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Chapitre 110 : Ce fameux démon

ShiroiRyu
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Chapitre 110 : Ce fameux démon

« Comment est-ce que Tery va ? »

« Il est au repos, à côté d’Elise qui n’est pas franchement dans un meilleur état. Merci de nous avoir laissé une chambre pour leur permettre de se coucher, grand archimage Ernold. »

« Il n’y a pas de quoi, c’est la moindre des choses que je pouvais faire pour vous. Mais je ne pensais pas qu’il réagirait ainsi, loin de là. Est-ce que c’est fréquent ? »

« Des fois cela ne se produit pas du tout et à d’autres moments, c’est très fréquents. Dès qu’il faut utiliser ses pouvoirs démoniaques ou alors, il entend une voix dans sa tête. Elise a le même souci, c’est bien ça, Royan non ? » demanda Elen en se tournant vers le prince.

« C’est exact. Je ne devrais pas me faire du souci à son sujet et pourtant, je reste anxieux. Je ne sais pas exactement ce que je dois faire dans une telle situation. »

« Tu n’as pas à t’en faire pour ta servante, Royan. Elle va bien, il lui faut juste du temps. Par contre, vous devriez faire attention. Cette voix, est-ce qu’il nous en avait plus à ce sujet ? Peut-être Elen ? Tu restes la plus proche de Tery. »

Sérest avait fait un petit sourire moqueur à Royan qui ne releva pas le terme « possessif » utilisé pour Elise. Tous les regards convergeaient vers Elen alors qu’ils étaient dans un salon où un servant avait ramené de quoi boire et manger pour le vieux gnomold et ses invités.

« Hum … A part que la voix l’appelait « mon fils », je crois, il ne m’a rien dit d’autre de bien spécial. Ça restait très étrange mais bon … »

« Une voix qui l’appelait son fils ? Vraiment ? » demanda le gnomold en clignant des yeux.

« Oui oui, bien entendu. Et elle lui incitait à faire du mal. Un peu comme une sorte de mauvaise conscience qui désirait tout ravager sur son passage. Il faut avouer que c’était surprenant et vraiment très déplaisant aussi. Mais à part ça, Tery restait le même .. du moins, généralement, sauf pendant les combats contre les créatures légendaires. »

« Il n’est pas le seul à être différent pendant ces moments-là. » corrigea Manelena tout en jetant un œil à Elen. « Tu oublies de préciser à l’archimage que tu es porteuse des lignes de Zélisia mais aussi d’Alzar et que tu aimes un peu tout ravager autour de toi. »

« Comment cela ? Vous possédez les deux types de lignes ? »

« C’est … exact mais Manelena n’avait pas besoin de le crier sur tous les toits. Si j’évite de le dire à tout le monde, c’est bien parce que je sais que je ne suis pas totalement comme les autres non plus. Qu’est-ce que ça t’apporte ? »

« Personnellement ? Rien du tout, ce n’est même pas de la satisfaction. C’est simplement que le plus dangereux à l’heure actuelle n’est pas Tery mais plutôt toi, tu le sais personnellement, non ? Que tu es un danger pour Tery et aussi pour tout le monde. Tu ne sais pas contrôler les lignes d’Alzar contrairement à moi ou Tery à chaque fois, on est proche du drame. Alors bon, maintenant, on va se concentrer sur ça au lieu de Tery. »

« Je ne sais même pas où tu veux en venir et qu’est-ce que ça va nous apporter. Tant que je ne fais pas de mal à Tery, c’est le plus important pour toi ! »

« Cela ne sert à rien de vous disputer, mesdemoiselles. Nous n’irons nulle part de la sorte. Je pourrais vous parler plus en détails de la raison qui a poussé Alzar et Zélisia à créer ces portes démoniaques et à sceller tout un peuple. Qu’est-ce que vous en dites ? » déclara le grand archimage alors que Royan se tournait vers Sérest :

« Ce n’est pas ce que vous nous aviez raconté ? Avec ce grand démon qui n’a pas arrêté de dévorer autrui jusqu’à devenir de plus en plus monstrueux. »

« C’est exact, prince Royan. Néanmoins, le grand archimage a sûrement plus de connaissance sur le sujet et je pense qu’il est bon de pouvoir l’écouter. Si vous vouliez bien prendre la parole, messire Ernold, nous serons ravis de vous écouter. »

« Oh … Hum … Soit, puisqu’il en est ainsi, je n’ai aucune raison de m’en priver. »

Le sourire qu’il faisait était assez spécial à regarder. Les dents jaunis, un peu pointues, comme celles des autres Gnomolds, n’avaient l’air guère rassurantes mais bon … c’était à cause de sa race et non du personnage en lui-même.

« Par quoi pourrais-je commencer ? Vous voulez peut-être savoir son nom à la base ? Avant que je ne vous parle de son histoire, du moins, de ce que l’on connaît à son sujet. »

« Faites comme le désirez. Nous avons tout notre temps pendant que Tery et Elise se réveillent. Comment est-ce que ce démon s’appelait alors ? »

« Ce démon s’appelait … »

« Grand archimage Ernold ! Vous devez venir très rapidement ! Ce sont vos deux invités dans la chambre des soins ! » s’exclama un sorcier en rentrant dans la pièce sans prévenir, en état d’alerte. Sans même laisser la possibilité à quelqu’un de répondre, Manelena et Elen l’avaient déjà poussé sur le côté pour quitter la pièce à toute allure.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi autant d’effroi ? »

« Hein euh … Mais, enfin bon, ça ne comporte … enfin … » bredouilla le sorcier, encore un peu secoué par ce qu’il venait de prendre sans même savoir d’où ça venait. Le gnomold d’un âge avancé arriva jusqu’à lui, Royan étant parti derrière Elen et Manelena tandis que Sérest et Séran restaient aux côtés d’Ernold.

« Est-ce qu’ils ont commencé à pousser des cris ? » demanda l’imposant homme d’Honoros. Le sorcier cligna des yeux, surpris que ces personnes savaient déjà de quoi il allait parler.

« Oui, c’est exactement ça mais … vous avez entendu ces cris ? Normalement, cette pièce est insonorisée, non ? Comment est-ce que vous avez put … »

« Les gens de l’extérieur sont incapables d’entendre ce qui se passe à l’intérieur, pas l’inverse. Néanmoins, non, nous n’avons rien entendu. Allons-y, ça ne présage rien de bon. »

Malgré son âge avancé, la créature marchait d’un pas encore vif et rapide tandis que Sérest et Séran s’observaient en silence, décidant de l’accompagner. Après deux bonnes minutes, ils entendaient des cris, de nombreuses personnes se trouvant devant la porte de la salle de soin.

« Dispersez-vous ! Je n’arrive pas à croire que même dans cette tour, on soit sujet aux commérages et aux oreilles indiscrètes ! »

« Grand … Grand archimage. Nous avons entendu des cris horribles mais nous avons été repoussé par une femme aux cheveux d’argent. Elle nous a même menacé de nous tuer ! »

« Et elle en aurait été capable si elle le désirait. Allez, du balai, ce qui se trouve dans cette pièce ne concerne aucun d’entre vous ! »

Les cris provenaient uniquement de Tery alors que les trois retardataires pénétraient dans la pièce. Couchés dans des lits différents, Tery et Elise étaient en proie à des souffrances intenables. Du moins, Elise se tortillaient de douleur en gémissant, comme dans un mauvais rêve où tout se passait très mal … mais dans le cas de Tery, il s’agissait plutôt d’effroi insoutenable. Ernold voyait Manelena qui le plaquait sur le lit pour l’empêcher de bouger, Elen, décontenancée, ne sachant pas quoi faire.

« Mais mais mais … Tery ! TERY ! »

« Boucle-la , Elen ! Tu crois que c’est en criant que Tery va arrêter d’hurler à la mort ? Dites, vous n’avez pas un sort pour l’endormir ou le paralyser ? Car là, si vous le remarquez pas, j’utilise mes lignes d’Alzar pour le retenir … et j’ai beaucoup de mal ! »

« Laissez-moi faire. »

Ce ne fût pas Ernold qui prit la parole mais Séran. Le mari de Sérest avait déjà les lignes de Zélisia qui paraissaient sur ses bras et son visage. Manelena attendit qu’il arrive à sa hauteur avant de relâcher Tery. Pendant un bref instant, le jeune homme aux cheveux bruns se redressa, comme possédé mais une paume claque contre son torse, une petit onde de choc se produisant, faisant briser les quelques vases et autres objets de porcelaine ou de verre dans les environs. Pris d’un léger soubresaut sur le moment, le corps de Tery retomba lourdement sur le lit, inanimé, Elen s’exclamant :

« Qu’est-ce que tu lui as fait, Séran ?! »

« Je lui ait tout simplement administré une bonne dose de ma force liée à la déesse Zélisia. Rien de plus. Ses pouvoirs démoniaques commençaient à prendre le dessus. »

« Pourriez-vous faire de même sur Elise … je vous prie ? » demanda Royan. Bien qu’il tentait de rester imperturbable, le ton était néanmoins inquiet. Séreste se voulut rassurante :

« Nous allons le faire mais ça ne sera pas aussi « violent » visuellement que pour Tery. Il est vraiment à part … même parmi les démons. »

« Il va falloir vraiment que vous vous expliquiez beaucoup mieux tous les deux, je pense que vous savez pourquoi, n’est-ce- pas ? » dit Manelena en fronçant les sourcils.

« Cela n’a rien de surprenant que de demander plus d’informations, oui. »

« Alors que voulez-vous savoir de plus que ce que vous connaissez déjà ? »

« La vérité ? Ce concept me semble pas si étrange que ça non ? Expliquez-nous tout ce que l’on doit savoir par rapport à celle-ci, voilà tout. »

« Sur ce fameux démon ? Sur le mode de vie qui l’entoure ? Celui des autres démons ? Il s’avère qu’il y a de fortes chances que les démons qui se trouvent derrière les portes démoniaques vouent une haine certaine au reste du monde. Il faut dire que des siècles et des millénaires dans « l’obscurité » et de vie souterraine n’aident pas à forger une meilleure opinion des geôliers, tu ne crois pas ? »

« Ce n’est pas de ça dont je veux parler, vous le savez parfaitement. »

Manelena a le regard dur et sévère, fixant Sérest qui lui adressait la parole depuis le début. Elle commençait à être lassée de ce petit jeu … donc ils allaient éviter hein ? De continuer à dire des bêtises, n’est-ce pas ? Surtout qu’elle n’était pas de bonne humeur à cause de l’état de Tery. Elle n’était vraiment pas de bonne humeur.

« Au sujet de ce démon, nous pourrions parler de la base même de son existence mais ce n’est pas cela qui est « intéressant » mais ce qu’il est devenu maintenant. Ce qu’il est réellement. Ce n’est que ça qui t’intéresserait, non ? »

« Est-ce que je dois me répéter à chaque fois ou non ? Qu’est-ce que c’est que cette voix qui s’adresser à Tery. Est-ce que c’est l’un des démons de l’autre côté des portes démoniaques ? Les deux qui se sont joués de nous pendant des années ? »

« C’est peut-être plus profond que cela. Les démons possèdent des pouvoirs que nul ne connaît. Peut-être sont-ils dotés de télépathie ? »

« Vous vous moquez de moi ? Je pensais que vous étiez au courant de tout ce qui concerne ces êtres et aujourd’hui, vous me prétendez le contraire ?! »

« Nous le sommes … mais cela par rapport à d’antan. Tout a radicalement changé en plusieurs millénaires. Nos informations sont sûrement erronées depuis le temps. »

« Ahem. Excusez-moi … mais de quoi parlez-vous exactement ? » demanda le vieux gnomold, intrigué par ce début de conversation entre Manelena et le couple. Sérest se tourna vers lui, faisant un léger sourire avant de répondre :

« Nous sommes les réincarnations d’Alzar pour ma part … et Zélisia pour mon mari. »

« Sauf votre respect, êtes-vous sûre d’aller bien ? Peut-être que la fatigue vous empêche de réfléchir convenablement. Vous devriez vous reposer. »

« Oh … messire Gnomold, je pense que ces quelques paroles peuvent vous rassurer sur la véracité de nos êtres. » s’exprima doucement Sérest avant de se rapprocher de lui. Elle commença à lui chuchoter quelques mots, les yeux du Gnomold s’ouvrant par la surprise :

« Mais comment vous êtes au … enfin non, les amis des Gnomolds peuvent le savoir mais normalement, nous ne le dévoilons pas ainsi. Je suis désolé mais ce n’est pas suffisant et … »

« Je pense qu’un être comme vous est au courant d’autre chose. »

Et voilà qu’elle recommençait à lui chuchoter une nouvelle fois. Le Gnomold fit un pas en arrière, visiblement perturbé, bredouillant :

« Ce n’est pas possible. Normalement, c’est inconnu, sauf de quelques rares Gnomolds de ma caste. Et vous ne semblez pas être malveillants pour avoir obtenu cette information d’une façon peu glorieuse. Je … Qu’est-ce que vous savez d’autre ? »

« Malheureusement, certains point doivent rester obscurs. Nous ne faisons que nous préparer à l’inévitable, malheureusement. »

« L’inévitable … je vois … je vois … il est vrai que c’est dommage. C’est vraiment d’en arriver que ça en soit arrivé à là. Mais c’est compréhensible, oui. » dit calmement le gnomold, cherchant à retrouver une certaine contenance qu’il avait bien perdue.

« Et si vous arrêtiez vos commérages, tous les deux ? Grand archimage ou non, j’ai déjà eut mon quota de messe-basses ces derniers mois. »

« Vous n’avez rien à craindre, reine Manelena de Shunter. Je peux néanmoins vous confirmer une chos : ce qu’ils ont dit est véridique. Ce sont bien les réincarnations de nos dieux. »

« Tiens donc, bien entendu. » dit la femme aux cheveux argentés en haussant les épaules.

« Je vois à quel point vous semblez sceptique et c’est compréhensible. Néanmoins, le doute n’est plus permis à ce sujet. Pouvez-vous nous raconter plus en détails ce qu’est ce démon responsable de votre motivation à créer ces portes démoniaques?3

« Pas beaucoup plus que ce que nous avons déjà donné comme informations à nos compagnons de route. Tout cela a plus un rapport avec les capacités innées des démons que celui-ci spécifiquement. »

« Vous voulez donc sûrement parler de leur métabolisme qui est apte à … dévorer autrui, dont leurs congénères, pour devenir plus puissants ? Je me suis toujours demandé ce qui s’est passé par la tête d’Alzar pour donner autant de pouvoirs à une seule race ? »

« Je pensais que la diversité était un mal. Donner un seul avantage à une race était leur montrer qu’ils étaient imparfaits. Au final, j’ai compris que la perfection était plus une source de mal qu’autre chose. »

La voix de Sérest se fit entendre, le gnomold clignant des yeux avant de comprendre la bévue qu’il avait commise. Malgré qu’il était l’être le plus éminent dans Omnosmos, il semblait plutôt troublé et gêné, Sérest faisant un geste de la main :

« Ne vous formalisez pas de mes propos, messire Ernold. L’erreur est normale. Nous ne donnes pas vraiment l’impression d’être ce que nous sommes réellement. »

« Vous me fatiguez tous. A vous entendre, on croirait que cela vous amuse de cacher la vérité et tout le reste. Tsss … Vraiment. »

Manelena ne chercha pas à obtenir plus d’informations, retournant auprès de Tery. Maintenant qu’il était calmé, elle allait veiller sur lui. Personne n’avait véritablement pris la parole à part le grand archimage et le couple de divinités réincarnées. Tous n’avaient fait qu’écouter sans un mot, sans une parole, ce qui se passait là.

« Je crois que pour aujourd’hui, il vaut mieux s’arrêter. N’oubliez pas de veiller sur Tery et Elise alors. Je vais retourner à mon bureau. Si vous le désirez, nous pourrons vous laisser quelques chambres. Vous êtes nos invités. »

« Merci beaucoup, messire Ernold. Je ne sais pas ce que les autres décideront mais nous serons ravis de rester dans les environs. » déclarèrent Sérest et Séran.

Les autres ? Aucun ne répondit. En silence, ils étaient auprès de Tery et Elise. Malgré les cornes bien présentes sur le crâne de chacun, tous n’en avaient guère cure. Le plus important pour eux était surtout qu’ils aillent mieux. Néanmoins, ce fut Elen qui murmura :

« Nous n’avions pas pris de chambres pour une seconde journée, normalement. Je ne sais plus, je ne sais pas … mais merci quand même. Oh … Il n’est plus là. »

« Il est parti depuis déjà quelques minutes, oui, Elen. Mais je pense qu’il se doutait que nous restions ici pour la soirée. Nous devrions laisser Tery et Elise se reposer. »

Comme si ce n’était pas déjà le cas hein ? Manelena ne chercha pas à faire de remarques mais le regard qu’elle lançait à Sérest était lourd de reproches. Elle savait pertinemment que tout ce qui arrivait était à cause de cet archimage à la noix mais aussi de ce couple maudit. Ils pouvaient prétendre qu’ils étaient des dieux, elle les considérait comme des êtres de pacotille. De parfaits nuisibles à ses yeux.

Et elle ne pouvait pas apprécier de tels êtres. Pourtant, Tery ne valait pas beaucoup mieux. Elle regarda Elen qui semblait parfaitement dans son monde, isolée de tous et de toutes. Tsss, vraiment, n’est-ce pas, hein ? Elle ne remarquait même plus sa présence.

Stupide, c’était tout simplement stupide … mais cela la calmait véritablement. Elle ferma les yeux, croisant les bras à hauteur de sa poitrine alors que sa tête était baissée en direction u sol. Assise tout simplement sur une chaise, elle semblait elle aussi se reposer comme si de rien n’était. Et pourtant, elle était là, silencieuse, yeux clos mais toujours vaillante.

« Nous allons vous laisser tranquilles. Tery et Elise sont hors de danger. »

Manelena tressaillit faiblement aux derniers propos de Sérest. De ce qu’elle venait de dire, l’état de Tery et Elise auparavant … était dangereux ? Grr … Elle devait contrôler sa colère, la focaliser. Même si son père était mort, même si elle avait décidé de lui pardonner, elle devait éviter de se laisser influencer de la sorte. Sinon ? Elle ne vaudrait pas beaucoup mieux qu’Elen qui laissait libre court à ses instincts primaires à cause de ses lignes d’Alzar. Fichus démons, fichus gnomolds, fichus dieux. Ils étaient toujours présents pour empêcher Tery de vivre convenablement. Et encore … ils n’avaient pas trouvé la localisation de sa mère.

« De quoi est-ce que je me mêle ? »

La mère de Tery ne concernait que ce dernier et personne d’autre. Pourquoi est-ce qu’elle devrait se mêler de tout ça hein ? Rah … Elle et ses basses préoccupations ! Depuis le jour où Tery était rentré dans sa vie, tout avait été chamboulé dans son crâne. Tout depuis cet instant ! Maintenant, elle ne savait plus où donner de la tête ! Elle ne savait plus quoi faire, elle ne savait plus quoi dire, elle ne savait plus rien.
« Fichus démons. S’ils pouvaient tous disparaître. »

« Hmm … Manelena ? » murmura faiblement la voix de Tery alors qu’elle rouvrait ses yeux. Ceux émeraude du jeune homme étaient en train de la fixer.

« Est-ce que … tu as entendu ce que j’ai dit ? »

« Tu le chuchotait à peine, Manelena. Elen est en train de dormir elle aussi. Qu’est-ce qui … pourquoi je suis couché dans un lit ? »

« Est-ce que tu as entendu ce que j’ai dit ? » répéta t-elle. « Tu as fait une crise devant les portes démoniaques. Malgré ta tentative d’être fier et fort, tu n’as impressionné personne sur le coup. Est-ce que tu as entendu … oui ou non ? »

« Je l’ai entendu … et je sais parfaitement que tu le penses réellement. Je ne suis pas stupide au point de ne pas l’avoir remarqué. C’est l’un d’entre eux qui a manipulé ta famille … et aussi emmener à la mort tes parents. »

« Tais-toi, s’il te plaît. Tu n’exprimes même pas une once de colère et ça … m’énerve. »

« Pourquoi est-ce que je devrais être en colère contre toi ? Car tu dis le fond de tes pensées ? »

« Car tu sais pertinemment que … dans mes paroles … tout n’est pas fondé. »

Avec tendresse, il plaça sa main sur la sienne pour lui faire un agréable sourire bien qu’elle remarquait quelque chose d’étrange : il donnait l’impression d’être si faible. Ca ne lui plaisait pas le moins du monde. Elle ne retira pas sa main, son regard se posant sur Elen puis Royan et Elise qui étaient plus loin. Discrètement, les doigts croisèrent ceux de Tery.

« Si tu préfères que je précise ma pensée, cela concerne bien tous les démons. Ces êtres qui te mettent dans cet état, Tery Vanian. »

« C’est pour cela que je ne m’emportais pas. Avec toi, il y a toujours un sens caché qu’il faut connaître, hahaha. Oui … vraiment … »

« Nous devrions partir d’Omnosmos le plus tôt possible, Tery. Cela sera mieux pour toi. »

« Nous verrons … je suis fatigué, je crois. Demain, je veux aller à la bibliothèque, Manelena. J’ai envie d’aller voir … Jésiana et Périk. »

Alors qu’il dorme pour le moment. Elle allait veiller sur lui, comme à son habitude.

Chapitre 109 : Un regret

ShiroiRyu
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Chapitre 109 : Un regret

« Bonjour, Manelena. Déjà debout ? »

« Comment est-ce que tu crois que je peux dormir aussi aisément alors que nous étions sept à dormir dans une même pièce ? »

« Je ne sais pas, je ne faisais que poser la question. Moi-même, je t’avoue que j’ai eut du mal à fermer l’oeil de la nuit. Et ce n’est pas le tremblement de terre vers minuit qui a arrangé le tout. Enfin, Elen dort comme une marmotte. Tu as déjà pris le petit-déjeuner ou … »

Elle fit un petit mouvement de la main pour l’inciter à s’y rendre avant que Tery ne parte en direction du comptoir, questionnant l’aubergiste à ce sujet. Quelques minutes plus tard, il était revenu, souriant avant de s’installer à côté de Manelena.

« Sincèrement, Tery, tu es en tel manque d’affection que tu viens auprès de moi ? »

« Ca ne serait pas très flatteur de ma part envers toi, non ? Si je te considérais comme une remplaçante pour ça. Si ça peut te rassurer, non, ce n’est pas le cas. J’ai juste envie de parler, encore et encore, avec toi, rien de plus. »

Oh ? Elle cligna des yeux sans rien dire de plus. Quel beau parleur lorsqu’il s’y mettait hein ? Est-ce qu’il s’en rendait compte ? Mais bon, ça ne la dérangeait pas. Elle se surprenait même à sourire avant de lui donner un petit coup de poing sur le sommet du crâne.

« Est-ce que tu as un peu réfléchis à ma proposition, Tery ? Pour après que nous ayons finis de discuter avec le grand archimage ? Ce n’est plus qu’une questions d’heures, de ours au grand maximum. Il faut que je saches. »

« Je ne sais pas si j’arriverai à convaincre Elen à ce sujet, Manelena. Tu sais à quel point elle est … jalouse de toi. Je ne vois pas comment faire. »

« Jalouse ? A tort ou à raison ? Hum ? Qu’est-ce que tu en dis ? »

« Euh … Euh .. Je préfère ne pas vraiment y répondre, Manelena. Par contre, j’ai … autre chose à faire avant. Je n’ai pas oublié … que j’ai aussi ma mère à retrouver. Je ne sais pas où elle est et je n’ai aucune nouvelle. C’est la seule famille qui me reste, Manelena. Après ça, je pense que ça sera bon de mon côté. »

« C’est vrai … Ta mère m’a laissé une bonne impression. Il faut dire que s’occuper d’un enfant comme toi en étant seule, il fallait avoir une sacrée force de caractère. »

« Et tu ne sais pas tout à mon sujet, Manelena ! Ce que je faisais pendant l’enfance au point de la rendre presque folle. Enfin bon … ça reste la personne la plus importante à mes yeux. Donc voilà, Manelena. Après qu’on ait fini, je me chargerai de savoir où se trouve ma mère et ensuite … et ensuite … J’ai l’impression que tout ça ne sera jamais fini. »

Même si pourtant, c’en était terminé des créatures légendaires, Tery poussa un profond soupir avant de poser sa tête contre la table. Il voulait juste être tranquille, rien de plus. Pouvoir se dire pendant quelques années : il n’y a aucun problème, on peut se reposer !

Peu à peu, les deux personnes furent rejointes par Sérest et Séran. Chacun avait un sourire aux lèvres, plutôt radieux alors que Tery demandait ce qui se passait. Sérest murmura tout doucement qu’il semblait y avoir deux personnes qui s’étaient rapprochées cette nuit, malgré qu’elles dormaient dans deux lits différents. Clignant des yeux, il regarda si Sérest parlait de lui et Manelena mais la femme ailée reprit :

« Oh, rien de spécial … mais disons qu’ils n’ont pas arrêté de se fixer durant toute la nuit. C’était plutôt attendrissant. On pourrait presque croire à un conte de fées surtout lorsque l’on sait de quelles classes sociales ils sont issus tous les deux. »

« Qu’est-ce que … AH ! Vraiment ? Vous avez vu ça ? Je n’ai rien remarqué dans le bateau mais est-ce que … non ? Enfin, je ne pense pas mais … »

« De quoi est-ce que vous parlez de bon matin ? » demanda une voix masculine, celle du prince alors que Tery sifflotait en changeant aussitôt de conversation.

« De rien, de rien. Tu as bien dormi ? Elise aussi ? Elen fait encore la grasse matinée ? »

« Il semblerait bien, quant à mademoiselle Elise, elle est en train de se préparer avant de descendre. Pourquoi est-ce que tu me poses cette question ? »

« Oh ? Je me disais que tu serais peut-être au courant, rien de plus. »

Sérest eut un léger rire amusé alors que Tery continuait de détourner la tête. Vraiment, cela pouvait paraître très simple de se moquer de Royan mais plus que de la moquerie, c’était de l’affection. Il était heureux de remarquer que le prince avait réussi à s’ouvrir à autrui même s’il savait que cela datait depuis pas mal de temps … sauf qu’il ne le montrait pas.

Le reste du petit-déjeuner se passa tranquillement, du moins, presque puisqu’une secousse vint faire trembler toute l’auberge. Pourtant, en regardant autour de lui, le jeune homme remarquait que presque personne n’y tenait compte, soulevant juste leurs assiettes.
Ah oui … c’était si navrant à ce point pour que tout le monde en ait presque rien à faire ? Enfin, il avait agit de la même façon et il comprenait pourquoi les gobelets pour boire étaient aussi épais. Au moins, lorsqu’ils tombaient sur la table pour rouler jusqu’à quitter cette dernière pour atteindre le sol, ils ne se brisaient pas.

« On essayer de se dépêcher de trouver Ernold, d’accord ? » déclara Tery alors que tous acquiesçaient. Il allait sûrement avoir des informations pour expliquer ce phénomène devenu récurent. Périk et Jésiana pourront attendre quelques heures de plus.

