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Chapitre 90 : Un bilan douloureux

ShiroiRyu
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Chapitre 90 : Un bilan douloureux

« Où est-ce que je suis ? »

Ce fut les premières paroles de Tery alors qu’il ouvrait faiblement les yeux. Il ne voyait qu’une toile au-dessus de la tête. Il était dans un lit à baldaquin ? C’était … étrange, vraiment très étrange. Ce n’était pas forcément déplaisant non plus mais … il n’en avait pas l’habitude.

« Y a quelqu’un pour me répondre ? » demanda le jeune homme aux cheveux bruns. Il se redressa dans le lit, poussant un gémissement de douleur.

Pourquoi est-ce qu’il avait aussi mal ? Un bref regard sur lui et voilà qu’il remarquait les blessures assez brèves sur son corps. Il avait l’impression d’avoir fait un cauchemar. Un horrible cauchemar dont il aimerait sortir.
« Ce n’est pas réel, n’est-ce pas ? Ce n’est pas … réel ce qui s’est passé. »

Peu à peu, la mémoire lui revenait. Il s’en rappelait. Non … Pourquoi elle ? Il devait se relever. Il était quelle heure ? Il savait où elle était. Il devait aller la retrouver et …

« Tery ? Tu es réveillé ? Ah ! Enfin … »

Il sentit deux bras se placer autour de son cou. Comment avait-il put ne pas remarquer Elen qui cherchait à l’enlacer. Il n’avait pas si mal que ça. Un baiser rapide sur ses lèvres, comme pour le consoler de quelque chose qu’il ne connaissait pas et elle reprenait la parole :

« Je suis désolée, Tery. Je suis tellement désolée … »

« Désolée à quel sujet ? Si c’est concernant … Clari, on ne peut rien y faire malheureusement. Rien du tout … rien de rien … ah … Elle est partie … Je dois me lever. »

« Mais attends un peu, tu n’as dormi que deux heures ! Tu t’es évanoui à cause de tes blessures ! Tu ne peux pas partir comme ça, Tery, c’est trop dangereux. »

« Je peux le faire et je vais le faire. Il me faut retrouver le corps de Clari. Il est hors de question que je l’abandonne, compris ? »

« Je n’ai pas parlé de l’abandonner mais … tu peux attendre un petit peu non ? Rien … »

« Ne continue pas cette phrase, Elen. Je ne suis pas sûr de pouvoir contrôler mon poing. Si, tout presse. Je veux que le corps de Clari soit mis en sécurité. On ne sait pas ce que certains seraient capables de faire. Je veux que l’on retrouve les autres. Je veux que Royan fasse un cercueil de glace, je veux qu’elle reste ainsi pour l’éternité. Je veux, je veux, JE VEUX ! »

« S’il te plaît, Tery ! Je sais que c’est horrible mais … »

Elle l’avait enlacé longuement, sanglotant sans pour autant montrer ses larmes. Elle n’entendait aucun reniflement de la part de Tery. Il était fort, tellement plus fort qu’elle dans ces moments-là … ou alors, tout ça n’était qu’une façade ? Il cligna des yeux pendant quelques secondes avant de prendre une profonde respiration pour dire :

« Si tu veux, tu peux venir m’aider, Elen, qu’est-ce que tu en dis ? »

« Ca sera mieux … pour toi et moi. Je ne veux pas te laisser seul. Le groupe de Royan ne devrait pas trop tarder normalement, je crois. »

« S’ils sont en sécurité, c’est le plus important à mes yeux. Comment ça s’est passé ? Pù est donc Manelena aussi ? Je ne la vois pas … »

« Elle est sûrement dans la salle du trône avec les officiers rebelles. Elle doit préparer son futur couronnement, j’imagine. Elle est la reine de Shunter … si les rebelles acceptent cela. »

« Je pense qu’il va falloir des compromis et d’autres choses. »

« Tu as sûrement raison, Tery. Attends, je vais t’aider. » murmura la jeune femme aux cheveux blonds, se mettant debout à côté du lit. Elle épaula Tery, celui-ci ayant du mal à rester debout et droit. Zut… zut !

« Je vais avoir du mal à me déplacer. Nous allons quitter le château par la voie principale, enfin l’entrée normale, tu vois ce que je veux dire ? »

« Oui, oui, ne t’en fait donc pas, Tery, j’ai parfaitement saisi tes propos. On y va. » dit-elle, cherchant à sourire en direction du jeune homme. Il lui rendit son sourire bien qu’il avait un petit air triste difficile à ne pas discerner. Ce n’était pas joyeux … d’aller chercher le cadavre d’une personne qui leur était chère. Tout ça à cause de cette révolte absurde.

« Tery … est-ce que tu veux aller voir Manelena avant ? »

« Non, je ne préfère pas. Elle veut sûrement être seule. Elle a perdu son père … et je pense que contrairement à moi, elle ne pouvait pas le détester fondamentalement. »

« Est-ce que tu te rappelles de ce qui s’est passé ou non ? Je veux dire … tu étais dans un état assez étrange depuis la mort de Clari … mais tu étais conscient ? »

« Je l’étais, je sais ce que j’ai fait, ce que j’ai dit, je sais que j’ai été ridicule mais j’ai été sincère … jusqu’au bout. Je ne regrette pas tout cela. Je me suis trompé sur une personne que je considérais comme un ami … ou au moins une connaissance, à l’époque. Je ne me ferais pas avoir une nouvelle fois, je me le promets. »

« Te faire avoir ? Ce n’est pas comme si tu étais fautif, Tery. Les gens changent. Tu ne connais pas forcément une personne sur le bout des doigts, comme si de rien n’était. »

« Oui mais … ça fait mal, quand même. Ca fait vraiment mal, très mal. »

« Je le sais, Tery. Je le sais … mais c’est du passé. Ne pense plus à lui. On va aller retrouver Clari et on lui fera un enterrement magnifique, d’accord ? »

« Pas du tout ! Je ne veux pas de ça, Elen ! Clari n’a pas besoin de ça ! Ça sera discret, très discret … et il n’y a pas besoin du reste. Pas du tout, il n’y a besoin de rien du tout. On va juste faire quelque chose de simple, tout simple, oui. »

Il avait terminé de parler en bafouillant, comme épuisé par cette idée de se dire que Clari ne serait plus jamais là. Elle l’avait observé : il ne déversait aucune larme. Rien du tout. Elle n’avait pas le courage de lui dire de se laisser aller.
Ils avaient fini par trouver la sortie château, Tery regardant autour de lui. Ils devaient retourner dans les ruelles de Midès. Est-ce qu’ils allaient se retrouver ? Car cette idée ne semblait pas vraiment simple, loin de là.

« Nous aurions peut-être dût prendre le passage secret, Tery ? Qu’est-ce que tu en dis ? »

« Que c’est trop tard et dangereux. Je pense que Manelena préfère garder cela secret au cas où. Donc on va éviter, d’accord ? »

« D’accord, je n’ai rien dit, Tery, je n’ai rien dit du tout. » murmura Elen. Tery s’immobilisa, regardant les bâtiments devant lui avant de dire d’une voix calme :

« Je crois me rappeler que les rebelles et les soldats se sont affrontés près d’un tailleur et d’un cordonnier. Je pense que nous devrions aller dans le secteur commercial. »

Le secteur commercial ? Elle suivit Tery. Il semblait savoir ce qu’il voulait faire, elle n’allait pas l’en empêcher. Néanmoins, elle vérifiait qu’il arrivait à tenir debout. Elle le sentait extrêmement fatigué et exténué par ces dernières heures.

« Rien ne presse, Tery. Il faut y aller calmement. Personne ne l’a trouvée, j’imagine non ? »

« Là où je l’ai mise, je ne pense pas … elle est éloignée du reste du combat et du carnage qui s’est déroulé ensuite. Cela devrait aller alors normalement. »

« Si tu le dis, Tery, si tu le dis. Je te fais confiance, oui. Je te fais confiance. »

Pourquoi est-c qu’elle répétait cela ? Comme pour se rassurer ou quoi ? Il préféra ne pas lui poser la question tandis qu’ils marchaient dans les ruelles. Encore maintenant, nul n’osait sortir mais quelques badauds avaient ouvert les fenêtres, jetant un œil pas si discret. De quoi est-ce qu’il avait l’air ? Et Elen ?

« Elen … Est-ce que nous sommes … des héros … ou des criminels ? »

« Je suis Elen. Tu es Tery. Nous sommes ni l’un, ni l’autre. Nous n’avons pas fait cela pour la gloire, n’est-ce pas ? Ni même pour une récompense. Nous avons fait ce que nous estimions être le mieux. Nous ne voulons pas que les gens sachent. »

« Je ne veux pas être mis en avant. Je veux juste vivre ma vie … tranquillement. Mais nos noms vont être connus et … Ah ! Elen ! Elen ! »

Il se retourna, posant ses mains sur les épaules de la jeune femme aux cheveux blonds, la secouant légèrement avant de de s’exclamer :

« Les gens connaissaient déjà mon nom. Je suis responsable de la survie de Manelena mais maintenant de la mort du roi. Je vais paraître comme un monstre à leurs yeux ! »

Qu’est-ce qui lui prenait de se comporter comme ça ? Pas besoin de s’exciter non ? Hum, si, bien entendu. Mais elle préférait ne pas prendre la parole pour ne pas l’angoisser encore plus. Ou alors, elle pouvait faire quelque chose pour lui ? Doucement, elle croisa ses doigts dans les siens avant de chuchoter tendrement :

« Qu’importe ce que les gens pensent de toi, Tery. Je serais toujours là, à tes côtés, mon amour. Tu es celui que j’aime, qu’importe la forme que tu as, d’accord ? »

« Je le sais … mais c’est pour vous surtout que je m’inquiète. Et pour ma mère aussi. Vous serez méprisées et haïes. Je ne veux pas de ça pour vous. »

« Ce que nous subissons ne concernent que nous, Tery. Tu m’emmènes voir Clari ? »

Elle avait aussitôt changé de sujet pour qu’il ne pense plus à ça. Le jeune homme fit un petit mouvement de la tête alors qu’ils continuaient de se déplacer pendant quelques minutes. Ils retrouvèrent le corps froid et sans vie de Clari dans un coin abandonné d’une ruelle fermée, cachée derrière un mur fait de détritus. Nul n’aurait osé passer par là, surtout en vue des différents cadavres qui jonchaient le sol autour d’eux.

« La voilà. Tery ? Est-ce que tu peux rester debout en étant seul ? »

« Oui … Oui, il n’y a pas de problèmes … à ce sujet. Il n’y a pas de … problèmes. »

Il avait dit cela avec nonchalance mais elle avait remarqué les petits tremblements dans sa voix. Elle ne voulait pas le brusquer. Elle le laissa s’adosser contre le mur alors qu’elle venait récupérer le corps de Clari. Elle chuchota à son oreille :

« Je continuerais de protéger Tery à ta place, Clari. Reposes-toi … nous allons t’emmener là où nul ne peut venir te déranger. »

Elen n’avait pas remarqué les yeux devenus complètement rouges de Tery en voyant le corps de Clari. Un regard rempli de désespoir alors qu’il fixait le cadavre de la jeune femme aux couettes blondes. Il se redressa du mur, venant prendre le corps de Clari des bras d’Elen, avec un peu de violence dans le geste.

« Hey ! Mais Tery, qu’est-ce qui te prends ? »

« Rien … Rien … Je suis responsable de sa mort … je veux porter son corps jusqu’au château. Pardon, Elen, je ne voulais pas te faire mal. »

« Mais pourtant, tu l’as fait. Ah … Tu ne t’es pas retenu. Fais attention, s’il te plaît. »

« Je m’excuse encore une fois. Nous pouvons retourner au château. Pardon. »

« Ce n’est rien, je te pardonne, Tery. Mais s’il te plaît, la prochaine fois, ne soit pas aussi violent. J’ai été surprise … si tu voulais, tu avais juste à me le demander, hein ? »

« Oui, oui, c’est pour ça que je m’excuse. J’ai été assez violent dans mon geste, pardon. Pardon … et encore pardon. Ca ne se reproduira plus, je te le promets. »

« Ce n’est pas suffisant de me le promettre, Tery. Il faut que tu respectes cette promesse, d’accord ? Qu’est-ce que tu en dis ? Tu penses y arriver ? »

« On peut retourner au château, s’il te plaît ? Peut-être que l’on verra Royan et les autres. »

Humpf. Elle avait voulut le rassurer mais il était assez … ah. Oui, Royan. Royan et Elise. Et aussi Sérest comme Séran. Ils n’étaient pas au courant. En pénétrant dans le château, les rebelles se tournaient vers le duo, Tery ayant toujours Clari dans ses bras.

« C’est … la femme qui souriait tout le temps non ? Elle est … morte ? »

« Oh merde. Je l’aimais bien pour le peu que je le connaissais. »

Il ne cherchait même pas à regarder qui disait cela. Il n’avait de yeux pour personne. C’est seulement lorsqu’il reconnu une voix familière dire : « C’est pas possible. Pas Clari ! » qu’il s’arrêta pour se tourner vers la voix. Ce n’était pas Elise, ce n’était pas une voix féminine qui avait prononcé ces quelques mots. Elle était là, oui … mais c’était l’adolescent aux cheveux bleus. Il avait couru aussitôt vers Tery et Elen, posant ses yeux sur le couple, l’un après l’autre. Il fut pris d’un peu de tremblement, disant d’une voix troublée :

« C… Comment … Pourquoi ? Clari ? »

« Elle m’a sauvé la vie. Pendant un moment, j’ai eut une hésitation envers … une personne que je pensais connaître. Cette hésitation a été fatale … mais ce n’est pas ma vie qui fut perdue. Je … suis vraiment désolé, Royan. »

« Je … je comprends. Nous étions tous … préparés, oui. »

« Prince Royan, où est-ce que vous allez ? Attendez, je viens avec vous. »

« Je préfère être seule, mademoiselle Elise. Cela ne sera pas très long. »

Le prince de Traslord se déplaçait avec mollesse, comme si tout n’avait plus aucune signification pour lui. Lentement, très lentement, il ne se préoccupait de plus rien. Il devait tout simplement se diriger ailleurs.

« Nous devrions … continuer, Tery. Tout le monde nous regarder. »

Tery avait posé son regard sur Sérest et Séran. Le couple n’avait pas prit la parole bien qu’on pouvait voir de la peine dans leurs yeux. Dans ces moments-là, le silence était sûrement la meilleure réponse qu’ils pouvaient donner.
C’était la meilleure réponse … par rapport à toute cette situation. La meilleure réponse … pour quelqu’un qui était mort. Elen et Tery avaient fini par se rendre dans la chambre où Elen l’avait emmené lorsqu’il était inconscient. Avec lenteur, il déposa Clari sur le lit.

« Elle a toujour été une jolie femme, hein ? Je veux dire … Clari était vraiment une belle femme. Et avec un caractère en or. Je suis sûr qu’elle aurait put rendre un homme heureux. Elle aurait put avoir une famille et des enfants … Elle aurait put être si heureuse. »

« Tery, tu te fais trop de mal. S’il te plaît, arrête ça dès maintenant. »

« Je vais arrêter ça … oui … je vais arrêter ça. Je préfère arrêter ça et … »

« Vous étiez là, n’est-ce pas ? Les rebelles m’ont signalé votre présence. » déclara la voix de Manelena, celle-ci ayant pénétré dans la chambre à son tour. Elle s’approcha du couple, ses yeux posés pourtant sur le corps sans vie de Clari. « Je vais aller contacter une personne pour laver ses blessures … et les soigner. »

« Je peux sûrement le faire, Manelena ? Pas besoin de nommer quelqu’un non ? Je veux dire, j’en suis capable. Je préfère que personne d’extérieur ne s’en mêle. »

« Comme tu le désires, Elen. A ce sujet, comment veux-tu que cela se passe, Tery ? »

« Rien d’officiel. J’aimerai juste un endroit tranquille pour elle. Un endroit où on peut l’enterrer et où elle serait en paix. »

« On ira l’enterrer à côté de mon père. De toute façon, il n’y aura pas d’annonce ou de cérémonie à proprement parler. Les citoyens iraient cracher sur sa tombe ou détruire son mausolée. Nulle pierre tombale. Peut-être un symbole ? »

« Sûrement, un symbole pour chacun. Je ne sais pas lequel choisir pour Clari. Je n »y ait pas pensé mais merci, Manelena. Merci pour ça. On fera comme ça. Je pense que … enfin, je pense que ça sera parfait, vraiment parfait, merci encore. Merci pour tout. »

« Il n’y a aucune raison de me remercier autant. Mais … de rien, Tery. Je retourne dans la salle du trône, j’ai encore beaucoup à faire, vous devez vous en douter, n’est-ce pas ? »

« Bien entendu, Manelena. Merci … » continua de répéter Tery sans oser regarder la femme aux cheveux argentés. Celle-ci quitta la pièce, Elen chuchotant :

« Elle paraît toujours aussi insensible. Cela ne lui fait rien pour Clari ? Même Sérest et Séran, j’ai remarqué qu’ils étaient peinés. Alors pourquoi elle n’en a rien à faire ? »

« Elle n’en a pas rien à faire. Elle est juste … moins … réceptive à cela. Elle ne le montre pas, contrairement à nous. Elle est forte, elle est très forte. Manelena est très forte. »

« Très forte ne veut pas dire absence d’émotions, Tery. Elle n’a même pas sangloté. »)

« Elle n’a jamais été ainsi, Elen. On ne va pas se disputer sur Manelena en ce moment ? On n’a vraiment que ça à faire, Elen ? »

« Non … Non, je suis désolée, Tery. C’est juste … »
Qu’elle la boucle ! Il n’avait pas envie de parler de ça maintenant ! Il la regarda avec un peu de colère dans les yeux, Elen baissant le visage. C’est vrai … chacun avait sa ptopre vision de la chose. Peut-être que Manelena était plus meurtrie qu’elle ne voulait le montrer.

« Je vais aussi partir, Elen. Pour que tu puisses … laver Clari. Bonn chance. »

Elle avait murmuré un vague « D’accord » avant qu’il ne s’éloigne. Adossé contre un mur, il avait ensuite fermé les yeux, croisant les bras comme pour plonger dans ses pensées. Il avait fait mal à Elen, tout simplement car elle avait eut un mouvement vers Clari.
Ce n’était pas normal . Il savait qu’elle ne voulait pas de mal à Clari. De toute façon, qui en voudrait à une morte ? Et Manelena ? Est-ce qu’elle allait bien ? Et Royan ? Et Elise ? Il ne savait même pas s’ils étaient blessés dans l’autre groupe. Mais normalement, ça devait aller … du moins, physiquement.
Il avait cru remarqué que Royan avait été très affecté par la mort de Clari. Peut-être qu’il avait rêvé, que ce n’était qu’une vision … sur le moment. Mais si c’était le cas ? Oui, il le lui avait dit : il se considérait comme responsable de la mort de Clari.

« Clari … pourquoi ? »

Il s’écroula contre le mur, finissant assis, recroquevillé dans son coin, visage posé sur ses genoux. Il n’arrivait pas à pleurer. Pleurer reviendrait à considérer qu’elle était vraiment morte. Clari, c’était Clari …

« Clari, tu n’es plus là. Et maintenant, je fais quoi ? »

« Tery ? J’ai terminé. Est-ce que tu veux … voir ? J’ai pris quelques vêtements qui étaient dans les meubles. Je ne pense pas que ça dérange la personne … »

« Ce sont sûrement des vêtements royaux, non ? Enfin, si Manelena n’était pas considérée comme la princesse de Shunter, elle ne devait pas avoir de chambre. Peut-être que … »

Ce n’était pas préoccupant. Ce n’était pas préoccupant. Est-ce qu’il y avait une infime chance que … ces vêtements soient ceux de la précédente reine ? Il eut une petite pensée par rapport à cela mais il valait mieux … ne pas se poser la question. C’était surtout comment Manelena allait réagir si c’était vraiment le cas ?

« Tery ? Tu veux venir voir ? Tu verras … Elle est vraiment belle … comme ça. »

Elen qui complimentait une autre femme, malgré son sourire triste. Il se releva, visage neutre avant d’aller rejoindre la jeune femme aux cheveux blonds dans la chambre. Ah oui … Clari avait une parure vraiment royale et noble sur le corps.
Rien à voir avec l’habituelle tenue de tissu blanc qu’elle portait. Cette tenue digne d’une soldate sans âme, ni remord. Tout le contraire de ce qu’elle avait toujours été. Clari avait été la plus humaine de tous. La plus humaine …

« Bravo, Elen. Elle est splendide. Encore plus rayonnante qu’auparavant. »

« De rien, Tery. C’était la moindre des choses pour une femme aussi exceptionnelle. »

Une femme exceptionnelle. Qui était trop vite disparue. Il ferma les yeux, pour se rappeler de son visage toujours souriant, dans la majorité des circonstances. Les seuls moments où elle le perdait … étaient lorsqu’il était en danger. Mais dorénavant, elle ne serait plus là.

Chapitre 89 : Méfait accompli

ShiroiRyu
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Chapitre 89 : Méfait accompli

« Ne me forcez pas à me répéter. »

« Cela ? La princesse de Shunter ? Ou plutôt, la future reine ? Nous te la rendons. » dirent les deux vieux hommes avant que celui qui se faisait passer pour l’Oracle donne un coup de pied dans le corps de Manelena, la renvoyant auprès de Tery et Elen. Le jeune homme prit Manelena, l’aidant à se relever mais il sentait qu’elle enrageait intérieurement sous son casque. Elle était déjà prête à contre-attaquer mais il marmonna :

« A moi de m’en occuper plutôt. Je vais régler cette histoire. C’est à cause de types comme eux que j’ai perdu Clari. Je ne leur pardonnerai jamais. »

« Clari ? Une humaine sûrement. N’as-tu donc pas remarqué une simple chose, Tery ? Tu es comme nous. Ces cornes sur le sommet de ton crâne sont la preuve que tu es d’une race supérieure. Celle engendrée par Alzar lui-même. Une race capable de l’égaler ! »

« Je ne suis pas là pour chercher à égaler ou non … pas du tout. Et je ne compte pas suivre des types que je ne connais pas. »

« Tu ne veux pas ? Oh … Pourtant, ces cornes sont présentes depuis déjà quelques temps, non ? Tu devrais pourtant écouter ce qui se dit. Pourquoi n’as-tu pas accepter ses paroles ? »

« Car je n’ai pas à le faire. Maintenant, on a assez parlé et je vais … »

« VOUS EXTERMINER ! » hurla Manelena une nouvelle fois avant de courir une nouvelle fois vers les deux vieilles personnes. Elle n’avait pas compris la première fois ?

« Attends un peu, Manelena ! J’arrive aussi ! Elen, tu peux nous couvrir ? »

« O… Oui, Tery. Mais je ne sais pas si c’est une bonne chose, vu qu’on ne sait rien d’eux mais qu’importe ! Je suis derrière vous ! » s’écria Elen tout en bandant son arc, des lignes blanches paraissant sur ses mains, une flèche faisant de même sur la corde de l’arme.

C’est tout ce qu’il désirait de toute façon. Pas qu’il n’appréciait pas d’avoir de l’aide mais dans une tele situation, il valait mieux pour lui qu’il soit préparé. Avec quoi est-ce que ces deux vieillards combattaient ? Il n’en avait aucune idée !

Mais il n’allait pas tarder à le deviner. Il allait se focaliser sur l’Oracle, Manelena préférant cibler le Grand Prêtre. Les deux personnes, il ne connaissait même pas leurs noms. Et dans une telle situation, il pensait bien que ça ne serait pas très utile.

Ses griffes ricochèrent contre les bras de l’Oracle. Co… Comment ça ? Pourtant, il y avait mis de la force ! Comment on pouvait parer sans bouclier ou protection ? Car le tissu se déchira, ne laissant pas paraître une armure sur les bras. Non, c’était un bras tout ce qu’il y avait de plus normal. Comment avait-il fait ?

« Visiblement, tu n’es pas au courant de tes propres capacités. C’est triste à voir. »

« Vraiment triste. Nous comprenons maintenant pourquoi tu es ainsi. »

Comprendre ? Comment est-ce qu’ils pouvaient comprendre ? Ces types ne comprenaient rien justement ! Ils ne comprenaient rien à la situation. Ils étaient juste navrants et désespérants. Ils ne valaient pas la peine …

Non. Qu’est-ce qu’il était en train de penser ? Il avait des idées absurdes, complètement absurdes tandis qu’il regardait où il frappait. Qu’importe ses mouvements, il n’arrivait pas à prendre le dessus sur son adversaire, démon comme lui.

« Je vois que sa fille n’est toujours pas là. Vous vous êtes séparés en plusieurs groupes, n’est-ce pas ? Qu’importe … Nous ne sommes pas là pour nous confronter à vous. »

Un mouvement de la part de l’Oracle et voilà qu’il se retrouvait à terre, comme Manelena l’avait été quelques minutes auparavant. Cette force ! Il voulait la même ! Non, il la possédait ! Il avait juste à lever la main, à se laisser envahir par cette haine.

« Vous allez très vite le relâcher, ersatz d’Oracle ! »

Une flèche illuminée d’une aura blanche quitta l’arc d’Elen, le vieil homme avec son pied sur le visage de Tery au sol faisant un mouvement au dernier instant pour l’éviter. Il cligna des yeux pendant quelques instants avant de sourire :

« Ersatz ? Cela reviendrait à dire que je ne suis pas celui que tu as connu, Elen. Pourtant, je pourrais raconter tellement d’anecdote à ton sujet. Comme ta naissance, ton existence pitoyable dans l’orphelinat, toutes ces choses si secrètes et si risibles. »

« A … Arrêtez ça, Oracle ! Même si c’est vous, pourquoi est-ce que vous faites cela ?! »

« Oh ? Pourtant, c’est très simple. Qu’importe ce que vous allez accomplir pour stopper l’ouverture des portes démoniaques, vous ne pourrez pas empêcher notre race de revenir ans ce monde. Nul ne pourra nous stopper. »

« On va voir si ce n’est pas possible ! » hurla Tery, cherchant à repousser ce pied, une aura ténébreuse apparaissant autour de lui. Le vieil homme eut un sourire mauvais, disant :

« Et tu en seras même à l’origine, Tery. Tu es celui qui ouvrira les portes. »

« Hors de question, vous pouvez toujours rêver ! ET VIREZ-MOI CE PIED ! »

Il poussa un nouvel hurlement avant de finir par s’extirper de sous le pied de l’Oracle, finissant par se remettre debout. Manelena n’avait pas pris la parole, continuant d’essayer de blesser son adversaire sans y arriver.

