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Chapitre 5 : Le début de l’entraînement

Chapitre 5 : Le début de l’entraînement

« Hmmm … Bon, on parie combien qu’il ne sera pas là ? »

Il était le lendemain et malgré les courbatures sur son corps, il était fin prêt à accomplir une nouvelle journée où il sentait qu’il n’allait pas pouvoir plaire à son père malgré toutes les tentatives pour y arriver. Sortant de sa chambre après avoir fait un brin de toilette et être sûr qu’il soit correctement présentable, il s’apprêtait à se rendre à la salle où prendre son petit-déjeuner quand un majordome s’approcha de lui, déclarant :

« Pardonnez-moi, maître Zéran mais un individu attend à la porte d’accès de la maison. Malgré les gardes et les tentatives de ces derniers pour le déloger, il a signalé qu’il était là pour vous rencontrer. Que devons-nous faire ? »

« Est-ce qu’il a dit comment est-ce qu’il s’appelait ? Klork de la Rage ? »

« C’est bien ça, maître Zéran. Que voulez-vous que l’on fasse ? Il s’avère qu’il s’agit du candidat de la Rage. Néanmoins, nous pouvons le repousser, quitte à utiliser un peu plus de force pour cela, si vous le désirez. »

« Depuis combien de temps est-ce qu’il attends devant l’entrée ? » demanda le jeune homme aux cheveux blonds, semblant se préparer à une mauvaise nouvelle de la part de son majordome. Celui-ci eut un petit temps d’arrêt, finissant par déclarer :

« Environ deux heures et demie. Il était là aux aurores si vous voulez savoir dans les moindres détails. Que devons-nous faire alors ? Nous savons parfaitement que vous refusez tout… »

« Faites-le rentrer, c’est un véritable idiot. Je n’arrive pas à le croire. »

« … … … Comme vous le désirez. Où dois-je lui demander de patienter ? »

« Hmm ? Vraiment ? Qu’il vienne nous rejoindre pour le petit-déjeuner. Mon père ne sera normalement pas là donc ça devrait passer. Prévenez aussi les servantes qu’il y a une bouche en plus à nourrir. Je vous jure … Je ne peux pas laisser quelqu’un comme ça. Étant le fils du monarque des félémons, j’ai quelques responsabilités à prendre. »

« Comme vous le désirez, maître Zéran. Je vais de ce pas m’enquérir d’emmener ce félémon en armure rouge auprès de vous et de prévenir les servantes. »

Hum ? Il avait presque remarqué un ton amusé dans la voix du majordome. Est-ce qu’il y avait quelque chose de drôle dans ce qu’il venait de dire ? Il n’en était pas vraiment certain mais il n’allait pas se poser plus de questions. Dans la salle à manger, Zéran observa son petit frère qui émergeait à peine de son sommeil. Malgré toutes les qualités qu’il avait, il n’était pas un oiseau du matin et cela même une quinzaine de minutes après s’être extirpé de son lit. Petit sourire aux lèvres, il attendit que Klork arrive, celui-ci demandant :

« Hum … Est-ce que c’est vraiment bon pour moi d’être ici, Zéran de la Vanité ? »

« Si je l’ai décidé, je pense que oui. Et de toute façon, tu attends depuis quelques heures non ? Manges donc un petit morceau et comme ça, tu seras un peu ballonné pour l’entraînement. »

« C’est étrange comme conception. M’affaiblir avant un entraînement par de la nourriture. Est-ce vraiment là une méthode que vous comptez utiliser ? »

« Et tu peux éviter de me vouvoyer ? Ça me donne l’impression d’être super vieux par rapport à toi … et même si c’est vrai que tu me dois le respect vu que je suis le fils du monarque, c’est assez dérangeant quoi. »

« Je ne pense pas y arriver. Cela serait au-dessus de mes moyens, je tiens à m’en excuser. Mais je peux vous déclarer que ce repas est vraiment très bon. Vous pourrez féliciter les cuisiniers à ce sujet, je vous prie ? Sachant que je ne suis qu’un invité. »

« Un invité ? Hein ? C’est vraiment ça ? Un invité ? » répéta Zéran comme s’il avait du mal à saisir le sens de ce mot. Klork pencha la tête sur le côté, son unique œil doré valide le regardant avec étonnement.

« Bien entendu, non ? Je suis votre invité pour ce repas ? Je tiens à vous remercier et je vous promets de faire que votre entraînement ne soit pas en vain. »

« C’est … C’est la première fois que Zéran, il reçoit un invité ! » s’exclama Kosmor qui semblait comme enfin s’extirper de sa torpeur. Hey hey hey ! Il n’avait pas besoin de crier de la sorte, tout le monde pouvait l’entendre hein ?

« Oui enfin bon, ça n’a rien d’exceptionnel. Dès que nous aurons terminé, nous irons voir ce que tu as ramené, Klork. Je n’ai pas oublié que tu m’as dit que tu allais venir avec un peu d’équipement provenant de ta maison. »

« C’est exact. J’ai laissé mon sac à l’entrée de la salle à manger. Vos servantes n’ont pas vraiment voulu que je les emmène ici. »

« Je crois que je comprends parfaitement la raison qui les pousse à refuser une telle chose. » dit le jeune homme aux cheveux blonds avec une petite pointe d’ironie.

« Je ne sais pas vraiment, je dois vous avouer. Néanmoins, ce petit-déjeuner était très copieux. Je ne penses pas que je pourrais manger plus, vous devrez m’en excuser. Il m’arrive parfois de me mettre à jeun le matin. L’estomac vide, je me sens plus léger. »

« Bah … Au moins, tu t’es forcé à essayer d’être respectable envers notre famille en acceptant ce petit-déjeuner. Je ne vais pas t’obliger à manger plus que nécessaire. J’ai moi-même terminé de mon côté. Je ne te fais pas faire la visite des lieux, on va directement dans les jardins pour aller à l’entraînement. Le temps que tu me montres ce que tu as ramené, je suis sûr que cela sera largement assez pour digérer ! »

« Il y a de fortes chances que oui vu que je vais vous expliquer les qualités et défauts de chaque épée que j’ai ramenée. »

Ohla. Lorsqu’il quitta la salle à manger avec Klork, celui-ci s’était dirigé vers un imposant sac qu’il vint soulever avec une facilité qui le laissa bouche bée. Surtout que les tintements de métal montraient bien que ça ne devait pas être léger mais surtout en très grosse quantité dans ce sac de cuir. Oh bon sang … Qu’est-ce qu’il avait vraiment ramené ?

« Euh, tu as ramené toute ton armurerie ou quoi ? »

« Hein ? Bien sûr que non ! Juste deux trois bricoles. Ce sont des armes non-utilisables pour ma famille. Elles ne sont pas d’une très grande qualité mais vu la quantité et le nombre, je me suis dis que cela serait parfait pour nous. »

« Vraiment ? J’ai du mal à savoir comment je dois réagir avec toi, tu le sais ? »

« Oh … A ce point, Zéran de la Vanité ? Vous savez, ce n’est pas grand-chose dans le fond, loin de là. Alors, est-ce ici que nous allons nous entraîner ? »

« En fait, je préfère éviter les jardins royaux. Disons qu’hier, ils n’ont pas vraiment apprécié que je fasses quelques trous dans ces derniers. »

Il était encore un peu confus et c’était à se demander si les gens le voyaient vraiment comme le prince du royaume des félémons. Bon, le seul qui en avait l’air à l’heure actuelle, c’était la personne en face de lui. La seule personne à même citer sa famille après son prénom.

« C’est une bien belle salle comme le reste de votre domaine. »

« Tu es du genre à dire ouvertement ce que tu penses n’est-ce pas ? » rétorqua Zéran, évitant de trop sourire. Il n’allait pas abaisser ses défenses devant ce type.

« Je préfère être sincère à ce sujet, Zéran de la Vanité. Chez nous, c’est bien plus austère, il faut l’avouer. C’est pourquoi la décoration de cette salle, bien que superflue, ajoute beaucoup néanmoins à la vision appréciable qu’elle en donne. »

« Ouais … Tu dis vraiment ce que tu penses dans le fond. Fais quand même à ne pas trop en dire, ça pourrait te jouer de mauvais tours un jour hein ? »

« Je note cette remarque mais nous allons devoir commencer dès maintenant à nous concentrer dès maintenant à la raison de ma présence chez vous. »

« Je n’attends que ça. Je ne t’ai pas invité par plaisir de discuter avec toi. Tu as dit que tu voulais m’entraîner et il y a des chances que cela puisse m’aider dans le futur. Je n’ai donc aucune raison de refuser ça … mais je tiens à te préciser qu’il ne faut pas croire que tu puisses être familier avec moi, compris ? »

« Cela ne sera jamais le cas, Zéran de la Vanité. Tant que vous continuez à m’appeler par mon prénom, cela me suffit amplement, je peux vous le confirmer. »

« J’ai quand même été élevé assez correctement par ma famille pour appeler correctement les personnes à qui je m’adresse, même si elles sont d’une autre famille, Klork de la Rage. »

Par contre, il reconnaissait ouvertement qu’il ne savait pas s’il devait l’appeler Klork, Klork de la Rage, le vouvoyer, le tutoyer. Là, il alternait parfois entre tout ça et autant dire qu’il était un peu perdu. Mais … hors de question de le montrer à cet homme même si ce dernier se montrait très sympathique aux premiers abords. La famille de la Rage restait composée de nombreuses brutes et ça, lui, il ne pouvait pas l’oublier, loin de là !

« Alors, voilà les différentes lames que nous possédons. Cela va du cimeterre à l’épée longue, l’épée courte, l’épée bâtarde, l’épée à deux mains et … »

« Euh. L’épée à deux mains, est-ce que j’ai vraiment le physique pour transporter une arme aussi lourde et épaisse ? Un peu de sérieux hein ! »

« Et pourquoi pas ? Il faut essayer, peut-être que cela vous conviendra mieux que vous ne le pensez, Zéran de la Rage. Le plus important est de voir avec quelle arme vous vous sentez le mieux. De même, il s’agit là de véritables armes. »

Ah ben ça, il l’avait remarqué. Ce n’était pas des armes en bois. Ce n’était pas comme si c’était la première fois qu’il voyait une arme réelle hein ? Il n’était pas si niais et stupide. Simplement, ça ne changeait pas que ce n’était pas forcément très plaisant de voir autant d’armes réunies sur le sol. Heureusement que son petit frère n’était pas là.

« Commençons par les les lames les plus courtes. Les dagues vous conviendront peut-être si vous aimez les combats à courte portée mais surtout les attaques très rapides. Je vais vous montrer quelques mouvements avec. »

Quelques mouvements avec quoi ? Les dagues ? Vraiment ? Genre, il sait utiliser les dagues ? Il recula néanmoins pour laisser place à l’imposant homme faire une démonstration de sa force ou plutôt de son talent. Hum … Il avait un regard un peu moqueur mais celui-ci se changea vite fait en surprise. Il … était vraiment doué. Il avait l’impression de voir son professeur en face de lui. Comment est-ce qu’il faisait ça ? C’était presque s’il dansait et encore, il avait une armure assez lourde sur le corps.

« Ce n’est pas trop difficile ? Je veux dire … Wow … C’est franchement pas mal et … »

« Hop ! A vous de montrer ce que vous savez faire dès maintenant ! Je suis certain que cela sera aussi bien que moi, Zéran de la Vanité. »

« Si c’est pour se moquer de moi et me rendre ridicule, je promets de vous le faire regretter, Klork de la Rage. Vous êtes prévenu hein ? »

Bon, ce n’était pas tout ça mais pourquoi ne pas essayer ? Il n’avait rien à perdre, loin de là ! Le jeune homme aux cheveux blonds poussa un léger soupir avant de se concentrer. Alors, il suffisait de faire un mouvement comme ça et puis ainsi, c’est bien ça ?

« Vous voyez ? Ce n’est pas mal du tout ! Voyons une autre arme. Même si je pense que vous ne serez pas adapté aux armes lourdes, on va pourtant voir au cas où. Peut-être que vous serez du genre à pouvoir déverser toute votre puissance dans une attaque. »

« Hum … Il ne faudrait peut-être pas trop exagérer non plus. Mais oui, qu’est-ce que vous voulez que j’essaie maintenant, je peux savoir ? »

« On va essayer l’épée bâtarde. Son nom est dû au fait que … »

« Elle peut s’utiliser à une main comme à deux. Je n’ai peut-être pas l’expérience d’un combattant mais j’ai quand même les connaissances nécessaires à ça. »

Un franc sourire se dessina sur les lèvres de Klork. Visiblement, il s’était attendu à une telle réplique de la part du jeune homme, c’était bien pour cela qu’il ne vint pas répondre. Les trois prochaines heures passèrent à une allure plus folle que ne l’aurait cru Zéran. L’arsenal militaire ramené par Klork n’était pas à désirer, loin de là.

« Alors, en définitive, j’imagine que cela vous conviendra mieux. »

« Les cimeterres ? Pourquoi ça ? J’ai toujours peur avec leurs lames courbées, elles sont bizarres. Mais est-ce que je dois les utiliser une dans chaque main ? »

« Malgré votre apparence qui semble refléter quelqu’un de calme et posé, je ne vous vois pas être sur la défensive donc deux cimeterres me semble être une bonne idée. »

Apparence calme et posée ? Et il n’était pas du genre à l’être dans le fond ? Ce type se permettait quand même de lui faire part de certains commentaires dont il aurait peut-être mieux valut y réfléchir avant non ? Ce n’était pas tout ça mais il y avait quelques limites à ne pas dépasser et là, l’homme était en train de les franchir à tout allure.

« D’accord, d’accord … Je vais donc demander à mon père de me préparer quelques cimeterres en bois pour m’entraîner et … »

« Non, il ne vous faut pas des cimeterres en bois. Gardez ces derniers, je vous les offre. En tant que candidat de la Rage, je peux me permettre une telle chose. »

« Est-ce que vous êtes en train de plaisanter ? L’équipement provient des forges de la Rage. Ce n’est pas le genre de choses que l’on donne comme ça ! »

« Oh, je peux faire ce que je désire et puis, comme signalé, aux yeux de la Rage, ce sont des armes ratées donc ce n’est pas une grosse perte. »

« Ratées … Grosses pertes … Et ça vous sert à quoi de me donner un tel équipement, est-ce que je peux le savoir ? Qu’est-ce que vous avez à y gagner ? »

« Vous vous répétez souvent, Zéran de la Vanité, vous savez ? » lui répond l’homme aux cheveux verts avec à nouveau un sourire. C’était bizarre, franchement bizarre, il l’avait toujours imaginé comme quelqu’un de solitaire mais là, il n’avait aucun mal à s’adresser à lui. Enfin, le plus surprenant, c’était lui-même. Il s’étonnait de parler aussi facilement avec une personne qu’il connaissait à peine, encore plus issue d’une autre famille.

« Je ne prêtes pas ma confiance à quiconque, je tiens à vous le déclarer. »

« Je ne comptes pas l’acquérir. Ce n’était pas mon but … vous savez déjà ce que je veux, non ? Et pourquoi ne pas utiliser des cimeterres en bois ? Tout simplement à cause du poids. Vous avez passé trop de temps avec des armes factices et cela est problématique. Vous devez garder le poids des armes en métal dans vos mains. »

« Pour ne pas perdre cette sensation, c’est ça ? C’est donc l’explication sur le fait que je me débrouille moins bien que mon petit frère au combat, n’est-ce pas ? »

« Hum … De ce que j’ai vu, votre petit frère a un talent naturel pour le combat, c’est encore autre chose, il faut reconnaître mais vous n’êtes pas en reste ! »

« Je pense que si je lui donnes ce compliment de la part d’un membre de la Rage, il sera ravi. Il est vrai que pour les cours plus théoriques, il est moins doué … Mais bon … »

« Ce n’est pas de lui dont nous parlons aujourd’hui. Acceptez ce présent de ma part, vous ne le regretterez pas, je vous le promet. »

Une promesse ? Ils en étaient maintenant à ça ? Est-ce que cet homme avait vraiment la moindre idée de ce qu’il était en train de dire ? Il n’en était pas vraiment sûr, loin de là. Enfin bon, voilà qu’il s’était mis à haleter bruyamment, remarquant qu’il était en sueur alors que Klork était à peine essoufflé.

« Vous faites combien d’heures par jour pour ne pas être exténué comme moi ? »

« Moi-même ? Oh … Hum … Disons que généralement, j’en fais pour huit à dix heures. Vous savez, c’est comme une sorte de métier. Je ne le regrette pas le moins du monde. »

« Huit à dix heures d’exercices de la sorte ?! Tu plaisantes, j’espère ! Comment est-ce que tu fais pour tenir le coup ? Tu dois avoir mal partout, n’est-ce pas ? Je veux bien ta recette magique pour ne pas être complètement en train de ramper au sol à la fin ! »

« Une recette magique ? Disons l’habitude ? Au tout début, lorsque l’on commence à quatre ou cinq ans, c’est très difficile. Puis, il y a certaines choses qui sont plus dures pour certains que pour d’autres. Mais voilà et .. Oui ? Pourquoi ce visage, Zéran de la Vanité ? »

Ok. Ils étaient vraiment pas du même monde. Le contraste entre la Vanité et la Rage venait de s’agrandir mais d’une façon vraiment gigantesque. Il ne s’était jamais posé la question avant aujourd’hui mais c’était à se demander s’il était vraiment un félémon et pas un monstre. Il poussa un profond soupir avant de dire :

« Nous, à quatre ou cinq ans, on commence simplement à écrire et lire, rien de plus. Tu sais le faire ou quoi ? Enfin, tu sais … ça, non ? »

« Je n’ai pas vraiment une culture aussi développée que la vôtre mais oui, j’ai les bases de l’écriture, de la lecture et des mathématiques. Disons que nous nous embarrassons pas de ces choses théoriques dans la famille de la Rage. »

« Pfiou … Ouais … Je note. Bon, tu sais quoi ? Suis-moi, je crois qu’on va aller se désaltérer et se restaurer. Trois heures et je suis complètement lessivé. Je crois que Kosmor se moquerait bien de moi et les servantes aussi. »

« Les servantes semblent très proches de vous, est-ce qu’elles sont de votre famille ? J’ai cru entendre que c’est ainsi que cela se passe dans votre famille. »

« Tu crois bien, Klork de la Rage. Ca a toujours été ainsi et pas autrement. On préfère toujours rester entre membres de la Vanité. Ce sont donc des lointaines cousines, parfois au septième ou huitième degré. En plus, ça ne pose généralement aucun problème pour le mariage entre personnes de la même famille … enfin, généralement hein ? »

« Je comprend. Chez nous, nous n’avons pas vraiment des serviteurs, plutôt des aides au combat. Peut-être qu’un jour, vous aimeriez voir ? »

« Euh … Non merci. Je crois que s’ils ont tous votre physique, je vais avoir l’air d’un lilliputien contrairement à eux. » dit-il, repensant a groupe qui accompagnait Klork hier.

« Non, il ne faut pas dire cela, loin de là. Enfin, j’avoue que je ne suis pas le plus grand voire même l’un des plus petits et … »

« Après ce que je viens de dire, tu oses m’annoncer ça ! Non merci et deux fois plutôt qu’une ! » s’exclama le jeune homme aux cheveux blonds, passant une main dans la sueur qui parcourait sa chevelure. Pfiou … Il était maintenant debout, ramassant les armes avec Klork pour les ranger reprenant : « Bon, tu me suis. Si tu te perds, on risque d’avoir encore des soucis avec les gardes. »

« Comme vous le désirez. Je vous accompagne donc, Zéran de la Vanité. »

Zéran de la Vanité. Zéran de la Vanité. Il trouvait vraiment cela un peu lourd à prononcer à chaque fois mais en même temps, il n’était pas sûr que ça se passe autrement hein ? Il poussa un nouveau soupir, finissant par déclarer d’une voix qui se voulait calme :

« Tu peux m’appeler tout simplement Zéran, ça suffira. Et pas de mais … Si je t’appelle uniquement Klork, j’imagine que ça suffira, n’est-ce pas ? »

« Je ne pense pas que je serais capable de vous appeler de la sorte, j’en suis vraiment désolé. C’est malheureusement au-dessus de mes forces. »

« Et bien, que tu sois malheureux ou non, je m’en contrefous. Tu vas faire un effort et tu ferais bien de commencer à t’entraîner dès maintenant. »

« Je ne crois pas avoir le choix. Est-ce une manière de m’apprendre à bien me tenir dans la société qui compose la famille de la Vanité ? »

« On va dire ça comme ça … Ouais … C’est peut-être une bonne idée. Dorénavant, on verra aussi pour que tu retires ton armure lorsque tu ne combats pas. Tu donnes vraiment l’impression d’être un colosse avec ce truc sur les épaules. »

« Mon armure est comme ma seconde peau. Je ne préfère pas la retirer … »

Oui, oui, il ne préfère pas et pourtant, il va faire des efforts. Voilà que le jeune homme continuait de discuter avec son compagnon de la Rage, ne remarquant guère les discussions entre les différents serviteurs de la Vanité. Peut-être qu’il ne le ressentait pas encore mais peu à peu, il changeait et cela pour le meilleur.

« Après, on ira aussi s’éponger et s’arroser le corps avec de l’eau car là … »

Hmmm ? Klork s’était arrêté pendant quelques secondes avant de signaler que oui. Pourquoi est-ce qu’il y avait eut cette petite interruption ? Il n’en avait strictement aucune idée mais ce n’était pas bien grave de toute façon. Ah … Sacrée première journée d’entraînement.

Chapitre 45 : Une utilité

Chapitre 45 : Une utilité

« Dites, quelle est la chambre d’invités la plus proche de la chambre de la princesse ? »

Il avait posé la question alors qu’il se trouvait seul, suivant une servante cornue qui le guidait … encore et toujours à travers les couloirs. Sans même s’arrêter, la servante demanda :

« Pourquoi une telle question, je vous prie ? »

« Par mesure de sécurité, je voyage aux côtés de la princesse Elise depuis des semaines voire des mois. Je préfère éviter de la laisser seule trop longtemps. »

« Dois-je prendre ces paroles au pied de la lettre ou non ? »

« Je ne vois pas de quoi vous voulez parler exactement mais j’imagine que vous m’avez bien compris, n’est-ce pas ? A partir de là … est-ce que vous en avez une, s’il vous plaît ? »

« Oui, bien entendu. Nous y sommes, même. » déclara la servante alors qu’ils se trouvaient devant une porte. En fait, depuis le début, elle n’avait jamais envisagé de l’emmener ailleurs, n’est-ce pas ? Dès l’instant où il avait posé la question, elle avait juste désirer le titiller.

« D’accord … Merci bien alors ? C’est ce que je dois dire, je crois bien, non ? »

« C’est exactement. Je vous souhaite de passer une agréable après-midi. Je viendrais vous chercher à l’heure du dîner, bien entendu. Vous êtes l’invité de l’empereur. »

Elle s’inclina et fit un léger sourire amusé. Oui, elle n’a pas une tenue comme celle de l’auberge d’auparavant mais ça ne changeait pas grand-chose. Bon ! Zou ! Il referma la porte un peu plus vite que prévu avant de d’observer sa chambre. Ah oui … C’était pas vraiment le même style que chez Manelena mais on pouvait sentir que c’était une chambre royale .. ou presque. Celle d’Elise devait être encore plus spacieuse et impressionnante.

« Je me demande ce qu’elle fait de son côté. Espérons qu’elle va bien. » murmura t-il à lui-même avant de déposer ses affaires sur le lit. Enfin du repos. Entre l’agression de la part de ce renifleur, la rencontre avec l’empereur et le dialogue avec ce dernier, il avait l’impression qu’un mois s’était passé en quelques minutes … et cela lui donnait un sacré mal de crâne. Il avait juste envie de fermer les yeux et penser à autre chose.

Mais là, il regardait ses livres sur les golems. Il y avait des paroles étranges chez l’empereur. Il avait évoqué les golems … comme s’il trouvait cela normal que ça soit lui qui sache les invoquer. D’ailleurs, ses golems, il ne savait pas … pourquoi il les trouvait si différents. Ils étaient vraiment bizarres depuis la mort de Clari

« Hum … Bon, j’ai rien à perdre de mon côté. Autant le faire ici et maintenant. »

Il avait finit par s’asseoir sur le lit, tendant sa main droite, paume ouverte, commençant à concentrer ses pouvoirs. Son but ? Il allait tout simplement créer un golem miniature. Oui, une réplique miniaturisée de ses golems. D’ailleurs, ce ne fut pas bien difficile, contrairement à ce qu’il pensait. Dans sa main tenait maintenant un petit être fait de pierre d’une hauteur de vingt centimètres au grand maximum.

« Coucou toi … Je ne pensais pas réussir à créer cela … mais enfin, en même temps, vue certaines de mes créations, je ne devrais pas être étonné. Je me demande si tu serais capable de m’aider si nécessaire. Hum … »

Il n’avait jamais vraiment réfléchit auparavant mais y avait-il un moyen de permettre de voir avec les yeux du golem ? Enfin ses yeux … Il fallait les faire hein ? Ou alors y avait-il une distance maximale entre le golem et son créateur avant que ce premier ne se désagrège comme si de rien n’était ? Il n’en avait strictement aucune idée.

« C’est étrange comme … tu sembles plus animé que les premiers. »

Oui, il était plus « naturel » que dans ses souvenirs. Avec son doigt, il laissait le golem tenter de l’attraper … comme le ferait un petit animal qui vient de naître. Hahaha … A quoi est-ce qu’il était vraiment en train de s’amuser là, en ce moment même ?
Il en avait … strictement aucune idée malheureusement. Dans un long soupir, voilà qu’il se posait la question avant de déposer le petit golem à ses pieds. Hum … Le golem attendait un ordre, n’est-ce pas ? Et pourquoi pas ça ?

« Sois autonome. » dit le jeune homme aux cheveux bruns avec lenteur, attendant de voir comment le golem allait réagir. Normalement, un tel terme ne pouvait pas être possible. Du moins, un ordre de la sorte n’était pas possible.

Quoi ? Comment que … Le petit golem était en train de se mouvoir. En fait, il tournait en rond, percutant les pieds du lit et les meubles, sans rien faire d’autre. Normalement, il ne devait même pas comprendre ce terme, non ?

Voilà qu’il s’était couché sur le ventre sur le lit pour étudier ce golem miniature. Oui, il ne savait pas combien de temps il avait passé mais il donnait de petits ordres verbaux au golem, attendant de voir ses réactions et autres. Il avait l’impression de parler à un animal quand il disait « Assis. Couché. Debout. » mais le golem s’exécutait sans rechigner.

Oui … Il n’avait pas de volonté propre, c’était absurde. Les golems ne pouvaient pas parler, ils ne pouvaient pas réfléchir par eux-mêmes, ils n’étaient pas conscient. Il n’avait pas d’idée sur le fait qu’il pensait à une telle chose mais … bon … pas bien grave, n’est-ce pas ?

Hum … C’était étrange. Il n’avait aucune raison de s’en faire. Il n’avait aucune raison … de chercher plus loin mais en même temps, il n’avait aucune raison … de continuer plus longtemps, n’est-ce pas ? Ah … C’était bête.