Prêts à se mettre en route, le groupe quitta l’auberge bien que Tery signalait qu’ils comptaient revenir. Normalement, tout n’allait pas se résoudre en une journée. Si c’était aussi simple que ça, il n’aurait jamais commencé à chasser des créatures mythiques. Se dirigeant vers la tour des archimages, le jeune homme ne ne chercha pas à discuter avec les autres membres de son groupe. La raison principale ? Il était en train de réfléchir à ce qu’il allait dire à Ernold lorsqu’il allait le voir. Le grand archimage allait réagir comment ?

« Voir le grand archimage Ernold ? Vous plaisantez, j’espère ? Vous êtes qui ? »

Zut, de nouveaux gardes. Comme s’ils avaient besoin de ça maintenant. Le jeune homme poussa un léger soupir, demandant alors à voir l’un des archimages pour que ce dernier explique la situation aux soldats. Néanmoins, même pour cela, le soldat ne bougea pas de sa position. Manelena était déjà prête à réagir en serrant le poing mais Tery la stoppa, hélant l’un des sorciers qui passaient par une autre entrée.

« HEY ! Vous êtes là, vous ? Enfin, on vous attendait ! Ernold veut vous voir tout de suite. »

« C’est ce que l’on tente de faire mais il semblerait que ce gentil monsieur ne veut que la protection du grand archimage, on peut pas lui en vouloir »

Tery avait désigné le soldat qui avait conversé avec le groupe depuis dix minutes. Le sorcier poussa un léger soupir avant de leur indiquer de le suivre. Il était vrai que tout avait été chamboulé depuis quelques temps et donc, tout le monde n’était pas encore au courant des nombreux changements opérés.

« Vous avez réussi, n’est-ce pas ? Je vous avoue que je ne sais pas où tout ça va nous mener mais je compte sur vous pour que ça se calme. J’imagine que vous n’aviez pas prévu ça ? »

« Pas le moins du monde, pas le moins du monde, je dois avouer à mon tour. Je ne sais même pas pourquoi cela se passe ainsi. »

« C’est bien ce qui me semblait. Seul le grand archimage n’a guère eut peur sur le moment, comme s’il s’y attendait depuis longtemps. Vous savez, un Gnomold peut vivre longtemps, très longtemps, plus qu’un humain. A partir de là, on s’est souvent demandé ce qu’était exactement le grand archimage. Depuis, on évite de se poser la question. »

Ah bon ? Le jeune homme ne put s’empêcher de sourire un peu bêtement aux propos du sorcier jusqu’à l’emmener devant la porte derrière laquelle se trouvait le Gnomold. Quelques petits coups et voilà qu’une voix leur demandait d’entrer.

« Messire Ernold, j’ai une bonne nouvelle pour vous. Ils sont finalement arrivés. »

« Une bonne nouvelle ? Une excellent nouvelle, vous voulez dire ! Vous pouvez nous laisser seuls maintenant. Merci beaucoup. »

« Bien, comme vous le désirez. Tery ? Vous autres ? Bonne journée à vous tous. » déclara le sorcier avant de s’éloigner. Tery le regarda partir, le trouvant bien sympathique … alors qu’il ne connaissait même pas son prénom !

Le vieux Gnomold avait quitté son siège, marchant déjà vers la sortie de son bureau pour leur indiquer qu’il ne fallait pas espérer se reposer dès maintenant. Après à peine une minute dans les couloirs, la tour fut secouée par des tremblements mais le Gnomold ne sembla guère y tenir compte, continuant sa marche.

« Alors, par où je dois commencer ? Par les félicitations pour votre réussite ou autre chose ? Qu’est-ce que vous en dites ? Vous avez réussi, n’est-ce pas ? »

« Je pense qu’Omnosmos et vous-même en avez la preuve depuis tout ce temps non ? »

« Disons que ces dernières semaines étaient assez mouvementées, oui, Tery. Au moins, tu ne perds pas ton humour. Comment vas-tu ? Et vous autres ? Tiens … Il ne manque pas quelqu’un ? Où est donc la jeune femme toujours souriante ? »

« … Elle est malheureusement décédée à Shunter. »

« Oh ? Vraiment ? Toutes … mes condoléances. Elle avait un caractère vraiment unique. »

« Je le sais très bien, messire Ernold. Je le sais parfaitement mais … cela fait déjà plusieurs semaines donc je tente de passer à autre chose, voilà tout. »

« Il le faut. Ce n’est pas en restant focalisé sur le passé que vous pourrez alors avancer. Il vous faut penser au meilleur de cette personne pour ne pas l’oublier sans pour autant que son fantôme ne dévore votre esprit. »

« Est-ce que l’on peut parler d’autre chose ? Si ça ne vous dérange pas trop ? De quoi aviez-vous besoin de notre part ? Car j’imagine que ce n’est pas encore complètement terminé, n’est-ce pas ? Malgré leurs morts ? »

« C’est exact ! Venez donc me suivre, je pense que je pourrais mieux vous expliquer dans de meilleures conditions, bien meilleures. »

Le jeune homme leva un sourcil tandis qu’ils continuaient de marcher dans les couloirs. Tous savaient exactement où il se rendaient. Sous la tour des archimages, il n’y avait qu’un endroit, normalement interdit d’accès pour quiconque. Des minutes s’écoulèrent jusqu’à finir par les emmener à un endroit constamment provoqué par des tremblements de terre.

« C’est bien les portes démoniaques qui sont responsables de ces tremblements ? » demanda Manelena bien que la réponse était aisément visible et facile à ressentir.

« Depuis que la dernière créature est morte, les portes démoniaques ne cessent de trembler, ce qui provoque ces secousses en continu. Néanmoins, vous n’avez rien à craindre, loin de là. Les portes sont toujours solidement fermées. »

« Mais au final, est-ce que nous n’avons pas fait que les affaiblir ? Si nous n’avions pas combattu les créatures légendaires, tout cela ne serait jamais arrivé non ? »

Elen avait posé une question qui la taraudait depuis le début. Bien que cela ne l’avait nullement dérangé que d’affronter ces monstres colossaux, elle ne pouvait s’empêcher de se dire que toute cette histoire était dérangeante.

« Cela ne serait jamais arrivé, oui. »

« Alors pourquoi est-ce que l’on fait ça ? Pourquoi est-ce que l’on tente d’ouvrir les portes ? »

« Nous ne tentons pas de les ouvrir. Comme je vous l’aie signalé il y a de cela maintenant pas mal de temps, il faut plus que tuer les créatures légendaires pour que les portes démoniaques s’ouvrent. Dans le pire des cas où cela devait arriver, il faut comprendre que la déesse Zélisia et le dieu Alzar désiraient une telle chose, malgré le temps qui passe. »

« Et est-ce pour cela que l’on doit considérer que c’est une bonne chose ? »

« Nullement, demoiselle Elen, nullement. Mais il faut comprendre qu’emprisonner toute une race n’a jamais été très plaisant à accomplir. N’avez-vous aucun regret quand vous imaginez que des personnes qui sont comme Elise et Tery n’ont peut-être jamais vus la lumière depuis des siècles voir des millénaires ? »

« Je ne sais pas si je dois avoir des regrets. Ce n’est pas comme si à part Tery et Elise, les rares démons rencontrés m’ont laissé un bon souvenir. A ce sujet, Trozeral était l’un d’entre eux. Du moins, l’une de ses têtes avait des capacités démoniaques. »

« Oh ? Vraiment ? C’est intéressant à savoir, cela. Il faudra peut-être que nous en discutions plus longuement à ce sujet. Mais pour le moment, rendons-nous jusqu’aux portes démoniaques. Que vous voyez qu’il n’y a rien à craindre. »

Oui, bien entendu. Le seul qui se sentait mal à ce moment précis était Tery. Bien qu’il évitait de le montrer, il respirait un peu plus rapidement qu’auparavant et surtout de la sueur s’écoulait de son front alors qu’il continuait d’avancer.

« Attention, elles deviennent de plus en plus fortes. S’il le faut, essayez de vous retenir à quelqu’un d’autre ou alors, utilisez vos pouvoirs aériens pour ça. Si vous ne touchez pas le sol, vous ne pourrez pas perdre pied, n’est-ce pas ? »

C’est vrai. Sérest ne semblait avoir aucun souci à se déplacer malgré les tremblements qui prenaient de l’ampleur à chaque seconde. Tery regarda Elen, espérant qu’elle saurait faire quelque chose pour eux. Les lignes blanches apparurent sur ses bras avant qu’elle ne vienne l’aider à léviter un peu au-dessus du sol.

« Ca me donne l’impression d’être un fantôme que de flotter de la sorte. »

« C’est une bonne impression, non ? Tu ne crois pas? »

« Je ne sais pas trop à ce sujet, je dois avouer. Je n’ai pas l’habitude. Il faudrait plutôt demander à Sérest si c’est amusant ou plaisant. Tu en dis quoi, Sérest ? »

« Hum ? Tu me demandes vraiment mon avis, Tery ? Et bien, pour ma part, cette sensation de pouvoir aller de tous les côtés est vraiment très agréable. Tu ne peux pas vraiment comprendre avant de l’avoir fait une première fois. C’est plutôt exceptionnel. Tu as juste envie de t’envoler encore plus haut. Bon, ici, il y a le plafond, nous ne sommes pas aidés. »

« Ce n’est pas faux … mais bon, les paroles d’Elen ne sont pas dénuées de sens. »

Voilà qu’il remettait sur le tapis les propos dits par Elen quelques minutes auparavant. Les portes démoniaques, la nécessité de tuer les créatures légendaires, toutes ces choses. Dans les faits, au départ, il n’avait voulu que se défendre. Ensuite, il avait cherché à comprendre pourquoi est-ce que les créatures voulaient à tout prix l’attaquer. Et enfin pour terminer, il avait décidé de les trouver pour les abattre.

« Je ne sais pas ce que je devais faire réellement à ce moment précis, je dois avouer. »

« Toutes ces préoccupations ne te concernent plus, Tery. Tu dois vivre au moment présent Nous y voilà. Observez donc les portes démoniaques. »

Oui, c’est ce qu’ils étaient tous en train de faire. Les portes démoniaques avaient les cinq symboles élémentaires gravés. Chaque symbole représentait l’un des royaumes de ce monde mais surtout l’élément principal qui le composait. Chaque symbole n’était plus … maintenant que les créatures légendaires avaient fini par disparaître.

« Je ne sais pas pourquoi … mais cela me rend triste. » murmura Elen en se rapprochant de la double porte dont émanait une terrifiante aura démoniaque.

« Pourquoi cela, Elen ? Qu’est-ce qui te rend triste dans tout ça ? Tu peux me le dire ? Enfin, si tu en as envie, bien entendu. Si tu ne veux pas, je comprendrais aussi. »

« Je ne sais pas comment l’expliquer, Tery. Juste que je suis un peu triste. Comme l’a dit Ernold, de l’autre côté, combien y a t-il de personnes comme toi, non-belliqueuses mais cornues ? Qui veulent seulement nous découvrir ? Des démons particulièrement mauvais comme l’Oracle ou le Grand Prêtre existent bien entendu … mais il en est de même pour Shunter et les autres nations, non ? Je me demande si ouvrir ces portes ne seraient pas plutôt une bénédiction qu’une malédiction. »

« Que veux-tu que je te dise exactement, Elen ? Moi-même, je suis assez confus. Par contre, grand archimage Ernold,que vas t-il se passe maintenant ? »

« Les tremblements de terre finiront par s’arrêter comme à chaque fois. »

« A chaque fois ? Comment cela ? Ce n’est pas la première fois ? » demanda Tery avec une pointe d’inquiétude. Il n’avait jamais été mis au courant à ce sujet.

« Dès qu’un symbole finissait par « s’éteindre », Omnosmos était parcouru par des tremblements de terre. Cette fois-ci, ils sont plus nombreux et ne font que durer. Néanmoins, cela finira par s’arrêter à force. Ils sont déjà plus espacés et moins forts qu’auparavant. »

Ah … Et pourtant, le vieux Gnomold poussait un profond soupir empreint de lassitude. Manelena le regarda brièvement, les bras croisés tandis que Royan et Elise n’avaient pas pris la parole depuis la descente. D’ailleurs, Royan semblait plus préoccupé par Elise, celle-ci ayant souvent une main sur son front.

« Elise ? Tu as chaud ? Mal au crâne ? »

« Je ne sais pas … mais … rester ici me donne la nausée, je ne me sens pas bien. »

« Je crois que nous ferions mieux de retourner en haut. Tery ? Vous n’avez aucun souci ? »

« Aucun pour ma part, ça va parfaitement bien. » dit-il dans un sourire alors que Manelena émettait un grognement à peine audible. Elle n’appréciait pas forcément car elle était capable de voir que Tery allait tout sauf bien. Elle s’approcha de lui avant de le forcer à se soutenir à elle. Ses yeux rubis qui étudiaient le jeune homme, elle dit :

« Tu vas parfaitement bien, oui. Mais une simple mesure de précaution vaut mieux que tout le reste. Tu m’accompagnes et tu ne fais rien d’autre, compris ? Nous pouvons y aller. »

« Mais je suis capable de marcher, Manelena ! Je sais me débrouiller hein ? »

« C’est à moi de le décider ou non. Tu es en « parfait état » comme tu le signales. Je connais le parfait état des soldats de Shunter lorsqu’ils tentent de bien se faire voir par moi. »

Mais ce n’était pas pareil ! Qu’est-ce qu’elle racontait hein ? Il se laissa faire mais Elen était déjà arrivée à leur hauteur, signalant qu’elle pouvait aisément s’en occuper. Manelena ne daigna pas la regarder, lui disant tout simplement :

« Arrêtes donc tes bêtises, Elen. Ce n’est pas comme si tu avais le corps pour. Tu es trop petite et chétive pour ça. Laisses donc faire les adultes. »

« Non mais pour qui est-ce que tu te prends, je peux savoir ? »

« Je ne mettrais pas mon statut social en avant pour une querelle de la sorte. Tu n’as pas le physique pour soulever Tery qui est juste dans un sale état malgré tout ce qu’il dit. »

« Je t’ai dit que j’étais capable de m’en occuper ! TERY ! Tu peux réagir aussi hein ? Tu ne crois pas que tu devrais t’en mêler un petit peu par hasard ? »

Le jeune homme reste muet. Sincèrement, s’il s’en occupe maintenant, il va juste avoir plus d’ennuis qu’autre chose. Surtout que les autres ne font rien pour s’en mêler eux aussi donc … Mais Elen commença à le tirer par le bras, lui arrachant un petit cri de douleur.

« Hey ! Doucement, toutes les deux. Je ne suis pas un sac que l’on traîne ! »

« Tu pourrais juste indiquer à Manelena qui est ta petite amie car elle n’a pas l’air de se rappeler sa place, c’est tout ! Je n’en demande pas trop, Tery ! »

« Mais pourquoi tout de suite tout rapporter à cela, je peux savoir ? Je vais me débrouiller seul, ça sera beaucoup mieux pour tout le monde. »

Il repoussa doucement Manelena avant de se tenir bien droit pour montrer que tout allait pour le mieux. Même si ce n’était pas le cas, il accéléra pourtant ses mouvements pour monter les escaliers en premier et retourner au rez-de-chaussée de la tour des archimages.

Parfois, il était agacé par une telle situation. En fait, son plus gros souci résidait principalement qu’une part de lui était fière de cet intérêt que lui portait Manelena et Elen, des petites crises entre elles. Mais là, aujourd’hui, il n’avait pas la tête à cela. Il avait surtout l’impression que sa tête allait exploser s’il ne faisait rien pour stopper une telle chose. Comment c’était possible de lui faire autant mal ? AAAAAAAAAH ! Purée ! Mal au crâne !

« Euh … Vous allez bien ? » lui demanda un sorcier qui passait dans les environs.

Aucune réponse de la part du jeune homme. Celui-ci avait juste relevé son visage, ses yeux devenus rouge sang alors qu’il serrait les dents. Le sorcier poussa un petit cri d’effroi avant de s’éloigner vite fait. Mal … MAL … MAL ! IL RECOMMENCAIT A AVOIR MAL !

Chapitre 108 : Effervescence

ShiroiRyu
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Chapitre 108 : Effervescence

« Nous devions arriver vers Omnosmos d’ici quelques jours. »

« Tu es sûr que ça ne dérangera pas ton royaume, Royan ? Enfin, que tu sois aussi vite arrivé, aussi vite reparti ? Manelena m’a dit que non pour elle mais bon … »

« Ils se sont débrouillés sans moi pendant des mois voire sûrement une ou deux années. Comme je te l’ai déjà dit, contrairement à Shunter, notre titre de monarque n’a pas une valeur absolue et il y a toujours un conseil au cas où. »

« Oui mais bon … à part ça, je ne m’y connais pas plus, je dois t’avouer. Mais bon, je te fais confiance. » répéta le jeune homme aux cheveux bruns. Ils étaient arrivés à Traslord puis étaient repartis presqu’aussitôt. Et cette fois-ci, sans armée ou autres pour les accompagner. Krawnia était déjà un lointain souvenir tandis que Tery n’avait pas eut le courage de parler réellement avec Manelena.

« Peut-être devrions-nous envoyer une lettre à Omnosmos ? »

« Je ne pense pas, non. Il y a sûrement déjà des personnes pour savoir ce qui s’est passé. Ça ne sert à rien de se répéter inutilement. Nous ne ferions que perdre plus de temps. » corrigea Manelena aux propos d’Elen, celle-ci marmonnant qu’ils ne pouvaient en être vraiment sûrs.

« Ne nous préoccupons donc pas de cela pour le moment, d’accord ? On verra le moment venu, ça ne sert à rien de tirer des plans sur la comète. »

Il tentait déjà d’éviter un conflit entre les deux femmes, ne voulant vraiment pas devoir s’interposer entre elles. Omnosmos … Là-bas, comment est-ce que le grand archimage allait réagir ? D’ailleurs, il n’oubliait pas que c’était un Gnomold en même temps.
C’était quoi le rapport ? Et bien … Il n’y en avait pas forcément non plus, il fallait avouer que tout ça commençait doucement à s’abandonner dans son crâne. Il n’avait plus envie de se prendre la tête avec toutes ces histoires. Les Gnomolds ? Il allait les laisser tranquilles tant que ça serait pareil et inverse. Les Mékalarmiens ? Aussi. Il allait juste souffler un peu et respirer grandement ensuite. C’était aussi aisé que ça.

« Sérest, Séran, vous pourrez continuer à nous en dire plus ? Maintenant que vous vous êtes révélés, vous ne devriez pas avoir de problèmes à cela, non ? »

« Nullement mais cela dépend si on peut t’en parler ou non. Que veux-tu savoir ? »

« Juste au sujet de la race des démons. A part le fait qu’ils étaient l’unique création du dieu Alzar, la raison principale pour les portes démoniaques, c’était quoi exactement ? »

« Oh … Pourquoi avoir scellé les démons sous terre, n’est-ce pas ? Et cela pour qu’ils ne puissent jamais s’en échapper ? A cause de l’un d’entre eux. » répondit Sérest une nouvelle fois à Tery qui clignait des yeux. « Le plus dangereux d’entre tous. A l’appétit insatiable. Il ne pouvait jamais se satisfaire, il voulait toujours devenir plus fort, toujours plus fort. Et pour cela, il n’hésitait pas à trucider et tuer tout ce qui se trouvait sur son passage avec pour seul but de dévorer ce qui se trouvait en face de lui. »

« Cette histoire … de dévorer est véridique ? »

Tery commença à déglutir. Tout le monde dans le groupe avait les yeux rivés vers Sérest, attendant une confirmation ou infirmation de sa part. Elle murmura :

« C’est exact … Tery. Les démons se dévoraient entre eux et les autres peuplades. Chaque mort leur procurait une satisfaction intense ainsi qu’un gain de pouvoir. Mais plus tu devenais puissant, plus tu perdais ton humanité. Les démons pouvaient être des créatures vraiment répugnantes, très répugnantes … et horribles. Il suffisait de les laisser avoir libre courts à leur exactions pour comprendre ce qu’ils étaient réellement. »

« Est-ce que … moi et Elise somme ainsi ? » demanda t-il une nouvelle fois, inquiet et effrayé. Dans ces moments-là, on se veut rassurant mais ce fût Séran qui déclara :

« C’est exact. Vous êtes comme eux. Vous aussi pouvez devenir bien plus forts si vous le désirez … en dévorant autrui. »

« Mais mais mais … je n’ai jamais ressenti ce besoin ! Je ne suis pas comme ça ! »

« Il y a beaucoup de choses que l’on prétend ne pas être, Tery. Néanmoins, tes cornes prouvent ta race. Et de même, tu as été élevé comme un enfant normal. Il en est de même pour Elise. Vous êtes comme eux physiquement et dans vos capacités, ça ne veut pas dire que vous êtes pareils psychologiquement. »

« Je sais bien que c’est aussi une question de mental … mais si c’est dans nos gènes… »

« Alors tu n’as qu’à faire confiance en toi et en ceux qui t’entourent. Les démons n’avaient que les démons comme compagnons. Peut-être que si Alzar avait décidé de les laisser se mêler aux autres races, tout cela ne serait jamais arrivé. »

« Et n’oublie pas que cela fait plusieurs millénaires qu’il en était ainsi, Tery. Aujourd’hui, tout est différent, tu ne crois pas ? Tu ne penses pas pouvoir contrôler tes gènes ? »

Il n’en savait trop rien. Au départ, il avait remarqué qu’il n’y arrivait pas mais peu à peu, il avait remarqué qu’il s’agissait de la même chose que les lignes d’Alzar. Il devait juste se focaliser sur ce qui semblait être un ennemi et ça serait largement suffisant.

« Peut-être, je n’en sais rien. Je n’ai jamais rencontré les démons d’antan. »

Sérest et Séran se regardent longuement tous les deux, comme s’ils devaient répondre à cela mais qu’ils préféraient éviter. Mais le jeune homme ne remarqua rien, les autres non plus tandis qu’ils continuaient leur marche en direction d’Omnosmos.

Comme prévu, il fallut environ une bonne semaine pour pouvoir voir au loin la ville que l’on appelait la capitale du monde. Néanmoins, le plus étrange était le nombre de charettes et autres véhicules à roues qui s’éloignaient de celle-ci, sur les nombreuses routes. Hélant une personne, Tery demanda avec interrogation :

« Pardonnez-moi mais pourquoi autant de départ ? Cela me paraît étrange. »

« Quoi ? Vous êtes pas du coin ? Enfin, vous avez pas entendu de là d’où d’où vous venez ? »

« Pas vraiment, non … Vous pouvez nous en dire plus ? »

« Bon, c’est bien parce que c’est déjà assez le bordel. Tout Omnosmos a été parcouru par des tremblements de terre depuis presque deux semaines ! On ne sait pas ce qui se passe et les Archimages n’ont pas encore donné de réponse à ce sujet. Je veux pas rester une journée de plus sur un terrain qui pourrait s’effondrer d’un moment à un autre. Vous feriez mieux de déguerpir dès que vous avez fini ce que vous aviez à faire ! »

Bien entendu … bien entendu. Le jeune homme resta immobile, laissant passer la charrette avant de se retourner vers Sérest et Séran. Tout ça … est-ce que c’était prévu ? La femme ailée hocha la tête pour lui signaler que oui avant de dire :

« Mais tu peux être rassuré, Tery Vanian. Omnosmos ne s’écroulera pas. La capitale n’est pas faite pour disparaître ainsi. Simplement, nul ne savait à ce sujet. »

« Sauf toi … et Séran, n’est-ce pas ? » corrigea Tery alors qu’elle eut un petit sourire.

« C’est exact … nous nous mêlerons réellement de ce monde que sur un dernier point. »

« Ce n’est pas déjà le cas avec les créatures légendaires ? Sans vous, je ne suis pas sûr que nous aurions put y arriver. »

« Oh … Tu te dévalorises, Tery. Tu es pourtant celui qui est responsable de leurs morts. Nous n’avons fait qu’épauler. Mais ne t’inquiète donc pas. »

S’inquiéter de quoi ? Pourquoi est-ce qu’elle disait cela ? C’était surtout en proférant une telle parole qu’il était à nouveau inquiet hein ! Alors qu’ils continuaient à avancer, Omnosmos se rapprochant à chaque heure. Puis subitement, sans même qu’il ne comprenne pourquoi, Ryusuke se retrouva sur les fesses au sol.

« Mais mais mais … le sol est en train de trembler, là ! Il se passe quoi, là ? »

« Tremblement de terre … Visiblement, ils ne plaisantaient pas à ce sujet. C’est assez problématique dans le fond, voire très problématique. »

« C’est bien plus puissant que prévu mais … nous ne pouvons rien y faire réellement. Nous ne pouvons que patienter. Tout cela se calmera d’ici quelques temps. Tu as besoin d’aide, Tery ? » demanda Séran avant de tendre sa main vers lui. Le jeune homme serra celle de l’honorien avant de se faire rapidement tiré pour être remis correctement debout.
Il remarqua qu’il avait été le seul à tomber dans le groupe, ce qui ajouta un peu plus de gêne au jeune homme qui ne savait plus où se mettre. Elen avait réussi à rester droite, Royan et Elise s’étaient aidés tous les deux. Quant à Manelena, elle était tout simplement fière et droite. Elle ne bougeait pas d’un poil alors qu’elle posait son regard sur Tery.

« La prochaine fois que tu sens une petite secousse, tu prends fermement appui sur tes pieds et tu ne bouges plus, Tery. Tu es quand même de Shunter et tu manies la terre ! »

« Mais je ne savais pas ! Je n’étais pas prêt, c’est tout … enfin, voilà … »

« Tu es même plus doué dans la magie de terre que le reste ! Je ne veux pas d’excuse ! »

Il tenta encore de s’exprimer mais le regard courroucé de Manelena le stoppa dans son élan. Il valait mieux ne rien dire s’il tenait tout simplement à la vie. Il murmura juste quelques mots incongrus, comme pour expliquer son point de vue mais s’arrêta après quelques secondes.

« Tu as quelque chose à dire, Tery Vanian ? »

« Non non, c’est bon, c’est bon ! On y va sinon, on arrivera jamais à Omnosmos ! »

Et zoup, la fuite ! Du moins, elle est verbale avant d’être physique. Le jeune homme aux cheveux bruns profita de prendre un peu d’avance et surtout que le sol avait stoppé de trembler. Pfiou … Ce n’était au final qu’un petit moment à passer … mais cela se déroulait tous les jours ? Quelle folie ! Comment est-ce que les habitants pouvaient vivre dans de telles conditions ? Surtout qu’auparavant, rien de tout cela n’était arrivé.