« Que fais-tu donc ? Arrêtes de t’amuser avec la future monarque du royaume de Shunter. »

« Il est divertissant justement de la voir s’égosiller à essayer de me blesser, tu ne crois pas ? Regardes donc cela … c’est si plaisant à regarder. »

« Je vais vraiment vous crever, tous les deux ! Toutes ces années plongées dans le mensonge ! Toutes ces années à manipuler mon père ! JE VAIS VOUS … »

« Cela devient tout de suite plus lassant. Nous allons vous laisser avec le cadavre du roi. Cela devrait déjà vous occuper pour les prochains jours. Nous nous reverrons très bientôt, Tery. N’oublie donc pas ce que nous t’avons dit et … »

« VOUS NE PARTIREZ PAS TOUS LES DEUX ! »

Il avait hurlé cela, bien enragé à l’idée même que les deux êtres démoniaques ne puissent s’enfuir. Il en était hors de question ! HORS DE QUESTION ! Surtout pas après ce qu’ils avaient fait ! Comment est-ce qu’ils avaient osé les ridiculiser, lui et Manelena ?

« Vous allez le payer … amèrement. Je vais vous le faire regretter. »

« Et comment cela ? Comment comptes-tu nous empêcher, Tery Vanian ? Si nous pouvons réellement t’appeler ainsi, n’est-ce pas ? Dans le fond, est-ce que tu es vraiment l’héritier de cette famille ? Est-ce que cette mère est vraiment la tienne ? »

Il n’en fallait pas plus pour Tery. Celui-ci était à nouveau dans un état de fureur comme au moment de la mort de Clari, mort qui ne datait que de peu de temps. Insinuer qu’il ne puisse pas être le fils de cette femme qui l’avait élevé pendant des années était une chose impensable et pourtant, ces deux personnes avaient osé. Elles avaient osé évoquer cette idée.

« Oh … C’est donc bien lui. » dit le Grand Prêtre, comme émerveillé en observant Tery.

« Après toutes ces années, ces décennies, ces siècles ! Et elle est là … elle est là. »

Le second vieil homme avait tourné son visage vers Elen, la regardant en souriant. Un sourire mauvais, comme s’il connaissait déjà ce qui allait se passer. Un sourire qui disparu au moment même où Tery était maintenant à leur hauteur, ses deux mains griffues prêtes à les attaquer. Ils parèrent chacune une griffe, reculant d’un bon mètre.

« On dirait vraiment qu’il s’éveille. Qu’en dis-tu ? Tu penses pareil ? »

« C’est exact, il n’y a aucu cn doute à son sujet. Cela devrait être pour bientôt. »

« Nous ne pouvons pas nous permettre de mourir maintenant, tu le sais, n’est-ce pas ? » déclara l’Oracle en regardant son jumeau, celui-ci hochant la tête positivement.

« Cela ne doit pas nous empêcher pour autant de leur donner une petite façon. »

« C’est exact. Appliquons alors la sentence sur notre jeune démon. Il a besoin de comprendre sa place par rapport à ses aînés. »

« Cela permettra à la future reine de Shunter et à … leur enfant de saisir aussi la futilité de leurs actes à l’encontre des démons. » termina de dire le Grand Prêtre après les propos de l’Oracle, son visage tourné vers Manelena et ensuite Elen.

Manelena cherchait à retrouver un calme qui lui était difficile à obtenir. Savoir ce qui s’était passé n’avait rien arrangé par rapport à la situation. Cet homme … et son jumeau. Elle avait compris qu’ils avaient autant manipulé Elen que le roi, son père, pour les médaillons.

Mais ce n’était pas tout. Ils étaient confiants, tellement confiants dans leurs capacités. C’est qu’ils cachaient quelque chose mais quoi ? Où est-ce qu’ils trouvaient toute cette confidence ? Est-ce qu’ils étaient aussi puissants qu’ils le prétendaient ?

Et elle ? Devenir la reine de Shunter ? Elle avait envisagé cette idée. En faisant que son père abandonne son titre et son trône. Elle n’avait jamais voulu l’emmener à la mort … et elle ne pouvait même plus l’interroger maintenant.

« TERY VANIAN ! Laisses-moi t’épauler pour emporter ces deux misérables dans la tombe ! J’ai besoin de ta force pour cela ! »

« Il n’y avait pas besoin d’en dire plus, Manelena. De toute façon, Elen aussi, va nous aider. »

« La question ne se pose pas, Tery. De plus, portant les lignes de Zélisia et d’Alzar, je suis la plus à même de pouvoir les blesser gravement voire les éliminer. Oracle, merci pour toutes ces années à votre service mais aujourd’hui est le jour où je coupe le pont avec vous. »

« Alzar ? Zélisia ? Est-ce qu’elle est au courant ? »

« Impossible. Seuls quelques rares Démons le savent. Je suis même celui qui l’a élevée. Nul ne connaît son existence à part moi-même. » déclara le Grand Prêtre, aussi surpris que son jumeau. Une surprise qui vint épauler Tery, la griffe droite de celui-ci traçant une diagonale sur le torse de l’Oracle, laissant plusieurs lignes ensanglantées sur le corps de ce dernier.

Ils étaient maintenant bien convaincus que la tournure des événements n’allait pas être forcément favorable à leurs projets. Tery, ils pouvaient gérer cela. Manelena n’était vraiment pas bien difficile à maitriser mais Elen … si elle était au courant au sujet de ses doubles lignes, c’était problématique. Par contre, elle ne semblait pas connaître leurs origines.

« Il vaut mieux que nous nous en allions dès maintenant. »

« C’est la plus sage des décisions. On ne peut pas se permettre de trop perdre notre temps ici. Débarrassons-nous d’eux vite fait. »

Finalement, ils avaient décidé de contre-attaquer. Presque aussitôt, une flamme se présenta au-dessus de la paume droite de l’Oracle. A côté de lui, le Grand Prêtre avait fait de même, présentant une orbe de glace au-dessus de sa paume gauche. Il l’envoya en direction du plafond, l’orbe se mettant à grandir de plus en plus.

« Il faut qu’ils survivent, ne l’oublie pas. S’ils meurent, tout ce que nous aurons fait n’aura servi à rien. On ne peut pas se permettre de les tuer. »

« Les tuer, non. Les blesser gravement pour qu’ils comprennent leurs positions. »

« JAMAIS ! JE NE VOUS LAISSERAIS JAMAIS FAIRE CA ! »

La flamme avait déjà quitté la main de l’oracle, se dirigeant vers la sphère de glace au plafond. Mais au même instant, Tery avait poussé un cri de rage avant de sauter lui aussi en direction de la sphère. Il en était hors de question ! Il n’y aura plus de mort de son côté !

Il était arrivé à la hauteur de la sphère de glace, s’agrippant fermement dessus en y ayant planté ses griffes. La flamme percuta l’orbe, celle-ci continuant de gonfler, se fissurant de plus en plus jusqu’au point où elle explosa, produisant une gerbe de flammes et de glace, le tout se terminant par une épaisse brume aveuglant la zone.

« Tsss … Ce fut moins fort que prévu. J’espère pour toi néanmoins qu’il est encore vivant. »

« Je n’ai pas envie de vérifier cela. Nous nous retirons. »

Des bruits de pas, une nouvelle explosion accompagnée d’un tremblement et voilà que le silence s’était mis à planer dans la pièce. Ce n’était pas uniquement cela, loin de là … mais tout était calme, trop calme, tellement calme. Elen toussota, criant :

« TERY ! TERY ! TERY ! Réponds-moi s’il te plaît ! Manelena … Où es-tu ? »

« Je suis là … je vais bien … grâce à Tery. Oui … on peut dire cela. Grâce à lui. »


La voix de Manelena était faible alors qu’Elen pouvait voir une personne qui était à genoux. Une autre était couchée devant elle. Cette fumée ne pouvait pas disparaître ? D’un geste rageur, elle arriva à produire un léger vent qui balaya la fumée, laissant paraître le corps de Tery qui était allongé au sol, les yeux clos.

« T… TERY ! Non ! Pas lui ! Pas maintenant ! Ce n’est pas possible ! »

« Tu peux te calmer, il vit encore. Il est juste … gravement blessé. Devant, ça va mais derrière, ce n’est pas vraiment le cas. Je te déconseilles de regarder pour le moment. Nous allons devoir … résoudre toute cette situation. »

« Comment est-ce que tu peux rester aussi insensible, Manelena ? COMMENT ?! Tery nous a protégées, toi et moi ! Mais non, tu donnes l’impression d’en avoir rien à faire ! »

« Je t’interdis de me parler comme ça, compris ? L’état de Tery est préoccupant mais il n’est pas en danger de mort. Et j’ai … cela aussi. »

Elle avait désigné d’un geste de la tête le cadavre de son père sur le trône. Elen n’eut pas l’indécence de répliquer. C’est vrai … elle avait complètement oublié le roi de Shunter. Lui aussi était mort dans cet assaut … mais non pas des mains des rebelles.

« Qu’est-ce qu’il faut faire, Manelena ? »

« Attendre les rebelles. J’imagine qu’ils vont bientôt arriver. Essaies voir de réveiller Tery. Il faut qu’il reste conscient. Heureusement pour nous, il n’a plus ses cornes. Les rebelles sont au courant mais entre le savoir et le voir, c’est différent. »

« Je parlais … par rapport à la situation. C’est terminé, n’est-ce pas ? »

« Une page se tourne dans l’histoire de Shunter. Ce qui s’est terminé … n’est que le commencement d’une autre histoire. Je ne veux pas encore y penser. » soupira la femme aux cheveux argentés, se redressant pour aller jusqu’au corps sans vie du roi de Shunter.

« Manelena, je tenais à te dire que je suis … »

« Ne dit rien car ce n’est pas sincère. Tu ne le connaissais pas, Tery non plus. Je ne suis même pas sûre d’avoir connu cette personne en fin de compte. Ce n’était qu’un inconnu à mes yeux. »

Un inconnu ? Peut-être. Il valait mieux ne pas reprendre la parole. Manelena voulait sûrement être seule mais Elen comme Tery devaient rester dans les environs. Les rebelles n’allaient pas tarder. Ce n’était qu’une question de minutes normalement.

A nouveau le silence. Elen avait pris la tête de Tery pour la mettre sur ses genoux, étant juste à côté de lui. Manelena regardait encore son père, sans un mot, ans une parole. Même mort, il gardait une prestance indéniable.

« Tout ça n’était qu’une chimère, une illusion. Je le sais parfaitement. »

Mais surtout, maintenant, elle était certaine que depuis le début, le Grand Prêtre leur avait menti. Cet homme qui était présent depuis plus de vingt ans dans sa vie. Qu’est-ce qui était vrai ? Qu’est-ce qui était faux ? Par rapport à la mort de sa mère ?

« Qu’est-ce que je suis sensé croire maintenant ? »

« AH ! Il y a déjà quelqu’un dans la salle du trône ! Passez outre les cadavres ! Le roi … »

Voilà. Ils étaient finalement arrivé, n’est-ce pas ? Ces fameux rebelles que l’ancienne maréchale considérait comme inutiles. Elle prit une profonde respiration avant de retirer la main du visage de son père. Ce n’était plus le moment de laisser ses sentiments prendre le dessus. Il fallait … se montrer forte.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? Vous êtes déjà là ? Où est donc le reste de vos troupes ? »

« Mortes face aux soldats de l’armée de Shunter. » déclara tout simplement Manelena, comme impassible alors que l’homme qui dirigeait la troupe de rebelles clignait des yeux.

« Qu’est-ce que … C’est le roi de Shunter ? Théor ? Le monarque Théor ? »

« Mon père, c’est exact. Et comme vous pouvez le voir, il est décédé. Vous n’avez qu’à venir voir pour confirmer sa mort si vous n’en êtes pas convaincu. »

« Bof, si c’est juste pour être sûr, pourquoi pas ? » dit l’homme tout en signalant aux rebelles de rester en place. Une simple mesure de vérification, quoi.

Lorsqu’il remarqua que ce n’était bien qu’un simple cadavre assis sur un trône, l’homme poussa un grand rire avant de poser une main sur l’épaule du défunt monarque, s’apprêtant à le faire déchoir de son siège.


Pourtant, avant même qu’il ne puisse continuer son geste, la main de Manelena l’avait pris par le bras, le soulevant au-dessus du sol avant de le renvoyer parmi les rebelles.

« Cet homme reste mon père et un roi. Ne t’avise pas de salir son être, compris ? »

L’homme avait tenté de crier à son tour lorsqu’il se releva mais personne n’osa lever la voix. Le regard haineux qu’avait Manelena en ce moment même était encore plus à craindre que l’apparition d’un être démoniaque dans le château.

« Il va falloir prévenir l’armée révolutionnaire que nous avons réussis. Nous nous retirons pour le moment. Faites ce que vous voulez avec son cadavre, on s’en contrefout. »

« De toute façon, ce n’est pas comme si je vous avais laissé le choix. » répliqua Manelena avant de remettre correctement le cadavre de son père sur le trône.

« Et je compte bien en parler au chef de cette histoire. »

« Faites donc, ça ne m’intéresse pas le moins du monde. De toute façon, le peuple était prêt à la mort de mon père depuis le début. A part les rebelles et les soldats, les rues étaient vides ou presque. Nul n’osait sortir. A croire que cela s’est fait sans violence. Tsss … quelle blague. »

La situation était ironique et déplaisante à ses yeux. Elle n’appréciait pas cela, loin de là. Mais elle était finalement terminée … ou presque. Il fallait voir ce que le chef des rebelles allait préparer pour tout ça. Quelle était la suite des événements ? Car elle n’était pas prête à laisser le trône à quiconque.

« Manelena, pour Tery … il faudrait que je l’emmène quelque pat … où il puisse se faire soigner. Même si ce n’est pas mortel, ses blessures, je dois les soigner. »

« Trouves une chambre libre dans le château, cela ne devrait pas être trop difficile. Ensuite, essaies de trouver le moyen de communiquer avec Royan et les autres pour les prévenir de notre victoire mais pas seulement … aussi au sujet de Clari. »

« Oui … Il me faudra aller retrouver son corps. On ne peut pas le laisser parmi les autres. Je le refuse, je ne peux pas … »

« Il faut que Tery nous prévienne par rapport à cela. Il doit savoir où il l’a mis. »

« On va peut-être attendre qu’il se réveille, non ? »

« Si c’est dans l’heure qui arrive, oui, si ce n’est pas le cas, il nous faudra alors chercher par nous-mêmes. Mais pour le moment, emmènes-le. Je dois rester ici pour être sûre que personne ne cherche à raser cette salle ou se l’approprier. »

« D’accord, Manelena. Restes sur tes gardes, moi aussi, par rapport à … ces personnes que je croyais connaître, j’ai été choquée et déçue … mais … »

« Je ne veux rien savoir. Je n’ai pas de temps à penser à ces êtres. Lorsque tout sera sous contrôle, je penserais alors à ce que je leur ferais subir à ces deux personnes. »

Comme elle voulait. Avec difficultés et en faisant très attention, Elen souleva le corps de Tery, quittant la salle du trône. Un long soupir se fit entendre quelques secondes plus tard dans la pièce, Manelena allant s’asseoir sur un accoudoir. La situation avait pris une tournure déplaisante, très déplaisante. Et … comment faire pour Tery ?

Chapitre 88 : Jumeaux

ShiroiRyu
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Chapitre 88 : Jumeaux

« Clari … Clari … Clari … je t’ai vengée … comme promis. J’ai vengé la mort de ma grande sœur adorée. J’ai vengé celle qui a toujours été à mes côtés. »

Il avait toujours ses cornes sur le sommet du crâne ainsi que ses yeux complètement rouges. Mais le corps de Clari était maintenant à l’abri de tous et de toutes. Parcouru par des tremblements presque incontrôlables, le jeune homme aux cheveux bruns hoqueta avant de bredouiller d’une voix lente :

« Je ne peux pas te laisser mourir comme ça, Clari. JE NE PEUX PAS ! »


Il criait avec rage, tentant de se contrôler mais il n’y arrivait pas. Cette voix dans sa tête continuait inlassablement son rôle, se vantant de cet acte en lui disant qu’il avait bien fait. Il avait réussi à venger la mort de celle qu’il adorait comme sa famille.

« Olin est mort. De tels amis ne méritent pas ma considération mais toi … Clari … TOI ! TOI TOI TOI ! Toi tu mérites tout ! Hors de question … ah … ah … que tu meures. Hors … »

Il ouvrit la bouche, la rapprochant du visage de Clari. Pourtant, leurs lèvres ne se frôlèrent guère, une fumée blanche quittant les lèvres de Clari pour finir par être inhalée par la bouche de Tery. Celui-ci haleta pendant quelques instants avant de murmurer :

« Tu seras toujours avec moi dorénavant, Clari .Tu seras toujours avec moi, Clari. HAHAHAHAHAHA ! Ah oui … toujours. »

Il rigolait tout en pleurant et sanglotant, des larmes coulant le long de ses joues. Manelena et Elen, il devait aller auprès d’elles. Il devait les protéger. VITE ! Il commença à accélérer sa course, se déplaçant à toute allure pour prendre un maximum de vitesse.

« Où elles sont … où elles sont … les rebelles sont presque tous morts ici. Qui c’est qui a réussi à les tuer ? Mais pas seulement eux … les soldats aussi. »

Il n’avait aucun souvenir du massacre qu’il avait commis. Il était responsable de tout ce carnage mais pourtant, quelque part, dans le coin de son esprit. Ah … Ah … Ah … Elen et Manelena, il fallait vite les retrouver !

« Je dois me dépêcher, hahaha. Il faut aller les protéger ! »

AH ! C’était quoi ce petit message codé ? Hey, il s’en rappelait. Manelena lui en avait parlé dans l’armée. Ces symboles, ces carrés, ces losanges et autres, il fallait utiliser une certaine partie de leur nom pour transmettre un message.

« Je sais par où elles sont passées. Comment est-ce que Manelena put cacher ça ? »

Il en avait strictement aucune idée et c’était peut-être pour ça que c’était surprenant. Ah … Il semblait aller mieux. Il avait encore ses cornes sur le sommet du crâne mais ses yeux redevenaient normaux. Est-ce qu’il avait tiré un trait sur la mort de Clari ? Nullement. Mais pour l’heure, autre chose, de bien plus important, nécessitait toute sa concentration. S’il pouvait pleurer les morts, il devait protéger les vivants.

« Comment se fait-il qu’un passage souterrain existe pour mener jusqu’au château ? »

« C’est l’inverse plutôt. Un passage pour s’en échapper. Certains prisonniers à l’époque de mon grand-père avaient réussi à creuser dans la roche et à s’enfuir. Nous n’avions jamais trouvé comment ils avaient réussi à s’enfuir. »

« Alors, comment cela se fait-il que tu sois au courant ? Et surtout que tu n’aies prévenu personne à ce sujet ? Ce n’est pas ton genre, non ? »

« Durant mon enfance, je préférais être seule … et les cachots abandonnés ne me faisaient pas peur. J’ai trouvé cet endroit par hasard, rien de plus, rien de moins. Arrêtes donc de te poser des questions et avances plutôt. » répondit la femme aux cheveux argentés avec agacement.
Les deux demoiselles marchaient tranquillement dans ce qui semblait être une grotte souterraine. Une petite flamme trônait au-dessus de la main de Manelena, celle-ci servant pour éclairer l’endroit. Pas très grand ni très spacieux, il permettait néanmoins à quelques personnes de s’y déplacer bien que tout fût très rudimentaire.

« J’espère qu’il ne va pas mettre trop de temps à venir. »

« Tery ? Tout dépend de son état de compréhension de mon message. S’il a retrouvé ses esprits et qu’il réfléchit un peu, cela ne devrait alors poser aucun problème. Par contre, si ce n’est pas le cas et qu’il reste l’imbécile notoire qu’il a toujours été … nous ne sommes pas tirées d’affaire pour tout avouer. Loin de là. » soupira Manelena une nouvelle fois.

« Je veux qu’il soit avec nous. Et toi, qu’est-ce que tu vas faire exactement ? »

« Simplement déjà retrouver mon père, ensuite, je verrais … Enfin, pas mon père, le roi. »

« Tu peux dire ton père, ça ne me dérange pas. Tu es quand même de son sang. Tu as de la chance d’avoir un membre de ta famille. »

Humpf. C’était le moment émotions ? Dommage pour elle, cela ne l’apitoyait pas le moins du monde. Elle en avait même strictement rien à faire. Pourquoi est-ce que cela aurait une quelconque importance à ses yeux ? Elle n’était pas sentimentale. Elle répondit d’une voix un peu sèche en direction d’Elen :

« Le sang n’a rien à voir après de tels actes et paroles. Tout ce qu’il a fait pendant des années fait qu’il ne mérite pas ce que je n’ai jamais reçu. »

« Je ne vais pas m’attarder sur cela. J’imagine que ça doit être assez personnel, non ? »

« Ne cherche pas à t’immiscer dans des affaires qui ne te concernent pas, oui. » rétorqua la femme aux cheveux argentés, grognant de plus en plus.

« Ah … Tery me manque tant en fin de compte. Ca ne sert à rien, toi et moi, c’est tout simplement impossible de se comprendre. »

« Autant de temps pour enfin savoir ça ? Bravo, Elen. Nous sommes trop différentes. »

« Tu pourrais juste faire un effort aussi de ton côté hein ? »

Pour toute réponse, elle n’en eut aucune de la part de Manelena. Bon ben, fin de la discussion Même si intérieurement, elle savait que Manelena n’était pas en colère contre elle, loin de là. C’était tout simplement qu’elle n’avait pas la tête à communiquer avec les autres en ce moment. C’était compréhensif.
Elle jeta un bref regard en arrière. C’était elle ou elle entendait des bruits de pas … très rapides ? Et cela malgré la distance ? Manelena s’arrêta à son tour, tenant fermement son épée tout en produisant quelques arcs électriques grâce à ses lignes d’Alzar.

« Tery n’aurait quand même pas la stupidité de venir comme un idiot en courant aussi vite, n’est-ce pas ? Humpf … si. Tery est justement le genre d’homme à courir de la sorte. »

Mais par mesure de précaution, elle restait sur ses gardes. Le bruit des pas accélérait de plus en plus, jusqu’à ce que qu’une ombre ne saute en avant, finissant par atterrir devant Manelena et Elen. La seconde avait brandit son arc, bandant une flèche avant qu’une voix ne murmure avec soulagement :

« Finalement, j’ai réussi à mettre la main sur vous. Tant mieux. J’avais peur que ça ne soit pas le cas en fin de compte. Bon … continuons à avancer. »

Tery était devant elles, se redressant pour se remettre correctement sur pied. Elles ne rêvaient pas ou alors … il venait tout simplement de courir à quatre pattes jusqu’à elles ? Comme un animal ? Vraiment ? Mais ça n’avait guère d’importance.

« Comment est-ce que ça se passe, Tery ? Tu peux supporter la pression ? »

« Je vais bien … je vais mal … très mal mais je peux tenir le coup. Je peux juste faire que tout se passe le plus rapidement possible. Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé. J’ai vu un vrai massacre parmi les rebelles et les soldats. Je me rappelle juste que j’ai tué … Olin pour ce qu’il a fait … et que ce n’était vraiment pas joli. J’ai aussi ce sentiment permanent de haïr tout le monde, que je dois détruire et ravager Shunter mais … c’est juste une pensée. »

« Tant que ça ne reste qu’une pensée et pas une action concrète car je n’hésiterai pas un seul instant à te tuer, Tery, si cela nous met tous en danger. »

Manelena ne pouvait décemment pas le regarder en face. Elle parlait, elle parlait mais elle n’arriverait pas à agir. Elle n’en avait pas le courage contre lui. Clari … était morte. On pouvait se le répéter plusieurs fois, la vérité resterait la même. Elen se plaça à côté de Tery, observant ses cornes avec inquiétude, demandant faiblement :

« Tu ne veux pas plutôt cacher tout ça, Tery ? »

« Je n’y arriverais pas … pas pour le moment. Il va me falloir plusieurs heures et il se peut que même après, ils reviennent spontanément. Je ne veux pas vous effrayer mais … ce n’est pas ce que je veux … mais je ne rien prédire, pardon. »

« Arrêtez de vous parler, tous les deux. On prend un retard absurde. » coupa Manelena.

Comme souvent, elle montrait de l’agacement mais aussi de l’appréhension bien que Tery comme Elen ne pouvaient pas le remarquer. Au bout de presque une heure de marche, le trio avait finit par se retrouver devant un mur de briques.

« Laissez-moi faire … pour éviter que tout ne s’écroule sur vos têtes. De plus, un tel passage secret peut être utile dans le futur. »

Aucun souci, c’était elle qui prenait en main le reste des opérations de toute façon. Elle avait continué à tapoter les briques, les retirant une par une alors qu’ils apercevaient à peine … ARG ! C’était quoi cette odeur horrible qui venait jusqu’à leurs nezs.

« Les cadavres entassés, la crasse, les rats … les prisons n’ont jamais été très plaisantes à la base, ce n’était pas leur but. D’ailleurs, Tery, tu dois t’en rappeler non ? »

« Disons que je préfère justement ne pas m’en rappeler si tu veux bien. » rétorque le jeune homme cornu en soupirant. Il avait essayé de sourire mais le cœur ne s’y prêtait pas. Comment cela aurait-il put être possible ?

« Vous pouvez passer maintenant. Tery ? Tu as vu comment j’ai retiré les briques ? Utilises tes pouvoirs pour les remettre, ça sera beaucoup plus rapide. Perdre cinq-dix minutes à nouveau, ce n’est pas vraiment une chose que l’on peut se permettre. »

Elle avait totalement raison. Il confirmait cela d’un hochement de tête positif avant que ses lignes d’Alzar ne paraissent sur ses mains. Peu à peu, des petites mains de terre sortirent du sol, soulevant les briques pour refermer le passage derrière eux.