« Messire Tery ? C’est l’heure du repas. Je suis venue vous chercher. »

« J’arrive tout de suite. Par contre, ne partez pas … car je ne saurais pas me repérer. » dit-il avant de se relever, se mettant debout. Bah … Pourquoi pas ? C’était absurde … et surtout devant le monarque mais bon ?


Il incita le petit golem à venir près de lui, finissant par le reprendre en main avant de le déposer sur son épaule. C’était absurde … tellement absurde mais en même temps, le golem était sage comme une image. BAH ! Hahaha ! Ah … Il sortit de la chambre.

« Qu’est-ce donc que cela ? » demanda la servante, intriguée en voyant le petit golem sur l’épaule de Tery. Celui-ci le présenta d’un doigt avant de parler :

« Bah … Rien de plus ou de moins qu’un golem miniature. Je voulais l’étudier et observer ses réactions à table. Je pense que ça devrait … »

« Je ne suis pas vraiment sûre que l’empereur apprécie cet invité … surprise si vous voulez tout savoir. C’est un conseil que je vous donnes. »

« Ne vous en faites pas, il sera muet comme une tombe. Ce n’est pas comme si un golem pouvait parler de toute façon, n’est-ce pas ? »

« Je ne suis pas vraiment sûre de bien saisir cet humour. Est-ce que je peux juste sourire et faire comme si je vous comprenais ? »

« Faites donc, faites donc. Au moins, on dira que cela permettra de faciliter la conversation entre vous et moi, n’est-ce pas ? » dit le jeune homme aux cheveux bruns, faisant un petit sourire à la servante, sourire qu’elle lui rendit.

« C’est étrange … ce genre de visages. J’avoue ne pas y être habituée. » dit-elle après quelques instants alors qu’ils se dirigeaient vers la salle pour le repas.

« Oh ? A ce point ? Vraiment ? Est-ce que j’ai l’air d’un monstre à vos yeux ? »

« Plutôt le contraire … Oh, vous n’êtes pas naïf hein ? Je dirais juste que vous … êtes plus chaleureux, c’est vraiment pas désagréable. AH ! Excusez-moi, je déroge à mon rôle. »

Il haussa les épaules Il n’était pas vraiment enclin à faire la morale sur les différences sociales vu qu’il provenait d’un petit village perdu au milieu de Shunter. Bon, depuis, de l’eau avait coulé sous les ponts mais ça ne changeait rien à ses réflexions sur le sujet.

« Pas bien grave, je ne vais pas vous limoger. Vous avez le droit d’avoir votre opinion. »

« Hahaha … Cela se voit que vous n’êtes vraiment pas de notre capitale. De tels propos n’existent pas ici … et je pourrais aisément être tuée pour mes paroles. »

Très agréable à connaître. Il évita de faire la remarque, regardant simplement la servante. Bah … Elle était assez petite par rapport à lui qui n’était pourtant pas bien grand déjà à la base. Sa tenue était plus commune que celle de l’auberge où ils avaient dormi.

« Voilà … Si vous voulez bien rentrer dans la salle, je vous prie. » dit-elle d’une voix plus douce qu’au départ alors qu’elle le présentait devant une double porte, disant un peu plus fortement : « Messire Tery. »

Messire … Il avait vraiment du mal avec ce terme. Il n’avait rien de ça. C’était pourtant pas si compliqué à connaître, n’est-ce pas ? Mais bon, il n’allait pas faire la remarque une nouvelle fois avant de pénétrer dans la pièce. Elise était déjà au bout d’une table tandis que l’empereur était à l’autre bout. Heureusement pour lui, cette salle … n’était pas très grande. Pourquoi s’était-il imaginé une table de vingt mètres de longueur ? Bah … Quel imbécile.

« Veuillez prendre place, je vous prie. » dit la servante sur un ton neutre avant de l’emmener à une chaise vide, nullement à côté d’Elise ou l’empereur. Bon … Et bien. Il remercia la servante avant de s’asseoir, prenant place. Zut … Les couverts et tout le reste.

« Le repas va être servi. Je vais prévenir les cuisiniers. »

La servante qui continuait de parler, encore et toujours. Il ne savait pas sa place dans la hiérarchie des servantes mais n’était-elle pas haute placée ? Enfin, elle s’inclina respectueusement avant de partir, laissant Tery avec les deux autres personnes.

« Comment trouves-tu ta chambre, Tery ? » demanda l’empereur après quelques instants, portant à ses lèvres un verre contenant visiblement de l’alcool.

« Très spacieuse, empereur. Je ne suis pas encore tellement habitué à tout cela. Je pense qu’il me faudra un temps d’adaption avant que je ne doive quitter le palais. »

« Quitter le palais ? » demanda Elise en regardant Tery, son sourcil se levant avec suspicion.

« Je ne peux pas rester dans le palais royal. Je ne suis pas du même sang que vous deux. »

« C’est n’importe q… » commença à dire Elise, l’empereur faisant un mouvement de la main pour l’inciter à se taire. Mouvement qui avait du mal à avoir toute sa portée envers la femme aux cheveux auburn.

« Il est bien de savoir reconnaître sa place, Tery. Néanmoins, dans le royaume des démons, chacun possède une utilité et il n’est pas impossible de pouvoir trouver la tienne. »

« Je n’ai jamais vraiment chercher à la connaître. A la surface, je voyageais sans avoir de réelles raisons à chacun de mes pas. Je passais mes journées avec mes compagnons, mes soirées avec mes livres sur les golems et … »

« Si tu me racontais tout ça à ton sujet ? Cela fera un sujet de discussion qui pourrait être assez intéressant. J’aimerai connaître celle qui t’a porté en son être. Il faut être une femme d’une force exceptionnelle pour pouvoir donner vie à un démon. Malheureusement, de ce que j’ai appris, ce n’est guère possible d’en parler pour toi, Elise. »

« Humpf. » marmonna Elise, baissant la tête alors que le début du repas arrivait, porté par différents plateaux et servantes. Raconter tout au sujet de sa mère ? Il allait sûrement devoir aussi évoquer l’histoire concernant son père et les gnomolds, non ?

« Si vous en avez vraiment envie mais tout d’abord … est-ce que vous savez ce que sont les gnomolds ? Il paraitrait qu’ils sont là depuis des siècles et … »

« Cela ne me dit rien du tout. Qu’est-ce donc que cette espèce ? »

« Et bien … Il semblerait qu’elle se focalise sur la chasse aux démons. Je ne sais toujours pas pourquoi j’ai survécu à plusieurs rencontres avec eux mais bref … Je vais commencer par le début et ça sera bien plus simple pour vous expliquer ensuite. » dit le jeune homme aux cheveux bruns, cherchant à garder son calme.

Tout d’abord évoquer, de ce qu’il savait, la rencontre entre sa mère et son père. Bon, malgré les nouveaux détails appris depuis qu’ils étaient dans le monde souterrain, il savait simplement que sa mère et son père s’étaient rencontrés à Omnosmos, que sa mère avait abandonné la bibliothèque familiale et la capitale pour aller vivre dans un petit village dans Shunter. Sa mère qui avait pris … tellement de poids. Oui, non, le petit détail là, il n’avait pas besoin de s’en rappeler.

« Mon père a essayé de me donner aux gnomolds pour pouvoir survivre. »

« Il était sûrement un démon de bas étage. C’est à ces derniers qu’on confiait les seringues. Comme ils étaient bien plus faibles, les rares moments où les différentes ouvertures vers la surface étaient présentes, ils pouvaient alors traverser les portes et aller à la surface. »

« Je vois, je vois … C’est … logique en un sens. Et donc, rien d’étonnant à ce qu’il soit faible et qu’il n’ait pas vraiment hésité à me sacrifier pour sa propre survie. »

« Ces gnomolds sont d’étranges créatures. De ce que tu me dis, il semblerait qu’elles soient anciennes et puissantes, du moins, les plus anciens d’entre eux. »

« Il s’agit d’un gnomold au sommet de la hiérarchie magique dans Omnosmos, la capitale du monde à la surface. C’est donc … rien d’étonnant. »

« Continues donc à me raconter toute ton histoire. Il y a visiblement tellement de choses à connaître et à apprendre. Elise, si tu te sens le besoin de le corriger, tu pourras le faire. »

« Comme vous le désirez … … … père. »

Elle avait toujours mal à s’exprimer de la sorte mais bon, elle cherchait à faire quelques efforts. Le jeune homme aux cheveux brun reprit la parole, racontant alors tout ce qu’il savait, tout ce qu’il avait vécu, depuis son enfance jusqu’à son départ de son village natal.

« Cette personne masquée, qui est-elle exactement ? »

« Une femme qui a été manipulée par deux démons qui sont revenus ici depuis le temps. Lorsque les portes se sont ouvertes, c’est en partie à cau … grâce à eux. »

« Ah, ces deux jumeaux. Des démons d’un certain rang mais bien loin d’égaler ceux des familles les plus prestigieuses de notre monde. Encore qu’en vue de leur réussite, ils ont obtenu un certain rang dorénavant, par mes soins. »

« Oh, j’imagine qu’ils doivent vraiment être très heureux. » marmonna le jeune homme en émettant un grognement de mécontentement qui n’échappa pas à l’empereur.

« Oh ? Une certaine … histoire avec eux ? Tu possèdes enfin ce regard qui correspond à celui de la majorité des démons que je connais. »

« Et … cela ressemble à quoi exactement ? Comment est mon regard ? »

« Ivre de vengeance et désireux de tuer ces deux démons. »

« Vous n’êtes vraiment pas loin de la réalité à ce sujet mais bon … Je vais parler. »

Et raconter encore et encore. Il évoquait ses premiers jours avec Elen, sans connaître réellement son vrai visage. Il lui expliquait ses débuts, son premier combat, leur première dispute, leur séparation, le premier livre sur les golems, la récompense. Tout … Il évoquait aussi les différents voyages dans les nations. Que cela soit du côté d’Honoros, Traslord, Claudiska, Mekalarma … Ah et aussi ce qu’Elen lui avait raconté. Peut-être aussi la vérité sur Manelena et Royan.

« Donc … Même sans être de sang royal, tu as fréquenté deux royautés ? »

« Oh … Oui … Plus que ça même … J’ai connu ces deux personnes … Ah … Enfin bon … C’est une époque un peu révolue maintenant mais bon … »

« Et cette Elen ? Je ne suis pas aveugle et sourd, ton timbre de voix change quand tu évoques son histoire. Qu’est-ce que cela veut dire exactement ? »

« Tery et Elise sont amoureux … Du moins … Ils l’étaient … mais en même temps …3

« Elise, je vais continuer à raconter. Il s’avère que moi et Elen, nous avons vécu tellement de bons moments ensemble qu’un moment, elle et moi avons fini … par nous aimer. Ah … C’est ridicule de parler de ça. J’ai l’air de quoi devant vous. »

« Je ne pense pas avoir à me moquer qu’un démon né d’une humaine tombe amoureuse de l’une d’entre elles. Vous n’avez pas la même conception des relations que nous autres. »

« Oui … On va dire ça comme ça. Bon, j’en étais où ? Ah oui … Elen est une jeune femme vraiment spéciale. Manelena aussi mais tout le monde autour de moi l’est un peu. »

On pouvait dire ça comme ça. Ah … Devoir raconter tout ça à un parfait inconnu, c’était gênant et un peu blessant. Blessant ? Oui … Car cela lui ravivait de mauvais souvenirs, enfin, de très bons souvenirs. Le goût des lèvres d’Elen, sa gentillesse, son corps contre le sien … et puis, il y avait aussi Manelena. Deux femmes si différentes et pourtant qui le marquaient encore bien que cela faisait déjà un bout de temps.

« Je remarque que cette Manelena est … aussi importante qu’Elen non ? Elle est donc devenue reine de Shunter ? Donc de l’un des empires de la surface. »

« Manelena … est … Disons qu’il est maintenant impossible d’envisager un quelconque dialogue avec elle et les autres. »

« Je vois … Le fait d’être descendu sous la surface vous empêche d’avoir tout contacte vos compagnons se trouvant sur celle-ci, n’est-ce pas ? »

« Je ne vous aie pas raconté exactement … la fin de tout cela. Comment nous avons réussi à ouvrir les portes démoniaques. Normalement, vous devriez être au courant vu que vous nous avez envoyé là-bas avec pour but d’ouvrir ces portes. »

« C’est exact … même si cela m’étonnera toujours un peu. Normalement … »

« Il faut le sang des dieux Alzar et Zélisia pour cela et … Elen est leur enfant. »

Il avait entendu le couvert du roi se poser sur la table. Oui, sur le coup, l’étonnement était plus que visible sur le visage du monarque. Il attendait que Tery reprenne la parole, chose qui arriva bien vite pour lui donner des explications :

« Elle possède les deux lignes. Enfin pour la magie, elle est capable d’utiliser celle d’Alzar et celles de Zélisia. De même, les deux dieux se sont réincarnés récemment. Ils nous ont accompagnés … bien qu’ils nous ont caché presque jusqu’au dernier moment la vérité à leur sujet. Enfin voilà … »

« Ils sont vivants ? Les divinités sont vivantes ? Alzar ? Zélisia ? »

« Elise pourra confirmer à ce sujet. Je n’ai aucune raison de vous mentir … je n’en vois pas le besoin et c’est maintenantr derrière nous. »

« Alzar … Celui qui a crée notre race en considérant que nous étions celle supérieure aux autres espèces de Zélisia. Il n’avait pas besoin d’autres races humanoïdes. Les légendes parlaient de sa relation ambiguë avec Zélisia mais … de là à donner vie à un enfant divin ? »

« Et pourtant, c’est le cas même si c’est difficile à croire. Rien que le fait qu’elle soit née en est la preuve … et c’est grâce à son … »

Il ne termina pas sa phrase, respirant assez bruyamment. Mauvais souvenir … Très mauvais souvenir. Il n’avait pas envie de se le rappeler. Il ne voulait pas voir ce visage étonné, il ne voulait pas voir le regard dévasté des autres. Que cela soit de Manelena, Royan et des autres. Elen qui ne comprenait pas ce qui se passait avant que son corps ne tombe sans vie. Manelena qui lui hurlait qu’il n’y aurait pas de retour possible dès l’instant où il franchirait ses portes. Il pensait avoir réussi à passer outre cela mais la vérité était là, absurde.

« Pardonnez-moi mais est-ce que vous m’autorisez à quitter la table dès maintenant ? Je n’ai plus très faim … et je vous avoue que je ne me sens pas très bien. J’imagine que c’est le climat, je n’y suis pas encore habitué. »

Mensonge pathétique et plus que risible. Il fallait être fou pour croire que c’était vrai. L’empereur ne pouvait pas être stupide au point de se laisse avoir par un tel mensonge n’est-ce pas ? Il le regarda, les yeux à moitié clos, comme pris d’une profonde sympathique.

« Avoir parler autant t’a sûrement fatigué Tery. Tu peux te retirer de table. De même, nous avions déjà fini en grande partie. Je pense qu’il nous manque encore bon nombre de détails mais vois-tu, tes paroles et ta présence ont une utilité. »

« Merci pour ces paroles. Si cela ne vous dérange pas, je continuerai à vous expliquer et à vous raconter tout ce que je sais à ce sujet. Maintenant … »

Il se redressa avant de s’incliner devant l’empereur mais aussi Elise. Une utilité ? Aux yeux de l’empereur ? Cela revenait à dire qu’il y avait une chance qu’il reste vivre dans cette ville … et qu’il ne soit pas très loin d’Elise. S’il la perdait elle aussi, il allait sûrement devenir fou. Il ne pouvait pas se permettre ceci. C’était juste … impossible.

Chapitre 4 : Une mentalité à suivre

Chapitre 4 : Une mentalité à suivre

« Que tu sois prêt ou non ne changera rien à ce qui va t’attendre ! »

« Je n’ai pas envie de me battre dans de telles conditions. Je préfère vous signaler que … »

Il ne laissa pas la personne prendre la parole. Il ne se préoccupait pas de ce type ! Il voulait juste lui infliger une bonne correction ! L’éducation, même militaire, était parfaite dans sa famille ! Prétendre le contraire, cela revenait alors à insulter sa famille et il n’allait pas laisser faire ça ! Il en était hors de question ! HORS DE QUESTION !

« Je tiens à me présenter quand même. Je me nommes Klork de la famille de la Rage. »

« Zéran de la Vanité est celui qui te mettra à terre pour te faire ravaler tes paroles ! »

« Il n’est pas question de me faire ravaler mes paroles ou autre. Je ne comprends pas pourquoi vous réagissez de la sorte mais … bon. »

Et il pouvait le vouvoyer autant qu’il le désirait, ça n’allait rien changer ! Ce Klork semblait des plus calmes malgré qu’il avait insulté sa famille ! Le jeune homme aux cheveux blonds chercha à frapper dans la hanche non-couverte par l’armure de métal rouge. Avec de tels actes, il allait être facile de repérer ses points faibles à ce type !

« Tu ne pourras plus lutter très bientôt. Tu as tellement d’ouvertures. »

« Je crois que vous vous méprenez complètement, Zéran de la Vanité. Si je ne suis pas couvert sur de nombreuses parties de mon corps, c’est pour me permettre une meilleure aisance dans mes déplacements. En voilà une preuve. »

Un mouvement sur le côté et il esquiva facilement le coup d’épée en bois de la part de Zéran. Celui-ci, un peu étonné, secoua la tête négativement. Ce n’était pas le moment de se faire avoir comme ça ! Il valait mieux, beaucoup mieux que ce type ! Son professeur était un bretteur hors-pair ! C’était un humain qui, pourtant, vivait avec eux depuis si longtemps. Un étrange humain mais c’était bien un humain !

« Je ne te laisserais pas continuer de la sorte ! Qu’importe si tu penses pouvoir esquiver mes coups, ça ne changera rien du tout ! RIEN DU TOUT ! »

« Vous vous emportez trop facilement. Cela est néfaste si vous voulez obtenir des résultats. Calmez-vous mais gardez cette hargne pour vos coups. Cette force peut être terrifiante si utilisée à bon escient. N’est-ce pas ce que vous désirez ? »

« Mais tais-toi ! Arrêtes de me parler ! Tu ne pourras pas me déconcentrer ! Je ne suis pas aussi faible que ça pour me laisser avoir de cette façon ! » hurla le jeune homme aux cheveux blonds, serrant les dents en tentant d’atteindre sa cible. Rien à faire malheureusement. C’était tout simplement impossible … mais c’était mal le connaître !

« Vous allez finir par vous épuiser et cela ne colle pas avec votre stature qui se veut calme et disciplinée. Nous devrions arrêter ce combat avant que vous ne vous fassiez mal, c’est pour votre bien. Je ne voudrais pas être mal vu par votre père, comprenez donc. »

« Laisses mon père hors de tout ça ! IL N’A RIEN A VOIR ! » hurla Zéran avec colère.

Pourquoi parler de lui alors qu’ils sont en plein combat ?! Ce jeune homme en armure rouge, il continue de se moquer ouvertement de lui ! Il semble en avoir rien à faire de ce qu’il ressent ! Il se fichait complètement de lui, ça n’allait pas se passer comme ça ! Une fois, deux fois, mais pas trois ! Il allait exterminer l’existence même de cet enfoiré !

Enfin, c’est ce qu’il avait prévu mais il n’était pas sûr d’y arriver. Ses coups, à chaque fois, ils ne touchaient pas sa cible ou du moins, pas directement. Cet homme arrivait à se battre avec une telle aisance mais surtout à parer ses coups comme si de rien n’était.

« Qu’est-ce que tu me cherches exactement ? Qu’est-ce que tu as à y gagner ? »

« Cela me permet de voir ce qu’est réellement l’héritier de la Vanité. Rien de plus, rien de moins. Si cela me permet aussi de constater sa force, je ne suis que gagnant dans l’histoire. »

Comme s’il venait de commettre un impair à parler de la sorte, l’homme posa une main devant sa bouche pour se taire. Visiblement, il était grandement gêné par ce qu’il venait de dire et il hocha la tête négativement plusieurs fois.

« Je devrais plutôt ne plus parler. Ce n’est pas dans mes habitudes de m’exprimer ouvertement envers une personne qui m’est complètement inconnue. Je tiens d’ailleurs à me présenter une nouvelle fois: je me nommes Klork de la Rage et comme vous vous en êtes sûrement douté, je suis le représentant de la famille de la Rage. Enchanté. » dit-il en une longue tirade.

« Enchanté ? Tu te fous de ma gueule ? En plein combat ? Mais tu me prends vraiment pour un mec ridicule, c’est ça hein ? Tu crois que je n’ai aucune chance contre toi ou quoi ? »

Il allait lui montrer à quel point il se trompait complètement ! Il allait bien finir par l’atteindre ! Mais en même temps, le souffle commençait à lui manquer et il sentait bien que sa tête tournait. Dans le fond, depuis le début de la journée, il s’entraînait presque sans cesse. Bien entendu, il se reposait entre mais ça ne changeait pas grand-chose.

« Je ne veux pas vous paraître insultant, ce n’est pas du tout le cas, Zéran. »

Alors … Qu’il arrête ce petit jeu stupide. Peut-être qu’en s’excusant d’avoir insulté son professeur et indirectement sa famille, il pouvait lui pardonner. Non … Ce Klork, il le regardait sans avoir de la pitié. C’était pire que ça. Il semblait … vraiment gêné par ses propres paroles. Est-ce qu’il s’en voulait réellement ?! Zéran marmonna à voix haute :

« C’est tout simplement absurde. Pourquoi est-ce que tu as voulu m’affronter ? »

« Hein ? Mais je n’ai pas voulu cela. Vous vous trompez complètement, n’est-ce pas ? »

Le jeune félémon aux cheveux blonds émit un petit rictus de colère. Il ne pouvait pas nier ça … Ce type, malgré sa taille et son allure, il ne semblait pas médisant ou méchant mais il l’avait provoqué ! Il devait se battre avec lui ! C’était par respect pour son maître !

« Qu’importe qui ou quoi est à l’origine de tout ça, je combattrais jusqu’au bout. »

« Et si au lieu de considérer cela comme un désir de revanche, on voyait ce combat comme un entraînement, qu’en dites-vous, Zéran ? »

« Un entraînement ? Pourquoi est-ce que j’accepterai un entraînement avec vous ? Donnez-moi une bonne raison que de m’entraîner avec vous ! »

« Et bien … Simplement pour mieux se connaître ? Je suis sûr que cela est une bonne chose et nous permettra de partir sur de bien meilleures bases, non ? »

Il commençait presque à perdre toute envie de se battre. Ce type, malgré qu’il était de la famille de la Rage, il lui donnait plus l’impression d’être de l’Oisiveté. Ses parole étaient calmes, beaucoup trop calmes pour le candidat de la Rage ! Il voyait plus ces êtres tout ravager sur leurs passages, ne laissant que désespoir et perdition derrière eux.

« Tu me fatigues … Même si c’est un entraînement, tu n’aurais aucune chance de me battre. Je suis l’aîné de la famille de la Vanité. Mon père est le monarque actuel. Ma puissance est donc sans pareille contrairement à la tienne. » continua de dire Zéran avec moins de véhémence.

« Cela reste encore à prouver. Mais donc …Considérons donc ce combat comme une méthode pour apprendre à mieux nous connaître. D’ailleurs, c’est ainsi que les membres de ma famille font pour mieux se comprendre. »

Ah mais qu’il se taise ! Il lui donnait mal au crâne à s’exprimer de la sorte. Haletant, il reprenait sa conversation en fixant l’homme aux cheveux verts en face de lui. Il ne souriait pas, il ne montrait aucune émotion ou expression sur son visage. Mais qu’est-ce qu’il avait un air des plus sérieux. Rah … Ce type voulait vraiment le connaître ?

« Qu’est-ce que tu as à gagner en apprenant des choses à mon sujet ? »

« Rien de spécial mais un combat nous permet de nous donner à fond dans ce que l’on fait. J’ai remarqué à quel point vous étiez enjoué en combattant ce qui semble être votre petit frère. Je me suis dit que pour vous, la famille est vraiment importante, n’est-ce pas ? »

« Ne faites pas comme si vous saviez exactement ce que je ressens. Je ne tomberais pas dans un piège aussi grossier, je tiens à vous le signaler tout de suite. »

« Qui a parlé de piège ? Non, seulement, je trouves cela admirable les personnes qui font ça pour leur famille. C’est pourquoi le fait que vous me proposiez un affrontement, même sous le coup de la colère est une bonne opportunité. »

Opportunité, opportunité, c’est bon, ce type a commencé à l’user réellement. Il ne pensait pas ça possible mais il était vraiment fatigué par cet homme. Pfiou … Il n’avait plus envie de lui faire ravaler ses paroles. Quelqu’un comme lui n’aurait jamais cherché à insulter délibérément les enseignements de son maître bretteur.

« Pourquoi … est-ce que tu as dit que mes mouvements à l’épée n’étaient pas parfaits, loin de là ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Avant que l’on se combatte. »

« Tout simplement car ils sont irréguliers. Vous n’êtes peut-être pas fait pour l’épée. »

« Je me suis toujours entraîné et battu à l’épée depuis mon plus jeune âge. Il est peut-être un peu tard pour prétendre que je ne suis pas bon avec, non ? »

« C’est exact ! Alors, l’éventualité que vous soyez juste inefficient avec votre style de combat à l’épée est tout à fait possible, je suis désolé de vous l’annoncer. »

C’est tard, trop tard pour lui dire ça. Il ne se moquait pas de lui. Cela s’entendait dans le ton de sa voix. Cet homme était sérieux. Les membres de la famille de la Rage étaient les spécialistes du combat. Si ce Klork … déclarait une telle chose …

« Ça ne changera rien. Je vais continuer, jusqu’au bout. »

Pour l’honneur de sa famille, même s’il doit finir sur les rotules, il va encore se battre ! Ce n’était pas le moment de flancher. S’il abandonnait maintenant, autant dire qu’il abandonnait tout ! Il devait … encore tout … recommencer. Comment est-ce qu’il pouvait alors prétendre pouvoir devenir le candidat de la Vanité … s’il ne cherchait pas à dépasser ses limites ?

Voilà que malgré l’interruption, le combat venait de recommencer, sans même que le jeune homme aux cheveux blonds ne cherche à trouver un avantage à battre Klork. Zéran donnait des coups qui partaient généralement dans le vide, frappant à côté de l’homme dans son imposante armure rouge. Ah … Ah … Ah … Il était maintenant bien essoufflé.

« Tu n’as pas du mal à te déplacer ? L’armure n’est pas trop lourde ? Comment est-ce que tu fais malgré celle-ci pour y arriver ? Ce n’est pas … normal de se déplacer ainsi. »

« Comme vous l’avez dit de votre côté, vous avez été habitué pendant des années à vous battre à l’épée. De mon côté, les lourdes charges ne sont plus un problème. »

« C’est … normal … Ah .. Mais ça ne changera rien ! Armure ou pas, je vais te vaincre ! »

Il devait arrêter de parler pour ne rien dire. Le combat n’allait pas pouvoir avancer sinon dans de telles conditions. Il avait déjà l’impression qu’il était retardé depuis pas mal de minutes. En même temps, ses chances étaient infimes de gagner … mais pas inexistantes !

