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Chapitre 30 : En colère

ShiroiRyu
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Chapitre 30 : En colère

Que Swar guide son bras … comme auparavant. C’était ce à quoi il avait pensé avant que la bataille commence. Mais, maintenant, il n’était pas si sûr que ça soit la meilleure chose à faire. Enfin bon … Il devait juste rester concentré … et faire attention … C’était le plus important. Ces créatures n’étaient rien comparées au Tengalice qu’il avait dû affronter. Enfin, il aimerait bien penser de la sorte mais c’était faux. Chaque ennemi était mortel. Un faux pas et c’était fini de lui. Il le savait parfaitement.

« Fais surtout gaffe aux œufs. On va éviter que tu sois blessé dès le début. » cria l’un des hommes tandis qu’il hochait la tête négativement. Hors de question de rester en retrait. En plus, il ne savait pas pourquoi mais il y avait quelques œufs qui l’intriguaient. Il se sentait … proche d’eux. Pourquoi ça ? Il n’avait aucune explication raisonnable en tête.

Mais il avait obéit quand même. Car ces fichus Skelenox tentaient de passer outre le nombre restreints de combattants et de pokémons pour tenter d’attaquer les chariots. C’est pourquoi, lui, accompagné de deux conducteurs et de leurs Ecremeuh, restaient en arrière pour protéger les œufs. Oui, comme il n’y avait que peu de Skelenox qui passait, il y avait peu de chance qu’il soit blessé. C’était logique et normal. Par contre, ce qui le surprenait, c’est que les Ecremeuh étaient capables de blesser les Skelenox.

« Comment ça se fait que les pokémons arrivent à frapper les spectres ? Enfin … Avec leurs pattes, ça ne devrait pas être possible non ? »

« Certains pokémons comme ceux qui combattent avec leurs poings et leurs pieds sont des fois capables de toucher les spectres. On a fait un élevage d’Ecremeuh spécialisées là-dedans. C’est pour combattre ce genre d’éventualités. » répondit l’un des deux conducteurs à côté de lui, une Ecremeuh brisant en morceaux le masque d’un des Skelenox. Celui-ci poussa un cri avant de disparaître, laissant son habit noir au sol.

C’était à lui de rentrer aussi en action ! Il fonça vers l’un des Skelenox bien trop près des œufs. D’un geste rapide de la lame, il vint la planter dans l’un des yeux du masque, la créature hurlant avant de faire la même chose que la précédente, c’est-à-dire disparaître. Ca allait … Ca allait plutôt bien … Ces petites créatures n’étaient pas si effrayantes. Pas autant que ça … Il s’était fait du souci pour rien.

« Tu ne vois même pas ce qui se passe avec toi, Kéran. »

« Swar ? Il ne faut pas que tu parles quand ils sont là … mais de quoi tu parles ? »

« Si je ne dois pas parler, je ne parle pas. » murmure calmement l’épée avant de plonger dans son habituel mutisme. Et voilà … Il avait l’impression qu’elle boudait.

« Bon … Je suis désolé, Swar. Je ne voulais pas t’offusquer. Mais dès que l’on peut parler discrètement, tu m’expliqueras ce qui se passe ? »

« … … … Nous verrons si tu en vaux la peine, Kéran. Termine ce combat tout d’abord. » dit néanmoins Swar alors que l’adolescent acquiesçait d’un hochement de tête. Comme elle désirait ! Il allait faire de son mieux pour la contenter ! Il accéléra le rythme de ses attaques, repoussant maintenant les Skelenox sans chercher à les tuer. Il laissait ça aux conducteurs et à leurs Ecremeuh. Lui, il était là pour protéger !

Pourtant, il combattait avec une extrême précaution. Il évitait de donner, ne serait-ce qu’un coup sans faire exprès dans les chariots. Mais quand même … Si c’était aussi fragile, pourquoi les transporter de la sorte ? C’était tout simplement stupide non ? Il n’y avait pas un moyen plus sûr ? Peut-être pas … Déjà qu’il voyait mal comment se déplacer d’une ville à une autre sans qu’il y ait de problèmes…

Autant ne pas se faire d’illusions, ce n’était pas aussi simple que ça. Il devait juste rester concentré, c’était le plus important. Le reste pouvait attendre. Les Skelenox se réduisaient en nombre d’après ce qu’il remarquait … ou plutôt combattait. Ils étaient de moins en moins nombreux à passer outre le barrage crée par les hommes de l’Enceinte.

Finalement, il fut celui qui porta le dernier coup à l’ultime Skelenox encore en vie … du moins, si on pouvait dire cela de la part d’un spectre. Le corps tomba au sol avant de s’évaporer en partie, laissant juste place au drap noir qui composait le Skelenox habituellement. Maintenant, ils allaient pouvoir souffler. Y avait-i des blessés ? Des morts ?

« Euh … Ca s’est mal passé ? » demanda-t-il alors que le chef lui répondait :

« Tu crois qu’on a des pokémons psychiques avec nous pour quelle raison ? On n’en a d’autres comme mon Ouvrifier mais à la base, on ne craint rien d’une petite attaque de la sorte. Y a rien eut de grave ou de dangereux. »

« Ah … C’est donc une bonne nouvelle … Tant mieux. »

Il poussa un petit soupir soulagé. Il aurait préféré éviter des morts … Il faut dire qu’il n’en avait pas l’habitude, bien qu’il ait déjà assisté à des morts de son côté. Pfiou … Bon … Il allait pouvoir souffler un peu. Moins de dix minutes plus tard, les hommes récupérèrent les draps qui composaient les Skelenox. D’après ce qu’il avait écouté, ces draps permettaient d’étudier les pokémons spectres.

« Nous pouvons reprendre la route. Normalement, vue ce que les spectres viennent de se prendre, ils ne devraient plus nous causer de souci pour le reste du chemin. »

« C’est … aussi simple que ça ? Je ne veux pas dire que la mission était facile … Mais il suffit de les combattre une fois et c’est tout ? »

« Généralement, c’est comme ça pour les spectres sauvages. Les créatures ténébreuses, c’est pareil mais bon … Elles sont un peu plus collantes et revanchardes. » répondit le chef.

« D’accord. Merci de la réponse. Au moins, ça me permet d’en apprendre un peu plus à ce sujet … C’est tout ce que je voulais savoir. »

Ils remontèrent dans les chariots, l’Ouvrifier du chef terminant de balancer les troncs d’arbre sur les côtés pour laisser le chemin librement. Finalement, les chariots recommencèrent à avancer tandis que tout le monde s’installait correctement. Lui-même était encore une fois avec le chef tandis qu’il se demandait s’ils allaient avoir une seconde pause ou non. Avec les évènements, il n’en était pas du tout sûr maintenant.

Pourtant, au bout de deux nouvelles heures, alors que certains observaient les rares égratignures causées par les pokémons spectres, il fut décidé d’une nouvelle pause. La seconde et dernière pause d’après ce qu’il avait compris. Ils remangèrent un morceau et burent un peu pour retrouver des forces.

« Maintenant que nous avons fait la seconde pause, la ville n’est plus très loin ? »

« Wow … Mais tu n’arrêtes pas un jour ? » dit le chef en mettant sa main devant lui.

« Hein ? Pourquoi vous me dites ça ? Qu’est-ce que j’ai fait ? »

« Dès que tu l’ouvres, c’est pour poser une question. » reprit le chef, lui rétorquant cela après qu’il … vient de poser une question. Ah … Oui … C’était exact.

« Pardonnez-moi. C’est simplement que je n’aime pas les mauvaises surprises. »

Il plongea dans son mutisme, comme le faisait habituellement son arme. Il valait mieux se taire sur le coup et ne plus l’ouvrir jusqu’à la fin du voyage. Voilà, c’était dit ! Et il n’allait pas abandonner sa parole sur ce coup ! Ou plutôt son silence.

« Fais pas la tête hein ? Tu vas être un peu notre tête de turc pour quelques temps. Puis après deux ou trois mois, ça passera sur un autre nouveau. » dit le chef pour le rassurer.
Pourtant, il ne se sentait pas le moins du monde rassuré. C’était par sa faute si ça c’était passé ainsi. Il ne pouvait s’en vouloir qu’à lui-même sur le coup. Il évita de soupirer, baissant la tête en attendant que tout se passe calmement. C’était ça … Il allait manger sans rien dire. Ensuite, ils repartiraient tous en route vers cette ville.
Car … S’il faisait une bêtise, il y avait des chances qu’il ne récupère pas un œuf pour l’élever et avoir son premier pokémon. C’est pourquoi il préférait la mettre en veilleuse et patienter calmement. C’était la meilleure chose à faire. Il mangea, ne prenant la parole que pour remercier celui qui lui tendait à boire et à manger. Se taire … Absolument se taire.

« Aller, les gars, c’est la dernière ligne droite. Après, on pourra se reposer pendant quelques jours avant de faire le chemin inverse ! Par contre, il se peut que tu restes là-bas pour t’entraîner, Kéran. » annonça le chef.

Il allait ouvrir la bouche mais aucun son n’en sortit. Il baissa la tête, hochant positivement celle-ci pour dire qu’il avait compris. Mais, ça le peinait au fond. Ca voulait dire que s’il restait là-bas, il n’y avait que peu de chances qu’il retrouve Sélia. Bien sûr … Elle n’était pas au même endroit que lui. Plus dans la même ville.

« Tout le monde monte dans les chariots. Plus aucun arrêt alors vous avez intérêt à avoir fait ce que vous aviez à faire. »

Ouais … Bien entendu. Lui-même n’en avait pas très envie donc bon … Ca ne changeait pas grand-chose. Il se dirigea vers son chariot, grimpant à l’intérieur avec l’impression de n’avoir fait que ça de la journée. Finalement, les chariots se remirent en route pour le dernier bout de chemin à accomplir. Plus aucune interruption … si bien entendu, rien ne se mettait en travers leurs chemins une nouvelle fois.

Mais bon, maintenant, il avait à nouveau un petit malaise qui l’envahissait. Sans explication, ni raison … Il se sentait mal … Ils étaient maintenant le dernier chariot et rien ni personne ne se trouvait derrière eux. Pourtant … Pourtant …

Quelque chose clochait mais quoi ? Il n’y avait personne … Mais pourtant, il avait cette étrange impression de ne pas être seul. Que quelqu’un les espionnait. S’il posait la question, il allait encore avoir le droit à des remontrances.

Autant ne rien dire. Il se leva tout simplement, se dirigeant vers le bord du chariot pour mettre la tête dehors. Pour éviter que les œufs tombent, de la toile était mise en arrière, formant un petit mur de tissu comme le serait l’ouverture d’une tente. Question de prudence … On ne voulait pas qu’un seul d’entre eux se brise par accident.

« Fais gaffe quand tu ouvres hein ? Si tu veux prendre l’air, y a pas de soucis mais les œufs sont précieux. » dit le chef alors qu’il ne lui répondait pas.

Rien … Il n’y avait rien du tout … Seuls les arbres et le chemin tracé dans la terre. D’ailleurs, les arbres se ressemblaient tous à force de les regarder. Néanmoins, quelque chose clochait, mais il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus.

« Le décor … C’est bizarre mais ce chemin me semble bizarre. » se dit-il à lui-même, étant la seule personne à qui il adressait la parole pour le moment.

« Je te laisse rechercher par toi-même. Je sais déjà ce qui se passe. »

« Au moins, tu viens de me donner un indice, Swar. Ce n’est pas normal ce qui se passe ici. » chuchota-t-il à son épée, celle-ci ayant parlé sur le même ton.

« Ce n’était pas le but voulu. Néanmoins, je vais me taire puisque sinon, ton supérieur risque de se poser quelques questions à ce sujet. »

Oui, c’était mieux. Pendant ce temps, il allait chercher ce qui clochait. Dans le décor, il y avait un problème. Mais la verdure, le chemin de terre, tout était normal … La charrette aussi roulait correctement d’après ce qu’il voyait au niveau des roues. Bref, rien, aucun souci de ce côté-là, ça voulait dire que …

« BON SANG ! Mais bien sûr ! » s’écria-t-il subitement. Le chef se redressa aussitôt.

« Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tu cries ? »

« Chef ! Regardez ce que je vais faire ! Y a un gros problème ! »

Sans aucune hésitation, il sauta du chariot en marche, sans même se faire mal ? Mais attendez, il y avait un souci … Le saut n’était pas dangereux en vue de la vitesse … Mais pourquoi est-ce qu’il ne s’éloignait pas ? Cela voulait dire …

« Mais les chariots n’avancent pas ou quoi ?! »

C’était ça le problème ! C’était ça qu’il avait remarqué ! Le terrain ne changeait pas derrière eux … Car ils n’avançaient pas ! Voilà le souci ! Alors qu’il s’apprêtait à s’éloigner du chariot pour voir d’où venait le problème, Swar cria :

« FAIS ATTENTION, KERAN ! »

L’épée sorti de son fourreau mais l’adolescent fut projeté contre un arbre, secoué et à moitié sonné. Si l’aura autour de l’épée n’avait pas été présente pendant quelques secondes, il aurait sûrement eut le dos brisé par la déferlante … psychique.

« On se fait attaqué ! Tous en position ! L’ennemi est inconnu ! » hurla le chef en descendant du plateau mais cette fois-ci, il avait fait mal appel … à une sorte de chien noir ? Et avec des cornes grises ? Un Démolosse ? Les yeux de la créature étaient complètement blancs, comme dénués de vie se dirigèrent vers la forêt. Rapidement, des flammes sortirent de sa gueule, des petits cris se faisant entendre :

« NOAD … NOAD ! NOAD ! »

Des œufs calcinés, par groupe de six, sortirent des flammes alors que plusieurs arbres étaient en train de se consumer. Un pokémon ? Ah oui, c’était un seul pokémon ces Noeunoeuf. Il avait oublié. Mais le cri à côté … Qu’est-ce que ça voulait dire ? Plusieurs graines vinrent percuter le chariot, transperçant la toile tandis que de nombreuses créatures bipèdes et recouvertes de feuilles sortirent des côtés. Elles possédaient plusieurs têtes, toutes semblant avoir leur propre émotion. Des Noadkokos ?

« Faites attention aux œufs ! Ils sont là pour eux ! »

Le chef avait pris les commandes des trois chariots alors que tous sortaient, leurs pokémons en avant. Cette fois-ci, ils allaient être forcés d’utiliser les grands moyens. Pourquoi est-ce que des pokémons psychiques étaient présents ? L’adolescent se secoua plusieurs fois la tête pour tenter de retrouver la raison.

« Kéran. Cela est plus problématique. Vérifie rapidement les œufs dans le chariot. Lève-toi, c’est un conseil car sinon, je ne te garantis pas la vie sauve. »

« Mais qu’est-ce qui s’est passé, Swar ? » demanda-t-il alors qu’il se relevait. C’était quoi ce carnage ? Il avait été inconscient pendant cinq minutes mais ce spectacle n’avait rien à voir avec celui d’auparavant !


Tout partait n’importe comment. Les chariots étaient troués de partout, montrant les œufs de pokémon qu’ils continuaient. D’ailleurs, certains œufs étaient écrasés au sol, des créatures non-encore totalement formées baignant dans le liquide qui les recouvrait. Purée ! C’était tout simplement horrible ! Et il y avait aussi … L’un des conducteurs qui était mort ? La tête faisait un tour de 180 degrés par rapport au reste du corps. Mais il n’était pas le seul. Plusieurs Noeunoeufs étaient écrasés, des Noadkokos calcinés … et divers autres pokémons. Il y avait aussi des oiseaux qui ressemblaient à des sphères vertes avec un bec et un plumage rouge dans les airs. Comment pouvaient-ils voler avec de petites ailes ? Mais leurs yeux étaient roses et il voyait de nombreux œufs qui lévitaient ! Il n’y avait que des pokémons psychiques autour d’eux ! Ils étaient là pour les voler ?! Ou plutôt récupérer leurs œufs !

Chapitre 29 : Mission à risques

ShiroiRyu
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Chapitre 29 : Mission à risques

« Aller ! Faut qu’on parte maintenant sinon, on n’arrivera pas avant au beau milieu de la nuit. J’ai clairement pas envie de me faire attaquer par les pokémons de la forêt. »

Comme auparavant, ce fut l’homme âgé d’une quarantaine d’années qui avait pris la parole. Par duo, chaque personne grimpait à l’intérieur d’un des chariots. Comme ils étaient six pour trois chariots, cela semblait logique. Comme il était qu’un simple débutant, il se retrouvait en compagnie du chef, ce qui était tout aussi logique.

Assis contre le bois du chariot, il avait ses bras croisés, regardant brièvement l’épée à sa ceinture. Ils n’étaient toujours pas au courant que l’arme qu’il possédait était … possédée justement. Hahaha … Il aurait aimé rire de cette réflexion mais il valait mieux pour lui qu’il la mettre en veilleuse s’il ne voulait pas avoir de problème.

« Donc … T’es un petit nouveau ? Comme ils ne nous donnent pas trop de renseignements, je vais te poser quelques questions. Qu’est-ce que tu foutais avant de venir ici ? » demanda l’homme calmement tandis que Kéran sursautait. Il s’adressait à lui ? Ah bien sûr, il était seul avec lui … D’ailleurs … Les œufs de Pokémons, ils étaient quand même sacrément grands. Il n’avait pas remarqué ça au départ … Mais comme ils étaient entourés par eux … Il pouvait maintenant les étudier. « Hey ! Je te parle ! T’as pas l’air très éveillé ! »

« Hein ? Zut ! Euh … Oui, je suis le nouveau … Enfin, je m’appelle Kéran. J’ai l’impression de me répéter … Et ce que je faisais avant ? Et bien, j’accompagnais une jeune femme qui combattait des pokémons spectraux et ténébreux. Ca fait huit ans environ que je faisais ça. Nous avons réussi tous les deux à combattre le Tengalice qui se trouvait au sommet du mont il y a quelques semaines et après, j’ai décidé de rejoindre l’Enceinte. »

« Pourquoi as-tu rejoint l’Enceinte et non la Sainte Alliance ? Normalement, les petits jeunes comme toi sont plus du genre à rejoindre ceux qui sont sur le devant de la scène et appréciés par tout le monde … que les autres comme nous. »

« J’ai un petit … problème personnel qui fait que l’Enceinte me convient mieux. » marmonna Kéran en détournant le regard.

« Oh ça … Chacun a ses petits problèmes, ouep. Tu fais bien alors … Personne ne saura ce que tu as fait ici … ou te jugeras … Enfin, tant que c’est pas trop horrible non plus. »

Hein ? Quoi ? C’était pas du tout ce genre de problèmes ! Qu’est-ce que l’homme était en train de s’imaginer hein ? Qu’il avait commis un meurtre ou fait autre chose ? Ah non et non ! Il valait mieux tout de suite régler cette histoire avant que … Euh … Non … Il valait mieux se taire et ne pas parler de son épée en fin de compte.

« De toute façon, ce n’est pas très important. » murmura Kéran pour changer de conversation.

« Oh ça … Chacun sa vie privée. Sinon, t’es pas un peu anxieux ? » demanda une nouvelle fois l’homme alors que Kéran regardait dehors. Ils venaient de quitter la ville ? Ah … Maintenant qu’il en parlait, il avait une petite boule au ventre.

« Je pense que ça passera, enfin, j’espère. » répondit-il en cherchant à garder son calme.

Mais bon … Il était quand même un peu … malade sur le coup. Il avait l’impression que ça risquait de très mal se finir … Enfin, ce n’était qu’une impression, pas forcément la réalité. Mais après … Si c’était aussi simple la vie, il le saurait. Ah … Il aimerait bien parler avec Swar … Contrairement aux autres personnes, il avait un peu cette impression de pouvoir discuter de tout et n’importe quoi avec lui.

« Normalement, y aura une ou deux pauses sur le chemin. Ca sera que dix-quinze minutes, de quoi s’abreuver et manger un morceau. »

« Merci de m’avoir prévenu, monsieur. » répondit-il à l’homme qui voyait parfaitement que ça n’allait pas vraiment pour lui.