« Et bien entendu, ne vous avisez pas d’en parler à quiconque sinon, je vous le ferais regretter pour le reste de votre existence, bien compris ? »

« Message très bien passé, tu n’as pas à t’en faire à ce sujet. »

Il avait dit cela avec une certaine nonchalance, regardant droit devant lui tout en mettant une main devant sa bouche. Ils étaient dans les prisons du château. Normalement, ils devraient entendre des combats et des luttes, non ? Pourtant, un silence planait dans le château.

« Les rebelles ne seraient pas encore arrivés ici ? »

« Tu penses sincèrement que le château tomberait aussi aisément ? Ces idiots de rebelles sont beaucoup trop orgueilleux. Par contre, je n’ai pas l’impression de voir des gardes dans les environs et c’est cela qui reste le plus inquiétant. »

Elle avait murmuré cela en se massant le crâne. Quelque chose continuait de clocher mais quoi ? Et pourquoi n’arrivait-elle pas à se retirer Tery de la tête ? Elle l’avait déjà vu en train de pleurer. Elle l’avait déjà vu aussi affaibli et risible, ce n’était pas la première fois. Et pourtant, pourtant … quelque chose était différent. C’était la perte d’un être cher.
Clari était tout simplement Clari. Une femme soldate qui avait été proche d’elle, comme ces autres personnes. Du moins, elle faisait partie de ce petit groupuscule … mais Clari, tout cela avait changé au fur et à mesure. Est-ce qu’elle aussi … avait été affectée par sa mort ?

Stupidités ! Elle n’était pas aussi faible et risible que ça, au point de s’émouvoir de la mort d’une femme qui avait été une épine dans le pied depuis des années. Cette personne qui avait toujours le sourire aux lèvres, le regard bienveillant, comme si elle était joyeuse en permanence. Cette personne était morte. Les simples d’esprit ne valaient pas la peine que l’on s’intéresse à elles, elles ne méritaient pas sa considération.

« Manelena ! C’est … C’est étrange … Regardez donc tous les deux … Tery. »

« Qu’est-ce qu’il y a, Elen ? Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi est-ce que tu … » dit le jeune homme aux cheveux bruns avant de remarquer le problème.

« Les soldats royaux ?! Ils sont morts ? Qui c’est … »

Il avait commencé à courir vers eux pour pouvoir mieux observer la situation. Les soldats étaient morts, pourtant, leurs corps étaient encore chauds. Cela devait faire depuis peu. Il se retourna vers Manelena, lui disant :

« Tu es sûre et certaine que personne n’a put venir ici par ton passage secret ? »

« Pas le moins du monde, Tery mais … MON PERE ! LE ROI ! VITE ! »

Elle avait eut un petit moment de lucidité. Si les soldats étaient morts, cela voulait dire que son père était en grave danger. Non pas qu’elle se préoccupait de lui mais qui serait assez fou … non, assez fort pour réussir à faire ça ! La vie de son père était en danger !

Elle connaissait le chemin pour se rendre jusqu’à la salle du trône. C’était sûrement l’endroit où il devait être. Il n’avait pas besoin d’aller ailleurs normalement. Ah … Ah … Non, c’était peut-être trop dangereux donc il était dans sa chambre ?

« Pourquoi est-ce que tu t’arrêtes, Manelena ? On s’est trompé de chemin ? »

« Non … non … pas du tout. Nous allons nous séparer, Elen tu pars vers la droite, en direction des chambres royales. Tery, tu vas du côté gauche. Je vais avec toi mais je te dirais quand tu pourras aussi partir de ton côté. »

Elle ne comprenait pas tout, sauf que la jeune femme aux cheveux argentés donnait encore et toujours des ordres pour ne pas changer. Mais cette fois-ci, elle ne devait pas répliquer ou la contredire. Elle ne fit qu’hocher la tête positivement.

Ils se séparèrent comme convenu, une minute plus tard alors que Tery lui disait de faire attention, Elen souriant en répliquant qu’il n’avait pas à s’en faire. Néanmoins, lorsqu’il courait à côté de Manelena, contrairement à ce qu’il pensait, ils ne se séparèrent pas.

« Qu’est-ce que ça veut dire, Manelena ? Je ne dois pas partir ? »

« Tu le dois … tu le dois … Tery. Mais pas maintenant, il se peut que j’ai besoin de toi très bientôt. Nous sommes proches de la salle du trône. »

« Comme tu le veux, tu crois qu’une troisième force est à l’oeuvre, c’est ça ? »

Elle le regarde brièvement, surprise qu’il ait eut cette idée. Elle n’avait pas voulu l’évoquer mais il y avait de fortes chances que oui … un troisième groupe soit à l’oeuvre pour profiter de toute la confusion qui règne dans cet endroit.

« Nous y sommes, Tery et … c’est bien ce que je pensais. »

Elle s’était immobilisée. Il y avait bien une dizaine de corps au sol. Tous des soldats de Shunter, des haut-gradés militaires, qu’elle avait connus dans le passé. Elle tenait fermement sa lame à la main, signe qu’elle enrageait intérieurement.

« Tery, prépares toi aussi à combattre au cas où, on n’aura sûrement pas le choix. »

Sûrement pas le choix ? Elle n’était pas au courant n’est-ce pas ? Lui-même portant les lignes d’Alzar mais surtout ses cornes sur son crâne, tout cela le prévenait de ce qui se trouvait derrière ces portes. Il y avait une puissance horrible et terrifiante de l’autre côté.

« Oui, oui … Manelena mais prépares-toi à fuir si c’est nécessaire, d’accord ? »

« Fuir ? Moi ? Pour qui est-ce que tu me prends ? Je tiens toujours tête aux personnes en face de moi. La fuite n’est jamais une solution envisageable. »

Oui mais chez lui, c’était le cas. Surtout lorsque cela concernait la survie des personnes autour de lui. La survie … chose qu’il avait échoué. Ah … Ah … Ne pas y penser pour le moment. Ce n’était pas le bon moment pour y penser, pas du tout. PAS DU TOUT !

Ils pénétrèrent dans la salle du trône. Là encore, quelques cadavres étaient présents … mais ce n’était pas uniquement ceux des soldats. Il y avait aussi quelques figures de la haute noblesse d’après les parures qu’elles arboraient.
Ce n’était pas cela le choc principal. Deux êtres tournaient le dos à Manelena et Elen. Deux êtres aux cheveux grisonnants. Mais ils ne les connaissaient pas. Le plus important restait la personne assise sur son trône. Il ne la connaissait qu’à peine et pourtant, les rares fois où il avait put la voir, elle lui avait laissé une impression encore ancrée dans son être. Cette personne, le roi de Shunter … avait une dague plantée dans le coeur.

« PERE ! » s’écria la femme aux cheveux argentés, prête à foncer vers le monarque. Tery l’arrêta d’une main posée sur son épaule, l’un des deux êtres devant eux prenant la parole :

« Oh … et bien … et bien … et bien … Ils sont finalement arrivés. Nous ne faisions qu’attendre leurs apparitions, nous ne sommes donc pas déçus, n’est-ce pas ? »

« Pas le moins du monde. Mais c’est étonnant, je pensais que la petite Elen serait avec eux. Pourtant, j’ai ressenti sa présence dans le château. »

« Qui êtes-vous ? » demanda Tery, lignes noires paraissant sur son visage, les yeux redevenant peu à peu rouge vif.

« Grand prêtre. » murmura Manelena, pointant sa lame en direction de l’un des deux vieillards, celui-ci émettant un grand rire avant de se faire foudroyer sur place.

« C’est bien moi, Manelena. » répondit l’homme foudroyé, des cornes paraissant sur son crâne avant qu’il ne se retourne, yeux rouges mais non pas en intégralité comme Tery.

« Qu’avez-vous fait de mon père ?! »

« Est-ce que la colère vous aveugle, princesse de Shunter ? Votre père est mort. Son cadavre est sur le trône. Il savait pertinemment que sa mort était proche. Il savait pertinemment ce qui l’attendait mais il n’a pas cherché à lutter contre cela. Il faut dire qu’il nous a suffit de quelques phrases pour qu’il se laisse tuer : « Votre fille veut prendre le pouvoir à votre place. Trépassez pour qu’un nouveau royaume voit le jour. » Après cela, il nous a suffit de simplement planter la lame dans son corps pour le tuer. »

« JE VAIS VOUS TUER ! » hurla Manelena, son armure noire sur la globalité de son corps alors que Tery emarquait quelques symboles rouges sur les morceaux de métal.

C’était la première fois qu’il voyait cela mais surtout, Manelena avait perdu toute contenance, disparaissant de son champ de vision. Aussi vive qu’un éclair malgré sa lourde armure, elle était déjà au niveau des deux vieilles personnes. Ces dernières se ressemblaient étrangement. Des jumeaux ?

« Il est bon pour certaines personnes de comprendre leurs places dans ce monde. Vous n’êtes rien par rapport aux Démons. »

Deux mains se posèrent sur le visage casqué de Manelena avant de la projeter au sol, l’épée de la jeune femme quittant sa main. Malgré leur âge qui paraissait avancé, les vieillards étaient plus que vaillants et forts. Mais surtout, le second vieillard avait lui aussi maintenant des cornes sur le sommet de son crâne.

« Tery ! Manelena ! J’ai ressenti une énergie démoniaque dans la salle du trône et … »

« Voilà donc la dernière invitée qui se présente à nous. Cela faisait longtemps que je ne t’avais plus vue … Elen. Tu as bien grandie depuis tout ce temps. »

Une ombre aux cheveux blonds avait pénétré dans la salle du trône, alertée par ce sentiment de malaise qui l’envahissait. Avec appréhension, elle regarda autour d’elle avant de cligner des yeux. Pendant plusieurs secondes, elle s’immobilisa avant de bredouiller :

« O… Oracle ? V… Vous êtes vivant ? Mais comment ? »

Chapitre 87 : Un être fait pour tuer

ShiroiRyu
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Chapitre 87 : Un être fait pour tuer

« Qu’est-ce que ça veut dire ? Elen ? Je vais aller voir à mon tour ! Fais attention ! Ils ont besoin de ton assistance ici ! Soignes-les ! »

« Ne me donne pas d’ordres, Manelena ! Mais … bon … d’accord. »

La femme aux cheveux blonds émit un grognement tandis qu’elle voyait Manelena qui passait à côté d’elle. Elle n’avait pas envie de le montrer mais elle était anxieuse, terriblement anxieuse. Qu’est-ce qui s’était passé au loin ? Qu’est-ce qui s’était passé ?

« Clari … Clari … Clari … Clari. »

Inlassablement, il répétait ce nom alors qu’il se relevait, le corps de la jeune femme aux couettes blondes tombant sur le côté. Il n’eut pas un seul geste vers elle, regardant avec fureur l’imposant homme en face de lui.

« Capitaine Olin ! Nous sommes venus dès que nous avons … »


Le soldat n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Tery était déjà en face de lui, sa main posée sur son crâne. D’un geste nonchalant, il l’arracha du reste du corps avant de le jeter sur le côté. Il se retourna vers Olin, murmurant :

« Clari … Clari … Clari .. Vous l’avez tuée. »

« Elle est la seule responsable de sa mort. Elle n’avait pas qu’à interférer sur notre combat. De toute façon, elle serait quand même morte et … »

« Attention, capitaine ! » hurla deux autres soldats, arrivant en renfort pour stopper Tery. Celui-ci les regarda, observant les êtres dans leurs armures. De belles armures, bien lourdes et bien solides. Il cligna de ses yeux entièrement rouges avant de lever une main en l’air :

« Comme ça, si je crois bien … Clari … Pourquoi ? »

Un pieu de glace, trois fois plus imposant que celui d’Olin fit son apparition devant le regard estomaqué de ce dernier. Tery fit un simple mouvement de la main pour qu’il descende vers les deux soldats. Le jeune homme tendit les bras sur les côtés, le pieu se séparant en deux avant de s’abattre sur les deux hommes, pénétrant dans leurs corps pour qu’ils se plantent dans le sol. Tery murmura :

« On continue encore … et encore, n’est-ce pas ? Où sont les autres ? Où ils sont ? Clari ? »

Il se retourna vers la jeune femme aux cheveux blonds, ignorant complètement Olin qui tentait de retrouver une certaine contenance. Mais rien à faire, la puissance effarante et effrayante de Tery était bien visible.

« C’est donc ça la force d’un démon ? J’en étais sûr ! Tu n’es qu’un monstre, Tery ! Tu l’as toujours été dans le fond ! Tu n’as eut aucune hésitation à tuer ces soldats et … »

« Aucune hésitation pour tuer Clari … n’est-ce pas ? Hein ? »

Il marquait un point mais qu’importe, ce n’était pas ça le plus important. Il devait plutôt trouver un moyen de l’éliminer. S’il y arrivait, autant dire que les problèmes d’argent seront résolus définitivement. Ses parents seraient si fiers de lui.

« Tery ? Mais … Clari ? »

La voix féminine laissa place à une importante surprise de la part de Manelena. Celle-ci était arrivée sur le lieu du combat, remarquant les cadavres non-loin de Tery mais surtout celui qui était allongé sur le sol. Elle vient déglutir, clignant des yeux plusieurs fois.

« Clari … je vois … c’est donc ça … TERY ! »

« Manelena. Clari. Manelena. Clari. »

Tsss ! C’est bien ce qu’elle pensait. Tery avait complètement disjoncté. Tout ça à cause de cet homme, n’est-ce pas ? S’il suffisait de le tuer pour … Elle avait amorcé un mouvement mais des fissures apparurent sur le mur à sa droite.

« Pas touche … Olin. Pas touche. Clari … elle est … »

« Tery, il faut absolument que tu te calmes. Clari n’aurait pas voulu que tu agisses de la sorte. Tu le sais parfaitement, non ? Alors pourquoi est-ce que tu agis comme ça ? »

« Pour … quoi ? Clari ? Pourquoi Clari ? Pourquoi elle ? POURQUOI ?! »

Oui. Pourquoi cette jeune femme qui n’aurait jamais dût se retrouver sur un champ de bataille mais dans un orphelinat, à s’occuper d’enfants ? Pourquoi elle et pas une autre ? Un soldat adorant les combats, la mort et le sang.

« Tsss, c’est vraiment du gâchis. C’est … pathétique. »

Elle disait cela non pas pour se moquer de Clari, c’était tout simplement interdit de penser de la sorte à ce moment précis … mais tout simplement parce qu’elle était dépitée. Elle devait stopper Tery avant qu’il ne soit trop tard. Elle hurla :

« TERY VANIAN ! Écoutes ma voix au lieu de continuer à te battre comme ça ! »

« Clari … est morte … cette voix … avait raison. Je dois tout ravager … pour elle ! »

Pour la voix ! Pour Clari ! Pour les deux personnes ! Pour toutes ces personnes autour de lui ! Non, pas pour elles … juste pour Clari. Clari qui était encore allongée au sol. Elle n’allait plus se relever par la faute de cet homme. Mais il n’y avait pas qu’Olin qui était responsable de tout ça. Il y avait les rebelles ! Ces rebelles étaient eux aussi responsables ! C’était eux qui avait fait ça ! A cause d’eux qu’ils étaient là ! A cause des soldats de Shunter ! A cause de cette foutue armée de Midès ! DE TOUS !

« Clari … Clari … Je vais les éliminer … OUI ! »

« TERY VANIAN ! EST-CE QUE TU ENTENDS CE QUE JE TE DIS OU QUOI ?! »

Rien à faire, Tery était imperméable à ses paroles. Pire ! Il avait ignoré complètement la femme aux cheveux argentés, plantant ses griffes dans un mur pour commencer à grimper le long de ce dernier et se retrouver sur un toit.

« TOI ! TOI ! TOI ! TOI ! ET TOI ! Disparaissez tous ! Clari … CLARI ! »

Qu’importe l’élément qu’il utilisait, le jeune homme aux cornes démons n’hésitait pas un instant sur la déferlante de pouvoirs qu’il faisait s’abattre sur ses adversaires … mais aussi ses alliés. Il n’avait aucune réticence. Il ciblait quiconque se trouvait sur son chemin.

« Tery ? Mais ses cornes … Et c’est quoi ? Où est Clari ? »

Elen s’était mise à l’abri, des cris fusant tout autour d’elle alors qu’elle regardait le jeune homme faire un véritable massacre autour de lui. Pourquoi est-ce qu’il s’en prenait aussi aux rebelles ? Ils étaient de leur côté ! Est-ce qu’il l’avait oublié ? Ou alors, il ne pouvait pas s’en rappeler sur le moment ? C’était … sûrement ça.

Mais d’abord, il fallait retrouver Manelena et Clari. Les deux femmes étaient parties à la recherche de Tery. Si elle revoyait Tery, cela voulait dire que son adversaire était mort, n’est-ce pas ? Non, même pas. L’homme imposant était encore en vie. Est-ce qu’elle pouvait avoir des explications ou non ? Car elle était complètement déboussolée et perdue avec toute cette histoire ! Elle pouvait avoir des explications ou non ? Ah … ne pas s’énerver, ça ne mènerait à rien de bien. Mais elle avait le sentiment qu’il ne fallait pas … non. Elle commençait à saisir. Tery criait le nom de Clari sans cesse. Est-ce que par malheur, elle … Non. Non. Pas Clari. Elle était bien trop forte pour ça.

C’était tout simplement impossible que Clari soit morte. Mais … Tery était dans un tel état émotionnel. Ce n’était pas que de la colère mais du deséspoir dans sa voix, cela voulait dire que quelque chose de grave s’était passé mais quoi ? Elle ne voulait pas croire que Clari était morte, elle s’empêchait d’y penser. C’était tout simplement impossible pour elle. Clari était le genre de femmes qui pouvait braver toutes les tempêtes et s’en sortir indemne. Elle avait tellement de temps à passer avec Tery. C’était tout simplement … impossible. Impossible d’y croire. Si cela devait arriver, comment elle réagirait ? Comme Tery ?

Non, le cas de Tery était bien différent. La relation qu’il avait avec Clari était d’un tout autre niveau que celle qu’elle avait avec la jeune femme aux cheveux de même couleur qu’elle. Tout était totalement différent maintenant … totalement différent, oui. Mais pour ça, il fallait aider Tery avant qu’il ne soit trop tard.
Mais n’était-ce pas déjà le cas ? Tery semblait être une cause perdue, vouée à tout détruire. NON ! Elle ne devait pas penser comme ça … Vite, trouver où était Manelena et lui demaner des réponses. Il suffisait de ressentir les porteurs des lignes d’Alzar, ils n’étaient pas … AH ! AAAAAAAAH ! Rien qu’en essayant ça, elle avait subit une violente migraine. Tery … C’était Tery qui lui donnait cette migraine atroce.

C’était lui qui laissait déferler une telle haine, rage et colère. C’était lui … ah … elle avait encore du mal à saisir ce que cela représentait mais pourtant, ça ne faisait aucun doute. Tery abusait de ses pouvoirs à l’heure actuelle et elle ne pouvait rien faire pour l’arrêter. Manelena, elle devait retrouver Manelena pour avoir la confirmation au sujet de Clari.

« Où est-ce que Tery se trouve ? Bon sang ! Comment j’ai put le perdre aussi facilement de vue ? C’est presque comme s’il … »

« Manelena, te voilà ! J’aimerai avoir quelques explictions au sujet de tout cette histoire. Il ‘est passé quoi avec Tery ? Il est en train de tuer tout le monde ! »

Hein ? Qui … Ah zut … Elen. Elle n’avait vraiment pas envie de lui répondre maintenant. Est-ce qu’elle s’en rendait compte ? Mais pourtant, elle lui devait bien ça. Elle se rapprocha de la jeune femme aux cheveux blonds, soupirant avant de dire :

« Clari est morte. J’ai mis son corps dans un coin pour qu’on puisse le retrouver. Le responsable semble être l’ancien camarade de Tery. »

« L’ancien camarade ? Je … Attends … Clari ? Clari … Clari est morte ?! »

« Définitivement. J’ai vérifié au cas où … mais il semblerait qu’elle soit morte sur le coup. Elle n’a pas souffert mais … l’état de Tery est devenu pire que prévu. »

Pire que prévu ? Ce n’était pas peu de choses que de dire ça. Mais elles devaient pourtant communiquer avec lui pour tenter de l’arrêter. Mais comment faire ? Tery ? Comment faire pour calmer son cœur et lui faire retrouver la raison alors. C’était tout simplement impossible pour l’heure. Où est-ce qu’il se trouvait d’ailleurs ?

« Tery … Tery Vanian. Ta folie est en plus sans limites. Combien de temps est-ce que tu comptes continuer ainsi ? Tu ne comprends pas ? De toute façon, je dois t’éliminer. »

« M’éliminer ? M’éliminer ? Comme … Clari ? »

Le jeune homme aux cheveux bruns s’était retourné vers Olin. Celui-ci n’avait pût que constater les dégâts que Tery avait fait. Il fallait le stopper avant qu’il ne soit trop tard. Il avait déjà présenté son épée à Tery, la pointant vers lui.

« Comme Clari … et tous ceux qui s’opposent au royaume de Shunter. Le roi lui-même est prêt au combat dans le château. Mais vous ne l’atteindrez jamais. Pas tant que je serais … »

Il fût stoppé dans ses paroles, remarquant que la main tenant son arme n’était plus présente. Il n’y avait plus qu’un simple moignon ensanglanté. VI… VITE ! Réagir vite ! Sa main encore valide vint geler le moignon, stoppant net le sang qui allait s’en écouler alors que sa vue se brouillait. La douleur avait été t-elle qu’il avait l’impression de perdre conscience.

« TERY ! Il te faudra faire plus pour … »

« Clari est morte. Par ta faute. Par votre faute. Par la faute de tout le monde. »

Il n’avait pas laissé sa phrase se terminer une nouvelle fois. Un morceau de l’épaule gauche d’Olin fût arraché par une griffe de Tery, celui-ci s’en servant ensuite pour projeter Olin contre un mur avec force et violence.

« Contrairement à elle, cela … sera long et douloureux. »

« TERY VANIAN ! JE T’ORDONNE D’ARRÊTER CA TOUT DE SUITE ! »

Manelena s’était mise à hurler de toutes ses forces, le visage du jeune homme se tournant vers elle. Avec ses cornes sur le crâne et ses yeux complètement rouges, il avait tout l’air d’un être possédé par la rage et la colère. Mais pourtant, son visage laissait exprimer une profonde tristesse alors que la griffe de terre sur sa main gauche quitta son poing, venant se séparer en cinq morceaux qui allèrent se planter dans les deux épaules d’Olin, ses deux cuisses ainsi que son torse, bien que cela ne semblait pas mortel pour ce dernier.

« M’arrêter ? C’est toi … qui va être stoppé … c’est toi … et personne d’autre. Pour la mort de Clari. Ça sera … douloureux … très douloureux, oui. »

Il avançait, pas à pas, en direction d’Olin. Quelques rares soldats cherchèrent à l’arrêter mais ils furent aussitôt découpés en morceaux, Tery ne donnant qu’un coup de griffe. Sa posture était d’ailleurs un peu spéciale, penchée en avant, comme un animal alors qu’il haletait, comme s’il avait du mal à respirer.

« Que … personne ne s’interpose … sinon … »

« Tery, si tu fais ça, tu … » commença à dire Manelena avant de s’arrêter.


Non, c’était idiot de s’en mêler. C’était complètement idiot car elle n’avait pas son mot à dire. C’était elle qui avait emmené Tery dans cet endroit alors qu’il était contre. Avec toutes ces notions de trahison et autres, elle était la première à l’origine de tout ça.

« Ne t’évanouis pas … ne t’évanouis pas … je refuses que tu t’évanouisses ! »

Il était finalement à la hauteur d’Olin, celui-ci n’étant pas pour autant effrayé malgré le visage de l’être qui se trouvait en face de lui. Bien que difficilement, il chercha à mouvoir sa main encore valide, préparant de quoi transpercer Tery avec sa glace. Celui-ci ne bougea pas, la glace venant se briser contre son torse.

« Non … Non … Non … Pas nécessaire, pas besoin que ça soit moi … qui en termine … mais si … il le faut … mais ça sera pas moi qui fera ça. »

Le jeune homme aux cheveux bruns planta une main dans le sol, plusieurs petits êtres miniatures faits de pierre apparaissant à ses pieds. Ils devaient à peine faire une dizaine de centimètres, semblant particulièrement risibles et ridicules.

« Qu’est-ce que tu comptes faire, Tery ? Ils ne … »

« Te faire souffrir … Olin. Te faire souffrir … Tu m’as retiré ma grande sœur. Tu m’as retiré Clari, je vais te retirer toute dignité avant de te tuer. Il ne restera plus rien de toi. Plus rien du tout, que des pleurs et des sanglots … mais non, je peux te promettre une chose : tu n’en sortiras pas vivant. Seulement, les dernières minutes de ton existence seront les pires. »

« Qui est-ce que tu comptes impres … AAAH ! Mais qu’est-ce qu’ils … »

« La torture commence dès maintenant. » déclara Tery, se tournant vers les femmes.


D’un geste nonchalant, un mur de pierre vint se dresser entre elles et lui, les empêchant complètement de voir ce qu’il comptait faire. Les petits êtres de terre grimpaient sur Olin, ayant pour certains des griffes à la place des mains. D’ailleurs, ceux qui avaient des mains les utilisaient à mauvais escient, retirant chaque ongle de la main valide d’Olin avant de faire de même avec ses pieds, ayant retiré ses solerets de métal auparavant.

« Ce n’est que le début … que le début, Olin. Ce n’est que le début . Hahaha. »

Finalement, il avait commencé à rire. Un rire mauvais, un rire sinistre qui montrait par là que quelque chose s’était définitivement brisé en Tery. Le jeune homme ordonna qu’on commence à lacérer chaque parcelle du torse d’Olin, jusqu’à la possibilité d’y voir les muscles si nécessaire. Il en serait de même pour …

« Encore en train de lutter hein ? Lutter après tout ce que tu as fait ? »

« Elle … n’était … pas … ta sœur, Tery. Tu ne peux … pas être un humain. Aucun … être humain ne peut se comporter comme ça. »

« Je suis un démon. Mais … Clari me considérait comme son petit frère. C’est toi qui me l’a retiré. C’est toi … Jusqu’au bout hein ? Tu n’auras aucun regret, Olin. Alors, je ne devrais en avoir aucun … aucun … oui … Rien du tout. Tu ne vaux même pas la peine que je m’attarde sur ton corps. Il est juste bon … à nourrir les vers. »

Mais il attendait sagement, il écoutait les cris d’Olin alors que chaque seconde qui s’écoulait était une seconde qui le rapprochait inexorablement de la mort. Enfin, il voulait voir cette terreur et cette peur dans le regard d’Olin. Il voulait le voir le supplier de le laisser vivre.