Un coup, un second coup, un troisième coup … et voilà que son épée quitta sa main sans même qu’il ne comprenne pourquoi. Le mouvement de la lame de son adversaire avait été si vif et rapide qu’il ne l’avait pas remarqué. Bafouillant, il observa Klork :

« Qu’est-ce que … Ça veut dire ça ? Tu … Tu as fait quoi ? »

« Votre main n’était pas assez serrée sur la garde de votre arme. Je vous l’aie pourtant déjà dit, non ? A partir de là, il ne me fût pas trop difficile de pouvoir prendre l’ascendant sur vous d’une petite frappe, rien de plus, rien de moins. Est-ce que l’on doit considérer que ce combat est terminé ou non ? J’aimerai … vous parler si c’est possible. »

« Ce combat sera terminé seulement lorsque je l’aurai décidé. » déclara Zéran, récupérant sa lame en bois … avant de la planter dans le sol devant lui. « Il l’est maintenant. S’il a suffit d’un seul coup pour me battre, ça prouve que je suis vraiment en retard dans le domaine du combat et que je ne peux pas faire jeu égal avec vous, Klork de la Rage. »

« C’est … vraiment étrange comme réaction. Étrange mais ce n’est pas déplaisant. »

L’homme aux cheveux verts parut surpris des propos de Zéran. Assez surpris au point de se rapprocher de lui, lui faisant face avant de tendre avec lenteur sa main en sa direction :

« Je tiens à clarifier une nouvelle fois tout cela. Je ne suis pas venu dans le but d’insulter votre famille, Kéran de la Vanité. Je tiens à me présenter : Klork de la Rage. »

« Cela ne fera que la troisième fois vous vous présentez est-ce que vous le remarquez au moins ou non ? Car j’en ait pas vraiment l’impression. »

« A ce point ? Je n’ai guère compter. Je tiens à m’en excuser. Ce n’était guère voulu de ma part que de vous donner cette impression. »

« Ah … Laissez tomber et plutôt, expliquez-moi pourquoi vous ne vous êtes pas moqué de moi comme les autres ? Je ne suis pas aveugle. » marmonna Zéran en faisant un mouvement de la tête pour désigner les autres candidats. Sa défaite n’allait pas arranger les choses, il le savait parfaitement. Entre son petit frère et maintenant ce Klork, autant dire qu’il ne faisait pas bon d’être lui-même. Klork haussa les épaules, répondant :

« Pourquoi le ferais-je ? Je n’ai aucune raison à cela. Vous vous entraînez en famille, ne vous l’ai-je pas dit justement auparavant ? Pourquoi devrais-je en rire ?

« Si bien entendu mais ça ne change pas … enfin, qu’est-ce que vous avez à y gagner ? »

« Vous allez devenir le futur candidat de la Vanité, non ? Alors, il n’est pas anormal que d’entretenir une bonne relation avec quelqu’un qui sera un prochain partenaire dans notre prochaine expédition et … Pourquoi ce regard désolé ? »

« Ce n’est pas envers … vous. » murmura Zéran. C’était étrange. Cet homme ne laissait transparaître aucun mensonge dans sa voix. Pourtant, il savait pertinemment que les êtres de la Rage étaient connus pour être toujours francs, c’était surprenant… très surprenant mais pas dans le mauvais sens, loin de là. Autant être honnête jusqu’au bout : « Rien n’est sûr par rapport à ma nomination. Mon père ne sait pas s’il me choisira. Disons qu’il m’a signalé que je manquais de beaucoup de choses sauf que je n’arrive pas à percevoir de quoi il s’agit. »

« Oh … Il faut avouer que cela est assez problématique. Sans savoir ce qui nous attend, il est parfois difficile de progresser dans l’inconnu. »

« Mais il est hors de question d’abandonner maintenant ! J’arriverai à devenir le candidat de la Vanité mais surtout le prochain monarque ! »

« Gardez cette volonté, Zéran de la Vanité. » lui dit Klork, faisant un petit sourire. Zéran le remarqua, un peu perturbé par ce dernier. Hey … C’était quoi ça ? Pourquoi est-ce qu’il était en train de sourire comme ça ? Désarmé par ça, il bredouilla :

« Oui, je vais la garder mais il faut voir si ça va payer un jour, ça, j’en suis pas certain. »

« Je ne peux pas vous aider pour le reste mais j’ai une proposition à vous faire. »

« Hum ? Quoi donc ? » questionna le jeune homme aux cheveux blonds, devenant aussitôt suspicieux. Bien entendu, voilà bien. C’était logique, il y avait toujours un piège et …

« Laissez-moi donc vous servir de partenaire pour votre entraînement au combat. »

« Hein ? Que … Enfin … Pourquoi cela ? » dit Zéran, ne s’étant visiblement pas attendu à une telle proposition de la part du candidat de la Rage. Encore un peu surpris, cela commençait à faire beaucoup en une journée, il reprit : « Qu’est-ce que vous avez réellement à y gagner en vous exprimant ainsi, je peux savoir ? »

« Comme je vous l’ai dit, j’ai apprécié votre entraînement contre votre petit frère. Vous avez un esprit familial très fort et cela est une qualité remarquable pour un félémon. »

« Est-ce que vous n’auriez pas pris un coup de trop sur la tête à vous exprimer comme ça ? Une qualité remarquable ? Il n’y a bien que la famille de la Vanité qui pense de la sorte et encore, ce n’est pas totalement vrai. Vos mensonges ne m’affecteront pas, je vous préviens. »

« Il est nul question de mensonges, loin de là ! J’ai … le désir de vous entraîner pour vous permettre d’accéder à votre rêve. J’ai le sentiment que si je ne le fais pas, je regretterais le fait de ne pas vous avoir laissé cette chance même si ce n’est pas moi qui prendra la décision finale. Si vous ne devenez pas candidat de la Vanité, j’ai cette sensation que vous perdrez toute volonté de vivre et … ce n’est pas possible. »

« Arrêtez vos imbécillités et … taisez-vous. Je crois que j’en ait assez entendu pour aujourd’hui. Vous en avez fini avec mon père, n’est-ce pas ? Alors, il n’y a plus aucune raison pour vous de rester ici aujourd’hui. »

Cet homme. Qu’est-ce qu’il se permettait ? Pourquoi est-ce qu’il en savait autant à son sujet ? Il avait presque l’impression de lire dans ses pensées les plus secrètes. Est-ce que ça voulait dire que son père … l’avait prévenu à son sujet ? C’était n’importe quoi.

« Comme … vous le désirez. Je ne peux pas vous forcer la main, loin de là. »

« Néanmoins, vous pouvez convenir d’une heure matinale dès demain. Mais je tiens à vous prévenir : je ne comptes pas m’arrêter avec un simple entraînement d’une heure ou deux. Vous finirez sur les rotules sans pouvoir reprendre votre souffle. Est-ce que vous comprenez ? »

« Je n’en attendais pas moins de votre part, Zéran de la Vanité et il me tarde simplement d’être demain. Est-ce que cela vous dérange si je ramène plusieurs équipements pour l’entraînement ? Nous pourrons juger alors comment vous améliorer. »

« Tant que vous n’empoisonnez pas la garde des armes que vous allez ramener, je ne vois aucune raison de refuser ça, loin de là. Bref … Je vais retourner dans mes quartiers. Je crois que pour aujourd’hui, j’ai été assez atteint par la défaite »

Sans aucune salutation de sa part, il se retourna pour s’éloigner de Klork de la Rage. De toute façon, il passa en ignorant les autres candidats, sans même un regard en leur direction. Ces types avaient parfaitement entendu ce qu’il avait dit, n’est-ce pas ? Les sept familles étaient donc au courant qu’il allait être entraîné par celle de la Rage.

Pfiou … Aujourd’hui, cela avait été vraiment une journée mentalement épuisante. Il ne s’était pas attendu à une telle rencontre avec un membre provenant d’une autre famille. Ce Klork, c’était étrange de vouloir chercher à l’entraîner. Surtout pour prétendre que cela avantagerait tout le groupe. D’ailleurs, il n’avait même pas vu ses cornes.
C’était … si … bizarre. Il y avait un piège quelque part. Accorder à sa confiance à une autre famille reviendrait à signer son arrêt de mort. Cela avait toujours été ainsi et pas autrement. C’était son seul mode de pensée. La seule façon pour lui de voir les choses. Pourtant, ce Klork, il était vraiment trop honnête. Il prétendait que c’était plaisant de voir un félémon se comporter comme ça envers sa famille.
Etant retourné dans sa chambre, ses pensées continuaient de tournoyer dans son esprit, l’invitant à se coucher sur son lit avant de sombrer dans le sommeil. Est-ce que ça voulait dire que Klork réagissait de la même manière envers sa propre famille ? Il était vraiment très étrange ce type. Il n’arrivait pas à le chasser de son esprit.

Enfin bon, ce n’était pas bien grave dans le fond … c’est ce qu’il aurait aimé se dire. Lorsqu’il se réveilla, il était toujours sous le choc. Encore perturbé par cette rencontre, il ne toucha guère à son repas dans son assiette au dîner, son petit frère lui en faisant la remarque.

« Dis, dis, grand frère, tu es malade ou quoi ? Tu as à peine mangé aujourd’hui ! »

« Zéran. Je n’ai pas voulu faire la remarque devant les employés mais tu as osé oublier l’un de nos rendez-vous ? J’avais demandé à ce que tu me rejoignes dans la salle du trône mais tu ne l’as guère fait. Une servante m’a signalé que tu t’es combattu contre l’un des candidats et qu’ensuite, tu es parti directement dans ta chambre pour te reposer. »

« Que … Euh … Oui … C’est vrai, père. Je suis vraiment désolé. » dit le jeune homme aux cheveux blonds, comme pris en défaut une nouvelle fois. C’était … la première fois qu’il avait oublié un tel rendez-vous. Son père devait être furieux et …

« J’ai aussi entendu dire que tu avais déclaré que ce candidat pouvait revenir demain pour participer à tes entraînements au combat, n’est-ce pas ? Et cela, sans même chercher à avoir mon autorisation. Est-ce que je me trompes ? »

« N.. N… Non ! C’est peut-être de l’impudence de ma part et dès demain, je lui dirais de retourner chez lui tout en m’excusant de la gêne occasionnée. » bredouilla Zéran, ne sachant plus où se mettre. Ses yeux rivés sur son assiette, il sentait bien que c’était définitivement fichu pour lui que d’espérer devenir le candidat de la Vanité.

« Non, tu iras honorer ce que tu as proposé à ce jeune homme de la Vanité et tu iras profiter de l’entraînement qui en sortira. Pour une fois que tu acceptes une aide extérieure à la famille, c’est une bonne chose. Continues sur cette voie, Zéran. »

Hein ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce que son père le félicitait ? Ce n’était … pas normal non ? Ce n’était pas ce à quoi il s’était attendu de sa part. Ce n’était pas ça qu’il pensait obtenir comme réponse. Pourtant, quelque part, dans son cœur, un soulagement s’était fait ressentir. Était-ce parce le fait qu’il allait pouvoir confirmait ce qu’il avait prévu avec Klork ? Ou le fait que son père lui avait dit ces quelques paroles ? Il … n’en savait rien du tout.

Chapitre 3 : Abus de méfiance

Chapitre 3 : Abus de méfiance

Qu’est-ce que ces types voulaient ? Ils étaient toujours là, en train de le regarder. Est-ce qu’ils avaient envie de se battre ? Car si tel était le cas, il n’aurait aucune hésitation. Enfin non, il fallait être un peu sérieux, c’était tout simplement impossible de gagner contre autant de personnes. Néanmoins, qu’est-ce qu’ils avaient tous à le fixer de la sorte ?
Certains étaient en train de sourire, d’autres non. Il ne cherchait même pas à les étudier plus en détail. Il remarquait juste qu’il y avait autant de filles que de garçons, comme il l’avait bien vu la première fois qu’ils étaient passés dans les couloirs. Hmm … Bon, ce n’était pas bien grave. Il n’avait pas à s’intéresser à ces types.
Il se pencha en avant, récupérant les épées et les boucliers en bois que lui et Kosmor avaient utilisés pour leur entraînement à deux. Bon puisqu’il en était ainsi, autant continuer sur cette voie et ensuite, il verrait par lui-même ce qu’il allait faire. Ça allait être bien mieux. De quelle voie il parlait intérieurement ?
Celle de l’ignorance complète de ces personnes dont il ne connaissait rien du tout. Pourquoi continuer à les regarder et les observer alors qu’il ne s’y intéressait pas ? Mais bon, ceux qui ne se moquaient pas de lui … En fait, il n’y avait bien qu’une seule personne qui n’avait visiblement aucun sourire en le regardant. Elle était impressionnante en taille, non ?
Et ces atours … Hmm … Non, il était hors de question de commencer à trouver un quelconque intérêt pour une autre famille. Si cette personne était une pince-sans-rire dans sa propre famille, ça ne le regardait pas le moins du monde. Mais … vraiment …

De toute façon, ces personnes, même si Kosmor voulait qu’il devienne ami avec elles, c’était tout simplement impossible. La mission qui était confiée aux sept candidats pour nommer parmi eux le futur chef des félémons était du genre très sanglante. Bien entendu, à chaque fois, c’était la famille de la Vanité qui avait son représentant qui finissait par gagner mais ce n’était pas qu’un simple détail à noter.

« Ces types, ils attendent de moi un adversaire à leur hauteur. Non, c’est le contraire, ils se moquent de moi. Ils se disent que j’ai l’air bien ridicule. »

Ridicule ? Tout simplement car il n’est pas aussi bien que son père. Car il s’est entraîné avec son petit frère et qu’il s’est fait battre à plate couture ou presque. Il n’était pas assez bien aux yeux de tous et de toutes ! Il n’était pas con ou aveugle ! Il avait parfaitement compris ça ! Il savait parfaitement ce que …

« Maître Zéran, que se passes t-il ? Vous vous êtes encore sali ! »

« Désolé mais mon petit frère voulait que je l’entraîne. Je n’ai pas put refuser sa demander comme d’habitude Vous savez comment il arrive à faire son regard larmoyant, n’est-ce pas ? Il est si efficace avec cette arme, ça en est surprenant. Ah … Dites, pourquoi est-ce qu’ils sont encore là ? Je pensais que c’était fini ? »

« Hmm … En fait, de ce que j’ai cru comprendre, votre père veut les voir, individuellement. C’est pourquoi ils attendent l’ordre avant d’aller se présenter à lui sûrement pour un interrogatoire un peu plus poussé. C’est tout ce que je sais d’un des gardes, pardon. »

« Oh, vous n’avez pas à vous excuser. C’est déjà pas mal comme information. Qu’ils ne viennent pas saccager néanmoins le jardin pendant qu’ils le visitent. »

Il y tenait. Il ne pouvait pas dire que c’était un souvenir de sa mère ou autre. Il n’en avait aucun souvenir. C’était aussi simple que ça. Son père lui avait juste signalé qu’il s’agissait d’une femme d’une extrême beauté, difficile à oublier … alors pourquoi lui-même ne s’en rappelait pas le moins du monde ? C’était … déplaisant.
Grumpf. Par contre, le fait que son père veuille voir les candidats, un par un, là, c’était intrigant. Ce n’était pas dans les habitudes de son père de faire ça. Etait-ce pour faire quelques préparatifs ou autres avant le lancement de l’expédition ?
Mais pourquoi faire que ça soit un par un. Etait-ce alors juste un message personnel à l’encontre de chaque candidat ? Pour mieux apprendre à les connaître et tout ? Etait-ce pour avoir un avantage à confier au candidat de la famille de la Vanité ?

« Non, il n’est pas du tout comme ça. Il a sûrement une idée derrière la tête mais je parie que ce n’est pas du tout ce à quoi je pense. »

Son père n’envisageait pas de tricher. Il était toujours droit et intègre. D’ailleurs, même pour un peuple aussi traître que celui des félémons, là où une certaine ambiance de trahison, vengeance et violence, était présente en permanence, son père faisait office de monarque incontesté et nul n’osait contredire son titre. Il avait toujours été assez impressionné par ça d’ailleurs. De voir en lui l’âme d’un chef qui se faisait respecté malgré leur race.

« Est-ce que je dois réussir à obtenir leur confiance ? »

Il s’était tourné brièvement vers ces hommes et femmes entourés par leurs soldats et serviteurs. D’ailleurs, l’un des groupes n’était plus présent pendant qu’il avait eut le dos tourné. Hmm, sûrement le premier à aller discuter avec son père, n’est-ce pas ? Mais ça servait à quoi d’acquérir leur confiance ?
Dans l’idée, il n’y allait avoir plus qu’un seul candidat à la fin de cette expédition, comme d’habitude. Six des sept candidats étaient destinés à mourir pour la gloire du dernier. Chercher à se rapprocher d’êtres dont il allait oublier le visage juste après qu’ils meurent, ça n’avait aucun intérêt, non ?

Pfff … Il avait envie de recommencer à s’entraîner à l’épée mais pas devant une foule spectatrice. Il n’était pas là pour se mettre en valeur et s’amuser avec son arme, c’est pourquoi il restait quand même réticent par rapport à ça.

« Maître Zéran ? Maître Zéran ? Que voulez-vous faire ? »

« Oh ? Euh … Hum, de quoi est-ce que nous parlions exactement ? J’avoue que je n’ai plus suivi tout le fil de la conversation, je tiens à m’excuser. »

« Par rapport à vos vêtements. Vous ne pouvez pas vous présenter devant ces envoyés dans cette tenue non ? Et il nous faut ranger ces épées et ces boucliers. Je vais appeler une autre servante pour venir les récupérer alors que j’irais vous accompagner pour vous changer. »

« Hmm … Je n’ai pas besoin d’aide pour me changer hein ? »

« Oh que si, vous laissez traîner vos affaires comme à votre habitude. Je dois ensuite ramasser derrière vous. J’avoue que c’est une tâche épuisante mais bon … »

« Zyréna, s’il te plaît … Évites de le dire à voix haute. Les gens peuvent nous entendre. »

Et il avait même des petits rires provenant des personnes au loin. Certains avaient visiblement une audition très développée pour pouvoir entendre ce que venait de dire la servante. Plaçant une main devant sa bouche en voyant qu’elle allait la rouvrir, il finit par dire d’une voix lente, très lente :

« Qu’est-ce que je viens de déclarer ? Tu n’as pas écouté ce que j’ai dit ? »

« Hmpf ! Hmpf … Hmm … Hmpf hmpf ! » tenta dire dire la servante tout en cherchant à se débattre mais sans aucune efficacité malheureusement. Finalement, elle arriva à faire retirer la main de Zéran de sa bouche, prenant une profonde respiration : « Pfiou … J’ai compris le message mais je continuerai si vous n’allez pas vous changer. »

Bon sang. Elle était vraiment intransigeante quand elle s’y mettait. Ce n’était pas parce qu’avec ses cheveux rouges avec cette petite frange de couleur bleue et le fait qu’elle soit sa cousine de cinq ans plus jeune que lui, qu’elle pouvait se permettre un tel langage. Il avait vraiment l’impression qu’il se faisait marcher par les plus jeunes de la famille, même si elle était éloignée. Bon … Il avait compris le message la deuxième fois.

Pfiou, dans sa chambre, il se permettait enfin de souffler un peu. Ce n’était pas tout ça mais mentalement, c’était relativement épuisant. Il avait sentit tous les regards qui se posaient sur lui. Des regards moqueurs, calculateurs. Tous jugeaient ses chances de devenir le candidat de la Vanité. Tous jugeaient alors le fait qu’il soit un adversaire de taille ou non.

« Et tous doivent se dire que je suis plus que pathétique, tsss … »

C’est pour ça qu’il n’avait pas envie de voir ces types. C’était lui qui devait les considérait comme inférieurs par rapport à ses origines. C’était lui qui devait tout simplement les voir comme des êtres incapables de pouvoir rivaliser avec sa famille.

Grumpf. Il entendit quelques frappes à la porte, c’était Zyréna qui lui demandait s’il avait terminé pour qu’il puisse récupérer quelques affaires. Non mais sérieusement. Autant les autres serviteurs et servantes gardaient vraiment une certaine distance avec lui, son père et son petit frère, autant elle, deux minutes après le début d’une discussion, elle n’avait plus rien à faire du protocole et des règles de conduite.

« Des fois, je me demandes si un petit coup sur le sommet du crâne du ne serait pas parfait pour lui remettre un peu les idées en place dans ces moments précis. »

Mais bon, il était pas le mieux positionné à l’heure actuelle pour parler de tout ça. Ah … Bon, voilà, vêtements propres, est-ce que cela conviendra à Zyréna ? Il n’en avait strictement aucune idée. De toute façon, avec sa chevelure rouge, elle était facile à reconnaître et il se rappelait parfois qu’il tentait de l’éviter. Oui, rien que ça !

Le voilà à nouveau en train de se promener dans les jardins royaux. Un bref coup d’oeil lui montrer qu’ils sont toujours là : eux. Les candidats des autres familles. Certains se sont éloignés des autres. En fait, trois sont réunis et discutent entre eux malgré leurs gardes tandis que les deux autres attendent leur tour d’après ce qu’il pensait remarquer.

« Ils auront bientôt fini. Vivement qu’ils partent de là. Plus vite ils disparaîtront de mon champ de vision, mieux je me porterais, tsss. »

C’était méchant et mesquin de sa part mais il en avait toujours été ainsi. Il n’arrivait pas à supporter les autres familles, ça n’allait pas changer maintenant. Pourquoi est-ce qu’il devrait se forcer à voir tout d’une autre façon pour ces personnes dont il ne se rappellera pas l’existence ? Il devait être plus pragmatique … mais était-ce que son père désirait ?

Non, il ne savait pas le moins du monde ce que son père voulait de lui et il ne pouvait pas lire dans les pensées de ce dernier. S’il ne lui demandait pas de façon directe, il n’obtiendra jamais de réponse et à partir de là, autant ne pas se bercer plus longtemps d’illusions. Recommencer l’entraînement comme si de rien n’était ?


En ignorant les autres ? Cela était plus facile à dire qu’à faire. Malheureusement, il y avait de fortes chances qu’il n’y arrive pas. Difficile de se concentrer quand on se savait épié. Il avait un style de combat plutôt rudimentaire et son petit frère était déjà bien plus ingénieux sur de nombreux qu’il était difficile d’ignorer.

« Il m’est déjà supérieur même dans l’expertise du combat. Ça en est presque pathétique de ma part hein ? Humpf … Ils sont sûrement en train de se moquer de moi. »

Il se répétait sans cesse cela, comme pour tenter de se convaincre lui-même. Peut-être que dans le fond, ils n’en avaient strictement rien à faire de lui et ils discutaient simplement de la réunion avec son père. Chacun ayant un point de vue différent, ça permettait alors de savoir ce qui s’était passé. Oui, c’était peut-être ça dans le fond …

« Je ne devrais pas me préoccuper plus longtemps de tout ça. »

C’était peut-être la seule phrase qu’il devait se répéter en boucle. A partir de là, ça serait parfait et il … Ah … Est-ce que les candidats étaient sympathiques ? Il se rappelait justement la phrase de son petit frère. Un bref regard lui indiquerait aisément de quelle famille était issu chaque candidat mais bon …
Il n’avait pas envie de lever ses yeux vers eux. Il ne les baissait pour personne mais les regarder reviendrait à se sentir concerné par eux, par ce qu’ils pensaient, ce qu’ils étaient, ce qu’il voyait. Il ne voulait pas … Son seul intérêt était vraiment pour sa famille. Commencer à porter un quelconque sentiment envers autrui, ça ne pouvait lui être que néfaste même si son père prétendait le contraire.

« Bon … Il faut juste que je souffle un peu, rien de plus, rien de moins. »


Une longue et profonde respiration. Ah … Il ne restait plus qu’une personne, n’est-ce pas ? D’ailleurs, pour la peine, malgré tout ce qu’il avait dit, malgré tout ce qu’il avait pensé, il allait regarder qui était cette dernière personne, le dernier candidat à aller voir son père.

Il fait un peu sa taille … mais il semble si imposant pourtant. Avec ces morceaux d’armure, il n’est pas difficile de savoir de quelle famille il provient. Il n’y a qu’une seule famille vraiment axée sur la guerre et il s’agit de celle de la Rage même loin du champ de bataille. Cet homme a une balafre qui traverse son œil gauche tandis que l’autre est de couleur dorée. Malgré la distance, oui, la rareté d’une telle couleur fait qu’il est facile de la reconnaître.

D’ailleurs, son armure est couleur rubis, comme si elle était capable de produire des flammes et même les endroits où il est possible de voir du tissu, ce dernier est de même couleur que l’armure. Par contre, pour la chevelure verte, il fallait reconnaître un sacré contraste avec l’armure et elle semblait plutôt en bataille bien qu’un peu longue pour un homme.

« Hum ? Est-ce qu’il m’a remarqué ? Bah … Qu’importe. Ils me fixaient, je n’ai pas à m’en vouloir de faire de même de mon côté. Et puis quoi encore. Manquerait plus que je sois honteux de ce que je fais maintenant, ah ! »

Pour la peine, il allait tout simplement recommencer l’entraînement. Se battant contre un ennemi invisible, voilà qu’il tentait pour autant de faire comme s’il affrontait son petit frère. Celui-ci, avec son uppercut fait à la rondache, avait réussi à le surprendre et pas forcément du bon côté. C’est pourquoi il devait tout mettre en œuvre pour trouver une solution face à ça.

Mais comment faire ? Donner un coup de bouclier pour parer celui qu’il risquait de recevoir si son épée était encore déviée ? Faire un mouvement sur le côté ? En arrière ? C’était bien trop compliqué d’envisager toutes les possibilités en plein combat. Et ce genre de réflexions pouvait être plus que mortel pendant un combat, n’est-ce pas ? Il ne devait pas oublier ça.

« Hum ? Oh … Tiens … C’est maintenant à son tour visiblement. »

Voilà qu’ils étaient cinq à discuter entre eux alors qu’il voyait le jeune homme en armure rouge partir vers la salle du trône avec ses soldats et ses serviteurs. Bon … Ben … Ce n’était pas tout ça, n’est-ce pas ? Il pouvait maintenant recommencer comme si rien ne l’intéressait.

Les cinq personnes discutaient entre elles mais cela ne serait qu’une perte de temps que de toutes les détailler. Peut-être que s’il finissait par être nommé candidat par la grâce de son père, alors, il voudra bien laisser un peu de son temps pour ça. Mais pour le moment, il ne voyait pas le besoin. Il l’avait fait sur un candidat, pas besoin que ça soit sur d’autres.

Le combat, était-ce vraiment ce qui lui manquait ? Il y avait sûrement du social aussi mais à part avec son père, son petit frère et les serviteurs de la maison, il était difficile de le voir discuter avec autrui. Mais ils … allaient former un groupe s’il devenait candidat de la Vanité Peut-être que son petit frère avait raison dans le fond ?

