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Chapitre 100 : Briser la barrière

ShiroiRyu
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Chapitre 100 : Briser la barrière

« Tu as remarqué, Tery ? Il y a des gardes de tous les côtés. »

« C’est exact, Elen. Mais il y a aussi … des fermiers ? Des paysans ? Et on dirait quelques maisonnettes. Il y a des personnes qui vivent ici ? »

« Je n’en sais rien mais j’ai vraiment l’impression qu’on est plus à Claudiska ou Traslord … ni même dans notre monde. »

Elle avait cette impression ? C’est bizarre … car il ressentait la même. Est-ce qu’ils étaient vraiment ailleurs ? Dans un endroit bien plus dangereux ou presque ? Le jeune homme aux cheveux bruns continuait la marche, inlassablement, sans aucune hésitation.

« Tu as remarqué aussi ? Personne ne parle … ils ne font que suivre. »

« C’est exact, Elen. » répéta le jeune homme après quelques secondes. Peut-être était-ce à cause de l’anxiété qui régnait en ces lieux ? Car oui, chaque personne à ses côtés avait de petits tremblements. Peut-être qu’ils étaient dans un lieu interdit en réalité ? Non, c’était absurde. Si cela avait été le cas, les gardes ne les auraient pas laisser passer aini.

« Nous sommes au troisième étage, c’est bien ça, Elen ? »

« D’après ce que nous avons marchés, je crois que oui. Mais bon, rien n’est sûr. Tu te rappelles ce qu’ils disaient ? Que nous serions interdits de monter au bout d’un certain moment. »

« Je ne me rappelle plus s’ils avaient précisé l’étage ou non. »

De toute façon, le meilleur moyen de le savoir, c’était de continuer à monter jusqu’à ce qu’ils soient bloqués par les soldats. Par contre, le silence de mort qui régnait dans cet endroit avait quelque chose d’un peu effrayant et déplaisant. Pourtant, il sentait des regards qui les observaient mais ce n’était pas cela … ces regards n’étaient pas humains. Au loin, il avait aperçu quelques bêtes dont il avait déjà put entrapercevoir les formes durant son long voyage dans ce monde. Mais … il n’avait jamais eut à les affronter. Il n’y avait que peu de chance que cela soit dangereux pour lui néanmoins.

Hum … Il aurait bien aimé pouvoir parler avec Manelena ou les autres mais vu comment Manelena leur avait ordonné de ne pas bouger, il valait mieux la suivre bien gentiment, sans même chercher à la contredire. Pourquoi s’affronter, surtout pour une chose dont ils ne savaient strictement rien pour le moment hein.

Quatrième étage, c’était bien ça ? Le décor avait radicalement changé. Ils étaient maintenant entourés par de nombreux lacs miniatures et artificiels. L’eau n’avait aucune origine externe tandis que différents poissons et animaux se trouvaient dans les alentours et à l’intérieur.

« C’est vraiment un bel endroit … mais c’est tellement … gigantesque. »

« Tu imagines si nous n’avions pas le reste du groupe, Tery ? Je crois que cela serait fichu pour nous, heureusement que ce n’est pas le cas. Mais bon, arrêtons de nous poser des questions, Tery. Nous avons … je ne sais combien d’étages encore à monter. »

« Peut-être qu’il y en a pas ? Qu’il y en a une infinité et donc que cette tour est sans fin ? »

« Ne raconte donc pas de bêtises, Tery, c’est tout simplement impossible. Enfin, je dis ça, mais rien n’est sûr … mais tu penses vraiment ça ? »

« Pourquoi pas ? On en sait strictement rien non ? Peut-être que c’est le cas. »

« Ca me paraît quand même assez étrange, tu ne crois pas ? »

Des questions, des questions, toujours des questions. Mais voilà qu’au bout d’une bonne demie-heure de marche, ils finissent par monter jusqu’au cinquième étage. Cinq étages et aucun moment de repos, c’est bien ça ? Manelena et Royan ont décidé de les user jusqu’à la moelle ? Car cela fait bien deux heures qu’ils marchent sans même pouvoir souffler. C’était horrible, vraiment horrible. Aucune considération pour leurs pieds ! Mais voilà, aucune personne ne venait se plaindre. Les soldats de Traslord étaient vraiment très obéissants et respectueux. Ils ne parlaient pas voire à peine et continuaient de regarder droit devant eux. Un peu comme une armée de golems. La comparaison fit sourire Tery, celui-ci se cachant la bouche pour éviter de le montrer.

« Tu as l’air de bon humeur, Tery. Ca se voit dans ton regard. »

« Oh, je pensais à quelque chose de vraiment stupide, Elen. Ne t’en fait pas, rien de bien méchant. Mais … c’est ça ou alors, j’imagine les ampoules que j’ai sur le pied. »

« Roh … Ce n’est pas comme si c’était la première fois que l’on marche autant, Tery hein ? »

Elle avait parfaitement raison mais voilà, ce n’était pas une raison pour faire subir ça à tout le monde. A croire qu’ils partaient en guerre contre la tour. Car oui, avec sûrement une centaine de soldats au total en additionnant les deux troupes, ce n’était pas comme si c’était qu’un simple déplacement. C’était surtout ça qui le dérangeait au final.
« Nous voilà arrivés au dernier étage autorisé pour tout le monde dans la tour. Vous pouvez vous installer ici. » déclara le gradé chargé de faire visiter la tour.

Ah ! Au final, il entendit plusieurs soupirs de soulagement de la part des soldats. Il y mêla le sien, Elen rigolant légèrement avant de se positionner à côté de lui. Enfin, Elise s’approcha d’eux, légèrement gênée et embêtée comme si une chose la dérangeait.

« Tery ? Elen ? Je voudrais m’excuser pour ce qui s’est passé. Le prince ne voulait pas que je quitte ses côtés pendant toute la marche. »

« Et où est le souci, Elise ? Ce n’est pas comme si c’était la première fois que ça arrivait. Par contre, oui, tu peux t’excuser de sa part pour la marche. J’avais vraiment l’impression que l’on n’allait jamais s’arrêter, je dois t’avouer. »

Encore une fois, la jeune demoiselle aux cheveux auburn fut confuse, passant une main dans sa chevelure tout en baissant les yeux. Bien entendu, c’était parfaitement compréhensible de leur part de dire ça. Elle-même avait été un peu usée par cette marche mais le prince Royan comme la reine Manelena avaient à peine pris la parole durant cette visite.

« Pfiou, au moins, on peut souffler, on ne va pas s’en plaindre. Comment Sérest, Séran, Royan et Manelena vont, Elise ? Tu le sais ? »

« Je n’ai pas encore vu Sérest et Séran, malheureusement. Mais pour le prince Royan et la reine Seiry, c’est plus facile. Ils se sont montrés discrets. Ils parlent à peine. »

« Oh ? Rien que ça … enfin, ça ne change pas de d’habitude. Royan a toujours été tranquille, trop tranquille, un peu comme le représentant de l’eau qu’il est. »

Plusieurs têtes se tournaient vers Tery et Elise. Des têtes appartenant aux soldats de Traslord. Qui était cet homme qui parlait aussi familièrement du dernier membre royal encore en vie ? Voyant les regards posés sur lui, il déglutit avant de chuchoter :

« C’est quoi leur problème ? J’ai dit une bêtise, c’est bien ça ? »

« Je ne pense pas. Simplement le fait que vous appelez le prince Royan sans son titre. Vous avez les soldats non-loin de là. Imaginez la tête des soldats de Shunter quand vous parlez de la reine Manelena sans son titre. »

« C’est vrai … mais bon, en même temps, je les connais depuis si longtemps. »

« Oui mais pour beaucoup, vous restez de parfaits inconnus, c’est pourquoi ils vous regardent d’un air effaré et avec de grands yeux, il faut les comprendre hein ? »

« Oh oui, oui, bien entendu que je les comprends, je les comprends parfaitement hein ? Je disais juste que ce n’était pas la première fois que je les appelais ainsi et qu’il n’y avait pas vraiment à s’en faire. Je ne leur manquerai pas de respect. Royan reste quand même un adolescent qui a une sacrée volonté et un mental d’acier pour avoir voyagé autant avec nous malgré son jeune âge, ça, il ne faut pas l’oublier. »

« Surtout quand il fût prêt à partir alors que ses deux frères furent assassinés … » chuchota Elen. C’était le genre de souvenirs dont elle aimerait tirer un trait dessus définitivement … mais c’était un souvenir lié à l’Oracle, cet homme qui avait bafoué son existence … depuis le début. Dans le fond, qui pouvait être sûr qu’elle était réellement orpheline ? Maintenant, cette idée lui trottait en tête alors qu’elle regardait devant elle.

« Peut-être devriez-vous aller parler la reine Manelena et le prince Royan, non ? »

« Je ne crois pas que ça soit une bonne idée, Elise. Le mieux sera qu’ils viennent nous voir … même si visiblement, on risque de faire une longue pause, c’est ça ? »

« Nous sommes arrivés au cinquième étage. C’est le maximum autorisé normalement. Je pense que nos monarques vont tout faire pour avoir accès aux étages supérieurs. »

« Mais pourquoi est-ce qu’ils sont fermés ? Qu’est-ce que ça veut dire ? » questionna le jeune homme aux cheveux bruns, Elen lui répondant en haussant les épaules. Elise, quant à elle, n’en savait pas vraiment plus de son côté.

« Peut-être faudrait-il interroger directement les responsables, tu ne crois pas ? »

« Sûrement, Elen, mais je ne pense pas qu’ils nous répondront avec plus de détails. »

Alors, il n’y avait plus qu’une solution. Il devait se lever … et se diriger vers Manelena. C’est ce qu’il fit, marchant lentement en direction de la femme aux cheveux argentés. Elle était avec Royan et une autre personne, un homme d’une quarantaine d’années. Des ailes dans le dos comme celles d’une chauve-souris, il semblait gêné, disant :

« Je suis désolé mais elle est momentanément indisponible. »

« Nous n’avons pas de temps à perdre avec cela. Je vous laisse jusqu’à demain pour aller la chercher pendant que nous nous installons pour la nuit. »

s

« Oui … oui, bien entendu, reine Manelena. Nous comprenons votre désarroi mais nous ne pouvons pas aller aussi vite que vous le désirez, vous nous voyez confus. »

Elle cligna des yeux, fronçant les sourcils. Ils pensaient vraiment pouvoir lui refuser une telle chose ? Remarquant Tery qui s’avançait au loin, elle marmonna :

« Dépéchez-vous, c’est tout. Je ne veux plus entendre d’excuse à ce sujet. »

« Manelena, ce n’est pas vraiment ainsi que l’on demande un service, tu t’en doutes ? »

« Royan, si on ne les force pas un peu, ils ne vont pas vraiment faire d’effort non plus. C’est pourquoi il faut avoir un peu de poigne … mais tu n’as pas le caractère pour. »

« Je n’en doute pas un seul instant. Après, je ne fais rien pour tenter de le posséder, nous sommes tous les deux d’accord, n’est-ce pas ? »

« C’est exact. C’est pourquoi je ne… grumpf. Oui, Tery ? Qu’est-ce qui se passe encore ? Tu as peur de dormir dans un lieu inconnu ? »

« Euh pas vraiment, Mane … Enfin reine Manelena. Simplement, je venais prendre de vos nouvelles ainsi que du prince Royan. »

« Je ne sais pas ce qui me désespère le plus : le fait que tu me vouvoies et me gratifie d’un titre comme il est normal, le fait que tu aies écouté ce que je t’ai dit à ce sujet ou simplement le fait que ça m’enrage de t’entendre me parler de la sorte. »

« Hey ! Je ne suis pas responsable de tout ça, Manelena, je tiens à prévenir ! »

« Bien entendu, bien entendu. Bref, nous allons bien. Simplement, comme il fallait s’en douter, l’accès aux étages supérieurs n’est pas possible tant que nous ne verrons pas la responsable de cette tour, qui, malheureusement, n’est pas disponible à l’heure actuelle. Résultat : vous avez gagné une nuit de repos. »

« D’accord … mais j’ai simplement une question : pourquoi est-ce que les étages supérieurs sont interdits d’accès ? Est-ce que l’on en connaît la raison, Manelena ? C’est juste pour savoir, rien de plus et … zut ! Reine Manelena ! Enfin, c’est surtout que je ne connais aucun détail sur cette tour à part ce que Sérest et Royan m’ont raconté donc bon, si je peux en savoir plus. »

« Hum ? Tout simplement que les créatures vivants au-dessus sont parmi les plus dangereuses qui existent. Il y a même quelques espèces qui normalement ont disparu de la surface de ce monde depuis des décennies voire des siècles, rien de plus, Tery. Tu t’attendais à quoi ? »

Manelena le regardait avec un peu de surprise. Qu’est-ce qu’il s’était encore imaginé par rapport à tout ça ? Ah … vraiment … vraiment … vraiment. Elle plaça sa main sur le crâne de Tery, comme elle le ferait à un enfant avant de reprendre :

« C’est pourquoi cet accès n’est pas autorisé à n’importe qui. Uniquement aux personnes assez puissantes, bien équipées mais aussi qui promettent de ne pas bouleversifier l’écosystème de l’étage en dévastant tout sur leur passage. »

« Ce n’est pas notre cas, n’est-ce pas ? »

« Pas le moins du monde, qu’est-ce que tu t’imagines ? Nous sommes là pour une unique raison : le sommet de cette tour, rien d’autre. Je n’ai pas de temps à perdre avec quelques monstres, animaux ou autres créatures bizarres qui rôdent entre nous et le sommet. »

Bien entendu, bien entendu. Par contre, est-ce qu’elle pouvait retirer sa main du sommet de son crâne ? Surtout qu’elle le caressait et qu’il voyait Royan comme les soldats de Shunter et Traslord qui les regardaient. Elle ne semblait pas s’en être rendue compte, continuant le mouvement pendant quelques secondes avant de remarquer que Tery ne parlait plus.

« Bon, maintenant, tu peux retourner auprès des autres, Tery Vanian. Ne viens plus nous déranger, Royan et moi, compris ? Nous avons des choses plus importantes à faire. »

« D’accord, d’accord. Le message est très bien passé de ce côté, c’est bon. »

« Et évite d’aller bouder car je viens de te dire cela, compris ? » répéta aussitôt la femme aux cheveux argentés, Tery marmonnant dans sa barbe.
C’était bien beau d’être reine mais c’était pas une raison pour se comporter de la sorte. A croire que la scène dans le château ne valait plus rien au final. Mais bon … Si c’était ainsi … autant ne rien dire et ne rien faire. Il n’avait même pas la force de vouloir se disputer pour des actes aussi futiles et inutiles que ça.

Il retourna auprès d’Elen, celle-ci étant toute aussi mécontente que lui. Et pour quelle raison ? A cause du geste de Manelena ? Car dans le fond, ça ne représentait rien du tout. Le jeune homme aux cheveux bruns tenta de faire un sourire, disant :

« Elle m’a tout simplement évincé de son champ de vision. Nous sommes bons pour patienter encore une journée, malheureusement. »

« Malheureusement hein ? C’est dommage, tu vas pouvoir profiter de sa vision une journée de plus. Sa vision royale, Tery. Quelle déception. »

« Déception, déception, n’abusons pas non plus. Je reste content de la revoir. »

« Ca se voit si facilement sur ton visage, tu ne t’en caches même pas, tsss. »

« Tu ne vas quand même pas faire une scène de jalousie devant les soldats, non ? »

« Je la ferais si j’estime qu’elle est nécessaire, Tery. Mais pour le moment, tu as de la chance, je ne le ferais pas encore … pour l’instant. »

C’était dans ces moments là qu’il se devait être rassuré, c’est bien ça ? Il cligna des yeux avant de les frotter. Bon, avec toute cette marche forcée de plusieurs heures, il était assez fatigué. Il fallait juste ne pas le dire à voix haute car Manelena serait encore capable de venir dire qu’il ne faisait que se plaindre. Il n’avait pas besoin de ça !

« Est-ce que tu m’autorises à dormir dans ta tente ou non, Elen ? »

« Et après, tu te plains que c’est moi qui fait une scène devant les autres ? Tu t’écoutes un peu, Tery ? J’ai bien envie de dire que non mais ça reviendrait à ne pas avoir d’oreiller assez chaud pour dormir ce soir … donc on va éviter. Surtout que plus on monte, plus on va avoir froid. Alors, je préfère que tu viennes dormir avec moi, ça te convient ? »

« Je pense que ça me convient parfaitement. »

Il avait dit cela avec un petit sourire en réponse aux propos d’Elen. Autant enterrer la hache de guerre avant même qu’elle ne soit déterrée par une parole mal placée. Il regarda droit devant lui. Heureusement, les soldats ne se préoccupaient pas de leurs petites personnes. Tant mieux, il n’avait pas envie de se compliquer la vie.

Il se gratta la nuque, un peu embêté par quelque chose qu’il n’arrivait pas à expliquer néanmoins. Il ne le remarquait que maintenant, vu qu’ils avaient arrêté de marcher mais … un malaise l’envahissait de plus en plus. Etait-ce à cause de la tour ? Le fait qu’il soit encore en sueur malgré l’arrêt de la marche n’échappa pas à Elen, la jeune femme se rapprochant de lui avec de quoi boire.

« Je ne vais pas croire que tu sois aussi exténué pour être dans cet état. Tu as … »

« Je suis … je suis sûr et certain qu’il est là maintenant. »

« Simplement parce que tu as de la fièvre, vraiment, tu penses que c’est aussi simple ? »

« C’est le cas, Elen. Et les premières fois, ça ne m’a pas trompé, tu ne crois pas ? »

« C’est vrai, tu as parfaitement raison, Tery. Mais bon, ça ne veut pas dire que parce que tu as eut raison les autres fois, tu auras forcément raison cette fois encore. »

« Oui bien entendu … mais tu pourrais être plus sympathique, tu ne crois pas ? Du moins, plutôt dire quelque chose pour me rassurer ? Confirmer mes propos ? «

« Je peux toujours te supporter, Tery. Mais bon … Aujourd’hui, j’en ait pas la motivation. »

Ah oui, comme ça, elle était franche et directe. Le geste de Manelena passait très difficilement aux yeux de la jeune femme aux cheveux blonds. Ah … Bon … Il valait mieux aller se coucher quand cela sera possible et ne pas chercher les ennuis. Vivement demain !

Heureusement, la nuit se passa bien plus calmement que la soirée, Elen se montrant câline et tendre contrairement à son comportement de ces dernières heures. Elle s’était endormie sur lui, calfeutrée contre son corps comme pour se faire pardonner.
Il n’avait pas été mauvais, acceptant pleinement de l’avoir auprès de lui. Les mains posées sur son dos, la nuit s’était alors très bien déroulée, sans aucun problème. Zéro problème … Ah … Vraiment … Hum … Il caressa la chevelure d’Elen, finissant par la réveiller.

« Belle aux cheveux dorées, si vous voulez bien vous réveiller. »

« Pour me tenir dans vos bras, il me faudra un baiser délicat. »

Rah ! Elle n’allait pas se mettre à faire des rimes, n’est-ce pas ? Néanmoins, il accepta la proposition de la jeune demoiselle, venant déposer un baiser sur ses lèvres avec une certaine tendresse. Il se releva ensuite mais Elen vint s’appuyer contre lui.

« On reste quelques minutes en plus, que ça plaise ou non, d’accord ? »

« Qui a dit que cela me déplaisait, Elen ? Visiblement, ce n’est pas moi. Restons ainsi, du moins, jusqu’à ce que l’on nous force à sortir de là. »

« Ça ne saurait tarder de toute façon, je les entends autour de nous. »

« On ne peut pas avoir un peu de vie privé, désolé, petite Elen. Tu me pardonnes ? »

Hum … Elle n’en était pas vraiment sûre. Ses jambes agrippèrent celles de Tery, le forçant à se remettre couché dans la tente alors qu’elle se plaquait poitrine contre torse. Non, non, interdiction de le pardonner ou alors … à sa manière. Hier était déjà un autre jour et visiblement la jeune femme avait oublié sa petite colère.

« Tant que l’on ne fait pas de bruit, je pense que l’on peut s’adonner à une séance de sauvetage, non, Tery ? Nous allons dans un territoire inconnu. Un peu de bouche-à-bouche me semble nécessaire, surtout en vue des lacs artificiels du troisième étage. »

Raison ! Elle avait parfaitement raison ! Il tenta d’ouvrir sa bouche mais la jeune femme aux cheveux blonds avait réussi à la sceller en y collant la sienne pour un long baiser langoureux. Puis une voix féminine, hors de la tente, cria :

« Debout Tery Vanian ! Pareil pour toi, Elen ! On a eut les autorisations ! Les barrières vont être levées ! Mais nous ne serons pas seuls ! »

« Grrr … Manelena, encore une fois … toujours elle … encore elle … »

Finalement, Elen s’extirpa des bras du jeune homme avec un grand mécontentement avant de se remettre à peu près correctement. Elle quitta la tente en première, regardant Manelena en fronçant les sourcils. Reine ou non, elle ne lui permettait pas cela ! Tery sortit quelques instants plus tard Il regarda la femme aux cheveux argentés, haussant les épaules pour dire :

« Bon … Et bien … Voyons ce qui nous attends plus haut ? »

Chapitre 99 : En bas de la tour

ShiroiRyu
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Chapitre 99 : En bas de la tour

« Hum … Oui, bien entendu. »

Il avait finit par hocher la tête après la discussion avec Sérest. Cela datait d’hier mais il avait encore ses paroles en tête et il se répondait à lui-même. C’est exact … vraiment exact. Elen était … vraiment très possessive et pouvait devenir dangereuse. Ce n’était pas comme s’il ne l’avait pas remarqué auparavant hein ?

Mais juste … Il aimait la jeune femme aux cheveux blonds et il le lui avait encore montré hier. Bon, d’une manière un peu charnelle mais c’était la meilleure façon qu’il avait de lui prouver son amour. Et après cela ? Elle avait retrouvé ses yeux bleus, la couleur rouge ayant disparu pour sa caractéristique vaironne.

« Tery ? Que se passes t-il ? Tu sembles songeur ? »

« Oh ? Elen ? Rien, je pensais à ce qui allait nous attendre. Et surtout, je pense à éviter de me sentir mal alors que nous sommes en bateau. »

« Je te rappelle si tu veux que pour le mal de bateau, tu peux boire un peu d’eau salée. »

Oui, oui, il s’en rappelait parfaitement hein ? Mais bon, ce n’était pas … bien important. Elen était redevenue comme auparavant. Il avait l’impression qu’elle aussi avait un petit côté démone qui pouvait l’envahir d’un instant à l’autre. Par contre, il n’avait pas put prendre le même bateau que Manelena, chose logique vu qu’elle avait des soldats avec elle mais pas uniquement. Il en était de même pour Royan, Elise l’ayant accompagné. Il n’y avait bien que Sérest et Séran qui eux aussi, regardaient la mer au loin.

« Ils ont l’air si paisibles et heureux … j’aimerai finir comme eux un jour. »

« Euh, comment ça ? Être considérés comme des héros et tout le reste ? »

« Pas du tout, espèce d’idiot, tu sais parfaitement de quoi je veux parler, n’est-ce pas ? »

« Hum, j’ai une petite idée. Mais oui, c’est vrai que les voir toujours soudés, malgré tout ce qui se passe, ça a quelque chose de très réconfortant. »

« Et chaleureux. Ils montrent que malgré leurs différences, ils s’aiment. Ils montrent que malgré les dangers, ils s’aimeront toujours. Malgré l’adversité … »

« Je sais parfaitement que je ne serais jamais aussi bien que Séran à ce sujet, désolé, Elen. »

« Je n’ai jamais dit ça, Tery ! C’est juste que … je pense qu’ils ont l’expérience que nous n’avons pas. Ca ne te dirait pas d’être comme eux dans quelques années ? »

« Je ne sais pas, je n’y ait pas réfléchit. Après, je ne suis même pas sûr que nous serons encore vivant quand ça arrivera, Elen. Je ne veux pas être pessimiste mais vu notre avenir et ce que nous avons déjà vécu, nous aussi avons une certaine expérience, n’est-ce pas ? »

« Ce n’est pas très rassurant ce que tu dis, tu t’en rends compte ? »

« Je m’en rends parfaitement compte, désolé … mais je préfère être sincère quand je te parle, du moins, pour le moment. Enfin … tu vois ce que je veux dire, n’est-ce pas ? »

« Je vois, je vois … même si ça continue de ne pas être rassurant, tu t’en rends compte ? »

Il hocha la tête positivement pour se taire. Hum … Comme Sérest et Séran. Un bref coup d’oeil sur eux et il savait de quoi parlait Elen. La femme ailée avait la tête posée conte le torse de Séran, celui-ci ayant le regard tourné vers la mer. C’est sûr que contrairement à lui qui était plus que chétif, Séran en imposait.

« Bon, puisqu’il faut le faire, je ne vais pas hésiter alors. »

Plaçant une main sur l’épaule d’Elen, il l’incita à venir se calfeutrer debout contre lui. Ce n’était pas beaucoup mieux, n’est-ce pas ? Il n’arrivait pas à faire comme Séran. Pourtant, en baissant les yeux, il voyait ceux d’Elen qui étaient fermés. Il chuchotait :

« Est-ce que … c’est vraiment si convenable que ça, Elen ? »

« Plus que tout, Tery. Plus que tout … à mes yeux. Ca me convient parfaitement. Maintenant, il faut juste que tu évites de bouger, compris ? »

« Je vais essayer de t’écouter, Elen. Tu me dis s’il y a un problème, d’accord ? »

« Pour l’instant, je n’ai rien à te reprocher donc tu continues comme ça et ça sera … suffisant. Oui, pleinement suffisant … ah … »

Elle poussa un long soupir apaisé. Si c’était ainsi, le voyage se passerait plus calmement. Mais bon, comme souvent avec eux, il y avait toujours un coin où tout ça clochait. Le souci, c’était de savoir où et quand cela allait arriver.