« Tu as de la famille, n’est-ce pas ? Tes parents qui doivent être si fiers de toi, n’est-ce pas ? Tu me l’avais dit, je n’oublie pas. Tu fais cela pour les aider. C’est dommage, tu n’auras plus rien à leur envoyer, Olin. Clari n’avait pas cette chance, elle est morte alors qu’elle était en froid avec sa famille depuis si longtemps. Sa vie n’a jamais été très facile … mais cela, tu ne te posais pas la question hein ? Mais qu’importe … c’est fini. Je vais te montrer ce qu’est un Démon puisque tu me considères comme tel. »

Un avant-goût du Cauchemar pour ceux qui oseraient le faire encore souffrir ainsi. Le jeune homme aux cheveux bruns s’avança vers Olin, ses yeux se refermant alors que ses mains étaient parcourues par des soubresauts. Un cri strident se fit entendre dans les ruelles avant que le mur ne s’écroule, permettant alors aux autres de voir le spectacle effarant.

« Tery ? Comment … est-ce que … tu … »

« Pas besoin de parler. C’est fini … tout simplement fini … oui … Ca ne va pas … mieux … pas mieux du tout. Pas mieux … mais … ça devrait se calmer. »

Il avait dit cela tout en regardant Elen et Manelena. Ses yeux étaient toujours rouge vif tandis que les cornes restaient plaisantes. Des bruits de mastication se faisaient entendre derrière lui, les êtres de terre semblant dévorer la dépouille d’Olin.

« Ne vous … approchez pas d’eux. Ils ne font … pas la différence maintenant. »

« Et tu préfères que l’on reste là à ne rien faire, Tery Vanian ? »

« Non … Il faut continuer … ce pour quoi nous sommes venus. Vous pouvez partir devant, moi-même, je vais aller la voir. »

Il n’avait pas cherché à entendre les réflexions de Manelena ou les paroles d’Elen. Il était reparti vers l’endroit où il avait laissé le corps de Clari. Le reste, il n’en avait vraiment rien à faire pour le moment. Il reviendrait … plus tard.

« BORDEL ! » hurla Manelena avant de frapper avec violence contre un mur, comme enragée. « Comment ça a put dégénérer autant ?! »

« Manelena, la faute … enfin … on est pas là … pour la faute. Mais Tery … On fait quoi ? On fait comment avec lui ? J’ai peur … de m’approcher de lui maintenant. »

« Tu n’as pas à avoir peur, il ne va pas te mordre, je ne penses pas. Mais … m’énerve. Qu’est-ce que ça m’énerve toute cette histoire ! Ah … Tery … »

La femme aux cheveux argentés continuait de prononcer le nom du jeune homme. Celui-ci n’était plus visible. Elle serrait les poings, Elen bafouillant :

« On devrait continuer, je crois. On devrait … il nous rejoindra, n’est-ce pas ? Nous avons un objectif à atteindre, n’est-ce pas ? »

« C’est le cas. Nous allons prendre … un petit raccourci par rapport aux rebelles. Je n’ai pas révélé tous les secrets à ces derniers. Je veux rencontrer mon père avant les autres. »

« Qu’est-ce que tu comptes faire là-bas ? Il ne doit pas … vraiment apprécier ce qui s’est passé depuis cet évènement non ? Et surtout, il doit savoir … »

« Cela ne te regarde pas, Elen. » coupa sèchement Manelena, peu motivée à parler d’une telle chose à une personne qu’elle pourrait presque qualifier d’inconnue.

« D’accord, je ne donnerais pas mon avis sur le sujet. Mais … Tery … »

« Ca ne veut pas dire que tu n’as pas à venir. J’aurais besoin de toi pour couvrir mes arrières. Tery pourra nous rejoindre aisément. » coupa une nouvelle fois Manelena.

« D’accord, d’accord. Je te crois. Allons-y alors. »

Ce ne fut pas Elen qui jeta un regard derrière elle mais Manelena. Oui, Tery saurait où les trouver. De toute façon, elle comptait lui laisser un petit message discret sur son chemin pour être sûr qu’il puisse les retrouver.

« Il faudra … que je fasses ça après que tout soit réglé. »

Hein ? Elen lui demanda si elle avait demandé quelque chose mais Manelena ne fit qu’un hochement négatif de la tête avant de se remettre en route dans les ruelles. Il ne restait que peu de rebelles de leur côté, c’était alors parfait pour les projets de la princesse.

Chapitre 86 : Un cœur qui se brise

ShiroiRyu
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Chapitre 86 : Un cœur qui se brise

« Olin. Je te mettrais juste hors d’état de te combattre. Je ne veux pas te nuire personnellement. » murmura Tery alors qu’il cherchait à s’éloigner du reste de la zone de combat. Déjà Elen s’approchait en courant mais il hurla : « NON ! Je veux être seul contre lui, Elen ! Occupes-toi des autres ! »

« Tery, mais tu n’es pas en état de te battre ! Il faut que tu arrêtes ça et vite ! »

« Laisses-moi faire, j’ai dit, ce n’est pas difficile à comprendre pourtant ? » déclara le jeune homme aux cheveux bruns, voulant éviter d’être insultant envers la jeune femme qui ne cherchait qu’à l’aider dans le fond.

« Si tu as le temps de te préoccuper des autres, préoccupes-toi plutôt de ton propre sort, Tery. » s’exclama Olin avec colère avant de donner un coup d’épée.


Aussitôt, une lame aqueuse continua sa route, cherchant tout simplement à trancher Tery, celui-ci l’esquivant en venant s’abaisser. Elle laissa une vilaine trace sur le mur derrière lui, Tery prenant une rapide respiration. Pfiou, il n’y allait pas de main-morte. Il voulait vraiment le tuer ou quoi ? Oui, c’était ça. Il avait la ferme intention de le tuer.

« Tu me hais à ce point, Olin ? Alors qu’au tout début, nous étions tous les deux des débutants ? C’est quoi ce qui te dérange ? »

« Tout … tout ce que tu es devenu. Un démon, un rebelle, un traître. »

« JE NE SUIS PAS UN DEMON PARCE QUE JE LE VEUX ! »

Pourtant, c’était bel et bien le cas. Avec rage, des cornes commencèrent à apparaître sur le sommet de son crâne alors qu’il haletait. Zu … ZUT ! Ne pas s’emporter ! Ne pas s’énerver contre des personnes comme Olin ! Ca n’en valait pas la peine, il ne voulait pas le blesser, il ne voulait pas que ça se passe ainsi.

« Alors pourquoi est-ce que ces cornes sont là ? POURQUOI est-ce que tu les utilises ? »

« Ce … Ce n’est pas de ma faute ! Je n’ai pas décidé de faire ça, j’ai du mal à les contrôler ! »

Et il était complètement perdu à cause de toute cette histoire. Ses cornes lui arrachèrent un cri de douleur, une griffe posée sur son front. Juste au bon moment pour parer un pieu de glace qui s’était dirigé vers son crâne.
Aucune hésitation. Il n’hésitait pas un instant … à vouloir … l’agresser. Il voulait le tuer alors que lui-même hésitait à chaque attaque. Il devait répliquer ! Ses coups de griffe furent parés aisément par la lame d’Olin, celui-ci disant :

« Depuis ton départ, je me suis entraîné, encore et encore. J’ai tout fait pour que ce nom ne soit pas bafoué. Je suivais même ton avancée auprès de la maréchale Nali, la princesse Manelena ! J’étais si content de voir que quelqu’un que je connaissais était aussi proche de l’entité militaire la plus puissante dans Shunter. Et toi, tu as tout gâché en un instant ! Tout cela pour quelle raison ? C’est quoi cette raison ?! »

« Tu l’as dit toi-même : Manelena. C’est elle la raison de ma trahison. C’est pour elle que je fais tout ça depuis des mois. Que je me bats sans cesse, sans relâche, que je l’accompagne sans avoir une once d’hésitation. C’est pour ça … »

Une once d’hésitation. Si. Il en avait depuis son retour à Shunter, depuis cette communication avec les rebelles. Il hésitait, il hésitait complètement, ne sachant pas quoi dire mais ce fut Olin qui s’égosilla, s’écriant :

« Me dit pas que toi et elle, vous êtes … »

« N… NON ! Pas du tout ! Ce n’est pas comme ça entre elle et moi ! Ca ne le sera jamais. Nous ne sommes pas ainsi, il n’y a aucune relation de la sorte mais … c’est … »

« Prêt à gâcher complètement ta vie pour elle. C’est même plus de la dévotion ou du fanatisme à ce niveau.Je vais t’éliminer Tery, avant qu’il ne soit trop tard. Je vais te purger de ce fléau. Cette femme est une traîtresse à son royaume, qui n’a pas hésité à abandonner son rôle, mettant en danger tout Shunter par … »

« LA FERME ! C’est moi qui ait décidé de la sauver ! Elle était prête à mourir ! »

Il n’allait pas lui permettre d’insulter Manelena. Il pouvait le haïr, LUI ! Mais pas s’en prendre aux autres ! Il amorça différents mouvements irréguliers en direction d’Olin, cherchant à l’atteindre mais chaque coup était paré avec une aisance telle que le jeune homme aux cheveux bruns perdit pied, tombant sur le sol. Il fit une roulade sur le côté, évitant la lame d’Olin avant de se redresser.

« Ah … Ah … Ah … Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à te combattre ? »

« Car tu sais parfaitement que tu es dans le tort ! »

Dans le tort ? Qu’il est fautif ? Qu’il se trompe ? Quelle idiotie ! Ce n’est pas comme ça ! Il avait ses pouvoirs démoniaques avec lui. Il pouvait facilement gagner contre Olin s’il le désirait. C’est juste qu’il n’en avait pas la motivation ou l’envie.

« Je ne peux pas laisser Tery se battre comme ça. Il a besoin de moi, il a besoin de nous. »

« Non, Elen. Ne t’en fait pas, je le surveilles de loin. » déclara Manelena, plantant sa lame dans le bras d’un soldat de Shunter, de la foudre parcourant le corps de son adversaire avec une certaine aisance, brûlant sa chair. Lorsqu’elle extirpa son arme, le corps encore fumant tomba à la renverse. Elle avait jeté un bref regard vers Tery qui combattait au loin avant d’émettre un simple grognement de mécontentement.

« De toute façon, ni une, ni deux, si ça dégénère, nous serons là pour lui. »

« Je m’en doute, Clari. Je m’en doute mais bon, ce n’est pas pour autant que je suis rassurée. »

« Qui t’a dit de l’être ? Ca n’empêche pas que nous serons prêtes si nécessaire hein ? Mais bon, pour le moment, plus vite on élimine ces soldats, mieux c’est. Mais je dois avouer que je les trouve sacrément résistants, c’est étonnant. »

Etonnant ? Même elle avec ses flèches, avait du mal à réussir à les tuer. Et pourtant, aucune hésitation par rapport aux lignes de Zélisia, elle ne se privait pas pour les utiliser. Le jeune homme aux cheveux bruns luttait du mieux qu’il le pouvait de son côté, recommençant ses frappes sourdes sur Olin.

« Ca ne sert à rien, Tery. Tu es peut-être l’un de ces fichus démons mais tu ne peux pas gagner contre nous. Toi-même, tu as déjà accepté la défaite. »

« Je n’accepte rien du tout car je ne suis pas ainsi ! JE N’ACCEPTE PAS LA DEFAITE ! »

Il avait crié de rage devant sa propre impuissance. Olin n’était qu’un humain ! Un humain sans même les lignes d’Alzar ou Zélisia ! C’était très simple pourtant de le battre. Il suffirait d’un revers de la main pour réussir à l’abattre alors pourquoi ? POURQUOI EST-CE QU’IL N’Y ARRIVAIT PAS ?!

« Ton mental est trop faible. Ta main est confuse. Tu possèdes trop de pensées inutiles. Effaces tout ce qui fût un rapport avec ton ennemi dans le passé. »

Cette voix ? Elle était revenue ? NON ! HORS DE QUESTION ! Il n’allait pas se laisser faire par cette voix ! Il n’allait pas se soumettre à cette voix ! Ce n’était pas le moment de flancher. Même si elle avait raison. Olin n’avait aucune réticence à vouloir le tuer alors que lui-même faisait tout pour ne pas le blesser. La différence de conviction était flagrante.

« Tout ça car j’estime … que ces moments passés ensemble valent encore quelque chose. »

« Qu’est-ce que tu dis dans ta barbe, Tery ? Tu ne veux pas plutôt te laisser faire ? Tu es comme moi, tu sais parfaitement qu’il n’y a aucune issue à ce combat. »

« Il y en a … mais elles ne sont pas droit devant nous. Tu pourrais tout simplement quitter l’armée de Shunter. Surtout que tu n’es pas un mauvais garçon. »

« Tu essaies de me corrompre, c’est ça ? Vraiment ? Alors que tu sais parfaitement que je fais ça pour ma famille ? Que j’ai gravi les échelons dans l’armée car il n’y a avait que des défections tout autour de moi ? Je n’abandonnerais pas le royaume de Shunter contrairement à toi ! Je n’abandonnerais pas ces personnes qui ont eut confiance en moi ! »

« Et moi de même ! Les personnes qui me sont proches savent qu’elles peuvent me faire confiance. Elles savent que je n’irais pas les trahir. Elen, Clari, Manelena, Royan, Elise, et même Sérest et Séran. Tous savent que je me bats pour eux et avec eux ! »

« Que des êtres qui ont abandonné leur nation. Quel sacré groupe. Il n’y a plus rien à sauver chez toi, Tery. Mais bon … Ce n’est pas grave … ce n’est plus grave. Nous allons tout simplement te sauver, oui, te sauver de cette misère. »

Le sauver ? Ils ? Qui donc ? Olin et les soldats ? Ils étaient juste tous les deux en train de se battre. Du moins, c’est ce qu’il croyait avant qu’une flèche ne vienne se plante dans son bras, lui arrachant un cri de douleur. Il se retourna pour voir un soldat, arc à la main, prêt déjà à utiliser une seconde flèche. Sa … SAL… SALOPARDS ! Il n’y avait donc plus de combat en un contre un ? C’était comme ça qu’ils voulaient se battre ?!

Il poussa un grognement de rage avant de tendre sa main en arrière. Celle-ci chercha à atteindre le soldat, la griffe quittant son poing pour venir agripper l’archer, le plaquant contre un mur et éclatant sa tête contre ce dernier.

« C’est comme ça hein ? C’est toujours comme ça ? Alors que je pensais … ah … »

Ah … AH … AH ! Aie ! Il avait mal au crâne ! Ca recommençait. Il recommençait à entendre cette foutue voix qui venait lui adresser la parole ! NON NON ET NON ! Il n’allait pas l’écouter ! Il ne devait pas l’écouter sinon …

Ca allait mal se finir, très mal se finir. Le soldat était mort mais où est-ce que les autres se trouvaient ? Le problème n’était pas là … Olin ! Il devait écraser Olin une bonne fois pour toutes ! NON ! Ne pas le tuer, il avait ncore toute une vite devant lui.

« Non, non et non, je ne dois pas, je ne peux pas, je ne sais pas, je ne dois pas, je ne peux pas, je ne peux pas, je dois le refuser, ah … ah … ah … »

« Qu’est-ce qui te prend, Tery ? C’est la fatigue ? Je n’aurais aucune réticence. La seule solution pour mon pardon est de te tuer. »

Qu’il s’en fout de ça ! Il en a rien à faire ! Il n’allait pas mourir … alors pourquoi est-ce qu’il avait autant de mal à prendre l’ascendant sur Olin ? L’homme était peut-être plus imposant que lui mais ça ne restait qu’un simple soldat. Enfin, un soldat haut gradé mais rien à voir avec Manelena, Royan, un porteur des lignes des dieux voire même un démon.

Ce n’est pas normal ! Il ne devrait pas être aussi faible face à un adversaire comme Olin. Mais quelque chose clochait mais quoi ? Qu’est-ce qui n’allait pas avec lui ? Qu’est-ce qui … non ? C’était parce qu’il continuait de respecter Olin ? Et de l’apprécier ? Est-ce qu’il en serait de même pour Manelena et les autres ?

Stupide, stupide, stupide, c’était juste ridicule. Ce n’était pas une raison logique ! Il allait le prouver en tuant Olin ! Avec vivacité, ce qui choqua Olin, il se plaça à quelques centimètres de lui, des pics de pierre apparaissant sur ses bras et dans ses paumes.

« Comment … cette vitesse ? Mais qu’est-ce que … »

« Pardon, Olin mais tu l’as dit toi-même. On doit s’entretuer. Il faut que l’un d’entre nous survive, n’est-ce pas ? Je n’ai pas d’autre choix. »

Lui enfoncer ce pieu dans le cœur et ensuite, ça sera parfait. Il en serait débarrassé et il allait pouvoir penser à autre chose. Ah … si c’était vraiment aussi simple que ça. Mais pourtant, il s’arrêta dans son mouvement, Olin étant déjà prêt à succomber.

« Zut, zut et ZUT ! Je ne peux pas le faire, j’y arrive pas ! »

Cette impression de trahir définitivement tous ses idéaux. De les bafouer au plus profond de son être, il n’y arrivait pas. C’était tout simplement impossible pour lui.

« Cette hésitation te coûtera la vie, Tery. Sur le champ de bataille, tu es une cible. »

Une cible ? Une victime ? Il eut à peine le temps de bouger avant que la lame d’Olin se plante dans sa hanche. Il cracha du sang, écarquillant les yeux. S’il n’avait pas réagit, il serait mort à l’heure actuelle. Il voulait vraiment l’éliminer. Il voulait vraiment sa mort.

« Aucune hésitation hein ? Tu n’aurais aucune hésitation pour me tuer. »

« Aucune. Si je commence à avoir la main qui tremble, je ne suis plus bon à rien alors. »

« Peut-être que c’est mieux ainsi alors … oui. Je devrais me préparer mentalement de la même façon. Garder en main ce que je dois faire, ne plus avoir peur. Oui. Mais je n’y arrive pas. »

Malgré la douleur persistante à sa hanche, il arrivait à parler normalement ou du moins, à peu près ainsi. Olin était là, en train de le regarder alors que des lignes bleues parcouraient son visage. C’est vrai qu’il maniait l’élément aqueux et depuis tout ce temps, il s’était bien amélioré. S’il n’y avait que ça … sur quoi le juger. Mais non, il était devenu tellement différent e ce qu’il avait connu. Il ne pouvait pas croire qu’il s’agissait de la même personne.

« Je ne vais pas prendre mon temps pour te tuer … mais par mesure de précaution … »

Olin faisait apparaître plusieurs pieux de glace alors que Tery était maintenant en train de courir, lui tournant le dos pour mettre un maximum de distance avec lui. Inutile ! C’était inutile ! Il ne pouvait pas le combattre comme ça ! Il en était convaincu, c’était impossible pour lui que d’espérer blesser Olin. Mentalement, il ne pouvait pas lutter contre de tels souvenirs. Il était conscient de l’imbécillité de sa réaction. Mais tout cela était causé … depuis le début. Depuis qu’ils avaient rencontré les rebelles, tout avait été perturbé et il était à la merci de quiconque. Le fait d’avoir massacré les soldats la dernière fois n’avait été possible que grâce à cette voix dans sa tête, cette voix qui avait réussi à le rendre complètement fou. Cette voix qui tentait encore de prendre le dessus maintenant.

« Tu cherches à t’enfuir, Tery ? Jusqu’où vas-tu pousser le ridicule ? ADMETS TA DEFAITE ET MEURES ! Jusqu’où vas-tu bafouer cette image ?! »

Olin était en rage contre lui alors que Tery avait mis un maximum de distance avec les autres affrontements. Il ne savait pas s’il était en train de pleurer ou si c’était de la sueur qui parcourait son visage mais il n’aurait pas le temps d’y réfléchir à cette allure. La seule chose qui lui importait, c’était de partir le plus loin possible.

« Mais qu’est-ce que Tery fait ? Je vais aller m’en mêler et … »

« Restes plutôt en aide à distance, Elen ! Je vais me charger d’épauler Tery, qu’il le veuille ou non ! » répondit la femme aux couettes blondes avant de se mettre à déplacer avec vélocité grâce aux pouvoirs élémentaires du vent.

Elle passait à côté de chacun des soldats ennemis, laissant une belle entaille sur les hanches pour épauler les rebelles dans leurs combats. Où est-ce que Tery avait réussi à se rendre ? Elle n’arrivait pas à le retrouver. Avait-il emprunté une ruelle ou une autre rue où les combats et les conflits n’avaient pas encore lieu ?

« Je vais peut-être devoir aussi m’en mêler. » murmura Manelena tout en tuant un soldat.

Mais pour l’heure, elle devait se concentrer. Autant Tery avait un certain mal dernièrement, autant elle, elle ne pouvait pas se le permettre. Pfiou … Qu’est-ce qui clochait avec Tery ? Cet homme nommé Olin, elle ne s’en rappelait pas. Etait-ce l’un de ces soldats qui avaient débuté avec Tery dans l’armée de Shunter ? Elle ne se rappelait pas de toutes les faces.


Mais pour Tery, c’était sûrement le cas. Il devait être l’un des rares à ne pas le considérer comme un déchet au moment où … il fut un simple soldat. Ah … Ces instants où les nobles avaient profité de leur lignée pour le rabaisser. Elle s’en rappelait parfaitement et encore aujourd’hui, cela arrivait à l’énerver. Mais elle devait passer outre.

« Tery, arrêtes donc de t’enfuir comme un lâche ! Pour une dernière fois, assumes ce que tu as fait et ce que tu es ! Acceptes ta mort ! »

« Tu … Tu ne m’auras jamais, Olin ! JAMAIS ! TU ENTENDS ET … »

Il eut à peine le temps de regarder le sol qui se gelait sous ses pieds. Un mauvais mouvement de sa part et le voilà qui était en train de glisser. Il … non … NON ! NON NON ET NON ! HORS DE QUESTION DE MOURIR AUJOURD’HUI ! HORS DE QUESTION !

« Je ne me laisserais pas tuer … JE NE SERAIS PAS MORT ! »


Il voulait vivre. Il voulait vivre ! Alors qu’il était tombé, il se retourna pour se retrouver sur le dos. Olin était déjà en train de lever sa main en l’air pour créer une pluie de dards verglacés en direction du jeune homme aux cheveux bruns. S’il se faisait toucher, il était fichu !

Il avait placé ses deux mains devant son corps, ses lignes noires se mettant à briller fortement avant que les griffes de terre ne commencèrent à tripler de volume, formant une lourde carapace de terre tout autour de lui.

« Ça ne suffira pas, Tery. Tu devrais t’en douter pourtant, n’est-ce pas ? »

L’imposant homme abaissa le bras, la pluie de glace finissant par s’abattre sur Tery. Les premiers pics ricochèrent contre la terre durcie autour de Tery, puis la suite finit par se loger dans la terre, commençant à provoquer quelques micros-fissures.


Inutile, c’était inutile. Il ne faisait que retarder l’inévitable. Pourquoi ? Pourquoi ? POURQUOI maintenant alors qu’il n’y avait aucun problème auparavant ? Pourquoi ? Non … Cette voix, elle recommençait à lui parler. Il ferma les yeux, il devait l’accepter. Il devait accepter l’inévitable alors que la voix lui murmurait :

« Abandonne tous les liens qui te relient à ces êtres inférieurs. Abandonne tout ce pour quoi tu t’es battu ces dernières années. Leurs existences n’en valent pas la peine. »

« J’imagine que malgré tout, tu te raccroches à la vie, Tery. Il n’y a aucune raison valide à cela mais ne t’en fait pas, tout sera bientôt fini. »

Olin avait levé une nouvelle fois la main, ses lignes bleues brillant encore plus fortement qu’auparavant. Mais Tery ne pouvait les voir, ayant toujours les yeux fermés, plongé dans une demie-inconscience en entendant cette voix qui continuait de lui parler.

« Observe ceux que tu considérais comme tes amis. Imagine ceux qui t’ont abandonné sans aucune réticence. Ta place n’est pas dans ce monde. Ces sentiments qui t’animent te conduiront à ta perte. Ravage et élimine ceux … »

« Ah .. C’est le rôle de la grande sœur que de protéger son petit frère, n’est-ce pas, Tery ? »

Hein ? La voix de Clari ? Pourquoi est-ce qu’il l’entendait maintenant ? Il rouvrit ses yeux, regardant le visage de la jeune femme aux couettes blondes au-dessus du sien. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Elle avait du sang qui coulait de ses lèvres.

« Clari … c’est mon … combat … »

« Un jour, les oisillons doivent s’envoler et quitter le nid. Désolée, Tery. C’est ici que tout s’arrête pour moi … mais j’ai réussi à te protéger, c’est tout ce qui compte. »

Qu’est-ce qu’elle racontait ? Ses yeux se refermaient avant que son corps ne s’affaisse sur le sien. Aie ! C’était quoi cette pointe qui lui faisait mal ? Il releva le corps de Clari, écarquillant les yeux plusieurs fois pour être sûr de bien saisir ce qui se passait. Mal … Mal … Mal … Mal … Pourquoi est-ce qu’il y avait un pieu de glace qui lui traversait le corps ? Pourquoi est-ce qu’elle se soignait pas ? Ses lignes de Zélisia en étaient capables non ?

« Allez, s’il te plaît, Clari, tu vas pas laisser une petite blessure te stopper hein ? »

« Comment est-ce qu’elle a réussi à se déplacer aussi rapidement ? Comme une bourrasque. Elle n’était même pas à ma portée normalement … Enfin bon, elle n’a fait que retarder l’inévitable. C’est dommage mais de toute façon, elle devait mourir elle aussi. C’est une traîtresse comme la princesse de Shunter. »

« Clari … Clari … Clari … »

Le jeune homme aux cheveux bruns continuait de murmurer le prénom de la jeune femme avec insistance. Aucune réaction, il n’y avait aucune réaction. Aucun mouvement ou autre, la jeune femme ne répondait plus. Il ne se souciait plus le moins du monde de ce qui se trouvait autour de lui. Ni même de l’autre pieu glacé qu’Olin préparait.