« Maître Zéran ? J’ai un message à vous faire passer de la part de votre père. »

Oh ? Elle était de retour pour venir lui parasiter son existence, ne serait-ce que pour quelques minutes. Pourtant, il fit un sourire à la servante à la chevelure bleue, disant :

« Bien entendu, si ce sont pour les habits, je tiens à préciser que c’est fait, je me suis changé. »

« Non non ! Ce n’est pas pour cela. Votre père désire vous voir après le dernière entrevue. »

« Hmm ? Qu’est-ce qu’il me voudrait exactement ? Il ne vous l’a pas dit ? »

« Je n’en sais pas le moins du monde. J’imagine qu’il veut vous montrer ce que vous devez devenir si vous désirez être l’un des leurs ? »

« Attention à ton langage, Zyréna. J’ai l’impression que tu outrepasses déjà ton rôle. »

« Ce n’est pas dans mes intentions, maître Zéran. Vous le savez parfaitement, non ? »

« Hmm … Et j’ai même l’impression que cela est en train de t’amuser, n’est-ce pas ? Ou alors, est-ce que je serais en train de me tromper ? Bref, je viendrais quand cela sera terminé avec le dernier candidat. Ce n’est pas encore le cas, non ? Si je me trompes pas, il doit être de la Rage. Cette famille-là n’est pas portée sur la réflexion et l’intelligence. Ils sont plus connus pour être des soldats militaires avec une vision très droite de l’éducation. De purs combattants. »

« C’est … exact. Je crois que votre père sera ravi de voir que vous vous êtes intéressé au candidat de la Rage. C’est une bonne chose, très bonne chose. Je ne peux que confirmer cela de mon propre côté. C’est … très plaisant, oui. »

« Ne commences donc pas à raconter n’importe quoi. Simplement, il était seul et isolé de son côté, en attendant son tour. Il n’a pas cherché à converser avec les autres candidats, donc, en se mettant dans son coin, il était plus aisé de le voir contrairement aux autres qui s’agglutinent et se collent les uns aux autres. »

« De bien vilaines paroles de votre part, maître Zéran. Néanmoins, qu’importe ce que vous tentez de contredire, vous savez parfaitement que les faits sont là. Je vais alors prévenir les gardes au sujet de votre réponse et je reviendrais vous chercher à ce moment précis. »

« Oui, oui, fais donc comme tu veux. Tu n’as pas besoin de moi, je crois, non ? »

« Nullement mais je tenais à vous le préciser. Bon entraînement en solitaire. Vous savez, continuez à faire des efforts, envisagez le monde qui vous entoure et vous pourrez alors essayer de devenir un grand monarque comme votre père. »

« Qu’est-ce que tu … Allez zou ! Du balai ! Tu dépasses carrément ta fonction ! »

Non mais oh ! Il n’allait pas se faire complimenter par une servante. Du moins, pas par Zyréna. Il ne fallait peut-être pas exagéré. Mais voilà qu’il entendait le petit rire de l’adolescente cornue, celle-ci s’éloignant avec amusement, comme plus que satisfaite de ce qu’elle venait d’accomplir. Ah … vraiment. Il finit par s’asseoir dans l’herbe. Pour la peine, qu’importe s’il venait se salir, ce n’était pas dramatique.

« Ça lui apprendra. Elle n’aura alors qu’à recommencer à laver mes vêtements, ah ! De toute façon, elle n’aura pas vraiment le choix. »


Hahaha ! Voilà qu’il rigolait de sa propre bêtise. Ce n’était pas dans ses habitudes de rire pour un acte aussi infantile mais il fallait vraiment avouer que ça faisait particulièrement du bien dans cette situation. Bon … Quelques minutes à rester dans l’herbe, reprendre une respiration normale et le voilà en train de serrer son arme une nouvelle fois.

L’entraînement se déroulait plutôt bien. La discussion avec Zyréna l’avait un peu embrouillé mais en même temps, il se sentait plus serein. Est-ce que le fait qu’il se soit intéressé à un autre candidat avait vraiment une importance aussi grande ? Ce n’était pas possible, non ? Est-ce que c’était vraiment ce que son père voulait ?

« Ca ne peut pas être ça. Du moins, pas de cette manière. Si c’était aussi simple que ça, je l’aurai fait depuis longtemps. C’est vrai que je n’ai aucun ami mais … bon … Ce n’est pas vraiment très utile dans ces moments-là. »

Bien entendu, c’était à se demander à qui il s’adressait mais finalement, quelques murmures se firent entendre alors qu’il se demandait ce qui était en train de se passer. Ce fût lorsqu’une voix s’adressa à lui, dans son dos, le faisant sursauter, qu’il se retourna aussitôt :

« Vous devriez mieux tenir votre arme. La poigne n’est pas assez forte pour ça. »

Hum hein ? Voilà qu’il … remarquait la personne en armure rouge. Qu’est-ce qu’elle lui voulait ? D’ailleurs, ça ne voulait pas dire qu’elle en avait terminé avec son père ? Donc, c’était à lui d’aller le voir, n’est-ce pas ? Pfff … Ouais, bon, elle s’adressait à lui mais ça ne voulait pas dire qu’il devait lui répondre non plus :

« Vous ne pensez quand même pas que je vais vous remercier non plus hein ? Enfin, pourquoi est-ce que vous me dites ça ? C’est vraiment si moche la façon dont je tiens mon arme ? J’ai pourtant eut l’un des meilleurs professeurs à la lame qui existe dans le royaume des félémons. Me dire ça est un peu étrange, non ? »

« Le meilleur des professeurs est inutile si l’élève n’est pas capable de suivre. Peut-être qu’il aurait mieux valu avoir un professeur plus adapté pour cela. »

« Est-ce que vous êtes en train de critiquer les choix de mon père ? Si tel est le cas, je vous préviens qu’en plus, vous êtes dans notre domaine, je vous le ferais amèrement regretté. »

« Il est nul question de critique ou autres mais de simplement faire une constatation pour que vous puissiez vous améliorer. Vous semblez très motivé dans ce que vous tentez d’accomplir, je trouve cela dommage que vos efforts soient voués au néant car vous avez eut la malchance de ne pas avoir appris correctement ce qu’il vous faut. » continua à dire le félémon.

« D’accord, vous l’aurez voulu. C’en est trop. Je ne vous laisserais pas insulter plus longtemps ma famille et mon maître épéiste. Prenez cette épée, je pense que je vais vous octroyer une petite leçon. Cela vous apprendra à quelle place vous devez vous trouver. »

S’emporter face à un simple type comme ça, ce n’était pas son genre mais dans le cas présent, il allait faire une petite exception pour ce type. Voilà qu’il vint lui envoyer l’épée en bois qu’il utilisait, lui disant de patienter pendant qu’il allait en chercher une seconde. Les boucliers ? Même pas en rêve, il ne comptait pas les utiliser.

« J’espère que vous êtes prêt, candidat de la Rage. »

« Pas le moins du monde car ce n’était pas mon but de vous mettre en colère. J’en suis désolé. » dit tout simplement le jeune homme aux cheveux verts, soupirant de désarroi.

Chapitre 2 : Les règles de l’expédition

Chapitre 2 : Les règles de l’expédition

« Encore, encore et encore … »

Rien à faire. Même en cherchant des informations sur les différentes familles, il ne voyait pas pourquoi il s’attardait plus longtemps sur elles. Ce n’était pas tout ça mais sincèrement, en quoi est-ce que ça devait l’intéresser ? Elles étaient inutiles ! Plus qu’inutiles même ! Il n’y avait rien à faire d’elles. Et même les candidats choisis ne seront jamais à la hauteur de cette tâche. Bon … Néanmoins, il se répétait à voix haute :

« Alors, les sept différentes familles sont celle de la Vanité, celle de la Cupidité puis aussi celle de l’Avidité. A ces trois-là, il faut rajouter celle de la Rage, de la Débauche mais aussi de la Gloutonnerie et enfin celle de l’Oisiveté. »

Maintenant, où est-ce qu’elles étaient installées ? Son intérêt pour elles était proche du néant ? Il préférait encore passer une heure ou deux à s’entraîner au combat plutôt que de chercher un quelconque intérêt aux autres familles. Mais … s’il ne faisait pas ça, c’était donc impossible pour lui que d’espérer obtenir l’aval de son père.

« Et sans son aval, autant considérer que c’est impossible pour moi d’être choisi. »

Ah, les six autres candidats pour l’expédition qui permettrait de nommer le futur ou la future monarque du royaume des félémons. Une place très convoitée, qui n’était pas forcément liée au sang contrairement à ce que l’on pensait.

« L’expédition sera de se lancer dans le royaume des célestiens pour récupérer le coeur de l’actuel roi des félémons. En ramenant ce dernier, celui ou celle qui aura réussi à traverser toutes les épreuves, combattu les célestiens et vécu de nombreuses aventures pourra alors devenir le nouveau seigneur des félémons. »

C’est une histoire des plus courantes car elle se répète sans cesse. Par contre, ce n’est pas tous les trente ans ou autres, ce n’est pas une date précise. C’est simplement que … Enfin bon … Il sait juste que s’il veut devenir le prochain monarque, il va devoir retrouver le coeur de son père pour le lui ramener et ainsi pouvoir s’asseoir sur le trône.

« Bon, tout ce qu’il faut savoir, c’est que même ainsi, ça sera un voyage de plusieurs mois voire années. J’ai bien fait de prévenir Kosmor si je dois partir. »

Comme ça, au moins, son petit frère est prévenu à son sujet et il peu donc se préparer à devoir se débrouiller tout seul. CA, de ce côté-là, bizarrement, il ne s’en faisait pas le moins du monde. Il était sûr et certain qu’il s’en tirerait sans aucune difficulté. C’était quand même un enfant des plus remarquables et dont il était fier.

« Ce qu’il faut aussi retenir, c’est que les sept candidats ne deviendront plus qu’un à la fin de cette série d’aventures et épreuves qui les attendront. Il y a de fortes chances qu’ils meurent, les uns après les autres jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un. »

Oui, jamais, au grand jamais, il y avait eut plusieurs survivants dans l’une des expéditions pour récupérer le coeur du précédent monarque. Non, il n’y en avait toujours eut qu’un seul et à partir de là, la question ne se posait jamais si pareille situation arrivait.

Mais si c’était le cas ? Hum … Est-ce qu’il y aurait un combat à mort ? Non, ça ne pouvait pas être aussi simple normalement. De toute façon, les sept candidats allaient très vite s’entretuer, il le savait bien. C’était toujours ainsi. Même si bien entendu, il n’avait jamais assisté à ça, vu que la précédente expédition datait tout simplement de l’époque où son père avait obtenu la couronne après avoir ramené le coeur du précédent monarque donc son grand-père. Oui … C’était toujours ainsi.

« Est-ce que père serait inquiet que je ne survive pas à tout cela ? Mais si je ne participes pas, cela reviendrait à mettre fin à des siècles de contrôle du royaumes félémons ! »

Et c’était pour cela qu’il ne pouvait pas accepter cette idée. Par tous les moyens, qu’importe les sacrifices à accomplir, il devait absolument être choisi ! ZOU ! Dehors, arme à la main, voilà qu’il se dirigeait vers les jardins royaux. Là-bas, il savait qu’il allait être tranquille et surtout qu’il allait pouvoir se concentrer calmement sans que l’on vienne le déranger.

« Bon, on va récapituler quelques mouvements. Peut-être qu’en me vidant l’esprit, j’arriverai alors à trouver ce qui déplaît tant à mon père. »

C’était une bonne méthode pour souffler un peu. Il en était sûr et certain. Se rappeler les bases du combat à l’épée ne serait pas une mauvaise chose. Le jeunne homme aux cheveux blonds fit quelques mouvements plus élégants que vraiment utiles dans un combat, gardant les yeux fermés pendant ces derniers.

« Pourtant, cela ne me pose aucun problème. »

Il ne voyait pas où il avait un défaut, c’était stupide. Ses mouvements étaient propres et soignés, il n’y avait aucune chance qu’il se plante dans les exercices les plus élémentaires. Hum ? Pourquoi est-ce qu’il y avait autant de murmures autour de lui ?

Il finit par rouvrir les yeux, remarquant dans le fond qu’il y avait bien plus de monde que prévu. Qu’est-ce que ça voulait dire exactement ? Qu’est-ce qu’ils faisaient tous là ? Il cligna de ses yeux rouges, fixant tout simplement les petits comités qu’il voyait dans les couloirs au loin. Se rapprochant d’une servante, il finit par demander :

« Est-ce que l’on a une explication pour tout ça, mademoiselle ? »

« Oh, maître Zéran. Auriez-vous oublié que c’est aujourd’hui que votre père reçoit les différents candidats des six autres familles principales ? »

« Oh ? Oui … J’ai oublié, je dois l’avouer. Je considère que cela n’avait aucune importance à mes yeux mais bon … Je ne compte pas les rencontrer. Ils peuvent continuer leur chemin. Que je saches, les autres serviteurs sont en train de les guider, n’est-ce pas ? »

« C’est exact mais vous êtes certain de ne pas vouloir vous présenter ? »

« Tant que je n’ai pas été nommé directement par mon père, ils n’ont pas besoin de savoir qui je suis. Je ne suis qu’un illustre inconnu à l’heure actuelle. Mais merci pour ces informations. »

« Comme vous le désirez, maître Zéran. Je vais retourner à mes obligations. »

La servante s’inclina respectueusement alors qu’il jetait un bref regard vers les nouveaux arrivants. Humpf … Bien entendu, il n’était pas aveugle. Il voyait parfaitement combien ils étaient : Il y avait trois femmes et trois hommes qui n’étaient sûrement pas plus jeunes ou vieux que lui. Oui, visiblement, c’était toujours ainsi. De jeunes adultes qui étaient parfaits pour accomplir leur future mission commune.
Il s’en doutait mais ces personnes n’étaient pas seules. Accompagnées chacune par quatre soldats et autant de serviteurs, le bruit des pas avait de quoi rendre sourd mais il ne devait pas s’en préoccuper. Pourquoi le ferait-il ? Ces personnes étaient tout simplement de plausibles futurs adversaires et ennemis mortels. Dans ce royaume, on ne pouvait avoir confiance qu’en une seule chose : sa famille. Et encore, ce n’était pas totalement vrai.

« Certains n’hésiteraient pas à tuer père et mère pour accomplir leurs desseins. »

BAH ! Ce n’était pas son cas et il n’envisageait pas le moins du monde une telle pensée. Que certains aient besoin de ça pour obtenir le pouvoir montrait bien là leur faiblesse d’esprit. De son propre côté, il était tout simplement hors de question de dériver du chemin qu’il comptait prendre depuis le début. Ah … Pfiou.

« Bon … Une, deux, trois et quatre. Une, deux, trois et quatre. »

« Grand frère, grand frère ! » s’écria une petite voix avant qu’une petite forme à la chevelure de neige ne vienne le percuter au niveau du ventre. « Tu viens pas voir les autres gens ? Ce sont de futurs amis non ? Si tu décides d’aller leur parler et tout, non ? »

« Ce ne sont pas de futurs amis, Kosmor, loin de là. Je te l’ai pourtant déjà dit, n’est-ce pas ? »

« Mais mais mais … Pourquoi ça, grand frère ? Vous allez aider à récupérer le cour de père, non ? C’est pourtant une chose très importante, n’est-ce pas ? Donc en travaillant tous ensemble, ce n’est pas beaucoup mieux que d’y aller tout seul ? »

« Tu es vraiment trop gentil et candide. Par contre, ça m’étonne que tu saches autant de choses en étant si jeune. Tu n’aurais pas commencé à fouiner un peu dans mes livres ou ceux qui ne sont normalement pas de ton âge, hmm ? »


Petit sourire qui se voulait innocent mais sur le coup, il savait parfaitement qu’il voulait le charmer par cette idée. Il n’allait pas tomber dans ce piège aussi grossier hein ? Oh et puis en fait, si … à pieds joints même. Sa main se plaça sur la chevelure blanche de Kosmor avant qu’il ne reprenne sur un ton doux :

« Peut-être que ce seront des amis pour une journée mais le lendemain, ils risqueront de se retourner contre toi sans même que tu ne puisses te défendre. »

« Hein ? Mais pourquoi est-ce qu’ils feraient ça si ce sont tes amis ? Ce n’est pas logique non ? C’est pas normal ! Moi, je comprends pas pourquoi tu penses comme ça en fait ! »

C’est bien pour ça qu’il le considérait encore trop innocent. Dire que dans certaines familles, à son âge, on lui apprendrait déjà quelques abominations comme le massacre d’autres félémons ou alors la chasse aux Célestiens.

Il avait de la chance d’être de la famille de la Vanité mais cela, Kosmor était encore trop jeune pour saisir ce concept. Il dit dans un léger soupir :

« Je penses ainsi car ce n’est pas possible autrement, Kosmor, voilà tout. »

« Ben que si ! Il faut que tu répètes après moi : Je vais penser autrement. Je vais penser autrement. Je vais penser autrement. »

« C’est plus du lavage de cerveau qu’autre chose, Kosmor, si je commences à répéter sans cesse ce que tu me dis hein ? Tu n’as pas cours ? »

« Hmmm … Hmmm … Ben … En fait … Euh … Je … Comment dire … »

Oh. Sujet fâcheux. Voilà que Zéran fronce les sourcils, se penchant en avant pour avoir le visage de son petit frère en face du sien. Est-ce qu’il avait quelque chose à lui dire ou alors, il devait interroger ses précepteurs ? Car oui, le jeune garçon en avait plusieurs.

« Tu dois m’avouer un truc ou deux, Kosmor ? Attention à ce que tu vas dire hein ? »

« Mais mais mais mais … Promis ! J’ai tout fini et puis, je savais déjà tout ce qui était dit ! Mais le professeur, il m’a dit que je devais rester toute l’heure, ce n’est pas drôle du tout. J’ai juste envie de passer du temps avec toi, grand frère ! »

Encore l’attaque des yeux trop mignons. Il n’était pas assez stupide pour se faire avoir deux fois de suite par la même technique de la part de son petit frère. Sa main se posa sur les yeux de l’enfant avant de lui dire d’une voix calme :

« Je dois m’entraîner encore. Et ensuite, j’ai mes propres leçons. Je suis peut-être un adulte mais ça ne change pas que j’ai beaucoup à apprendre malheureusement. »

« Dis, dis, je peux venir m’entraîner avec toi, grand frère ? Mais juste, tu combattras pas pour de vrai hein, hein ? Pour pas qu’on se fasse mal non plus ! »

Hmm ? Un combat avec son petit frère. Dans l’idée, cela pouvait paraître ridicule mais en réalité, il était vraiment intéressé par tout ça. Le jeune homme aux cheveux blonds fit un petit hochement de tête avant de lui dire de patienter quelques minutes.


Voilà. Quelques secondes après, il était revenu avec deux épées en bois mais aussi des petits boucliers circulaires. Ils pouvaient paraître très ridicules tous les deux mais cet équipement était parfait pour l’entraînement et il ne fallait pas l’oublier. Le plus important était la sécurité avant tout le reste et ça, c’était primordial.

« Alors, comment est-ce que l’on fait, Kosmor ? Jusqu’à ce que l’un de nous deux abandonne, c’est bien ça ? Qu’est-ce que tu en dis ? »

« OUIIIIIIIIIIIII ! JE VIENS TOUT DE SUITE ! »

Il ne lui avait même pas laissé le temps de terminer sa phrase que déjà l’enfant courait à toute allure vers lui. On pouvait croire qu’il n’y avait aucune technique mais il n’était pas stupide.

« La prochaine fois, tu pourras essayer de prévenir avant de jeter sur moi ? » dit Zéran avec un petit sourire. Son petit frère n’était pas n’importe qui ! Il n’avait peut-être qu’une dizaine d’années mais … il avait parfaitement conscience qu’il devait s’en méfier.

« Dans un vrai combat, les gens ne préviennent pas quand ils attaquent, grand frère ! Si tu te fais avoir comme ça, je vais gagner, hahaha ! »

Mouais ! Il s’en doutait un peu mais son petit frère aimait bien le titiller hein ? Bon, il était temps de montrer ce dont il était réellement capable ! Voilà qu’il paraît les coups de son petit frère, visant un peu ses épaules sans trop forcer dans chaque frappe. Le but n’était pas de le faire pleurer mais … il ne faisait pas confiance en Kosmor.


Et à raison, bien entendu ! S’il affrontait son petit frère, c’est bien parce qu’il savait que le combat allait être bien plus ardu que prévu. Malgré son jeune âge, son petit frère était un vrai prodige et ça, il ne pouvait que le reconnaître de nombreuses fois. D’ailleurs, ce combat le prouvait aussi bien que les précédents.

« Tu ne me laisseras même pas souffler un peu, hein, Kosmor ? »

« Moins de blablas, plus de combat, grand frère ! Si tu parles trop, tu vas t’essouffler et donc, tu tiendras pas assez longtemps ! Il faut que tu fasses attention ! »

Voilà qu’il recevait des conseils de la part de son petit frère. A quel point est-ce que tout ça était ridicule hein ? Mais voilà, c’était son petit frère et ce n’était pas pour n’importe quelle raison, hahaha. Cela lui mettait un peu de baume au coeur. Il finit par lui dire :

« Et toi aussi, tu parles beaucoup vu que tu me réponds, non ? Tu es facile à lire. »

« Facile ? Oh, tu veux dire que tu sais par où je vais frapper ? Bon ben alors, même si c’est comme ça, ben je vais très vite me débrouiller ! »

Et voilà qu’il avait compris où voulait en venir Kosmor. Rapidement, les coups accélèrent de plus en plus vite et Zéran devait reculer. Il frappait à une telle vitesse que cela devenait difficile de pouvoir parer les frappes de son petit frère.

C’est ça. Son petit frère n’avait pas encore une puissance suffisante à cause de son jeune âge mais ça ne changeait pas que la déferlante arrivait et qu’il avait du mal à la contenir. Gauche, droite, gauche, gauche, droite, gauche et … ZUT !

« Ne soit pas aussi prétentieux que ça, Kosmor ! Tu es encore trop jeune pour ça ! »

Bon, il n’aimait pas mettre trop de force mais il fallait parfois calmer son petit frère. Il était l’aîné dans la famille ! Il devait montrer l’exemple ! HEHO ! Ce n’était pas comme ça que ça allait se passer ! Voilà qu’il frappa lourdement sur le bouclier de son petit frère, sachant parfaitement qu’il allait le faire tomber et …

« Désolé grand frère mais à chaque fois, tu fais pareil donc j’ai changé ! »

« Hein ? Qu’est-ce que tu … » bredouilla Zéran, ne comprenant pas où il voulait en venir.

Son coup d’épée venait d’être dévié sur le côté. Oui, tout simplement sur le côté. Son petit frère venait non pas seulement de parer son coup mais de lui faire taper le sol avec sa lame en bois mais aussi perdre son équilibre.

« Désolé, grand frère mais la victoire, elle est à moi ! »

Il ne comprit pas tout de suite où voulait en venir le jeune garçon aux cheveux blancs avec cette petite mèche noire. Puis soudainement, comme un uppercut, le bouclier en bois vint le frapper dans le menton, lui faisant perdre tout simplement l’appui sur ses jambes et le faire tomber au sol des plus lourdement. Aie … Il venait … de perdre contre son petit frère.
Le pire dans cette histoire, c’est que ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait. Non, le pire, c’est que son petit frère pensait qu’il faisait exprès de le laisser gagner … mais ce n’était pas du tout le cas. Son petit frère gagnait toujours par ses propres capacités. Il perdait contre un enfant de dix ans. Dans de telles conditions …

« Grand frère, ça ne va pas ? Est-ce que j’ai fait mal ? »

« N… Non, j’ai juste envie de rester couché pour quelques minutes. Il fait plutôt bon donc j’en profite un peu. Bravo à toi, Kosmor. »

« Tu as encore fait exprès de me laisser gagner. Normalement, mon bouclier peut pas te faire aussi mal que ça ! Si ça t’a pas fait mal, pourquoi est-ce que tu es tombé alors, dis ? »

Il lui répondit brièvement que c’était plus la surprise que la force du coup qui avait réussi à l’étonner dans toute ce combat. Rien de plus, rien de moins, voilà tout ! Ah … Son petit frère vint s’écrouler à côté de lui, bras tendus sur les côtés, ayant jeté son équipement.

« J’ai pas envie que tu partes, grand frère mais … euh … les cousins dans la famille, ils ont l’air vraiment pas sympathiques du tout ! » vint dire Kosmor après quelques secondes.

« Je le sais parfaitement, Kosmor. Mais bon, dis toi que si j’y vais, peut-être que je deviendrais le futur roi et toi, j’ai déjà une place. Tu deviendras mon bras droit ! »

« Wow … Pourquoi ton bras droit et pas ton bras gauche ? Moi, je sais plutôt écrire de la main gauche, grand frère. Ca serait pas mieux, non ? »

« C’est une expression et rien d’autre. » dit-il tout en rigolant. Il avait perdu de vue la raison de son entraînement … comme bien souvent dès que Kosmor était là. Mais avoir Kosmor à ses côtés, ça lui permettait de comprendre bien vite qu’il avait beaucoup de travail. Malheureusement, tout seul, il n’avait aucune chance d’y arriver.

« Dis, tu veux que je demandes à père comment faire pour qu’il te nomme ? Mais je lui demande discrètement, comme ça, il saura pas que c’est pour toi ! »

« Je préfère éviter. Il serait capable de croire que je l’ai ouvertement trompé et que j’ai préféré utiliser mon petit frère pour une tâche indigne de notre famille. Je me chargerai de trouver les réponses à mes questions par moi-même, mais en temps et en heure ! Pour le moment, on va plutôt souffler quelques minutes et ensuite, tu partiras à ton prochain cours, compris ? »

« Hmm … D’accord grand frère mais bien parce que tu me le demandes. »

« Et tu continueras aussi quand je ne serais plus là ! Est-ce bien compris, petit bonhomme ? »

« Hmm … Mais c’est pas aussi bien que les entraînements au combat, grand frère. »

Il le savait parfaitement et il avait compris à quel point son petit frère allait être une terreur sur les champs de bataille mais c’était bien parce qu’un jour, il sentait que ce dernier allait se retrouver là-bas qu’il voulait améliorer ses chances de survie, coûte que coûte.

« Ah ! Enfin bon, allez zou, debout Kosmor ! Je n’ai pas envie que les servantes nous voient nous rouler dans l’herbe. Tu sais bien à quel point ça peut les agacer de voir nos habits salis par les tâches vertes, non ? »

Pour toute réponse, l’enfant eut un petit rire cristallin. Oui, il en était convaincu que lui aussi s’en rappelait parfaitement, c’était le genre de petits détails qui faisait toute la différence à leurs yeux. Même si les servantes étaient tenues de respecter le protocole et leur différence de statut social, même si lui n’avait que du mépris pour les autres familles, il considérait les serviteurs comme des membres de leur famille.

En un sens, c’était le cas bien qu’on le criait pas sur tous les toits. Certaines personnes étaient des branches cousines de la famille de la Vanité et indirectement ou non, servaient pour celle principale. C’est pourquoi il se sentait bien même s’il n’allait pas l’avouer à voix haute. Il avait une certaine retenue à avoir dans de telles conditions.

