrecoup de cette journée, Zéran ? » lui demanda Klork, plaçant une main sur son épaule droite, le félémon borgne reprenant : « Tu peux te laisser aller. Ici, en ce moment même, il n’y a personne qui te voudra du mal. »

Il regardait presque Klork en l’implorant. Il ne mentait pas, n’est-ce pas ? Klork ne lui mentirait pas … pas à ce moment précis, n’est-ce pas ? Alors … Oui. Il allait tout simplement évacuer tout ce qui l’usait depuis cette scène avec les autres membres du groupe.

Chapitre 22 : Eloignement

Chapitre 22 : Eloignement

« Voilà. Je ne sais pas si vous comptez vraiment dormir en ville aujourd’hui mais pour mon cas, ça ne sera pas possible. Je vais plutôt me préparer dehors. »

« Comme tu veux, y a une raison à ça ? Ou alors, c’est juste parce que tu n’es pas franchement motivé, Réxéros ? » demanda Cator alors qu’ils étaient arrivés à l’intérieur d’une ville de taille moyenne. Oh, si on retirait un quart ou un tiers des habitations, cela ressemblait plus à un village mais vu que les maisons étaient en brique et non en bois comme les quelques fortifications, il valait mieux garder le terme de ville.

« Ce n’est pas une ville dont ma famille est responsable. Je préfère jouer la sécurité de mon côté. A vous de voir si vous voulez faire de même. On fait juste nos achats, peut-être de quoi nous soigner et on repart aussitôt. »

« Ça me semble être la meilleure des possibilités, Réxéros. Mouais. Mais fais attention à pas faire le petit chef, non plus hein ? Je te rappelles que si on en est là, c’est grâce à Cator qui a réussi à nous emmener jusqu’à cette ville. » déclara Vélisa après quelques instants.

« Ouais, ouais, Vélisa. Je l’ai pas oublié. Merci Cator pour le chemin, c’est sympathique de ta part, vraiment très sympathique. Au moins, nous sommes sûrs de ne pas nous perdre maintenant, c’est une bonne chose. Bon, vous en pensez quoi vous autres ? »

« Hey, Réxéros. Pas de ouais ouais avec moi hein ? Je te rappelles qui c’est qui achète tout ce que ta famille ramène ? C’est la famille de l’Avidité »

Réxéros vint se confondre en excuses après les propos de Vélisa. Depuis qu’ils étaient en ville, ils étaient les deux à prendre principalement la parole. Tant mieux puisque les autres n’avaient aucune motivation à cela. Zéran regardait Agléa, celle-ci ne disant rien. Il en était de même avec Klork qui était vraiment étrange depuis cette nuit. Il avait espéré pouvoir lui parler un peu plus mais le félémon cherchait toujours à converser avec autrui … comme il s’était en train de le fuir ou de s’éloigner. Etait-ce à cause des cicatrices ? Peut-être qu’il ne devait pas les voir et que Klork lui en voulait pour cette raison ?

Non, il y avait sûrement le fait qu’il l’avait vu aussi dans une position de faiblesse. Klork n’était pas invincible, loin de là. Son corps n’était pas parfait et ne pouvait donc pas forcément supporter toutes les attaques que les ennemis lui lançaient. Mais était-ce une raison pour l’ignorer complètement ? Comme un malpropre ?

« Zéran, est-ce que tu veux m’accompagner comme la dernière fois ? »

« Tu veux plutôt dire : Est-ce que tu veux bien dépenser ton argent pour moi ? » déclara le félémon à la chevelure blonde, faisant un faible sourire qu’Agléa lui rendit aussitôt.

« Pas du tout. Pas cette fois malheureusement ! J’ai aussi de l’argent hein ? Mais après, si tu veux m’offrir quelque chose, je ne dirais pas non. Ca serait malpoli de ma part que de refuser, tu comprends ce que je veux dire par là ? »

« Je comprends très bien, ne t’en fait pas. Allons-y. Nous nous retrouvons où alors ? » termina de demander Zéran, regardant brièvement Klork comme pour voir s’il se décidait à parler.

Aucune réponse de sa part. A quoi est-ce qu’il s’attendait réellement ? A ce que le félémon accepte et veuille bien les accompagner ? C’était tout simplement impossible. Ah … Malgré tout, il fit un sourire de circonstances à Agléa alors qu’ils partaient tous les deux de leur côté. Quand ils furent assez éloignés, Réxéros marmonna :

« Je vous jure, ils sont toujours collés l’un à l’autre. C’est bien ça les félémones de la Débauche. Dès que cela met le grappin sur un homme, elles ne le lâchent plus. »

« Bah … Je savais bien que Zéran était quelqu’un de faible. Il a prétendu qu’il lui tiendrait tête et hop, dès les premiers jours, il lui est tombé entre les pattes. » continua Vélisa.

« Je crois qu’Agléa apprécie vraiment Zéran, vous ne croyez pas ? Je sais que les membres de la famille de la Débauche sont considérés comme des manipulateurs mais dans ce cas … »

« Cator, t’es vraiment trop crédule et gentil. Ca se voit parfaitement qu’elle veut avoir des avantages en restant avec lui. Comme à chaque fois, c’est la famille de la Vanité qui a gagné depuis des siècles, elle veut simplement que sa famille se fasse bien voir au cas où il finirait par devenir le prochain monarque. Sauf que ça ne sera pas possible … Je suis sûr et certaine que l’un des deux est responsable de cette attaque de célestiens sur nous. » termina de suggérer Réxéros, Cator ouvrant la bouche sans qu’aucun mot n’en sorte. Silesti avait fini par ouvrir un œil brun, inquisiteur, le posant sur Réxéros tandis que Klork ne disait aucun mot.

« Euh … C’est une grave accusation, Réxéros. Zéran n’a pas l’air assez malin pour faire ça. »

« Et pourtant, qui te dit que ce n’est pas un piège de sa part ? Il se fait passer pour ce qu’il n’est pas ! Comme Agléa. Tu ne trouves pas ça bizarre qu’un membre de la famille de la Vanité ne soit pas prétentieux et orgueilleux comme ils le sont tous ? »

« Justement, ce n’est peut-être pas son cas non ? Pourquoi juger de la sorte alors que nous n’en savons rien ? Je préfère lui laisser une chance, Réxéros. Vélisa ? »

« Même si Réxéros fait un peu de zèle par rapport à ses suppositions, je suis toute aussi suspicieuse à ce sujet. Zéran est assez lunatique comme candidat. Des fois, il parle trop, des fois, il semble nous faire la tête. La preuve, Klork et lui ne se sont pas adressés la parole ou presque depuis l’attaque des célestiens. Qu’est-ce que tu en dis, Klork ? »

« Ne me mêlez pas à ça. J’ai mes raisons d’agir de la sorte. » rétorqua Klork, émettant un grognement comme pour bien signaler que la tournure de la discussion ne lui plaisait guère, loin de là et que si cela continuait, ça pouvait très vite dégénérer.

« Bien entendu, la preuve, si ce n’est pas lui, c’est toi. Bref … Cator, tu sais ce que l’on en pense. Silesti, tu as un avis à formuler par rapport à tout ça ? »

« Je suis … fatiguée de vous écouter. J’ai juste envie de dormir, rien de plus, rien de moins. Hmm … Je vais plutôt aller … errer dans les ruelles plutôt que de vous écouter. »

« Silesti, je t’accompagne. Je crois que cela me fera du bien, l’air est un peu nauséabond par ici. Cator, choisis mieux tes compagnons. » vint dire Klork avant de se mettre à suivre Silesti, celle-ci flottant en direction d’une ruelle voisine, les deux félémons disparaissant.

« Tsss … Ne les écoutes pas, Cator. Comme quoi, peut-être que l’on s’est trompés dans le fond. Il vaudrait mieux surveiller Klork. »

« Je crois que tout le monde est à cran, Réxéros. Il faudrait plutôt que chacun se calme et patiente un peu car cela va dégénérer en un conflit dont personne ne veut. » dit Cator.

« Est-ce que tu te mets avec l’un d’entre eux, Cator ? Nous sommes tous les trois ceux qui dirigent ce groupe. Klork n’est que le bras armé du groupe, Silesti ne fait que manger et dormir. Agléa est toujours accrochée à Zéran sans se préoccuper du groupe tandis que Zéran est complètement perdu et déconnecté de ce qui se passe autour de lui. Nous sommes tous les trois ceux qui emmènent ce groupe à destination. »

C’est vrai que Vélisa avait raison mais ça ne changeait en rien la situation. Ils ne pouvaient pas se mettre à juger tout le monde comme si de rien n’était. Le félémon un peu boudiné hocha la tête, bien décidé à suivre Réxéros et Vélisa malgré les paroles de cette dernière. Le groupe était tout simplement en train de se désagréger.

« Alors, Zéran ! Qu’est-ce que tu en dis de ça ? Tu crois que de la charcuterie irait bien ? »

« Elle coûte quand même assez cher, non ? On ne devrait pas faire trop de dépenses. Mais en même temps, là, nous n’avons pas de réduction et c’est dommage … Mais on ne peut rien y faire. C’est ainsi et pas autrement. » soupira Zéran en haussant les épaules.

« Peut-être que si on se fait passer pour un couple, on aurait une réduction ? Tu veux que l’on essaye ? Je suis certaine que ça marcherait ! »

Tsss ! C’était donc pour ça qu’elle voulait qu’il vienne hein ? Pour qu’elle puisse l’utiliser à sa guise ? Pourtant, comme auparavant, ça ne le dérangeait pas … mais non. Ils n’allaient pas se faire passer pour un couple comme elle le désirait. Dommage pour elle hein ? Elle fit une petite mine boudeuse avant de pourtant se loger contre lui, murmurant :

« Bon et bien … On ne va pas utiliser cet atout ou les miens à notre avantage mais ça n’empêchera pas que les gens se poseront des questions. »

« Un jour, il faudra vraiment m’expliquer ce qu’une félémone comme toi peut me trouver de si particulier alors que d’autres sont bien mieux. »

« Tu n’en as vraiment aucune idée ? C’est vrai que … Oui. Ce n’est pas bien grave. J’imagine qu’avec le temps, tu comprendras par toi-même. Patience est mère de toutes les vertus. »

De bien sages paroles qui provenaient d’une félémone qui avait tout de l’opposé. D’ailleurs, les regards jaloux des félémons comme des félémones envers l’un ou autre, il ne savait pas trop pourquoi mais il en avait une certaine pointe de fierté. Pourtant, il n’était pas du genre à considérer Agléa comme un simple objet.

Hum … Sincèrement, il … ah … C’était franchement compliqué. Il voulait avoir AUCUNE confiance envers les autres, surtout avec cette agression. Mais à côté, il avait l’impression de trahir ses propres convictions et son père en voulant à tout prix être en paix avec Klork et Agléa. Les autres, c’était bien moins important. Comment pouvait-il se sortir de là ?

« En fin de compte, nous n’avons pas tellement de courses à faire, non ? »

« Je ne crois pas, Agléa. Et puis, c’est pas à moi de te le dire. Je te rappelle que je ne fais que t’accompagner, rien de plus. Je ne sais pas où tu m’emmène réellement hein ? »

« Peut-être que c’était un piège et que tu es tombé dedans ? Je voulais peut-être juste t’inciter à passer plus de temps avec moi sans que tu ne t’en rendes compte ? »

« Expliquer son piège, ça rend tout de suite ce dernier bien moins impressionnant, tu le sais, Agléa ? Enfin bon … Je vois ce que tu voulais faire et ça ne me dérange pas vraiment. Nous devrions alors nous mettre en route pour retrouver les autres. »

Non non. Maintenant qu’elle lui avait parfaitement expliqué pourquoi elle lui avait proposé de venir, il était tout simplement hors de question qu’il s’échappe une nouvelle fois. Voilà que maintenant, le jeune félémon se laissait traîner dans les ruelles, sans pour autant montrer un désarroi ou autre. Il ne semblait pas être plus embêté que ça par la situation.

« Dis … Qu’est-ce que tu trouves de si bien chez Klork, Zéran ? »

« Ce que je trouve de si bien ? Dis comme ça, ta formulation est un peu étrange, tu sais ? »

« Je le sais parfaitement mais ça ne me dérange pas. Je voulais juste … savoir pourquoi tu cherches autant à te lier d’amitié avec lui ? Il est vraiment bizarre hein ? Attention, je ne le trouve pas méchant ou autre, simplement, je ne comprends pas ce qu’il a de si bien. »

« Tout simplement qu’il est le premier félémon a avoir pris la peine de me parler lorsque vous êtes tous venus vous présenter devant mon père. Si on rajoute le fait qu’il a passé tout un mois à m’entraîner pour que je paraisses pas ridicule devant mon père et que je sois choisis en tant que candidat de la Vanité, voilà tout. »

« En fait, tu n’es pas ami avec lui, tu te sens juste redevable de tout ce qu’il a fait pour toi. »

… … … Quand elle s’exprimait ainsi, elle n’avait pas tort. Pourtant, il cherchait une raison valide à tout ça. Comment dénier la vérité ? Comment … prétendre que c’était un peu plus que ça ? Pourquoi est-ce qu’il le ferait d’ailleurs ? Qu’est-ce qui l’inciterait à penser de la sorte ? Pourquoi ? Pourquoi … ça et pas autrement ? Pourquoi ?

« Je … crois que l’on ferait mieux de retourner voir les autres, Agléa. » finit-il par dire alors qu’elle poussait un petit gémissement de douleur en lui disant qu’il lui faisait mal.

« Qu’est-ce qui te prend ? Est-ce que je t’ai mis en colère, Zéran ? Si c’est le cas, je m’excuse mais tu n’es pas obligé de serrer aussi fortement hein ? »

« Ce n’est pas voulu … Je veux juste que l’on aille retrouver les autres et vite … »

Ce n’était pas une raison pour serrer aussi fortement sa main. Elle la retira, le prenant par le bras tout en le regardant d’un air un peu contrarié. Maintenant, il se calmait, d’accord ? Elle avait compris pourquoi il faisait ça mais ça ne servait à rien de faire du zèle inutile. Ils allaient s’y rendre, c’est tout. Et il allait discuter autant qu’il le désire.

« Vous voilà déjà de retour ? Vous avez fait vite … »

« Zéran était pressé de retourner parmi vous. De toute façon, dans le fond, je n’ai fait que quelques courses des plus basiques, rien de plus. »

Agléa avait finit par relâcher le bras de Zéran, présentant le sac qu’elle portait sur son dos C’était toujours assez étrange en la regardant de voir un tel objet avec une tenue comme la sienne. Néanmoins, le félémon aux cheveux blonds ne fit aucune remarque, son regard rubis posé sur Klork, toujours en retrait … et énervé ?

« Vous avez réussi à vous occuper de votre côté ? » demanda t-il, Réxéros lui répondant :

« Silesti et Klork sont revenus avant vous bien qu’ils soient partis après vous. Ils avaient aussi visiblement une course à faire. C’était même étrange que Silesti soit celle qui soit partie en première mais on dirait que pour se nourrir, elle n’avait pas vraiment le choix, hahaha. »

« Et Klork a accepté de la suivre ? Enfin, il s’est proposé ? Silesti ne fut pas trop difficile à supporter, Klork ? » demanda Zéran après les propos de Rexéros, le félémon en armure rouge émettant un simple grognement de mécontentement avant de dire :

« Pas de soucis avec elle, pas du tout. Il n’y avait pas à s’en faire. »

« Tant … mieux. Silesti, tu as trouvé de quoi manger ou te rassasier ? Ou enfin cuisiner ? »

« Oui … mais il faudra cuisiner pour moi, Zéran. Klork a tout porté … sans problème. »

Tout porter ? Un bref regard à côté de Silesti et il comprenait que l’imposant sac de cuir devait sûrement contenir que des victuailles. Que de la nourriture en grosse quantité. Faisant une petite mine désabusée, il poussa un soupir avant de sourire :

« J’imagine que le pauvre Cator va devoir réfléchir au repas des prochains jours. »

« Si tu es … gentil, je partagerais … avec toi. Pareil pour toi … Agléa … Klork, lui, il en aura … car il m’a aidé. Et Cator aussi … car il va cuisiner. »

Ah oui, tout le monde n’avait pas le choix n’est-ce pas ? Silesti était une vraie énigme et … Hein ? Elle n’avait pas oublié de parler de Réxéros et Vélisa ? Néanmoins, les deux personnes non-citées par Silesti ne semblaient pas se préoccuper de ça, discutant entre elles. D’ailleurs, c’était lui ou la situation semblait avoir empiré encore plus depuis qu’il était parti avec Agléa ? Il avait du mal … à vraiment tout comprendre.

« Je ne sais pas ce qui s’est passé mais j’ai vraiment l’impression que tout a dégénéré et d’une sale façon. Je me fais peut-être des idées dans le fond. »

« Tu parles à voix haute, Zéran ? Fais attention à ce que les oreilles indiscrètes ne t’entendent pas. » lui chuchota Agléa avec une voix étrangement douce. « Je l’ai aussi remarqué si tu veux tout savoir. Klork est grognon, Silesti semble en vouloir à Réxéros et Vélisa, Cator est complètement perdu, Réxéros et Vélisa ne parlent qu’entre eux. Bref, ce n’est pas la joie et le bonheur dans le groupe. Fais attention à ce que tu dis. »

Il savait pertinemment qu’elle avait raison mais Klork était en colère pour quelle raison ? Silesti aussi d’ailleurs. Encore que la colère chez elle était beaucoup plus difficile à percevoir. C’était sûrement la faute par rapport à son visage toujours aussi stoïque. C’était à se demander comment elle arrivait à rester ainsi sans que ça ne pose aucun problème.

« Bon … Ce n’est pas bien grave, je ferais mieux de ne pas me tourmenter plus que ça l’esprit. J’ai bien mieux à faire de mon côté, ah … » se chuchota t-il alors qu’Agléa était la seule qui puisse l’entendre, souriante et heureuse.

Même s’il n’était pas responsable directement, la situation s’était vraiment envenimée et il se sentait très mal à l’aise. Pourtant, c’était bien comme ça que ça devait se dérouler, n’est-ce pas ? Avec des suspicions de partout. Pourquoi est-ce que ça lui taraudait autant l’esprit ? Il n’avait pas à se sentir fautif de tout ça ! Pas du tout !


Ah … Ah … Ah … Voilà qu’il se sentait à nouveau mal. A force de vouloir bien faire mais le faire mal, puis perturbé par toutes les réflexion qui envahissaient ses pensées, il était complètement et définitivement perdu. Il n’avait aucune notion correcte sur ce qu’il devait faire … et aucun échappatoire ou presque. C’est en sentant un petit coup de coude de la part d’Agléa qu’il finit par se tourner vers elle. Elle lui désignait Klork qui l’observait à la dérobée, Zéran finissant par dire :

« Je sais ce que j’ai oublié de faire en ville. Je reviens vite ! J’en ait pour une trentaine de minutes. Pas besoin de m’accompagner, je peux me débrouiller seul. »

Voilà. Il avait le sentiment que c’était nécessaire. Il en était convaincu. Sans même laisser la parole à Agléa voire à Klork qui avait eut envie de dire quelque chose, il était parti en courant pour retourner à l’intérieur de la ville.

« Mais qu’est-ce qui lui prend ? On dirait presque que c’était comme un enjeu de vie ou de mort. Agléa ? Il t’a dit quoi ? »

« Pourquoi tu ne vas pas lui poser toi-même la question, Klork ? » vint dire la félémone aux cheveux auburn sur un ton un peu cassant : « Vu que Zéran s’est fait du souci pour toi mais que tu as préféré l’ignorer complètement ou presque. »

« Ce n’est pas à cause de ça. Je ne l’ai pas ignoré pour une raison aussi absurde. Hum … J’espère juste qu’il ne va rien lui arriver. Peut-être que je devrais … »

« Le laisser … se débrouiler. Zéran … est un candidat … comme nous. Il doit … apprendre à savoir … agir seul, Klork. » finit par dire Silesti. Un peu étonné qu’elle prenne la parole par rapport à Zéran, Klork resta muet pendant quelques secondes, hochant finalement la tête.

« Tu as sûrement raison mais avec les derniers événements, je … »

Comment pouvait-il prétendre s’inquiéter pour Zéran dans une telle situation ? Une situation provoquée par cette attaque de la part des célestiens. Et il ne fallait pas oublier l’après-bataille. Cette discussion entre Réxéros et Vélisa. Définitivement, il n’avait pas apprécier ça.

« Le mieux sera de lui demander ce qu’il a fait en revenant, voilà tout. »

Pendant ce temps, Zéran s’était déplacé dans les ruelles de la petite ville. Non pas celles marchandes mais plus pour regarder les différents bâtiments jusqu’à finalement tomber sur celui qu’il désirait. Soupirant de soulagement, il pénétra à l’intérieur avant de dire :

« Est-ce qu’il est possible d’écrire directement ici ? Ou faut-il aller chercher du papier et de l’encre ailleurs avant de vous transmettre la lettre ? Bonjour, mes excuses. »

« Bonjour et … nous avons un service de vente de lettres où vous n’aurez qu’à écrire par vous-même avant de nous la livrer. N’oubliez pas l’adresse et le reste. »

Pfiou … Il poussa un petit soupir de soulagement. Tant mieux ! Il avait peur qu’il n’y avait guère réellement de possibilités. Tant mieux en un sens. Voilà que le félémon s’empressa de prendre de quoi écrire, payant déjà pour cette commission.

« Je n’ai qu’à lui envoyer une lettre, lui expliquer la dispute avec Klork, ce qui s’est passé et tout le reste. Même si je ne recevrais pas de réponse, ça sera mieux … que de laisser traîner tout ça sans aucune explication. Oui, ça sera beaucoup mieux. »

Ah … Voilà comment il avait réussi à se soulager un peu l’esprit dans le fond. Il allait mieux, bien mieux maintenant. Le voilà en train d’écrire tout ce qu’il avait sur le coeur, que ça soit avec Agléa sans pour autant rentrer dans les détails. Kosmor restait un enfant, il allait oublier quand même de lui parler de choses adultes.
Par contre, pour le reste, il n’avait aucune intention de lui cacher la vérité. Kosmor voulait de ses nouvelles, il lui en donnait la possibilité. Maintenant, est-ce que Kosmor comprendrait quand même ? Jamais il n’allait le savoir malheureusement.

Ah … C’était si tendu, si perplexe, si angoissant … et il n’y avait rien pour améliorer tout ça. Rien du tout ! Il était tout simplement en train de trembler pendant qu’il écrivait mais heureusement, il arrivait à retranscrire ce qu’il ressentait. Devant son comportement, un félémon s’approcha de lui, lui demandant :

« Vous allez bien ? Vous souffrez ? Si vous avez besoin d’aide, je peux contacter un soigneur. Nous en avons dans cette ville, ce n’est pas trop loin. »

« Non, non … ne vous inquiétez pas à ce sujet. Tout va bien, je vous le promet. »

« Ce n’est pas à moi que vous devriez faire des promesses, mais comme vous n’arrêtez pas de trembler, je me posais la question. S’il y a un souci, vous pouvez nous le dire. »

« Non non … C’est bon de ce coté. Sincèrement, je vais très bien. »

« D’… accord. Bref, vous savez où nous trouver. Faites attention à votre écriture néanmoins. Avec vos tremblements, il ne faudrait pas que cela finisse par être illisible. »

Le félémon était peut-être très sympathique mais il pouvait pas se mêler de ce qui le regardait ? Encore, il avait raison par rapport à l’écriture. Il devait retrouver son calme. Ecrire n’importe comment, ça n’allait mener à rien de bon. C’était stupide que de se prendre la tête pour tout ça. Il devait … faire le vide dans son esprit et écrire.

Chapitre 21 : Silence pesant

Chapitre 21 : Silence pesant

« Tiens, Zéran. C’est pour toi. Bon appétit. »

« Merci beaucoup, Cator. Je suis certain que ça sera bon. » répondit le félémon aux cheveux blonds à son compagnon ventripotent. Ce fut l’une des rares conversations de la journée depuis l’attaque de la part des célestiens.
Nul n’avait vraiment cherché à converser avec les autres et même s’il n’était pas habitué à être en groupe, il avait très bien compris la raison qui poussait tout le monde à agir de la sorte. Ils … avaient été piégés. Même si les célestiens avaient prétendu que c’était eux qui avaient été floués, la vérité était toute autre.
Quelqu’un du groupe, qui savait donc quel chemin ils allaient prendre, avait réussi à indiquer d’une manière ou d’une autre, leurs présences aux félémons. A partir de là, les suppositions et les questions ne permettaient plus réellement de faire confiance aux autres. Lui-même l’avait déjà perdue auparavant mais cela venait de se renforcer grandement à cause de tout ça.


Quelques heures à peine s’étaient écoulées et il juste jeté un coup d’oeil pour voir qui était blessé ou non. Tant mieux pour tout le monde mais personne n’était blessé … sauf une même si elle évitait de le montrer. Klork avait été touché, face à trois célestiens et dire que malgré ça, le combat avait été beaucoup plus aisé …

« Par contre, dès que nous avons terminé de manger, nous pourrions reprendre la route sans aucun problème, non ? Sauf si quelqu’un a un souci de mobilité. »

« C’est bon pour moi. » déclara Klork, comme s’il s’était senti visé par les propos de Zéran. Les autres répondirent simplement par un mouvement de tête rapide, appuyant les paroles du félémon à l’unique œil doré valide.

« Alors tant mieux. Finissons-en vite et éloignons nous de là. De ce que j’ai compris, vous aviez déjà dit qu’auparavant, les cadavres risqueraient d’attirer quelques charognards et … »

« Zéran, nous somme déjà à un bon nombre de kilomètres de ces derniers. Nous n’avons rien à craindre, tu sais ? » lui dit doucement Agléa en le regardant, sourire aux lèvres.