Il avait surement une sale tête, il ne le cachait pas. Mais bon … Peut-être qu’en pensant à autre chose ? Qu’est-ce qu’il allait faire ? Il devait trouver un moyen de passer le temps … Peut-être qu’en attendant que la première pause arrive, il pourrait dormir ? Il s’adressa à l’homme pour lui poser la question. Celui-ci lui répondit :

« Ouais … C’est sûr que sur le moment, ça n’a pas l’air bien dangereux … Et donc, on peut avoir l’impression qu’on en glande pas une … mais c’est pas trop le cas. Reposes-toi si tu veux, je ne pense pas que tu seras le seul. »

« Merci … Merci bien. » termina de dire Kéran, se logeant près des œufs tout en évitant pour autant d’en écraser un par inadvertance. Le sommeil … Il devait chercher le sommeil maintenant. Bizarrement, il n’eut aucun mal à s’endormir.

Dans le rêve qu’il faisait, il avait l’impression de se trouver ailleurs … dans un autre monde. Bizarrement … Il ne savait pas comment l’expliquer … mais cet endroit … Avec de gigantesques tours … Il ne comprenait pas ce qu’elles représentaient. Enfin, il ne cherchait pas à trouver une explication à cela en même temps.

Loin de là … Mais bon … Pourquoi est-ce qu’il rêvait de ça maintenant ? C’était un endroit bizarre. La dernière fois, il s’était endormi en rêvant de sa vie passée. Enfin, lors de sa rencontre avec Sélia. Ici, ça semblait être la même chose ou presque non ? C’était … bizarre … vraiment bizarre même. Il faut qu’il arrête de penser à ce mot bizarre.

Mais quand même, c’était un drôle de rêve. Ces bâtiments gigantesques. On dirait des habitations. Mais il ne se rappelait pas de ça. Du moins, il n’en avait jamais vu auparavant. Peut-être avait-il une imagination débordante ? Et qu’il ne connaissait pas avant aujourd’hui.

Non ! C’était juste stupide d’imaginer une telle chose ! Mais quand même … Il n’avait jamais connu de tels rêves. Des rêves où il avait l’impression d’être conscient et de pouvoir se mouvoir sans aucune restriction. D’habitude, les rêves, on avait plus l’impression de subir. Et là … Il se demandait si ce n’était pas l’inverse … ou plutôt se considérer comme acteur.
Il rouvrit ses yeux alors que l’homme vint le secouer pour le réveiller. Il était l’heure de la pause. Combien de temps avait-il dormi ? Deux heures ? L’homme lui dit qu’il avait été plus que surpris par ça. Le sommeil dans lequel il s’était plongé avait été si … profond que ça en avait été étonnant. A croire que personne ne pouvait le réveiller. Néanmoins, c’était quand même le cas et il devait descendre du chariot pour manger un peu s’il avait faim.

Obéissant aux ordres de son supérieur pour cette mission, il quitta le chariot comme les autres, allant retrouver les différents hommes dont les conducteurs autour d’un feu. L’un des conducteurs lui tendit une cuisse de Doduo déjà cuite. De la viande ? Enfin, ce n’était pas le grand luxe car les Doduos étaient assez durs … à mordre. Néanmoins, il n’allait pas se plaindre de ça, loin de là même !

« Et bien … Alors, paraitrait que tu t’es endormi durant tout le trajet ? » demanda l’un des hommes de son groupe. Il devait avoir vingt-cinq ans, donc quand même bien plus vieux que lui. Enfin, ce n’était pas le plus important et il n’allait pas se mettre à étudier toutes les personnes autour de lui. « Fais gaffe à pas finir comme un Ramoloss. Là, c’est assez tranquille mais je te déconseille de dormir pour le reste du trajet. »

« Oui bien sûr. Je ne vais quand même pas me reposer … »

« Laisse-moi finir au cas où. C’est simplement que si tu montres que t’es juste un glandeur, ça ne va pas le faire pour les autres. On risquerait de te refiler un Ramoloss justement parmi les œufs disponibles. Je ne suis pas sûr que ça soit ce que tu veux. »

« Pas vraiment … Enfin, je connais de nom ce qu’est un Ramoloss et son expression « Être lent d’esprit comme un Ramoloss ». Mais après, j’en ai jamais vu. » dit le jeune homme avec appréhension alors que l’autre reprenait :

« Ouais ben un conseil, mieux vaut que t’évites d’en avoir un. Déjà qu’en tant que débutant, tu risques sérieusement d’en baver … Si en plus, tu récupères un Ramoloss, autant que tu quittes l’Enceintes car ton existence sera foutue. »

C’était vraiment pire que tout ou quoi ? A l’écouter, on aurait pu le croire. Gloups … Il termina sa cuisse, buvant un peu d’eau tout en refusant l’alcool qu’on lui avait tendu. Bon … Ça voulait dire que pour sa première mission, il devait absolument montrer le bon exemple. S’il s’était endormi, ce n’était pas une bonne chose, loin de là.

Pendant le reste de la pause, il resta muet, ne faisant qu’hocher la tête négativement ou positivement lorsqu’on lui posait une question. Il avait envie de parler avec Swar … Vraiment envie ! C’était bête mais c’était comme ça ! Swar le jugeait sans cesse mais … ses paroles n’avaient aucune incidence sur ce qui se passait autour de lui.

« Aller ! On repart ! On garde les mêmes duos et on remonte dans les chariots ! Faites gaffe aux œufs car si un seul se brise par votre faute, vous risqueriez de le regretter amèrement ! Vous êtes prévenus tout le monde. » répondit le chef des six personnes, les trois conducteurs étant déjà prêts à partir.

Ne pas briser ne serait-ce qu’un œuf … C’était déjà une bonne chose à faire, non ? Eviter de casser un œuf. Surtout si l’un de ces derniers pouvait être le sien. Donc, attention, il devait se calmer et ne pas faire d’erreur. Il se dirigea vers le chariot sur lequel il était monté au début de la mission, se promettant de ne pas s’endormir.
Pour cela, il trouva une méthode plus que simple : il allait frotter ses épées. Devant un tel geste, le chef lui expliqua comment faire, signalant à quel point il trouvait l’épée contenant Swar plus que belle et réussie. La seconde n’était pas en reste néanmoins.

« Où est-ce que tu as récupéré ces épées ? Chez le marchand de notre ville ? »

« Euh … La première … Je l’ai trouvée dans une grotte pendant l’une de mes missions avec la jeune femme que j’accompagnais. La seconde, je l’ai achetée. » dit l’adolescent en espérant ne pas trop en faire à force de parler.

« La première, tu l’as trouvée dans une grotte ? Mais pourtant, elle me semble être en bon état … Sans aucune rouille ou autre. » dit l’homme, tendant la main en espérant avoir l’épée pour l’étudier de plus près. Néanmoins, Kéran n’en fit rien et l’homme arrêta de tendre la main.

« C’est vrai que maintenant que vous en parlez … C’est étonnant qu’elle ne soit pas rouillée ou alors fissurée … C’est à croire qu’elle n’a jamais servi. »

« Hum ? Peut-être … Est-ce que je peux la voir ou non ? » demanda une nouvelle fois l’homme, mais en évitant de tendre la main.

« Je ne pense pas que ça soit une bonne idée. Elle est quand même assez dangereuse … et je préfère la garder à côté de moi. Je suis vraiment désolé. L’autre arme ne me pose pas de soucis par contre. » répondit Kéran avec un peu de gêne.

« Comme tu veux. Je ne vais pas te forcer, c’est ton arme à la base hein ? »

« Merci beaucoup. » termina de dire l’adolescent, regardant les œufs pour ne plus avoir à discuter avec le chef du groupe. Les œufs … Est-ce qu’il aurait la chance d’en voir éclore un avant la fin du voyage ? Il n’y avait que peu d’espoir. Pendant qu’il réfléchissait à cela, il remarqua que le chariot s’arrêta, le chef demandant :

« Hey ? Qu’est-ce qui se passe ? C’est pas encore l’heure de la pause non, »

« Y a un petit problème … La route est bloquée par des troncs d’arbre. » dit le conducteur alors que le chef répondait aussitôt :

« Quoi ? Des troncs d’arbre ? Bon sang ! J’espère que ce sont pas encore ces imbéciles de la Sainte Alliance qui ont décidé de se mêler de ce qui ne les regarde pas ! Kéran, suis-moi ! »

De toute façon il devait obéir aux ordres alors bon. Il descendit du chariot, accompagné par le chef alors que les autres membres de l’Enceinte firent de même. A eux six, ils regardèrent les troncs d’arbre qui bloquaient le passage. Le chef s’en approcha, posant une main dessus.

« Ce n’est pas du travail fait par des humains … Ce ne sont pas les membres de la Sainte Alliance qui sont alors derrière tout ça. »

« Tsss … Pourtant, ça serait bien leur genre. » murmura l’un des hommes.

« Ca veut dire que nous avons un autre problème sur le dos, les gars. Poussez-vous de là, je vais faire appel à mes pokémons pour nous virer les troncs d’arbre. Ouvrifier ! »

OH ! Un pokémon ? Il allait en utiliser un ? Il vit le chef mettre la main à la ceinture, en sortant une noigrume de couleur grise. Il la jeta au sol, une créature en apparaissant. Fier et fort comme un roc, le pokémon posa la poutre qui était apparue avec lui … avant de tout simplement soulevé un tronc d’arbre pour le jeter sur le côté.

« Bon sang, il est costaud votre pokémon ! » s’écria Kéran avec surprise.

« C’est normal … Il fait partie des plus forts pokémons qui existent … Enfin, pour l’instant, il n’a pas encore fini son évolution mais quand ça sera le cas … »

Quand ça sera le cas … quoi ? Il attendait la suite de la réponse mais rien ne vient. L’Ouvrifier continua son travail, soulevant un second tronc d’arbre puis un troisième avant de s’arrêter subitement dans son geste pour le jeter. Avec violence, il projeta le tronc d’arbre en avant, un cri se faisant entendre :

« SKELE ! SKELE ! »

« Des pokémons spectres ?! ATTENTION TOUT LE MONDE ! On se fait attaquer ! »

C’était le chef qui avait pris la parole, comme à son habitude. Aussitôt, les conducteurs descendirent des chariots à leurs tours, les Ecremeuh se mettant sur leurs deux pattes. Elles allaient aussi se battre ? Wowow … Il ne savait pas quoi dire mais c’était bizarre, franchement bizarre. Encore plus que d’habitude.

« Les œufs sont à protéger à tout prix ! Ils sont sûrement venus pour ça ! » reprit le chef alors que dans les airs, plusieurs petites créatures au corps volatile noir mais avec un masque blanc firent leurs apparitions. Ca avait été un piège, n’est-ce pas ? Il pouvait poser la question mais il n’était pas sûr qu’il ait une réponse.

Il commença à sortir Swar, prêt à se battre lui aussi. Il devait protéger les œufs, c’est cela ? Alors, ça ne devait pas être si difficile que ça. Néanmoins, lorsqu’il sortit son épée, l’un des hommes vint lui dire avec une petite pointe d’amusement :

« Hey … Sauf si tu as l’une de ces foutues épées élémentaires que la Sainte Alliance possède, tu ne risques pas de pouvoir blesser un spectre avec ça hein ? Sauf si tu as de la chance et qu’il prend une forme physique au moment où tu frappes. »

« Je préfère tenter quelque chose que ne rien faire. »

« Hahaha ! Bien, bien … Fais comme tu veux … De toute façon, ces foutues armes de la Sainte Alliance, on aime bien en prendre un peu chez eux. Il faut bien que l’on s’équipe nous aussi hein ? » répondit l’homme avant de brandir un fléau dans sa main droite.


Hey ? Ils n’allaient pas tous utiliser des pokémons ? Quand il les regardait, il remarquait qu’il n’y avait que trois hommes, le chef compris, qui avait des noigrumes. Tiens donc … Certains étaient aussi des débutants ? Dire qu’il n’avait même pas vu la différence. Il chuchota faiblement, espérant que Swar l’entende :

« Swar … Je ne suis pas sûr d’avoir déjà essayé … Mais est-ce que tu peux toucher des spectres grâce à cette épée ? »

« Je le peux. Tu n’as pas à te soucier de ça. » répondit l’épée. Enfin une parole réconfortante.

Chapitre 28 : La protection des oeufs

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Chapitre 28 : La protection des oeufs

« Kéran. Il est l’heure de se lever. » murmura la voix de Swar alors que l’adolescent ouvrait ses yeux faiblement. Il poussa un profond grognement, Swar reprenant : « Lève-toi. Ne me force pas à te tailler les cheveux pour te forcer à bouger. »

« Hum … Et pourquoi est-ce que tu es aussi collant, Swar ? Je ne peux pas me reposer tranquillement ? Pourquoi est-ce que tu me réveilles maintenant ? Je peux pas dormir … »

« Car tu as sûrement quelque chose d’important à faire, tu ne t’en rappelles pas ? Aujourd’hui est la première mission à laquelle tu participes. Il faut alors que tu te prépares. C’est aussi simple que cela pourtant. Est-ce que tu vois où je veux en venir maintenant ? » dit calmement l’épée tandis que Kéran se levait de son lit.
Il passa une main dans ses cheveux, mettant l’autre sur sa bouche pour cacher le bâillement qui l’animait. Bon … Il devait alors se préparer s’il avait compris hein ? Il se dirigea vers le miroir qui était déposé au-dessus d’un lavabo. Cette pièce faisait un peu tout en soi : salle de bains, toilettes, cuisine, salle de repos. Bref … Il avait de la place mais il ne fallait pas espérer que ça soit découpé en plusieurs parties. Sauf pour les toilettes et la douche. Se trouvant dans la salle de bains, ou plutôt, l’ensemble douche- toilettes, il commença par se laver, faisant la discussion avec l’épée qui se trouvait juste à côté de lui, posée sur le lavabo.

« Swar … Est-ce qu’ils m’ont dit en quoi consistait ma mission ? » demanda Kéran.

« Outre le fait que tu risques d’avoir ton premier pokémon, rien d’autre n’est sorti de cette conversation hier. Du moins, si on pouvait appeler ça une conversation … »

« Ce type n’était pas une lumière si tu veux mon avis. J’ai l’impression que ça l’embêtait plus qu’autre chose de m’adresse la parole. Je suis aussi affreux que ça ou quoi ? »

« Hum … Sur le premier point, nous sommes d’accord. Le second, de même. Le troisième point, cela dépend de la vision de la personne. D’après ce que je pense, tu n’es pas spécialement beau … mais en même temps, tu n’es pas repoussant. » annonça l’épée.

« … … … Wow. J’aime bien recevoir des compliments de ta part. »

Il rigola tout en finissant de se doucher, appréciant cette petite chose au beau matin. Il sortit de la douche, récupérant la lame et de quoi se sécher avant de retourner dans la chambre. Nu comme un ver, il semblait bien moins pudique lorsqu’il était seul.

« Bon … Est-ce que l’on sait par contre quand est-ce que tout se déroule ou non ? »

« Normalement, après le déjeuner. » répondit Swar alors que l’adolescent se donna une claque sur le front avant de crier :

« Mais alors, j’aurai pu dormir encore un peu plus ! Pourquoi est-ce que tu m’as réveillé maintenant ? RAHHHHHHH ! Que c’est rageant ! »

« Et pourquoi est-ce que tu restes habillé comme au jour de ta naissance ? Si quelqu’un rentrait, il serait plus que surpris. » répondit l’épée au tac-à-tac.


AHEM ! Qu’est-ce qu’elle voulait dire comme au jour de sa naissance ? Quand on naissait, on n’était pas vraiment … OUPS ! Quel idiot ! Il s’habilla en vitesse, rougissant un peu bien qu’il n’avait pas à être gêné devant … une épée quoi.

« Bon … Voilà, ça te convient comme tenue ou pas, monsieur Swar ? »

« Du monsieur ? Pour qui me prends-tu ? Mais oui … Tu sembles être acceptable pour aller faire ta première mission. De même, tu n’as pas besoin de mon approbation normalement. »

« Hum … Oui, tu as parfaitement raison. Disons que je commence à m’habituer à ta présence, c’est tout. Dans le fond, tu n’es pas un monstre … pour l’instant. » dit Kéran calmement.

« Je ne sais pas si je dois prendre cela comme un compliment ou non. » annonça l’épée alors qu’il venait la récupérer pour la mettre à sa taille. De l’autre côté, il avait son épée basique

« Tu devrais pourtant. C’est rare que je t’en fasse un mais c’est le cas aujourd’hui. J’ai quand même le droit de te complimenter non ? » demanda Kéran tandis qu’il s’apprêtait à sortir de sa chambre. Néanmoins, il attendit que Swar parle.

« Si cela t’enchante. Je n’en vois pas l’intérêt car qu’importe les flatteries que tu me feras, si un jour, je dois prendre possession de ton corps, je le ferai. »

« … … … Faut vraiment que j’arrête d’être sympa avec toi. » marmonna l’adolescent, ouvrant la porte de sa chambre avant d’en sortir.

Voilà … Bon … Il avait alors le temps de déjeuner avant que ne commence sa mission. Mais sûrement avant, il allait avoir des informations sur ce qu’il allait devoir faire non ? Pourtant, lors du petit-déjeuner, rien ni personne ne vient vers lui pour lui parler.

Et puis … Il ne pouvait pas réellement discuter avec Swar en même temps. Pfff … Il fallait dire que pour se faire des amis, il n’était pas tombé au bon endroit. Sélia lui manquait déjà fortement … Tiens ! Il pourrait même se contenter de Katérina à ce sujet ! Enfin, non … Katérina était quelqu’un de très appréciable. Du moins, c’est ce qu’il se disait au fond de lui.

« Tu m’as l’air assez perturbé, Kéran. »

« Swar … Chut … Ne parle pas ici. » chuchota l’adolescent alors qu’il terminait son petit-déjeuner. Sans mentir, il préférait avoir à parler avec Swar qu’avec personne. Il n’était peut-être pas si … spécial en fin de compte. Il poussa un profond soupir avant de se lever de table. Il pouvait quand même quitter le bâtiment tant qu’il était à l’heure du rendez-vous. Or … Comme ça se déroulait après le déjeuner …

Il sortit de l’édifice de l’Enceinte aux Esclaves, prenant un bon bol d’air frais avant de soupirer. Non mais vraiment … Qu’est-ce qu’il allait devoir faire aujourd’hui ? Est-ce que ça allait être une mission plutôt courte ou longue ? Il n’avait vraiment aucune information. Mettant de la distance avec le bâtiment, il commença à prendre la parole :

« Euh … Swar … Je n’ai quand même que peu confiance … en tout ça. Tu sais … Plonger dans quelque chose d’inconnu … dont je ne sais vraiment rien … »

« Hum ? N’est-ce pas un peu tard pour penser de la sorte ? » répliqua l’épée.

« Sûrement … Oui … Peut-être … Je ne sais pas vraiment. Swar. Dis … Tu étais un pokémon ou une personne auparavant ? Juste pour savoir comment je dois te parler. »

« Hum ? Comment tu dois me parler ? Que veux-tu dire par là ? Fais attention à ce que tu comptes exprimer, tu pourrais rapidement le regretter. »

« Ah non. Je ne te parlerai pas moins bien si j’apprends que tu es l’un ou l’autre. C’est juste que … si tu avais été humain, tu aurais peut-être pu mieux me comprendre. » dit l’adolescent, plus que confus par ses propres paroles.

« J’ai été quelqu’un … Qu’importe le physique que j’arborais. Aujourd’hui, j’en possède un autre. C’est tout ce que tu as à savoir à mon sujet, Kéran. Néanmoins, pour te répondre, tu n’as qu’à arrêter de trop penser. Du moins … Tu n’as pas l’habitude d’une telle utilisation de tes facultés mentales. Alors … Lorsque tu commences à t’embrouiller inutilement, fais le vide dans ton esprit et n’hésite pas. »

Ne pas hésiter ? D’accord … Mais ne pas hésiter à quoi ? Il allait encore lui poser la question mais il n’était pas sûr que ça soit une bonne chose. Bon … Au moins, il avait discuté avec Swar. Et en attendant, il allait tout simplement regarder le mur de pierre en face de lui. Pendant une bonne trentaine de minutes, il resta adossé à un mur, continuant de réfléchir à rien … De ne pas réfléchir justement. Du moins, c’est qu’il essaya sans réellement y arriver. Ce n’était pas aussi simple que ça en fin de compte.

« Pourquoi est-ce aussi compliqué, Swar ? » demanda-t-il une nouvelle fois.