« Je ne peux pas me permettre de paraître faible aux yeux de tous. »

« Euh grand frère, on devrait vraiment se lever. Y a les gens des autres familles qui nous regardent là. Ils ont l’air de rigoler. »

Hein ? Comment ça ? Il se redressa aussitôt dans l’herbe, regardant à gauche et à droite. Qu’est-ce que son petit frère venait de dire ? Ils avaient déjà terminé ? Ce n’était pas possible ! Non non ! Il venait de dire quoi à l’instant ? Ne pas paraître faible ! Et là, il était en train de montrer tout le contraire, ce n’était pas bon !

« Petit frère, est-ce que tu peux me laisser seul ? S’il te plaît ? »

« Hein mais … Euh … grand … frère ? » dit l’enfant, étonné que son aîné ne l’appelle pas par son prénom comme d’habitude. S’étant remis correctement debout, Zéran laissa son petit frère s’éloigner, celui-ci le regardant une dernière fois sans vraiment comprendre.

« Bon bon bon … Qu’est-ce que nous avons là ? Je n’ai pas envie que l’on croit que je me suis donné en spectacle devant nos invités. »

C’était déplaisant. Vraiment déplaisant de n’avoir remarqué que trop tard ce qui venait de se passer. Si seulement il s’était préparé depuis le début à cette éventualité. Et ils étaient là depuis quand ? Plongeant une main dans sa poche, il en sortit une petite boîte en cuir qu’il ouvrit, en extirpant ce qui semblait être une paire de lunettes. Si les candidats voulaient rire de sa présence, ils pouvaient être plusieurs à ce petit jeu déplaisant.

Chapitre 1 : Déception

Chapitre 1 : Déception

« D’ici un mois, les choix seront arrêtés pour les candidats de chaque famille. Cela laisse à chacune d’entre elles la possibilité de faire les dernières modifications avant qu’il ne soit trop tard. Comprends-tu ce que cela veut dire ? »

Voix impériale. Assis sur un trône tout de noir en tissu, un imposant homme s’adressait à une personne en face de lui. Un genou au sol, celle-ci avait la tête baissée en direction de ce dernier, ne la relevant pas. Sa chevelure blonde, un peu hirsute, laissait paraître des cornes en spirale alors qu’une voix calme et masculine sortit de ses lèvres, répondant :

« C’est exact, père. Néanmoins, je pense que la majorité d’entre elles ont déjà pris leurs décisions depuis bien longtemps, si je peux me permettre cette remarque. »

« Tu le peux et tu n’as guère tort, certains ne sont pas indécis, contrairement à nous, Zéran. »

« V… Vous voulez dire que … » dit le jeune homme, bredouillant en gardant la tête toujours baissée. « Vous ne savez toujours pas qui vous désirez pour représenter notre famille ? »

« C’est exact. » répondit nonchalamment l’homme assis sur son trône. Une chevelure aussi blonde que celle de la personne en face de lui, ses yeux argentés semblaient comme lire dans le coeur de la personne à ses pieds. Lui aussi avait le même genre de cornes.

« Mais mais mais … Vous savez parfaitement que je suis plus que prêt pour ça ! »

« Insinuerais-tu que tu es donc capable de devenir le candidat de la famille de la Vanité ? »

« C’est exact, vous pouvez me faire confiance, je serais à la hauteur de cette tâche. »

« Je ne suis guère convaincu par tes propos. Tu manques beaucoup trop d’estime personnelle et de confiance en toi pour accéder à une telle responsabilité. »

« Mais je viens de vous… » commença à déclarer le jeune homme, ayant finit par relever la tête pour laisser paraître ses yeux rubis sur l’être assis sur son trône. « Pourquoi est-ce que vous n’accédez pas à ma requête ? »

« Car il s’agit d’une tâche des plus importantes, que je ne peux pas confier à n’importe qui, même s’il s’agit de mon propre fils, Zéran. »

« Je ne suis pas n’importe qui. J’ai les compétences nécessaires pour accomplir cette quête et il s’agit d’une affaire familiale et … »

« SILENCE ! Par ces paroles, tu viens de te discréditer ! Tu sais parfaitement qu’il s’agit là de la sauvegarde du royaume des félémons ! »

« Je … Je … Je suis vraiment désolé, père. » bredouilla le félémon aux cheveux blonds.

« Tu peux l’être. Si tu as fini de m’importuner, tu peux quitter cette salle. J’ai des affaires bien plus importantes à régler. Le groupe des sept candidats sera formé d’ici un mois. A toi de faire tes preuves mais tu pars avec un sérieux désavantage. »

Le jeune homme s’apprêtait à ouvrir sa bouche mais le regard froid provenant de son père lui coupa tout usage de la parole. Déglutissant, comme pris en défaut, il évita le regard des nombreux soldats présents dans la salle du trône, quittant celle-ci d’un pas rapide.

« Un mois … J’ai qu’un mois … »

C’était l’unique phrase que le jeune homme se répétait en boucle dans la tête alors qu’il espérait trouver une solution pour réussir à se faire valoir. Malheureusement, d’après les paroles de son père, il était très mal parti. Il avait vingt ans ! Il était en âge de participer à sa destinée ! Oui, il pouvait utiliser le terme de destinée pour une telle mission.

Un tel événement n’arrivait que très rarement, cela se comptait en décennies voire peut-être siècles ! Les livres d’histoire en parlaient sans cesse et c’était pour cela qu’il avait lu tout ces fichus bouquins pendant des années ! Pour se préparer à ce jour tant attendu ! Et là ? Son père venait de lui déclarer qu’il y avait de fortes chances qu’il ne soit pas choisi.

« C’est injuste, beaucoup trop injuste ! Moi, plus que les autres, je mérite d’y être ! »

Il ne voulait pas décevoir sa famille. Il ne voulait pas que tout cela s’arrête maintenant alors … pourquoi ? Pourquoi est-ce que son propre père se mettait en travers de son chemin ? C’était tout simplement incompréhensible de sa part ! Il n’avait pas à faire ça !

« Je … Je … Ah … Ça sert à rien. Il ne changera pas d’avis. »

« Grand frère, ça ne va pas ? Tu as l’air pas joyeux du tout. »

Oh ? Il s’arrêta dans sa marche, se tournant vers la petite voix enfantine qui venait de s’adresser à lui. A quelques mètres devant lui se tenait un enfant qui devait peut-être avoir une dizaine d’années au grand maximum. L’enfant avait une chevelure blanche plutôt courte, une simple mèche de cheveux noirs venant contraster en son milieu par rapport au reste. Ses petits yeux dorés le regardaient avec inquiétude, attendant une réponse de l’intéressé :

« Oh ? C’est toi, Kosmor ? Qu’est-ce que tu fais de beau ? »

« Je me suis entraîné à l’épée ! On m’a dit que j’étais trop jeune pour ça, comme d’habitude mais ils ont pas aimé quand ils étaient à terre, hahaha ! »

Un petit sourire se dessina sur les lèvres de Zéran. Son petit frère, dire que contrairement à lui, semblait naturellement doué pour tout ce qui était combat. Tapotant doucement le crâne de Kosmor, faisant attention à ses petites cornes en spirale, il lui dit :

« Mes félicitations. En même temps, tu as parmi l’un voire le meilleur professeur pour ça, n’est-ce pas ? C’est normal et logique que tu sois aussi fort. Bravo. »

« Je le suis pas encore autant que toi, grand frère mais un jour, oui ! Mais sinon, tu as changé la conversation ! Pourquoi est-ce que tu semblais triste ? » demanda son petit frère. Humpf … Visiblement, il avait donc décidé de vraiment tenter de lui sortir les vers du nez.

« Disons que j’ai eut une discussion assez vive avec père et que ça s’est mal passé. »

« C’est par rapport à quoi ? Tu peux me le dire ou pas ? »

« Je peux te le dire, bien entendu mais … Je ne sais pas si c’est une bonne chose dans le fond. C’est pas contre toi hein ? Tu t’en doutes, petit frère. »

Voilà que ce dernier lui fit une petite moue boudeuse, signe qu’il n’appréciait pas que son grand frère le laisse de côté. Celui-ci répondit par une mine amusée, continuant de tapoter son crâne tout en reprenant :

« C’est juste quelque chose que j’avais prévu depuis très longtemps et que père ne veut pas que je fasses. Je suis prêt … mais il ne veut pas le comprendre ! Je suis plus que prêt ! »

« Mais tu es prêt à quoi, grand frère ? Tu m’as pas dit c’était quoi exactement. »

« Hein ? Ah … Euh … Je suis juste prêt à devenir un candidat, voilà tout. »

« Un candidat ? C’est quoi un candidat ? » demanda Kosmor qui, visiblement, avait besoin de plus d’informations que ne le pensait son grand frère. Celui-ci se gratta la joue, un peu embêté, ne sachant pas trop quoi répondre exactement.

« Tu es peut-être trop jeune pour ça mais disons que si je suis choisi comme candidat, je risque de devoir partir longtemps, très longtemps. Mais quand je reviendrais, ça sera moi le roi des félémons ! Je prendrais la place de père ! »

« Wooooow … HEIN ?! PARTIR ?! Mais longtemps ?! Mais mais mais ! Nan ! J’ai pas envie que tu partes, moi ! Grand frère ! C’est pas drôle comme blague ! »

« Ce n’est pas une blague, petit frère. C’est pour ça que je fais toutes ces choses de bon matin, comme m’entraîner, courir, lire, c’est pour cette unique raison. »

« Mais … Mais … Maiiiiiiiiiiiiis ! Je ne veux pas moi ! J’ai pas envie que tu t’en ailles ! »

« Tu n’es pas le seul, visiblement. Père ne semble guère motivé à me laisser cette chance mais je devrais te remercier, Kosmor. Je crois que je vais aller retourner dans ma chambre pour trouver un moyen de réussir à le convaincre. J’ai un mois … un seul mois. Ça va aller si vite, il faut vraiment que j’ai une solution d’ici là. » murmura le jeune homme aux cheveux blonds, songeur, commençant à nouveau à avancer sans même regarder son petit frère.

« Dis … Est-ce que tu veux t’amuser avec moi, grand frère ? »

« Hum ? Kosmor, je viens de te dire que … enfin … »

« On m’a dit que j’avais le droit à une heure de repos avant de recommencer à m’entraîner mais à la magie. Tu veux bien, dis, dis ? »

Entraînement vraiment horrible, n’est-ce pas ? Malgré qu’il n’avait que dix ans, l’enfant devait faire autant d’exercices et cela qu’importe son jeune âge. Ah … Il était aussi passé par là mais il ne se rappelait pas que ce fût aussi long et difficile dans ses souvenirs. Non, ce n’était pas le cas. Bon, ce n’était pas grave. Devant son regard doré, il pliait.

« Bon, si tu as une unique heure, la mienne peut attendre alors. Ne t’en fait pas, nous allons nous amuser tous les deux, je te le promets. Suis-moi, petit frère. A quoi est-ce que tu veux jouer ? Tu veux bien me le dire ? »

« Pfff ! Je sais pas du tout ! Moi j’ai dit qu’on allait faire, c’est toi qui décide alors ! » s’exclama Kosmor, maintenant bien plus heureux qu’il y a quelques secondes. Ah … Un vil manipulateur dans le futur, il en était sûr et certain. Mais pour l’heure, ils allaient se contenter d’un moment fraternel.

Le temps passa bien rapidement, peut-être plus que prévu aux yeux du jeune garçon. Car dès l’instant où Zéran signala qu’il devait retourner à ses occupations, Kosmor l’implorait de rester mais cette fois-ci, le jeune homme tenait bon :

« Hors de question. Tu as aussi des devoirs à faire, Kosmor. Je me disais bien que ça me paraissait étrange mais en fait, tu n’as pas envie d’aller en cours, n’est-ce pas ? Tu es du genre à préférer les activités physiques. Petit malin ! Hop, vas-y vite sinon, je ne jouerai plus avec toi la prochaine fois, compris ? »

« Maiiiiiiiiiiis ! Grand frèreeee ! C’est méchant de ta part ! Très méchant même ! Je boude et pas qu’un peu, na ! Je boude vraiment ! »

Pour toute réponse, Zéran tira la langue. Oui, ce n’était pas très élégant de sa part mais qu’importe, il savait que ça marchait puisque Kosmor lui rendit le geste. Ah … Même s’il ne voulait pas l’avouer, cette heure lui avait permis de retrouver le calme dont il avait besoin.

Maintenant qu’il était seul, dans sa chambre, il songea à tout ce qu’il devait faire. Couché sur son lit, des papiers devant lui, il marmonnait pour lui-même quelques paroles dont il était le seul à pouvoir comprendre le sens. Est-ce que c’était une épreuve physique qu’il devait accomplir ? Morale ? Politique ?

Il n’avait aucune idée de ce que son père désirait pour qu’il puisse le choisir comme candidat de la famille de la Vanité. Sa famille était la plus puissante parmi les sept majeures des félémons. Il était de son devoir de se comporter en tant que tel ! Mais comment faire pour que ça se termine à peu près correctement ? Autant dire qu’il n’avait pas trente-six mille solutions malheureusement. Il devait trouver … le moyen d’être bien vu.

« Ah … Je n’ai aucune idée en tête. A me demander si je devrais pas poser la question à Kosmor. Jamais je n’aurai cru qu’il serait déjà aussi loin malgré son jeune âge. »

C’en était presque rageant et il avait même une petite pointe de jalousie envers son petit frère. Ses progrès étaient tels qu’il n’y avait que peu de doute que si lui n’arrivait pas à devenir le successeur de la famille malgré qu’il soit choisi, Kosmor était encore parfaitement placé pour le remplacer. Ah … Son adorable petit frère.

« Normalement, nous devrions nous battre mais … j’y arrive pas. »

Souvent, il entendait de nombreuses nouvelles par rapport aux conflits entres frères et sœurs au sein d’une même branche de la famille de la Vanité. Celle-ci était connue pour ses querelles incessantes internes et qui pouvaient mener à quelques malheureux accidents.

Oui, accident était le terme qu’il fallait utilisé quand une personne décédait de façon assez horrible et mystérieuse. Dans ce royaume, c’était monnaie courante et rares étaient les êtres qui pouvaient se sentir relativement en sécurité. Sécurité toute relative, oui …

« Ah … Enfin bon, ce n’est pas comme si j’avais vraiment à m’inquiéter de ça. »

Il faisait justement partie de ces personnes. En étant le fils du monarque actuel du royaume des félémons, il était pourtant une cible de choix. Mais en conséquence, les visiteurs étaient très rares et lui-même ne pouvait pas sortir sans plusieurs approbations, chose qui n’arrivait guère réellement. De toute façon, il n’avait aucune raison de sortir. Seule sa propre famille comptait dans ces moments précis.

Et même quand ce n’était pas dans ces moments. Elle était l’unique chose qui lui importait dans ce monde plus que futile. Pourquoi devait-il s’inquiéter des autres félémons ? La famille de la Vanité était celle au sommet de la hiérarchie, il n’y avait pas besoin de s’intéresser à cela pour que ça lui convienne.

« Devenir plus fort, encore plus fort, oui … ah … »

Il devait se rentrer ça dans le crâne, pour être au niveau que son père désirait. Du moins, si c’était ce que son père désirait qu’il devienne, chose dont il n’était pas certain. Mais bon, maintenant qu’il avait discuté un peu avec son petit frère, tout allait devenir bien mieux, il en était sûr et certain. Tout allait s’arranger.

« Je vais le faire aussi pour lui, que je devienne au moins un grand frère dont il serait fier. Je ne peux pas le laisser avoir tous les honneurs non plus ! »

Non pas qu’il était jaloux de son petit frère, enfin, un peu quand même, vu toutes les qualités qu’il avait. Il était même certain que son petit frère allait faire chavirer bon nombre de coeurs quand il deviendra adolescent voire adulte. Il devra aussi se méfier des personnes qui tenteront de le séduire pour profiter de son niveau social.

« Enfin bon, ce n’est pas à moi de gérer tout ça et on a encore le temps. Ce n’est qu’un enfant pour le moment, rien de plus, rien de moins, hahaha. »

Alors, ce n’était pas le bon moment pour ça. Reprenant les divers papiers sur son bureau, il s’était mis à les lire avec intérêt. De nombreuses notes sur ce qui allait se passer dans un mois. La chance d’une vie, que tout le monde désirait mais que la majorité n’allait jamais pouvoir ne serait-ce que caresser l’idée. Et oui, la vie était injuste mais c’était ainsi.

Dans ce monde, il y avait les puissants et les faibles. En tant que futur héritier de la famille de la Vanité, se trouvant au sommet de celle-ci en son sein même, il ne devait laisser paraître aucun défaut. Le fait que son père lui refuse la possibilité de participer, c’était un désaveu des plus complets … et cela devant les soldats qui devaient bien rire de la situation.

« Ah … Père, vous m’avez infligé la pire des hontes qu’il soit possible à mes yeux. Pour cela, il me faut absolument me racheter et pour cela … il faut absolument que je sois choisi. Je dois … vraiment le devenir. Devenir le candidat de la Vanité. »

Maintenant qu’il se faisait tard, on vint toquer à sa porte, une servante lui déclarant qu’il était l’heure du dîner et qu’il devait donc venir à table pour rejoindre le reste de sa famille. Bon et bien, d’autres responsabilités lui incombaient visiblement et il était donc hors de question de les ignorer. Il allait devoir se concentrer sur celles-ci et pas autrement.

« Ah … J’arrive tout de suite. Je serais présent d’ici quelques minutes. »

Dire qu’il devait se retrouver face à son père. Bien qu’il ne lui en voulait pas indirectement, sachant parfaitement que si son père ne voulait pas de lui en tant que candidat, c’était pour une bonne raison, le fait de dîner avec ce dernier n’était guère plaisant à imaginer. Mais bon, il était son fils, il lui devait le respect et il le respectait sans aucun problème. Il considérait son père comme un excellent monarque bien qu’il désirait énormément de ses enfants.

« Je ne peux pas lui en tenir rigueur, un échec causerait beaucoup trop de déshonneur. »

Le déshonneur, il n’avait que ce mot à la bouche mais c’était bel et bien le terme le plus important à retenir en tant que membre de la famille de la Vanité. Ah … Il n’avait pas envie d’y réfléchir plus longtemps mais cette pensée le taraudait beaucoup trop. Pourtant, il n’était pas le genre de jeune homme à s’enfoncer délibérément dans une complexité inutile mais à l’heure actuelle, dans cette situation, depuis cette scène dans la salle du trône, tout se remémorait à une vitesse folle dans sa tête.

« Père, je suis arrivé, comme vous le désiriez. »

« Bien, Zéran. Tu peux t’asseoir. Ton frère Kosmor est déjà là bien qu’il préférait attendre que tu sois arrivé pour commencer à manger. »

« Tu n’étais pas obligé, Kosmor, tu sais. Surtout si tu as faim après ton entraînement. Enfin, je tiens à m’excuser de mon retard. » continua de dire Zéran en hochant la tête.

« Nous allons considérer que ce n’est pas bien grave même s’il faut éviter que cela se reproduise, d’accord ? J’imagine que ta déception était grande cette après-midi, n’est-ce pas ? »

« Tout de suite les pieds dans le plat, père. C’est juste une brève infortune qui me touche mais je n’en tiens guère compte si cela peut vous rassurer. »

« Il te reste un bon mois pour trouver les raisons qui m’ont poussé à ne pas te nommer candidat tout de suite et ainsi à changer pour que mon avis diffère à ce moment précis. D’ailleurs, en parlant de candidat, je vais bientôt rencontrer ceux qui proviennent des autres familles Il semblerait que leur décision soit arrêtée depuis bien longtemps. »

« Ces familles prétendent pouvoir égaler la nôtre, père, mais c’est bien pour la famille de la Vanité que je veux devenir notre candidat ! »

« Et ce n’est pas en pensant en solitaire que tu pourras devenir le futur monarque de notre royaume. Le royaume ne tourne pas qu’autour d’un seul homme mais de toute une nation. »

« Je le sais parfaitement, père … mais la famille de la Vanité … »

« Est peut-être celle qui a régné depuis des générations ancestrales mais qu’importe. »

« Qu’importe ? Comment ça, qu’importe ? »

« Car ce royaume ne s’est pas fondé qu’avec seulement la puissance de notre famille mais aussi celle des six autres. Sans elles, nous n’aurions jamais gagné contre les célestiens. »

Grrr. Un petit grognement arriva aux lèvres de Zéran. Les célestiens. Ces êtres ailés étaient l’abomination venue du ciel. Les ennemis mortels des félémons et cela depuis des temps immémoriaux. Une guerre continue et perpétuelle entre leurs deux races, toujours présente actuellement. Et il n’y avait rien pour empêcher tout ça, loin de là.

« Mais il vous faut quand même reconnaître que notre famille est la plus grande ! »

« Zéran. Combien de fois devrais-je te le répéter ? Ce n’est pas ainsi que ça se passe, loin de là. Ce n’est pas en nous considérant supérieurs aux autres familles que nous nous en sortirons. La famille de la Vanité, n’est-ce pas celle de cette dernière mal-placée. Nous sommes forts, nous sommes puissants, nous sommes sans égaux et au sommet des félémons mais ça ne veut pas dire que nous devons ignorer nos concitoyens. »

Son père … Il savait parfaitement qu’il avait raison sur toute la ligne mais non. La famille de la Vanité méritait ce nom et ce titre. Bien sûr, il n’était pas possible de diriger un royaume aussi grand qu’avec sa propre famille … mais considérer les autres familles comme toutes aussi importantes ? C’était tout simplement impossible à concevoir. Il ne pouvait pas s’y plier et cela, qu’importe ce que son père pensait.

« Tu as un mois pour changer ce mode de pensée. Un long mois pour commencer à modifier tout ce qui faisait ta personnalité. »

« Je ne pourrais pas être quelqu’un de différent simplement pour devenir un candidat, père. »

« Dites, est-ce que vous vous disputez, grand frère ? Père ? Ce n’est pas bon les disputes. Ça fait refroidir le repas. Vous devriez manger avant qu’il ne soit trop froid hein hein ? Vous n’êtes pas d’accord tous les deux, dites ? » coupa le garçon à la mèche noire.

« Bien entendu que nous le sommes, je suis désolé, Kosmor. Père, je garderai vos paroles sagement ancrées dans ma mémoire. Nous devrions écouter Kosmor. »

« C’est exact. Mangeons donc, Kosmor, avant que ça ne soit trop froid pour que cela soit digeste. Nous avons eut chacun une rude journée. » termina de dire le seigneur des lieux mais aussi du royaume des félémons, Zéran baissant la tête dans son assiette après ses paroles.

Un mois. Il se répétait inlassablement cette date limite. Un mois … Et même si maintenant le repas était devenu bien triste et silencieux, il jeta un bref regard à son petit frère qui tentait de lui sourire comme pour le remercier de bien l’avoir écouté. Ah … Son petit frère adoré, bien entendu, qu’est-ce qu’il ne ferait pas pour lui, n’est-ce pas ?

Peut-être qu’il valait mieux en apprendre un peu plus sur les autres familles des félémons ? Bien entendu, il connaissait leurs noms et aussi leurs localisations mais peut-être qu’un rappel ne lui ferait pas de mal. Et une autre pensée lui avait traversé l’esprit : A quoi est-ce que les candidats des différente familles pouvaient ressembler ? Il en avait aucune idée.

Chapitre 44 : Un empereur au-dessus de tout

Chapitre 44 : Un empereur au-dessus de tout

« Elise, qu’est-ce que tu comptes faire exactement de lui ? »

« Oh pas grand-chose … Si tu te poses la question de savoir si je vais le laisser en vie, la réponse est non. De toute façon, j’imagine qu’avec ce que tu viens de faire, les gardes vont vraiment rappliquer, Tery. On va se débarrasser de lui vite fait. »

« Tu es sûre que l’on ne va pas avoir de problème de notre côté ? Après, c’est soit ça, soit on se fait tuer … enfin bon, pas comme si on avait le choix. »

A partir de là, il n’y avait pas cinquante mille solutions : ils allaient devoir se battre … et le renifleur était maintenant comme enjoué à cette idée. D’ailleurs, était-il vraiment un renifleur ou alors, il n’en avait aucune caractéristique ? Car il était quand même au courant par rapport à Elise et à lui. Peut-être que l’un des renifleurs l’avait prévenu ?

« Bon, je n’ai pas à me préoccuper de ça, j’ai juste besoin de l’éclater, non ? »

« Pas si je passe en première, Tery. Je ne vais laisser que des cendres de ce type. Il ne restera plus rien de lui après mon passage ! »

Comme pour prouver ses dires, voilà que le jeune homme aux cheveux brun eut juste le temps de reculer alors qu’Elise faisait apparaître des boules de feu dans ses mains, les envoyant une par une sur leur adversaire commun.4455

« C’est vraiment tout ce que tu as à me montrer ? Je pensais bien mieux de la fille du monarque. Comme quoi, il vaut mieux que … »

Un claquement de doigt et voilà qu’avant même que la première boule de feu n’atteigne sa cible, celle-ci explosa … un second claquement et cela s’accompagnait d’autres explosions, presque en série avant qu’un déluge d’explosions n’en suive.

« Et bien, maintenant, je ne t’entends plus vraiment, tu es déjà fatigué ? Tery ? Tu peux préparer l’une de tes surprises animées ? Je ne crois pas qu’il soit au courant. Ca sera parfait pour l’achever … oui, je préfère te le laisser. »

« Je ne sais pas si c’est vraiment une bonne idée mais bon … »

Il n’allait pas se plaindre qu’il fallait se débarrasser au plus vite de cet adversaire. D’un geste lent, il avait placé une main sur le sol fait de pierre, commençant à donner vie à un golem presque aussi grand que le couloir … que cela soit en taille mais aussi en épaisseur.

Cela devait être largement suffisant pour ce qu’ils comptaient faire, n’est-ce pas ? Tery ordonna au golem de commencer à balayer devant lui avant même que la fumée ne disparaisse de leur champ de vision.

« Qu’est-ce que .. OUARG ! C’EST QUOI CA ?! »

Le mur de droite vient de tremblement fortement, Tery se retenant de sourire. Il avait parfaitement compris ce qui venait de se passer. Et la disparition de la fumée lui confirma.

Le démon était tout simplement plaqué d’une main de pierre contre un mur, incapable de faire ne serait-ce qu’un simple mouvement tandis que le golem avait rapproché son visage de pierre de l’être. Il était possible de le voir ouvrir la bouche … mais aucun son ne sortit de celle-ci. Tery eut un petit sursaut … avant de soupirer.

« Qu’est-ce que je m’imagine dans le fond ? Ce n’est pas comme s’ils étaient capables de parler. C’est pas la première fois que je me dis ça. »

« Tery … Tu as ordonné à ton golem de le tuer ou bien … enfin … car là … »

Car là quoi ? Il eut à peine le temps de comprendre que le démon poussa un hurlement, la main de pierre pressant de plus en plus contre le mur … avant que le démon ne brise en morceaux la main de pierre, s’écriant :

« Vous pensez quoi là ?! Vous vous croyez où ?! Que je vais me laisser abattre par le premier démon venu ?! Et ce n’est pas parce que tu sais invoquer un golem que tu es au-dessus du lot ! Je vais vous exterminer tous les deux ! »

« Oh, il a la vie dure contrairement à ce que je pensais. Tant mieux, ça n’en rendra la tâche que bien plus intéressante ! Beaucoup plus même … »

Elise était visiblement plutôt amusée par la situation tandis que Tery obervait son golem avec un bras en moins. Hum … Pourquoi est-ce qu’il éprouvait de la tristesse de le voir avec un membre en moins ? Et surtout de la colère envers ce démon ?

