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Chapitre 10 : Chacun pour soi

ShiroiRyu
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Chapitre 10 : Chacun pour soi

« Comment… est-ce que je peux faire ? Comment est-ce que je peux faire ? »

Il faisait les cent pas dans la chambre, étant seul puisque Clari avait décidé de discuter avec Salazar… Ah… Ils étaient tous au courant pour le médaillon ? Et surtout Salazar… Il devait sûrement connaître son effet… Ou du moins… L’importance qu’il avait. Cela faisait deux jours qu’il cherchait quelque chose pour ce médaillon.

« De toute façon, je m’en fiche… Je vais trouver un moyen… de faire ça discrètement. »

Oui… C’était la meilleure solution… à ses yeux… Car… Ainsi… Perrine ne risquerait aucun problème… Oh lui, de son côté, il était sûr d’en avoir ! Mais de toute façon, ce n’était pas la première fois, alors bon…

« La maréchale va aussi me sauter à la gorge… Je dois être masochiste dans l’âme. »

Il émit un petit rire pour lui-même, réfléchissant à la situation… Aller directement voir Perrine et lui parler du pendentif et de ce qu’elle risquait ? Echanger son pendentif avec un autre ? Mais comment ? La tuer en l’emmenant dans un coin ? NON, NON ET NON ! Rien ne marchait… Pourquoi est-ce qu’elle le laisserait rentrer ? Qu’il sache, ils n’étaient pas amis… Pas en vingt minutes. Hého… Non… Ce n’était pas une bonne idée… Mais d’un autre côté, il n’avait rien d’autre en tête. Il ne savait pas quoi faire…

« Je ne veux surtout pas la mettre en danger… »

« En danger, qui ? » demanda une petite voix rieuse derrière lui alors qu’il se retournait, apercevant Clari qui lui faisait l’un de ses sourires habituels.

« Ca ne te concerne pas… Alors tu peux partir, s’il te plaît ? »

« Je crois avoir le droit de rentrer dans la chambre où moi-même et mon mari dormons. Alors… Tu te fais du souci pour moi, Tery ? »

« Et qu’est-ce qui te fait dire ça, Clari ? Je ne vois même pas quelle idée saugrenue t’es venue en tête pour penser une telle chose… »

« Oh… Tu parlais de ne pas la mettre en danger… Et je ne vois que moi. »

« Tu t’imagines des choses. La seule personne pour qui je me ferai du souci, c’est… »

« C’est ? » demanda t-elle d’une voix douce alors qu’il s’arrêtait dans ses propos.

Bof… C’était Elen… Il ne le niait pas… Il n’avait aucune information à son sujet… Depuis leur séparation… Est-ce qu’elle s’en était sortie vivante ? Indemne ? Est-ce qu’elle était retournée vers ce foutu Oracle ? Et ce dernier… Qu’est-ce qu’il lui avait encore ordonné comme consigne ? Enfin bon… Il ne devait pas penser à elle… Pourtant, cela devait se lire sur son visage car Clari fit une petite moue boudeuse avant d’émettre un léger grognement, croisant les bras tout en tapant du pied sur le sol. Il se tourna vers elle pour l’avoir en face à face, arrêtant de penser à Elen tout en lui demandant du regard s’il y avait un problème. Elle lui répondit avec un peu d’énervement dans la voix :

« Tu penses à une autre fille ! Si c’est cette Perrine, sache que… »

« Sache que quoi ? Si c’était elle, tu n’as rien à dire ou à faire, est-ce que c’est clair ? »

« Si c’est clair ? Depuis quand est-ce que tu me parles comme ça, Tery ? » annonça t-elle avec colère en croisant les bras au niveau de sa poitrine, le jugeant du regard comme pour lui dire d’essayer de la contredire ou de jouer le prétentieux devant elle.

« Oui… Oui… Oui… Bon… Je m’en vais… J’ai quelque chose à faire. » répondit-il en quittant la chambre, se dirigeant vers la sortie de l’auberge après avoir descendu les escaliers. Sur le chemin, il rencontra Salazar et les autres, les ayant salués d’un regard tandis qu’il mettait les mains dans les poches. Trouver la maison du chef…

« Pardonnez-moi, est-ce que vous pouvez m’aider ? »

Il devait tout simplement demander un renseignement aux citoyens. Il en avait arrêté un, la femme se retournant, cherchant d’où provenait la voix avant de baisser la tête, lui faisant un petit sourire en disant d’une voix calme :

« Oui ? Tu es l’une des personnes venant de Shunter, n’est-ce pas ? Qu’est-ce que je peux pour toi, petit homme ? Tu as besoin d’un renseignement ? »

« Je cherche l’endroit où me rendre pour pouvoir voir le chef du clan. »

« Hum ? Et pourquoi cela ? Si ça ne vous dérange pas de me répondre, bien entendu. »

« J’aimerai discuter avec sa fille au sujet d’un point la concernant. »

La femme émit un léger rire avant de lui dire de bien vouloir la suivre. C’était si différent… de la vision qu’il avait d’eux… Par rapport au moment où il s’était battu contre eux… Il avait tué de ces personnes… Et pourtant… Pourtant… Elles étaient comme lui…

« Et bien… Cela risque de prendre un peu de temps mais nous serons arrivés d’ici une vingtaine de minutes. Par contre, évitez d’être irrespectueux… Et ne vous inquiétez pas pour les gardes. Ils sont bien plus présents car une armée venant de Shunter est à quelques heures ou jours de chez nous… Et donc, nous nous méfions… »

« Mais vous ne vous méfiez pas de moi ? Je suis peut-être un ennemi ? »

« Hum… Ce n’est pas dans notre caractère. Nous sommes combattifs et nous adorons les duels mais nous avons notre éthique et elle nous interdit de juger une personne sur ses origines… Cela serait très mauvais… Et nullement agréable n’est-ce pas ? »

« Je veux bien vous croire… Merci de votre confiance. »

Et voilà qu’il se sentait mal maintenant… Il n’aimait pas son travail de SOLDAT ! Il détestait ça ! Il n’était pas partant pour un monde tout gentil et tout mignon mais… Mais… Trahir ces personnes… Il détestait ça ! Ca lui faisait trop de mal ! Purée ! La femme remarqua tout de suite qu’il tremblait, comme gêné ou embêté par quelque chose mais ne posa pas de question pour éviter de le déranger plus que ça. Chacun avait ses petits soucis.

Plusieurs minutes passèrent jusqu’à ce qu’ils se retrouvent devant ce qui ressemblait à une demeure plutôt honorable, aussi grande que l’auberge mais bien mieux construite… Enfin, les murs étaient faits en pierre et il y avait bien cinq à six hommes qui semblaient faire un tour de garde… Tiens… Autour de la demeure ? Il n’y avait aucun autre bâtiment et il remarquait que maintenant qu’ils étaient assez éloignés du reste de la ville.

« Qui êtes-vous et que voulez-vous ? » demanda l’un des gardes en se présentant devant eux.

« Ce jeune homme voulait parler au chef de clan et je lui ai indiqué le chemin. Maintenant que vous savez où se trouve la maison, je vais vous laisser. »

« Merci encore pour ce que vous avez fait pour moi, madame. »

Il salua respectueusement la personne, celle-ci s’éloignant alors que le garde restait néanmoins devant lui, attendant la réponse. Tery se tourna vers lui avant de dire :

« Si il est possible… J’aimerai pouvoir parler à la fille du chef… Elle se nomme Perrine et elle est un peu plus grande que moi. Elle a des cheveux auburn et deux yeux rouges… »

« C’est bien la description de la fille du chef… Et pourquoi est-ce que tu voudrais la voir ? Surtout que tu n’es même pas de notre clan mais une personne venant de Shunter. »

« J’ai quelque chose d’important à lui dire… S’il vous plaît. »

« Hého… Même avec des politesses, ça ne sera pas aussi simple… Je ne peux rien pour… »

« Qui est-ce ? J’ai cru entendre une voix que je reconnais… »

Le soldat et Tery levèrent la tête vers une fenêtre se trouvant au troisième étage, le visage de Perrine se faisant apercevoir à travers celui-ci. Elle eut un sourire amusé en remarquant le jeune homme aux cheveux bruns, demandant :

« Et bien… Je ne pensais pas te revoir après la petite scène que ta femme a faite, avant-hier. Quelle est la raison de ta présence ici, Tery ? »

« Est-ce qu’il serait possible de vous dire deux mots ? Enfin… Si vous le désirez… »

« Hum… Je ne sais pas trop… Je suis quand même la fille du chef de clan… Il faudrait que je vois si je suis disponible… Tu veux bien attendre quelques secondes ? … … … … C’est bon, j’ai une place pour toi.  Vous pouvez le laisser rentrer. »

« Et bien… T’en as de la chance… Généralement, elle préfère éviter toute visite. »

Il haussa les épaules, faisant un petit sourire aux gardes alors que ceux-ci lui disaient de bien vouloir les suivre… C’est vrai qu’ils étaient tout simplement devant la double porte… Plutôt grande… Trois mètres de hauteur… Il pénétra à l’intérieur du bâtiment alors qu’il se demandait si ce qu’il faisait était la bonne solution… Pour lui… C’était le cas mais… Pour les personnes autour de lui ? La jeune femme descendit des escaliers alors qu’il voyait plusieurs servants… C’était donc ça une famille… noble… Ou du moins l’intérieur d’une maison de famille noble…

« Et bien… Tu sembles surpris ? Tu n’as jamais été dans une telle demeure ? »

« Disons… que… Bon… En fait… Oui… Mais ce n’est pas le plus important ! Je dois vous parler ! C’est au sujet de ce que vous avez autour du… »

« Et bien… Est-ce que je crois rêver ou ma petite fille Perrine reçoit de la visite ? Et je crois entendre la voix d’un jeune homme ! »

Et celle que lui venait d’entendre était forte et puissante… Sans pour autant être effrayante… Non… Elle était plutôt chaleureuse. Il tourna son visage vers d’où provenait la voix, apercevant un homme d’environ deux mètres trente et semblant avoir la cinquantaine d’années, cela se voyant par rapport à sa moustache et ses cheveux gris. Et puis… Sa musculature… Elle était si imposante… Il la voyait en regardant son haut brun qui laissait apparaître ses épaules et son torse nu en son milieu…

« Euh… Enfin… Bonjour… Monsieur le chef de clan… »

« Hum ? Mais qu’est-ce que donc… Est-ce que tu ne serais pas… »

L’homme descendait les escaliers à son tour, Tery apercevant une épée avec quelques joyaux autour de sa taille. Il s’approcha de lui, le jeune homme restant parfaitement immobile… Plus par crainte que par désir de se statufier…

« L’une des cinq personnes provenant de Shunter ? On m’a mis au courant dès le premier jour où vous êtes arrivés mais je n’ai pas eut le temps de venir vous voir… Je me nomme Alior et je suis bien le chef de cette ville et de ce clan…Et accessoirement, le père de Perrine. »

« Euh… Je me nomme Tery Vanian, en… enchanté de vous connaître. »

« Moi de même… Bon, je vais vous laisser. Je vais sûrement aller voir votre femme, votre père et votre frère ainsi que sa femme d’après ce que j’ai cru comprendre. »

« Euh… Bien… Faites comme vous le désirez. »

Il salua respectueusement l’homme alors que celui-ci quittait la demeure, accompagné de quelques gardes… C’était donc ça un chef de clan… Pourquoi est-ce qu’il s’était mis en tête qu’un chef de clan devait être impitoyable ? A cause de ses souvenirs par rapport aux Gnomolds ? Oui… Ca devait être sûrement cela…

« Et bien ? Est-ce que tu veux que je te fasse visiter ? Ou alors, tu veux tout de suite me prévenir de ce qui semble être si important… »

« Euh… Et bien… Je pense que ça peut attendre un peu… Je n’ai jamais visité… Alors… Pourquoi pas ? Je pense que ça serait une bonne chose… Enfin, j’espère. »

« Héhéhé… Ca ne prendra pas trop de temps… Du genre, une vingtaine de minutes. »

Alors bon… Il pouvait accepter cela… Enfin, il espérait… Un peu comme d’habitude… Il observa la jeune femme quelques instants avant de se mettre à la suivre, celle-ci commençant à marcher en direction d’une porte au rez-de-chaussée.

Alors… Voilà la salle à manger… Qui était aussi grande que l’ensemble de sa maison si on réunissait ses pièces… Puis… Bon… Une salle de réception… Une salle de bains… Des chambres… Il évitait de montrer sa mine dépitée mais visiblement, elle paraissait le remarquer et elle alla lui dire :

« Tu préfères que l’on aille discuter de tout ça où ? Dans le salon ? Nous ne serons pas dérangés… Je peux te le promettre, Tery. »

« Euh… Alors… Allons dans le salon plutôt si vous le voulez bien. »

« Vous pouvez me tutoyer si tu le désires… »

D’accord… Il préférait comme ça… La jeune femme lui souriait et elle n’avait pas l’air méchante… Mais il se méfiait quand même un peu… Mais bien moins qu’avec Clari… Peut-être parce qu’elle était moins grande ? Enfin… Bon… Ils allèrent dans la seconde salle qu’ils avaient visitée, Tery observant le plafond alors que Perrine reprenait d’une voix douce :

« Alors… De quoi est-ce que tu voulais me parler, Tery ? Ca m’avait l’air assez important. D’habitude, je ne reçois personne… car disons que mon père veut que je trouve un homme pour me fiancer mais bon… Ce n’est pas le problème… »

« Cela concerne votre… enfin… ton médaillon… Celui que tu as autour du cou. »

« Qu’est-ce qu’il y a avec lui ? Il y a un problème ? Il fait quelque chose de spécial ? » demanda t-elle tout en sortant l’objet pour pouvoir l’étudier plus en détails.

« Disons que… Je… Enfin… C’est assez dur… à en parler… Mais si tu continues de le porter, tu risques de te mettre en danger. »

« Hum ? Qu’est-ce que tu racontes là ? Me mettre en danger ? Ca fait depuis des années que je l’ai autour du cou et je n’ai jamais eut de problèmes. Tu vas devoir être bien plus explicite car là, j’ai du mal à te croire… »

« Disons que si tu ne fais pas ça, tu risques de mourir ! » alla t-il s’écrier légèrement en tapant des deux mains sur la table.

« Hum ? Et alors ? Je suis d’un royaume guerrier… Ce n’est pas comme si j’avais peur de mourir… Et pourquoi devrai-je mourir maintenant ? »

« Je… Je… Je… Enfin… bon… Comment dire… Fais-moi confiance ! Si tu le portes dans les prochains jours, tu risques d’avoir de sérieux ennuis ! »

« Hum… Sincèrement… Tery… Pourquoi devrai-je te croire ? Tu arrives comme ça, tu viens me baratiner avec de telles paroles et tu m’annonces que je vais mourir. Tu me caches quelque chose… C’est normal puisque l’on ne se connait qu’à peine… Mais pour dire ça… »

« C’est à cause de ce médaillon ! … …. J’ai été envoyé ! Nous avons tous été envoyés pour récupérer ce médaillon ! Nous venons de l’armée de Midès ! Tu comprends ?! Nous sommes là pour ce médaillon ! Car il est très dangereux et ils essayeront de te tuer pour le récupérer si cela s’avère nécessaire ! »

« Et pourquoi tu n’essayerai pas toi ? »

« Je… Je ne suis pas comme ça… Je n’aime pas les… choses de ce genre… »

« L’idée des fiancés et autre chose… C’était aussi un mensonge, j’imagine, n’est-ce pas ? » demanda la jeune femme en le regardant droit dans les yeux.

« Oui… Je n’ai jamais eut de petite amie… Et je ne pense pas en avoir vu le caractère que je possède… » murmura t-il en baissant la tête.

« Est-ce que tu sais que tu viens de te dénoncer ? Et tes amis aussi ? »

« Que je risque d’avoir de sérieux problèmes, c’est ça ? Que… »

« C’est bon, j’en ai eut assez… Je crois qu’il vaudrait mieux pour toi que tu partes d’ici. »

« Je pense que je vais me préparer à mourir dans d’atroces souffrances… » murmura t-il d’un air dépité sans pour autant s’en vouloir de ce qu’il venait de faire.

« Si tu le savais… Il ne fallait pas le dire… Tu es bizarre comme garçon… Tu devrais sérieusement te méfier de ton caractère, il va te jouer de sales tours dans le futur. »

« Si j’ai un futur maintenant… »

« Nous verrons bien… Je suis au regret de te dire de partir une nouvelle fois… Surtout après de telles paroles… » termina Perrine en se levant, commençant à le guider vers la sortie de la salle puis de la villa. Là-bas, elle lui fit un petit sourire et un salut de la main avant de l’abandonner aux portes de la villa.

Il poussa un profond soupir, se mettant à gémir et à émettre une longue plainte triste alors qu’il se dirigeait vers l’auberge Quel idiot ! MAIS QUEL CON ! QUEL CON QUEL CON QUEL CON ! Il venait de faire foirer complètement la mission et pourquoi ?! POURQUOI ?! Car il… Il avait laissé ses sentiments prendre le dessus et voilà où ça le menait ! Il… Il… devait prévenir les autres ? Non… Il ne pouvait pas… C’était encore pire… Il en avait assez fait ! LARGEMENT ASSEZ FAIT !

Pourquoi est-ce qu’il se comportait comme le dernier des imbéciles ?! Il n’avait rien appris au cours de ces derniers mois ?! Il n’avait pas compris qu’il fallait mettre ses sentiments de côté pendant une mission ? Sinon… Sinon… On risquait d’échouer à cette dernière ? Comme… avec Elen ? Comme avec elle ? Comme… Avec la jeune femme aux cheveux blonds… et aux yeux bleus… Ah… Il aurait donné cher pour pouvoir la revoir aujourd’hui.

Mais bon… Maintenant… Ce n’était pas possible… Oui… Ce n’était pas possible… Il retourna dans l’auberge, évitant les regards inquisiteurs des autres membres du groupe avant de se diriger vers sa chambre… Enfin, il aurait aimé y aller… mais une main se posa sur son épaule, le forçant à se retourner pour voir Clari.

« Je crois que tu as quelque chose à nous dire… Comme l’endroit où tu étais parti… »

« Je ne sais pas… Tu pourrais facilement deviner non ? En y réfléchissant bien… »

« Ne me parle pas comme ça, je te préviens… J’ai la main lourde ces dernières heures à cause de quelqu’un. » continua de répondre Clari alors qu’elle l’obligeait à descendre les escaliers pour venir s’asseoir avec les autres. Là-bas, ce fut au tour de Salazar de lui demander :

« Est-ce que tu as une réponse à cette question ? Nous aimerions savoir où tu étais… »

« J’ai été tout simplement me balader en ville… Je suis fatigué de rester dans l’auberge… »

« Et tu penses sincèrement que c’est une bonne chose alors que nous sommes en Honoros ? Un territoire qui est en guerre avec Shunter ? »

« Oui… C’est une bonne idée… Car les citoyens ne sont guère réticents ou antipathiques par rapport à nous. J’ai put discuter avec certains d’entre eux… »

« C’est une tactique comme une autre… Réussir à attirer la sympathie des personnes autour de soi… Néanmoins… Tout sera terminé très bientôt… »

Co… Comment ça ? Il regarda avec étonnement Salazar, celui-ci ne s’étant toujours pas présenté sous sa capuche… Il alla l’interroger d’une voix lente :

« Vous voulez dire quoi par là ? Il y a quelque chose en préparation ? »

« Pendant que tu prenais l’air… Nous avons décidé qu’il était temps de terminer ce pour quoi nous avons été envoyé… Tout sera prévu pour demain soir… »

« D’a… D’accord… Donc nous allons devoir… tuer ? »

« Tu sembles surpris… Comme si tu ne t’y attendais pas ? »

« Non… Non… C’est bon… C’est bon… »

C’était bon… ou non… Brrr ! Il allait devoir tuer… Mais maintenant… Il jeta un regard à Clari, celle-ci ayant ses yeux complètement dénués d’émotion. Elle… C’était elle qui avait parlé de ça ? Ou alors Salazar ? Et les deux autres qui ne parlaient que rarement ! Oros ! Eliza ! Ils n’avaient rien à dire à ce sujet ?! C’était quand même important !


Mais non… Aucune réaction… Il serra les poings, se disant qu’avant demain… Il devait prévenir… Perrine… Il le ferait demain… Avant la soirée… Mais maintenant… Il devait se méfier d’eux… De tout le monde… Et tout le monde se méfiait de lui… Il n’était qu’un imbécile au final… Quelqu’un qui se causerait des ennuis par milliers.

Chapitre 9 : Un collier convoité

ShiroiRyu
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Chapitre 9 : Un collier convoité

« Bonjour mon petit Tery ! »

Des lèvres se posèrent sur sa joue mais cette fois-ci, il ne broncha pas. Visiblement, elle ne l’avait pas embrassé assez fort. Le second baiser fut bien plus sonore mais le jeune homme aux cheveux bruns murmura d’une voix légèrement irritée :

« Je suis déjà réveillé, c’est bon. Tu n’as pas besoin de faire ça. Je me lève. »

« Pour la lettre, j’ai préféré ne pas la lire tout de suite… Je voulais que tu sois réveillé pour que l’on puisse la lire ensemble. Mais comme hier, tu t’es endormi tout de suite, je ne voulais pas te déranger pendant ton sommeil. »

« Et tu me déranges pour me réveiller, voilà tout. »

« Et bien… On dirait que le matin ne te porte pas conseil, tu as l’air bien grognon. Est-ce que tu veux m’expliquer pourquoi ? Puisque nous sommes mari et femme ? »

Il ne lui répondit pas. Mari et femme ? Quelle bonne blague. Il n’y avait rien de tout ça entre eux deux. Tout ça n’était qu’une pure comédie. Lui, il s’y était pris un peu trop dans le jeu et voilà ce que cela lui couté… Aucun remerciement, rien de rien… Juste une plaisanterie fumeuse et foireuse sur son absence de richesse contrairement à elle ! Parfaitement le genre qu’il détestait ! Elle ne l’avait même pas remercié réellement pour son cadeau… Tsss… Il se leva de son lit, se passant de l’eau sur le visage.

Elle l’observa avec amusement, jouant avec le pendentif qu’il lui avait offert, un petit sourire aux lèvres. La pierre était vraiment belle…Et ce métal vert… Ce n’était pas facile à trouver… En fait, il ne le savait pas du tout mais ce pendentif était plus rare que les autres… En fait, le marchand non plus ne l’avait pas su… Ce petit métal vert… Héhéhé… Même pour une famille comme la sienne, cela aurait coûté réellement beaucoup plus cher si on connaissait la valeur de ce métal… Car ce n’était même pas du plaqué. Elle se leva à son tour, enfilant sa tenue habituelle mais déjà plus correcte alors qu’elle prenait une enveloppe sur la table de chevet :

« Comme je le disais, Tery… J’ai la lettre que Salazar a écrite pour nous… »

« Je finis de me laver et je descends. Je n’irai pas la lire, je n’en vois pas le besoin de toute façon. » annonça t-il sur un ton sec.

« Et si tu commences à me parler comme ça et à ne pas obéir aux ordres de la maréchale, je m’occupe de toi alors dès que tu as terminé de te laver, tu t’assois sur le lit et tu te tais, d’accord ? Mon amour… »

« Ne m’appelle plus comme ça, y a rien du tout entre nous deux. »

Elle l’énervait ! Elle ne comprenait pas ça ?! Il en avait marre d’elle ! Un peu comme les autres ! Néanmoins, le ton qu’elle avait employé ne lui plaisait guère et il devait se résoudre à retourner sur le lit. Il se passa de l’eau au visage, venant s’asseoir à côté de la jeune femme sans daigner la regarder. Celle-ci ouvrit l’enveloppe alors que le cachet qui la retenait scellée se mettait à brûler légèrement. Elle annonça d’une voix calme :

« Blablabla… Blablabla… Blablabla… »

« Qu’est-ce que ça veut dire ça ?! » s’écria t-il en la regardant avec colère.

« Que je saute les passages les moins importants. Cette lettre se consumera rapidement alors je ne vais pas perdre de temps ! AH ! Salazar a trouvé l’endroit où loge le chef de clan… Il a même pris de nombreuses notes sur ce dernier… Il a une femme, deux enfants adultes dont une fille et un garçon… Le garçon semble être marié tandis que la fille est seule… Enfin, ce ne sont que des informations obtenues en une journée. De l’autre côté, la demeure où il loge n’a rien d’exceptionnel niveau visuel mais elle est plutôt bien gardée… »

« Comme si tout ça m’intéressait… »

« LA FERME ! Si tu as un problème, tu me le dis clairement d’accord ?! » cria t-elle en serrant le morceau de papier entre ses mains, tournant son visage vers lui.


Elle était folle ou quoi ?! Pas besoin de crier qu’il sache ! Il voulait quitter cet endroit ! Avec tout ses faux-culs ! Il voulait se lever mais la main droite de Clari empoigna son bras, le serrant avec force pour le faire se rasseoir en gémissant. ELLE FAISAIT MAL !

« Ne me force pas à être méchante, d’accord ?! »

« Alors arrête de me forcer à être ton mari d’accord ?! Si ça t’amuse de faire ça, ben pas moi ! Foutue noble à la con ! Si t’es si riche, achètes-toi toi-même tes bijoux ! T’as les moyens ! Moi, je ne sais pas ce qui m’a pris de faire ça ! TU M’ENERVES ! »

La lettre flamba subitement, sans pour autant brûler la main de la jeune femme avant de ne devenir qu’un ridicule tas de cendres. Elle émit un petit grognement, lui désignant ce qui restait de l’objet avant de dire :

« Tu as vu ça ?! A cause de toi, je n’ai même pas put lire cette lettre ! »

RIEN A BATTRE ! Il plaça ses deux mains sur l’épaule de la jeune femme avant qu’elle ne puisse se lever du lit. La plaquant violemment sur le lit, il la regarda avec colère alors qu’elle paraissait surprise de la réaction du jeune homme. Celui-ci ne remarquait même pas que ses veines noires étaient apparues légèrement au niveau de ses mains :

« Ca vous amuse de vous foutre de ma gueule à chaque fois hein ?! Je sais que je ne suis pas aussi doué que les autres ! Je sais parfaitement que je ne suis pas aussi intelligent que les autres ! Que je ne suis pas noble, ni rien ! Mais ce n’est pas une raison pour me tanner avec ça, d’accord ?! Est-ce que c’est dur de comprendre ça ?! J’en ai marre de tout ça ! »

« … … … Soit … … … Si tu le dis. » murmura t-elle.