Mais à l’approche d’Omnosmos, il se sentait de moins en moins rassuré. Peut-être était-ce à cause de ce qui se trouvait en face de lui ? Les gardes étaient nombreux à l’entrée, observant tous les allers et venues. Mais surtout, ils n’étaient guère plus rassurés que Tery. Lorsqu’ils finirent par se trouver face aux soldats, l’un d’entre eux déclara :

« Raison de votre venue dans Omnosmos ? »

« Nous rendre dans la bibliothèque de messire Périk et madame Jésiana. Nous avions un rendez-vous avec eux. Par contre, le sol est vraiment très peu stable par ici. »

« Vous êtes un petit plaisantin hein ? Comme si vous n’étiez pas au courant avant de venir ici ? Périk et Jésiana ? Bon, vous pouvez passer. »

Même si ce n’était pas vraiment la vérité, il fallait reconnaître que cela rendait la tâche beaucoup plus facile que de leur dire qu’ils allaient rencontrer le grand archimage Comme si en déclarant une telle chose, les gardes ne les auraient pas questionné ?

« Intéressante façon de passer outre les gardes, Tery Vanian. Cela t’es venu depuis longtemps ? Ou alors, sur le moment ? »

« J’ai juste pensé à une raison moins folle que de dire : Nous voulons rencontrer le grand archimage Ernold. Rendre visite aux propriétaires d’une bibliothèque, ça n’a rien de si important non ? Ils se poseront moins de question. »

« Pas faux. De toute façon, vu que nous sommes dans les environs, nous pourrons allons les voir. Peut-être qu’ils ont des détails eux aussi. »

Le jeune homme aux cheveux bruns fit un petit sourire après les paroles de Manelena. Bien qu’elle ne le déclarait pas ouvertement, elle appréciait grandement les deux vieilles personnes. Lui-même ne pouvait guèr prétendre le contraire. Ils étaient tous les deux très sympathiques, chacun à sa façon par contre. Jésiana n’était pas du tout comme Périk.

« Qu’attendons-nous alors ? Où nous rendons-nous ? »

« Allons plutôt chercher un endroit où nous reposer. En vue du nombre d’heures que nous avons marchés et surtout de la lumière dans le ciel, il vaut mieux ne pas aller en fin de soirée. On peut attendre demain, non ? »

Les propos de Royan furent acceptés par tout le monde, Elen venant attraper le bras de Tery pour l’emmener auprès d’elle alors que le groupe marchait dans les ruelles bien moins vivantes depuis leur dernière visite. Les tremblements de terre fréquents avaient eut raison d’une bonne partie de la population locale.

« Au moins, on ne risque plus d’être bousculés ou de se perdre de vue ! » déclara Elise en ayant un petit rire repris par Sérest et Tery.

« Ce n’est pas faux, il y a bien un côté pratique à tout ça. Pas de quoi s’en plaindre pour une fois. Tant mieux en un sens. Mais bon, dépéchons nous avant qu’il n’y ait plus de place. »

« Tery … S’il y a moins de monde dans les rues, tu ne devrais pas avoir à t’inquiéter sur le nombre de places dans les auberges. Par contre, trouver une auberge qui ne soit pas fermée à cause des tremblements de terre, là, ça sera la véritable difficulté. »

Erf ! Elle marquait un point, Manelena Le jeune homme eut un léger soupir avant de signaler que ce n’était pas bien grave. S’il fallait, il n’hésiterait pas à interroger quelques passants ou commerçants. Ils finiront bien par trouver un endroit où se reposer malgré les événements sismiques quotidiens. Oui, pas de quoi s’en faire réellement.

« On ferait mieux de se dépêcher néanmoins. Peut-être que les auberges restantes seront bondées ou ferment plus tôt. Nous n’en savons rien. »

Ils venaient pas de parler du contraire à l’instant ? Ah … Le jeune homme ne répondit pas aux propos de Royan. Il savait qu’il n’avait pas totalement tort mais quand même, ce n’était pas un peu trop … pfiou. Il n’arrivait même plus à penser au mot qu’il avait en tête. Enfin, ce n’était pas très grave ou important, il avait mieux à faire.
Mieux, tout cela dépendait du point de vue mais bon … Il se passa une main derrière le crâne, un peu confus et embêté. C’était un peu dérangeant enfin et … AIE ! Il percuta le dos de Manelena, gémissant de douleur avant de se frotter le nez.

« Mais qu’est-ce qui … pourquoi tu t’es arrêtée, Manelena ? »

« Car nous sommes visiblement arrivés. Et le changement en Omnosmos est vraiment … déplaisant, je dois dire. Très déplaisant. »

Qu’est-ce qu’elle voulait dire par … Oh. Un petit regard autour de l’auberge et il était possible de voir que certains bâtiments avaient été dégradés. Bien entendu, ce n’était pas rare. Les rumeurs parlaient souvent de groupes de personnes qui profitaient de la confusion générale pour piller quelques bâtiments abandonnés … ou non.

« Espérons que l’intérieur soit aussi propre que l’extérieur. Allons-y. »

Manelena avait pris les commandes de la troupe avant d’indiquer la marche à suivre à Tery et aux autres. En pénétrant à l’intérieur, il était de suite facile de remarquer les coups de lame sur les murs, comme si une bataille avait eut lieu. Néanmoins, à part cela, rien ne changeait d’une auberge normale et les personnes installées à la taverne semblaient plutôt correctes. En s’approchant de l’aubergiste, Manelena observa les environs.

« Vous ne rêvez pas, oui, c’est un peu de la folie dans les alentours mais nous avons réussi à les calmer … par la force puisque c’était nécessaire. Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? »

« Il nous faudrait des chambres. Combien il vous en reste ? »

« Pas tellement que ça. Je peux vous en donner deux voire une seule mais très spacieuse. Elle sert d’habitude pour les troupes de soldats. »

« Mettez cette dernière. Comme on ne sait pas combien de temps nous allons rester, il vaut mieux prendre le moins de chambre possible. »

Tery se demanda si la qualité de la chambre allait être aussi … un peu douteuse. Néanmoins, il valait mieux ne pas poser la question à l’aubergiste. S’il avait réussi à s’occuper des pillards, même avec de l’aide d’autrui, il ne devait pas être quelqu’un de facile.

Payant la chambre, Manelena monta la première pour voir à quoi elle ressemblait. Un rapide coup d’oeil et il était de voir que le terme de « chambre de soldats » n’était pas volé. Il n’y avait rien … juste des lits une place une petite table de nuit. Rien de plus, rien de moins. Et visiblement, il n’y avait qu’un bac d’eau pour se laver.
Ah … Autant dire qu’il ne fallait pas compter sur le fait de se laver aujourd’hui. Ou alors seulement quand il n’y aurait personne dans les environs, du genre, quand tous se trouveront en bas pour dîner ou déjeuner. Pfiou …

Il n’aimait pas quand ça devenait trop compl… Un bruit strident se fit entendr, Tery tournant la tête vers l’origine de ce dernier. Qu’est-ce qu’Elen était en train de faire là ? Elle poussait avec un peu de difficultés l’un des lits pour le coller à un autre tout en disant :

« Hors de question de dormir éloigné de Tery ! De toute façon, je sais que Sérest et Séran vont faire de même de leur côté, n’est-ce pas ? »

« Le faire ? Mais c’est déjà fait. Par contre, pour éviter de faire trop de bruit, nous avons utilisé un peu de magie du vent. Tu aurais pu le faire toi aussi de ton côté, Elen. »

« Je n’y ait pas pensé sur le coup. Bon, ce n’est pas bien grave. Royan ? Elise ? Vous ne le faites pas ? » demanda Elen avec un petit sourire narquois, Elise ayant rapidement les joues qui vinrent se teindre en rose.

« Non mais … euh … pourquoi est-ce que tu dis ça ? »

« Une blague de très mauvais goût, Elen. Nous n’avons pas à commettre un tel acte de la sorte alors que nous ne sommes pas mariés, elle et moi. Ni même en couple ou alors en relation. Vos règles ne sont pas les mêmes que les miennes. Sinon … »

« Sinon quoi ? » demanda Elen en remarquant que Royan regardait Manelena qui s’était mise à distance de tout ce beau monde.

« Nous pourrions mettre les lits de Manelena, Tery et le tien ensembles, non ? Puisque c’est basé sur des on-dit. » continua néanmoins l’adolescent aux cheveux bleus. S’il fallait les craindre maintenant, c’était trop tard pour réagir de la sorte.

« Qu’est-ce que tu veux insinuer par là, Royan ? »

« Je n’insinue rien du tout, Elen. Du moins, je n’insinue pas plus que toi, tu ne crois pas ? »

« Tsss, voilà qu’il se met à faire de l’humour. De toute façon, Manelena a déjà pris son lit, celui le plus au fond de la chambre. Elle n’a pas envie de discuter avec nous. »

« J’ai mieux à faire que d’écouter de telles sottises de votre part. Je dépose mes affaires, je descends manger un morceau et ensuite, je comptes me coucher, c’est aussi simple que ça. »

Comme elle le désirait Le jeune homme aux cheveux bruns la regarda partir de la chambre sans chercher querelle ou autre, déposant lui-même ses affaires avant de faire de même de son côté. Pourquoi devraient-ils se battre tous ensemble hum ? Ce n’était pas une bonne chose, loin de là. Il eut un petit soupir amusé avant de dire, immobilisé devant la porte :

« Allons manger un morceau. Je pense que chacun est grognon à cause des tremblements de terre et autre. Un repas nous fera le plus grand bien mais aussi à nos estomacs ! »

Au moins, en le regardant, on ne pouvait être qu’enjoués comme lui. Le jeune homme descendit au rez-de-chaussée, trouvant Manelena assise seule à une grande table. Déjà, il remarquait quelques personnes qui tentaient de se rapprocher d’elle. Il s’avança d’un pas rapide vers la femme aux cheveux argentés, disant d’une voix au timbre séducteur :

« Vous êtes seule, mademoiselle ? Puis-je m’asseoir à votre table ? »

« Je ne le suis plus, maintenant. Installez-vous donc tant que vous m’offrez le couvert. » répondit Manelena, levant les yeux vers le plafond en soupirant. Elle avait remarqué le manège de Tery mais elle y avait répondu. Il se plaça à côté d’elle, les autres finissant par arriver, Elise demandant si les commandes avaient déjà été prises ou non.

Rien de tout cela n’avait été fait, Manelena et Tery ayant attendu qu’ils soient tous là. Pour les consommations, Tery fixa Royan. Depuis le début, il évitait que l’adolescent ne puisse boire de l’alcool comme il n’était pas encore un adulte … mais surtout parce qu’il était un prince. Encore que les raisons, il s’en fichait. Exceptionnellement et surtout parce qu’ils avaient une auberge pour la première fois depuis leur départ de Traslord, ils pouvaient bien tous profiter d’un alcool pour se féliciter de la réussite dans leur objectif. Royan regarda le gobelet, le portant à son nez en clignant des yeux. Il se tourna vers Tery, attendant de voir ce qu’allait dire le jeune homme, celui-ci lui souriant :

« Tu peux bien boire un coup, non ? C’est grâce à toi comme aux autres que nous sommes là, aujourd’hui, Royan. Et puis bon, un jour, il te faudra bien commencer à boire. Alors, à ta santé et à celle de notre groupe ! Félicitations à tous ! C’est enfin terminé ! »

Chapitre 107 : Y retourner

ShiroiRyu
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Chapitre 107 : Y retourner

Durant tout le voyage en bateau, les paroles du couple trottaient dans sa tête sans cesse. Malgré toutes les raisons qu’il pourrait trouver, il n’y en avait aucune qui se voulait logique et normal. Pourquoi avoir dit ça maintenant ? Pourquoi avoir déclaré qu’ils pouvaient deviner aisément ce qui allait se passer ?
A côté de lui, il voyait Elen qui dormait paisiblement dans le lit. Dire que dans la tour, elle avait fait preuve d’une nouvelle fois d’un coup de folie. Il ne devait pas mentir : elle l’effrayait un peu. Le fait qu’elle possédait les lignes d’Alzar en même temps que celles de Zélisia la rendait unique mais pas seulement. Les lignes d’Alzar profitaient du fait qu’elle ne savait pas contrôler ses émotions. Cela la rendait plus dangereuse et forte que Manelena et lui-même lorsque tout cela allait arriver. Il ne pouvait pas l’oublier …

« Elen ? Il serait temps que tu te lèves, ma grande. »

Il avait dit cela en chuchotant, venant alors l’embrasser doucement sur les lèvres. Elle commença à gémir et à bouger dans le lit, finissant par ouvrir un œil bleu. Elle l’observa avec tendresse, sa main glissant vers celle de Tery pour venir la caresser.

« Déjà maintenant ? Mais il n’est que … je ne sais pas quelle heure il est. Mais ce n’est pas un peu trop tôt ? On ne peut pas profiter un peu, s’il te plaît ? »

« Ce n’est pas possible, Elen. Enfin, si, on le peut mai pas plus qu’une demie-heure et encore … enfin bon … On peut si tu le désires et … »

« Tu t’embrouilles dans tes paroles, Tery. Est-ce que c’est moi qui te fait cet effet ? » dit-elle tout en rigolant, ses yeux grands ouverts avant de gesticuler dans le lit.

« Tu le sais parfaitement non ? Hum … Je crois que ce n’était pas une mauvaise idée que de proposer de rester quelques temps dans ce lit. »

« On pourra toujours donner l’excuser du bateau qui tangue si le lit fait quelques grincements. Qu’est-ce que tu en dis, Tery ? Intéressé ? »

Il eut une petite bouffée de chaleur en rougissant avant de sourire à son tour. Pour toute réponse, ses mains commencèrent à parcourir le corps d’Elen, venant glisser sur ses vêtements pour les retirer. Il avait l’impression que depuis la première fois où il avait réellement vu le corps de la jeune femme dans son plus simple apparat, il avait un peu changé. Plus mature ? Plus femme ? Plus désirable ?

« Et bien, Tery ? Que comptes-tu faire ? Tu vas tout simplement le regarder, c’est ça ? Tu peux aussi poser les mains dessus, tu sais ? Je ne comptes pas te mordre … du moins, peut-être intentionnellement et avec douceur. »

« Tant que tu ne fais pas de marques hein ? Je ne dis pas non … enfin … je … J’ai juste envie de te contempler. Dire que les lignes de Zélisia sont aussi douées que ça pour faire disparaître les blessures les plus graves. Et que dire des cicatrices … Enfin bon … Tu es belle. »

« J »aimerai que tu me le dise plus souvent, Tery. Même quand tu regardes une autre femme. »

« … … … Je vois, je vois, Elen. Je suis désolé. »

Et pour se faire pardonner, il commença doucement à embrasser chaque parcelle nue de son corps tandis que les mains faisaient de même. Rapidement, la demoiselle aux cheveux blonds commença à gémir de plaisir, mordant dans le tissu à l’instant où elle se sentie unifiée avec l’homme qu’elle désirait. La demie-heure passa rapidement, trop rapidement au goût des deux personnes mais aucun ne vint s’en plaindre.

« Ah … Tery … Qu’allons-nous faire ? Tu ne trouves pas que j’ai grossi un peu ? »

« C’est quoi cette remarque que tu viens de dire, je peux savoir ? » Toi ? Tu es grosse ? N’exagère donc pas, de ce point de vue, tu es parfaite. »

Elle eut un grand sourire, ravie d’apprendre ce que Tery venait de lui déclarer. Le jeune homme aux cheveux bruns se redressa dans le lit, prêt à se rhabiller avec Elen. Pendant qu’elle mettait ses affaires sur son corps, il lui dit :

« Qu’est-ce que tu penses de Sérest et Séran, sincèrement ? »

« De leur histoire de ces derniers jours ? J’avoue que ça me trotte dans la tête depuis qu’ils en ont parlé. Je ne sais pas vraiment … J’ai beaucoup de mal à y croire mais en même temps, si les légendes sont vraies, Zélisia et Alzar s’aimaient énormément malgré qu’ils étaient opposés radicalement non ? Ce qui me fait dire alors qu’ils pourraient l’être mais nous aussi non ? Tu as les lignes d’Alzar tandis que moi, j’ai les lignes de Zélisia. »

« Mais tu as aussi les lignes d’Alzar, il ne faut pas oublier. Enfin … ce n’est pas bien important, tu restes la demoiselle à qui je tiens le plus, voilà tout. »

« C’est un peu rassurant que tu me le dises maintenant, tu ne crois pas ? »

Elle avait déclaré cela avec une petite pointe d’ironie avant de déposer un rapide baiser sur ses lèvres. Le jeune homme la laissa quitter la chambre quelques secondes plus tard, restant immobile de son côté. Bien entendu … que cela devait se passer ainsi. Elen avait juste compris les paroles à sa façon. Lui-même n’était pas certain de ce qu’il venait de déclarer exactement. La femme à qui il tenait le plus … ça ne voulait pas dire … qu’il l’aimait non ?
Peut-être que dans le fond, il était réellement un monstre mais pas de la façon à laquelle on pensait. Il avait juste une mauvaise pensée sur le moment. Il aimait Elen, il en était sûr, il en était convaincu et … convaincu ? De quoi devait-il se convaincre ? Se convaincre d’aimer quelqu’un, ce n’était pas plus absurde qu’autre chose ?
« Pfiou, je sais pas ce qui me prend aujourd’hui de penser de la sorte. »

Il valait mieux qu’il aille voir les autres car de telles pensées étaient plus qu’absurdes. Comment est-ce qu’il pouvait assumer ça ? Grumpf … Il avait commis tout simplement une effroyable erreur dans ses pensées. Cela lui arrivait de plus en plus fréquemment. Peut-être était-ce parce qu’Elen était en fait différente de ce qu’il pensait ?

« Pour le meilleur et pour le pire … je crois que c’était ça. »

Il quitta la pièce à son tour pour aller sur la passerelle du bateau. Hum … Il y avait Manelena qui observait l’océan infini. L’était-il vraiment ? Il n’y avait pas réellement réfléchit mais comment est-ce que tout cela se passait exactement ? S’il voyageait vers le sud, est-ce qu’il allait tomber ? Ou alors se retrouver vers Honoros ? Il n’avait aucune réelle idée de comment ce monde tournait réellement.

« Bonjour, Manelena, tu as bien dormi ? » demanda t-il avec politesse.

« Oh … Tery. Si tu cherches Elen, elle est partie vers la cantine. Elle a à peine daigné me regarder pour me saluer mais qu’importe, ce n’est pas bien grave. »

« Donc je considère que tu vas bien, c’est ça ? » dit le jeune homme avant de s’installer à ses côtés. Maintenant qu’elle était auprès de lui, une pensée le taraudait. Pourquoi est-ce que ça ne venait que maintenant et pas auparavant ?

« On va dire ça comme ça si tu préfères. Et toi ? Tu as encore fait des mouvements hier. Tu sais que je dors dans la pièce d’à côté. »

Il pouffa de surprise sur le coup, la regardant avec un peu d’appréhension. Que Manelena lance un tel sujet, il n’en revenait pas. Mais néanmoins, il devait lui répondre, murmurant :

« La prochaine fois, je tenterais d’être un peu plus discret. »

« Je l’espère bien car elle est du genre très vocale quand elle s’y met. Je ne pense pas être la seule à avoir ce souci auditif, Tery. »

« C’est bon ! On peut changer de sujet s’il te plaît ? Je voulais savoir : tu vas repartir à Shunter maintenant que c’est fini, c’est ça ? Comme Royan et Traslord ? »

« C’est à toi de décider. Qu’est-ce que tu veux ? Personnellement ? »

Elle se retourna vers lui pour lui faire face. Le jeune homme cligna des yeux. Hum, c’était le froid de la mer qui faisait rougir les joues de Manelena ? Et les siennes surtout ? Se grattant la joue, il lui déclara :

« Je crois que c’est facile à deviner mais j’aimerai bien que tu restes avec nous, Manelena. Tu es là depuis le début ou presque. Tu es quelqu’un d’important et … »

« Je n’ai pas demandé pour le groupe. J »ai demandé ce que tu voulais, toi. Ce n’est pas pareil, Tery Vanian. Ne tourne pas autour du pot, compris ? »

Hey. Elle avait quoi aujourd’hui ? Elle était assez en colère. Etait-ce à cause de cette nuit avec Elen ? Pfiou … Il avait peut-être marché sur un terrain piégé à l’heure actuelle. Et il n’avait visiblement pas fait attention où il avait mis les pieds.

« Euh … Et bien, Manelena, tu sais bien … qu’enfin bon … »

« Tu peux arrêter d’être un peu indécis dès que tu ouvres la bouche en ma direction ? Ca me fait royalement chier que tu sois incapable encore maintenant de me parler correctement ! »

« C’est juste que … ceci … et cela … fait qu’enfin … Je ne m’attendais pas à ce que tu me poses directement la question, voilà tout. »

« Arrêtes de te moquer de moi. Je commence à en avoir réellement assez, Tery Vanian. Nous sommes seuls, tu peux t’exprimer en face à face. »

La femme aux cheveux argentés avait croisés ses bras alors que ses yeux étaient toujours fixés sur le visage de Tery. Celui-ci trembla un peu : elle le mettait plus que mal à l’aise alors qu’il continuait de se gratter la joue avec gêne.

« Mais tu … enfin … Manelena. Il y a du monde sur ce bateau. Tu dis que nous sommes seuls mais ce n’est pas le cas. Pourquoi est-ce que tu me forces à prendre la parole ? »

« Bon, visiblement, attendre cela de ta part était trop demandé. Je ne sais pas pourquoi j’ai espéré une réponse de ta part, Tery. Après toutes ces années, tu continues de te comporter comme un enfant face à moi. Est-ce que je te mets si mal à l’aise que ça ? Non, je ne veux même pas savoir ta réponse, Tery. Elle serait complètement inutile. »

Complètement inutile ? Elle commença à se mouvoir pour passer à côté de lui, le jeune homme paralysé par l’angoisse. Ce malaise ressenti avec Elen qui ne s’atténuait pas au fil des jours qui s’écoulaient. Ce tracas dès qu’il s’adressait à Manelena aussi. Et cette dernière qui rajoutait en continuant son chemin :

« Puisque tu es incapable de prendre une décision, je vais tout simplement retourner à Shunter. Nous n’avons plus rien à voir tous les deux en fin de compte. »

« Non ! » s’écria t-il en attrapant vivement sa main tout en se retournant. La monarque de Shunter s’immobilisa sur place, faisant un léger sourire qu’il ne remarqua guère.

« Non, quoi, Tery Vanian ? Non à quoi ? »

« Tu es ma maréchale, tu es ma princesse, tu es ma reine, tu es aussi une compagne de route. Tu es tellement de choses. Savoir que tu vas partir, je ne veux pas que ça arrive. Ça me rend vraiment malade rien que d’y penser. »

« Je suis … ta maréchale ? Ta princesse ? Ta reine ? » répéta t-elle en plaçant son visage à la hauteur du sien. Elle avait besoin de se pencher un peu en avant pour cela, ce qui ne faisait qu’ajouter plus de charme à cette femme pourtant aguerrie par l’art du combat. Malgré les années passées à toujours n’avoir que l’art militaire en tête, elle restait une femme qui pouvait faire tourner de nombreuses têtes après son passage. Mais pour le moment, celle qui l’intéressait était le plus était en train de se décomposer devant ses yeux, devenue complètement livide en bafouillant :

« Enfin, je suis de Shunter et tu es liée au royaume. C’était juste ça hein ? Rien de … Enfin, peut-être un peu quand même et puis … enfin … »

« Tery. Sois bref, clair et concis. Je te laisse une phrase, une unique phrase. »

« Manelena, continues de m’accompagner comme tu l’as toujours fait. »

« … … … Ah. Et une phrase gâchée. Et pourquoi est-ce que tu me donnes l’impression que tu vas te mettre à pleurer hein ? »

Il n’allait pas pleurer ! Il avait passé l’âge pour ça, c’était juste que la situation le rendait tellement nerveux que ses émotions transparaient sur son visage. Qu’est-ce que les autres allaient dire à son sujet s’il était remarqué ? S’il était vu ?

« Je ne comptes pas pleurer. Ce n’est pas ça, Manelena. C’est juste que … c’est juste que … un démon qui parle de la sorte à l’une des personnes les plus importantes de ce monde, je ne sais pas où est ma condition, où est ma place, et … »

« Bon sang, d’où est-ce que viens ce truc sur les démons ? Tu te cherches encore des excuses, c’est bien ça, Tery ? Sincèrement, les démons … » soupira t-elle avant de poser ses mains sur ses épaules. Il sentit une légère force qui l’attirait contre elle bien que cela ne le faisait que bouger très lentement en direction de Manelena.

« Je sais bien mais je suis nul. Dès que tu es dans les parages, je comprends pas ce qui se passe. Je suis complètement perdu et déboussolé. »

Pouf ! Sa tête se retrouva posée contre le coeur de Manelena. Il l’entendait battre à vive allure, comme si elle était elle aussi aux prises d’une vive émotion qu’elle n’arrivait pas à contrôler. Le jeune homme écouta les paroles de l’ancienne maréchale, yeux fermés :

« Tu ne pourras jamais être comme l’un de ces démons dont les légendes parlent, Tery. Tu es beaucoup trop gentil, simplet et stupide pour cela. Tu ne tues pas pour le plaisir, tu n’es pas fait pour le combat. Tu es bien trop sincère et vrai. Tu ne cherches pas à faire souffrir autrui, c’est même l’inverse. Tu te mets dans des situations abracadabrantesques et je pourrais continuer pendant des heures à te donner tout un tas d’autres arguments si je le désirais. Tery, je vais rester à tes côtés pour Omnosmos mais ensuite, reviens avec moi à Shunter. Je ne te promets pas une vie de château, de noble ou autres.  Je peux juste te promettre que tu seras heureux à mes côtés. Qu’est-ce que tu en dis ? »

Éberlué, il resta immobile pendant quelques secondes pour que son cerveau puisse assimiler tout ce qu’elle venait de lui dire. Mais surtout, elle semblait attendre une réponse le plus rapidement possible … mais il ne savait pas quoi dire ! Il était tout simplement perdu ! Ce n’était pas le genre de choses pour lesquelles il était préparé !

« Manelena … je … Je crois que sur le coup, je serais tout simplement ravi. Là, je te dis ce que je pense maintenant hein ? »

« Mais tu veux y réfléchir, n’est-ce pas ? »

« Si ça ne te dérange pas trop … la réponse serait oui. Car je ne sais pas du tout ce que je dois faire exactement, loin de là. Enfin, c’est juste imprévu que tu me dises ça. »

« Je le sais parfaitement, Tery. Je le sais parfaitement. Essaies d’y réfléchir à tête reposée. » déclara t-elle pour finir avant de passer à côté de lui, retirant finalement la main qui était dans celle du jeune homme depuis déjà quelques minutes. Il était temps d’aller retrouver les autres, non ? Elle l’incita à le suivre mais il murmure qu’il va rester là encore un peu.

Il n’avait pas envie de voir les autres. La raison était simple : il n’oserait pas regarder Manelena droit dans les yeux. Elen, ça ne serait pas beaucoup mieux. Qu’est-ce qu’il pourrait faire dans une telle situation ? Dans quoi est-ce qu’il s’était jeté ? C’était simplement que … ah … il devait se faire une raison.
Peut-être était-ce à cause de la situation ? Mais il avait remarqué que Manelena était inquiète et un peu sur les nerfs ? Comme si elle devait lui avouer ce qu’elle avait sur le coeur avant qu’il ne soit trop tard. Mais trop tard de quoi ? Par rapport à quoi ?