Plus les heures s’écoulèrent, plus il était possible de voir l’imposante tour qui se rapprochait inexorablement d’eux. Vraiment … gigantesque. Peut-être était-ce parce qu’ils allaient réellement vers cet endroit mais cette taille était monumentale. Même s’ils en avaient pour encore plusieurs heures, il avait l’impression que le diamètre de la tour devait au moins faire la taille d’un petit village. Tery se tourna vers Sérest, lui demandant :

« Ca a été vraiment construit par les citoyens de Claudiska et Traslord ? »

« Pas seulement, pas seulement, il y a aussi beaucoup de magie à l’oeuvre. »

« Beaucoup de magie ? Comment ça ? A quel point ? »

« Au point que cela a coûté la vie à bon nombre de magiciens pour cela. Mais bon, on parle d’une époque reculée, que nul ne connaît voire même qui n’est inscrite que dans quelques rares livres, c’est bien pou cela qu’on en parle que peu. »

« Comment est-ce que tu es au courant alors, Sérest ? »

« Un peu de sérieux, Tery. Chaque femme a ses petits secrets. »

« Et même moi, je ne les connais pas tous, loin de là, Tery. » déclara Séran avant de pousser un petit rire amusé.

« C’est donc ça le secret de la réussite ? Avoir quelques petites choses bien personnelles que même l’être aimé ne connaît pas, c’est ça ? »

« A peu de choses près, c’est exactement ça, Tery. Mais bon, ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas faire d’efforts pour ne pas plaire à autrui, hein ? »

Oui, bien entendu. Ce n’était pas ce qu’il avait prétendu non plus. Il regardait Elen qui n’avait pas bougé de sa position. Il commençait à avoir une petite crampe mais il n’était pas certain qu’elle s’en rende compte. Ah … Mais il était bien.

Il se demandait juste comment les autres allaient. Surtout qu’au final, c’était bien une journée ou deux en bateau qui allait se dérouler pour leur permettre d’arriver non-loin de cette tour. D’ailleurs, il ne savait même pas si elle avait un nom en particulier ou non. Il posa la question à Sérest, celle-ci lui disant calmement :

« La tour Pircey, en rapport avec le mot percée … puisque tu peux t’en douter, cela est en relation avec le fait qu’elle semble traverser les cieux, ce qui n’est pas totalement faux d’ailleurs. Tu as d’autres questions ? »

« Oui … elle me semble aussi, assez imposante. Pas seulement grande. »

« Chaque étage de la tour doit bien faire la taille d’un village mais il n’y a pas que cela, loin de là. Chaque étage a aussi ses propres caractéristiques et écosystèmes. »

« Tu donnes l’impression … comme si tu y avais déjà été. C’est le cas ? »

« Oh, tu sais, les cinq premiers étages sont accessibles à tout le monde. Et même à cette hauteur, tu pourras remarquer comme le monde est si petit et infime. »

« Je n’ai jamais vérifié si j’avais peur du vide ou non. » marmonna le jeune homme.

« Ca sera l’occasion de vérifier, Tery. » dit aussitôt Elen avant de rigoler bien qu’elle ne bougeait pas de sa position. Ah oui, au final, elle ne dormait pas, n’est-ce pas ? Il avait pensé que ça serait peut-être le cas mais … non.

« Merci de bien vouloir me rassurer avec des paroles aussi douces que ça, Elen. Grâce à toi, maintenant, je sais que ça ne sera pas une partie de plaisir. »

« Le plus important est de ne pas regarder à travers les trous dans les murs de la tour, Tery. Il y a aussi quelques endroits où se trouvent des meurtrières. Tu pourras toujours y jeter un œil si tu le désires. »

« C’est bon, Sérest. Ne te met pas avec Elen pour me faire peur, le message est très bien compris, oui. » dit le jeune homme en faisant un geste négatif de la main.

« Oh ? J’aurais fait cela, moi ? Je ne suis pas ainsi, voyons, Tery. C’est mesquin de ta part. »

« Oh ça, tu me permets d’en douter, Sérest ? »

« Je te le permets et je te l’autorise, Tery. Il le faut bien, non ? Pour faire un monde. »

« Tsss … enfin bon, merci pour tes réponses. Comme quoi, je vais juste devoir patienter et rien de plus. Enfin bon … »


Il verrait sur le moment s’il avait une nouvelle phobie ou non. Mais même ceux qui n’avaient pas peur du vide, ils devaient ressentir une certaine émotion en regardant non ? Après, tout n’était pas si différent que ça non plus par rapport à un voyage en bateau volant qui emmenait vers Claudiska, du moins, il s’imaginait tout cela ainsi. Le mieux sera de voir sur le moment, même seulement pour les cinq premiers étages.

Le temps s’écoula et nul souci n’arriva sur les flots et à l’horizon. Lorsqu’ils posèrent le pied au sol, Tery était presque sur le point de se mettre à genoux, appréciant de retrouver la terre ferme. Elen émit un petit rire, les autres bateaux arrivant peu après eux.

« Le voyage s’est déroulé sans encombre de votre côté, Sérest ? » questionna le prince en se plaçant devant eux, les gardes l’accompagnant sans un mot.

« Non non, on a juste terrorisé Tery qui va peut-être se trouver une nouvelle phobie : celle du vide. Nous espérons qu’il va passer un agréable moment là-bas. »

« Oh ? Tery ? Je ne te connaissais pas cette peur. Elle est donc récente. »

« Hein ? Mais on ne sait même pas si j’ai peur ! Ne racontez pas n’importe quoi, Sérest, Elen ! Oui, Elen, toi aussi, même si tu n’as rien dit pour le moment. »

« Hein mais mais mais … c’est bien beau de m’accuser de quelque chose que je n’ai pas encore fait ! Je note que la confiance règne, n’est-ce pas ? »

« La confiance régnera toujours entre deux personnes … mais cela ne s’exprime pas par des mots, loin de là. » déclara Manelena, elle aussi accompagnée par toute sa troupe de soldats. Elle se rapprocha de Tery, se plaçant en face de lui avant de dire : « Tery, par rapport à cela, tu es prié de ne pas trop t’éloigner de nous et de ne pas causer plus de troubles que cela dans la tour. Est-ce que le message est bien passé, Tery ? »

« Oui, oui, arrêtes donc de me parler comme si j’étais qu’un enfant, ça serait franchement pas mal de ta part, tu ne crois pas ? »

« Et de me parler comme si j’étais ton amie, tu te retrouves face à la reine, je te signales. »

« Car tu es mon amie, c’est différent, Manelena. Attention à ne pas confondre tout cela, tu ne crois pas ? Mais cela dépend uniquement de toi. »

« Mais comment est-ce que tu t’adresses à moi, toi ? Hum, visiblement, une petite leçon de vie s’impose, tu ne crois pas, Tery Vanian ? »

« Peut-être que oui, peut-être que non, je n’en sais trop rien, Manelena, ma reine. »

Il n’arrivait guère à comprendre réellement pourquoi il n’avait aucune difficulté à lui parler ainsi. La femme aux cheveux argentés pencha la tête sur le côté, comme pour mieux étudier le jeune homme avant de pousser un profond soupir.

« Je ne perdrais pas mon temps en palabre avec toi, Tery. Allons voir donc les responsables de cette tour, plus vite cela sera résolu, mieux c’est. »

Elle accéléra le pas, passant à côté du groupe qui se mit à marcher à sa suite, les soldats de Shunter non-loin derrière eux. Le prince avec Elise, quant à eux, avait déjà pris un peu d’avance, comme pour aller discuter de suite pour la tour.
Cela leur permettrait alors de faciliter l’autorisation pour monter aux étages supérieurs de la tour. Le jeune homme aux cheveux bruns prit une profonde respiration tout en levant la tête vers le ciel. Immense, vraiment immense, tellement immense. La bouche grande ouverte, il s’était immobilisé, Elen lui tapotant le dos :

« Et bien, Tery ? Qu’est-ce que tu fais ? »

« J’ai … enfin, je suis anxieux. J’ai vraiment l’impression que l’on va trouver ce que l’on recherche ici. Je suis sûr qu’il se trouve tout en haut. »

« De toute façon, ce n’est pas comme si nous avions beaucoup d’autres possibilités. Et tu es capable de les ressentir, Tery. J’imagine que tu as raison, à mes yeux. On va vite retrouver Sérest et Séran, hein ? » dit-elle, saisissant la main de Tery pour le tirer derrière elle.

« Si c’était le cas, tu ne serais pas aussi enjouée. Tu vas juste en profiter pour me traîner un peu partout, n’est-ce pas ? »

« Ca se voit si facilement sur mon visage, hahaha ? Et oui, Tery Vanian ! »

Et surtout, ils ne semblaient même pas se diriger vers le chemin pris par Sérest et Séran, selon les dires d’Elen. C’était plutôt … en direction de la tour directement ? Manelena et Royan étaient obligés de prendre des détours avec leurs armées, c’était pour cela qu’Elen voulait prendre de l’avance par rapport à eux.

« Et voilà … nous y sommes, Tery, regarde comme elles sont grandes ! »

Grandes ? C’était un euphémisme lorsqu’il vit l’importante double porte en face d’eux. Et aussi les nombreux gardes qui étaient postés devant elle. Pfiou, le couple s’approcha de la double porte, celle-ci étant ouverte. Les gardes les arrêtèrent, l’un d’entre eux demandant :

« Raison de votre visite ? »

« Euh … visiter la tour ? » dit le jeune homme avec un peu de surprise en clignant des yeux, le garde faisant de même tout en disant :

« Uniquement cela ? Et rien d’autre ? Nul achat ? »

« Je ne savais même pas qu’il y avait des choses à acheter à l’intérieur. C’est la première fois. »

« Hum … Vous semblez sincère, peut-être un peu trop … »

« Je dirais plutôt naïf de mon côté, sauf votre respect, hein ? Bref, vous pouvez rentrer. Par contre, vous n’êtes autorisés qu’à aller jusqu’au cinquième étage de la tour. Vous comprendrez sur le moment, pas besoin de poser des questions. »

« D’a… d’accord, bien entendu. » dit le jeune homme avant de se mettre à avancer, prêt à y aller avant d’entendre une voix les arrêter.

« Hey ! Tery Vanian ! Elen ! Je peux savoir ce que vous foutez tous les deux ? »

« Et zut, ils ont été plus rapides que prévu. » marmonna Elen avec mécontentement alors que le couple se retournait pour faire face aux deux armées.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? » s’exclama un soldat, l’autre lui donnant un coup de coude discret avant de lui chuchoter :

« Je te rappelle que nous avions reçu des ordres y a quelques jours à ce sujet. Y a le prince de Traslord lui-même qui se déplace, avec la nouvelle reine de Shunter. »

« Ah ouais ! Ils en parlaient … mais c’est venu plus rapidement que prévu. Et les deux personnes qui tentaient de passer, elles sont avec eux ? »

« Visiblement, oui … mais je suis pas sûr. Qu’est-ce qu’on fait ? On les laisse passer ? »

« On va plutôt leur bloquer le chemin en attendant que le supérieur se ramène. Y a tout le monde qui regarde par ici. Je ne veux pas de problème, moi. »

Les deux soldats continuaient de parler entre eux, Tery mettant une main devant sa bouche pour bailler avant de retourner auprès de Manelena. Elen s’avança mollement en direction de l’actuelle reine de Shunter, ses yeux bleus se plissant à sa hauteur.

« Nous ne devons pas nous séparer, c’est pourtant très simple à comprendre, non, »

« Tu sais bien que même les choses simples, j’ai du mal à les saisir … enfin, vous savez cela, n’est-ce pas, reine Manelean ? »

« Je le sais parfaitement … mais j’osais espérer qu’avec l’âge, tu arriverais à comprendre des principes aussi aisés que ça. Visiblement, je me trompes encore lourdement à ton sujet, Tery Vanian. Bon, ce n’est pas grave. Royan ? »

« Oui, nous pouvons aller nous présenter. De toute façon, plus de temps nous perdrons ici, plus nous attirerons l’attention, chose que nul ne désire, n’est-ce pas ? »

« Alors faisons-le plutôt que de me préoccuper de cet idiot et de la femme qui l’accompagne. Tery, vas avec les autres. Et evitez de vous disperser, compris ? »

« Oui, madame ! » s’exclama le jeune homme dans un petit sourire amusé bien que ce dernier ne lui fût guère rendu par Manelena, trop sérieuse pour le moment.

L’autorisation ne tarda guère à venir, Tery restant non-loin des troupes de Manelena. Bien entendu, Manelena n’était guère contente de la situation mais bon, ce n’était pas lui le responsable de cette petite fuite en avant. Manelena avait été assez en colère par rapport à la situation mais bon … comme s’il pouvait y faire quelque chose hein ?

« Nous allons nous rendre au premier étage. Vous n’avez guère à vous soucier du nombre de personnes qui vous accompagnent. » déclara ce qui semblait être un capitaine des soldats de Claudiska, en vue de la paire d’ailes qui se trouvait dans son dos.

« Je me demande pourquoi, qu’est-ce que ça veut dire, Elen ? »

« Oh, tu t’autorises à m’adresser la parole, tu es sûr que Manelena serait heureuse de cela ? »

« Je ne vois pas pourquoi tu dis une telle bêtise. Elle n’est pas ma mère que je sache, je suis tout simplement libre de décider ce dont je veux hein ? »

« Oh ? Vraiment ? Première nouvelle, Tery. On verra ça plus tard et … hum. »

Elle s’arrêta de parler alors qu’ils pénétraient dans la tour. Pourtant, de l’intérieur, cela ne semblait pas si différent de l’extérieur sauf … pour la taille ? Oui, comme il en avait eut la confirmation par Sérest, la tour était beaucoup plus importante à l’intérieur, à se demander s’il n’y avait pas aussi un peu de magie à l’heure.

Mais voilà, il s’agissait d’une vaste plaine, avec de la végétation, des rochers et de nombreux courants d’air. En levant la tête, il eut la surprise de remercier que sa vue se brouillait … comme s’il était tout simplement impossible de voir s’il y avait vraiment un plafond.

« Veuillez ne pas vous perdre, suivez-nous sans vous retourner, je vous pries, la tour de Pirsey a déjà coûter la vie à quelques personnes aux étages supérieurs. Ici, nous pourrions encore vous retrouver mais ça ne sera pas forcément le cas plus tard. »

Rassurant, c’était vraiment très rassurant. Pourtant, il remarqua qu’ils étaient en train de monter ce qui semblait être une pente mais surtout en avançant vers cette pente, il pouvait voir les murs de la tour.
Le souci ? C’est qu’ils avaient bien marché pendant une dizaine de minutes et il ne voyait que maintenant ce fameux mur. Cette tour … était définitivement immense. Mieux encore ! Il avait aperçu quelques habitations mais aussi un petit bois et des animaux. Cette tour, c’était quoi réellement ? Ce n’était … pas normal.

« Pourquoi est-ce qu’une telle tour a été crée, Elen ? »

« Comment voudrais-tu que je le sache, Tery ? J’imagine que cela doit être pour préserver les différentes espèces animales, humaines et végétales. »

Elle disait ne pas savoir et pourtant, as réponse avait un fond de vérité. Du moins, il avait la sensation qu’elle ne se trompait pas en déclarant cela. Peut-être qu’elle avait raison alors ? Cette tour était un endroit où des espèces protégées pouvaient continuer à vivre ? Un sanctuaire qui servait de refuge aux êtres de ce monde.

Chapitre 98 : L’être entre deux royaumes

ShiroiRyu
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Chapitre 98 : L’être entre deux royaumes

« Alors comment est-ce que tu vas, Manelena, depuis ces derniers jours ? »

« Plutôt bien même si je préfère que tu m’appelles Reine. Oh … et puis zut, à qui est-ce que je vais faire croire ça ? Je n’ai déjà pas vraiment apprécié lorsque l’on m’a appelé princesse, je ne vais pas commencer à apprécier lorsque l’on m’appelle reine. »


Elle poussa un léger soupir, remarquant le sourire radieux de Tery qui la fixait depuis déjà deux bonnes minutes. Hum ? Ca serait presque gênant si elle n’était pas elle mais voilà … Elle poussa un léger soupir avant de dire :

« Un souci, Tery Vanian ? Me fixer de la sorte est assez déplaisant. »

« Non, non, c’est tout le contraire. Bon, je pense que ça va agacer les autres mais voilà … Je suis juste très content de te revoir parmi nous. »

« Tu en baverais presque, tu le remarques ? » dit-elle en haussant un sourcil aux propos de Tery. Cela faisait maintenant une bonne heure et tout le groupr était réuni. Le plus important restait le fait qu’Elen n’avait plus ses yeux vairons tandis que Tery avait retrouvé le sourire.

« C’est vrai ? Ah zut ! Sûrement … Hum … Je suis désolé … Ce n’était pas voulu de ma part. Mais bon, ça ne change pas que je suis bien content de la situation. Mais si tu expliquais maintenant pourquoi tu es ici, Manelena ? Les gardes sont obligés de te suivre d’ailleurs ? Enfin, ils ne sont pas vraiment à côté de nous … mais je sens leurs regards. »

« Ils sont là pour protéger la reine. Tu ne pensais quand même pas qu’ils allaient me laisser seule, non ? Surtout après tout ce qui s’est passé. »

« A ce sujet, comment est-ce que tu as fait pour venir ici ? Partir en délégation, même officielle, ce n’est normalement pas possible, n’est-ce pas ? Tu viens à peine d’être intronisée, non ? » dit Royan en clignant des yeux, Manelena lui répondant calmement :

« J’ai simplement nommé un nouveau maréchal. Il est chargé de faire tourner le royaume, du moins dans les grandes lignes ,pendant que je ne suis pas là. »

« Et qui est-ce ? Est-ce qu’on le connaît ? » questionna Elise bien que Tery émettait un grognement avant de murmurer d’une voix lente :

« Hémurion, n’est-ce pas ? Ce chef des rebelles, non ? »

« C’est exact. Vu ses capacités à gérer plusieurs groupes dans tout le royaume, j’ai estimé que c’était le meilleur des choix à accomplir. De toute façon, vu son aide, je ne pouvais pas nier ce qu’il a accompli. Cela serait un très mauvais départ en tant que nouvelle monarque. »

« Je ne sais pas, je l’ai jamais été … et je ne me suis jamais posé de questions à ce sujet. »

« C’est quoi cette réponse absurde venant de toi ? Enfin non, je devrais justement ne pas m’en étonner, venant de toi, Tery. Mais bref, pour l’heure, je n’ai pas à craindre de ne pas être présente dans le royaume de Shunter pour quelques semaines. »

« Si tu es certaine de ce que tu fais, je ne vais pas t’en empêcher Manelena. »

« De toute façon, ce n’est pas comme si tu pouvais m’ordonner ou non, Tery, n’est-ce pas ? »

« Je n’oserais pas, tu le sais parfaitement. Tu n’as même pas à en parler, c’est pourtant facile à comprendre, non ? Tu ne crois pas ? »

« Vu qu’il s’agit de toi, Tery Vanian, tu comprends que je préfère rester méfiante … mais si tu veux tout savoir, je suis aussi très heureuse de te … vous revoir. »

Elle avait eut un bref moment d’hésitation mais elle avait réussi à se rattraper. Le jeune homme la regarda en clignant des yeux mais ne répondit pas. Pourquoi répondre à cette petite provocation de la part de Manelena ? Il était déjà satisfait de la revoir parmi eux. Ce n’était pas comme s’il avait ce besoin assez violent de l’enlacer hein ?

Oui, il se contrôlait pour bien montrer qu’il préférait rester neutre par rapport à tout ça. Puis surtout, ils étaient tous les sept réunis. Il ne manquait plus que Clari … mais elle, il ne fallait pas compter sur son apparition, malheureusement.

« Bon, ce n’est pas tout mais prince Royan, puisque nous sommes tous réunis, que diriez-vous de manger dans votre château ? Moi et ma … délégation sommes invités, n’est-ce pas ? »

« Hein ? Hum … oui, on va dire que c’est votre délégation, c’est bien ça. » répondit Royan, cherchant à comprendre où elle voulait en venir avant de finalement saisir ses propos.

« C’est parfait alors, ne perdons pas plus de temps si vous le voulez bien. »

Et même s’ils ne le voulaient pas, ça ne changerait pas grand-chose. Elle fixa les autres personnes, une par une, comme pour les intimider. Qu’elles essayent de la contredire, il y avait de fortes chances qu’elle apprécie le retour de bâton.

Mais pour ça, il fallait essayer de la contester, chose que personne ne tenta, même si la plus concernée par un tel acte était prête au cas où à bouillonner et réagir. Néanmoins, Elen ne fit rien et voilà que toute la « délégation » de la reine Manelena fût invitée dans le palais royal u prince Royan. Aussitôt, Tery commença à regarder à l’intérieur, jugeant le décor comme pour l’étudier et le comparer à celui de Shunter.

C’était une comparaison qui pouvait paraître stupide, surtout vu que Tery n’avait pas longtemps été dans le palais de Manelena mais qu’importe, ce n’était pas bien important. Ils se retrouvèrent tous à table, comme si de rien n’était, les servantes se mettant de côté avant d’être tout simplment congédiées par Royan.

« J’imagine qu’il vaut mieux n’avoir personne autour de nous pendant que nous parlions, n’est-ce pas ? Déjà que Tery doit être un peu comme fou de joie, non ? »

« Fou de joie, fou de joie, c’est un peu exagéré aussi, il faut dire, non ? »

« Pourtant, en vue de ta réaction et celle de Manelena, je ne pense pas que vos retrouvailles vous déplaisent à tous les deux. Néanmoins, nous ne sommes pas là pour parler de ça. »

« Plutôt … me donner des nouvelles depuis que je suis partie. »

« Il n’y a pas grand-chose à dire, Manelena. Nous avons à peine essayer de trouver comment nous rendre à la tour et malheureusement, nous avons essuyés un refus. »

« Un refus ? Même avec toi, Royan ? Comment est-ce possible ? Je sais bien que par rapport à Shunter, sans indélicatesse, la royauté n’est pas aussi puissante mais … »

« Disons plutôt que le problème vient de fait que la tour n’appartient pas uniquement au royaume de Traslord mais aussi à Clausdiska. A partir de là, je ne suis pas le seul apte à donner ou non les accès à cet endroit. »

« Hum, je vois … je vois … il est vrai que cette tour est vraiment située en tant que frontière entre vos deux nations. Tery, tu es sûr et certain de ton idée ? »

« Pas le moins du monde. Comment est-ce que je pourrais l’être ? »

« C’est bien ce que je pensais … on va donc peut-être vers les ennuis sans aucune confirmation à ce sujet. Grumpf … »

Elle émit un grommellement de mécontentement. Que ça ne lui plaise pas, il ne fallait pas en douter une seule seconde. Le jeune homme aux cheveux bruns s’étira, Royan toussotant légèrement avant de lui dire :

« Ce ne sont pas des manières, Tery. Je te rappelle que tu es à une table royale. »

« Hein que quoi ? Vraiment ? Zut zut zut … Euh … Ben euh … Bon appétit ? »

Le jeune homme était un peu gêné, commençant à faire quelques mouvements alors que Manelena poussait un profond soupir désespéré. Ce n’était pas tout ça mais elle ne se faisait pas d’illusions. Elle se releva, prenant la place à la droite de Tery alors qu’Elen était à celle de gauche, regardant comme les autres personnes ce que Manelena faisait.

« Alors, déjà, tu vas te tenir bien droit quand tu manges. Pas de dos courbé. Quant aux fourchettes et couteaux, il va falloir t’expliquer ce que chacune et chacune fait. S’il y en a plusieurs, ce n’est pas par amusement, compris ? »

« Je n’ai rien dit et je ne suis pas un enfant non plus, Manelena, tu sais hein ? Je pense pouvoir couper ma viande correctement et aussi la mâcher. »

« Non, ce n’est pas comme ça. Correct, ce n’est pas suffisant quand tu te tiens à la table d’un prince ou d’un roi ! Voire même d’un noble ! »

« Mais pourquoi est-ce que l’on s’y intéresse maintenant ? Auparavant, on s’en fichait, Manelena ! Pourquoi maintenant hein ? »

« Car je l’ai décidé, compris ? Prends un peu sur toi ! Vous autres, c’est la même ! Bien que j’estime que ça soit moins compliqué pour vous. Essayez de suivre mes mouvements pendant que je tente d’inculquer quelques notions de savoir-vivre à cet homme ! »

« Mais mais mais … Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? »

« Tu existes, ce n’est pas une raison suffisante ? Bon, tu m’écoutes ou alors, il va falloir que je te le rentres à coups de poing sur le crâne. »

Chassez le naturel, il revient au galop. Alors qu’elle avait tenté de garder son rôle de reine de Shunter jusqu’au bout, les mauvaises habitudes étaient revenues. Enfin, mauvaises, tout dépendait du point de vue auquel on s’appliquait, non ?

Le jeune homme était plus que perturbé, n’osant pas bouger tandis que Manelena lui expliquait à sa façon. Chacun écoutait, sauf le prince qui avait été éduqué depuis sa plus tendre enfance. Maintenant, il s’amusait plus de la situation qu’autre chose.