Elle… Elle n’allait pas réagir ? Elle n’allait rien faire ? Elle avait la force de le repousser, voir même de l’éjecter complètement ! Il retira ses deux mains, baissant la tête, complètement confus par son propre comportement. Il s’était énervé encore envers une femme… Ca devenait une habitude… Une mauvaise habitude… Très mauvaise… Il quitta la chambre, tête baissée en refermant la porte derrière lui. Elle-même restait couchée sur le lit, une main posée sur ses yeux. Il allait tout gâcher… encore…

« Ah… Bonjour Tery… Tu as passé une bonne… »

Eliza n’avait pas le temps de terminer sa phrase que Tery avait déjà quitté l’auberge, laissant derrière lui le reste de la troupe. De l’autre côté, Clari descendait calmement les escaliers comme si de rien n’était, s’installant à une chaise en face de Salazar.

« Qu’est-ce qui s’est passé avec Tery ? » demanda t-il d’une voix calme.

« Nous nous sommes disputés voilà tout. » répondit-elle sur le même ton.

« Et bien, tu essayeras de t’excuser envers lui dès que tu le peux et vous ferez la paix le plus vite possible, c’est bien compris ? »

« Je verrai, je verrai… » alla t-elle dire sur un ton nonchalant et désintéressé comme si elle se fichait pas mal de ce que venait de prononcer Salazar.
Tout de suite, des murmures se firent entendre de la part de l’autre faux couple, les deux personnes semblant étonnées de l’entendre parler ainsi. Salazar émit un petit toussotement irrité alors que Clari croisait les bras, répondant à la serveuse sur ce qu’elle voulait avoir comme petit-déjeuner. Oui… Elle allait voir… Mais sur le coup… Elle n’avait clairement pas envie d’en parler. Elle signala tout simplement dans un souffle qu’elle n’avait pas eut la possibilité de lire la lettre à cause de ce petit… incident.

« Hey ! Fais attention où tu vas gamin ! »

« Regarde où tu mets ! Qu’est-ce qui est si pressé ? »

« Pfff… Vraiment… Je vous jure… »

Les réactions étaient diverses alors qu’il bousculait sans se soucier les différentes personnes sur son chemin… Encore que bousculer était un bien grand mot… Il se cognait tout simplement aux gens sans même les bouger ne serait-ce que d’un poil. Du moins… Jusqu’à ce qu’au détour d’une ruelle, il percute de plein fouet une poitrine avant de s’écrouler au sol sur les fesses, gémissant de douleur.

« Pardon… Désolé… Je n’ai pas fait gaffe… »

Il releva son regard, apercevant ce qui semblait être une jeune femme d’un mètre quatre-vingt-dix, aux yeux rouges. Elle avait des cheveux auburn lui allant jusqu’aux épaules et semblait surprise d’avoir fait tomber quelqu’un. Voyant qui était au sol, elle tendit sa main avec délicatesse, annonçant d’une voix douce :

« C’est à moi de m’excuser… Je devrai regarder où je mets les pieds. »

« C’est aussi de ma faute… à force… d’être préoccupé… »

Il prit la main, se faisant relever par la jeune femme avant de rougir bêtement. Il retira sa main rapidement, gêné par la scène alors qu’il s’apprêtait déjà à partir avant que des cris ne se fassent entendre de la part de quelques citoyens :

« C’est la fille du chef ! Qu’est-ce que cet homme fait… HEY ! »

« Mais c’est l’une des cinq personnes venant de Shunter ! »

« Il a osé percuter la fille du chef ! Cela va très mal se finir ! »

HEY ! Il ne l’avait pas exprès ! La jeune femme alla lui prendre la main en gardant son sourire, se tournant vers les citoyens :

« Ce n’est pas de sa faute. Veuillez tous vous calmer envers le petit homme. Tu es bien le jeune homme de Shunter non ? C’était donc vrai que tu étais petit… »

« Merci bien… Je le sais parfaitement… Je suis le plus petit des cinq personnes voir de la ville entière. » répondit-il sur un ton las en retirant sa main.

Il s’apprêtait déjà à partir… Qu’est-ce qu’ils avaient tous à lui parler de sa taille ? Il mesurait quand même un mètre soixante-dix quoi ! Ce n’était pas un problème auparavant ! La jeune femme se mettait à marcher à côté de lui, les personnes les regardant brièvement avant de retourner à leurs occupations habituelles.

« Est-ce que je peux faire une petite trotte avec toi ? » demanda t-elle doucement.

« Si ça ne te dérange pas d’être avec un nain par rapport à ton espèce… »

« Je suis plutôt voir très petite pour mon âge alors bon… Je sais ce que cela représente… »

« Oui mais au final, t’es quand même plus grande que moi. »

Ah… Il marquait un point. Ils marchaient côte à côte sans se regarder, le jeune homme l’observant néanmoins à la dérobée. Il remarquait qu’elle portait un magnifique médaillon autour du cou… HEIN ?! Il s’arrêta subitement, la jeune femme faisant de même.

« Ca me fait penser… Je ne t’ai pas dit mon nom. Ici, tout le monde le connaît mais comme vous êtes des visiteurs… Je m’appelle Perrine. »

« Euh… Hein ? Euh… Oui… Moi, c’est Tery… C’est plutôt beau ce que tu as autour du cou. C’est quoi ? On dirait une pierre de feu… »

« Hahaha ! On me le dit souvent mais à chaque fois, on confond : Ce n’est pas une pierre de feu exactement mais un bijou offert de génération en génération dans ma famille. »

« On aurait presque crut à une pierre de feu… » reprit-il en observant l’objet.

C’est vrai… Ca ressemblait à une pierre de feu… Mais aussi aux deux médaillons qu’il avait déjà put voir dans le passé… Mais celui-ci brillait d’une énergie chaleureuse… Et elle ressemblait à un rubis… mais avec de légères teintes orangées…

« A croire que tu n’as jamais vu de bijoux de ta vie. »

« Non… C’est juste que je la trouve très belle cette pierre. Enfin, je me répète… »

Maintenant qu’il était un peu calmé, il se disait qu’il avait réagit un peu trop brusquement… C’était vraiment stupide de sa part de se comporter ainsi… Il devait retourner à l’auberge… Ou peut-être que non… Il voyait Clari qui le remarquait, courant vers lui, en serrant les dents.

« Je peux savoir ce que tu fais, Tery ?! Tu es en train de draguer d’autres femmes alors que tu es un jeune homme marié ?! »

« Ce n’est pas du tout ça… Pas du tout même… » murmura t-il en se tournant vers elle, inclinant la tête avant de reprendre : « Cette jeune femme nommée Perrine, je l’ai percutée par inadvertance et donc, elle me fait visiter un peu la ville… »

« C’est comme l’a dit ce jeune homme. Et vous êtes ? J’ai cru comprendre que vous étiez sa femme ? Si jeune et déjà marié… »

« Je m’appelle Clari et oui, je suis sa femme, nous nous sommes mariés il y a peu de temps. Ne vous approchez pas de lui ! »

Pour la femme jalouse, elle le faisait très bien. Elle lui prit le bras entre ses deux mains, le tirant en arrière en regardant Perrine d’un air méfiant. Elle observa quelques instants le médaillon qu’elle avait autour du cou avant de tirer le jeune home en arrière, annonçant d’une voix qui se voulait calme :

« On rentre à l’auberge ! Que tu le veuilles ou non ! »

« C’est bon ! C’est bon ! J’ai parfaitement compris ! »

Il se laissait traîner par Clari, poussant un profond soupir. Il ne voulait pas se battre… C’était aussi simple que ça… Et il était tellement lunatique. Il fut ramené très rapidement à l’auberge, Clari le forçant à s’asseoir à côté d’elle alors que les trois autres personnes ne disaient rien du tout. Ce fut elle qui prit la parole :

« Voilà, je l’ai ramené cet imbécile. »

« Quand je vois cela… Je me demande si il n’aurait pas mieux fallut qu’il ne revienne pas… Il ne semble pas être très content de nous revoir… »

« Non… Ce n’est pas du tout ça… J’ai juste couru un peu… »

« Il est épuisé, voilà tout ! On va arrêter de se disputer tout les deux. »

Clari ne lui laissait même pas terminer sa phrase mais il ne se sentait pas le cœur à la contredire. Il l’observa quelques instants, plongeant dans ses pensées. Ce médaillon… C’était celui qu’il recherchait… Mais il ne savait pas à qui il devait le dire… Il n’avait aucune idée sur qui était l’autre personne qui savait au sujet des médaillons. Il n’allait pas dire : « Hey ! J’ai trouvé où était le médaillon que je recherchais ! » Ca ne se faisait pas…

« Puisque tu n’as pas mangé… Et que cela doit bien faire une demi-heure voir une heure que l’on t’attendait… Essaye d’avoir quelque chose dans l’estomac. » dit Salazar en croisant ses bras, Tery hocha la tête tout simplement sans rien dire.

Il commanda de quoi manger, Clari le regardant pendant qu’il déjeunait alors que les trois autres personnes se remettaient à discuter de tout et de rien. Il ne pouvait… rien dire au sujet de ce médaillon… Car il ne savait pas quoi faire… Pour réussir à le récupérer… S’il pouvait simplement le voler… Sans faire couler de sang… Car cette femme lui avait fait une bonne impression… et il préférait… ne pas utiliser la manière forte… Enfin… Quelle idée aussi de penser à ça ! A la mort de cette femme ! C’était complètement ridicule de penser ainsi ! S’il voulait éviter tout ça, alors il ne devait même pas penser à cette éventualité ! Il allait devoir lui voler… ce médaillon… Oui…

« Je t’ordonne de manger, Tery. » exigea Clari alors qu’elle remarquait parfaitement que quelque chose clochait avec le jeune homme.

« C’est bon… C’est bon… Ne me force pas non plus ! Ca ne mènera à rien sinon ! »

« On va vous laisser quelques minutes pour discuter entre vous deux… » répondit Oros alors que les deux autres personnes se levaient avec lui.

Quelques secondes plus tard, ils étaient seuls… Tery avait la tête baissée, finissant de manger alors que Clari triturait son nouveau collier. Aucun ne semblait vouloir parler à l’autre… La colère de ce matin était toujours très présente et vive. Enfin, ce fut elle qui prit la parole :

« Tu sais… Sincèrement… Hier… Je ne voulais pas t’offenser, Tery… »

« Tu ne m’as pas offensé… Tu n’as dit que la vérité… Je suis un paysan et tu peux t’offrir des dizaines et des centaines de colliers… »

« Mais il y a une chose bien différente entre tout ça… »

« Ah oui ? Et laquelle que je sache ? Je dormirai moins bête ce soir… »

« Ce collier a bien plus de valeur à mes yeux que si je l’avais acheté… »

« Qu’est-ce que ça veut dire par là ? » demanda t-il en arrêtant de manger, la regardant.

« Que tu es bien plus stupide que tu ne le crois. » répondit-elle avec un grand sourire.
Tsss… Il ne savait pas pourquoi… Mais il ne se sentait pas vexé par les dernières paroles de la jeune femme… Car elles n’avaient pas été dites sur un ton méchant… Non plutôt amusé… Il la regarda brièvement avant de finir de manger, la jeune femme aux cheveux blonds l’observant pendant ce temps.

Après le repas, elle lui prit les deux mains tandis qu’il ne savait pas où se mettre. Interdiction de retomber dans son piège ! INTERDICTION ! Il évita de la regarder mais elle le forçait à l’avoir en face de lui alors qu’elle gardait son sourire. Est-ce qu’il devait… parler de ce qu’il avait remarqué ? Elle alla dire sur un ton neutre :

« Au sujet de cette… jeune femme… nommée Perrine… Je dois prévenir Salazar de ce que j’ai vu… Il a dit : « Dès l’instant où vous voyez un collier ou un médaillon assez spécial, vous me le signalez tout de suite. » Je vais attendre qu’il revienne alors. »

Hein ? Que ? Quoi ?! Le médaillon ?! Salazar ?! HEY ! Il était au courant de tout ça ?! Et il avait prévenu les autres ?! Non… Clari ne semblait pas savoir ce que cela voulait dire… D’après le regard qu’elle avait… Il lui demanda d’un air neutre :

« Et pour ce collier ou médaillon… Tu ne crois pas que ça ressemble à une pierre de feu tout ce qu’il y a de plus banal ? Je ne vois même pas pourquoi Salazar t’a parlé de ça… Alors qu’il ne m’a rien dit de mon côté. »

« Normal. Il ne te fait pas confiance, Tery. Tu risquerais de tout faire capoter. »

« Et tu viens de me prévenir… Donc tu n’aurais pas fait une erreur justement ? » dit-il avec ironie, un léger sourire narquois aux lèvres.

« Car c’était peut-être voulu ? Pour que tu sois au courant toi aussi ? » répliqua t-elle sur le même ton en le regardant attentivement.

« Et à quoi ça te servirait de me dire ça ? »

« Oh… Je ne sais pas du tout… Juste envie de me faire pardonner pour ce matin ? Car j’ai… L’impression que tu m’en veux un peu. »

« Oh… Bien entendu… Comme si je ne pouvais pas t’en vouloir. Vous m’avez facilement pris tous la tête depuis qu’on est arrivé. »

« Peut-être parce que tu n’as pas un comportement qui prête à ce qu’on t’apprécie. »

« Si vous n’êtes pas contents de la façon dont je me comporte, vous pouvez tout simplement aller vous faire voir, d’accord ? Si tu veux tout savoir, moi aussi, j’ai quelque chose à faire de mon côté et ça concerne aucun de vous quatre ! »

« Tiens donc… Quelque chose de ton côté ? »

ET M… Il en avait trop dit maintenant ! Devant le sourire mi-intéressé, mi-amusé de la jeune femme, il émit un profond grognement pour lui dire de ne même pas chercher à l’ouvrir. C’était décidé, il allait y aller de son propre côté. ET SANS EUX ! Mais… Mais… Avant… Il devait se calmer et faire le vide en lui… Il prit une profonde respiration, disant d’une voix douce et lente voir même un peu inquiétante quand on le connaissait :

« Ca ne fait rien… Rien du tout… Héhéhé… »

« Tu ne veux rien dire ? Et je pensais que nous allions nous pardonner… »

Oh… Il lui avait pardonné… Bien entendu… Mais là… Il avait une autre idée en tête… Bien plus personnelle… Il allait se débrouiller de son côté… Pour empêcher que les autres fassent de bêtises… Il ne voulait rien avoir à faire avec eux.

Chapitre 8 : Investigation

ShiroiRyu
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Chapitre 8 : Investigation

« Et bien réveille-toi, mon petit Tery. »

Son petit Tery ?! Il ouvrit subitement ses yeux, se poussant de Clari avant de se retrouver tête la première contre le sol, le forçant à pousser un gémissement de douleur.

« Est-ce que ça fait mal, Tery ? » demanda t-elle avec amusement, mettant la couverture autour de son corps alors qu’elle était assise dans le lit.

« Tu vas voir si ça fait mal ! Je vais t’apprendre à me poser ce genre de questions ! »

« Au moins, tu es plein de vie et donc, c’est plutôt une bonne chose, héhéhé. Tu veux te retourner ? Ou alors me regarder m’habiller plus correctement ? »

« Je m’abstiendrai de ça. Vas-y, je reste couché au sol, toute façon, c’est là que j’aurai dut dormir à la base… pour éviter ce genre de soucis. » murmura t-il alors que la jeune femme se levait du lit, prenant ses affaires pour se remettre en tenue pour la mission.

Elle l’aida à se lever après, le jeune homme acceptant la main de Clari alors qu’il allait se passer un peu d’eau sur le visage. Pfff… Il faisait atrocement chaud. Même pendant la nuit, cela avait été horrible… Vraiment horrible…

« Tu veux bien te pousser ? Moi aussi, je dois me laver le visage hein ? »

Il recula de quelques pas, la laissant faire sa toilette alors qu’il rougissait faiblement. Il avait dormit avec elle toute une nuit ? Ils devaient rapidement trouver ce fichu médaillon et ensuite, partir d’ici au plus vite ! Il murmura d’une voix lente :

« Est-ce que les autres sont déjà levés ? »

« Comment est-ce que tu veux que je le sache ? J’ai passé la nuit avec toi, je tiens à te le rappeler. Je ne suis pas sensée connaître ce qui se passe en-dehors de la chambre, hein ? »

« Oui… Pardon… Ca me semble logique. » termina t-il en soupirant longuement. Bon… Est-ce qu’elle avait fini avec l’eau ou pas ? Il la regarda avec attention, la jeune femme se tournant vers lui avec un grand sourire, prenant sa Claymore pour la déposer dans son dos. Elle n’avait pas mal avec une telle arme attachée derrière elle ?

« Ce n’est pas trop lourd… Ce genre de trucs ? Je ne sais pas… J’ai plus l’habitude d’avoir des griffes qu’autre chose… Alors quand je te vois comme ça… »

« Oh… Tu t’inquièterais donc pour moi ? Je vais finir par croire que tu as de l’affection pour moi, Tery. Mais bon… En tant que mari et femme, c’est tout à fait normal non ? »

Il préféra ne pas répondre à la phrase de la jeune femme, quittant la chambre en premier avant d’être rapidement rejoint par Clari. Celle-ci alla lui prendre le bras avec affection alors qu’il soupirait. Vraiment… On voulait le marier avant l’heure… C’était quoi ce délire ?! Il n’était pas bon à marier ! Et surtout, il devait apprendre à connaître sa femme avant de vouloir l’épouser ! ET POURQUOI IL SE POSAIT CE GENRE DE QUESTIONS ?! C’était de la faute à Salazar et à ses idées foireuses !

Lorsqu’ils descendirent des étages pour retourner au rez-de-chaussée, ce fut pour remarquer que les trois autres membres étaient déjà en train de déjeuner. Salazar portait son habituelle cape brune autour de lui, annonçant :

« Et bien… Le sommeil a été assez lourd pour vous deux. J’espère que vous n’avez pas commis de bêtises. »

« Ah si vous saviez beau-père. » murmura Clari en poussant un petit rire, Tery rougissant violemment avant de s’asseoir à la table, Clari faisant de même de son côté.

Purée… Il ne savait même plus où se mettre ! La tête baissée, il préférait ne plus parler, mangeant son déjeuner avec silence alors que les autres personnes discutaient entre elles de tout et de rien. Vraiment… Quand on les écoutait, on pourrait penser qu’ils étaient vraiment une famille… Mais bon… Il ne savait pas quoi dire ou faire… Il n’était pas à sa place.

« Pardonnez-moi messire… Mais est-ce que moi-même, mes deux fils et leurs femmes peuvent quitter l’auberge pour parcourir la ville ? Je ne sais pas les restrictions que vos soldats nous ont données, c’est pour cela que je vous pose cette question. Si vous voulez bien y répondre, bien entendu. » demanda Salazar.

« Hum… Je vous conseillerai de rester ici tandis que je vais envoyer l’une de mes servantes pour contacter l’un des soldats. Je préfère prendre mes précautions… »

« Comme vous le désirez, nous serons alors patients. »

Un regard soutenu par tous et ils préféraient attendre que la serveuse revienne. Cela prit une demi-heure, demi-heure où ils passèrent à ne rien faire. Du moins, lui tentait de ne rien faire, les autres parlaient entre eux. Il ne se joignait tout simplement pas à la conversation. Il sursautait lorsque Clari lui prit la main sous la table, lui adressant un léger sourire alors que la serveuse revenait en signalant :

« Les soldats sont unanimes : Vous pouvez vous balader dans notre ville mais il vous est interdit de la quitter. Des soldats sont de toute façon posés tout autour de celle-ci. »

« Aucun problème. Puisque nous avons l’autorisation, nous allons commencer la visite tout de suite. Nous reviendrons à l’heure du déjeuner. »

Il se leva de sa chaise, les quatre autres personnes faisant de même alors qu’ils quittaient l’auberge. Main dans la main, les deux couples suivaient Salazar alors que Tery tentait de retirer sa main de celle de Clari, celle-ci la tenant avec force. Interdiction de faire l’enfant ! Ils devaient montrer qu’ils étaient un couple heureux.

« Nous irons nous séparer très bientôt… Je vous fais confiance… Nous irons chacun de notre côté… Vous coupez la ville en trois, d’accord ? »

Ils hochèrent la tête aux ordres de Salazar, les cinq personnes se séparant en trois groupes tandis qu’ils devaient se mettre en route. Dès qu’ils furent séparés, Tery retira sa main de celle de Clari, baissant légèrement la tête en murmurant :

« Maintenant, c’est bon, il n’y a plus besoin de faire semblant. »

« Comme tu le désires, Tery. »

Elle n’allait pas le forcer. Ce n’était simplement qu’un jeu… Côte à côte, sans se tenir la main, le duo commença à observer les alentours de l’endroit où ils étaient. Trouver des indices… Mais sur quoi ? Sur les plans qu’ils allaient devoir récupérer. Mais quels plans ? Pfff… C’est vrai qu’au final, il ne savait pas grand-chose… Il devait l’avouer. Il regarda Clari maintenant qu’elle ne lui tenait plus la main, lui demandant :

« Au passage… Sincèrement… On est sensés prendre des informations comment ? »

« Et bien… En regardant autour de soi, non ? Tu ne crois pas que ça soit une bonne idée ? »

« Oui… C’est malin en y réfléchissant… »

Il poussa un profond soupir : Qu’est-ce qu’il pouvait dire comme bêtises des fois… La main de la jeune femme alla chercher la sienne sans qu’il ne le remarque réellement, les deux personnes se mettant à vagabonder à travers les ruelles. En regardant de plus près, la majorité des échoppes était surtout basée sur les armes et les armures.

« Honoros est un pays basé sur son aspect militaire. Même Shunter ne pourrait rien faire réellement si Honoros décidait de prendre les armes et de tout raser… »

« Alors pourquoi Honoros n’attaque pas en premier ? Qu’est-ce qu’il l’en empêcherait ? Que je sache… Si il est capable… »

« L’honneur… S’en prendre aux plus faibles ne fait pas partie de leurs habitudes. Dès l’instant où quelqu’un tente de lever la main vers eux, ils réagiront… Mais ils ne feront jamais le premier pas lors d’une guerre. »

« Est-ce que ça veut dire que pour l’instant, Honoros ne fait que s’amuser avec notre armée ? » demanda t-il sur un ton inquiet alors qu’ils arrêtaient de marcher.

« Tu ne devrais pas t’emporter aussi facilement… Mais oui… C’est à peu près ça… Sans l’être réellement. Honoros n’a envoyé qu’une partie de ses clans les plus faibles… Mais dès l’instant où les soldats et les hommes du clan où nous sommes ou d’autres aussi forts iront combattre… Alors là, Shunter aura de graves problèmes. »

« Forts… Forts… Je n’en suis pas sûr. » dit-il avec peu d’entrain dans la voix, regardant la jeune femme avec attention. Elle comprenait parfaitement ce qu’il voulait dire par là.

Hihihi ! Son cas à elle était assez spécial aussi, il fallait dire. Avoir une claymore comme arme et faire deux mètres de hauteur, cela était assez normal d’être au-dessus des autres non ? Surtout quand on était une soldate. Elle l’observa avec amusement, lui faisant un sourire délicat alors qu’elle se remettait en route pour parcourir la ville.

« On continue à visiter si tu le veux bien ? Après ce petit cours de comparaison, je suis sûre que tu n’as pas envie de rester planté là, alors viens, Tery. »

Elle émit un petit rire, l’emportant à nouveau avec elle alors qu’ils se remettaient à visiter les différentes ruelles. Encore une fois, il se retrouva main dans la main avec Clari, n’ayant plus la force et surtout le moral pour arrêter ce petit jeu. Ils arrivèrent devant une boutique vendant quelques colliers avec des pierres précieuses, toutes brillant comme des rubis.

« Des pierres de feu ma petite dame ! » alla dire le marchand en voyant l’intérêt de Clari vers ces pierres qui brillaient d’un bel éclat.

« Qu’est-ce qu’elles ont de si spécial ? » demanda t-il d’un air neutre.

« Héhéhé ! Pour nous, elles n’ont aucun effet mais pour les personnes d’autres royaumes qui ne sont pas adaptées à la chaleur, cela permet de produire une source non-négligeable de chaleur. Elles servent à réchauffer le corps humain quand la pierre est en contact contre la peau. C’est surtout pour les touristes qu’elles sont utiles. »

« Combien ? » demanda t-il une nouvelle fois sur le même ton alors que Clari tournait son visage vers lui avec un peu de surprise.

L’homme lui annonça un prix plutôt onéreux alors qu’il serrait les dents. Vraiment… Ce n’était pas donné ! Mais avec le petit… bonus qu’il avait eu de la part de la maréchale lors du combat contre le Glumarx… Il pouvait… non ? Il sortit quelques pièces avant de les mettre dans la main de l’imposant homme, celui-ci laissant Clari choisir parmi les différents colliers. C’est vrai… Elle pouvait même choisir parmi ceux de très bonne qualité ou dont les pierres brillaient bien plus fortement que d’autres. Elle se décida pour un collier fait de métal vert avec une pierre de petite taille mais dont la lueur était aussi puissante que ceux faisant le triple de sa taille. Le marchand annonça d’une voix calme :

« C’est vous sinon les gens venant de Shunter ? Ne vous en faites pas pour nos aprioris. Nous ne sommes guère mécontents d’avoir quelques visiteurs de temps en temps malgré la guerre. Simplement, les soldats étant des soldats, ils restent toujours sur le qui-vive et il est normal que toute la ville soit inquiète quand des personnes issues du royaume avec lequel nous sommes en guerre arrivent chez nous. Pourtant, à vous regarder tous les deux et malgré la magnifique arme de la demoiselle, on n’a pas de quoi s’en faire. »

« Merci beaucoup mon cher et tendre ! » alla s’écrier Clari alors que ses lèvres se posaient sur la joue du jeune homme, celui-ci se mettant à rougir en balbutiant :

« Oui… Y a rien à faire… Enfin oui… Euh… C’est bon ! On s’est donnés en spectacle ! Et bonne journée à vous aussi ! »

PFFFF ! Il prit la main de Clari, courant avec elle pour quitter cet endroit. QUEL IDIOT ! Ce n’était qu’un jeu mais ça dépassait les bornes ! Il entendait la jeune femme aux cheveux blonds qui rigolait avec entrain alors qu’ils couraient tout les deux pendant plusieurs minutes jusqu’à ce qu’ils puissent s’arrêter. MAIS QUEL IMBECILE ! Exténué et à bout de souffle au contraire de Clari, le jeune homme chercha un endroit où s’asseoir, remarquant un banc au loin. Il se dirigea vers celui-ci, s’écroulant dessus alors que Clari venait le rejoindre.