« Mais qu’est-ce que je vais faire ? Je ne peux pas être indécis comme ça . »

Il ne pouvait pas faire durer trop longtemps cette situation. Pourtant, cela faisait depuis déjà plusieurs mois qu c’était ainsi. Un jour, il allait vraiment souffrir et tout perdre. Mais qu’est-ce qu’il devait faire ? Ce qu’il ressentait pour Elen … et pour Manelena, c’était la même chose ? Mais on pensait connaître une personne avant de remarquer que l’on se trompait depuis le début. Voilà sa plus effroyable erreur.

« Ah … Mais comment m’en sortir ? »

C’était trop tard, n’est-ce pas ? Il ne pouvait pas s’en sortir, non ? A partir de là, impossible de réagir correctement. Il allait … devoir vivre avec ça dorénavant ? Non … Mais Manelena ? Elen ? Peut-être qu’il devait tout simplement ne pas choisir ? Et au final, dire à Elen que c’était fini ? NON ! Il en avait fini avec l’aigle tricéphale, tout était terminé. A partir de là … si tout se calmait … Non ! Manelena venait de lui faire une proposition. Si Elen l’entendait, il y avait de fortes chances qu’elle s’imagine, à raison, de quelque chose entre lui et Manelena. Il posa sa tête sur le bord du bateau.

« Je mérite ma situation, c’est tout. »

Alors que tout était terminé, il s’était trompé lourdement. Tout ne faisait que commencer. Il ne devait pas avoir de sentiments négatifs, c’était mauvais, très mauvais. Qu’est-ce que Clari lui aurait dit dans une telle situation ? Sûrement une imbécillité dont il aurait bien eut besoin. Clari lui manquait … comme sa mère.

« Tery ? Tout le monde t’attends. Je suis venue te chercher. »

« Elise ? Tu n’étais pas obligée de te déplacer, tu sais ? »

« Il fallait pourtant que je viennes te récupérer. Elen se fait du souci pour toi. Il y a quelque chose qui te tracasse ? Tu as la tête des mauvais jours si je peux me permettre cette petite réflexion … Ne le prends pas mal ! »

« Je ne le prends pas mal, hein ? Mais … Disons que c’est un problème sentimental. Dis-moi, quand tu étais serveuse dans cette auberge, est-ce que tu avais déjà eut affaire à des hommes adultères ? Du genre, qui étaient normalement avec une femme mais tu les voyais avec une autre dans leurs bras ? »

« Tery, ne me dit pas que tu as … » commença à dire la femme aux cheveux auburn avant qu’il ne bredouille en la regardant, faisant des mouvements confus avec ses mains :

« Non non ! Pas du tout ! NON ! Je te le promets ! »

« Pfiou, tu me rassures un peu. Après, je ne te mentirais pas. Dans la vie, il y a des hauts, il y a des bas. Ce n’est jamais très joyeux mais en passant du temps avec la personne que l’on aime, je suis sûre et certaine que vous pourrez vous comprendre. »

« Est-ce que tu es sûre de ça, Elise ? Car des fois, j’aimerais me dire que oui … mais que dans le fond, je ne suis même pas certain de tout ça. »

« Où est-ce que tu veux en venir exactement, Tery ? Ca serait mieux si … tu me le disais, non ? Je te promets que je serais une tombe. »


Il commença à se rapprocher d’elle, lui chuchotant quelques mots dans l’oreille gauche. Bien gêné, il bafouilla un peu alors qu’Elise hochait la tête positivement.

« Tu te rends compte quand même ? Enfin, je ne sais pas … »

« Oui, tu n’es pas forcément la mieux placée pour m’aider, Elise mais pourtant … »

Elle le regarda, interloquée, avant qu’il ne lui chuchote un prénom. Une vive rougeur envahit les joues de la jeune demoiselle qui commença à se triturer les doigts. Mais bon, ce n’était pas pareil, il n’y avait pas trois personnes dans tout ça !

« Je ne … Enfin, je suis un peu confuse. Mais tes sentiments dans tout ça ? »

« Mes sentiments ? Là aussi, je ne sais pas vraiment … Tu as remarqué au sujet d’Elen non ? Qu’elle est parfois très différente. »

« C’est le cas mais ce n’est pas si grave non ? Ce n’est pas comme si tu pouvais te douter de ses sentiments, non ? »

« Sur ce point, j’en suis sûr et certain. Je n’ai même pas besoin de poser la question mais c’est par rapport .. aux autres personnes. J’ai peur qu’elle soit dangereuse pour elles. »

« Et quant à … l’autre personne ? » demanda Elise. Elle ne précisait pas son nom pour éviter les oreilles indiscrètes. Le jeune homme baissa les yeux avant de chuchoter :

« Elle est comme un rêve. Comme si cette personne que je ne pensais jamais atteindre se montrait enfin sous son véritable jour. »

« Est-ce que tu veux que cela reste un rêve ? Ou alors que ça devienne la réalité ? »

« Je suis peut-être en train de me faire des illusions. Je m’imagine des choses. »

Elise fit un mouvement négatif de la tête. Elle confirmait ses pensées par rapport à cette seconde femme. Cela se voyait aisément bien que personne n’osait le dire à voix haute. Aucun ne voulait des problèmes avec elles. Elle prit Tery par le bras pour l’inciter à aller voir les autres. Ils avaient perdu assez de temps non ? Il fallait qu’il aille retrouver les autres pour pouvoir penser à des choses bien plus positives et moins compliquées.

Chapitre 106 : Simili-incarnations

ShiroiRyu
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Huitième axe : Un être démoniaque


Chapitre 106 : Simili-incarnations

« Dis, Sérest, je peux te poser une question ? »

« Bien entendu, Tery, qu’est-ce qui se passe ? Tu as l’air assez … troublé, non ? »

Pendant qu’ils descendaient de la tour avec les soldats encore vivants, Tery s’était tourné vers la femme ailée qui aidait son mari à rester debout, la regardant pendant de longues secondes. Il semblait chercher à peser ses mots, comme s’il avait du mal à les confirmer avant de finalement dire d’une voix lente :

« Je voulais savoir … Trozéral a parlé d’élus de la déesse et du dieu. Est-ce que cela te dit quelque chose ou non ? Tu peux plus en parler ou pas ? »

« Je le peux, bien entendu, Tery. Mais peut-êtr que ce n’est pas le bon moment ? Même s’il faut avouer que la Tour me semble bien silencieuse depuis sa mort. »

« J’ai surtout l’impression que les créatures à l’intérieur se sont calmées, comme si elles avaient compris la situation. C’est une bonne chose, la décente sera juste longue et non dangereuse. J’espère que les autres ne sont pas partis risquer leurs vies inutilement et qu’ils n’ont pas essayé de monter. Nous avons déjà beaucoup de morts de notre côté. »

« Je pense qu’en nous voyant disparaître, ils ont compris qu’il valait mieux éviter de poursuivre leur ascension. Et vue les créatures, je pense que là aussi, ils ont préféré patienter plutôt que de se lancer à l’assaut. Ils nous attendent sûrement. »

« Mais … sinon comment va Séran ? » demanda une nouvelle fois Tery en regardant l’homme qui était conscient bien qu’il ne lui adressait pas directement la parole.

« J’ai connu des jours meilleurs, Tery. Mes félicitations néanmoins. »

« Je ne suis pas le seul à nécessiter d’être félicité mais bon, ce n’est pas bien important. Mais merci … nous avons finalement réussi notre objectif après tout ce temps. Ah … Combien de mois avons-nous passé à cela ? Je me le demande. »

« Ce n’est pas si long que ça si tu y réfléchis bien. Certains personnes ont passé des décennies voire leurs vies entières à des quêtes qu’elles n’ont jamais réussi. Ce que nous avons accompli est l’oeuvre de plusieurs vies, Tery. »

Sérest marquait un point qu’il était difficile d’ignorer. Ils avaient réussi … presque l’impossible à y réfléchir. Ils avaient réussi à battre les créatures légendaires et cela en une année ou un peu plus. Il n’avait plus aucun repaire temporel depuis qu’ils étaient partis dans cette quête. Quel âge avait-il ? Elen avait quel âge ? Il n’en avait strictement aucune idée malheureusement. Il regarda Elen pendant de longues secondes, cela n’échappant pas à la jeune femme aux cheveux blonds qui lui demanda dans un sourire :

« Et bien, Tery ? Y a t-il quelque chose qui éveille ton intérêt chez moi ? Tu m’observes en détails. Si tu veux, tu peux te rapprocher hein ? Je ne mords pas. »

« Je le sais parfaitement, Elen. Ce n’était pas ça que je regardais. Tu n’es pas un cheval, je ne vais pas observer ta dentition. »

Elle cligna des yeux, interloquée pendant quelques instants avant de comprendre la blague du jeune homme qui cherchait à décoincer l’ambiance. Elle rigola légèement, venant prendre Tery par le bras pour l’emmener jusqu’à elle, coinçant celui-ci entre ses mains.

« Et bien pour la peine, tu vas rester avec moi pour les prochaines heures, d’accord ? Monsieur qui fait de l’humour dans les situations dangereuses. »

Il n’était pas sûr d’en avoir fait, enfin, il avait juste voulu dérider un peu la situation tandis qu’il étudiait la situation. Manelena allait bien même si elle gardait sa mine renfrognée. Sérest et Séran ? Ca passait. La première s’occupait du second en sa qualité de femme. Krawnia allait bien elle aussi, elle voletait au-dessus d’eux, ayant perdu son sourire et son humour pour le moment. Elle balayait les environs sous un regard à glacer le sang, comme celui d’une rapace prête à fondre sur sa proie. D’ailleurs, tant qu’elle était dans les airs, il pouvait lui demander quelque chose normalemnt :

« Krawnia ! Est-ce que tu vois au loin ? Enfin, tu remarques quelque chose ? »

« Rien du tout, c’est désespérément vide et calme … beaucoup trop calme. »

Ce dixième étage avait la particularité d’être tout simplement basique. De longues plaines verdoyantes, des petits bois et autres. S’il y avait de ces êtres dans les environs, l’élément prédominant serait normalement la terre, ce qui voulait dire qu’à l’étage inférieur, il s’agissait de l’élément aqueux comme le peuple de Royan. Hum … D’ailleurs, Royan était aux côtés d’Elise, ils ne s’en cachaient presque plus.

Il y avait au moins une chose qui était plaisante dans ce monde. Tery ne put s’empêcher de sourire. Au moins, tous les deux étaient heureux, c’était le plus important. Ils avaient peut-être tout perdu à l’époque mais ce n’était plus qu’un lointain souvenir. Il tapota doucemnt l’épaule gauche d’Elen, lui chuchotant de regarder Royan et Elise.

« Oh … Hum … Ne disons rien, hein ? Nous ne sommes pas là pour les titiller. »

« Cela devrait être mon rôle depuis que Clari n’est plus là mais je ne mentirais pas en disant que je n’ai pas la force pour faire tout ça. »

Hahaha .. Il chercha à sourire une nouvelle fois mais maintenant, le coeur n’y était plus. Il aurait aimé terminer cette quête avec elle. Finalement, lorsqu’ils arrivaient au neuvième étage, après plus d’une journée de marche, ils pouvaient constater qu’il s’agissait exactement de ce que chacun s’était imaginé ou presque : un endroit un peu enneigé, rcouvert par la glace mais avec aussi des endroits où l’herbe était florissante, entourant quelques petits lacs. C’était décemment très étrange de voir deux écosystèmes aussi différents mais aussi proches. Surtout si on rajoutait les endroits où la pluie était battante.

« Brrr … Je ne crois pas que ça soit une bonne idée que de traîner ici si vous voulez tout savoir. On ferait mieux d’avancer et au plus vite. Normalement, s’ils ne sont pas partis … ou dans le pire des cas, morts, les autres nous attendent au huitième étage. »

Krawnia avait pris la parole, s’ébrouant comme le ferait un oiseau géant. Ce n’était pas si étrange en vue de ses ailes mais cela était un spectacle un peu envoûtant, difficile à ignorer. Sauf qu’il retrouva très vite ses esprits quand Elen lui donna un petit coup dans les hanches tout en lui disant d’une voix courroucée :

« Je peux savoir ce que tu fais, Tery Vanian ? »

« Oh ? Hum … Rien de spécial, j’avais l’impression de voir un petit oiseau faire sa toilette, rien de plu, rien de moins. Pourquoi cette question, Elen ? »

« Tu le sais très bien pourquoi je te poses cette question, Tery. »

Exactement mais ce n’était pas une raison pour qu’il réponde ! Surtout s’il voulait éviter d’avoir des ennuis. Encore une journée et demie, cette fois, et ils arrivaient finalement à descendre au huitième étage. Encore une fois, ils n’avaient pas rencontré l’une de ces créatures et Royan avait murmuré que c’était tant mieux. Il n’était pas réellement prêt à voir son peuple ressembler à des monstres sans âmes pour le moment.

« A partir de là, je peux vous servir de guide. Je connais les environs … Du moins, les environs des environs. Je n’étais jamais arrivée jusqu’au neuvièm étage, je ne savais qu’à peine l’endroit où il fallait se rendre pour ça. » déclara Krawnia d’un air un peu fier avant de déployer ses ailes. Ils devaient néanmoins éviter les soucis électriques non ? « Par contre, ici, je suis sûre et certaines qu’il y a de ces monstres ressemblant aux Mékalarmiens. A partir de là, il vaut mieux être prudent, non ? Surtout après notre dernière réussite. »

Elle n’avait pas totalement tort. Malgré qu’elle reconnu aisément le chemin après quelques heures, la prudence était de de mise Néanmoins, bien qu’elle les avait mis en garde, aucun monstre ne vint les attaque. Suspicieuse, Krawnia déploya ses ailes pour s’envoler sur plusieurs mètres de hauteur.

« Non … C’est comme s’ils avaient disparu. Mais en même temps, j’arrive à ressentir leurs présences. Sincèrement, ça ne me plait pas du tout. »

Elle descendit après quelques minutes, faisant son bilan aux autres membres du groupe et les soldats, tous restant soulagés de ne pas avoir à se battre. Enfin, après une demie-journée, des cris se firent entendre sur leur gauche. Des cris de joie et non de combat. Le reste de l’armée était présente, visiblement très heureuse de les revoir.

« Prince Royan ! Vous allez bien ! Enfin … Non ! Vous n’allez pas bien ! Vous êtes blessés ? Que s’est-il passé ? Où sont … les autres ? »

« Ne vous inquiétez donc pas pour moi mais je vous retourne la question. Vous me semblez … moins nombreux qu’avant notre incident. »

« Après que vous ayez été éjectés de la Tour par le ciel, des créatures électriques ressemblant aux Mékalarmiens s’en sont pris à nous. Elles étaient moins virulentes que lorsqu’il était parmi nous… » dit l’un des officiers en posant son regard sur Tery qui ne le releva pas. « … mais ils ont néanmoins essayé de nous attaquer. Mais bizarrement, après une dernière attaque il y a de cela trois jours, nous n’avons plus rien subit. Enfin, on ne va pas s’en plaindre. Et vous ? »

« Disons que l’aigle Trozéral voulait nous rencontrer en personne et a utilisé une méthode un peu spéciale pour cela, voilà tout. »

« Vous … avez éliminé cet aigle géant alors ? Mais qu’est-ce qui va se passer dans le monde maintenant ? Est-ce que c’était vraiment ce qu’il fallait faire ? »

« Rien ne changera. Vous pouvez le constater par vous-mêmes. Il n’y a pas eut de tremblement de terre, de pluie battante ou toutes ces choses, loin de là. C’est bien tranquille et calme, comme il fallait s’en douter. Quant aux portes, elles ne s’ouvriront pas. »

« Les portes ? De quoi est-ce que vous parlez ? » demanda l’officier alors que Tery avait un petit sourire aux lèvres. C’est vrai qu’ils n’étaient pas forcément au courant. Cela restait du domaine du secret à la base. Il répondit pourtant :

« Rien de bien spécial, vous n’avez pas à vous en faire. Dites-vous simplement que votre vie ne va pas être changée par rapport à auparavant, voilà tout. »

« D’accord, si vous le dites, on peut que vous croire. De toute façon, ce n’est pas comme si nous avions réellement le choix, non ? »

« C’est exactement ça. Après, vous avez remarqué que je ne suis pas aussi monstrueux que les rumeurs prétendaient hein ? Je ne sais pas ce que les gens disaient exactement sur moi mais en même temps, il vaut peut-être mieux pas que je sois au courant. »

« Oh pourtant, y a rien de spécial … Enfin, sauf le côté monstre sanguinaire qui ne paraissait pas très crédible même si les cornes sont un peu effrayantes. »

« Pourtant, vous pourriez les toucher, ça ne changerait pas grand-chose hein ? »

Et pour leur donner une preuve, il fit apparaître ses dernières avant de pencher la tête en avant. L’officier le regarda avec appréhension et inquiétude, observant les environs tandis que Tery l’incitait en reprenant :

« Allez, promis, touches mes cornes, ça te portera bonheur ! »

C’était une remarque particulièrement stupide mais qui avait le mérite de faire dérider le soldat. Celui-ci eut un petit rire avant de poser une main sur la corne droite de Tery. L’officier murmura avec lenteur :

« On a du mal à croire qu’elle soit réelle .. et attachée à un humain. »

« Et pourtant, on ne se dit pas pareil avec les citoyens de Claudiska et leurs ailes et becs ? Et pareil pour les citoyens de Mékalarma. »

« C’est pas faux. C’est juste une race différente de la nôtre. Et vous semblez moins belliqueux qu’un mékalarmien si je peux me permettre. »

« C’est pas difficile en soi. » rétorqua Tery avant de rire. D’autres soldats commencèrent à vouloir eux aussi toucher les cornes de Tery, celui-ci se laissant faire.

« Je n’arrive pas à croire qu’il ait réussi à attirer l’attention des soldats de cette manière … »

« Hey, Manelena … enfin, reine Manelena, tu ne veux pas me retirer mon moment de gloire quand même ? Ne sois donc pas jalouse ! »

« C’est sûr que je dois noter que ça doit être l’un de tes plus moments de toute ta vie, Tery Vanian. Ah … Je crois que je suis fatiguée. » soupira Manelena de façon presque désespérée. Le jeune homme avait réussi à l’épuiser mais … elle ne pouvait s’empêchr de faire un petit sourire. Si tous les démons pouvaient être comme Tery, cela serait beaucoup plus simple pour se faire accepter. Oh … Tery et Elise, bien entendu. Elle n’oubliait pas cette dernière qui semblait regarder Tery avec un peu de jalousie. Elle remarqua qu’une main se posait sur le crâne d’Elise, celle de Royan qui déclara :

« Cela facilitera la communication entre les démons et les autres races, non ? »

« C’est vrai, prince Royan. Simplement, je me demande si les gens auraient eut la même réaction si je m’étais proposé. Qu’est-ce que vous en dites ? »

« Je pense que les réactions auraient été encore plus nombreuses. Vous n’avez pas à vous en faire à ce sujet. Tery fait du très bon travail. »

« Pour le moment, je peux me satisfaire uniquement de vos mains sur mes cornes. »

« … … … Hum. Oui, je vois, mademoiselle Elise. » dit tout simplement le prince après quelques secondes de silence, continuant son geste avec nonchalance.

Maintenant que les soldats étaient rassurés, tout le monde consentit à descendre les derniers étages de cette tour qui avait été le dernier affrontement. Ils allaient enfin pouvoir souffler, sans avoir à se combattre ou autre. C’était fini …
Arrivés au bas de la tour après plusieurs jours de marche, sans créatures pour les attaquer, c’était une excellente chose qu’il ne pouvait ignorer. Ah … Il passa une main sur son front comme pour l’essuyer alors qu’il était temps de dire au revoir à Krawnia. Celle-ci fit une petite moue dépitée avant de chuchoter à Tery :

« Au revoir, mon petit démon. Promis, toi et moi, nous nous retrouverons. J’ai trouvé cela très amusant et divertissant de se promener dans la tour. Vous ne me donnez pas l’impression d’être vraiment en train de vous ennuyer, n’est-ce pas «

« Ce n’est pas un jeu, mademoiselle Krawnia, pas du tout. Ce que vous avez vu était peut-être le plus difficile de nos combats mais ça ne veut pas dire que ça va s’arrêter. »

« Je pensais le contraire, non ? Il n’y a plus rien à faire de ce que j’ai cru comprendre. N’est-ce pas une tentative assez ridicule pour me reposer ? » demanda t-elle dans un grand sourire amusé alors que le jeune homme rougissait faiblement.

« Ce n’est pas exactement ça … mais je préfère éviter qu qulqu’un qui a une fonction aussi importante nous rejoigne ou considère que nous nous amusions. Ce sont des choses sérieuses qui se passent. Je suis désolé mais peut-être qu’un jour, nous nous reparlerons. »

« Bien entendu, bien entendu. Dommage que des personnes nous regardent, je me dis que j’aurais bien voulu profiter de toi un moment ou deux. »

Une bouffée de chaleur vint l’envahir mais il refusa aussitôt, hochant la tête négativement. Hors de question que cela se passe ainsi, il n’était pas comme ça. Autant, il n’arrivait pas à se sentir mal quand il y avait Manelena en face de lui. Comment c’était possible ? Tout simplement car ses sentiments n’étaient pas les mêmes.

« Hum ? Qui donc est-ce que tu reg… Oh. Je vois, je vois, une simple cheffe des gardes de la tour de Pirsey n’est sûrement pas de la même trempe qu’elle. Mais ne t’en fait donc pas, Tery Vanian. Un jour, toi et moi, nous planerons. D’ici là, essaies de bien te porter. »

La femme aux deux ailes différentes déposa un baiser près des lèvres de Tery, celui-ci préférant rester de marbre à ses paroles. Ce n’était pas qu’il était indifférent, c’était juste qu’à cause des paroles de Krawnia, il comprenait qu’il était si facile à lire dans ses sentiments envers Manelena. Si c’était le cas pour Krawnia, Elen devait aussi le savoir et il voulait absolument éviter une crise comme les dernières fois.

Mais maintenant, ils reprenaient la route vers Traslord, là où le prince devait normalement se rendre pour rassurer son peuple de l’expédition réussie. Et après ? Direction Shunter ? Déjà qu’il allait devoir délaisser Elise et Royan à Traslord, Manelena, ça allait être le cas à Shunter. Il allait se retrouver seul avec Elena puisque Sérest et Séran avaient leurs proprs objectifs, non ? D’ailleurs, ils allaient devoir parler de ça.

Sur le bateau qui les ramenait en direction de Traslord, Tery avait attendu que tout le monde se retrouve autour d’une table pour relancer le sujet. Il n’avait pas oublié ce qui avait été dit concernant Sérest et Séran. Cela était tout simplement impossible à ignorer. Regardant droit dans les yeux Sérest, il demanda finalement :

« Et si vous nous racontiez ce que Trozéral a voulu dire ? Qu’est-ce que vous en pensez ? »

« Que vu que nous sommes seuls, nous pouvons nous le permettre. De toute façon, vous avez été présent à chaque affrontement ou presque. Nous pouvons alors vous révéler la vérité à notre sujet. Comme vous le savez, nous nous appelons Sérest et Séran. Nos prénoms sont véridiques et … en même temps un peu inventés. Vous remarquerez aussi que je maîtrise parfaitement les lignes d’Alzar tandis que Séran manipule avec aisance les lignes de Zélisia. »

« Ne tournons pas autour du pot. Même si cela peut paraître difficile à croire, nous sommes en quelque sorte les réincarnations de Zélisia et Alzar. Ne soyez pas trop surpris, loin de là. Tout ce que vous pouvez vous dire, c’est que l’ironie du sort a fait qu’avec ces réincarnations, nous sommes de sexe différent par rapport à l’original. »

« Vous êtes complètement fous, est-ce que vous le savez ? » déclara aussitôt Manelena. Les autres n’osaient point ouvrir la bouche mais pour chacun, tout était plus que difficile à croire. Pourtant, Sérest n’en tint guère ombrage, reprenant la parole :

« Oui, nous savions au sujet de votre réaction. Comme nous savons ce qui va se passer maintenant que les créatures légendaires sont mortes. Ne vous inquiétez pas à leur sujet, rien ne disparaît jamais réellment. Tery, j’ai une question pour toi. Veux-tu que je te la pose ? »

« Euh … Bien entendu mais bon, enfin … »

« Qu’est-ce que tu penses exactement de ces portes démoniaques ? Mais aussi de ton statut de démon ? Est-ce que tu imagines qu’il sera possible un jour que tu puisses oeuvrer pour une paix durable entre les démons et le reste du monde ? »

« C’est un peu … euh une illusion non ? Enfin, moi-même, je suis ainsi. Elise aussi. Mais qui nous dit que les démons sont tous comme nous ? Il suffit de voir celui qui se faisait passer pour le grand prêtre de Shunter mais aussi l’Oracle. Ils me semblaient très belliqueux. »

« Mais des êtres belliqueux, il n’y a pas que les démons qui en possèdent. Tu as bien put montrer ces derniers jours que tu n’étais pas plus différent qu’un autre soldat à l’armée de Shunter et Traslord, non ? »

« Oui mais bon … Ce n’est pas pareil. Quant aux portes démoniaques, je sais juste qu’elles bloquent l’accès de notre monde aux démons comme moi. Enfin, je n’aime pas ce terme de démons, ça fait sinistre et maléfique. »

« Je vois, je vois … Hum … Et que penses-tu de Zélisia et Alzar ? Est-ce que tu nous imaginais ainsi ? Ou alors différemment ? »

« A part le fait que nous cachiez la vérité depuis des mois, je ne sais pas trop ce que je peux dire d’autre hein ? Pourquoi nous le dire maintenant ? »

« Car vous avez réussi tout ce que vous avez accompli ? Car vous avez fait preuve de persévérance et qu’il était alors normal de vous prévenir de ce qui va se passer. »

« J’ai encore un peu de mal à croire à ces belles paroles, je vous l’avoue. »

« Ce n’est pas illogique et anormal … loin de là. Néanmoins, tu peux nous faire confiance. Elen aussi le peut. Quant aux autres, bien qu’ils soient en partie porteurs de nos marques, ils n’ont pas à démériter. »

Pourquoi est-ce qu’ils parlaient ainsi ? Pour le moment, il avait surtout l’impression d’être pris comme un enfant à qui on tentait de raconter une histoire. Des incarnations de Zélisia et Alzar ? Pourtant, Sérest et Séran ne semblaient pas fous. Néanmoins, il se méfiait car généralement, c’était ceux qui paraissaient les plus calmes qui étaient les plus dangereux.

Pourtant, s’ils voulaient se montrer menaçants ou alors fous, ils n’auraient pas mis autant de temps, non ? Il nageait en pleine incompréhension alors qu’il regardait Manelena. Dans une telle situation, qu’est-ce qu’elle ferait, elle ? Il vouilait connaître sa réponse.