« Car tu ne fais pas d’efforts … Je ne t’adresserai plus la parole de la journée. Débrouille-toi seul dorénavant. Tu devrais en être capable. »

« Hey ! Mais attends un peu quand même, Swar ! HEY ! »

Et voilà que l’épée s’était plongée dans son mutisme. Tsss ! Sale bête ! Ah non … Sale arme ! Bon … Maintenant qu’il avait perdu son temps à ne rien faire, il allait retourner dans l’Enceinte. Tsss … Fichue arme ! Pénétrant dans le bâtiment, il retourna dans sa chambre pour faire passer le temps. Pourquoi est-ce qu’il n’avait pas pris un livre ou deux ? Enfin … Sélia lui avait appris à écrire et à lire, du moins, plus que correctement puisqu’il n’avait pas pu terminer réellement son éducation avec ses parents.
Assis sur son lit, il resta à nouveau fixe pendant un bon bout de temps, jusqu’à ce qu’il entende des bruits de pas tout autour de lui. Il se leva pour se diriger vers la cantine, engloutissant son déjeuner bien qu’il n’avait rien fait réellement de la matinée. Voilà … Maintenant, il allait pouvoir commencer sa première mission.

Mais où se rendre ? On ne lui avait pas donné de point de rendez-vous ! Pourquoi est-ce qu’il l’impression d’être pris pour un abruti ? Ou alors un débutant ? Bon le second point était véridique, il ne savait rien du tout mais quand même ! Ce n’était pas une raison pour se moquer de lui à ce point quoi ! Bon … Il allait juste suivre les groupes de membres de l’Enceinte vers les endroits où ils allaient se rendre. C’était aussi simple que ça et surtout plus qu’efficace. Il trouverait bien l’endroit où se rendre ensuite !

Et cela ne tarda pas ! Sa méthode sembla fonctionner parfaitement puisque dès le premier groupe, il sut qu’il était au bon endroit. Toutes les têtes se tournèrent vers lui alors qu’il regardait qui était présent. Ils étaient six d’après ce qu’il comptait. Tous des hommes, plus âgés que lui. Bon, il n’avait pas à être anxieux, il n’y avait pas de quoi l’être normalement.

« Bon … Vous êtes visiblement tous réunis. Vous pouvez saluer le petit nouveau qui vient d’arriver. Tu peux donner ton nom ? » demanda un homme qui devait avoir plus d’une quarantaine d’années mais dont l’expérience était facile à deviner … en vue de la balafre sur le côté gauche de la nuque.

« Je m’appelle Kéran et je viens d’arriver. C’est ma première mission aujourd’hui. »

« Ca risque de pas être la plus simple si tu veux mon avis. Ca dépend de la chance que tu as. Tu estimes avoir de la chance ou non ? » reprit l’homme.

« Euh … Disons que ça peut aller je crois … Je ne pense pas être chanceux … Enfin, pas plus que ça. » répondit Kéran, un peu perturbé par la question.

« Hum … Donc, ça risque de mal se passer. Prenez au cas où vos pokémons. De toute façon, vous n’avez pas à vous en séparer, c’est clair ? »

Les quatre autres personnes s’écrièrent en même temps que oui alors qu’il restait muet. Bon … D’après ce qu’il remarquait, cet homme allait être sûrement leur chef parmi les six hommes dont lui. Bon … Et bien … S’il pouvait quand même savoir ce qu’ils allaient faire ?

« Dites … Cette mission, est-ce que vous voulez m’en parler plus en détails ? »

« Bien entendu. Nous allons tout simplement escorter des œufs de pokémon psychique dans une autre ville. A partir de là, il se pourrait que l’un d’entre eux te soit confié. Tu pourras alors élever ton premier pokémon. »

AH ! C’était donc ça ? Ca allait lui permettre d’avoir son premier pokémon de la sorte ? Enfin, avoir un pokémon qui vient de naître ? Et le voir grandir et toutes ces choses ? C’était donc comme ça que ça allait se passer ? BIEN ! Maintenant, il était vraiment encore plus motivé ! Il demanda une nouvelle fois :

« Quand est-ce que nous partirons alors ? »

« Hum ? D’ici au milieu de l’après-midi. Néanmoins, tu peux déjà te rendre aux écuries de l’Enceinte aux Esclaves. Là-bas, ils se préparent pour le voyage. Comme ça, tu te familiarise avec les pokémons que nous utilisons pour le déplacement. » répondit l’homme âgé environ d’une quarantaine d’années.

« Je vais le faire tout de suite ! Où se trouvent les écuries par contre ? »

Il fit un signe de la tête vers la droite, lui disant néanmoins à côté qu’il fallait qu’il quitte le bâtiment par derrière pour ne pas se tromper de chemin. Il remercia l’homme avant de quitter la pièce. S’il pouvait voir de nouveaux pokémons, il n’allait pas se priver !

Il quitta le bâtiment en suivant les consignes données par l’homme. Marchant le long des murs, il finit par trouver la fameuse écurie dont avait parlé l’homme. C’était donc ici … que les pokémons se trouvaient ? Du moins, ceux qui allaient tirer les chariots ? Car c’était ce qu’il avait en face de lui. Trois chariots qui étaient prêts à partir à tout moment. Il s’approcha d’eux, trois hommes discutant entre eux avant de s’arrêter. Les têtes se tournèrent vers lui, l’étudiant de haut en bas alors que l’un d’entre eux disait :

« C’est pour ? Tu ne viens pas ici juste pour visiter non ? Je n’ai jamais vu ta tête par ici. »

« Je m’appelle Kéran et je suis un nouveau membre. Et en fait … Je visite … Mais parce que je vais devoir partir avec les chariots dans quelques temps. »

« Ah ? La mission du petit nouveau … Bon … Par contre, t’as pas l’air très vif. Tu sais au moins utiliser ton coupe-papier que tu as à ta ceinture ? » demanda l’un des deux autres hommes, Kéran acquiesçant d’un hochement de tête. « Bon … T’es venu faire quoi ici alors ? Car c’est pas pour maintenant non ? Fais pas trop de zèle sinon tu finiras pas l’année. »

« Je suis venu voir les pokémons … Enfin, ceux des chariots, pas les œufs. »

« Ah … C’est donc pour ça. Bon … Suis-moi. » termina de dire le troisième homme en lui faisant un geste de la main pour qu’il l’accompagne.


Il n’allait peut-être pas encore voir les œufs mais tant qu’il pouvait voir des pokémons, il n’était pas contre. Il fallait dire que dans son village, ce n’était pas chose commune d’en avoir un … Et si on ne comptait pas ceux spectraux ou ténébreux, il n’en connaissait pas tant que ça des pokémons.

L’homme le guida dans les écuries et tout de suite, une forte odeur vint piquer ses narines. PFIOU ! Ca ne sentait pas le savon ici ! Ni les fleurs d’ailleurs ! Mais il entendit plusieurs meuglements, lui faisant tourner la tête vers leurs directions. Des Ecremeuhs ! C’était des Ecremeuhs ! Ca, il n’y avait aucune difficulté à savoir qui elles étaient !

« Ce sont elles qui vont nous traîner pendant plusieurs heures. » annonça l’homme, caressant le crâne de l’une des bêtes qui meugla de bonheur.

Mais comment elles allaient faire ? Elles marchaient d’habitude sur deux pattes, non pas quatre … Est-ce que pour tirer, elles allaient se mettre à quatre pattes ? Enfin, c’était une réflexion un peu stupide mais il tenta de rapprocher la main de l’une des bêtes.

« T’en fait pas … Elles ne vont pas te bouffer. Les Ecremeuh sont des créatures très sociales à la base. » murmura l’homme en voyant l’air inquiet de Kéran.

« Disons que … A part les pokémons de Sélia, j’en ai pas souvent touché … »
C’était là qu’il remarquait que son existence était loin d’être joyeuse et remplie pour quelqu’un de son âge. On ne pouvait pas dire qu’il avait été très … épanoui par tout ça. Peut-être qu’après la première mission, tout allait s’accélérer plus que rapidement et il … allait découvrir un tout autre monde ? Enfin, déjà avec Katérina, il fallait avouer que le monde au-dehors de son village était bien spécial.

Chapitre 27 : Un nouveau départ

ShiroiRyu
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Chapitre 27 : Un nouveau départ

« Coucou Sélia. » murmura l’adolescent alors qu’il apercevait la jeune femme qui l’attendait, assise à l’extérieur d’un café. Elle se leva, puis l’embrassa sur les joues.

« Bonjour Kéran. Tu as l’air … en pleine forme d’après ce que je crois voir. »

« Euh … Oui … Et toi aussi … Ca a l’air d’aller très bien. » répondit l’adolescent en voyant le regard attendri de la jeune femme. Elle l’invita à s’asseoir en face d’elle mais la première chose qu’il remarqua, c’était les deux nouvelles noigrumes à sa ceinture. Elle reprit avec un petit rire amusé par la situation :

« Et bien, Kéran ? Tu ne veux pas plutôt relever le regard ? »

« Pardon, Sélia. Je … C’était à cause des noigrumes … Tu as de nouveaux pokémons ? »

Elle hocha la tête en gardant son sourire avant de héler une serveuse. Elle commanda à boire de son côté, invitant l’adolescent à faire de même de son côté. Il était gêné … tellement gêné. Ca ne faisait même pas une semaine qu’ils étaient séparés et surtout … Quand il voyait la réaction de la jeune femme, il se demandait si tout ça n’était qu’une …illusion. Il resta muet pendant deux bonnes minutes, la jeune femme l’observant elle aussi sans un mot. Finalement, les consommations arrivèrent, Sélia buvant tranquillement tandis qu’il avait la tête baissée.

« Et bien … Tu ne parles pas vraiment, Kéran, n’est-ce pas ? Ca n’a pas l’air d’aller ? »

« Euh … Ca va très bien. Et toi ? Ca … donne quoi d’être là-bas ? Dans la Sainte Alliance ? J’aimerai bien savoir ce que tu fais de tous tes jours. »

« Hum ? Et bien, pour l’instant, simplement de l’entraînement. Mais je partirai sûrement en mission très bientôt. Les deux pokémons que j’ai avec moi en plus de mon Archéodong, j’ai pu les choisir après mes entrainements. »

« Ah. Mais … Je vois … Euh … C’est une bonne chose alors ? » murmura-t-il, détournant le regard alors qu’elle n’avait de cesse de l’observer.

« Kéran. Tu es prié de me regarder dans les yeux quand tu me parles, d’accord ?  Ca serait très sympathique de ta part. On dirait que tu es perturbé. »

« Un peu gêné … Sélia. Euh … Je peux te dire pourquoi ? C’est juste que … Comme on s’est disputé un peu avant de se séparer et que … Tu peux remarquer que je ne pense pas … à quitter mon organisation et toi, la tienne … Je ne sais pas vraiment comment parler avec toi. J’ai l’impression que tu te forces à parler gentiment. »

« Me forcer à te parler de la sorte ? Oh … Kéran. Vraiment … Parfois, tu ne vois pas plus loin que le bout de ton nez hein ? »

Elle émit un petit rire attendri alors qu’il rougissait violemment. Voilà qu’elle le considérait encore comme un enfant. Pourquoi est-ce que ça se passait toujours comme ça ? Enfin non … Mais qu’est-ce qu’il avait dit pour qu’elle parle ainsi ? Elle semblait avoir totalement oubliée les disputes d’il y a une semaine. Non … Ce n’était pas exactement ça.

« Je suis toujours mécontente de ta décision. Je suis toujours inquiète de tes choix. Mais … Tu as décidé de vouloir grandir, éloigné de moi. Je ne peux pas t’en empêcher, Kéran. Ca me fait mal de te savoir seul … Tellement mal … Mais je tente d’être moins protectrice. Je veux juste que tu sois heureux et en sécurité … mais en même temps, tu veux être seul. »

« Je ne veux pas être seul, Sélia. Je n’ai jamais dit ça. J’ai juste pensé que c’était la meilleure chose à faire, que de rejoindre l’Enceinte aux esclaves. Si un jour, je vois que je n’ai plus ma place parmi eux, je quitterai l’organisation et je tenterai de rentrer dans la Sainte Alliance. »

« Oh ? Ca veut donc dire que j’ai encore des chances de t’avoir à mes côtés ? »

« Bien entendu ! Je ne compte pas me séparer définitivement de toi. » répondit-il aussitôt avec entrain alors qu’elle rigolait.

« Tant mieux, tant mieux alors ! C’est une très bonne nouvelle pour moi ! Visiblement, tu ne risques pas de m’oublier et inversement. Tu sais … Kéran … Une semaine sans toi, je ne pensais pas dire ça un jour, mais c’était quand même très long. A force de vivre ensemble, je m’étais habitué à ta présence. »

« C’est vrai que c’est un peu triste … sans toi. Mais bon … Il faut bien que je prenne sur moi. Je veux devenir quelqu’un sur qui tu peux compter. »

« Et n’est-ce pas déjà le cas ? Je te fais pleinement confiance. » murmura doucement Sélia, un coude maintenant sa tête sur la table tandis qu’elle l’observait avec douceur.

Il hocha la tête négativement sans lui répondre. Pourtant, il lui fit le même sourire avant de boire ce qu’il avait commandé. Si … la confiance régnait vraiment entre eux deux, rien de tout cela ne serait arrivé. Elle perdit son sourire, tournant son doigt autour de son verre d’un air songeur. Finalement, elle poussa un petit soupir avant de reprendre :

« Tu as parfaitement raison. Je ne devrais pas te mentir à ce sujet … Mais c’est si difficile … Et je pense qu’il faudra attendre … Que le temps s’écoule pendant de longues journées voir semaines … avant que je ne pense te donner toute ma confiance par rapport à tes capacités. Mais qui peut nous dire si tu n’auras pas perdu celle de mon cœur ? »

« Ton cœur ? Je … Car tu as peur que je change tellement dans l’Enceinte ? Tu sais … J’ai pu voir toutes ces choses. Enfin, ce qu’ils font. »

« Hum ? Et alors ? Qu’est-ce que … cela donne ? » demanda la jeune femme aux yeux rubis, ces derniers le fixant ardemment, attendant sa réponse avec une certaine aigreur.

« Je n’ai pas encore fait ces séances de torture et de violence gratuite. J’apprends juste les bases … Ce que cela permet … Ce que cela donne … Ce qu’il faut faire. Mais ça ne me plaît pas vraiment … Pas du tout même. »

« Alors pourquoi est-ce que tu as décidé de rejoindre l’Enceinte ? Tu pourrais partir dès maintenant non ? Ce n’est jamais trop tard ! » dit-elle avec plus d’entrain en vue de la réponse de l’adolescent qui la satisfaisait plus que tout. Pourtant, encore une fois, Kéran hocha la tête négativement. Ce n’était pas du tout cela.

S’il voulait en apprendre bien plus sur les pokémons ténébreux et spectraux, il n’avait pas le choix. C’était le meilleur endroit pour les étudier … Mais son but n’avait jamais été la violence gratuite. Il n’était pas ainsi … Enfin, il n’avait pas le caractère pour une telle chose. Ca ne lui plaisait pas le moins du monde.

« Sinon, d’ailleurs, comment dire … Bientôt, j’aurai aussi mon premier pokémon. Ça sera forcément un pokémon psychique. »

« Hum ? Mais ça sera un pokémon déjà entraîné ? »

« Je ne crois pas … Enfin, d’après ce que j’ai cru comprendre …Ca sera un pokémon qui vient de naître. Ainsi, la liaison entre lui et moi sera parfaite et il ne désobéira jamais à mes ordres. Enfin, c’est ce que j’ai cru comprendre. »

« Un pokémon qui vient de naître, s’il voit un humain, sera souvent lié pour la vie à ce dernier. C’est exact. C’est ainsi que ça marche la majorité du temps. Cela concerne surtout les pokémons psychiques qui sont à la base, des créatures anormalement plus intelligentes que les autres grâce à leurs pouvoirs mentaux. »

« Je ne savais pas … du tout cela … Dis ? Ca veut dire que ton Archéodong … Tu l’as eu aussi à la naissance ? Enfin, quand il est né ? Car c’est bizarre comme pokémon non ? »

« Hum ? Non, non ! Enfin … Je ne sais pas vraiment … quoi te dire. Mais mon Archéodong était au départ un Archéomire. Mais c’est un pokémon très rare. Il n’existe que très peu de pokémon constitués majoritairement de métal. »

Oh ? Il était subitement plus qu’intéressé par le sujet. Surtout que maintenant, ils ne parlaient plus des deux organisations et c’était tout ce qu’il voulait. Ah … Pfiou. Il poussa un soupir de soulagement, remarquant l’air un peu gêné de la jeune femme. Qu’est-ce qu’il avait dit ? Elle n’aimait pas parler de son pokémon ? Pourtant, c’était la première fois qu’ils en discutaient, ça pouvait être un bon sujet de conversation.

« Pourquoi est-ce qu’il est très rare ? Enfin, pourquoi il y a aussi peu de pokémons métalliques ? C’est bizarre, je ne l’avais jamais remarqué auparavant. »

« Oh … Ca … Je ne sais pas moi-même. Mais il paraîtrait que les pokémons métalliques peuvent vivre des centaines voir des milliers d’années. Tu imagines ce que cela veut dire, Kéran ? » demanda la jeune femme avec un regain d’intérêt.

« Peut-être que ton Archéodong est en fait un pokémon très très ancien alors ? »

« Oh … Je ne sais pas … Je ne parle pas le langage des pokémons mais peut-être, oui … Et alors, il pourrait nous raconter tout ce qui s’est passé il y a de cela des siècles ? Ca serait vraiment une source d’informations plus qu’importantes ! »

Ils éclatèrent de rire tous les deux alors qu’ils s’imaginaient déjà avoir un savoir auquel ils ne verraient sûrement aucune utilité sur le moment. Mais c’était quand même … bizarre que les pokémons de métal soient aussi rares que ça. Mais bon, ce n’était pas une impossibilité non plus. Il ne connaissait pas réellement le monde autour de lui.

« Est-ce que tu sais en quoi va consister ta première mission, Kéran ? »

« Euh … Pas vraiment … Je sais juste que ça passera en-dehors de la ville mais après … Je ne sais pas du tout … Je dois te l’avouer. »

« Hum … Une mission en extérieur. Ca n’a rien d’étonnant. Vous êtes quand même du genre à éliminer les créatures ténébreuses et spectrales … Vous en trouvez dans la ville mais principalement dehors. Surtout si vous comptez en capturer … »

« Je ne sais pas du tout. Je ne peux pas te répondre, Sélia. Pardon. »

« Ce n’est pas bien grave … Je te demande juste de ne pas te salir les mains … de ne pas devenir comme eux … même s’ils t’entourent. C’est pour ça que je ne voulais pas que tu ailles là-bas. Tu es tellement différent d’eux, Kéran. » chuchota doucement comme pour bien l’inciter à partir de cette organisation le plus tôt possible.

« Les gens changent … Sélia. Je ne sais pas du tout ce que je deviendrai mais … Ne t’en fait pas. Moi, je ne risque pas de t’oublier si tu as peur de ça. »

« Oh … C’est exactement de ça dont j’ai peur. Après toutes ces années passées ensembles, j’avoue que je n’aimerai pas que toi et moi … Nous soyons de parfaits inconnus plus tard. »

« Il en est hors de question de mon côté ! Je ne veux surtout pas de cela ! » s’écria t-il alors que plusieurs regards se tournaient vers eux.

Elle eut un grand sourire avant de se lever. Les consommations étaient déjà payées, ils n’avaient donc pas à rester plus longtemps ici. Elle tendit sa main, invitant l’adolescent à la prendre. Avec un peu de gêne, il serra la main de Sélia dans la sienne avant qu’ils ne quittent le café où ils s’étaient retrouvés.
Maintenant qu’ils marchaient dans la ville, ni l’un, ni l’autre ne prit la parole. La jeune femme était beaucoup plus attentionnée qu’auparavant. C’était pour cela qu’il était beaucoup plus … gêné par elle. Maintenant … qu’ils étaient à distance, il pouvait remarquer à quel point … Enfin, maintenant, il pouvait voir comment elle était … Sans la regarder de ses yeux de « petit frère ». Et c’était ça qui était gênant.