« Et bien… On dirait que tu étais poursuivi par une meute… »

« Je ne veux rien entendre… s’il te plaît… »

« Hum… Et pourquoi ça ? Car tu m’as offert quelque chose qui coûte relativement cher ? Alors que tu te doutes parfaitement que je pourrai m’en acheter des dizaines voir des centaines à cause de ma condition de noble ? »

« Vas te faire voir ! C’est tout ! Je n’ai rien d’autre à dire ! »

Elle éclata de rire alors qu’elle se mettait de côté, tendant en arrière le collier avec la pierre de feu au bout. Elle lui demanda d’une voix douce :

« Et bien… Est-ce que tu pourrais m’attacher le collier s’il te plaît ? Je vais avoir un peu de mal, je dois te l’avouer… »

Et puis quoi encore ?! Il n’était pas là en tant que bon samaritain ! Pourtant, il déplaça l’arme de la jeune femme, se mettant près d’elle alors qu’il tentait maladroitement de lui mettre le collier autour du cou. Quand ce fut le cas, elle lui prit les deux mains dans les siennes, le tirant contre elle pour qu’il puisse être collé contre son dos.

« Héhéhé… Merci beaucoup, Tery. Tu penses que l’on doit rentrer ? Ils vont s’inquiéter à force… Ton père et ton frère n’aiment guère te laisser seul, n’est-ce pas ? »

« Si tu le dis, Clari… Si tu le dis… Je veux bien que l’on y aille… Enfin oui… »

Il ne savait pas réellement quoi dire. Elle retira ses mains, se levant du banc avant de mettre sa claymore dans son dos, Tery se relevant à son tour. Elle lui prit la main, le jeune homme se laissant faire alors qu’ils retournaient en direction de l’auberge. Combien d’heures s’étaient écoulées ? Deux ou trois non ? Enfin bon… Ils étaient partis assez de temps pour avoir un petit creux. En y réfléchissant bien, ils ne s’étaient pas réellement nourris dans la matinée.

Lorsqu’ils revinrent dans l’auberge, ils purent remarquer que les trois personnes étaient déjà présentes, déjeunant sans même les attendre. Clari alla les saluer, invitant Tery à la suivre pour qu’ils puissent s’installer. Elle héla une serveuse, demandant ce que le jeune homme voulait manger tandis qu’elle prenait déjà sa commande. Il murmura qu’il n’avait pas réellement faim mais elle lui prit à manger alors qu’il remarquait qu’ils étaient à une table assez isolée des autres. Hum… A cause d’eux ? Ou alors parce qu’ils avaient des choses à se dire ? Eliza passa une main dans sa mèche de cheveux blancs avant de regarder Clari, lui disant avec un léger sourire :

« Qu’est-ce donc ce que tu as autour du cou ? »

« Oh… Un petit cadeau de la part mon mari : Plutôt joli non ? C’est une pierre de feu. »

Les deux femmes rigolèrent légèrement ensembles alors qu’il détournait le regard. Il avait l’impression d’avoir commis une effroyable bêtise tandis que Salazar et Oros observaient le jeune homme aux cheveux bruns. Salazar émit un léger toussotement pour dire aux deux femmes de se taire tandis que la serveuse arrivait avec les plats pour Tery et Clari.

Lorsqu’elle fut partie alors que les deux personnes se mettaient à manger, Salazar prit la parole d’une voix neutre, disant à Oros et Clari :

« Qu’est-ce que votre exploration a donné pour vous deux ? »

« Et bien, de notre côté, nous nous sommes baladés assez près du bord de la ville pour voir où sont localisés majoritairement les soldats. Visiblement, comme il faut s’en douter, ils sont proches des portes mais il y a aussi quelques soldats perchés sur des bâtiments en hauteur. »

« Donc il faut prévoir ce genre de choses… De mon côté, j’ai pris quelques données que j’ai notées sur quelques bouts de papier combustibles. Je vous en donnerai un pour chaque couple. Vous pourrez le lire et ensuite, il brûlera. » répondit Salazar avant de se tourner vers Clari et Tery, les deux personnes arrêtant de manger. Clari alla dire :

« Et bien pour nous… Malgré la folle course que Tery m’a donnée, j’ai put constater que les gens n’étaient pas forcément inamicaux par rapport à nous. Ils sont stressés et sur le pied de guerre mais ils ne semblent pas s’inquiéter de notre présence. Tery exécute parfaitement son rôle de mari. A croire qu’il m’aime réellement. »

« Même pas en rêve. » répondit-il tout de suite sur un ton sec alors qu’elle le regardait avec amusement, reprenant d’une voix douce :

« Pourtant, tu m’as offert un cadeau qui doit être hors de prix pour un homme comme toi. »

« C’est bon… J’ai plus faim. Je vais dans ma chambre. Pour cet objet, Clari me l’emmènera. »

Il se leva de sa chaise, ayant à moitié mangé dans son assiette avant de monter à l’étage. C’est bon… Elle lui avait pris la tête… Comme d’habitude, il n’allait rien suivre mais il s’en fichait royalement. Sincèrement, si ça les amusait de jouer à ça, alors tant mieux pour eux ! C’était pour ça qu’il détestait ce genre de plan foireux !

« J’ai voulut lui offrir ce pendentif car ça lui plaisait… J’aurai fait de même avec n’importe quelle fille que je connaissais… »

C’était stupide de réagir comme il l’avait fait… Mais il n’avait aucune connaissance avec les filles alors bon… Est-ce qu’il en avait trop fait ? Il ne savait pas ! Il s’engouffra dans sa chambre, les laissant discuter entre eux. Salazar annonça d’une lente à Clari :

« Evite de t’amuser avec lui. Je sais très bien qu’il débute et que la maréchale Nali nous a dit de l’éduquer correctement mais… Il m’a l’air assez fragile psychologiquement. Alors évite de trop jouer avec son caractère. »

« Oh… Mais ce n’est pas forcément un jeu non plus, Salazar. Ca me plaît vraiment ce petit cadeau. Je ne sais pas, je le trouve mignon en un sens. » répondit-elle avec un sourire.
Oros et Eliza haussèrent un sourcil désapprobateur alors que Salazar ruminait dans ses pensées. Non… Vraiment… Ca ne lui plaisait pas tant que ça… Ils devaient éviter de faire une bêtise avec toute cette histoire… Sincèrement… Les enjeux étaient bien plus importants… Et surtout, leur vie en dépendait.

Chapitre 7 : Le déclenchement de la mission

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Chapitre 7 : Le déclenchement de la mission

« Un père de famille… Et ses deux fils ? Ainsi que leurs femmes ? Alors pourquoi est-ce que celle-ci porte une épée aussi grande que son mari ? » demanda l’un des hommes en désignant Clari, celle-ci tenant le bras de Tery contre sa poitrine en souriant.

« Et bien… Nous avons appris que les clans d’Honoros ne se préoccupaient pas tellement de quel sexe était une personne tant qu’elle était forte… C’est donc le cas avec ma belle-fille que vous voyez là. Vous remarquerez aussi que mon fils est un peu gringalet par rapport à elle. » dit Salazar en désignant Tery.

HEY ! Il allait sérieusement se vexer si ça continuait ! Il resta parfaitement muet, baissant la tête alors que les soldats semblaient un peu dubitatifs. Enfin… Cette femme était quand même gigantesque… Même si elle ne faisait pas partie d’Honoros… C’était une taille plus qu’honorable… Et avec une épée comme ça… Peut-être que…

« Vous venez de Shunter, vous êtes d’un royaume qui nous a déclaré la guerre il y a quelques mois. Pensez-vous vraiment avoir la possibilité de venir dans l’un des clans d’Honoros ? Surtout NOTRE clan ? Vous ne semblez pas belliqueux mais nous allons vous demander de bien vouloir partir… Des étrangers sur nos terres ne sont pas les bienvenues dans Honoros… Surtout quand ils proviennent de Shunter. »

« Nous pourrions peut-être faire un combat ? Pour vous montrer que nous sommes assez qualifiés pour venir rejoindre votre clan ? Même si ce n’est que quelques jours avant que vous ne vouliez qu’on aille dans un clan mineur. » demanda Clari en posant la main droite sur la garde sa claymore.

« Voyons ! Nous n’allons pas déranger ces mes… » dit Salazar en se tournant vers Clari d’un air légèrement surpris bien qu’on ne pouvait pas voir son visage.

« HAHAHAHA ! Elle est comique votre belle-fille ! » répondit l’un des soldats avant de descendre de sa monture, reprenant la parole après quelques secondes : « Faut avoir du courage… ou alors être complètement insouciante pour tenter de provoquer un soldat d’Honoros sur le domaine du combat ! Tout n’est pas une question de taille. »

« Tu devrais quand même faire attention… On ne sait pas… au cas où. » répondit un second soldat à celui qui s’était exprimé de vive voix.

« Si elle, elle gagne, alors moi, je peux arrêter d’être soldat ! Elle n’arrivera à rien ! Tu peux me faire confiance ! Si elle gagne alors ils peuvent venir pour quelques jours chez nous et si on demande des explications, tu diras que c’est de ma faute, d’accord ? »

« Comme tu veux… Mais ne viens pas te plaindre car je t’aurai prévenu… Vous pouvez vous battre si vous le désirez… » termina le second soldat alors que tous s’éloignaient.

Tery observa Clari, celle-ci lui faisant un grand sourire alors qu’il se demandait de quoi il devait être inquiet : Que tout se déroule très mal à cause de la jeune femme, que celle-ci soit considérée comme sa fiancée, que le plan de Salazar était plus que douteux ou alors… Le simple fait qu’on le traite de gringalet ? Car c’était quand même assez vexant. Il était vrai qu’il n’était pas forcément très musclé… ou grand mais bon… Quand même…

« Avant de vouloir nous battre, la magie est utilisable ou non ? Que je sache au cas où. »

« Je veux bien te laisser utiliser ta magie, il te faudra bien ça pour essayer à peine de m’égratigner, héhéhé. »

Le second soldat poussa un profond soupir désabusé alors que le reste des soldats haussaient les épaules comme pour dire que ce n’était plus leur problème dorénavant. Clari fit un grand sourire à l’homme, un léger vent commençant à souffler en direction du soldat, celui-ci sortant deux épées courtes de même taille.
« La taille ne fait pas la puissance. Avoir une grosse épée ne t’oblige pas à avoir plus de force dans ton arme… Et ainsi, je… »

« On commence ? Ou on continue de parler ? » répondit Clari en gardant le sourire.

AH ! Elle voulait donc jouer à ça ? D’ACCORD ! Aucun problème ! Il se mit à courir à toute allure vers Clari, celle-ci restant parfaitement immobile en n’ayant toujours pas dégainé son arme. Elle fit un simple pas sur le côté mais le soldat alla réagir tout de suite, faisant la même chose pour se retrouver à nouveau en face d’elle.

« Oh ! Tu sais très bien te déplacer… Tu ne me perds pas de vue ! »

« A qui tu pensais avoir affaire ?! Je suis un soldat d’Honoros, l’un des meilleurs dans ce clan ! Ce clan est l’un des plus… »

Il s’arrêta subitement de parler alors qu’une bourrasque venait l’immobiliser dans sa course, l’homme semblant surpris. Tout de suite, Clari alla donner un violent coup de pied dans le ventre du soldat, le projetant en arrière en même temps qu’un vent puissant l’envoyait tout simplement contre un arbre. Tout cela… provenait de ses pieds ?

« Hey ? Déjà terminé ? Pourtant, je n’ai fait que m’échauffer ! Ce n’est pas très drôle. »

« T… Toi… Toi tu vas voir ! Attends un peu, je… »

C’était quoi ?! Elle flottait au-dessus du sol ?! Non… Ce n’était pas des pouvoirs… psychiques… mais simplement… Le vent qui la soulevait comme si elle était aussi légère qu’une plume… Elle reprit d’une voix amusée :

« Et bien ? On dirait que je t’effraie… Ce n’est quand même pas à cause de ce petit tour élémentaire que tu as peur n’est-ce pas ? »

« Arrêtons-en là… Cela se voit très bien que vous êtes au-dessus de notre niveau, jeune demoiselle. Avec une femme comme vous, il est sûr que votre fiancé chétif n’a rien à craindre. » dit le second soldat, celui qui s’était souvent exprimé pour contester ce duel qui n’avait jamais eut de raison d’être.

Terrifié… C’était ce qu’il était en voyant Clari… Il avait eut raison…Sur toute la ligne… Ils étaient tous bizarres ici ! Mais surtout elle… Elle… Elle avait juste… Juste… éliminer complètement son adversaire… L’autre n’avait rien put faire réellement…

« Alors, qu’est-ce que vous allez faire maintenant ? Allez-vous tenir vos promesses ? » demanda Salazar alors que le premier soldat semblait ne pas comprendre ce qui s’était passé.

« Hum… Même si nous ne sommes pas responsables de ses paroles, les promesses et notre code d’honneur nous empêchent de vous laisser seuls. Vous pouvez nous accompagner… Nous vous emmènerons dans notre clan pour quelques jours seulement. »

« Soit… Mes fils… Suivons-donc ces hommes. Nous avons donc un toit pour cette nuit. »

D’accord ! Au moins… Pour l’instant, ils étaient sauvés n’est-ce pas ? Il regarda Clari qui revenait vers lui, la jeune femme venant reprendre son bras avec un grand sourire avant d’approcher sa bouche de son oreille, lui murmurant :

« Alors… Qu’est-ce que tu en as pensé, mon petit homme ? »

« Rien de bien malheureusement… Savoir que tu es capable de faire ça ne me réjouit pas vraiment si tu veux tout savoir… »

« Oh… Ne me dit pas que je te fais vraiment aussi peur que ça ? Pourtant, je n’ai pas l’air si méchante… Non ? »

« Pour quelqu’un qui a juste rétamé un soldat… d’Honoros… Sans lui laisser de chance… »

« Il m’avait tout simplement provoqué. Je n’ai fait que répondre à sa véhémence. »

Mouais… Il n’était franchement pas convaincu par tout ça s’il pouvait le dire… La jeune femme émit nouveau sourire tandis que tous et toutes suivaient les nombreux soldats sur leurs chevaux bicéphales. Les minutes s’écoulèrent tandis que le jeune… couple discutait entre eux à nouveau, ne pouvant s’empêcher de se disputer… Du moins, c’était Tery qui se disputait et non pas Clari qui ne faisait que l’écouter et lui répondre gentiment.

« Pourquoi est-ce que tu me colles autant ? »

« Et bien, car cela prouve simplement que je t’aime non ? »

« Ne m’aime pas trop, merci bien. » grogna t-il en poussant un petit gémissement plaintif.

Est-ce qu’ils s’aimaient vraiment ? Ce fut la question que posa l’un des soldats envers Salazar après les petites scènes de ménage entre Tery et Clari. Le jeune continuait à chaque fois les disputes incessantes avec Clari alors que celle-ci gardait un calme olympien, tout le contraire de son caractère habituel.

« Est-ce qu’il est possible de lui clouer le bec ? » demanda l’un des soldats alors que Tery n’arrêtait pas une seule seconde de se disputer avec Clari.

« J’aimerai bien… Mais vous savez… Qui aime bien, châtie bien… Il n’ose pas vraiment l’avouer car nous ne sommes pas seuls mais il aime beaucoup sa fiancée. C’est simplement qu’il a du mal à l’exprimer d’une façon un peu plus… normale. »

Mouais… Enfin bon… Ce n’était pas l’heure de penser à tout ça. Ils devaient emmener ces cinq personnes dans leur clan… Et tout cela à cause d’une fichue promesse de la part de l’un des leurs… Le jeune homme aux cheveux bruns semblait s’être enfin calmé alors que les flammes que les cinq personnes avaient vues auparavant se présentaient au fur et à mesure de leur avancée. Des flammes vraiment gigantesques… Plus que gigantesques même…


Ils arrivèrent devant ce qui semblait être le village du clan, Tery s’étonnant de voir que celui-ci n’était pas forcément plus différent que le sien. Du moins… Comment dire… Il pensait être vraiment époustouflé par la différence mais les bâtiments n’étaient pas si différents… Outre le fait qu’il y avait des flammes de trois à quatre mètres de hauteur un peu éparpillées autour d’eux, tout n’était pas si différent…

« Nous allons vous trouver une auberge pour les prochains jours. Néanmoins, nous vous déconseillons de vouloir quitter la ville sans nos ordres, cela risquerait d’être très mal pris. » dit le second soldat en se tournant vers eux.

« Pour éviter que nous soyons suspicieux n’est-ce pas ? C’est une très bonne chose, cela permet d’éviter les ennuis et surtout les personnes malintentionnées. » répondit Salazar.

« Vous comprendrez que malgré vos absences d’intention belliqueuses, nous ne pouvons faire confiance à des étrangers et encore moins en période de guerre et SURTOUT venant du royaume qui nous déclare la guerre. »

« Votre bonté vous honore… Et vos promesses aussi. Nous sommes heureux de savoir que des réfugiés comme nous peuvent espérer trouver une place en Honoros. »

« Oui… Oui… Vous avez quand même de quoi vous payer une auberge ? La monnaie en cours étant la même partout… Puisque ce n’est pas nos… »

« Ne vous en faites pas pour l’argent, nous avons les moyens. » répondit à nouveau Salazar alors que Tery restait muet ainsi que les trois autres personnes avec lui.

Lui-même était intrigué par tout ce qui l’entourait : Il ne voyait pas les gens d’Honoros comme des êtres suspects… Bon après… Ils étaient grands, très grands, autant voir plus que Clari… Et de l’autre côté, ils ne semblaient pas mauvais pour autant. En fait, certains les regardaient avec étonnement. Il pût les observer plus en détails maintenant qu’il ne les combattait pas. La taille minimale devait avoisiner les 1 mètres 90, donc minimum 20 centimètres de différence avec lui. Au niveau des muscles, que cela soit homme ou femme, tous semblaient être très bien fournis bien que du côté des femmes, cela ne les rendait pas disgracieuses pour autant.

« Je t’interdis de regarder d’autres femmes que moi, Tery ! » s’écria Clari en lui tirant l’oreille, le faisant gémir de douleur alors qu’il criait à son tour :

« Pas besoin de faire ça ! Je ne suis pas bête ! Je sais ce que je risque, punaise ! Ca fait mal ! Arrête ! Je ne fais qu’observer les environs ! »

Ce qui était vrai… Elle lui relâcha l’oreille alors qu’il se remettait à regarder autour de lui. A cause de la chaleur, chaleur très forte en y réfléchissant bien, ils avaient une peau plus foncée… Un peu bronzée… Mais ils n’étaient pas tous comme ça… Etait-ce vraiment à cause de la chaleur ? Ou alors peut-être qu’ils mettaient différentes crèmes pour ça… Enfin, dans la globalité, ils étaient tous avec une peau bien plus foncée.

« Voilà l’auberge où vous logerez pour les prochains jours. Vous ne pourrez pas dormir autre part en attendant… Je vais arrêter de m’expliquer. »

Oui… Cela valait mieux car tout ça lui portait sur les nerfs. Accompagnés par les soldats, les cinq personnes pénétrèrent à l’intérieur de ce qui semblait être un bâtiment de très bonne facture puisqu’il avait quatre étages et surtout une bonne allure… Les murs n’étaient pas effrités, les serveuses ne semblaient pas dévergondées… Enfin quand il jetait un regard à l’intérieur… L’un des soldats se dirigea vers l’aubergiste, annonçant :

« Ils sont de Shunter mais à cause d’un pari stupide crée par l’un d’entre nous, ils resteront ici une semaine au maximum. Interdiction pour eux d’aller dormir ailleurs. »

« Combien de chambres je dois leur réserver ? C’est vous qui payez ou alors… »

« Trois chambres pour eux, un pour chaque couple et une dernière pour le père. Ils payent de leurs poches, nous sommes en guerre, on ne va pas accepter les réfugiés et leur donner un toit sans rien non plus… Surtout venant de Shunter. Bon… On te laisse. »

Qu… Quoi ? Une chambre pour chaque couple ?! Il tourna son visage vers Clari alors que les soldats quittaient l’auberge, toutes les têtes tournées vers eux. Il avait cru mal entendre… Pourtant… Pourtant… Devant le sourire de la jeune femme aux cheveux blonds, il alla déglutir alors que celle-ci allait prendre la clé que l’aubergiste leur tendait :

« On vous surveille quand même… Peut-être que vous avez fait une promesse avec l’un de notre clan mais au final, ce n’est pas pour ça qu’on vous fait confiance. »

« Ne vous en faites pas pour cela, nous serons discrets. » répondit Salazar en récupérant sa clé tandis qu’Oros prenait la dernière, les cinq personnes grimpant à l’étage…
Un rapide coup d’œil et ils comprirent rapidement qu’ils étaient à des étages séparés… Comme par hasard… Salazar poussa un profond soupir, observant tout le monde avant de rejoindre le second étage, là où se trouvait sa chambre. De l’autre côté, Oros et Eliza grimpaient au troisième étage tandis que lui-même… et Clari… allaient vers le quatrième étage… Il alla déglutir alors qu’elle le tirait vers la chambre, ayant pénétré à l’intérieur. Tout de suite, il se retrouva projeté sur le lit, rouge de gêne en bafouillant :

« Hého ! Je… Je ne compte pas du tout… Je te préviens que… »

« Hum… Je ne sais pas trop… Un nouvel endroit où nous pouvons nous aimer… Tu ne trouves pas ça excitant ? » dit-elle en verrouillant la porte derrière elle.

« Je ne suis pas comme ça ! Et je ne veux pas… »

Une main se posa sur sa bouche, lui demandant ainsi de se taire alors qu’elle venait s’asseoir sur le lit, à côté du jeune homme. Pendant plusieurs secondes, ils restèrent ainsi avant que la jeune femme ne retire sa main de la bouche de Tery, annonçant avec un sourire :

« Et bien… Tu pourrais être plus discret… Tu ne voudrais pas que des gens nous entendent, n’est-ce pas ? Cela serait vraiment mal placé ! »

« Je laisse tomber… J’ai joué… le jeu… en faisant le type qui n’était pas vraiment d’accord pour le mariage et qui était gêné… devant eux… Pour que ça soit plus crédible mais là… Je ne comprends plus vraiment ce qui se passe… »

« Tu as très bien joué… Tu n’es pas aussi stupide que tu le montres quand tu veux. »

« Je ne sais pas si je dois prendre ça comme un compliment ou non… »

« On devrait aller se coucher plutôt, qu’est-ce que tu en penses ? »

« Comment ça se coucher ?! Je ne compte pas… Je ne compte pas dormir avec toi ! »

« Et pourquoi mon amour ? Allons… »

Elle le plaqua sur le lit, le jeune homme se mettant à trembler. Elle était grande… et forte… Et puis… Loin d’être disgracieuse… Il alla déglutir, la jeune femme aux cheveux blonds se retrouvant sur lui alors qu’il se mettait à trembler… de peur ou d’excitation ?

« Et bien… On dirait que tu te sens fin prêt… Je me disais bien qu’il fallait juste que tu te relaxes un peu… Tery… Qu’est-ce que tu en penses ? »

« J’en pense que… Je ne veux pas ! Je ne veux pas du tout ! »

Pourtant… Ils allaient devoir jouer la comédie jusqu’au bout. Elle alla se coucher à côté de lui, émettant un petit rire avant de le serrer dans ses bras bien qu’il lui tournait le dos. Elle lui souffla dans le creux de l’oreille avec tendresse :

« Je vais devoir me changer pour mettre une tenue… un peu moins lourde… surtout avec cette chaleur… »

« Fais comme tu veux ! Je ne veux rien savoir moi ! Et puis que je sache… Tu es noble non ? Alors pourquoi est-ce que tu te comportes comme ça ?! » dit-il alors qu’elle s’était relevée.