« Je ne sais pas ce qui se passe dernièrement mais tu es prié de plus m’emmerder ! ET DE NE PLUS TOUCHER A MON GOLEM » !

Une main au sol puis une main sur un mur, puis sur l’autre mur. A chaque fois que le jeune homme posait la main sur une paroi, une main de pierre de la taille d’un corps apparaissait, cherchant à frapper le démon qui esquivait les coups, un par un.

« Vous ne pourrez pas m’avoir de cette façon ! Comment est-ce que des … »

« Qu’est-ce que cela veut dire ? Pourquoi un mur se trouve t-il en cet endroit ? »

Le démon se figea sur le moment, comme paralysé par la peur, bien visible à cause de la sueur qui s’écoulait en même temps que du sang sur son front. Le mur derrière lui se fissura puis tomba rapidement en morceaux une main s’étant posée dessus.

« J’aimerai savoir … ce qu’une création de ce genre fait dans mon château. Toi … Tu es à son service, n’est-ce pas ? On m’avait signalé que l’un de ses agents avait décidé d’être une nuisance envers ma fille que je n’ai jamais vue. Je ne pensais pas qu’il aurait le culot de chercher à la tuer avant même que je ne puisses la voir. »

« Em … Empereur … Je … Je n’ai fait qu’obéir aux ordres et … »

« Disparais de mon existence et celle du peuple des démons, vaurien. Les êtres de ton genre n’ont aucune place dans le monde où je vis. »

La même main qui avait brisé ce mur s’était dirigée vers le démon. Tery comme Elise regardèrent ce qui était en train de se former. Cette sphère noire, cela ressemblait à de la magie provenant des lignes d’Alzar … mais il avait une étrange sensation … comme si elle était plus pure, vide de tout. Comme si elle avait toute substance qui s’approchait de cette boule. Le démon poussa un hurlement, tout son être se faisant tirer par la sphère, sa peau quittant son visage, puis ses muscles. Tout était en train de se faire avaler par la sphère et quelques secondes plus tard, il n’y avait plus aucune trace du démon.

« Il s’est passé … Il s’est passé quoi, là ? »

« Il a complètement disparu … Il n’y a plus rien du renifleur, plus rien du tout. »

« Hum ? Voilà donc celle qui est ma fille ? Et à côté, est-ce cette personne est celle dont même les plus grands renifleurs n’arrivent pas à trouver la lignée ? »

Il fallait le regarder, le regarder en face, lui tenir tête … mais avec cette magie dévastatrice, il n’était pas certain que ça soit le bon moment de faire l’affront. Autant, dans ses souvenirs, le roi de Shunter avait une certaine prestance, autant ici, il avait l’impression d’étouffer, qu’on l’empêchait de respirer et … il n’était pas certain de pouvoir tenir le coup longtemps.

« J’ai une idée de ce que tu es réellement … Quel est ton nom ? »

« Tery … C’est mon prénom. » dit le jeune homme cornu, arrivant enfin à regarder les yeux rubis qui le fixaient longuement. Oui … Des yeux rubis comme tous ceux qui utilisaient les lignes d’Alzar mais il avait l’impression que c’était … ceux de Manelena. Ils étaient naturels.

« Je vois, je vois … Ta génitrice a choisi un très bon prénom et toi … tu es Elise. »

« C’est exact. Comment est-ce que je dois vous appeler ? Vu que je viens … de tenir bon face à une tentative de meurtre sur ma personne, je ne sais pas trop ce que je dois penser. »

« Tu peux m’appeler père … ou empereur, cela dépendra de ce que tu as à raconter, de ce que tu as vécu, de ce qui va se passer. Pour l’heure, est-ce toi, Tery, qui est responsable de cela ? »

Les yeux … C’était uniquement ses yeux rubis qui le fixaient, comme pour lire en lui. De quoi est-ce qu’il parlait ? Des murs ? Du golem ? Des mains qui sortaient des murs ? Les explosions et autres, c’était Elise hein ?

« Le golem et les grosses mains de pierre, c’est moi. Je suis spécialisé dans les golems et dans la magie terrestre, empereur. Disons que j’ai été … forcé de me défendre. »

« Un golem ? Ah … Vraiment … Je vois. Quelle coïncidence. Je crois que le destin lui-même se mêle de cette histoire. Bien … Accompagnez tous les deux. Vous autres, nettoyez tout cela et faites que ces tâches soient disparues, que ces murs soient réparés, la prochaine fois que je passerai dans ce couloir. »

« Il en sera fait dans les plus brefs délais, empereur ! » répondit un soldat, l’autre s’en allant déjà aussitôt en courant pour prévenir les personnes compétentes. De leur côté, Elise et Tery se regardèrent. Il valait mieux éviter de refuser la proposition du monarque, non ?

D’ailleurs, qu’il se déplace avec aussi peu de gardes, c’était une marque d’insouciance ou de confiance ? Enfin bon, vue la puissance de la magie utilisée, c’était certainement le second cas. Cette magie, il aimerait bien en savoir plus.
Bon par contre, pendant la marche dans les couloirs, cette fois-ci, ils prenaient des chemins inconnus mais un silence pesant s’était installé. Il ne fallait pas qu’il prenne la parole … Il risquait de regretter ses paroles … et cela, il valait mieux éviter.

Maintenant qu’il lui tournait le dos, il était possible de le détailler. Il était grand … anormalement grand. Il devait bien mesurer deux mètres de hauteur voire plus. Oh, il avait déjà l’habitude avec Clari … … … mais surtout Manelena. Mais là, c’était pas vraiment naturel, à croire que l’aspect démoniaque influençait un peu ça.


A côté, on pouvait apercevoir des cheveux noirs bouclés lui allant jusqu’en haut du dos tandis que ses épaules étaient larges et imposantes. Ah … Il donnait vraiment l’impression d’être un monstre de guerre et de puissance. Il devait sûrement se battre fréquemment pour sa survie.

« Ce n’est pas trop compliqué de ne jamais pouvoir dormir sur ses deux oreilles ? »

« Est-ce à moi que tu t’adresses, Tery ? Sais-tu au moins à qui tu t’adresses ? »

Depuis l’époque où il répondait avec insouciance à Manelena avec la même question, il avait mûri … et surtout, il savait que cette époque était révolue. C’est pourquoi il resta silencieux pendant quelques secondes, finissant par répondre quelques secondes après :

« Je voulais juste … me renseigner. Ce renifleur, ou du moins si c’en était un réellement, avait évoqué le fait que l’empereur était souvent la proie de quelques démons qui espéraient l’éliminer pour mettre à mal son pouvoir. »

« Mes propres enfants envoient souvent des assassins pour tenter de m’éliminer. Grand bien leur en fasse. S’ils ne sont pas capables de venir par eux-mêmes, ils ne méritent guère que je m’intéresse à eux maintenant qu’ils sont adultes. »

« Est-ce que cela veut dire que je dois envisager de vous tuer aussi ? » demanda Elise d’une voix calme, Tery étant sure que l’empereur était en train en ce moment même bien qu’il leur tournait le dos. Il s’était d’ailleurs immobilisé, répondant :

« Comme tu le désires. Si tu es motivée à commencer dès maintenant, tu peux le faire … mais est-ce que tu veux prendre ce risque ? »

« Non. Je veux juste … des réponses à mes nombreuses questions … et aussi être sûre de la sécurité pour moi-même et Tery. C’est aussi simple que cela. Nous ne sommes pas encore certains que nous ne soyons plus en danger. »

« Si cela peut éviter de vous montrer trop rassurés, sachez que vous ne serez dorénavant plus jamais en sécurité tous les deux. Vos noms et surtout le tien, Elise, seront bientôt connus de tous et de toutes parmi les démons. Vous n’aurez sûrement plus une minute de répit sans que l’on tente de vous assassiner. Ainsi est la sinistre vie qui vous attend. »

« Ah … Pourquoi est-ce que j’ai posé cette question idiote ? » soupira Elise, comme déçue de la réponse bien qu’elle s’y attendait fortement en fin de compte.

« Car tu viens d’arriver depuis peu. Il va falloir que je revois toute ton éducation par rapport à notre monde … mais tes connaissances de l’extérieur vont nous être très importantes. Il faut que tu le saches, n’est-ce pas ? »

« J’ai compris que ce n’était pas pour moi que vous vouliez que je sois présente … et en vue de ce que j’ai appris par rapport à mes … frères et sœurs, il semblerait que ça ne sera guère mieux. Ah … Je m’en doutai grandement en fin de compte »

Elle pouvait soupirer autant qu’elle le désirait, la situation n’allait pas changer pour autant. Elle le savait très bien, malheureusement. D’ailleurs, une autre question la taraudait et même si ce n’était peut-être pas le moment, il fallait bien qu’elle sorte de sa bouche.

« Quel est votre nom, d’ailleurs … père ? » finit-elle par poser après quelques secondes, surtout pour utiliser ce terme auquel elle n’était guère habituée, surtout avec un parfait inconnu. D’ailleurs, l’empereur lui-même ne semblait pas s’y attendre.

« Hum … C’est vrai que tu n’es pas au courant. Je suis connu dans tout le royaume mais cela est étonnant que mon nom n’ait jamais été cité. »

« Disons que moi et Tery, nous ne sommes pas très sociaux … à la base. Donc les discussions dans les tavernes et les auberges, c’est pas vraiment ce qui nous intéresse. »

« Tu es vraiment très loquace, voire un peu impertinente alors qu’en dépit que tu sois de ma chair et de mon sang, j’en reste ton roi. N’oublierais-tu pas par hasard ta place ? »

« Excusez-là, empereur. Elle est encore un peu chamboulée, vous savez. Il y a moins d’un mois, nous étions parmi les démons vivants proches de la surface, nous faisions des explorations dans Traslord et toutes ces choses. En un mois, on a découvert tellement de choses, entre les différentes strates, ses habitants, ses monstres, nous sommes perdus. »

Il avait posé son regard sur lui, Tery s’immobilisant de peur d’avoir trop parler. Peut-être qu’il valait mieux s’abstenir ? Mais en même temps, il cherchait réellement des informations à ce sujet. C’était un peu tard pour reculer, non ?

« Oui. Disons cela ainsi.Vous me semblez encore trop candides pour avoir de mauvaises intentions à mon sujet … mais c’est généralement ces personnes les plus candides qui deviennent les plus dangereuses si on ne fait pas attention. Mon nom est Malark, empereur du royaume souterrain des démons. »

Pour toute réponse, Tery vint s’incliner respectueusement devant ce dernier, Elise faisant de même de son côté. Pfiou … L’ambiance n’était pas électrique mais on ne pouvait pas dire non plus qu’elle était vraiment très réjouissante à bien y réfléchir.

« Bon … Nous sommes bientôt arrivés à la salle du trône. Dans celle-ci, nous pourrons parler plus librement de ce que nous allons faire de vous … de vous deux, oui. »

« Vous auriez des détails aussi en ce qui me concerne ? » demanda Tery, un peu surpris.

« J’ai ma petite idée à ce sujet … mais rien qui ne soit confirmé. C’est pourquoi je vais plutôt songer à ce que tu ne sois jamais trop éloigné de ma fille ou de mes environs. S’il avère que mes suppositions soient exactes … Ta maîtrise de l’invocation des golems, elle est récente ? Ancienne ? Enfin … Nous en parlerons plus tard. »

Il avait déclaré qu’ils se rendaient vers la salle du trône et cela était maintenant le cas. Contrairement à auparavant, la route était bien moins longue et voilà que des soldats se présentaient sur leur route, laissant le passage au monarque et ses deux invités. D’ailleurs, était-ce normal que ça soit l’empereur Malark lui-même qui fasse ce déplacement ?

Bon après, vu que c’était lui qui avait fait le « ménage » par rapport à ce renifleur qui avait chercher à attenter à sa vie et à celle d’Elise, c’était peut-être la moindre des choses … bien qu’il le sentait beaucoup plus dur et froid que le roi de Shunter. Ah … Le défunt roi, plutôt. Les portes de la salle du trône s’ouvrirent, Malark rentrant en premier, suivi par Elise et Tery qui restaient guère trop loin de lui. Il n’y avait personne … même pas un simple soldat pour faire la garde s’il y avait un problème.

« Bien … Parlons-donc. Vous avez fait un long chemin jusqu’ici. »

« C’est peu de le dire. » marmonna Elise alors qu’ils restaient tous les deux debout. Ils n’avaient pas vraiment envie de jeter un œil au décor de la salle du trône tandis que le monarque s’était d’ailleurs assis sur ce dernier. Contrairement à ce qu’il avait pensé, Tery pouvait constater que le trône était plutôt … doux visuellement ? Il ne savait pas pourquoi, il s’était imaginé un trône en pierre, dur et solide, qui devait sûrement faire mal au dos … mais non pas un trône en tissu, ressemblant à un beau siège sur lequel on pouvait bien s’installer. Oui, non, ce n’était vraiment pas l’idée qu’il avait en tête.

« Mon trône est-il si intéressant que cela, Tery ? »

« Oh … Euh pas vraiment, je pensais juste au fait qu’il n’était pas en pierre. »

… … … Ah. Sa trop grande bouche venait encore de faire son office. Il remarqua le sourcil droit de l’empereur qui se leva, comme pour s’interroger sur la teneur des propos du jeune homme aux cheveux bruns. Elise, de son côté, poussa un profond et long soupir :

« Ce n’est pas parce qu’il s’agit de l’empereur des démons qu’il doit forcément siéger sur un trône en pierre noire. Comme il ne fait pas de décorations à base du crânes qui proviennent de ses ennemis, Tery. »

« HEY ! Je n’ai pas été jusque là, Elise. Ne va pas raconter n’importe quoi à mon sujet non plus hein ? Je tiens à te dire que … »

« Je me demande si les rares démons qui sont nés à la surface sont tous autant des spécimens comme vous autres. Au moins, vous êtes divertissants, tous les deux. »

« Je ne sais pas si je dois prendre cela comme un compliment ou non mais … merci, empereur Malark. Et pardonnez-moi pour cette remarque sur votre trône. »

« Disons que je m’attendais à des personnes … bien plus amères vue la situation. »

« Je crois qu’on a eut notre dose avant d’ouvir ses portes. »

« A ce sujet, vous allez devoir m’expliquer en détails la méthode exacte que vous avez accompli pour pouvoir ouvrir ses portes. »

« Cela risque d’être très long. » déclara Tery en regardant l’empereur, celui-ci hochant la tête positivement. Visiblement, ça ne le dérangeait pas le moins du monde.

« C’est un moindre mal par rapport à ce qui s’est passé en plus d’une vingtaine d’années. Et encore, je n’évoque là que depuis le moment où vous êtes nés, tous les deux. »

« J’aimerai simplement … savoir une chose avant. » dit Elise, ses yeux rivés sur son père. « Est-ce que je peux vous poser une question ou non ? »

« Cela dépend de la teneur de cette dernière. Est-ce qu’elle mérite une réponse de ma part ? Possèderais-je la réponse à celle-ci ? »

« Il y a de fortes chances que oui … donc … Qu’est-ce que je suis pour vous ? A part un enfant né à partir d’une seringue et d’une mère dont je ne sais rien à la surface ? Un simple objet ou un peu plus que ça ? »

« Oh … Question très pertinente mais … est-ce que tu désires vraiment obtenir la réponse à celle-ci ? Je te laisse encore la possibilité de reculer. »

« Vu que Tery et moi avons tout perdu en arrivant ici, dans le monde des démons, je crois bien que je n’ai aucune réticence par rapport à cela. Donnez-moi alors la réponse. »

« Tu es mon enfant, comme les autres. Je ne fais aucune différence suivant la façon dont tu as été conçue. De même, le fait que tu aies survécu à la vie à la surface et que tu sois à l’origine de l’ouverture des portes démoniaques te loge à une meilleure place que quelques uns de tes frères et sœur. Est-ce que tu es rassurée maintenant ? »

« Je ne sais pas si on peut vraiment évoquer ce … terme pour mon sentiment actuel. Mais oui, j’ai eut la réponse que je désirais … en partie. »

« Hum ? Y a t-il un souci par rapport à mes propos ? »

« Simplement, je ne sais pas ce que je dois penser par rapport au fait que j’ai été envoyée et isolée pendant deux décennies dans un monde complètement différent du mien. Comment dois-je interpréter cela ? »

« Ce n’est pas à moi de répondre à cette question. Je ne suis pas dans ton esprit … et nous avons mieux à faire. Il va falloir prévenir les servantes de préparer ta chambre et celle d’invités pour Tery. »

Ahem … Est-ce qu’il devait signaler qu’il préférait dormir avec Elise ? Même s’il risquait de gros problèmes s’il ouvrait la bouche pour cela ? Car il n’était pas sûr que ça ne soit pas mal … interprété de la part du roi ou des servantes. Pfiou … Comment tout ça allait se passer ?

Chapitre 43 : Connaître l’inconnu

Chapitre 43 : Connaître l’inconnu

« Sommeil facile, petit-déjeuner des plus copieux, c’est vraiment la belle vie par ici. »

« Pour autant, si tu regardes bien sur les côtés, tu remarqueras que tout le monde n’a pas forcément le même déjeuner. Comme quoi hein … »

Elise avait toujours une remarque à faire mais en même temps, il ne pouvait pas lui donner tort sur le coup puisqu’il était vrai que d’autres démons mangeaient des mets encore plus raffinés et délicats … même pour un simple petit-déjeuner.

« Et puis, la discussion avec cette servante hier, ça m’a un peu coupé l’appétit, Tery. »

« C’était hier … et de quoi est-ce que tu parles exactement, Elise ? De quoi est-ce qu’il s’agit ? Car là, j’en ait pas vraiment idée, je dois avouer. »

« Je veux parler du fait qu’il suffit que l’on mange un peu de chair de ces créatures souterraines pour obtenir une partie de leurs pouvoirs. Qui sait si on ne mange pas du démon en ce moment même ? Comment en être sûr ? »

« Tout simplement en évitant de se poser cinquante questions, Elise. Sincèrement, ça ne mènera à rien de se faire un mauvais bourdon … si c’est l’expression. »

« Je sais bien que … tu es d’accord mais en même temps … En plus, tu ne l’as peut-être pas vu hier mais on a été percé par des aiguilles. J’ai remarqué ça en me lavant. »

Des aiguilles ? Elle présenta son bras droit, laissant paraître ce qui semblait être un trou minuscule au niveau d’une veine. Il fit de même avec ses propres bras, cherchant un trou avant de finir par le trouver, murmurant :

« Pourquoi est-ce qu’ils auraient fait ça ? Tu crois qu’ils ont cherché à nous injecter quelque chose en nous ? Peut-être que l’on va devenir d’horribles monstres ? »

« C’est pas franchement drôle, Tery ! Pas du tout ! » s’exclama Elise avec colère.

« D’accord, d’accord, je reconnais facilement quand j’ai raconté une bêtise. Je tiens à m’excuser, Elise. Je ne pensais pas que tu le prendrais mal. »

« Surtout après ce que j’ai dit, c’est ça ? Est-ce que tu te moques vraiment de moi ? »

« Vous semblez toujours aussi actifs, vous deux. Avez-vous passé une bonne nuit ? » demanda une voix masculine, Tery et Elise arrêtant de se chamailler pour se tourner vers la personne qui venait de leur adresser la parole.

« Vous êtes … l’un des renifleurs d’hier, n’est-ce pas ? Pour la nuit, elle a été excellente. C’est vraiment un endroit merveilleux … par contre … »

« Hum ? Oui ? S’il y a des réclamations, je pourrais les donner à l’aubergiste et … »

« Ca serait plutôt par rapport aux aiguilles plantées dans nos bras. Enfin … les trous. »

« Oh … Euh … Hum … On va dire que je suis en partie là pour ça. » dit le renifleur de façon un peu évasive. Visiblement, il avait été surpris par les propos de Tery mais avait très vite retrouvé une certaine contenance alors que Tery finissait de déjeuner.

« Et donc, vous allez nous expliquer ce que c’est ou non ? » continua Elise, le renifleur regardant autour de lui avant de dire sur un ton plus faible :

« Finissez de manger, prenez vos affaires et suivez-moi, nous avons à parler. Cela concernera principalement vous, mademoiselle Elise. »

Principalement elle … pour ne pas changer. Le jeune homme aux cheveux bruns évita de faire la remarque, voyant qu’Elise s’était déjà levée pour retourner vers la chambre. Il fit de même, récuparant ses affaires et celles de la jeune femme avant de retrouver le renifleur. Celui-ci quitta l’auberge avec eux, murmurant :

« Bon … On va dire que nous avons eut les résultats sanguins … en ce qui vous concerne. On sait de quel sang vous êtes tous les deux. Du moins, pour mademoiselle Elise, c’est facile. »

« Qu’est-ce qu’elle est en vrai ? Duchesse du monde démoniaque, c’est ça ? »

« Oh … Ce n’est pas à moi de vous le révéler directement. J’imagine que ça sera à sa propre famille de le faire. Les retrouvailles vont être très remarquées. »

Retrouvailles ? Famille ? Interloqué, il regarda Elise. Ils allaient retrouver la famille d’Elise ? Enfin, celle dont elle était originaire ? Enfin, son sang quoi ! Euh … Même s’il avait trouvé que cela avait été un peu lent ces dernières semaines, là, ce n’était pas l’inverse ?

« Est-ce que tu es prête émotionnellement, Elise ? A ça ou non ? »

Le jeune homme aux cheveux bruns s’était adressé à sa compagne mais celle-ci était bien moin apeurée que lui, répondant d’une voix calme et stoïque :

« Allons-y … vu que j’ai deux mots à dire à ma … « famille » »

« Attention quand même à vos paroles, vous comprendrez sur le moment que ce n’est pas à dire à la légère, n’est-ce pas ? »

« Oui oui, bien entendu, je serais sage et respectable à ce moment précis. Vous pouvez nous y emmener ? C’est dans une autre ville ? »

« Nullement, là où nous nous rendons, c’est au … « coeur » de la capitale. Encore qu’il ne s’agit pas de son centre, paradoxalement. Accompagnez-moi, cela va prendre une ou deux heures de marche et nous aurons ensuite terminé. »

Encore de la marche … mais bon, visiblement, il semblerait que tout soit bientôt fini. Ainsi, il ne chercha pas à se plaindre et Elise fit de même de son côté. Par contre, niveau tenue, ils étaient vraiment bien différents des autres … et il était impossible de les ignorer. Ils remarquèrent le regard de quelques soldats qui se tournaient vers eux, prêts à agir avant de s’arrêter en voyant visiblement avec qui ils étaient accompagnés.

Déjà la précédente ville avait été un endroit splendide avec ces cristaux mais ici … ces tours, ces bâtiments, ces ruelles marchandes, ces véhicules montés, ces tenues extravagantes, ces innombrables servants et servantes qui étaient présents un peu partout, c’était …indécent. Pour autant, ce n’était rien par rapport à l’endroit où le renifleur les emmenait.

Plus ils avançaient, plus il avait l’impression qu’ils dépassaient une nouvelle échelle sociale et de noblesse. Toutes les vingt à trente minutes, les bâtiments devenaient encore plus luxueux, plus grands, plus impressionnants … et le nombre de servants et servantes augmentaient pour un nombre bien moindre de nobles.

« Vous pouvez apercevoir le lieu où nous rendons d’ici là. Il se trouve en face de vous. »

Le lieu ? Ah … Car même s’il s’agissait un bâtiment, il était tellement grand et imposant qu’on pouvait considérer qu’il était une partie de la ville à lui seul ? Car oui, les tours, les murs de pierre, les soldats … voire même chevaliers, qui se présentaient dans les ruelles, c’était bien ce qu’il était en train de s’imaginer ? En regardant Elise, peut-être qu’elle aussi … n’est-ce pas ? Pour autant, le jeune homme aux cheveux bruns finit par murmurer :

« Elise … Tu penserais que … par hasard, tu … »

« Je ne veux pas y penser. C’est trop … C’est n’importe quoi. J’ai été élevée par un aubergiste qui m’a considéré comme sa fille pendant tout ce temps. Je l’ai … tué par mégarde lorsque je suis devenue adulte, lorsque j’ai perdu le contrôle de mes pouvoirs. Ce qui se se passe, ce n’est juste pas possible. Ce n’est pas … ce qui doit m’attendre. »

Elle était apeurée, n’est-ce pas ? Elle avait tout fait pour montrer un air détaché et désintéressé mais la réalité revenait de plein fouet en ce moment même. Pfiou … Bon, peut-être qu’en prenant sa main, elle allait se sentir rassurée ? Le jeune homme glissa doucement vers celle d’Elise, l’agrippant fermement alors qu’elle paraissait presque choquée.

« Tu n’es pas vraiment obligé … Tery, tu sais, je crois être assez adulte et grande … »

« Et si tu peux donc juste te taire quand il le faut, n’est-ce pas ? » dit Tery, la jeune femme plongeant dans un mutisme particulier puisqu’elle était en train de sourire à moitié bien que discrètement. Bon … Ce n’était pas tout ça mais il fallait y aller !

« Nous devrions nous dépêcher. J’espère que vous n’êtes pas en train de vous disputer. Cela ferait assez mauvais genre là où je vais vous emmener. »

« Vous en faites pas, on sait bien se tenir. D’ailleurs, la façon dont vous utilisez les termes, cela donnerait presque l’impression que c’est vous qui risqueriez de ne pas bien paraître non ? Enfin, j’imagine que cela ne vous préoccupe pas trop. »

« Les renifleurs ne sont pas là pour se pavaner en public. Nous sommes là pour notre efficacité. Nos habits ne sont pas faits de tissus de grande qualité. »

« Oh … Ce n’était pas une complainte, loin de là. Moi et Elise, nous avons encore tellement à découvrir à ce sujet, vous comprenez. C’est vraiment nouveau à nos yeux. Excusez-moi si je vous aie vexé par mes paroles, ce n’était guère ce que je désirais. »

Et voilà ! Bon … au moins, en faisant une discussion, même absurde, avec ce démon, il avait l’impression que le temps passait plus rapidement. Pour autant, lorsqu’ils arrivèrent aux portes de ce château colossal, des gardes se positionnèrent, bloquant l’accès :

« Interdiction de pénétrer à l’intérieur sauf si vous avez une autorisation. »

« Cette démone est l’autorisation en elle-même. J’imagine que vous n’avez pas été mis au courant ? Peut-être devriez vous interroger les renifleurs royaux ? »

« Hey … Toi ! Vas-y dès maintenant. Même si on le connaît à force, on est jamais trop sûrs. J’ai pas envie de perdre mon boulot. » dit un garde à l’autre, celui-ci marmonnant que c’était toujours lui qui se tapait la corvée de course. « Et évite de te plaindre, si t’es nul aux jeux de dés, c’est pas de ma faute. Vas falloir apprendre à gruger comme les autres. »

« Ouais, ouais, ouais, j’y vais, j’y vais. » dit finalement le garde avant de s’éloigner en courant en arrière, disparaissant dans les couloirs.