« Elle est plus jolie … comme ça. » chuchota-t-il à lui-même.

« Hum ? C’est un compliment que je viens d’entendre, Kéran ? »

« Hein ? Quoi ? Je … Je … Je n’ai rien dit ! Je peux te le pro… » commença à reprendre Kéran avant qu’elle ne le stoppe d’un doigt sur ses lèvres.

« Merci de reconnaître ça. Ca me touche, Kéran. Tu sais … La prochaine fois qu’on a du temps libre, je peux aussi essayer de porter une autre tenue. Il est vrai qu’avec mon armure sur le corps la majorité du temps, je ne suis pas très … féminine. »

« Si, si ! Euh … Mais en même temps, c’est vrai que je ne te vois pas souvent sans ton armure. Enfin … Quand on allait dehors. A la maison, ce n’était pas pareil. »

« C’est bien de ça dont je parlais. Bon … Nous verrons cela plus tard de toute façon. » dit-elle comme pour terminer la conversation.

Ils allaient devoir se séparer tous les deux. Peut-être que plus tard, il la reverrait dans une tenue différente ? Plus … citadine ? Il ne savait pas. Néanmoins, il fut l’heure pour les deux personnes de se quitter, la jeune femme venant l’embrasser sur les joues avant de le laisser seul. Lui ? Il allait retourner tout simplement à l’Enceinte.
Lorsqu’il pénétra dans le bâtiment, il se dirigea aussitôt vers sa chambre avant d’être arrêté par l’un des membres de l’Enceinte. Il ne connaissait même pas son nom et sincèrement, ça ne l’intéressait pas le moins du monde. Pourtant, il l’écouta lui dire :

« Tu es Kéran non ? Enfin, l’un des nouveaux. »

« C’est exact … Qu’est-ce que je peux faire ? Normalement, aujourd’hui, j’avais ma journée donc ça ne doit pas être un problème si … c’est pour cela que vous m’arrêtez. »

« C’est pas ça, tu peux te la fermer deux secondes ? Juste pour te dire que ta première mission est prévue pour demain. Donc, tu dois te préparer et tous ces trucs. »

« Euh merci de m’avoir prévenu alors. Vous pouvez dire aux autres que je serai là demain dès la première heure. Je suis pressé de voir ce que c’est comme première mission. » dit le jeune homme aux cheveux argentés alors que l’autre en face de lui pouffait :

« C’est rien de bien énorme. Ne t’imagine pas cinquante mille trucs. Ca sera un truc bateau. »

« Est-ce que je peux déjà savoir ce que c’est alors ou non ? »

« Pas du tout. Moi, je me la ferme et j’obéis seulement aux consignes qu’on me donne. Aller … Je me barre d’ici. T’es prévenu, j’ai fait mon boulot. »

« Euh … D’accord. Salut alors. » osa dire Kéran en regardant partir l’autre jeune homme avant de soupirer. C’était quoi ce type ? Pfff … Bon … Il retourna vers sa chambre, s’écroulant sur son lit en tentant de réfléchir à la mission de demain.
D’après ce qu’il avait cru comprendre, ce n’était pas une mission difficile, loin de là. Peut-être était-ce tout simplement pour faire ses preuves ? Et montrer ce dont il était capable ? Il y avait de fortes chances qu’après ça, il reçoive alors son premier pokémon non ? Ca allait lui faire bizarre … Depuis des années, les seuls pokémons qu’il avait connus étaient ceux de Sélia. Et maintenant, on lui parlait d’en avoir un à lui ? Quand même … Il se demandait à quoi ressemblerait le pokémon qu’il allait recevoir.

« De toute façon … Je verrais ça demain. Bon … Swar, j’ai remarqué que tu n’as pas parlé de la journée. Je vais me reposer quelques heures. »

Aucune réponse de la part de l’épée ? Bon … Elle faisait ce qu’elle voulait. Ce n’était pas son souci pour l’heure. Il ferma les yeux, cherchant le sommeil en se remémorant ce qui s’était passé aujourd’hui. Ah … Avec Sélia, c’était quand même spécial maintenant … Oui …Très spécial. Ah … Qu’est-ce qu’il allait devenir dans le fond ? Il ne savait pas.

Chapitre 26 : Violence et abus

ShiroiRyu
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Second axe : Perdre sa candeur

Chapitre 26 : Violence et abus

« Alors ? Comment est-ce que tu te sens ? » dit l’épée calmement.

« Je ne sais pas vraiment … J’ai un peu peur … Je le reconnais. Maintenant, Sélia et moi, nous ne nous verrons plus … ou alors que très rarement. » murmura l’adolescent aux cheveux blancs, regardant l’édifice en face de lui. Il serrait un papier à la main, cherchant à garder son calme bien que la situation ne s’y prêtait guère. Ce bâtiment … en face de lui … C’était celui où tout allait se dérouler, n’est-ce pas ? Du moins … à partir de maintenant. Bien qu’il se trouvait en ville, il n’y avait guère d’autres bâtiments dans les alentours, comme pour bien le démarquer du reste … ou alors tout simplement pour le considérer comme un paria.

« Hey ? Toi ! Qu’est-ce que tu fais ici ? » cria une voix alors qu’il tournait son visage vers l’endroit d’où elle provenait. Un homme … Une trentaine d’années environ. Il n’avait pas l’air d’un garde en vue de sa tenue mais bon … Il valait mieux se méfier au cas où.

« Hein ? Euh … Je suis bien dans l’Enceinte aux Esclaves non ? »

« C’est le cas … Tu le fais exprès de ne pas savoir où tu vas ou quoi ? »

« Euh si si … C’est juste que voilà … On m’a dit de ramener la tête du Tengalice avec moi pour que l’on puisse me faire rentrer. Je viens rejoindre l’Enceinte aux esclaves. »

« La tête du Tenga … Tu parles du monstre qui se trouvait en haut de la montagne ? C’est toi qui viens de le buter ? Ah bon sang ! Je me disais bien que ce trou dans les nuages, ce n’était pas commun ! BON ! Suis-moi, je vais t’emmener jusqu’au chef qui t’expliqueras rapidement comment ça se passe ici. »

« D’accord … Merci beaucoup. » murmura Kéran avec un peu d’appréhension. Aller … Il venait de passer la première étape … Ce n’était pas si difficile que ça en fin de compte, n’est-ce pas ? Ils n’allaient pas tous le dévorer ou autre ! Loin de là même …

Il pénétra dans le bâtiment, accompagnant l’homme tandis qu’il entendait plusieurs cris … mais non-humains. Enfin, pour la majorité d’entre eux. Il ne savait pas ce qui se passait mais rien qu’à l’idée d’y penser, il en avait froid dans le dos. Brrrr ! Bon … Il ne devait pas y penser … Ce n’était juste … qu’un mauvais moment. Pourquoi est-ce qu’il avait voulu rejoindre l’Enceinte au départ ? Il ne se sentait plus trop en confiance maintenant. L’homme s’arrêta devant une porte, toquant plusieurs fois jusqu’à ce qu’une voix dise :

« Qui est-ce ? J’avais demandé à ce que l’on ne me dérange pas pour le reste de la matinée. »

« Euh … Chef … On a une nouvelle recrue il paraîtrait. »

« AH ! Le jeune homme qui a déglingué ce foutu Tengalice ! Vas-y ! Fais-le rentrer maintenant au lieu de me faire perdre mon temps ! »

« Rentre … Il a l’air de bonne humeur pour une fois. » annonça l’homme en ouvrant la porte pour qu’il puisse pénétrer dans la pièce. Il acquiesça avant de partir.

C’était un bureau … Tout ce qu’il y avait de plus simple contrairement à ce qu’il pensait … C’était vraiment … Un bureau … Avec des commodes avec des nombreux livres et autres. Par contre, la seule chose un peu … saugrenue à côté, c’était peut-être ce qui était planté dans les murs. Des trophées de chasse. Il y avait de nombreuses têtes de pokémons dont il n’était pas sûr de connaître leurs origines. Gloups …

« Ah … C’est donc toi ? Tu m’as l’air un peu maigrichon … Mais le type des inscriptions m’a clairement dit de me méfier de ton apparence. »

Hein ? Quoi ? Il tourna son visage vers la personne qui venait de lui parler, un peu perdu. Ah … C’était un homme … d’une cinquantaine d’années. Il portait des vêtements de cuir noir, avait des cheveux de même couleur et une moustache assez touffue. Par contre, il remarquait surtout la balafre juste au-dessous de l’œil droit.

« Blessure de guerre, dira t-on. Mon premier combat contre ces foutus spectres il y a de cela plus de trente ans maintenant. Je m’appelle Féhnor et toi, d’après ce que je lis, c’est Kéran ? »

« C’est ça, monsieur Féhnor. » murmura l’adolescent.

« J’espère que t’es pas l’un de ces petits prétentieux qui viennent sortir des bras de leurs mères pour avoir une vie pleine d’aventures. Surtout que si c’est le cas, tu t’es gouré d’endroits, je tiens à te prévenir qu’ici, ce n’est pas joyeux. »

« C’est … bien l’Enceinte ici non ? Donc, pour les pokémons spectres et ténébreux … »

« C’est exact. Bon, toute façon, tu nous as rejoints pourquoi ? Car tu as sûrement une bonne raison, n’est-ce pas ? T’es pas là pour t’amuser … Surtout si tu as réussi à tuer ce Tengalice qui nous rendait complètement dingues, qu’importe ce qu’on tentait de faire contre lui. »

« Euh … C’est parce que j’ai un petit problème avec les spectres … ou du moins … Les créatures ténébreuses. Disons qu’ils ont ravagé mon village il y a quelques temps … Et il y a environ huit ans, j’ai perdu ma famille à cause d’eux. »

Il n’osait pas dire que c’était tout simplement à cause de Swar car il restait toujours indécis à son sujet. L’homme l’observa pendant quelques secondes avant d’hausser les épaules. Il reprit la parole tandis qu’ils quittaient la pièce :

« Chacun a ses raisons … Au moins, t’es pas là pour la gloire et la célébrité. Sinon, t’aurais été dans cette saleté de Sainte Alliance. »

« Je n’ai pas ma place parmi eux … Je ne crois pas que j’aurai mes chances toute façon. »

« Tsss … A se faire passer pour des gentils garçons et gentilles filles … Bon … Toute façon, t’es pas là pour m’entendre déblatérer à ce sujet. Je te montre comment que ça se passe ici, puis dans dix minutes, je retourne m’occuper d’affaires plus importantes. » annonça Féhror alors que Kéran ne faisait qu’hocher la tête.

« Je vous suis donc … Par contre, en arrivant, j’ai entendu de nombreux cris. »

« Ah ? Ca ? Autant te montrer tout de suite, comme ça, on ne perd pas de temps. »

Autant lui montrer quoi ? Ils marchèrent dans les couloirs, l’adolescent tendant l’oreille. Ils se rapprochaient des cris … Des nombreux cris même … d’après ce qu’il pouvait entendre. Gloups … Qu’est-ce que ça voulait dire ? Avec nonchalance, l’homme ouvrit la double porte faite de bois pour le laisser rentrer en premier.
C’était quoi ça ? Des chaînes, des menottes … Et plusieurs ustensiles comme des fers, des pinces et autres. Et sur les nombreuses tables d’opération … Des pokémons ? Que des pokémons spectres et ténébreux. Mais comment était-ce … possible ? Comment pouvaient-ils les capturer de la sorte ? Devant son appréhension, Féhror lui dit :

« Ce sont des chaînes faites d’un métal bien particulier dont une partie de sa composition est faite du sang des créatures ténébreuses et spectrales. »

« Ah … C’est donc pour cela que ça semble marcher sur eux ? » osa t-il dire alors qu’il évitait de regarder plus longtemps ce spectacle. Pourtant, il ne pouvait pas détourner ses yeux … puisqu’il n’y avait que cela autour de lui ! D’ailleurs … Il … C’était … C’était quoi ça ? Il cligna plusieurs fois des yeux alors qu’il voyait un Grahyena, le ventre ouvert, les yeux complètement blancs. Affalé sur une table d’opérations, il ne semblait plus vivant, pourtant, son ventre se soulevait, signe qui montrait tout le contraire.

« Oh … Tu vas assister à quelque chose de commun … mais en même temps qui met parfois plusieurs jours avant que ça n’arrive. La soumission d’une créature ténébreuse à nous. Vois-tu ses yeux blancs ? Cela veut dire qu’il n’est plus en état de lutter. Sortez une noigrume, vous autres ! C’est l’heure de le capturer ! »

Une noigrume ? C’est ce qu’ils utilisaient aussi ? Il observa une noigrume de couleur entièrement noire que tenait un homme. Celui-ci la lança sur le Grahyena, la créature disparaissant à l’intérieur comme si de rien n’était. Féhror reprit :

« Et lorsque le Grahyena sortira de cette noigrume, il sera complètement dominé par l’homme ou la femme qui l’a capturé. De même, nous … »

« Mais je me disais … Elles peuvent parler non ? Ces pokémons … Enfin ces créatures … Qu’est-ce qu’elles disent après que vous fassiez tout cela ? »

« Oh … Elles ne parlent plus vraiment à force. Disons qu’à force de briser leurs corps physiques, leurs esprits ne sont plus capables de raisonner correctement. C’est triste … Mais c’est ainsi que ça se passe à l’Enceinte aux esclaves. Oh … Peut-être qu’au départ, pour une bonne partie des nouveaux venus, ça semble horrible … mais tu t’adapteras, j’en suis sûr. »

« J’espère en être aussi sûr que vous. Qu’est-ce qu’il y a d’autre à visiter ? Je vous suis au cas où … Je n’ai pas vraiment envie de me perdre. »

Il murmurait cela tout en serrant fortement son arme. Ce n’était pas du tout ça qu’il avait envie de faire à Swar ! Pas du tout même ! Non, non et non ! Loin de là même … Pas du tout … Ah … Gloups … Il se sentait mal pour son arme. Il allait devoir se faire pardonner envers Swar. Si celui-ci croyait qu’il comptait faire … des choses comme ça … C’était tout simplement impardonnable ! Pas envers une créature qui lui avait sauvé la vie !

Donc … Voilà … Ce n’était pas vraiment folichon mais … Il devait avouer qu’il s’en était douté lorsqu’il avait décidé de rejoindre l’Enceinte aux Esclaves. Le reste de la visite se passa bien plus facilement. Il fallait dire que la cantine, les dortoirs, les salles d’entraînement et toutes ces parties habituelles et surement communes à bon nombre d’organisations, c’était beaucoup moins violent qu’au début.
Il lui fut alloué une chambre tandis qu’il remerciait l’homme qui s’éloigna finalement après avoir terminé la visite guidée. Ah … Une chambre rien que pour lui ? Il s’était attendu à ce qu’il dorme avec d’autres personnes mais il semblait qu’il était un peu privilégié ? Peut-être à cause de la tête de Tengalice qu’il avait décidé de laisser dans le bureau après l’avoir montrée à Féhror …

« Hum … Tu as l’air plus que tourmenté. Le voyage n’est plus aussi idyllique ? »

« Je ne sais même pas ce que ça veut dire ce mot. Mais oui … Enfin … Swar … Ne crois pas que je te ferais ça hein ? Enfin … T’es un monstre … mais … »

« De toute façon, tu n’en aurais pas la possibilité. » coupa aussitôt l’épée.

Oui. Il le savait parfaitement … Il n’était pas bête au point de croire qu’elle lui laisserait le choix … son épée hein ? Il se coucha sur le lit, regardant le plafond avant de fermer les yeux. Des menottes … Des chaînes … Il avait aussi vu des fouets non ? Et des pics ? Et aussi des cruches d’eau … mais dont de la fumée en sortait. De l’eau bouillante … Il passa une main sur ses yeux clos, cherchant à retirer ces images de sa tête.

Non … Ca ne servait à rien … Rien du tout. Il n’y arrivait pas. C’était plus dur qu’il ne le croyait. Ces images étaient ancrées dans sa tête ! Il ne pouvait pas se les retirer comme ça ! Bon sang, bon sang, bon sang ! Est-ce qu’il avait fait le mauvais choix ? Non … C’était comme ça qu’il pouvait essayer de se débarrasser des spectres et des pokémons ténébreux. C’était le meilleur choix à faire … Mais en même temps … S’il avait décidé de rejoindre la Sainte Alliance, il aurait eu alors la chance de rester avec Sélia.

« Tu ferais mieux de te reposer pour l’heure qui vient. Il semblerait que tu ne sois pas déjà de service pour te battre. Tu en as de la chance, visiblement. »

« J’espère ne pas à avoir … à faire ça. Ca m’embêterait vraiment. Je ne suis pas aussi violent ! Enfin … Peut-être que ça peut être une bonne chose … »

« Une bonne chose ? Pourrais-tu expliquer ces paroles incongrues ? »

« Euh … Ben tu sais … Je suis trop gentil donc … Si je fais ça … Peut-être que .. »

« J’aurai plutôt dit que tu es trop stupide. » coupa une nouvelle fois l’épée. « Si tu penses qu’en faisant souffrir les autres, tu t’aideras, tu ne t’es alors pas trompé d’endroit. C’est bien ici que tu trouveras ton « bonheur ». »

« Je te sens un peu ironique dans tes paroles, Swar. Je ne pensais pas à mal … »

« C’est ainsi que commence les plus grands et terribles dictateurs. »

Hein ? Comment ça ? Dictateur ? Il n’était pas comme ça ! Mais encore une fois, elle parlait de quelque chose qu’il ne connaissait pas du tout. Vraiment … Swar avait combien de siècles ? Car il devait sûrement en savoir des choses. Il rouvrit ses yeux, se redressant dans le lit avant de dire avec calme :

« De toute façon … Je ne vais pas abandonner après une journée. Ca serait ridicule. »

« On dit que le ridicule ne tue pas … Mais il peut s’avérer que ça soit le cas … surtout quand tu te ridiculiseras devant les autres membres de l’Enceinte. »

« Je ne pense pas me ridiculiser devant eux. » répliqua l’adolescent aux yeux bleus. Tssss … Ce n’était pas parce qu’il avait dit … une petite chose de rien du tout, qu’elle devait alors lui parler comme ça ! Il n’était pas non plus un animal hein ?

« Entre ce que tu penses et ce que tu fais … Il y a tellement de différences dans la majorité des cas. Si j’avais un corps physique et de l’argent, je parierai là-dessus. » murmura calmement l’épée comme si de rien n’était.

« Oui et bien, tu as ni l’un, ni l’autre, Swar ! Et je ne pas compte pas quitter l’Enceinte dès mon arrivée. Je suis désolé pour toi mais tu vas devoir supporter tout ça pendant … »

« Désolé ? Pour moi ? Supporter ? Qui avait le teint pâle en voyant une petite torture ? »

« Tais-toi, Swar ! Ca ne sert à rien de … »

« De te lancer dans une discussion avec moi où tu espères avoir le dessus alors que tu sais parfaitement que ton vocabulaire limité ne te permet pas de combattre ma verve. C’est exact, je suis heureux de remarquer que tu reconnais tes capacités verbaless. »

… … … Il jeta tout simplement Swar au sol, feignant l’ignorance alors qu’il retombait sur le lit. Oh … Il avait sûrement raison, il en était même sûr. Mais ce n’était pas pour ça qu’il était obligé d’écouter ce que ce type avait à raconter, loin de là même. Il poussa un long bâillement, mettant sa main devant la bouche.

« Kéran. La prochaine fois que tu fais cela. »

« Hum ? Oui ? La prochaine fois ? Que je fais quoi ? »

« La prochaine fois que tu me jettes comme une vulgaire arme, ne t’avise plus d’essayer de dormir. Tu risquerais de te trouver avec une épée plantée dans le ventre. » continua de dire Swar sur un ton un peu irrité.

« C’est pas de ma faute. Tu me parles comme à un gamin attardé. Tu crois que je vais te laisser m’insulter comme ça continuellement ? »

« Tu n’as qu’à arrêter de te comporter comme tel et mes paroles ne seront plus aussi cinglantes. » termina de dire l’arme alors qu’il faisait juste un geste de la main pour dire qu’il n’en avait rien à faire. Pourquoi est-ce que des fois, il s’imaginait que cette arme était sympathique ? C’était tout le contraire avec elle !