Le jeune homme ne se retournait pas, entendant les bruits de vêtement qui tombaient au sol alors qu’elle murmurait d’une voix calme :

« Parce que je suis noble, je dois donc te parler sur un ton pédant ? Et je dois considérer que vu ton caractère, tu n’es qu’un simple fils de paysan, c’est ça ? »

« Je… Je n’ai jamais dit ça ! C’est juste que… Tu te prétends noble… Et de l’autre côté… Tu te comportes comme une femme… Pas de petite… vertu… mais enfin… Pas de façon… noble ? Enfin… Je me comprends… et c’est bizarre. »

« Visiblement, tu ne devais pas sortir souvent de chez toi quand tu n’étais pas un soldat. Arrête de juger les gens par rapport à leur classe sociale ou leur apparence et ils feront de même de leur côté. Est-ce que j’ai vraiment considéré que tu n’étais qu’un petit homme chétif et ridicule ? Je ne crois pas. »

Elle revint dans le lit, le jeune homme observant la fenêtre et surtout le soleil qui disparaissait à travers celle-ci… Même ici, le soleil se couchait… bien que cela était assez tôt… Et pourtant, la lumière ne disparaissait pas ou peu… Les lueurs des flammes gigantesques non ? Il murmura :

« Je m’excuse pour ce que j’ai dit… Je ne le pensais pas… »

« Tu le pensais sincèrement. Je ne suis pas idiote, je sais parfaitement lorsqu’on ment ou non… Je suis une noble alors bon… Tu sais… Je m’y connais en petits mots mensongers juste pour plaire à la personne en face de soi. »

« Si tu le dis… Enfin bon… Il va faire très chaud… Donc, si tu peux éviter de te coller à moi, alors je… AHHHH ! »

C’était tout le contraire qui venait de se produire ! Les bras de la jeune femme entourèrent son torse alors qu’il sentait le corps de Clari contre son dos, le faisant trembler. Elle annonça d’une voix amusée :

« C’est quand un homme dit une telle chose qu’il est facile de deviner qu’il veut le contraire, n’est-ce pas mon amour ? »

« Ce n’est plus très drôle, Clari… S’il te plaît… »

« Allons-bon, Tery… Tu ne penses quand même pas que je vais te lâcher… Tu es un jeune homme très timide non ? »

Que ça soit vrai ou non, il s’en fichait royalement ! Il sentit les deux bras se retirer de son cou alors que la jeune femme se retournait, collant son dos contre le sien. Elle reprit :

« Ne t’en fait pas, je ne te ferai rien pendant la nuit. Je n’irai pas te dévorer… Et oui, il fait beaucoup trop chaud pour que nous puissions dormir l’un contre l’autre. Par contre, demain, essaye de jouer un peu plus le jeu d’accord ? »

« Si tu parles de faire semblant d’être ton mari… Je n’apprécie vraiment pas cette idée… »

« Il faudra pourtant l’accepter, Tery. Sans ça, nous ne pourrons pas passer réellement inaperçus. Demain commencera notre mission d’infiltration. »

« Oui… C’est vrai… C’est presque si je l’avais oublié… »

« Alors bonne nuit, Tery… Et à demain. »

« AH ! Oui… Oui… Bonne nuit. »

Il n’avait plus l’habitude qu’on lui souhaite une telle chose… C’est vrai quoi… Il dormait dans une tente à part, il avait eut une chambre à part lorsqu’il avait été lieutenant… Et maintenant… Ah… Maintenant… Maintenant… C’était assez différent… Et il dormait avec une jeune femme dans son lit ! AH ! C’était déjà arrivé auparavant avec Elen… Mais ce n’était pas pareil… Bon… Dormir… Tout simplement… Et fermer… Ses yeux…

Chapitre 6 : Chez l’ennemi

ShiroiRyu
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Chapitre 6 : Chez l’ennemi

« Pourquoi tu as arrêté ton golem, Tery ? » demanda Clari alors que la matinée était arrivée après les nombreux tours de garde effectués sans problème.

« Tu n’es pas obligée de dire à tout le monde que je sais faire des golems hein ? »

Pourtant, tous s’étaient arrêtés pour le regarder, le jeune homme observant les différentes personnes pour savoir c’était quoi le souci avec ça. Salazar prit la parole d’une voix calme :

« Est-ce vrai ? Si c’est le cas, est-ce que tu es capable de nous en faire une démonstration ? »

« Oui… Mais je préfère éviter… Je n’aime pas montrer ma magie inutilement… »

« Hum… Et est-ce que ce golem est capable de te retranscrire ce qu’il voit ? Il pourrait nous servir dans le futur… »

« Je ne crois pas en être capable… Ou du moins… Je n’en suis pas sûr. »

Mais c’était quoi ces questions auxquelles il devait répondre ? HEY ! Est-ce que cet homme était aussi un contrôleur de la terre ? Et créateur de golems ? Impossible… Puisqu’il n’était pas de l’élément de la terre mais du feu. Salazar poussa un léger soupir avant de dire :

« Bon… Cela ne fait rien. Nous n’allons pas perdre inutilement du temps. Continuons notre route, il nous faut encore deux à trois jours de marche d’après ce que je crois avant d’arriver dans l’une des villes du clan. A partir de là, nous établirons quelques consignes. »

D’accord, d’accord. Ils hochèrent tous la tête : Même si Salazar s’était un peu improvisé chef de la bande et bien qu’on ne le voyait pas réellement sous cette cape, tous savaient qu’il valait mieux l’écouter car sa voix montrait clairement son expérience.

Ils se remirent en route, Clari marchant à côté de Tery alors que celui-ci n’avait pas envie de lui parler. Elle aurait put se taire n’est-ce pas ? Mais non ! Pourquoi est-ce qu’elle avait parlé ? Il poussa un profond soupir, la jeune femme aux couettes blondes, prenant la parole :

« Hey… Pourquoi est-ce que tu boudes cette fois ? Tu sais que c’est assez lassant des fois ? »

« Devine donc… Pourquoi est-ce je devrais t’en vouloir cette fois-ci ? »

« A cause du golem, n’est-ce pas ? Tu n’as pas besoin de te mettre dans cet état. Enfin bon… Continue de faire ta mauvaise tête, ça se voit que tu n’es qu’un enfant. »

« Tu m’insultes puis ensuite tu te barres. C’est vraiment très courageux de ta part, Clari. Enfin, je n’en doutais pas réellement. »

« Continue donc de parler, Tery, continue donc. Chacun d’entre nous a ses petits secrets. »

Ah ? Et qu’est-ce que tout ça voulait dire ? Il aurait bien aimé le savoir mais cela aurait nécessité qu’il lui adresse la parole or… Il n’en avait clairement pas envie ! Il resta toujours en retrait. Peut-être qu’il devrait un peu parler aux autres ? Clari était gonflante actuellement. Et ça le fatiguait… Mais bon… Peut-être que les autres étaient comme elle… Encore qu’ils étaient tous plus âgés qu’eux deux.

Les heures passèrent et aucune discussion ne se déroulait… Encore une fois, il restait dans son coin et Clari ne venait plus l’embêter donc c’était une bonne nouvelle pour lui. S’arrêtant aux alentours du zénith pour déjeuner, Salazar reprit la parole en direction de Tery :

« Depuis quand est-ce que tu as commencé les golems ? Leur force de frappe nous sera très utile si nous avons des problèmes. »

« Il y a à peine… quelques mois… Je ne suis pas très fort et mes golems sont de petite taille. Il me faudra plus d’expérience si vous voulez qu’ils servent au combat. »

« De quelle taille sont-ils environ ? »

« Environ trente à quarante centimètres ! » alla répondre Clari avant même que Tery ne puisse parler, la jeune femme lui faisant un large sourire.

Pfff… Oui… C’était ça… Il plaça sa main à une certaine hauteur par rapport au sol alors que Salazar et les autres personnes hochaient la tête pour dire qu’ils comprenaient. Salazar reprit la parole d’une voix calme et lente :

« Peut-être que tu n’es pas au courant mais les golems sont les soldats principaux des magiciens de Shunter. Sur le millier d’exemplaires de livres pour la création des golems, il y en a plus de neuf cents qui sont dans le royaume de Shunter et utilisé par nos magiciens. Ainsi, notre principale force n’est pas réellement celle que la maréchale Nali a avec elle mais les magiciens qui sont chez nous… C’est pour cela que nous ne nous faisons pas de soucis pour notre royaume. Affronter des centaines de golems reviendrait à une mort pure et dure… Surtout que contrairement à toi, certaines personnes travaillent dans ce domaine depuis des années voir des décennies. »

« Je vois… Je vois… Enfin… Ne vous attendez pas à des miracles de mon côté. »

« Je ne pensais pas à cela… Est-ce que tu es capable de communiquer avec ton golem ? De lui donner la parole néanmoins ? Cela nous sera utile… encore plus… S’il est doué de raison… Nous pourrons l’envoyer pour faire quelques missions d’éclairage sans risquer d’avoir des problèmes. Est-ce que tu te sens capable de nous en faire un ce soir ? »

« Oui… Enfin… Comme démonstration… Mais il faudra me laisser seul pendant quelques minutes pour que je puisse le faire. »

« Aucun problème alors… Est-ce que tout le monde a terminé de manger ? »

« C’est bon pour moi… Je n’ai plus faim. » alla dire Tery alors que la conversation se terminait enfin pour lui et Salazar.


Tous n’avaient fait qu’écouter alors que Tery se demandait pourquoi il était le centre d’attention de toutes ces personnes. C’est vrai… D’abord Clari, maintenant il y avait Salazar qui s’intéressait à lui. Manquait plus que les deux autres se posent des questions eux aussi à son sujet et voilà, il serait la coqueluche du groupe. Puisque le repas était terminé, ils pouvaient repartir. Combien de jours cela allait-il prendre ? Et puis… Voir des rochers à perte de vue… C’était vraiment ennuyeux… En plus… Il n’y avait aucune créature intéressante ou qui tentait de les arrêter… A croire que ces plaines étaient complètement mortes… Ah… Vraiment… Vivement qu’ils trouvent une ville.

La seconde soirée se déroula tranquillement, les tours de garde restant les mêmes d’après ce qu’il avait cru comprendre. Néanmoins, Salazar ne semblait pas avoir oublié ce que le jeune homme avait dit dans la journée, Tery devant s’éloigner pour créer un nouveau golem. Lorsqu’il revint quelques minutes plus tard, l’homme à la cagoule brune murmura :

« C’est plutôt un golem assez bon… Malgré sa taille ridicule. »

« Comme je l’ai dit, j’ai à peine commencé à maîtriser la création de golem. Il ne servira même pas à attaquer l’ennemi vu sa petite taille. »

« Hum… Je n’en suis pas si sûr que ça. Demande-lui de viser cet arbre pour nous faire une démonstration. Tu n’as même pas confiance en tes capacités. »

Hum ? De viser cet arbre ? Pourquoi faire ? Il désigna l’un des rares arbres de la zone dans laquelle ils se trouvaient, le mini-golem se dirigeant vers celui-ci. D’un geste machinal, il commença à frapper l’arbre, le faisant trembler à chaque fois devant le regard médusé du jeune homme aux cheveux bruns. Salazar reprit la parole :

« Pour ma part, il m’a l’air d’avoir assez de puissance pour un golem de cette taille. Même un peu trop par rapport à ce que je m’imaginais de lui. »

Son golem était puissant ? AH ! Première nouvelle ! Il demanda à la petite créature d’arrêter de taper contre l’arbre, celle-ci revenant vers lui avant de s’asseoir auprès du feu. Clari s’approcha du golem, lui tapotant le crâne avec amusement alors qu’Oros prenait la parole :

« Dommage qu’il ne soit pas plus discret… Néanmoins… Il pourra servir d’appât contrairement à son utilité première. Nous l’enverrons dans un coin tandis que nous partirons de l’autre. Qu’est-ce que vous en pensez tous ? »

« Et bien… C’est une très bonne idée. » répondit Eliza alors que Tery se demandait ce qu’il avait fait pour être le centre d’attention de tous et toutes.

« Soit… C’est décidé. Tery, en attendant que l’on ait besoin de ton golem, tu éviteras de le faire apparaître d’accord ? Cela sera bien mieux… Il faut garder l’effet de surprise. Il y a peu de chances que l’on trouve un autre créateur de golems… »

« Oh… La chance… J’évite d’y croire personnellement. » répondit Tery alors que le mini-golem disparaissait dans le sol.

« Chacun est libre de ses pensées… Tant qu’elles ne sortent pas de leur cerveau et qu’elles ne mettent pas en péril le reste de la troupe. Que chacun aille se coucher sauf Tery. Restez sur vos gardes puisque nous sommes de plus en plus proches du clan dans lequel nous allons nous rendre. Bonne nuit et n’oubliez pas de prendre votre tour. » dit Salazar avant de se diriger vers son coin pour aller dormir, les autres faisant de même sauf Clari qui restait avec Tery. La jeune femme émit un grand sourire au jeune homme alors que tous étaient partis.

« Et bien ? Tu es un peu soulagé non ? Que tout le monde pense que tu n’es pas un monstre ou un exclu parmi le reste du groupe ? »

« Je n’ai jamais pensé ça que je sache. De toute façon, ça ne fait rien… Ce n’est pas important pour moi… » murmura t-il avant de regarder autour de lui sans observer Clari.

« Est-ce que je te fais peur, sinon ? Car tu n’oses jamais me regarder en face, Tery. »

« Non… Ce n’est pas du tout ça, c’est autre chose. Je préfère ne rien dire d’autre. »

Elle ria faiblement, le trouvant drôle tandis que le jeune homme reprenait son livre sur les golems pour se documenter à nouveau. Peut-être pourrait-il faire quelque chose pour être encore plus utile avec son golem ? Ce n’était pas une mauvaise idée, non ?

« Que tu es concentré… C’en est presque étonnant. Cela fait quoi d’avoir été la tête de turc de la maréchale plusieurs fois de suite ? »

« Je n’ai pas à répondre que je sache… Merci bien. Tu ferais mieux d’aller te coucher en attendant ton tour. »

Elle haussa les épaules comme pour dire que ce n’était pas trop dramatique, continuant de l’observer tout en sachant pertinemment que ça le dérangeait. Il se retourna pour ne pas lui faire face, la jeune femme aux cheveux blonds se levant pour passer tout autour de lui. Elle alla s’accroupir devant Tery, lui souriant à nouveau.

« S’il te plaît… Arrête de m’embêter… Je sais que j’ai été bête et méchant sans le faire exprès la première fois… Mais ne me fatigue plus… »

« Hum… Tu préférais donc que je sois méchante et dure avec toi ? Peut-être que tu as une préférence pour les femmes très fortes et dominatrices comme la maréchale ? Avoues donc que le fait d’être le souffre-douleur de la maréchale te fait énormément plaisir. »

« Je n’ai jamais dit ça ! Ne me fait pas dire ce que je n’ai pas dit ! »

« Hum… Tu t’énerves, est-ce que j’ai touché un point sensible, Tery ? »

« Non ! Bon ! On va dire que mon tour de garde est terminé ! Je vais aller me coucher ! »

« Bonne nuit alors, Tery. Fais de beaux rêves. » alla t-elle dire en rigolant.

« Je ne te souhaite pas la même chose. » répondit-il sur un ton sec.

Il alla vers son sac de couchage, le récupérant avant de s’éloigner. De toute façon, tout le monde dormait dans son coin, sauf les deux femmes qui avaient le droit à une tente rien que pour elles. Mais ce n’était pas ça le problème. De toute façon, il s’en fichait royalement.

Il alla s’enfouir dans son sac de couchage, fermant les yeux en essayant de trouver le sommeil. D’ici demain ou après-demain, ils allaient arriver aux alentours du clan et tout allait se mettre en place. La discrétion allait être de mise… Mais lui de son côté… Il ne savait même pas qui était l’autre bonhomme à avoir des lignes d’Alzar.
Le lendemain matin, ils étaient repartis en route vers l’un des plus puissants clans d’Honoros, Tery ayant décidé de se mettre avec les autres pour éviter que Clari ne vienne l’embêter. Pourquoi est-ce qu’elle le collait autant ? Il avait presque l’impression de revoir Elen à ses débuts sauf que c’était parfaitement différent ! Elen était plus petite, n’avait pas… ce genre de poitrine… Et ni de longs cheveux… Et pas des yeux verts…

« Et bien… Tu me regardes pourquoi, Tery ? » demanda la jeune femme.

« Pour rien du tout… Je ne te regarde pas et tu te fais des illusions. Arrête de rêver. »

« Evitez de vous disputer tout les deux, surtout pour la crédibilité de ce que je vais devoir annoncer si nous nous retrouvons face à face avec l’ennemi. »

« Quelle crédibilité ? Vous avez un plan ? » interrogea Tery qui semblait un peu surpris.

« Je vais jouer sur nos âges… De toute façon… Nous ne pouvons faire que cela… Cinq personnes ensembles… Heureusement, nous sommes tous différents au niveau des âges… C’est cela qui nous permettra d’être plus crédibles. »

« Je préfère ne plus poser de questions au sujet de quelle crédibilité dont vous parlez. » répondit le jeune homme aux cheveux bruns, Clari rigolant faiblement.

« Mieux vaut attendre et voir ce qui se passera. » alla t-elle dire alors que la troupe continuait son petit chemin. Le temps allait s’écouler un peu plus lentement maintenant qu’ils n’étaient plus très loin de ce clan… Au passage… Est-ce que ce clan avait un nom ?

Il posa la question mais Salazar lui signala qu’ils verraient cela en temps et en heure. Là, ce n’était pas le moment de penser à tout ça. Bon… Il valait mieux qu’il se taise vraiment quoi… Car plus il parlait, plus il s’enfonçait dans ses propos… Et donc… Plus il se ridiculisait… Comme d’habitude quoi…

Les heures s’écoulèrent et le soleil allait bientôt se coucher. Ils devaient trouver un endroit où se rendre pour la nuit… Le problème était les nombreuses traces de pas sur le sol qu’il y avait maintenant… Signe que les hommes et femmes d’Honoros étaient maintenant bien présents dans cet endroit… Bref… Que les ennuis pouvaient tomber très bientôt.

« Les tours de garde se feront plus rapidement. Nous ne pouvons pas laisser passer une personne autour de nous… Bref… La vigilance s’impose. »

« On garde néanmoins les tours comme d’habitude ? »

« Exactement, Tery. Bon… Cherchons néanmoins un coin qui nous obligerait à surveiller qu’une seule zone et non plusieurs d’entre elles. »

Du genre un cul-de-sac… Cela serait une parfaite chose. Ils se mirent en quête de ce que Salazar proposait, l’homme dans sa cape brune guidant les autres là où ils pouvaient espérer se cacher pour la nuit. Encore une… Mais celle-là sera la dernière. Ils le savaient tous parfaitement. Ce fut Oros qui découvrit un emplacement où il n’y avait qu’une seule issue, les rochers autour d’eux devant bien faire dix voir quinze mètres de hauteur… Même la fumée n’allait pas être forcément un inconvénient pour cette nuit.

Il commença une nouvelle fois à prendre son tour de garde, les autres s’étant couchés, même Clari… Tant mieux s’était-il dit intérieurement. Sans Clari, tout allait être bien plus simple. Assis devant le feu, ses deux griffes près de lui, son livre sur les jambes alors qu’il était en train de se documenter. Deux heures passèrent avant que deux mains ne se posent sur ses yeux, une voix féminine lui demandant :

« Devine qui c’est ? »

« Je préfère ne pas y répondre… C’est déjà la fin de mon tour ? » alla t-il dire en fermant son livre, passant une main pour retirer celles de Clari.

« C’est exact. Demain est le grand jour, Tery. Tu dois te reposer le plus possible. Je ne sais pas ce que Salazar a prévu mais je suis sûre que cela nous sera très utile… Sinon, pourquoi serait-il un assassin confirmé au service du roi ? »

« Un assassin ? Comment est-ce que tu sais ça, toi ? »

« Qui ne le sait pas plutôt ? Ah… Toi ? Tu sais… Être soldat, ce n’est pas obligatoirement commencé cela à dix-huit ans hein ? »

« Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » demanda t-il en la regardant longuement pour la première fois depuis qu’ils étaient un groupe.

« Hum… Je ne sais pas trop… Peut-être le fait que je sois issue d’une famille noble qui est dans la cour du roi de Shunter ? Que les rumeurs vont bon train sur Salazar ? Que je suis une combattante depuis mon plus jeune âge et donc que je peux juger une personne sur l’apparence qu’elle donne en me trompant rarement ? »

« Mouais… Je ne suis pas convaincu… Sinon, tu penserais quoi de moi ? Comme impression ? Je donne quoi comme impression ? »

« Hum… D’un raté qui ne sait pas du tout pourquoi il se trouve au beau milieu d’une guerre dont il ne veut pas faire partie, qui pense ne pas savoir quelle est sa place dans cet endroit… »

« C’est bon, c’est bon, j’ai parfaitement compris… J’aurai mieux fait de me taire. »

« Oh tu sais… Ne pas savoir ce que l’on est, tout le monde se pose la question un jour ou l’autre… Surtout quand on traîne un peu trop avec la maréchale… »

« Tu veux en venir à où ? Et au passage, je ne suis pas un raté que je sache ! » s’écria t-il en se refrognant, se levant quand même pour se préparer à aller se coucher.

« Je n’ai jamais dit cela… Tu m’as dit de te parler de l’impression que j’ai de toi. »

« Et bien merci beaucoup ! Et bonne nuit ! »

Vraiment, c’était quoi ce genre de paroles ?! De toute façon, c’est bon… Demain, ils n’auront plus le temps de penser à tout ça. OUI ! C’était exactement ça tiens ! Il se réfugia dans son sac de couchage, s’endormant après une vingtaine de minutes. Ne pas se préoccuper des autres tours qu’il aurait dans la nuit… Encore un ou deux… Et puis le lendemain arrivera.


Aucun problème n’alla ternir ses deux autres tours de garde, Tery signalant simplement qu’il retournait se coucher avant même que Clari ne vienne l’embêter avec tout ça. C’était vrai quoi ! Il n’avait pas que ça à faire de se disputer avec elle ! Mais Salazar était un assassin… Un homme chargé de tuer les autres… mais dans le dos… Et en traître… Enfin… Il ne jugeait pas une personne par rapport à son métier… Et voilà qu’il avait du mal à dormir ! Il s’imaginait Salazar qui se levait et allait lui planter une dague dans le dos, souriant devant le forfait accompli… Peut-être que c’était le but voulu par la maréchale Nali ? Le faire disparaître parmi ce groupe ? Et ils pourraient prétexter qu’il était mort au combat… pendant sa mission ? Rien que le fait d’y penser… brrr !

« Hum ? Tu sembles avoir eu des soucis pour dormir, Tery. » dit Salazar alors que la matinée s’était déjà bien déroulée, le groupe s’étant remis en route.

« Disons que… J’ai fais un sacré cauchemar… Et donc c’est plutôt personnel. »

Aucun problème. De toute façon, ils n’étaient pas là pour discuter de tout ça… Et puis, ils n’étaient pas capables de soigner ce genre de maladies qui se situaient dans le mental principalement, contrairement à d’autres.

Plusieurs heures s’écoulèrent mais contrairement à auparavant, de la fumée était visible au loin, signe de la présence d’un feu dans les environs… Et peut-être d’une ville… Salazar se tourna vers eux, reprenant la parole :

« Dorénavant… Faites attention à la moindre de vos paroles. Il y a de fortes chances que nous soyons déjà repérés… Même si cela peut paraître peu crédible. »

Peu crédible ? Pourtant, tous savaient qu’il ne plaisantait pas ou qu’il ne disait pas cela à la légère. Les minutes passèrent alors qu’ils se rapprochaient inexorablement de la fumée… ou plutôt des fumées… Jusqu’à ce que des bruits de pas rapide se firent entendre. Quelqu’un… Plusieurs personnes même… Comme un déluge de feu, plusieurs chevaux à deux têtes se présentèrent devant les cinq personnes, les entourant de leurs corps majestueux. Sur eux se trouvaient différents hommes mais tous avec la même particularité : Leur taille bien plus grande que celle d’un humain normal et leurs oreilles aussi…

« Qui êtes vous et que vous venez vous faire ici ? A vos apparences, vous n’êtes pas de notre… Vous êtes de Shunter ?! » dit l’un des hommes.

« Pardonnez-nous messires… Nous sommes bel et bien originaires de Shunter mais nous avons fui notre royaume à cause de la guerre. Je ne suis qu’un modeste père de famille ainsi que ses deux fils et leurs femmes. »

Leurs… Leurs femmes ?! Il se tourna vers Clari, celle-ci lui faisant un grand sourire ravi avant de venir l’embrasser sur le coin des lèvres devant les soldats. De l’autre côté, Eliza et Oros se tenaient la main discrètement, le regard gêné, détournant les yeux. Il… Il aurait presque cru lui-même à ce qui se passait devant ses yeux.

Chapitre 5 : Opposés mais liés

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Chapitre 5 : Opposés mais liés

« Bon… Nous allons rapidement faire les présentations : Commence Tery. » dit la maréchale en le désignant d’un geste de la main.

« Tery Vanian, je suis dans l’armée de Shunter depuis quelques mois à peine. Mes aptitudes se basent sur les griffes et l’utilisation de l’élément de la terre ainsi que la création de golems. Néanmoins, je suis encore un peu débutant. » annonça le jeune homme.

« Oros Balark, soldat dans l’armée depuis trois années, je suis plutôt considéré comme un éclaireur assez furtif et je maîtrise majoritairement l’élément de l’eau. » répondit un homme de vingt-cinq, trente ans à côté de lui, aux cheveux noirs assez hirsutes, un peu comme les siens en y réfléchissant bien.

« Eliza Stalo, je suis chargée des attaques furtives et discrètes dans les armées ennemies. Je ne suis donc pas forcément très forte mais je peux produire de l’électricité en quantité non-négligeable pour assommer une personne qui nous serait utile. » continua une femme qui devait avoir dans les vingt-cinq ans elle aussi, une mèche de cheveux blancs cachant son œil gauche alors que le reste de ses cheveux bruns étaient attachés en queue-de-cheval.

« Clari Onival, je ne suis pas forcément très discrète contrairement à Eliza mais ma stature fait qu’il vaut mieux m’avoir comme amie que comme ennemie. Je maîtrise à peu près correctement l’élément du vent et je m’en sers pour balayer ceux qui se trouvent en face de moi. » suivit une quatrième personne, une femme qui devait bien faire deux mètres de hauteur, une claymore dans son dos ainsi que des cheveux blonds attachés en deux tresses, lui donnant un air assez barbare mais ingénue. Elle avait quel âge environ ? Vingt ? Vingt-deux ? Voir peut-être moins… Elle semblait avoir son âge bizarrement.

Lorsqu’il la regarda, elle lui fit un léger sourire amusé tandis que le jeune homme détourna le regard. Finalement, ce fut au tour de la dernière personne, une voix masculine mais mature se faisant entendre de son côté :

« Salazar Waror, je m’occuperai de tout ce qu’il faut pour que nos prisonniers ou nos… futurs amis délient leurs langues et nous donnent les informations nécessaires à la réussite de notre mission. Je maîtrise les flammes que n’hésiterai pas à utiliser si cela s’avère nécessaire. »

Brrrr ! Des quatre autres personnes, autant dire qu’il était plus inquiété par ce dernier. A partir de la voix, il devinait qu’il était le plus âgé du groupe et de loin par rapport aux autres. Pourquoi la voix ? Car il ne voyait rien d’autre chez cet homme… Celui-ci était camouflé dans une capuche brune et il eut la nette impression que… Ce n’était quand même pas ce qu’il pensait, n’est-ce pas ?

« Bien… Puisque tout le monde s’est présenté, je vais terminer une dernière fois de vous clarifier la situation pour qu’elle soit bien comprise. »

Il hocha la tête, les autres membres du nouveau groupe créé faisant de même de leur côté. En y réfléchissant bien… Il remarquait qu’il y avait de tous les éléments ici… n’est-ce pas ? Ce n’était pas une simple impression cette fois… Mais bon… Qui était celui qui avait… les mêmes lignes que lui ? Oui, il s’était dit de toute façon qu’une personne connaissant les médaillons… devait aussi avoir les lignes d’Alzar… Surtout s’il travaillait avec lui.