« Tu vas aller la rejoindre, Tery. Vous serez heureux tous les deux dans l’autre monde. »

Le pieu de glace prit sa route vers le corps de Tery, celui-ci étant toujours couché au sol. Mais au moment de l’atteindre, une griffe faite de pierre noire le stoppa dans sa course, le serrant avec force avant de le briser avec aisance.


« Clari … Clari … Clari … Clari … Clari .. Clari … Clari … Clari … Clari … CLARI ! »

Il avait finalement hurlé son prénom en même temps que les cornes sur son crâne s’allongeaient de plus en plus, faisant maintenant une trentaine de centimètres. La vague magique qui s’échappa de son corps fit fissurer les bâtiments, projetant Olin en arrière alors les yeux de Tery étaient complètement rouges, du sang s’en écoulant.

« Parfait, mon fils. Laisses-toi submerger par ce sentiment. » chuchota une voix en lui.

Chapitre 85 : Une mauvaise surprise

ShiroiRyu
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Chapitre 85 : Une mauvaise surprise

« Est-ce que mes données sauront vous convenir ou non ? »

« D’après ce que vous m’avez dit, cela devrait être parfait, j’imagine. »

« Alors pourquoi ce visage déçu depuis hier soir ? » demanda Manelena en croisant les bras, s’adressant au chef des rebelles. Celui-ci répondit dans un sourire :

« Simplement le fait que vous ayez invité tout le monde hier à ma table lors de nos négociations. J’avoue que cela m’a étonné de votre part. »

« Vous ne m’aviez rien interdit, que je saches. Je ne vois pas pourquoi il m’aurait fallut caché de telles informations à Tery et aux autres. » rétorqua la femme aux cheveux argentés.

« Je pensais que vous aviez gardé quelques secret mais il s’avère qu’au final, vous avez une extrême confiance envers toutes ces personnes. Je dois avouer que cela est assez remarquable, mes félicitations. Cela doit être difficile pour vous, non ? »

« Pas vraiment et je n’aime pas vos insinuations. Bon … Je vais retourner voir les autres. J’imagine que l’assaut sera lancé très bientôt, n’est-ce pas ? »

Pour toute réponse, il ne fit qu’hocher la tête positivement, encore avec ce fameux sourire aux lèvres. Elle devait reconnaître qu’il avait du charisme, elle comprenait pourquoi des milliers d’hommes et de femmes avaient décidé de le suivre, alors qu’il n’avait pas de sang noble.

A partir de là … ah … non, qu’est-ce qui lui prenait de réagir de la sorte ? Est-ce qu’elle était fatiguée ? Mais hier, elle avait entendu le nom de ce chef : Hémurion. C’est pourquoi elle avait passé la nuit à chercher son origine sans le trouver. Il était totalement inconnu … et à partir de là, c’est ce qui le rendait plus dangereux, beaucoup plus.

« Oh, Manelena ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu fais une sacrée tête. »

« Humpf, Tery Vanian. Cela ne te concerne pas, retournes plutôt t’occuper des autres. »

Hey, c’était lui ou elle venait de lui répondre encore une fois assez froidement ? Déjà que depuis hier, ce n’était pas vraiment la joie … mais qu’est-ce qui lui prenait ? Enfin bon, il valait mieux ne pas lui demander sous peine de se faire lyncher, comme à son habitude. De ce qu’il avait compris, ils allaient lancer un assaut très bientôt, c’est ça ?
Un assaut … donc s’en prendre directement dans les rues de Midès puis le château hein ? Peut-être même que ça serait le premier et dernier assaut qu’il fera avec Elen et les autres. Vu son groupe, il y avait de fortes chances que tout se joue en un instant. AH ! Depuis quand est-ce qu’il avait autant confiance en ses capacités ?
Depuis quand est-ce qu’il se croyait aussi fort ? Tous les jours, il craignait cette voix dans cette tête. Tous les jours, il avait peur de perdre quelqu’un, de mourir, de disparaître … ou tout simplement pire : de devenir fou à cause de ses cornes.

« Pfff … de toute façon, je vais vivre au jour le jour, comme d’habitude. »

Il se disait cela tout en cherchant du regard où étaient les autres. Encore en train de parler avec les rebelles ? Il allait finir par croire qu’il était vraiment de retour à Shunter … comme auparavant, en fin de compte. Ce n’était pas une mauvaise chose.

« Mais dès qu’ils me verront combattre, ils comprendront que je ne suis qu’un monstre. »

Oh, lui-même ne se prenait pas comme tel mais … ah … il ne faisait pas d’illusions. La masse populaire ne lui fera aucun cadeau. Pour l’heure, ils n’étaient peut-être pas encore tous au courant mais comme une traînée de poudre, cela allait exploser. Surtout lorsqu’ils le verront à l’oeuvre face aux soldats de l’armée de Shunter.

« Je ferais mieux d’aller voir Clari, moi. Ca va pas très fort en fin de compte. »

Pfiou, pas du tout la forme même. Il poussa un profond soupir, mettant ses mains dans les poches. Il sentait qu’il y aurait une attaque lancée dans la journée, peut-être dans la soirée. Et à partir de là … enfin, ce n’était pas aussi dirigiste que l’armée de Shunter. Peut-être était-ce pour cette raison qu’il avait cette impression que rien n’était préparé ?
Hum … Il ne devait pas se plaindre, ce n’était pas à lui de gérer l’armée rebelle mais est-ce qu’ils allaient réellement pouvoir prendre le château avec ça ? Il n’avait pas tellement confiance dans les capacités des rebelles. Mais à côté, s’ils arrivaient à gagner du terrain par rapport à l’armée de Shunter, c’est qu’il y avait une bonne raison ? Leur chef était doué, très doué mais il n’était sûrement pas le seul. Il devait plutôt se rassurer mais une petite boule dans le ventre était bien présente. Il se sentait mal … sans savoir exactement pourquoi.

Un assaut. Ce fût confirmé par le chef des rebelles. Hémurion, c’est bien ça ? Il avait retenu son nom lorsque Manelena leur en avait parlé. Il allait devoir le garder en tête car il avait l’impression que ce nom deviendrait célèbre dans le futur et très vite même. Un assaut … ils étaient encore à plusieurs kilomètres de la cité de Midès mais qu’importe, ce n’était pas du tout cela le problème dans la situation actuelle.
Ils allaient s’en prendre à la cité … sans blesser les habitants normalement, à cause du fameux couvre-feu dont il avait entendu parler. Mais ce n’était pas vraiment ça le problème, le problème, c’était plutôt ce qu’ils allaient combattre. Est-ce que ça serait les soldats de Midès ? Les milices de la ville ? Quelques magiciens ? Car oui, malgré les années qui passent, il n’oubliait pas les différentes guildes là-bas.

Les guildes … ah … il avait vraiment cette impression de renier toute sa nation à cause de cette histoire. C’était stupide mais bon … il pensait toujours de cette manière. Le problème, c’est qu’il semblait être le seul à réagir de cette manière. Restant auprès d’Elen pour le reste de la journée, il attendit que Manelena vienne les chercher, chose qui ne tarda pas.

« C’est bien pour ce soir. Il a décidé de mettre en pratique mes conseils. La ville sera assiégée avec très peu de pertes des deux côtés, Tery, Elen. »

« C’est décidé … ah … d’accord. Est-ce que les groupes .. enfin, comment est-ce que nous allons faire les groupes, Manelena ? »

« Moi, toi, Elen et Clari d’un côté. Royan, Elise, Sérest et Séran de l’autre, rien de plus. »

« J’aurais demandé si c’était normal de nous mettre tous ensemble mais … »

« Souci d’expérience et combat en commun. Royan et Elise sont complémentaires, comme l’eau et le feu. Sérest et Séran sont mariés donc la question ne se pose même pas. Quant à nous, tu as combattu souvent avec Clari et moi dans l’armée. Et Elen bien avant nous donc tu es le mieux placé. Je ne suis pas au stupide mettre mes sentiments en jeu pour ça. »

« Je n’ai jamais parlé de sentiments ou autres. Je ne vois pas pourquoi tu dis une telle chose, Manelena mais bon, je comprends quand même où tu veux en venir. »

« Et je ne veux aucune insinuation à ce sujet … Clari, compris ? »

« Mais je n’ai rien dit … enfin, pas encore, hahaha ! »

La femme aux couettes blondes observa Manelena avec un grand sourire, celle-ci partant pour ne pas avoir à s’énerver une nouvelle fois. Clari se tourna ensuite vers Elen et Tery, les observant tous les deux avant de tapoter contre son coeur :

« Ca sera très dangereux, Tery mais ne t’en fait pas, avec moi à tes côtés. »

« Je dois m’en faire ou ne pas m’en faire ? » demanda Tery tout en rigolant, se sachant parfaitement en sécurité avec elle. C’est pourquoi il ne se posait aucune question à ce sujet, attendant tout simplement qu’Elen prenne la parole à son tour.

« Avec nous deux à tes côtés, tu n’aurais pas à te soucier de tes blessures, Tery. Nous te soignerons dès la moindre goutte de sang sur ton visage. »

« Me voilà définitivement rassuré, les filles. Merci à vous deux. »

Des paroles sincères venant de sa part, pour ne pas changer. Il n’allait pas leur mentir … bien qu’il ne se sentait pas en confiance dans tout ça. Ah … Pfiou … bon … il devait se donner une petite claque sur les joues puis se préparer mentalement au combat.
Royan et Elise vinrent le voir quelques minutes plus tard, le questionnant au sujet des compositions. Il n’hésita pas à leur expliquer les propos de Manelena, signalant que c’était le meilleur choix possible avec des adeptes de Zélisia et Alzar ainsi qu’un démon dans chaque groupe. Avec cela, impossible de perdre normalement.

« J’ai juste … un mauvais pressentiment. Je ne sais pas comment l’exprimer, Tery. »

« Rassures-toi, tu n’as pas à t’en faire. Elise te collera vraiment, j’imagine qu’elle ne laissera personne s’en prendre à toi. De même, si les soldats sont un peu renseignés et malins, ils te reconnaîtront et … » commença à dire Tery avant que Royan ne le coupe :

« Quand mes propres citoyens ont du mal à me reconnaître sans mes habits royaux, tu dois te dire que cela ne changera pas grand-chose de ce côté. »

« Peut-être que oui … mais par contre, sur la partie d’Elise, je suis sûr et certain de ce que j’avance, Royan. Je ne vois pas pourquoi je me tromperais. »

Pour toute réponse, Royan soupira. Bon … Ils étaient donc finalement prêts ? Mais à bien voir ce qu’avait prévu le chef des rebelles, ils allaient être entourés par d’autres personnes. Logique, ils ne pouvaient pas se déplacer par par petits groupes, l’armée de Shunter ne laisserait pas faire ça. Midès ne valait clairement pas Omnosmos en terme de taille.

Hum … mais est-ce que ça serait trop ou non ? Il n’avait aucune idée. Pfiou … Pfiou … Il était temps de se mettre en marche. Mais à chaque pas, il se sentait le coeur plus lourd. Attaquer la capitale de sa propre nation. Qu’on le veuille ou non, ça lui faisait mal, très mal. Il ne pouvait pas s’empêcher de penser à ça.

« Allons, Tery. Tu ne fais pas ça contre ta nation mais pour ta nation. D’accord ? »

« J’aimerai bien le croire mais je ne sais pas … je reste anxieux pour une raison qui m’est complètement inconnue. Je n’arrive pas à comprendre ce que je dois faire. »

« Alors, fais comme moi, agis sur le moment, ça sera beaucoup plus simple ! »

Clari avait toujours des idées invraisemblables ou des paroles qui pouvaient déranger mais … voilà, bizarrement, ça lui convenait parfaitement. Il eut un léger sourire avant que Clari ne pose une main sur son épaule pour le rassurer. Oui, agir comme d’habitude.
Agir comme d’habitude. Les griffes étaient déjà sur ses poings alors qu’ils arrivaient maintenant à une distance respectable de la capitale. Il n’y avait aucun soldat qui surveillaient les entrées ? Oh merde. Il eut un pincement au coeur. Les soldats qui protégeaient la capitale. Il venait d’y penser à nouveau.

« J’espère qu’ils ne seront pas là même si ça date … »

Même si ça date, il se rappelait des soldats qui montaient la garde. Toujours un sourire aux lèvres quand il quittait la ville pour quelques heures. Merde ! Mais qu’est-ce qu’il faisait là ? Qu’est-ce qu’il était en train de faire ? IL TRAHISSAIT SON PAYS !

« J’y arriverais pas. J’y arriverais pas du tout, c’est juste impossible. »

« Tery, il faut que tu comprennes qu’à l’heure actuelle, tu n’es plus citoyen d’un empire mais du monde. Comme moi ou Elise. Royan, c’est plus compliqué. Mais j’imagine que Clari est comme nous et Manelena est … »

« Ne me mêlez pas dans votre histoire. Par contre, je tiens à le préciser tout de suite : Tery, si je vois que tu me poses un problème pendant l’affrontement, je n’hésiterais à te mettre hors d’état de combattre, compris ? »

« D’a … d’accord. Aucun souci pour moi. Je vais tenter de retrouver mes esprits, ça sera mieux, oui. Ça sera bien mieux en fin de compte. »

Il n’arrivait pas à être cohérent dans ses paroles. Tout était si compliqué, si problématique. Ah … vraiment … Ils étaient maintenant aux portes de Midès. Aucune garde pourtant tout le monde était sur le qui-vive. Ils allaient vraiment passer par les portes normales ? Vrai qu’ils n’étaient pas une armée avec des échelles et autres mais …

En fait, si. Il avait à peine regardé autour de lui mais c’est bien ce qu’il voyait. Plusieurs rebelles possédaient tout un attirail … et il y avait aussi des béliers ? Des magiciens ? Mais en fait, ils étaient vraiment une armée complète ?!

« Pfiou … reprendre sa respiration, reprendre sa respiration. »

C’est comme ça qu’il devait fonctionner et pas autrement. Pfiou … Ce n’était pas simple, pas simple du tout. Comment est-ce qu’il pouvait faire ainsi ? C’était compliqué, vraiment compliqué. Réagir correctement, ne pas se laisser désarmer.

Un pas, puis un autre et ainsi de suite. L’armée rebelle était maintenant dans la capitale de Shunter. Et lui aussi. Pfiou … Anxieux, mal au ventre, prêt à s’évanouir ou presque. Il devait juste prendre sur lui-même. Il devait juste penser à autre chose.

Pfiou … Pfiou … Chaque pas était une véritable torture pour lui alors qu’il marchait devant lui. Chaque pas … chaque pas … Chaque pas. Il déglutit, observant à gauche et à droite. Les rues étaient désertes. Ils étaient avec une cinquantaine de rebelles. Chaque groupe suivait une ruelle en particulier tandis qu’il haletait.

« Pfiou, je me sens pas bien du tout. J’ai une envie de vomir. »

« La ferme, Tery. La ferme, tu ne peux pas prendre sur toi-même ? Ce n’est pas le moment de tout abandonner. C’est aujourd’hui ou rien. C’est aujourd’hui ou tout sera fini. C’est soit nous, soit eux mais il n’y aura pas de demie-mesure. Alors fais-toi pousser une paire et … Laisses tomber, Tery. S’il faut, tu restes en retrait, tu es vraiment inutile. »

Vraiment inutile. Ah … Des paroles très dures et cruelles … mais véridiques. Sauf que Manelena continuait de le regarder avant de soupirer. Ce n’était même pas de la déception ou du dépit, elle était … plus attristée qu’autre chose.

Rendre Manelena triste, ce n’était pas du tout son envie mais … qu’est-ce qu’il pouvait y faire ? Manelena n’allait pas l’écouter malheureusement et les autres aussi. Il prit une profonde respiration alors que ses yeux vagabondaient autour de lui.

Gauche, droite, les ruelles étaient vides et désertes. Pourtant, il apercevait de la lueur dans certains bâtiments. Ils étaient observés, tous craignant la suite des évènements. Mais cela n’allait pas tarder à dégénérer, il en était convaincu.

« Méfiez-vous, l’attaque peut arriver de n’importe quel endroit. »

« Pour la gloire de Shunter ! » hurla une voix provenant du ciel. Aussitôt, il fit un saut en arrière, évitant de justesse plusieurs hommes qui tombèrent au sol, provoquant plusieurs tremblements de terre, créant des fissures sur la rue pavée.

Quelques rebelles s’écroulèrent sur les fesses, des pieux de glace venant se loger sur leurs corps pour les tuer en un instant. Ils étaient une trentaine, à porter diverses armures sur leurs corps. Une trentaine … qui provenait des toits. Et ils n’avaient rien vus ? Comment était-ce possible d’être aussi idiot ? De ne pas avoir remarqué une telle chose ? Mais bon, il n’était pas là pour faire une leçon de morale mais plutôt préparer à se battre.

« Cela ne devrait pas être trop difficile. De l’eau et de la terre, je m’occupe de ceux qui manipulent l’eau. Ceux qui usent de la foudre, faites de même que moi. Pour la terre, ça ne devrait pas être trop difficile, n’est-ce pas ? »

« Je ne pense pas, je vais aller les balayer et … »

« Poussez-vous, je vais juste faire un tir de prévention. » déclara Elen en coupant la parole à Clari. Elle tira la corde de son arc, les lignes blanches paraissant sur ses bras. Une dizaine de flèches quittèrent son arc en même temps avant que des cris ne se fassent entendre au-dessus d’eux. Elle reprit calmement : « Voilà, les derniers soldats ne devraient pas causer de problèmes dorénavant, du moins, j’imagine. »

« Rapide et efficace, on te reconnaît bien là, Elen ! » s’exclama Clari avec amusement.

« Ce n’est pas le moment de s’mauser si vous ne l’aviez pas encore remarqué. »

« Pfff, je le sais, Manelena, je le sais. Oui bon, ce n’est pas bien dramatique non plus hein ? Pas de quoi s’en faire une raison, quoi. »

Clari avait haussé les épaules, tenant sa lourde lame à deux mains. Bon bon bon, c’était l’heure de faire une grande session de nettoyage mais avant … elle jeta un regard en arrière. Tery était toujours là, c’était le plus important mais … serait-il en état de se battre ?

« Tery, mon petit Tery, restes dans les environs si tu ne te sens pas en confiance ! Je restes auprès de toi si cela peut te rassurer, d’accord ? »

« .. … … Merci mais ça devrait aller. Je vais juste les faire s’évanouir. »

C’était étrange. Il ne pouvait pas imaginer qu’il allait tuer quelques soldats. Pourtant, il y avait quelques jours encore, il avait fait un massacre. Pourquoi est-ce qu’il avait une prise de conscience maintenant ? Car il n’utilisait pas ses pouvoirs démoniaques ?

C’était stupide … tellement stupide de penser de la sorte. Ah … pourquoi penser comme ça et pas autrement ? Pourquoi ? POURQUOI ? POURQUOI ?! Ses griffes étaient recouvertes de terre. Il allait juste blesser salement mais pas mortellement les soldats. Les rebelles allaient finir le travail et ensuite, lui-même partirait et … à qui il se voilait la face ?

Il voulait nier la réalité. La réalité était là, cruelle et violente. Des cris, des sorts, des lames qui s’entrechoquent. Les rebelles luttaient ardemment mais visiblement, les derniers soldats de Shunter, dans Midès, étaient parmi les meilleurs. Ils étaient forts, ils étaient résistants, ils étaient capables de tout ravager sur leur passage. C’est pourquoi ils étaient là, tous les quatre. Mais les groupes qui n’avaient pas leurs capacités ?
Comment est-ce qu’ils allaient se débrouiller ? Comment est-ce qu’ils allaient lutter ? Il en avait strictement aucune idée et c’était bien ça qui inquiétait le plus le jeune homme aux cheveux bruns. Cela allait être une véritable boucherie. AH ! Il fit un pas sur le côté, sa main droite plaquant le crâne d’un soldat contre un mur, lui explosant la tête. Zu … ZUT !

« Tery Vanian, c’est bien ça ? Je … ne m’attendais pas à te revoir. »

Hein ? Comment ça ? Il eut juste le temps de reculer que des pics de glace se plantèrent dans le mur à côté de lui. Vraiment ? Vraiment ? Maintenant ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il devait se présenter maintenant ? Il avait reconnu cette voix bien que cela faisait des années qu’il ne l’avait pas entendue.

Et ce n’était pas … rien. Cette personne qui se présentait au loin, cette personne de forte stature. Un mètre quatre-vingts dix, au minimum. Aussi grand que Manelena ou presque. Mais surtout cette chevelure noire, il la reconnaissait entre mille. Il n’y avait que ce regard dur et froid qui avait tellement changé en quelques années.

« Olin ? Tu es toujours dans l’armée de Shunter, c’est ça ? Olin ? »

« Et je vois que … tu es devenu un rebelle, Tery. J’ai suivi la moindre nouvelle à ton sujet depuis ce moment où tu fus envoyé sur le front à Honoros. Le moindre de tes pas jusqu’à la trahison avec l’ancienne princesse de Shunter. Mais maintenant, tu continues en te tenant aux côtés des rebelles ? Jusqu’où veux-tu descendre dans l’estime que j’avais pour toi ? »

« Ce n’est pas une question d’estime, pas du tout. »

Mais alors, comment est-ce qu’il pouvait faire ? Zut, il ne pouvait pas laisser les autres se battre à sa place contre lui. Il se le refusait. Cet homme n’était pas spécialement dangereux, pas du tout. Il pouvait encore l’emmener à la raison. Il bredouilla :

« Olin, s’il te plaît, je n’ai pas envie de me battre contre toi. On peut éviter tout ça, non ? »

« Il n’y a pas de retour en arrière pour les traîtres. »

Ça ne sert à rien de discuter ? Il ne peut pas se défendre, c’est ça ? On ne lui laisse pas le choix, n’est-ce pas ? Il regarda l’homme avec tristesse, se secouant la tête plusieurs fois. Il ne devait pas … s’en vouloir. C’était comme ça et pas autrement.

« Je m’occupe de cet homme ! » hurla soudainement Tery avant de frapper dans le sol.

« Tu es sûr de ton choix, Tery ? Tu n’as pas l’air très convaincant. »

« Elen, il faut que je le fasses. Je n’ai pas d’autres possibilités. Je ne peux pas régler ça d’une autre manière. Des fois, la parole ne suffit pas. »

Mais il était hors de question qu’Olin meure. Il en était hors de question. Il allait le battre, le mettre ensuite en sécurité. Comme ça, lorsque tout sera résolu, il pourra continuer à vivre comme il l’avait toujours fait.

« Pfiou … Je suis totalement différent de ce que j’étais Olin. »

« Je le sais parfaitement, Tery. Tu n’es plus l’être que j’appréciais auparavant. »

Des paroles très dures mais qui étaient pourtant dites avec une certaine amertume et sincérité. L’homme en face de Tery les pensait. Pour lui, il n’existait. Il fallait dire au revoir à ces mois passés ensemble ? C’était sûrement … le cas. Quel gâchis.

Chapitre 84 : Des rues désertes

ShiroiRyu
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Chapitre 84 : Des rues désertes

« Nous y sommes. Midès est à notre portée. »

Ils se retrouvaient à nouveau dans un camp de rebelles mais à une distance raisonnable de la capitale de Shunter. Celle-ci … était visiblement peu éclairée alors qu’ils étaient déjà en pleine nuit. Quelque chose ne tournait pas rond mais quoi ?

« Comment cela se fait-il que la capitale soit si peu illuminée ? »

« Il semblerait que le roi ait donné quelques ordres à son armée et aux citoyens de la capitale. Nous n’en savons pas encore tous les détails mais cela concernerait principalement les restrictions de nuit. Nul ne peut sortir sous peine d’être enfermé ou considéré comme un rebelle. Autant dire que ce n’est pas vraiment la joie de ce côté. »

« Je vois, je vois … mais bon, vue la situation, ça n’a rien d’étonnant. » termina de dire Manelena après avoir complété les propos du rebelle qui lui avait répondu.

« Pour les prochains jours, nous allons mettre en place les différents assauts. Nous compterons sur vous pour arriver à de bons résultat. »

« Ne vous préoccupez pas de ça. Ca prendra moins de temps avec les dernières informations que je vous donnerais pour arriver jusqu’au château du roi. »

« De nouvelles informations ? Vous aviez encore de telles … mais pourquoi ?! »

« Vous pensiez vraiment que j’allais tout vous donner aussi facilement ? Il serait alors bien plus facile pour vous de vous débarrasser de nous, n’est-ce pas ? » rétorqua Manelena sans sourire, visiblement d’un air mauvais.

« Et qu’est-ce que … vous voulez en échange des ces informations ? »

« Tout simplement rencontrer votre chef. Soit vous voulez en terminer avec le règne du roi, soit vous pouvez continuer à perdre des hommes dans les ruelles de Midès, à vous de voir. Décidez-vous vite car je vais très rapidement oublier tout cela. »

« Je vais aller voir avec mes supérieurs ! Laissez-nous quand même le temps d’y réfléchir, s’il vous plaît ! On ne peut pas aller plus vite ! »

Le rebelle était parti aussi vite qu’il était venu, visiblement surpris par les propos de Manelena. La femme aux cheveux argentés le regarda pendant quelques secondes avant de soupirer, se retournant vers le reste du groupe.

« Ca sera peut-être nos derniers jours ensemble. Si le roi tombe, j’en aurais fini de mon côté. Ne vous attendez donc pas à des effusions de larmes ou autres. »

« Est-ce que tu es sûre de ta décision, Manelena, tu ne comptes pas revenir en arrière ? » questionna Tery avant qu’elle n’hoche négativement la tête. Elle en était sûre et certaine. Elle avait pris cette décision depuis quand ? Assez longtemps ? Car même lui n’en savait rien. Encore qu’après leur discussion sur … son devenir en tant que reine … oui, c’était logique.