Mais pour le moment, il allait surtout profiter du voyage. Il regarda les yeux bleus d’Elen. Celle-ci semblait comme surprise ? Subjuguée ? Il ne savait pas trop exactement mais depuis que Sérest et Séran avaient pris la parole, elle les regardait différemment.

« Il y a un souci, Elen ? » demanda le jeune homme alors qu’elle hochait la tête négativement.

« N … Non, Tery. Ne t’en fait pas, ce n’est rien du tout. »

Chapitre 105 : Un triste avenir

ShiroiRyu
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Chapitre 105 : Un triste avenir

Les deux pieux de terre s’enfoncèrent ensemble dans un seul et même œil de la tête de corbeau. Une gerbe de sang entre le rouge et le noir s’en échappa, la tête se penchant en arrière, croassant de douleur.

« CROAAAAAAAAA ! VAIS LES … VAIS LES … »

Les deux autres têtes se tournèrent vers Tery et Manelena. Peut-être que cela n’avait pas été une si bonne idée que ça en fin de compte. S’ils avaient réussi à se débarrasser de l’aigle en une fois, peut-être ? Mais là, malgré les blessures qui s’amoncelaient sur son corps et l’oeil crevé de la troisième tête, il était toujours bel et bien vivant, toujours prêt à se battre.

« Manelena, il se peut que maintenant, nous ayons de sérieux problèmes. »

« Tu le penses ? Je ne l’avais pas remarqué, Tery. Nous aurions dût réussir à éliminer cette tête dès le premier coup. Maintenant, ils vont vraiment combattre ensemble. »

Le regard des trois têtes ne laissait aucun doute à ce sujet. Ils venaient finalement de trouver un terrain d’entente et même si l’oeil crevé continuait de laisser s’écouler un liquide à la consistance des plus douteuses, la tête de corbeau était maintenant calme, étrangement calme. Et ce fût elle qui prit la parole, disant :

« Fini de plaisanter. Nous sommes Trozéral. Nous sommes le dernier bastion contre l’ouverture des portes démoniaques. Nous ne vous laisserons pas accéder à cela. »

« Comment un tel groupe as t-il put se former de la sorte ? Comment est-ce qu’elle a put rejoindre un démon ? Pire, le fils de ce démon ! »

« Ils ne savent même pas qui ils sont, peut-être est-ce cela qui est le plus triste au final ? »

Les trois têtes parlaient normalement entre elles. Elles étaient en parfaite osmose maintenant. Autant dire que tout cela n’allait pas dans le bon sens. Lorsque l’une ouvrit la bouche, un souffle de feu se prépara. La seconde tête avait de la glace qui s’échappait de son bec tandis que la troisième, à l’oeil crevé, préparait une puissante foudre dévastatrice.

« TERY ! SAUTES ! CETTE FOIS-CI TON GOLEM TE SAUVERA PAS ! »

Manelena l’attrapa par le bras, sautant avec lui de l’écu du golem. Il tomba lourdement au sol mais voilà que Manelena le faisait rouler sur le côté, avec elle, tandis que des explosions se produisaient au-dessus de leurs têtes. HEY … HEY ! Il se passait quoi là ? C’était une nouvelle guerre entre deux royaumes ?

« Bon sang ! Tes golems sont supers mais dès qu’ils sont détruits, ça devient une plaie ! On roule, Tery ! Et tu ne t’arrêtes pas ! »

Elle tendait la main en arrière comme pour protéger Tery et elle, l’autre main gardant le jeune homme contre son armure noire. Des morceaux de roche tombaient sur eux mais elle arrivait à le protéger … et il devait faire de même ! Il tendit les mains sur les côtés, les joignant ensuite. Un dôme se pierre se forma autour d’eux, il fallait juste qu’il tienne bon.

« Tery, je pense que tu peux me lâcher … et inversement. »

Pfiou … il sentait les cheveux de Manelena sur son visage et remarqua qu’elle n’avait plus son casque noir. Malgré l’obscurité à cause du dôme, il vit que son casque noir avait été détruit sur son flanc gauche, là où justement la tête de Manelena saignait. Il tenta d’ouvrir la bouche mais elle posa une main sur celle-ci, lui disant :

« Ne parle donc pas, Tery. Je crois que hors du dôme, ce n’est pas joli à voir. »

« Hors du dôme ? MAIS Y A ELEN ET LES AUTRES ! Pousses-toi ! »

Il n’aimait pas abuser de sa force dans ces moments-là mais il repoussa Manelena sur le côté, stoppant le dôme autour d’elle et lui pour regarder la situation. Ils … s’étaient enfermés dans ce dôme combien de temps ? Une minute, même pas, non ?

« Manelena, où est-ce que … se trouvent les autres ? »

Des trous dans le sol, des rochers un peu partout, des traces de sang, des cadavres de soldats, il avait une boule dans la gorge, espérant ne pas reconnaître l’un des corps. Il avait déjà perdu Clari, il ne voulait pas perdre quelqu’un d’autre.

« ELEN ! ELISE ! ROYAN ! »

Il n’allait pas crier tous les noms car cela pouvait paraître ridicule même si à l’heure actuelle, être ridicule était vraiment la dernière chose qui le préoccupait. Il entendit quelques gémissements sur sa droite, voyant Royan et Elise. Le premier était sous la seconde, celle-ci semblant s’être mise sur l’adolescent comme pour le protéger.

« J’espère que je ne vous dérange pas … tellement. »

« Ce n’est pas drôle, Tery. On perd le contrôle de la situation. On est vraiment en danger, si tu ne l’avais pas encore remarqué. »

« Je l’ai plus que remarqué, Royan. Comment vas Elise ? Elise ? »

« Hmm … J’ai connu des jours meilleurs, je ne dois pas mentir. Mais au moins, Royan va bien, c’est tout ce qui compte, n’est-ce pas ? »

« C’est exact, je t’en remercies, Elise. Je vais me relever. »

Plus facilement, le jeune homme aux cheveux bruns vint aider Royan et Elise, jetant un œil à Manelena. Celle-ci était auprès de Séran, l’imposant homme restant debout, bras tendus sur les côtés comme pour faire rempart de son corps.

« TERY ! SERAN EST DANS UN SALE ETAT ! »

Comment ça ? A ce point ? Le jeune homme délaissa Elise et Royan, sachant que ça irait parfaitement de leur côté. Il couru en direction de Séran, ne voyant pas Sérest. Où est-ce qu’elle se trouvait maintenant ? Il lui était arrivé quelque chose de grave ?

« Il va … mal … mais ce n’est pas mortel. »

La voix très faible de Sérest n’était pas faite pour le rassurer. Il la chercha du regard, remarquant les nombreues brûlures à ses ailes mais aussi sur son corps. Krawnia était adossée à un reste d’un mur de pierre, une aile complètement gelée, le bras droit ensanglanté. Qu’est-ce qui s’était passé en si peu de temps ?

« C’est … Trozeral qui vous a fait ça ? Où est-ce qu’il se trouve ? »

« Dans … les airs. Pour contempler ce qu’il a réussi à accomplir. » murmura faiblement Sérest alors qu’elle cherchait à se relever avec difficultés.

« Où est Elen ? Je ne la vois toujours pas ! Et Séran ? Qu’est-ce qu’il a fait ? Il ne répond plus quand on lui parle ! Qu’est-ce que … »

« Il est … juste évanoui et blessé gravement mais il s’en sortira. Désolée mais pour nous, c’est terminé. Les pouvoirs démoniaques sont si puissants. »

« Ne vous en faites pas, je veux juste … retrouver Elen et je vais m’occuper de lui. »

Il n’avait pas pensé que les dégâts seraient si importants. Pourtant, l’aigle tricéphale n’avait fait qu’une simple attaque, n’est-ce pas ? Comment est-ce qu’il avait réussi à accomplir ça ? Et l’aigle ? Où … Ah oui, en hauteur. Il leva les yeux vers le ciel, voyant le monstrueux et majestueux oiseau à trois têtes. Il les survolait de toute sa splendeur.

« ELEEEEEEEEEEEEEEEEEEEN ! »

Il criait son prénom du mieux qu’il le pouvait mais il n’avait aucune réponse. Où est-ce qu’elle … hein ? L’aigle tricéphale gesticulait dans les airs. Pourquoi est-ce qu’il se comportait ainsi ? Hum ? C’était étrange, il avait l’impression que …

« ELEN ?! MAIS QU’EST-CE QUE TU FOUS LA-BAS ?! »

Qu’est-ce qu’elle faisait sur l’aigle ? Elle était folle ou quoi ? Mais surtout, comment est-ce qu’il pouvait faire pour la rejoindre ? Et qu’est-ce qu’elle faisait là ? Et surtout, elle allait comment ? C’était de la pure folie de sa part ! Il se tourna vers Manelena, lui criant :

« Je vais rejoindre Elen ! Elle est sur l’aigle ! Je comprends pas ce qui lui prend ! »

« Ne commets pas de folie non plus ! Tu ne peux pas l’atteindre !  Tu n’es pas capable de voler, Tery ! C’est tout simplement impossible ! »

« Ça ne fait pas parti de mon vocabulaire, Manelena. Et tu le sais aussi bien que moi. »

Ce n’était pas une raison pour qu’elle le laisse faire. Elle s’apprêtait à retourner à son niveau mais le jeune homme posa une main sur le sol, la pierre se mouvant sous lui. C’était dangereux, vraiment très dangereux ce qu’il comptait faire. Mais des fois, il n’y avait aucune autre possibilité. Il devait rejoindre Elen le plus vite possible ! Le souci, c’est que c’était un aller sans retour. Il jeta un bref regard en arrière, clignant des yeux en s’exclamant :

« Manelena ? Mais il te prend quoi ? Je peux savoir ? »

Elle était elle aussi en train de courir sur ce pont de pierre qui ne faisait que s’allonger et se tordre dans tous les sens, se dirigeant au fur et à mesure en direction de l’oiseau tricéphale qui tournoyait sur lui-même, toujours avec Elen sur lui.

« Tais-toi et continue de nous emmener jusqu’à lui ! On n’aura qu’une chance ! »

Une seule chance ? C’est vrai qu’avec toi personnes sur lui, l’aigle allait sûrement se défendre avec ardeur et rage. Déjà qu’il semblait fulminer dans les airs, Elen devait lui rendre la vie impossible bien que Manelena et Tery ne pouvaient pas le voir.


Garder les yeux posés sur lui. C’était l’unique cible qu’il devait avoir dans champ de vision et rien d’autre. L’unique créature qui allait lui causer des problèmes majeurs. L’unique être dont il devait se débarrasser pour que tout soit terminé. Il ne s’était juste pas attendu à une telle force de la part Trozéral mais maintenant, ils étaient préparés.

« ELEN ! ON ARRIVE ! TIENS BON ! »

Aucune réponse de la part de la jeune femme aux cheveux blonds. Il n’arrivait pas à voir où elle se trouvait sur Trozéral. Qu’est-ce que ce fichu piaf en avait fait ? Manelena arriva jusqu’à lui, le jeune homme sentant que le vent le portait avant qu’elle ne dise :

« Accroches-toi, Tery. Je t’envoies là-bas ! Je vous rejoins tout de suite ! »

Hein ? Comment ça, elle comptait l’envoyer ? Elle posa une main dans son dos, le jeune homme se sentant projeté en avant en direction de l’aigle tricéphale. WOOOOOOW ! Elle était complètement folle ou quoi ?! Il devait se préparer à agripper l’aigle mais une tête se tourna vers lui, couverte d’entailles en tout genre.

« Toi aussi ! Tu es là ?! Vous êtes deux pauvres fous ! A combattre ensemble alors que vous êtes destinés à vous entretuer ! Vous cherchez à lutter contre votre destin ! »

« Ah, voilà que ça me semble plus normal ! J’avais l’impression que tu étais différent des autres mais dans le fond, tu es exactement pareil. Tu me hais, n’est-ce pas ? »

« Je ne hais pas ce que vous êtes ! Je hais ce que vous faites ! Les portes démoniaques doivent continuer à être fermées ! Même si elle se met en travers de notre chemin, on ne doit pas laisser faire les démons qui ont réussi à l’avoir comme alliée ! Je vais te becqueter ! »

Il aurait bien aimé réagir mais vue la vitesse à laquelle il fonçait vers l’aigle et celui-ci avait déjà le bec grand ouvert, il n’avait pas pouvoir réellement éviter ce qui allait lui arriver. C’est à ce moment là qu’un corps sauta sur le sommet du bec, tendant une main vers Tery pour l’agripper. Il se retrouva allongé dans le plumage de l’aigle, Elen le gardant contre elle, une main serrant fermement une touffe de plumes.

« Ah … Ah … Merci Elen, ce n’est vraiment pas facile, je dois t’avouer. »

« J’ai eut peur … que tu étais mort, Tery. Je suis désolée … Je ne suis pas belle à voir. »

Pas belle à voir ? Pourquoi est-ce qu’elle disait cela ? En voyant son visage, il comprenait où elle voulait en venir. Il n’y avait pas que les yeux vairons mais son visage était parcouru par des veines noires et blanches, celles-ci se croisant. D’une taille anormalement grosses, on aurait put croire que son visage n’était qu’un masque dont les veines étaient de nombreuses fissures, prêt à se briser à chaque seconde qui défilait.

« Ne t’en fait pas, tu restes magnifique, Elen. Et je pensais pareil. »

« Voilà pourquoi il ne faut pas vous laisser tous les deux ensemble ! Voilà pourquoi il faut absolument que tu meures, suppôt démoniaque ! Il faut absolument qu’elle soit libérée de ta manipulation ! Tu joues avec son coeur trop bon, comme celui de Zélisia ! »

« JE … SUIS … LIBRE D’AIMER QUI JE VEUX ! »

Qu’est-ce qu’ils avaient tous à vouloir gérer sa vie amoureuse ? Tery était un démon et alors ? Il était tout autant humain à ses yeux qu’un autre ! Et c’était lui et pas un autre qu’elle aimait justement ! Ce n’était pas des créatures millénaires, capables de tout ravager sur leurs passages, qui allaient lui donner des leçons d’amour !

« Elen, est-ce à cause de ça que tu es ainsi ? »

« Essaie de deviner, Tery ?! Ils continuent à me parler comme si je n’étais qu’une enfant ! Ils croient que je suis incapable de prendre mes décisions seule ! C’est vrai que je n’ai jamais eut de parents mais ce n’est pas une raison pour me prendre pour une idiote ! »

« Tu as eut des parents, jeune fille. Ils étaient exceptionnels et … »

« EXCEPTIONNELLEMENT ABSENTS ! »

Et elle ne voulait rien savoir à leur sujet ! Ils étaient maintenant trois sur l’aigle tricéphale, Manelena ayant réussi à les rejoindre. Trois personnes, cela semblait faire son poids, surtout que Manelena était en armure complète ou presque.

« Les démons t’ont corrompue, Elen. Ce monde est voué à sa perte si tu restes de leur côté. »

Vraiment ? Et qu’est-ce qu’elle devait y faire ? Les créatures légendaires continuaient de lui répéter cela mais pourquoi devait-elle les croire ? Pourquoi est-ce qu’elle devait imaginer un jour ne plus exister avec Tery ? Pourquoi devait-elle se plier à ces êtres dont elle ne connaissait rien et qui voulaient le séparer d’elle ?

« HORS DE QUESTION ! TERY ! MANELENA ! IL FAUT FRAPPER EN MÊME TEMPS ! » hurla t-elle une nouvelle fois alors que les deux autres personnes remarquaient que l’arc blanc se modifiait sur ses bords, devenant des pointes acérées.

« Elen, ne deviens pas aussi barbare ! La haine risque de perturber tes lignes d’Alzar. »

« TAIS-TOI TERY ! JE FAIS CA POUR NOUS DEUX ! ILS VEULENT ME SEPARER DE TOI ! JE NE ME LAISSERAIS PAS FAIRE ! HORS DE QUESTION ! » continua t-elle de crier alors que Tery et Manelena se regardaient, soucieux.

« Faisons comme elle le dit … mais Trozeral ne nous laissera pas faire. »

« SI ! Il sait qu’il doit mourir POUR MOI ! »

Elle parlait d’une voix si intimidante qu’il se demandait s’il s’agissait vraiment de la même personne. L’aigle tricéphale s’arrêta dans les airs, à quelques mètres au-dessus du sol, battant simplement des ailes pour planer.

« Si tel est votre choix … Elen. Nous nous plierons à votre décision. »

« Sachez simplement que vous commettez une effroyable erreur en cherchant à nous tuer. Nous ne serons jamais réellement mort, qu’importe la méthode utilisée. »

Qu’importe ! La femme aux cheveux blonds s’en fichait pas mal de ce qu’ils pensaient ! Comme s’ils avaient quelque chose d’intéressant à lui dire. Soulevant l’arc, elle regarda Tery et Manelena. La femme en armure noire tenait fermement son épée, celle-ci ayant repris une forme normale tandis que Tery avait fait apparaître une griffe des plus imposantes.

« En prenant cette voie, vous êtes voués à vous tourmenter pendant des siècles. Cet amour est contre-nature et n’aurait jamais dût voir le jour. »

« Vous regretterez amèrement ce que vous tentez de faire. »

« PIRE ! On sait ce a déjà été fait, croaaaaa ! Comment leur enfant et celui de ce démon peuvent-ils tous les deux s’aimer ? INCONCEVABLE ! »

Puis tout s’arrêta. Les trois armes se plantèrent dans les trois crânes en même temps. La créature légendaire ouvrit ses becs mais aucun croassement ne sortit de la troisième tête, les autres restant muettes elles aussi.
Le corps tomba au sol, les trois humains s’agrippant aux plumes pour ne passer par-dessus bord et percuter le marbre de façon bien moins plaisante. L’aigle tricéphale ne bougea plus, les yeux grands ouverts, Elen finissant par se relever la première, Tery et Manelena restant agrippés au cadavre de l’oiseau.

« Et voilà, finalement, c’est fait, bon débarras ! »

Encore une fois, le langage de la demoiselle aux cheveux blonds contrastait avec d’habitude. Son œil gauche devenu rouge, elle fixait le cadavre avant de donner un petit coup de pied dans la tête de corbeau, reprenant la parole :

« Tery ? Tery ? Dis moi comment est-ce que tu vas … Tu vas bien ? »

« Je ne sais pas si je suis capable de te répondre correctement, Elen. J’ai besoin de voir comment vont les autres. »

Il finit par quitter le cadavre de l’oiseau, se remettant debout en titubant. Il remarquait maintenant les nombreuses blessures d’Elen sur son corps, sûrement causée par les serres de l’aigle tricéphale. Celui-ci … s’était tout simplement rendu avant de mourir ?

« Pourquoi est-ce que le chef des créatures légendaires … s’est laissé faire ? »

« Qu’importe, Tery ! Qu’est-ce que ça fait ? Maintenant, tout est fini ! Où sont les autres ? J’espère pour eux qu’ils sont vivants ! Et il va falloir que l’on descende tous ensemble. »

« Elen, est-ce que l’on peut respirer un peu, s’il te plaît ? »

Il poussait un profond soupir avant de finir par s’asseoir. Mais pourtant, après quelques secondes, il se releva avant de commencer à vagabonder parmi les ruines. Voilà qu’il aidait les soldats encore vivants, ainsi que les membes de son groupe. Tous vivants … mais tout salement touchés par les différentes attaques de l’aigle tricéphale.

« Je n’ai pas eut impression que nous étions gagnants … »

« On va dire que la victoire est plutôt amère, Tery. Comment vont Manelena et Elen ? Elles ne semblaient pas aller en parfait état. »

« Manelena, ça peut aller, juste une blessure au crâne … rien de dramatique. Elen, elle en a de nombreuses mais rien de grave non plus. Elle a juste … son souci dès qu’elle utilise les lignes d’Alzar. Elle se laisse trop aller dans ses sentiments et elle devient … vraiment mauvaise. »

« Je pourrais tenter de l’aider, Tery, si tu le veux. Mais d’abord, il me faudra m’occuper de mon homme à moi même si normalement, les soins sont plus dans ses capacités. » répondit Sérest alors qu’il finissait de lui parler. Bien entendu, c’était normal.

« Prends le temps qu’il faudra. J’imagine que nous avons tout le nôtre maintenant. »

« C’est exact … Par contre, Tery, une dernière chose. Pour descendre, il va falloir que l’on passe à des étages où nous n’avons pas été … et Krawnia ne les connaît pas non plus. »

« On verra ça en temps et en heure. Je m’occuperai des êtres qui irons nous barrer le chemin. Néanmoins, je pense qu’ils vont nous laisser tranquilles normalement. »

« Si seulement, Tery. Si seulement … »

Pour la première fois, il avait l’impression de voir le véritable de Sérest. C’est vrai qu’elle avait déjà plus de trente ans d’après ce qu’il remarquait mais elle semblait si vieille … et si fatiguée surtout en ce moment même. Il hocha la tête avant de dire :

« Je vous le promets, madame Sérest. Je pense que tout le monde a besoin de repos. Peut-être devrions-nous rester ici pendant une heure et ensuite, nous descendrons. »

« Ca sera pour le mieux. Merci de ta considération. »


Sa considération consistait tout simplement à ne pas réagir de manière trop absurde. Il calma Elen, lui disant qu’ils allaient faire une pause. Ils avaient terminé avec les créatures légendaires. Aucun de ces êtres n’était encore vivant dorénavant. Tout était fini … et pourtant, les fameuses portes ne s’étaient pas ouvertes. Comme quoi, il n’y avait pas eut à s’inquiéter plus que cela. S’effrayer pour pas grand-chose, n’est-ce pas ?

Chapitre 104 : L’isolement d’un peuple

ShiroiRyu
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Chapitre 104 : L’isolement d’un peuple

« JE VAIS TOUS LES BOUFFER ! YARK ! »

« Co… Comment est-ce qu’une créature légendaire peut être démoniaque ? Comment c’est possible ? » balbutia Tery, sous le choc, déglutissant en voyant son adversaire.

« Combattre le feu par le feu. Si quelqu’un arrive à abattre les quatre autres créatures légendaires, il y a de fortes chances qu’il possède du sang de démon en lui. A partir de là, il faut un adversaire qui comprenne ce qu’est un démon, ses forces, ses faiblesses, tout en étant apte à le combattre. Visiblement, Trozéral est cet adversaire. »

Et il était où le point qui se voulait rassurant hein ? Car si cet aigle avait une essence démoniaque en lui, cela voulait dire autre chose. Autre chose de beaucoup plus inquiétant maintenant. Il en était convaincu … lorsqu’il remarqua les flammes sortir d’une tête, de la glace d’une seconde et un souffle électrique de la troisième surexcitée.

« Il maîtrise tous les éléments ! Comme les porteurs des lignes et les démons ! »

Et il était trop tard pour parler de mettre à l’abri. D’autres cris fusèrent, ceux de nombreux soldats réduits en cendres ou empalés par des pieux de glace. Un bref regard avait suffit à comprendre la situation … et à voir alors qu’ils venaient de perdre la moitié de leurs hommes, et cela en une seule attaque.

« Merde ! Ce n’était pas prévu qu’il soit capable de faire ça ! »

Manelena en venait aux insultes mais en vue de la situation, c’était tout ce qu’il y avait de plus logique. Nul ne s’était attendu à ça et vu que la moitié des deux troupes de soldats qui les accompagnaient venait de disparaître, il n’y avait pas de quoi fanfaronner, loin de là.
Dire que quelques minutes auparavant, ils dominaient l’aigle bicéphale grâce à leurs tactiques et maintenant, c’était complètement l’inverse. Il avait fallut qu’une troisième tête ne pousse pour que tout dégénère.

« Comment est-ce que nous en sommes arrivés là ? »

« JAMAIS ! JAMAIS ! ON VOUS LAISSERA JAMAIS ! »

« Ah … Sans mentir, il ne m’avait pas vraiment manqué, tu sais ? »

« Je confirme et appui tes propos. Il est toujours aussi zélé. Je crois que c’est lui qui a déteint sur nos autres compagnons qui sont morts. »

« Morts. Tout n’est qu’une question de perspective dans ce cas précis mais il faut reconnaître que ce n’est guère une bonne chose. »

Les deux têtes discutaient entre elles tandis que celle ressemblant à un corbeau continuait de criait, contrôlant le reste du corps. On aurait put croire à une discussion de comptoir dans une taverne entre deux personnes éloignées qui se parlaient, la troisième complètement ivre en train d’éructer des propos paillards et d’une qualité plus que douteuse.

« Impossible de se concentre correctement, ils n’arrêtent pas de parler ! »

Voilà que Tery faisait une légère complaine, à raison, en voyant que l’aigle tricéphale était du genre très bavard … mais surtout ignorait superbement les survivants de leur première attaque. Ils devaient réagir et se battre ! Mais comment ? Comment est-ce qu’ils pouvaient faire pour réussir à dominer ce dernier adversaire ? Il regarda Elen, celle-ci ayant ses yeux habituels. Pfiou … Tant mieux en un sens.

« Tu as une idée, Elen ? Car là, je ne sais pas comment faire … »

« Les autres ne se contrôlaient pas … et leur faiblesse élémentaire était apparente. Ici, il n’y a rien qui montre ne serait-ce qu’un point faible chez lui. »

« Donc retour à la situation de départ, on ne sait pas quoi faire … »

« Arrêtez de trop réfléchir, Tery, Elen ! On va faire comme d’habitude ! On s’en sort toujours de cette manière ! N’hésitez pas à lui exploser la figure, voilà tout ! »

Au moins, Manelena mettait les points sur les i à défaut que ça soit dans les becs de Trozéral. Mais elle avait totalement raison : ils avaient réussi à vaincre les précédentes créatures légendaires en évitant la réflexion trop intense. Maintenant que la surprise était passée, il valait mieux se concentrer sur comment abattre ce monste.

« C’est donc comme ça que vous réglez vos problèmes ? » demanda une voix féminine, Krawnia flottant au-dessus de Tery, battant de ses ailes.

« Généralement, ça marche dans la majeure partie des cas. Parfois, ce n’est pas ainsi donc on fait avec … mais voilà, oui, pourquoi ? »

« Oh, tout simplement pour savoir. Car je ne suis pas sûre que ça soit très efficace ici. »

Réellement ? Ce n’était pas comme s’il avait put le remarquer par lui-même hein ? Mais bon, il n’allait pas ui répondre cela. Il ne fit qu’un petit sourire avant de se reconcentrer sur leur adversaire. Trois têtes capables de produire tous les éléments existants dans ce monde … sauf ceux de Zélisia. D’ailleurs, peut-être que Séran et Elen étaient doués avec ça ?

« ELEN ! SERAN ! Vu que c’est un démon, montrez-lui ce que vous savez faire grâce à vos lignes de Zélisia ! Je suis sûr que c’est son point faible ! »

« On va essayer alors … mais je ne crois pas qu’il me laissera l’approcher. » déclara Séran avec lenteur, serrant fortement son arme en main.