« Ah … Ce n’est pas faux, c’est vrai, Agléa. Désolé, tout le monde. »

Pourquoi est-ce qu’il cherchait à faire autant la conversation ? Car le silence était vraiment trop lourd à ses yeux ? Car il avait des reproches à se faire ? Pourtant, il n’était pas celui qui avait décidé de prévenir les célestiens. Il ne savait même pas comment faire ! Et puis, à cause de ce combat, Klork était blessé … et ça, il n’arrivait pas à se le retirer du crâne.

« Bon ! Comme Zéran l’a dit, on va continuer et chercher un endroit où se reposer. J’imagine que le mieux serait une ville. Bon, dans les environs, je ne crois pas qu’il y en ait une mais d’ici demain ou après-demain, ça serait bon. »

« Nous te suivons, Cator. De toute façon, sans toi, nous serions perdus, tu le sais bien ? »

« Je le sais mais … Je ne m’attendais pas à ça, c’est tout, Zéran. Je suis désolé. »

« Tu n’as pas à l’être, Cator. Ce n’est pas comme si tu étais responsable de cette attaque. Ils nous sont tombés dessus sans que nous le sachions. »

« C’est … vrai, Zéran. Je vais éviter les sentiers battus. Peut-être qu’en allant sur des routes habituellement utilisées, nous serions plus en sécurité. »

Bien entendu, nul n’osait chercher à s’immiscer dans la conversation. Silesti était muette comme à son habitude ou presque tandis que Réxéros et Vélisa se parlaient entre eux. Sans même faire vraiment du commérage, ils avaient tellement confiance en eux deux que c’était normal … qu’ils communiquent qu’entre eux. Par contre, Agléa et Klork, chacun était de son côté. Ainsi, il n’y avait que deux petites conversations et encore …

Reprendre la route n’avait rien de bon, rien du tout. Une marche silencieuse et presque funèbre. Bien qu’ils n’avaient perdu personne et que les dégâts étaient minimes voire mineurs, aucun ne voulait prendre la parole. Lui-même avait essayé, comme pour s’excuser de ses pensées qu’il avait gardé au fond de lui ces derniers jours. Pourtant, c’était à peine si Agléa et Klork lui répondaient. Eux aussi, cela devait … être si déplaisant.

C’était surtout le côté froid de Klork qu’il avait du mal à supporter. Tellement habitué à ce que le félémon lui adresse la parole que là, il se sentait étrangement seul. En même temps, il s’était juré de ne pas lui faire confiance, à lui comme aux autres. Il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même pour un tel résultat, n’est-ce pas ?

D’autres heures s’écoulèrent et la soirée était maintenant arrivée. Prêt à aider Klork à monter leur tente, celui-ci fit un petit mouvement de la main tout en grimaçant, déclarant d’une voix qui se voulait calme :

« Je vais … m’en charger, Zéran. Ne t’en fait pas, ce n’est pas bien … important. »

« Euh, je peux décider ça par moi-même, non ? Et n’oublies pas de la Vanité. »

« Zéran de la Vanité. Oui … Mais je peux me charger de ça, ce n’est pas très difficile, oui. »

« Et moi-même, je considère que je peux t’aider. A deux, ça ira plus vite, Klork, non ? » chercha à dire encore et encore Zéran, regardant l’oeil doré du candidat de la Rage comme pour espérer avoir son approbation par rapport à tout ça.

« D’accord, Zéran de la Vanité. Ca sera mieux ensemble. »

Pfiou ! Il ne savait pas pourquoi mais il était vraiment soulagé que Klork accepte sa proposition. Même si dans le fond, il était convaincu que Klork irait plus vite pour monter la tente tout seul mais bon … Il était content et voilà qu’après une quinzaine de minutes, tout était en position, que ça soit leur tente ou celles des autres.

« Je vais chercher du bois. » vint dire Agléa tout en ayant sorti son fouet, Zéran ne comprenant pas à quoi cela allait lui servir. Elle remarqua son regard, reprenant : « Tu verras, c’est beaucoup plus simple avec ma méthode. Tu veux m’accompagner ? »

« Pourquoi pas Agléa ? J’en ai fini avec la tente. » dit-il après quelques secondes.

« Et puis, tu sais, nous pourrons … hein, tu acceptes ? Ah ben alors, allons-y tout de suite avant que tu ne changes d’avis ! » s’exclama la félémone avec plus de joie dans la voix que tout le groupe réuni. Là aussi, bizarrement, cela lui réchauffait le coeur. Ainsi, cela avait été décidé et il se mettait déjà en route sans plus tarder. Qu’est-ce qu’elle allait lui montrer ?
C’est peut-être pour cette raison qu’il avait accepté sa proposition. Agléa avait toujours été souriante et heureuse à ses côtés. C’était bien ce dont il avait besoin pour l’heure actuelle. Et tout ça car il n’avait aucune explication raisonnable à son comportement un peu infantile. Oui, ne pas faire confiance aux autres, c’était bien ce que son père lui avait dit avant de partir … mais était-ce vraiment impossible ? En même temps, avec les derniers événements, faire confiance à l’un des membres du groupe serait vraiment trop risqué.

« Ah … Sacrée journée que voilà hein, Zéran ? Mais nous nous en sommes tous sortis. »

« C’est exact, Agléa. Je ne savais pas que tu étais aussi douée pour te battre, c’est surprenant. » dit-il tout en la suivant, la félémone grimpant sur des racines au sol, sans même se soucier de la vue qu’elle offrait parfois à Zéran. Ou alors, elle s’en souciait mais elle savait que c’était assez efficace sur lui, ce qui était peut-être une bonne raison pour qu’elle l’accomplisse.

« Et bien, tu sais, on peut être une félémone vraiment très belle comme moi mais ça attire la jalousie ou certaines personnes mal-intentionnées. Pour ça, il a fallut que je saches me défendre, qu’importe la personne qui tentait de me mettre la main dessus. »

« Je vois, je vois … c’est donc plus de la protection que pour vraiment se battre ? Même si le pauvre célestien n’a rien pu faire contre toi. Enfin, contre les autres non plus d’ailleurs. Je ne savais pas qu’ils étaient aussi doués pour se battre. »

« Ils le savent tous. Nous sommes « l’élite » des félémons, Zéran. Si nous ne savions pas nous battre et nous défendre, nous ne pourrions même pas espérer être choisis. »

« C’est vrai … C’est une bonne remarque. ATTENTION ! » s’écria t-il subitement alors qu’il la voyait glisser sur une racine un peu moins solide que les autres. Aussitôt, il s’était placé dans son dos, la réceptionnant alors qu’elle poussait un petit cri surpris, finissant par atterrir sur Zéran qui avait réussi à rester debout.

« Oups, désolée, Zéran, je … Oh … Tu es plutôt costaud, non ? Malgré ma taille, je ne pensais pas que tu serais pas hiiiiiii ! »

Elle pensait bien. Il avait deviné le reste de sa phrase sans qu’elle na la termine, finissant par s’écrouler au sol, elle sur lui. Heureusement, sa poitrine gonflée était collée à son torse et non plus haut mais en même temps, qu’est-ce qu’elle était grande ! Non pas sa poitrine mais Agléa en elle-même. Elle chuchota :

« Et bien … Plus de peur que de mal … et la position n’est pas déplaisante, Zéran, non ? »

« Pas vraiment … mais en même temps, je peux à peine respirer, Agléa. Tu veux bien … »

« Me pousser ? On peut rester ainsi une ou deux minutes, non ? Rien ne nous l’interdis. »

Qu’est-ce que les autres allaient s’imaginer en les voyant ? Pour autant, il avait remarqué que la félémone s’était descendue le long de son corps, comme pour pouvoir faire que leurs deux visages soient à la même hauteur. Par contre, vu qu’elle était assez grande, sa poitrine avait légèrement descendue pour mieux se loger contre son corps.

C’était la première fois … qu’il était ainsi avec une félémone. Il ne savait pas vraiment où se placer mais en même temps, Agléa, malgré ses paroles, ne tentait rien de tendancieux. Alors qu’il l’imaginait en profiter de la situation, elle avait juste fini par poser sa tête contre son épaule, soupirant d’aise tout en chuchotant :

« Je suis contente de savoir que tu n’es pas blessé. Déjà avec ta fièvre, j’étais inquiète mais là … avec cette attaque … c’était tout simplement horrible. »

« Nous devrions aller récupérer du bois, ça serait mieux plutôt que de rester ici. On va se salir et ça fait déjà deux minutes, Agléa. Je crois que c’est plus que suffisant, non ? »

« Est-ce si déplaisant que ça, Zéran ? Mon corps a si chaud … en restant contre toi. »

« Ce n’est pas déplaisant mais nous sommes partis avec un objectif. Le mieux serait qu’on aille accomplir le-dit objectif. Allez, je vais te relever, fais attention. »

Il se sentait un peu mieux et il était vrai aussi qu’il avait assez chaud aux joues et aux oreilles en la regardant aussi proche de lui. Et surtout, en sentant ce parfum qui émanait de son corps Il finit par se redresser, la gardant auprès de lui jusqu’à ce qu’elle se retrouve debout en face de lui. Puis, sans crier gare, elle lui sauta à nouveau dans les bras, passant les siens autour du cou de Zéran, celui-ci s’apprêtant déjà à la repousser.

« Allons chercher du bois alors, Zéran, c’est bien ça ? »

« C’est le cas … mais pour ça, il faudrait que tu me laisses la possibilité de bouger. Tu ne crois pas que tu en fais un peu, voire beaucoup trop ? »

« On en fait jamais trop envers la personne qui nous intéresse, Zéran. Tu devrais le savoir ! Bon … J’avais dit que j’avais à te montrer comment je me débrouilles avec le bois. Mais peut-être que tu voudrais que je te montres autre chose ? »

A nouveau ce petit ton mutin dont elle s’enorgueillit. Et surtout, son index gauche s’était posé sur son décolleté, tirant très faiblement sur le tissu pour lui permettre de voir qu’elle avait toujours cette dentelle noire issue de son corset.

« Allons plutôt voir ta fameuse technique avec la récolte de bois. J’avoue que je trouve ça suspicieux un peu. De quoi es-tu donc réellement capable ? »

« Et bien … Tu vois le contrôle du fouet, n’est-ce pas ? Et bien, c’est principalement basé sur un mouvement tel qu’il me permet de s’enserrer autour d’un objet ou d’une personne. »

« Mais pour ça, il faut que l’objet ou la personne soit assez gros non ? Pour que tu puisses utiliser correctement le fouet. Enfin, si j’ai bien compris, si je ne me plante pas. C’est bien ça, non ? Ou alors, j’ai complètement faux et je me trompe sur toute la ligne. »

« Pas le moins du monde ! C’est pour ça qu’il va falloir que l’on trouve une racine assez solide ou plutôt une liane car les racines ne sont pas vraiment aussi « pliables ». Ensuite, on va réunir du bois et enfin, tu verras ce que je peux faire avec le fouet. »

Et tout ça en un claquement de doigts, n’est-ce pas ? Il avait un sourire un peu moqueur, allant bien mieux maintenant qu’il lui parlait. Pourtant, son sourire vint disparaître lorsqu’ils avaient attaché une belle quantité de bois en un fagot avec une liane des plus solides. Et ensuite ? Ce qui lui avait fait perdre son sourire ? Tout simplement qu’elle avait attaché ensuite son fouet à cette liane … et qu’elle la soulevait au-dessus du sol comme si de rien n’était. Ecarquillant les yeux, il avait tenté d’ouvrir la bouche sans qu’aucun son n’en sorte.

« Impressionné, non ? Contrairement à ce que tu peux croire, c’est plus avec l’aide de la magie du vent que simplement tirer une chose aussi solide. Simplement, grâce à mon fouet et avec cette magie, je peux alors déplacer à ma volonté et à ma guise ce que je désires et cela malgré que ça fasse un poids assez conséquent. »

« Tu … es sûre que tu n’as pas besoin d’aide ? Ça me paraît assez ennuyeux que je ne fasses rien du tout. J’ai vraiment l’impression d’être inutile, là. »

« Hmm … Tu pourrais poser ta main sur mon crâne et me féliciter pour ce bon travail ? »


Grand sourire aux lèvres encore de sa part. Dans le fond, malgré les derniers événements, est-ce que ça voulait dire qu’elle se sentait en sécurité avec lui ? Qu’elle ne craignait pas qu’il la trahisse ? Qu’elle ne le pensait pas responsable de cette attaque ? Hum … C’était … un soulagement, n’est-ce pas ? Voilà qu’il plaça sa main sur le sommet du crâne de la félémone aux cheveux auburn, se permettant même de caresser sa chevelure pendant quelques secondes. Elle poussa un léger soupir de plaisir non-feint avant de dire qu’ils pouvaient retourner voir les autres !
Bon par contre, l’ambiance en revenant était la même qu’en partant. Aucun ne s’adressait la parole, chacun était de son côté et il ne remarqua pas Klork. Délaissant Agléa en la félicitant encore d’avoir réussi à tirer ce fagot de bois bien qu’il s’en voulait de lui avoir laissé cette tâche des plus déplaisantes, il demanda si quelqu’un savait où se trouvait Klork.

« Je crois qu’il est parti se laver. Il ne semblait pas vraiment aller bien. »

« Et j’imagine que vous ne savez pas par où, n’est-ce pas ? » continua t-il de demander alors que chacun hochait la tête négativement.
Bien entendu … S’ils s’étaient montré utiles, cela se saurait. Ah … Enfin bon … Maintenant, le repas allait être possible et déjà, le feu commençait à crépiter, tous remerciant Agléa pour avoir emmené le feu. Zéran ne fit aucune remarque comme quoi il avait été là lui aussi. Dans le fond, il avait été plus là pour « superviser » le tout qu’autre chose.

Klork était revenu, une bonne trentaine de minutes plus tard, encore un peu trempé, observant le feu sans un mot. S’installant auprès de ce dernier pour se réchauffer, Cator était déjà en train de préparer le repas sur un autre bûcher. Est-ce qu’il devait parler à Klork ou non ? Vu qu’il avait réussi à communiquer avec Agléa, il pouvait peut-être s’adresser à Klork non ? RAAAAAAAH ! Tout ça parce qu’il avait laissé place à la suspicion depuis le début !

Et pourtant, Klork était bien l’unique personne dont il n’avait pas besoin de se méfier. Enfin … Beaucoup moins que les autres ! Et encore, dans l’ordre, ça serait Klork, Agléa, Silesti, Cator, Réxéros et Vélisa. Cette dernière, il n’arrivait pas à réellement … l’apprécier. Peut-être était-ce à cause de ses petites crises de colère qu’elle possédait ? Il n’en avait pas vraiment d’explications, il devait avouer. Par contre, à part lui, il voyait pas leurs cornes.

« Je crois qu’aujourd’hui, on a eut une rude journée. On ferait bien d’aller tous se coucher, ça serait mieux pour tout le monde, j’imagine. »

Mieux pour tout le monde. AH ! Quelle réplique stupide venant de sa part. Il eut un petit sourire mauvais, comme s’il s’en voulait de parler de la sorte. Sa principale préoccupation à l’heure actuelle était surtout Klork. Avoir de ses nouvelles, surtout par rapport à ses nombreuses blessures. Enfin, nombreuses, non … mais il était blessé. Il répéta :

« Je pense que je vais aller me coucher tout de suite. Bonne nuit tout le monde. »

« Bonne nuit, Zéran. Je te rejoindrais bientôt. J’ai encore quelques petites choses à faire de mon côté et ça sera bon aussi. » lui dit le félémon à la chevelure verte.

« Comme tu veux, Klork. Bonne nuit … encore une fois. »

Il se répétait, presque inlassablement, comme si de rien n’était. Peut-être qu’il était vraiment plus que fatigué mais en même temps, vue sa condition physique, c’était la meilleure chose qui pouvait lui arriver. Il n’était pas en état émotionnel de pouvoir continuer sur cette voie.


Le voilà tout simplement avachi dans la tente. Il ne chercha pas à fermer les yeux, il les gardait grands ouverts simplement pour attendre cette personne. Il avait besoin de discuter avec Klork comme il l’avait fait avec Agléa. Bon, sans que ça aille aussi loin qu’avec Agléa. Et puis, surtout, Klork était un félémon hein ?

« Je ne comprend pas comment je peux être aussi exténué… ah … »

Il se parlait à lui-même, comme pour se convaincre qu’il l’était réellement mais rien n’y faisait. Il gardait les yeux à moitié ouverts, les minutes s’écoulant inlassablement, les unes après les autres. Rien de rien, Klork n’apparaissait pas … et c’était presque étrange. Est-ce qu’il allait vraiment se coucher ? Peut-être qu’il devait aller le chercher.

« Ah … Zéran, est-ce que tu dors ? Si c’est le cas, tu n’as pas besoin de me répondre. »

Autant jouer le jeu. Il avait complètement fermé les yeux, sentant le souffle chaud de Klork sur son visage. Qu’est-ce qu’il faisait à être aussi proche ? Pourtant, il avait envie de discuter avec le candidat de la Rage alors pourquoi se sentait-il obligé de faire semblant de se cacher ? Qu’est-ce que ça allait lui apporter réellement ? Il en avait … aucune idée.

« Tant mieux … Je n’avais vraiment pas envie d’en parler aujourd’hui. Ah … Fichues blessures. Pourquoi est-ce qu’il a fallut qu’ils me ciblent là ? »

Des bruits de métal déposé sur le sol de la tente. Il pouvait rouvrir les yeux, il arrivait à voir le dos de Klork ainsi. Malgré le tissu brun, il y avait des marques rouges, des taches.

« Qu’est-ce qu’ils diraient s’ils savaient le nombre de coups reçus ? Ces célestiens n’avaient rien de simple contrairement à ce qu’ils pensaient. »

Et voilà qu’il l’entendait encore se plaindre et gémir … avant de retirer son haut ? Une petite mimique se dessina sur ses lèvres. Il s’attendait à des marques, des petites cicatrices mais pas … en aussi grande quantité. Qu’est-ce qu’il avait combattu pour en avoir autant ? C’était à peine s’il y avait encore de la peau normale sur son dos. D’ailleurs, il avait de nombreux bandages en haut du dos.

« Quel imbécile d’avoir oublié d’en prendre des propres pour me changer là-bas. Heureusement qu’il dort … Humpf … Ah … »

Il ne savait pas vraiment ce qu’était en train d’accomplir Klork mais il était sûr et certain que ça ne devait pas être réellement joyeux. Le félémon à la chevelure verte était comme concentré sur sa tache, retirant les bandages ensanglantés avant d’en faire de nouveaux tout en poussant un gémissement et une complainte de douleur.
Il aurait bien voulu l’aider, lui proposer de lui faire les bandages mais avec ce qu’il avait dit en rentrant dans la tente, c’était peut être mieux que non. Klork pouvait le considérer comme coupable, non ? Ça n’aurait rien d’anormal … aux yeux de ce dernier.

« Je suis … vraiment désolé, Klork. » finit-il par murmurer faiblement.

« Que … que … QUE … Zéran ? Tu es encore réveillé ? Depuis quand ?! » s’exclama le félémon sans pour autant se retourner en sa direction, restant de dos, ramenant son haut au niveau de son torse.

« Depuis longtemps. Je n’ai pas réussi à dormir, je suis vraiment désolé … J’ai vraiment eu beaucoup de mal pour ça mais … je suis désolé. »

« Tu es désolé de quoi ? De ce que tu as vu et que tu ne devrais pas voir ? Tu … Notre tente est éloignée des autres, je ne pense pas que je vais les réveiller mais … »

« Tes blessures et ces cicatrices, elles sont si nombreuses … Tu n’as pas mal ? »

« Bah, elles sont présentes depuis des années. Elles ne me font plus souffrir depuis bien longtemps. Mais c’est donc de ça dont tu parles ? Et de rien d’autre ? »

« De quoi est-ce que j’aurais pû parler, Klork ? Tu as été le seul à en combattre trois en même temps, je crois. Ils étaient une dizaine et … enfin voilà. Mais bon … »

« Ce n’est rien. Ce n’est pas bien important. Tu parlais de mes blessures de guerre, rien d’autre. Je sais bien qu’à dix-huit ans, avoir le corps déjà aussi cicatricé, ce n’est vraiment pas beau mais … étant le dernier membre de ma famille, je dois lui faire honneur. »

« N’oublie pas qu’il y a autre chose que la guerre dans la vie. Peut-être que tu devrais penser à prendre un peu soin de toi et de ton corps. Allez … Je vais tenter de dormir. »

« Peut-être … Zéran. Dors bien. » termina de dire Klork avant que le silence s’installe dans la tente. Dormir … même s’il se sentait vraiment mal.

Chapitre 20 : Assaut par le ciel

Chapitre 20 : Assaut par le ciel

Le lendemain, c’était à peine s’il se rappelait de ce qui s’était passé. Il en avait strictement aucune idée et il était complètement vaporeux mentalement. Le regard fronçé, Zéran était au milieu du groupe, Agléa à ses côtés tandis que Klork fermait la marche. Il devait avoir franchement une mine effroyable pour que même Silesti lui propose à manger.

« Pour … récupérer des forces … c’est très bon, Zéran. »

Il l’avait remercié d’un petit geste de la main avant de regarder tout simplement droit devant lui. On lui avait pas expliqué plus de ce qui s’était passé sauf qu’il avait été fiévreux toute la nuit, ce qui expliquait la rougeur sur ses joues lorsqu’il s’était réveillé. Ca ou alors le fait qu’il avait été installé entre Klork … et Agléa. Agléa qui avait dormi dans la même tente que lui ! Il avait bien voulu des détails de la raison de sa présence en cet endroit mais aucun n’avait jugé bon de lui en donner.

« J’aimerai vraiment … savoir ce qui s’est passé. Vous ne pouvez pas me le dire, n’est-ce pas ? Agléa, pourquoi est-ce que … »

« Cette nuit était merveilleuse, Zéran, tu ne peux pas savoir. Je crois que j’en avais tellement rêvée mais qu’elle se réalise ce soir … Je … Aaaaah … Je suis si heureuse. »

« Mais mais mais … Rien de sexuel, hein ? Klork ! Tu n’aurais pas laissé faire ! »

« Qui sait ? » dit Agléa tout en sifflotant, Klork ne préférant pas répondre, Zéran disant :

« HEY ! Klork ! Tu peux me répondre s’il te plaît ? Je ne suis vraiment pas rassuré maintenant ! Allez, ne me mens pas, je … »

« Il ne s’est rien passé, Zéran. Est-ce que tu es rassuré maintenant ? Bon … Ce n’est pas tout ça, Cator mais je ne connais pas du tout la zone où on se trouve actuellement. »

« Garantie sans danger. Les animaux n’osent pas venir vers ici, c’est pourquoi je nous fais traverser cet endroit. C’est simple hein ? Et puis, il n’y a même pas besoin de regarder où on met les pieds. Enfin, un peu quand même au cas où ! »

Et Cator éclata d’un grand rire tonitruant. Autant dire qu’entre lui et Réxéros, c’était le jour et la nuit pour porter la bonne humeur dans le groupe. Il était bien plus aisé de l’écouter et de le suivre que Réxéros qui se vantait sans cesse à chaque déplacement. Encore que Réxéros n’était pas un mauvais bougre, loin de là. Les économies faites étaient vraiment nombreuses et il fallait avouer que sans lui, ils auraient déjà dépensé en grosse partie la majorité de leur fortune. D’ailleurs, Agléa venait souvent partager sa nourriture avec Zéran, comme si de rien n’était. Quant à l’endroit où ils étaient ?


Cela avait tout d’une jungle épaisse, avec des lianes et des ronces, chaque félémon devant faire attention où il mettait les pieds pour éviter de tomber ou de s’écorcher les bras et les genoux. Armé d’un cimeterre, Zéran, malgré son état, s’était mis à aider Cator tout en l’accompagnant devant le reste de la file.

« Tu me dis où il faut couper et ensuite, tout sera bon. » déclara le félémon blond.

« Tu es certain que c’est une bonne idée ? Je dis pas que tu tiens à peine debout mais ça n’a pas l’air d’être la grande forme hein ? Je voudrais pas que tu aies des problèmes, Zéran. »

« T’en fait pas, vas. Je suis plus que capable de tenir le coup. La fièvre a presque entièrement disparu et il vaut mieux que je fasses quelque chose plutôt que de me tourner les pouces comme si de rien n’était. Tu n’es pas d’accord avec moi, Klork ? »

« Je ne donnerais pas mon accord alors que ton état de santé reste la priorité à mes yeux et à ceux d’Agléa. Quand tu t’es levé, tu n’as pas voulu que je te porte, à partir de là … »

« Je n’avais pas envie de devenir un poids mort pour le reste de l’expédition ! » s’exclama Zéran, évitant de fixer la mine soucieuse de Klork.

« Ok ok … mais pas de zèle et il faut que tu t’hydrates donc dès que tu as soif, tu bois ! »

Mais il était pas en sucre ! Et surtout … Il n’avait pas oublié ses mauvaises pensées d’hier. Ses pensées tournées vers chacun des membres du groupe. Il n’avait pas … oublié qu’il ne pouvait pas leur faire confiance même s’il était vrai qu’hier, ils pouvaient aisément se débarrasser de lui. Mais peut-être qu’en agissant de la sorte, ils n’auraient alors pas été capables de continuer l’aventure ? Hmm … C’était bien là la question qu’il fallait se poser.