« Impossible de te faire changer d’avis, j’imagine, c’est ça ? »

« Malheureusement non, Tery. J’en suis sûre et certaine au sujet de ma décision, vous ne pourrez pas me faire revenir en arrière. »

« D’accord … c’est vraiment dommage dans le fond mais bon, nous avons décidé de t’aider … jusqu’au bout. Tu nous diras quand tu voudras que l’on partes. »

« Je verrais par rapport à ça. J’ai d’autres projets en tête. » répondit Manelena alors qu’il penchait la tête sur le côté. Quoi donc comme projet ?

« Bon, je pense que tu ne nous diras rien pour le moment. Qu’est-ce que l’on fait maintenant ? On se réunit dans un coin en attendant de rencontrer le chef des rebelles ? »

« Il y a des chances que je sois la seule à pouvoir aller le rencontrer vue la sécurité qu’il met pour qu’on ne sache pas de qui il s’agisse. J’imagine que cela doit être un ancien noble ou gradé militaire. Si c’est l’un ou l’autre, je le reconnaîtrais aisément. »

« Restes néanmoins sur tes gardes, comme toujours, d’accord ? »

« Tu ne veux quand même pas que je te fasses une promesse tant qu’on y est, c’est ça, Tery ? » demanda Manelena alors qu’il hochait la tête positivement. Elle marmonna un vague : « Bon, je te le promets, je ferais attention, tout ça. Je vous jure, je ne suis pas une gamine qui a besoin d’être maternée par quelqu’un comme toi. Je crois être assez adulte pour ça. »

« Je n’ai jamais dit cela mais tu vas encore dire que je pense du mal de toi donc … je me tais ! Et pour la peine, on va plutôt se concentrer sur ce qu’il faut faire. »

La femme aux cheveux argentés le fixa de ses yeux rubis, attendant de voir ce qu’il comptait faire. Il n’avait pas expliqué mais ce n’était pas pour autant qu’il fallait ignorer Tery. C’était quoi son idée qu’il avait en tête plus exactement ?

« Et Tery, ce n’est pas dangereux, je l’espère ? »

« Pas du tout, Elen. C’est rien de bien surprenant mais bon, ça reste efficace donc on ne va pas s’en plaindre si tu veux tout savoir. Je te montrerais même si je pense que ça sera inutile vu que Manelena a sûrement déjà tout préparé de son côté. »

« Je vais aller voir si ce foutu rebelle me laisse voir leur chef. »

Manelena avait décidé de s’éloigner, laissant entendre une pointe d’agacement dans la voix tandis que Tery ne cherchait même pas à comprendre la raison. Le chef des rebelles … est-ce qu’il était vraiment dans les environs ? Il y avait très peu de chances que ça soit le cas. Manelena devait pourtant le savoir, non ?


Lorsqu’elle revint une demie-heure plus tard, elle était encore plus énervée qu’au départ. Comme quoi ils allaient devoir éviter de la provoquer pour les prochaines heures. Demain, ça irait mieux non ? Ce fut Elise qui posa la question à Manelena, celle-ci déclarant qu’ils rencontreront les rebelles dans les prochains jours, du moins les plus importants.

Logique. Pour les assauts sur la capitale, il fallait un maximum de rebelles et comme Manelena avait promis son aide si elle pouvait communiquer avec le chef d’entre eux, ils allaient donc se décider bien plus tôt que prévu à lancer un assaut des plus importants sur Midès … pour faire tomber le roi. Mais Tery restait toujours réticent : le roi était le père de Manelena. Pourquoi est-ce qu’elle n’avait aucun remord à ce qu’elle accomplissait ?

« Dans le fond, je sais que je n’en aurais aucun pour lui non plus. »

Son propre père, il ne pouvait même pas espérer quelque chose de lui. De toute façon, il était mort et enterré, tué par les Gnomolds, comme les autres membres de la milice à l’époque. Et ça, c’était le passé mais … le roi était encore vivant donc Manelena pouvait arranger les choses non ? Eviter qu’il ne meure ? Ce n’était pas à lui de se mêler de cette histoire, il le savait mais bon … ça continuait de l’embêter.

Il suffisait d’attendre le lendemain, ils auront tous l’esprit plus clair. Mais pour ça, il fallait dormir. Le jeune homme aux cheveux bruns alla se coucher bien plus tôt que les autres jours, n’ayant pas besoin de monter la garde puisqu’ils étaient dans un autre de ces nombreux campements rebelles. Leur chef devait être quelqu’un d’exceptionnel pour réussir à diriger toutes ces troupes mais ça … ce n’était qu’une supposition.
Elen vint se placer à côté de lui, se collant contre son corps avant de lui frotter le dos, lui demandant ce qui se passer. Il murmura juste qu’il avait l’impression que quelque chose de mauvais allait se passer très bientôt mais qu’il n’allait rien pouvoir faire pour arrêter tout ça. Elle vint doucement l’embrasser sur le bord des lèvres, lui chuchotant :

« Et si nous profitions un petit peu du repos que as grandement mérité ? »

« Je ne sais pas, Elen. Je suis assez fatigué, je ne suis pas en grande forme, je dois t’avouer. Je ne penses pas que ça soit la meilleure des idées. »

« Qu’est-ce que tu en sais ? Je pense qu’il va me falloir utiliser tous mes talents pour ça. Si tu veux bien te laisser faire, Tery. »

Il allait se laisser faire. Il allait … oui. Il regarda doucement Elen avant de l’embrasser à son tour. Et puis zut, il pouvait bien penser à autre chose. Elen était parfaite pour ça. Parfois, elle ne comprenait pas la situation mais elle avait toujours été là pour qu’ils puissent s’aimer tous les deux. C’était ainsi et pas autrement.

Mais bien rapidement, les habits furent envoyées un peu partout dans la tente avant qu’il ne se retrouve sur elle. Elle avait placé ses mains autour de son cou, le regardant avec tendresse avant de lui dire d’une voix douce :

« Et si tu me montrais un peu ce dont un démon du sexe est capable, Tery ? »

« Cette allusion est très mal placée, Elen. Voire même un peu insultante. Je vais devoir donc te punir pour de tels propos. J’imagine que tu en comprends les raison, n’est-ce pas ? »

« J’accepte pleinement cette punition, quitte à ce qu’elle soit exemplaire et inscrite en profondeur dans mon corps, monsieur le bourreau. Appliquez votre sentence. »

Avec de telles paroles, comment pouvait-il résister ? Couché sur Elen, il l’embrassa longuement, sur plusieurs parties de son visage et au cou, laissant quelques marques avant de remplir son rôle de « mâle ». La jeune femme poussa quelques râles de plaisir, haletant :

« Ah … Ah … Ah … Est-ce cela ma punition ? Je ne peux qu’en réclamer d’autres. »

« N’y prenez pas trop goût, mademoiselle. Si j’en fais tous les jours, cela ne ressemblera plus à une punition. » corrigea Tery, toujours appliqué dans son travail.
Vu que la dernière fois qu’ils avaient put profiter chacun de l’autre datait depuis quelques temps, le jeune homme puisa dans toutes ses ressources, jusqu’à finir complètement épuisé, endormi sur le corps nu d’Elen, après une bonne heure avec elle. La jeune femme aux cheveux blonds avait un air hébété aux lèvres, bouche entrouverte, respiration courte.

« Peut-être que … peut-être que … oui … attendre un peu, c’est plaisant. »

Elle avait du mal à encore comprendre la situatio, balbutiant tout en caressant le crâne de Tery, logé contre son sein droit. La dernière fois remontait à plusieurs semaines. Lui comme elle avaient été frustrés, très frustrés et … ils s’étaient déchaînés comme deux beaux diables.

« Je devrais dormir … moi aussi, ça me ferait le plus grand bien. »

De toute façon, elle ne pouvait pas bouger et ne voulait pas bouger. Sa seconde main posée sur le dos de Tery, elle plongea dans le sommeil à son tour, sourire béat aux lèvres.

Le lendemain matin, c’était à ses côtés, bras coincés entre les siens, qu’elle vient se placer lorsque ce fût l’heure du déjeuner. Bien que gêné, Tery la laissa faire, les remarques interloqués et à moitié accusateurs se posant tous sur lui.

« Euh … pas besoin de me regarder comme ça hein ? Je ne suis pas un monstre, vous savez. Je n’ai rien fait de mal hein ? »

« Nous n’avons pas dit ça, Tery. Mais visiblement, quelqu’un fût très contente hier. Comment est-ce que tu vas, Elen ? »

« Euh … Je vais très bien, Clari. Merci de t’en préoccuper et oui, je fus très heureuse hier, mais je le suis encore plus aujourd’hui ! »

« On s’en doute, on s’en doute, ça se lit parfaitement sur ton visage. »

« Tant que ça ? Hihihi … Enfin bon, vu que Tery et moi avons dormis pendant quelques heures de plus que vous autres, est-ce que des nouvelles sont arrivées ? »

« Aucune pour le moment, rien de rien. Je pense que la réponse devrait arriver d’ici la fin de la journée, voire moins si le chef des rebelles se décide à venir nous voir et qu’il n’était guère très loin au départ. » déclara Manelena, croisant les bras machinalement, comme un simple automatisme de sa part. Tery termina son repas avant que Royan ne dise :

« Cela serait trop dangereux pour lui de se présenter, non ? Surtout devant toi, Manelena. »

« Trop dangereux, oui. C’est bien pour ça que je veux qu’il le fasse. Voir s’il a vraiment les caractéristiques d’un leader ou non. Ce n’est pas en restant caché derrière ses troupes qu’un homme se fait reconnaître. S’il est incapable de diriger ses hommes en étant en première ligne, il ne mérite guère que l’on s’intéresse à lui. »

Des paroles très dures de la part de celle qui fût l’ancienne maréchale de l’armée de Shunter mais il pouvait parfaitement la comprendre. C’était bien elle qui n’avait pas hésité un instant à servir de sacrifice. Un sacrifice dont il aimerait oublier les images dans sa tête. Le jeune homme aux cheveux se renfrogna, mécontent d’y repenser.

« S’il sait ce qui est bon pour lui, il ne devrait pas y réfléchir à deux fois. »

« On ne sait jamais ce à quoi pense réellement une personne. Je me demande juste à quoi il ressemble. » se questionna Tery avant de se gratter le sommet du crâne, comme confus.

« Peut-être un futur concurrent potentiel, Tery ? »

Clari avait dit cela avec amusement, se tournant vers le jeune homme. Celui-ci la regarda en clignant des yeux, ne semblant pas comprendre où elle voulait en venir. Ce fût après quelques secondes qu’il lui demanda d’une voix qui se voulut calme :

« Euh, de quoi est-ce que tu parles exactement, je peux savoir ? »

« Oh, de rien, de rien. Rien du tout même. Je ne sais pas de quoi je parles. » répondit Clari alors que Tery soupirait, murmurant qu’il en avait l’habitude avec elle.

« Bon bon bon, puisqu’il en est ainsi, allons-y dès maintenant, non ? »

« Tu préfères ignorer ma question, c’est ça ? Tu fais bien, Tery, tu fais bien. »

Bof, il haussa les épaules comme pour montrer sa complète indifférence aux propos de Clari. Ce n’était pas qu’il en avait pas envie mais c’était un peu tout comme. La femme aux cheveux blonds regarda Manelena, comme pour voir si elle s’était sentie visée. Mais là encore, une totale ignorance de la part de la princesse de Shunter.

« Vous savez que c’est très mesquin de se moquer des autres, mademoiselle Clari ? » demanda Elise en se rapprochant d’elle.

« Mesquin mais si amusant. Sincèrement, tu ne peux pas savoir comme c’est distrayant. Et puis, si cela ne te plaît pas, je suis sûre que je peux être mesquine avec toi, Elise. »

« Hein ? Que … comment ? Vous savez, je suis issue d’une auberge où j’ai été serveuse pendant des années donc ça ne m’affecte pas tellement et … »

« Ah bon ? Alors, s’il te plaît, laisses-moi te dire ça, pour voir. » déclara Clari avant de rapprocher sa bouche de l’oreille d’Elise. Celle-ci écouta les murmures de la femme aux couettes blondes avant de rougir violemment, bredouillant :

« D’… D’accord, mais pas de mesquinerie envers moi, s’il vous plaît. »

« Et voilà encore la terreur de Clari qui fait son effet. Pauvre Elise, je ne penses pas qu’elle s’en remettra. Je suis vraiment désolé de la voir partir si jeune. »

« Hey ! Tery, je ne suis pas si monstrueuse que ça non plus hein ? »

Oh ? Ah bon ? Il regarda Clari d’un air interloqué comme pour montrer toute sa surprise avant de placer une main devant sa bouche. Il ne l’aurait jamais remarqué ! C’était surprenant, vraiment très surprenant ! Hey, elle ne plaisantait pas ? Manelena marmonna qu’elle allait voir ailleurs si elle y était, semblant être dérangée par le fait que personne ne prenait au sérieux toute cette histoire avec Midès.

Installée sur un banc, éloignée des autres, elle était maintenant songeuse, réfléchissant à toute cette histoire. Comment allait-elle faire pour trouver le chef des rebelles si ce dernier ne faisait rien pour se présenter à elle ? Humpf. Quelle idiotie. Elle ne remarqua pas le rebelle qui vient s’asseoir à côté d’elle, ce dernier lui demandant :

« Et bien, si je m’attendais à ce que la princesse de Shunter soit aussi mélancolique. A croire que vous avez été abandonnée par vos compagnons. »

« De quoi est-ce que vous vous mêlez ? Ca ne vous regardes pas. Disparaissez de mon champ de vision si vous ne voulez pas avoir de gros problèmes, compris ? »

« Pourtant, n’est-ce pas vous qui avez demandé à me voir ? Je pensais qu’après toute cette attente, j’aurais un meilleur accueil de votre part. »

« Un meilleur accueil ? Hum … Vous êtes donc ce fameux chef ? »

Elle avait fini par tourner son visage en direction de son interlocuteur. Contrairement à ce qu’elle pensait, il n’était pas bien âgé, peut-être une trentaine d’années, tout au plus. C’était étrange, ses cheveux noirs étaient frisés tandis qu’une barbe et une moustache étaient en train de naître sur le bas de son visage. Ses yeux bleus, rieurs, regardaient Manelena pendant qu’elle était en train de l’étudier.

« Oh vous savez, je ne mords pas tant que ça, mademoiselle la maréchale Nali. »

« Evitez d’utiliser à nouveau ce nom qui ne veut plus rien dire dorénavant. »

Par contre, il était plus grand que Tery, elle le reconnaissait aisément. Un mètre quatre-vingts et au moins, avec presque deux fois plus de muscles, chose qui n’était pas si difficile. Tery n’était peut-être pas très chétif et il avait bien un corps entretenu mais … ça s’arrêtait là. Comme il n’était plus un soldat de Shunter, il n’y avait bien qu’aux cuisses où, grâce à la marche de tous les jours, le muscles étaient en parfait état.

« Que puis-je faire alors pour vous ? Ou plutôt, que pouvez-vous faire pour moi ? »

« Nous verrons ça en temps et en heure. Le simple fait que vous daignez vous présenter devant moi vous donne déjà quelques points. Vous pouvez me faire un bilan de la situation concernant Midès ? Car ce ne sont pas vos membres lambdas qui peuvent correctement m’informer à ce sujet. A part des rues désertes et encore … »

« Oh, si vous le voulez, je peux vous expliquer tout cela au cours d’un repas, ce soir. Nous ne sommes pas pressés, loin de là. Chaque jour qui défile est un affaiblissement dans l’armée du roi de Shunter. Vous devriez en savoir quelque chose. »

« Je sais surtout que vous n’avez aucune méfiance envers la puissance de vos ennemis. Si vous réagissez de la sorte, vous risquez d’avoir des surprises … de très mauvaises surprises même, pour tout vous dire. »

Il haussa un sourcil avant de faire un grand sourire. Visiblement, elle avait refusé sa proposition même si cela était de façon indirecte. Il fit un petit tour d’horizon du regard avant de reprendre d’une voix calme :

« Hum, où est donc ce jeune homme qui vous accompagne toujours ? Tery, c’est ça ? »

« Qu’est-ce que vous lui voulez ? Faites attention à ce que vous allez dire, je pourrais très mal le prendre, je tiens à vous le dire. Si vous touchez à une personne de mon gr… »

« Je ne savais pas que vous étiez aussi proches de vos compagnons. Les rumeurs à votre sujet sont donc infondées. Beaucoup de rebelles vous pensent inaccessibles et à raison, en vue de votre histoire dans l’armée de Shunter. »

« Et si vous arrêtiez de vous renseigner sur des stupidités de la sorte ? D’ailleurs, vous connaissez mon nom mais je ne crois même pas connaître le vôtre. Vous n’avez donc aucune formule de politesse ou quoi ? »

« Oh, c’est exact. Mais bon, cela n’est pas nécessaire pour le moment. »

Elle émit un grognement en fronçant les sourcils. Bien entendu qu’il n’allait pas le lui dire sinon, elle serait déjà en train de réfléchir pour savoir de quelle famille il appartenait, si son nom lui disait quelque chose ou autre.

« Je vous attendrais donc ce soir, maré… mademoiselle Manelena. »

« Soit, nous verrons ça ce soir. » reprit Manelena avant de se lever, signe qu’elle partait rejoindre les autres. Elle émit un second grognement au bout de quelques pas avant de se remettre en route. Qu’il évite ça, elle risquait de lui casser la gueule s’il continuait.

Mais pour le moment, elle allait plutôt se concentrer sur retrouver les autres et leur expliquer la situation, c’était le mieux à faire. Où est-ce qu’ils étaient passés ? Ah tiens donc, Tery et Elise s’étaient éloignés tous les deux pour discuter entre eux ? Qu’est-ce ce qu’ils cachaient ? Surtout que c’était vraiment à l’abri des regards.
Une petite bouffée de colère l’envahit sans qu’elle n’en sache la raison. Décidant de les suivre discrètement, elle finit par arriver non-loin d’eux, se cachant de telle façon qu’elle pouvait écouter leur conversation. Ils parlaient des démons …

Des démons ? Mais surtout d’autre chose ? Elle cligna des yeux en écoutant leurs paroles. C’était quoi ça ? Depuis quand est-ce qu’ils cachaient qu’ils entendaient des voix tous les deux ? Et pour quelle raison ? POURQUOI est-ce qu’ils faisaient ça ?

Chapitre 83 : Pour l’adopter

ShiroiRyu
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Chapitre 83 : Pour l’adopter

« Tery ? Il est l’heure de se réveiller. Tu sais que tu me fais mal au dos ? »

« Hum … Hein ? Euh … Quoi ? » bredouilla le jeune homme aux cheveux bruns, bougeant légèrement de sa position. Il ouvrit un peu les yeux, regardant autour de lui avec appréhension avant de demander d’une voix faible : « Qu’est-ce qui se passe ? »

« Il est l’heure de se réveiller. Tu as dormi toute la nuit. » répéta Clari avant qu’il ne puisse enfin la voir. Il était encore sur ses genoux?Il voyait ses couettes blondes au-dessus de son visage. Dormi ? Il avait vraiment dormi toute la nuit ici ?

« Mais mais mais … attends, on était pas dans la tente et il faisait plutôt froid et … »

Il se redressa finalement en comprenant la situation. Elle n’était pas morte de froid avec tout ça ? Même s’il ne l’avait pas dit, elle avait parfaitement compris son appréhension, faisant un geste négatif de la tête. Mais … bon sang … pfiou …

« Les autres ne sont pas encore réveillés, Clari ? »

« Disons que dehors, c’est assez difficile de ne pas se réveiller assez tôt. Hum … J’ai un peu mal au dos et aux épaules, je dois avouer. »

« Pardon, Clari, ce n’était pas voulu. Il aurait mieux valu que tu me réveilles. » bredouilla le jeune homme aux cheveux bruns, se plaçant aussitôt dans son dos avant de chercher à masser ses épaules .Il frotta ensuite son dos avec ses mains, reprenant : « Sincèrement, qu’est-ce qui t’a pris de me laisser dormir comme ça ? C’est juste fou ! »

« Tu étais si mignon à dormir sur mes genoux. Je ne voulais pas te réveiller. »

Si mignon ? Il la regarda, rouge comme une pivoine. Purée ! Elle était la seule à pouvoir le gêner comme ça ! Mais … ce n’était pas du tout déplaisant dans le fond. Pas vraiment, pas vraiment du tout. Hahaha … oui, sûrement.

« Arrêtes tes bêtises. Les autres vont finir par le croire ! Je vais aller réveiller Elen. »

Pourtant, il déposa deux baisers sonores sur les joues de Clari, celle-ci les lui rendant. Malgré ses paroles, il serait stupide de nier qu’il adorait la jeune femme, celle qui lui permettait de retrouver un sourire à chaque fois qu’il allait mal. Il rentra dans la tente, observant le corps qui dormait encore dans le sac de couchage.

« Bonjouuuuuur Elen. Bonjouuur Elen. »

Il commença à l’embrasser doucement sur les lèvres, la jeune femme gémissant, cherchant à retrouver sa respiration dans son sommeil. Tery continua jusqu’à ce que les yeux d’Elen finissent par s’ouvrir, laissant place à la surprise.

« Hmm … c’est le genre de réveil qui me plaît bien … Aaaah. » dit Elen après qu’il ait stoppé le baiser, accentuant cela d’un long bâillement. Elle se frotta les yeux, se mettant assise dans le sac de couchage avant de tendre les bras. Il vient la serrer contre elle avec tendresse.

« Je ne te demanderais pas si tu as bien dormi, j’imagine que ça ne doit pas être aussi bien que si j’étais là, non ? Hahaha … Euh moi … disons que j’ai mal au cou et au dos mais ça, c’est ma position. Mais Clari a vraiment été merveilleuse. »

« Je n’en doute pas un seul instant, Tery. Je n’en doute pas un seul instant. Mais je peux t’avoir un peu pour moi pour le moment ? »

« Bien entendu, viens donc par là, toi. » dit le jeune homme, recommençant à l’embrasser. Elle eut un petit rire jusqu’à ce qu’il finisse par grimper sur elle, se retrouvant à quatre pattes au-dessus d’elle. Elle chuchota :

« Je crois que ce n’est pas le bon moment pour ça, vilain garçon. Ou alors … hum, non. J’imagine que Clari est réveillée aussi. »
« C’est exact donc je vais juste me contenter d’un simple baiser dans le cou. » répondit Tery avant de placer ses lèvres sur le cou de la jeune femme, laissant un long baiser s’y installer jusqu’à ce qu’il finisse par reprendre : « Et voilà, ça me semble parfait, une vilaine marque. »

« Que je vais te rendre aussitôt, Tery ! » s’exclama Elen, faisant une roulade sur le côté en l’emportant avec elle. Échangeant leur place, ses lèvres se collèrent sur la gorge de Tery avant qu’elle ne finisse par enfin se lever. « On sort ? Je pense que les autres ne vont pas tarder à se réveiller, eux aussi. Et surtout … je ne t’ai pas posé la question mais … tu vas bien ? Tu ne semblais pas avoir la grande forme hier mais Clari s’occupait déjà de toi. Je n’ai pas voulu m’en mêler alors, j’espère que tu comprends. »

« Oui, oui. Ne t’en fait pas. Je vais bien mieux maintenant mentalement. J’ai juste eut besoin de souffler un peu mais c’est bon, c’est passé, hahaha. »

« Sûr et certain ? Tu ne me mentirais pas pour me rassurer, hein ? »

« Je ne suis pas comme ça, Elen. Je vais bien. C’était juste un peu de fatigue, rien d’autre. Si je n’allais pas bien, de toute façon, cela se verrait trop facilement sur mon visage, non ? » dit-il dans un sourire alors qu’elle hochait la tête positivement. Il n’avait pas tort, il arrivait rarement à cacher ses sentiments.

Mais ce n’était pas le moment d’y réfléchir. Ils allaient devoir se remettre en route et retrouver les autres rebelles. Plus ils mettaient de distance avec les cadavre des soldats, mieux ce sera pour tout le monde. Bon, contrairement à ce qu’il pensait, la journée se passa bien plus tranquillement que prévue.
Aucun souci d’armée de Shunter aux environs, visiblement, ils n’étaient pas encore au courant. Ou alors, ils prévoyaient d’engager plus de forces pour les retrouver. D’ailleurs, les campements rebelles devaient aussi faire attention. Un jour, leur petite astuce concernant la magie d’illusion serait perdue et ainsi … impossible pour eux de s’échapper.

« Au final, ça ne change pas grand-chose de nos voyages habituels non ? A part que nous ne nous faisons pas de village en village mais de camp rebelle en camp rebelle. »

« Et cela te pose un problème, Tery Vanian ? » rétorqua Manelena presqu’aussitôt.

« Pas le moins du monde, Manelena. Ça me laisse indifférent si tu veux tout savoir. »

Il se demandait pourquoi il n’arrivait pas à avoir une aussi bonne relation avec Manelena qu’avec Clari. Mais bon, tout cela était à cause du comportement de la première, si différent de celui de la seconde. Il n’allait pas faire de reproche car il allait encore se faire lyncher par elle et il préférait ne pas trop s’en mêler car il ne voulait pas de problèmes.

« Puisqu’il en est ainsi, on va accélérer le pas aujourd’hui. Si vous avez des complaintes, vous pouvez remercier Tery pour ça. Ca lui apprendra. »

« Tout ça pour ça ? Diantre, je suis sûr que je vais être hait maintenant. »

« Bien entendu que l’on te hait de tout notre coeur, Tery. » déclara Clari avant de le coller contre elle. « Je te h’aime de tout mon coeur, oui ! »

« Et voilà comment on fait une déclaration dans toute sa splendeur. Mes félicitations, Clari. C’était tout simplement magnifique de ta part. Je te h’aime aussi vachement beaucoup. »

« Meuh. » répondit la femme aux couettes blondes avant de le relâcher.

La scène pouvait paraître surréaliste, c’était même le cas lorsqu’on se rappelait qu’hier encore, ils avaient livré une bataille contre l’armée de Shunter. Mais pourtant, c’était bel et bien la réalité. Tery était tout simplement avec Clari et ils avaient trouvé le moyen de ne plus trop se préoccuper de tout ça.

Sur le chemin, avec Manelena qui les guidait en les forçant à accélérer, il discutait avec Clari de tout et de rien. Depuis hier soir, c’était à peine s’il voulait la lâcher, à la grande surprise du reste du groupe. Ce n’était pas une simple discussion mais plutôt comme … une crainte que Tery cherchait à calmer grâce à Clari.