« Est-ce que c’est suffisant ? Allons-nous pouvoir manger maintenant ? »

« On va dire que c’est à peu près correct, Royan. Je vous jure, il y a tellement à faire avec Tery qu’une dizaine d’années à mes côtés ne suffirait pas. »

« Il n’a pas besoin de rester aussi longtemps. Ce n’est pas comme si Tery comptait rester parmi la cour des nobles lorsque tout sera terminé. Il n’est pas noble et il n’a pas besoin d’être présent. Lorsque tout ceci sera terminé, nous irons dans un coin bien tranquille. Peut-être le village de Leskar mais ce n’est pas certain. »

« Euh … Et si on pouvait arrêter de parler de mon avenir ? On n’a encore rien terminé. Merci bien … et si on peut plutôt commencer à manger car j’ai faim. »

« Mais est-ce que tu comprends comment tu parles ? Tu ne trouves pas ça anormal ? J’ai l’impression d’avoir perdu mon temps. »

« Disons plutôt que cela risque d’être froid. Je n’ai rien contre les explications … mais peut-être après manger, Manelena, qu’est-ce que tu en dis ? »

Elle poussa un profond soupir avant de marmonner que ce n’était pas une mauvaise idée de penser ainsi. Elle hocha la tête, retournant sur son siège avant de se mettre à manger. Elle ne détourna pas le regard de l’assiette, le reste du groupe réagissant de même. Au moins, le repas était d’une qualité rare et Elise émit un petit râle de plaisir :

« C’est tellement différent d’une auberge ! «

« Heureusement non ? Bien que je ne mette pas en doute la qualité des différentes auberges que nous avons visitées durant ce long voyage, il faut reconnaître que la cuisine royale est d’un tout autre niveau, non ? »

« Oui oui … C’est exactement ça, Royan. Mais je ne savais pas que ça serait aussi bon. … … … Prince Royan, je veux dire ! Pardonnez-moi ! »

La jeune femme aux cheveux auburn plongea son regard dans l’assiette, rouge de honte après la petite bavure qu’elle venait de commettre. Le prince fit un geste comme pour signaler que ce n’était pas bien grave, le repas se terminant calmement ensuite.

Maintenant que c’était terminé, il fallait digérer. Et pour cela, Royan proposa une petite marche dans la ville. Ca n’avait rien de différent de celle d’auparavant mais maintenant, ils étaient accompagnés par les soldats de Manelena mais aussi ceux de Royan. Tery les regarda, clignant des yeux avant de dire :

« Hum … J’ai l’impression de me retrouver à l’armée. On est obligé de les avoir derrière nous ? Ils font quand même pas mal de bruit, non ? »

« Oui, nous y sommes obligés. Nous parlons d’un de deux personnes royales qui se déplacent. Tu ne crois pas que nous allions laisser n’importe quel agresseur nous sauter au visage pendant que nous nous promenions dans les rues, non ? »

« Je crois que nous sommes assez forts pour nous défendre, non ? »

« C’est exact mais cela permet de rassurer son peuple aussi. Il faut dire que je suis parti un long moment, il y a de fortes chances qu’il s’inquiète à mon sujet. Et qu’est-ce que cela sera quand je ne serais plus dans la capitale ? »

« Pour aller où ? Vers la tour ? C’est donc décidé, tu nous accompagnes ? » demanda Tery avant que Sérest ne rigole, la femme-ailée lui disant :

« Bien entendu, Tery. Un peu de sérieux, voyons donc. S’il se déplace en personne, il y a de plus fortes chances qu’on nous autorise à grimper dans cette tour. C’est pourquoi si … Manelena nous accompagne, peut-être que cela sera possible … ou l’inverse en vue des différentes histoires liées à son royaume. Par contre, il faut absolument éviter de prévenir que nous allons nous rendre dans cette tour pour la dernière créature légendaire, compris ? »

« Ca me semble logique. On est jamais certain de ce qui nous attends. Et je ne pense pas que les personnes apprécieraient que nous soyons là pour liquider un monstre. »

Quant à la balade en elle-même, elle était des plus appréciables. Le jeune homme aux cheveux bruns continuait d’être ravi tandis qu’Elen … avait toujours les yeux vairons. Ca restait définitivement inquiétant. Cela faisait maintenant plusieurs heures. Il chuchota à la jeune femme aux cheveux blonds :

« Elen, tu ne peux pas sourire un peu ? Tes yeux ont l’air de fusiller les autres du regard. Tu fais un peu peur, est-ce que tu t’en rends compte ? »

« Je ne vois pas le problème. Pourquoi est-ce que je ferais peur ? J’ai l’air d’un monstre ? »

« Non, les yeux vairons te vont très bien … mais ce n’est pas ça le souci, loin de là. »

« Alors, c’est quoi le problème ? Essaie donc de t’exprimer correctement, c’est pourtant pas si difficile que ça, non, tu ne crois pas ? »

« Tu commences à parler comme Manelena et tu donnes l’impression d’être constamment en colère contre tout le monde, c’est pourquoi c’est inquiétant. »

« Je ne suis pas en colère contre tout le monde, qu’est-ce que tu fabules ? »

Il ne fabulait pas ! C’était juste l’impression qu’il avait en la voyant. Elle ne remarquait pas les regards inquiets des passants lorsqu’ils marchaient ? C’était pourtant difficile à ignorer. Sans continuer à chercher à converser avec elle, il prit sa main dans la sienne et continua lar marche avec les autres.

« Par rapport à la situation, nous partirons d’ici demain ou après-demain au grand maximum. Plus vite nous nous rendrons à cette tour, mieux ce sera. »

« Je suis d’accord avec la reine Manelena. C’est le choix le plus judicieux. Le temps que nous arrivions, la tour aura déjà reçu la lettre stipulant notre présence auprès d’elle. »

La seule question que Tery se posait, c’était … qui dirigeait cette tour ? C’était une entité entre les deux royaumes … mais il espérait que ça ne causerait pas de problèmes. Pourquoi est-ce qu’il se faisait autant de soucis ? Il suffisait de patienter, non ?
Et il verrait sur le moment même comment tout cela allait se passer. Le truc était de vider son esprit pour ne plus avoir quelques pensées absurdes. Pendant qu’il gardait la main d’Elen dans la sienne, il sentait les doigts de la demoiselle qui se croisaient avec les siens, y mettant une certaine force comme pour l’empêcher de les retirer.

« Aie, aie, aie, tu me fais un peu mal, Elen, doucement. »

« Ne t’avise pas de vouloir enlever ta main de la mienne, Tery. Jusqu’à la fin de la journée, tu ne me quittes pas une seule seconde, compris ? »

« Pas de soucis … sauf que tu deviens vraiment très possessive. »

« Je ne te possède pas. Je veux juste te faire comprendre qui est avec toi … et qui tu as juré d’aimer, n’est-ce pas ? Ou alors, ce n’était qu’un mensonge ? »

« Je n’aime pas du tout le ton que tu utilises, Elen. Alors, je ne répéterai une seule fois : Si tu continues comme ça, tu n’auras même plus à connaître la réponse à tes questions. »

Elle serra avec plus de force pendant quelques secondes, Tery grimaçant de douleur avant qu’elle ne finisse par le relâcher. Satisfait comme ça, le jeune homme ? Il se massa la main endolorie, regardant Elen. Peut-être que oui, il s’était trompé depuis le début ? Non, qu’est-ce qu’il pensait exactement ? C’était absurde, c’était Elen !

« Voilà, avec toutes tes bêtises, je suis plus que perturbé. »

« Hum ? Vous deux, vous mettez trop de temps à avancer. Vous pouvez vous dépêcher ? » dit Manelena, Sérest fixant le jeune homme, battant des ailes un peu avant de parler à son tour :

« Prenez votre temps mais pas trop, hein ? Tery, est-ce que nous pourrons parler, toi et moi. J’ai quelques questions à te poser en privé. »

« Euh ? Hein ? Oui, bien entendu, Sérest. » bredouilla le jeune homme. Généralement, quand elle demandait une telle chose, c’était pour une très bonne raison. Il y avait eut un événement grave récemment ? Ou alors, elle avait deviné son conflit interne ?

« Nous ferons cela après la visite, d’accord ? »

« Pas de problèmes pour moi, je te fais confiance à ce sujet. Mais bon … finissons d’abord la visite, le reste, on verra ensuite. »


De quoi est-ce qu’elle allait vouloir parler ? De lui et Elen ? Il y avait de fortes chances que ça soit le cas. Mais bon, ce n’était pas comme s’il voulait mettre sa vie amoureuse en avant donc s’ils pouvaient juste éviter de trop en parler.

« Ce soir, nous évoquerons la marche à suivre pour nous rendre jusqu’à la tour, qui nous accompagnera ou non, parmi les soldats de Traslord et Shunter. Car oui, maintenant que je suis de retour, les conseillers ne veulent pas vraiment que je m’échappe une nouvelle fois sans aucune surveillance. J’ai l’impression d’être un enfant. » soupira Royan, Tery s’apprêtant à ouvrir la bouche avant de plonger dans le mutisme.

« Prince Royan, vous êtes le plus jeune d’entre nous mais vous n’avez pas à vous soucier de votre maturité qui équivaut celle des autres. »

« Merci beaucoup pour ce compliment, mademoiselle Elise. Je ne sais pas si je le mérite et même si vous êtes la seule à le penser, cela garde une certaine importance à mes yeux. »

« Mes paroles sont sincères, prince Royan, vous pouvez en être certain. »

« Pourquoi j’ai l’impression d’avoir déjà entendu ce dialogue auparavant ? »

Le jeune homme aux cheveux bruns émit un petit sourire amusé par tout cela. Ah … Ces deux-là, il sentait qu’il ne fallait pas les séparer. Mais ce n’était pas à lui de s’immiscer entre tout ça. Ca lui rappelait un peu trop Clari qui s’était amusé à le titiller sur plusieurs points, comme sa relation avec Elen et Clari. Il était alors très mal placé … pour ça.

« Manelena, par rapport à tout ça., je me demandais … »

« Hum ? Quoi donc ? Qu’est-ce qu’il y a encore, Tery ? Je peux savoir ? »

« Ça ne te dérange pas vraiment ? De recommencer avec nous ? Alors que tu pourrais être plus tranquille dans le château, dans Shunter. Tu as le droit de souffler un peu, tu sais ? »

« Je suis l’unique responsable de mon corps, de mes envies, de mes actes et de mes désirs, Tery Vanian. Si je veux continuer à voyager avec vous, je le ferais. »

« Mais tu est une nouvelle reine … tu me l’as toi-même dit, tu as des obligations, non ? »

« Et en tant que telle, je me dois de les respecter. Mais une reine doit-elle forcément obéir à toutes ces règles et obligations ? Je suis la reine. »

Moui, ce n’était pas vraiment très convaincant de la part de Manelana. Néanmoins, le jeune homme évita de faire la remarque, souriant tout simplement à la demoiselle aux cheveux argentés, le genre de sourire qu’elle ne voulait pas lui rendre. Le plus important à ses yeux restait le fait qu’ils allaient partir tous ensemble vers cette tour.

Chapitre 97 : Délégation officielle

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Chapitre 97 : Délégation officielle

« Royan, est-ce que cela te dérangera si un moment, nous irons nous séparer, chacun de notre côté ? Enfin, moi et Tery quoi ? »

« Non, nullement. Vous pourrez profiter de tout cela à deux. Je ne retiens personne. »

Le jeune homme aux cheveux bruns acquiesça d’un mouvement de la tête tandis qu’Elen avait finit de poser sa question à Royan. Bien entendu, il savait parfaitement ce qu’elle avait en tête, c’est pourquoi il n’allait pas tenter de l’arrêter.

« Mais auparavant, nous allons tous nous y rendre ensemble. Je ne voudrais pas que vous commenciez à vous perdre, chacun de votre côté. »

« Oui oui, bien entendu. Tu nous présentes les ruelles les plus importantes et ensuite, nous y allons, ça sera le plus simple à faire. »

Est-ce que les autres étaient d’accord ? Sans même poser la question puisque tout le monde était visiblement concentré sur la marche, le jeune homme aux cheveux bruns vient serrrer la main d’Elen dans la sienne, avec une certaine tendresse.

Nullement surprise par le geste, elle se laissa emporter par Tery, Royan commençant la visite de la capitale par les rues marchandes, l’endroit le plus important de toute capitale puisque c’était ici que résidait une bonne partie de l’économie du royaume. Néanmoins, pour du poisson, ils en avaient, et de toutes les sortes ! Et même des plus saugrenus.

« Comment est-c que l’on peut réellement manger un tel poisson ? Il a trois yeux. »

« Les yeux, c’est pafois ce qu’il y a de meilleur dans le poisson. »

« Je ne suis pas un habitué de ce dernier, je dois avouer. Vu que j’habite dans un village assez montagneux, il n’y avait qu’une simple rivière près de chez nous. Mais à part ça, c’était plus de la viande et surtout selon nos moyens. »

« Il est vrai que d’après ce que tu as dit, tu ne proviens pas d’une famille riche. »

« Et surtout, vu que mon père est mort quand j’étais jeune, je me suis toujours demandé comment ma mère faisait pour nous permettre de vivre correctement, sans excès. » répondit le jeune homme, un nuage devant les yeux.

« Tu lui poseras la question quand on la reverra, non ? »

« Je ne sais toujours pas où elle est, je n’ai aucune nouvelle à ce sujet, Elen. Et avec les derniers événements, je n’ai rien put faire malheureusement. Autant dire que me parler de ma mère n’est pas forcément la meilleure des idées. »

« Je ne voulais pas Tery, je suis … désolée. » bredouilla Elen, confuse et gênée par l’erreur toute bête qu’elle venait de commettre sans même s’en rendre compte.

« Tu ne pouvais pas savoir … ou du moins t’en rappeler exactement. »

Il gardait un sourire tendre envers la jeune femme aux cheveux blonds, passant une main dans ces derniers. Il ne lui voulait aucun mal, loin de là. C’était peut-être même l’inverse en fin de compte. Tout ce qu’il espérait, c’était qu’elle comprenne que … le cas de sa mère, il ne pouvait pas mettre ça de côté. Il voulait des nouvelles à ce sujet.


Mais comment faire quand ils étaient ici ? Les lettres, aucune n’arrivait malheureusement à destination. Enfin, plutôt l’inverse, elle devait arriver mais … aucune ne partait. La personne avec qui était sa mère devait l’empêcher d’écrire. Ou alors, sa mère, tout simplement, ne voulait pas lui répondre, ce qui était aussi une possibilité mais pourquoi ?

Néanmoins, comme convenu, il essaya de ne pas gâcher la journée prévue par Royan. Ca serait bête de sa part et aussi particulièrement stupide. Ils étaient là pour se détendre avant ce qui semblait être le plus difficile combat de leurs existences. Mais tout cela s’arrêta lorsqu’un soldat se présenta devant Royan. Heureusement, les citoyens continuaient de discuter et avancer comme si de rien n’était.

« Prince Royan, une affaire importante requiert votre présence dans les plus brefs délais. »

« Cela ne peut vraiment pas attendre, vous êtes certain ? »

« Les conseillers m’ont signalé que non. Il semblerait qu’une délégation étrangère soit arrivée en ville et nécessite votre présence dès maintenant pour l’accueillir. »

Délégation étrangère ? Le reste du groupe regarda l’adolescent aux cheveux bleus, celui-ci se tournant vers Elise avant de dire d’une voix lente :

« Je tiens à m’excuser sincèrement à ce sujet. »

« Oh mais ne vous en faites pas, prince Royan. Ce n’est pas de votre faute, n’est-ce pas ? Et puis, rien ne dit que cela va vous prendre toute la journée. »

« C’est exact, je vais revenir le plus vite possible. Tery, Elen, Sérest, Séran, je vous laisse vous promener plus tranquillement alors. La visite est malheureusement écourtée. »

« Fais donc, tes priorités passent avant nous. Ne t’en fait pas, on va y aller doucement. »

Le prince hocha la tête positivement avant de s’éloigner du groupe, guidé par le soldat. Tery la regarda partir avant de mettre une main devant sa bouche :

« Aaaaaaaaaaaaaaaaah ! Sincèrement, pourquoi faut-il toujours qu’il y ait quelque chose pour gacher ce qui se passe, on peut m’expliquer ? »

« J’aurais du mal à cela, Tery. Néanmoins, le plus important est que l’on sait que ce n’est pas aussi grave ou important. Royan reviendra dans quelques heures. »

Si seulement. Il ne voulait pas paraître défaitiste mais si le prince devait rester au palais pour plusieurs jours, le temps que la délégation étrangère ne parte, autant dire que cela allait repousser leur voyage encore plus longtemps que prévu. Mais … et si le prince devait rester ici définitivement ? Elise ferait sûrement de même. Il y avait de fortes chances.

« Allons-y. Je dois m’aérer l’esprit … et vite. »

Il ne voulait pas montrer le malaise et l’inquiétude qui étaient constamment présents en lui depuis la mort de Clari. Le souci, c’est que cela était visible à des kilomètres à la ronde. Le visage tiré par une fatigue certaine malgré des heures de sommeil que beaucoup d’hommes jalouseraient, dans les bras d’Elen, il ne semblait plus se soucier réellement des pensées de la jeune femme, trop concentrée sur cette tour.
Dès qu’ils termineront cette tour, ils pourront alors souffler un peu. Il était hors de question d’abandonner Manelena, qu’importe s'(il devait alors se mettre les soldats et les chevaliers sur le dos. Il irait la revoir. Il garderait des nouvelles d’Elise, de Royan, de Sérest et de Séran. Il irait encore voir Périk et Jésiana à Omnosmos. Peut-être discuter avec l’archimage Ernold aussi, s’il pouvait s’y rendre, ce qui serait très difficile.

Oui, oui. Il avait beaucoup de projets quand tout cela serait terminé. Dont celui d’aller se recueillir sur la tombe de Clari autant de fois qu’il le pouvait. Il n’allait pas l’oublier, il ne pouvait pas l’oublier.

« Tery ? Nous devrions avancer, tu ne crois pas ? Nous gênons du monde. »

« Hein ? Ah oui, c’est exact, Elen. Avançons, oui. » dit-il. Il avait pensé aussi à ses études sur les golems. Il avait toujours des livres à lire. Toujours à se renseigner dessus. Pourquoi ? POURQUOI ?! POURQUOI MAINTENANT ?! Poiurquoi est-ce qu’il n’avait pas pensé à utiliser les golems pour se défendre pendant l’assaut ?! CLARI NE SERAIT PAS MORTE !

« POURQUOI ?! POURQUOI ?! POURQUOI ?! »

Il s’apprêtait à se cogner violemment la tête contre le mur d’un bâtiment mais Elen l’arrêta aussitôt, se tournant vers les autres pour le stopper. Séran se proposa, attrapant le jeune homme par les épaules tout en disant :

« Calmes-toi, Tery. Qu’est-ce qui te prend de réagir subitement de la sorte ? »

« Si … si j’avais utilisé mes … go… gole… golems ! Elle serait encore vivante ! Elle serait toujours là, parmi nous ! J’aurai pût me défendre ! J’aurai pût lutter ! »

« Non, tu n’aurais put rien faire, c’est le destin. C’est ce qui devait arriver. Calmes-toi, tu te montres en spectacle actuellement. Tout le monde te regarde. »

« Qu’ils me regardent ! J’en ait rien à faire ! Ca ne la fera pas revenir ! Tout ça, c’est de ma faute ! Tout ça, c’est parce que j’ai été incapable de réagir au bon moment ! »

« Mais non, mais non … Hum … Elen, est-ce que tu peux m’aider ? Il s’agit quand même de ton homme, tu sais ? Et tout le monde nous regarde. Pour la discrétion, ce n’est pas vraiment très réussi si tu veux tout savoir. »

« O… Oui, j’arrive, j’arrive. Je suis désolée, c’est juste que … je ne pensais pas que ça dégénérerait de la sorte. J’arrive tout de suite, pardon. Tery, si tu veux bien me suivre, s’il te plaît ? On va aller se reposer. Je crois que la visite s’arrête maintenant. Pardon. »

« J’en ait marre ! J’en ait marre, marre, marre ! »

Le jeune homme trépignait presque sur place mais il ne fit aucune difficulté à ce qu’Elen l’emmène ailleurs. Délaissant les quatre autres personnes, le couple se remit en route, en direction d’une auberge. Ils allaient retourner à celle où Elise avait décidé de les récupérer quand Royan avait terminé sa visite au palais.

« Tery …Il … faut vraiment que tu penses à autre chose. »

« Comment est-ce que je suis sensé faire, hein hein ? Elen ! Je suis sensé faire comment dans une telle situation ? Ca te semble si facile mais elle n’est pas morte devant TES yeux ! »

« Je te rappelle que moi aussi, j’ai subit ça ! Tu n’es pas le seul ! J’ai même dût le faire pour de jeunes enfants, qui étaient atteint par les lignes d’Alzar ! »

« Ca n’a rien à voir. Tu n’avais aucun lien direct avec eux. C’est pas comme avec Clari. Pas du tout, c’est totalement différent. »

« Non, ce n’est pas différent, c’est toi qui veut rendre ça différent mais aux yeux de tout le monde, tu en fais trop, beaucoup trop. »

« Tu penses pareil, Elen ? » demanda t-il alors qu’il s’immobilisait. La jeune femme aux cheveux blonds cherchait ses mots comme pour ne pas le froisser avant de soupirer :

« Pour ma part, tu en fais trop, oui. Je ne dis pas que cela ne t’affecte pas, loin de là. Mais tu me donnes l’impression de ne pas pouvoir passer à autre chose. »

« J’ai entendu ce que j’avais à entendre. Je ne pensais pas cela de toi, Elen. »

« Ne raconte pas n’importe quoi ! Je ne suis pas la seule à le penser ! Tout le monde te dira exactement la même chose ! Royan, Elise ou même Manelena ! »

« Manelena qui n’est plus là, elle aussi. Oui … je vois … je vois … »

Et sans plus de conversation, il s’éloigna complètement d’Elen, celle-ci allant le rattraper à la course vu son état d’hébétement sur le moment. Il lui avait fallut plusieurs secondes pour réagir et se décider à suivre à nouveau le jeune homme.

« Où est-ce que tu vas, Tery ? Je peux savoir ? Pas de bêtise hein ? »

« Pas de bêtises. Je vais me rendre devant le château de Royan et lui dire que je vais partir sans vous. Je n’ai aucune raison de rester avec vous si tous pensent ainsi. »

« Tery … Je commence à en … avoir vraiment assez. »

La jeune femme aux cheveux blonds s’était tournée vers lui, serrant les poings alors qu’elle avait fermé les yeux. Pendant un bref instant, il avait cru apercevoir une lueur rouge dans l’un d’entre eux mais il avait préféré ne pas s’y attarder. En avoir assez ? Elle ? Il avait réussi à la mettre à bout ? Il n’en était pas certain du tout.

« Fais comme tu veux. Je ne connais pas de gamin immature de mon côté. »

« Tant mieux, cela facilitera les séparations puisque dans le fond, cela devient de plus en plus fréquent ces derniers jours, Elen. »

« Quand tu auras cessé de me dire des conneries, tu … »

Elle s’arrêta dans ses propos, Tery haussant un sourcil. Ah … oui. Elen qui se mettait à parler comme Manelena, utilisant une injure, ce n’était vraiment pas un bon jour. Peut-être qu’il en avait beaucoup trop fait aujourd’hui. La jeune femme aux cheveux blonds semblait décontenancée et même déçue par ses propres paroles, Tery se gratttant l’arrière du crâne d’un air confus. Ce n’était … pas vraiment prévu tout ça.

« C’est là ou je dois m’excuser, Elen, c’est ça ? »

« C’est cela … et pas seulement t’excuser. Tu dois aussi te faire pardonner de me compliquer la vie car tu ne veux faire aucun effort de ton côté. »

« Je veux faire des efforts mais je … » commença à dire le jeune homme avant de la regarder. Ah … C’était l’un de ces moments où il valait mieux la fermer, non ?
Car oui, il avait bien les yeux vairons en face de lui. Un œil rouge, un œil bleu, Elen était là en train de le fixer avec ardeur. Cela pouvait vite dégénérer et il avait l’impression qu’un mauvais pas ou une mauvaise parole pouvait tout simplement l’emmener à la mort.

« Bon, qu’est-ce que l’on fait exactement maintenant ? »

« Tu ne voulais pas aller voir le prince ? Pour voir s’il allait nous abandonner ou non ? »

« Si c’est pour se moquer de la sorte, je préfère encore que l’on ne fasse rien, c’est mieux. »

« Je ne moque pas, Tery. Je ne suis pas d’humeur à la plaisanterie depuis quelques minutes. Mais autant que tu sois préparé le plus tôt possible si cela doit arriver hein ? »

Grumpf. Elle n’avait pas tort. Autant ne pas se causer plus d’ennuis qu’autre chose. Mais voilà, il en avait déjà remplit un certain quota aujourd’hui, s’il pouvait éviter de le dépasser.

Pfiou … Mais qu’est-ce qui allait pouvoir l’attendre au palais royal ? Ce n’était pas comme s’il allait être accepté parmi les personnes là-bas non plus hein ? Il n’était pas franchement apprécié dans tous les royaumes donc bon …

Il sentait qu’il allait encore avoir des ennuis pour ne pas changer. Le jeune homme suivit néanmoins Elen mais en silence, n’osant plus prendre la parole car oui, les yeux vairons étaient toujours présents, signe que sa colère n’avait pas disparue.

Il chercha à prendre sa main, Elen n’ayant aucune hésitation à donner la sienne, le regardant en faisant un petit sourire. Si elle était contente, pourquoi est-ce qu’elle gardait de tels yeux ?

« Nous allons tout simplement interroger Royan lorsqu’il sortira du palais, tout simplement. »

C’était la meilleure chose à faire. Ne pas rentrer en conflit direct et … qu’est-ce que ? Pourquoi est-ce qu’il y avait toute une troupe de soldats de Shunter dans les environs ? Il cligna des yeux pendant plusieurs secondes.
Ils ne semblaient pas être en devoir, riant et rigolant tout en se promenant dans les ruelles. Mais comment ? Ils pouvaient vraiment s’octroyer des vacances ? Si Manelena avait été là, il n’y aurait aucune possibilité pour eux de sourire.