« Hum, c’est étrange par contre. Même s’il n’y a que peu d’animaux, ne pas en voir du tout, c’est étonnant. » finit par dire Cator après une bonne heure de marche dans cette jungle.

« Et au final, qu’est-ce que cela veut insinuer, Cator ? »

« Tout simplement que nous ne sommes peut-être pas les seuls à être dans cette jungle. Maintenant, à savoir si c’est une bonne ou mauvaise chose, ça, je ne peux pas le confirmer. »

Rassurant, c’était vraiment très rassurant quand même Cator se mettait à perdre sa joie et sa bonne humeur pour expliquer qu’il y avait peut-être des indésirables dans les alentours. A partir de là, est-ce qu’ils allaient être dérangés ? Et surtout, que vu que malgré ses propres paroles, il savait qu’il n’était pas vraiment en forme, si combat il y allait avoir, il n’allait pas pouvoir épauler Klork. Par contre, à force de le regarder, il ne voyait pas sa corne.

« Nous tenterons d’abord la discussion avec eux. Si ça ne résolve pas la situation de façon courtoise, nous irons aux menaces. Et si encore là, ça ne suffit pas, on en viendra aux armes, c’est aussi simple que ça. »

Klork avait pris la parole. Dès qu’il s’agissait de combat, nul ne mettait en doute ses compétences pour cela. Par contre, pour la diplomatie, peut-être fallait-il laisser Agléa ? Non pas qu’il la considérait comme un objet à mettre devant eux mais elle était capable de se mettre en valeur et de pouvoir donc faire tourner la situation à leur avantage.
Du moins, cela était normalement possible … s’il n’y avait pas eut de telles personnes en face d’eux. Oui … C’était la première fois qu’il en voyait en chair et en os. Des êtres ailés, flottant dans les airs. La tête levée vers le ciel, il voyait à peine ces personnes qui étaient considérées comme leurs ennemis depuis des temps immémoriaux. Il ne savait pas comment réagir … mais ils allaient devoir se battre, n’est-ce pas ? La question ne se posait pas hein ?

« Qu’est-ce que des célestiens font dans cette région du royaume félémon ?! Normalement, ils ne devraient même pas arriver à nos frontières ! »

« Ce sont des éclaireurs, Cator. Ils ont des capacités pour se déplacer discrètement … mais même ainsi, ils sont trop profondément dans nos contrées, ce n’est pas normal. » répondit Klork tout en prenant son épée à deux mains. Zéran avait sorti ses deux cimeterres, chaque félémon prenant position, attendant les paroles de Klork. « Bon … Je ne sais pas s’ils nous ont repéré mais ils ont l’air de chercher quelque chose. Autant en profiter. Ils sont combien ? Quelqu’un arrive à compter ? » reprit le félémon aux cheveux verts.

« Je dirai une dizaine au grand maximum. Avec ma grande taille, c’est un peu plus aisé et … Euh … Je crois qu’il y en a un qui vient de me repérer. » s’exclama Agléa.

« Il fallait s’en douter. Que tout le monde se mette en position ! »

Et voilà que Klork reprenait maintenant les commandes du groupe. Chacun obéissait et même Silesti avait rouvert ses yeux bruns. Malgré cela, ils étaient toujours aussi vides d’expression, comme si tout cela ne la concernait guère. Zéran maintenait ses deux cimeterres en main, se plaçant à côté de Klork.

« Cette fois-ci, nos adversaires n’ont pas une intelligence animale, Zéran. Et surtout, ils hésiteront encore moins à nous tuer. Tu dois sérieusement y penser, d’accord ? Et surtout, si tu commences à fatiguer, n’hésites pas à t’éloigner. Je me chargerais du reste. »

« Tu viens de me dire que c’est encore plus dangereux que contre les lizéfals et tu veux déjà que je m’en ailles ? Si tout le monde meurt ici, tout ça aura servi à quoi ? »

« Personne ne va mourir, Zéran. Je ne laisserais personne succomber ! »

De bien belles paroles mais comment y croire ? Il avait perdu toute confiance en Klork comme chez les autres. S’il agissait pour les défendre, c’était tout simplement car ils étaient utiles et que sans eux, il ne pouvait pas atteindre son objectif. Il n’y avait aucun sentiment quelconque. D’ailleurs, cette fois-ci, tout le monde avait sorti une arme, comme bien prêt à se battre. Même Cator, Réxéros et Vélisa avaient une arme. Seule Silesti … restait immobile.

« Qu’est-ce qu’ils attendent ? » demanda Zéran après quelques secondes, voyant que les célestiens ne descendaient toujours pas.

« Ils pensent tout simplement que nous ne sommes pas capables de les atteindre dans cet endroit reculé. Je vais très vite les faire descendre de leur perchoir à ces emplumés ! »

Klork avait pointé sa lame en direction du sol, finissant par la loger dedans avant de serrer ses poings de toutes ses forces sur la garde son arme. Quelques instants plus tard, comme si la terre venait de se briser en deux en cet endroit, une fissure était apparue dans le sol alors qu’en même temps, plusieurs pieux de pierre partaient en direction du ciel.

« Voilà qui vont les forcer à venir nous combattre au corps à corps ! »

« Est-ce qu’au moins, nous étions sûrs qu’ils voulaient s’en prendre à nous ? »

« Zéran, dans ce genre de situations, avec nos ennemis mortels, il ne faut pas se poser de questions. C’est tuer ou être tué ! Tu ne peux pas leur permettre de t’attaquer en premier. »

Oui oui, il avait bien compris le message mais quand même ! C’était pas de sa faute s’il s’interrogeait juste sur la situation en elle-même hein ? Pas qu’il en voulait à Klork de vouloir bien agir avec un peu de zèle peut-être mais … Il arrêta de se poser des questions lorsqu’un des célestiens … avait finit par tomber lourdement au sol, un pieu de pierre s’étant planté dans son torse avec une facilité déconcertante. Ils étaient aussi faibles que ça ? Pourtant, voilà que les êtres aux plumes de différentes couleurs étaient en train de foncer droit vers eux. Bon, maintenant, le combat, ils n’avaient plus le choix !

« Que chacun tente d’occuper un célestien ! Moi-même, je peux m’en charger de trois en même temps ! Zéran, je t’ai dit de rester près de moi mais … tu peux aller de l’autre côté du groupe ? Je préfère te savoir en train de les protéger et les épauler. »

« Oui, je comprends ce que tu veux dire. A nous deux d’un côté, ça veut dire que de l’autre côté, ils auront plus de difficultés. J’y vais ! »

Est-ce que ça voulait surtout dire que Klork lui faisait confiance par rapport à la situation ? Il n’y avait qu’à espérer que ça soit le cas. Ça serait une bonne chose même s’il fallait avouer que d’un côté comme de l’autre, il n’était pas rassuré. Ces célestiens … Il pouvait mieux les voir à travers les branches qui se brisaient alors qu’ils atterrissaient au sol, de chaque côté du cadavre de leur compagnons.

Il était vrai qu’ils avaient une certaine beauté qui émanait d’eux. Et leurs ailes de plumes de couleur blanche. Seul l’un d’entre eux possédait une seconde paire d’ailes, toute aussi blanche que les autres. Est-ce que c’était … leur chef ? D’après leurs tenues qui étaient plus des armures de cuir que de véritable protections, ils étaient bien là en tant qu’éclaireurs.

« Chiens félémons ! Nous allons vous faire payer la mort de notre compagnon ! »

« Vous ne savez pas que normalement lorsque l’on s’invite chez quelqu’un, on se présente d’abord ? Les bonnes manières, ce n’est pas appris chez les célestiens ? » rétorqua Agléa en ayant un petit rire mauvais, le même soldat aux deux paires d’ailes la pointant de son épée longue tout en s’exclamant avec colère :

« Qu’est-ce qu’une félémon dotée des attributs d’une vache pourrait comprendre à ce que sont les bonnes manières ! Retourne dans ton étable, animal ! »

Ouch ! Il n’était pas vraiment partisan des insultes, c’était la marque des faibles mais il était vrai qu’Agléa était de loin la mieux dotée physiquement. D’ailleurs, il n’apercevait aucune fille dans le groupe d’éclaireurs. Peut-être que cela n’existait pas chez les Célestiens ? Nullement inquiétée et énervée par l’insulte, Agléa reprit sur le même ton amusé :

« Et bien, des remarques sur le physique de la part d’êtres androgynes comme vous, il faut avouer que c’est assez ironique en un sens. Dois-je comprendre que votre propre frustration montre par là que visiblement, vous êtes celui qui reçoit dans votre couple ? »

« Qu’est-ce que … ELIMINEZ LA EN PREMIERE ! NE LA LAISSEZ PAS VIVRE ! »

Depuis quand est-ce qu’Agléa parlait de la sorte ? Il ne savait même pas qu’elle était dotée d’une certaine rhétorique ! Encore un peu sous l’étonnement et le choc, voilà que l’un des soldats célestiens s’était élancé en déployant ses ailes, volant en direction d’Agléa. Ah non, hors de question qu’il la laisse être blessée par …

« Et voilà, c’est si facile quand on se laisse aller à la colère. Dommage. »

Avant qu’il ne puisse agir, la pointe d’un fouet passa juste à côté de lui, venant s’enrouler autour du cou du célestien pour lui faire percuter quelques rochers et arbres, un bruit sinistre se faisant entendre deux ou trois fois avant que le corps sans vie ne tombe sur le sol. Un petit claquement et voilà qu’Agléa reprenait :

« Je ne suis peut-être pas aussi forte que Klork mais de là où je viens, il s’avère qu’il me fallait savoir me défendre en toutes circonstances. Vous comprendrez que je ne suis pas le genre de félémone à devoir attendre que l’on vienne me porter secours. »

De là d’où elle vient ? Est-ce que tous les membres de la famille de la Débauche étaient ainsi ? Du moins, capables de soulever un corps humanoîde avec juste un fléau ? Il regarda Agléa avec appréciation, celle-ci rougissant un peu tout en disant.

« Oh … Zéran ! Voyons ! Un peu de contrôle s’il te plaît. Tes yeux remplis de désir peuvent bien attendre la fin du combat ! »

« Je n’ai jamais eut un tel regard envers toi, Agléa ! Je trouvais ça impressionnant, c’est tout ! Ne commences donc pas à t’imaginer des choses ! »

« Oh mais je ne m’imagines rien de rien. Et puis, tu n’auras qu’à me récompenser personnellement si tu trouves ça si merveilleux, non ? »

Humpf ! Peut-être pas … Mais enfin, ils allaient voir. Mais voilà, déjà, qui disait qu’elle n’était pas capable de tuer son amant pendant l’acte charnel ? Maintenant qu’il la voyait combattre, une telle question le taraudait et envahissait son esprit. Autant dire qu’il n’était pas du tout tranquille par tout ça.

Vélisa se battait avec une dague dans sa main droite … et des pointes dans la main gauche ? Cela ressemblait aussi à des dagues mais sans aucune poignet, juste une pointe … d’ailleurs, elle avait maintenant des anneaux à chaque doigt de la main gauche ? Il comprit bien vite où cela voulait en venir lorsqu’elle envoya toutes ses pointes en direction d’un célestien qui avait décidé de venger la mort du second camarade. Les pointes se plantèrent de part et d’autres du torse de l’être ailé, Zéran finissant par remarquer des fil presque invisibles à l’oeil nu. Un rapide coup d’oeil et il comprenait … qu’ils étaient rattachés aux anneaux.

« Sincèrement, vous êtes très mal tombés. Vous pensiez que nous étions qu’une bande de félémon lambda ? Désolée pour vous de ne pas l’être ! »

Voilà que même Vélisa se moquait de leurs adversaires, tirant d’un coup sec en arrière avec sa main gauche. Des giclées de sang arrosèrent quelques racines au sol alors que le torse du célestien se retrouvait parcouru par de nombreux trous visiblement très profonds. Celui-ci plaça une main sur l’un des trous, s’écriant :

« COMMENT … MAIS … QU’EST … »

« Arrêtes de geindre et gesticuler. Tu peux déjà te considérer comme mort, voilà tout. » rétorqua Vélisa une nouvelle fois avant que sa dague ne parte en direction du crâne du célestien, l’achevant avant de s’en extirper via … un fil là aussi ? Elle était … vraiment bizarre mais c’était efficace, très efficace.
Les célestiens étaient maintenant réticents à se battre sauf celui avec ses deux paires d’ailes, leur disant qu’ils étaient de fiers guerriers et qu’ils n’avaient rien à craindre des félémons, simplement de leurs actes qui manquaient de courage !

Manquer de courage. C’était un sacré terme que voilà, n’est-ce pas ? Cela voulait dire et prétendait qu’eux en avaient ? Bah … De toute façon, il était prêt à se battre. Il regarda juste Réxéros, voyant qu’il avait mis de longues armes pointues à chaque main. Cela ressemblait à des katars. Comment connaissait-il le nom ? Tout simplement grâce à Klork quand il avait décidé de ramener tout un arsenal ou presque avec lui lors de la première séance d’entraînement. Et Cator aussi était équipé ! Un bouclier rond … et un imposant marteau tenu à une main. Dans l’idée, à part Klork et son armure, c’était bien le seul qui était capable de parer les coups adverses.

« Silesti ? Tu ferais bien de rester près de moi. »

Il n’avait pas vraiment … à se préoccuper des autres car ils étaient plus qu’aptes à se défendre mais Silesti n’avait sorti aucune arme. Seul son regard brun fixait devant elle les différents êtres ailés, comme du vulgaire bétail.

Mais une autre question lui trottait dans la tête : Pourquoi est-ce qu’ils sortaient leurs armes que maintenant ? Pourquoi contre les lizéfals, ils n’avaient rien fait ? Seule Agléa avait fait un effort et pas les autres. Pour que Klork et lui soient blessés ? Pour qu’ils puissent prendre l’avantage dans la soirée ? C’est ça en fait, hein ? Seule Silesti était complètement à l’ouest dans cette histoire, comme si elle ne comprenait pas la dangerosité du moment. C’était bien pour ça qu’il restait près d’elle et …

« Pas besoin … de me protéger … Zéran. Ca va … aller. »

« Euh, tu me permets d’en douter un peu, Silesti ? Je ne pense pas te voir prête à te défendre, loin de là. Je préfère jouer la prudence, entre nous. »

Une simple mesure de sécurité, rien de plus, rien de moins. La félémon aux cheveux noirs fit un petit hochement de tête positif, comme pour bien expliquer qu’elle comprenait parfaitement où Zéran voulait en venir. Pourtant il était sûr et certain de ne pas se tromper, loin de là … Alors, comment est-ce qu’elle allait faire exactement ? Comment est-ce qu’elle allait se débrouiller ? Il voulait savoir …

Violence. Ce fût tellement violent et unilatéral. Il avait à peine besoin de se préoccuper du célestien qui arriva à sa hauteur. Les autres félémons faisaient un tel carnage et même en cherchant à protéger Silesti, il avait à peine détourné le regard pour se concentrer sur son propre combat qu’il entendit un hurlement strident. Lorsqu’il avait reposé ses yeux sur Silesti, il ne restait plus que les pieds du célestien, rattachés à ce qui semblait être des os verticaux.

« Qu’est-ce que … ça veut dire ? » se dit-il à lui-même après quelques secondes.

Le ménage avait été fait mais pas seulement. Cela avait été accompli avec une telle efficacité et un tel ravage que le félémon aux cheveux blonds en restait muet. Il tentait bien de s’exprimer mais aucun son ne vint sortir de sa bouche. Que pouvait-il dire après un tel carnage ? Et déjà, sans aucune décence, il remarquait que Réxéros et Vélisa étaient tout simplement en train de faire les poches des cadavres.

« Ils ont sûrement de la nourriture ou de la monnaie. De même, leurs armes pourraient bien se vendre dans certaines villes. Bref, on ne va pas hésiter à les dépouiller. Là où ils sont, ils n’ont plus besoin de tout ça de toute façon. »

« Je ne sais pas … N’avoir aucun respect pour les morts, même si ce sont des ennemis … Enfin, ça ne me concerne pas en un sens. »

Il avait juste fait cette remarque, jetant un bref regard à Klork et les autres. Cator semblait se demander s’il pouvait aussi avant de s’y mettre. Klork ne daigna pas regarder ce spectacle qu’il devait sûrement trouver affligeant tandis que Silesti s’était remise en position pour dormir debout. Et Agléa ? Et bien … Agléa.

« Tu as vu comme je sais me battre, Zéran ? Hein hein ? » dit-elle avec joie et entrain.

Et bien, elle était juste en face de lui, faisant balancer sa poitrine dans son décolleté tout en tenant fermement le fouet entre ses mains. Elle était plus joyeuse que cupide, semblant vouloir être félicitée par Zéran qui haussa les épaules.

« C’est très bien, Agléa. Mais comment tu as put avoir autant de mal face aux lizéfals ? »

« Car les lizéfals sont stupides, voilà tout, Zéran. Avec eux, impossible de réellement les mettre en colère et les faire tomber dans mon piège. Mais toi ? Ca … va ? Tu n’allais pas très bien avant le combat alors, je … Enfin tu sais … »

Elle se préoccupait de lui, n’est-ce pas ? Mais comment pouvait-il faire confiance à tous ces félémons qui cachaient bien leurs jeux ? Comment pouvait-il décemment, même en prenant son temps, pouvoir être convaincu par ces derniers ?

« Zéraaaaaaaaaaan ! Ne m’ignore pas ! C’est mesquin de ta part ! Regardes où j’ai mis le fouet ? Tu voudrais me le prendre ? »

Ce fût à peine s’il daignait voir le décolleté la félémone aux cheveux auburn car oui, c’était bien entendu à cet endroit qu’elle avait décidé de loger le manche de son fouet. Hmm … Il était à nouveau en sueur mais il pouvait tenir bon. De toute façon, il s’interdisait de perdre conscience. Ces personnes en profiteraient trop et il n’allait pas succomber à ces dernières. Il était plus fort mentalement qu’elles. Et surtout, la confiance venait définitivement d’être perdue dans le groupe. La raison était simple : Avant de mourir sous les assauts de Klork qui était un peu blessé car il s’était occupé de plusieurs célestiens en même temps, le chef de ces derniers avait eut d’étranges paroles : « Ils nous ont … piégés, ces enfoirés. Nous emmener droit … sur eux … pour nous … tuer. C’était un … piège. » Ensuite ? Klork l’avait tout simplement achevé en plantant sa lame dans le corps … mais le mal était fait.

Chapitre 19 : Ne pas garder confiance

Chapitre 19 : Ne pas garder confiance

« Zéran, tu n’as presque pas décroché un mot de la journée. Tu vas bien ? »

« Oui oui, Agléa. Promis juré, je vais bien. J’ai juste … besoin de réfléchir. »

« D’accord, comme tu veux mais tu sais que s’il y a un souci, tu peux venir me parler, n’est-ce pas ? Il en est de même pour Klork. Même si bon, si c’est intellectuel … il vaut mieux ne pas trop attendre grand-chose de son côté, hein ? »

« C’est toujours sympathique de se faire insulter par quelqu’un qui nous connaît à peine. » soupira Klork sans pour autant s’y mettre de son côté, preuve de sa maturité contrairement à celle d’Agléa. D’ailleurs, il ne connaissait pas son âge, chose qu’il alla corriger de suite.

« Klork, dis moi, tu as quel âge ? En fait, vous avez tous quel âge ? J’en ai aucune idée et bon, pour commencer pour être correct, je suis âgé de vingt ans. »

« Vingt-cinq de mon côté, Vélisa en a vingt-deux. » dit Réxéros tout en désignant ensuite Vélisa du doigt, celle-ci faisant une légère mine boudeuse.

« Vingt-trois … ans … » murmura Silesti, poussant un profond soupir comme pour replonger dans le pays des songes dont elle n’aurait jamais dû être extraite, Cator s’exclamant :

« Ah ben pareil que toi, Silesti. Vingt-trois aussi ! Et vous deux ? »

« Vingt-deux ans. Il le faut bien pour rendre parfait ce corps. » proclama Agléa, bombant la poitrine avec un peu de fierté, Klork baissant son œil avant de chuchoter :

« Dix-huit … J’ai été nommé candidat peu de temps après mon anniversaire. »

« Oh, tu es le petit jeunot du groupe alors ? Tandis que Réxéros est l’aîné ? Moi, je suis dans le milieu, visiblement. » termina de dire Zéran en retrouvant le sourire.

« Et oui … Mais ça ne veut pas dire que je dois être pris à la légère hein ! »

Klork était presque boudeur, comme si avoir révélé son âge était problématique. Pour autant, Zéran ne se moquait guère. Dans le fond ,c’était tout simplement remarquable que Klork ait été nommé candidat malgré son jeune âge.

« Enfin bref, maintenant qu’on sait l’âge de tout le monde, même des dames alors qu’elles n’avaient rien demandé, on continue notre bout de chemin ! Il va bientôt faire nuit donc on va devoir trouver un endroit où nous installer. »

« Pour les tentes, on fait comme ces derniers jours, ça n’a pas changé, compris ? »

Tous acquiescèrent aux propos de Cator puis de Réxéros. Pourquoi changer une telle disposition si elle avait prouvé son efficacité, n’est-ce pas ? Enfin, ce n’était pas vraiment comme si le but était de chercher l’efficacité non plus. Simplement ça suffisait amplement et il n’y avait pas besoin d’autre chose. De toute façon, il n’y avait aucune raison pour que quelqu’un dorme avec une autre personne sauf si … … … Non, aucun en était à ce stade.

Le chemin ne fut plus très laborieux, chacun et chacune étant fatigué par la marche accomplie pour la journée. Comme quoi, toute une nuit à bien dormir dans une auberge et voilà que c’était au final un très gros drame ou presque. Tout en installant la tente calmement, Klork s’était rapproché de Zéran, lui demandant :

« Dis moi … Est-ce que tu ne voudrais pas parler un petit peu, Zéran ? Je te demande ça … Juste au cas où. Je ne sais pas si tu en as envie ou non. »

« Je ne sais pas vraiment … J’ai peut-être besoin d’être seul, je crois. Je ne pourrais pas vraiment te dire ça, Klork. Je … Hum … voilà. »

« Est-ce que c’est à cause de mon âge ? Tu me trouves peut-être inexpérimenté ? Tu sais, l’âge ne fait pas tout même s’il est vrai que nous avons deux ans de différence et … »

« Hein ? Mais ça n’a aucun rapport avec ça, Klork. Pas du tout. C’est … Désolé … »

Il voyait mal comment lui expliquer à peu près correctement qu’il était songeur par rapport à ce qui se passait entre eux deux. Surtout depuis le moment où il avait vu les regards appuyés sur sa personne, tout ça à cause de son maître d’armes humain. Est-ce que chaque famille n’avait pas ses sombres secrets, hein ? Alors pourquoi est-ce qu’ils le regardaient tous comme s’il était un monstre ou presque ?

Enfin … Pas un monstre … juste comme s’il avait caché ça à dessein et que dans le fond, ils ne pouvaient plus lui faire confiance. La confiance, ça se méritait … et dans ce groupe, elle était peut-être inexistante ? Lui qui s’était promis de ne pas trop s’ouvrir aux autres, il avait complètement échoué depuis le début et faisait tout le contraire.

« Si tu as besoin de parler, tu sais où me trouver, d’accord ? »

« Le message est bien noté, Klork. Finissons de monter cette tente. »

Cela coupait tout de suite court à la conversation et il remarqua un voile de tristesse dans le regard borgne de Klork. Pas besoin de jouer à ce petit jeu avec lui, il n’était plus aussi stupide qu’auparavant. Il comprenait parfaitement ce qui se tramait.

« Je ne veux pas me faire avoir … pas maintenant … il en est hors de question ; »

Il devait lutter pour ça. Il devait montrer à quel point il pouvait en ressortir grandi. Qu’il était capable de discerner le faux du vrai. C’est … vraiment ce qu’il voulait depuis le début Non ! Il était perdu ! Il devait faire quoi ? Continuer à parler avec Klork comme si de rien n’était ? Klork était peut-être en train de souffrir intérieurement par sa faute.

« Hey, vous deux ! Le repas est prêt ! Vous avez pas encore fini de monter votre tente ? » s’écria Cator avant de se rapprocher du duo, Zéran relevant les yeux.

C’est vrai que leur tente n’avait pas une fière allure, il fallait reconnaître … malheureusement. Zéran passa une main dans ses cheveux blonds, prêt à s’excuser.

« Je vais terminer le reste, Zéran. Tu peux aller manger avec les autres. »

« Tu es sûr et certain, Klork ? Ca ne me dérange pas de rester, tu sais ? »

« Sûr … et certain, Zéran. Tu n’as pas à te préoccuper de ça. Je peux m’en charger. Ça sera même plus simple qu’avec toi. Je n’aurais pas à repasser derrière toi. »

Ça, par contre, ce n’était vraiment pas très sympathique de la part du félémon borgne. Sans montrer qu’il en était vexé, Zéran fit qu’un simplement hochement de tête avant de se tourner vers Cator, disant avec neutralité :

« Je vais quand même rester un peu avec Klork. Il dit ça mais je sais qu’il aura besoin de moi pour finaliser tout à l’intérieur de la tente. »

« Je ne crois pas que ça soit nécessaire, Zéran. Il s’est pourtant bien exprimé à ce sujet. Après, si tu préfères attendre pour manger avec Klork, tu fais comme tu veux. »

… … … Malgré les dires de Klork, il avait encore moins envie de manger avec le reste du groupe. Si ça ne tenait qu’à lui, il préférait manger seul. Mais avec Klork, cela passerait n’est-ce pas ? Même s’il n’était pas vraiment certain de la tournure des événements.
Comment pouvait-il expliquer ça de manière correcte et subtile ? C’était tout simplement impossible … Il avait juste en tête le fait que … enfin bon … Comment … C’était tout ça à cause de cette histoire d’humains et célestiens ! Il avait l’air d’être complètement mis de côté, voilà tout ! Tout simplement à cause de cette histoire ! Ca n’avait aucune relation avec l’âge de Klork, Agléa ou des autres ! C’était juste que… RAAAAAAAAH ! VOILA QUOI !