« Je vais essayer de te faire gagner du temps pour que tu puisses le frapper directement, Séran. Je ne te promets rien par contre. »

« Ca sera déjà beaucoup mieux que de rien faire. »

Et eux alors ? Ils allaient aussi épauler Elen ! Il y avait bien un moyen de stopper l’oiseau tricéphale mais … normalement non … Une fois mais pas deux pour la paralysie.

Hum … Réfléxion, réfléxion, réfléxion … sauf que Trozeral n’allait pas les laisser faire. Encore une fois, la troisième tête, celle du corbeau, poussa un piaillement zélé avant que son corps ne soit parcouru par des lignes noires, parfaitement visibles sous le plumage, à même la peau. Une nouvelle bourrasque se souleva, des pans entiers du sol se soulevant en même temps, repoussant tout le monde.
La différence résida dans la résistance des murs que Tery et les autres avaient crées. Ils se brisèrent avec une certaine aisance, quelques soldats se retrouvant ensevelis sous les gravats pour les plus chanceux. Pour les moins chanceux, malheureusement, soit un second mur brisa leurs corps ou dans le pire des cas, ils tombèrent par-dessus bord. Ce fut ce qui se passa pour trois soldats issus de Traslord. Quant au groupe de Tery, il avait positionné son golem devant eux mais même ainsi, le colosse de pierre reculait inlassablement. Et Krawnia s’était écroulé sur lui à cause de la tempête.

« Oh … merci mon démon. C’est moi ou alors, tu es heureux de me voir ? »

« Krawnia, tes ailes me dérangent ! Elles me gênent la vue ! On doit empêcher Trozeral de continuer à produire ce vent sinon, on est tous bons pour faire le grand plongeon ! »

« Roh, d’accord, d’accord, j’imagine que tu gardes le plaisir de me voir pour quand tout cela sera terminé, n’est-ce pas ? Bon bon bon … »

Elle semblait que moyennement déçue de ne pas rester et elle se déplaça juste au moment où une flèche auréolée d’une aura blanche passa à côté d’elle puis du golem. PROCHE ! TRES PROCHE CETTE FLECHE ! Pourtant, elle garda son calme, tournant son visage vers l’unique personne qui pouvait être responsable de cela : Elen.

« Attention, vous auriez put me blesser, mademoiselle. »

« Oui, ça aurait été un malheureux accident, très malheureux et regrettable, oui. »

Hum … Il y avait de la tension dans l’air ou alors, c’était lui ? Néanmoins, il préféra ne pas trop se mêler de ça. Il ne voulait pas d’ennui avec Elen. C’était surtout qu’il tenait à la vie et que ce n’était pas le bon moment de la provoquer.

Et la flèche dans tout ça ? L’aigle la balaya d’un mouvement de l’ail, ses trois têtes se tournant vers Elen qui était en retrait. La tête de corbeau piailla :

« QUOI ?! Pourquoi est-ce qu’elle nous combat elle ? ELLE A RIEN COMPRIS ! »

« Non, c’est justement ça le problème. Elle a tout compris … mais non pas comme nous. »

« Si tu lui dis ça comme ça, il risque de pas comprendre. Bref, elle est du côté des démons. Il semblerait que ça ne soit même pas une manipulation. »

« COMMENT ?! COMMENT CA SE FAIT ?! »

C’était le moment d’en profiter ! Les trois têtes parlaient entre elles, ce n’était pas la première fois et ils pouvaient profiter de cette discussion pour prendre le dessus !

Mais comment faire ? Elen et Séran étaient-ils vraiment les seuls capables de blesser l’aigle bicéphale ? Le feu par le feu. Il pouvait lui aussi s’en mêler non ? Et pareil pour Elise ! Si un démon pouvait attaquer un autre démon aisément, ils pouvaient alors aider !

Et le reste dans tout ça ? Comment est-ce qu’ils allaient les épauler ? Manelena n’allait sûrement pas se tourner les pouces, Royan non plus. Quant à Krawnia et Sérest, il ne fallait pas espérer qu’elles n’allaient pas réagir. HEY ! Peut-être qu’elles pouvaient distraire l’aigle tricéphale en volant autour de lui ?

« VOUS ! RECULEZ ! Ne vous mêlez plus de ce combat ! »

Oui, les soldats ne devaient plus combattre ! Cette fois-ci, l’adversaire était vraiment trop fort et il y avait déjà eut trop de morts à ses yeux. Les soldats hochèrent la tête, comprenant la situation et sachant pertinemment que cela serait juste de la folie. Voilà qu’ils retournaient à leur combat habituel … avec juste une personne pour remplacer Clari. Clari …
Pendant un instant, il crut entendre sa voix mais il avait sûrement halluciné. Et surtout, il devait éviter de perdre le contrôle de son corps maintenant. Il ne voulait pas créer un cataclysme majeur en agissant trop rapidement.

« Ah … Ah … Pfiou … Bon, ça, c’est fait. Il n’y a donc plus à s’occuper d’eux. Ils iront se mette en sécurité. Quant à toi, tu peux me prendre ? »

Il s’était adressé au golem, celui-ci venant s’agenouiller avant de placer l’un de ses écus au sol pour que Tery grimpe dessus avant d’être ramené à la hauteur des trois têtes de l’aigle. Celles-ci se positionnèrent en face de lui, la tête de corbeau s’égosillant :

« LUI ! C’EST LUI ! C’EST SON ENFANT ! JE LE RESSENS ! »

« C’est exact, c’est son fils. C’est peut-être pour cela qu’il a réussi à survivre jusqu’ici. »

« Ou alors, ils ont très mal fait leur travail. Pourtant, nous n’avons jamais eut à nous plaindre auparavant. La situation est très voire trop étrange. »

« LA FERME ! ILS NE RESTENT QUE DES ÊTRES INCAPABLES ! JE DORMAIS TRANQUILLEMENT PENDANT DES SIECLES ! »

« Et si tu bouclais ton bec, le piaf ? Tu ne crois pas ? Je me demande comment ils te supportent tous les deux. Ce n’est pas trop difficile ? »

« Des fois, on aimerait s’endormir une nouvelle fois pour ne plus entendre. »

« Je confirme cela … c’est vraiment très fatiguant à la longue. C’est même pour cela que malgré le symbole qui nous présente à trois têtes, on préfère que les personnes nous imaginent qu’avc deux. Au moins, on est tranquille. »

« NON MAIS VOUS ALLEZ LA BOUCLER VOUS DEUX ?! VOUS PARLEZ AVEC L’ENNEMI, CROOOOOOOA ! » continua de s’exclamer la tête de corbeau, Tery clignant des yeux. Il devait vraiment faire du zèle pour aller jusqu’à pousser son croassement.

Mais au moins, la conversation permettait de gagner un temps précieux … et il voyait sans même bouger la tête que chacun et chacune prenait place autour de l’aigle tricéphale. Maintenant, il était impossible pour lui de s’enfuir par la voie terrestre. Malheureusement, il n’y avait pas que ça. Il était capable de voler … mais Krawnia et Sérest étaient elles aussi en position. Le tout était de savoir comment déferler leurs pouvoirs sur l’aigle.

« Sinon, vous pourriez m’expliquer tous les deux pourquoi on déteste autant les démons ? Je sais bien que je suis du genre à parfois perdre la raison mais les humains aussi réagissent de la sorte. Il ne faut pas oublier que les porteurs des lignes d’Alzar peuvent être souvent très maléfiques eux aussi, non ? »

« Cela remonte à des temps immémoriaux. Ta race est la création unique d’Alzar, surpassant les autres façonnées par Zélisia sur de nombreux points. »

« Néanmoins, il a rajouté une capacité qui a causé l’horreur chez les autres races alors que parmi vous, vous trouviez cela comme un symbole de puissance. D’ailleurs, d’après ce que je crois remarqué, tu n’as pas utilisé cette capacité. Ni l’autre démone. »

« Comment est-ce que vous pouvez le savoir ? Et je ne sais même pas de quoi vous parlez. »

« MAIS TU VAS ARRÊTER DE LUI REPONDRE ?! TU VEUX LE RENFORCER OU QUOI ?! ON EN PROFITE CROA ET … »

« MAIS IL ME SAOÛLE ! » hurla une voix aussi forte que celle de la tête de corbeau.

Voilà que Manelena se mettait aussi à crier. Comme si ce n’était pas suffisant d’entendre une voix, une seconde se mêlait à la bataille. Un fouet électrique de grande taille s’enroula autour du bec de la tête du corbeau, fermant son clapet à ce dernier. Manelena tenait fermement l’arme dans sa main, Tery remarquant qu’il s’agissait de la même épée que d’habitude … mais avec une fonction qu’il ne lui connaissait pas.

« Ca soulage quand il la bouche ! Je ne sais pas combien de temps je vais tenir alors essayez de vous débrouiller pour lui infliger un maximum de blessures et AAAAAAAAH ! »

Elle ne termina pas sa phrase que son corps s’envola en direction de l’aigle tricéphale, la tête de corbeau ayant tiré un coup ferme en arrière pour qu’elle le lâche. Aussitôt, Tery ordonna à son golem de l’attraper mais il avait oublié qu’il n’avait pas de main et le bouclier vint frapper tout simplement la tête de corbeau, le fouet autour du bec se détachant.

« VITE ! Emmènes-moi à sa hauteur ! »

Le golem exécuta une seconde fois l’ordre de son créateur, le jeune homme sur l’écu droit se retrouvant au-dessous de Manelena, tendant les mains pour la réceptionner. OUCH ! Avec l’armure noire sur son corps, elle était pas des plus légères et il abusa de ses pouvoirs terrestres pour ne pas flancher.

« Mademoiselle la reine Manelena. »

« Messire le chevalier Tery Vanian. Vous voulez bien me déposer ? »

Aucun souci. Néanmoins, il patienta pendant quelques secondes. Ils étaient non-visibles par rapport aux autres avec cette position. Ils se regardèrent quelques secondes et même s’il ne voyait pas le visage de Manelena à cause de son casque …

« Voilà les désirs de la reine qui sont accomplis. Néanmoins, je préfère que vous restiez avec moi. Dans cette position, il sera plus aisé pour agir. »

Hum, il marquait un point. Elle se plaça à côté de lui, tenant fermement son épée-fouet dans sa main droite avant de le claquer dans le vide. Mais la tête de corbeau allait recommencer à crier à tout va et elle voulait éviter ça.

« Zélisia et Alzar ont regretté fermement leurs erreurs. Ils pensaient que c’était la meilleure décision à prendre, qu’en vue de ce qui s’était passé, il fallait enfermer la race des démons à tout jamais, espérant alors qu’ils ne ressortiraient pas … ou alors changés. C’est pour cela qu’en de rares instants, à des moments infimes sur l’échelle de ce monde, il est possible pour quelques rares démons de sortir … mais aussi leurs enfants, même s’ils ne sont pas encore nés. Mais … est-ce une bonne chose ? »

« Tout cela à cause d’une seule et unique personne. Un seul être qui a été responsable du déclin de cette race. Tout cela parce qu’il a abusé de ce pouvoir qu’Alzar avait laissé à la race des démons. Sais-tu qu’Alzar et Zélisia n’existent plus ? Sauf à travers leurs lignes et leur en… Non, visiblement, vous n’êtes pas au courant. »

« MAIS VOUS ALLEZ … RAAAAAAAAAH ! TOI JE M’OCCUPE DE TOI AVANT ! »

Voilà que la troisième tête de Trozéral élevait une nouvelle fois la voix. Bien entendu, elle avait coupé la parole aux autres, pour ne pas changer. Tery ne chercha même pas à comprendre, comme à son habitude et jeta un œil à Krawnia et Sérest. ZU… ZUT ! Les deux là ! Elles avaient vu quand il avait réceptionné Manelena !

« Bon bon bon … Ce n’est pas tout ça mais si on ne fait rien, on ne peut pas compter sur le fait qu’il tente de se suicider, hein ? Ça ne marche pas comme ça. »

« Si c’était aussi simple, ça se saurait. Néanmoins … Ils vont bien fini par sortir le grand jeu et à ce moment-là, je ne suis pas sûre que nous en ressortirons indemnes. »

Sérest qui n’était guère rassurante, cela changeait par rapport à d’habitude. Il faut dire que son visage des plus sérieux mettait déjà assez mal à l’aise. Le jeune homme aux cheveux bruns avait put entendre la conversation entre les deux femmes et il en était de même pour Manelena mais peut-être que les autres, ce n’était pas le cas.

« JE VAIS VOUS TRANCHER EN RONDELLES ! VOUS ALLEZ VOIR COMMENT CA VA SE PASSER ! VOUS ALLEZ COMPRENDRE VOTRE DOULEUR ! »

« He… Hey ! N’utilises pas notre corps si nous ne sommes pas tous d’accord sur la tactique ! »

« Oui, c’est exact ! Tu te réveilles une fois de temps en temps et tu veux nous ordonner ? »

« C’EST EXACT ! CAR VOUS NE SAVEZ PAS VOUS DEBROUILLER SANS MOI ! »

Voilà que les trois têtes se disputaient à nouveau. Si elles se mettaient d’accord sur une même chose, il y avait de fortes chances qu’ils perdent ce combat. Mais tant qu’ils continuaient de se disputer entre elles, ils avaient un avantage certain.

Le jeune homme amorça un mouvement, ordonnant à son golem de s’approcher de l’aigle mais dès l’instant où il fit un mouvement, l’aile droite de l’oiseau géant se déplaça à toute allure, créant une lame de vent qui vint trancher un bras du golem. Heureusement pour Tery et Manelena, il ne s’agissait pas de celui où se tenait l’écu qui les portait mais … cette puissance ? Pourtant, ses golems étaient résistants !

« Ca a coupé aussi facilement que dans du beurre … c’est quoi ces lames ? »

« Le plus important est que tu n’as pas à te préoccuper ce qu’elles sont mais ce qu’elles font, Tery. Tu sais maintenant qu’il faut absolument les éviter sinon, il y a de fortes chances que l’on finisse dans un état encore pire que ton golem. »

C’était un conseil à accepter et à prendre. Il s’apprêtait à lui répondre mais une pluie de flèches blanches tomba des cieux, sans prévenir alors qu’en même temps, deux imposantes mains blanches sortirent du sol, couvertes par des flammes. Elles agrippèrent les serres de l’aigle, celui-ci ne pouvant pas réagir.

« TERY ! IL FAUT EN PROFITER ! Prépares une lance de pierre ! »

Préparer une lance de pierre ? Mais pour faire quoi ? Elle désigna les yeux des trois têtes alors qu’elle-même préparait une lance bien que moins impressionnante que Tery. Malgré les lignes d’Alzar, chacun avait ses points forts et points faibles. Tenter de produire de l’électricité de son côté, ça serait tout simplement risible.

« Tu as remarqué à quel point nous sommes opposés dans nos éléments, Manelena ? »

« Idiot. Tant de choses nous opposent mais n’oublient pas que les lignes d’Alzar nous rapprochent. Nous avons autant de points communs que de différences, toi et moi. Par contre, quand nous en aurons fini avec cet aigle, il faudra que nous discutions tous les deux, vu qu’il n’y aura plus rien à faire ensuite. »

Hein ? Discuter ? Elle et lui ? Mais à quel sujet ? Ils avaient des choses à se dire ?  Mais bon, elle serrait fermement son arme et son poing gauche était fermé. Est-ce qu’elle … tremblait un peu ? Non, elle n’était pas ainsi. Manlenena était la femme la plus forte qu’il connaissait en terme de mental. Impossible de l’ébranler ou presque.

« T’en fais pas, va, Manelena. On va s’en sortir hein ? »

« Hum ? Je ne suis pas inquiète à ce sujet. Nous allons survivre, c’est évident. »

Il posa sa main sur l’épaule de la femme en armure noire. Même si ce ne fût qu’un instant, il entendit un petit soupir de sa part. Elle était rassurée, n’est-ce pas ? Même si elle ne voulait pas se l’avouer. Ils n’étaient pas encore blessés mais cela ne saurait tarder. L’aigle tricéphale allait bien finir par faire entendre raison à ses trois têtes. Mais pour l’instant, les deux lances de pierre quittèrent les mains de Tery et Manelena, partant vers leur adversaire.

Chapitre 103 : Les deux héros

ShiroiRyu
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Chapitre 103 : Les deux héros

« Il se trouvait donc bien au sommet de la tour. Tu avais raison, Tery. »

« Je ne suis pas sûr d’être très heureux à ce sujet, Manelena. »

Il avait sacrément mal au crâne mais l’explication était juste devant ses yeux. Deux têtes, deux imposantes têtes d’aigle. L’une était couverte de plumes blanches tandis que l’autre était complètement brune. Et ce corps … Ce corps était monstrueux ! Un aigle normal devait faire une envergure au grand maximum de deux mètres cinquante et encore, c’était très rare. Ici, on avait plus l’impression qu’il en faisait une vingtaine. Les deux serres étaient sûrement capables de prendre un humain pour le briser en morceaux mais surtout … cette magie qui émanait de lui n’était pas rassurante.

« Deux démons ? Il est rare que deux êtres de cette race arrivent à survivre dans un même temps. Très étonnant … mais ce qui l’est tout autant est le groupe formé. Comment cela se fait-il que les deux héros d’Alzar et Zélisia soient présents ici ? »

« Les héros ? » demanda Tery en regardant le couple avec interrogation.

« Oh vous savez, ce que l’on vous racontait, nous n’avions aucune raison de vous mentir. Mais je remarque alors que seul le chef des créatures légendaires se rappelle de notre existence. Comment allez-vous, Trozeral ? »

« Je ne pense pas qu’il soit bon de parler de nos états d’âme en vue de ce qui se passe actuellement. Comprenez-vous les erreurs que vous commettez ? »

« Les lois divines sont parfois incompréhensibles. Néanmoins, ce choix que nous avons décidé d’accepter est le nôtre. Nous ne pouvons pas retourner en arrière. »

« Il est toujours possible de stopper cette folie. Vous êtes accompagnés par deux démons. Vous savez la raison de leur présence dans ce monde. »

Le couple hocha la tête positivement, comme pour bien signaler qu’ils comprenaient parfaitement ce qui allait se dérouler, avec qui ils étaient accompagnés et pas seulement. Leurs regards se posèrent sur Elen, celle-ci clignant des yeux avant de murmurer :

« Qu’est-ce qui se passe ? Vous avez des choses à nous révéler ? »

« Nullement, pas pour le moment. Tout ce que vous devez savoir, c’est que … vous vous trompez sur Trozeral depuis le début. Mais j’imagine qu’il cache bien son jeu. »

« Je n’ai pas à révéler ma puissance à ceux qui sont trop faibles pour que j’y ait recours. Néanmoins, maintenant que je vous aies emmenés ici … il est temps pour moi de me mettre en action. Si je peux stopper ce cataclysme, je le ferais … à tout prix. »

Il n’avait pas vraiment la possibilité de discuter avec cet aigle, n’est-ce pas ? Néanmoins, il semblait beaucoup moins fou que les autres et peut-être qu’il était capable d’être raisonnable ? Non, c’était juste stupide d’imaginer ça, particulièrement stupide. Il allait devoir se battre, comme les autres mais avant  …

« Que les soldats s’éloignent de la zone de combat ! Je ne voudrais pas que vous soyez morts en vain. Vous n’êtes pas de taille face à lui ! »

« Euh … vous êtes sûrs qu’on peut vous laisser gérer cela ? Nous devons servir le prince et la reine. Nous ne pouvons pas reculer devant l’ennemi. »

« Vous ne pouvez pas, soit. … mais ça ne veut pas dire que vous devez mourir stupidement sans même avoir réussi à lui infliger ne serait-ce qu’une entaille ! Ce genre de monstre n’est pas fait pour vous. Il est beaucoup trop puissant ! »

« On est libres d’obéir ou non. Ne croyez pas que nous sommes si faibles que ça ! »

Impossible de raisonner les soldats. Ils ne comprenaient pas pourtant qu’ils n’allaient rien pouvoir faire face à cette créature ? Le jeune homme aux cheveux bruns regarda Manelena et Royan, espérant qu’ils allaient les raisonner.

« Faites comme vous le désirez. Vos morts ne seront pas oubliées. » dit tout simplement Maneena, Tery clignant des yeux. Euh … Ce n’était pas vraiment cette réponse qu’il attendait. Il bredouilla envers la monarque de Shunter :

« Euh Manelena, ils vont sûrement mourir et tu veux … vraiment les laisser ? »

« Certains sont prêts à tout pour servir leur roi ou leur reine. Ne te mets pas en travers de leurs désirs, Tery. Je ne les conspuerais pas s’ils décident de fuir ensuite. »

Elle semblait vouloir rassurer les différents soldats. Ces derniers voulaient se battre … mais bon … Le jeune homme aux cheveux bruns ne pouvait pas les empêcher. Il ne fit que murmurer que c’était un peu de folie bien qu’il acquiesçait aux propos de Manelena. Le plus important était de partir tout de suite au combat !

« Quelle tête brûlée. Comment se fait-il que tu aies survécu depuis tout ce temps ? D’ailleurs, deux enfants démoniaques ? Est-ce qu’après tout ce temps, ils commenceraient à faiblir ? Pourtant, ce sont eux les premières victimes de cette fermeture avec l’autre monde. »

De quoi est-ce que cette tête d’aigle parlait ? D’ailleurs, son nom lui rappelait quelque chose. Le symbole à Midès. Il y avait quelque chose qui clochait avec cet aigle, quelque chose que nul n’avait réellement corrigé depuis tout ce temps.

Sauf que … dans son esprit, tout était loin d’être clair. Il y avait un problème. Il y avait un problème ! Le symbole de l’aigle … pour cette guilde où il y avait une représentation des cinq créatures légendaires. RAAAAAAAAAAAH ! Puis zut ! Il allait s’y jeter tout de suite ! Ses deux mains en arrière, le jeune homme se donna une légère impulsion, utilisant une projection de vent avant de se retrouver à la hauteur des deux têtes de Trozeral.

« Vraiment ? Vouloir se battre dans les airs face à nous ? »

Un battement d’ailes et le jeune homme retrouva le sol, sa tête percutant ce dernier assez violemment puisqu’un filet de sang se fit voir lorsqu’il se releva. AIE ! L’aigle bicéphale tait encore pire que les autres. Le fait qu’il soit nullement énervé … le rendait plus puissant.

« Tery, espèce d’imbécile ! Tu n’oublierais pas que nous sommes là ? »

Manelena qui lui criait dessus. Chose plus que logique alors qu’il était à nouveau correctement debout. Il fixa son adversaire, droit dans les yeux, comme pour voir ce qu’il comptait faire. L’aigle bicéphale ne comptait pas attaquer ? Contrairement aux autres, il semblait tellement plus sage. Peut-être qu’ils … pouvaient discuter.

« Bon, on fait comme d’habitude. Par contre, vu qu’il y a que du vide autour, j’imagine qu’il vaut mieux éviter de trop en faire pour le moment. Essayez de vous battre qu’au centre ! »

Voilà qu’elle redonnait les consignes pour qu’ils puissent tous s’en sortir. Sans elle, ils étaient sûrement perdus. Elle restait la plus doue en terme de tactique. Elle n’avait pas été maréchale pour rien. Elle savait se battre … et elle savait diriger, que cela soit un peuple … ou une armée. Tery murmura à la femme aux cheveux argentés :

« On écoute toutes tes consignes, Manelena. Dis nous ce qu’il faut faire. »

« Déjà, Tery, est-ce que tu serais … capable de créer de nombreux murs de pierre derrière nous ? De plusieurs mètres de hauteur, environ une dizaine. Si d’autres en sont capables, même à plusieurs, faites le. »

Hein ? Bien entendu qu’il en était capable. Il accomplit le geste demandé, les soldats de Shunter le regardant faire avec un peu d’émerveillement tandis que d’autres cherchèrent à l’imiter. Mais pourquoi une telle chose ? Elle expliqua :

« Vu la puissance des bourrasques, je préfère encore qu’un soldat rencontre un mur de pierre plutôt que de tomber dans le vide pendant de longues minutes, très longues minutes sans pouvoir agir. Cela ne serait pas humain de notre part. »

« C’est … tout à fait vrai. Je confirme, oui. C’est parfait ! »

L’aigle ne bougeait pas de sa position, regardant tout simplement les humains qui préparaient le terrain pour se battre. Pourtant, Elen avait les yeux rivés sur lui.

« Pourquoi est-ce que vous cherchez tant à tuer Tery et Elise ? Ce sont des démons ? Et alors ? Qu’est-ce que cela change ? »

« Cela change qu’ils seront responsables de bien des malheurs. Nous avons été crée pour empêcher que les portes démoniaques ne s’ouvrent dans ce monde dans lequel vous habitez. Il en est de notre essence même lors de notre création. Nous ne pouvons pas lutter contre cela. Je vous retourne la question : Pourquoi vous obstinez vous à accompagner, protéger et vous battre aux côtés de deux êtres qui causeront la destruction de ce monde. »

« Qu’est-ce qui vous fait dire cela ? Les portes ne s’ouvriront pas même si vous êtes mort ! Il y a beaucoup plus à faire pour cela ! »

« Il est vrai … qu’il y a deux autres conditions. Mais elles sont réunies. Et rien qu’avec l’accomplissement qui consiste à m’élimine, l’ouverture des portes démoniaques sera plus aisée … et les êtres qui y habitent pourront plus facilement vous manipuler. »

Elle aurait bien demandé à savoir de quoi il parlait mais l’aigle bicéphale était bien l’unique créature qui ne s’emportait pas face à la présence de Tery et Elise. Car elle savait qu’elle pouvait gagner aisément cette bataille ? Car elle avait quelque chose encore à montrer ?
Mais cette fois-ci, elle vint réagir. Elle n’allait pas rester là sans combattre. La créature ailée déploya ses dernières, cachant la vue à tous et à toutes. Un battement d’ailes et les soldats furent repoussés en arrière pour la majeure partie. Néanmoins, les murs de pierre vinrent arrêter leur projection, des petits cris de douleur se faisant entendre.

« Aie aie aie … Ca fait sacrément mal … un mur. »

« Au moins, on est pas morts, c’est déjà ça. OUCH ! Mon dos, il me fait souffrir ! »

S’ils arrivaient à se plaindre, c’est que c’était bon signe ! De leur côté, ils avaient la surprise de voir que malgré qu’ils avaient reculé, le vent ne les avait pas projetés en arrière. Un petit regard et l’explication fût très vite donnée : Sérest et Krawnia ! Les deux femmes issues de Claudiska battaient des ailes pour produire un vent contraire, bien moins puissant que celui de l’aigle bicéphale mais néanmoins capable de leur permettre de ne pas se retrouver en train de voler dans les cieux pour finir par s’écraser plusieurs centaines de mètres plus bas.

« Si on n’avance pas, on n’arrivera à rien du tout ! »

Manelna venait de faire une réflexion des plus logiques mais il ne pouvait que sourire devant sa remarque. Sauf que ce n’était pas le moment de se moquer d’elle, pas du tout ! Elle n’allait clairement pas apprécier ça donc il voulait éviter d’avoir de plus gros ennuis que ça. Surtout qu’en ce moment même, il n’était pas certain de vouloir se déconcentrer de sa tâche actuelle.