« Soyez discrets… C’est le maître mot de cette mission… Vous devez récupérer un maximum d’informations sur ce clan pour nous permettre de l’abattre avec facilité… Nous nous rapprochons des clans les plus puissants d’Honoros, c’est pourquoi il vous est vraiment conseillé de faire attention à ce que vous faites. »

Une nouvelle fois, ils hochèrent tous la tête pour signaler qu’ils avaient bien compris. Ils allaient sûrement devoir se camoufler pour passer inaperçus. La maréchale continua d’expliquer différentes choses, Tery les notant dans sa tête en espérant ne pas les oublier. Il préférait ne pas se faire de nouveaux ennemis. Après quelques minutes, la maréchale reprit la parole d’une voix calme et lente :

« Bref… Si vous êtes prêts, vous partez dans la soirée normalement. Faites tout ce que vous avez à faire avant de quitter le camp. »

Les cinq personnes s’inclinèrent respectueusement, Tery restant au milieu de la tente alors que les autres partaient de celle-ci. La maréchale Nali l’observa quelques secondes avant de demander d’une voix calme :

« Que se passe t-il, Tery ? Tu n’as pas réussi à suivre la conversation ? »

« Non… Non… Ce n’est pas ça… C’est au sujet de ceux qui vont me suivre… Est-ce que c’est normal qu’ils maîtrisent chacun un élément ? »

« Pour que les cinq éléments soient représentés ? C’est normal oui… Cela permet d’avoir un élément prêt à n’importe quel moment… au cas où… C’est pourquoi vous êtes tous différents… Est-ce que tu as une autre question ? »

« C’est un peu plus personnelle… Et ça concerne au sujet de cette… femme gigantesque… nommée Clari. »

« Qu’y a-t-il avec elle ? » demanda la maréchale avec suspicion.

« Et bien… Je… Comment dire… Je ne sais pas… Est-ce qu’elle fait partie des clans d’Honoros ? Je demande ça… à cause de sa taille. »

« Tu as peur des femmes de grande taille ? » dit la maréchale avant de s’approcher de lui, le jeune homme remarquant qu’elle aussi… semblait être un peu plus grande que lui… Mais pas autant qu’avec Clari !

« Ce n’est pas vraiment ça… Mais enfin bon… C’était un simple constat… »

« Si tu as une question, poses-là directement à l’intéressée. » signala t-elle en regardant subitement derrière le jeune homme, celui-ci poussant un petit cri de stupeur.

Clari… Clari se tenait devant lui… Et elle ne semblait pas très contente… Il alla déglutir, une légère terreur s’installant alors qu’il observait le visage de Clari, se faisant mal au crâne. Il baissa la tête légèrement avant de la relever subitement. Non… Il n’avait pas observé la poitrine généreuse de la femme ! Il tenta de balbutier quelques paroles avant de s’enfuir en courant devant le regard émeraude de Clari. Hahaha ! Non !

Il n’y avait rien de drôle mais le regard perçant de la jeune femme avait eu raison de lui. Heureusement qu’il était parti mais… Glups… Il allait avoir de sérieux problèmes à l’avenir… Oui… Hahaha… Car il allait passer ses prochains jours avec elle et trois autres personnes… Et elle était la plus impressionnante et de loin…

Il jeta un petit regard derrière lui, apercevant la femme nommée Clari. Elle… Elle s’approchait de lui ?! Et il ne pouvait même pas reculer ! Il y avait de drôles de personnes dans le camp visiblement ! Et le problème, c’est qu’il attirait toutes ces personnes ! La jeune femme aux couettes blondes se plaça en face de lui alors qu’il demandait timidement :

« Bonjour… Il y a un problème ? »

« Hum… Je ne sais pas trop… Je devrai plutôt poser cette question. »

« Euh… Sincèrement… Je ne voulais vexer personne avec ce que j’ai dit à la maréchale, vous savez… Ce n’était pas dans mon intention… Enfin… »

« Et en plus, tu me vouvoies… Je donne cette impression d’être si vieille ? » demanda Clari en l’observant longuement avant de reprendre : « Pourquoi tu es dans l’armée de Midès ? Tu n’as pas la carrure ou les pensées pour… Tu n’as pas la mentalité d’un soldat. »

« Merci bien… Enfin… Je fais de mon mieux hein ? Et pardonnez-moi encore pour ce que j’ai dit. Je ne pensais pas réellement… ce que je disais… Je ne connais pas vraiment les personnes d’Honoros mais… »

« Je te fais donc peur ? Parce que je suis bien plus grande que toi ? »

Il hocha la tête d’un air positif avant de baisser le regard. Il était plutôt… gêné… Mais bon… Il ne devait pas le montrer. Clari haussa les épaules comme si de rien n’était avant de reprendre d’une voix lente :

« Je devrai peut-être parler à la maréchale Nali pour lui dire de te remplacer. Le groupe n’a pas besoin d’une personne qui tremble si facilement devant des personnes de grande taille. »

« Hein ? Que quoi ? Non ! Ce n’est pas vrai ! Ne dites pas ça ! Déjà qu’elle m’a pris en grippe, j’aimerai éviter que cela… »

« Alors fais-moi face… Ose simplement me dire que tu veux partir avec nous. »

Oser ? Comment ça ? En lui tenant tête ? Mais elle était bien trop grande par rapport à lui. Et puis bon… Lui tenir tête alors que la sienne était placée au niveau de sa poitrine… Son regard se posa quelques instants sur celle-ci avant de se redresser subitement. PUREE ! Encore une fois ! Et elle n’allait pas laisser passer ça ! Il posa ses yeux sur le visage de Clari… Elle avait des yeux verts elle aussi… Elle était jeune quand même… Vraiment jeune… Elle avait sûrement son âge… Oui… Il alla rougir légèrement avant d’annoncer :

« Je viendrai avec vous… que cela vous plaise ou non… Clari. »

« Soit… Alors, tu peux venir avec nous, il n’y a aucun problème. »

Hein ? C’était aussi facile que ça ? Il la regarda avec étonnement, Clari émettant un petit sourire avant de passer à côté de lui comme si de rien n’était. Il s’était donné en spectacle inutilement à cause d’elle ! Saleté ! Elle l’avait fait exprès, il en était sûr et certain ! Pfff ! Vraiment ! Il avait rien fait pour mériter ça lui… Il avait légèrement honte.


Il retourna vers sa tente, réfléchissant à tout cela. Cette Clari était bizarre elle aussi. En y réfléchissant bien, ils étaient tous bizarres… Sinon… La maréchale Nali ne les aurait jamais choisis, n’est-ce pas ? Même si c’était d’une logique absurde, il restait sur ce raisonnement. Il allait devoir trouver qui était le propriétaire des lignes d’Alzar parmi les quatre autres.

Plusieurs heures après, alors qu’il se préparait pour le voyage de sa vie bien qu’il exagérait intérieurement, une personne passa à l’intérieur de la tente. Salazar… Qu’est-ce que l’homme camouflé lui voulait ? Celui-ci s’approcha de lui alors qu’il rangeait ses quelques affaires dans son sac, prenant la parole :

« Est-ce que nous pouvons partir ? Tout le monde t’attend. »

« Je vérifie une dernière chose et c’est bon ! »

« Dépêche-toi tout simplement. Nous ne pouvons pas vraiment perdre de temps. »

D’accord ! D’accord ! Il avait compris malgré la voix qui était froide et neutre. Il rangea ses derniers livres, les gardant plus comme souvenirs que par utilité pour la plupart d’entre eux. Enfin, il se leva avec son sac sur le dos, ses deux griffes se trouvant à l’intérieur. Il alla dire d’une voix lente en soupirant légèrement :

« C’est bon, on peut y aller. Je suis prêt. »

« Tant mieux… Nous t’attendons à la sortie Est du campement. »

« Et bien… Je vais vous suivre plutôt que de rester ici le temps que vous partiez. »

« Comme tu le désires… Je ne vais pas te retenir. »

L’homme quitta la tente, rapidement suivi par Tery qui observait s’il n’avait rien oublié. Heureusement pour lui, cela ne semblait pas être le cas et il soupira une nouvelle fois mais d’apaisement maintenant. Il n’avait plus trop à s’inquiéter à ce sujet.

Ils arrivèrent à la sortie du camp, les tentes arrêtant de pousser de ce côté. Comme il fallait s’en douter, tout le terrain devant eux était rocailleux… Et il y avait à peine quelques arbres avec un peu d’herbe… Mais autant dire que ce n’était pas les plaines verdoyantes de Shunter. Clari, Oros, Balark… Et Salazar. Il notait les quatre noms dans sa tête pour ne pas les oublier. Il y avait aussi la maréchale avec ses quatre gardes non-loin.

« Bon… Je ne vais plus être très longue car plus de temps on perdra ici, moins cela en fera pour votre mission. Je vais confier à Salazar une carte de ce qui semblerait être la localisation du clan dans lequel vous allez tenter de vous immiscer. Elle est loin d’être précise mais c’est plus qu’il n’en faut normalement. Je vous souhaite simplement une bonne chance et si vous avez besoin de communiquer… Quelqu’un pourra s’en charger. »

Oui… Enfin il était un peu apeuré avec les personnes autour de lui. Déjà rien qu’avec Clari et Salazar, il savait parfaitement que ce n’était pas une bonne chose. Alors les deux autres… Qu’est-ce qu’ils étaient réellement ? Il murmura :

« Je vais essayer de faire de mon mieux pour ne pas trop décevoir le reste. »

« Ton avis personnel ne m’intéresse guère, Tery. » alla répondre la maréchale.

« Je sais bien, je sais bien… Enfin bon… »

« Si tu n’as rien à dire, tu ferais mieux de te taire. »

C’est bon ! Il avait parfaitement compris ! Il détourna le regard, attendant que tout le monde se prépare à partir plutôt que de parler. Il devait se taire, voilà tout. Il poussa un profond soupir, marmonnant quelque chose d’inintelligible pour être sûre de ne pas être entendu. Néanmoins, Clari se tourna vers lui, un sourire aux lèvres.
Qu’est… Qu’est-ce qu’il avait fait ?! Il n’avait rien fait du tout ! IL N’AVAIT RIEN DIT ! Il recula légèrement, son action ne passant pas inaperçue bien que personne ne prenait la parole pour lui dire quelque chose. Après quelques minutes, ils purent enfin se mettre en route, Tery marchant en dernier tandis que Salazar prenait le contrôle de la troupe.

« Nous ferons quelques pauses, deux voir trois maximum par jour jusqu’à ce que nous arrivions à la civilisation. Nous sommes armés mais cela est plus pour nous protéger que pour attaquer. Est-ce bien clair ? »

« Aucun problème pour ma part. Avec le vent, je saurai si nous sommes suivis ou si quelqu’un est dans les environs, grâce à l’odeur qui en émanera. » annonça Clari.

« Tant mieux alors. Mon électricité ne nous sera pas très utile. » répondit Eliza.

« De mon côté, j’essayerai de tout faire pour que l’on puisse trouver de l’eau potable car je ne pense pas que nos rations d’eau nous seront utiles très longtemps. » termina Oros.

Et lui dans tout ça ? Il ne répondit pas, préférant se taire. Moins il en disait, mieux c’était. Clari continuait de l’observer, jetant plusieurs regards en arrière tandis qu’il détournait le regard. Il n’aimait pas cette femme… Elle était franchement bizarre… Alors quand elle fit quelques pas lents pour qu’elle puisse arriver à sa hauteur, il fit mine de ne pas entendre ce qu’elle avait à dire, la jeune femme aux cheveux blonds lui murmurait :

« Et bien… Tu en fais une drôle de tête. Tu boudes parce que la maréchale t’a sermonné ? Tu devrais y être habitué, n’est-ce pas ? Tery Vanian… »

« S’il vous plaît… Est-ce que vous pouvez aller avec le reste du groupe devant… Je préfère être seul quand je réfléchis… Enfin… S’il vous plaît… »

Il n’allait pas lui dire qu’elle lui faisait peur… Ca serait une belle preuve de franchise mais de couardise aussi. Elle haussa les épaules avant de retourner en avant, le laissant seul comme il le désirait tant. Il poussa un profond soupir de soulagement, retournant dans son mutisme. Pourquoi est-ce qu’il ne pouvait pas être… normal avec eux ? Car c’étaient des militaires ? Car la maréchale lui pourrissait la vie tout en… l’épaulant ? Il ne savait pas vraiment ce qu’était que cette vie mais il était sûr d’une chose : Jamais il n’arriverait à s’y habituer. Il n’était pas fait pour être soldat…

Les minutes passèrent pour devenir des heures, Tery restant toujours en retrait. En écoutant bien, personne ne parlait. Il observait simplement Clari qui jetait un bref regard à chaque fois derrière elle comme pour voir s’il suivait le groupe. C’était quoi son problème avec elle ?! Il avait fait une bêtise mais elle n’allait pas l’embêter avec ça pendant des semaines quand même non ?!

La soirée arriva, Salazar signalant au reste du groupe de se diriger vers une zone un peu moins ouverte. Il désigna du doigt ce qui semblait être un rocher de plusieurs mètres de hauteur. Le groupe avança jusqu’à celui-ci, se mettant contre un coin tandis que chacun sortait ce qui semblait être des sacs de couchage, seules les deux femmes ayant un semblant de tente alors que le feu était préparé par Salazar.

« Pour le tour de garde, vous avez une position à désigner ? » demanda t-il.

« Je veux bien prendre le premier tour… » murmura Tery d’une voix lente.

Plus vite il ferait son tour, plus vite il irait se coucher. Clari s’écria rapidement :

« Je prend le second ! Ca sera tout aussi bon. Ca commence à partir de quelle heure ? »

« Lorsque la nuit tombera… Je prendrai le dernier sinon dans mon cas. Eliza et Oros, à vous de décider pour le troisième et quatrième tour. » répondit Salazar.

« Je laisse à Eliza le soin de choisir. » alla dire Oros comme si cela ne le dérangeait pas.

« Je vais donc me décider pour le troisième tour. »

Bon et bien… Tout était prêt ! Ils avaient chacun leur tour. Salazar s’était mis à cuisiner quelques petites rations pour tous et toutes, montrant par là ses talents culinaires bien qu’aux yeux de Tery, il restait quand même suspect. Le repas se passa dans le calme, chacun restant muet comme pour le trajet. C’était bizarre… Ils étaient cinq… Mais aucun ne se sentait concerné par les autres… Chacun obéissait à la maréchale comme si de rien n’était.
Finalement, la nuit arriva très rapidement et tous étaient partis se coucher… Tous sauf lui… Il observa les flammes comme si de rien n’était, sortant son livre sur les golems comme auparavant. Il connaissait bien mieux les autres livres mais celui sur les golems… Vraiment… Il aurait aimé en savoir plus à ce sujet. Il n’était pas encore un oléran à ses yeux… Oui… Il restait toujours un éran. Hahaha ! Ca faisait bizarre de se rappeler de ces grades… Ce n’était pas ce qui l’intéressait de toute façon… Même si il se demandait si il était plutôt fait pour être un mage… ou alors un guerrier.

« De la lecture, Tery ? C’est vrai que cela peut te correspondre vu le caractère chétif que tu sembles avoir. » alla dire une voix féminine qui le força à se retourner.

Encore elle ? Mais elle le collait ou quoi ? Il n’avait rien fait pour avoir Clari dans son dos à chaque instant quand même ! Il ne méritait pas ça ! La jeune femme aux cheveux blonds en deux tresses était derrière lui ou plutôt devant lui maintenant.

« Et bien ? Tu as perdu ta langue ? »

« Ton tour n’est pas encore pour maintenant, Clari. »

« Hum ? Tu me tutoies maintenant ? Tu as donc pris un peu de courage pendant la journée ? » demanda t-elle d’une voix ironique avant de s’asseoir à côté de lui pour observer le livre.

« Non mais bon… Quand je suis fatigué, je suis impoli… »

« Et bien… Tu devrais être un peu plus souvent fatigué… »

« Et pourquoi ça ? Car tu aimes qu’on te parle comme ça ? Tu es bizarre… »

« Qu’est-ce que tu lis ? » demanda t-elle d’une voix calme.

« Un livre que tu ne comprendras pas. Non pas parce que je veux te vexer mais parce que ce livre a été fait de telle sorte que seul son propriétaire peut le lire. C’est un livre sur les golems… Comment en faire un… Et toutes ces choses… »

« Un golem ? Tu es capable d’en faire un ? » le questionna t-elle d’un air surpris.


Il hocha la tête d’un air positif alors qu’elle reprenait la parole d’une voix un peu enjouée :

« Et bien… Pourquoi est-ce que tu ne me montres pas comment tu fais ? Prouve-moi donc que tu n’es pas un bon à rien, n’est-ce pas ? »

« Je n’ai rien à te prouver… Et mes golems sont très petits de toute façon. »

Elle lui prenait la tête. Il ne pouvait pas être tranquille non ? Il referma son livre, se penchant en avant alors qu’il fermait les yeux. Créer un golem ? Et puis quoi encore… Bon ! Il allait le faire mais avant… Elle devait faire quelque chose elle aussi.

« Si tu fermes les yeux et que tu te retournes… Non… Attends plutôt… Je vais de l’autre côté du rocher et dans cinq minutes, tu auras ton golem. »

« Et pourquoi tu ne peux pas le faire ici ? »

Qu’elle ne pose pas de questions et ça sera parfait ! Il se releva, se dirigeant vers l’autre côté de la gigantesque pierre avant de poser une main sur le sol, des veines noires apparaissant le long de son bras. Il allait presque faire une bêtise… Mais heureusement qu’il avait réfléchit avant… Une petite créature de pierre se forma devant lui, faisant à peine dix centimètres de hauteur. Il retourna auprès des autres, du moins de Clari, le petit golem le suivant.

Elle poussa un petit cri ravi et étonné, venant toucher la créature d’un doigt pour voir si elle était bien vivante… Enfin… Vivante, cela dépendait de la façon dont on la considérait. Il poussa un petit soupir : Elle était bizarre cette Clari… Mais pas forcément méchante au final.

Chapitre 4 : Prendre la température

ShiroiRyu
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Chapitre 4 : Prendre la température

« Nous sommes proches de l’habitat d’un des clans majeurs du royaume d’Honoros. Nombreux sont les hommes et femmes de ce clan faisant partie des hautes autorités d’Honoros. » alla dire la maréchale Nali, les deux mains gantées posées sur une table.

Sur celle-ci se trouvait une carte qui représentait Honoros… De nombreuses démarcations signalaient les zones d’influence des différents clans qui se trouvaient dans le royaume, la maréchale Nali, désignant un point sur la carte à égale distance entre les frontières avec Shunter et le centre d’Honoros, ajouta :

« Ce clan est plus problématique que ceux que nous avons rencontrés pour l’instant. Mieux organisé, plus puissant, si nous les rencontrons de front, nous essuieront des pertes non-négligeables bien que nous passions… »

« Est-ce que vous avez une idée de leur force, maréchale Nali ? »

« Ils sont plutôt axés sur la magie… Et sont surtout plus intelligents que les clans mineurs… Pour ceux qui ne le savent pas encore, le royaume d’Honoros est basé sur l’honneur et sur un système de réunion de clans dans une seule ville… Pour être plus précise, seuls les plus puissants se retrouvent à la tête de cette ville. Ensuite, les plus puissants choisissent parmi leurs alliés pour gouverner cette ville et ainsi de suite… Il est de coutume que le chef suprême participe à un tournoi annuel pour défendre sa place… Celui qui gagne le tournoi peut l’affronter si il le désire ou non… Si il gagne, libre à lui de le laisser vivre et de prendre sa place ou non… Bref, je ne suis pas là pour vous faire un résumé du royaume d’Honoros mais pour signaler que plus nous nous rapprocherons du centre d’Honoros, plus les clans seront puissants. Nous allons sûrement envoyer quelques espions ou éclaireurs pour avoir un résumé de la situation. Avez-vous d’autres suggestions ? »

« Personnellement… Nous nous retrouvons pris en tenaille si je comprends, c’est cela ? Je trouve que c’est une mauvaise idée que de ne pas avoir anéanti complètement les clans sur notre chemin pour permettre aux troupes d’arriver le plus rapidement possible. »

« Les troupes ne sont pas un problème, lieutenant. Avec ce que nous avons comme renforts actuellement, cela est déjà bien parti. Ce n’était qu’une simple mesure de prévention pour vous mettre au courant. Dans la semaine qui suit, je mettrai en place les troupes d’éclaireurs et ceux qui nous serviront d’espions. Vous pouvez rompre. »

Un par un, ceux qui dirigeaient les troupes quittaient la tente dans laquelle logeait la femme à l’armure de plaques noires. Elle attendit qu’ils soient tous partis avant de pousser un profond soupir, observant la carte qu’elle avait déposée sur la table. Vraiment… Tout ce qui se passait n’annonçait rien de bon malheureusement…

« Ces médaillons… Aucune créature ne les possède… selon nos informateurs… »

Et si aucune créature ne les possédait… Cela voulait tout dire : Les clans se les partageaient… Elle était pressée que tout cela soit terminé dans ce royaume. Elle n’aimait guère voir ces clans… Un peu trop barbares à son goût. Mais elle n’était pas là pour penser à elle… mais pour accomplir les missions que l’on lui confiait… Bon… Elle devait aussi régler le cas Tery. Parmi tous les hommes ici présents, il était le seul à posséder les lignes d’Alzar. Et cela… était une bonne comme une mauvaise chose.

Cela allait faire quatre jours qu’ils s’étaient installés près de ce clan. Pour l’instant, aucune attaque… Et c’était tant mieux en un sens… Il valait mieux éviter de les provoquer… Tant qu’ils n’étaient pas sûrs que l’un des médaillons se trouvait près de ce clan, ça ne servait à rien. Oui… Ca ne servait à rien du tout même… Il valait mieux attendre…

« Une… Deux… Une… Deux… Ca m’a l’air tout bon ! Je pourrai faire parfaitement les exercices d’aujourd’hui ! » s’écria Tery en donnant quelques coups de pied dans le sol, le jeune homme se retrouvant dans sa tente.


Bon… Maintenant qu’il était de nouveau capable de bouger correctement ses deux pieds, il devait se remettre en route. Pendant les trois jours, il n’avait fait que les exercices utilisant les mains tandis que de l’autre côté, il s’était remis à lire son livre sur les golems, la maréchale Nali lui ayant demandé de le faire.
D’abord, il n’avait pas réellement compris l’utilité de la chose puis tout cela lui était devenu un peu plus évident au fur et à mesure de sa lecture. Le golem qu’il avait crée n’était que la base des nombreux golems qu’il pouvait faire… Mais pour ça… Il allait devoir faire bien mieux que ça. Car pour l’instant, il était à peine capable de créer un petit golem… sans le masque noir… Ah… Vraiment… Il n’avait pas trop de chance.

« Hey ! Tery, on peut savoir ce que tu fais ? Les exercices vont commencer ! »

« Oui, oui ! Je vérifiais quelque chose ! J’arrive dans quelques minutes ! »

« Faut éviter de remettre la maréchale en colère, on arrive encore moins à la supporter quand t’es dans les parages. Tu la rends pire qu’auparavant ! »

« Qui donc Tery rend t-il pire ? » demanda une voix derrière celle qui provenait d’en-dehors de la tente.

« AH ! Maréchale Nali ! Rien ! Rien du tout ! Je ne pensais à rien ! »

« Vas rejoindre les autres avant que je ne te force à faire dix fois plus. »

Ah… La maréchale Nali… La femme pénétra à l’intérieur de la tente, Tery se mettant debout en faisant un salut militaire. Il ne voulait pas de problèmes avec elle ! Cela faisait trois jours qu’il ne s’était rien passé de mauvais ! En fait, depuis le changement de camp… Et depuis qu’il avait voyagé à cheval avec elle. Il ne savait pas comment réagir correctement avec elle alors moins il parlait, mieux cela allait.

« Tu n’es pas encore prêt, Tery ? Je pourrai savoir pourquoi ? »

« Disons que je vérifiais… si ma jambe allait mieux… Mais maintenant, je pourrai faire tout les exercices. Elle va parfaitement bien. »

Il se posait quand même une question : D’habitude, les commandants… Enfin… Ceux gérant les autres… Ils ne se préoccupaient pas des soldats de base non ? Enfin… Il n’osait pas poser la question à la maréchale, il ne voulait pas se causer de problèmes. Au fur et à mesure des jours, il avait compris qu’il valait mieux éviter d’avoir des soucis avec elle. Ah… Finalement, elle alla dire d’une voix calme :

« Puisque c’est le cas, tu vas avoir le droit à un entraînement spécial avec moi. Prépares tes deux griffes, je t’attendrai dehors. Nous allons juger ton niveau. »

« Hein ? Que ? Quoi ? J’ai cru mal… »

Il n’avait même pas eu le temps de terminer sa phrase que la femme à l’armure noire avait déjà quitté la tente.

« Entendre… » murmura t-il pour finir sa phrase comme si il n’arrivait pas à croire ce qui venait de se passer. S’entraîner avec la maréchale Nali ? Cela devait être un grand honneur non ? Enfin… Il espérait… Mais il ne se sentait pas si confiant personnellement. Il alla prendre ses deux griffes, les positionnant sur ses mains avant de quitter la tente à son tour. La maréchale l’attendait devant la tente, l’épée bâtarde à la main.

« Il vaut mieux que tu me donnes tes deux griffes… Je ne pense pas que tu me toucheras mais cela est une simple mesure de précaution. »

Ah ! Elle allait refaire le sort qui permettait de faire une sorte de carapace d’eau autour des lames pour éviter qu’elles ne coupent ? En y regardant de plus près, la lame de son épée bâtarde était déjà recouverte de cette carapace d’eau. Il retira ses deux griffes, regardant les visages étonnés des soldats qui les observaient.