« Et alors donc, Tery, tu as besoin d’être câliné ? Te voilà devenu un sacré pot de colle. »

« Ne dit pas ça de la sorte, les autres vont croire des choses, je n’ai pas envie qu’ils s’imaginent n’importe quoi à force de dire n’importe quoi. »

« Si tu ne voulais pas que je dise ça, il ne fallait pas agir ainsi. Viens donc par là et racontes-moi tous tes chagrins, petit Tery. »

Arf ! Quand elle parlait ainsi, il avait l’impression d’être pris pour un gamin. Néanmoins, il n’avait pas fait grand-chose pour changer cette vision de la part de Clari. Il la regarda avec une pointe de tendresse avant de chuchoter :

« Juste envie de rester un peu avec toi, Clari. Rien de plus. Je me rappelle de tes paroles d’hier. Et je dois avouer que … ça me tracasse un peu. Tu te voyais toujours comme une soldate auparavant ? Mais maintenant ? Je veux dire, qu’est-ce que tu feras après ? »

« Ce que je ferai après ? Comment cela, Tery ? »

« Je ne sais pas … tu ne vas pas retourner chez toi ? Ta famille doit t’attendre non ? »

« Ma famille ? Sûrement mais je ne la considères plus comme telle, Tery. Tu le sais bien. »

Ah oui, sujet fâcheux. Il se rappelait que la jeune femme aux cheveux blonds lui avait signalé qu’entre elle et ses parents, ce n’était pas vraiment une relation amicale et courtoise. C’est pourquoi il évitait de trop en parler mais aujourd’hui, il avait commis une faute.

« Pardon, Clari, je ne voulais pas trop te relancer là-dessus. »

« Hum ? Hein ? Mais ce n’est pas de ta faute, Tery. Qu’est-ce que tu pouvais en savoir réellement hein ? Non, non, ne t’en fait pas à ce sujet. Tu n’as vraiment pas à t’en préoccuper, je me demandais simplement hum … hum … hum … De toute façon, Tery, je n’ai plus d’endroits où rentrer donc tu vois, ce n’est pas bien grave. »

« Hum ? Mais si, mais si, il ne faut pas dire ça, Clari. Tu auras toujours un endroit chez moi. Je suis sûr que ma mère sera ravie de t’héberger. Tu n’as pas à te préoccuper de ça. Je dirais que le mieux pour toi, c’est … pourquoi est-ce que tu souris ? »

« Oh, je me disais que Clari Vanian, ça sonnait plutôt bien, tu ne crois pas ? »

Hein ? Qu’est-ce qu’elle racontait là ? Il comprenait mal où elle voulait en venir. Avoir son nom de famille ? Mais pourquoi ça ? Et comment ça ? Devant l’incompréhension du jeune homme, Clari reprit la parole avec amusement, disant :

« Tu crois que ta mère accepterait d’adopter une jeune femme comme moi ? Bien sous tout rapport ? J’ai un bon pedigree, du sang noble, toutes ces choses. »

« Mais qu’est-ce que … enfin, euh … tu voudrais être adoptée ? »

« Oh, ça risque d’être compliqué car dans le fond, je suis quand même reliée à ma propre famille. Je ne suis pas orpheline mais bon, tu en penses quoi ? »

« Je ne sais pas trop, c’est surprenant et … ce n’est pas ça que tu attends comme réponse de ma part, n’est-ce pas ? Ou je me trompes ? » dit-il alors qu’elle hochait la tête d’un air négatif bien que son sourire transparaissait sur son visage.

« Pas le moins du monde. Alors, qu’est-ce que tu en dis exactement, Tery ? »

« Que je serais ravi de t’avoir comme grande sœur, Clari même si dans le fond, c’est déjà le cas officieusement, non ? »

« Hmm, toi ,tu veux marquer des points. » s’exclama t-elle avant de rire, rire communicatif puisqu’il eut le même en se grattant la joue, un peu rouge sur cette dernière.


Il devait avouer que oui, c’était une bonne chose. Enfin, il pouvait peut-être en parler réellement à sa mère ? Est-ce qu’elle serait d’accord ? Elle savait que Clari lui avait fait une bonne impression. Enfin, toutes les personnes ramenées dans sa demeure semblaient l’apprécier et réciproquement. Mais bref, pour tout ça, il n’y avait qu’une chose :

« Dès qu’on en finit avec cette histoire et que l’on retrouve ma mère, on lui demandera. »

« Tu prenais au sérieux mes propos, Tery ? »

« Bien sûr que oui, je suis toujours sérieux pour de telles demandes. Et donc, ça ne me dérange pas, c’est pourquoi je le ferais. »

Une main passa dans ses cheveux, comme pour les caresser et le remercier. Visiblement, elle était très contente de la situation, plus que contente. Il se laissa faire, se disant qu’ils avaient pris un peu de retard par rapport au reste du groupe. Ils allaient devoir accélérer par nécessité pour les rattraper.

« Vous êtes vraiment deux mollassons. Depuis hier, vous êtes complètement en retrait. » déclara Manelena, agacée par les deux personnes.

Mais bon, elle pouvait l’être, ça n’allait pas changer grand chose pour Tery. Le jeune homme aux cheveux bruns avait pris cette décision pour Clari. Il était maintenant sûr et certain de son choix. A partir de là, il n’y avait même plus à se poser de questions.

« De quoi est-ce que vous parliez, toi et Clari ? » demanda Elen lorsqu’il se rapprocha d’elle. Il valait mieux pour lui qu’il ne reste plus trop à côté de Clari pour ne pas trop les ralentir.

« Oh de nos familles, tout ça. Rien de bien important si tu veux tout savoir mais bon, ça nous a occupé pendant quelques heures, oui. Mais à part ça, il n’y avait rien d’autre qui vaille la peine que tu t’y intéresses. Rassurée maintenant ? » dit-il dans un sourire qui se voulait charmeur, sourire qui fonctionna parfaitement sur la jeune femme aux cheveux blonds.

« Très rassurée. Disons que je ne l’étais pas auparavant. Mais je ne sais pas, depuis le combat d’hier, toi et elle êtes toujours collés ensemble. Déjà que je me méfiais de Manelena. Si maintenant, je dois aussi le faire pour Clari, je n’aurai jamais … »

« Arrêtes donc tes bêtises, tu sais aussi bien que moi que ça ne marche pas comme ça avec Clari. Elle n’est pas ainsi et elle ne le sera jamais. J’ai des sentiments pour elle mais pas de la façon à laquelle tu crois, Elen. »

« Je le sais, je le sais, je sais de quelle façon tu penses, Tery. »

C’est juste que c’était beaucoup plus visible aujourd’hui que depuis tout ce temps où Clari était avec eux. Impossible d’effacer cette image de Tery avec sa tête posée sur les genoux de Clari, celle-ci lui caressant les cheveux.

Il y avait une telle complicité, une telle confiance que même elle n’avait pas avec Tery. Alors bon, cela faisait mal, très mal. Mais bon, elle devait prendre cela avec le sourire … contrairement à Manelena et Tery. Elle n’avait pas retiré cette image de sa tête, lorsqu’il y avait eut cette petit fête de victoire chez les rebelles.

« Un souci, Elen ? Tu fais une drôle de tête, c’en est presque effrayant. »

« Hein ? Mais non, mais non, Tery. Qu’est-ce que tu vas imaginer là ? Ne t’en fait donc pas, je n’ai pas de soucis. Si tu me dis que pour toi et Clari, tout va bien, je ne vais pas mettre ta parole en doute. Je sais que tu ne me mentirais pas. » dit-elle après quelques secondes.

Pourquoi est-ce qu’il avait l’impression d’entendre comme un reproche de la part d’Elen ? Il valait mieux ne pas lui poser la question. Manelena … voulait les user très rapidement ou quoi ? C’était à peine s’ils avaient le temps de souffler. Elle avait pris une cadence presque infernale. Était-ce parce qu’ils se rapprochaient inexorablement de Midès ?


Tout ce qu’il remarquait, c’est que la jeune femme aux cheveux argentés était motivée, très motivée et que cela ne les empêchaient pas alors d’accélérer le pas. Tant qu’elle pouvait les laisser souffler un peu, rien que ça, ça serait parfait.

« Bon, dix minutes de repos et on repart aussitôt. Nous y sommes presque. »

« Manelena, tu crois sincèrement qu’ils vont nous laisser participer à cet assaut sur Midès ? »

« Tu parles des rebelles ? Ils n’attaqueront pas la capitale, loin de là. C’est inutile, ils ne pourront pas vaincre toute l’armée de Midès. S’ils sont assez malins, ils envisageront plutôt un assaut « discret » directement dans le château. »

« Et tu comptes les aider, c’est bien ça ? »

« Je ne l’ai jamais caché, Tery. Je le ferais s’il s’avère que utile … pour obtenir ce que je désire. Et de tout façon, les autres parlent à peine et ne donnent pas leurs avis. »

« Ce n’est pas une excuse pour ne pas les prendre en considération, Manelena. » répliqua le jeune homme sur un ton un peu sec. Ils étaient un groupe, elle ne devait pas l’oublier.

« Je n’ai jamais dit ça, Tery. Ne me fait pas dire de tels propos alors que ce n’est pas le cas, je ne tolérerais pas une moquerie comme ça sur ma personne. »

« Je ne me moques pas, je n’ai pas que ça à faire, Manelena. Je veux juste confirmer que tu ne penses pas ça de façon malveillante. »

« Je ne pense pas ça de façon malveillante alors arrêtes ça tout de suite. Pour la peine, on stoppe la pause dès maintenant et on se remet en marche. Midès ne sera plus qu’à une ou deux journées de marche au grand maximum si nous continuons jusqu’à ce soir. »

Ah bon. Comme d’habitude, il suffisait de quelques mots pour que Manelena s’effarouche comme une jeune demoiselle prise en faute. Il ne pouvait pas lui en vouloir, elle avait toujours été ainsi, pourquoi cela devrait changer du jour au lendemain ?

Mais la soirée arriva plus tôt que prévu, la raison première étant la pluie qui tomba aussi soudainement qu’elle était apparue, les arrosant copieusement. Ne s’y étant pas attendus, tous trouvèrent un refuge dans la forêt, cherchant une grotte où s’abriter. Heureusement que Shunter, nation liée à la terre et à la végétation, avait un bon nombre de ces grottes sur son territoire. A chaque fois, c’était une petite découverte.

« Ah … ça me rappelle quelques petits souvenirs. » se murmura t-il pour lui-même. Bien qu’il ne sortait que très peu durant son enfance après l’incident … avec les Gnomolds, il se rappelait qu’il aimait chercher dans les environs très proches du village de Leskar quelques petits endroits discrets. Mais bon, il n’en avait pas le droit, surtout à cause des Gnomolds.

Par contre, cette idée d’avoir Clari comme membre de sa famille, il l’aimait bien. Il trouvait qu’elle le méritait, dans le fond. Il eut un petit sourire aux lèvres avant de mettre une main devant sa bouche, baillant légèrement.

Enfin, ce n’était même pas une question de mérite. C’est juste qu’il penait vraiment que Clari pouvait devenir sa grande sœur sans que ça ne le dérange le moins du monde. C’était ainsi et pas autrement alors qu’ils finissaient par trouver une grotte creusée dans un rocher assez important. Mais bon, il suffisait de creuser encore sur cinq mètres au fond de la grotte pour traverser complètement le rocher. Comme quoi …

« C’est plutôt pas mal comme endroit, il faut dire. »

« Mais malheureusement pour allumer un feu, il sera assez léger si on ne veut pas étouffer à cause de la fumée. Ce n’est pas très haut comme endroit. » dit Sérest alors qu’elle avait replié ses ailes, signe qu’elle ne pouvait pas se déplacer aussi librement qu’elle aurait aimé.

« Ce n’est pas faux, je suis sûr que Clari et Manelena peuvent se cogner si elles se mettent sur la pointe des pieds. A côté, c’est assez spacieux pourtant. »

« Pas assez pour mes ailes si je les déploies complètement mais c’est mieux que rien pour éviter la pluie. Par contre, on ne pourra pas mettre nos tentes, Tery. » termina de dire Sérest tandis qu’il hochait la tête. Elle avait raison à ce sujet.

« Pas grave, on se collera les uns contre les autres s’il faut vraiment se réchauffer mais je ne pense pas que ça soit nécessaire, nous avons notre propre magie pour ça. »

« Je ne pense pas que ça dérange quelques personnes. Pour ma part, vu que je suis quelqu’un possédant des lignes liées à l’élément de l’eau, autant dire que la pluie ne me dérange pas le moins du monde. » déclara Royan d’un air nonchalant.

« Là, par contre, je pense qu’il y aura une déçue. » répondit Tery en rigolant. Royan se tourna vers lui, demandant de quoi il parlait mais Tery ne fit qu’hausser les épaules comme pour dire qu’il n’en savait trop rien au final.

« Vraiment, je me demandes parfois pourquoi est-ce que je poses quelques questions dont je ne sais que je n’obtiendrais rien du tout en retour. »

« Tout simplement car tu n’as pas trop le choix, tu dois t’en douter, n’est-ce pas ? »

Clari avait répondu avant même que Tery ne le fasses, celui-ci commençant à préparer de quoi manger pour tout le monde. Moins d’une quinzaine de minutes plus tard, ils étaient tous adossés aux murs, chacun face à une autre personne pendant qu’ils mangeaient.

Il espérait qu’aucun d’entre eux n’avait peur des espaces trop petits. Il savait que pour certaines personnes, c’était une une maladie voire plus. C’est pourquoi il jetait un regard à gauche et à droite pour vérifier l’état de chaque personne.

Non, ils semblaient aller tous bien. Pfiou, tant mieux en un sens. Les esprits commençaient à fatiguer comme les corps. Au bout d’un moment, ils allaient craquer. Mais qui en premier ?

Chapitre 82 : Auparavant

ShiroiRyu
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Chapitre 82 : Auparavant

« Deux démons ? Il faut absolument que quelqu’un aille prévenir l’armée de Shunter ! Leur donner la localisation de la princesse Manelena et des autres ! »

La femme aux lignes de Zélisia dirigeait le groupe de soldats bien qu’elle n’était pas forcément la plus haute gradée. Mais néanmoins, tous l’écoutèrent alors qu’elle signalait aux soldats qui l’entouraient de venir avec elle pour qu’elle puisse fuir.

« Nous ne pouvons pas les combattre ! Cela reviendrait à nous suicider ! Il faut absolument que l’on se disperse tous et vite ! »

Ils étaient tous en train de s’échapper, se séparant en plusieurs groupes. Malgré la mort de plusieurs d’entre eux, ils gardaient la tête froide, signe qu’ils étaient expérimentés, plus que ne l’aurait cru Manelena. Mais ce n’était pas le plus inquiétant à l’heure actuelle, c’était plutôt Tery qui était resté un genou au sol, se tenant le crâne entre deux mains. Pourtant, ce n’était pas la première fois qu’il utilisait ses pouvoirs démoniaques alors pourquoi maintenant ? Pourquoi la situation était-elle si différente par rapport à avant ?

« Surveillez Tery pour être sûr qu’il ne fasse pas de … »

Trop tard. Elle n’avait pas eut le temps de prévenir les autres. Tery s’était redressé, ses yeux complètement rouges avant de foncer vers les soldats et l’adepte de Zélisia. Elle n’avait rien put faire pour empêcher cela. Ça allait être un véritable massacre.

« Bon, ça ne sert à rien. De toute façon, ils devaient mourir. Eliminez tous les autres ! »

Elle pouvait bien commander la petite troupe tandis que le jeune homme aux cheveux bruns allait commettre un carnage. Il valait mieux ne pas être présent. Bon … elle n’avait pas l’habitude d’utiliser la foudre de cette manière mais puisque les soldats étaient déjà assez loin, elle allait devoir donner son maximum.

Aussi vive que l’éclair, elle profitait de cette vitesse pour rejoindre les archers encore vivants et les éliminer avec aisance. Il suffisait de quelques coups d’épée et tout fût réglé. Mais les autres avaient encore leur part du travail.
Sérest était seule, volant dans les airs, pour voir où un trio de soldats avait décidé de fuir, au beau milieu d’un bois de petite envergure. Humpf, ils étaient plus malins que prévu. Sans être de l’élite militaire, ils étaient plutôt bien entraînés.

« Rien d’anormal, seuls ceux qui sont capables de suivre le roi jusqu’au bout sont encore présents. Hum … Il fallait s’en douter. »

Mais ce n’était pas suffisant pour la stopper, elle. Ses pieds se modifièrent légèrement, les lignes de Zélisia apparaissant sur ce qui semblait être deux serres alors qu’elle se mettait à crier à la façon d’une prédatrice carnassière, reine du ciel.

Une serre se planta dans le crâne d’un soldat, la seconde faisant de même avant qu’elle ne presse avec force jusqu’à ce que les têtes finissent par exploser. Le troisième soldat au sol, effrayé par la violence de de cette pression. Mais cela ne dura qu’un instant.

Il s’était relevé, tenant fermement ses épées courtes dans ses mains pour mieux regarder Sérest. Celle-ci haussa un sourcil, faisant un léger sourire avant de dire :

« Impressionnant de ne voir aucune peur dans ton regard. Tu es un soldat vraiment très bien entraîné. Je pense que l’armée de Shunter était fière de toi. »

« Contre les rebelles qui profitent du désarroi du roi pour tenter de faire un coup d’état, on ne peut compter que sur peu de personnes. »

« Belles paroles, il faut reconnaître, très belles paroles mais ça ne changera pas la finalité de la chose, loin de là. Désolée pour toi mais la pitié n’est pas possible face à vous. »

De fausses excuses car la femme ailée aux cheveux noirs faisait claquer ses serrer l’une contre l’autre en restant à mi-hauteur au-dessus du ciel, battant des ailes. Le soldat la craignait mais il restait droit, prêt à se battre.

« Pff. Enfuis-toi donc. Tu n’auras qu’à prévenir l’armée de Shunter voire le roi si tu en as l’occasion. Sa fille compte prendre le pouvoir, tu peux le lui signaler, je ne pense pas que ça changera grand-chose de toute façon. Oh, et signale par ailleurs qu’elle a quelqu’un dans sa vie, je pense que le nom importe peu. Zou, vas t-en. »

« Pour qui est-ce que vous me prenez ? Je ne vais pas … Non. Ma mission est de transmettre ce message. Vous le regretterez plus tard, je tiens à vous le signaler. » déclara le soldat alors que Sérest ne perdait guère son sourire en le voyant s’éloigner. Bon bon bon … Ce n’était pas prévu tout ça mais qu’importe, ce n’était pas bien grave.

Une demie-heure plus tard, tous étaient revenus … tous sauf Tery. Celui-ci n’était toujours pas là alors que chacun expliquait le déroulement de leur combat. Sérest n’évoqua pas le soldat qu’elle avait laissé fuir, Manelena émettant un grognement :

« On ferait mieux de trouver cet idiot avant qu’il ne commette plus de bêtises. Mettons-nous en route dès maintenant et vite ! Est-ce bien compris ? »

« Oh, je pense que Tery doit se débrouiller correctement, il n’a pas besoin de nous et … »

« CLARI ! TA GUEULE ! Tery peut facilement éliminer quiconque, c’est plutôt les conséquences et la suite ! Tu as envie de laisser Tery seul après ses actes ? Je ne suis pas comme ça ! J’y vais tout de suite ! »

Manelena n’avait pas laissé le temps aux autres de s’exprimer, courant à toute allure vers la direction que Tery avait prise. Plus choquée qu’autre chose, Elen la regarda faire avant de se tourner vers Clari. Que Manelena lui crie dessus ne la dérangeait pas le moins du monde.

« Euh … bon, on ferait bien de la suivre. Je ne sais pas qui est le plus en danger actuellement : les soldats, Tery ou Manelena. »

« Tu voulais dire le plus dangereux, j’imagine ? Car ça bataille dur entre les deux. »

« Et si on arrêtait de raconter des bêtises et qu’on se met à sa poursuite dès maintenant ? »

Royan fût la voix de la raison, partant en premier à la suite de Manelena. Rapidement rejoint par Elise, celle-ci avait encore ses cornes sur le crâne mais un sourire aux lèvres, adressé à Royan, signe qu’elle se contrôlait parfaitement :

« Ne vous en faites pas, messire Royan, tout se passera bien. »

« Aucun problème … n’est-ce pas ? Aucun souci ou autre ? Pas de fatigue mentale ? Vous arrivez à tenir bon, mademoiselle Elise ? »

« Bien entendu, bien entendu. J’ai un peu mal au crâne mais en ce qui me permet de contrôler mon corps, je n’ai aucun souci de ce côté, je peux vous le certifier et vous le confirmer ! »

Tant mieux alors. Il poussa un petit soupir soulagé avant de placer une main sur son front. Ce n’était pas une chose des plus aisées mais bon … il savait qu’Elise tiendrait bon. Celle-ci avait évité de lui signaler au sujet de cette voix qui était étrangement intervenue dans son crâne juste avant que le combat ne commence. Est-ce que Tery avait eut le même souci ?


Elle lui poserait la question quand tout serait terminé. Comme ce n’était pas encore le cas, elle allait aider aux recherches. Où est-ce que Tery était parti ? Où donc ? Les traces de sang étaient visibles au sol, est-ce qu’il était blessé ? Avait-il déjà blessé quelqu’un ?

« Ils ne veulent pas mourir … n’est-ce pas ? »

« Je les maintiens en vie grâce à mes pouvoirs. Tant que je suis vivante, ils seront vivants. Tant qu’ils sont vivants, je serais vivante. »

« Il suffit alors de tous vous éliminer pour régler ce problème une bonne fois pour toutes. »

« C’est la première fois que je rencontre un démon. Sûrement la dernière fois. Vous n’avez rien d’humain. Même votre physique est repoussant. Ces cornes sont horribles … et ces yeux globuleux complètement rouges … »

« Je suis un être démoniaque. Je ne suis plus totalement humain mais ce n’est pas grave. Ce n’est pas grave du tout. Ce n’est pas important. Je vais tout simplement vous exterminer. »

Il ne faisait que suivre les ordres de cette voix dans sa tête. Cette voix qui imposait son autorité sans même qu’il ne puisse la combattre. Cette voix … et les soldats qui entouraient la femme adepte de Zélisia. Cette foutue adepte.

« Pendant que tu recules avec nous, les autres seront déjà en train de prévenir l’armée de Shunter. Vous ne pourrez plus rester sur nos terres après ce combat. »

« Les autres sont déjà tous morts. Je ne suis pas seul … mais je suis seul. Hahaha. Je suis seul dans cet état. Même Elise ne peut pas comprendre ce qui se passe avec moi, hahaha. Je suis seul, tellement seul, TELLEMENT seul ! Hahahaha ! Tellement … »

La femme avec son épée et son bouclier le regarda, surprise par cette excitation de la part de Tery mais aussi la peur qui semblait animer son regard. Il avait peur mais de quoi ? Ce n’était pas d’eux, elle le savait parfaitement. Mais qu’est-ce qui pouvait terrifier un démon ?

« Qu’est-ce que vous êtes vraiment ? De quoi est-ce que vous avez peur ? »

« De cette voix ! Cette voix dans ma tête qui n’arrête pas de m’ordonner ce que je dois accomplir ! Mais ça s’arrêtera quand vous serez tous morts, oui, comme ça que tout sera résolu, hahaha … on va vite régler cela. »

Il avait dit cela avec une petite pointe d’amusement alors qu’un rictus se dessinait sur ses lèvres. Il n’allait pas bien, il n’allait pas bien du tout mais qu’importe, ce n’était pas important. Qu’est-ce qu’il en avait à faire de ne pas aller bien hein ? Qu’est-ce que cela était réellement dans le fond ? Hahaha ! Il n’allait pas bien !

« Tout était calme pendant des jours ! Je n’entendais plus rien ou presque mais maintenant … hahaha … mais maintenant … on va tous vous tuer … »

« On ? Qui est-ce on ? » murmura la femme adepte de Zélisia, chuchotant aux soldats de recommencer à reculer avec elle. Si elle arrivait à gagner du temps, ils pourront alors s’échapper. Elle en avait les moyens et les capacités.

« LUI ET MOI ! On est ensemble ! On ne pourra pas être séparés … tant que je ne l’aurais pas vu de mes propres yeux mais je ne sais pas à quoi il ressemble et … qu’est-ce que vous faites ? Je peux le savoir ? »

Le jeune homme avait murmuré cela tout en plaçant une main sur la moitié gauche de son visage. Il fallait tous les effacer de la surface de ce monde. C’est ce qu’il allait accomplir. Sa tête pencha sur la droite avant qu’il ne disparaisse du champ de vision des soldats.

« Où est-ce qu’il est passé ? Je ne le vois plus ! Faites attention à vous et … »

Le soldat qui avait pris la parole en était maintenant incapable. Sa tête avait quitté le reste de son corps, maintenu dans ce qui ressemblait à une griffe de saurien. Recouverte d’écailles, elle serrait avec force la tête avant de la projeter contre un arbre.

« C’est simple … très simple de vous arrêter. Il suffit juste de vous tuer avant même que vous puissiez les soigner, non ? On va s’en charger. »

« Faites attention à vous tous ! Il est devenu incontrôlable ! »

Devenu incontrôlable ? Il se contrôlait … il se contrôlait parfaitement ! Mais Zélisia, cette fichue déesse, offrait ses pouvoirs à une bonne femme ! Une femme qui s’opposait à lui et au reste de son groupe ! Une femme qui devait mourir comme les autres !

« Ca sera si simple de ne plus laisser aucune trace de votre existence. Hahaha … Hahaha. Je me répète, n’est-ce pas ? Je continue de me répéter, hahaha. »

C’était une autre frayeur qui animait les visages de l’adepte et des soldats qui l’accompagnaient. Une frayeur bien réelle. Le jeune homme avait complètement perdu la tête mais surtout, sa véritable puissance était tellement supérieure par rapport à eux.

« Nous ne pouvons pas nous séparer. Il pourra nous atteindre encore plus aisément. »

Elle n’eut qu’à peine le temps de parler qu’un second soldat se retrouvait avec une griffe dans le corps, le traversant complètement. VITE ! Elle devait le … non. Un mouvement et voilà que le corps était séparé en deux au niveau du ventre.