« Voilà, c’est terminé. Zéran, nous pouvons aller manger. »

« Hein ? Tu as terminé ? Mais j’avais dit que j’allais t’épauler, Klork ! »

« C’est bon, je n’ai pas eut de soucis de mon côté. Tu n’as pas à t’en faire. Au moins, la tente ne nous tombera pas sur le crâne, ce qui est une bonne chose, n’est-ce pas ? » dit le félémon aux cheveux verts, passant à côté de lui comme si de rien n’était.

Est-ce qu’ils étaient obligés de se parler ainsi ? Peut-être qu’en discutant tous les deux, ils pouvaient se comprendre, non ? Au lieu de garder en eux tout ce qu’ils avaient sur le coeur. RAAAAAH ! NON ! Son père lui avait pourtant mis en garde ! Alors pourquoi ? Ah … Pourquoi est-ce que tout devenait aussi compliqué maintenant ?

« J’arrive, Klork. Je vais juste déposer nos affaires dans la tente, c’est l’affaire d’une minute. »

« Comme tu veux, je commencerais à manger sans toi, aucun souci avec ça ? » dit-il alors que Zéran fit un petit mouvement de la main.

« Je vais me dépêcher donc tu auras à peine le temps de mettre une bouchée que je serais déjà à tes côtés, Klork. Tu devrais te dépêcher avant que ça ne soit froid. »

Klork lui rendit le petit sourire qu’il vint faire. Pourtant, l’un comme l’autre devait se douter qu’il sonnait faux … et creux. C’était si … laid. Tout ça avait changé en une journée, preuve que les relations sociales étaient si fragiles à briser.

Peut-être qu’il exagérait ? Peut-être qu’il s’imaginait des choses ? Comment comprendre exactement ce qui se passait ? Il n’en avait aucune idée. Le félémon aux yeux rubis était maintenant dans la tente, déposant son propre sac avant de faire de même avec ceux de Klork, n’est-ce pas ? Peut-être qu’en fouillant dans son sac, il trouverait des preuves de sa trahison, de ses mensonges ?

« Est-ce que j’en suis vraiment réduit à ça ? Vraiment … Est-ce que je veux ça ? »

Il était là, observant le sac devant lui. C’était ce fameux sac où il pouvait transporter une quantité inconcevable d’équipement sans que cela ne déborde. Un tel sac était si précieux et pourtant, en même temps, rien ne l’empêchait de jeter un œil, n’est-ce pas ?

Pourquoi n’est-ce pas ? Pourquoi ? Pourquoi à chaque fois, il en était ainsi ? Ah … Ah … Ah … Voilà qu’il était en sueur. La déception causée par les autres. L’envie de bien faire, n’est-ce pas ? Alors … pourquoi ? POURQUOI ?!

« Avec ces âges … avec le reste. Avec le … Agléa et le passé et le reste. »

Il déglutit, ayant du mal à rester concentré sur le sac. Non, il n’en était pas réduit à ça. Il ne devait pas s’immiscer dans les propriétés privées des autres. Klork n’apprécierait pas. Il vint s’asseoir contre la toile de la tente, fermant les yeux.

« Même les personnes les plus proches sont capables de nous faire souffrir. Ah … Ah … Pourquoi est-ce qu’il a fallut que l’on me demande si … je me rappelais d’Agléa ? Nous ne nous connaissons pas … et comment est-ce que Kosmor va ? Je ne reçois pas ses courriers. »

C’était normal. Vu qu’ils étaient en permanence en voyage, il n’y avait aucune possibilité d’en recevoir. Lui-même pouvait en envoyer vu que son frère restait au même endroit mais … voilà en même temps. Ah … Vraiment. Chacun était étrange à sa façon. Silesti qui n’arrêtait pas de dormir, est-ce qu’à force de se désintéresser d’elle, elle pouvait alors surveiller tout le monde, écouter ce qui se disait et cela sans que ça ne dérange quiconque ? Qui sait ce qu’elle connaissait réellement dans fond hein ? Nul ne le savait !
Réxéros et Vélisa, en y réfléchissant bien ,ils étaient toujours les deux ensemble, n’est-ce pas ? Ils devaient sûrement avoir beaucoup d’idées en tête ? Vu que Réxéros les emmenait dans une ville appartenant à sa famille, il avait la possibilité de les piéger. Et Vélisa, elle aussi, elle avait une fortune colossale de ce qu’il avait compris. Elle pouvait s’emporter et tout raser sur son passage, enfin, là, c’était une exagération.
Et Cator ! On oubliait d’en parler mais lui ? Il était leur guide. Il suffisait de les emmener dans un ravin et voilà, c’en était fini de tout le groupe. Il semblait aussi avoir des connaissances sur les créatures qui peuplaient le royaume des félémons. Il serait si simple pour lui de se débarrasser d’eux. Un simple claquement de doigts et voilà, ils étaient alors tous morts, comme si de rien n’était.

« Agléa et Klork. Même eux deux, même eux deux. » se murmura le félémon aux cheveux blonds. Voilà qu’il était plongé profondément dans ses pensées absurdes et ses réflexions qui allaient briser tout ce qu’il avait réussi à construire depuis plus d’un mois. Même … Agléa … et même … Klork. Eux aussi, il était difficile de leur faire confiance.

Il se rendait malade rien qu’en y pensant. Il en avait la nausée, il avait presque envie de vomir. C’était tout simplement inconcevable que tout se passe bien … et il ne voyait pas comment arranger tout ça. Agléa prétendait l’aimer mais comment pouvait-on aimer quelqu’un que l’on connaissait à peine ?

« Elle veut juste me manipuler, j’en suis sûr et certain. C’est toujours ainsi, je ne tomberais pas dans ce piège grossier, je vaux mieux que ça. »

Et Klork ! C’était trop étrange ! Ca ne le dérangeait pas d’être seulement le bras-droit du prochain monarque. Pourquoi est-ce qu’il ne voulait pas plus ? Qu’est-ce qui l’en empêchait ? Il avait toutes … les qualités pour ça … malgré qu’il était le plus jeune du groupe. On ne pouvait pas lui mentir. Il était certain qu’il y avait un piège.

« Chacun veut attenter à la vie des autres. La seule question est : Quand ? »

Quand est-ce qu’il vaut agir ? Quand est-ce qu’il vaut tromper l’autre et prendre alors le dessus ? C’était ça la principale donnée aléatoire. Il fallait attendre le bon moment pour en emporter un sans que cela n’attire la colère des autres, que tous pensent que ce n’était qu’un simple accident ou quelque chose du genre. Oui … c’était ainsi qu’il fallait voir tout ça.

« Ah … Ah … Ah … Je me sens nauséeux. Rien que le fait d’y penser me rend malade. J’ai besoin de souffler. Il faut que je souffles, que je fasse autre chose. »

C’était pas possible autrement. Il allait mal finir sinon. Il devait trouver le moyen de s’en aller de là. Il devait retourner chez lui, non ? Au moins, là-bas, il n’aura pas à s’inquiéter de tout ça et il pouvait alors penser à autre chose, n’est-ce pas ? Ce n’était pas comme ça à chaque fois ? Pourquoi ça ne l’était pas ? Pourquoi que …

« Zéran de la Vanité, vous n’êtes pas venu manger en fin de compte. » vint dire la voix de Klork, le sortant de ses rêveries alors qu’il déglutissait en voyant la tête du félémon aux cheveux verts se présenter à l’intérieur de la tente.

« K… Klork ? Qu’est-ce que tu fais ici ? Enfin là ! Enfin maintenant … »

« Rien de spécial, pourquoi cette question ? Vous êtes sûr d’aller bien ? Vous êtes tout en sueur. Peut-être que vous devriez vraiment vous reposer non ? »

« Je vais bien, ne t’en fait pas ! Je vais très bien, Klork. J’ai juste besoin de souffler un peu, rien de plus, rien de moins, hahaha. » dit-il en cherchant à rigoler faiblement.

« Non, je le vois parfaitement. Bon, je vais expliquer aux autres que tu n’es pas en état d’aller manger, Zéran. Ensuite, je m’occupe de toi. »

« Je n’ai besoin de personne ! Et je ne suis pas malade du tout ! PAS DU TOUT ! » hurla Zéran alors que la sueur continuait de dégouliner de son front.


Pourquoi est-ce qu’il avait aussi chaud d’un coup ? Pourquoi est-ce que la température était aussi haute ? Sans aucune explication en plus ! Il … Il … Ah … Ah … Il avait besoin de souffler un peu, c’est tout. Juste besoin de ça et ensuite, tout allait pour le mieux.

« Comment ça, Zéran se sent mal ? Je vais le voir tout de suite ! »

« Non Agléa. Vu qu’il a besoin de repos et d’être tranquille, tu es la moins bien placée pour ça. Je me charge de lui. Nous sommes habilités à soigner les autres dans la famille de la Rage. »

« Mon œil ! Tu veux juste pouvoir passer bien plus de temps avec lui que les autres. Tu veux juste le garder pour toi et ne pas le laisser aux autres ! »

« Quelqu’un peut-il lui dire que ses affabulations ne vont rien arranger à la santé de Zéran ? Je vais aller le retrouver pour la nuit. Bonne soirée à vous. »

Il avait juste entendu brièvement une conversation assez forte entre Agléa et Klork. Ensuite ? Il ne se rappelait pas vraiment. Il était juste couché dans la tente, respirant un peu bruyamment sans pouvoir donner réellement d’explications.

« Co … Comment est-ce qu’il va ? Il a quoi ? » chuchota une voix féminine.

« Une fièvre, sûrement causée par la fatigue, la marche et surtout par son état psychologique. Des fois, les maladies se développent plus rapidement car nous pensons être malade. C’est le cas de Zéran, voilà tout. »

« Mais pourquoi est-ce que c’est toi qui a le droit de le porter sur tes genoux et pas moi ? Que je sache, c’est un peu injuste, non ? »

« Ce n’est pas une question de justice, Agléa. Je me préoccupes autant que toi de son état de santé, c’est différent … Il a besoin de repos. Est-ce que tu te calmerais si je te le laisse le prendre sur tes genoux ? Je vous jure … Je me demandes parfois pourquoi tu en fais autant pour lui alors que vous vous connaissez à peine. »

« Car c’est un secret. » dit la félémone aux cheveux auburn, souriant tout en voyant Klork pousser un soupir et lui dire de s’installer dans la tente.

« Je le trouvais bizarre … mais pas à ce point. Savoir qu’il est dans cet état n’est pas vraiment rassurant mais nous nous ne pouvons rien faire, sauf patienter. Il faut espérer que demain, tout ira mieux. Tu es prête ? Je te le met sur tes genoux. »

Elle était plus que prête ! A genoux à côté de Klork, elle attendait avec impatience la tête de Zéran sur ses genoux, moment qui arriva bien vite à sa plus grande joie. Le félémon à la chevelure blonde, endormi, était visiblement presque comme apaisé.

« Ca me fait vraiment étrange de l’avoir sur les genoux. Je crois que je suis chez les célestiens maintenant ! » s’exclama Agléa avec joie, Klork clignant de son œil valide.

« Tu sais que tu viens de proférer des paroles déplaisantes, n’est-ce pas ? Du moins, très dangereuses à prononcer en cet endroit. »

« Je ne vois pas pourquoi. Je ne vois pas ce qui dérange réellement. Que je sache, je n’ai rien fait de mal, non ? Et puis, juste que ce sont des remarques humaines. Être chez les célestiens, ça veut dire acquérir un bonheur absolu chez les humains. »

« Vraiment des réfléxions stupides parfois chez eux. » marmonna Klork.

« Je ne te le fais pas dire. Les célestiens ne sont pas mieux logés que chez nous. Si c’était le ca, ils n’auraient pas besoin de nous déclarer la guerre, n’est-ce pas ? »

Il n’était pas certain que cette vision de la situation militaire entre les félémons et les célestiens soit aussi simple que ça mais bon … Si cela permettait à la félémone de se rassurer, il n’allait pas l’arrêter. Voilà qu’elle passait une main dans la chevelure blonde de Zéran, grand sourire aux lèvres tandis que Klork murmurait :

« Je préfère te prévenir : Je ne vais pas me coucher tout de suite. Je pars me laver mais après, il te faudra retourner dans la tente avec les autres filles. »

« Naaaaaaaaan ! Je n’ai pas envie ! Je pourrais veiller sur lui durant toute la nuit ! Déjà, vas falloir que tu ailles te laver, ensuite, on verra ! »

« C’est tout vu, Agléa. Un félémon et une félémone ensemble dans une tente ? Je n’ai peut-être aucune expérience contrairement à vous autres dans ce domaine mais je sais très bien où cela peut emmener. Je ne suis pas stupide à ce point. »

Agléa pencha la tête sur le côté, faisant semblant de ne pas comprendre où voulait en venir le candidat de la Rage. Celui-ci hocha la tête négativement, comme dépité avant de quitter la tente. Maintenant qu’ils étaient seuls, Agléa gardait encore plus son sourire, murmurant :

« Et bien, entre nous, il en aura fallut du temps pour arriver à cet instant, non ? Tout ça parce que tu es tombé malade. La prochaine fois, espérons que ça soit simplement parce que tu en as envie, qu’est-ce que tu en dis, Zéran ? »

« Hmmm … Klork … Moins de bruit … Veut… Dormir un peu … Hmmm … J’ai sommeil … Pas confiance … En tout le monde. »

« Pas confiance en tout le monde ? Et pourquoi tu t’imagines que c’est Klork qui est là ? Tu sais comment rendre les félémones mécontentes, n’est-ce pas ? Pour la peine, tu mérites bien que je reposes une partie de mon corps sur ta tête tiens ! »

Et voilà qu’elle se mettait en place, sans aucune gêne. La félémon déposa simplement la base de sa poitrine sur le front de Zéran, sans aucune pudeur… ou presque. Il était possible de voir qu’elle était rouge avec cette idée alors qu’elle regardait l’entrée de la tente avec appréhension. Elle espérait juste que Klork ne rentre pas maintenant

« Je ne saurais pas vraiment comment lui expliquer la scène. Quand même … »

Elle savait particulièrement que cet atout était important pour plaire aux félémons et même Zéran avait montré de l’intérêt envers eux mais en même temps, elle … Enfin bon … C’était difficile à expliquer correctement. Elle espérait juste que ce n’était pas qu’à cause de ceci que Zéran tomberait dans ses bras.

« Sinon, je crois que je serais vraiment très déçue par la tournure des événements. Oh que oui … Zéran, ne me déçois pas … s’il te plaît. » chuchota t-elle doucement.

Chapitre 18 : Félémons, Célestiens, Humains

Chapitre 18 : Félémons, Célestiens, Humains

« Visiblement, vous êtes tous prêts ? C’est parfait ! On va pouvoir y aller enfin ! »

« Tous prêts, tous prêts, je ne vois pas Agléa. » dit Zéran en remarquant que tout le monde était là, Silesti ayant déjà attaqué le petit-déjeuner en même temps que Cator. Seule Agléa n’était pas présente et c’était étrange que Réxéros ne le signale pas. Celui-ci posa son regard sur le félémon aux cheveux blonds, disant :

« Tu n’as qu’à aller la chercher alors ? Elle doit sûrement attendre son prince charmant. »

« J’ai vraiment pas la gueule de quelqu’un de charmant. Pour le côté prince, je ne peux pas nier que mes origines aident beaucoup. J’y vais alors … Ah … Vraiment … Qu’est-ce que je vais faire d’Agléa dans de telles conditions ? Je me le demande … »

Il soupirait mais il n’avait pas réussi à trouver ça dérangeant. Il fallait dire que la discussion avec Klork lui revenait en mémoire. Est-ce qu’il connaissait Agléa ? Il ne le savait pas du tout ! Il n’en avait aucune idée ! Voilà qu’il arriva à l’étage où était sa chambre. Hum … Hier, elle se trouvait où ? Il n’en était pas certain, il n’avait pas entendu et …

Bam ! Un petit bruit de porte qui s’était refermé à la va-vite. Un court instant, il avait vu des yeux émeraude en train de le regarder à travers un petit espace d’une porte à peine ouverte. Et il savait de quelle porte il s’agissait. Est-ce que c’était Agléa ? Ils avaient passé l’âge de jouer tous les deux, non ? Ils avaient bien mieux à faire ! Voilà qu’il se rapprocha de celle-ci, donnant quelques petits coups sur celle-ci avant de dire :

« Agléa, tu veux bien ouvrir s’il te plaît ? Nous avons de la route à faire et bon, ça serait bien que tu prennes de quoi manger avant que l’on fasse une longue marche. »

Aucune réponse de la part de l’intéressée. Est-ce qu’il s’était trompé de porte ? Non … Il entendait un peu de bruit. Est-ce qu’il devait rentrer ou pas ? Rentrer dans la chambre d’une dame, ce n’était vraiment pas très galant, c’était même … dangereux, non ? Pour autant, il finit par dire d’une voix lente :

« Je vais rentrer, Agléa. Tu as intérêt à être prête et … »

… … … D’accord. Elle était bien là. C’était bien la chambre d’Agléa, comme il s’en doutait. Elle était bien là. Elle était assise sur une chaise, en train de se brosser les cheveux en chantonnant doucement. Elle était bien là. Elle était de profil. Sauf que sa longue robe était présente mais pas en train de recouvrir tout son corps, seulement le bas de ce dernier. Elle était bien là. Le corset qu’elle portait était de couleur noir, en dentelles mais surtout, qu’est-ce qu’il était rempli ! Même de profil, impossible d’ignorer qu’elle avait des atouts qui contrastaient complètement avec ceux des deux autres filles du groupe. Et surtout, ce n’était pas disgracieux grâce à sa taille.

« Je crois que je vais te laisser te préparer, Agléa. Descends quand tu peux. Et pardon. »

« Tu … peux rester, hein ? Il faudra bien un jour que tu me vois ainsi. »

« Ce jour n’est pas venu, Agléa. Je suis désolé encore une fois. Pardon. »

Il ne savait plus trop de quoi il s’excusait et il valait mieux ne pas en parler ! Voilà qu’il délaissa complètement la félémone, ayant fermé la porte derrière lui avant de redescendre, rouge comme une pivoine. Bon … Euh …
Sincèrement … Elle était … carrément gonflée dans ce corset et encore, il n’était pas certain que ce dernier n’était pas en train de souffrir et … A QUOI EST-CE QU’IL PENSAIT ?! Il était pire qu’un déviant à l’heure actuelle ! Non non et non !

« Oh ? Zéran de la Vanité ? Tu es déjà de retour ? C’est bon pour elle ? »

« Euh … On va dire qu’il va falloir patienter un petit peu et tout. Enfin, elle n’avait pas encore fini de se préparer. » bredouilla Zéran en se grattant la joue, plus que confus et gêné.

« Héhéhé, on dirait que tu as pu le confirmer par toi-même d’après ton visage. » vint répondre Réxéros tout en sifflotant avec amusement, trouvant visiblement cela très distrayant.

« Pas besoin d’en rajouter, je crois que j’ai déjà entendu tout ce qu’il fallait de ce côté. Sincèrement, je ne veux pas en parler. C’est bon, laissez-moi tranquille. »

« Tu ferais bien de te rafraîchir, tu as de la fumée qui te sort des oreilles, Zéran. » continua de dire Cator alors qu’il avait la sensation que ça allait être sa journée aujourd’hui. Il y avait un fort taux de moquerie qui allait grimper  … et il ne pouvait rien faire pour les contredire.

« Bon, si vous avez terminé avec ces bêtises, on va pouvoir accélérer ? »

« On doit attendre Agléa, Zéran. Tu devrais aller revérifier pour voir si c’est bon. »

Et bien, leurs moqueries allaient jamais s’arrêter. Puisqu’il en était ainsi et qu’il voyait que Klork n’avait pas prévu de l’aider, il alla monter les escaliers, deux par deux, retournant devant la chambre d’Agléa. Il toqua une nouvelle fois mais ne vint pas rentrer. La porte finit par s’ouvrir doucement, laissant l’apparition de la félémone à la chevelure auburn devant ses yeux. Elle était maintenant correctement habillée et maquillée, comme à son habitude.

« Tu m’attendais ici, Zéran ? C’est très sympathique de ta part. J’ai une faim de loup ! »

« Disons que je suis revenu te chercher vu à quel point ils me fatiguaient en bas. »

« Qu’est-ce qu’ils ont fait les vilain félémons ? Dis tout à Agléa, elle ira leur régler leur compte pour leur apprendre les bonnes manières. Allez dis-moi tout ! »

« Tu sais, je ne suis pas vraiment un enfant non plus hein ? Tu n’as pas besoin de me parler de la sorte, Agléa. Je pense être assez grand mais disons qu’ils ont vite compris pourquoi j’ai eut un peu de retard et qu’est-ce qui s’est passé la première fois que je suis venu. »

« Tu parles du moment où tu es rentré dans ma chambre pendant que je me faisais belle pour toi ? Oh tu sais … Ce corset est vraiment très serré mais je l’apprécie grandement. Il est plutôt doux ou toucher et il ne frotte pas trop donc il n’irrite pas. » dit-elle tout en regardant Zéran.

« Très … intéressant à savoir, je crois. On va dire ça comme ça pour pas te gêner. »

« Pas me gêner ? Qu’il est mignon ce petit Zéran. Tu sais, il suffit que tu me donnes ta main et je te laisserais toucher la dentelle. »

Aucune réponse de sa part. Il n’avait pas envie de jouer à ce petit jeu avec elle. Voilà qu’il haussa simplement les épaules tout en finissant par redescendre une nouvelle fois. Lorsqu’il alla retrouver Klork et les autres, tous étaient déjà sur le départ, Zéran demandant si on ne pouvait pas laisser Agléa prendre de quoi manger avant d’y aller.

« Pas besoin, Zéran. Je suis en pleine forme et puis, nous avons acheté quelques fruits hier, non ? Je peux aisément en prendre un ou deux sur le chemin. »

« Sûre et certaine ? J’ai remarqué que tu mangeais peu … mais bon. Réxéros, est-ce que tu peux nous guider hors de la ville ? »

« J’ai un petit truc à faire de mon côté mais Cator connaît déjà le chemin, Vélisa aussi. Je reviendrais assez vite, vous ne partirez pas trop loin si vous suivez le chemin. Je vous rattrape dès que possible ! Désolé ! » s’exclama le félémon à la cheveure noire avant de quitter l’auberge en premier, partant de son côté.

« Il a l’air sacrément pressé. Quelqu’un sait ce qu’il doit faire ? » questionna Zéran.

« M’étonnerait pas qu’il doit s’expliquer pourquoi avoir permis autant de réduction même à mes amis. La famille de la Cupidité est connue pour être très près de ses sous. Un tel geste ne peut pas passer inaperçu, loin de là. »

Vélisa s’était exprimée, expliquant le geste de Réxéros, tous acquiesçant d’un mouvement de la tête vu que cela semblait être un raisonnement logique. Cator passa devant eux, signalant qu’il allait les guider, comme convenu.

« Ne vous perdez pas en chemin et attention, aucune séparation cette fois-ci, d’accord ? »

« Klork, je crois qu’il s’adresse à nous. Pareil, Agléa. On ferait bien de ne pas le quitter des yeux cette fois-ci, si on ne veut pas se faire enguirlander »

« Hihihi. Il y a de grandes chances que ça soit exactement pour cette raison qu’il dit ça. » répondit Agléa, prenant déjà place à la gauche de Zéran.

« Oui … de très grandes chances que ça soit le cas. Néanmoins, ne boudons pas notre plaisir. Si nous trouvons quelque chose sur le chemin menant à la sortie, on n’aura qu’à lui demander de bien vouloir patienter une petite minute ou deux. » compléta Klork de son côté, se plaçant à la droite du félémon à la chevelure blonde.

« Pas de soucis, les gars ! Et … la fille bien entendu ! Si vous voulez faire un petit arrêt, vous n’aurez qu’à demander ! Je ne mord pas contrairement à Réxéros ! »

« Et pourtant, on sait à quel point tu manges, hein ? Encore que Silesti, c’est presque pareil mais c’est à se demander si elle n’utilise pas une sorte d’hibernation pour stocker tout ce qu’elle a mangé ou presque. D’ailleurs, Silesti, tu as bien dormi ? » questionna Zéran en se rapprochant de la félémone, celle-ci ouvrant un œil brun en le regardant.

« Bien dormi … oui … et toi ? Bien dormi, Zéran ? »

« Je crois que oui, contrairement aux légendes, Klork ne ronfle pas durant la nuit. Il a même un souffle très doux à entendre, comme une petite brise. »

« HEY ! Ne raconte pas n’importe quoi s’il te plaît ! Ils vont commencer à se faire des idées et je n’ai pas envie de ça, Zéran ! »

Oh ! Il avait visiblement touché un point sensible chez le félémon borgne. Pour autant, il avait un grand sourire aux lèvres, toujours, comme si de rien n’était. MOUARF ! Ca n’avait pas fonctionné et Zéran soupira.