Il ne fallut que quelques minutes pour que le soldat revienne, essoufflé mais seul. Visiblement, vu son visage apeuré, la discussion ne s’était peut-être pas passée aussi bien que prévue.

« Faut qu’on les laisse rentrer absolument sinon, on risque d’avoir de gros problèmes. »

« Ne me dit pas que l’ordre vient … de lui directement ? » demanda le garde alors que le second hochait la tête faiblement. Rapidement, la lance qui obstruait le passage se dégagea, laissant place au renifleur, à Tery et à Elise, pour leur permettre d’avancer. « Si j’étais vous, j’irais me dépêcher avant qu’il soit trop tard. »

« La faute à qui, hum ? Mais bon … Vous en faites pas, je dirais que vous avez fait votre travail et qu’on ne peut pas vous en vouloir d’empêcher la réunion d’une enfant à sa famille. »

Enfant, enfant, Elise était adulte hein ? Mais vue comment les deux soldats étaient tendus, il valait peut-être mieux s’abstenir de faire la remarque. Il était pas certain que ça soit apprécié par la personne qu’ils allaient rencontrer … voire les personnes.

La marche fut silencieuse. Personne n’osait parler, loin de là. Le seul bruit était celui des pas du trio alors que pourtant, quelques gardes étaient placés de part et d’autre. Ils étaient dans un château, cela lui rappelait des souvenirs … de Shunter.

Pas forcément le bon moment pour y penser, il le savait parfaitement … mais en même temps, difficile d’ignorer ce qui se passer. Il n’y avait plus aucun doute sur les origines d’Elise. Ils en étaient sûrs et certains. Elise … Elle tremblait de plus en plus et ce n’était pas sa main dans la sienne qui allait la rassurer. Il s’en voulait … un peu.

« Devant le monarque, vous serez vraiment priés de bien vous comporter. J’imagine que vous avez parfaitement compris la situation, n’est-ce pas ? »

« Oui … Ce que je dois comprendre surtout, c’est qu’à mon sujet, on ne sait rien, hein ? »

« A l’heure actuelle, vous êtes bien le cadet de nos soucis, si vous voulez tout savoir. »

« Bon au moins, comme ça, c’est franc et direct, j’en attendais pas tant. »

Il avait répondu de façon un peu ironique, comme pour bien monter que de telles paroles ne l’affectaient pas le monde. Au moins, maintenant, ils étaient sûrs par rapport à la situation. Pfiou … Comment est-ce qu’ils allaient devoir se tenir ? Car autant, Manelena, il avait appris à la connaître, autant cette personne qu’ils allaient rencontrer …

« Comment est le roi ? » finit-il par demander après quelques secondes tandis qu’ils continuaient à marcher dans les couloirs, toujours plongés dans le silence. C’était étrange et vraiment très saugrenu … Il ne s’attendait pas du tout à une telle ambiance. Il s’imaginait que cela serait bien plus vivant mais au final, il en était rien.

« Comment est le roi ? Hum … Difficile à exprimer par des mots. Disons que s’il est le roi, c’est bel et bien par rapport à sa force. Ce que vous devez savoir, c’est que chaque roi … ou reine … dévore celui de la génération précédente lors du passage du trône. »

« Hors de question que je bouffe un démon. » déclara Elise aussitôt.

« Oh … Ne vous en faites pas à ce sujet, vous n’êtes pas la seule dans la course au trône. »

« Sachant que je ne veux pas participer à cette dernière, je veux juste voir la tête de mon … géniteur et visiblement aussi du reste de ma famille d’après vos paroles. »

« Oh … Ce n’est pas à moi de régler les conflits de famille. Je ne fais que vous emmener. Mais si vous voulez rencontrer le reste de votre famille, cela sera difficile puisqu’ils sont un peu éparpillés dernièrement. On va dire qu’ils ont quartier libre et qu’ils peuvent se rendre où ils le désirent. »

« Tant mieux si nous nous comprenons alors. Bon … C’est encore loin par contre ? »

Elle ne devenait pas un peu agaçante ? Enfin, pas pour lui mais il pouvait comprendre qu’elle risquait d’énerver le renifleur à cette allure. Pour autant, celui-ci ne semblait pas vraiment s’en préoccuper, continuant d’avancer comme si de rien n’était.

Bah … S’il arrivait à supporter Elise, c’était une bonne chose mais pour combien de temps ? Le jeune homme aux cheveux bruns était plus intéressé par la décoration sur les murs. C’était assez austère mais en même temps, il voyait plusieurs tableaux de différents démons et démones. Pfiou … Aucun sourire sur ces derniers, juste un aspect royal omniprésent. D’ailleurs, certains de ces démons portaient des armures et des armes, allant de l’épée à la hache à deux mains, rien que ça.

« Dites … Par rapport aux guerres et toutes ces choses, est-ce que tous les démons acceptent le roi comme leur souverain … ou parfois, cela dégénère ? »

« Parfois ? Ah ! Bien trop souvent même … Être le roi du monde souterrain, c’est avoir réussi à survivre à toutes ces épreuves … et celles qui arrivent un peu chaque semaine. C’est bien pour cela que le roi dévore la génération précédente, cela lui permettant d’acquérir toute l’expérience nécessaire à sa survie … mais pour cela, il doit aussi prouver sa valeur. Ah … Vous allez avoir beaucoup de mal à vous faire une place, mademoiselle Elise. »

« Je dois répéter cela combien de fois pour que vous puissiez comprendre ? »

« Je pensais que mes paroles étaient assez explicites. En tant que fille du monarque ayant vécue à la surface, vous allez être une cible de choix pour le reste de votre famille. Vos connaissances sur la surface seront privilégiées par rapport à tout le reste. »

« Pour cela, ils devront passer par moi. » commença à dire Tery, cherchant par là à rassurer Elise qui avait légèrement blêmie. Elle ne s’était peut-être pas attendue à ça … du moins, de cette manière. C’est pourquoi il se voulait être présent.

« Oh, je n’en doute pas un seul instant … mais bon, il semblerait que la prochaine succession soit riche en rebondissements ! Et qui sait ce qui nous attends à la surface, n’est-ce pas ? C’est comment, franchement ? On en lit des bouquins anciens et entiers mais aucun démon à part vous deux, n’a vécu aussi longtemps à la surface … et les éclaireurs envoyés là-bas ne sont pas encore assez entraînés pour survivre voire y vivre assez longtemps pour nous donner plus de détails à ce sujet. Est-ce vrai qu’il y a un astre solaire et lunaire ? »

Wow ! Un changement de sujet aussi rapide avait de quoi surprendre. Le jeune homme aux cheveux bruns regarda le renifleur, un peu interloqué, ne sachant pas réellement quoi répondre avant de finalement se décider :

« Bien sûr … On les appelle le Soleil et la Lune. Selon l’endroit où nous nous trouvons à la surface, ils sont plus ou moins présents. Ainsi, dans certaines zones, le Soleil restera présent pendant presque toute une journée tandis qu’ailleurs, certains ne l’ont peut-être jamais vu. »

« Intéressant, vraiment très intéressant, vous voyez, vous devriez parler de ça puisqu’en ce qui concerne votre odeur et votre sang, nous n’arrivons pas à savoir de quelle famille vous êtes. Si en plus de ces connaissances, vous savez vous battre, vous arriverez alors très vite à vous faire une place, ce qui est nécessaire si vous espérez survivre en ces lieux. »

Hum … Bon, il devait danser sur quel pied avec ce type ? Car entre ses « conseils » et ses « questions », autant dire qu’il était difficile de savoir ce qu’ils devaient penser réellement de ce type. Pour autant, ce n’était pas le moment de se préoccuper de ça.

Pfiou … Ils n’avaient pas assez marché tous les trois ? Il avait l’impression que ça ne finissait jamais … et cela commençait doucement mais sûrement à le fatiguer mentalement. Il voulait que cela se termine et il avait l’impression qu’il repassait dans les mêmes couloirs, peut-être à cause du fait qu’il revoyait certains tableaux ?

« Dites … Nous sommes bientôt arrivés ? Je crois que faire retarder le roi, ce n’est pas une bonne chose, n’est-ce pas ? Si vous vous êtes perdu, on va se débrouiller tous les deux seuls. »

« Ah mais … Attendez un peu ! Nous y sommes bientôt ! Vous ne serez pas déçus et … »

« Bon, j’ai plus l’impression que votre but est de nous faire perdre notre temps en attendant d’autres personnes, n’est-ce pas ? »

« Qu’est-ce qui vous faite dire cela, mademoiselle Elise ? » demanda le renifleur, finissant par s’arrêter, tremblant un peu de tout son être.

« J’ai bien l’impression que tu nous prends pour des imbéciles depuis le début. C’est bien gentil de répondre à nos questions et de nous en poser mais on marche, on marche et bizarrement, il n’y a pas un seul garde sur notre chemin, ce qui est étrange pour le château du monarque de ce monde. Même ‘il est surpuissant, il en est pas immortel et il doit avoir de nombreux soldats pour le protéger. »

« Ils sont simplement en pause, vous en avez bien vu deux à l’entrée, non ? »

« Oui mais après, plus rien du tout … et il semblerait qu’ils étaient effrayés plus qu’autre chose, n’est-ce pas ? Bon … De toute façon, je crois bien que j’ai vu clair dans votre jeu. Vous travaillez pour l’un de mes frères ou l’une de mes sœurs non ? »

« Mais qu’est-ce que vous êtes en train de vous imaginer, vous … »

Une flamme. Il avait juste eut le temps de voir une flamme partir d’Elise qu’il fit un pas en arrière, esquivant alors ce qui allait s’abattre sur le renifleur. Du moins, c’est ce qui était prévu avant que le renifleur ne fasse un saut sur le côté pour éviter la flamme.

« Vous devriez arrêter cela, mademoiselle Elise. Agresser un renifleur, cela reste un crime très grave, vous le savez, non ? »

« Je n’en sais rien vu que je connais rien à vos lois ici mais vu que je suis de sang royal, je n’ai pas à appliquer ces lois sur moi … surtout si cela consiste à me défendre d’une agression visant à me tuer avant même que je ne rencontre ma famille. »

« Ah … Vraiment, vous rendez la chose bien plus compliquée et difficile, vous vous en rendez compte ? Vous n’arrangez rien du tout en agissant de la sorte, c’est vraiment dommage. Qu’est-ce qui vous a mis la puce à l’oreille ? »

« Hum … peut-être le fait que vous n’étiez pas parmi les renifleurs d’hier ? Vous savez, j’ai été serveuse dans une auberge durant la majorité de ma vie. Avec cela vient une mémoire visuelle et auditive assez grande pour nous permettre de nous rappeler des visages, des commandes et autres. Il est vrai que je suis un peu rouillée dernièrement mais bon … Merci de me permettre de me remettre à niveau très vite. »

« Tsss … Et dire que pour l’autre imbécile, cela était bien plus … »

« Simple ? C’est le bon terme ? » murmura Tery en fronçant les sourcils, les lignes d’Alzar apparaissant en même temps que ses cornes. Une main posée sur l’un des murs du couloir, voilà que deux autres firent leurs apparitions, scellant complètement le couloir de part et d’autre. « C’est vrai que je suis un idiot. Je n’avais pas remarqué ça … »

« Pas bien grave, Tery. Je me méfies de tout ce qui m’entoure et il a eut la malheureuse idée de nous signaler ce que ma famille complote en son sein … à partir de là … il a signé son propre arrêt de mort. Eliminons-le. »

L’homme cornu émit un petit rire, comme amusé par les propos du duo. En tant que renifleur, il n’était pas à prendre à la légère … et puis, il n’était pas bloqué avec eux, ils étaient bloqués avec lui, voilà toute la différence dans cette situation.

Chapitre 42 : Méli-mélo démoniaque

Chapitre 42 : Méli-mélo démoniaque

« Bon … C’est vraiment le grand luxe par ici. C’en est effrayant. »

« Tery, tu devrais toucher ces draps et ces couettes, c’est … prodigieux ! » s’exclama Elise alors qu’il soupirait doucement. Qu’est-ce qu’ils avaient de si … oh. Elle avait raison. C’était sacrément doux mais en même temps, il sentait parfaitement la chaleur dans le tissu. Cela sera un vrai plaisir de dormir et … oh, d’ailleurs.

« C’est un lit double, Elise. Tu éviteras de prendre toute la couverture, n’est-ce pas ? »

« Hum, tu me dis ça alors que la dernière fois, c’est toi qui t’aie mis dans un cocon de couverture car tu avais un peu froid ? Tu crois que je l’ai oublié ou quoi ? »

« Je me dis que peut-être, il aurait valu mieux que ça soit le cas, Elise. Ah … On va explorer les autres pièces ? Car si c’est la chambre la moins spacieuse de l’auberge, j’ai l’impression qu’elle fait trois ou quatre fois la taille de notre précédente chambre. C’est vraiment un tout autre monde, ça en est effrayant. »

« Tu te répètes, Tery. Pour quelqu’un qui est effrayé, tu ne le montres pas vraiment. »

« C’est surtout une expression, Elise. Bon, tu viens que l’on teste ce lit ? Hum … Non, quand je parle comme ça, ça peut porter à confusion. »

« Je sais bien que cela fait plusieurs mois mais je suis certaine que tu aies capable de te retenir encore quelques semaines voire mois de plus, n’est-ce pas ? »

Et Elise qui en rajoutait une couche. Erf ! Il déposa son sac sur le lit avant de vérifier les autres pièces. D’accord, même la salle de bain était imposante et s’il n’y avait que ça… Une petite pièce qui ressemblait à un bureau pour pouvoir écrire et déposer des livres. D’ailleurs, à bien regarder autour de lui, il s’exclama :

« Ca donne l’impression que certains y vivent à l’année ! Ils ont sûrement de sacrés moyens pour arriver à ça ! J’arrive pas à le croire … »

« Ca en est effrayant, c’est bien ça ? » déclara Elise, son visage restant stoïque.

« Hin hin hin … très amusant, n’est-ce pas ? Que cela est drôle de s’amuser de ma personne, n’est-ce pas ? » dit-il en souriant à la jeune femme.

« Tu voulais dire « n’est-il-pas ? », non ? Puisque nous sommes visiblement de haute lignée, nous devrions commencer à apprendre à bien nous comporter en société. Alors, Tery, tu vas m’imiter. Courbette, rond de jambe, s’incliner et autres. D’ailleurs, ils n’ont pas cinquante fourchettes, couteaux et cuillères lorsqu’ils mangent ? »

« Je t’avoue que je n’ai jamais vraiment vu Manelena se comporter de la sorte. Une fourchette, c’est une fourchette. Pareil pour Royan. »

« Je crois que ces deux personnes sont loin d’être les parfaits exemples dont nous avions besoin, Tery. C’est pas vraiment le genre de roi et reine issus d’un livre de contes. »

« Je me doutes. Encore que Royan, ça pourrait aller mais … Manelena, on parle quand même d’une femme qui se balade en armure noire, qui combat en première ligne, qui a voyagé dans le monde entier, combattu des créatures légendaires et … »

« Bon d’accord, ce sont bien des héros de contes mais sûrement pas de fées. » corrigea Elise en comprenant que si elle n’arrêtait pas Tery maintenant, cela ne serait jamais le cas.

« Ah là, par contre, je ne peux pas te donner tort. La vie avec eux n’est pas celle à laquelle on pourrait s’attendre réellement. »

Mais bon, ils allaient arrêter d’en parler hein ? Il avait réussi à ne pas trop penser à Elen et Manelena ces derniers jours avec la situation actuelle … donc s’ils pouvaient éviter de le faire replonger dans ses souvenirs douloureux, il ne dirait pas non.

Mais bon, Elise n’était pas forcément au courant que … Hum … En vue du regard qu’elle lui lançait, elle aussi souffrait toujours de cette situation … et ils ne faisaient rien du tout pour l’améliorer. Ils l’empiraient même … en s’éloignant de plus en plus de la surface.

« Bon bon bon … Maintenant qu’on est là, je pense que je vais en profiter pour me faire un brin de toilette. Tery, tu passes après moi ? »

« Fais donc, fais donc, Elise. Je vais regarder un peu par la fenêtre. »

Voir quoi ? Il ne savait pas trop. Il ne s’était pas vraiment posé la question à l’heure actuelle. Enfin, en jetant un œil dehors, ce qu’il pouvait remarquer, c’était pas seulement quelques nobles qui se promenaient mais les nombreux démons qui les suivaient, avec divers objets entres les mains. Des serviteurs, n’est-ce pas ? Il y avait aussi quelques servantes et … hum … Vu qu’il était en hauteur, il remarquait que celles-ci devaient laisser un sacré aperçu de leurs formes d’après les tenues qu’elles arboraient.

« Messire ? Mademoiselle ? » demanda une voix en même temps qu’il entendait quelques coups à la porte. Hum ? Quoi ? Une servante ? Maintenant ? Ah bon … Il valait mieux qu’il ouvre la porte, il était civilisé.

« Oui ? Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? » demanda Tery, observant brièvement la démone. D’accord, elle n’était pas vraiment plantureuse mais elle avait ce qu’il faut là où il le fallait. Si on rajoutait que les découpes dans ses vêtements lui laissaient le tissu coller à sa peau. Oui enfin bon, ça ne changeait pas qu’elle avait un air surpris dans le regard :

« Euh … Faire pour moi ? Mais c’est plutôt l’inverse. On m’a envoyé pour savoir si vous aviez besoin de quelque chose. Je suis à votre service durant toute la durée de votre séjour. »

« Notre séjour ne va pas être très long hein ? Il sera même plutôt court, donc je ne vois pas trop ce dont nous aurions besoin. On connaît à peine cet endroit. Nous venons d’arriver. »

« Oh … Soit. Mais sachez que nous proposons divers services à nos clients et clientes, cela va de la préparation de la chambre aux massages en passant par le fait de se faire nourrir. Nous accomplirons le moindre de vos désirs, qu’ils soient masculins ou féminins. Le bonheur de nos clients passe avant tout le reste, sachez-le. »

« Euuuuh …. Euuuuh … D’accord, le message est bien passé, merci. » dit simplement Tery, ne sachant guère réellement où se mettre maintenant.

« Puis-je prendre congé maintenant, messire ? »

« Bien entendu, bien entendu ! Vous pouvez disposer. Merci quand même pour m’avoir prévenu. Je vous souhaites une bonne journée ! »

« Il en va de même pour vous. Passez une bonne journée et n’hésitez pas à sonner si vous avez besoin d’une chose quelconque. Je suis à votre entière disposition. »

Oui oui ! Il avait compris la première fois mais il semblerait que la démone voulait vraiment qu’il l’invite à l’intérieur sauf que ce n’était pas possible ! Pas parce qu’il y avait Elise mais bel et bien parce qu’il ne pouvait pas se permettre ça. Il avait une certaine décence qui manquait clairement à cette servante … mais elle n’avait pas l’air méchante.

« Au revoir, mademoiselle … Est-ce que vous avez un nom ? »

« Erety, pour vous servir. » dit-elle tout en se courbant devant lui. Mais non, mais non, pas besoin de se mettre autant en valeur.

Il attendit qu’enfin elle parte pour pouvoir refermer la porte derrière lui. Bon … Ce n’était pas tout ça mais bon, Elise en mettait du temps, n’est-ce pas ? Elle s’était pas endormie dans le bain quand même ? Par contre, il était pas indécent, il allait patienter sagement.

Elise sortit de la salle de bain après plusieurs minutes, demandant à Tery de qui il s’agissait. Le jeune homme répondit tout simplement que s’ils avaient besoin d’un service, il y avait une personne à disposition pour cela. Peut-être pour le repas dans la chambre ?

« Je te promets que cela fait le plus grand bien. Et que dire des produits. J’ai l’impression d’être une reine dans un tel lieu, Tery ! »

« Attention à ne pas faire que cette impression devienne la réalité, Elise ! »

« Et si c’était le cas … Est-ce que ça changerait quelque chose entre nous, Tery ? »

« Je ne pense pas. Tu seras toujours Elise et je serai toujours moi. A partir de là, pas besoin de plus d’indications à ce sujet, non ? »

Et maintenant, si elle voulait bien lui pardonner, il allait aussi se laver de son côté ! Le jeune homme aux cheveux bruns partit en direction de la salle de bain, s’y engouffrant à l’intérieur avant de pousser un cri de surprise. Bon dieu, c’était pas une baignoire mais un lac quoi ! On pouvait y rentrer au moins six ou huit personnes ! Bon, la vision de voir huit personnes dans une même baignoire était … déplaisante mais voilà.

Et maintenant, il allait voir comment était l’eau chaude. Se déshabillant en intégralité, voilà qu’il se dirigeait tout simplement vers la baignoire, jetant quand même un œil aux différentes huiles essentielles et autres objets inconnus. C’était bien la première fois … qu’il voyait de telles choses. Comment est-ce que ça marchait ? Il ouvrit un flacon, reniflant à l’intérieur.

« Bon ! Ca a plutôt une bonne odeur ! On va mettre ça ! Puis ça aussi ! »

Et ça encore ! Il ne savait pas trop ce qu’il faisait tomber dans l’eau mais il remarquait que cela produisait pas mal de mousse. Bah … Ca ne semblait pas être bien dangereux de toute façon. Trente minutes plus tard, le voilà propre comme un sous neuf, Elise faisant une petite moue avant de se rapprocher de lui.

« Et bien, qu’est-ce que tu fais ? Tu veux devenir une renifleuse comme les autres ? »

« Hum … Dis moi, mais tu cocottes. Avec quoi est-ce que tu t’es parfumé ? »

« Je ne sais pas vraiment ? Il y avait tellement de flacons mais je ne pouvais pas tous les utiliser donc bon … j’ai pris au hasard ! »

Au hasard ? Elle cligna des yeux, essayant de voir s’il était sérieux mais au regard qu’il lui lançait, elle comprit que … oui. Ah … Qu’est-ce qu’elle allait faire de lui ? Elle se le demandait … elle se le demandait vraiment.

« La prochaine fois que tu veux prendre un bain, dis-le moi. »

« Euh … Non merci, Elise. Je ne suis pas intéressé par le fait que tu viennes dans la baignoire avec moi. J’ai quand même certaines limites. Même avec Elen, je n’ai pas été aussi l… »

« Non mais espèce d’idiot ! C’était pas pour prendre un bain avec toi mais simplement pour être sûr que tu ne fasses aucune bêtise ! »

« Hey … Je ne suis pas un gamin, je sais encore me laver correctement hein ? Je ne vois pas ce qui te fait dire ça … Bon par contre, y a une étrange odeur et je ne sais pas d’où elle vient. Tu as une idée ? » demanda t-il alors qu’elle se donnait une claque sur le front.

« Peut-être de toi ? Car tu as mélangé tout et n’importe quoi ? Et tu es presque bon pour en reprendre un second. Tu veux que j’appelle une servante pour te faire un décrassage ? »

« Non merci. C’est le genre de servantes qui propose plus qu’il n’en faut et … je n’ai pas vraiment besoin de ça. Ah … Faudra t’en accommoder, Elise. »

« De quoi ? Tu crois vraiment que tu vas t’installer dans le lit comme ça ? Tu vas dormir sur le fauteuil et si tu n’es pas content, c’est pareil ! Ou alors, tu va reprendre un bain et faire disparaître cette odeur, c’est à toi de voir. »

« Grmbl … Bon, d’accord, j’y retourne. Je vous jure, les femmes, des fois. »

« Et tu évites de te plaindre, d’accord ? Et tu fais ça avec le sourire, s’il te plaît ! »

Ca ne lui plaisait pas justement hein ? Il s’éloigna de la jeune femme cornue avant de retourner dans la salle de bain. De son côté, c’était à son tour à Elise de jeter un œil par la fenêtre, un peu songeuse par rapport aux événements.

« Je n’avais jamais remarqué … mais ces démons ont une drôle d’allure. »

Chez ceux qu’elle connaissait, ils étaient majoritairement comme elle ou Tery. C’est à dire humanoïdes avec des cornes de démon en permanence. Bon chez eux, les cornes pouvaient disparaître bien qu’ils évitaient de trop les cacher mais là … ici, ce n’était pas pareil. Certains démons n’étaient pas cornus.

« Mais surtout, ils ressemblent à des … gens de la surface. »

Oh pas comme ça forcément ! Pas uniquement ! Non, c’est juste qu’elle remarquait des branchies, des oreilles de citoyens d’Honoros, des ailes comme ceux de Claudiska, oui … C’était ça ! En fait, c’était des démons mais avec des attributs provenant des races de la surface ! Qu’est-ce que ça voulait dire exactement ?

« Pour des démons qui n’ont jamais vu la surface depuis des siècles, c’est étrange. »

Mais en même temps, ce n’était pas à elle de faire une réflexion de la sorte. Elle provenait de la surface donc bon … elle était sûrement moins démone que la majorité de ces êtres.

« Bon ! Elise, est-ce que ça te convient maintenant ? »

Il était revenu de la salle de bain, torse nu, avec juste son pantalon comme habit. Les cheveux encore trempés, il s’était approché d’elle, penchant la tête pour qu’elle puisse le sentir. La jeune femme aux cheveux auburn poussa un cri avant de lui prendre la serviette et de dire d’une voix énervée mais inquiète :

« Mais tu es malade ou quoi ? Tu veux justement tomber malade en étant trempé comme ça ? Et oui, l’odeur est partie ! Manquerait plus que tu n’ailles pas bien pour les prochains jours. »

« Hey, tu n’as pas à t’en faire, je suis du genre très résistant. Si tu commences à te faire du souci pour les moindres petites choses, tu ne seras pas sortie de l’auberge. »

« Je ne compte pas en partir mais j’ai quand même le droit de me préoccuper de ta santé. Bon, sinon, Tery, tu avais vu que certains démons sont comme les races de la surface ? »

« Pendant que l’on marchait dans la capitale jusqu’à l’auberge ? Oui, brièvement. J’ai trouvé ça étrange et je me demandais si ce n’était pas des émissaires mais au final, vu que certains avaient des cornes, je me doutais que ce n’était pas le cas. »

« Ah ! Et tu n’as pas pensé à m’en parler dès que nous étions seuls ? »

« Sincèrement, j’en voyais pas l’utilité. Si ça t’intéresse tant que ça, on peut interroger la servante à ce sujet. Moi, ce qui m’ennuie le plus, ce sont les autres démons. »

« Quels autres démons ? De quoi est-ce que tu parles maintenant ? »

Il avait fini par remettre son haut après qu’elle ait fini de le sécher. Oui bon, cela l’avait particulièrement gêné qu’elle fasse ça mais il avait préféré ne rien dire à ce sujet. Mais voilà qu’elle lui avait posé une nouvelle question, Tery répondant :

« J’ai vu des démons en partie monstrueux … comme ceux de l’extérieur. »

« Tu veux dire … la sale bête à moitié araignée ? Mais mais mais … »

« Ils se promenaient dans la rue comme si de rien n’était. En fait, ils paraissaient … normaux, pas comme s’ils avaient perdu le contrôle de leur corps. »

« Je crois que ça fait trop de découverte pour nous en si peu de temps, Tery. Tu parlais d’interroger la servante, j’imagine que ça va être nécessaire. »

Comme elle le voulait. C’est bon, il était propre et correctement habillé. Elise demanda ce qui lui prenait, Tery ne préférant pas répondre. Bon, alors, il suffisait d’appuyer sur ce bouton, n’est-ce pas ? Et ensuite, qu’est-ce que ça allai faire ? Des petits coups à la porte se firent entendre, moins de deux minutes plus tard.