Chapitre 25 : La beauté lyrique

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Chapitre 25 : La beauté lyrique

« Katé … rina ? Qu’est-ce … que tu fais ici ? » balbutia l’adolescent, se rapprochant d’elle pour se retrouver à quelques centimètres de son corps.

« Oh, je passais dans le coin, je me disais, pourquoi pas se balader en ville et essayer de draguer un puceau pour qu’il me paye une bonne bouffe ? »

« Euh … Est-ce que tu m’attendais ? Tu donnes l’impression que … tu savais où j’allais venir. » dit-il avec un peu d’appréhension.
« Ouais bien sûr que je t’attendais. Je peux même deviner à l’avance ce que tu vas faire. Et je peux aussi deviner ce que tu as fait auparavant. Et ouais, je suis trop forte ! »

C’était vrai ? Il la regarda avec étonnement, l’adolescente posant une main sur sa bouche. Elle n’arrivait pas à croire … qu’il la croyait. Elle s’exclama avec véhémence :

« Mais bordel ! T’arrête d’être con ! J’ai pas des pouvoirs paranormaux ! Je ne sais pas lire dans l’avenir, ni voir dans le passé ! C’est juste que t’es tellement pathétique et prévisible. »

« Katérina … Qu’est-ce qui s’est passé alors ? » demanda Kéran, non pas pour la mettre à l’épreuve mais plus pour comprendre lui-même ce qui venait de se dérouler avec Sélia.

« T’as dit à ta blonde que tu voulais rejoindre l’Enceinte aux esclaves alors qu’elle était toute heureuse de pouvoir aller dans une organisation avec toi. Bien entendu, t’as foutu en l’air ce joli moment qui aurait pu se terminer par ta première et surement unique partie de jambes en l’air. Tu veux que je continue ? Alors on va continuer. Elle s’est sûrement énervée et t’as voulu faire le caïd en levant la voix comme quoi tu veux rejoindre l’Enceinte car ils pourraient t’aider avec ton arme maudite. Au final, elle a sûrement pété un câble car elle semble haïr plus que tout l’Enceinte et t’as aussi insulté. Comme tu t’y attendais pas, tu es parti en courant et limite en chialant comme un gamin. C’est ça, je parie. »

« Je … Euh … Je … C’est … C’est exactement ça. »

Il était si facile à deviner. Si facile … à manipuler. Si facile … à lire. Il était si … si … Sans un mot, il se détourna de Katérina. Il commença à marcher pour s’éloigner de la ville et de l’adolescente tandis que Katérina haussait un sourcil.

« Je peux savoir ce que tu fous ? La vérité est si difficile à accepter ou quoi ? »

« Je ne sais pas ce que je fais. » dit-il sur un ton un peu perdu.

« Mais moi, je sais ce que je vais faire. » souffla-t-elle sur un ton menaçant avant de marcher en sa direction. Elle le força à se retourner, collant son genou dans le ventre de l’adolescent, Kéran se retrouvant accroupi, ses mains posées sur son ventre. Pourtant, il ne se releva pas, le visage toujours si près du sol.

« Ca ne changera rien … qu’importe le nombre de coups donnés. »

« Ca veut dire que je peux continuer ? C’est sympa de me prévenir. »

Elle n’hésita pas à lui donner plusieurs coups de talon dans les hanches et dans le dos, Kéran se recroquevillant sur lui-même comme pour se mettre en boule. Il se savait pathétique, il se sentait pathétique, il était pathétique. Il ne réussissait rien de bien depuis le début.

« MAIS PUTAIN DE MERDE ! TU VAS LE BOUGER TON GROS CUL ?! »

Il ouvrit ses yeux au bon moment avant de sentir le pied de Katérina dans son ventre, le projetant sur le côté pour le faire rouler sur deux à trois mètres. Il sentait qu’elle y avait mis une partie de sa force et il poussa finalement un gémissement. Pourtant, il ne se releva pas, restant couché sur le dos en regardant le ciel bleu.

« T’es vraiment un cas irrécupérable, Kéran ! » s’écria Katérina avant qu’il n’aperçoive la culotte blanche de l’adolescente ainsi que sa tenue bleue. Sans aucune gêne, elle s’installa sur le ventre de Kéran, reprenant la parole : « Tu vas te mettre à pleurer, c’est ça ? Comme un gros bébé ? Et tu voudrais que la gentille petite Katérina te chante une berceuse pour calmer les vilains sanglots qui vont t’envahir ? »

« Snif … Arrête, Katérina. Ce n’est pas drôle … Pousses-toi de moi. »

« T’as dit s’il te plaît ? Je crois pas alors je ne compte pas me barrer ! »

« S’il te plaît … Katérina. Laisse-moi tranquille. J’ai pas besoin qu’on se moque de moi. » chuchota-t-il, passant une main devant ses yeux. A cette allure, il allait vraiment commencer à pleurer devant tout ce qui lui arrivait.

« Douce chaleur qui réchauffe nos cœurs et corps … »
He … Hein ? Il retira sa main, surpris par la voix mélodieuse qu’il entendait. Katérina avait fermé les yeux, le visage tourné vers le ciel alors qu’elle reprenait doucement :

« Reverrais-je ta tendre lueur encore ? »

Mais elle chantait réellement ? C’était elle qui chantait ? Katérina qui avait une aussi jolie voix. Il voulut prendre la parole mais préféra se taire. Il préférait … l’écouter.

« Tu es voilée par les sinistres ténèbres.

Camouflée par les créatures funèbres.

Un adolescent est perdu sur son chemin.
Il ne sait nul ce que sera son lendemain.

Et pourtant, il a tellement à apprendre.

Mais si seulement, il cherchait à comprendre. »

Elle … Elle parlait de lui ? C’était de lui dont elle parlait ? Enfin, elle chantait … Elle chantait si bien. Il avait déjà entendu de nombreuses chansons paillardes, grivoises des alcooliques du village. Ou alors, les petites chansons des mères pour calmer leurs enfants mais ça … Ca, c’était autre chose. C’était d’un autre niveau, d’un autre monde. C’était juste sublime bien qu’il était étonné qu’elle chante. Car il devait avouer qu’il ne s’y était pas attendu, pas venant de cette adolescente habituellement trop vulgaire.

« Ô belle lumière, entoure tout mon être.

Ô rayon ardent, moi qui veut disparaître.

Délicat éclat, purifie toute ma chair.

Les apparences sont quelques fois trompeuses.

Simulacres d’une vie semblant merveilleuse.

Mon Kéran, ne juge pas ceux qui te sont chers. »

Elle s’était finalement arrêté de chanter, l’adolescent restant immobile, subjugué par ce qu’il venait d’entendre. C’était beau … Très beau même … Il fallait dire que la poésie et la chanson, ce n’était pas un domaine qu’il connaissait particulièrement. Katérina rouvrit ses yeux faiblement, le regard tourné vers l’horizon lointain.

« Pardon … Ce n’est pas forcément très … joli à entendre. Cela m’est venu sur le moment. » murmura-t-elle doucement, gardant le même ton employé lors de sa chanson.

« Non ! Non ! Katérina, c’était magnifique ! C’était … C’était … Waouh … » répondit-il alors qu’il redressait le haut de son corps, Katérina assise entre ses jambes. « Je ne savais pas que tu étais capable de chanter ! Et puis … Et puis, tu as une belle voix. Même si je n’ai pas tout compris, j’ai compris que … tu parlais de moi. Enfin pas totalement … Mais tu parlais aussi de la lumière du soleil … et aussi … Je crois de toi. C’est vrai ce que tu as dit ? »

« Hum ? De quoi est-ce que tu parles encore ? »

« Tu veux … vraiment disparaître ? » chuchota Kéran, une faible rougeur arrivant sur les joues de Katérina. Celle-ci le repoussa pour le forcer à rester couché au sol avant qu’elle ne se relève. Elle dit sur un ton irrité :

« Je ne crois pas te connaître, non ? Alors, évite de me poser ce genre de questions. Il en est de même pour la dernière phrase que j’ai chantée. Ca ne voulait rien dire, il fallait juste que cela sonne bien à l’écoute, c’est compris ? »

« Co … Compris, Katérina. Est-ce que je peux me remettre debout ? »

« Tu le peux, Kéran. » répondit-elle en se grattant la nuque puis le bras.

L’adolescent se releva, s’époussetant. Bien qu’il avait presque eut envie de pleurer et de disparaître, il avait complètement oublié tout ça. Maintenant qu’il avait pu entendre la chanson de Katérina, il se sentait bien mieux.

« Euh … Je pense que je vais peut-être devoir retrouver Sélia, ça serait la meilleure des choses à faire, Katérina. Il faut que je lui parle calmement. »

« C’est peut-être ça qu’il faut faire, j’en ai rien à batte personnellement. »

« Dire que ça n’a duré que quelques instants … Retour aux paroles grossières, n’est-ce pas ? »

« Vas te faire foutre, connard. Je parle comme je veux, c’est compris. » répondit-elle sèchement avant de croiser les bras au niveau de sa poitrine.

« Hahahaha ! Je me sens vraiment bien mieux ! » s’écria-t-il, prenant une profonde respiration avant de se rapprocher d’elle.

« Qu’est-ce qu’il y a encore ? Tu n’es même pas capa … »

Il l’embrassa sur la joue très rapidement, faisant aussitôt un saut en arrière alors qu’elle donnait un coup de lame dans le vide. Elle avait réagi brusquement et lui aussi. Bien qu’il semble violemment embarrassé, il murmura :

« Je voulais te remercier pour ce que tu as fait pour moi. »

« Et tu me prends pour une pute à m’embrasser comme ça ? Enfin, t’as même pas eu les couilles pour le faire sur les lèvres et avec la langue ! »

« Euh … C’est la première fois que j’embrasse une autre fille que Sélia sur la joue hein ? D’habitude … Je ne fais pas ça … Mais bon, tu as été très gentille de ton côté et … »

« Vais te le dire en plusieurs syllabes : TA … GU-EULE ! »

« D’accord ! D’accord ! Je ne te dérange pas plus que ça ! » dit-il en levant les mains en l’air. « Sinon … Katérina, merci encore pour tout. Mais je vais rentrer en ville. Quand je serai dans l’Enceinte aux esclaves, je ne sais pas si on va se revoir mais dans le fond, tu m’as quand même bien plus aidé qu’autre chose. »

« Continue sur cette voie et je peux te promettre que je vais te rayer de la surface de ce monde, c’est bien clair, Kéran ? » répondit Katérina, prête à s’emporter et à s’énerver.

« Je vais arrêter là. Je m’en vais maintenant. Au revoir, Katérina. »

« Ouais, ouais, salut, casses-toi et bon débarras. » dit-elle sans même faire un geste pour le saluer alors que l’adolescent repartait en direction de la ville. Lorsqu’il fut assez éloigné, elle poussa un profond soupir en hochant la tête négativement.

Quant à elle, elle n’avait pas à se rendre dans ce genre d’endroits, loin de là même. Ce n’était plus pour elle. Elle commença à courir, puis à accélérer de plus en plus vite jusqu’à passer au beau milieu des arbres, s’agrippant à une branche. Elle sauta d’arbre en arbre, venant s’adosser à l’un d’entre eux avant de planter ses lames au-dessus d’elle.

« Je ne pensais pas recommencer à chanter un jour … »

Oui … Ce n’était pas quelque chose à laquelle elle s’était attendue tout ça était venu naturellement, sans même qu’elle le souhaite ou non. Tout ça à cause de cet adolescent beaucoup trop stupide. Il lui faudrait une bonne mort proche … du genre celle de Sélia pour qu’il commence à changer de comportement !

« Oh et toute façon, qu’est-ce que je m’en branle hein ? »

Il faisait sa vie, elle faisait la sienne. C’était aussi simple que ça ! Mais elle avait bien envie de le dévorer un jour. Elle se lécha les lèvres, passant une main sur sa joue. Oui … Miam.

L’adolescent était revenu en courant vers l’auberge, remontant les escaliers avant de pénétrer dans la chambre pour voir qu’elle était vide. Où est-ce que … Où est-ce que Sélia était partie ? Il redescendit pour questionner l’aubergiste, celui-ci lui désignant une table éloignée des autres. Sélia était assise … avec plusieurs verres vides devant elle ?

Il s’approcha de la jeune femme, celle-ci ayant les joues rougies par l’émotion. Lorsqu’elle le remarqua, elle se releva aussitôt, s’écroulant à moitié sur lui. Elle n’était quand même pas … Ah ben … si … D’après son haleine, c’était le cas. Il l’aida à aller dans la chambre, signalant que pour les boissons, ils payeraient plus tard si ce n’était pas déjà fait.

« Zincè… Zincèrement … Kéran. Pouquoi tu es pati ? »

« Je ne suis pas parti. Je comptais revenir. » mentit-il alors qu’il emmenait la jeune femme dans la chambre, refermant la porte à clé. Il voulut la déposer sur le lit mais elle resta agrippée à lui, marmonnant dans ses bras :

« Mais … Mais … Z’étais en colère … Et puis … Je ne veux pas qu’on … se sépare … hic ! »

« Mais on ne va pas se séparer hein ? Enfin, on ne sera pas dans les mêmes organisations mais ça ne veut pas dire qu’on ne pourra plus se voir. Enfin … Sauf si tu ne veux plus me voir. »

« QUOI ?! Ne plus te voir ! JAMAIIIIIIIIIS ! » s’écria Sélia, collant tout son corps contre l’adolescent, celui-ci penchant en arrière. Elle était quand même bien plus grande que lui et donc plus imposante et … AHHHHH ! Il s’écroula sur le lit, Sélia au-dessus de lui. Elle le regarda avec des yeux larmoyants, reprenant : « Je … Je t’adore, Kéran. Je ne veux pas que tu deviennes … comme eux. »

« Je resterai ce que je suis … Sélia. Enfin … Je tenterai … Sélia ? Tu es un peu lourde. »

« Tu ne sais même pas … paler … à une femme ! On ne dit pas ça … à une femme ! Je suis une femme … aussi ! Moi ! M’oublie pas car ze t’oublierai pas, Kéran. »

« Je ne risque pas de t’oublier, Sélia ! Il en est hors de question ! Tu iras dans la Sainte Alliance et moi dans l’Enceinte aux esclaves, c’est tout. Mais on restera toujours en contact, on s’écrira s’il faut … Tu n’as pas à t’en faire. »

« C’est … promis ? » chuchota la jeune femme.

« Promis juré … Maintenant, est-ce que tu peux te pousser s’il te plaît ? »

« Tant mieux … alors … » marmonna Sélia avant de fermer ses yeux.

« Sélia ? Sélia ? Euh … Sélia ? Est-ce que tu peux … »

Visiblement, ça ne servait déjà à plus rien. La jeune femme s’était rapidement endormie sur lui. Il rougit légèrement par cette scène, passant une main dans ses cheveux bleus.

« C’est la première fois que je te vois dans cet état. Je ne suis … pas vraiment doué avec les filles. » dit-il avant de se reposer lui aussi. De toute façon, il ne pouvait pas bouger.

Chapitre 24 : Une décision absurde

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Chapitre 24 : Une décision absurde

« POURQUOI ?! POURQUOI EST-CE QUE TU AS FAIT CA ?! »

C’était bel et bien Kéran qui venait d’hausser la voix, tout son corps tremblant. Il venait sûrement de perdre la tête alors que Katérina se tournait vers lui, un grand sourire aux lèvres.

« De quoi ? C’est quoi ton problème hein ? HEIN ? Je l’ai buté ! Ce n’est pas si dur ! Je voulais me distraire et m’amuser ! Il n’avait qu’à crever ! Mais tu as mis tellement de temps que ça m’a foutu en boule ! AHHHH ! Il serait mort bien plus facilement si t’avais pas fait durer ! » s’écria-t-elle avant de rire comme une démente.

« Mais mais mais … Tu es juste complètement folle ! C’est tout ! Pourquoi tu as fait ça ? Alors que tu m’avais demandé de le combattre ! Puis ensuite, je … Mais tu m’écoutes ? »

« Non, j’ai strictement rien à battre de ce que tu me racontes. » répliqua-t-elle avant de relever le corps du Tengalice. D’un geste simple et lent, elle le guillotina de sa lame, la tête restant dans la main de l’adolescente tandis que le reste du corps s’écroula au sol. « ET VOILA ! Une bonne chose de faite ! Ahhhh ! Ca m’a fait du bien de me défouler ! »

« … … … Ah … T’es juste … cinglée. » bredouilla t-il, s’écroulant sur ses fesses. Elle tranchait la tête comme si de rien n’était ! Et elle allait faire quoi avec ça ? Elle allait … Hein ? C’était … AHHHH ! C’était quoi ça ! Un halo ! Un halo de lumière commençait à entourer Katérina, lui donnant l’apparence … d’une femme ailée ? Non pas forcément … Car une telle femme serait pure… Mais elle, elle était folle… Une femme aux ailes blanches tachées de sang ! C’était juste ça qui la représentait, rien d’autre !

Ah … Mais ce halo de lumière ? Il leva la tête vers le ciel, remarquant que les nuages disparaissaient. C’était … quoi ? AH ! Ses yeux … Ses yeux … lui faisaient atrocement mal. Il passa une main devant ces derniers, essayant de ne pas se faire aveugler par cette lumière si brillante et si chaude. Le halo continua de grandir, emportant avec lui les nuages. Peu à peu, ce fut la montagne qui fut baignée par la lumière puis ses environs … La ville allait sûrement être aussi recouverte par cette lumière.

« Le soleil … C’est une gigantesque boule de feu qui produit de la lumière. Il est dit dans le passé que ce monde avait des sessions où le soleil était dans le ciel puis disparaissait ensuite. Ca s’appelait le jour et la nuit. Mais maintenant que les créatures ténébreuses et spectrales ont dominé ce monde, le soleil est caché … »

C’était Katérina qui avait pris la parole sur un ton calme et neutre, regardant la lumière à son tour, se cachant la vue à moitié grâce à l’une de ses lames ensanglantées.

« Lorsque l’on tue l’un de ces puissants spectres ou pokémons ténébreux, les nuages disparaissent pour permettre à nouveau à ce monde goûter à la chaleur de cet astre. Même si ce n’est que pour quelques heures … même si ce n’est que pour quelques jours … Que les hommes et les pokémons n’oublient pas qu’il y avait une existence avant que ses pokémons maléfiques n’existent et pervertissent le ciel. » murmura faiblement l’adolescente, arrêtant de regarder le soleil avant de baisser la tête vers le sol. Même si elle ne le montrait pas réellement, elle semblait légèrement triste. Puis soudainement, elle envoya la tête du Tengalice en direction de Kéran, celui-ci poussant un cri.

« Mais qu’est-ce qui te prend, Katérina ? Pourquoi est-ce que tu fais ça ?! T’es juste horrible ! Et dire que je t’ai trouvé mignonne un petit moment … »

« Me trouver mignonne ? C’est une blague ? Ou alors, t’as des goûts carrément bizarres. Je suis loin d’être mignonne … Et je croyais que t’avais besoin de la tête pour te vanter devant ces organisations. Par contre, crève pour que je t’aide avec ta gonzesse. »

« Je ne comptais pas te demander de l’aide à ce sujet … Mais ce que tu as dit sur les spectres … C’est vrai ? Car c’est beau … comme spectacle. »

« C’est vrai … Pareil pour les ténèbres … C’est ainsi que ça se passe. Bon, j’ai plus rien à foutre ici. Je vais me tirer de … »

« Dis ? Pourquoi est-ce que tu m’as aidé depuis le début ? » murmura l’adolescent, espérant qu’il n’abusait pas de la confiance de Katérina, ou du moins qu’il ne l’énervait pas.

Hum ? Elle ne lui répondit pas, ne faisant qu’hausser les épaules sans rien dire de plus. Pourtant, il continuait de la regarder, rangeant la tête du Tengalice dans le sac tout en se rapprochant de Sélia. Il devait rester près d’elle en attendant son réveil.

« T’arrête de me mater ? En fait, tu fais ton petit puceau mais t’es un sacré pervers ! Tu veux que je baisse ma culotte ? Tu risquerais d’être surpris ! »

« Je voulais juste une réponse, c’est tout. » marmonna l’adolescent.