« Dommage pour moi, je pensais que cela aurait intéressé quelques personnes. Comme quoi, on peut grandement se tromper hein ? »

Par contre, Cator leur signala de faire moins de blabla, plus de pas pas. Même si la phrase était un peu enfantine, tous rigolèrent faiblement, même Silesti ayant un léger sourire aux lèvres bien qu’elle avait repris sa façon de « flotter » pour suivre Cator.
Malgré leurs paroles, Klork, Agléa et Zéran n’eurent guère besoin de s’arrêter, ne faisant que rester en retrait comme à leur habitude. Lorsqu’ils trouvèrent la sortie de la ville, Cator se retourna vers tout le monde, disant d’une voix enjouée :

« Là, sur le coup, on ne quitte pas le sentier devant nous. Ainsi, ça permettra à Réxéros de nous rejoindre. Par contre, plus tard, on quittera le chemin comme auparavant. »

« Juste .. Si on peut éviter de ne pas trouver de ville ou village pendant dix jours, ça serait parfait. Je sais bien que l’on a beaucoup à explorer et qu’il faut éviter d’attirer les regards sur nous mais en même temps, c’est vraiment très compliqué et difficile. Tu vois ce que je veux dire par là ou non ? Ou … je suis complètement à côté de la plaque ? »

« J’ai remarqué que cela avait dérangé beaucoup de monde, Zéran ! Donc, tu n’as pas à t’inquiéter, le message est très bien passé. On prendra notre temps mais on va éviter que l’on retarde trop le tout et on ira plus souvent dans une ville ou un village. Du moins, tant que l’on reste dans le territoire des félémons. Ailleurs, ça risque d’être assez dangereux. »

« Tu connais quand même les lieux ou non ? » questionna Klork en direction du félémon enveloppé, celui-ci gardant son éternel sourire avant de s’exclamer :

« Et oui ! Pas de soucis à se faire ! Du moins, je ne connais pas partout non plus. Mais pour vous guider, vous n’avez pas à vous en faire. Je sais où nous rendre. »

« Alors tout est bon dans le meilleur des mondes ! Zéran, Klork, arrêtez d’embêter notre gentil petit félémon ! C’est grâce à lui que l’on évite les bêtes sauvages. »

« Merci Agléa mais je n’ai pas besoin d’être défendu. Ils ne pensent pas à mal, je le sais très bien. Ne vous en faites pas, vous n’avez rien à craindre. Allez, on s’y remet dès maintenant. » termina de dire Cator sur un ton enjoué, tous se mettant en file indienne ou presque alors que la ville félémone dirigée par la famille de la Cupidité disparaissait au loin.

Réxéros ne tarda guère longtemps à les rejoindre. Moins d’une heure après, il était à nouveau dans le groupe, reprenant la discussion avec Vélisa tout en souriant, visiblement content et satisfait de ce qu’il avait accompli. Quand Agléa lui demanda ce qu’il avait fait, il répondit simplement par le fait qu’il s’agissait d’un secret.

« D’ailleurs, je parlais un peu des limites du royaume félémon mais de votre côté, vous avez déjà rencontré des humains ou des célestiens ? » demanda Cator comme si de rien n’était.

« Des célestiens ? Bien trop souvent. Disons que le nombre d’affrontements avec ceux qui sont à nos frontières est un peu trop grand à mon goût. » commença à dire tout de suite Klork, Zéran tournant aussitôt sa tête vers lui, plus qu’intéressé par le sujet. Pourtant, il répondit à sa suite avec engouement :

« De mon côté, nous avons aussi un humain dans notre domaine. C’est même le seul qui s’y trouve mais pour une bonne raison. C’est le maître d’armes qui régit pour la famille de la Vanité depuis des siècles, il paraîtrait ! »

En voyant le visage incrédule de ses compagnons, il se demandait s’il avait dit une bêtise. C’est lorsque que Réxéros reprit la parole qu’il comprit pourquoi cela était ennuyeux d’avoir dit de telles mots dans le groupe :

« Euh … Zéran, je voudrais pas te dire que tu es un menteur mais … tu sais que les humains ont une espérance de vie au grand maximum de soixante-dix ans non ? »

« Oh ? Euh … c’est vrai ça ? » questionna Zéran tout en regardant Klork et Agléa, chacun hochant la tête. Il vit Silesti qui avait ouvert ses yeux bruns, comme intéressée par la suite des paroles. « C’est le seul humain que j’ai connu vraiment. Mon père m’a dit qu’il était à notre service depuis des siècles et que ses connaissances en combat dépassaient l’entendement. Pourtant, je suis certain que mon père ne m’aurait pas menti. »

« Peut-être que pourtant, il … » commença à couper Réxéros, s’arrêtant en voyant le regard furieux de Zéran, celui-ci s’écriant :

« JAMAIS MON PERE N’AURAIT FAIT CA ! Je sais juste que même s’il est humain, il doit y avoir un sort ou autre ! Car pendant toutes les années dans ce domaine, je ne l’ai pas vu vieillir et obtenir une ride ! Et puis, sur les représentations des tableaux de nos ancêtres, il est souvent là. Klork peut le confirmer ! Agléa aussi ! »

« Hum … C’est vrai que vous m’avez souvent fait visiter cela, Zéran de la Vanité. Je ne peux pas infirmer vos propos à ce sujet. » dit calmement Klork, cherchant à apaiser Zéran.

« Vous voyez ? Alors, je n’ai aucun intérêt à mentir maintenant. Juste … Je ne sais pas ce que mon père a utilisé comme magie à un tel résultat et peut-être que dans le fond, il vaut mieux ne pas savoir. Et encore, je parle de mon père mais ça serait plutôt mon ancêtre. »

« Calme, calme … Y a pas besoin de s’énerver. C’était juste une remarque comme ça. On va presque croire que ce n’est pas Klork qui est de la famille de la Rage mais toi. »

« Pardon, Réxéros. C’est juste qu’insulter … ma famille, je n’ai jamais supporté. »

« Pas de soucis, pas de soucis. C’est même peut-être plus intéressant que de vouloir chercher l’amitié comme tu le fais depuis le début. »

Chercher l’amitié ? Est-ce qu’il avait vraiment une tête à ça ? Alors que son père lui avait dit se méfier ? Enfin bon … Voilà ! Il ne connaissait qu’un humain et n’avait jamais vraiment rencontré de célestiens, c’était tout. Mais maintenant, tout le monde le regardait, Silesti étant celle qui prit la parle, demandant avec lenteur comme à son habitude :

« Dis … Zéran … Cet … homme … humain. Il est fort ? »

« Je crois que je n’ai jamais réusi à le toucher. Bon après, Klork pourra confirmer une nouvelle fois, en terme d’expérience de combat, je suis particulièrement nul. »

« Je dirais plutôt que tu n’avais pas les bons outils. Maintenant, comme tous l’ont remarqué, tu t’es très bien débrouillé contre les lizéfals. Sinon, de mon côté, j’ai rencontré pas mal de célestiens mais simplement sur les champs de bataille, rien d’autre. »

« Vélisa et moi-même, nous faisons beaucoup de commerces avec les humains et les célestiens. Ouip, pas besoin de nous regarder avec effarement, ce n’est pas comme si on le cachait hein ? Pour obtenir ce que l’on désire, il faut savoir avoir les bons fournisseurs. Et les humains, même s’ils n’ont aucun pouvoir … normalement, sont dotés d’un sens culturel et artistique des plus surprenants et plaisants. »

« Même avec les célestiens, Réxéros ? » questionna pourtant Zéran, comme s’il venait d’apprendre la nouvelle après tout ce temps.

« Même avec les célestiens, Zéran. Un simple échange de bons procédés. Certain félémons, c’est à dire nous, ne s’intéressent guère au conflit permanent avec les célestiens. Il en est de même pour certains d’entre eux. Voilà tout. »

« Je comprend, je comprend. Bon et bien, on dirait que chacun a rencontré déjà un humain ou un célestien. Enfin je crois ? Cator, j’imagine que vu que tu as exploré un peu le monde malgré ton âge, c’est le cas. Silesti ? »

« Ils cuisinent … bien … partout. Mais … ils ont toujours … peur … les célestiens »

« De mon côté, ni les célestiens, ni les humains ne m’intéressent. Je n’ai de yeux que pour les félémons, pourquoi j’irai regarder une autre race ? » dit Agléa sur un ton enjoué après Silesti, celle-ci s’étant mis à bailler longuement.

Bon ben, le sujet était donc terminé. D’ailleurs, maintenant que Réxéros était de retour dans le groupe, Cator décida qu’il était temps de quitter à nouveau le sentier pour continuer leur chemin vers le point final de leur expédition : le royaume des célestiens. Bon, il y avait encore beaucoup de route à faire.

« Mais voilà, l’aventure, c’est quand même 90 % de voyage et 10 % à l’arrivée non ? Enfin, pour les pourcentages, je n’en suis pas sûr mais vous m’avez compris. »

« Où … est le pourcentage pour … la nourriture, Cator ? » marmonna Silesti après lui.

« Y en a pas, désolé ! Si c’était aussi simple, je te l’aurais dit mais ce n’est pas le cas. Faudra pas m’en vouloir, Silesti. » s’exclama Cator avec joie.

« Je … ne t’en voudrais pas … si tu me nourris bien, Cator. Si tu ne me nourris pas bien, je t’en voudrais … vraiment beaucoup, oui. »

« Ohla, c’est vraiment la dernière chose que j’aimerai. Considères donc que tu seras nourrie et logée de ma part. Enfin logée… »

« Vous vous entendez plutôt bien tous les deux, Cator. » coupa Zéran en ayant levé un peu la voix vu la distance qui le séparait de ce dernier, le félémon boudiné lui répondant :

« Tout le monde peut être l’ami de Silesti, suffit juste de savoir bien la nourrir et de lui trouver un coin tranquille où elle peut dormir et c’est parfait. »

« J’imagine qu’elle n’a pas causé trop de problèmes durant la nuit alors. »

Juste un sourire de la part de Cator tandis que Zéran craquait son cou en le lui rendant. A bien y réfléchir, il y avait surtout trois groupes dans leur expédition : Lui avec Agléa et Klork, Silesti avec Cator puis Réxéros et Vélisa. Dans l’idée même, cela pouvait être problématique et ennuyeux mais en réalité, ils s’entendaient tous très bien, enfin, ça dépendait des jours et autres.

« Oh ? Tu es songeur, Zéran ? A quoi est-ce que tu penses exactement ? »

« Oh ? Agléa ? Je sais pas … Je pense à … à rien du tout. »

Comment il pouvait lui expliquer qu’avec ce qui avait été dit sur les humains, il réfléchissait tout simplement au maître d’armes du domaine de la Vanité ? Il était certain qu’il était humain. Il n’avait aucune corne sur le crâne et surtout, aucune trace qui laissait penser qu’elles avaient été coupées ou autres.

Mais comment est-ce que son père avait réussi ou presque ? C’était difficile à expliquer … ou vraiment à exprimer. Enfin pas son père ! Plutôt sa famille. Il n’avait jamais entendu parler d’une magie qui était capable de donner l’immortalité et il ne remarqua pas qu’Agléa le fixait sur tout le chemin. Elle avait pris son bras pour bien le loger entre le creux de ses seins, attendant une réaction qui n’arrivait pas.

« Ce n’est pas très drôle, Zéran. Si tu ne réagis pas, comment est-ce que je suis sensé apprécier mes actes ? Tu peux me le dire ? » marmonna t-elle en bougeonnant.

« De quoi est-ce que tu parles, Agléa ? Ce n’est pas comme si tu le faisais depuis le début hein ? A force, je m’y suis habitué, c’est tout. »

« Pfff ! Ce n’est vraiment plus amusant. Est-ce que je vais devoir aller au stade supérieur ? Mais pas en public, par contre, je ne veux pas de ça. »

Ah ? Et bien, qu’ils restent ainsi. Maintenant, lui-même était plus que préoccupé par cette nouvelle. Comment est-ce qu’il allait pouvoir trouver une réponse à tout ça ?

Chapitre 17 : Une soirée de confidences

Chapitre 17 : Une soirée de confidences

« Et bien … Le repas était vraiment copieux. C’est rien contre toi, Cator mais on va dire que ces derniers jours étaient assez difficiles. »

« Ce n’est pas le cuisinier qu’il faut mettre en défaut dans ces moments, Zéran mais plutôt la qualité des ingrédients. Même avec les meilleurs ingrédients du royaume, un mauvais cuisinier ne pourra rien préparer de succulent. A contrario, un excellent cuisinier sera pieds et mains liés si on lui donne que des aliments médiocres à cuisiner. »

« Ce n’est pas faux comme mode de pensée, Cator. Néanmoins, maintenant que j’ai bien mangé, je crois que je vais plutôt aller déjà monter et m’écrouler sur mon lit. »

« Vous avez déjà fait une sieste, Zéran de la Vanité. Je ne pense pas que ça soit conseillé d’en faire une seconde en aussi peu de temps. Vous allez vous réveiller en pleine nuit. » lui signala Klork alors que Zéran répondait d’un avec un petit soupir de dépit :

« Ce n’est pas bien grave, ça voudra dire que pour une fois, je serais réveillé avant toi et que je pourrais t’observer en train de dormir. Il faut avouer que ça serait étonnant et peut-être pas une si mauvaise idée dans le fond. En fait, je crois que je l’apprécie même pas mal du tout cette idée, hahaha ! Bon … Bonne nuit à tous. Bonne nuit à toi aussi, Agléa. »

« Oh ? Euh … Bonne nuit Zéran ! Elle pourra … l’être encore plus, tu sais ! » dit la félémone à la chevelure auburn, plutôt étonnée de voir qu’il avait senti le besoin de préciser son nom. Cela devait tellement la perturber qu’elle n’avait même pas remarquer ses erreurs.

« Oui oui, je le sais bien. Mais le savoir ne veut pas dire le vouloir. »

Et le voilà maintenant couché sur le dos, quelques minutes plus tard, les yeux clos. Il n’avait pas vraiment sommeil mais … en même temps, Klork allait bientôt arriver, n’est-ce pas ? Il en était sûr et certain. Le félémon aux cheveux blonds entendit la porte s’ouvrir puis se refermer, le cliquetis d’une clé résonnant quelques secondes après.

« Je n’ai tellement pas l’habitude de ces repas bien trop importants. Je ne sais pas comment ils font pour manger autant. Zéran de la Vanité ? Vous dormez déjà ou vous vous moquez de moi ? » questionna le félémon à l’oeil balafré.

« Est-ce que je peux faire les deux en même temps ? Je me demandes si cela se tente comme expérience, qu’est-ce que tu en dis, Klork ? »

« Que vous devriez arrêter de proférer des bêtises de la sorte, ça serait beaucoup mieux. »

« Ou alors, je peux te proposer de parler. Ca me permettra de digérer avant de sombrer dans le sommeil. Vraiment, je ne te savais pas aussi pudique, Klork. Tu sais, vu comment je t’imagine musclé et tout, je suis sûr qu’Agléa serait en train de fondre en te voyant. »

« Nous avons déjà eut ce sujet de conversation, Zéran de la Vanité. Pourquoi ne pas plutôt parler de choses bien plus intéressantes ? » rétorqua Klork, bien décider à ne pas continuer.

« Sincèrement ? Tu veux que je te parles un peu de Kosmor ? Ou de moi ? »

Il avait juste décidé de pivoter sur le côté pour avoir Klork en face de lui. Il ne s’était pas moqué du félémon dans sa proposition. Il le pensait vraiment. Celui-ci avait fini par s’asseoir en face de lui, Zéran reprenant la parole tout en disant :

« Par où est-ce que je pourrais vraiment commencer dans le fond ? Ce n’est pas comme si c’était une chose plutôt facile, n’est-ce pas ? Mais … Ah … Tu sais, je t’ai peut-être dit pendant nos séances d’entraînement que ma mère était morte peu de temps après ma naissance, n’est-ce pas ? J’imagine qu’à partir de là, tu as compris que Kosmor … »

« N’est pas ton véritable frère, c’est exact. Mais ça n’empêche pas certains liens d’être plus forts que ceux du sang. Mais la mère de Kosmor ? » demanda Klork, Zéran ayant un petit sourire triste avant de reprendre juste après lui :

« Elle aussi malheureusement, je ne la connais pas vraiment. Elle était assez pâle lorsqu’elle est venue après que mon père se soit remarié quelques années après la mort de ma mère. Je ne pouvais pas lui en vouloir, il restait le monarque suprême des félémons et en tant que tel, il se devait d’avoir une femme à ses côtés et surtout un héritier convenable. »

« Héritier … convenable ? Qu’est-ce que ce terme presque abominable à entendre avec vous, Zéran ? Je ne suis pas sûr que je l’apprécie si tu veux tout savoir. »

« Simplement que je n’ai pas montré les compétences nécessaires à ce qu’attendait mon père de moi alors que je n’avais que quatre ou cinq ans. Tu as bien remarqué à quel point Kosmor était très fort pour son âge, non ? Même s’il a quelques soucis de concentration pour les cours, il deviendra très vite quelqu’un de très important, j’en suis certain. »

« Et ce n’est pas pour ça que … tu dois te dévaloriser, Zéran. Tu as été vraiment remarquable pendant le combat contre les lizéfals. Tout seul, je n’étais pas sûr de … Enfin, ce n’est pas de ça dont tu veux parler, n’est-ce pas ? Tu aimerais … que l’on évoque quelque chose chez moi ? Du moins, de mon passé ? » interrogea le félémon à la chevelure verte.

« Si ça ne te dérange pas trop, ça reste une histoire très personnelle, non ? »

« C’est exact mais en même temps, je peux bien t’en révéler un peu plus. Je m’appelles Klork de la Rage, tu le sais parfaitement. Je suis le dernier membre d’une longue famille de la branche-sœur de celle principale de la famille de la Rage. C’est à dire que la personne à l’origine de cette branche-sœur était le frère de la personne à l’origine de la branche principale. » commença à raconter Klork, Zéran lui disant presqu’aussitôt :

« Donc dans le fond, tu es très proche de la branche principale, ce qui est plutôt une excellente nouvelle. Mais tu as dit le dernier membre. Tu as donc des frères ou des sœurs ? »

« Ma famille a toujours eut uniquement des garçons et cela depuis le début de son existence. Malheureusement, mes aînés sont tous morts au combat depuis des années voire des décennies pour les plus vieux. »

« Je suis désolé pour toi, Klor. Cela ne doit pas vraiment être des plus faciles à vivre. Tu es donc … au final, une sorte de fils unique maintenant, c’est ça ? » demanda Zéran, n’étant pas sûr que ça soit vraiment le terme que le félémon borgne aimerait entendre de sa part.

« C’est exact. Après tant d’années et de fils, mes parents ne peuvent plus avoir d’enfants et tous leurs espoirs reposent sur moi. En devenant l’être régnant sur le royaume des félémons, j’aurai une chance de prouver ma valeur mais … pour cela, il me faut arriver jusqu’au bout de cette expédition et rien n’est moins sûr. »

« Ne sois donc pas aussi défaitiste, ça ne te ressemble pas du tout. Tu n’as pas à t’inquiéter à ce sujet. Si toi tu meures, autant dire que l’on a aucune chance de survivre de notre côté. »

« Je vais prendre ça comme tu tentes de l’exprimer : un compliment. Merci Zéran. C’est très sympathique de ta part de penser à moi de cette façon. Cela me réchauffe un peu le cœur, je dois t’avouer. C’est rassurant en fin de compte, très rassurant. Mais voilà, tu sais tout de mon triste passé, j’espère que tu n’es pas trop mal à l’aise. »

« Pourquoi est-ce que je le serais, Klork ? Tu m’as un peu parlé de ton passé, c’est vraiment sympathique de ta part, surtout que rien ne t’y forçait. Tu as pris ton courage à deux mains, bon c’est étrange de dire ça à quelqu’un comme toi qui est plutôt du genre très combatif et valeureux mais … enfin, tu as compris ! »

« L’intention est bonne, très bonne, Zéran et oui, cela m’a fait du bien de te parler. Bien plus qu’on ne pourrait le croire. Je te dis merci pour tout. »

« Y a pas de quoi. On doit se serrer les coudes, tous les deux. Ah … Tu as vu sinon ? Pour les lits ? Tu as testé un peu ? Ils sont vraiment chouettes ! »

« Non non, je n’ai pas encore essayé. Du moins, seule mon armure a pu en profiter. Voyons voir ce que tu racontes. » murmura Klork avant de s’effondrer sur le lit, passant du mode assis à couché tout en poussant un profond soupir. « Ah oui … Je comprend parfaitement … ce que tu voulais dire par là, Zéran. »

« Héhéhé. Réxéros a peut-être une grande gueule mais il faut reconnaître qu’il est efficace quand il s’y met hein ? Au moins, c’est franchement pas si mal que ça. »

« Exactement … C’est vraiment pas si mal que ça. Voilà que je répète ce que tu dis. Hmm … C’est vrai que … ça donne envie d’y dormir. Ah … »

Zéran haussa un léger sourcil en voyant Klork qui s’était presque mis à ronronner sur le lit, frottant son visage et son corps sur ce dernier comme un félin qui chercherait une bonne place où dormir. Le félémon aux cheveux blonds le laissa faire, un peu stoïque et surpris par ce genre de réactions de la part de Klork, celui-ci finissant par le regarder avant que le rouge ne monte à ses joues, disant d’une voix tremblante :

« De … Depuis quand est-ce que tu es là, Z… Zéran ? »

« Euh, tu le fais exprès ? Je suis là depuis le début, je n’ai pas vraiment bougé si tu veux tout savoir. Où est-ce que j’aurais put me rendre sinon ? Tu es sûr que tu vas bien ? »

« Nooooon ! Ca ne va pas bien ! S’il te plaît, ne répète ça à personne ! C’est pour ça que je n’ai pas envie que tu me vois avant que j’aille dormir ! Qu’est-ce que tu dois penser de moi maintenant hein ? Qu’est-ce que tu vas t’imaginer ? C’est juste … C’est juste … »

« Chacun ses trucs. Tu sais, je ne vais pas te juger pour ça, Klork. Tu as des envies que d’autres n’ont pas forcément. Je ne suis pas le genre de félémon à jeter la pierre. Du moins, pas maintenant ou plus maintenant. »

« Qu’est-ce que tu vas penser de moi ? Aaaaaah ! » s’exclama Klork avant d’aller se cacher la tête sous un oreiller. C’est ça la terreur de la rage ? Vraiment ? Zéran avait beaucop de mal à y croire en le regardant, ayant un petit sourire amusé avant de dire :

« Je promets de ne rien révéler de ton sombre secret. Est-ce que tu te sens rassuré maintenant ? Ou alors, il faut que l’on fasse un pacte de sang et autres ? »

« Non ! On va pas faire ça ! Ca serait un peu de la barbarie. Nous sommes quand même plus civilisés que ça non ? T n’as pas besoin, je te le promet. On va dire que je vais me débrouiller, c’est tout. Je suis l’unique responsable de tout ça et … »

« Tu te tracasses vraiment pour pas grand-chose, Klork. Mais je crois que tu plairais à beaucoup de félémones à réagir de la sorte, aussi timidement. »

« Je ne suis pas fait pour ça ! Je ne suis pas ainsi, pas du tout ! Il ne faut pas que vous vous imaginiez des choses … de la sorte ! Mais tu me promets que tu ne vas pas en parler ? »

… … … Oui, définitivement, il était certain que cela plairait à un grand nombre de félémones. Il en était même convaincu. Lui-même trouvait cela attendrissant et pourtant, ce n’était pas du tout son genre de laisser ses sentiments prendre le dessus, surtout envers un autre félémon ! Attendant quelques minutes que Klork se calme, il finit par dire :

« Ça va mieux maintenant ? Tu veux encore parler ? »

« Bien sûr que oui, pourquoi est-ce que je ne voudrais pas ? Oh … Euh, tiens, puisque tu as vu quelque chose d’embarrassant, ça va être à ton tour ! Dis-moi quel genre de félémone tu préfères ? Tu dois bien avoir des goûts spécifique, non ? »

« Euh … Je ne me suis jamais posé la question. C’est étrange que tu me demandes ça. » dit Zéran, visiblement pas du tout à l’aise avec le sujet.

« Est-ce qu’elle ressemblerait … à Agléa ? »

« Physiquement ? C’est vrai qu’Agléa, sur ce point, c’est vraiment difficile de trouver une chose à se plaindre sur son corps. Tu as vu comme il est parfait ? Sa chevelure auburn qui vole au vent, ses yeux émeraude purs comme du cristal, ses courbes harmonieuses. Enfin ne lui répète pas tout ça non plus hein ? »

« Et puis, vu qu’elle te colle bien souvent, tu dois aussi avoir une douceur au toucher non ? »

« C’est exact. Je n’en parle pas tant que ça mais il ne faut pas oublier ce petit point assez important. Bref, physiquement, je dirais que oui, elle y ressemblerait presque. Après, rien d’étonnant entre nous. La candidate de la Débauche se devait d’être l’incarnation du désir de tous les félémons non ? Encore que cela aurait put être un félémon et je crois que même Silesti serait éveillée en permanence pour le contempler. »

« Donc tu peux confirmer qu’actuellement, Agléa t’attire ? »

« Ce n’est pas le cas pour toi, Klork ? C’est étrange en vue de sa beauté. Je suis sûr que même Réxéros et Cator apprécieraient sa compagnie. Après, c’est une félémone de la Débauche donc je reste vraiment méfiant. Je crois qu’ils sont du genre assez manipulateurs. »

« Je ne suis pas du tout attiré par elle, Zéran. Je dirais bien que c’est dommage mais non, je n’ai aucun intérêt qui se porte envers elle. Mais bon, je note donc que c’est ton genre de félémone. Mais à part ça, niveau comportement, elle devrait ressembler à quoi ? »

« Pfiou, mais vraiment, tu m’en veux tellement d’avoir vu te frotter à ton lit comme un chat ? »

« Oui ! » s’exclama Klork, comme pris en défaut par les propos de Zéran, celui-ci se grattant le crâne, un peu confus. Il n’y avait pas besoin de crier de la sorte. Et puis dans le fond, ça n’en faisait pas un être horrible non plus hein ? Il n’y avait rien d’anormal à apprécier ça.