« Ils ne sont pas au courant, maréchale Nali ? »

« Au courant que cela risque d’être très violent ? Ils le sont. »

Mais pourquoi avait-il posé cette question ? Plusieurs minutes passèrent mais elle lui tendit à nouveau ses deux griffes, le jeune homme les remettant correctement sur ses mains tandis qu’elle lui demandait de la suivre. Les soldats firent de même, la maréchale s’arrêtant au bout de quelques secondes avant de s’écrier :

« RETOURNEZ TOUS A VOS ENTRAÎNEMENTS ! »

Ce n’était pas un phénomène de foire ! Elle se retourna subitement pour être sûre que le message était bien passé. Tout de suite, les soldats s’éloignèrent à pas de course, Nali attendit plusieurs secondes avant de pousser un léger grognement. Elle l’observa quelques instants, reprenant la parole d’une voix irritée :

« Suis-moi maintenant et tu n’as pas intérêt à discuter mes ordres ! »

Euh… De toute façon, ça ne lui était pas venu du tout à l’idée personnellement… Il alla accompagner la maréchale, celle-ci quittant le campement alors qu’il remarquait qu’il n’y avait même pas ses quatre gardes habituels. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Elle ne comptait quand même pas le tuer hein ? Enfin… Pourquoi est-ce qu’il pensait à ce genre de choses stupides ? Comme si elle allait le tuer. C’était complètement idiot comme réflexion ça… C’était bien son genre au final. Ah… Il soupira, les deux personnes arrivant à ce qui semblait être un terrain vague et rocheux, de nombreuses pierres plus ou moins grandes se trouvant tout autour d’eux. Elle reprit d’une voix plus calme :

« Tu as intérêt à donner le maximum de toi-même… Si je vois que tu fais exprès de ne pas te battre à fond, je me verrai contrainte de retirer la protection autour de ma lame. »

« Je vais faire de mon mieux… Enfin… Essayer… »

« Essayer ? Non… Tu vas utiliser tes lignes noires… Quitte à ce que tu souffres pour cela. »

Pourquoi il détestait quand elle se mettait à parler ainsi ? Peut-être parce qu’il sentait que cela n’allait pas être une partie de plaisir ? Enfin bon… Ce qui le dérangeait, ce n’était pas d’utiliser sa magie mais surtout… Si il… Enfin… Il valait mieux lui demander :

« Je ne voudrai pas vous blesser, maréchale Nali… »

« Me blesser ? Tu ne toucheras même pas mon armure…  Est-ce là, l’unique excuse que tu veux me donner pour éviter de te battre ? »

Non… Non… Ce n’était pas du tout ça mais puisqu’elle ne voulait pas l’écouter, il allait se battre alors ! Sans même prévenir, il s’élança vers la femme à l’armure de plaques noires. Sans bouger de sa position, elle ne fit qu’un simplement mouvement de son épée pour parer la première griffe, puis la seconde griffe.

Hey… Hey ! C’était quoi ce délire ? Elle n’avait aucun mal à parer tous ses coups ! Pourtant, il croyait savoir se battre mais là… Ce n’était pas la même chose que contre les gnomolds, les autres soldats ou même Elen ! C’était bien différent ! C’était quoi cette femme ?! Il voulait la toucher mais ça lui était impossible !

« Je t’ai annoncé d’utiliser tes lignes… Tu veux que je te force ou quoi ? »

Elle le repoussa d’un coup d’épée avant de lui donner un violent coup dans les hanches, le jeune homme se retrouvant avec le souffle coupé, posant un genou au sol. Il… Ca faisait sacrément mal ça ! Elle reprit d’une voix lente :

« Tu serais déjà tranché en deux au moment où je te parle. »

« Ce n’est pas la même chose ! Vous êtes bien plus forte que moi ! » s’écria t-il.

« Encore des excuses ? Tu penses VRAIMENT avoir le temps de parler de ça ?! »

Elle lui donna un violent coup de pied dans le ventre, le faisant tomber en arrière alors qu’il se mettait à tousser, cherchant à reprendre sa respiration. Pur… Purée ! Ca faisait mal ! TRES mal ! Il se releva en gémissant, tentant de parler avant de s’arrêter. Non… Il ne devait pas parler ! Il devait simplement agir !

Plus facile à dire qu’à faire, la femme en face de lui… Elle était… Bien trop forte ! Mais hors de question de ne rien faire ! Il allait au minimum la toucher une fois ! C’est tout ce qui comptait ! Des lignes noires apparurent le long de ses bras alors que sa vitesse augmentait rapidement, ses coups se faisant de plus en plus nombreux. Mais pourtant… Pourtant… Aucun n’arrivait à passer, c’était quoi ce délire ?! Elle lisait dans ses pensées ou quoi ?! Il allait faire encore mieux pour réussir à l’atteindre TIENS !

« Bien… Tu commences à donner quelque chose d’à peu près correct. Face à un soldat moyennement entraîné, il ne tiendrait pas la comparaison par rapport à toi. »

WAOUH ! Un compliment ! C’était presque trop beau pour être vrai ! Bon ! S’il devait y aller plus fort, alors il allait y aller ! Le problème avec ses griffes, c’est que comparée à une épée bâtarde, elles étaient bien moins puissantes. Mais… Avec ces lignes noires, il avait la possibilité de faire quelques éraflures sur l’armure de plaques de la maréchale !

Hum… Il s’exaltait maintenant qu’elle lui avait dit ces quelques paroles ? Stupide… Et amusant en un sens. Si cela lui permettait de se donner à fond, c’était donc une très bonne chose. De l’autre côté… Sa défense était de plus en plus médiocre. Dommage pour lui… Elle fit un mouvement sur le côté, évitant ses griffes avant de lui donner un coup avec la garde de son épée bâtarde au niveau du torse. Il s’écroula au sol, toussant violemment alors qu’elle disait d’une voix calme et lente :

«  Tu ne fais pas attention à te protéger. Voilà ce qu’il t’en prend. Relève-toi. »

« Aucun problème ! C’est comme si c’était fait ! »

Oh ? Il ne se plaignait pas ? C’était bizarre de le voir aussi motivé. Peut-être qu’il était possible de faire quelque chose de lui ? Le jeune homme recommençait ses attaques, celles-ci étant bien moins rapides qu’auparavant. Il voulait éviter de se prendre un nouveau coup au cœur ? C’était une bonne chose. Le but n’était pas d’améliorer son attaque ou sa défense mais de combler les deux pour les mettre au niveau. Il valait mieux parfois être moyen partout que seulement bon dans un seul domaine.

Hum ? C’était elle ou tout s’accélérait subitement et… en gardant la précision ? Il commençait à bien gérer même si cela faisait déjà une bonne demi-heure qu’il s’acharnait sur elle. Il devait aussi ressentir la fatigue… Mais… Mais… Les lignes noires sur ses bras étaient toujours présentes. SOIT ! C’était comme ça qu’il voulait se battre ? Elle allait aussi accélérer le rythme ! Elle continuait de se défendre avec agilité, contre-attaquant de nombreuses fois mais le jeune homme arrivait à parer avec quelques difficultés.
« Terminons cet exercice, veux-tu ? »

Hein ? Que quoi ? Il sentait rapidement que tout venait de changer. L’aura oppressante de la femme qui se trouvait en face de lui… était bien plus grande subitement ! Sans même un bruit malgré son épaisse armure noire, la femme se présenta à quelques centimètres de lui, donnant un violent coup d’épée dans la griffe droite pour la faire lever en l’air. Profitant du fait qu’il n’était pas protégé au niveau du ventre, elle alla le frapper en plein dans celui-ci. Le jeune homme pouffa de douleur, les yeux écarquillés par la surprise.

« Dommage… Mais bon… Tu as encore besoin de beaucoup d’entraînement pour… »

Elle s’arrêta de parler alors qu’elle posait son regard sur son armure noire. Cinq lignes diagonales étaient apparues sur celle-ci au niveau de la poitrine. Elle observa le corps effondré du jeune homme évanoui sur le sol. Il venait… de passer outre son armure ? Bien bien. Elle murmura pour elle-même :

« Le petit test est réussi. Nous passerons donc à la suite dès que tu seras réveillé. »

Elle fit disparaître son épée bâtarde, soulevant le corps de Tery comme si de rien n’était. Il était temps de retourner au campement. Pour une surprise, cela en avait été une… et une très agréable justement. Pour une fois, elle pouvait dire qu’elle était satisfaite de ce qu’elle avait vu et surtout reçu. C’était si rare… Vraiment si rare…

« Ah… Ah… Mal au ventre… et au crâne… »

« T’es enfin réveillé ? Je vais prévenir la maréchale. »

Hein ? Que quoi ? Il ouvrit rapidement ses deux yeux verts pour apercevoir un soldat qui s’éloignait. Ouah… Qu’est-ce qui s’était passé ici ? Il redressa le haut de son corps, poussant un petit gémissement au ventre en ressentant la douleur. Dire qu’il avait son pied soigné, maintenant il avait mal au ventre. Vraiment irrécupérable, il était.

Il s’apprêtait à se lever mais la maréchale Nali pénétra dans la tente, lui disant d’un geste de la main de rester assis. Il s’exécuta, se demandant ce qu’il allait faire maintenant. Il s’était évanoui dont elle ne devait pas être forcément très heureuse… Pourtant, la voix qui s’adressa à lui était loin d’être colérique :

« Bien dormi, Tery ? »

« Hein ? Bien sûr… Enfin… Disons que j’ai un peu mal au ventre quand même… »

« Tu t’es évanoui après un seul coup de poing de ma part. On dirait bien que la prochaine fois, tu penseras à avoir une armure sur toi. »

« Je ne sais pas si mon corps supportera ce genre de choses. »

« Il le faudra pourtant car tu vas être envoyé en mission avec quatre autres personnes pour quelque chose de relativement important. »

« Co… Comment ça ? » demanda t-il, la regardant d’un air inquiet. Encore un monstre bizarre à combattre ? Ils étaient sûrement différents de ceux de Shunter mais il ne se sentait pas plus confiant bizarrement. C’était même tout le contraire.

« Tu vas te rendre au beau milieu du clan qui est dans les environs. Il y a de fortes chances qu’un médaillon se trouve là-bas. »

« Et je pense que l’échec n’est pas permis cette fois non plus, c’est cela ? »

« Tu apprends vite… Oui… Tu as entièrement raison… Mais vous serez deux à connaître la véritable raison de cette mission. »

Ah ! Ils allaient être cinq mais deux d’entre eux dont lui sauront au courant pour ce médaillon, c’est cela ? Visiblement, il n’était pas sorti de l’auberge mais ce n’était pas plus mal. La maréchale ne semblait pas en colère contrairement à ce qu’il avait pensé.

« Bon… Donc… Repose-toi pour aujourd’hui pendant quelques heures et ensuite, dès que tu es prêt, tu viens me rejoindre dans ma tente. On ira te préparer ainsi que les quatre autres personnes qui seront avec toi. »

« D’accord maréchale Nali, merci de la confiance dont vous faites preuve à mon égard ! »

« De la confiance ? Non. C’est simplement que tu es devenu un peu plus utile qu’auparavant. C’est pour cela que je te confie ce genre de choses. »

Aie… Il aurait mieux fait de se taire pour pas changer tiens. La maréchale quitta la tente tandis qu’il l’observait. Le jeune homme s’écroula sur son lit de fortune tout en poussant un profond soupir de soulagement. Bon… Il devait donc se reposer un peu. C’était bizarre de ne pas se faire insulter par la maréchale… Il suffisait juste de briller à ses yeux.

Plus facile à dire qu’à faire mais bon… Il fallait bien faire des efforts aussi de son côté. Il se dirigea après trois heures en direction de la tente de la maréchale, les quatre soldats devant celle-ci hochant la tête pour lui dire qu’il pouvait passer. Pénétrant à l’intérieur, il entendit tout de suite la voix de la maréchale qui disait :

« Tu es donc déjà présent, Tery ? »

« Trois heures étaient bien suffisant. Est-ce qu’ils sont déjà tous là ? »

« Je pensais principalement que tu allais prendre plus d’heures pour te reposer. Enfin soit… Je vais prévenir mes gardes d’aller chercher les autres. »

« Vous ne voulez pas m’expliquer plus en détails ce que je dois faire ? »

« Tu as déjà oublié ce que je t’ai dit, on dirait bien… » murmura t-elle sur un ton neutre.

« Je ne veux pas vous mettre en colère ! C’est simplement que je sais que je dois aller au beau milieu d’un clan mais après ça ? »

« C’est tout simplement une mission d’espionnage voir d’assassinat si cela s’avère nécessaire. C’est bon ou tu n’as toujours pas compris ? »

« Euh… Je pense que j’ai bien compris cette fois-ci… Désolé de vous déranger. »

« Hum… Ca ne sert à rien d’être désolé si tu n’apprends rien. Tu as intérêt à éviter les erreurs lors de la mission car si tu échoues, tout le monde échoue… et meurt. »

Super ! Elle lui mettait la pression maintenant ! Comme si il n’avait que ça à faire de se prendre la tête sur tout ça ! Ah… Il ne devait pas faire de bêtise… Aucune bêtise… Mais rester en tant qu’espion ? C’était plutôt difficile… Car il avait souvent l’habitude d’ouvrir sa bouche… et pas pour dire des choses intelligentes. Il regarda la maréchale partir, observant l’intérieur de la tente. Il suffisait d’attendre que les autres arrivent maintenant.

Chapitre 3 : Souffre-douleur

ShiroiRyu
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Chapitre 3 : Souffre-douleur

« TERY VANIAN ! Je peux savoir ce que tu as fais cette nuit ?! »

« Tiens… Ca recommence… La maréchale s’en prend encore à lui. »

« Faut dire qu’hier, il a quand même fini avec une flèche dans la jambe et tout cela à cause d’une erreur d’inattention. »

« Ouais mais bon… Ce n’est pas le premier et ça ne sera pas le dernier. Qu’est-ce qu’il a pu lui faire pour qu’elle lui en veuille autant ? »

Les soldats discutaient entre eux alors que le jeune homme tentait de se diriger vers sa tente pour ne plus à écouter la maréchale Nali qui lui tapait sérieusement sur le système. Néanmoins, deux des gardes l’en empêchèrent alors qu’il gémissait, une douleur fulgurante venant le frapper à la jambe gauche.

« Je peux savoir où tu comptes aller ? Tu n’as pas l’air de comprendre ce qui s’est passé hier, visiblement ! Ce genre d’erreurs de débutant montre que tu n’as fait aucun progrès depuis ton intégration dans l’armée de Midès ! »

« C’est bon… C’est bon… J’ai compris le message : Je ne suis pas doué, voilà tout. »

« ET NE ME PARLE SURTOUT PAS COMME CA ! » hurla la maréchale avant de lui donner un violent coup de poing au visage, le faisant tomber au sol.

Et voilà que ça recommençait. Cela ne faisait que deux semaines qu’il était là et la maréchale lui en voulait pour une obscure raison. Il ne savait même pas pourquoi… Qu’est-ce qu’il avait fait de mal ? A part se faire blesser ? Il n’était pas le seul dans ce cas. Néanmoins, contrairement aux autres fois, il fut soulevé par les deux gardes, la maréchale lui disant :

« Maintenant… On va avoir une réelle petite discussion… Toi et moi. »

« Aie… Il a un peu abusé sur ce coup, Tery. Bon et bien… On lui souhaite bonne chance. » alla murmurer un soldat à un autre alors que le jeune homme se faisait traîner.

Qu’est-ce qu’il avait fait pour mériter ça ? Là, elle allait encore lui parler pendant une bonne heure et lui remonter les bretelles. Enfin bon… Il fut emmené dans la tente de la maréchale, celle-ci disant aux gardes de se retirer alors que lui-même restait allongé au sol, soutenant sa tête avec son coude. Elle alla lui dire sur un ton légèrement énervé :

« Relèves-toi quand je vais m’adresser à toi ! Exécution, Tery Vanian ! »

« Pourquoi est-ce que je le ferai, maréchale Nali ? » demanda t-il sur un ton légèrement insolant. Il en avait assez de tout ça. Il ne lui avait rien fait ! Il roula subitement sur le côté alors que le soleret noir de la maréchale venait s’abattre à l’endroit où se trouvait son ventre il y avait encore quelques secondes. Il l’avait échappé belle ! Il se redressa subitement alors qu’elle reprenait avec colère :

« De l’insubordination ?! On dirait que tu aimes passer des séjours en salle de tortures, Tery… Mais ici, il n’y a pas de moyens de torturer convenablement… Alors je vais moi-même m’occuper de ton cas puisque tu veux te rebeller. »

« Hein ? Mais… Mais non ! Je ne veux pas me rebeller ! C’est simplement que j’en ai marre de tout ça ! » s’écria t-il sans pour autant cacher la crainte qu’il avait dans sa voix.

« Hum ? Marre de quoi ? D’être un soldat ? Si tu ne voulais pas être un… »

« Ce n’est pas ça du tout ! J’en ai marre que vous me suiviez et m’en… »

Il s’arrêta de parler, se rappelant ce qu’il était en train de faire. Il contestait une nouvelle fois les ordres de la maréchale et celle-ci craquait déjà ses deux poings gantés avant de reprendre d’une voix lente :

« Maintenant que tu as commencé à parler… Je vais te laisser la possibilité d’assumer complètement tes dires jusqu’à la fin… Que tu n’aies pas de regrets en mourant. »

« Je… Je ne suis pas vraiment motivé à parler… »

« Exprime-toi sinon, ça sera la dernière chose que tu pourras dire. » annonça t-elle en sortant son épée bâtarde, la pointant au niveau du cou du jeune homme.
Elle ne blaguait pas… Enfin, elle n’était pas du genre à blaguer aussi… Il le savait très bien… Mais ce n’était pas ça le problème… Il ne savait pas comment le dire d’une façon telle qu’elle ne s’emporte pas et ça… C’était bien plus difficile au final. Il murmura d’une voix faible mais qui se voulait sûre :

« Votre comportement… envers moi… Je sais bien que… Voilà… Je ne suis qu’un soldat et vous… Une maréchale… »

« Et tu voudrais que je te montre un peu plus de respect ? Ne te moque pas de moi ! Pour avoir du respect, il faut en mériter ! Tu le dis très bien : Tu n’es qu’un soldat ! »

« Ce n’est pas de ça que je veux parler ! C’est pourquoi vous voulez me pourrir la vie ?! Est-ce que vous êtes comme les autres ?! Mais comme vous savez que j’ai ces lignes… Vous décidez d’en profiter en m’en faisant baver ?! En sachant que si les autres… le savent, cela risque de finir très mal pour moi ?! »

« Hum… C’est donc pour ça que tu crois que je… »

« Mais si ce n’est pas le cas alors pourquoi ?! A quoi ça vous sert de vous en prendre à moi jusqu’à ce point ?! » répondit-il en lui coupant la parole une nouvelle fois.

« Hum… Tu vas te calmer directement ou alors… Je te tue directement ? » demanda t-elle sur un ton ironique en ramenant la pointe de sa lame jusqu’à la gorge, laissant une goutte de sang s’en écouler. Elle reprit d’une voix calme :

« Je vais peut-être consentir à te répondre… Car malgré tes erreurs, tu fais des efforts et tu tentes de t’améliorer… Ce qui prouve que tu es sur une bonne voie… »

Hein ? Que quoi ? C’était un compliment qu’elle venait de lui faire ? Elle retira son épée bâtarde de sa gorge avant de le ranger. Elle fit un demi-tour sur elle-même, reprenant :

« Sais-tu pourquoi je m’emporte aussi facilement envers toi ? Tout en te disant personnellement que ce n’est pas comme cela que devrait se comporter une maréchale ? Je vais te le dire… Mais tout d’abord… As-tu une idée… même minime de ce que tu es ? »

« Au sujet de mes lignes noires ? Je sais… bien… qu’elles ne sont guère appréciées… »

« Non… C’est pire que cela. Tu es haï… Du moins, tant que tu montreras tes lignes mais ce n’est pas le cas. Tu es haï et rejeté… Mets-toi cela dans le crâne… Personne ne peut t’apprécier à part tes parents… et peut-être quelques rares personnes très proches de toi mais à côté, tu pourras faire tout les efforts que tu veux, tu ne seras jamais apprécié à ta juste valeur. C’est pourquoi il te faut t’endurcir. Il faut que tu montres que tu n’as besoin de rien, ni personne pour vivre dans ce monde ! Si tu es blessé par une flèche, cela prouve à quel point tu étais faible ! Est-ce que tu saisis ce que je veux dire ?! »

« Je crois oui… Enfin… Je vois… Et je m’en doutais un peu… avec sa réaction… »

« Sa réaction ? Tu as montré ses lignes à quelqu’un ? » demanda t-elle en se retournant une nouvelle fois pour l’avoir en face d’elle.

« Oui… Vous savez… La personne qui a voulu me tirer une flèche dans la tête… »

« Hum… Oui… C’est vrai… Mais maintenant, est-ce que tu comprends ce que je fais depuis le début ou non ? Car tu sembles véritablement perdu avec ces lignes noires… »

« Euh… Au final… J’ai une question personnelle… Comment est-ce que je suis sensé prendre ce que vous faites pour moi, exactement ? »

Hum ? Que voulait-il dire par là ? Elle l’observa à travers son casque, le jeune homme faisant un petit sourire désolé comme si il venait de poser une question embarrassante. Plusieurs secondes passèrent où elle se mit à croiser les bras, attendant qu’il reprenne la parole. Il commença à marcher, se dirigeant vers la sortie mais elle l’arrêta tout de suite en disant d’une voix sèche :

« Je peux savoir ce que tu tentes de faire ? »

« Je comptais partir… Enfin… Si j’en ai l’autorisation… »

« Tant que tu ne te seras pas exprimé correctement au sujet de cette question que tu m’as posée, tu n’as pas l’autorisation de sortir. »

« Mais… Enfin bon… Voilà… Je vais vous le dire… Est-ce que je dois vous considérer… Comme une alliée ? Mon professeur ? Enfin… Je veux dire… Comparé à tout ce qui m’entoure, je ne connais rien du tout… Et j’ai pris l’habitude de suivre quelqu’un… Donc est-ce que je dois vous considérer comme mon mentor ? Tout en sachant que je jouerai le jeu de celui qui est le souffre-douleur de… »

« Jouer le jeu ?! JOUER LE JEU ?! NON ! Ce n’est pas un jeu, espèce d’idiot ! Je suis ta maréchale et personne d’autre alors maintenant, pars d’ici avant que je m’énerve réellement ! » hurla la maréchale alors qu’il se mettait à courir vers la sortie.
HEY ! Il n’avait pas voulu être stupide ou méchant non plus ! Peut-être qu’il avait un peu exagéré en proposant une telle chose… Mais il ne mentait pas… Il avait besoin d’avoir quelqu’un pour le diriger. Il n’était pas capable de se débrouiller tout seul. Il poussa un profond soupir désabusé alors qu’il se dirigeait vers sa tente. AIE ! Il n’aurait pas du courir… Cela lui faisait atrocement mal à la jambe.

« Maréchale Nali ? Vous semblez particulièrement énervée. »

« Ce… Cet homme m’insupporte au plus haut point ! »

« Nous l’avons remarqué en entendant vos cris. »

Deux des quatre soldats chargés de surveiller l’entrée de la tente de la maréchale étaient rentrés à l’intérieur de celle-ci. Elle émit un petit grognement avant de reprendre :

« Il peut avoir ces lignes noires, il n’a pas à proposer cette… idée ! Pour qui se prend t-il ?! Ce n’est pas parce qu’il y a une maigre chance qu’il soit capable de contrôler ces lignes noires que je vais commencer à l’éduquer ! Cela ne commence par à dix-huit ans mais dès le plus jeune âge ! » continua d’elle de crier.
Il valait mieux éviter de la provoquer ou de la chercher par inadvertance. Les deux soldats quittèrent la tente alors qu’elle s’asseyait à nouveau sur son siège. Vraiment… Mais vraiment… Ce jeune homme allait lui causer de plus en plus de soucis !

« Si à chaque fois qu’il ouvre les lèvres, c’est pour réussir à m’énerver, je crois que je vais lui demander à ce qu’on lui tranche ces dernières ! »

Oui ! C’était ça qu’elle allait demander ! Elle tapota de sa main gantée de plaques sur le siège, l’autre maintenant sa tête. Pfff… Pourquoi se prenait-elle la tête justement ? A cause de ce jeune homme. A cause de son comportement ? Car il arrivait à la craindre mais à être irrespectueux sans le vouloir ? Il y avait tant de problèmes avec ce type…

« Aie… Aie… Aie… Ouh… »

« On doit déjà changer ce bandage ? C’est quand même une vilaine plaie… »

« Les soigneurs ont réussi à me la soigner en partie mais bon… Comme d’habitude, les soins ne font pas tout malheureusement… »

« Je veux bien te croire… Bon… Je vais le retirer et t’en mettre un nouveau. »

Héhéhé ! OUILLE ! Il avait du appeler l’un des soigneurs justement pour lui faire un nouveau bandage. Le pantalon relevé au niveau de la jambe gauche, Tery ne faisait qu’observer l’homme qui coupait son bandage taché de sang, laissant apparaître une entaille causée par la flèche qu’il s’était pris hier. Bon… L’homme alla lui mettre avec rapidité un nouveau bandage propre, lui redisant d’une voix lente :

« Avec ça, tu devrais tenir plusieurs jours maintenant que le sang s’est bien écoulé pendant la journée. Si vraiment, cela devient trop douloureux ou taché, tu me recontactes, Tery. »

« Aucun problème ! Je le ferai si ça s’avère nécessaire. Merci encore ! »

Il le regarda partir avant de se remettre debout, faisant quelques pas. Ah… Ca allait déjà un peu mieux mais bon… Il n’allait pas pouvoir faire des folies avec. Il allait devoir se méfier quand il allait combattre. Il tapota doucement du pied une nouvelle fois avant de sortir de la tente. Bon… Qu’est-ce qu’il devait faire maintenant ? Il n’avait pas tellement de choix… Et la guerre continuait… Mais il n’était qu’un soldat et il ne comprenait toujours pas où il se trouvait exactement sur la carte du monde. Si tout était aussi simple… Pfff…

« Hum… Nous allons devoir lever les tentes très bientôt. Nous continuons d’avancer et de progresser… Que les troupes se préparent au déplacement. »

« Comme vous le voulez, maréchale Nali. Nous serons proches d’une ville d’Honoros. Que devons-nous faire à partir de là ? »

« Hum… Laissez-moi y réfléchir pendant une heure et je vous dirai ce que nous ferons. »

Plusieurs gradés se retrouvaient dans la tente de la maréchale Nali, celle-ci leur disant de partir d’un simple geste de la main alors qu’elle se levait de son siège. Bon… Qu’est-ce qu’elle pouvait faire exactement à ce sujet… Plusieurs options s’offraient à elle mais l’une d’entre elles restait toujours la meilleure.