« Je t’ai pas aidé, je t’ai juste manipulé pour que tu fasses ce que je voulais, c’est aussi simple que ça. J’adore buter du spectre et du ténébreux, c’est tout. Tu ne crois pas que j’ai un intérêt pour un type comme toi hein ? »

« On peut toujours rêver. » répondit Kéran en haussant les épaules.

« Bon, je me tire de là ! J’ai fait ma part du boulot ! Y en a un qui devrait être content ! Il adore quand je hais ces créatures ! En tuer une de plus, c’est toujours sympa ! »

« Euh … De qui est-ce que tu parles, Katérina … HEY ! Attends un peu ! Katérina ! »

« T’as pas compris que t’es trop lourd ? Si tu veux baiser ta copine, tu ferais mieux d’agir et de te la fermer ! Bon, salut, on se revoit dans quelques heures, je mettrais ma main à couper ! » s’écria Katérina avant de s’éloigner en courant, sautant de rocher en rocher comme si la hauteur ne lui faisait pas peur.

« Mais je veux rien faire à Sélia ! Pourquoi est-ce qu’elle dit ça ! Swar ! Qu’est-ce que tu en penses hein ? S’il te plaît … Enfin non … Mais … Tu en penses quoi ? »

« Toujours aussi vulgaire cette fille. Elle ne t’apportera rien de bon. D’ailleurs, ta petite remarque pour l’amadouer était très mal placée. » rétorqua l’épée.

« Mais je ne la draguais pas ! Je disais juste qu’après le combat … Enfin … Elle semblait un peu jolie avec son visage triste. Mais c’est vite reparti dès qu’elle a ouvert la bouche. »

Ce n’était pas dans ses habitudes de critiquer mais il fallait quand même reconnaître que Katérina était loin d’être douce et délicate au niveau du langage. En fait, elle était même pire que les ivrognes de l’auberge de son village, paix à leurs âmes. Il s’installa à côté de Sélia, la regardant avec douceur. Comment est-ce que Katérina pouvait dire une telle chose ? Sélia était comme une grande sœur … enfin plus que ça … mais ce genre de vulgarités …

Pfff … Bon … Toute façon, il n’avait pas à s’intéresser à elle et c’était réciproque comme elle venait de le lui dire il y a quelques minutes. Assis, il regarda le ciel bleu … avec quelques nuages blancs. C’était à ça que ressemblait le vrai … monde alors. C’était magnifique. Vraiment magnifique. Il murmura :

« Au moins, je devrai la remercier pour m’avoir montré cela. »

« Le monde était ainsi à l’époque où j’étais une créature vivante. Le soleil n’était pas encore caché et camouflé par les nuages. » chuchota Swar.

« Ah bon ? J’aimerai bien en savoir plus à ton sujet. Mais bon, si tu n’es pas … »

« Hmmm. » marmonna Sélia, commençant à gesticuler à côté de Kéran. Celui-ci s’était arrêté aussitôt de parler, venant se rapprocher d’elle. Penché au-dessus de la jeune femme, elle ouvrit ses yeux rubis faiblement avant de dire : « Oh … Kéran … C’est bien toi ? AH ! Tu vas bien Kéran ! Tu vas bien ! »

Elle se redressa aussitôt, venant se mettre en position assise avant de le serrer fortement contre elle. He … Hey ! C’était plutôt gênant ça. Mais … Il était content aussi. Il passa ses mains autour de Sélia, la gardant contre lui. Il aimait tellement son odeur … Il commença à lui dire tout ce qui s’était passé, de l’apparition de cette folle de Katérina au combat contre Ebizaka. Il exprima plusieurs fois que Swar lui avait sauvé la vie. Malgré les grognements caractéristiques de la jeune femme, elle ne put que remercier l’épée d’avoir fait cela bien qu’elle rétorquait aussitôt que c’était parce qu’elle attendait le bon moment pour récupérer le corps de Kéran. Enfin bon … L’adolescent aida Sélia à a se relever, celle-ci le regardant avec un peu d’inquiétude. Elle murmura :

« Cette … Katérina … Elle ne t’a rien fait, n’est-ce pas ? »

« Pas du tout. Par contre, Sélia, il faut vraiment faire attention à elle hein ? Elle est plus que dangereuse et folle. Je ne veux pas dire mais elle a éliminé le Tengalice avec une telle facilité … Elle est encore plus dangereuse que le reste. »

« Je me fiche complètement de cette fille, c’est compris ? Nous rentrons en ville, Kéran. Nous avons une victoire à fêter tous les deux ! »

« Bien sûr ! Même si malgré les circonstances, ce n’est pas très crédible … mais on a réussi à battre le pokémon ténébreux de la montagne ! »

C’était exact. C’était donc une excellente nouvelle pour eux deux. Maintenant, les portes des guildes allaient sûrement s’ouvrir pour eux. Ah … Vraiment ! Il était heureux en ce moment même ! Ils descendirent du sommet de la montagne, ne remarquant pas Katérina qui s’était installée sur un rebord, assise en les écoutant.

« Humpf …Ca casse du sucre sur mon dos. Je devrais éclater les leurs, ça leur fera les pieds ! » murmura l’adolescente bien qu’elle ne se relevait pas, balançant ses pieds dans le vide pour regarder le soleil. Elle se coucha sur le rebord de pierre où elle s’était installée, fermant les yeux pour profiter de cette chaleur.

Le duo mit moins d’heures que prévu pour rentrer en ville, la cause principale étant que de nombreuses personnes se rendaient vers celle-ci, utilisant différents moyens de locomotion pour y aller. Ils avaient pu profiter de l’un d’entre eux en expliquant ce qui venait de se passer bien qu’ils cachaient qu’ils étaient à l’origine de tout cela.

En pleine ville, ils décidèrent de se rendre à l’auberge puis arrivèrent dans la chambre. La jeune femme retira la majeure partie de son armure, poussant un profond soupir avant d’ouvrir le sac où se tenait la tête du Tengalice. Ah … Dégoûtant ! Mais … Elle était heureuse. Car Kéran avait survécu et maintenant, ils allaient se retrouver ensembles dans la Sainte Alliance. Ils allaient rester inséparables et elle savait que l’adolescent allait devenir quelqu’un de bien plus grand et imposant dans le futur. Elle n’en doutait pas un instant.

« Euh …Sélia, est-ce que je peux te parler un petit peu ? »

« Hum ? Pourquoi cette voix toute triste ou timide, Kéran ? » murmura t-elle en se tournant vers l’adolescent aux cheveux gris et blanc. Avait-il un souci ?

« C’est pour te dire quelque chose … au sujet de l’organisation … »

« Oh, ne t’en fait pas. Il n’y a aucun souci à ça. Nous avons été tous les deux les responsables de la mort d’Ebizaka. Enfin, pas « spécialement » nous deux … Mais avoir la tête servira de preuve, il suffit juste de se taire et ça sera parfait. »

« Ce n’est pas ça … Pas ça du tout … Sélia, tu vas choisir quelle organisation ? »

« Hum ? Et bien, la Sainte Alliance ! Il n’y a aucun doute à cela. Je ne me vois pas devenir une marchande ou alors une admiratrice de la nature avec le Dominion. Ne me dit pas que tu comptes devenir marchand ? » demanda-t-elle en rigolant à cette idée. « Tu as réussi à tenir tête à Ebizaka d’après ce que tu m’as dit. Tu ne devrais pas t’en faire. Plus tu t’entraîneras, plus tu seras aguerri et capable d’affronter les spectres et les créatures ténébreuses. »

« Ce n’est pas ça ! Sélia ! Est-ce que je peux te parler ou non ! » s’écria-t-il. Il savait qu’il allait faire une bêtise, il savait qu’elle allait se mettre en colère. Elle s’arrêta de parler, étonnée de le voir s’emporter. Elle resta muette, attendant qu’il reprenne, chose qui ne tarda pas. « Je vais … Je vais rejoindre l’Enceinte aux Esclaves. Je veux réussir à dominer les spectres et les créatures ténébreuses. »

« J’ai cru … très mal entendre … »

« J’en étais sûr que tu allais réagir comme ça. Je vais rejoindre l’Enceinte aux Esclaves, Sélia ! Je veux apprendre à contrôler Swar ! Je suis maudit par mon arme ! Tu ne crois pas que la Sainte Alliance va m’accepter ! »

« Tu ne peux pas savoir avant d’avoir essayé ! Tu es carrément stupide ou quoi, Kéran ? HEIN ? Ces types sont des ordures de première ! »

« Parce qu’ils font souffrir les spectres et les créatures ténébreuses ? Ce n’est pas ça que l’on fait habituellement ? On les tue nous aussi ! »

« Ce sont des sadiques et ils sont aussi monstrueux que les pokémons qu’ils torturent ! »

« Mais ça ne change rien au fait que j’ai plus ma place parmi eux que parmi la Sainte Alliance, Sélia ! C’est ça la vérité ! Tu ne veux pas comprendre ! Tu ne cherches jamais à comprendre de toute façon ! Tout ce qui t’intéresse, c’est d’éliminer des pokémons ! »

« TU SAIS PARFAITEMENT QUE CE N’EST PAS LE CAS ! Je veux juste t’empêcher de commettre encore une imbécilité ! Ca ne sera pas la première ! Ca ne sera pas la dernière ! Depuis le début avec cette foutue épée maudite, ce Swar et ton idée complètement stupide de vouloir m’épauler alors que tu ne sais même pas tenir une épée ! »

« Je … Je vois, Sé … Sélia. »

Il s’était aussitôt calmé, regardant Sélia pendant quelques secondes. La jeune femme s’arrêta de parler, remarquant l’erreur qu’elle venait de commettre. Elle voulut s’approcher de Kéran mais celui-ci la repoussa d’une main, reniflant légèrement. Sans même lui parler, il s’approcha de la porte. Elle bafouilla :

« Où est-ce que tu vas ? Kéran ? Kéran ? »

« Désolé d’être une plaie pour toi … Mais c’était ce que je pensais être de mieux … »

« Attends un peu, Kéran ! » dit-elle alors qu’il avait déjà refermé la porte. Lorsqu’elle l’ouvrit, elle entendit tout simplement les bruits de pas rapide qui s’éloignaient. Elle voulut le rattraper mais dès qu’elle sortit de l’auberge, Kéran était déjà hors de portée et elle ne le voyait plus. Elle avait été … stupide, si stupide. Mais il ne pouvait pas comprendre … Il ne pouvait pas … savoir tout cela. C’était bien plus … compliqué que ça.

Il s’était mis à courir, courir, courir sans même s’arrêter. Avec ses deux épées autour de son corps, il n’avait rien fait d’autre que courir. Il en avait bousculé des personnes, il en avait percuté des gens, mais il ne s’excusait même pas, la tête baissée. Finalement, il se retrouva en-dehors de la ville, s’étant empêché de pleurer. Même … Même Sélia pensait ça de lui.

« Kéran … Tu devrais … » commença à dire Swar.

« Salut ! Je ne te l’avais pas dit qu’on se reverrait bien assez tôt ? »

« Ka… Katérina ? » murmura l’adolescent, se frottant les yeux bien qu’il n’avait pas pleuré.

Il avait couru tellement longtemps qu’il s’en était retrouvé essoufflé. Il devait être à cinq cents mètres de la ville, se retrouvant aux abords de quelques arbres. Katérina était adossée à l’un d’entre eux, les bras croisés. Sans même le regarder, elle observait une nouvelle fois le ciel, ses deux lames plantées dans le sol à ses pieds. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Comment … elle savait qu’il allait venir ici ? Et pourquoi elle … l’attendait ?

Chapitre 23 : Le véritable objectif

ShiroiRyu
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Chapitre 23 : Le véritable objectif

« Non ! Je n’utiliserai pas ma forme réelle pour un pitoyable humain ! Pas pour un humain comme toi ! » s’écria l’homme avec son katana tandis que l’aura noire autour de son corps s’était épaissit … mais en même temps formait une sorte de « carapace » autour de ses bras et de ses jambes comme une nouvelle protection.

« OUI ! OUI ! TUES-LE ! Montre lui qu’il est pitoyable ! Je n’arrête pas de le lui dire ! Je n’arrête pas de lui annoncer qu’il est pitoyable ! Mais il ne comprend jamais ! Bute-le ! Agrandis-lui son trou du cul pour qu’il comprenne la souffrance ! » s’égosilla Katérina envers Ebizaka, adorant de plus en plus ce qu’elle voyait devant ses yeux.

« … Bon Swar, heureux de t’avoir connu. » murmura l’adolescent avec appréhension.

Dit avec le ton de la fatalité, les paroles de Kéran n’étaient guère encourageantes. Il fallait dire qu’en face de lui, il n’avait rien d’encourageant. Cette impression malsaine qu’il avait eue en regardant son adversaire s’était agrandie maintenant. Sans même perdre de temps, Ebizaka disparu tel un fantôme pour réapparaître à quelques centimètres de lui, son katana arrivant au-dessous de ses épaules, prêt à trancher le corps en deux. Néanmoins, l’épée de Kéran se plaça pour protéger l’adolescent.

« Si tu comptes abandonner, il n’en est pas question de mon côté. Ce corps est important car il tient l’épée que je guide. Voudrais-tu que Sélia te voie mourir ? »

« Pas vraiment … Swar. Mais bon … Si c’est toi qui fais tout… »

« Pour l’heure, ça sera le cas. Le jour où tu n’auras plus besoin de moi, nous verrons ce qu’il faudra faire mais tu as encore bien le temps avant que ça n’arrive. »

Hahahaha ! Bizarrement, il ne savait pas pourquoi mais il se sentait réconforté par les paroles de Swar. En même temps, dès l’instant où le katana avait percuté la lame de l’épée, Kéran s’était un peu inquiété. Avec une telle puissance, n’y avait-il pas un risque que son épée se brise ? Mais ça ne semblait pourtant pas être le cas. Il était même plutôt étonné de voir que de nombreuses fissures apparaissaient sur le katana ennemi. Un peu comme la peau qui se déchirait sur la main d’Ebizaka qui tenait l’arme.

Peut-être … Peut-être que le corps d’Ebizaka n’était pas fait pour supporter la toute-puissance d’un spectre ou d’une créature ténébreuse ? C’était sûrement ça même ! Mais alors, peut-être que si … AHHHH ! Il n’avait pas remarqué mais il ressentit une vive douleur à son bras gauche, remarquant la vilaine entaille sur celui-ci. Qu’est-ce … Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il n’avait pas paré le coup ? MAIS SI ! Il l’avait paré ! Il …

« Arrête de trembler et de t’inquiéter pour un rien, Kéran. Tu ne t’attendais pas à t’en sortir indemne en combattant, n’est-ce pas ? Alors sois plus fort émotionnellement. »

« Oui mais tu … Tu as vu cette plaie ! C’est juste horrible ! »

« Tu en auras d’autres, tu auras peut-être même des cicatrices à vie. C’est ainsi que ça doit se dérouler … puisque tu as décidé de suivre la voie du combat. » murmura Swar tandis que l’adolescent reculait pour mettre de la distance avec son adversaire.

Des cicatrices à vie ? MAIS IL N’AVAIT CLAIREMENT PAS ENVIE D’ÊTRE DEFIGURE ! Pas du tout même ! RAHHHH ! Bon, bon, bon … Se calmer, il devait se calmer avant qu’il ne soit trop tard ! Mais avec le sourire éclatant de Katérina qui adorait ce qu’elle voyait, il n’était pas rassuré le moins du monde ! C’était même tout le contraire ! Il avait l’impression qu’elle attendait juste le bon moment pour bondir sur lui et le tuer !

« Attention. » murmura tout simplement Swar avant que Kéran ne serre son épée à deux mains, parant à l’horizontal un coup donné par Ebizaka pour essayer de le trancher en deux à la verticale. Gloups … L’épée … Elle n’allait pas … HAAAAA ! Encore une fois, il se retint de pousser un cri alors que sa blessure au front revenait de s’ouvrir. Rien qu’avec le coup donné, la force du katana avait suffi à entailler une nouvelle fois son front. Ah … Ah … Ah … Il sentait son cœur battre à deux cent à l’heure, sans possibilité de s’arrêter. Il ne devait pas avoir peur ! Il ne devait pas avoir pe … Il sentit sa hanche s’ouvrir, laissant un fin filet de sang s’en écouler alors qu’il s’écriait :

« AIE ! Mais ça fait mal ça ! Que … Swar ? »

« Tu t’es calmé un peu ? Tu viens de prendre l’ascendant. » chuchota calmement l’épée qui s’était ensanglantée en entaillant son propriétaire.

L’ascendant ? Ca voulait dire qu’il avait pris l’avantage ? Hein ? Mais qu’est-ce que … Des morceaux de métal sur le sol ? Ce n’était pas son épée … Alors … Il pencha la tête sur le côté, évitant de justesse une lame qui l’entailla sur la joue gauche néanmoins. Le reste du katana ! Ebizaka venait de lui jeter le reste du katana et semblait plus que furieux !

C’était son katana qui était brisé ! Il avait réussi à prendre l’avantage sur Ebizaka ! Enfin, non, ce n’était pas lui mais Swar ! Cette épée ! C’était son épée qui avait réussi ça ! Et l’homme avait les mains en piteux état. Oui, la peau avait été retirée, montrant la chair à vif, après quoi l’homme ne coure vers lui, prêt pour l’étrangler.

« Même sans arme, je ne me priverai pas pour t’étrangler ! Ca sera bien plus simple ! »

« Kéran … Montre ce que tu sais faire un peu. Il est bien plus vulnérable maintenant. Il n’a plus rien pour parer. »

Ah bon ? AH BEN OUI ! Swar avait entièrement raison ! D’un geste nonchalant, comme si c’était automatique, il fit un mouvement avec son arme en direction des airs. Au même moment, les deux mains d’Ebizaka étaient venues enserrer son cou pour l’étrangler. Ca n’avait pas duré trois secondes qu’un flot de sang vint recouvrir le visage et les habits de Kéran qui recula sous la surprise. Les mains étaient toujours tout autour de son cou avant de tomber au sol, détachées du reste du corps. GLOUPS ! Il ne rêvait pas ou alors …

« J’ai … J’ai … tranché des mains ?! »

« C’est exact, Kéran. Mes félicitations. Du moins, ce n’est pas plus réjouissant que ça. »

Ah ? Oui … Oui ! Loin d’être réjouissant même ! Puisque ça voulait dire que leur adversaire allait quitter ce corps humain. Surtout que celui-ci était devenu complètement inutile même ? Enfin, c’est ce qu’il croyait avant de pousser un hurlement strident. EBIZAKA ! EBIZAKA VENAIT DE PLANTER SES DENTS DANS SON EPAULE ! Il le repoussa en logeant son épée dans le ventre de l’homme puis en lui donnant un coup de pied.

« MAIS T’ES COMPLETEMENT MALADE OU QUOI ? T’es pas un animal ! » hurla Kéran en posant une main sur son épaule ensanglantée.

« Il est … Il est hors de question … que j’utilise ma forme … pour un pathétique humain … »

« Tu n’auras guère le choix … Ce corps devient de plus en plus vide de vie. Si tu ne le quittes pas assez tôt, il y a de fortes chances que tu y restes aussi. » annonça Swar.

« JE NE LE FERAI PAS ! Comment est-ce qu’un simple débutant peut être accompagné d’une créature comme toi ? COMMENT un monstre de la sorte peut décider de suivre un gamin de la sorte ? Il ne sait même pas faire trois pas sans se casser la figure ! »

« HEY ! Je t’entends, Ebizaka ! » s’écria l’adolescent qui n’appréciait pas de se faire insulter. C’était peut-être la vérité mais quand même ! Par contre, il était plus que surpris de voir Ebizaka énervé. Il ne s’était pas attendu à une telle réaction lorsqu’il l’avait aperçu pour la première fois. Comme quoi, ça cachait bien son jeu au départ, non ? Car un tel énervement n’était pas normal … Mais en même temps …

« Bon ? C’est le moment où tu sors le grand jeu, Ebizaka ! »

« Ta gueule, connasse ! Je ne sais pas ce que tu as foutu depuis le début mais je ne me laisserai pas manipuler par une gamine ! »

« WOW ! Mais c’est qu’il deviendrait presque insultant le petit ténébreux de mes couilles ! Si t’arrives à avoir le cran de venir m’attaquer, tu n’as qu’à quitter le morceau de chair que tu habites. » annonça Katérina, prenant ses deux lames dans ses mains avec un grand sourire. Elle fit un petit geste de l’index pour l’inviter à l’affronter.