« Rentrez donc, mademoiselle Erety ! »

« Comme vous le voulez, messire Tery. » répondit une voix féminine de l’autre côté de la porte avant qu’elle ne finisse par s’ouvrir. Elen murmura :

« Messire Tery ? Mademoiselle Erety ? Vous voulez que je vous laisses seuls ou quoi ? »

« Oh, vous n’êtes pas seul ? Si je ne me trompe pas, vous êtes mademoiselle Elise, n’est-ce pas ? » demanda la servante en s’inclinant devant la jeune femme aux cheveux auburn.

« Oui oui, c’est exactement ça. On avait … quelques questions à te poser si ça ne te dérange pas trop d’en parler, bien entendu. Si tu n’as pas envie, ça se comprendrait. »

« Je suis là pour y répondre. Posez-les donc mais sachez que je ne suis pas certaine de pouvoir répondre à tout ce que vous allez me demander. »

« Ca va pas être trop dur. Première question : Comment se fait-il qu’il y ait des démons avec des ailes, des oreilles pointues, des branchies voir des bras écailleux dehors ? »

« Oh ? Mais ils sont nés ainsi. Je pense que vous vous inquiétez sur le fait qu’ils ont fini par avaler trop d’autres êtres mais non, les démons les plus nobles possèdent de tels attributs. »

« Toi-même, est-ce que tu en possèdes ? » demanda Elise, croisant les bras, yeux rivés sur la démone en face d’elle. Celle-ci hocha la tête positivement, finissant par se retourner. Dans son dos, voilà que deux petites ailes de plumes bleues firent leurs apparitions. Elles n’étaient pas miniatures mais … cela donnait l’impression que …

« Je suis incapable de pouvoir voler avec. Je peux planer pendant quelques secondes mais les vols me sont interdits. Je ne suis qu’une servante, vous comprenez. »

« Et j’imagine que cela ne va jamais s’améliorer un jour, n’est-ce pas ? » dit Elise, empêchant complètement Tery de se mêler à la conversation. Pour toute réponse, la servant paru songeuse pour quelques secondes, finissant par déclarer :

« J’imagine que si je dévore bon nombre de chairs issues de créatures ailées, elles devraient pouvoir pousser et grandir ou au moins me permettre de voler plus convenablement. »

« Mon autre question concerne … ces démons qui sont en partie monstrueux. Normalement, ceux qui commencent à dévorer d’autres démons perdent la tête, non ? »

« Oh … Vous voulez parler des démons les plus faibles, n’est-ce pas Les hautes lignées démoniaques sont habituées à dévorer d’autres démons. Cela leur permet de se renforcer tout en gardant le contrôle de leurs corps. Néanmoins, parfois, tout ne se passe pas aussi bien que prévu et certains membres d’une lignée disparaissent complètement car ils n’ont pas réussi à ne pas franchir leurs limites. Tout est une question de volonté. »

« Est-ce que … tu as toi-même déjà mangé d’autres démons ? »

« Cela est une question un peu personnelle … mais non. Je n’ai fait que dévorer quelques monstres pour pouvoir être à la hauteur de la tâche qui est la mienne. Dévorer d’autres démons est hors de portée pour le moment et je n’ai même pas à envisager une telle chose. »

Oh … Cela commençait doucement à lui donner mal au crâne. Il n’était pas certain d’avoir tout saisi mais en clair, les races démoniaques pouvaient dévorer les créatures qui vivaient sous-terre pour acquérir un peu de leurs forces … mais comment est-ce que cela marchait ? Car lui et Elise avaient déjà mangé un peu de ces créatures sans que cela ait un effet sur leurs corps pour autant, non ?

« Merci, nous avons eut toutes les informations dont nous avions besoin. »

« Est-ce qu’il vous faut autre chose, messire Tery ? » demanda Erety en se tournant vers le jeune homme qui n’avait pas put dire un seul mot de toute la conversation. D’ailleurs, le fait qu’elle le questionne le perturba légèrement, Tery lui répondant :

« Je crois qu’Elise a demandé tout ce qu’il fallait. Merci pour vos réponses, mademoiselle Erety. Pour l’heure, nous n’avons besoin de rien d’autre. »

« Si vous me permettez, je vais alors disposer et retourner à mes occupations. Vous pouvez sonner quand vous le désirez, comme la première fois. »

« D’accord, mademoiselle Erety. Bonne journée à vous. »

« Et il en va de même pour vous … et vous aussi, mademoiselle Elise. » corrigea la servante après une petite absence, Elise n’émettant qu’un petit grognement de mécontentement avant d’attendre que la servante parte pour se tourner vers Tery :

« Vraiment, déjà avec la renifleuse, maintenant avec elle, tu exagères ! »

« Mais je n’ai rien fait du tout, Elise. Tu ne vas pas être jalouse d’elle aussi quand même ? Tu es ma seule priorité en ces lieux Fais quand même attention à ne pas exagérer. »

Il lui rappelait qu’elle avait Royan mais elle garda son air boudeur. Rah … Les femmes ! Mais bon, il comprenait aussi qu’elle le surveillait à moitié sauf qu’il était un jeune homme … ouais non. Respectable, ça pouvait pas convenir à quelqu’un qui aimait deux femmes en même temps. Pff … Deux femmes, ça voulait pas dire trois ou plus ! RAH ! Et surtout, pourquoi avait-il besoin de se justifier ? Il y avait bien plus important là !

Chapitre 41 : Une grande lignée

Chapitre 41 : Une grande lignée

« Ah … Ils ont le réveil difficile, n’est-ce pas ? »

« D’après ce qu’ils ont dit, pour le gars, c’est plus une grosse fatigue. Pour la fille, c’est juste qu’elle n’a pas envie de se réveiller. Sinon, ils font quoi les renifleurs ? »

« Ils arrivent, ils arrivent. » déclara le premier garde au second alors que Tery et Elise étaient installés sur un lit, les yeux clos. Leurs corps se soulevaient, signe qu’ils étaient en bonne santé et respiraient calmement.

« Quand même … Faire se déplacer nos meilleurs renifleurs, ce sont quoi ces types ? »

« Tu veux savoir ? C’est qu’une rumeur mais en fait … » commença à chuchoter le second garde au premier, celui-ci clignant des yeux, abasourdi parce qu’il venait d’entendre.

« Non … Tu plaisantes hein ? Tu rigoles, quoi. C’est pas possible que ces deux-là … »

« Peut-être pas les deux mais au moins l’un d’entre eux. Après, faut attendre que ça se confirme … Le truc, c’est que c’est difficile et là, ils ont été le voir par principe et par simple mesure de précaution. Tu te doutes qu’il va sûrement pas apprécier qu’on lui demande ça. »

« Ouais … Oser lui demander de se faire renifler, c’est que les renifleurs ont vraiment l’impression qu’ils ont pris le gros lot en ce qui les concerne. » soupira l’un des deux hommes, observant Tery et Elise comme si de rien n’était. Vraiment, ces deux personnes.

Lorsqu’il rouvrit les yeux, il était encore en train d’observer ce plafond de pierre. Cela devenait une habitude ces derniers temps, n’est-ce pas ? Il était … franchement mécontent de tout ça. Il n’était pas certain que cela lui plaise.

« Ah ! Le voilà en train de se réveiller, tant mieux. Cela se fera plus en douceur alors. »

« Ca ne se fera pas en douceur si on me m’explique pas ce qui est en train de se passer. Je n’ai pas l’air attaché … mais ça ne change pas … que je me rappelle de ce qui s’est passé. »

« Comme l’invocation d’un golem, le refus d’obtempérer et tout le reste ? »

Il n’avait aucune idée de qui adressait la parole mais il allait très vite calmer cette personne. Grommelant, il fit un mouvement sur le côté, voyant Elise qui était assise sur un lit, des personnes devant elle, en train de la renifler.

« Merveilleux ! Vraiment merveilleux ! Ce n’est pas possible et pourtant … »

« Quand il va apprendre cela … quand le peuple va l’apprendre ! Non … Il faut d’abord que l’on voie avec lui … que l’on sache exactement ce qu’il faut faire. »

« Bon, maintenant, on devrait aller voir ce jeune homme. Tous les autres renifleurs ont été unanimes, on ne sait pas ce que sont ses origines. »

« Vous savez que je suis réveillé, n’est-ce pas, hein ? » dit Tery en soupirant.

« Tant mieux, tant mieux. Est-ce que vous allez vous laisser faire comme votre amie ? »

« Je ne vois pas pourquoi je refuserais maintenant … De toute façon, je n’ai pas vraiment le choix alors bon … Faites le plus vite possible et que l’on passe à autre chose. »

Il disait cela avec une certaine nonchalance et fatigue. Dire qu’il était exténué, c’était un peu une exagération mais se faire renifler au réveil … ce n’était pas vraiment le genre de réveils qu’il préférait. Pire encore, il s’imaginait un animal en train de lui faire ça puis lui lécher la joue, yerk. Voilà quoi ! Bon, ce n’était pas bien grave …

« Qu’est-ce que cela a donné pour Elise ? Au final, vous en savez plus sur ses origines ? »

Autant faire la conversation du mieux qu’il le pouvait, non ? En vue de la situation, ça ne serait pas si étrange que ça, n’est-ce pas ? Elise s’était tournée vers lui, visage un peu défait avant de lui répondre :

« Il semblerait que .. je sois vraiment très spéciale, Tery. Je n’en sais pas plus à ce sujet mais … ils vont m’emmener à ma famille, plus tard. Enfin, ma vraie famille. »

« Pourquoi est-ce que tu fais cette tête alors ? C’est sûr que ce n’était pas vraiment ce à quoi on s’attendait en venant ici mais … c’est mieux de connaître ses origines, non ? »

« Sûrement, Tery, sûrement … Enfin, je crois que c’est le mieux possible » dit Elise, n’osant toujours pas le regarder directement. « En même temps, cela veut dire moi … mais pas forcément toi, Tery. Je devrais y aller seule »

« Oh … Je vois, je vois … Vraiment, ils aiment nous compliquer la vie. »

Il lui parlait comme si les autres n’étaient pas présents. Pour autant, il y avait bien cinq personnes qui étaient en train de le renifler. Cinq personnes de tout âge. Tery se laissa faire, voyant les mines perplexes de chacun avant qu’ils ne se mettent à discuter entre eux :

« Alors, votre résultat ? Qu’est-ce que vous en pensez ? Vous avez une idée ou pas ? »

« Rien du tout … J’arrive pas à savoir ce qu’il est exactement, c’est vraiment perturbant. »

« Moi de même. Cette odeur ne me dit rien. Je ne sais pas d’où elle provient et pourtant, j’en ait reniflé des personnes dans toute ma vie. »

« Qu’est-ce que l’on doit faire ? On ne peut pas le laisser ainsi. Son odeur est très forte, très puissante, elle est même … aussi puissante que la sienne. »

« On a pas le choix. On doit aussi l’emmener, par mesure de précaution. »

« Vous savez, à force de parler d’odeur très forte, je vais finir par croire que je sens vraiment plus que mauvais. Ce n’est quand même pas ça, rassurez-moi ? »

« AH ! De l’humour sur l’hygiène ! Cela faisait bien longtemps ! Cela se voit que vous venez de la surface. Plus personne n’ose se moquer de l’odeur et des renifleurs depuis longtemps. »

Tant mieux alors. Il était là pour se rappeler à leurs bons souvenirs. Il était sûr et certain qu’ils allaient très bien s’apprécier tous ensemble, hein ? Hahaha … Ouais, très bien s’apprécier. Il était plutôt en colère … même s’il voulait éviter de le montrer.

« Bref … Au final, qu’est-ce que vous allez faire de moi ? Que je sache si je vais mourir ou non. Je ne suis pas très au courant des us et coutumes. »

« Vous tuer ? Même si vous n’étiez pas un démon comme ceux de la capitale, rien que le fait que vous accompagniez dame Elise fait de vous un être remarquable. Vous saurez être récompensé comme il se doit mais … voilà, vous n’avez pas à vous inquiéter. »

« Justement, ce n’est pas en disant cela … que je vais sûrement plutôt m’inquiéter ? »

« Ce n’est pas faux … mais bon, on va plutôt se réjouir. Le peuple entier va se réjouir de la présence de dame Elise ! »

Dame Elise. C’était la seconde fois qu’il parlait de la sorte. La première fois, il s’était dit qu’il s’agissait d’une erreur mais maintenant, l’erreur était difficile à ignorer, n’est-ce pas ? Et devant le regard abasourdi d’Elise, il comprenait aussi … qu’elle ne savait pas pourquoi est-ce que cette personne l’appelait ainsi. Super !

« A partir de là, c’est vraiment une aubaine … mais il nous faut quand même vous faire patienter une journée environ. Nous devons prendre des dispositions. »

« Cela ne m’étonne pas vraiment, je dois vous avouer. Mais bon, vous connaissez votre boulot, je vais pas vous empêcher de le faire. »

« On ne fait vraiment plus de démons comme vous par ici … Vous semblez presque insultant mais vous donnez plus l’impression d’indifférence. »

« Disons plutôt que ça fait déjà presque deux semaines voire plus que moi et Elise, nous sommes traînés de tous les côtés. Alors … une journée de plus, ce n’est pas dramatique. »

« Difficile de savoir si c’est une vision pessimiste ou optimiste de votre part. Vous êtes quelqu’un qui me rend assez perplexe, je dois avouer. »

Pour toute réponse, le jeune homme vint juste hausser les épaules, comme si de rien n’était. Bah … Qu’est-ce qu’il voulait qu’il lui dise ? Par contre, il avait bien entendu un grognement a moment où il avait parlé d’Elise. Quoi ? Fallait l’appeler Dame Elise maintenant ? Non merci. Elise était Elise, il n’allait pas faire ça avec elle maintenant.

« Par contre, on va vous trouver un endroit bien plus décent que ces lits de garde pour la nuit. Vous allez sûrement dormir dans la meilleure auberge de la capitale. »

« Non à nos frais, n’est-ce pas ? » dit le jeune homme aux cheveux bruns, un brin suspicieux dans le regard alors que le renifleur lui répondit en rigolant :

« Lorsque l’on va expliquer vos cas au tavernier, il fera cela gratuitement, hahaha ! »

Tant … mieux, non ? Il sentait que ce n’était pas à cause de lui mais bel et bien par rapport à Elise. Il n’avait aucune idée de ce qu’elle était exactement mais … c’était visiblement énorme. Ah … Mais bon … Est-ce qu’ils allaient les laisser seuls un peu ?

« Dès que vous vous sentirez capables de marcher, suivez nous. Vous avez vos affaires ? »

« Bien entendu … Dont mes livres sur les golems. » dit le jeune homme, faisant hausser un sourcil à deux renifleurs présents.


Il avait bien parlé au pluriel … et il avait bien parlé des golems. Est-ce qu’il était un peu jaloux de l’intérêt que les renifleurs avaient pour Elise ? Hum … Difficile à savoir, difficile à dire mais en même temps … Aucun ne fit de remarque. C’était dommage. Personne n’avait mordu à l’hameçon qu’il avait tendu.

Il entendit le petit rire amusé d’Elise, celle-ci se rapprochant de lui, lui chuchotant que ce n’était pas bien de vouloir être le centre d’intérêt alors que généralement ,tous les deux préféraient plutôt être discrets, n’est-ce pas ? Pourquoi ce revirement à 180 degrés ?

Il n’allait pas lui expliquer. Mais bon, quand même, les golems … C’était bien les seuls êtres de confiance en cet endroit à part Elise. Il fallait dire que c’était ses créations même si depuis Omnosmos, il n’était plus … si rassuré. Il y avait quelque chose d’étrange dans ces golems et il ne pensait pas exactement à la conception de ces derniers. Non, c’était bien différent … sans pour autant réussir à exprimer comment exactement.

« Vous êtes capables de marcher un ou deux kilomètres ? » demanda le renifleur en chef, du moins, celui qui leur parlait depuis le début.

« Malgré ce que les gardes nous ont fait, ça devrait aller pour moi. » dit le jeune homme aux cheveux bruns, passant une main derrière son crâne.

« De mon côté, c’est bon aussi … enfin, je crois ? Tout se chamboule un peu trop vite dans ma tête, j’avoue que je suis légèrement perdue. »

Elle tenta de rire mais on pouvait entendre un peu de nervosité dans sa voix. Elle cherchait elle aussi à se rassurer. La situation était calme et pourtant, difficile d’ignorer qu’elle était lourde. Ces renifleurs, en appelant Elise « Dame », venaient tout simplement de confirmer une chose qu’il avait remarqué depuis le premier reniflement : Elise était sûrement très haute placée dans la société des démons.

… … … En fait, à cette allure, il ne voyait qu’une seule lignée pour Elise. Il n’osait pas le dire à voix haute car il avait le sentoment qu’Elise ne s’en remettrait pas. Et vu comment elle pouvait réagir, parfois tout feu, tout flamme, c’était mieux d’y aller doucement mais sûrement. Ah … Bon … C’est pas tout ça mais en route ?

Comme dans les précédentes villes, le simple fait d’être accompagné par des renifleurs attirait le regard des autres sur eux. Et pourtant, ces démons, ils avaient de sacrés vêtements … mais ils n’étaient pas tous luxueux contrairement à ce qu’il pensait. Certains avaient presque l’air de simples démons, comme ceux issus de la strate la plus proche de la surface.

« C’est peut-être au final que des foutaises depuis le début … humpf. »

« Vous semblez dépité par le fait qu’il y ait des démons de basse stature parmi nous, n’est-ce pas ? Vous avez l’oeil … c’est une bonne chose. »

« Vous allez peut-être m’expliquer pourquoi, c’est ça ? » dit Tery en soupirant, ne s’attendant pas vraiment à une réponse positive de la part de cet homme.

« Ils font partie d’une lignée plus ou moins éloignée de celles parmi les plus nobles démoniaques. Ainsi, on pouvait leur laisser le choix : soit ils vivaient libres mais ne pourront jamais mettre les pieds dans la capitale, soit ils obéissent à nos ordres et peuvent alors habiter en ces lieux. Autant dire que pour la grande majorité, le choix est vite fait. »

« Une vie de servitude … certains sont prêts à tout, même à perdre leur dignité, pfff. »

« Et oui mais vous allez très vite comprendre pourquoi ils n’hésitent pas. »

Un sourire aux lèvres. A voir s’il était mauvais ou non. De toute façon, ce n’était pas à lui de faire la morale en ces lieux. Il ne les connaissait pas et il n’était pas assez bien pour pouvoir juger de la situation. De toute façon, si cela leur plaisait hein ? C’était eux et uniquement eux que ça regardait. Lui-même, qu’est-ce qu’il en avait à faire ?

« Toute situation n’est pas forcément blanche ou noire. Certaine familles se montrent odieuses avec leurs employés tandis que d’autres sont bien plus souples. »

« Je n’avais pas posé la question, vous n’étiez pas obligé d’en parler hein ? »

« Votre regard en disait bien plus que vos lèvres. Je n’ai fait que répondre à cela., rien de plus, rien de moins. Vous n’allez pas me faire la morale à ce sujet, n’est-ce pas ? »

« Pas vraiment … Ce n’est pas mon genre. De toute façon, ce que font ces familles de nobles ne me regardent pas. Je n’ai pas à m’en soucier. »

« Et vous le faites … alors que vous ne savez même pas à quelle famille vous appartenez. Enfin, nous non plus visiblement. »

Petit trait d’humour ou alors, il avait mal compris ? Bah … Peut-être que oui ? Pour l’heure, ce n’était pas ça le plus important. A force de marcher, il venait à peine de remarquer … qu’ils étaient au beau milieu d’un jardin. Hey ! Depuis quand ?! Un regard à gauche et à droite et voilà qu’il était possible de voir des bancs et des champs de fleur.

« On est dans les jardins royaux ou quoi ? »

Déjà, le fait de voir un jardin, c’était un peu choquant mais surtout … Il voyait bien d’autres bâtiments, des maisonnées, des magasins … Ca voulait dire quoi ? Il se fit tirer la manche par Elise, celle-ci lui désignant la demeure majestueuse en face d’eux.

« Mais c’est un palace ou quoi ? » reprit le jeune homme aux cheveux bruns, éberlué par ce qu’il voyait. En levant les yeux en l’air, il n’était pas sûr d’y voir bien clair … mais est-ce qu’il était possible de voir le sommet du toit ? Il fallait plisser les yeux pour que ça soit le cas. Un petit rire, encore une fois. Il devait avoir l’allure d’un paysan sortit de se campagne.

« C’est là où vous allez résider tout simplement. C’est une auberge, la plus belle et la plus grande de la capitale. Surpris ? »

« Euh … Pas qu’un peu. D’ailleurs, à quoi est-ce que cela sert une auberge dans la capitale ? Que je sache, les villes ne s’ouvrent pas aux êtres extérieurs, n’est-ce pas ? »

« Certains démons peuvent vouloir trouver un refuge, se donner rendez-vous dans un lieu secret. Cet endroit n’est pas définitivement fermé à l’extérieur mais les conditions d’accès sont très ardues et difficiles. Autant dire qu’il n’y a aucune chance ou presque de pouvoir y accéder en temps normale, c’est pourquoi il n’y a pas besoin que vous vous interrogiez à ce sujet. »

« Et si je veux quand même savoir, est-ce que vous allez me répondre ? »

« Je pourrais … mais cela n’est pas nécessaire. Pénétrons plutôt à l’intérieur, que vous constatiez un peu la beauté des lieux par vous-mêmes. »

La beauté des lieux. C’était toujours relatif par rapport à la personne et … … … Euh. Tery s’immobilisa, Elise faisant de même de son côté. D’accord, c’était pas du tout ce à quoi il s’attendait en venant ici mais il fallait reconnaître que la décoration lui faisait un sacré effet. Comment pouvait-il expliquer cela ? C’était une impression de luxure indécente, entre les chandeliers accrochés au plafond, les meubles faits en pierre ou en bois mais au ciselage inégalé, c’était … exagéré. Beaucoup trop exagéré.

« J’imagine que cela appartient à la famille la plus riche de la capitale voire du royaume ? »

« Vous imaginez bien … mais en même temps, vu le luxe de cet endroit, vous comprenez aisément que tout le monde ne peut pas se payer une chambre et qu’en même temps, pour décorer ce lieu, la famille qui s’en est chargée a dépensé des milles et des cents. »

« Bien entendu, cela est logique et va de soi … rien d’anormal alors. »

Enfin, si, tout était anormal mais bon. Toujours en tournant son visage à gauche et à droite pour étudier les lieux, Tery suivait les renifleurs jusqu’à ce qu’Elise lui donne un petit coup dans la hanche pour lui signaler d’arrêter.

« Nous sommes devant l’aubergiste … si c’en est un. »

Car oui, en vue du luxe de ses vêtements, la question était légitime et on pouvait se demander s’il n’avait pas été forcé de tuer un noble pour porter une aussi belle parure. Pour autant, Tery tendit l’oreille distraitement, écoutant la conversation entre les renifleurs et l’homme.

« Ce que vous me demandez est quand même … »

« Votre renommée n’en sera que plus grande. Vous pourrez vous vanter lors de la cérémonie, n’est-ce pas une excellente chose ? »

« Bien sûr que si … Hum … C’est simplement que j’ai du mal à y croire en les regardant mais en même temps, ce n’est pas la première fois que vous me demandez un tel service. Mais à chaque fois, j’y ait gagné … plus que j’en ait dépensé. Hum … Je peux en discuter ? »

« Faites vite alors, il se peut que dès demain, tout soit déjà réglé. »

« Hmm … Bon ! D’accord, c’est compris. Mais une seule chambre et pas forcément la meilleure, c’est bien compris ? Nous avons des hôtes prestigieux parmi nous. »

« Oh … Bien plus que vous ne le pensez, bien plus. » dit le renifleur en chef avant de se tourner vers Tery et Elise. « Vous pouvez suivre cette personne. Pour l’heure, nous en avons assez fait de notre côté. Je vais vous laisser tranquille jusqu’à demain ou au grand maximum trois à quatre jours. Bonne chance. »

« Bonne chance pour quelle raison ? Y a t-il besoin de la chance pour dormir ici ? »

« Qui sait ? Peut-être que vous allez découvrir de nouvelles personnalités qui pourraient vous plaire ? Vous vous trouvez dans la capitale du monde souterrain et démoniaque. »

« Si seulement, hein ? Mais on sait que la vie n’est pas aussi simple. Et Elise ne décroche pas un seul mot depuis que nous sommes arrivés, ça en est presque effrayant. »

« Si je n’ai rien à dire, Tery, je ne vais pas parler hein, tu ne crois pas ? »

« Ah ben voilà, suffisait que j’évoque ce point pour qu’elle décide de me corriger, hahaha. »

Une chambre pour deux. Ce n’était pas un problème. Ils avaient l’habitude de dormir ensemble. Par contre, il avait aucune idée de ce qui allait composer la chambre et peut-être qu’il appréhendait ce moment précis.

Même à Omnosmos, il n’avait jamais cherché à dormir dans un endroit trop luxueux, bien plus qu’il ne l’était lui-même. C’est pourquoi une telle auberge était une première fois pour lui. Et encore, une « auberge », c’était un terme péjoratif dans ce cas précis.

« Pour les massages, l’heure du repas, des informations supplémentaires, ces personnes vont à votre disposition. Vous pouvez leur parler et elles vous obéiront. Si vous avez des questions plus précises, vous pouvez toujours venir me voir mais je suis quelqu’un de très occupé. Mais pour l’heure, voici la clé de votre chambre commune. Cela ne vous dérange pas, non ? »

« Non, non, pas le moins du monde. Merci beaucoup d’avance. On va juste dire que moi et Elise, on ne sait pas vraiment où se placer avec tout ça. »

« Je vois, je vois … Enfin, son flair ne s’est jamais trompé auparavant. Pourquoi le ferait-il maintenant, n’est-ce pas ? Je vous souhaite une bonne journée. Vous pouvez faire la visite des lieux quand vous le désirez mais ne perturbez pas les autres clients, compris ? »

« Le message est très clair, ne vous en faites pas. »

Il avait la clé en main, observant celle-ci. Rien que dans le métal utilisé, il avait l’impression qu’elle valait bien quelques pièces à elle seule. Et vue ce qu’elle allait ouvrir … Elle valait encore bien plus. Pour autant, Elise attendait avec au moins autant d’impatience que lui qu’il ouvre la porte et qu’ils puissent visiter la chambre de luxe. Et encore … Le luxe, d’après les dires de l’aubergiste, ce n’était même pas ce qui les attendait mai ça serait bien suffisant.