« C’est étrange, pourquoi est-ce qu’ils sont ici ces types ? Tu connais la raison, Elen ? »

« Pas le moins du monde et je n’ai pas vraiment envie de perdre mon temps avec ça. On reste dans les environs en attendant qu’il sorte ? »

« J’aimerai plutôt me renseigner sur les soldats de Shunter. Je ne sais pas pourquoi ils sont là et ils m’intriguent. Tu penses qu’il s’agit d’un contingent pour la paix ? Car je vois mal Manelena chercher la guerre à Royan et aux autres nations maintenant qu’elle est reine. »

« Peut-être que c’est ça ? Elle a sûrement envoyé un diplomate pour régler cette histoire, voilà tout. Il n’y a pas de quoi s’en faire. »

« Je dirais bien que c’est à moi d’en décider mais ça serait une excellente nouvelle de repartir sur de nouvelles bases et de ne plus se poser de questions à ce sujet. »

« Je te préviens que je ne comptes pas interroger les soldats. Ils connaissent nos visages et vont nous poser mille questions. J’ai mieux à faire que ça, tu es prévenu ! »

« Je le sais, Elen, je le sais parfaitement. Ca ne change pas que … AH ! »

Il poussa un nouveau cri de surprise, s’arrêtant devant les personnes qui sortaient du château du prince. Comment ? Pourquoi ? Il … Enfin … Le prince était là. Mais pas seulement, Royan était accompagné par la personne chargée des troupes de Shunter : la reine en personne ! Pourquoi cela ?


Il courut en direction des deux personnes, les gardes se plaçant aussitôt sur son chemin pour l’empêcher d’avancer. Néanmoins, Royan fit un mouvement de la main pour dire que ce n’était pas aussi dangereux qu’il n’y paraissait, Tery se plaçant en face de la femme aux cheveux argentés, la regardant droit dans les yeux.

« Manelena … mais qu’est-ce que … tu fais ici ? Enfin … Tu es de retour. »

« Je ne suis jamais parti bien loin. Je suis là en tant que représentante officielle de Shunter pour oeuvrer pour des relations de paix avec Traslord. Le prince Royan, à mes côtés, poura confirmer mes propos si tu ne me fais pas confiance, Tery Vanian. »

« Je n’ai appris la raison de sa présence que récemment, Tery, je peux te l’affirmer. Néanmoins, sa première question fût … »

« Prince Royan, veuillez ne pas créer de problèmes entre nos deux nations en commençant à parler de choses qui concernent le domaine privé, je vous prie. »

« Manelena … tu es finalement de retour. »

« Je ne suis jamais partie réellement. Et veuillez m’appeler reine Manelena, je vous prie, Tery Vanian. Cela me convient beaucoup mieux. »

« Comme vous le désirez, reine Manelena. Est-ce que mes propos vous plaisent de la sorte ? »

« C’est le cas. Si je ne me trompe pas, vous êtes des personnes proches du prince Royan non ? Vous pouvez donc aisément nous accompagner pendant notre promenade dans la capitale de Traslord, cela me semble plus que logique. »

« Comme vous le désirez, il faut avoir avec le prince Royan. Qu’en pensez-vous ? »

« Que pour cela, il faudrait que toutes les personnes qui me soient proches arrivent à nos côtés. Tery ? Elen ? Vous pouvez aller les chercher ? »

« Elen va rester ici, je vais aller voir pour retrouver les autres le plus vite possible. »

Il s’était mis à courir à toute allure, laissant là les deux femmes et l’adolescent. Elen regarda Tery partir avant de se retourner vers Manelena. Celle-ci remarqua aussitôt les yeux vairons, disant d’une voix calme :

« Tiens donc … Qu’est-ce qui a put te mettre dans cet état ? »

« Cela ne te regarde pas le moins du monde, c’est compris ? »

« Tu parles d’une façon peu correcte à une monarque, Elen, tu le sais ? »

« Cela ne me dérange pas le moins du monde de m’exprimer de la sorte. Et si tu veux tout savoir, Tery a réussi à me mettre en colère par ta faute. A ne pas prévenir que tu venais par ici, il était complètement désemparé. Déjà avec la mort de Clari, il n’est plus réellement lui-même. Mais toi qui décide de rester à Shunter a été un coup tout aussi dur pour lui. Il était déjà en train de penser à Royan qui serait obligé de quitter le groupe. Et bien entendu, il ne faut pas oublier qu’il s’en veut pour Clari car il a imaginé qu’avec des golems, cela aurait été possible de la sauve. »

« Quel imbécile … Jusqu’au bout, il ne comprendra rien. Elle était disposée à mourir et était prête donc à son sort. Rien n’aurait changé, golem ou non. »

« Ne le traite pas d’imbécile en ma présence, compris ? »

« Tu es définitivement plus hargneuse qu’il y a quelques jours. On dirait bien que Tery a touché un point sensible ou presque, n’est-ce pas ? »

« Je n’ai pas envie de me répéter, Manelena. Reine ou non … »

La jeune femme aux cheveux blonds avait commencé à chuchoter cela, serrant une nouvelle fois les poings. Pourtant, Manelena ne semblait guère impressionnée, comme si tout cela ne lui faisait que peu d’effets. Les rapides retrouvailles pouvaient vite dégénérer.

Chapitre 96 : Accès refusé

ShiroiRyu
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Chapitre 96 : Accès refusé

« Dire que nous sommes déjà à Traslord. Sincèrement, Royan, le changement de climat ne fait-il pas tomber les citoyens malades plus rapidement que les autres ? »

« Tu veux parler du fait que nous passons d’une zone aqueuse à une zone maritime puis tempérée et proche du ciel ? Comme pour représenter les trois formes de l’eau ? »

« Oui, oui, c’est bien de ça dont je parle. Vous ne tombez jamais malade avec ça ? Car bon, je dois avouer qu’actuellement, ce n’est pas vraiment qu’il fasse chaud ici. »

« La force de l’habitude. Nos corps sont plus entraînés au changment climatique et aux basses températures. Comme pour Séran, il est habitué aux fortes températures à cause de la chaleur ambiante d’Honoros. »

« C’est exact, c’est parfaitement cela même, pour être plus précis. »

« Et pour Shunter, c’est quoi notre particularité ? » demanda Tery en regardant les autres personnes du groupe, Sérest rigolant avant de dire :

« Sûrement votre capacité à vous mouvoir dans les zones rocheuses mais aussi dans les forêts. Vous êtes des personnes très proches de cette planète, vous savez ? »

« Tant que ça ? Je ne pensais pas … mais c’est sûrement ça, oui. »

Le jeune homme avait fait un petit sourire avant d’hausser les épaules. Il faisait parfaitement confiance aux dires de Sérest mais bon … il ne savait pas trop. Cette planète ? Est-ce que vraiment, en tant que démon, il pouvait considérer qu’il protégeait cette planète ? Qu’il en était proche ? Surtout quand on savait sa capacité à se perdre aisément dans la forêt.

« Bref, de toute façon, ce n’est pas bien important, n’est-ce pas ? »

« Je ne sais pas, Sérest mais bon, en un sens, oui. Ce n’est pas comme si ma vie en dépendait ou alors que tous les citoyens d’une même nation étaient ainsi. »

« C’est exact ! Tu n’as donc à te mettre martel en tête pour si peu. Maintenant, nous pouvons continuer notre voyage. Qu’est-ce que tu voulais faire exactement, Tery ? »

« Tout simplement aller à cette fameuse tour qui a signé l’alliance entre Claudiska et Traslord. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai le sentiment que l’aigle se trouve là-bas. Si tel est le cas, nous pourrons alors nous occuper de lui et enfin … souffler. »

« Si c’était vraiment aussi simple que ça, Tery, cela se saurait, non ? Mais surtout, comment est-ce que tu comptes faire pour y rentrer ? »

« Elle n’est pas ouverte au public, Royan ? » demanda le jeune homme aux cheveux bruns, continuant de dialoguer avec le prince de Traslord.

« Si … mais seulement les premiers étages. J’imagine que tu comprendras quand tu te retrouves à sa base, ça sera plus simple que d’expliquer en long et en large. »

« Comme tu le veux, Royan. Mais d’après ton ton, ça ne semble pas bien parti. »

« C’est exact, Tery. Mais bon, nous trouverons bien une solution quand nous serons là-bas. Il ne faut pas oublier qui t’accompagne et où nous sommes. »

« Oh ? Je vais donc pouvoir voir l’autorité royale en action de mes propres yeux, Royan ? »

« Il y a de fortes chances que j’abuse de celle-ci, il est vrai. Néanmoins, cela ne veut pas dire que tout sera résolu. Peut-être même que malgré que je sois le prince, on te refusera quand même l’accès, tu dois t’en douter, n’est-ce pas ? »

« Je m’en doute mais je sais que tu feras ton maximum pour que ça ne soit pas le cas, Royan. Je ne me trompe pas hein ? »

« Ta confiance m’honore, Tery. C’est exact, tu n’as pas à te soucier de l’importance que j’accorde à cette recherche. Elle est ma priorité à l’heure actuelle. »

« Bien entendu. Cela ne fait aucun doute, Royan. »

Le jeune homme avait simplement hocher la tête positivement tandis que le groupe marchait sur de la banquise. De Midès jusqu’à la frontière avec Traslord, cela avait fait un bon bout de chemin mais ils étaient maintenant dans le territoire du prince Royan. Et vu que celui-ci voyageait tout simplement avec eux, ils n’auraient normalement aucun problème pendant qu’ils traîneraient dans les environs. Vu que la tour était entre deux territoires par contre … il ne savait pas exactement comment tout cela allait se passer.

Ah … Le territoire glacé de Traslord. Malgré leur long voyage, c’était l’une des parties qu’il connaissait le moins dans ce monde. Il se rappelait de la petite anecdote d’Elen avec le sel pour calmer le mal de mer. Heureusement, ils n’étaient pas encore sur des bâteaux donc de ce côté là, il n’avait pas trop à s’en préoccuper normalement. Mais bon, rien ne pouvait prévoir ce qui allait les attendre. Déjà qu’ils allaient devoir se rendre jusqu’à cette tour et …

« Tery, il me faudra … me rendre à mon château, dans la capitale de mon royaume. »

« Hein ? Euh … Ca ne me dérange pas mais pourquoi ? Pour quelle raison ? »

« Il va falloir que je prévienne mon peuple, que je lui donne de mes nouvelles, encore une fois mais aussi que je mette tout en œuvre pour ce que l’on veut accomplir. »

« Ah oui, bien entendu, je comprends. Enfin, oui, il n’y a aucun souci. Nous te suivons même si je pense qu’à l’arrivée, nous resterons discrets, sauf peut-être Elen et Elise. »

« Pourquoi nous deux, Tery ? » demanda Elen, le jeune homme lui répondant aussitôt :

« Elise est naturellement proche du prince Royan, il suffit de voir comment elle l’appelle. Je ne pense pas que cela dérangera les personnes autour de lui d’avoir une « suivante » qui l’appelle toujours Prince Royan. A côté, tu as connu Royan bien avant nous. J’imagine que là-bas aussi ,ils doivent te connaître. C’était l’une de tes premières lettes même, si je ne me trompes pas. A parti de là, tu es très bien placée, toi aussi. »

« Ce n’est pas faux, je n’avais pas vu cela tout cet angle, c’est vrai … »

« Hum, si c’est décidé, accélérons alors. Plus vite nous serons arrivés, plus vite je pourrais agir. Même si je tiens à rappeler que rien n’est confirmé, loin de là, d’accord ? »

« Le message est très bien passé de ce côté là, Royan. Tu n’as pas besoin de te répéter. » compléta et termina Tery alors que Sérest et Séran restaient muets, n’ayant visiblement aucune remarque à dire au sujet des prochains jours.

Des jours qui s’écoulèrent sans aucun problème. Même si cela était infime, l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle reine à Shunter avait permis de retirer une partie de l’animosité que pouvaient avoir les citoyens de Traslor envers ceux de Shunter. De plus, le temps passait et de moins en moins de personnes reconnaissaient Tery. Déjà qu’à la base, il était difficile de se faire un portrait exact du jeune homme.

« Nous serons normalement arrivés d’ici quelques heures. Dans la capitale, nous vous trouverons de quoi vous héberger correctement. Contrairement à Shunter, le peuple de mon royaume ne risque pas de vous acclamer ou autre. Et si j’invite quiconque dans le château après des mois d’absence … »

« Voire des années. » corrigea Tery, le prince acquiesçant de la tête :

« C’est exact. Cela fait déjà quelques temps que je ne suis pas revenu ici. Je ne parle pas d’un discours officiel puisque je l’ai fait avant que nous revenions jusqu’à Shunter. »

« Oui, oui, tu n’as pas besoin de t’expliquer. »

Ce n’était pas que ça le dérangeait, loin de là. C’est juste que ce n’était pas nécessaire. Le jeune homme aux cheveux bruns préférait plutôt se concentrer sur cette tour immense à l’horizon. Il ne s’était jamais intéressé mais … est-ce qu’il était possible de la voir partout dans le monde ou presque ? Si c’était le cas, cela pouvait servir pour ceux qui voulaient surveiller ce monde, n’est-ce pas ?

Les heures passèrent mais surtout, le jeune homme était resté dans sa cabine. Oui, cela était logique, ils devaient prendre le bateau, comme la dernière fois, pour arriver jusqu’à la capitale de Traslord. Il fermait les yeux, poussant un profond soupir. Manelena n’était pas eux, c’était définitif maintenant. Aucune lettre ou nouvelle pour infirmer la chose.
Il ne pouvait pas s’empêcher d’être triste à ce sujet. Il ne pouvait pas s’empêcher de s’en vouloir. La main sur le cœur, il déglutit lentement avant qu’on ne vienne toquer à sa porte. La voix d’Elen se fit entendre, demandant si elle pouvait venir. Il murmura que oui, la jeune femme aux cheveux blonds arrivant jusqu’à Tery pour dire :

« Est-ce que je peux m’inviter dans tes bras, Tery ? Ou alors, cette place est réservée ? »

« Ne raconte donc pas de bêtises. Tu peux venir, Elen. Je crois que de toute façon, j’en ait besoin. Plus tu seras proche, mieux c’est. »

« Oh, si c’est par nécessité, il vaut mieux pour moi que je vienne tout de suite ! »

Guillerette, la jeune femme aux cheveux blonds se jeta ans les bras de Tery pour bien s’y calfeutrer. Le jeune homme émit un long soupir une nouvelle fois avant de finir par s’endormir. Pendant la session en bâteau, il avait évité de trop se mêler avec les autres. Personne, à part Elen, n’avait cherché à le déranger.
Chacun et chacune comprenait parfaitement pourquoi il agissait de la sorte. C’était pour cette unique raison qu’ils préféraient ne pas discuter avec lui de ce sujet pour le moment plus que fâcheux. Un jour, tout allait s’arranger, c’était ce que Tery essayait de croire. Mais pourtant, la réalité était là, Clari ne reviendrait jamais. Il avait juste cette impression qu’elle ne l’avait jamais vraiment quitté, bien qu’il ne savait pas comment expliquer cette sensation.

Finalement lorsque l’on toqua une nouvelle fois à la porte, c’était la voix d’Elise pour les prévenir qu’ils étaient arrivés à bon port et qu’ils devaient aller sur le pont pour qu’ils puissent se préparer pour le peu de marche qu’il restait.

« D’accord … d’accord, j’attends juste qu’Elen se réveille et nous arrivons, Elise. »

« Je vais prévenir les autres. Nous ne sommes pas à dix minutes près ! »

Il la remerciait mentalement puisqu’il ne vint pas ouvrir la bouche. Il était vrai qu’Elen dormait paisiblement dans ses bras. Ce n’était qu’une simple sieste, ils étaient sûrement en fin d’après-midi mais pourtant, c’était l’unique chose dont il avait eut besoin.

« Elen, il faut se lever. Ils nous attendent tous dehors. »

Elle marmonna quelques mots avant de bailler. Il vint coller ses lèvres contre les siennes sur le moment, les yeux bleus s’ouvrant en grand par la surprise avant de se refermer à moitié, savourant cet instant si tendre entre les deux êtres.

Enfin, ils quittèrent la cabine cinq minutes plus tard, Elen encore à moitié endormie mais néanmoins consciente tandis que le reste du groupe était sur le pont, prêt à les attendre. D’après ce qu’il ressentait, il n’y avait pas à s’inquiéter. Ils étaient bien à bon bord, le bateau ne naviguant plus.Dès l’instant où ils arrivèrent, Royan leur déclara :

« Je vais prendre de l’avance de mon côté. Mademoiselle Elise ? Vous venez ? Elen, tu peux rester avec Tery, ta présence ne sera pas nécessaire. »

« Est-ce que tu en es sûr à ce sujet ? Je pense plutôt le contraire. Comme je suis porteuse des lignes de Zélisia et qu’il y ait des chances qu’ils me connaissent déjà … ou du moins, se rappellent un peu de moi bien que je n’ai plus de masque. »

« Ils ne t’ont vu qu’une seule fois, Elen. Je ne pense pas qu’ils se rappelleront de toi. Ou alors, nullement d’une bonne façon. Tu vois ce que je veux dire ? »

« … … … Oui, ce sont bien ces personnes masquées qui sont responsables … »

« N’en parlons plus. Tu n’es pas responsable et c’est de l’histoire ancienne. »

« Maintenant que je suis au courant pour l’Oracle, cela ne m’étonne plus. »

Ces hommes qui s’étaient prétendu à l’époque travailler pour l’Oracle alors qu’elle n’était pas au courant. Sur le moment, elle n’avait jamais voulu le croire mais maintenant … avec les derniers événements à Shunter, elle avait la confirmation du contraire.

« Bon, je pense qu’il vaut mieux que je reste là en fin de compte. »

« C’est une plus sage décision. » répondit calmement Royan bien que Tery avait un petit sourire, commençant à chuchoter quelques mots à Elen. Celle-ci répondit de la même façon que Tery, souriant ensuite à Royan et Elise.

« Vous pouvez y aller tous les deux. Vous avez notre bénédiction mais aussi celle de Sérest et Séran. Par contre, avant de partir, il faut que l’on se donne une heure et un endroit comme rendez-vous. J’imagine qu’ici, plus qu’ailleurs, tout le monde connaît ton visage, Royan. »

« C’est exact mais vous n’aurez aucun souci à vous faire. Elise vous retrouvera à l’auberge de la baleine qui chante et vous dira ensuite où vous rendre. »

« Hum … Vraiment, les noms des auberges, je ne suis jamais certain de quelle façon ils arrivent à les trouver. Au moins, ils me surprennent toujours. »

« Il faut toujours que cela aie une particularité. Cela permet alors de s’en rappeler plus aisément tandis qu’un nom générique ne resterait pas gravé en mémoire. »

« Oui, oui, Royan, je m’en doutes. Je le sais parfaitement. Bon, vas-y. »

Il fit un petit mouvement de la main pour inciter l’adolescent et la demoiselle aux cheveux auburn à y aller tout de suite. Ils n’avaient plus qu’à patienter à cette fameuse auberge.

Dans celle-ci, le jeune homme et ses compagnons prirent de quoi se sustenter. Hum … cette saveur particulière, cela lui faisait du bien. Comme ils étaient dans le royaume de l’eau, il fallait se douter que pour ce qui était des liquides froids et frais, Traslord avait les meilleures personnes capables d’abreuver ses consommateurs.

« Pfiou … Je suis un peu fatigué, pas vous ? J’ai mal au cou … »

« Tu as dormi sur le lit d’un bateau. Tu ne devrais pas avoir mal uniquement qu’au cou mais aussi sur le reste du corps, il y a de très fortes chances. »

Ah bon ? Hum, pour le repas, c’était assez spécial par contre. Il n’y avait que rarement des aliments solides, plus tout ce qui touchait à la soupe ou d’autres breuvages était la principale recette des différentes auberges de Traslord.

« Qu’est-ce que tu vas prendre pour manger aujourd’hui, Tery ? »

« Je ne sais pas trop, sûrement une soupe de poisson. Malgré l’odeur, c’est plutôt délicieux. Je ne suis pas sûr de pouvoir avaler autre chose. »

« Il ne faut pas prendre trop lourd. Nous venons à peine d’arriver et surtout de quitter un bateau. Si nous en reprenons un ce soir, autant dire que cela risque d’être indigeste. »

Le jeune homme ne put qu’acquiescer d’un simple mouvement de la tête. C’est vrai que si cela était négatif … ou non, ils allaient quand même devoir se déplacer. Bref, la soupe de poisson qu’il avait décidé de prendre était la meilleure chose à faire.

« En espérant obtenir une bonne nouvelle ! »

Et tous vinrent trinquer, chacun se disant que cela ne pouvait être autrement. Royan était le prince de Traslord. Est-ce qu’il y aurait vraiment des gens assez fous pour lui refuser quelque chose ? Surtout qu’il était bientôt un jeune adulte.

« Malheureusement, l’autorisation ne fût pas donnée. »

Royan était revenu quelques heures plus tard, se trouvant dans un coin isolé de la ville. Elise avait emmené le groupe après s’être présentée à eux, comm cela en était convenu. La mine décomposée, Tery demanda une nouvelle fois :

« Euh … Est-ce que tu peux répéter ? Pourquoi ? Comment c’est possible ? »

« Tout simplement qu’ils ne sont pas aptes à accepter ou refuse notre demande. Nous devons nous rendre directement à la tour et voir avec celui qui est chargé de sa surveillance. Autant dire que vu qu’il est choisi par les deux nations, il se porte garant de nos deux royaumes. Ma voix n’aura pas autant de poids. »

« On revient au point … de départ ou presque, n’est-ce pas ? »

« A peu de choses près, c’est ça. Nous ne savons toujours pas si nous pouvons nous rendre ou non dans la tour et c’est vraiment problématique. »

« Quand est-ce que nous partons vers Claudiska ? Du mois, à la frontière entre Traslord et Claudiska ? » demanda Tery en regardant longuement Royan.

« Demain sera mieux. Il est déjà trop tard pour les bateaux que nous voulons prendre. De toute façon, j’ai demandé à envoyer un messager pour prévenir les personnes travaillant pour la tour de notre arrivée d’ici une semaine ou deux au grand maximum. »

« Prince Royan, nous ne pouvons pas partir demain. Est-ce que vous aurez oublié ? »

« Hum ? Ah ! Oui … C’est vrai. Nous ne partirons pas demain Comme l’occasion est si rare, je nous autorise une journée dans la ville pour vous présenter un peu notre peuple. Qu’est-ce que vous en dites ? Mademoiselle Elise m’a un peu forcé à accepter cela malgré la situation. J’estime que ce n’est pas à refuser. »

« Prince Royan, ne dites pas cela ! On va croire que je ne connais pas ma position. »

« Oh ? Pourtant, vous sembliez très enjouée et motivée, et cela au beau milieu du château. J’ai même cru remarqué quelques têtes se tourner vers nous, mademoiselle Elise. Mais bref, vous autres, qu’est-ce que vous en dites ? »

« Hum … Une journée, ce n’est rien de dramatique. Je dirais oui. » répondit Tery.

« Pour ma part, une petite balade avec Tery, je ne refuse jamais ! »

« Alors … Hum, allons-y ? Peut-être que cela permettra de souffler un peu ? »

Le jeune homme aux cheveux bruns avait murmuré cela doucement comme pour inciter le reste du groupe à le suivre. Puisqu’il fallait faire une visite de la capitale de Traslord, pourquoi ne pas en profiter ? Ca serait une bonne chose, oui.

Ah … Il poussa un léger soupir fatigué. C’est vrai que tout ça le tapait légèrement sur le crâne mais il devait faire avec. Ce n’était pas une chose simple, loin de là. Il plaça une main sur son front mais Elen le regarda tendrement avant de dire :

« Allons, allons, ne fait donc pas cette tête, Tery, d’accord ? Ca me rend triste quand je te vois ainsi, tu ne comprend pas ? »

« Si, si, je le comprends parfaitement, désolé … Je te le promets que ça ne se reproduira plus, d’accord ? Est-ce que tu me fais confiance quand je te dis ça ? »

« Pas le moins du monde, Tery. Mais si tu vas faire des efforts, il est alors normal que je t’en remercie. Nous allons continuer notre petit bout de chemin ensemble. Allons-y alors. »

Allons-y … Allons-y … Humpf. Bon, de toute façon, une promenade dans la ville où le prince Royan était né, ça ne pouvait pas être une mauvaise chose. Mais Royan ne devait sûrement pas bien connaître cet endroit. Il restait un adolescent lié à la royauté.

« Tu es sûr de pouvoir nous guider, Royan ? »

« Bien entendu, ce n’est pas la première fois que je me balade dans la capitale. A quoi est-ce que tu pensais en imaginant cela, Tery ? »

« Rien rien. Désolé, ce n’était qu’une supposition stupide de ma part, rien d’autre. »

« Ce n’est pas bien grave, je ne t’en veux pas. Tu n’es pas obligé de tout savoir à ce sujet, loin de là, Tery. Mais attention, la prochaine fois, tu risques d’être arrêté pour insulte à majesté. »

« Il va falloir que je modère mes paroles, visiblement. »

Pourtant, ni lui, ni Royan ne prenaient les propos au sérieux. Comme s’il allait vraiment laisser Tery se faire arrêter, c’était tout simplement impossible à imaginer. Mais bon, par mesure de précaution, autant si Royan, ça ne le dérangeait pas, autant si un garde l’entendait ou autre, ça serait beaucoup moins sympathique.

« Et si vous arrêtiez de vous disputer tous les deux ? »

« Si encore, il s’agissait d’une vraie dispute, Elen. Mais oui, il vaut mieux stopper cela. »

Il avait enfin stoppé cette conversation alors qu’il laissait Royan prendre les devants du groupe pour le guider à travers les ruelles de la ville. Ah oui … Ca ne serait vraiment pas si mal. Cela l’empêcherait alors de penser à Manelena, ce qui était une bonne chose.