« Bon… Et bien… Cela fera un village en moins sur la carte d’Honoros. »

La décision avait été rapide en fait… Moins de cinq minutes. C’était la solution de facilité mais la plus radicale et efficace. De toute façon, ce n’est pas comme si le royaume d’Honoros était important n’est-ce pas ? Non… Il n’avait rien d’important… C’est ce qu’il recelait qui avait une quelconque importance à ses yeux.

« Ah… Comment ça ? On doit partir ? Je viens à peine d’arriver… »

« A force de parler comme ça, un jour, tu vas très mal finir. Déjà que la maréchale ne t’a pas dans son cœur, il ne manquerait plus que tu commences à balancer des phrases de ce genre. »

Bizarrement, il ne trouvait pas que le ton qu’il avait utilisé avait quelque chose de méchant ou autre… Non… Ce n’était pas du tout ça même… Il était plutôt amusé. Mais bon… C’était comme ça chez les soldats ! Ils ne comprenaient pas l’humour. Il se demandait même si la maréchale avait déjà rigolé une fois dans sa vie. Enfin… Il se dit à lui-même en murmurant :

« C’est pas le genre de questions que je devrai me poser. Si elle apprenait ça, elle risquerait de me couper la tête d’un bon coup d’hallebarde bien placé. »

« Je ne sais pas de quoi tu parles et il vaudrait mieux pour toi que je ne l’apprenne pas. » alla dire une voix derrière lui, le faisant sursauter.
Mais elle était toujours là quand il s’y attendait pas ou quoi ?! La maréchale devait vraiment apprécier de le persécuter non ?! Enfin… Elle semblait un peu plus calme après quelques heures… Et il préférait éviter de lui rappeler ce qu’il avait proposé comme idée… auparavant. Une simple mesure de sécurité si il ne voulait pas mourir quoi.

Il commença à démonter la tente sans rien dire, se faisant aider par un autre soldat alors qu’il demandait comment cela allait se passer… au niveau du déplacement. L’autre soldat alla lui rire en pleine face, lui expliquant qu’ils allaient marcher bien entendu ! Au revoir les chevaux qu’ils avaient utilisés pour venir ici.
« Bon et bien… De toute façon, je n’ai pas vraiment le choix. »

Oui… Mais bon… Il avait accepté de devenir un soldat de Shunter et avec ça, tout les inconvénients comme les points positifs… Bien que la balance penchait fortement vers les premiers. Après une trentaine de minutes, il se retrouva avec un épais sac sur le dos, un autre sur le torse, celui qui contenait ses propres affaires pour être précis.

« Je ne veux voir personne en retrait… Si j’en vois qui lambinent, lorsque nous serons arrivés, cela risque de très mal se passer pour eux. Au final… Je vais même établir une petite règle : Le dernier à arriver à notre futur emplacement aura affaire à moi personnellement. »

« Hey ! Tery ! C’est pour toi ça ! Tu sais ce qu’il te reste à faire mon gars ! »

« Héhéhéhé ! C’est tout bon, on n’a même pas à s’en… »

« Vous vous trouvez drôles, n’est-ce pas ? » alla demander sur un ton calme la maréchale alors qu’elle-même grimpait sur un cheval bicéphale et à la crinière enflammée. Elle reprit sur le même ton bien qu’il avait un petit air menaçant au fond :

« Puisque vous trouvez mes dires si… humoristiques… Je vais modifier cette règle : Nous allons nous rendre au nouveau point… Mais vous allez tous courir… Que je vois l’un d’entre vous arrêter de courir… Et il aura le droit à un sacré traitement… Je vous le promets… »

« Et voilà… On va encore dire que c’est de ma faute… Et avec mon pied… Pfff… »

Pourquoi est-ce qu’ils ne s’étaient pas tu ces types ?! Maintenant, il était obligé de perdre avec sa jambe blessée. La maréchale se positionna subitement devant lui, tendant sa main gantée de plaques noires avant de dire :

« Agrippes toi à elle que tu puisses monter sur mon cheval. »

« Hein ? Que ? Quoi ? Pour… »

« Ne poses pas de questions et exécution. » rétorqua t-elle alors qu’il s’agrippait à la main droite de la maréchale, le faisant gémir de douleur alors qu’il grimpait sur le cheval.

Qu’est-ce que tout ça voulait dire ? Il n’arrivait pas à comprendre la maréchale. Elle cria à tous de se mettre en route alors qu’il observait les soldats en train de courir derrière eux. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il était sur le cheval de la maréchale et… eux… en train de courir comme des dératés ? Il allait poser une question mais elle lui signala de se taire. D’accord… Même si il ne comprenait vraiment pas ce qui se passait entre lui et elle.

Une bonne demi-heure passa et ils étaient déjà partis loin devant. Maintenant, il ne voyait plus du tout les autres soldats. Il aurait bien aimé savoir pourquoi lui était sur ce cheval et les autres en train de s’épuiser mais… Il pensait qu’il valait mieux attendre. Et il avait eu entièrement raison. Après quelques minutes, elle prit enfin la parole :

« Tu te demandes pourquoi tu es sur mon cheval alors que les autres doivent courir, n’est-ce pas ? N’espère même pas que cela soit par pure sympathie envers ta personne ou alors de la pitié à cause de ta jambe blessée. Tu es l’unique responsable de cette flèche dans ta jambe. Non… Ce que j’ai fait, cela est pour leur donner une leçon. »

« Une leçon ? Ont-ils fait quelque chose de mal, maréchale Nali ? »

« Hum ? A part se moquer de toi, chose qui ne me concerne pas, ils n’ont guère pris au sérieux mes paroles. C’est pourquoi… »

« Vous avez décidé que je devais monter avec vous pour les punir… et leur montrer qui est la patronne dans ce groupe… Ainsi, ils éviteront à l’avenir de se moquer de moi et des nombreuses disputes qui s’ensuivent avec vous. »

« A peu de choses près, cela est exact. Tant que tu as compris, tout ira bien alors. »

Ah… Oui… Il avait parfaitement compris. Il n’avait été qu’un objet pour elle… Enfin… Ce n’était pas comme si cela était étonnant aussi non ? Néanmoins, elle reprit d’une voix calme :

« Essaye de te rendre un peu plus utile avec tes lignes noires. Tu es au-dessus des autres personnes et pourtant, quand on te regarde, tu donnes l’impression de n’être qu’un jeune imbécile qui ne sait pas quoi faire de son existence. »

« Disons… Que c’est peut-être un peu le cas… Il y a un an voir un peu moins… Je ne savais même pas me battre ou utiliser la magie. »

« C’est-ce que j’ai cru remarqué… Tu as des lignes d’Alzar dans ton corps. Utilises-les de telle façon que tu ne sois plus une plaie pour nous tous. »

« C’est quand même… méchant ce que vous dites. »

« Je ne fais que dire la vérité. Les lignes d’Alzar sont une arme à double tranchant. Si tu les utilises d’une manière déplorable, elles se retourneront contre toi et irons te dévorer de l’intérieur. Quand est-ce que tu les as utilisées réellement ? »

« Ca doit être… Pfiou… Je ne sais pas… Mais je préfère éviter de m’en rappeler… Je sais juste que j’étais dans un tel état de colère… Qu’il m’a fallut voir la mort de ce scorpion géant pour que je sois enfin calmé… »

« Hum… Mais tu arrivais à peu près à te contrôler… Chose que peu de porteurs arrivent à faire quand il s’agit des lignes d’Alzar. »

Peut-être que oui… Peut-être que non… La maréchale Nali semblait tellement s’y connaître… Mais bon… Ce n’était peut-être qu’une impression au final.

Chapitre 2 : Différences et ressemblances

ShiroiRyu
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Chapitre 2 : Différences et ressemblances

« Que tout le monde se protège ! Que ceux qui savent utiliser l’élément de la terre, produisent une légère carapace devant nous ! » hurla la maréchale alors que différentes personnes s’exécutaient, les unes après les autres.

Tout de suite, un mur de pierre alla apparaître devant les troupes, les flèches enflammées venant ricocher contre celui-ci sans réussir à atteindre les soldats. Tout de suite après, le mur s’effondra en morceaux, la première ligne partant tout de suite vers le front. De son côté, Tery n’arrivait pas à voir leurs adversaires, le champ de bataille étant bien trop grand… Et cela malgré les flammes qui parcouraient l’horizon lointain, la nuit étant tombée depuis déjà assez longtemps. Il avait peut-être dormi un peu plus que prévu…

« Tery… Tu vas devoir te préparer… Tu seras dans la prochaine tournée. »

« C’est une bonne ou une mauvaise nouvelle, maréchale ? »

« Si tu commences à parler avec ironie, je crois que je vais t’envoyer seul là-bas. » annonça la maréchale Nali alors qu’il observait pour la première fois… son arme à elle ?
Wahou… Même si la femme était sacrément forte de caractère… Il ne pensait pas la voir porter sur son dos ce qui ressemblait à une gigantesque claymore dont la lame était noire et la garde dorée. Wah… Impressionnante la femme à l’armure de plaques noires. Au moins, il savait déjà depuis longtemps qu’il ne fallait pas la provoquer. Elle se tourna à nouveau vers lui, reprenant la parole :

« Bon… Prépare-toi… Dans cinq minutes, tu pars avec eux. » dit-elle en désignant toute une troupe de soldats alors qu’il regardait si ses griffes étaient bien positionnées.

« Vous pensez que je pourrai m’en sortir indemne ? »

« Cela m’importe peu. Si tu arrives à survivre une semaine, considère que tu as de la chance ou alors que tu sais te battre. Si ce n’est pas le cas, j’espère que tu n’as pas de famille qui pourra te pleurer. » alla t-elle dire avec une voix légèrement ironique.

« Bof… J’ai une mère qui se fait du souci comme cinquante… Ce qui correspond à peu près au nombre de kilogrammes qu’elle a dû perdre après mon départ, je dirais… »

« Combien de fois devrai-je te dire que la vie de ta mère ne m’intéresse pas, Tery Vanian ? »

« Bah… Je ne fais que répondre à vos paroles, maréchale Nali. »

Les autres soldats le regardaient d’un air ulcéré. Comment osait-il parler de la sorte à la maréchale ? Il n’avait pas du tout peur de se prendre des coups ? Pourtant, il était facile de voir que la maréchale était à bout de nerfs à cause du jeune homme aux cheveux bruns. Celui-ci ripait ses griffes l’une contre l’autre avant de dire :

« Je vais prendre un peu d’avance sur vos paroles et me mettre déjà en position. »

« Je t’annonce une chose : Commets la bêtise de vouloir jouer au héros et ne repose plus un seul pied dans cet endroit. J’espère m’être correctement exprimée. » annonça la maréchale sur un ton qui ne laissait pas place à la réplique.

« Message bien compris… » murmura le jeune homme en déglutissant.
Ca ne servait à rien de retarder l’inévitable. Il devait se préparer… Il arrêta de jouer avec ses griffes, donnant un léger coup de pied dans le sol avant de soupirer. Voilà… C’était bon… Prendre une respiration calme… Et puis… Et puis…

« Que tout le monde se prépare pour le second assaut ! Je veux tous les voir exterminés ! » hurla la maréchale alors qu’il arrêtait d’observer le sol.


Maintenant ! C’était le bon moment ! Il fit quelques pas en avant, rejoignant les soldats. Certains portaient des morceaux de cuir, que cela au niveau du torse, de la tête, des jambes ou des bras. Lui ? Il n’avait rien du tout… En fait… Il n’avait que ses deux griffes et à part ça… Il n’avait rien d’autre malheureusement. Cela fit même sourire quelques soldats, bien mieux préparés que lui. Bof… Là, il n’avait pas du tout Olin avec lui… Dommage, ça lui aurait fait un peu de compagnie…

« Tu seras le premier à mourir, j’en suis sûr mon gars. » alla lui souffler un soldat.

« Tant mieux… Ou tant pis… Je ne sais pas trop quoi dire… » murmura Tery en haussant les épaules comme si cela ne l’affectait pas plus que ça.

Hum… Il faisait le fanfaron, celui que rien n’effrayait ? Il ne connaissait pas encore les redoutables clans d’Honoros mais ça… Ca n’allait pas tarder ! La maréchale Nali cria une nouvelle fois alors que tous se mettaient à courir en avant. En avant ? Vers quoi ? Il ne le savait pas… Mais il ne faisait que suivre le mouvement. C’était pour cela qu’il n’était qu’un soldat ici… Obéir sans se poser de questions.
Il se retrouva rapidement face à face à ce fameux clan… Du moins, une personne qui en faisait partie. Elle devait bien mesurer deux mètres de hauteur et ressemblait parfaitement à un humain… Sauf peut-être par rapport à ses oreilles qui étaient allongées horizontalement et coupées en deux parties de chaque côté. Aussi, son adversaire portait une moustache touffue de couleur noire tandis que des muscles puissants parcouraient son corps. Il était torse nu et des veines, ne portant qu’un fin pantalon de tissu brun tandis que des veines oranges parcouraient ses deux bras. Il portait un maul dans ses deux mains tout en s’écriant :

« Tsss ! Qu’est-ce que je reçois en face de moi ?! Un gamin étant à peine sorti du ventre de sa mère ! Il est temps de retrouver tes ancêtres ! Moi, Thana… »

L’homme s’écria soudainement de douleur alors que plusieurs traces sanguinolentes parcouraient son torse, Tery venant de le griffer une première fois alors que la seconde griffe alla se planter dans le cœur de l’imposant homme. Il donna ensuite un coup de pied dans le ventre, le faisant tomber en arrière alors qu’il ne bougeait plus. Il… Il n’arrivait pas à le croire. Dire qu’il s’était demandé… si il allait y arriver… Il venait de tuer un homme de sang-froid… Dans sa tête, il s’était dit : Tuer ou être tué… Il avait réagit tout de suite en se disant que son adversaire l’avait pris de haut… et qu’il fallait en profiter… Mais il n’arrivait pas à y croire… Il venait de tuer un homme… peut-être différent de lui… mais c’était un humain…

« Pas si mal ! T’as au moins un peu de ressource ! » alla crier un soldat qui venait d’en terminer avec son adversaire, la lame de son épée recouverte de sang.

« Euh… Oui… Merci… Ce n’était pas grand-chose ! » alla t-il répondre avec un peu de tremblement dans la voix.

Ce n’était pas de la peur qu’il ressentait… mais de l’excitation… C’était ça ? Tuer ou être tué ? Le mot lui restait dans la tête alors qu’il se mettait à serrer les manches de ses deux griffes. Tuer… Oui… Ce n’était pas une bête sauvage qu’il venait d’abattre mais… un humain… Un humanoïde… Une personne comme lui ou Elen. Hein… Elen ? Brrr ! Pourquoi est-ce qu’il pensait à elle maintenant ?! Et zut ! Il se sentait démotivé par ce qu’il venait de penser ! Un cri alla se faire entendre à côté de lui :

« AHHHHH ! Ne jamais être distrait dans un combat ! »

Hein ? Que ? Quoi ? Il tourna son visage pour apercevoir un autre homme d’Honoros, celui-ci tenant une hache dans sa main droite, un bouclier dans la main gauche. Il s’apprêtait à abattre son arme sur lui ?! MERDE ! Il devait se protéger mais c’était bien trop tard ! Ou… non ? Une grosse lame alla trancher en deux le corps de l’homme, aspergeant Tery d’un mélange de sang et de morceaux de muscles internes au niveau du visage et du corps.

« Je peux savoir ce que tu fais ?! » hurla la maréchale Nali, celle-ci remettant correctement son épée à deux mains alors qu’il hochait la tête en disant d’une voix lente :

« Juste un petit souci… Ca ne me reprendra plus, je vous le promets. »

« Tu n’as rien à me promettre ! Saches que ce n’est pas pour toi que je viens de te sauver mais pour tes lignes ! » continua d’elle de crier avant de repartir au loin.
Ces lignes… étaient vraiment si importantes ? C’est vrai qu’elles… représentaient les lignes d’un dieu… mais il n’était pas le seul non ? Alors pourquoi est-ce que ça dérangeait tant que ça ? Il n’arrivait pas vraiment à saisir… Mais la maréchale Nali ne pouvait pas se débarrasser de lui… Il en était sûr et certain à ce sujet !

Bon ! Elle venait de lui sauver la vie, il était juste et correct de se mettre à la suivre pour la protéger même si il se disait pertinemment qu’elle n’en avait pas besoin. Il courut pour arriver à la hauteur de la femme en armure de plaques noires, se disant qu’elle courait drôlement vite malgré l’attirail qu’elle avait sur le corps. En voyant le jeune homme aux cheveux bruns, elle fut surprise et lâcha :

« Je peux savoir ce que tu fais ici ?! Tu devrais plutôt aller te battre ailleurs ! Je n’ai pas besoin de toi ! Tu es plus une plaie qu’autre chose ! »

« C’est pas sympathique de votre part, maréchale Nali ! Vous m’avez quand même sauvé, il est de mon devoir et de mon honneur de venir… »

« TU N’AS AUCUN HONNEUR OU DEVOIR ! Tu n’es rien du tout alors lâches-moi ! » continua d’elle tout en criant, un homme s’avançant vers eux, une lourde masse dans sa main droite. Il n’eut pas le temps de réellement réagir que la lame de l’épée de la maréchale s’enfonça dans son torse, ressortant de l’autre côté. D’un simple geste de la main gauche, elle trancha le côté gauche de l’homme pour extirper son épée alors que Tery remarquait avec un peu d’étonnement dans la voix :

« Mais… Vous ne vous battiez pas avec votre épée à deux mains auparavant ? »

« Mais d’où est-ce que tu sors ? Je me demande encore ce que tu fais dans l’armée de Shunter, Tery Vanian ! Cette épée est une épée bâtarde ou une épée à une main et demie ! Elle se tient à une comme à deux mains… Elle porte bien son nom… Cette épée… Elle me sied parfaitement ! » alla t-elle dire comme si cela était évident à ses yeux.

« Si vous le dites… Je ne voulais pas vous vexer… » murmura Tery comme si il avait l’impression d’avoir dit une bêtise.

« Pour une fois que tu arrives à ne pas me mettre en colère, tu ferais mieux de te taire et de continuer à faire ton travail de soldat, Tery ! »

D’accord, d’accord ! Il avait parfaitement compris. Roh… Pfiou… Ce n’était pas simple de comprendre cette maréchale… Il avait l’impression que pour elle, seul le combat comptait… Et puis cette épée bâtarde… semblait assez spéciale en soi… Il ne savait pas comment dire… mais elle semblait être… parfaite pour la maréchale… Comme si elles étaient faites l’une pour l’autre ? C’était bizarre en pensant de cette façon mais… Il ne voyait ça que comme ça.

« Qu’attends-tu, Tery Vanian ?! Ils sont toujours à l’assaut ! »

Oui ! Il devait se concentrer sur les hommes d’Honoros plutôt que de discuter avec la maréchale Nali ! Il continua de se battre à côté d’elle, la femme en armures de plaques noires se battant avec frénésie, utilisant une magie bien particulière puisqu’elle consistait à créer des lames de vent qui allèrent laisser de vilaines marques sur la poitrine des hommes et des femmes qu’elle combattait. A partir de là, elle profitait de la stupeur de ces derniers pour les trancher et les tuer.


Elle se battait comme une diablesse, il devait le reconnaître. Contrairement à elle, il était loin de faire le poids mais son niveau dans la magie… était stupéfiant… Il ne savait pas que c’était possible ce genre de choses… Du moins, il ne connaissait pas vraiment les arcanes magiques mais il était sûr que ce n’était pas un sort mineur qu’elle venait de faire. Enfin, il connaissait maintenant son élément de prédilection : Le vent. Un peu comme lui non ? Encore que dans son cas précis, il avait bien un élément de prédilection mais il pouvait tous les utiliser.
Dommage… qu’il n’avait pas son masque noir, cela aurait été assez… drôle de jouer avec celui-ci. Sa magie se serait retrouvée amplifiée et cela aurait été bien plus… drôle au final. Mais bon… Ce n’était pas l’heure de penser à ça et il faisait de son mieux pour impressionner la maréchale. Etait-ce parce qu’il avait affaire à une femme ou non ? Peut-être… Comment dire… Ce n’était pas vraiment machiste mais vu le caractère de la femme qui rabaissait la majorité des soldats, c’était le bon moment pour montrer ce qu’il savait faire ! Du genre… Comment avait-il réussi à battre ce ver géant non ?

Il se concentra tout en courant, des lignes noires apparaissant sur son bras alors qu’une pierre de quelques centimètres de diamètre apparaissait dans la paume de sa main gauche. Assez difficile d’ailleurs de tenir une pierre lorsqu’on portait des griffes en même temps, il devait le reconnaître. Il savait que ce n’était pas avec ça qu’il allait tuer un ennemi mais… Mais… Cela allait lui permettre de les surprendre héhéhé !

Il envoya simplement avec violence la pierre au niveau du visage, blessant et faisant crier l’homme en face de lui avant de viser la carotide. L’homme s’arrêta de crier, ne pouvant plus vraiment faire quelque chose alors qu’il s’écroulait au sol. Comment pouvait-il exprimer du plaisir à tuer autrui ? Il ne comprenait même pas lui-même ce qui lui arrivait, tout ce qu’il savait, c’est qu’il se plaisait à tuer ses adversaires, n’hésitant pas à planter ses griffes dans tous ceux qu’il rencontrait. Bizarrement, aucun ne semblait être capable d’utiliser sa magie. Lui-même ne l’utilisait peu : Il n’avait rien pour cacher ses lignes noires.
Après plus d’une demi-heure de bataille intense où il se retrouva néanmoins sans blessures, à sa grande surprise, deux soldats vinrent le chercher, lui signalant que c’était terminé. Il observa les cadavres tout autour de lui : Pour trois soldats, il y avait environ une dizaine de morts du côté d’Honoros. C’était donc une victoire quasi-parfaite. Il poussa un profond soupir avant de se dire :

« Dès la première soirée… Fallait vraiment que ça tombe sur moi. »

« Fais pas cette tête ! Dis-toi que t’as eu une double chance : Tout de suite au combat et tu es indemne alors que les autres arrivants étaient à peine réchauffés. On en a même un qui a fini avec une flèche dans l’œil malheureusement… Et puis bon, à côté, tu étais sans même une armure de cuir pour protéger ton corps ! A se demander comment tu as fait pour t’en sortir sans blessures, t’as un secret ? »

« Oui ! L’expérience. Non, je rigole… Je dirai plus que c’était de la chance. Je n’aime pas me vanter alors que je sais bien que tout ça n’est pas du à mes compétences qui sont risibles. »

« C’est sûr mon gars ! Surtout qu’avec la maréchale, il faut éviter de trop faire le malin ! » termina l’un des deux soldats pour la discussion alors qu’ils retournaient auprès des tentes.
Trois à quatre longues files de blessés étaient placées devant des tentes, Tery se disant qu’il n’avait pas besoin de se rendre là-bas. De l’autre côté, il remarqua que la maréchale Nali retournait dans sa propre tente, les quatre gardes habituels se positionnant devant son entrée pour empêcher quiconque de pénétrer à l’intérieur. Enfin… D’autres soldats… étaient tout simplement en train de manger ou de jouer entre eux, bien qu’il était tard et qu’ils étaient déjà à moitié en train de dormir.

« A part avec les blessés, on ne dirait pas que l’on vient de se faire attaqués… »

« Faudrait t’y habituer, on reçoit une attaque tous les deux ou trois jours. Bien heureusement, ces hommes d’Honoros ne sont pas du tout doués et ne savent pas se coordonner. En plus, ils ne savent pas vraiment utiliser leurs lignes. »

« J’ai pu voir ça… Ils sont un peu stupides ou c’est moi ? »

« Non, non ! T’as parfaitement raison ! Ils sont stupides et idiots ! Ils sont du genre à foncer droit vers nous sans même se soucier de mourir. Un peu comme des kamikazes voulant faire le plus de dégâts avant de mourir. Le problème, c’est qu’ils n’ont pas souvent le temps d’emporter un adversaire dans la tombe. Tous des idiots. »

« Bon, ben… Je demanderai des informations plus précises demain. Moi, je suis crevé. J’ai fais un voyage de plusieurs jours dans une charrette et on se fait attaqués le même jour. Je suis sensé dire quoi ? »

« Ouais, ouais, ouais ! Bonne nuit ! Toute façon, dans trois ou quatre heures grand max, tu seras réveillé comme les autres ! » alla lui dire le soldat avant de le saluer.

Bah… Qu’est-ce qu’il pouvait faire d’autre de toute façon ? Il retourna dans sa tente, se couchant dans ce qui lui servait de lit avant de tenter de fermer les yeux. Il avait déjà retiré ses griffes mais il observait ses mains bien qu’il ne les voyait pas. Il n’arrivait pas à le croire… Il avait tué… sans aucun souci… des hommes… qui lui ressemblaient… Pourquoi alors ? Il se murmura :

« J’ai fait couler du sang… mais d’un humain… D’un humain… De plusieurs humains même… Ils avaient sûrement une famille… »

Ou non… Il s’en fichait pas mal au final non ? Ou non ? Il se retourna sur lui-même, cherchant à trouver le sommeil sans y arriver. Ce n’était pas aussi facile que ça malheureusement. Il n’arrivait pas… Il n’arrivait pas à dormir… Quelque chose l’en empêchait… Et ça l’énervait plus que tout…

« MERDE ! J’en ai marre ! »

Il se releva finalement. Il n’aimait pas se mettre en colère inutilement mais là, il s’y sentait presque obligé. Qu’est-ce qu’il pouvait faire pour oublier ce qu’il avait commis ? Rien du tout ! RIEN DE RIEN ! Pffff ! Il quitta sa tente, se dirigeant vers des soldats qui l’observaient, ces derniers ayant entendu son cri rageur.

« Est-ce que vous auriez quelque chose à boire ? J’ai besoin… de… me calmer… »

« On dirait que c’était ta première bataille ! T’as l’air tout tremblant, mon gars ! Tiens ! » lui répondit l’un des soldats, lui tendant une amphore avant de recommencer à jouer aux cartes avec les autres soldats.