« Bon … Pfiou … Je ne sais pas, je pense pas que je me concenterais d’une fille douce et attentionnée. C’est pas mon genre. J’imagine qu’elle devra être un peu sportive et me forcer à sortir de chez moi. Tu as remarqué que je ne suis pas très porté activité à l’extérieur. »

« C’est exact, je peux confirmer ce point même s’il n’y a rien de bien honnête à en parler, Zéran, tu t’en doutes, non ? » dit Klork alors que le félémon ne faisait qu’hausser les épaules. Bah ! Si c’en était ainsi hein ?

« Après, pfiou … Qu’est-ce qui pourrait la rendre vraiment unique à mes yeux ? Tu as vraiment de ces questions. Oh … Je crois que j’apprécierais de la savoir plus grande que moi. Encore que là, c’est physique et pas comportemental. Mais … Hum … Pfiou ! Je ne sais pas du tout ! J’ai l’impression que tu m’as pris au piège, Klork ! »

« Et bien, maintenant, tu comprends donc la gêne que j’ai ressentie, n’est-ce pas ? »

« Si c’est de la torture psychologique, je ne te pensais pas ainsi. Bon, pour terminer, je dirais qu’il faut aussi qu’elle soit apte à me surprendre, que ça soit par ses compétences qu’elle a cachées pendant des mois ou des années, ou par ses actes. Après, je ne suis pas trop difficile. J’imagine qu’il faudrait qu’elle montre qu’elle m’aime sans en faire trop ? »

« Tout le contraire d’Agléa sur ce point, n’est-ce pas ? » dit Klork, passant une main sur son front, remettant bien sa chevelure verte en place.

« Agléa, c’est tout le contraire et il y a de fortes chances que ça ne soit pas de l’amour à mon encontre. Je ne la connaissais pas du tout ! Peut-être que dans le passé ? Et encore, j’imagine que je m’en rappellerais, je ne sortais jamais de chez moi. Peut-être auparavant ? Raaaaaah ! Non, c’est juste impossible que je la connaisse, voilà tout ! »

« Ca serait vraiment étrange, n’est-ce pas ? Mais peut-être que oui ? C’est pour ça qu’elle est autant accrochée à toi, Zéran. » dit Klork alors que Zéran secouait vivement la tête de gauche à droite tout en disant :

« Non non, c’est juste impossible. Avant la naissance de Kosmor, peut-être mais … »

« Oh ? Avant la naissance de Kosmor, qu’est-ce qu’il y avait ? »

« Je t’avais dit que je ne sortais jamais, n’est-ce pas ? Et bien, ce n’est pas totalement faux. Auparavant, je sortais un peu, j’ai même visité quelques villes mais ça fait si longtemps. Je n’ai pas trop de souvenirs. Je me rappelle avoir visité quelques endroits … »

« Est-ce que par hasard, tu aurais rencontré Agléa ? » continua de demander Klork. Ca devenait un véritable interrogatoire, non ? Le félémon à la chevelure blonde resta songeur pendant quelques secondes avant de dire :

« Je ne sais pas, je ne pense pas et j’imagine que si cela avait été le cas, elle me l’aurait rappelé après toutes ces années, n’est-ce pas ? »

« Oh … Vu comment elle est accrochée à ton bras, je t’avoue que ça ne serait pas vraiment étonnant, oui. Mais bon … Je crois qu’il vaut mieux que nous aillons nous coucher, toi et moi. Il commence à se faire tard et parler autant, c’était une bonne chose mais c’est épuisant à force, tu ne crois pas ? » demanda Klork alors que Zéran se mettait à sourire de toutes ses dents, lui disant d’une voix amusée :

« Tu es sûr que ce n’est pas plutôt pour tester le moelleux de ces matelas ? Tu peux me l’avouer, tu sais parfaitement que je ne te jugerai pas à ce sujet, hein ? »

« Hahaha … Très amusant, Zéran … mais tu n’as pas totalement tort dans le fond. J’avoue que je suis plus que motivé à tester tout ça. J’y vais de suite même. »

« Bonne nuit alors, Klork. Essaies de bien dormir en ne rêvant pas trop de chats et autres. »

« Zéraaaaaaaan ! Tu n’étais pas obligé de proférer de telles paroles ! Tu exagères vraiment ! »

Hahaha ! Oui, il exagérait mais cette longue discussion entre eux lui avait permis enfin de se mettre à réfléchir tranquillement à tout ce qui se passait. Ah … Bon … Maintenant, il devait juste dormir et … hein ? Cela faisait à peine deux minutes et il entendait déjà le souffle de Klork qui lui signalait que le félémon dormait.

« Et bien, c’était du rapide. J’imagine qu’avec de telles réactions, ça lui permet plus aisément de trouver le sommeil mais aussi que cela l’a épuisé plus qu’il n’en faut. »

Des excuses, toujours des excuses mais en même temps, ça ne lui dérangeait pas le moins du monde d’en trouver. Il continua d’observer Klork pendant quelques minutes, ses yeux à moitié clos. Est-ce que ça ne serait pas contraire aux propos de son père que de faire confiance à Klork ? Peut-être que dans le fond, c’est ce que ce dernier recherchait pour mieux le trahir ? Trahir … La trahison, c’est un peu ce qu’il avait ressenti dans le passé quand son père lui avait tout simplement qu’il n’y avait plus besoin de se préoccuper de la famille de la Vanité de son côté. Il ne l’avait pas dit à Klork car cela était beaucoup trop personnel.

« De toute façon, qu’est-ce que ça lui apporterait de le savoir hein ? »

Rien du tout … Rien de rien. Ah … Ce n’était pas qu’il n’avait pas confiance en Klork, c’était même l’unique personne en qui il pouvait avoir confiance mais … il ne pouvait pas lui dire.

Le lendemain matin, il s’était réveillé en premier, contrairement à ce qu’il pensait. Avec un sourire attendri, il avait vu Klork qui continuait de dormir. Etait-ce cet effet si merveilleux propre au lit dans lequel il se reposait qui lui permettait d’avoir un tel repos ? Il y avait de fortes chances que ça soit ça. Quel pouvoir remarquable !

« Profites-en donc, tu l’as bien mérité, Klork. »

Lui-même de son côté alla tout simplement dans la salle de bain, prenant une douche. Hier, il n’y avait même pas pensé, remarquant à quel point il était en sueur alors qu’il était un peu tard. D’ailleurs, pour les vêtements, comment est-ce qu’ils allaient les laver ? Il faudra demander à Réxéros qui avait visiblement plein de bons plans pour trouver des solutions par rapport aux problèmes de la vie quotidienne.

« Hmm … Et bien, je dois dire que c’est franchement pas désagréable. »

Et puis, avec cette douche, il pouvait se réveiller un peu plus correctement. Hmm … En sortant de la douche, torse nu, il s’essuya le corps, se rapprochant du bureau. Oh, il y avait même du matériel pour écrire ? Super, il n’avait pas à utiliser le sien.

« On va donner de nos nouvelles à Kosmor. Avec toute cette longue session, il doit être mort d’inquiétude. Dire que je lui avais promis de lui en donner, je suis un bien mauvais frère. »

Mais bon, il était toujours temps de réparer cette erreur ! Voilà qu’il s’était mis à écrire avec entrain, entendant des marmonnements derrière lui alors qu’il disait d’une voix enjouée :

« Bonjour à toi aussi, Klork. Tu peux rester dans le lit, je ne crois pas que les autres soient réveillés. Personne n’est venu nous chercher pour le déjeuner. »

« Hmm … Zéran ? Déjà debout ? Avant … moi ? Il est quelle heure ? Il … AH ! » dit une petite voix derrière Zéran qu’il reconnut aisément.

« Je ne sais pas ? Sept heures ? Huit heures ? Je t’avoue que je n’ai pas cherché à me renseigner à ce sujet, désolé. Ce n’est pas bien important. Tu peux continuer à te reposer dans le lit, on ne va pas t’en vouloir. Sauf si tu veux prendre une douche, c’est déjà fait pour moi. J’aime comment les villes dirigées par la famille de la Cupidité sont très développées. Je ne m’attendais pas à trouver un tel luxe ailleurs que chez moi. »

« Tu sais, les félémons ne vivent pas tous isolés avec des bâtons et des frondes. Ils sont quand même assez civilisés, il ne faudrait pas l’oublier. Dis … Tu n’as rien fait pendant que je dormais hein, Zéran ? Rien du tout ? »

« A part dormir, je ne vois pas ce que je pourrais faire d’autre. Tu avais peur que je te barbouille le visage avec de l’encre ou quelque chose du genre ? J’ai passé l’âge mais si tu as tellement peur à cette idée, je vais la retenir. »

« Oui, hahaha. C’était ça. Que tu tentes de me faire une farce ou autre mais ce n’est pas ton genre. » chuchota Klork avant de pousser un soupir de soulagement. Avec une vitesse inhabituelle, voilà que le félémon était déjà parti dans la salle de bain avant même que Zéran ne puisse le voir. Et bien … Il avait peur de ne plus avoir d’eau chaude ?

Chapitre 16 : Grâce à lui

Chapitre 16 : Grâce à lui

« Bon, j’imagine que de la viande séchée, ça pourra durer plus longtemps. »

« Et qu’est-ce que tu dis de ça, Zéran ? Est-ce que ça te conviendrait ? Il te faut quand même quelques fruits et légumes. Tu ne peux pas aller sauver le royaume sans rien avoir dans l’estomac non plus hein ? Tu en dis quoi ? »

« Hmm … Pourquoi pas ? Je ne vois pas ce qui serait si déplaisant dans le fond. Vas pour ça. Et toi, qu’est-ce que tu voudrais ? Tu aimes manger quoi ? »

« Oh moi, je dirais que j’apprécie beaucoup cette truite. Enfin, elle semble … Euh non rien ! »

Et voilà qu’elle recommençait une nouvelle fois. Le félémon ne trouvait pas ça horripilant mais … bon ! Il donna aussi de l’argent pour un morceau de cette truite, la faisant bien emballer dans un chiffon avant de la tendre à Agléa. Ce n’était que la première chose qu’il lui achetait mais elle se confondait déjà en de sincères excuses.

Sincères, c’était ça en fait le terme. C’était ça à quoi il ne s’était pas attendu de la part de la personne en face de lui. C’était ça … qui le surprenait et pas forcément dans le mauvais sens. Mais bon, il n’allait pas s’en plaindre. Par contre, la vie n’était pas vraiment si cher dès qu’on avait une personne comme Réxéros avec soi. D’ailleurs, c’était pour ça qu’il n’était pas si récalcitrant à acheter pour Agléa. La félémone ne semblait pas vouloir ou pouvoir dépenser ne serait-ce qu’un peu d’argent. Peut-être qu’elle n’en avait pas ? Baaaaah ! C’était tout simplement impossible. Une félémone aussi belle qu’elle ?

Mais ce n’était pas à lui de l’interroger et il n’avait pas à le faire. C’était la vie privée d’Agléa à ce sujet. Ah … Mais quand même, c’était plutôt étonnant. Bon, pourquoi est-ce que Réxéros les avait arrêté ? Qu’est-ce qu’il y avait encore ? Ils s’étaient mal débrouillés ? Voilà que le félémon à la chevelure noire s’exclama :

« Et n’oubliez pas une chose, toutes ces promotions, ces achats que vous faites et tout, c’est grâce à ma ville et mon nom ! Ne l’oubliez pas ! »

« Difficile puisque tu n’arrêtes pas de le crier depuis dix minutes, Réxéros. » rétorqua Vélisa en haussant les épaules, un peu ennuyée et fatiguée par tout ça.

« Et bien, pourtant, ça n’a rien d’anormal à ce que je le fasse, Vélisa, et que je continue. Je suis fier de pouvoir rendre ce service et d’aider mes compagnons d’armes ! »

Zéran s’arrêta en écoutant les propos de Réxéros. Difficile de savoir ce qu’il devait penser de ce type. Il n’était pas sensiblement mauvais. Il était juste très vantard, à se mettre en avant mais il était vrai que payer tout ce qu’ils avaient pris pour la moitié voire le tiers de leur valeur initiale, c’était quelque chose d’assez remarquable. Mais de là à lui vouer un culte de la personnalité ou presque, il ne fallait peut-être pas exagérer non plus.

« Je me demande où est Klork et si lui-même a trouvé quelques objets. Je devais lui offrir quelque chose pour toute l’aide apportée. »

« Tu n’es pas forcé, Zéran. Je suis sûre qu’il n’a pas fait ça pour une récompense. »

« C’est le but d’un cadeau. J’arrive pas à croire … que je fais un cadeau pour quelqu’un. »

« Pourtant, tu m’en as fait sans que cela te dérange. Pourquoi est-ce que ça t’ennuie avec Klork ? Qu’est-ce qui’il a de si différent ? »

Il ne savait pas quoi répondre. Simplement que pour Agléa, c’était naturel en vue de comment elle s’était comportée ces dernières heures. Maintenant, est-ce que ça l’était pour Klork ? Il n’en était pas aussi certain ? Le remercier ? Comme l’avait dit Agléa, il n’était pas vraiment certain que c’était ce qui plaisait au félémon aux cheveux verts. Mais en même temps, ce dernier, il le voyait à peine depuis qu’ils étaient rentrés en ville.

« Je ne sais même pas où il se cache. Il n’est pas dans la même ruelle que nous. »

« Tu parles de Klork ? Je l’ai vu partir du côté de la ruelle des armes, vêtements et autres après avoir discuté avec Réxéros. Je crois que ce dernier voulait se débarrasser de Klork donc il a très vite accepté en le balayant d’un geste de la main ou presque. »

« Je n’aime pas le laisser seul, pas du tout. Et s’il lui arrive quelque chose ? »

« A Klork ? Tu plaisantes, j’espère ! Il sait se débrouiller seul. C’est un grand garçon. Tu as put le voir aisément avec les lizéfals, non ? »

« On va plutôt aller le chercher. Que ça soit un grand garçon, ça m’importe peu. Le plus important n’est pas ça, pas du tout. Surtout que lorsque l’on y réfléchit, tu es plutôt grande, très grande. Peut-être même la plus grande du groupe. »

« Est-ce que c’est une mauvaise chose, Zéran ? Mais ça ne me dérange pas car tu le sais, dans le fond, ça veut dire que je peux plus aisément te prendre dans mes bras. »

« Et tu sais très bien que je refuserais ça … alors il vaut mieux ne pas commencer sur cette voie. Tu m’accompagnes ? » demanda t-il d’une voix peut-être un peu trop douce. Elle était ennuyeuse … mais en même temps, elle était attachante, sans qu’il n’arrive réellement à expliquer la raison qui le poussait à imaginer cela chez elle. Peut-être que la marche le fatiguait plus qu’il ne l’aurait cru ?

C’était l’unique excuse qu’il se trouvait pour ce qui venait de se dérouler. Le jeune homme aux cheveux blonds avait finit par se séparer du reste du groupe, partant vers la direction qu’Agléa lui avait donné. Et celle-ci était bien la seule à avoir décidé de l’accompagner malgré que ça ne lui convenait pas le moins du monde.

« Pourquoi est-ce que tu détestes tant Klork ? Qu’est-ce qu’il t’a fait de personnel ? »

« Rien du tout. Enfin, rien envers ma personne. Je ne sais pas comment je pourrais vraiment te l’expliquer en un sens mais … pfiou … Je sais pas, j’ai l’impression qu’il cache quelque chose et je n’arrive pas à savoir quoi. »

« Comme tout le monde, Agléa. J’ai mes secrets, tu as les tiens et j’imagine que les autres aussi. Je ne pense pas que tu devrais lui en vouloir pour cette unique raison. Peut-être est-ce bien plus personnel ? Tu ne crois pas ? J’aimerai éviter une dispute. »

Depuis quand est-ce qu’il cherchait à régler les conflits des autres ? Le mieux serait qu’il règle déjà les siens. Ceux qui étaient intérieurs mais pour l’heure, il voulait éviter qu’en retrouvant Klork, cela finisse en bataille verbale avec Agléa.

« Tu as des secrets, toi ? J’espère que tu me les révéleras un jour, Zéran. »

« On verra si tu le mérites. Il en est de même pour toi, Agléa. Je me demande ce que cela peut être comme secret. Espérons que ça ne soit pas par rapport à ça » dit-il en jetant juste un bref regard au physique avenant de la félémone, celle-ci souriant avant de chuchoter :

« Tu n’auras qu’à toucher pour vérifier s’ils sont vrais et naturels. »

Il posa son regard rubis sur Agléa. Vraiment ? Encore maintenant ? Pourtant, elle ne se laissa pas crier dessus, reprenant la parole aussitôt :

« J’ai dit « auras ». Ca veut pas dire maintenant, loin de là. Pour ça, il va falloir un peu patienter par contre, désolée pour toi, Zéran. Je sais que tu es pressé. »

« Je ne suis pas pres… AH ! KLORK ! KLORK ! » dit-il avant d’héler et de faire un mouvement de la main pour que ce dernier le reconnaisse. Arrivant bien vite à sa hauteur, le félémon aux cheveux verts le regarda puis vit Agléa avant de remettre correctement son sac sur le dos, disant d’une voix neutre :

« Et ? Que se passe t-il, Zéran de la Vanité ? Ne me dites pas qu’Agléa est pire qu’une sangsue et que vous comptez sur moi pour vous en débarrasser ? »

« Pas le moins du monde. Simplement, tu t’es séparé du groupe. Je sais que Réxéros n’est pas facile à vivre mais de là à vouloir absolument t’éloigner de lui et du groupe, tu es sûr que c’est une bonne idée ? Si ça ne va pas, tu peux me le dire hein ? »

« Je ne suis tellement pas habitué à cette gentillesse provenant de vous, Zéran de la Vanité. Du moins, cette inquiétude. On dirait qu’être en groupe vous fait le plus grand bien et cela malgré que chacun est un félémon d’une famille différente. Ne vous en faites pas, je vais bien … et j’imagine qu’Agléa aussi si elle vous suit depuis aussi longtemps. »

« Ah … Je ne te le fais pas dire. Tu nous accompagnes donc ? Je te préfères pas trop éloigné de moi si tu veux bien … Enfin, ne t’imagines pas cinquante mille choses non plus hein ? »

« Qu’est-ce que je ne devrais pas m’imaginer ? Je ne suis pas vraiment sûr de tout comprendre, je dois avouer. Peut-être qu’il vaudrait mieux que je ne me poses pas trop de questions ? Et que j’accepte simplement ta proposition ? » dit le félémon en armure rouge.

« Pour nous deux, enfin nous trois, je dirais que oui. Tu viens ? On va aller retrouver les autres et enfin quitter cet endroit. Tu as acheté quand même quelque chose pour toi du côté de l’alimentation ou pas ? J’imagine que si c’est non, on va encore entendre Réxéros chouiner. »

Klork lui signala qu’il valait mieux si préparer puisque c’était exactement le cas. Il n’avait rien dépensé en terme de nourriture et cela allait être problématique s’il ne le faisait pas. Et puis, surtout, s’ils pouvaient éviter d’entendre Réxéros, ça serait parfait.

« HEY ! Vous étiez passé où tous les trois, je peux savoir ? Je vous cherchais depuis des heures ! Bon peut-être pas des heures mais vous m’avez compris ! »

« Pas besoin de crier, ça n’arrangera rien du tout, tu le sais, non ? Nous avons juste été retrouver Klork car celui-ci a fini tous ses achats. »

« Oh ? Tout ? Alors, on y va tous. Direction l’auberge et plus vite que ça ! »

« Zéran, je … » commença à dire Klork mais visiblement, c’était déjà trop tard pour s’excuser, le jeune homme aux cheveux blonds ayant vu que Réxéros était déjà parti avec les autres, Agléa les attendant pour qu’ils ne se perdent pas.

L’auberge, du moins son apparence, était des plus hospitalières. Portant le nom de « Céleschaos », Réxéros indiqua en rentrant que ce nom était donné à la meilleure auberge de chaque ville dirigée par la famille de la Cupidité. Ainsi, avec cette unique phrase, il venait tout simplement de signaler qu’il avait choisi le meilleur endroit pour dormir.

« Qu’est-ce que cela va être pour le prix de la chambre. » soupira Klork, pénétrant en dernier dans le bâtiment, Zéran sortant déjà sa bourse. Il allait devoir trouver un moyen de gagner un peu d’argent car sinon, il n’était pas sûr que cela allait lui permettre de tenir très longtemps. Réxéros était déjà à l’accueil, parlant avec l’aubergiste tout en disant :

« Bon, pour les chambres, on fait comment ? Vélisa et moi, on va en prendre une pour nous deux, comme d’habitude. Ensuite pour vous autres ? Les filles ensemble, les garçons dans l’autre ? Ça me semble convenir pour chacun et chacune, non ? »

« Oui et je payes pour la chambre complètement, Klork. Tu n’as pas besoin de débourser de l’argent. C’est la moindre des choses que je pouvais faire. »

« Vous … n’aviez aucune raison de faire ça normalement, Zéran de la Vanité. Je ne comprends pas pourquoi vous me faites un tel cadeau ? » dit Klork, apparemment plus gêné que Zéran le pensait par tout ça.
Agléa était là, en train de l’observer de ses yeux émeraude. Elle n’espérait quand même pas pouvoir s’inviter dans la chambre pendant la nuit hein ? Il fit un mouvement négatif du doigt puis de la tête pour bien lui faire comprendre ce message. Hors de question. Silesti semblait s’être réveillée, tirant un peu sur la tenue de Cator avant de marmonner :

« Chambre … nous deux … Aaaaaaaaaah .. Faim. Manger. »

« On dirait que je vais devoir me prendre une chambre seule. Diteeeeeeees. Vous pourriez me faire un prix d’ami ? Réxéros ? »

« Comme c’est une chambre pour une personne, j’imagine que tu ne vas vraiment rien payer, Agléa. Enfin … Vous pouvez ? » demanda le félémon aux cheveux noirs en bol, se tournant vers l’aubergiste qui fit un grand sourire comme si sa vie en dépendait. Agléa le remercia d’une courbette, Zéran soupirant longuement : bien entendu, autant se mettre en valeur et ne pas faire regretter à l’aubergiste ce petit geste, n’est-ce pas ? Bon, néanmoins, ils allaient pouvoir passer une nuit tranquille, dans un vrai lit et ça, ça n’avait pas de prix !

« Pour le repas, il sera servi d’ici une heure et demie voire deux heures. Vous descendrez de l’étage où les chambres vous ont été attribuées. Pareil pour le petit-déjeuner. Voilà les clés de vos chambres. Il y a tout ce qu’il vous faut là-dedans mais si besoin, vous pouvez descendre et venir me chercher pour m’indiquer ce qui vous manque. »

« Et bien, je vais aller tout de suite me faire couler un bon bain. Ça ne sera pas du luxe. » déclara Agléa en venant récupérer sa clé, regardant Zéran en lui disant : « Dommage mais je n’ai pas de double des clés pour que tu puisses venir, Zéran. »

« Et je ne serais pas venu, Agléa. Vas donc te laver, cela te fera le plus grand bien, j’en suis sûr et certain. Et comme ça, tu te calmeras un peu. »

« Mais rien ne t’empêcheras de venir. Tu n’auras qu’à toquer, je serais là à t’attendre. »

Pfff ! Qu’elle disparaisse et vite au lieu de dire des bêtises plus grosses que sa tête. Le félémon fit un mouvement de la main alors qu’elle s’était mise à rire comme une enfant un peu trop turbulente. Des fois, elle ne se comportait pas du tout comme la félémone qu’elle était. Klork avait récupéré de leur chambre, regardant Zéran tout en disant :

« Nous éviterons de faire trop de bruit de notre côté, d’accord ? Et … Tu essayeras de dormir avant moi si c’est possible, Zéran. »

« Si tu t’inquiètes sur le fait que tu ronfles, je peux te dire que tu as juste un sommeil assez discret et paisible et que ça ne me dérange pas le moins du monde. »

« … … … Je ne parlais pas de ça, Zéran ! Rah … Tu n’as pas besoin de savoir pourquoi dans le fond, je crois que c’est mieux pour tout le monde ! »

« Je n’arrive pas à savoir pourquoi tu te mets en colère mais si j’ai dit une bêtise, tu peux savoir que je m’excuse, comme à mon habitude … donc je suis désolé. »

« Il vaut mieux que tu laisses tomber. Je vais aller voir notre chambre et les lits et le reste des pièces qui sont dans celles-ci. » soupira Klork avant de grimper les escaliers trois par trois, comme si cela était fait avec une sacrée aisance.