Chapitre 95 : Vers le dernier monstre

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Chapitre 95 : Vers le dernier monstre

« C’est donc décidé … c’est vraiment dommage, vraiment. »

« Mais on n’a pas le choix. Je ne vais pas empêcher Manelena de faire son rôle de reine. Il y a des priorités dans la vie et malheureusement, à l’heure actuelle, ce n’est pas notre groupe. »

Tery discutait avec Royan, celui-ci acquiesçant à ses propos alors que tout le groupe était maintenant réuni devant les portes du château. Les six personnes discutaient, les gardes les laissant faire vu qu’ils connaissaient ceux qui avaient aidé les rebelles mais surtout la monarque Manelena à sa place sur le trône.

« Manelena nous a donné un peu d’or pour les commodités de voyage. On devrait faire un petit tour chez les marchands pour nous ravitailler … et on part alors Traslord. »

« Ca me semble être l’idée la plus raisonnable actuellement, Tery. »

« Messire Tery, est-ce que je peux vous accompagner pour les achats ? Je pense pouvoir vous épauler dans les choix des choses consommables qui seront plus difficilement périssables. »

« Tu n’as même pas à poser la question, Elise. Et de toute façon, nous allons tous nous y rendre. Chacun a sûrement besoin d’un objet en particulier. Et je peux me tromper. Il vaut mieux que nous y aillons tous ensemble, voilà tout. »

« Comme vous le désirez, mes… oh Tery. Comme tu le désires, c’est mieux ? »

« Beaucoup mieux même. Allons-y dès maintenant. »

Pas d’adieu à Manelena ? Non. Il ne voulait pas. Sans un regard en arrière, il quitta finalement le château pour se retrouver dans les rues de Midès. Du moins, pas tout de suite, il y avait encore pas mal de marche … mais au moins, il pouvait voir au loin bon nombre de cheminées qui fonctionnaient, signe que les bâtiments tournaient à plein régime pour la plupart d’entre eux. Après les derniers événements, il fallait bien retourner à la vie de tous les jours et chacun avait son petit train-train quotidien.
Néanmoins, le jeune homme aux cheveux bruns n’avait pas le temps de se préoccuper des personnes autour de lui, simplement de celles qui étaient proches, celles de son entourage. Les voilà maintenant en train de vagabonder dans les ruelles. Quelques têtes se tournèrent vers eux, comme pour confirmer une chose dont elles n’étaient pas sûres.

« Alors, est-ce que nous avons tout ? Je ne sais pas pourquoi j’ai voulu cela. »

« Par mesure de précaution, il faut aussi que nous prenions ceci, ceci et ceci. AH ! Et sûrement ça aussi. Hmm … peut-être ça ? »

« Royan, heureusement que tu es un prince. » déclara Sérest après les propos de Tery puis Elise, la jeune femme aux cheveux auburn étant en train de faire tout simplement de vider plusieurs magasins à la suite. Pourtant, ça ne semblait pas être la folie des achats mais simplement des recommendations. Elle avait visiblement l’habitude d’acheter les fournitures pour l’auberge. Royan se tourna vers la femme ailée, la regardant en clignant des yeux.

« Je ne comprends pas où vous voulez en venir, Sérest ? »

« Oh rien du tout. J’imagine qu’il est parfois bon de ne pas comprendre les paroles des autres. Cela rend le tout bien plus facile à vivre et à supporter. »

« Ne jouez pas avec les mots, je ne supportes pas cela. Mademoiselle Elise, vous n’avez toujours pas terminé ? Même les servantes de mon palais ne font pas autant d’achats que vous. Vous êtes certaine qu’il faut absolument cela ? »

« Bien entendu ! Nous allons à Traslord, ce n’est pas n’importe où. Il faut de la nourriture consistante, capable de nous protéger du froid pendant de bonnes heures. Mais aussi quelques vêtements chauds, de la toile pour nous protéger du vent et … oui ? »

« Je n’ai rien dit, continuez donc, mademoiselle Elise. Vous semblez connaître votre travail. Je ne voudrais pas vous arrêter dans vos mouvements, cela serait stupide. »

« Oh mais venez donc, je vais vous expliquer ! »

« Non, non, il n’y a pas … » dit-il avant d’être arrêté, Elise le prenant par la main pour le tirer vers le fond d’une magasin. Les deux couples les laissèrent s’éloigner, Tery se grattant le sommet du crâne avant de dire :

« Au moins, elle semble très motivée dans son travail. Ça en est vraiment remarquable et admirable de sa part, il faut avouer. Vraiment … »

« Elle est comme tout le monde, Tery. Mais oui, je préfère la voir réagir de la sorte plutôt qu’autrement. Néanmoins, il y a encore beaucoup à faire entre nous. »

« Beaucoup à faire, beaucoup à faire. Oui, sûrement mais voilà … »

Le jeune homme aux cheveux bruns passa une main derrière le crâne, attendant qu’Elise ainsi que Royan reviennent. Tery se retourna vers l’autre couple, ce dernier le regardant avec amusement, Sérant disant de sa voix légèrement grave :

« Et bien ? Que se passe t-il, Tery ? Tu sembles interrogateur. »

« Je me disais : vous n’avez donc aucun problème à nous suivre ? Manelena a des obligations mais vous, vous n’êtes pas forcés de nous suivre hein ? »

« Nous le savons parfaitement, ce n’est pas aussi simple que ça, Tery. Nous avons une destinée à accomplir et en tant que telle, nous devons vous accompagner. »

« Destinée, destinée, vous utilisez ce terme depuis longtemps. J’aimerai vraiment savoir de quoi il en retourne exactement, hein ? Qu’est-ce que vous voulez insinuer par là, vous pouvez me le dire ou non ? » demanda une nouvelle fois Tery.

« Malheureusement, ce n’est pas possible mais nous y sommes bientôt. »

« Cela a un rapport avec la dernière créature légendaire, n’est-ce pas ? »

« C’est exact mais pas seulement. Le mieux est que vous voyez de vos propres yeux lorsque le moment sera venu. De toute façon, nous sommes les héros, moi et Sérest. Nous ne pouvons pas nous soustraire lorsque le besoin est là. »

« Je ne sais pas d’où vient cette confiance mais je pense que je dois vous remercier. »

« Fais donc comme tu penses être le meilleur, Tery. Nous serons là jusqu’à la fin de nos vies. » tenta de rassurer Sérest en regardant le jeune homme, celui-ci ayant le visage qui s’assombrit avant de dire aussitôt :

« Ne terminez plus jamais vos phrases de la sorte, d’accord ? »

« Hum … C’est vrai que c’était très mal déclaré de ma part, je le reconnais. »

« Ce n’est pas grave, les erreurs, ça arrive à tout le monde. Je ne peux pas vous en vouloir pour une parole mal-placée alors que ce n’était pas voulu de votre part. »

« Tant mieux si tu comprends. Oh, ils ont enfin fini et … wow. Quand Elise commence à faire les achats, visiblement, elle ne s’arrête pas. »

« C’est très effrayant, n’est-ce pas ? Je ne savais pas à ce sujet … »

Les quatre personnes discutaient entre elles de choses plus joyeuses tandis qu’Elise et Royan revenaient après une bonne quinzaine de minutes. L’adolescent était comme épuisé. Dans un petit sourire, Tery vint lui dire :

« Et bien, Royan ? Déjà fatigué ? Cela m’étonne de ta part. »

« Je ne m’attendais pas … à de telles épreuves en acceptant, Tery. Comment est-ce qu’elle peut avoir autant d’énergie pour accomplir une telle chose ? »

« Tout est dans le mental, je dirais, tout est dans le mental. »

« Dans le mental ? Je note ça pour la prochaine fois … mais c’est enfin fini. Je vais pouvoir souffler. Mademoiselle Elise, je vous laisse discuter avec Elen et Sérest pour savoir si de leur côté, tout cela semble être bon. Je ne peux pas décider à votre place pour ça. »

« Qu’est-ce que tu insinues exactement, Royan ? » demanda Elen en le regardant d’un air faussement courroucé, l’adolescent clignant des yeux.

« Je disais simplement qu’en tant que membres de la gente féminine, vous êtes bien plus aptes à comprendre les besoins vitaux du groupe que les hommes présents. Nous sommes tout simplement incapables de gérer de la même façon que vous. Ce sont cela qui font vos qualités, rien de plus, Elen. »

« Quel beau parleur quand même. » déclara Sérest dans un sourire, donnant un petit coup de coude à son mari alors qu’Elen se tournait vers Tery :

« Tu vois ? Tu devrais parfois apprendre à parler de la sorte, Tery. Ca te ferait du bien. »

« A moi ou à toi, Elen ? » rétorqua aussitôt le jeune homme aux cheveux bruns.

« Un peu des deux peut-être ? »

« Alors, si tu le prends comme ça, on va s’entraîner à la bienséance quand tout sera terminé. Si c’est le bon mot … je n’en suis pas si sûr. »

Pour toute réponse, elle déposa un rapide baiser sur ses lèvres. Même si ce n’était que pour quelques secondes ou minutes, le voir oublier Clari était une bonne chose. Il ne pouvait pas se laisser parasiter de la sorte sans rien faire.


Ils avaient finalement réussi à quitter la capitale de Shunter mais pendant quelques instants, Tery s’était attendu à ce que Manelena arrive vers eux en déclanrt qu’elle pouvait bien laisser son royaume à quelqu’un d’autre pendant son absence. Mais voilà, ce n’était qu’une illusion stupide de sa part. La réalité ne se passait jamais de la sorte.

« Qu’est-ce que tu fais, Tery ? Nous allons prendre du retard, tu le sais ? »

« Je le sais, je le sais, je vais arriver, ne t’en fait pas. Je regardais juste la capitale une dernière fois. Nous n’allons pas revenir avant pas mal de temp. »

Pas mal de temps … ah … Il poussa un petit soupir. En même temps, il avait presque oublié une autre raison de sa présence dans Shunter : sa mère. Il déglutit subitement, pris d’une crise d’angoisse alors qu’il y réfléchissait pleinement. Mais mais …

« Bon, puisque tu ne veux pas bouger, Tery, c’est moi qui vais te faire venir. »

La jeune femme aux cheveux blonds revint vers lui, prenant sa main dans la sienne pour le tirer en avant. HOP HOP HOP ! On se bouge et plus vite que ça ! Même si ça ne plaisait pas à Tery ! Déboussolé, le jeune homme se laissa emporté par Elen, retrouvant le reste du groupe. L’ancienne serveuse le regarda avec inquiétude, demandant d’une voix inquiète :

« Messire T… Euh Tery, tu as mal quelque part ? Tu sembles souffrir. Si c’est à cause d’un repas, j’ai quelque chose pour faciliter la digestion. »

« Oh, non non, pas du tout. Il n’y a pas à s’inquiéter ou se préoccuper à ce sujet. »

« Comment ça, Tery ? Tu es sûr ? »

Il hocha une nouvelle fois la tête de façon positive avant de faire un grand sourire. Garder un masque devant son visage, c’était le plus important pour les autres. S’il commençait à faiblir maintenant, ça serait terminé. Il devait tenir bon.

Tenir … bon … et voir comment les prochaines journées allaient se dérouler. Déjà voir comment celle-ci allait se passer. Les heures s’écoulèrent, lentement, très lentement alors qu’ils se dirigeaient vers la bordure reliant Shunter à Traslord.

« Nous allons faire une petite pause pour casser la croûte. Nous n’en avons pas fait de la journée. Nous marcherons encore un peu cette nuit. »

Il semblait aller mieux, d’après ce que pouvaient contester les cinq autres personnes. Tery avait commencé à aller récupérer du bois, déclarant qu’il voulait être seul pour une chose aussi aisée et facile que ça. Pourtant, Elen se décida à le suivre, marchant à ses côtés.

« Pourquoi est-ce que tu ne me le laisses pas tranquille, Elen ? »

« Car tu es ma raison d’être n’est-ce pas ? Tu ne l’aurais pas oublié ? »

« Comment est-ce que tu peux déclarer cela avec autant d’aisance ? Pourquoi ça ? Et comment est-ce que tu fais, Elen ? J’aimerai savoir. »

« Cela vient instinctivement, Tery. Depuis que je n’ai plus ce masque, et cela commence à dater, j’ai tellement plus de facilité à exprimer mes sentiments envers autrui. »

« J’aimerai … y arriver. Mais en même temps, je trouve qu’être impassible en toutes circonstances comme Manelena a quelque chose de remarquable. »

« Manelena n’était pas impassible comme tu le dis si bien. Elle en était bien loin. C’est simplement l’impression qu’elle te donnait Tery mais sinon, tu te trompes lourdement à son sujet et je suis sûre que tu es capable de le comprendre par toi-même, n’est-ce pas ? »

Pour toute réponse, il vint prendre la main d’Elen dans la sienne, la serrant assez fortement en croisant ses doigts dans les siens. Subitement, il plongea dans ses bras, commençant à pleurer à chaudes larmes alors qu’Elen cherchait de l’aide autour d’elle. Complètement désemparée, incapable de savoir pourquoi il pleurait, elle le garda auprès d’elle.

« Mais Tery, je … enfin … quoi … »

« J’en peux plus, Elen. J’en peux vraiment plus … J’y arrive plus. »

« Attends un peu, de quoi est-ce que tu parles ? Tu es en train de craquer ? Maintenant ? »

« Il n’y a plus Clari, il n’y a plus Manelena. C’est qui la prochaine personne ? C’est toi ? C’est bien ça ? C’est Royan et Elise ? Sérest et Séran ? Vous ne voulez pas partir avant qu’il ne soit trop tard ? En me laissant seul ici hein ? »

« Mais qu’est-ce que tu racontes ? On ne va pas partir. Je sais que cela t’horrifie … et que le départ de Manelena te fait du mal mais nous sommes là. Nous ne sommes pas aussi importants à tes yeux qu’elle, c’est ça ? »

« Je n’ai jamais dit ça, Elen ! Jamais ! Jamais jamais ! »

« Alors pourquoi est-ce que tu pleures ? Ce n’est pas comme si tu n’allais jamais la revoir, non ? Je ne pense pas que Manelena soit assez cruelle pour t’empêcher de retourner au château de Shunter après que nous ayons terminé avec ce fichu monstre légendaire hein ? »

« Mais … et si … quelque chose se passe pendant que nous ne sommes pas là ? Et s’il lui arrive quelque chose de grave ? Comment est-ce que l’on fait alors pour la défendre ? Pour l’aider ? Pour l’épauler ? Comment est-ce que l’on fait tout ça ? »

« On ne le fait pas, tout simplement, Tery. Ce n’est pas à nous. Tu n’es pas forcé de devoir protéger tout le monde et bien que je n’apprécie pas forcément Manelena, je dois lui reconnaître que niveau caractère, elle est bien plus forte que moi. Est-ce que tu crois que ça lui ferait plaisir de voir que tu es en larmes car tu ne peux pas te tenir en face d’elle ? »

« Je pense plutôt qu’elle se moquerait fortement de mois … et qu’elle n’hésiterait pas à me le dire tout en m’intimant de m’arrêter si je ne veux pas recevoir une baffe métallique avec son gantelet … ce qui risquerait de faire beaucoup plus mal qu’autre chose. »

« Oh ça, elle ne serait pas la seule. Alors, est-ce que tu veux bien me faire un grand sourire maintenant, Tery ? Et du moins sécher tes larmes. Car sinon, il y a des chances que ça soit moi qui pleure … et je n’ai pas envie de cela. »

Lui non plus. Il avait juste eut un petit moment de faiblesse. Il avait eut … un petit moment où tout avait lâché chez lui. Il renifla bruyamment, essuyant ses larmes d’un geste de la main bien qu’il restait dans les bras d’Elen, disant doucement :

« Ca ne doit pas m’empêcher de profiter un peu de tes bras et de ton corps, Elen. »

« Cela ne me dérange nullement, Tery, tu dois le savoir, n’est-ce pas ? Tu peux continuer autant que tu veux, jeune homme. »

Jeune homme ? Il la regarda avec un peu de surprise, lui souriant. L’appeler de la sorte n’était pas dans les habitudes d’Elen mais bon, il savait qu’elle faisait cela pour l’aider.

Bon … Ils étaient revenus après plusieurs minutes, tenant du bois tous les deux. Finalement, il avait décidé que la pause serait plus importante que prévu, qu’ils allaient juste passer une ou deux heures de plus au lieu de repartir presqu’immédiatement.

Et vu que la nuit serait bientôt là, il valait même mieux envisager de monter les tentes, chose que chacun fit. Ils étaient six … mais le problème provenait d’Elise. Auparavant, elle avait Manelena et Clari pour lui tenir compagnie. Maintenant, il n’y avait plus personne.

« Si cela est si dérangeant et dangereux de laisser une jeune femme seule, nous ne pouvons monter qu’une seule tente, mademoiselle Elise. » déclara le prince après plusieurs minutes de réflexion. La jeune demoiselle aux cheveux auburn le regarda avant de bredouiller :

« Oh non ! Non ! Vous ne pouvez surtout pas, prince Royan. Je vous rappelle que nos classes sociales sont bien différentes. Cela m’est interdit ! »

« Vous avez dormi avec une noble et une reine pendant des semaines. Cela ne vous a guère dérangé. Et il vaut mieux que l’on vous sache en sécurité. »

« Mais mais mais … Attendez un peu, prince Royan. »

« Comme je suis le prince, vous n’avez pas vraiment la possibilité de décider, n’est-ce pas, mademoiselle Elise ? Alors, je vais monter notre tente. »

« Quelle autorité de la part de notre bon prince de Traslord. »

Tery avait dit cela en cherchant à sourire. Il sait que cela aurait été la réplique de Clari si elle avait été là. Oh, elle en aurait clairement rajouté sur un autre point mais Tery ne se sentait pas le courage d’aller jusque là. En fin de compte, les trois tentes furent montées sans aucune peine, le repas se faisant dans le silence.


Il sentait que toutes les têtes étaient tournées vers lui, comme pour étudier ses réactions mais il n’allait pas se montrer trop faible maintenant, hors de question. Lorsqu’il fût l’heure de se coucher, il ne fût pas le premier, Sérest et Séran déclarant qu’ils allaient profiter de cette nuit pour se reposer correctement et parfaitement.
Royan fut le prochain, Elise préférant attendre une bonne demie-heure, discutant avec Tery et Elen, un peu rouge et gênée de devoir dormir sous la même tente que le prince. Pourtant, Tery lui déclara d’une voix calme :

« Il n’y a rien d’anormal à être intimidée mais tu verras, ce n’est pas si dramatique que ça. Sauf si tu apprends que Royan ronfle, là, tu auras du mal à dormir ! »

« Il … Il ronfle ? Tu es sûr ? Je n’ai jamais entendu de bruit venant de sa tente. Tu es sûr et certain à ce sujet, tu ne mens pas ? »

« Je ne vois pas pourquoi je mentirais, non ? Tu le verras par toi-même. »

« Je vais aller me coucher. De toute façon, si c’est le cas, je serais vite réveillée et je resterais devant le feu. Bonne nuit Tery, bonne nuit Elen. »

« Hmm hmm … Bonne nuit, Elise. » dit la jeune femme aux cheveux blonds avec lenteur.

« Dormez bien tous les deux même si ça semble déjà être le cas. »

Elle adresse un sourire à Tery alors que le jeune homme gardait Elen contre lui. La demoiselle au justaucorps rouge était à moitié assoupie sur lui tandis qu’il ne faisait que regarder droit devant lui, comme si de rien n’était.

« Tery, j’espère que tu ne penses à rien de sinistre, hein ? Je te préviens car je ne te pardonnerais pas si cela devait être le cas. »

« Ce n’est pas ça … pas du tout. Tu peux alors être rassurée. »

Rassurée ? Hum … Elle se redressa lentement, plaçant ses bras autour de Tery avant de finalement déposer un baiser sur ses lèvres. Elle le fixa de ses yeux saphir, chuchotant :

« On attend de voir si Elise revient … et si ce n’est pas le cas, on part à notre tour sous notre tente ? J’ai juste envie de me reposer contre toi. »

« Tiens, nous avons eut la même idée. Par contre, je ne me sens pas motivé à attendre. »

Et voilà ! Il souleva la jeune demoiselle aux cheveux blonds, celle-ci poussant un faux cri surpris avant qu’il ne l’emmène sous leur propre tente. De toute façon, visiblement, Elise n’avait pas trouvé les « ronflements » de Royan plutôt perturbants.

Chapitre 94 : Chevalier personnel

ShiroiRyu
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Chapitre 94 : Chevalier personnel

« Alors … Tery Vanian, comment nous nous sommes connus, toi et moi ? »

« Dans l’armée de Shunter. Du moins, je venais juste de rentrer dedans. Je crois que j’ai été très problématique à l’époque. Enfin, je ne comprenais pas vraiment ma position. »

« Un point qui n’a pas changé malgré les années. Tu es toujours incapable de saisir qui se trouve en face de toi et un jour, tu auras de sérieux problèmes. »

« Je ne suis pas sûr que cela soit un jour, loin de là. J’imagine même que ça sera bien différent … entre nous. Enfin bon … Oui, je me rappelle que j’avais beaucoup de mal à converser avec toi, Manelena. Je ne sais plus trop pourquoi. »

« Car j’étais la maréchale de l’armée de Shunter ! Réfléchis donc un peu ! Encore maintenant, tu ne saisis pas ? Tu ne converses pas avec la plus haute autorité militaire comme si c’était ta meilleure amie. Ça ne marche pas comme ça. Surtout que nous nous connaissions guère. »

« Je crois que dès le départ, je voulais essayer de me rapprocher de toi. »

« J’exprimais autant de pitié pour que tu veuilles ça ? Sincèrement ? J’ai une tête à ce que l’on me fasse ça ou quoi ? Vraiment … »

« Non, non ! Pas du tout ! Enfin, je ne me rappelle plus vraiment pourquoi … Je crois que c’est parce que tu portais toujours ton casque et ton visage. Comme si tu avais besoin de cacher ce que tu étais, ça m’a rappelé Elen et instinctivement, vu qu’elle et moi, à l’époque … nous nous sommes … disputés violemment, au point de vouloir s’entretuer, j’avais envie de me lier d’amitié avec une personne qui elle aussi avait besoin de moi … »

« Je n’ai jamais eut besoin de toi ! » s’égosilla Manelena, surprise par les paroles de Tery. Elle ne s’était jamais posée la question … à ce sujet et maintenant … « Enfin à l’époque … quoi. Je n’avais besoin de rien, ni personne. »

« Je le sais parfaitement, c’est ça que je voulais dire … C’était moi qui avait besoin de quelqu’un pour me retrouver et autre … »

Pfiou, il avait terriblement honte de parler de ça à Manelena. C’était vraiment très personnel comme sujet mais ça ne semblait pas la déranger. Elle continuait d’ailleur à lui dire :

« Je ne savais pas que tu étais autant en manque d’attention et d’amitié, Tery Vanian. »

« Ne te moque pas, c’est bon ! Dans mon village, depuis la mort de mon père, j’ai toujours vécu isolé des autres. Je sortais à peine ou jamais. Je me demande comment ma mère a put me supporter pendant toutes ces années. Alors, quand j’ai rencontré Elen, je ne pensais pas avoir autant de chance d’avoir une amie comme elle … c’est pourquoi voilà … enfin bon … »

« Tu n’as pas à t’excuser de n’avoir eut aucune relation avec autrui. Je … n’ai pas été beaucoup mieux depuis la mort de ma mère. Et avec mon père qui m’ignorait à moitié car je possédais des lignes d’Alzar, j’ai tout fait … pour obtenir cette place de maréchale. Mais quand je suis arrivé au sommet, voilà que je n’avais plus rien à obtenir … comme but. »

« C’est assez triste … tu n’avais vraiment plus rien d’autre comme but ? »

« Je n’ai jamais eut de but dans ma vie. Ce n’est pas difficile à comprendre pourtant, Tery Vanian. J’ai toujours été ainsi, tu devrais le savoir, non ? »

« Non, ce n’est pas ce que j’ai su lorsque j’ai rencontré la maréchale Nali mais aussi une demoiselle nommée Manelena pour la première fois ; »

« Qu’est-ce que tu racontes donc ? Tu te moques de moi, n’est-ce pas ? Car je me suis moqué de toi, c’est bien ça ? Ce que j’ai montré … à Claudiska à l’époque, ce n’était qu’une illusion. Ce n’était pas la réalité, c’est pourtant très simple hein ? »

« Et pourtant, j’ai eut l’impression que c’était un pan de ta personnalité qui voulait ressortir. Mais toi, pourquoi est-ce que tu n’as jamais cherché à me tuer ? »

« Car je considérais que tu n’en valais pas la peine. » dit-elle presque aussitôt, le jeune homme s’en retrouvant blessé. Si cela avait été dit ainsi, c’est que c’était franc … trop franc.