Pourtant, Ebizaka tournait son visage furieux vers elle, prêt à l’incendier et à l’éliminer avant de s’arrêter. Avec de la fureur, il y avait aussi de la peur. Cette adolescente délurée était plus qu’inquiétante et effrayante.

« Je ne me laisserai pas berner par ton petit jeu ! Tu ne m’auras pas de la sorte ! »

« Oh … Si tu préfères crever la gueule ouverte, moi, ta vie, j’en ai rien à battre hein ? » ironisa Katérina, raclant ses lames sur le sol comme pour l’inciter à venir l’attaquer.

« Katérina … Tu pourrais reculer un peu au cas où ? Normalement, c’est mon combat. » murmura l’adolescent avec un peu de calme.

« Oh, d’accord, d’accord ! C’est encore mieux si tu joues le jeu ! »

Et elle allait le laisser s’amuser avec cet homme qui était sur le point de mourir ! Ce n’était que le début du combat ! Oh que oui ! Elle se dirigea auprès de Sélia, plantant ses lames à côté d’elle avant de dire à Kéran :

« HEY ! Regarde ça, Kéran ! C’est un petit truc pour te motiver ! »

Hein ? Quoi ? AH ! Il rougit violemment, passant sa main libre sur ses yeux pour cacher la vue de la culotte en dentelle blanche de Katérina. Celle-ci avait relevé sa tenue pour la lui dévoiler, un grand sourire aux lèvres. Stupide ! Elle était stupide !

« HAHAHAHA ! T’es vraiment qu’un petit puceau quand on te voit rougir comme ça ! Allez ! Bute ce type et termine-en maintenant au lieu de tourner autour du pot ! »

« Je le ferais si tu arrêtais de me déconcentrer de la sorte, Katérina ! » s’écria l’adolescent, retirant sa main pour regarder à nouveau Ebizaka. Celui-ci avait le haut du corps penché en avant, ne bougeant plus.

« On se fout de ma gueule … Comment un misérable humain peut-il oser se comporter de la sorte face à moi, Ebizaka ? Comment oses-tu te désintéresser de moi ? »

« Euh … C’est pas vraiment ça, c’est juste que je parle avec Katérina et voilà quoi … Je n’ai rien contre toi, Ebizaka. Enfin maintenant si … Les morsures d’homme, c’est pas souvent que ça m’arrive. BON ! Euh … Il faut que je te tue ! »

« … Brillante remarque, Kéran » murmura Swar.

Hey ! Elle pouvait éviter d’en rajouter un peu ? Il disait ça comme ça ! Sans aucune intention mauvaise ou autre hein ? C’était juste … OH ET PUIS ZUT ! Il courut vers l’homme, celui-ci ne bougeant pas de sa position. Pourtant, lorsque Kéran arriva à sa hauteur, Swar reprit :

« Je suis désolé mais c’est un cas d’urgence. »

Comment ça ? Son bras droit vint se mouvoir à toute allure, lui arrachant un petit cri de douleur comme si il venait de se placer dans une position loin d’être régulière. L’aura noire vint balayer tout autour d’elle, repoussant Kéran en arrière tandis que Katérina soulevait Sélia avec facilité avant de sauter dans les airs, évitant l’aura.

« Mais qu’est-ce qu’il vient de se passer ?! »

« Il a finalement décidé de quitter son corps humain … » répondit Swar à l’adolescent qui se releva, plus bousculé qu’autre chose par l’aura.

Le corps humain ? Alors … Il allait voir ce qu’était réellement un Tengalice ? Le corps d’Ebizaka fut parcouru de soubresauts, de la fumée noire s’échappant de tous les pores de sa peau. La fumée commença à se réunir, prenant la forme d’une créature qui devait mesurer environ 1 mètre 30. Un corps brun, un long nez pointu et une fourrure blanche qui ressemblait à une longue chevelure. Voilà ce qui composait en partie le Tengalice. A côté, à la place de ses mains, il semblait avoir des feuilles en trois parties. Mais il savait qu’il valait mieux se méfier de ça. Les feuilles devaient sûrement être tranchantes. Deux yeux dorés se posèrent sur lui, enragés.

«  Tu vas le regretter amèrement d’avoir brisé ce corps … et de m’avoir forcé à en sortir. Je t’écartèlerai et laisserai ton corps sans vie à côté de celle de la jeune femme. Ensuite, lorsqu’elle se réveillera et criera avec horreur, je m’occuperai d’elle à son tour. Vous allez comprendre ce qu’est de souffrir … »

Gloups ! Charmant programme visiblement ! Bon, il ne se sentait quand même pas rassuré bien que son adversaire était devenu bien plus petit que lui. De toute façon, c’était foutu maintenant, n’est-ce pas ? Il ne fallait même pas à espé …

« CREVE ! CREVE ! CREVE ! CREVE ! »

C’était la voix de Katérina qui s’élevait dans les airs, l’adolescente criant avec zèle alors qu’elle avait ressorti ses deux armes du sol pour courir vers le Tengalice. Le regard dément, la demoiselle aux cheveux argentés commença à donner des coups dans tous les sens devant elle, le Tengalice cherchant à les parer.

« Espèce de folle ! Tu cherches à te battre contre moi maintenant ? Tu aurais dû en profiter pendant que j’étais encore hum … »

« TA GUEULE ET CLAMSES ! » hurla-t-elle, le déchaînement de ses coups s’accélérant de plus en plus. Peu à peu, le Tengalice semblait complètement submergé par les coups.

« Mais mais … Comment est-ce qu’une humaine … »

« Je t’ai dit de claquer ! CLAQUE CLAQUE CLAQUE ! »

Du sang gicla dans tous les sens et rapidement le Tengalice ne pouvait que reculer en tentant de parer les innombrables coups qu’il recevait. Pourtant, Katérina utilisait plus de force à chaque coup donné, éclatant de rire avant de faucher les jambes de la créature ténébreuse.

Elle grimpa sur elle, commençant à donner des coups de lame sur la créature qui tentait de se débattre sans pour autant y réussir. Katérina exultait comme une folle, coupant tout ce qui tentait de se mettre en travers de son chemin.

« Swar … Je … Je crois que j’ai plus peur … d’elle … que du Tengalice … »

« Hum ? Ca se comprend … Elle n’a plus toute sa tête cette jeune fille … » murmura calmement l’épée tandis que l’adolescent recommençait à trembler.

« ARRÊTE ! MAIS ARR … »

« TA GUEULE ! TU IMPLORES MA PITIE ? QUE DALLE CONNARD ! » hurla l’adolescente, plantant finalement l’une de ses lames dans la bouche du Tengalice, lui ayant déjà coupé le nez. Elle se redressa, soulevant son pied avant de donner un coup sur le bout de sa lame pour qu’elle s’enfonce plus profondément dans la bouche du Tengalice qui eut un soubresaut avant de ne plus bouger.

« … … Swar ? Est-ce que j’avais mes chances contre ce Tengalice ? »

« Très peu … Très peu … Tu serais certainement mort. »

Ah … Ca voulait tout dire par rapport à Katérina. Si … Cette fille venait d’éclater tout simplement ce Tengalice, il valait mieux ne pas l’avoir comme ennemie. Surtout qu’elle posait maintenant son regard sur Kéran, le visage recouvert de sang comme lui.

Chapitre 22 : Mis en échec

ShiroiRyu
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Chapitre 22 : Mis en échec

Calme … Il était calme … Très calme … Trop calme même. Il fit un pas sur le côté au dernier moment, évitant la lame du katana d’Ebizaka. Il reprit rapidement l’équilibre à cause de son mouvement trop brusque. Ca voulait dire qu’il devait se concentrer. C’était plus facile à dire qu’à faire mais il devait … faire de son mieux.

« Pfff … Il semble un peu différent … mais c’est pas avec les apparences qu’on sauve sa vie. » murmura Katérina, passant une main devant sa bouche, étalant tout son corps sur l’imposant rocher sur lequel elle logeait depuis le début.

Ce n’était pas non plus en ne faisant qu’esquiver les coups qu’il allait pouvoir battre son adversaire. Il devait contre-attaquer ! Mais comment faire ? L’homme ne lui laissait aucune chance de riposter, c’était plus que contraignant alors ! BON ! Est-ce qu’il devait risquer de se faire blesser un peu pour réussir à attaquer ? A croire que oui ! Alors qu’Ebizaka donna un coup à la verticale, il courut dans sa direction, l’homme aux cheveux noirs clignant des yeux, surpris par ce geste. Sa lame vint entailler le bras de Kéran, l’adolescent respirant bien plus rapidement pour éviter de crier.

Voila ! Il était à sa hauteur ! Mais … Mais le pied droit d’Ebizaka arriva à nouveau vers sa tête. Hors de question qu’il se prenne un nouveau coup à cet endroit ! Du coude, il repoussa avec violence le pied d’Ebizaka, l’homme tombant en arrière avant de rouler sur lui-même pour se redresser … et mettre à nouveau de la distance avec lui ? Oh non ! Tout ce qu’il avait fait n’avait servi à rien du tout ! Pfff !

« C’était une bonne tentative, Kéran. » murmura son arme tranquillement.

« Ah ? Euh … Merci, Swar … mais ça n’a pas servi à grand-chose. »

« Tu as essayé et cela a son importance. Si on ne prend pas la peine d’essayer ce que l’on veut accomplir, comment peut-on avancer dans la vie ? Ce que tu as échoué maintenant, tu le réussiras bien assez tôt. Continue de te concentrer et tu y arriveras. »

« Hahaha … Ca fait bizarre de t’entendre me parler comme ça, Swar. » dit l’adolescent en rigolant. Très bizarre même … A croire que l’arme avait changé un peu de mentalité.

« Je ne suis guère stupide et borné. Je sais reconnaître l’effort quand il est présent. Mais aussi l’inattention comme en ce moment même. »

Hein ? Comment … AH ! Il roula sur le côté, se blessant tandis que le katana d’Ebizaka vint frapper la pierre à l’endroit où il se trouvait. Bon ! Il avait été sérieux pendant deux minutes. DEUX minutes quoi ! Et voilà qu’il retrouvait sa maladresse habituelle ! Ca ne pouvait pas durer plus longtemps ?

« HEY ! Kéran ! Si tu gagnes, je te montre ma culotte ! » s’écria Katérina.

« MAIS JE DOIS ME CONCENTRER ! » hurla t-il aussitôt, surpris et choqué par les dires de l’adolescente qui éclata de rire. « ET DE TOUTE FACON, JE L’AI DEJA VUE ! »

« Et alors ? Ce n’est pas parce que tu la regardes qu’elle va s’user ! »

… … … Elle se foutait de sa gueule ou quoi ? Bon ! Il ne devait pas perdre de vue son objectif ! Mais si Katérina s’y mettait aussi, il allait avoir de gros ennuis ! Bon … Où … Où est-ce qu’Ebizaka était ? Il tourna sur lui-même, ne le voyant pas. Ses yeux se posèrent sur Katérina qui lui fit une petite pose langoureuse avant de décider le ciel ? D’EN HAUT ?! Il eut à peine le temps de parer le coup qu’il fut forcé ensuite de mettre un genou au sol. La pierre s’était fissurée sous ses pieds, Ebizaka tapant en tenant son arme à deux mains.

« Pourquoi ? Pourquoi est-ce que depuis le début, je n’arrive pas à te battre ? Ton arme devrait normalement être brisée depuis le nombre de coups donnés ! »

« A croire que Swar n’est pas banal … Enfin, je m’en doutais depuis le début à son sujet de toute façon. » murmura calmement Kéran.

C’était étonnant de voir Ebizaka un peu énervé à cause de cette histoire … et surtout de son absence d’effets sur son corps. Il fallait dire que depuis qu’il était réveillé, il n’avait pas reçu de blessures importantes. Bon, il était encore un peu secoué mais sans plus.


Et il avait … un adversaire à battre ! D’ailleurs, si celui-ci avait utilisé ses pieds … Pourquoi pas lui ? Avec force, il donna un coup de pied dans le ventre d’Ebizaka, repoussant l’homme au loin qui fit un saut en arrière. Un petit sifflement d’étonnement sortit des lèvres de Katérina qui continuait à faire son rôle de spectatrice à la perfection.

Trop parfait même … mais bon ! Qu’il arrête de se préoccuper d’elle et plutôt d’Ebizaka ! Du moins, il arrivait à tenir contre lui ! Tandis que Sélia était toujours couchée au sol, évanouie par le coup reçu par l’adolescente. D’ailleurs, Katérina était sacrément forte non ? Pour réussir à faire s’évanouir Sélia qui n’était pas n’importe quelle femme !

Enfin bon … S’il arrêtait de penser à Katérina pour se focaliser sur Sélia, ça n’allait pas arranger les choses. Pourquoi ne pouvait-il pas simplement penser au combat ? Rien qu’au combat ? Et uniquement à celui-ci ? Ca éviterait alors un paquet d’ennuis, n’est-ce pas ? BON ! Il fixa ses yeux sur Ebizaka, il n’allait plus les détourner. Qu’importe ce que Katérina ferait ou autre. Rien … Rien du tout d’autre. Personne d’autre ! Il n’y avait personne ! RIEN DU TOUT ! Il n’y avait que ce type avec son aura noire autour de lui ! Un pokémon ténébreux qui possédait ce corps voilà tout !

« J’arrive dès maintenant ! » hurla t-il soudainement, courant vers Ebizaka.

« D’habitude, Kéran, on ne prévient pas son adversaire que l’on va l’attaquer. » murmura Swar calmement, l’adolescent s’arrêtant aussitôt dans son geste alors qu’Ebizaka avait déjà amorcé un mouvement pour se défendre.

« Euh … Oui … C’est vrai … Je ne l’avais pas pensé comme ça, Swar. »

« Si tu veux réussir à battre un adversaire, encore plus si c’est un spectre ou un pokémon ténébreux et sournois, tu ne peux que ruser. »

Sournois ? Et vil aussi hein ? Il ne fallait pas oublier ce vil à côté ! Enfin bon, qu’importe, ce n’était pas forcément très important. Mais … HAHAHA ! Il donna rapidement un coup d’estoc en direction d’Ebizaka alors que celui-ci avait tenté de l’attaquer pendant qu’il parlait avec Swar ! Sauf que la lame du katana para celle de l’épée longue avec une facilité déconcertante. Même comme ça … Il n’y arrivait pas ? MAIS MERDE QUOI !

« Hmmm … Qu’est-ce … Qu’est-ce qui s’est passé ? »

Hein ? Quoi ? Il tourna son visage vers le petit murmure féminin, les yeux de Sélia s’ouvrant faiblement. Elle venait de se réveiller ? SUPER ! Il allait avoir de l’aide ! ENFIN !

« Sélia ! Viens vite m’épauler ! Ce type est bien trop balèze pour moi ! » s’écria t-il en s’adressant à la jeune femme aux cheveux bleus.

« Hein ? Kéran ? Mais … Attends un peu … Je … »

« HOPLA ! T’as pas encore tes huit heures de sommeil ma grande ! »

NON ! BON SANG ! NON ! Katérina n’avait pas tardé à se relever pour faire plusieurs sauts jusqu’à atterrir devant Sélia. Lui faisant un grand sourire, elle lui redonna un coup dans la nuque, l’emportant une nouvelle fois au royaume des songes. MAIS NON, NON ET NON ! Pourquoi est-ce qu’elle faisait ça ? POURQUOI ? Ca lui servait à quoi hein ? HEIN ?! Devant l’air rageur qu’il avait, Katérina garda son sourire ravi avant de dire :

« On se débrouille seul comme un grand ! Montre-moi que tu as des couilles ! »

« Si je m’en sors, je te promets que … Je te promets que … »

« Tu vas me les faire bouffer ? Aucun souci, j’adore ça ! » rétorqua d’elle, décontenançant l’adolescent. Mais c’était quoi cette fille ? C’était peut-être une … Non … Mais avec sa tenue … Ca ne faisait aucun doute pourtant ! Même dans son ancien village, il y avait une ou deux filles faciles comme on les appelait … quand on disait cela correctement.
Mais il ne voulait pas vraiment y penser ! Il avait un combat à gagner ! Et avec le temps qui s’écoulait, ses chances étaient de plus en plus faibles. Ou alors … Peut-être était-ce le contraire ? Bien sûr ! Il avait peut-être toutes ses chances en fin de compte ! Car bien qu’il était endolori au niveau de son bras droit, il n’était pas réellement fatigué. Peut-être parce qu’il ne faisait que se défendre au lieu d’attaquer ?

« Swar … Je peux te poser une question ? » murmura t-il faiblement.

« En plein combat ? N’as-tu pas l’impression de ne pas comprendre ce que je te dis ? »

« Oui mais … C’est assez important. Ca concerne notre adversaire et en même temps toi aussi. Je suis sûr que tu pourrais me répondre. »

« Alors qu’attends-tu pour poser ta question ? Fais attention. » murmura Swar sur un ton monotone alors que l’arme bougea toute seule, parant un coup d’Ebizaka.

Malgré la difficulté omniprésente face à un tel adversaire, il s’en sortait plutôt bien. Mais il devait tout simplement reconnaître que ce n’était pas grâce à lui … mais à son arme. Oui, c’était Swar qui faisait tout depuis le début. Enfin, surtout au niveau de la parade, car les imbécilités à côté, c’était SON domaine à lui !

« Est-ce que les pokémons spectres et ténébreux s’épuisent ? »

« Hum ? Les corps qu’ils possèdent s’épuisent, c’est exact. Eux-mêmes, c’est possible aussi. Mais pourquoi une telle … Oh. Je vois. » murmura Swar.

« Ca pourrait marcher non ? Enfin … Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Que c’est une idée tout à fait valide et valable … Nous dirons que c’est l’éclair de génie et l’adrénaline qui t’ont permis d’avoir cette idée. »

« Hahaha ! Je ne sais même pas pourquoi je rigole alors que tu n’arrêtes pas de m’insulter. »

Oui, c’était complètement stupide mais si Swar disait que ça pouvait marcher alors … Il allait faire ça ! Dès qu’il en avait terminé avec son épée, il changea complètement de tactique. Il n’attaquait plus … Il ne faisait plus rien, plus rien du tout même. Mais bon … Il esquivait les attaques, bougeant en écoutant les ordres de Swar. En même temps, il changeait de bras lorsque son épée le lu disais. Ainsi, lorsqu’il parait, l’un des bras se reposait.

« Mais à quoi est-ce qu’il joue ? » marmonna Katérina, assise à côté de Sélia, prête à lui donner un troisième coup si la jeune femme se réveillait.

« Swar … Est-ce que tu es capable de voir ? Bien qu’une épée n’ait pas d’œil ? »

« Je suis capable de regarder autour de moi si cela t’inquiète. Ce n’est pas parce que je suis dans un objet que ma vision est maintenant aveugle. » répondit l’épée.

« Est-ce que tu peux alors me dire lorsque c’est bon ? »

« Hum ? D’accord … Si cela peut t’aider, je le ferai. »

Tant mieux alors. Il se sentait un peu plus en confiance. Surtout que l’épée faisait tout pour qu’il ne soit guère plus blessé que ça. Oh … Il fallait reconnaître quand même qu’il n’était pas dans un état des plus joyeux. Ses habits étaient déchirés en partie et quelques entailles lui parcouraient ses bras et ses jambes mais … rien de bien sérieux.
De l’autre côté, Ebizaka semblait en nage dans ses vêtements. L’homme n’avait de cesse de frapper avec son katana mais qu’importe la méthode utilisée, l’épée était toujours prête à parer ses coups. Finalement, l’homme s’arrêta, respirant bruyamment avant de crier :

« Qu’est-ce que tu étais avant ? Tu ne peux pas normalement parer aussi bien mes coups ! Tu étais un combattant auparavant ? PARLE ! Qu’est-ce que tu étais ?! »

« Euh … Swar … Je crois qu’il s’adresse à toi. » murmura Kéran.

« Quelle déduction, Kéran. Mais je n’ai pas envie de lui parler. Néanmoins, je peux au moins te signaler qu’il est exténué maintenant. »

« … … … Quelle déduction, Swar. » répliqua l’adolescent, pouvant parler ainsi en vue de ce que son arme venait de dire. Oui … Ebizaka semblait avoir couru un marathon.