« Des fois, je comprends pas ce qui lui prend. » dit Zéran tout en le regardant partir, les autres ne lui répondant pas. Il se tourna vers Silesti et Cator, demandant à ce dernier : « Ça ne sera pas trop dur avec elle, tu es sûr ? »

« T’en fait pas, de mon côté, je suis habitué. C’est comme un animal de compagnie. Si tu t’en occupes bien, elle ne sera que paix, amour et caresse. »

« Je vois … Je te rappelle juste au cas où qu’il s’agit d’une femme provenant de la famille de l’Oïsiveté. Ne propose pas trop de caresses ou tu risques de perdre tes membres les uns après les autres. Enfin, tu fais ce que tu voudras hein ? Ce n’est qu’un simple conseil de ma part. »

« Tu as bien vu que c’est elle qui a demandé à vouloir dormir dans la même chambre. »

« Je sais bien … mais ça n’empêche pas de te mettre en garde, voilà tout ! »

« Héhéhé … Ne t’en fait pas, je saurais maîtriser la bête si elle devient incontrôlable. »

Hahaha, c’était pas la modestie qui l’étouffait, n’est-ce pas ? Bon, de son côté, il salua les autres personnes, finissant par grimper à l’étage au-dessus pour retrouver la chambre où il allait pouvoir dormir avec Klork. Toquant à la porte, il demanda s’il était là, n’entendant aucune réponse de sa part. Finissant par rentrer, il rentra à l’intérieur avant de dire :

« Klork ? Klork ? Tu es là ? Tu m’entends ? Hmm … Ouais, on va dire que tu es là. »

Difficile d’ignorer les morceaux d’armure rouge qui étaient posées sur un lit. Wow … Rien qu’à l’idée de les voir, il avait déjà mal au dos. Ca devait être horrible de porter ça constamment sur le dos mais surtout de ne même pas s’en plaindre. Qu’est-ce qu’il était fort, il fallait le reconnaître. Refermant la porte à clef derrière lui, il continua à étudier la pièce. Il y avait deux lits, c’est ce qui était prévu. Oh, y avait visiblement le bruit de l’eau qui coulait. WOW ! Il y avait même une douche ! C’était le grand luxe par ici !

Des petits bureaux avec le nécessaire pour écrire, des tables de chevet, des accessoires de bain, c’était vraiment une très belle chambre, trop belle même pour être honnête. Mais à entendre l’eau qui coulait, ça voulait dire que Klork était en train de se laver. Ça ne serait pas du luxe, il devait être en sueur normalement.

« Klork ! Klork ! C’est Zéran ! Tout va bien ? » demanda le félémon à la chevelure blonde tout en toquant à la porte de la salle de bain, remarquant que celle-ci était entrouverte.

« Z… Zéran ?! Ne rentre pas s’il te plaît ! Ca ne se fait pas ! Je ne pensais pas que tu serais monté aussi vite. Je pensais que tu allais discuter avec les autres et tout ! Comment cela se fait que tu sois déjà là ? Ce n’est pas normal ! » s’exclama Klork de l’autre côté de la porte.

« Et bien, je n’avais pas vraiment envie de tenir compagnie à Réxéros et Vélisa. Ils sont vraiment insupportables, tu sais ? Dis … Je peux rentrer ? Entre hommes, c’est pas comme si la nudité était un problème, non ? »

« Non merci, Zéran. J’ai quand même un minimum de pudeur, tu vois. Tu es prié de refermer la porte derrière toi, tu seras vraiment très aimable. »

« Tu peux même dire trop si tu préfères … Enfin bon … Je ne sais pas pourquoi tu ne veux pas mais je ne vais pas te refuser ça. »

« Si tu as vraiment envie de parler, on le pourra plus tard, sur nos lits respectifs, compris ? »

« Et bien, derrière cette proposition, je ne vois aucune raison de refuser ça. Le mieux sera après que l’on ait fini de manger tu ne crois pas ? Après le dîner avec les autres. »

« Oui avec les autres et tout et tout … Enfin voilà, tu as compris. Tu peux refermer la porte derrière toi s’il te plaît ? Ca serait vraiment très agréable de ta part … vraiment très sympathique, Zéran. S’il te plaît. » demanda Klork sur un ton presque en gémissant.

« Tu n’as pas besoin de le demander sur ce ton si plaintif. On dirait presque que je suis en train de te martyriser. Ca me fait mal un peu mal, Klork. Très mal. »

« … … … Je suis désolé, Zéran. C’est juste que … je ne veux pas. » dit Klork de l’autre côté de la porte. Cette fois-ci, le ton était presque implorant et Zéran s’exclama :

« Ne le soit pas ! Ne soit pas désolé, pfiou … Je comprendrais jamais comment réagir avec toi, c’est moi qui le suis. Tu es le candidat de la Rage, tu es fort, puissant, colossal, tu es impressionnant et tu es peut-être le seul en qui j’ai confiance dans ce groupe. Je devrais pas dire ça, je le sais bien mais … c’est plus fort que moi, voilà tout. Je ne devrais pas m’accrocher autant pour avoir ton attention, c’est vraiment ridicule de ma part. »

« Tu … penses vraiment ce que tu as dit, Zéran ? Par rapport à toi et moi ? » continua de demander Klork de l’autre côté de la porte, Zéran clignant des yeux. « Tu sais, si j’ai voulu t’entraîner, je te l’ai déjà dit mais c’est à cause de la relation que tu as avec ton petit frère. J’ai compris à ce moment précis à quel point tu étais quelqu’un de bien et de remarquable. C’est pourquoi je savais que tu serais parfait comme candidat. En même temps, tu n’as jamais chercher à trop m’interroger et … »

« Pourquoi est-ce que je t’aurais interrogé ? Moins j’en sais, mieux je me porte. Je ne voulais pas être ami avec n’importe qui. Enfin, ça, c’était avant. Aujourd’hui, c’est un peu différent … et qu’est-ce que je raconte comme bêtise, moi ? Je vais plutôt me mettre sur le lit. »

Il avait enfin refermé cette porte. Il n’avait pas envie d’écouter les propos de Klork, non pas qu’il avait peur de ce que ce dernier dirait, loin de là. Simplement, il voulait éviter des scènes qui pouvaient être très embarrassantes bien qu’il n’avait rien à cacher. Enfin, c’est ce qu’il était en train de se dire dans sa tête.
Pourquoi est-ce qu’en s’adressant à Klork quand il n’était pas dans un entraînement, il avait l’impression que tout devenait franchement bizarre ? Klork avait une voix étrange et un timbre vraiment différent. Il en était de même pour ses réactions quoi !

« Ah … Je crois que pour le dîner, j’attendrais qu’il vienne me réveiller. »

Et voilà qu’il s’était mis à marmonner avant de clore les yeux, couché sur son lit sur le ventre. Ah … Ça lui faisait du bien, beaucoup de bien, il fallait avouer. Plongé dans le sommeil, il ne remarqua pas que la porte de la salle de bain venait de s’ouvrir, Klork ayant attaché une serviette autour du corps

« C’est pour cela que je préfère que tu sois endormi, Zéran. C’est trop … gênant. Entre ça et la balafre à l’oeil, ce n’est vraiment pas plaisant. »

Déjà que sans son armure, il n’était peut-être pas aussi impressionnant que l’espérait le félémon couché sur le lit, en train de dormir comme si de rien n’était. Faisant tomber la servitette, le colossal félémon récupéra ses affaires après être sûr qu’il soit bien sec. Bon … Enfiler ces habits et remettre aussitôt son armure sur le corps.

« C’est ma carapace … et rien d’autre. Je n’ai rien besoin d’autre à ce moment. »

Et voilà. En quelques instants, il avait à nouveau cette épaisse protection de métal rouge sur le corps. Il jeta un bref regard à Zéran, poussant un soupir. Il était tombé dans le piège des servantes de la demeure de la Vanité. Il ne voulait pas … que ça se reproduise ici.

Chapitre 47 : Montrer ses capacités

Chapitre 47 : Montrer ses capacités

« Tery ! Te voilà ! Où est-ce que tu étais passé ?! »

« Elise … Tu sais, je ne vais pas partir sans te prévenir. Je me promène juste dans les couloirs. C’est aujourd’hui que le roi veut que je tentes de faire un nouvel entraînement. »

« Un nouvel entraînement ? Encore ? Et ça va servir à quoi exactement ? Car c’est pas le premier qu’il te force à faire hein ? J’aimerai bien savoir ce qu’il pense. »

« C’est un peu … compliqué mais j’imagine que vu qu’on ne sait toujours rien sur mon sang, sauf qu’il est très puissant, il veut quand même juger ma valeur. »

« Mouais … Il sait qu’il y a d’autres méthodes pour ça ? Je veux pas dire mais je trouve … »

« Ah, ne t’en fait pas, Elise, je ne suis pas convaincu par ses tests moi aussi mais je ne vais pas m’en plaindre. Je peux rester dans le palais, c’est déjà très important, tu sais ? »

« Tout simplement car tu peux me voir ? Qu’est-ce que c’est mignon de ta part. »

« Ne prends pas tes désirs pour des réalités, c’est surtout pour être sûr que tu ne crées pas plus de problèmes autour de toi. Ca serait vraiment dramatique que tu fasses un crime de lèse-majesté ou quelque chose du genre hein ? Bon, le monarque n’est pas Manelena mais il vaut mieux éviter de le mettre en colère. »

« Oh, tu sais, malgré que .. ça soit mon père biologique … ça ne change rien au fait que je ne me sens pas vraiment comme si c’était le cas hein ? »

« Bien entendu mais néanmoins, ça ne veut pas dire que tu peux complètement ignorer ses paroles et ses actes. Sincèrement, se mettre à dos un membre royal, non non. »

« Hum ? Est-ce que tu aurais oublié un peu que je suis l’un de ces fameux membres maintenant, Tery ? Peut-être que tu devrais me donner le respect que je mérite alors ? »

« Pfiou … Le respect, ça se mérite justement. Est-ce que tu crois que je peux te donner le mien ? » dit-il dans un petit sourire, Elise venant frapper doucement son torse, faisant une légère mine boudeuse comme pour bien montrer qu’elle n’avait pas apprécié la blague.

Il se laissa faire, tapotant à son tour le crâne de sa « soeur » avant de soupirer. Ah … Au moins, il était tranquille pour quelques temps. Il n’avait pas à se plaindre … mais il n’était pas stupide. Ce monarque méfiant même envers sa propre famille, il avait sûrement une idée en tête mais quoi ? C’était difficile à savoir …

« Cela doit sûrement concerner mes golems, n’est-ce pas ? »

« Je ne peux pas répondre à ta place, Tery. Je ne suis pas dans la tête de mon père … mais il semblerait que oui. Les golems sont tout aussi importants dans ce monde souterrain qu’à la surface. C’est un peu étonnant, n’est-ce pas ? »

« Oui, ce qui est étonnant, c’est le fait qu’il existerait quelques livres ici aussi. »

« Ce qui impliquerait que les golems sont des créatures qui existent depuis des temps immémoriaux, c’est bien ça que tu veux dire, n’est-ce pas ? »

« C’est là où je veux en venir, exactement, Elise. Je suis content de voir que tu parfaitement compris ce que j’impliquais. Après, je ne pense pas que je pourrais mettre la main dessus. Enfin, d’après les bruits de couloir, il semblerait que je sois l’un des plus développés dans ce domaine. C’est un peu étonnant, je dois t’avouer. »

« Que tu sois doué quelque part ? Tu ne devrais pas te dénigrer, Tery. Tu as montré tes capacités, tu es fort dans un domaine ! »

« Je dois le prendre comme un compliment, c’est bien ça, Elise ? » dit-il en se grattant la joue. Il était légèrement gêné, il fallait avouer. C’est vrai que les golems étaient un sujet particulièrement intéressant. Étrangement, il se sentait … bien en utilisant une telle magie. Et pourtant, quand on regardait l’intérieur des livres, certains pouvaient être carrément saugrenus et étranges voire … très très glauques. Il se rappelait principalement des golems de chair et de sang, de véritables horreurs.

Et pourtant … Les derniers golems, depuis la mort de Clari, lui paraissaient très étranges … mais aussi très familiers. Difficile à expliquer. Il se sentait bien en leur compagnie, oh, pas autant qu’avec Elise, Elen, Manelena, Royan … enfin, les êtres humains hein ! Mais voilà, il se sentait apaisé et en sécurité.

« Bref ! Tery, tu veux que je t’accompagne jusqu’à la zone d’entraînement ? J’imagine que tu affrontes les soldats du royaume. Ils ne font pas trop mal ? »

« Tu plaisantes ? Ils hésitent pas à tenter de me « trucider » par erreur. Heureusement, de ce côté-là, j’ai la vie dure. Ils n’ont pas encore réussi, si tu veux tout savoir. C’est dommage pour eux mais je n’ai pas survécu jusqu’ici avec de la chance. »

« Tiens, je pensais. Mais bref, de toute façon, je vais venir personnellement et je me ferais un malin plaisir à noter visuellement ceux qui cherchent les ennuis. »

« Ahem … Si tu peux justement d’en rajouter, je ne dirais pas non. »

Elle fit une petite moue boudeuse mais adorable pour lui. Ah … Bon, par contre, les gestes d’affection, c’était moins possible en public. Et elle l’avait bien remarqué. Même si elle ronchonnait et même si elle comprenait, des fois, c’était juste pas possible.

« Désolé mais non, plus maintenant, Elise. Tu ne sais pas ce que les gens vont penser de … »

« Ce que les gens pensent, j’en ait un peu rien à faire. » répondit-elle au tac-à-tac avant d’aller chercher à s’enfouir dans ses bras.

« Et je disais … de ne pas me créer plus d’ennuis que ça, Elise. »

Ah … Bon gros soupir de sa part mais le voilà en train de caresser doucement le sommet de son crâne. Brave fille … Il savait qu’elle faisait ça parce qu’elle ne voulait pas le laisser seul … et la réciproque était d’autant vraie de son côté.

« Les gens vont se faire des idées, Elise … cela ne va rien arranger. »

« Et je ne cherche pas à arranger les choses, loin de là. Je me contrefiches de ce que les gens pensent à notre sujet, Tery. »

« Je l’avais déjà remarqué la première fois, tu sais ? » dit-il avant de se remettre en route, Elise reprenant la marche à ses côtés. Lorsqu’ils arrivèrent au terrain d’entraînement militaire, de nombreuses têtes se tournèrent vers eux.

« Je … Ah … Je m’en doutais qu’on allait se faire remarquer. »

« Comme si cela te dérangeait vraiment hein ? Bon bon bon … Est-ce que je peux participer moi aussi ou alors, les princesses n’ont pas le droit à cela ? » demanda t-elle tandis qu’il haussait les épaules. Comment est-ce qu’il pouvait le savoir hein ?

« Hum … Je crois que vu le monarque, si tu sais te battre, c’est plus un point positif que l’inverse, Elise. Tu peux y participer … mais bon, j’imagine que toi aussi, il se pourrait qu’il y ait quelques « accidents ».

« Ouais … je vois le genre, ne t’en fait pas. Je sais à quoi m’attendre de la part de ces gallards. Il en faudra bien plus pour m’abattre ! »

Hum … Pas faute de l’avoir prévenue. Il salua les différentes personnes présentes, ayant déjà fait paraître ses griffes à ses mains. Oui, même si on lui demandait d’utiliser la majorité du temps ses golems, il ne voulait pas oublier qu’il savait se battre par soi-même.
Elise, de son côté, attira déjà quelques démons autour d’elle. Ah ben oui, il oubliait presque qu’il s’agissait d’une femme, plutôt mignonne de surcroît. Ouais … Elise quoi. C’était un joli brin de fille … et il était son protecteur. Un qui avait un geste déplacé et il finissait mal.

Enfin, Elise savait se défendre et il ne fallait pas oublier qu’elle était des plus aptes à éliminer les indésirables. Bon, de son côté, il était temps de se donner à fond. Il ripa ses griffes l’une contre l’autre, comme si de rien n’était.

« Bon, qui veut m’affronter ? Ne vous inquiétez pas, je ne mords pas. »

« Hum … Aujourd’hui, ça sera moi. Tu as montré de sacrés combats ces derniers jours mais il faudrait que tu fasses gaffe à ne pas trop fanfaronner. »

Oh ? Ce n’était pas vraiment un colosse qui se présenta à lui mais il mesurait bien deux mètres de hauteur. Bon, par contre, il avait des cornes, oui … et surtout, il paraissait vraiment « normal » comme démon. Ou alors, il cachait bien ses difformités.

« C’est pas de la vantardise, je veux simplement m’entraîner le plus possible, surtout avec mes armes. J’ai encore pas mal à prouver. »

« Huhum … On va voit ça donc. Tu n’auras pas tes golems pour te défendre donc ? »

« Sauf si y a quelques « accidents » qui se présentent à moi, comme ces derniers jours. »

Un petit sourire mauvais se dessina sur les lèvres de Tery, comme pour bien signaler qu’il n’était pas dupe. Bon … Ils allaient commencer ? Ce démon, là, il ne connaissait même pas son nom et c’était sûrement guère important. Par contre, il portait une bien armure rougeoyante mais aussi une lourde épée à deux mains.

Cela lui rappelait … Clari. Saif qie Clari savait se déplacer avec grâce et rapidité dans ses mouvements, surtout grâce à la magie du vent. Lui, il n’était pas sûr qu’il en soit autant capable. Après, ce n’était pas vraiment le moment de se préoccuper de ça. Il fallait plutôt voir ce que ce type en face savait utiliser comme magie. Ca n’allait pas forcément être plaisant.

Hum ? Le premier constat fut qu’il semblait se focaliser sur la magie de feu … même s’il était vrai que les démons pouvaient utiliser tous les éléments, grâce aux lignes d’Alzar. D’ailleurs, les démons haissaient Alzar dans leur grande majorité mais ne semblaient pas se plaindre qu’ils puissent utiliser tous les éléments comme si de rien n’était, n’est-ce pas ?

« Si tu es focalisé sur la terre, les flammes sont mes éléments. J’espère pour toi que tu n’as rien contre quelques petites brûlures sur ta gueule d’amour. »

« Pour cela, il faut déjà réussir à m’atteindre. » répliqua Tery tout en souriant. Il savait que ce démon était comme les autres. Il attendait juste le bon moment pour le blesser plus que nécessaire. C’est pourquoi il ne cherchait pas à s’en faire.

Il savait à quoi s’attendre … Il savait comment réagir. Il savait comment confronter ce type et … hum ? Hein ? L’empereur était là ? Il s’était déplacé lui-même pour regarder le combat ? A partir de là, il allait devoir sortir le grand jeu, n’est-ce pas ?

« Ah ! Tu crois que je n’ai pas remarqué sa présence ? Désolé pour toi mais fini de … »

« Plaisanter, c’est bien ça ? J’allais dire la même chose de mon côté. Adieu … » murmura calmement Tery avant de tendre une griffe vers l’être démoniaque. La griffe de pierre quitta la main, explosant en plusieurs pointes qui allèrent se planter dans l’armure de son adversaire. Il n’était pas stupide, il n’avait pas chercher à le tuer non plus.

« Cela devrait juste te blesser mais pas trop gravement. Par contre, tu m’excuses mais on va devoir rappeler quelques golems. »

Et sans même attendre de voir la boule de feu qui arrivait droit sur lui, Tery avait déjà posé ses mains au sol. Cette fois-ci, ce n’était pas un simple golem de pierre qui se présenta face à lui, la boule de feu percutant l’être invoqué. Non, la roche était noire, parcourue par des veines oranges, la chaleur ayant subitement montée.

« Je te présente donc l’un de mes golems assez uniques … Il s’agit d’un golem de lave. Bon normalement, il lui faut plus de consistance mais je pense que tu comprendras qu’avec ta boule de feu, tu viens tout simplement de l’aider, n’est-ce pas ?

Il était vrai qu’à l’endroit où la boule de feu avait percuté le golem, celui-ci avait maintenant une coulée de lave bien présente, comme si elle parcourait tout son être. C’était à se demander si la roche ne servait pas uniquement de carapace avant de pouvoir faire bien pire dès l’instant où elle allait tomber.

« Tsss … Ces foutus manipulateurs de golems. C’est toujours pareil avec eux, ils laissent faire le sale boulot à leur création et … »

« Hum ? Tu crois vraiment que je suis nul à côté ? » dit le jeune homme aux cheveux bruns avant de garder ses mains plantées dans le sol. Quelques secondes plus tard, une griffe se forma autour de son adversaire, créant une prison faite de pierre.

« Petit conseil, tu devrais éviter de … »

C’était une petite surprise mais c’était déjà trop tard. Dès l’instant où il avait frappé de sa lame sur l’une des griffes constituant la « prison », le reste de la prison explosa à son tour, de nombreux morceaux de pierre se plantant maintenant dans le visage et les membres de l’adversaire de Tery.

« Pas de ma faute, j’avais pourtant essayé de prévenir. Tu veux abandonner ? »

« Ne te fout pas de moi, tu crois vraiment qu’un avorton qui vient d’arriver peut se permettre de me conseiller ? Pour qui est-ce que tu me prends ? Je vais te donner une leçon dont tu te rappelleras pour le reste de ta pathétique et courte existence ! »

« T’as perdu, tu te calmes direct. » répondit une voix féminine, un halo de feu se dessinant entre le démon et Tery, Elise se présentant à tous et à toutes, tout son corps entouré par les flammes. On avait cette impression que des ailes lui étaient dessinées dessus.

« Ce n’est pas parce que tu es une princesse que tu peux me donner des ordres, fillette. »

« Et que vas-tu faire alors ? T’en prendre à moi ? M’attaquer ? » dit Elise avec une petite touche d’ironie, le démon poussant un grognement de rage avant de brandir son épée à deux mains en sa direction.

Elle plaça une main entre la lame et son corps mais l’épée vint fondre, le bout de l’épée tombant au sol à ses pieds. Elle fronça les sourcils, sourire mauvais aux lèvres avant que sa seconde main ne se place sur le visage du démon.

« On est d’accord que ce n’est que de la légitime défense, n’est-ce pas ? »

Et sans même attendre une réponse de la part des autres, sa main flamba en même temps que l’intégralité du démon. Elle poussa un grand rire tonitruant, presque malsain avant que le démon ne finisse en cendres à ses pieds.

« Le prochain ou la prochaine qui tente de s’amuser à créer quelques … « accidents » sur Tery aura affaire à moi, personnellement, d’accord ? »

Et la voilà maintenant en train de s’éloigner, comme si de rien n’était. Tery fronça les sourcils, la regardant passer à côté de son père en se frottant les mains. Elle n’était pas venue ici … pour s’entraîner, n’est-ce pas ? Elle avait sûrement eut vent des rumeurs par rapport au fait qu’il se faisait agresser à chaque entraînement … et elle avait décidé de s’en mêler.

« Vraiment … Qu’est-ce que je vais faire d’elle ? Ah … Enfin bon. »

La mort d’un démon n’était pas aussi embêtante que celle d’un soldat à la surface. C’est pourquoi certains ne relevèrent guère ce qui se passa. Oui, il avait joué et il avait perdu. Bon, ce n’était pas Tery qui lui avait donné directement le coup fatal donc bon …

« On dirait que pour moi, l’entraînement est terminé. Bon … »

Il avait invoqué un golem de lave… qui n’allait servir à rien au final. Il claqua des doigts, le faisant s’effondrer puis disparaître au sol avant de soupirer. Bon … Dire que l’empereur était venu les voir, autant dire que pour se mettre en valeur, c’était foutu.

« Pas bien grave, j’étais pas là pour ça de toute façon. » se dit-il à lui-même, soupirant quand même un peu légèrement une nouvelle fois.
Bon … Ce n’était pas tout ça mais maintenant, il regardait les autres. Est-ce qu’ils voulaient vraiment s’entraîner avec lui ? Etrangement, tout le monde avait perdu cette motivation. Oui, c’était vraiment étrange, n’est-ce pas ?

« Tery … Tes connaissances sur les golems … Quels sont les golems que tu peux convoquer ? » finit par demander le monarque alors qu’il avait décidé que c’était fichu pour aujourd’hui. S’arrêtant devant l’empereur démoniaque, Tery lui répondit :

« C’est assez compliqué. J’avoue que je n’ai jamais essayé de foudre ou d’air … cela ressemblerait plus à des élémentaires, non ? Mais sinon, majoritairement roche, feu, chair, et j’ai même essayé le fer un jour mais ce fut bien dur à gérer. »

« Je vois, je vois. En entendre parler est une chose, le voir de mes propres yeux en est une autre … mais ce golem de lave n’est-il pas aussi dangereux pour toi que pour tes adversaires ? Cela peut être pénible. »

« Pour celui de la lave, c’était un premier essai aujourd’hui. J’ai déjà fait un avec des flammes … mais ce n’était pas pareil. C’est vraiment « compliqué » dans l’idée. Il faut vraiment se concentrer et heureusement que je sais manier tous les éléments, cela rend la tâche bien plus aisée … surtout quand on sait que j’ai une bonne base en magie terrestre. »

« Soit, cela est bien plus complexe que ça ne le paraît aux premiers abords. »

« Beaucoup plus, oui … Mais bon, vous n’avez pas à vous en faire. Je sais très bien contrôler mes golems. Depuis le jour où j’ai eut ce premier livre, je passe une partie de mon temps libre à lire les pages des différents bouquins que j’ai obtenus. »

« D’ailleurs à ce sujet, ces livres, est-ce que la majorité d’entre eux viennent … de morts ? »

« Bien entendu, je ne vais pas le cacher. Les livres étaient possédés par diverses personnes, des personnes qui n’hésitaient pas à vouloir me tuer. Je n’ai fait que me défendre … dans la majorité des cas, voilà tout. »

Se défendre. A cette idée, il eut un petit sourire ironique. Pouvait-on vraiment parler de défense lorsque l’on venait s’en prendre directement au dirigeant de Mekalarma ? Ah … Oui. C’était des souvenirs qui commençaient à dater mais il préféra ne pas les évoquer.