« Je vois, je vois … ça n’a rien d’illogique vu ton comportement à mon égard. »

« Bon, tu étai aussi … assez divertissant, il faut reconnaître. Tu ne cherchais pas à contester l’autorité simplement par pure provocation. Tu étais … niais et candide. Oh, attention, il y avait une candeur comme on en trouve chez les gens de la campagne mais en même temps, tu semblais comme un animal blessé. Tu te rappelles lorsque tu as parlé de tes lignes d’Alzar ? »

« Je m’en rappelle, ce regard condescendant de la part de ces fils-à-papa issus de la noblesse. »

« Des personnes qui avaient déjà tout avant de venir ici. Ils pensaient devenir soldats pour se forger un nom, des capitaines et des lieutenants qui n’avaient aucune expérience, juste le titre de leurs parents comme unique preuve de leurs incapacités à se battre. Ils étaient pathétique, tellement pathétiques. Ils méritaient que mon dédain. »

« Je le sais parfaitement … je sais parfaitement que tu penses cela d’eux … mais après tout … Enfin bon … c’est le passé. »

« Tu n’as jamais eut envie de les tuer, Tery ? De leur montrer que tu valais bien mieux qu’eux ? De leur dire de se taire ? »

« Qu’est-ce que cela m’aurait emmené de plus, dis ? Qu’est-ce que j’aurais à y gagner, sincèrement ? C’est juste … inutile … mais ne t’en fait pas, ce n’est pas bien grave. Mais merci de ta considération à ce sujet, c’est très sympathique de ta part. »

« Ce n’est pas cde la considération, ce n’est pas de la sympathie. Ce n’est rien de tout cela, Tery ! Je te demande si tu as déjà voulu tuer d’autres personnes … comme tu l’as fait pour Olin. Cette rage et cette colère … à ce moment précis. »

« C’était plutôt du désespoir … mais tu as vu ce que cela m’a fait devenir. Je ne veux pas que ça se répète, Manelena. Je n’ai pas envie de devenir comme ça ou plutôt de le rester. Je veux juste … éviter que ça se reproduise, voilà tout. »

« Tu te fais trop d’inquiétude pour pas grand-chose. »

« Ce n’est pas toi, Manelena, qui perd les pédales au point de tuer quiconque se trouve devant toi, allié comme ennemi. C’est pour ça … que je ne veux pas que ça se reproduise. »

« Et qu’est-ce que je t’ai dit ce jour-là ? Ca ne date pas de longtemps non ? Moins d’une journée même … est-ce que tu peux répéter ? »

« Je ne préfère pas … c’est bien trop gênant et des personnes pourraient nous entendre. Mais je sais … je voulais … d’ailleurs te parler à ce sujet, depuis le début. »

« Hum ? Tiens donc … Vas-y, je te laisse t’exprimer, Tery. »

Pfiou … Il était donc temps de lui poser la question fatidique, n’est-ce pas ? Mais surtout, il avait peur de sa réponse. Il n’avait aucune idée de comment elle allait réagir par rapport à tout ça. Il déglutit longuement, se plaçant en face d’elle avant de demander :

« Manelena, qu’est-ce que tu comptes faire par rapport au reste du groupe ? A l’aigle bicéphale et toutes ces choses. Maintenant que cela fait déjà quelques jours, je me suis dit que tu y as sûrement réfléchis et que tu as pris une décision à ce sujet. »

« Oh, c’était donc ça ta question, je vois … Je vois … ce n’est pas illogique. »

Hein ? Comment ça ? Le ton semblait presque déçu venant de la part de Manelena. Pourtant, elle devait s’en douter que ça serait à ce sujet, non ? Elle parue décontenancée, se reprenant après quelques secondes pour dire d’une voix calme :

« Bon … A ce sujet, tu sais ma position maintenant dans Shunter, n’est-ce pas ? »

« C’est exact. Tu es la reine de Shunter, difficile de l’ignorer ou de l’oublier. Tu es au sommet de ce royaume et on ne peut pas l’omettre maintenant. »

« C’est exact. A partir de là, tu dois te douter en partie de ma réponse, n’est-ce pas ? »

« Je veux que tu me le dises … de toi-même. Je veux l’entendre de ta voix. »

« Pourquoi cela, Tery ? Cela te fera encore plus mal, n’est-ce pas ? »

« Car j’ai besoin que l’on me le dises, c’est tout. C’est bête mais c’est ainsi. Au moins, je sais que ça viendra de toi et toi seule, pas de quelqu’un d’autre qui aurait put avoir une influence sur ta décision. Tu veux … bien me répondre ? »

« Ah … Tery Vanian. Qu’est-ce que je vais faire de toi ? » soupira le femme aux cheveux argentés, son regard rubis posé sur lui. « Moi, la reine Manelena de Shunter, je ne peux décemment pas vous accompagner dans vos aventures, messire Tery Vanian. J’ai un royaume à diriger d’une main de fer dans un gant de velours. Le peuple a besoin de moi pour se reconstruire après les derniers événements. »

« C’est exact, madame la reine Manelena. Vous avez totalement raison. »

« J’ai toujours raison, Tery Vanian. Tu dois le savoir … puisque je suis la reine. »

Est-ce qu’elle tentait de faire de l’humour ? Pour toute réponse, le jeune homme tenta de lui faire un sourire mais qui avait tout du sourire forcé. Il murmura faiblement :

« Cela revient donc à dire … que nous allons devoir nous séparer maintenant. »

« Ne parle pas de cette façon. Ca donne l’impression que nous étions un couple et d’après ce que je crois savoir, ce n’est pas le cas, n’est-ce pas ? »

« Ce n’est pas le cas et ça ne le sera jamais, reine Manelena. »

« Est-ce de la déception, Tery Vanian, que je crois entendre dans ta voix ? Déçu que nous ne soyon pas ensemble ? Si cela s’apprenait … »

« S’il vous plaît, reine Manelena, je … ne suis pas d’humeur à plaisanter maintenant. Je suis vraiment désolé … je ne peux pas être heureux en ce moment même. » dit-il sur le même ton qu’elle. Bien entendu, elle voulait se montrer réconfortante … mais ce n’était pas possible.

Comment pouvait-il être heureux d’être séparé de Manelena ? La mort de Clari annonçait un second départ. Il n’y avait rien de réjouissant dans cela, rien du tout. Il ferma les yeux, prenant une profonde respiration mais ce fut elle qui vint dire doucement :

« Sinon, il y a bien autre chose … que d’aller chasser l’aigle bicéphale, Tery Vanian. »

« Hein ? Comment ça ? Qu’est-ce qu’il y aurait d’autre, Manelena ? Enfin reine Manelena ? »

Voilà qu’ils avaient arrêté de marcher, se trouvant face à face dans les jardins royaux. Elle était tellement plus grande que lui, presque une tête. Bon, ce n’était rien par rapport à Clari, alors que de ce côté, il n’en était pas trop sûr. Elle ne devait pas être si loin que ça, de base.

« Tu n’es pas sans savoir qu’il n’y a pas qu’un aspect militaire … enfin, plutôt qu’il n’existe pas que des soldats et des hauts-gradés militaire. Il existe d’autres castes … comme celle des chevaliers. Tu sais, ces personnes qui sont en armure et toujours proches du roi. »

« Oui, oui, je vois parfaitement de quoi tu veux parler. On en vois que très peu néanmoins. »

« C’est normal puisque ce sont les personnes les plus proches de la royauté et qui se sont investies pendant de longues années qui obtiennent ce titre. »

« Oui, je me doutes, ce n’est pas une position défavorable. »

« Et je ne parle pas des terres, des titres et de la richesse qui suit. Bon, ce n’est pas autant que les plus hauts nobles de la cour, surtout car le chevalier ne marchande pas ou n’a pas de relations à la base, loin de là. »

« Mais tout cela se forge au fil des années non ? Un chevalier qui devient noble, s’il peut, grâce à ça, former une lignée, non ? Et donc, il peut avoir ses relations qui perdurent et donc avoir une lignée noble … grâce à ce titre de chevalier. »

« J’avoue que tu m’impressionnes sur ce coup, Tery. Je ne m’attendais pas à ce que tu devines tous les enjeux de devenir un chevalier, surtout lorsque l’on n’a aucun titre. »

« Désolé mais … même si je suis plus bête que la moyenne, je comprends un peu ça. »

« Non, justement, ce n’est pas aussi simple que ça à comprendre. C’est étrange quand je te vois, Tery. Je me demande quoi faire de toi … mais bref, ce n’est pas le sujet de la question. Tery Vanian, je vais te poser une simple phrase. A toi d’y réfléchir et de m’y répondre. »

« D’accord, tu peux … la poser, Manelena. Enfin, vous pouvez, reine Manelena. »

« Est-ce que tu accepterais de devenir mon premier voire sûrement mon unique chevalier ? »

Pourquoi … pourquoi est-ce qu’il s’était attendu à une telle question de la part de Manelena ? Pourquoi il n’en avait jamais douté ? Il la regarda longuement avant de chuchoter :

« Manelena, vous savez … que … ce n’est pas facile, n’est-ce pas ? »

« Tu peux y réfléchir, si tu le désires, mais il vaut mieux pour toi que tu me répondes dès maintenant. Cela sera bien plus sincère. »

« Je ne crois pas que je puisses accepter cela, reine Manelena. Veuillez m’en excuser sincèrement mais … ce n’est pas possible. »

« Cela me semble raisonnable venant de ta part, Tery Vanian. C’est ce à quoi je m’attendais en réponse à cette question presque rhétorique. »

« Je suis vraiment désolé … Manelena. Pas de reine sur le coup. »

« Tu n’as pas à t’excuser pour tes choix. Tant que tu ne changes pas d’avis d’ici cinq minutes, tu ne subiras pas ma foudre royale. Tu devrais être soulagé, non ? »

« Très soulagé, hahaha, je peux enfin souffler un peu, n’est-ce pas ? » dit-il dans un grand sourire alors qu’elle regardait à gauche et à droite. Comme la dernière fois … ça lui rappelait quelque chose …

« Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi est-ce que tu me regardes ainsi ? »

« Non, pour rien, Manelena. Je me dis juste … que tu vas me manquer énormément. C’est bête hein ? Mais au final, on s’attache très aisément à d’autres personnes. Je suis comme ça, je suis vraiment désolé … de penser de la sorte, surtout que tu n’aimes pas ça. »

« Montrer trop facilement ses sentiments est une preuve de faiblesse, Tery. » dit-elle alors qu’il remarquait qu’elle n’avait pas dit son nom de famille. « Mais ça ne veut pas dire que l’on doit tout faire pour ne pas en avoir. »

Et maintenant qu’elle était sûre et certaine … que personne n’était là, que ça soit le reste du groupe, des servantes indiscrètes, des soldats qui faisaient leur tour de garde, des nobles qui discutaient entre eux … elle pouvait se permettre cela.

Il voulut ouvrir la bouche mais aucun son ne sortit de ses lèvres alors qu’elle plaçait le jeune homme contre elle. Oui, pendant de longues secondes, elle le gardait dans ses bras, le serrant doucement et tendrement avant de murmurer très faiblement :

« Tu vas aussi me manquer, Tery. Plus que les autres. »

« Ohla, ohla, ohla … On a dit de pas mettre trop de sentiments en avant, ça ne veut pas dire qu’on va se laisser déborder par l’émotion non plus hein ? »

« C’est exact, Tery … Vanian. » dit-elle avant de commencer à détacher ses bras. Mais ce fut Tery qui plaça les siens autour de son dos, la gardant un peu plus longtemps contre lui.

« D’un autre côté, ça ne veut pas dire que l’on est obligé d’arrêter après juste une minute. »

« Evite donc de jouer avec les sentiments d’une reine, Tery. Tu sais très bien que c’est dangereux, très dangereux, n’est-ce pas ? »

« Je confirme cela mais à l’heure actuelle, la reine sait parfaitement que je ne m’amuses pas de ses émotions, n’est-ce pas ? »

« Hum … Cela reste à prouver, il faut voir, Tery Vanian. »

« Comment est-ce que je peux lui prouver le contraire à ses yeux ? Comment gagner ses faveurs ? Dites-le moi … »

« A vous de le découvrir, jeune homme. Vous n’êtes pas aussi bête que vous voulez le faire croire, n’est-ce pas ? Alors montrez-le. »

Hahaha … C’était une très bonne réplique. En fait, il voulait être heureux, il voulait sourire, il voulait rire … il essayait de s’y forcer … mais il avait trop de mal. Les paroles avec Manelena étaient douces, tranquilles, apaisantes … mais en même temps si tristes. Il n’y avait aucun sérieux dans leurs propos. S’appeler reine Manelena et Tery Vanian, ça n’avait jamais été leur façon de faire, loin de là.

« Bon, par contre, Manelena, je vais … arrêter ça. Ca commence à devenir gênant. »

Très gênant. Elle ne chercha pas à le retenir alors qu’il s’extirpait de ses bras. Ils se regardèrent pendant quelques secondes, chacun plongeant son regard dans celui de l’autre. Puis sans rien dire, chacun prit une direciton opposée à l’autre. Il fallut plusieurs mètres avant que Manelena ne s’arrête, disant doucement :

« Fais attention à toi … à Elen et aux autres, d’accord ? »

« Ne t’en fait pas, j’irai les protéger au péril de ma vie. Mais aussi, je me débrouillerais pour rester en vie. Ne te fait pas avoir par des complots ou des trahisons, Manelena. »

« De ce côté, je suis rodée, ne t’en fait pas On ne pourra pas m’avoir de cette façon. Quiconque tentera de me manipuler se fera tout simplement jeté cachot avant d’être guillotiné ou pendu. Je ne serais d’aucune pitié envers ces êtres. Tu n’as pas à te faire de souci, d’accord ? »

« Est-ce que je suis vraiment rassuré là ? » dit-il alors qu’elle poussait un soupir.

« Pas le moins du monde. Et ma question est : Est-ce que tu penses que je suis rassurée ? »

« Pas du tout. Comme quoi … je ne pensais pas que ça serait aussi difficile. Et surtout, il vaut mieux ne pas continuer à parler. Je vais retourner auprès des autres. J’imagine que nous partirons les prochains jours. »

« Ne passe pas me saluer si tu ne t’en sens pas capable. »

Il notait cela d’un hochement de tête positif. Sans d’autres mots, il quitta les jardins royaux, jetant néanmoins un dernier regard vers Manelena. Hum … Dans cette tenue de reine, loin des morceaux de métal, même en jupe, il ne savait pas, il trouvait que ça ne correspondait pas vraiment à Manelena.

« Allez, bonne route, Manelena. Du moins, bonne royauté, je suis désolé. »

« Tery … » murmura la jeune femme aux cheveux argentés. Ils devaient bien avoir mis cinq mètres de distance entre eux.
Le jeune homme la regarda, faisant un petit sourire, l’accompagnant d’un geste de la main avant de s’éloigner. Pfiou … Manelena, c’était tout simplement Manelena et personne d’autre. On ne pouvait pas la remplacer, qu’importe ce qui allait se passer.
Voilà, il était parti des jardins royaux. Peut-être que dans le fond, il n’allait pas la revoir, c’était une possibilité … qu’il ne pouvait malheureusement pas contredire. Ne plus la revoir ? Lorsqu’il se présenta à Elen, il avait une mine déconfite, ce qui força la jeune femme aux cheveux blonds à lui demander avec inquiétude :

« J’imagine … que ça c’est mal passé, Tery ? Elle n’a rien fait de mal ? »

« Non non, pas du tout. Elle n’a rien fait de mauvais, elle n’en serait pas capable. »

« Oh ça, je ne vois pas ce qui te fait prétendre ça … Elle serait capable de bien pire, n’est-ce pas ? Mais bon, qu’est-ce … enfin, elle a dit quoi ? »

« Elle a des obligations royales, comme il fallait s’en douter, tout simplement. »

« Je ne sais pas … comment exprimer ça. J’ai peu d’être maladroite dans mes propos, je pense donc qu’il vaut mieux pour moi que je ne dises rien. »

« Ne t’en fait pas, je sais que cela te soulage qu’elle ne soit pas là … mais chez moi, ce n’est pas le cas, Elen. Elle va me manquer … énormément, reine ou non, princesse ou non. Qu’importe son caractère … ou le reste. »

« Je ne voulais pas te blesser, Tery. Pardon. »

Ce n’était pas comme si le mal était déjà fait depuis longtemps Il ne lui répondit pas, ruminant dans ses pensées. Sans Manelena … très bientôt.

Chapitre 93 : Et maintenant ?

ShiroiRyu
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Chapitre 93 : Et maintenant ?

« Tery ? Tery Vanian ? Veux-tu bien me regarder quand je te parle ? »

« Manelena … Oui, j’entends ta voix, tu n’as pas à t’inquiéter à ce sujet … »

Encore une fois, il prenait la parole avec une certaine nonchalance alors qu’en face de lui se trouvait Manelena. Elle avait retrouvé une tenue bien moins officielle et cela faisait maintenant trois jours que l’enterrement de Clari avait été fait. Il en avait été de même pour l’enterrement du roi de Shunter bien que cette fois-ci, il ne s’était pas éloigné.

« Alors pourquoi est-ce que tu évites de m’adresser la parole ? Je peux savoir ? »

« Je ne fais pas cela. Tu racontes n’importe quoi. Mais bref, que veux-tu, Manelena ? »

« Simplement avoir une petite idée par rapport à ce que tu comptes faire maintenant que tout est résolué dans le royaume de Shunter. Les rebelles vont arrêter leurs assauts, l’armée de Shunter est derrière moi et les nobles le sont aussi. Bref, tout va être plus calme. »

« Oui mais … de mon côté, je pense que je vais continuer à chercher la présence de cet aigle bicéphale. Je pense aller me rendre dans cette tour. »

« Tu veux voir si ton idée est la bonne ? De toute façon, nous n’avons plus aucun indice ou endroit donc autant voir avec ce que nous avons comme moyen. »

« Je n’ai plus aucune idée, je n’ai plus rien du tout … Je ne sais pas quoi faire alors. »

« Arrêtes donc de geindre et de te plaindre, Tery Vanian. «

« Et toi, qu’est-ce que tu vas faire maintenant, Manelena ? Tu … »

Il ne termina pas sa phrase. Elle savait parfaitement ce qu’il comptait dire. Elle … avait des obligations royales, n’est-ce pas ? Maintenant qu’elle était reine, elle ne pouvait pas parcourir le monde comme auparavant. Il en était tout simplement hors de question.

« J’ai à nommer certains rebelles à des positions avantageuses … dont Hémurion. J’imagine qu’en vue de son statut de chef des rebelles, il a une certaine aura indéniable. »

« Rien à voir avec la mienne, je sais bien mais bon … »

« Et voilà, tu te mets encore nullement en valeur. Je ne chercherais pas à te contredire à ce sujet. Hémurion est un homme qui a un charisme certain. »

« Pas de soucis … je vais te laisser tranquille pendant que tu vantes ses qualités. Je vais voir avec les autres ce qu’ils comptent faire. »

« Fais donc, fais donc, Tery Vanian. Je ne compte pas partir du château de toute façon. Tu sauras où me trouver, n’est-ce pas ? »

« Oui, oui, Manelena. De toute façon, je ne pars pas dès maintenant. »

Il n’en aurait pas le courage même … si partir seul … non. Il avait peur de la suite. Il avait peur de ce qui pouvait l’attendre. Il avait peur de perdre quelqu’un d’autre. C’est … C’était si … horrible de perdre un être proche.

« Messire Tery ? Est-ce que je peux vous parler, s’il vous plaît ? »

« Oh ? Elise ? Bien entendu … mais du messire ? Tu sais que je n’aime pas trop cet2te appellation, non ? Enfin bref, je ne t’en veux pas. »

Il avait la surprise de la jeune demoiselle aux cheveux auburn se diriger vers lui. Qu’est-ce qui se passait pour qu’elle vienne le voir ? Devant son air gêné et surtout son regard sur la gauche et la droite, il comprenait déjà en partie son problème.

« Est-ce que ça concerne ça ? » demanda t-il en désignant sa propre chevelure. Elle hocha la tête positivement, Tery faisant quelques pas pour lui dire de le suivre. Les deux personnes se dirigèrent dans un coin isolé, Tery la regardant avant de la questionner : « Alors, dis moi tout, qu’est-ce qui se passe exactement ? »

« Je … Enfin, le prince Royan n’a pas voulu en parler et madame Sérest ainsi que monsieur Séran non plus mais c’est par rapport au moment où … Clari est morte, enfin je crois que c’est à ce moment précis. Je … Quand c’est arrivé, sûrement, j’ai ressenti comme une violente bouffée de haine dans mon corps. J’avais l’impression de ne plus le contrôler, ni le ressentir. C’était tout simplement affreux. J’avais l’impression d’être une autre personne. Heureusement, personne n’était à côté de moi parmi les rebelles et le prince Royan a réussi à me calmer quelques minutes après. Mais c’était vraiment horrible. J’avais l’impression de … »

« Haïr tout le monde, d’en vouloir à tous les êtres peuplant cette planète … Je sais de quoi tu parles. C’est ce que j’ai ressenti à ce moment précis. Je crois que … tu as subi, je ne sais comment, mes pensées à cet instant. Je suis désolé, Elise, ce n’était pas voulu. »

« Hein ? Comment ça ? C’est vous le responsable ? Mais ce n’est pas possible. Comment est-ce que vous auriez fait ça, mess… euh Tery ? »

« Je ne sais pas mais à ce moment précis où c’est arrivé, je n’étais vraiment pas moi-même. Tu sais, cette voix qui nous parle des fois, elle était beaucoup plus forte. Elle était si effrayante, si envoûtante. Je ne veux plus trop en parler … mais ce que j’ai fait à O… cet homme qui a retiré la vie de Clari, ce n’était vraiment pas joli à voir. »

« Je … je crois comprendre. Je ne poserai pas plus de question à son sujet. Je suis désolée … »

« Tu n’as pas à l’être, tu n’es pas responsable de ça. Je suis le seul fautif. Comment est-ce que Royan va ? Je sais qu’il … n’était pas dans son assiette. »

« Je tente de redonner le sourire au prince Royan mais je dois avouer que cela m’est très difficile. La mort … de mademoiselle Clari a été très éprouvante pour lui. »

« Pour tout le monde, elle était une … personne que nous connaissions depuis longtemps. Elle était là depuis le début … c’est si difficile pour moi de me dire qu’elle est partie. Mais il faut que je fasse avec. Il faut que je regarde droit devant moi et que j’avance. »

« Tu … n’es pas le seul à devoir faire ça, Tery. Tu ne seras pas seul à accomplir une telle chose. Tu seras bien entouré, je te le promets. »

« J’aimerai ne plus tenir de promesses pour l’instant. Non pas contre toi, Elise … c’est juste que dernièrement, ça ne me motive pas vraiment. »

« Je comprends cela … Je vais retourner auprès du prince Royan. Il va sûrement avoir besoin de moi encore une fois. Je tente de lui parler et de raconter quelques mésaventures. »

« Fais donc, je suis sûr et certain qu’il apprécie le geste. J’en suis même plus que convaincu. Cela le ravira, bonne chance néanmoins. »

« Il n’y a pas besoin de chance dans une telle situation … mais merci beaucoup ! »


Voilà qu’elle part à son tour, le laissant seul. Il ne veut pas parler … avec les autres. Il veut juste être en face à face avec Manelena et discuter … au sujet de ce qui allait se passer. Pourtant, il se dirigea vers la chambre où Elen se trouvait.
La jeune demoiselle aux cheveux blonds le regarda. Elle était assise sur une chaise, une servante s’occupant de peigner ses cheveux. Ah oui, bien entendu, la vie de château, elle pouvait en profiter, n’est-ce pas ? Il lui fit un petit sourire avant de demander :

« Tout va bien, Elen ? Tu n’as pas besoin d’aide ou d’autre ? »

« Oh, Tery, c’est mesquin de te moquer de moi… mais tu sais parfaitement que ce n’est pas vraiment ça … c’est juste que c’est la première fois que l’on s’occupe aussi bien de moi. »

« Je ne me suis pas plaint à ce sujet, tu sais hein ? Tu es libre de faire ce que tu veux. Prenez-en soin, hein ? Je compte sur vous. »

« Comme il vous sera gré, messire Tery. » dit la servante. Ah oui, du messire. Pfiou, il avait l’impression d’entendre Elise mais de façon encore plus formelle.

« Je ne suis pas vraiment habitué à ce titre … pas du tout mais bon, il va falloir faire avec, j’imagine. En même temps, ce n’est … »

« Quel est le souci, Tery ? Si tu es venu là, c’est que tu as besoin de parler, non ? »

Et pourtant, il pensait le contraire. Mais voilà, la réalité était toujours différente. Oui, il avait besoin … de lui dire quelque chose. Il regarda Elen, s’approchant d’elle pour se retrouver en face de la jeune femme. Elle plaça une main sur son visage, le caressant doucement.

« Manelena risque de ne pas continuer avec nous, tu le sais ? »

« Il fallait s’en douter, Tery, non ? Un jour ou l’autre, chacun finira par se séparer des autres. Certains resteront ensemble mais il est très rare voire impossible de concevoir que toutes les personnes que l’on a connues resteront à nos côté jusqu’à la fin. »

« Manelena est là … depuis le début, Elen. Comme Royan … et Clari. »

« Mais elle est une reine. Sa place est sur le trône … et vu cette dernière année, elle aura les mains chargées. Elle ne peut pas passer outre ses fonctions juste pour nous. »

« Je le sais bien, je le sais bien ! Je n’ai pas demandé autre chose, Elen. »

« Mais pourtant, tu t’y raccroches désespérément, n’est-ce pas ? »

Il ne répondit pas. Oui, il était aussi faible que ça. Il voulait éviter le départ de Manelena, même si cela déplairait à Elen qu’elle continue avec eux. Mais est-ce qu’il avait le droit de récupérer la nouvelle monarque du royaume ? Il baissa les épaules, s’affaissant sur place avant de dire d’une petite voix, très faible :

« Peut-être que je ferais mieux de partir de la capitale sans même prévenir Manelena. »

« Euh … Tery, je ne suis pas sûre que ça soit la meilleure méthode à accomplir. Il y a de fortes chances que Manelena ne te pardonne pas si tu fais ça. »

« C’est toujours mieux que de l’avoir en face de moi et de ne pas savoir ce que je dois dire. Mais bon, je … ne sais pas quoi faire. »

« En discuter avec les autres, qu’est-ce que tu en dis ? Ça ne me semble pas être une mauvaise idée, n’est-ce pas ? Viens, on va faire ça. »

« Pourquoi est-ce que tu veux me forcer à faire une chose que je ne veux pas ? »

« Hein ? Je ne veux pas te forcer. Je ne te force en rien, Tery. N’exagère donc pas, s’il te plaît, c’est déjà assez difficile actuellement. »

« Difficile à quel point ? Comment ça ? Oh et puis zut, c’est juste stupide. »

Tout simplement stupide car il avait l’impression de s’enfoncer à chaque minute et de se rendre de plus en plus ridicule. Il fixa Elen de ses yeux verts avant de dire :

« Bon, puisqu’il en est ainsi, allons leur parler. Mais nous nous sommes tous séparés depuis quelques jours. Ca ne m’étonnerait pas qu’on ne les retrouve pas dans le château. »

« Royan n’a pas bougé du château. Elise est sûrement avec lui, pour ne pas changer. Il n’y a bien que Sérest et Séran qui ont quitté le château au début de la journée. »

« Ils ont été se promener dans Midès ? J’imagine qu’à part les rebelles, personne ne les connaît … même si je n’aime pas les savoir seuls. Ça ne me plaît que moyennement. »

« Il n’y a plus grand-chose qui te plait dernièrement, Tery, si je peux te le dire. »

« … … … ce n’est pas faux, Elen. »

Il aurait put répliquer qu’elle racontait n’importe quoi mais si c’était la vérité. Il avait perdu goût à beaucoup de choses et il était maintenant encore plus méfiant par rapport à son entourage. Si Olin … avait put agir ainsi, pourquoi pas deux « étrangers » ?