Une amphore ? Et elle était remplie d’un liquide dont il n’arrivait pas à voir la couleur. BON ! Qu’importe ! Il n’allait pas s’arrêter pour si peu ! Il ramena l’amphore à ses lèvres, laissant se déverser le liquide dans son gosier avant d’ouvrir en grand ses yeux, se mettant à tousser et à cracher alors que les soldats rigolaient. Celui lui ayant donné l’amphore lui demanda sur un ton légèrement amusé :

« Me dit pas que c’était la première fois que tu buvais de l’alcool quand même ?! C’est ta soirée mon gars ! Fallait bien se lancer un jour héhéhé ! »

« Wah… Je crois que j’ai mal au crâne… » murmura le jeune homme aux cheveux bruns avant de poser une main sur son front en le malaxant.
Il tendit l’amphore aux soldats avant de signaler qu’il allait plutôt se recoucher car il ne se sentait pas vraiment bien. De l’alcool… Il venait de boire de l’alcool ? URK ! Il se sentait légèrement nauséeux… Et il avait une légère migraine qui venait d’arriver. Il retourna dans la tente, se couchant sur son lit de fortune avant de fermer les yeux. Il était posé sur le ventre, la tête sur le côté alors qu’il se disait que l’alcool… Ce n’était pas pour lui.

Il s’endormit rapidement, après moins de cinq minutes, les effluves d’alcool émanant de son corps alors qu’il se disait qu’on ne le reprendrait plus à toucher à ça. Il pensait à quoi ? A une bande de Gnomolds en train de faire des pas de danse autour de lui… Certains étaient même affublés d’une drôle de tenue… Comme le tablier de sa mère…

Lorsqu’il se réveilla, le mal de crâne ne semblait pas avoir disparu et il avait même la bouche légèrement pâteuse. Il était quelle heure ? On l’avait laissé dormir ? Non… Il devait y avoir surement un problème. Il se leva avec une légère difficulté, sortant de la tente en tentant de reprendre correctement ses esprits.

« Tery Vanian… Cela fait trois fois qu’un soldat a essayé de te réveiller… Je lui ai demandé de ne pas te forcer si tu n’y arrivais pas… » alla dire d’une voix lente la maréchale Nali.

OUPSSSSSSSSSSS ! Il se retrouvait en face d’elle, plus confus qu’autre chose. Il avait bu… Il savait qu’il n’aurait jamais du toucher à l’alcool mais…

« Tes petits penchants ne concernent que toi, néanmoins… Tu es un soldat de Midès et je ne vais pas perdre mon temps à te rappeler que tu as une mission envers Shunter. Alors, lorsque tu décides de boire, je te conseillerai d’éviter de trop consommer car la prochaine fois, cela sera à coups de pied que tu seras réveillé. Le message est-il bien passé ? »

« Très bien… passé, maréchale Nali. »

« Tant mieux alors. Que tous et toutes se préparent pour l’entraînement de la matinée ! »

Elle s’éloignait sans plus s’attarder sur lui, quelques soldats venant l’entourer, le regardant d’un air amusé et railleur. Qu’est-ce qui se passait ? Il n’était pas d’humeur à se battre.

« Qu’est-ce que t’as fait à la maréchale ? D’habitude, elle ne prend pas de souffre-douleur. »

« Qu’est-ce que je suis sensé en savoir ? Elle n’aime pas ma tête depuis le premier jour. »

« Tu devrais sérieusement t’inquiéter, mon gars. Un jour, ça va mal finir. »

« Hey ! Je suis sensé faire quoi, moi ? Je ne lui ai rien fait pourtant ! » répondit Tery sur un ton légèrement énervé, retrouvant ses esprits.

« On ne sait pas mais on te prévient, elle n’est vraiment pas commode. Ca fait un an et demi que je suis sous ses ordres et elle a maté des types bien plus musclés que toi. »

« Je ne me sens pas rassuré pour autant… De toute façon… Je n’ai pas grand-chose à dire à ce sujet, on ne me laissera pas parler. »

« Bon… On y va. Faut juste que tu sois un peu plus discret. »

Ah… Plus facile à dire qu’à faire. Les autres soldats allaient le prendre en pitié… Et la maréchale Nali allait le prendre en grippe. C’était vraiment une bonne nouvelle en soi.

Chapitre 1 : Aux frontières de feu

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Première partie : Dans le royaume des flammes

Chapitre 1 : Aux frontières de feu

« Tiens donc, Tery Vanian ! »

« Maréchale Nali… Heureux de vous revoir… Enfin… Je crois. »

Le jeune homme aux cheveux bruns fit le salut militaire alors que la femme à l’armure de plaques noires se retrouvait sur un cheval recouvert lui-même par des morceaux de métal noir. Impressionnant… Ce fut la première chose qu’il pensa. Dire que les chariots avaient été arrêtés… par elle ? Et par plusieurs soldats qui accompagnaient la maréchale à cheval.

« Que tous les chariots nous accompagnent, nous sommes proches de la frontière d’Honoros ! » s’écria la maréchale alors qu’elle tirait son cheval pour lui faire quitter l’arrière du chariot dans lequel se trouvait le jeune homme.

Bon ben… Au moins, il y avait une bonne nouvelle non ? Ils étaient bientôt arrivés dans le royaume d’Honoros. Donc il allait pouvoir enfin quitter ce fichu chariot qui lui donnait bien trop la nausée. Mais bon… Il ne savait pas non plus ce qui allait l’attendre. La maréchale étant au courant qu’il était là… Cela risquait de chauffer pour son grade et non pas seulement à cause de la hausse de température qu’il y allait avoir.

« Ah… Bon… Je devrai me calmer et attendre, je pense, non ? »

« C’est la meilleure solution à faire, mon gars. De toute façon, on doit en avoir pour au moins encore quelques heures. Mais la maréchale a l’air de te connaître. T’es du genre héros de guerre ou fouteur de troubles ? » demanda le soldat qui venait de lui répondre.

« Disons que la maréchale Nali sait quelques petites choses sur moi et donc qu’elle me tient dans la paume de sa main. Y a rien de plus ! »

« D’accord, donc t’es dans la catégorie des bordéliques dont on doit se méfier. » termina le soldat pour la conversation alors que Tery haussait les épaules en souriant.

Bordélique ? Ce n’était pas vraiment le terme qu’il aurait utilisé pour se définir mais pourquoi pas ? Ce n’était pas forcément une mauvaise chose. Au moins, ça lui donnait une allure ou une forme qu’il ne niait pas. Mais bon… Il devait aller questionner la maréchale dès qu’il le pourrait. Il avait plusieurs choses à lui demander… comme cette personne au masque noire. Elle devait sûrement être au courant de tout ça.

« Ah… Vraiment… J’aimerai vraiment ne pas être un imbécile. »

« Ca, c’est plus dur à faire qu’à dire, mon gars. » lui répondit un autre soldat alors que des rires fusaient dans le chariot.

Sincèrement… Il devait arrêter de parler à voix haute, il se rendait ridicule à force. Il regarda les autres soldats puis les chevaux du chariot derrière eux. Ah… Ces chevaux ressemblaient à ceux qu’il avait déjà vus à Midès… Bicéphales… Mais bon, c’était surtout le décor autour des chariots qui était le plus intéressant. Il y avait de moins en moins de verdure, plus de pierres et de rochers, comme pour montrer le contraste entre les deux royaumes.

Les minutes passèrent, puis les heures et enfin, le chariot s’arrêta comme les autres. Ils étaient arrivés à un campement, un ensemble de tentes en toile noire, des tentes dont la toile semblait assez spéciale… Lorsqu’il s’en approcha d’une, l’un des soldats alla lui dire qu’elles étaient ignifugées, une simple mesure de sécurité si ceux qu’ils affrontaient décidaient d’utiliser les flammes.

« Ah… Et nous sommes combien au total ? » demanda le jeune homme.

« AHHH ! Mon bras ! JE SOUFFRE ! CA BRÛLE ! »

« Arrête de crier, ça ne s’arrangera pas de toute façon ! »

Hum ? Il détourna le regard vers deux soldats, l’un soutenant l’autre par le bras gauche. Celui de droit était entièrement calciné et ne ressemblait plus à grand-chose. Le soldat était en pleurs et serrait les dents… Hum… Il y avait peu de chances qu’il retrouve son bras en parfait état… malgré les soins que les médecins de guerre allaient lui donner. Il se retourna pour attendre la réponse du soldat qu’il avait interrogé, celui-ci lui disant :

« Je pense à cinq mille dans cet endroit. Mais enfin, nous sommes assez dispersés en ligne. Nous avons déjà dépassé la frontière d’Honoros. Il n’est pas difficile pour nous de les éliminer… mais ils font sacrément de dégâts sur nos troupes… et ils sont agiles… »

« Comment ça, ce n’est pas difficile de les éliminer ? »

« Arrête de poser des questions stupides, Tery et accompagne moi dans ma tente de commandement. » alla dire la maréchale Nali en le prenant par le col. Elle était arrivée derrière lui alors que les autres soldats étaient descendus les uns après les autres des chariots pour se diriger vers les tentes qui allaient leur être assignées.


WOW ! C’était brutal comme méthode ! Il se faisait complètement traîné par la femme en armure de plaques noires, les têtes se tournant vers lui sans qu’il ne réagisse. Il valait mieux ne pas la contrarier. Comme il était de dos, il ne remarqua pas où il était emmené mais il put voir quatre soldats armés de lances et recouvert d’une armure de mailles. Ah ? Des anciennes connaissances visiblement. Ils étaient surement ceux chargés de protéger la maréchale, ce n’était pas si rare. Il fut jeté violemment au sol alors qu’il voyait enfin la tente se refermer derrière eux. La voix de la maréchale se fit entendre à nouveau :

« Alors Tery… Tu vas me dire tout de suite qu’est-ce qui s’est passé avec toi ? Je veux parler du village de Leskar et de ce qui s’est déroulé… »

« Euh… Au sujet du médaillon ? Vous êtes sûre qu’on peut en parler ici ? »

« Tu n’as pas à t’inquiéter pour la sonorisation de cette tente. Elle est assez grande au point que personne d’autre à part moi ne puisse entendre cette conversation. Tu devrais plutôt t’inquiéter de ce que je risque de te faire… selon tes dires. Alors tu vas me raconter exactement ce qui s’est passé… Depuis que tu es arrivé dans le village jusqu’à la mort de la créature vivant dans les environs. »

Oups… Elle avait des doutes… et ce n’était pas des petits d’après l’allure qu’elle avait. Elle croisait les bras couverts de métal noir au niveau de sa poitrine. Maintenant qu’il la voyait, elle semblait légèrement plus grande que lui. Il se demandait à quoi elle ressemblait sous ce casque… Enfin non… Ce n’était pas son problème. Il avait déjà eu son lot de surprises avec les personnes qui camouflaient leur visage.

« Par où est-ce que je dois commencer ? Alors, j’ai rencontré ma mère… Elle avait perdu quand même quelques kilos, plus d’une vingtaine voir trentaine. »

« Tery… Il y a une chose que je ne supporte pas, c’est que l’on se moque de moi. » murmura la maréchale Nali en faisant craquer ses mains gantelées.

« Mais mais mais… Je ne plaisantais pas, maréchale ! C’est la vérité vraie ! » annonça t-il d’une voix légèrement tremblante.

« La vie de ta mère ne m’intéresse pas le moins du monde ! Je veux savoir ce qui s’est passé exactement pour que le médaillon ne soit pas entre nos mains ! Est-ce que tu as la mémoire courte et je dois te la rafraîchir ou alors tu penses qu’elle va te revenir ? »

« Je… Bon… Je ne rigolais pas… auparavant… C’est simplement que vous vouliez en détails ce qui s’était passé alors bon… Je vais tout vous dire. »

Il était obligé de parler d’Elen… mais pas de lui dire son nom… ou à quoi elle ressemblait ! Ca, c’était hors de question ! Alors, il commençait à raconter ce qui s’était passé : La première rencontre avec la personne au masque blanc, la poursuite qui s’en était découlée et toutes ces choses… Néanmoins, elle lui coupa la parole au beau milieu de son flot de phrases en faisant un geste de la main. Il était arrivé au moment où il avait décidé de laisser rejoindre la personne au masque blanc :

« Tu étais sûr et certain que ce n’était pas la même personne ? Tu avais l’air bien décidé quand tu l’as emmenée avec vous… »

« J’en suis sûr et certain ! Comment vous dire… Cette personne était celle qui m’a permis d’apprendre les armes et la magie… Sans elle, je ne me tiendrai pas devant vous car j’aurai été mort par un Gnomold… »

« Hum… D’accord… Et une question : Etait-ce la même personne si… »

« NON ! Pas du tout ! Oups… » murmura t-il en baissant la tête. Il venait de couper la parole à la maréchale Nali mais il décida de reprendre tout de suite :

« Sauf votre respect, maréchale… Ces deux êtres n’étaient pas une seule et même… personne. Pardonnez-moi de vous avoir coupé la parole. »

« Hum… Ca ne fait rien… Je ne tiendrai pas compte de cela… Donc continues ton récit. »

Bien, bien… Au moins, il avait réussi à échapper à cela. Maintenant, il pouvait continuer à parler de ce qui s’était passé ensuite. Il raconta comment ils avaient trouvé la zone où était localisée la créature posant des problèmes au village de Leskar et les renforts qui étaient arrivés après une semaine. Il semblait s’embrouiller puisqu’il avait omis de parler du masque noir qu’il avait sur son visage ainsi que la personne qui lui avait donné celui-ci. Enfin, la maréchale semblait l’écouter attentivement, hochant la tête plusieurs fois de suite jusqu’à ce qu’il décrive le combat.

« Hum… Est-ce que tu as remarqué quelque chose de différent, Tery ? Pendant ce combat. »

« Hum… Oui ! Ce masque noir… Il est magique n’est-ce pas ? Je n’ai eu aucune difficulté à me battre avec lui… En fait, non… Je me sentais terriblement puissant même… »

« C’est normal… Il développe les pouvoirs de ceux qui ont les lignes d’Alzar… et sont crées par les disciples de ce dernier… Comme il en est de même pour ceux porteurs de la ligne de la déesse Zélisia. Comment s’est passé le reste du combat ? »

« Et bien… Autant vous dire que ce n’était pas très joli, maréchale Nali. Il y a eu énormément de mort mais grâce à l’aide de l’Ombre comme je l’appelle et moi-même, nous avons réussi à terrasser ce monstre. Ensuite, j’ai demandé aux autres membres de l’armée de Midès de prendre de l’avance car je devais éviter qu’ils voient la véritable raison de ce combat. »

« Hum… Jusque là, tu as bien fait… Continue donc… »

Bien… Il avait encore une petite chance de s’en sortir vivant non ? Enfin… Ou presque quoi. Il aurait donné tout ce qu’il pouvait pour voir les yeux de la maréchale Nali mais il reprit la parole, cherchant pendant quelques instants ses mots avant de dire :

« Ce qui m’a étonné, c’est que l’Ombre connaissait aussi le fait qu’il y avait un médaillon ici. Je dois vous l’avouer : J’étais déjà au courant au sujet de ces médaillons… Car la première fois que l’Ombre m’a sauvé la vie, je fus emmené avec elle pour combattre une bande de gnomolds et elle a récupéré un autre médaillon. »

« Hum ? Et tu n’as pas posé de questions à ce sujet ? Comme l’utilité des médaillons ? »

« J’avoue que j’étais plus… sur le choc et le remerciement d’avoir été sauvé plutôt que sur le fait de poser des questions, sincèrement… Je dois continuer ? Alors, après cela, nous sommes remontés tous les deux et nous allions partir quand j’ai entendu un bruit provenant des alentours. Un bruit que je connaissais très bien… »

« Hum ? Et quel était ce bruit ? Un petit animal qui s’enfuyait ? » ironisa la femme à l’armure de plaques noires alors qu’il hochait la tête d’un air négatif.

« Non… C’était un bruit… Disons que … Dans le passé… J’ai déjà rencontré un Gnomold… bien plus puissant que les autres… Il se nomme Rokar… Et c’est lui qui gère les clans dans les environs de Leskar… Néanmoins, il n’a plus jamais attaqué ce village depuis toutes ces années. Il préfère que des gens imprudents aillent combattre ces hommes pour les dépouiller de tout ce qu’ils sont… »

« Rokar ? Hum… Pour me dire ce nom, cela prouve que tu ne mens pas. Ce n’est pas un nom que l’on peut inventer ou trouver dans les livres aussi facilement. Et quel est le rapport avec Rokar ? Tu voudrais me dire qu’il est venu jusque dans les alentours de ce trou, c’est cela ? » demanda la maréchale Nali alors qu’elle s’approchait de Tery.

Il hocha une nouvelle fois la tête avant de la baisser. Autant dire qu’il évitait de jouer le guignol en ce moment. Il se rappelait très bien la façon de faire de la maréchale si elle était en colère… Et autant dire que ce n’était pas forcément très joli à voir… ou à sentir. Il reprit la parole avec une légère lenteur comme pour terminer son récit :

« Mais avant qu’il n’arrive avec sa troupe de Gnomolds, j’ai envoyé le médaillon à l’Ombre et je lui ai dit de partir le plus rapidement possible. »

« En t’abandonnant ici ? Et tu as confié ce médaillon à quelqu’un dont tu ne connais rien ? »

« Je lui faisait complètement confiance ! Elle m’a sauvé ! Ca me paraissait normal ! Et contrairement à moi… Elle était bien plus forte… Alors autant se sacrifier… »

« Quelle notion stupide que le sacrifice… »

« Oui… Mais ça ne s’est pas passé comme prévu… Et lorsque je me suis retrouvé face à Rokar, celui-ci m’a tout simplement donné un coup de tête avant de me laisser au sol, au milieu des cadavres de Gnomolds et de soldats…  Bien entendu, il était accompagné d’une cinquantaine de Gnomolds ! »

« Tu veux me faire croire qu’ils t’ont laissé seul ? »

« C’est le cas pourtant, maréchale Nali ! Et ce n’est pas la première fois que Rokar m’a… laissé comme ça… » murmura le jeune homme en baissant la tête, légèrement gêné.

Hum… Cela semblait suspicieux mais ses paroles concordaient avec celles dont elle avait eu vent il y a une semaine de cela. Il avait bien été retrouvé au milieu des cadavres, une bosse sur le front. Hum… Bon… Elle avait obtenu ce qu’elle voulait en un sens. Elle fit un petit geste évasif de la main avant de dire :

« Je crois que j’ai eu tout ce que je voulais… Quand à cette personne que tu appelles Ombre… Ou l’Ombre… Qu’importe la façon dont tu l’appelles, dorénavant, je t’ordonne de la considérer comme une ennemie… Non pas une ennemie personnelle… mais une ennemie publique… Ce que tu as fait était digne du roi des imbéciles… Mais nous mettrons cela sur ton manque d’éducation flagrant… »

« Est-ce que je peux me retirer maintenant ? » demanda t-il d’une voix légèrement inquiète.

« Tu le peux… De toute façon, nous aurons d’autres discussions… toutes aussi importantes dans les prochains jours. Je n’oublierai surtout pas de t’appeler lorsqu’il sera nécessaire de t’utiliser… Au final, tu ne sers qu’à ça, n’est-ce pas ? »

« Euh… Je préfère éviter de vous contredire… et de vous demander pourquoi… »

Bien bien… Cela rentrait peu à peu dans sa tête mais il commençait à comprendre son rôle : Il n’était qu’un objet dans ses mains et c’était cela qu’il ne devait JAMAIS oublier. Elle lui fit un second geste de la main pour dire qu’il pouvait s’en aller. Il s’inclina légèrement, quittant la tente avant de pousser un profond soupir après quelques mètres de marche. Vraiment… Il était à nouveau avec la maréchale… Et ce n’était pas forcément la meilleure chose…

Il demanda où il était affecté au niveau des tentes, signalant son nom avant qu’on ne lui donne un lieu plutôt éloigné… Les tentes les moins… belles… Ah… Il n’osa pas demander pourquoi, comprenant parfaitement ce que cela voulait dire : Même ici, les nobles et les classes supérieures avaient le droit à un meilleur traitement. Ici, il n’était qu’un simple soldat d’après ce qu’il avait cru comprendre… Bah… Ce n’était pas dramatique. Pourquoi il pensait ainsi ? Car c’était la pure vérité… Il n’allait pas se compliquer la vie à chercher des noises encore une fois. Généralement, c’était l’inverse.
Il se dirigea vers sa tente, regardant à l’intérieur avant de voir qu’elle était complètement vide… A part un matelas… Oh… Une tente rien que pour lui ? Quelle chance ! Il alla se coucher sur le matelas, observant la toile de la tente en poussant un profond soupir de soulagement. Bon… Ce n’était pas le grand luxe… La tente pouvait se fermer en partie mais un courant d’air se faisait sentir… Et puis, la couverture était légèrement trouée mais qu’importe… C’était pas si mal… Enfin, pas autant que si il dormait chez sa mère… Mais cela faisait combien de temps qu’il n’avait pas dormi chez elle ? Et combien de temps qu’il était parti de chez lui ? Il n’avait pas calculé le nombre des mois… mais il devait être assez important n’est-ce pas ? Il alla se dire à lui-même :

« De toute façon… Je verrai ça un autre jour… ou demain… »

Il devait se reposer… Les charrettes, toutes ces choses… Cela l’embêtait quand même assez légèrement… Il s’était senti mal et avoir un peu de temps pour remette tout à la normale dans son corps, c’était une bonne chose. Il ferma les yeux, ramenant la couverture trouée sur son corps tout en souriant, ah… Dormir un peu… Rien qu’un peu alors.

Hum… Penser à l’Ombre… Penser à Elen… C’est vrai que c’était dommage de cacher son visage derrière un masque… C’était vraiment dommage même… Car elle n’était pas franchement laide sous son masque… Hum… Pas trop féminine néanmoins, il fallait le reconnaître… Elle ne se comportait pas comme une femme… ou du moins ne parlait pas comme telle… C’était dommage en un sens…

« Bah… Je ne vais pas me cacher la vérité… »

Avec ou sans le masque, elle restait une personne qu’il appréciait mais une personne qu’il ne comprenait pas ou peu malheureusement… Et cela le gênait… Bon… Il devait y réfléchir demain… ou un autre jour… Il avait rouvert les yeux en pensant à Elen mais maintenant, il était temps de dormir ! Il devait trouver le sommeil. Il n’y avait pas une poudre magique pour l’endormir plus facilement ? Hum… Pas à sa connaissance… mais ça devait exister.

Il prit une profonde respiration, fermant définitivement ses yeux en ne réfléchissant à rien… A rien du tout… Rien de rien… Rien… Hum… Mais il avait quand même assez chaud… C’est vrai… Il faisait drôlement chaud ici… Et ce n’était pas à cause de la couverture… Il tourna sur lui-même, respirant de plus en plus difficilement. C’était lui ou alors…

« AU FEU ! L’ennemi nous attaque ! Que tout le monde sorte de sa tente ! »

QUOI ?! Déjà une attaque ?! Mais il n’avait même pas dormi une journée ! Ils ne pouvaient pas le laisser souffler un peu non ?! Il se redressa, se disant que cette odeur était celle du brûlé ! Quelque chose était en train de prendre feu ! Il prit rapidement son sac, se mettant à quitter sa tente pour regarder autour de lui. Aie… Il y avait bien quelques tentes en feu… même si elles semblaient avoir du mal à se consumer. C’était vraiment bizarre quand on regardait ça de plus près… Mais pourtant, la maréchale en avait parlé… ou alors c’était un simple soldat. Plutôt un simple soldat.

« Qu’est-ce qui se passe ici ?! » demanda t-il en arrêtant un soldat qui remettait son pantalon tout en sortant de sa tente.

« C’est encore une de leurs attaques stupides ! »

« Leurs ? De qui ? D’Honoros ? Ils nous attaquent donc ?! »

« Seulement un clan. Par contre, je ne crois pas t’avoir déjà aperçu non ? »

« Je viens d’arriver… Mais il vaudrait mieux ne pas trop parler non ? » rétorqua t-il alors que l’autre bouclait son pantalon autour de sa taille avant de retourner dans sa tente pour prendre son épée. Il revint quelques secondes plus tard, lui disant :

« C’est pas bête comme réflexion ! »

« Bon… Je vais aller voir les autres car personnellement, je ne sais pas quoi faire. »

« Tu sais pas quoi faire ? T’es sûr d’être un soldat ? »

Il hocha la tête d’un air positif avant de laisser en plan le soldat, se préparant de son propre côte à combattre. Il positionna ses deux griffes, cherchant l’endroit d’où provenaient l’attaque… et les flammes non ? Ca ne pouvait qu’être lié de toute façon… Il se dirigea vers l’endroit en feu, remarquant rapidement qu’il n’était pas le seul. Même la maréchale était présente… Celle-ci se tourna vers lui avant de dire :

« Prépare-toi ! On va voir ce que tu es devenu après ton combat contre cette créature ! »

« Je ne sais même pas contre qui je vais me battre, maréchale ! » s’écria t-il.

« Espèce d’idiot ! Contre nos ennemis ! Ces clans ne savent pas se battre ensembles ! Ils préfèrent nous envoyer leurs hommes en des moments différents ! Comme si ils espéraient nous épuiser… Mais il est temps de leur montrer pourquoi nous sommes l’armée de Midès ! »

« Bon bon bon… Je ne dirai plus rien alors, maréchale. »

« Tant mieux… Maintenant, prépare-toi au combat. »

Il haussa les épaules, ripant ses deux griffes avec un grand sourire. Son sourire disparu alors qu’il se mettait à réfléchir : Ce qu’il allait affronter… C’était des humains aussi… non ? Il avait déjà tué des gnomolds, un glumarx, un ver géant… mais il n’avait jamais tué d’humain… En y réfléchissant bien… Ce n’était pas forcément une bonne expérience qui allait lui tomber dessus… Est-ce que seulement… Il en serait capable ? Il n’en était même pas sûr. Brrr ! Bon… Il allait voir ça après ! Après le combat ! Il se mit à suivre le reste de la troupe pour se préparer à réceptionner les soldats d’un clan originaire d’Honoros. Il ne savait même pas à quoi ils ressemblaient !