Comment pouvaient-ils empêcher l’aigle bicéphale de continuer à battre des ailes ? Et surtout de faire un carnage ? Il y avait de fortes chances qu’ils … non ! Il ne devait pas penser négativement ! S’il commençait à imaginer d’être défait par ce monstre, cela reviendrait à faire que la mort de Clari ne serve à rien.
Une main posée sur le sol, puis une seconde et il était enfin prêt. Il allait devoir un sacré ménage et … Hein ? Des éclairs passèrent à côté de lui, frappant les deux têtes de l’aigle sans une seule once d’hésitation. Rapidement ce fût des flèches et des plumes qui vinrent se joindre aux éclairs de l’électricité parcourant les projectiles.

« Puisque tu es un oiseau, tu ne dois sûrement pas apprécier ce genre de traitements, non ? »

Manelena disait cela avec une petite pointe d’ironie, s’étant clairement mise en position pour lutter contre cet adversaire commun à tous. Qu’il soit une créature légendaire ne le rendait pas invincible et ils avaient put le voir par quatre fois auparavant.

« Ca semble si facile quand on vous regarder faire. » murmura le jeune homme aux cheveux bruns, restant pourtant dans la même position qu’avant. Hum … Le sol était fait de roche, il pouvait donc en profiter. Il se concentra, commençant à donner vie à un unique golem de pierre, d’environ cinq mètres de hauteur. La différence majeure par rapport à ceux habituels était principalement ses mains. Celles-ci étaient remplacées par des écus, d’imposants boucliers qui devaient bien faire la taille d’un être humain.

« Cela devrait nous être assez utile normalement ! »

Utile comme barrière contre les bourrasques de l’aigle bicéphale. Et d’ailleurs, vu la taille du golem, même s’il restait un peu ridicule par rapport à l’oiseau, il était plus qu’impressionnant pour les soldats qui n’avaient eut qu’à peine le temps de voir ceux du huitième étage avant d’être emmenés avec eux à cet endroit.

« Je vois comment vous avez réussi à tenir tête et à vaincre les autres. »

« Ils sont plus puissants qu’on ne le croit. Ils possèdent une force impressionnante. Même ses soldats ne sont pas n’importe qui. Sûrement une élite militaire … et cet adolescent de Traslord. Il possède du sang royal et son expérience fait qu’il deviendra un grand monarque. Mais nous ne sommes pas facilités par le fait qu’ils soient aidés par elle et les héros. Et ces deux démons, est-ce que tu as ressenti ce qui se trouve en eux ? »

« Plus que le ressentir ! Tous les pores de ma peau en tremblent encore ! Ces deux-là … ne sont pas des démons ordinaires. Il faut absolument que l’on s’en débarrasse le plus tôt possible … avant même que l’on ne se pose plus de questions. »

« On n’a pas parlé autant depuis des siècles hein ? A croire que vivre seuls au sommet de cette tour, ce n’était pas vraiment la meilleure idée qui soit. »

« Et dire que nous pensions être discrets et en sécurité. » termina de dire la première tête de l’aigle alors que l’autre plongeait dans le mutisme à son tour.

Et pendant ce temps, la petite troupe de combattants se réunissait, cherchant à envisager une nouvelle tactique. Malgré la foudre qui avait réussi à s’abattre sur l’imposant oiseau, celui-ci n’avait guère poussé de cri. Est-ce que la foudre ne lui faisait aucun effet ? C’était tout simplement possible ! Manelena émit un grognement avant de serrer le pommeau de son épée, il y avait sûrement … du laisser-aller.

« Je n’ai pas mis assez de force dans ma frappe, voilà tout ! Je vais juste arrangé ça ! »

« Attends un peu, Manelena ! Et si nous frappions avec divers éléments ? Réfléchissez un peu. Si Trozeral se trouve entre les deux nations, il possède sûrement des affinités avec l’une ou l’autre, non ? Peut-être que … »

« Essaie plutôt de réfléchir de ton côté. L’eau est conductrice pour l’électricité et les oiseaux ne supportent pas la foudre. A partir de là, il devrait être bien plus faible même ! »

Si seulement c’était aussi simple que ça … mais ce n’était pas le cas. Il y avait bien quelques plumes brûlées, signe que l’attaque n’avait pas été totalement inefficace mais amoindrie. Il avait une résistance naturelle aux attaques électriques mais comment ? Et pourquoi ?

« Le mieux dans ce genre de situation, c’est d’utiliser tous les éléments … et n’hésitez pas à profitez de vos lignes de Zélisia et Alzar ! Il a bien une faiblesse ! »

Séran qui prenait la parole. Il était vrai qu’avec son allure, il avait tout du combattant des plus aguerris. Et de toute façon ,vue sa carrure et ses dires, on ne pouvait qu’essayer !

Qu’essayer de maximiser les dégâts. L’imposant homme d’Honoros avait maintenant ses lignes de Zélisia sur le visage, se tournant vers Elise en hochant la tête. Elle se plaça à côté, les cornes se trouvant sur le crâne de la demoiselle aux cheveux auburn. Leurs mains ciblèrent les cieux au-dessus du corps de l’aigle, la créature commençant à se mouvoir comme pour esquiver une attaque invisible pour le moment.

« Je ne compte pas rester là sans réagir. Je ne suis pas né de la dernière pluie. »

« Nous savons parfaitement ce que vous comptez préparer. Cette attaque sera votre propre tombeau, commis par votre folie. »

« Rien que ça ? Ce n’est pas bien grave. Si tu continues à bouger, nous ne pouvons alors que te forcer à rester immobile pendant quelques secondes. »

Ce fut Elen qui bandait son arc en direction de l’aigle bicéphale, de l’électricité tournoyant autour de sa flèche. Mais elle n’était pas seule. A ses côté, six soldats et Manelena se trouvaient là, les soldats montrant quelques lignes jaunes sur leurs bras tandis que Manelena gardait les lignes d’Alzar sur son visage.

« Il est vrai que cela ne sera pas très efficace … mais pour paralyser une personne, la foudre a toujours été le meilleur choix ! »

Des fils électriques attachés à la flèche. Celle-ci fût tirée au-dessus de l’aigle bicéphale, les soldats faisant de même bien que cela ne ressemblait qu’à de simples sphères électriques. Néanmoins, chaque sphère prenait position autour de l’aigle alors que la flèche se maintenait au-dessus de Trozeral. Manelena grommela :

« Visiblement, c’est à moi de tout faire dans cet endroit. »

Mais pourtant, elle s’exécuta sans un mot. D’un mouvement très rapide avec son épée, des fils électriques quittèrent sa lame, venant se joindre entre les sphères et la flèche, prenant la forme d’un filet comme ceux utilisés pour la pêche bien que la taille était beaucoup plus grande. Le filet s’abattit sur l’aigle, celui-ci poussant plusieurs piaillements de colère.

« Tsss … Ca ne sera pas suffisant pour me stopper ! Je peux encore me … »

« Non non, ce n’est pas possible. Nous ne pouvons pas laisser faire cela. »

Ce fût Tery maintenant qui bloquait les paroles du monstre légendaire, des soldats l’accompagnant à son tour alors qu’il plaçait ses mains sur le sol. De nombreux bras faits de marbre sortirent du sol, s’allongeant pour attraper les serres de l’aigle qui se débattait pour briser ce filet électrique. Finalement, il percuta le sol, les becs claquant contre le marbre en explosant en petits morceaux deux dalles.

Chaque sphère s’insinua dans le sol du sommet de la tour, mettant alors plus de force à paralyser l’aigle au sol. Simple, c’était devenu bien plus simple. Et vu ce que préparaient Séran et Elise, il valait mieux reculer ! Tery ordonna d’un geste de la main :

« Que tout le monde se mette à l’abri ! ET VITE ! »

Tous se placèrent derrière l’imposant golem, celui-ci mettant un genou au sol, ses écus positionnés en diagonal. Les soldats pouvaient à peine voir ce qui tombait du ciel : une pluie de flammes. C’était véritablement une pluie de feu qui venait s’abattre sur l’oiseau.
Une pluie dévastatrice, capable de tout balayer sur son chemin. Une pluie qui n’aurait aucune hésitation pour tout rayer sur son passage. L’oiseau poussa un hurlement, puis un second … et enfin un troisième, beaucoup plus « inhumain », ce qui parut étrange par rapport au comportement habituel de la créature.

Mais les flammes avaient fait leur office et une épaisse fumée blanche s’éleva du corps de l’oiseau. Cela n’avait pas été suffisant pour l’abattre, c’était plus que logique mais les dégâts étaient bien présent. Les deux têtes se soulevèrent faiblement, le filet électrique étant toujours présent bien qu’en piteux état.

« Vous avez … désiré cette situation. »

« Vous allez le regretter … amèrement, hahaha ! »

« C’EST QUOI CA ?! QUI OSE S’EN PRENDRE A MOI ?! »

Une troisième voix, beaucoup plus forte, sortit du corps de l’oiseau. C’était bien de le corps hein ? Mais comment ? Tery cligna des yeux, Elen ayant la bouche ouverte, comme surprise par quelque chose. Elle murmura :

« Je me disais bien … que quelque chose clochait ! L’aigle n’a jamais eut deux têtes ! Il en a trois normalement ! TERY ! L’emblème à Midès ! »

L’emblème ? Midès ? De quoi ? MAIS OUI ! Mais ça remontait à très longtemps ! Il s’en rappelait à peine depuis le temps ! Ca faisait depuis des années … Les différents symboles représentants les cinq créatures légendaires. L’aigle qui trônait au-dessus des quatre autres. Il ne possédait pas deux têtes mais trois. Comment était-ce possible de s’être trompé depuis tout ce temps ? Comment avaient-ils put oublier ça ?

Une bosse se présenta à travers les plumes de l’aigle, entre les deux têtes. La bosse commença à gonfler de plus en plus, jusqu’à s’allonger mais … cette forme et ce plumage noir lui rappelait un oiseau : un corbeau ? La troisième tête était celle d’un corbeau ? Un corbeau visiblement de très mauvaise humeur.

« Je ne peux pas dormir, vous êtes tous les deux des incapables ! »

« Désolé, désolé … mais ils sont plutôt nombreux à posséder des pouvoirs d’Alzar et Zélisia. En plus, y a deux démons. »

« Et il y a quelques personnes douées en terme de stratégie, difficile de lutter. »

« BOUCLEZ-LA ! Je vous aies dit que pour combattre les démons, il fallait utiliser … les mêmes pouvoirs qu’eux ! TREMBLEZ DEMONS ! Affrontez la colère de Trozéral ! » hurla la nouvelle tête apparue, des cornes apparaissant sur les côtés de celle-ci. L’aigle … L’aigle tricéphale était lui aussi un démon ? Comment était-ce possible ?

Chapitre 102 : Combattre jusqu’au sommet

ShiroiRyu
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Chapitre 102 : Combattre jusqu’au sommet

Les paroles de la demoiselle ailée continuaient de parcourir les esprits de tout le monde. Ainsi, ce n’était pas une occurrence rare … et il s’agissait vraiment de soldats de Claudiska. Pourtant, il avait eut l’impression d’avoir affaire à des monstres, des êtres mi-animal, mi-humain. Et voilà le résultat actuel …

« Et puis, ils se sont focalisés sur moi. Ils avaient une véritable haine des démons. »

« Elise n’a pas utilisé ses pouvoirs donc elle n’a pas été ciblée … mais toi ? » demanda Elen en marchant à ses côtés, Tery hochant la tête négativement :

« Pas du tout, je n’avais rien fait sur le moment. C’est quand ils ont commencé à agir … enfin, je crois. Mais ils semblaient déjà savoir qui j’étais ou du moins, ce que j’étais. »

« Reste à mes côtés, ne va pas vers Manelena ou quelqu’un d’autre. Je suis la mieux placée pour te défendre, compris, Tery ? » continua de dire Elen avec un peu de remontrance.

« Je le sais parfaitement, je n’ai pas prétendu le contraire, tu sais hein ? »

Il avait dit cela avec lenteur. Il ne fallait pas oublier qu’il n’était pas ou plus un gamin hein ? Il était capable de se débrouiller seul aussi ! Enfin bon … Dans ce genre de situation, il n’en était pas vraiment sûr et certain. Il plaça une main sur son crâne, le massant légèrement avant de murmurer d’une voix calme et lente :

« De toute façon, ça sera très vite réglé donc je n’ai pas trop à m’en faire. »

« Ne sois pas aussi sûr de toi, Tery, s’il te plaît. On ne sait pas ce qui nous attends. »

Elle parlait, elle parlait mais elle-même n’était franchement pas des plus rassurées par rapport à toute cette histoire. Tery était-il encore en danger ou non ? En avançant avec les troupes, ils allaient bien finir par le savoir. Ils recommencèrent à se faire attaquer par ces créatures ailées mais contrairement à auparavant, ils n’eurent pas de mal à lutter. Krawnia félicita tout le monde, disant :

« Moi-même, j’ai put me rendre au huitième étage. Ensuite … Disons que cela fut très … voire trop difficile. Nous arrivons aux abords du septième. »

C’est vrai, il le remarquait au loin, malgré la faible luminosité. L’inclinaison du terrain était telle qu’il semblait plus que difficile de pouvoir aller à l’étage supérieur de la tour. Surtout que maintenant, ils avaient de plus en plus froid.

« Je n’aime pas ce changement climatique, ça risque de me rendre malade, je dirais. »

« Ne fait donc pas l’enfant, Tery. Par contr,e si on l’écoute, tout risque de se compliquer très prochainement donc bon … »

Ils avaient mieux à faire que de craindre d’être malades, n’est-ce pas ? Le jeune homme aux cheveux bruns hocha la tête pour se rassurer alors que tout le groupe finissait par arriver jusqu’au septième étage de cette tour. Pourtant … il avait l’impression d’en avoir monté dix.

C’était peut-être ça ? Au final, la tour était gigantesque mais ne comportait pas autant d’étages que ça ? Néanmoins, il n’avait pas vraiment le temps de s’y attarder vu qu’ils étaient déjà grandement occupés à rester en vie. Le jeune homme aux cheveux bruns cligna des yeux, regardant alors la zone autour d’eux.
Cette fois-ci, l’ambiance était beaucoup plus étouffante et chaude. Du sable à perte de vue, des rochers et il avait même l’impression de voir quelques coulées de lave. Heureusement, d’après ce qu’il remarquait, il n’y avait pas de volcan. Pfiou … Au moins, ils n’avaient pas à craindre une éruption, il ne manquerait plus que ça !

Mais voilà, maintenant, il y avait visiblement d’autres problèmes à l’horizon. De loin, il voyait à peine … mais des créatures les attendaient, bipèdes et armées. Elles étaient aussi très grandes, voire trop grandes. Peut-être autant que Séran qui était pourtant un habitant d’Honoros et sûrement l’un des plus grands qu’il avait vus.

« Tery, évites d’utiliser tes pouvoirs, d’accord ? On va vérifier quelque chose. »

Vérifier quelque chose ? Comment ça ? Les soldats formaient déjà un mur tout autour de lui, sans même que Manelena ou Royan ne crient quelque chose. Il n’arrivait plus à voir devant lui, ne sachant guère ce qui se passait. Ce fut lorsque Séran cria : « Ils sont de ma race ! Ce sont des Honorans ! Mais … ils semblent être comme ceux de l’étage précédent ! »

Et alors ? Qu’est-ce qu’ils devaient faire ? Se battre ou non ? La réponse ne tarda pas à se faire entendre, des cris de combat résonnant tout autour de lui. Il remarqua quelques corps qui décollèrent dans les airs, sûrement projetés par une force brute phénoménale, des faisceaux de lumière se faisant voir tout autour de lui.

Mais aussi une forte montée de chaleur ! DES FLAMMES ! Il y avait des flammes autour de lui ! Puis subitement, les cieux commencèrent à se recouvrir de nuage, une forte pluie venant s’abattre sur la zone où ils se trouvaient tous. Puis d’autres cris, des bruits de corps qui tombent au sol et ce fut à nouveau le calme une quinzaine de minutes plus tard.

« Ils veulent … ils veulent vraiment sa peau hein ? Mais pourtant … »

« J’en suis sûr et certain ! Il n’a rien fait du tout ! Ni même ses cornes ou ses lignes ! Ils se sont tous tournés vers lui par contre ! »

Des soldats criaient pour faire un bilan de ce qui venait de se passer. Certains signalèrent qu’Elise avait fait paraître ses cornes de son côté et avait même combattu. Pourtant, aucune fois, sauf pour se défendre, les Honorans décidèrent de s’en prendre à Elise. Tous s’étaient tournés vers l’endroit où Tery se trouvait normalement, même s’il ne combattait pas.

« C’était étrange, trop étrange ! On dirait une sorte d’appât à monstre ! »

« Hey, je vous rappelle que je vous entends hein ? J’ai rien fait pour les attirer, moi ! »

Il ronchonna mais il pouvait néanmoins les remercier. Visiblement, ils n’étaient pas encore prêts à l’abandonner. De toute façon, ils obéissaient à Manelena et à Royan. Il n’y avait que Krawnia comme élément qui pouvait se montrer perturbateur.

« Et vous aviez raison. Il s’agit bien de soldats d’Honoros. »

« Qu’est-ce qui se passe ici ? Pourquoi est-ce que des soldats d’Honoros se trouvaient en cet étage ? Est-ce que vous voulez dire que … »

« Aux étages supérieurs ? Peut-être que oui … peut-être que non ? Quel est votre opinion à ce sujet ? Du moins, qu’est-ce que vous en pensez exactement ? »

Krawnia posa doucement la question avec une pointe d’amusement dans la voix. Elle semblait grandement apprécier e voir l’air surpris chez chacun et chacune après tout ce qui se déroulait devant ses yeux. Elle continua à faire quelques mouvements, reprenant :

« Et bien alors ? Vous avez donné votre langue au démon ? Néanmoins, ne vous en faites pas, les autres étages seront plus difficiles à traverser. Nous sommes dans les zones faciles. »

Ils allaient très vite le comprendre. Après quelques heures de marche, il fut décidé néanmoins qu’une petite pause allait être obligatoire. Tous réunis autour de plusieurs feux de camp, les provisions prêtes à être chauffées, les soldats se nourrissaient, quelques tentes étaient même montées tandis que Tery regardait autour de lui.

« On dort ici pour la journée ? Cela me paraît plutôt étrange non ? On risque de se faire agresser, non ? Ce n’est pas trop dangereux ? »

« Nous ne pouvons pas faire les étages en une journée de toute façon. Et là, nous sommes dans une zone où la chaleur est étouffante. Mais comme nous avons le prince de Traslord ainsi que ses soldats, les défenses pour le campement ainsi que l’air ambiant seront bien plus faciles. Nous ne devrions pas être dérangés pour la nuit bien que cela ne veut pas dire qu’il faudra tout accomplir sans surveillance, loin de là. »

Krawnia continuait de donner plusieurs conseils, malgré l’allure général qu’elle montrait depuis sa première présentation. Ce n’était pas à prendre à la légère et tous savaient que sans elle, il aurait été sûrement impossible de monter ne serait-ce qu’un seul étage.

« Je peux te tenir compagnie, mon mignon ? »

« Euh … mademoiselle Krawnia, comme vous voyez, je suis en train de manger et je ne suis pas vraiment seul non plus. » dit le jeune homme aux cheveux bruns, un peu éberlué par les propos de la demoiselle ailée alors qu’il était assis à côté d’Elen, mangeant tranquillement ce qu’il avait préparé. Déjà quelques soldats s’éloignèrent un peu, peu rassurés par la suite des événements tandis qu’Elen continuait de manger en silence.

« L’un n’empêche pas l’autre, non ? Je peux toujours manger avec vous. La reine et le prince mangent ensemble avec la servante du prince. Si vous voulez mon avis à ce sujet, j’ai bien l’impression qu’entre le prince et sa servante, il y a … »

« Nous sommes là pour le ragoût, non pas pour les ragots. » coupa sèchement Elen, ne tournant guère son visage vers la personne ciblée par sa remarque, enfonçant sa cuillère dans la bouche alors qu’un rire sonore se fit entendre de la part de Krawnia. Elle vint s’asseoir derrière Tery et Elen, reprenant la parole comme si de rien n’était.

« Enfin, cela ne vous concerne pas, non ? D’après les renseignements que je possède, vous n’êtes plus affiliés à une armée. Enfin, surtout toi, mon beau démon. Ce n’était pas trop dur de supporter cette maréchale devenue reine ? »

« S’il vous plaît, vous pouvez stopper cela ? Car je ne vois pas à quoi vous jouer. »

« Qui a dit qu’il s’agissait d’un jeu ? Je ne crois pas avoir évoqué cette idée, non ? » répliqua aussitôt Krawnia, ne retirant pas le sourire à ses lèvres. Est-ce qu’elle ne comprenait pas qu’elle était en train de le perturber plus qu’autre chose ?

Visiblement, c’ééait le cas … et elle s’en amusait grandement. Grumpf. Il ne devait pas tomber dans le piège, il valait mieux que ça. Il termina son repas en silence comme Elen, finissant par s’étirer un peu avant de se tourner vers elle :

« Je pense que je ferais un tour de garde, Elen. Il vaut mieux pour chacun que ça soit le cas. Je ne peux pas rester là sans rien faire. Ils ont déjà été attaqués par ma faute, c’est la moindre des choses que de les épauler, non ? »

« Si tu me laissais terminer ma phrase voire même la commencer, tu saurais que je suis d’accord, Tery. Nous ferons un tour de garde tous les deux, en même temps. »

Les dernières paroles ciblèrent quelqu’un d’autre, comme une mise en garde envers une femme qui était du genre à trop vouloir s’amuser avec la situation actuelle. Et cela, la femme aux cheveux blonds n’appréciait guère et était prête à user des mains pour le faire comprendre si cela s’avérait nécessaire.

Mais bon, Krawnia eut un léger rire avant de finir par se relever et de s’éloigner, faiant un clin d’oeil à Tery qui préféra l’ignorer. Il ne savait pas à quoi jouait cette femme mais il était clair que ce n’était pas le genre de jeux que le jeune homme affectionnait.
La nuit s’écoula paisiblement, comme Krawnia l’avait déclaré, les soldats étant soulagés que Tery fasse sa part de travail par rapport au tour de garde. Il faut dire que vu que Manelena et Royan donnaient des ordres pour le défendre malgré son statut de démon, ils avaient du mal à savoir s’il avait un statut spécial ou non.

« Essayons voir d’atteindre le sommet de la tour dans la journée, non ? » dit Tery en se tournant vers Krawnia et les autres, la femme ailée lui répondant :

« Oh … Je connais encore le prochain étage mais ensuite, cela ne sera que de la pure découverte, il faudra vous préparer mentalement. »

Ce n’était vraiment pas rassurant. Cela voulait dire que les créatures du prochain étage avaient forcé Krawnia a arrêté son ascension dans la tour. Néanmoins, il demanda :

« Et qu’est-ce qui se trouve à cet étage qui vous a fait rebroussé chemin ? »

« Oh … Des monstres horribles et terrifiants. Il ne faudra pas hésiter à me protéger dans de tels cas hein ? Je ne suis qu’une frêle jeune femme. Oh … Et très fragile aussi. » déclara Krawnia, Tery levant les yeux au ciel en espérant que ça soit bientôt terminé.


Heureusement pour les deux armées, le nouvel étage ne tarda pas à se montrer au bout à peine d’une trentaine de minutes. Ils avaient été si proches de l’étage supérieur ? D’ailleurs, une question taraudait Tery : Comment allaient-ils faire pour descendre ? S’ils se retrouvaient grandement affaiblis, cela serait mortel, non ? Car ils n’allaient jamais avoir les capacités nécessaires pour éliminer toutes les créatures à chaque étage et surtout, il se rappelait que cela n’était pas réellement autorisé à la base. Règle que même Krawnia ne respectait guère au final.

Ah … C’était vraiment trop compliqué en fin de compte. Il poussa un léger soupir avant de regarder où est-ce qu’ils se trouvaient maintenant. Alors bon … Des petits picotements se firent sentir dans ses cheveux, le jeune homme passant une main dans ses derniers avant de la retirer aussitôt en criant un peu de surprise.

« De l’électricité statique, c’est exact. Nous sommes à l’étage où … »

« Les Mékalarmiens. On va tomber sur eux sûrement. » coupa Tery en prévenant tout le monde. Déjà que de base, ils n’étaient pas réellement amicaux alors maintenant …

« Qu’est-ce que nous allons faire ? La majorité des soldats de Traslord manipule l’élément de l’eau, il est alors impossible pour nous de lutter contre eux. »

« L’armée de Shunter servira de barrage terrestre contre la foudre. Ils sont capables de se protéger de tout ce qui pourrait causer du tort en terme d’électricité. Vous n’avez pas à vous inquiéter à ce sujet. Et je me chargerai moi-même de protéger les soldats. »

Tery déclara cela avec assurance, un sourire aux lèvres, se voulant rassurant pour les personnes tout autour de lui. De la foudre, il ne manquait plus que ça. Mais dès quelques minutes de marche au huitième étage, son sourire disparu pour laisser place à un rictus de douleur. AIE ! Qu’est-ce qu’il avait son crâne ? Pas maintenant !

« Gnnn … Je suis … sensé … faire comment, moi ? »

Il se parlait à lui-même à voix basse, évitant qu’Elen ne l’entende. Peut-être qu’il devait envisager cela ? Il posa une main au sol, s’arrêtant pendant la marche, quelques soldats faisant de même, intrigués. Moins d’une minute plus tard, deux êtres entièrement faits de terre se présentèrent à ses côtés, les soldats clignant des yeux.

« Wow … Des golems, c’est la première fois que j’en vois ! On m’a dit que les personnes capables d’en créer se comptaient presque sur les doigts d’une main. »

« Tes mains ont une centaine de doigts ? Wow, fortiche ! »

« Ne te moque pas de moi, t’as compris ce que je voulais dire ! Enfin … ils sont amicaux ? » demanda le premier soldat en s’adressant à Tery, un peu inquiet.

« Vous n’avez pas à vous en faire, ils n’obéissent qu’à moi. Je suis de plus en plus habitué à cela et … hum ? Etrange. »

Il avait l’impression que les golems avaient un physique … plus humain.

« Un problème avec vos golems ? Ne me dites pas que … »

« Oh non, non ! Ce n’est pas ça … bon, comme preuve, pour vous rassurer, ils passeront devant nous, ça sera mieux, d’accord ? Hop, au boulot, vous deux ! »

Voilà que le jeune homme ordonnait aux deux golems de se mettre en action, les deux créatures de pierre commençant à se mouvoir bien en avant par rapport au reste des troupes. Tery regardait où elles partaient mais une autre source d’inquiétude planait en plus de son mal de crâne. Il remarquait que plus ils avançaient, plus le terrain se modifiait … pour devenir une gigantesque plaine métallique.