Non, c’était stupide. Sérest et Séran n’étaient pas des étrangers. Ils étaient avec eux depuis déjà quelques temps. Et même s’ils se prétendaient des héros de Zélisia et Alzar, ce qu’ils semblaient être réellement, il ne pouvait pas dire qu’ils n’avaient pas été utiles depuis qu’ils étaient là. Ils étaient des membres du groupe.

« Royan ? Elise ? Tery et moi, nous avions une question à vous poser. »

Pendant qu’il était plongé dans ses pensées, suivant Elen en silence, ils avaient fini par se rendre dans la bibliothèque royale. Heureusement, c’était l’une des salles les moins ravagées par les assauts. Il faut dire qu’il n’y avait aucune utilité à détruire un tel endroit. Elise était à côté du prince Royan, celui-ci semblant expliquer des lignes de texte à la jeune femme. Il releva le regard, observant le couple en face de lui avant de dire d’une voix lente :

« Oui ? Qu’est-ce que l’on peut faire pour vous deux ? »

« Oh, ce n’est rien de compliqué. C’est juste par rapport à la suite des événements, voilà tout. »

« Et qu’est-ce qu’il y a ? Nous allons normalement repartir à la recherche de la dernière créature légendaire, n’est-ce pas ? Ce qui s’est passé à Shunte était juste un arrêt. »

« C’est exact mais … cet arrêt, enfin, il y a de très fortes chances que Manelena ne vienne pas avec nous, je tenais à vous le signaler. »

« Hein ? Et pourqu… non. C’est logique en soi. Il est vrai que chez nous, à Traslord, la royauté est principalement un symbole bien que nous ayons voix au chapitre. Mais si la famille royale devait disparaître complètement, le royaume ne serait pas démuni. Dans le cas de Shunter, c’est bien plus compliqué. »

« Tu vois donc le souci, n’est-ce pas ? Bref … C’est pour ça qu’il faut se préparer fortement à cette éventualité bien que ça me déplaît. »

« Mais messire Tery, vous allez laissé faire ça ? Sans même chercher à convaincre made… enfin la reine Manelena ? Pourtant, elle est très proche du groupe, non ? »

« Ca ne changera pas grand-chose. Manelena est du genre à avoir toujours les idées bien droites. Je ne pense pas que même après une longue discussion, elle m’écouterait. »

« Et pourquoi pas ? Rien ne vous empêche d’essayer, non ? Ce n’est pas en abandonnant tout de suite que vous pourrez … que se passe t-il ? Vous me regardez étrangement. »

« Non … rien … j’ai juste l’impression que malgré tout ce que je fais ou je dis … je n’arriverai pas à être d’accord avec vous. »

« Et pourquoi avez-vous cette impression ? »

« Il est désespéré et désemparé comme … moi mais ce n’est pas aussi fort de mon côté. Je ne peux pas lui en vouloir. Tery, tu devrais essayer de faire un effort. »

« Je vais voir, Royan. J’en ait assez de promettre sans pour autant que tout soit arrangé. »

Royan haussa un sourcil. Visiblement, la réponse de Tery ne lui plaisait pas le moins du monde. Mais, il n’était pas là pour se disputer avec lui, c’est pourquoi il ne cherchait pas à lui répondre. C’était aussi aisé que ça. Il regarda Elise avant de reprendre :

« Mademoiselle ? Nous allons reprendre la lecture, si vous le voulez bien. »

« Hein ? Euh oui, bien sûr, prince Royan ! Désolée, Elen, Tery, je suis occupée. »

« Je vais aller la voir. De toute façon, mieux vaut ça que de passer mes journées à me tourner les pouces comme si de rien n’était. Elen, tu peux rester avec eux. »

« Hein ? Mais … Non, pas besoin. Ce n’est pas comme s’il était nécessaire d’avoir ma présence auprès d’eux, Tery. Je vais plutôt rester avec toi. »

« Non merci, Elen. Pardon mais … vu ce que je vais dire à Manelena, il vaut mieux que je sois seul avec elle. Ca risque de ne pas être appréciable. »

« Comment cela ? Ne te met pas en danger bêtement hein ? Je te préviens, Tery Vanian. »

« Je ne mettrais pas en danger … mais c’est personnel, ce que j’ai à dire entre elle et moi. »

Entre elle et lui ? La jeune femme aux cheveux blonds le regarda avec suspicion. Il y avait … eut quelque chose dernièrement entre eux ? Non, ce n’était pas le bon moment de se poser la question et pourtant, elle demanda faiblement :

« Tery, est-ce que … c’est personnel à ce niveau ? »

« Je ne crois pas. Cela aurait put l’être mais ce n’est pas le sujet que je veux aborder avec elle. Mais non … même si je ne sais plus exactement où j’en suis. Et dire qu’il y a encore quelques heures ou jours, j’étais sûr et certain. Qu’est-ce que je suis ridicule … »

« De quoi est-ce que … enfin, qu’est-ce que tu racontes, Tery ? Tu me fais un peu peur. »

« Non, non, rien du tout … Elen. Rien du tout. Je vais y aller dès maintenant. »

Et voilà qu’elle fit un geste de la main, évasif, le regard distant alors qu’il part de la bibliothèque, délaissant Elen comme si de rien n’était. La jeune femme aux cheveux blonds fût décontenancée, bredouillant quelques mots, Elise lui disant :

« Elen, peut-être qu’il voudrait être tranquille ? Il vaut mieux que tu restes avec nous. »

« Je ne sais pas … je ne crois pas que … ça soit une bonne chose … »

« Je suis sûre que si. Vous … Tu devrais me faire confiance à ce sujet, Elen. Ca sera le mieux pour chacun d’entre nous, croyez-moi. »

« Comment est-ce que je peux être convaincue de cela ? Comment ? »

« Simplement la patience … et de toute façon, si cela devait arriver … et bien … »

Et bien quoi ? Elle n’eut pas la suite de la réflexion de la jeune femme puisque celle-ci vint tout simplement se replonger dans la lecture avec le prince Royan. Bien que ça ne lui plaisait que moyennement, elle vint s’asseoir à leurs côtés.
Dans les couloirs, le jeune homme aux cheveux bruns ne mit guère de temps à se diriger vers la salle du trône. Pourtant, à l’intérieur, aucune trace de la nouvelle reine. Il s’adressa aux gardes, ces derniers signalant qu’elle était déjà partie depuis une bonne demie-heure. Où est-ce qu’elle se trouvait ? Qu’est-ce qu’elle faisait ?

Mais voilà, nulle difficulté à la trouver en fin de compte. Elle s’était adossée à un pilier se trouvant dans les jardins royaux, croisant les bras avec neutralité. Il s’approcha d’elle, sans un mot, allant tout simplement se positionner en face.

« Que me veux-tu, Tery Vanian ? Je pensais avoir mérité de me reposer un peu, non ? »

« Si ce n’est que cela, je ne te dérangerais pas trop, tu n’as pas de soucis à te faire. Je peux même partir tout de suite, Manelena. »

« Qu’est-ce que tu me veux, Tery ? Sois plus clair. »

« Non mais … sincèrement … si je te dérange, je peux …. oh et puis zut. Manelena, j’ai besoin que l’on parle, toi et moi, de ce qui va se passer maintenant. Il reste une créature légendaire à trouver et éliminer … mais tu es la future reine de Shunter. »

« Ce n’est plus future mais actuelle. J’ai été intronisée, je tiens à te le signaler. Même si cela n’avait rien de grandiloquent et fabuleux, je suis reine. »

« D’accord, reine Manelena. » répondit le jeune homme alors qu’il tentait de sourire. Ce n’était pas de la provocation mais il savait que cela pourrait embêter un peu la jeune femme.

« Bref, tu veux me parler de ça et tu veux savoir comment nous allons faire maintenant, n’est-ce pas ? Si je vais pouvoir continuer à vous suivre ? »

« C’est exactement cela … Manelena. Ca ne te dérange pas de parler ? »

« Seulement si nous marchons tous les deux. Comme cela risque d’être assez long, je n’ai pas envie de me tuer le dos à t’écouter et à te répondre. On y va. »

Et voilà qu’elle se redressait comme si de rien n’était. Le jeune homme aux cheveux bruns se mit à la suivre, se plaçant à ses côtés bien qu’il ne voyait pas ce qui allait prendre autant e temps. Un simple oui ou non suffirait …

« Par où devons-nous commencer, Tery Vanian ? »

« Je ne sais pas, tu sembles avoir une idée en tête donc je te laisses … commencer. »

« Alors, nous allons nous rappeler la première fois que nous nous sommes connus. »

Il cligna des yeux. Elle voulait vraiment débuter depuis … ça ? Cela risquait d’être long.

Chapitre 92 : Discret

ShiroiRyu
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Chapitre 92 : Discret

« C’est prévu pour ce soir, Tery. Tu es prêt ? »

« Je ne serais jamais prêt. Nous sommes combien, Manelena ? »

« Je dirais une dizaine au grand maximum. Le groupe habituel puis le reste … ce sont des personnes qui se chargeront d’officier … »

« D’accord, merci Manelena. Je peux te dire uniquement cela, j’espère que tu comprendras. »

« Oui, oui, je comprends ce que tu veux dire, Tery. Bon, nous nous revoyons plus tard, n’est-ce pas ? Car il faut aussi que je me prépares. »

« Est-ce que je peux rester à tes côtés pendant tout ça ? Je t’avoue que je n’ai pas vraiment envie d’être seul ces dernières heures. Elen est partie se préparer. Je crois qu’elle a été voir Royan et Elise. Royan … aussi a été affecté. »

« Je le sais bien. Même si ce n’est qu’un adolescent au caractère froid et malgré les apparences , il reste humain, comme nous tous. »

« C’est pas uniquement ça. Pour Clari, c’est comme … moi. Même si ce n’était peut-être pas aussi fort, pour Royan, nous ne restons que des amis, de ami proches, au fil du temps … mais ce n’est pas ça qu’il y avait avec Clari. Rien que par ses gestes et ses paroles, tu savais qu’elle était plus chaleureuse qu’une amie. »

« Que tu pouvais la considérer comme un membre de ta famille. Et dans le cas de Royan … »

« Ses frères ont été tués. Qu’on le veuille ou non et même si cela commence à dater, c’est la dernière chose dont se souvient Royan. A partir de là, difficile de lui en vouloir ou de ne pas le comprendre … »

« Je ne sais pas. Je dois être comme lui … sauf que chez moi, je suis plus forte que lui. »

« Ce n’est pas une question de se vanter d’être plus insensible qu’un adolescent, hein ? »

« Je n’ai jamais dit cela, Tery Vanian. Tu viens ? »

Elle n’allait pas chercher la provocation, le jeune homme aux cheveux bruns faisant un petit mouvement de la tête comme pour montrer qu’il était d’accord avec elle. Les deux personnes quittèrent cet endroit, l’un à côté de l’autre, Manelena reprenant le fil de la conversation :

« Sincèrement, Tery … je ne pensais pas à mal en disant cela. Pour une fois, ce n’est pas voulu de ma part. Je n’ai pas que cela à faire. »

« Je le sais parfaitement. J’ai juste besoin de discuter, je crois. C’est comme ça et c’est tout, Manelena. Je crois que j’ai besoin … Je ne sais pas de quoi j’ai besoin de parler, j’ai besoin de faire quelque chose, une occupation ou autre. »

« Mais qu’est-ce que tu racontes là ? Je peux savoir ? »

Ce qu’il racontait là ? C’était tout simplement de l’incompréhension, rien de plus. Le jeune homme aux cheveux bruns ne savait plus quoi dire ou faire. Elle poussa un soupir avant de ne plus s’attarder sur lui et … mais si. Elle était tout simplement obligée de s’attarder sur lui.

Les minutes s’écoulèrent, les unes après les autres tandis qu’ils se rapprochaient de plus en plus du moment fatidique. Ce moment où il allait devoir tirer un trait définitivement sur Clari. Il n’en avait pas le moindre envie. Il n’avait pas la motivation … et surtout le courage.

« Est-ce que tu veux néanmoins la voir en étant seul auparavant, Tery ? Elle est installée dans une pièce juste à côté de nous. Tu peux … hein ? »

« Je vais le faire si ça ne te dérange pas. Juste pour quelques minutes, rien de plus. »

Et voilà qu’il s’éloignant de Manelena, ouvrant une porte sur la droite. Avec lenteur, il pénétra dans la pièce, sentant aussitôt une vague de froid l’envahir. Oui, cette pièce était beaucoup plus fraîche que les autres et pour cause : le cercueil dans lequel reposait Clari était translucide … car fait de glace.

« Bonjour, grande sœur. Aujourd’hui est le jour … des adieux. Comment est-ce que tu vas ? »


Il s’était mis à discuter avec le cercueil, répondant à des phrases muettes de la part du cadavre qui reposait à l’intérieur. Voilà, il faisait la conversation avec Clari, une belle et longue conversation. Il parlait de tout, de leur rencontre, de leurs aventures, des nombreux moments passés ensemble, les meilleurs comme les pires. Des réactions aussi à sa mort … comme celle de Royan qui était … impossible à ignorer.

« A partir de là, il est difficile de clairement … t’abandonner. »

Ce n’est pas oublier. Ce n’est pas laisser … c’est abandonner. Il abandonnait Clari et il ne voulait pas. Il ne voulait pas être celui ou celle qui tirerait un trait définitif sur Clari. Finalement, ce fut lorsqu’Elen pénétra dans la pièce qu’il se releva :

« Tery ? Manelena m’a dit que tu te trouvais ici. Il semblerait que ça soit … vraiment le cas. Il faut que tu te prépares. C’est bientôt l’heure. »

« Je le sais … Elen. C’est bon, nous pouvons y aller, j’imagine que c’est bon. »

Ce n’était pas le cas. Pas du tout. Ce n’était pas bon et il ne voulait pas se voiler la face ! Ce n’était pas bon ! Il ne pouvait rien faire contre ça ! C’était tout simplement impossible ! Elen s’approcha de lui, posant une main sur son épaule, l’autre la tirant à elle.

« On n’y va, Tery. Il faut que tu te prépares. Allez, je ne dois pas me répéter. Ce n’est pas une bonne chose si je dois le faire, compris ? »

« Mais … mais … Elen … Clari … Je ne veux pas. JE NE VEUX PAS ! »

Il avait crié mais aussitôt, elle l’avait serré avec force dans ses bras. Elen ne pouvait pas comprendre ! Personne ne pouvait comprendre qu’est-ce que cela faisait de voir une personne aussi proche mourir devant ses yeux … comme ça … d’un coup … pour le protéger.

Finalement, il avait réussi à quitter la pièce. La mort dans l’âme, il allait prendre de quoi avoir une tenue correcte. Il avait déjà assisté à une mort … importante dans le passé. Celle de son père mais il n’était qu’un enfant à l’époque. Et encore, ça ne l’avait pas tant marquer que ça … car il avait vu la vérité très rapidement.
Tout cela était du passé … et les tenues nobles ou pompeuses n’étaient pas son genre. Il aurait préféré garder ses vêtements habituels mais il fallait bien quelque chose de solennel pour cet instant dont il se passerait bien.

« Comment vont ces habits ? Hum, je vois. Le plus étonnant, c’est qu’ils te conviennent. »

« Manele… Ah. Toi aussi, cela te va très bien, je ne m’y attendais pas du tout. »

« Ce n’est pas mes tenues habituelles. Viens par là. Ca se voit que toi aussi, tu n’es pas vraiment fait pour de tels vêtements. »

Il n’y avait aucune partie d’armure sur leurs corps, que ça soit celui de Manelena ou le sien. Elle avait juste une robe vert pomme, aux bordures blanches, assez bouffante … et avec quelques bijoux aux doigts, sur les oreilles, autour du cou et tout le reste. Il n’avait pas réellement envie de continuer à la regarder mais il chuchota :

« Tu as vraiment l’air d’une reine dans ces habits, Manelena. »

« Il ne faudrait pas oublier que je le suis normalement … à la base. »

Il hocha la tête positivement. Elle avait entièrement raison … même si des fois … il préférait oublier. La petite discussion avec Elen, auparavant, il aurait voulut ne pas s’en rappeler. Il regarda la jeune femme aux cheveux argentés avec lenteur :

« Manelena, est-ce que … enfin, après … Non. Rien, désolé. »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? Je déteste lorsque l’on commence une phrase pour ensuite s’excuser de ne pas la terminer. Est-ce que tu veux que je te force à cracher le morceau ? »

« Sincèrement, ce n’est pas grand-chose. Je vais aller voir si … Elen aussi a une belle tenue. »

« Bien sûr que oui, la question ne devrait même pas se poser. Quant à Royan et aux autres, on voit que pour certains et pour certaines, l’habit ne fait pas le moine. Alors que pour le cas d’un prince de Traslord, qu’importe ce que tu lui donnes, l’allure fait tout le reste. »

« Je ne sais pas trop quoi dire à ce sujet … Manelena. Mais je vais y aller, d’accord ? »

« Fais donc comme tu veux, Tery. Mais je veux vous voir d’ici une dizaine de minutes. »

Bien entendu, bien entendu. Ils seront là. Ce n’est pas comme si elle allait leur laisser le choix normalement. Il retourna chercher Elen, n’ayant pas de mal à la trouver. Oh … Lui qui avait l’habitude de la voir avec son justaucorps rouge, avec sa coiffure blonde à la garçonne avec quelques mèches, le changement était là aussi radical. Peut-être que Manelena lui avait passé une tenue que les servantes avaient arrangées … mais … wow.

« Je … Hum … Ce n’est pas si laid sur moi, Tery ? » bafouilla la jeune demoiselle, remarquant qu’il était juste à quelques mètres d’elle.

« C’est tout le contraire. Tu es encore plus belle qu’auparavant. Cela te va bien, tu as l’air d’une déesse descendue ans notre monde. »

« Tu exagères un peu, Tery. Je ne suis pas aussi bien que ça … » reprit Elen, vivement gênée par les propos de Tery. Il n’avait pas honte ? C’est vrai … que la tenue était un peu serrée, d’une belle couleur orange, une robe bouffante comme celle de Manelena mais quand même, elle n’avait pas l’air d’une princesse voire d’une déesse. Il exagérait ! « Et toi, tu es très bien aussi, Tery. Tu es vraiment très bien. »

« Pas autant que je voudrais l’être mais merci du compliment. Je n’ai pas encore vu Elise, Royan puis Sérest et Séran. Ils doivent déjà être là-bas. »

« Alors, nous allons nous dépêcher. Il ne faut pas faire durer trop longtemps ce moment. Plus vite nous en aurons terminé, mieux ce sera. »

Elle ne disait pas cela méchamment. C’était juste … que cela avait trop duré. Ils devaient passer à autre chose et tirer un trait sur cette histoire. Elle se plaça à côté de lui, prenant son bras avant qu’ils ne se remettent tous les deux en route vers la cérémonie.

Sur le chemin, Tery était complètement silencieux, le regard juste dirigé droit devant lui. Aucun mot, aucune parole, aucun geste, sauf celui qui consistait à avancer. Il n’y avait aucune hésitation … alors qu’il arrivait finalement avec Elen jusqu’au lieu de la cérémonie. Il y avait bien d’autres personnes mais ils étaient à peine une quinzaine. Elise était avec Royan, les deux étant assortis dans leurs vêtements choisis. Il en était de même pour Sérest et Séran, il était tellement facile de voir qu’ils étaient véritablement un couple.

«  Oh … Tery et Elen. Vous êtes les derniers, pour ne pas changer. Mais bon, que personne ne parle penant la cérémonie. De toute façon, ça ne sera pas très long. »

Il n’en … avait pas l’habitude. A part celle pour les soldats de la milice qui étaient morts, il n’avait jamais jamais assisté à une cérémonie. Jamais … car il ne s’en préoccupait pas. Mais aujourd’hui, c’était totalement différent. Déglutissant, il regardait juste le cercueil de glace qui avançait alors qu’un homme en robe de prêtre prenait la parole.
Le discours était sobre, non pas grandiloquent. Il avait l’impression que ce n’était pas ce que ce prêtre de Zélisia aurait dit mais bon … Un bref regard vers Manelena et il comprenait que le texte venait d’elle. Il vantait tout simplement la gentillesse exemplaire de Clari, son rôle dans l’armée, dans le groupe, tout ce qu’elle avait fait pour eux. Il n’y avait aucune trace de la famille de la jeune femme aux couettes blondes. De toute façon, il n’aurait pas toléré leur présence en ce lieu, vraiment …

« Pfiou, c’est donc terminé. »

« C’est le cas, Tery. Mais où est-ce que tu vas ? Est-ce que je peux savoir ? »

« Il vaut mieux que je sois seul pour quelques minutes, Elen. Après, ça ira mieux. »

Ca ira mieux ? Comment est-ce qu’elle pouvait lui faire confiance ? Mais pourtant, elle le devait. Elle le regarda s’éloigner, se triturant les doigts. Cela la démangeait de faire un déplacement pour aller le rejoindre, malgré sa demande mais … non.

« Où est-ce que Tery est parti, Elen ? Je ne le vois nulle part. »

« Il voulait être seul, je l’ai donc laissé seul, voilà tout, Royan. Comment est-ce que tu supportes tout ça, ce n’est pas top dur ? »

« Ca peut … aller. Mademoiselle Elise a les mots qu’il faut pour réconforter. J’imagine que je ne suis pas la première personne à qui elle trouve les mots justes pour leur faire oublier un mauvais souvenir, n’est-ce pas ? » dit l’adolescent aux cheveux bleus en se tournant vers elle.

« Certains … hommes et parfois quelques femmes buvaient plus que de raison. Alors, l’alcool pouvait rendre mélancolique. Il me fallait bien calmer leurs pleurs pour ne pas déranger les autres et … oui, prince Royan ? »

« Dois-je considérer que je ne vaux pas mieux qu’un homme porté sur la boisson à vos yeux, mademoiselle Elise ? » demanda le prince. Cela aurait put être dit avec humour mais le moment n’était pas choisi pour cela. Le prince était plus que sérieux, la demoiselle aux cheveux auburn s’inclinant plusieurs fois tout en disant :

« N … Non ! Bien sûr que non, prince Royan. Ce n’est pas du tout le cas ! Vous n’êtes pas pareil ! Je signalais simplement que je peux comprendre ce que d’autres personnes ressentent et comment je peux les aider. Si je vous aie parue insultante, veuillez m’en excuser. »

« Ne vous en faites pas, je sais que vous ne pensiez pas à mal, mademoiselle. »

« Car ce n’est pas le but recherché, je vous l’avoues … Pardonnez-moi, prince Royan. Je ne connaissais pas aussi bien que vous mademoiselle Clari mais je sais toute l’importance qu’elle avait à vos yeux et je ne veux pas que vous soyez encore plus triste à cause de tout cela. »

« Elle … n’était pas si … importante que ça. » murmura Royan bien dans sa voix, on sentait comme une longue complainte, signe qu’il mentait effrontément pour se donner un certain genre. Il déglutit tout en baissant faiblement les yeux.

« C’est si désespérant de voir à quel point Clari a modifié complètement notre vie. »

Désespérant dans quel sens ? Quel était le terme à utiliser exactement ? La jeune femme aux cheveux blond était juste là, visage tourné vers le chemin que Tery avait emprunté. Tiens, elle ne remarquait pas une autre personne.

« Où est-ce que Manelena est passée ? Elle n’a quand même … »

Non. Elle ne devait pas commencer à s’imaginer des choses. Manelena comme Tery étaient les deux personnes profondément affectées par Clari. Même si la future reine de Shunter ne voulait pas le reconnaître, ce n’était pas bon de se voiler la face. Elle pouvait bien les laisser seuls pendant quelques minutes, elle n’était pas horrible au point d’imaginer de telles éventualités … alors qu’ils n’étaient pas tous les deux là.

« … C’est donc terminé. Il n’y aura plus de Clari, c’est définitif. »

C’est fini. Il avait son visage tourné vers un mur, poing fermé contre celui-ci. Il avait baissé le visage, n’osant pas le relever tandis qu’il fermait les yeux. Il avait décidé de partir avant les autres, ignorant complètement Elen et compagnie.