« Bien. J’ai vu ce que j’avais à voir. Nous reparlerons de tout cela un autre jour. Que chacun reprenne ses activités ou ses combats. »

L’empereur fit un mouvement de la main comme pour bien inciter les soldats à retourner à l’entraînement, Tery ayant décidé que pour aujourd’hui, c’était déjà plus que suffisant. Bon, de son côté, il prit un autre chemin, sourire aux lèvres.
Il n’avait pas à s’en plaindre … ou à être mécontent des évènements. L’empereur lui-même avait remarqué ce qui se passait. Oh, il ne comptait pas sur lui pour la défense mais Elise avait parfaitement inséré les graines de la peur dans le coeur de nombreux démons.

« D’ailleurs, où est-ce qu’elle est passée ? »

« C’est moi que tu recherches, Tery ? Je ne suis pas très loin. J’ai suivi ta petite discussion avec mon père. Il semblerait qu’il voulait juste observer ta façon de te battre. »

Hum ? Au détour d’un couloir, elle l’attendait depuis déjà quelques temps visiblement. Lorsqu’elle arriva à sa hauteur, il s’apprêtait à lui tapoter sur le crâne mais s’arrêta dans son mouvement, poussant un léger soupir.

« Tu n’étais pas obligé … de faire ce que tu as fait pendant l’entraînement hein ? »

« Oh ? Et pourquoi cela ? Ces idiots n’auraient pas compris. Tu es encore trop gentil, Tery. Ils n’hésiteront pas à te dévorer tout cru. »

« Je peux continuer à les attendre, ça ne me fait pas vraiment peur … Je ne suis pas forcé de les tuer et sinon, ils m’en vou… »

« Non, Tery. Si tu ne les tues pas, ils vont croire que tu es faible et incapable. Ils profiteront de la moindre faiblesse pour tenter de t’abattre dans le dos. Ce n’est pas ce que tu dois faire, compris ? C’est pourquoi j’ai voulu te montrer ça. »

« Tu n’étais … pas obligée. Je ne veux pas que tu deviennes comme les autres, c’est compris ? Je n’ai pas besoin que tu deviennes aussi violente qu’eux. »

Le fait qu’elle ait carbonisé sans aucune réticence leur adversaire, ça lui déplaisait. Il avait peur qu’elle retombe dans ses travers. Depuis le début de leur arrivée dans le monde souterrain, ce n’était pas la première fois qu’il avait montré une certaine inquiétude à ce sujet mais … il avait l’impression qu’elle en avait strictement rien à faire.

« Tu es la seule personne qui m’importe ici, Tery. Je ne laisserais pas autrui te faire du mal. »

« Je n’ai pas besoin d’être protégé … du moins, pas de cette manière. »

« Et pourtant, je le ferais, que tu le veuilles ou non, Tery. Tu viens manger un petit bout ? »

Il n’était pas sûr qu’une princesse ait à manger avec un simple … démon comme lui. Pour autant, le jeune homme aux cheveux bruns ne fit aucune remarque. Si elle voulait aller manger, ils allaient être deux alors. Il n’avait rien d’autre à faire de toute façon.

Chapitre 15 : Le chef

Chapitre 15 : Le chef

« Nous devrions voir une ville d’ici peu de temps. Regardez bien autour de vous. Vous remarquerez que la forêt est moins présente. »

Cator, comme à son habitude depuis leur départ, dirigeait le reste du groupe sur le chemin qui lui semblait le meilleur. Plus d’une semaine et demie s’était écoulée depuis le début de l’expédition et chacun commençait à avoir relativement du mal à dormir dehors. Seul Klork, visiblement plus qu’habitué à ça, ne se plaignait pas.

« Tant mieux car je veux une auberge qui me permette de me laver ! J’en ait assez de l’eau des ruisseaux et des cascades ! Elle est gelée ! »

« C’est le but d’une eau naturelle, Agléa. Elle n’allait pas être chauffée comme ça. Encore que par magie, j’imagine que cela doit être réalisable. Je ne me suis jamais posé la question. »

« Et bien, si tu voulais que je sois réchauffée, tu n’avais qu’à venir avec moi, Zéran. »

« Cela commence à tourner au harcèlement, Agléa. S’il te plaît, tu peux arrêter ? » dit le jeune homme aux cheveux blonds, évitant de montrer qu’il était de plus en plus agacé par ça.

« Je n’arrêterai pas car on appelle pas ça du harcèlement quand une jolie félémone vous propose de passer du temps avec elle, c’est tout le contraire. »

« Ca s’appelle ainsi quand la personne n’en a pas envie et que la félémone continue de toujours vouloir le forcer. C’est pourtant pas compliqué. »

« Sauf que tu sais que tu en as envie ! Surtout qu’il me faut quand même te remercier en personne pour le sauvetage face à ces monstres. Ça me semble normal non ? » dit-elle comme si tout ça paraissait naturel, Zéran fronçant les sourcils.

« Ca fait déjà quelques jours pour ça, c’est un peu tard maintenant. De plus, ce n’est pas moi qui me suis occupé de te sauver personnellement mais Klork. Si tu veux le remercier, tu peux aisément le faire. Je ne pense pas que ça dérange Klork, loin de là. »

« Klork n’est pas du tout mon genre physiquement. » dit la félémone aux cheveux auburn, son regard émeraude se posant sur Klork qui vint se raidir, comme si un froid glaçial le traversait de part et d’autre. Il répondit presque aussitôt :

« Non merci. Ça ne me tente pas non plus. Je n’ai pas besoin de récompenses du genre. »

« Et bien voilà, Agléa. Comme tu peux le remarquer et le comprendre, nous n’avons pas besoin d’être récompensé. C’est très sympathique de ta part mais c’est mieux pour tous que tu ne nous offres rien. Voilà … Bon, on peut reprendre la marche sans déranger les autres ? »

« Alors, je peux au moins être à ton bras, non ? Ce n’est pas trop demandé comme récompense, Zéran, non ? Qu’est-ce que tu en dis ? »

« Au final, c’est une récompense pour qui ? Pour moi ou pour toi ? » demanda Zéran en la regardant, poussant un profond soupir désabusé comme s’il était fatigué à cause de ça.

« Oh, s’il te plaît. Est-ce que tu peux accepter ou pas ? »

« Bon, je pense que je le peux. De toute façon, tu ne me lâcheras pas si je n’accepts pas. Mais par contre, on évite le retard à cause de toi, compris ? J’ai un bon rythme de pas, simplement, on reste en bout de file pour ne pas changer mais ils se déplacent vite devant. »

Il tentait de trouver des paroles pour la déstabiliser mais autant dire qu’il n’était pas sûr d’y arriver et qu’il avait plus l’impression de se perturber lui-même qu’autre chose. Agléa ne l’écouta guère, ayant déjà attrapé son bras pour le coller entre sa poitrine gonflée. Il entendit le soupir de Klork, est-ce qu’il était amer ? Ce n’était pas de sa faute, hein !

« Si vous avez fini tous les trois, on peut s’y remettre ? J’ai l’impression que Silesti dort debout. Enfin, c’est déjà le cas depuis le début mais bon … »

C’était une petite remarque qui se voulait amusante de la part de Réxéros tandis que celui-ci avait dépassé Cator, sans expliquer pour quelle raison. Celle-ci ne tarda pas pourtant à venir lorsqu’il vint s’exclamer avec joie :

« J’en étais certain ! Je connais ce sentier ! Nous sommes chez moi ! Dans une ville proche de la frontière entre la région de la Vanité et celle de la Cupidité ! »

« Tu es né ici ? » demanda Zéran avec un peu d’étonnement, Réxéros faisant un mouvement négatif du doigt, comme le ferait un professeur, reprenant la parole :

« Non non ! Pas du tout ! Loin de là ! Vous vous trompez complètement. Seulement, vu que je suis le fils de l’actuel chef de la Cupidité, chaque ville de la Cupidité est un peu la mienne. A partir de là, je vais vous guider et vous comprendrez tout de suite ! Suivez-moi ! »

Et bien, il était sacrément motivé maintenant. Cator ne s’offusqua pas le moins du monde de laisser sa place de guide à Réxéros, passant derrière lui alors que Vélisa restait aux côtés de Réxéros, comme si de rien n’était. Zéran était maintenant songeur, murmurant :

« Je me demande à quoi ressemblent les villes des autres familles. »

« Quand tu disais qu’à part ton domaine et la ville voisine, tu n’avais rien visité, tu ne plaisantais donc pas ? » demanda Agléa avec étonnement, Zéran la regardant.

« Pourquoi est-ce que j’aurais menti sur une chose aussi importante ? Quelle en aurait été la raison ? Je … Enfin … Non, bref, pas du tout. Je n’ai jamais visité une autre ville. »

« Et bien, on va dire qu’il y a du boulot alors ! Tu as beaucoup à faire ! »

Mais à faire quoi ? Il regarda Agléa avec un peu d’appréhension, ne comprenant pas du tout où voulait en venir la félémone. Celle-ci avait pourtant son sourire, imperturbable, comme si elle avait découvert une chose essentielle maintenant.

« Tu sais quoi, Zéran ? Toi et moi, on va faire un truc très important quand on arrive ! »

« Euh … Pourquoi est-ce que je ne suis pas du tout rassuré quand tu parles comme ça ? »

« Agléa, peut-être que Zéran aimerait se reposer. Nous nous entraînons tous les jours et cela lui ferait le plus grand bien que de pouvoir s’asseoir quelque part et ne plus bouger pendant quelques heures, est-ce que je me trompes, Zéran de la Vanité ? »

« Eh … Disons que je peux encore marcher, je ne suis pas aussi fatigué que tu le prétends, Klork. Mais il est vrai que j’aimerai éviter d’avoir à courir partout si c’est possible. »

« Oh. Je vois. Bref … D’accord. » dit Klork sur un ton un peu abrupt, accélérant les pas pour dépasser Silesti et rejoindre le trio en avant. Zéran cligna des yeux, demandant à Agléa :

« Qu’est-ce qui vient de se passer ? Il est en colère pourquoi ? J’ai dit une bêtise ? »

« Je ne pense pas ! Mais donc, tu m’accompagnes hein ? En même temps, on fera quelques achats et autres. Je ne dirais pas non à du savon et d’autres produits pour la peau. Ah … Dix jours, je n’étais pas prête à ça ! Je pensais qu’on allait s’arrêter plus souvent dans des villes, moi ! Vraiment, j’ai pas compris pourquoi on a fait tout ça. » s’égosilla Agléa.

Lui non plus mais leur guide était compétent et à part cette attaque surprise des lizéfals, il n’avait pas à se plaindre sur la dangerosité de l’expédition pour le moment. Mais après, c’est vrai que ce fût très rude pour lui qui n’était pas du tout habitué à ce mode de vie. Aux portes de la ville gardées par quelques félémons en armure, Réxéros se tourna vers le groupe. Malgré qu’il avait l’air enjoué, ses yeux semblaient les foudroyer sur place.

« Bon, je vous préviens ! Ici, vous ne commettez aucun trouble ! Est-ce bien compris ? Je veux AUCUN problème pendant notre séjour ! C’est ma ville et donc, en tant que telle, y a des règles à respecter ! Si vous les respectez, tout se passera pour le meilleur ! Si vous commencez à être ennuyeux, tout finira pour le pire ! Si vous obéissez sagement, on vous trouvera l’une des meilleures auberges du coin et on vous fera quelques ristournes MAIS … Hors de question que je dépenses de l’argent pour vous, compris ? Vous avez sûrement obtenu une bourse en partant ? C’est l’heure de la faire tinter ! »

Non mais pour qui il se prenait ce type ? Il allait tout de suite le calmer, il allait vite comprendre comment ça se passait avec lui et … Une bourse ? Il n’était pas certain dans le fond mais était-ce ce qu’il avait vu dans un coin au fond de son sac ? Déjà qu’auparavant, il n’avait pas eut des armes mais Klork lui avait offert généreusement deux d’entre elles. Enfin, les deux cimeterres qui étaient croisés dans son dos sous son sac. A ce sujet, il allait devoir lui payer un verre, le repas et au moins la chambre pour la nuit. Mais pour ça, il fallait qu’il vérifie s’il avait bien de l’argent. Il espérait que les servantes n’avaient pas oublié ça car de son côté, il n’était maintenant plus du tout rassuré.

« Si c’est clair pour tout le monde, vous pouvez me suivre. »

« Oh ! Monsieur Réxéros ! Que faites-vous de beau dans notre ville ? Nous n’attendions pas votre visite. Si nous avions su … » commença l’un des gardes alors que Réxéros fit un petit mouvement de la main comme pour dire que ce n’était pas nécessaire :

« Ne vous préoccupez donc pas de ça. Je suis avec des compagnons de route. Nous nous arrêtons pour la nuit, rien de plus. Je pense aller dans l’auberge habituelle mais mes compagnons n’ont sûrement jamais visité cet endroit. Je vais leur faire découvrir. »

« Oh bien bien. Alors bienvenue à vous tous et toutes. Vous êtes sûrement les candidats des autres familles, n’est-ce pas ? C’est un immense privilège et honneur que de vous avoir parmi nous. En espérant que votre visite sera bonne. »

Ils se confondaient en excuses et Zéran les trouvait bien polis pour des soldats. C’en était pas déplaisant mais assez surprenant quand on y était pas du tout habitué. Il hocha la tête positivement, ayant remarqué que les autres avaient fait de même avant de rentrer. HEY ! Il ne connaissait même pas le nom de cette ville et Réxéros n’avait visiblement pas pris la peine de le signaler. Pas que ça soit embêtant mais … enfin bon.

« Bon bon bon … Est-ce que l’on commence directement par l’auberge ou non ? Je ne sais pas du tout, je dois avouer. Qu’est-ce que vous en dites ? »

« Euh … Tu as dit qu’on te laissait nous guider. A partir de là, tu es seul maître à bord, Réxéros. » déclara Vélisa, nullement gênée par l’excentricité de Réxéros à ce moment précis. Elle marchait juste à ses côtés, comme si de rien n’était.

« Toi-même, tu connais la ville, Vélisa. Peut-être pas aussi bien que moi mais je suis sûr que tu pourrais aider si tu le désires. Qu’est-ce que tu en dis ? Vous voulez se séparer en deux groupes ? Alors ? Qui veut que je l’emmène à l’auberge pour la chambre ? »

« Auberge ? Chambre ? Dormir ? Je suis … » dit Silesti, coupant légèrement le silence pesant qui avait finit par s’installer dans le groupe aux paroles de Réxéros.

« Et bien, en voilà déjà une. Qui d’autre ? Vélisa ? Ah ben non, c’est vrai, tu vas prendre un autre groupe et ensuite, nous … »

« Autant aller prendre des chambre tout de suite plutôt, non ? On verra pour la visite de la ville après. » coupa Klork, Réxéros tournant son visage, un peu furieux.

« Oui bon, d’accord. Tu n’étais pas forcé de m’interrompre non plus hein ? »

« Oh ? Euh … Désolé, ce n’était pas voulu. Tu peux continuer à parler, il n’y a aucun souci. »

« D’habitude, t’étais bien plus discret et réservé lorsque nous avons été tou appelé. Je sais pas pourquoi mais depuis qu’il y a Zéran, c’est bien différent. »

Oh ? Vu qu’il avait entendu son nom, le félémon aux cheveux blonds se tourna vers Réxéros et Klork. Qu’est-ce qu’il y avait ? Klork était plus discret d’habitude ? Bah, il l’avait remarqué pendant le mois où il s’était entraîné avec lui. Il n’y avait rien de surprenant non plus.

« Ce n’est pas totalement vrai non plus. Simplement, je n’avais rien à dire dans ces moments-là et … enfin … Tu peux reprendre. Nous allons à l’auberge ? »

« Nous allons à l’auberge alors. Ca sera beaucoup plus simple et on pourra faire la répartition des chambres plus aisément. D’ailleurs, comme signalé, ça sera prix d’ami mais ça reste des prix pas forcément donnés. Mais bon, nous sommes tous issus de grandes familles, non ? »

« Oui, oui, bien entendu ! » s’exclama Agléa avec entrain et engouement.

Hum … Elle était surexcitée comme une puce. Elle n’espérait pas qu’ils allaient prendre une chambre pour eux deux hein ? Oh ? Aie ! Elle venait de lui faire mal à le serrer un peu plus fort que la normale. Qu’est-ce qui lui prenait ? Elle tremblait ? Et pour quelle raison ?

« Suivez le guide si vous voulez vivre ! Ne vous en faites pas, ce n’est pas à prendre au pied de la lettre. Je ne vous ferais rien du tout, je vous le promet. »

« Quand tu dis ça, c’est justement à cause de ça que l’on risque de s’inquiéter, tu ne crois pas ? Tu es sûr de ne pas nous vouloir du mal plutôt ? »

« Vélisa, ma chère, tu sais très bien que ça ne sera jamais le cas ! »

Oh ! Il remarquait autre chose. Réxéros était du genre à se confondre en excuses devant Vélisa. Ce n’était pas la première fois depuis le début de l’expédition mais là, il était visiblement en train de faire quelques courbettes. Bien qu’il se demandait pourquoi, il entendit Agléa lui chuchoter dans l’oreille :

« Réxéros est assez proche de Vélisa. Ils se connaissent tous les deux depuis longtemps et il paraîtrait que les crises de colère de Vélisa sont craintes et redoutées. »

« Elle n’en donne pas vraiment l’impression en la regardant, je dois t’avouer. Tu es sûre de ce que tu dis, Agléa ? Tu ne te trompes pas un peu ? »

« Non, non. Regardes-les bien. Tu n’as pas remarqué que Réxéros n’ose plus prendre la parole ? Il ne fait qu’obéir sagement à ce qu’elle dit ? »

« Je le sais bien mais bon … En un sens, je n’ai pas à remettre en question leur relation. Nous sommes d’accord tous les deux que ça ne concerne qu’eux, n’est-ce pas ? »

« Ce n’est pas faux mais ce genre de potins et ragots fait mon sel ! »


Il n’était pas certain d’avoir saisi toute l’allusion à ce qu’elle faisait référence … et peut-être que dans le fond, il valait mieux ne pas trop s’interroger sur ça. Encore qu’il n’était pas sûr que ne pas se sentir concerné soit la meilleure attitude à avoir dans une telle situation. Enfin bon, comme il l’avait très bien dit lui-même, cela ne les regardait pas.

« Ils forment un sacré couple tous les deux. » compléta Agléa, Zéran posant ses yeux sur elle avec étonnement. Est-ce qu’elle venait de confirmer ce qu’il pensait tout bas ?

« Ils sont vraiment ensemble tous les deux ? C’est sûr et certain ça ? Tu as des preuves ? »

« Roh … Qu’est-ce que tu peux être un peu vexant et blessant quand tu t’y mets. Il n’ a aucune preuve bien entendu mais qu’est-ce que tu veux que je te dises d’autre, Zéran ? Regardes-les, ils sont toujours collés l un à l’autre. »

« Je sais bien mais il en est de même pour Klork et moi. Ou alors toi et moi, pourtant, tout le monde sait qu’il n’y a rien du tout entre nous deux. »

« Pourquoi ? Cela veut dire qu’il y a quelque chose entre toi et Klork ? »

Oh … Le ton était un peu froid contrairement à ce qu’il s’était attendu. Et elle le regardait un peu méchamment même. Il avait encore dit quelque chose de vexant ou blessant ? Pour autant, sur un calme impérial, comme si de rien n’était, il répondit :

« Je ne suis pas attiré par les hommes, désolé. Enfin, non, je ne suis pas désolé. Je ne vois pas pourquoi je le serais et je ne comprends pas pourquoi tu t’inquiètes à ce sujet. Tu as peur de perdre par rapport à Klork ? Tu plaisantes, j’espère. »

« Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » demanda t-elle sur un ton maintenant bien mielleux et tendre que ça en était presque agaçant et irritant. Il répondit avec lenteur :

« Que je pense que tu n’as rien à craindre de ton côté physiquement. Tu es très bien comme tu es, si ça peut te rassurer. Maintenant, ne commences pas à t’imaginer des choses, compris ? »

« Oh … Mais je ne m’imagine rien sauf que tu viens de me faire un compliment en disant que je suis une belle félémone. C’est très gentil de ta part. Tu veux que l’on partage une chambre à deux ce soir, toi et moi ? Je te promet que tu ne le regretteras pas. »

« Pas du tout et j’ai vraiment l’impression de me répéter lorsque je t’adresse la parole, Agléa. Tu n’as pas la même ? Alors s’il te plaît, je préfère que tu arrêtes. Je n’aimerai pas avoir à te repousser. On dirait que tu es l’une de ces courtisanes que certains nobles félémons ramenaient dans notre domaine quand ils étaient invités par mon père. Enfin, au moins, tu n’es pas trop maquillée ou grimée comme elles. C’est un bon point. »

« … … … Tu sais, le physique, ça ne fait pas tout, Zéran. » marmonna t-elle dans un silence presque religieux alors qu’ils continuaient d’avancer avec le reste du groupe.

« Exactement. J’aimerai bien que plus de personnes le sachent. J’ai l’impression qu’elles ne sont pas au courant à ce sujet, Agléa. Mais pourquoi tu me dis ça ? »

« Pour rien … Pour rien du tout. » soupira t-elle avant de retirer un peu son bras de son décolleté, Zéran ne se plaignant pas de retrouver la mobilité de son membre.

« Bon … Qu’est-ce qu’il fait ? Je croyais qu’on allait vers une auberge en fin de compte ? Pourquoi est-ce que l’on se retrouve dans une rue marchande ? »

« Je ne sais pas du tout. Peut-être qu’il a une idée derrière la tête ? Peut-être qu’en fin de compte, on va faire quelques emplettes auparavant ? »

« Ah … Je ne comprends vraiment plus rien et je suis déjà fatigué par tout ça. J’espère que l’on va pouvoir souffler un peu car dans l’idée … pfiou … Je crois que ça m’épuise. »

« Tu es déjà fatigué ? Alors que l’on vient à peine de commencer à se mettre en route ? Ca ne va pas ? Il ne faudrait pas que tu tombes malade, hein ! Même si je pourrais être ta soigneuse personnelle. Oh en fait, ça ne me dérangerait plus du tout. »

Hinhinhin. Est-ce qu’il devait trouver cela drôle ? Il n’en était pas tellement convaincu. Mais il allait faire comme si, juste pour qu’elle soit heureuse. Le félémon aux cheveux blonds fit un petit sourire avant de se rendre compte que dans le fond, ça ne serait pas déplaisant.

« Bon bon bon ! Avant de passer à l’auberge, il est normal que je vous montre tout ce que ma ville a à vous vendre, n’est-ce pas ? »

« Nous n’avions pas prévu d’aller directement à l’auberge puis ensuite de faire les emplettes ? » demanda Klork avec lenteur, Réxéros se mettant à tiquer, une nouvelle fois contrarié par les propos du candidat de la Rage.

« Rien ne presse et je suis sûr que tu trouveras ton bonheur comme les autres, Klork. Tu n’as qu’à faire un petit effort et je suis sûr que ça sera plus aisé. »

« Je n’ai pas besoin d’efforts vu que ça ne me dérange pas. C’était plus pour les autres. Moi-même, je n’ai rien contre mais … allons y. »

Alors pourquoi est-ce qu’il s’était forcé à prendre la parole si c’était pour ne rien dire d’intéressant. En plus, il ne regardait même pas devant lui mais juste derrière. Il y avait quoi derrière ? Ah oui, ses deux amis, Agléa et Zéran. Pfff … Non mais vraiment … Ca ne le regardait pas mais s’il voulait vraiment discuter avec eux, qu’il le fasse et qu’il évite de l’ennuyer avec ces idioties. Il avait bien mieux à faire.

« Je vous jure … BON ! Nous sommes arrivés à la section alimentaire ! Vous aurez de tout par ici ! Des fruits, des légumes, de la viande, du poisson ! TOUT TOUT TOUT ! Dites que vous venez de la part de Réxéros, ne vous éloignez pas trop de moi et ça sera suffisant. Dépensez donc de l’argent sans restriction ! »

Section de l’alimentation ? C’est vrai qu’il ne dirait pas non à quelques choix différents pour la viande et le reste. Le jeune homme aux cheveux blonds regarda Agléa, lui demandant si elle avait déjà elle-même une idée de ce qu’elle comptait acheter.

« Oh, tu sais, Zéran, je ne suis pas bien difficile. Je mange ce que l’on me donne hein ? A partir de là, je n’ai besoin de rien ! »

« Et bien, je dois avouer que ça en est presque étonnant mais bon … Si tu as vraiment besoin d’un truc, tu peux me le dire. » murmura Zéran, ayant remarqué que la félémone aux cheveux auburn était comme … gênée et embêtée. Sauf qu’il n’avait aucune explication raisonnable à donner à un tel comportement. Elle était … vraiment mignonne sur le coup.

« Oh ? Vraiment ? Tu ferais ça pour moi ? Enfin non … Ne t’en fait pas, ce n’est pas bien grave. Je te promet que ce n’est pas si important. »

Elle ne donnait pas l’impression de faire ça par jeu, comme pour espérer qu’il lui achète quelque chose. C’était perturbant, bien plus qu’il ne le pensait. Il avait du mal … à se l’imaginer ainsi. Et plus les minutes passaient dans la ruelle marchande, moins ça le dérangeait qu’elle soit à côté de lui, accrochée à son bras. Il voyait bien le regard envieux de nombreuses personnes. Bon, il n’y avait pas Klork pour discuter mais il pouvait bien le laisser un peu tranquille aussi. Le félémon aux cheveux verts avait besoin d’être seul.

« Bon … on va voir ce que l’on peut acheter. » se dit-il tout en regardant Agléa brièvement. Celle-ci ne voulait vraiment pas le lâcher. Bon, vu qu’ils allaient tous manger ensemble, il allait bien pouvoir acheter un peu plus que nécessaire pour elle aussi.