« C’est problématique … il y a des chances qu’avec ce terrain, la moindre attaque électrique sera mortelle. Nous devrions fonctionner par binômes, non ? »

Il avait proposé cela à Manelena, la nouvelle reine de Shunter le regardant avant de finalement hocher la tête. Elle se tourna vers Royan, répétant les propos de Tery.

« Que chaque soldat de Traslord soit accompagné par un soldat de Shunter. Néanmoins, si certains de Traslord possèdent des affinités avec la terre, n’hésitez pas à aider vos compagnons. Il vous faudra éviter tout contact avec cette plaque directement. »

Et pour montrer l’exemple, la reine sauta un peu sur place avant qu’à la place de ses solerets se trouvent d’imposantes bottes faites de terre. Elle souleva un pied, montrant alors l’épaisseur du plat d’une botte.

« Au minimum cela … sinon, il y a des chances que vous soyez touchés par la foudre à cause de cette plaque en acier. Bien entendu, si une attaque vous touche directement, vous ne pourrez alors vous en vouloir qu’à vous même. »

Tant mieux. Finalement, il n’avait pas eut une vilaine idée. Un sourire aux lèvrs, il plaça une main sur son front pour l’éponger. Pfiou … Ce n’était pas qu’il souffrait le martyr mais il avait vraiment l’impression que sa tête allait exploser.

« Voilà donc … l’enfant des démons. »

« Bien entendu, il se faisait attendre. Visiblement, il a réussi à trouver où nous étions. »

« Que faisons-nous ? Est-ce que nous l’invitons au sommet ? Qu’en dis-tu ? »

« Pourquoi pas ? Faisons de même pour ceux qui les accompagnent. »

Tous s’arrêtèrent, cherchant à savoir d’où provenait ces deux voix. Puis subitement, un puissant souffle se vit sentir par la droite, Tery posant rapidement ses mains sur le sol.

« PUREE ! IL VEUT NOUS EMBARQUER ! JE VOUS LAISSE CA ! ILS SE CHARGERONT DE VOUS DEFENDRE ! TENEZ BON ! »

Le jeune homme aux cheveux bruns fut balayé en direction de l’ouest, sa main agrippant le sol métallique sans pourtant y arriver. Au même instant, ses cornes et lignes apparurent.

Il ne pouvait pas laisser les soldats sans rien ! Des êtres de pierre et de métal apparurent les uns après les autres avant qu’il ne soit emport par la meurtrière, celle-ci s’élargissant après son passage. Gloups … sincèrement …

« Ne pas regarder en bas, ne pas regarder en bas … ne pas regarder en bas … »

Et pourtant, c’est ce qu’il fit. Oh … Pu … Rée ! IL VOYAIT PAS LE SOL ! IL VOYAIT DES NUAGES ! Comment c’était possible ? Ils n’avaient pas monté autant de mètres normalement ! Ce n’était pas possible ! PAS DU TOUT ! Il n’eut pas le temps de contempler le vide qu’une bourrasque l’envoya dans les cieux, encore plus haut ?! Sa respiration s’en retrouva coupée puis il percuta violemment un sol.

« AIIIIIIIIIIIIIIE ! Mais qu’est-ce que … AH ! »

Il devait se redresser mais son corps lui obéissait à peine. Où est-ce qu’il se trouvait ? Il rouvrit les yeux après quelques secondes, regardant brièvement autour de lui. Pas de mur, aucun mur, il n’y avait vraiment … aucun mur.

« Humpf. Vous pensez vraiment que je m’écraserais ainsi ? »

La voix de Manelena le retira de la torpeur dans laquelle il s’était insinuée à cause de la surprise. Il voyait des corps qui tombaient du ciel mais contrairement à lui, tous arrivaient à se réceptionner correctement ou presque, certaines personnes étant aidées par d’autres. Il y avait … même des soldats de Shunter et Traslord. Une bonne vingtaine au minimum.

Mais surtout, Elen et les autres étaient aussi présents. Ils étaient donc sûrement une trentaine au total. Mais ce n’était rien par rapport à ce qui était en train de l’étouffer en ce moment même. Il ne l’avait pas encore vu, il ne savait pas où il était … mais la présence de l’aigle bicéphale arrivait à l’écraser et il avait le sentiment qu’il n’était pas le seul.

« Vous voilà … tous réunis. Visiblement, certains ont été emporté en plus. Mais les responsables des morts de mes compagnons sont devant mes yeux. »

« Nos yeux, tu veux dire. Nous allons pouvoir abattre notre jugement sur leurs personnes. »

« Qu’ils s’expriment d’abord. Qu’ils comprennent la portée de leurs actes. »

« Et qu’ils acceptent le futur qu’ils se préparent sans pouvoir l’interrompre. »

Deux voix qui discutaient entre elles. Deux voix qui se rapprochaient inlassablement. Deux voix qui obligèrent les têtes à se tourner vers la direction d’où elles provenaient. Des battements d’ailes aveuglèrent les personnes présentes avant qu’un tremblement ne se fasse sentir, comme si une imposante masse venait de toucher le sol.

L’aigle bicéphale était là. Il était encore plus grand que ce que les histoires disaient de lui. Et il avait bien deux têtes … mais cette allure royale qui émanait de lui montrait bien qu’il était le chef des autres créatures légendaires, celles mortes des mains de Tery et ses compagnons.

« Enfant démoniaque, engeances héroïques … et elle, vous voilà devant moi. »

Chapitre 101 : Horreurs ailées

ShiroiRyu
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Chapitre 101 : Horreurs ailées

« Où est-ce que se trouve cette personne qui doit nous donner l’accès ? »

« Devant la barrière qui bloque l’accès au sixième étage, tout simplement. »

« C’est moi ou par contre, il commence à faire froid ? » dit le jeune homme aux cheveux bruns après les propos de Manelena. Il avait eut l’autorisation de marcher à ses côtés.
Fait assez rare pour être signalé vu le comportement actuel de l’actuelle reine de Shunter. Néanmoins, le reste du voyage se passa tranquillement, surtout qu’il fut court comme ils étaient assez proches de la barrière. Il s’attendait à de grandes portes … mais ce n’était pas le cas … Il devait cligner des yeux car il avait l’impression de voir un mur translucide de couleur violet devant lui. Etait-ce … de la magie ?

« Hum … Plutôt impressionnant. Comment est-ce que vous arrivez à la garder active ? »

« Tout simplement par un flux constant de magie, relayé par plusieurs magiciens qui alternent au bout de quelques heures. Il n’y a pas que cela et quelques sphères permettent de garder toute cette énergie au cas où il y aurait un problème, disséminées un peu partout dans les différents étages mais cela, sauf votre respect, mademoiselle la Reine, ne vous regarde pas. »

Une voix féminine, calme et avec un peu d’élégance, se fit entendre derrière les troupes. Tous se retournèrent comme un seul homme, faisant face à deux imposantes ailes, l’une faite de plumes noires comme celle d’un corbeau, l’autre ressemblant plus à celle d’une chauve-souris tandis que Tery regardait la personne qui se tenait face à eux.

« Hum … J’imagine que vous êtes la responsable de la tour, c’est bien cela ? »

« Moi-même et ma famille, depuis des générations et des générations, en des temps ancestraux. Mais j’imagine que cette partie de l’histoire ne vous intéresse guère. »

« Quel est votre nom ? » demanda Manelena avec un étrange calme, Tery le lui connaissant que trop peu. La femme en face d’eux … Elle devait avoir quoi ? Vingt-cinq ans ? Elle paraissait bien jeune pour être responsable d’un tel endroit.

« Krawnia pour vous servir, reine Manelena … et prince Royan, bien entendu. J’ai reçu votre lettre et j’ai donc dût me dépêcher de revenir dans les plus brefs délais. Ainsi, vous voulez l’autorisation pour accéder aux autres étages de cette tour, n’est-ce pas ? »

« C’est exact … j’ai cru entendre que vous étiez la seule à pouvoir la délivrer, c’est ça ? »

« Je suis la seule apte à arrêter cette barrière et aussi la remettre en place. C’est pourquoi si je vous autorise à monter, je replacerai cette barrière derrière vous, vous devez vous en douter, n’est-ce pas ? Pour éviter … que cela ne s’enfuit. »

« Cela ne s’enfuit ? De quoi donc ? » demanda finalement Tery, les têtes se tournant vers lui. Oups … dans ce genre de cas, il aurait mieux valu se taire, n’est-ce pas ? Mais finalement, la femme aux ailes noires s’avança peu à peu vers lui, se penchant vers lui.

« Des êtres horribles … mais cela est sûrement rien pour vous, Tery Vanian, non ? »

Il déglutit longuement en voyant le sourire de la femme ailée. Un sourire qui semblait en dire bien plus qu’il ne le montrait. Il pouvait finalement la voir de plus près. C’était étrange, elle avait une odeur printanière. Elle devait souvent traîner dans les arbres non ? Mais pourquoi est-ce qu’elle continuait de lui sourire ainsi ? Et puis bon, penchée ainsi, disons que … ça avait quelque chose de gênant. Heureusement, elle n’était pas plus grande que lui car il en avait assez des personnes plus grandes que lui. Par contre, sa chevelure était aussi noire que ses ailes et était longue, très longue … trop longue. En fait, elle lui tombait en bas des cuisses avec il avait cru voir, un petit ruban de couleur blanche au bout.

« Est-ce que cela répond à votre question ? Ou alors, peut-être en avez vous d’autres ? »

« Non, non, c’est bon, c’est parfaitement bon. Merci beaucoup. » dit-il, n’osant plus relever la tête. Ce n’était pas dans ses habitudes d’être autant gêné et confus par quelqu’un. Ce n’était pas du tout une personne comme Clari. Elle n’avait aucune intention mauvaise … mais elle semblait assez malicieuse. Pourquoi cela ?

« Est-ce que vous avez fini de le détailler comme un morceau de viande ? »

« Hum ? Oh … Si tel est ce que l’on pensait, je m’en excuse, messire Tery Vanian. » reprit Krawnia en réponse aux paroles de Manelena, celle-ci émettant un léger grognement.

« Ce n’est pas bien grave. Vous voulez bien nous laisser passer alors ? »

« Bien entendu … mais je dois vous accompagner. Par simple mesure de sécurité, bien entendu, vous devez vous en douter, n’est-ce pas ? »

« Vu que vous refermez cette barrière derrière vous, c’est logique. Nous y allons maintenant. Est-ce que vous allez venir seule ou accompagnée ? » questionna Manelena, ses yeux rubis posés sur le visage de Krawnia.

« Je suis habituée à aller visiter les étages supérieurs en étant seule. Comment voulez-vous vous considérer comme responsable de cette tour si vous êtes incapable de lutter contre ce qui s’y trouve, non ? Si un jour, cette barrière disparaît et que les choses qui habitent dans cette tour arrivent à en sortir, il faut bien quelqu’un pour les stopper, non ? »

« Vous avez fini de parler ? Nous pouvons y aller maintenant ? » demanda une nouvelle fois Manelena, ne détournant pas son regard de Krawnia.

« Je vois que vous n’êtes pas sujette à la discussion. C’est fort dommage car cela occupera les longues heures et journées qui nous attendent. »

Finalement, Manelena décida de ne pas répondre à la nouvelle phrase de Krawnia. Ils perdaient du temps et la femme aux ailes si différentes haussa les épaules, faisant soulever ses plumes noires ainsi que son côté chauve-souris en même temps.
Elle fit un geste de la tête, indiquant à tout le monde de la suivre alors qu’elle prenait maintenant un chemin au beau milieu d’un terrain boisé. Les gardes avaient du mal à la suivre et Tery osa demander après quelques minutes :

« Mais la barrière … nous y étions proches, non ? Pourquoi allons-nous par là ? »

« Pour aller la désactiver. S’il suffisait simplement de se positionner devant, il serait beaucoup trop simple de la passer. Si tu as d’autres questions, mon mignon, tu peux venir marcher à mes côtés. Tu sembles avoir soif de connaissance, n’est-ce pas ? »

« Hein ? Mon mignon ? Comment ça ? Qui ? Moi ? Hein ? » dit-il, un peu étonné par les propos de Drawnia, comme s’il venait de très mal entendre.

« Bien entendu, à qui d’autre pourrais-je m’adresser ? Tu es la seule personne qui me pose des questions, non ? Tu viens alors ? »

Il cligna des yeux, regardant un peu autour de lui. Il ne savait pas trop comment il devait réagir maintenant. Ce n’était pas une proposition tendancieuse mais … le coup du « mon mignon » était assez étonnant … voire trop …

« J’arrive, j’arrive car j’ai beaucoup de questions à vous poser, oui. »

Puis surtout, ça lui fera un peu de sujet de discussion. Il s’avança, se mettant en position, l’aile de plumes noires se plaçant dans son dos comme pour l’inciter à aller un peu plus vite mais visiblement, ils étaient arrivés à destination. Une simple sphère rouge sur un piédestal … Il remarqua qu’elle plaça ses doigts fins dans son décolleté avant d’en retirer ce qui semblait être une clé dorée. Néanmoins, elle plaça la pointe de la clé sur son index, faisant paraître une goutte de sang. La clé devint rouge vermillon avant que la femme ailée ne la plante dans la sphère, la couleur de celle-ci changeant pour devenir complètement blanche.

« Et voilà, c’est fait. Nous devrions nous dépêcher maintenant. »

« Je me demandais : et pendant ces quelques minutes où nous devons retourner auprès de la barrière, si quelqu’un passe ou non ? Ou si une créature des étages supérieures descend ? »

« Oh ? Elle n’ira pas bien loin de toute façon. Mais si tu veux tout savoir, il y avait une sphère toute proche de la barrière. » répondit Krawnia avec un grand sourire amusé.

« Alors, pourquoi est-ce que nous n’avons pas pris cette dernière ? Ca aurait été bien plus simple, non ? Enfin, j’avoue que je ne comprends pas du tout. »

« Cela est plus amusant de te voir poser de multiples questions. Mais si tu veux tout, la barrière n’est pas encore ouverte. Si tout serait aussi simple, nous ne pourrions guère protéger réellement cette tour et les alentours, non ? »

« … … … J’ai l’impression d’être pris pour un idiot. » marmonna Tery après quelques longues secondes réflexion, la femme ailée le regardant avec un nouveau sourire :

« Oh ? N’est-ce donc qu’une impression ? Tu es vraiment très amusant, tu le sais ? »

« Je suis pas sûr de comprendre ce genre d’humour, je dois avouer. » dit une nouvelle fois le jeune homme aux cheveux bruns, les ailes de Krawnia se déployant pour les cacher à la vue des autres pendant que tous et toutes avançaient. Elle chuchota :

« Les démons sont vraiment des êtres amusants. Tu es le premier que je rencontre. »

« Comment … Comment est-ce que vous savez ça ? » demanda t-il, plus que surpris par les propos de cette femme. Elle semblait en connaître bien plus qu’elle n’y paraissait. Pendant un bref instant, il avait l’impression de revoir Clari mais ce n’était pas le bon moment de penser à elle. Un voile passa devant ses yeux, remarqué par Krawnia qui répondit :

« Est-ce que j’ai dit une phrase blessante ? Si c’est le cas, je m’en excuse. Disons que les derniers démons qui ont tenté de devenir dans la tour ont vite compris qu’ils ne faisaient pas le poids. La preuve : ils en sont morts. »

« M … Morts ? Des démons ? Ils existent d’autres démons que moi et Elise ? »

« Bien entendu, vous n’êtes pas les seuls dans ce monde. Mais je ne mentais pas en disant que tu es le premier que je rencontre. Je dirais qu’il en apparaît tous les cinq à dix ans. Ils sont juste majoritairement belliqueux. Je n’étais seulement pas là les autres fois … ou alors, j’étais beaucoup trop jeune. Je n’ai que vingt-quatre ans. »

« J’ai arrêté de compter les journées depuis que je suis parti de mon village. Je crois que je dois avoir vingt-et-un ans … ou vingt-deux. Ce n’est pas comme si j’étais habitué à fête mes anniversaires. Mais ce n’est pas le sujet ! Et ces démons dont vous parliez ? »

« Plus tard, plus tard, mon mignon. Peut-être que nous pourrons avoir un tête à tête quand vous aurez terminé, non ? De toute façon, vous en aurez pour plusieurs jours. »

En tête à tête ? Mon mignon ? Il était très mal à l’aise et déglutit alors qu’ils se retrouvaient à nouveau devant la barrière. Trop occupée à discuter avec quelques soldats pour finaliser l’ouverture, Drawnia ne remarqua pas qu’une main empoignait le jeune homme par le bras, le tirant en arrière pour le faire arriver à hauteur de Manelena.

« Je peux savoir à quoi est-ce que tu t’amuses, Tery Vanian ? Tu as l’air de trouver cela très plaisant, n’est-ce pas ? Qu’une femme te porte un peu d’intérêt à part Elen ? »

« C’est pas du tout ça. J’ai juste discuter avec Drawnia. Elle m’a dit qu’il y avait souvent des démons qui venaient vers cette tour. Enfin, souvent, tous les cinq à dix ans selon elle. Mais bref, tu as compris ? Ca veut dire que je ne suis pas le seul … ni Elise. »

« Tant mieux, tant mieux. Ce n’est pas que cela m’indiffère mais c’est pourtant le cas, Tery. Retourne maintenant auprès des autres et arrête de te rendre encore plus ridicule. »

« Mais je ne suis pas ridicule ! Enfin bon, je vais me mettre à côté d’Elen. »

Il valait mieux ne pas la mettre en colère pour le moment. En fait, il valait mieux ne jamais le faire, surtout qu’elle était très irritée aujourd’hui. A chaque fois, il avait l’impression qu’elle était jalouse mais non, ce n’était pas comme avec Elen.

Elen, c’était de la pure et véritable jalousie, celle qui pouvait être dévastatrice… Ah … D’ailleurs, quand il vint se placer à côté d’elle, la femme aux cheveux blonds resta parfaitement muette, les bras croisés, sans même lui adresser la parole.

Bon … Et les soldats le regardaient étrangement. Il était quoi ? Une bête de foire ? C’est vrai qu’il devait en donner l’impression. Pfiou … Et beaucoup savaient ce qu’il était exactement, n’est-ce pas ? Un être démoniaque. Il ne put pas réfléchir plus longtemps à tout cela, des crépitements se faisant entendre devant lui. Même s’il y avait les soldats, Manelena, Royan et d’autres personnes entre lui et la barrière, il remarqua qu’elle était en train de disparaître, un violent mal de crâne l’envahissant au même moment.

« Proche, il est si proche … Le dernier être à se mettre en travers de notre chemin. Mon fils, tues-le. Tu seras notre sauveur, notre libérateur, notre héros. »

Encore cette voix masculine dont il ne connaissait pas l’origine. Mais il était sûr d’une chose : ce n’était pas celle du père qu’il haïssait depuis presque quinze ans maintenant. Mais cette voix était maintenant si proche, bien plus ancrée dans son crâne. Qu’est-ce que ça voulait dire exactement ? Pfiou … Pfiou … Pfiou … Reprendre son souffle et son calme, voilà comment il devait faire maintenant.

« Ca va mieux, beaucoup mieux. » chuchota le jeune homme, passant une main sur son front pour malheureusement constater qu’il était en sueur.


Elen ne fit aucune remarque bien qu’elle avait vu la douleur paraître sur le visage du jeune homme dès l’instant où la barrière avait disparu. Autant ne pas faire de commentaire car elle était en colère avec ce qu’il avait fait quelques minutes auparavant.

« Attention à vous dorénavant. Ici, si vous ne regardez pas où vous mettez les pieds ou alors vous risquez de très vite les perdre … ainsi que le reste du corps par ailleurs. »

Très rassurant mais si elle disait cela, c’est qu’il y avait une très bonne raison normalement. Le jeune homme aux cheveux bruns s’exécuta, accompagnant les autres soldats tout en avançant lentement, faisant attention à chaque endroit où il mettait les pieds.

Le souci, ce n’était pas vraiment ça … mais l’ambiance lugubre qui émanait de ce nouvel étage. Et surtout, le froid de plus en plus présent. Comme si rien que le fait de se trouver dans ce lieu était une aberration. Il entendit un nouveau crépitement mais Krawnia fit un petit mouvement de la main pour signaler que ce n’était pas bien grave :

« Simplement la barrière qui se remet en position. »

« Par contre, le froid, est-ce normal ? Tout de suite, d’un étage à l’autre, la différence est assez violente. Comment cela se fait ? »

« Tout simplement qu’ici, il n’y a aucune trace de civilisation … et donc de possibilité de réguler les températures. Nous sommes déjà à plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Tu veux jeter un coup d’oeil vers une meurtrière ? »

« Euh non merci, je ne suis pas vraiment intéressé. »

Il aurait encore mieux fait de se taire. Sincèrement, quelle idée que d’avoir ouvert la bouche pour ça ? Il émit un grognement ressemblant plus à une complainte. Non, sincèrement, il n’était pas motivé à aller voir de ce côté. Surtout en vue de ce qu’elle venait de dire.

Pfiou … Mais il comprenait peu à peu où elle voulait en venir. A chaque pas, à chaque minute qui s’écoulait, il avait l’impression de s’enfoncer dans un climat de plus en plus hostile. Déjà, la luminosité était très faible. Aux étages inférieurs, la lumière n’était pourtant pas filtrée et on aurait put croire qu’on était autant à l’intérieur qu’à l’extérieur en fin de compte. Mais ici, c’était à peine si on voyait où on mettait les pies. Etrange … C’était très étrange … et aussi très déplaisant.
Il était juste à côté d’Elen, par mesure de sécurité. Non pas que la jeune femme aux cheveux blonds lui fasse la tête ou non mais seulement, s’il y avait un souci, il pourrait réagir en conséquence. C’est en entendant un piaillement qu’il leva la tête, comme la quasi-majorité des soldats, des ombres se trouvant au-dessus d’eux.

« Visiblement, ils sont arrivés plus tôt que prévu. Peut-être à cause du nombre de soldats qui nous accompagnent aujourd’hui. Je vous conseille de chercher à les tuer rapidement ! »

Krawnia criait quelques phrases, décollant elle-même dans les airs alors que Tery cherchait encore à apercevoir correctement ce qui venait de pousser ces piaillements. De loin, c’était des ombres ailées, de taille humaine et à cette distance, en remarquant Krawnia qui fonçait vers les ombres, il ne voyait pas vraiment la différence avec les autres.

« IIIIIIIIIIIRK ! IIIIIIIIIIIRK ! »

Ah là, ce n’était VRAIMENT pas bon signe ! Il en était maintenant sûr et certain ! Il devait se préparer à se défendre et déjà les cornes apparurent sur le sommet de son crâne. Ce fût à cet instant que tout chamboula. Les ombres s’arrêtèrent dans le ciel obscurci, comme immobilisées par une puissance supérieure. Seule l’une d’entre elles arriva à côté d’une autre, semblant la trancher en deux d’un coup de patte.

« TERY ! PROTEGEZ TERY ET VITE ! » hurla une voix dans le ciel, celle de Drawnia.
Lui ? Le protéger ? C’était quoi cette blague ? Comme s’il avait besoin d’être protégé ! AH ! C’était quoi cette blague hein ? Pourtant, lorsque les ombres recommencèrent à se déplacer, il comprit qu’elles étaient toutes en train de foncer vers lui. Elen se plaça devant lui, son arc blanc entre les mains, criant :

« Mets-toi à couvert, Tery ! Ils t’ont pris pour cible ! »

Lui ? Mais pourquoi ? Ce n’était quand même pas des créatures envoyées par cet aigle bicéphale, non ? Pourtant, en vue de la manière dont elles venaient de réagir, il se posait sincèrement la question mais pour le moment, il devait aussi se préparer à agir et …

« Que les soldats viennent entourer le jeune homme cornu ! »

Le jeune homme cornu ? Il aurait put se sentir offusqué par la façon dont Manelena venait de le décrire mais il était vrai que beaucoup ne le connaissaient pas. Et cela était encore plus évident pour les soldats de Traslord qui eurent la même consigne de la part de Royan. Mais … ça paraissait particulièrement ridicule.

« Je n’ai pas besoin d’aide à ce point ! Je sais quand même me débrouiller ! »

Pourtant, il devait admettre que voir une vingtaine de monstres ailés foncer vers lui, ce n’était pas forcément très rassurant. Plissant les yeux, il regarda au-dessus de lui avant de voir une pluie de flèches s’abattre en direction de ces créatures.
Zu … ZUT ! Il devait aussi réagir ! Tendant les deux mains vers les airs, les lignes d’Alzar firent leurs apparitions le long des bras avant que de son propre côté, de nombreux pieux de terre partirent accompagner les flèches envoyées par les soldats.

Les êtres ailés tombèrent les uns après les autres, mais certains arrivèrent jusqu’à lui, lui permettant de voir brièvement ce qu’ils étaient réellement. Quelques secondes … et il avait remarqué toute la haine que lui portaient ces êtres immondes.
Pourtant, il ne les connaissait pas … mais en même temps, leurs apparences lui rappelaient quelque chose bien qu’il n’arrivait pas à mettre la main dessus. Des cris fusèrent à droite et à gauche, quelques soldats se retrouvent soulevés dans les airs, portés par les griffes de ces horreurs aux ailes de plumes ou comme celles des chauve-souris.

« Ailes … Mais ce sont des Claudiskiens ?! »

Il venait de s’écrier en constatant les cadavres autour d’eux. Quelques soldats furent perturbés, se déconcentrant mais heureusement pour eux, d’autres finirent le travail avant de finalement pouvoir souffler. Manelene accouru au niveau de Tery, lui disant en une traite :

« Comment est-ce que tu vas Tery ? Tu n’es pas blesé ? Ces créatures s’en sont pris à toi ! Qu’est-ce que tu as dit à la fin ? Ce sont des Claudiskiens ?! »

« Calme, Manelena. Calme. Tu vois bien que je vais bien hein ? Je ne suis pas mort ou autre. Tu n’as pas à t’en faire à ce sujet mais oui … j’ai l’impression que ce sont des soldats de Claudiska. On devrait regarder leurs corps. »

Elle n’allait pas s’en priver. Surtout que les soldats de Shunter la regardaient avec appréhension en ayant vu la légère inquiétude sur le visage de la femme aux cheveux argentés, monarque royale maintenant.

« Visiblement, le comité d’accueil était déjà présent. Vous avez de la chance, je n’aurais pas besoin de trop vous expliquer. Mais Tery a mis dans le mille, je n’en attendais pas moins de lui. Il a tout de suite cerné le problème. »

« Et si vous nous donniez des explications tout de suite ? Pourquoi des soldats de Claudiska tentent de s’en prendre à nous ? Et qu’est-ce qu’ils faisaient ici ? »

« Oh ? Mais ils sont là depuis des années, des décennies, des siècles ! » répondit Krawnia de façon trop évasier pour que cela ne soit pas intrigant.

« Où voulez-vous en venir ? » ronchonna Manelena, la femme aux deux ailes différentes la regardant avec amusement avant de dire doucement :

« Tout simplement que vous avez eut affaire à l’ancien peuple de Claudiska. Vous n’êtes qu’au début de ce qui vous attends réellement dans cette tour. »