« Au moins, elle aura eut un enterrement décent. Beaucoup n’auront pas cette chance dans une guerre, Tery. Elle a eut le meilleur possible pour elle … »

« Ca ne changera pas ce qui a été fait … ça ne changera rien du tout et tu le sais parfaitement. Qui dit que maintenant que tu es la reine … que tout soit terminé ? »

« Les rebelles continueront encore un peu de se faire entendre mais je suis déjà en discussion avec eux. Tu n’as pas à t’en faire à ce sujet. Tu peux te retourner, Tery ? J’aimerai te voir. »

Pourquoi est-ce que Manelena voudrait voir ? Il était tout simplement horrible. Les yeux rougis, il semblait avoir pleurer pendant des heures comme s’il avait subit une vilaine allergie. Il reniflait en la regardant, Manelena soupirant :

« Tu as un air vraiment pathétique, Tery. Les morts des proches sont choses communes … »

Mais aussi pathétique et faible qu’il soit, elle comprenait sa réaction. Elle s’avança vers lui, hésitante légèrement sur la marche à suivre avant de tendre ses bras. Juste un bref regard à gauche puis à droite pour être sûre et voilà qu’elle venait placer le jeune homme contre elle. Sa grande taille lui permettait d’avoir complètement Tery contre son coeur. Le mur du château était si proche du dos de Tery, ce qui lui l’empêchait de reculer s’il le désirait.

« Mais des fois … c’est ce qu’il faut être. Cela prouve que tu es plus humain que bon nombre d’êtres sanguinaires et je ne parle pas uniquement des démons. »

« Manelena, sans Clari, comment est-ce que je vais faire pour retrouver mon calme ? Comment je vais faire si je perds encore le contrôle ? Elen est incapable de ça. Elle-même peut parfois perdre complètement la tête. Si cela doit m’arriver, comment je dois faire ? »

« Pour ce point, je … » commença à dire Manelena avant de s’arrêter. Les mains dans le dos de Tery se firent un peu plus fortes, signe qu’elle cherchait ses mots. Le jeune homme écarquilla les yeux rougis par les larmes. Il entendait le coeur de Manelena battre à tout allure. « Je serais là pour te stopper. Quitte à ce que les lignes d’Alzar me dévorent, Tery. Mais je ne te laisserais pas succomber à tes pouvoirs démoniaques. »

« Est-ce vrai, Manelena ? » demanda le jeune homme, relevant un peu son visage. Dans cette position, il donnait l’impression de n’être qu’un petit animal craintif. Manelena prit une profonde respiration, ses lèvres se rapprochant de celles de Tery :

« La parole d’une reine, n’est-ce pas suffisant pour toi ? »

« La parole d’une amie est encore plus importante à mes yeux. »

« Alors je te le promets en tant qu’amie … en tant que proche … et en tant que femme. »

Elle n’était plus qu’à quelques centimètres des lèvres du jeune homme, celui-ci ayant le regard brillant. Comme elle, il comprenait la situation, il comprenait ce qui était en train de se dérouler à cet instant et … pourtant … pourtant, il ne faisait rien pour repousser cela.

« Reine Manelena ? Reine Manelena, où êtes vous ? Reine ! »

« … … …. »

Aucun mot, aucune réponse de la part de Manelena. Celle-ci arrêta le mouvement qu’elle avait amorcé vers Tery, leurs lèvres s’étant frôlées au point de sentir le souffle chaud de chacun. La jeune femme aux cheveux argentés posa son regard rubis sur celui émeraude de Tery avant de murmurer :

« Les obligations royales. »

« Manelena, je … » commença à dire Tery avant qu’elle ne cherche à l’arrêter d’un geste du doigt. Il reprit pourtant : « Je ne suis pas sûr de tenir ma promesse dorénavant. Je ne suis pas sûr de rester normal. Je tenais à te le dire … »

« Je me chargerais de te remettre sur le droit chemin si ce n’est que ça. »

Bien entendu, bien entendu. Il le savait parfaitement. Il ferma ses yeux verts, tournant son visage vers le plafond. Quelques secondes, cela avait duré quelques secondes … mais il s’était confessé. Manelena commença à s’éloigner, Tery lui disant à haute voix :

« N’oublie pas cette promesse, Manelena, compris ? Je compte sur toi ! »

« Tu n’as pas à t’inquiéter à ce sujet, Tery Vanian. Je pars devant, reviens plus tard. Certaines personnes pourraient se faire des idées … et à raison. »

Les derniers mots furent prononcés de telle façon qu’elle était la seule à les avoir entendus. Tery resta immobile, pensant à ce qui s’était produit. Etait-ce une erreur ? Il en était convaincu. Est-ce qu’il aurait … continué ? Il y avait de fortes chances.

« Je ne vaux rien. Je suis vraiment détestable. »

Profiter de sa faiblesse d’esprit pour se laisser aller de cette manière. Comment pouvait-il ne pas tomber encore plus bas ? Tout ce qu’il venait d’accomplir en cet instant … était la preuve qu’il n’était pas mature, comme l’aurait voulu Clari.

« Et pourtant, mon coeur … »

Son coeur battait à toute allure. L’avait-il désiré tant que ça ? Après tellement de mois voire années passés ensembles ?

Chapitre 91 : Une guilde en son honneur

ShiroiRyu
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Septième axe : Une raison d’exister

Chapitre 91 : Une guilde en son honneur

« Tery, comment est-ce que tu veux que ça se passe ? Tu peux me le dire ? »

« Rien … de … grand. J’aimerai que ça reste privé. Il n’y a pas besoin de prévenir ses parents. Il n’y a pas besoin qu’ils soient au courant. Les gens n’ont pas besoin de connaître son existence, Manelena. Est-ce que l’on peut faire ça facilement ? »

« Bien entendu qu’on le peut, pour qui est-ce que tu me prends ? Et j’attendais une telle réponse de ta part. C’est bien ce que je pensais. Nous allons faire comme ceci donc. »

Elle hocha la tête positivement, sans d’autres mots tout en regardant Tery. Le jeune homme était toujours aussi perdu malgré que cela faisait déjà trois jours que Clari n’était plus. Malgré le choc de l’événement, Rozan avait réussi à créer un petit cercueil glacé autour de la jeune femme. Il avait dit que cela servirait à la garder comme elle était le jour de sa mort … mais pour l’éternité. Un privilège autorisé seulement pour la famille royale et quelques rares nobles à Traslord. C’était la moindre des choses aux yeux de l’adolescent aux cheveux bleus.

« Quand est-ce que ça sera fait, Manelena ? »

« Après l’enterrement de mon père. L’annonce est déjà publique … et visiblement, ça ne dérange pas tant que ça que je sois la future reine de Shunter. »

« Mademoiselle la Reine. C’est comme ça que je vais devoir t’appeler dorénavant. » dit le jeune homme, tentant de faire un petit sourire bien qu’il n’y arrivait pas.

« Pas de ça avec moi, Tery. Ils m’acceptent simplement car les rebelles leur ont dit de m’accepter. Si tu rajoutes le fait que je suis une princesse qui fût lâchement abandonnée par l’ancien roi, j’ai donc un quota de sympathie et de confiance assez haut pour le moment. »

« Et tu es reconnue pour tes actes militaires de l’époque aussi. Tu es une jeune femme parfaite, Manelena. C’est bien ça ? » dit-il alors qu’elle poussait un soupir.

« Ce n’est pas comme ça que je me serais définie, je dois avouer. »

« Je me doutes mais c’est ainsi que les gens te voient, Manelena. »

« Pfff, ce n’est pas l’heure de me faire des compliments, Tery. Bon, si tu veux venir pour la cérémonie royale, celle pour l’enterrement de mon père, tu peux. Tu restes le soldat qui a décidé de me suivre et de me protéger contre vents et marais, malgré tout ce que les nobles pensaient et les nombreuses traîtrises dans l’armée. »

« Je ne suis pas si sûr que ça soit une bonne chose … mais vu l’intronisation risque de ne pas plaire à toutes ces têtes nobles, je pense que je vais venir quand même. Par simple mesure de précaution, tu dois t’en douter, n’est-ce pas ? »

« J’ai déjà une liste de noms en tête par rapport à ceux qui complotaient contre le roi. Je ne peux pas leur faire confiance … donc je vais devoir m’en débarrasser. »

« Je réfléchirais à autre chose pendant que nous ferons cela. »

Autre chose ? Elle s’apprêtait à lui poser la question mais préféra se taire. Si Tery avait une idée, il valait mieux pour lui qu’elle ne soit pas trop dangereuse. Déjà perdre Clari était une chose horrible alors envisager de le perdre lui …

« Et qu’est-ce donc que cette chose, Tery ? Tu peux en parler ? » finit-elle par demander après une bonne minute de silence, Tery hochant la tête négativement.

« Ce n’est qu’une simple idée, rien de plus, rien de moins. C’était ce qu’elle et moi avions prévu de faire après la fin des créatures légendaires. Mais bon, je t’en dirais plus quand j’aurais travaillé cette idée, voilà tout. Je te le promets. »

« Ne fait pas de promesses en l’air, Tery. Surtout si tu ne te sens pas capable de les respecter ensuite, compris ? Il vaut mieux pour tous. »

« Je n’ai jamais dit ça, Manelena. De toute façon, je suis obligé de la respecter … pour ne pas oublier Clari. Je ne peux pas l’oublier. »

« Tery … Tu commences à devenir déplaisant, très déplaisant, je tiens à te le souligner. »

Mais surtout, elle n’avait pas envie de lui dire qu’elle ressentait un peu de peur envers lui. Non pas pour le massacre qu’il avait causé, non pas pour ce qu’il était … mais pour son comportement actuel. Il n’était plus lui-même, il n’était plus que l’ombre de lui-même.


L’ombre de lui-même. Le jeune homme aux cheveux bruns regardait droit devant lui, les yeux perdus dans le ciel. Elen n’était pas là pour une fois, pas à ses côtés. Il avait voulu éviter de trop la déranger avec son humeur de chien.

Ah … D’une humeur vraiment horrible. Il plaça une main sur son front, le massant lentement pendant de longues secondes. Manelena était encore là ? Pourquoi est-ce qu’elle le regardait ? Il y avait un problème ? Il tourna son visage vers elle, chuchotant :

« Ne t’en fait pas, je sais que je le suis. Je ne fais rien pour corriger ça dernièrement. »

« Alors, il vaut mieux pour toi que tu fasses un effort car sinon, je crois que je risque de n’en faire aucun pour toi … si tu continues ainsi, est-ce bien compris ? »

« Le message est très bien passé, tu n’as pas à t’en faire. J’ai compris où tu voulais en venir … mais bon, tu sais aussi bien que moi que ça ne sera pas très simple, n’est-ce pas ? »

« Je me fiches que ça soit simple ou non, Tery. Je veux des efforts de ton côté. »

« Je le fais, je le fais ! C’est bon … Pfff … Manelena, s’il te plaît, est-ce que je peux être seul pendant quelques instants ? Je demande rien de plus, promis. »

« Puisqu’il en est ainsi, je vais te laisser tranquille, oui. Bonne journée. »

« Merci beaucoup, Manelena. Au revoir à toi. On se revoit plus tard. »

Se revoir plus tard ? Si elle en avait envie car ce n’était pas le genre de jeux qu’elle appréciait avec lui. Elle l’observa un dernier instant avant de s’éloigner sans d’autres discours. Le jeune homme prit une profonde respiration avant de se mettre à marcher lui aussi mais vers le chemin opposé à celui de Manelena.
Voilà, il était à nouveau en route. Il regarda tout simplement droit devant lui avant de mettre une main devant la bouche. Ah … Il ne devait pas être fatigué. Même s’il avait très mal dormi, c’était difficile après un tel évènement, il devait rester conscient …
Conscient de ce qu’il allait faire, conscient de ce quil allait devoir accomplir. En continuant sa marche, il remarqua Royan et Elise. Les deux jeunes gens discutaient tous les deux. Du moins, de ce qu’il voyait, c’était surtout Elise qui faisait la conversation. Il ne devait pas vraiment les déranger, ça serait impoli de sa part.

Les déranger alors qu’ils voulaient sûrement être seuls … Quelle idiotie de sa part. Il passa derrière eux, sans chercher à les ignorer. Il ne fit qu’un hochement de tête à Royan, celui-ci le regardant d’un air vide. Peut-être parce qu’ils étaient tous les deux des garçons, Royan pouvait le comprendre par rapport à la mort de Clari.
Voilà, il avait finit par trouver les jardins royaux. Malheureusement, l’assaut sur le château n’avait pas laissé de cadeau aussi pour la végétation. C’était triste, tellement triste mais il finit par trouver un banc. Malgré son allure et sa tenue, aucun soldat ne venait le déranger, ni même rebelle ou noble. De toute façon, tout n’allait pas être réparé en une journée.
« Tery, devines qui c’est ? »

« Elen, tu es donc là ? Viens donc t’asseoir à mes côtés, ça me fera plaisir. »

Il avait parlé doucement en sentant les mains de la jeune femme sur ses yeux. Celle-ci les retira quelques secondes plus tard, finissant par s’asseoir, comme l’avait demandé Tery. Elle prit sa main pour la glisser dans la sienne, lui chuchotant tendrement :

« J’ai vraiment eut du mal à te trouver, Tery, tu le sais ? Déjà en me levant, tu n’étais plus dans le lit auquel on a eut droit. Ensuite, même en questionnant tout le monde, je n’ai pas réussi à obtenir la moindre information sur l’endroit où tu étais. »

« Alors, comment as-tu fait ? Un coup de chance ? »

« J’ai vu Royan et Elise qui discutaient tous les deux. En me voyant arriver, ils m’ont tout simplement dit vers où tu partais. Je n’ai fait que suivre le chemin après. »

« Bien entendu, bien entendu, c’est logique, plus que logique. Désolé, Elen, je crois que j’en ait un peu besoin. Pardon … »

Voilà qu’il se penchait sur le côté, finissant par poser la tête sur les genoux d’Elen. Celle-ci passa bien rapidement une main sur le cuir chevelu de Tery. Il en avait besoin … et pas qu’un peu, elle le savait. Toute la nuit, elle avait été à ses côtés, à l’entourer de ses bras comme pour former un cocon dans lequel il pouvait se reposer. Mais cela n’avait visiblement pas suffit pour Tery puisqu’il s’était levé bien plus tôt qu’elle. C’était dommage … vraiment.

« Tery ? Si tu veux encore te reposer, tu le peux, tu sais ? »

« C’est pas une question de le me reposer … ou non, c’est différent, Elen. Je ne crois pas que je pourrais acquérir le repos que je désire dorénavant. »

« Il ne faut pas dire cela … pas du tout. Hum … Je ne sais plus quoi dire justement … dans de telles situations. Qu’est-ce que je peux dire, Tery ? Tu peux m’aider ? »

« Des fois, tu n’es pas obligée de parler pour être utile … et appréciable. Des fois, le silence suffit amplement à la situation, Elen. »

Il marquait un point. Mais ce silence lui pesait … sur elle. Elle avait du mal, beaucoup de mal à accepter ce qui se passait. Elle avait du mal, beaucoup de mal à tolérer de voir Tery se consumer à petit feu maintenant.

« Je suis là, c’est juste ce que je tiens à te dire, Tery. Je le peux ? »

« Bien sûr que oui, Elen. Ne sois pas ridicule, tu peux faire tout ce que tu désires, je ne te retiens pas le moins du monde. Tu es libre de tes actes et paroles. »

Pfff, quand il parlait ainsi, elle avait justement envie de le faire taire. Elle pencha sa tête en avant, soulevant un peu celle de Tery pour venir l’embrasser. Elle savait ce qu’il comptait faire … par rapport à Clari. Manelena avait bien voulu lui répondre, et heureusement, à ce sujet. C’est pourquoi elle voulait lui montrer qu’elle était à ses côtés dans ce moment difficile.

Les minutes s’écoulèrent, assez lentement et pourtant, chacune avait une importance capitale aux yeux de Tery. Lorsqu’il fermait les yeux, il revoyait simplement le visage de Clari. Puis il entendait ses rires à chaque parole. Ses mots qui continuaient de répéter sans cesse qu’il était son petit frère adoré et qu’il ne devait jamais l’oublier.
Il bougea légèrement sa tête, enfouissant son visage contre le ventre d’Elen. Elle avait pas besoin de le voir, elle avait pas besoin de savoir dans quel état émotionnel il était alors qu’il ne se sentait pas le courage d’affronter la dure réalité. Maintenant qu’il n’avait plus les lignes d’Alzar sur lui et que ses cornes démoniaques n’étaient plus présentes, il était tout simplement fatigué et usé, mais surtout mentalement.

« Tery ? Nous devrions nous lever un peu. »

« Je n’en ait pas envie, Elen. Je ne vois pas pourquoi nous ferions ça. »

« Nous pourrions retourner dans la chambre pour que cela soit plus confortable mais … ici, les gens vont commencer à nous regarder étrangement. »

« Qu’ils fassent ce qu’ils veulent, je m’en fiches complètement. Ca ne les regarde pas. Ils peuvent penser ce qu’ils désirent … ça ne changera rien. »

« Oui mais bon … Viens, il faut te lever. Il faut que nous marchions un peu, toi et moi. »

« Je sais que ça nous fera du bien … mais je ne veux pas … Elen. Ne m’y oblige pas. »

Et pourtant, c’est bien ce qu’elle comptait faire. Elle souleva la tête de Tery pour la retirer de ses genoux, finissant par se lever avant de le prendre par le bras. Elle le tira contre elle avec un peu de force, Tery s’écroulant dans ses bras sans pour autant lutter. Un long soupir se fit entendre mais qu’importe, elle tenait bon.

« Allons-y maintenant, Tery. Clari ne voudrait pas de ça … et tu le sais parfaitement. »

« Je le sais parfaitement … je le sais vraiment mais bon … »

« Alors, qu’est-ce que tu attends ? Que je vienne te supporter à chaque fois ? Des fois, tu seras seul, Tery … et j’ai peur de ça. J’ai peur de te laisser seul et que tu sois incapable de te débrouiller. Qu’est-ce que je dois faire alors ? »

« Je ne sais pas … comment est-ce que je pourrais le savoir, Elen ? »

« Et moi ? Comment est-ce que je suis sensé savoir ça, Tery ? Un peu de bon sens ! » s’écria t-elle avant de lui donner de ridicules petites claques pour le réveiller.

« Aie, mais ça fait mal quand tu agis de la sorte, Elen. Tu peux éviter ? »

« Pour ça, il faut simplement que tu te fasses de ton mieux, c’est aussi facile à comprendre que ça. Est-ce que tu es capable de le faire, Tery ? »

« Grumpf … Oui, je suis capable de le faire … mais bon, ça ne changera rien du tout. »

Qu’est-ce qu’il peut en savoir ? Elle le retira de ses bras, cherchant à lui faire faire un sourire avec ses doigts. Voilà ? Comme ça, non ? Non. Ce n’est pas ainsi que ça fonctionne. Il est juste là, à la regarder un peu bêtement.

« S’il te plaît … Tery. Si tu commences comme ça, c’est moi qui vait finir par dépérir et pleurer pour rien. Ca me fait mal, tu comprends pas ? »

Il haussa un sourcil d’incompréhension. Justement, non. Comment est-ce qu’elle pouvait pleurer ? Ce n’était pas comme si elle et Clari étaient aussi proches que ça, non ? Mais pourtant, ça ne changeait rien du tout.

« Pff, d’accord, je vais tenter de sourire, est-ce que ça te convient ou non ? »

« C’est tout ce que je demande, Tery. Tu ne peux pas m’en vouloir, non ? »

Non, il ne peut pas lui en vouloir. Sourire … malgré une mort ? C’est trop difficile. Mais ce n’est pas pour ça qu’il doit faire plonger Elen dans la tourmente par sa faute. Avec tendresse, il vient la prendre contre lui, embrassant sa chevelure blonde avant de la caresser.

« Ca va … aller … d’accord ? Juste un peu de patience. »

« J’en aurai … mais pas éternellement non plus, Tery. Il ne faut pas jouer avec les sentiments d’une jeune femme, on te l’a sûremetn souvent dit, n’est-ce pas ? Alors … ne le fait pas, d’accord ? Ne joue pas avec les miens … car je ne te pardonnerais jamais. »

« Leçon très bien retenue. J’imagine que cela … correspond à l’Oracle. »

« Je ne veux plus parler de lui, Tery ! Je … Depuis tout ce temps … et après, avec les enfants, l’incendie … tout ça … depuis le début, c’était un démon ! »

« Je le sais bien, Elen. Je le sais … et que dire de ce grand prêtre. Même si je ne le connais pas, il a sûrement été dans le château pendant des années. Manelena doit être dans le même état que toi … j’imagine. »

« Non, elle est beaucoup plus forte que moi. Elle l’a toujours été … Et elle le sera toujours. Mais moi, je ne suis pas assez forte pour être comme elle. Je ne peux pas lutter à armes égales avec son mental. Je ne suis pas … assez forte pour ça. »

Qu’est-ce qu’elle racontait comme bêtise ? Elle ? Pas assez forte ? Et puis quoi encore ? Le jeune homme aux cheveux bruns passa une main derrière son crâne. Quand elle réagissait de la sorte, difficile de l’arrêter. Pfiou …

« Tout ce que tu as à savoir, c’est que moi-même, je suis heureux que tu sois là, n’est-ce pas suffisant, Elen ? J’aime t’avoir à mes côtés. »

« Ca devrait normalement me suffire mais … je ne sais plus … exactement … je ne sais pas trop comment je dois réagir, Tery. Comment est-ce que je dois prendre tout cela ? »

« Très bien, voilà tout, non ? Dis-toi que nous leur ferons payer … et cela assez salement. Si Manelena a une idée en tête, elle ira l’accomplir. Je te rappelle qu’elle est la future reine de Shunter. Hey, essaies d’y réfléchir un peu. Nous avons une reine dans notre groupe ! »

« Tery … tu penses vraiment que Manelena va rester avec nous maintenant qu’elle est reine ? Elle aura des obligations à respecter … »

« Maintenant que tu le dis … je ne veux pas être séparé d’elle. Une personne, c’est déjà beaucoup mais alors … deux … non … je ne veux pas. »

Il se répétait cela, désespérant de plus en plus à chaque seconde qui défilait. Sincèrement, Elen n’avait pas besoin de rajouter une telle chose. Sans Manelena pour lui tirer sur les oreilles, comment est-ce qu’il allait faire ?

« Je crois que je suis à nouveau très fatigué maintenant. »

« Hein ? Mais pourquoi cela ? Il faut absolument que l’on pense à autre chose, Tery. Je crois qu’à force, si nous ne trouvons pas une activité à faire à deux, on risque de ne pas s’en remettre. Viens, nous allons chercher tout en marchant, ça sera mieux. »

« Je penses … que c’est le mieux pour tous, oui. C’est mieux pour chacun et chacune … Je crois bien. On va faire ça … oui … Elen. »

C’était finalement décidé. Ils avaient trouvé une raison de marcher. Tout cela simplement pour penser à autre chose. Tout se chamboulait dans sa tête alors que rien n’avançait ! Rien du tout ! Il était tout simplement perdu avec toute cette histoire, complètement perdu !

Comment faire ? Comment agir ? Qu’est-ce qui l’attendait réellement ? Il regarda droit devant lui avant de se placer sur le côté, adossé à un mur. Ils avaient marché pendant une bonne dizaine de minutes avec Elen, vagabondant dans le château. Le sang était encore présent sur certains murs mais les servantes faisaient leurs offices.

« Qu’est-ce qui te prend, Tery ? Tu es fatigué, c’est ça ? »

« Je réfléchis … juste … à ce que Clari et moi avions comme idée à l’époque … Enfin, juste quelques jours ou semaines avant que ça n’arrive. »

« Oh ? Et euh … C’était donc quoi cette idée ? Je peux savoir ? Tu peux me le dire ? »

« Je ne peux pas. Je ne l’ai pas dit non plus à Manelena. C’est vraiment assez personnel … et disons que Clari et moi, nous voulions vous faire une surprise. Ca attendra que j’arrive à l’accomplir par moi-même … et cela risque de prendre du temps. »

« Est-ce que nous pourrons t’aider ou non ? J’aimerai juste savoir ça. »

« Vous pourrez … mais il faudra attendre d’en avoir terminé avec l’aigle bicéphale. Car je ne peux pas accomplir cela tout en sachant qu’il est encore en vie. »

« Sa mort est-elle si nécessaire que ça ? Je me demande si on ne fait pas … une bêtise ? »

« Tu voudrais arrêter maintenant, Elen ? Tu rigoles, n’est-ce pas ? Après tout ce qui s’est passé, c’est tout simplement ridicule. On ne va pas arrêter ça ! Pas maintenant alors que Clari est morte. A cause de ces fichus médaillons ! »

« Mais réfléchis-y un peu, Tery. C’est sûr et certain que c’est un piège de ces deux … démons. Ils n’attendent que ça pour finaliser leurs plans. »

« Sauf que leurs plans seront arrêtés … il ne suffit pas de tuer la dernière créature légendaire pour que les portes s’ouvrent, Elen. Tu le sais aussi bien que moi, non ? »

« C’est le cas … mais … je ne suis pas rassurée, désolée, Tery. »

« Grumpf, c’est parfaitement compréhensible … Ce n’est pas pour autant que je vais accepter d’arrêter maintenant. C’est comme ça … et pas autrement. L’aigle bicéphale n’hésitera pas un seul instant à user de tout ce qu’il possède pour me tuer. »

« Je resterais auprès de toi, je viendrais te protéger comme je l’ai toujours fait, quitte à devenir complètement folle … je te le promets. »

« Tu n’as pas besoin de devenir folle pour me protéger … Ne risque pas cela. »


Il avait fini par parler mollement aux propos d’Elen. Ce n’est pas … qu’il n’était pas motivé par la protection d’Elen mais si elle parlait du moment où elle était devenue … à moitié Alzar et à moitié Zélisia. Il n’avait pas oublié cela. Ils en avaient parlé.

« S’il y a un problème … ça ne concerne que moi … et Elise. » termina t-il de dire.