Il avait ses chances … Il avait maintenant toutes ses chances de le battre ! Il le savait ! Il le sentait ! Il devait juste éviter de faire une erreur et surtout, ne pas le laisser se reposer ! Sans même prévenir, il courut vers Ebizaka, tentant de donner un coup d’épée pour le tuer. Mais malheureusement, l’aura noire commença à s’agrandir fortement, le repoussant en arrière. Il tomba sur ses fesses, poussant un gémissement.

« Comment … Comment un débutant … un simple humain … peut-il croire … qu’il peut m’atteindre ? Je suis en place depuis des années ! Je supervise les créatures ténébreuses depuis tout ce temps ! Et toi ? Toi qui ne sais même pas tenir ton épée, tu penses réussir à me battre ? C’est CA ? Pour qui te prends-tu ? Un futur héros ?! »

« Euh … Pas vraiment, je devais juste ramener ta tête selon Katérina, la fille que tu vois juste à côté. Il paraîtrait que ça me permettrait d’être bien vu dans l’organisation que je veux rejoindre, c’est tout. C’est pas pour la célébrité. »

« Vos gueules, tous les deux ! BATTEZ-VOUS ! » hurla Katérina avec véhémence, visiblement énervée parce que le combat ne continuait plus.

« Et cette folle … Je ne peux même pas la choisir comme cible … Ca serait trop risqué maintenant. » marmonna Ebizaka, son regard porté vers Katérina.

« De toute façon, je ne t’aurai pas laissé faire. » murmura l’adolescent calmement, Ebizaka tournant son visage vers lui. Il lui dit :

« Tu irais la protéger alors qu’elle t’emmène à l’abattoir et à la mort ? »

« MAIS PUTAIN ! VOUS ALLEZ LA FERMER OU JE M’OCCUPE DE VOUS DEUX ?! BATTEZ-VOUS ! DISTRAYEZ-MOI BANDE DE CLOPORTES ! »

Katérina était plus qu’énervée, s’était redressée alors que de la sueur froide s’écoulait du front de Kéran. L’adolescent était tremblant de peur … pire encore. Il avait l’impression qu’elle pouvait le tuer quand elle le désirait. Et il savait que ça serait une chose plus que facile pour elle mais, mais…

« Je pensais pas avoir besoin de ça contre un gamin … »

Tiens ? La voix d’Ebizaka était tremblotante aussi ? Il avait peur ? Mais pas de lui, n’est-ce pas ? C’était bien de Katérina … Ah … Katérina faisait même peur à un type possédé … enfin plutôt au pokémon qui possédait ce type.

« Swar … Si on s’en sort contre lui, tu crois que … »

« Tu ne t’en sortiras pas seul, Kéran. Il a décidé de quitter ce corps. Il va alors reprendre sa forme originelle … Ce n’est que le début des ennuis, Kéran. »

« Ah ? Hahaha … Hahaha … Merci d’avoir … prévenu, Swar. » bredouilla Kéran alors qu’il avait bien remarqué que l’aura noire autour d’Ebizaka venait de grandir … mais pas seulement … Le corps de l’homme gesticulait bizarrement. Ce n’était que le début des ennuis et là, ils allaient lui tomber dessus et pas en petite quantité !

Chapitre 21 : Un long combat

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Chapitre 21 : Un long combat

Sans même attendre que l’adolescent ne reprenne la parole, l’homme s’élança vers lui, donnant plusieurs coups de katana qui furent parés les uns après les autres. Malgré son incapacité à se battre correctement, Kéran pouvait compter sur Swar pour le protéger mais pour combien de temps ? L’adolescent tenta bien quelques mouvements pour contre-attaquer mais ça ne servait à rien, c’était à peine si il pouvait bouger, étant obligé de reculer.

« Lassant. » murmura Katérina en posant une main sur sa bouche, ne semblant guère apprécier le combat, surtout qu’il n’avait rien de bien fameux.

« Et si tu venais m’aider plutôt hein ? »
Elle ? Venait l’aider ? Et puis quoi encore. Elle lui fit un geste grossier de sa main droite, comme pour bien lui montrer qu’il avait tout simplement à se bouger le cul s’il voulait s’en tirer. Il n’était pas plus con qu’un autre, n’est-ce pas ? Alors qu’il se débrouille comme un grand et qu’il ne fasse pas chier. Pfff … Quel boulet ce type !

Que faire ? Mais qu’est-ce qu’il pouvait faire ? Ebizaka ne semblait même pas être sérieux dans ses attaques ! D’habitude, on se battait au katana en frappant avec le côté non ? Et là, ce type essayait de le planter avec sa lame ! C’était peut-être efficace mais moins bien qu’en voulant le trancher ! HA ! Il s’écroula en arrière à cause d’une pierre, tombant sur les fesses. ZUT ZUT ET ZUT ! Il ne devait pas perdre de temps avec …

Il roula en arrière, semblant surpris de sa petite prouesse technique avant de gémir. Faire ça sur de la pierre, ce n’était pas une bonne idée ! Mais au moins, il venait d’éviter le katana qui se planta dans la pierre ! MAINTENANT ! Sans même chercher à se placer correctement, il se redressa en titubant, puis couru vers l’homme avec son épée dans ses deux mains.
… … … Que … Que … Quoi ? Un pied s’était logé dans sa tête, le repoussant avec violence en arrière. Son crâne percuta le sol, du sang s’en écoulant alors qu’il était sous le choc de ce qui venait de se passer. Lorsqu’il s’était retrouvé près d’Ebizaka, il avait espéré l’attaquer … pendant qu’il retirait son épée. Mais mais mais … L’homme avait réagi en lui envoyant un coup de pied dans la tête.

« Swar … Dis Swar … Je suis … stupide, hein ? »

« Ne le remarques-tu que maintenant, Kéran ? Pourtant, cela est récurrent chez toi. » murmura l’épée alors que l’adolescent restait parfaitement immobile, couché sur le sol.

« Mais … Mais mais … Est-ce que ça valait vraiment le coup de mourir ? Pour juste avoir la possibilité … de me battre ? Je ne sais plus … Je ne voulais pas que Sélia soit seule à se battre. Pas après que je t’ai découvert … Je veux me rendre plus utile. »

« Tu n’es qu’un enfant. Dors maintenant … » murmura calmement l’épée alors qu’il fermait les yeux, plongeant dans son sommeil.

« Je peux savoir ce que tu fous, Swar ? » demanda Katérina en se redressant de son rocher.

« Je le laisse faire le vide dans son esprit embrouillé. »

… … … Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il se retrouvait devant les décombres de sa maison ? Où est-ce qu’il était ? Ah … Il s’en rappelait … Il était dans son village. Son village qui était en proie aux spectres et aux créatures ténébreuses habituellement. Il s’était mis à marcher lentement, très lentement, sans réellement savoir où il allait. Les mains dans les poches, il régressait comme si de rien n’était.

« Je suis redevenu jeune … Est-ce que ça veut dire que je suis mort ? Si je suis mort, je vais me rappeler de tout, n’est-ce-pas ? »

Se rappeler de tout parce qu’il était mort, c’était une drôle de notion. Mais … Ce n’était pas un rêve ordinaire, non ? Comment est-ce qu’il pouvait encore penser ? Il se rappelait ce qui s’était passé il y a peu de temps … Il avait voulu se battre contre une créature ténébreuse mais cela s’était très mal passé. Très très mal passé même … Sélia s’était faite attaquée par Katérina qui l’avait assommée, lui avait dû combattre Ebizaka sans réussir à le toucher. Et la dernière chose dont il se rappelait …

« Je me suis pris un coup de pied en pleine face … et puis plus rien, le vide … AH ! Non ! Swar m’a dit de dormir et je me suis endormi ? »

Dormir en plein combat. Hahaha … Il émit un petit rire qui n’avait pourtant rien d’amusé. Non, c’était tout le contraire, c’était un rire bien pitoyable, de ceux où on reconnaissait parfaitement à quel point on était lamentable. Lui ? Protéger Sélia alors qu’il s’endormait pendant un combat ? Stupide … Il n’était qu’un type stupide ! Juste stupide et rien d’autre ! Il n’y avait que lui pour réagir de la sorte ! Quel idiot mais quel idiot !

« Et qu’est-ce que je fais ici ? Si c’était un rêve, je devrais normalement voir défiler ce que je désire … Ou alors, est-ce une partie de ma mémoire ? »

Une partie de sa mémoire qui l’avait emmené devant les décombres de chez lui ? Drôle de réflexion qu’il avait … C’était particulièrement idiot même. Brrrr … Surtout qu’il remarquait que malgré sa marche, il n’avait pas bougé d’un poil. Qu’est-ce que ça voulait dire de spécial ? Ce n’était pas normal … Dans son rêve, il pouvait aller là où il le désirait, n’est-ce pas ? Alors pourquoi …

« Ahhhhhhhh ! MAMAN ! PAPA ! MAMAN ! »

Hein ? Maintenant, il entendait des cris … et il apercevait un jeune garçon aux cheveux blancs ? C’était lui ? Est-ce que sa vision était faussée ? Il avait déjà les cheveux blancs ? Après cet incident ? Les évènements avaient étaient aussi violents que ça ait changé de couleur comme ça en un instant ? C’était perturbant et surtout, il était taché de sang.

« Pourquoi est-ce que je rêve du jour où j’ai été sauvé par Sélia ? J’aurai pu vraiment choisir un autre mo … AH ! NON ! »

C’était bien lui qui venait de hurler en apercevant une forme ténébreuse qui apparaissait devant le jeune garçon. NON NON ET NON ! IL NE VOULAIT PLUS Y PENSER ! PLUS Y PENSER DU TOUT ! C’était … C’était ce Léopardus … Celui qui était responsable de la mort de ses parents ! Ce foutu chat à l’apparence violette et jaune ! AH … AH ! Et il voyait ses griffes acérées, sa démarche féline, tout ! Il voyait ! AH NON !

« Tu t’es caché ! Tu t’es caché ! Mais tu ne t’enfuiras plus très longtemps ! »

Hein ? Il ne se rappelait pas de ces paroles … Du moins, étant trop secoué quand il était jeune, cela paraissait normal. Mais mais mais … Là ? De qui est-ce qu’il parlait ? Il n’eut pas le temps d’y réfléchir plus longtemps que la tête du Léopardus quitta le reste du corps, tombant mort sur le coup. Une fille qui devait avoir douze à treize ans s’approcha de lui. Des cheveux bleus attachés en une queue-de-cheval, elle s’approcha du jeune garçon.

« Ne t’inquiète pas … Tout est terminé … »

Sélia ! Mais c’était Sélia ! Il se rappelait de la jeune fille ! C’était elle ! Et elle était bien recouverte de sang … mais de celui des spectres et des créatures ténébreuses qui avaient attaqué le village sans même qu’il ne comprenne pourquoi.

« Comment t’appelles-tu ? » demanda une nouvelle fois Sélia.
Mais contrairement à ce qu’il avait pensé, il ne lui avait pas répondu. Non … Il s’était recroquevillé contre des ruines et n’avait pas osé lui répondre. La jeune fille aux cheveux bleus sembla soucieuse avant de regarder sa tenue. Elle poussa un soupir.

« C’est sûr que je n’inspire pas la confiance dans cette tenue. Reste-ici pendant quelques minutes, je vais voir le reste du village. » dit-elle en lui souriant délicatement, passant une main dans ses cheveux blancs avec une extrême tendresse. Elle s’éloigna sans même que l’enfant ne réagisse. C’était quoi … cette réaction ? Il ne se rappelait plus de ça ?

Et comme il ne pouvait plus bouger, il ne pouvait que regarder ce qui se passait. Pendant plusieurs secondes, la seule chose qu’il entendit était le reniflement aigu de l’enfant. Il était comme ça ? Du genre à être dans son coin, asocial ? Hahaha ! Il ne savait pas ce qui se passait mais son rêve devait se tromper lourdement. Il avait peut-être perdu ses parents mais avec Sélia, il n’avait jamais regretté sa nouvelle vie. Alors pourquoi est-ce qu’il voyait le jeune enfant ainsi ? Ce n’était pas lui ! Mais en même temps … Si …

C’était juste bizarre et saugrenu, il ne pouvait dire que cela. Pfff … Et bien entendu, comme c’était un rêve, il ne pouvait pas bouger ou agir sur son rêve. Il vint s’asseoir alors qu’il attendait la suite des évènements. S’il était mort, pourquoi pouvait-il encore rêver ? D’ailleurs, même lorsqu’on rêvait, on n’avait pas l’habitude … de pouvoir les « vivre » comme actuellement non ? Alors, si ce n’était pas un rêve ni une annonce de sa mort, qu’est-ce que c’était donc ? Il avait bien besoin de le savoir.

Mais ça restait bizarre, franchement bizarre. D’ailleurs, sans même qu’il ne le remarque, le jeune garçon s’était relevé, tournant la tête à gauche et à droite. Qu’est-ce que … Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il semblait rechercher quelque chose ? Pourquoi est-ce que LUI, le Kéran adolescent, ne se rappelait pas de cette partie de ses souvenirs ? Ce n’était pas normal ! PAS NORMAL DU TOUT ! Quelque chose clochait !

Finalement, l’enfant s’arrêta de tourner autour des décombres de la maison, hochant la tête plusieurs fois comme si il acquiesçait à quelque chose. Bizarre … C’était franchement bizarre même. Mais au moins, il semblait aller un peu mieux. Mais quand même, pourquoi est-ce qu’il avait fait un tel geste ? Il savait qu’il avait perdu une partie de sa mémoire à cause de cet incident mais ce genre de petits détails devait avoir son importance non ? Et pourquoi est-ce qu’il s’en rappellerait maintenant ? Etait-ce à cause du coup derrière la tête ? Quand même pas, c’était stupide de penser de la sorte mais peut-être que …

« Oui ! Je le ferai ! Je vous le promets ! »

Hum ? Il promettait à qui ? A quoi ? Euh … Il avait fait une promesse à quelqu’un mais là, lui, le Kéran adolescent, était particulièrement perplexe. La jeune fille aux cheveux bleus était revenue, le sang ayant disparu de son corps bien qu’il restait présent sur ses vêtements. Sans même qu’elle ne prenne la parole, le jeune garçon aux cheveux blancs s’était enfoui contre elle, sa tête posée contre son ventre.

« Merci pour tout, mademoiselle ! Merci de m’avoir sauvé ! »

« Oh ! » murmura-t-elle dans un petit soupir de surprise. Elle ne s’était pas attendu à une telle réaction de la part du jeune garçon. Lui … Maintenant qu’il voyait cela d’un œil extérieur, il pouvait remarquer à quel point la jeune fille avait une certaine beauté et une grâce déjà bien présente à son âge. Avec douceur, elle passa une main le long de la nuque du jeune Kéran, venant s’accroupir pour être à sa hauteur.

« Et bien ? Tu ne veux pas me dire ton nom ? Je m’appelle Sélia, enchantée de te connaître. Mais je crois que tu me connais déjà, n’est-ce pas ? Ah non … Il est vrai … Tu es le jeune garçon qui vivait avec ses parents à distance du village … Vous en faisiez partie … sans en faire réellement partie … n’est-ce pas ? Je suis désolée pour tes parents. »

« Je m’appelle … Kéran, mademoiselle Sélia ! »

« Dorénavant, tu m’appelleras Sélia, d’accord ? Sélia, tout simplement … Etait-ce vrai que ta mère conversait avec les spectres et les ténèbres, Kéran ? » demanda la jeune fille. Lui, à distance, semblait offusqué par les paroles de Sélia. C’était quoi cette question ? Pourtant, elle reprit aussitôt : « Oh … Pardon, je ne devrais pas te demander ceci. Ce que tes parents faisaient ne concernaient qu’eux, n’est-ce pas ? Tu es encore jeune et tu n’es en rien responsable de tout cela. Tu veux vivre avec moi ? Je comptais rester un peu dans ce village mais il se peut que je m’installe définitivement. Avec ce drame, il s’avère que la chasse aux spectres et aux créatures ténébreuses soit bien présentes. J’ai beaucoup de travail. C’est à toi de voir, n’est-ce pas ? Mais bon … Je serai un peu comme ta grande sœur si tu veux. »

« Je veux bien que tu sois ma grande sœur, mademoi … euh …. Sélia. » répondit l’enfant gaiement, ne ressemblant en rien à celui qui s’était adressé à elle auparavant.

« Tu es vraiment si mignon, toi ! Je craque ! » s’écria la fille aux yeux rubis avant de venir enlacer tendrement le jeune Kéran, celui adolescent rougissant comme un enfant.

« Ah ! Tu m’étouffes un peu, grande sœur ! Mais tu sens bon ! »

Ah … Si c’était un rêve, il était quand même très plaisant dans le fond. Ça lui permettait de ne pas oublier qu’il continuait de vivre grâce à une personne. Que c’était bien pour elle qu’il combattait … Il le savait déjà … Il le savait depuis le début mais il avait fait trop de zèle, beaucoup trop de zèle même. Et bien qu’il semble lui manquer quelques parties de sa mémoire, il se rappelait des choses les plus importantes.

Ses yeux s’ouvrirent faiblement sur un spectacle plus qu’inhabituel. Il voyait son épée qui continuait de parer les attaques incessantes d’Ebizaka comme si de rien n’était. L’homme semblait un peu épuisé par l’effort mais aussi un peu en colère. Son épée ? Qui bougeait toute seule ? En contrôlant en même temps le mouvement de sa main ?

« On peut me dire ce qui se passe ? »

« Et voilà qu’il se réveille ! Oh putain, c’est pas possible. » dit une voix féminine qu’il reconnut comme celle de Katérina qui était debout alors qu’il se relevait un peu.

Il avait besoin de mettre un peu d’ordre dans ses idées car il était un peu perdu. Ebizaka avait fait un saut en arrière pour reprendre son souffle et surtout éviter un mauvais coup.

« Swar ? J’ai cru voir ma main qui bougeait … Tu peux m’expliquer s’il te plaît ? »

« Pendant que tu dormais, j’ai dû me charger de te protéger. C’est aussi simple que ça. Heureusement que tu me tenais dans ta main, sinon, je n’aurai pas donné cher de ta peau.Mais maintenant, tu sembles avoir fait un peu le vide dans ton esprit. »

« Je ne sais pas si on peut dire que j’ai fait le vide … mais ça a l’air d’aller mieux. » répondit-il tout simplement en tournant son visage vers Sélia qui était toujours évanouie. Il se sentait un peu plus serein. Peut-être que si il combattait correctement, sans faire de fausse manœuvre, il pouvait espérer tenir tête à Ebizaka.

« Ne pense pas à survivre … mais à gagner tout simplement. »

C’était de bien belles paroles mais il fallait reconnaître que l’épée avait raison. Il ne devait pas s’imaginer perdre ce combat sinon, il allait très mal commencer la seconde partie. Serrant Swar fortement dans sa main, il se positionna correctement en face d’Ebizaka.

« Nous pouvons recommencer … à nous battre, Ebizaka. Je t’attends mais cette fois-ci, ça ne sera pas aussi simple qu’auparavant, je tiens à te le signaler. »

« Avec ta blessure au crâne, ça ne devrait pourtant être guère difficile. Tu n’es qu’un adolescent banal et commun, sans aucune importance même. Si tu es encore en vie actuellement, tu ne le dois qu’à l’arme qui t’accompagne. »

« Je crois que rencontrer Swar fut la seconde meilleure chose de toute ma vie. » murmura Kéran, Katérina s’étant remise assise depuis tout ce temps. Elle dit calmement :

« Ah bon ? Et la première, c’est quoi ? »

« Avoir Sélia comme grande sœur, c’est la plus belle chose de mon existence. Je veux qu’elle soit fière de moi et je lui montrerai ta tête, Ebizaka. »

Mais pour ça, il devait réussir à le battre. Et même s’il se sentait mieux, ça ne voulait pas dire qu’il … Non. Il avait toutes ses chances, Swar était avec lui. Katérina pouvait bien rester sur le côté comme à son habitude, il allait l’ignorer. Ce qui était le plus important actuellement, c’était bien la mort d’Ebizaka. C’était son premier véritable combat.