« Je te garde pour la fin, petite adepte de Zélisia. Oui … Vos pouvoirs … issus de ces deux dieux, je les hais, je les hais tant. Je hais ces pouvoirs, je hais ces dieux, je vous hais tous. Je vous déteste tous, je vous déteste, hahaha … je vais vous le faire payer. »

Leur faire payer ? Rien que ça ? Il était très étrange, trop étrange … mais elle savait qu’il était inutile de chercher à s’enfuir. Malheureusement, elle ne se faisait plus aucune illusion à ce sujet … Elle avait compris que ça ne servait à rien.

« Je vais entamer une purification du démon. Excusez-moi, soldats … »

Aucune réponse de leur part. Logique, ils étaient déjà tous morts. Ils n’avaient guère put lutter contre Tery qui était maintenant à quelques centimètres d’elle. Ses yeux rouges, rongés par la folie et la détresse. Oui, de la détresse … comme s’il ne voulait pas cela.

« Je vais pouvoir vous libérer de tout cela … en vous emportant avec moi. »


Une lumière assez forte s’était mise à irradier de l’intégralité du corps de la femme. Si elle pouvait l’emmener avec elle, le monde serait beaucoup plus … Elle hoqueta lorsqu’elle sentit son coeur exploser à l’intérieur de sa poitrine. Elle avait mis trop de temps … elle n’allait pas pouvoir … l’éliminer. Une explosion se produisit quelques secondes plus tard, un nuage de fumée se soulevant là où elle s’était enclenchée.

« TERY ! C’était quoi ça ?! »

Ce ne fut ni Elen, ni Manelena qui avait crié le nom du jeune homme mais Clari. Celle-ci s’était déplacée avec une vélocité folle en direction de l’explosion, finissant par arriver jusqu’à l’endroit où un nuage de fumée empêchait toute vue. Tsss ! Ele fit un mouvement de la main, balayant ce brouillard de poussière.

« Te … Tery. TERY ! »

L’explosion aurait normalement dût en terminer avec lui mais le jeune homme n’avait que des brûlures assez légères sur une bonne partie de son corps. Et puis, il s’était retourné vers elle, lui faisant un grand sourire avant de murmurer :

« Oui, Clari ? Il n’y a plus d’adepte de Zélisia. Elle est morte … j’ai réussi à la tuer avant qu’elle ne termine ce qu’elle avait débuté. Mais … tous les adeptes de Zélisia peuvent faire ça ? Tous ? Comment c’est possible ? »

« Disons que ce n’est pas forcément une magie dont on aime parler, Tery. Viens, on va retourner auprès des autres. Ils sont sûrement déjà derrière moi. »

Il hocha la tête positivement avant de faire quelques pas en sa direction. Il tendit sa main vers elle, se concentrant un peu comme pour réfléchir. C’est étrange, très étrange mais elle avait une sensation déplaisante. Elle vit sa main qui tâtonnait le vide.

« Tery ? Tes yeux … ne me dit pas que … »

« Si, j’ai du mal à voir, à cause de la poussière mais ce n’est rien de spécial. Tu veux bien me raccompagner, s’il te plaît ? Tu seras un amour. »

Un amour ? Ah, elle retrouva rapidement le sourire avant de plaquer le jeune homme sous son épaule, le gardant auprès d’elle avec une grande tendresse. Puisqu’elle devait se montrer comme un « amour », autant le faire non ?

Lorsqu’il retrouva les autres, les questions affluèrent de partout, Tery signalant tout simplement qu’il n’y avait rien de bien grave. Il n’était pas au seuil de la mort et les brûlures n’étaient pas si dangereuses que ça. Mais bon … ils avaient réussi … ce que les rebelles désiraient. Si avec ça, ils ne gagnaient pas leur confiance.

« Pour l’heure, nous allons nous reposer. Je pense que nous l’avons bien mérité. Bon, je ne suis pas une charognarde mais avez-vous vérifié leurs cadavres ? Peut-être qu’ils ont des vivres ou autres. Pour l’adepte … hum … il ne faut plus rien espérer. »

Manelena avait repris les commandes du groupe tandis qu’Elen cherchait à voir ce qui clochait chez Tery. Celui-ci restait accroché à Clari, murmurant à Elen qu’il avait juste besoin de se reposer, rien de plus. Elle ne chercha pas à obtenir plus d’informations, ne faisant que murmurer qu’elle voudrait être à la place de Clari. La femme aux couettes blondes eut un grand sourire avant de confier Tery à Elen, disant au premier que la seconde pouvait parfaitement s’occuper de son homme.

Finalement, après vérification, les soldats n’avaient que le strict minimum. Soit ils avaient été près de rentrer, soit ils n’avaient rien du tout et ils auraient dut vivre en milieu hostile. Mais ce fut Elen qui corrigea les propos de Tery, disant calmement :

« Une adepte de Zélisia est capable de produire la nourriture et l’eau de base. Même si pour une trentaine de personnes, cela me semble beaucoup. Elle devait s’épuiser à la tâche chaque jour pour pouvoir les nourrir. »

« Mais ça ne changera pas que la nourriture produite de cette manière est vraiment très basique et sommaire. Elle nourrit et elle abreuve … mais elle ne fait que ça. C’est à peine si elle a un goût et encore. Je ne le conseilles pas, sauf pour survivre. »

Séran avait complété les propos d’Elen avant que tous ne se réunissent pour installer les tentes et justement préparer le repas. Autant en profiter pour se reposer … et surtout qu’ils avaient mis une distance respectable par rapport au massacre orchestré.
Le repas fut des plus calmes, Tery étant visiblement épuisé par rapport à ce qu’il avait accompli. Il avait remarqué les bref coups d’oeil d’Elise. Hum, visiblement, il n’avait pas été le seul, n’est-ce pas ? Il ne fit qu’hocher la tête pour lui signaler que oui, lui aussi avait entendu la voix comme la dernière fois.

« Je vais aller faire le tour de patrouille cette nuit et … »

« Je vais rester avec Tery pour lui tenir compagnie. Il risque de s’endormir sinon. »

Le jeune homme tourna son visage vers Clari. Si elle voulait ? Elle avait compris qu’il voulait surtout être seul pour le moment ? Mais cela ne dérangeait guère le jeune homme. Lorsque tous fûrent au lit, Clari se plaça à côté de lui, murmurant :

« Alors … Comment est-ce que tu vas, Tery ? Ca n’a pas l’air d’aller … n’est-ce pas ? »

« Clari, je … je … ah … comment je peux dire ça .. j’ai juste peur de ne plus pouvoir me contrôler, plus du tout. Cela me fait terriblement mal et … »

« Tu n’as pas à t’inquiéter à ce sujet, loin de là .Tu es plus que capable de gérer ce problème et tu as déjà montré que tu n’auras aucun souci. Pourquoi est-ce que tu t’en fais maintenant ? Quelque chose a changé par rapport à la dernière fois ? Ne me dit pas que tu as peur de mourir à cause de cette explosion, quand même ? »

« Je ne sais pas. Lorsque mon corps s’est enfin apaisé, je craignais de ne pas survivre mais en plein combat, ça ne m’a pas dérangé, comme si je n’avais peur de rien du tout. Je ne comprends pas trop … ce qui se passe avec mon corps. Je ne comprends pas du tout. »

« Ah mon petit Tery adoré. » soupira Clari avant de le presser contre elle, caressant ses cheveux bruns. Comme d’habitude, il se laissa faire tandis qu’elle chuchotait : « Tu es et tu resteras toujours le même Tery que je connais, celui qui m’a permis de m’afranchir de mon rôle de soldate. Je suis certaine que Manelena pense pareil de toi. Tu nous as permis de voir plus loin que nos obligations à chacun, tu nous permets d’être libre comme le vent. Tu me permets de penser … à autre chose, à un avenir meilleur. »

« Tant que ça ? Toutes ces choses, tu es certaine que je peux te les emmener ? »

« Sûre et certaine, Tery. Tu es spécial et unique. Allez, restes donc comme ça. »

Il n’était pas sûr que ça soit vraiment très .. bien mais oui, pourquoi pas ? Il plaça aussi ses mains dans le dos de Clari, celle-ci caressant le sien avec tendresse. Il ne fallut que quelques minutes pour que Tery se retrouve tête posée sur les genoux de Clari, en train de dormir.

« Tu sais, Elen. Ce n’est pas la première fois que tu l’observes pendant son tour de garde. Tu peux sortir de la tente, hein ? Personne n’est dupe. C’est l’avantage d’avoir une tente pour vous deux, tu ne fais pas de bruit pour ne pas réveiller les autres. »

« … … … Tery a juste besoin d’un soutien familial … et sa mère n’est pas présente. Je n’ai pas à me mêler de tout ça. »

« Tery reste un fils à sa maman. Un garçon qui continue d’avoir ses peurs et ses craintes. Malgré les années qui passent à nos côtés, il a besoin des personnes proches autour de lui. Tu ne devrais même pas avoir peur de tout cela. »

« Facile à dire … mais non pas à faire. Mais je vais le laisser auprès de toi. Par contre, s’il a froid, est-ce que tu peux … »

C’était déjà fait. Elle avait utilisé ses lignes de Zélisia pour récupérer une couverture peu épaisse mais capable de protéger Tery du froid. Elen retourna dans la tente, sans un mot.

Chapitre 81 : Le retour

ShiroiRyu
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Chapitre 81 : Le retour

« Et voilà, nous avons encore quitté une fois un camp rebelle. »

« Nous allons faire que cela pendant des semaines voire des mois, Tery. Il vaut mieux pour toi que tu t’y habitues tout de suite, c’est un conseil que je te donnes. »

« Je le sais, Manelena, je le sais mais bon … J’espère que ça ne sera pas trop ennuyeux. »

Ennuyeux ? Est-ce qu’il prenait la situation vraiment au sérieux ? Elle en était de moins en moins convaincue à l’heure actuelle. Mais elle préféré ne pas relever les propos de Tery alors que tout le petit groupe se réunissait autour de la carte que le chef des rebelles leur avait donné. Un nouvel endroit où se rendre … mais aussi pour aider.

« Ils ont quelques problèmes, il paraîtrait. On va donc devoir les épauler, j’espère que vous êtes tous prêts car ça ne sera pas une chose facile. L’armée royale reste importante … et même s’ils n’ont pas notre force, ils ont la quantité. »

« Je m’en doutes mais … affronter directement les soldats, vraiment ? »

« Tu as peur ? Ce n’est pas la première fois que tu fais cela, Tery. Te mettre à dos l’armée d’une nation, c’est même devenu habituel, non ? »

Manelena marquait un point alors qu’ils étaient tous les deux en train de discuter. Elle n’avait pas du tout tort à ce sujet. En un sens, lui comme elle … et aussi Clari, ils avaient affronté l’armée de Mékalarma mais aussi celle d’Honoros et de Shunter. Claudiska et Traslord, par contre, ce n’était pas le cas Et il aurait du mal à affronter des êtres capables de voler. Il hocha la tête positivement aux propos de la femme aux cheveux argentés, reprenant :

« Ce n’est pas bien important. Mais doit-on les mettre hors d’état de nuire ou alors vraiment les tuer ? Si tu vois ce que e veux dire comme nuance. »

« Le message est clair : éliminer une troupe de soldats de Shunter qui traîne dans les environs depuis quelques semaines. Il semblerait qu’ils aient un porteur de ligne de Zélisia parmi eux et qu’ils sont une trentaine environ. »

« Une trentaine ? Le nombre devrait être passable mais par contre, quelqu’un qui possède les lignes de Zélisia, là … je … »

Maintenant qu’il y réfléchissait réellement, c’était la première fois qu’ils allaient avoir affaire à quelqu’un qui était comme eux. Du moins, comme Elen ou Clari. C’était la première fois et il ne savait pas trop comment cela allait se présenter. Le combat entre lui et Elen avait été mené jusqu’à la mort bien que les deux étaient vivants maintenant mais … Elen comme lui n’avaient pas réellement consciences de leur force à l’époque.

« Il se peut que trente adversaires soient beaucoup trop pour nous s’ils ont un ou une adepte de Zélisia avec eux, Tery. » corrigea Manelena avec lenteur, poussant un profond soupir.

« Il suffira alors de la cibler en première. Ca ne devrait pas être trop difficile … même si je restes un peu anxieux, je ne sais pas trop pourquoi. »

Difficile à exprimer. Est-ce que Manelena avait réussi à le rendre un peu anxieux ? Il n’en savait trop rien à ce sujet Il n’avait pas cherché beaucoup trop loin non plus. Une main sur le front, il se le massa pendant quelques secondes comme pour réfléchir.

« Si tout était aussi simple, ça serait mieux. Mais … hum, Manelena, qu’est-ce que l’on va faire exactement ? Tu peux me le dire ? »

« Je n’aime pas me répéter. Nous allons exterminer cette troupe de soldats. J’imagine qu’on peut en laisser un ou deux vivre pour qu’ils préviennent l’armée de ce qui va leur tomber dessus s’ils continuent à vouloir affronter les rebelles. Ainsi, nous installerons un climat de peur et de terreur chez nos ennemis. »

C’était donc ça ? Laisser une personne vivre ou deux. Ce n’était pas vraiment un principe qu’il appréciait mais il pouvait comprendre la méthode. Affronter des soldats … en trouvant leur campement avant qu’ils ne les trouvent, eux. S’ils avaient l’avantage de l’attaque, ils pourront alors faire de gros dégâts sans être en danger eux-mêmes.

« Mais comment est-ce que nous allons trouver ce groupe ? Et comment être sûrs qu’il s’agit du bon ? Les lignes de Zélisia ou d’Alzar, si on ne les utilise pas, personne ne peut le deviner, non ? A partir de là, ça risque d’être difficile. »

« On ne va pas compter le nombre de personnes que l’on affronte. On sait juste que ce sont des soldats de Shunter. A partir de là, on rentre dans le lard de tout ce qui semble de près de ou loin à une minuscule armée de soldats. » rétorqua Manelena, encore un peu plus agacée qu’auparavant. Il valait mieux que Tery ne la titille pas plus pour le moment.

« Mais à partir de là, difficile … enfin, j’aurais préféré éviter un carnage. »

Il allait pas la fermer un peu ? Qu’est-ce qu’elle venait de dire ? Qu’il la boucle ! Elle s’en foutait complètement de ses plaintes et gémissements ! Qu’il arrête un peu et qu’il se prépare tout simplement à attaquer des soldats de Shunter ! Y avait besoin de rien d’autre.

Elle le regarda avec agacement avant de placer une main sur sa hanche. Avec de telles idioties en tête, il allait rendre tout cela plus dangereux qu’autre chose. S’il n’était pas sûr de comment réagir en plein combat, cela pouvait le mettre en danger mais pas uniquement lui. Il risquait de provoquer de graves problème pour le reste du groupe.

« Tu n’auras qu’à laisser faire tes lignes d’Alzar et tes cornes, Tery, si tu n’es pas convaincu que tu peux les affronter, compris ? »

« Hein ? Euh … Je préfère éviter d’utiliser cela pour combattre des personnes lambdas. Ca me semble normal. Il ne faut pas que j’en abuse. »

« Si tu étais capable de te battre normalement et correctement, il n’y aurait aucun souci. Mais ce n’est pas le cas et tu seras plus un poids qu’autre chose pour l’équipe. »

Elle n’avait pas tort. En fait, il savait pertinemment qu’elle avait raison mais il ne voulait pas y croire, pas du tout. Mais … comment pouvait-il la contredire ? Elle affirmait une chose qui était pourtant véridique, salement véridique. Il ne pouvait pas la contester.

Mais pourquoi lui dire ça ? Vraiment ! Lui dire d’utiliser ses pouvoirs démoniaques sur de simples êtres humains. Ce n’était pas son genre. Du moins, lui demander ouvertement, c’était juste affreux rien qu’à l’idée d’y penser. Elle n’avait donc aucune morale ? Il la regarda avec un air morose, chose qui n’échappa pas à Manelena.
Mais Elise se plaça à côté de lui, lui chuchotant que s’il voulait éviter d’utiliser ses cornes, elle-même pouvait essayer. Ce n’était pas si dérangeant à ses yeux qu’elle tente de se contrôler. Elle avait encore besoin d’entraînement. C’était pourquoi elle ne refusait pas du tout de pouvoir les utiliser de plus en plus souvent, jusqu’à ce qu’elle soit capable de tout contrôler. Mais ce n’était pas forcément le meilleur choix.

« Je vais juste tenter de briller du mieux que je le peux, hahaha. »

« Fais attention à toi, néanmoins. Je suis sûr que beaucoup de personnes préféreraient que tu n’aies pas à te battre de la sorte, si tu vois ce que je veux dire. »

« Oh ? Le prince Royan me surveillera. Tu sais, c’est lui qui me permet de garder la tête froide en toute circonstances. J’avoue que cela m’amuse de me dire qu’une tête brûlée comme moi a besoin d’une autre personne pour rester concentré. Je trouve cela amusant. »

« Tu t’amuses vraiment de peu de choses hein ? »

« Je préfère profiter de ce que je possède à l’heure actuelle. J’ai eut de la chance de vous avoir sur ma route et je ne voudrais jamais avoir à le regretter. Sans vous, je pense que je serais devenue très dangereuse et je serais sûrement déjà morte. Alors, je ne veux pas perdre ne serait-ce qu’un seul instant, quitte à ce que je sois sur un chemin pavé de sang. »

« Je préfère éviter cela pour quiconque qui m’est proche, sincèrement. »

« Merci de ta préoccupation mais je suis une grande fille. Je pense que je peux gérer ça aussi de mon côté, Tery. Mais vraiment … merci de te soucier de moi, ça me touche énormément. »

« Je ne fais que ce que j’estime être bon, rien de plus, rien de moins. »

« Et c’est amplement suffisant ! Grâce à ça, je me sens bien plus rassurée. Merci beaucoup, Tery. Tu sais, dans le fond, tu me donnais toujours l’impression d’être distant et différent, malgré tout ce qui se passait avec Elen et Manelena. Mais au final, je crois que je me sens très proche de toi, je ne sais pas pourquoi. »

« A cause de ça. » dit le jeune homme en désignant ses cheveux. C’était l’unique raison qui les reliait plus que les autres. Il eut un petit sourire attendri en venant tapoter doucement le crâne d’Elise, là où normalement, des cornes étaient présentes.

Il savait parfaitement ce qu’elle avait voulu dire par là, c’était pourquoi il ne cherchait pas à l’arrêter. Et puis, elle se laissait faire. On aurait put croire à un maître et son apprentie. Dommage qu’il n’avait rien d’une allure majestueuse. Elle se laissa faire pendant quelques secondes avant de rigoler, lui disant :

« Stop, stop ! Je ne suis plus une enfant, tu sais ? »

Il n’avait jamais prétendu le contraire de toute façon. Bon, il valait mieux … se préparer mentalement au combat qui allait les attendre, tout simplement. Un combat qui se rapprochait dangereusement lorsqu’il remarqua les traces de pas dans le sol boueux. Il y avait de fortes chances que les soldats de Shunter soient au courant de tout ça mais qu’importe, il s’en fichait complètement. Ce n’était pas sa réelle préoccupation à l’heure actuelle. Il voulait juste … pfiou …

Eviter de perdre trop de temps par rapport à tout ça ? Terminer le combat et passer à autre chose. C’était maintenant monstrueux comme mode de pensée mais si cela lui permettait de ne pas s’y attarder et de le mettre dans un coin de son esprit, il le ferait. Mais pour ça, il fallait trouver le groupe de soldats et …

« Stop. » dit Manelena avant de placer une main en barrière, l’empêchant alors de continuer à se mouvoir. Ils étaient finalement tombés sur le campement des soldats. Ils avaient pris position près de l’orée d’un bois et Manelena l’avait stoppé au bon moment. Un pas de plus et il avait été certain qu’ils l’auraient repéré. Autant dire que pour le moment, ils avaient … « Hum, dommage mais ils nous attendaient visiblement. »

« Je n’ai pas eut le temps de prévenir ! Je suis désolée, hhihi. »

« Ca n’a rien de drôle, Clari. A cause de toi, notre couverture est donc tombée. »

Manelena faisait un reproche à Clari. Il est vrai qu’avec le vent, elle aurait été capable de leur dire s’ils se rapprochaient. Alors pourquoi ne pas l’avoir fait ? Pourquoi est-ce qu’elle n’avait pas signalé tout cela ? Qu’est-ce qui clochait ?

« Clari, si tu voulais vraiment te battre, tu n’avais qu’à le dire. »

« Disons que de toute façon, que je prévienne ou non, nous allions les affonter. On ne pouvait pas faire autrement alors, hein ? »

C’était vraiment bof comme réaction mais bon, cela concernait Clari. Si elle était normale, comme tous les autres, il aurait put dire quelque chose. Mais une telle réaction était des plus logiques quand on la connaissait. Et malheureusement, au loin, du mouvement était visible.

« Manelena, est-ce qu’ils savent qui nous sommes ou non ? Car bon, si tel est le cas, autant ne pas chercher à discuter et … »

« Tu ferais mieux de te protéger dès maintenant. CLARI ! »

« A vos ordres, mademoiselle la maréchale ! » s’exclama Clari tout en rigolant, des lignes de Zélisia apparaissant sur ses mains. Aussitôt, une violente bourrasque se produisit devant le groupe, faisant tomber en arrière une dizaine de flèches qui étaient parti vers leur direction.

« Est-ce que cela répond à ta question, Tery ? »

« Visiblement, ils ne sont pas très enclins à vouloir parlementer, oui. Bon, ne perdons pas plus de temps alors. Ils ne voudront pas discuter avec nous. Et puis, l’un des deux groupes devait mourir alors à partir de là, les paroles sont inutiles. »

Bon … Combattre. Combattre. Combattre. C’est tout ce qu’il devait noter dans sa tête alors que le jeune homme laissait paraître ses lignes d’Alzar. A cette distance, ils étaient encore bien loin de pouvoir lutter contre eux.
Il fallait réduire cette distance et vite. Les griffes sur ses poings, il commença à courir, prenant de l’avance par rapport au reste du groupe. Clari lui cria qu’elle allait l’aider à accélérer, le jeune homme sentant le vent le pousser à une nouvelle vitesse. La distance diminuait de plus en plus, lui permettant alors de voir les soldats. Il y avait bien des hommes et des femmes mais ce n’était pas ça le souci, loin de là.

Il pouvait voir la personne qui possédait les lignes de Zélisia. Une femme d’une trentaine d’années. Contrairement aux autres, elle n’était pas en armure, ce qui la rendait plus aisée à remarquer. Mais elle était entourée par cinq soldats, de véritables remparts. Ils pensaient vraiment pouvoir faire le poids face à lui ?

« Hey hey hey … Tery ! Tu n’es pas seul, je te rappelle ! »


Clari était maintenant à ses côtés.  Elle tenait fermement son épée entre ses mains alors qu’il voyait une ombre qui planait au-dessus de lui. Sérest était-elle consciente qu’il y avait quelques archer ? Car il en était pas convaincu.

« Nous allons faire une barrière toutes les deux pour te ramener jusqu’à … »

Une flèche enflammée passa entre Clari et Tery, se plantant dans le crâne de l’un des soldats qui étaient en avant dans la troupe ennemie. Sa tête explosa, blessant les autres à ses côtés tandis que Clari sifflotait d’admiration.

« Elle reste très violente, tu ne trouves pas ? »

« Je me méfies toujours de ses colères, je ne l’ai jamais caché. Elen reste la première personne que j’ai rencontrée lorsque j’ai décidé de quitter mon village natal. A partir de là … »

« Oui, oui, je sais que c’est une chose exceptionnelle et qu’elle a une place particulier dans ton coeur et … OH ! Sérest, tu veux bien donner un peu d’appui à Tery ? »

Un peu d’appui à Tery ? Le jeune homme ne comprit pas sur le coup sauf lorsqu’ils arrivèrent vers cinq lames pointées en avant, prêtes à s’enfoncer dans leur chair s’ils décidaient de se rapprocher de trop près. Bon alors …

Il prit une profonde respiration avant de se mettre à sauter dans les airs. Contrairement à auparavant, tout son corps fût aussi qu’une plume, lui permettant de faire alors un saut prodigieux d’une dizaine de mètres en l’air. Mais …

« Et les archers ? Comment est-ce que je fais, Sérest ?! » s’exclama le jeune homme aux cheveux bruns, voyant une dizaine d’arcs tendus vers lui.

« Je m’en occupe, ne t’en fait donc pas. » murmura doucement la femme ailée avant de commencer à battre des airs. Levant une main en l’air, ses lignes noires apparurent le long du bras, un éclair tombant sur ce dernier pour le parcourir.

« Euh … Evites de me foudroyer aussi hein ? »

Elle ne lui promettait rien par contre ! Dans un grand sourire, la foudre vint s’abattre sur un archer, se propageant chez le reste des soldats. Seul celui ciblé par la foudre trépassa tandis que les autres étaient juste secoués mais incapables de viser correctement. Tery retomba derrière eux, criant à Sérest :

« MERCI ! C’est parfait ! Je vais m’occuper du reste ! »

« Ca ne change pas leur nombre, Tery. Ne fait pas de jeux trop dangereux non plus ! »

Elle n’avait pas tort. Ils n’étaient pas en sécurité pour autant, surtout lui qui était maintenant seul face à to… NON ! Il y avait Clari aussi ! Quant à Manelena, elle était où ? Et Séran ? Et Royan et Elise ? Où est-ce qu’ils étaient tous ?

« Qu’est-ce qu’ils font tous ? Où est-ce qu’ils sont tous passés ? »

Il se posait la question, regardant à gauche et à droite avant de ne plus hésiter. Ses griffes se plantèrent dans deux archers qui eurent guère le temps de se retourner pour lui faire face. Les autres étaient toujours paralysés à moitié mais retrouvaient peu à peu leur mouvement. Certains, avec des lignes jaunes sur leurs corps, étaient déjà en train de bander leurs arcs. Bien entendu ! Il ne fallait pas oublier que tout le monde possédait des lignes. Et visiblement, ces archers-là étaient capables de manipuler la foudre.

« Désolé mais je n’ai pas de temps à perdre avec vous, j’ai mieux à faire ! »

Il devait se focaliser sur cette personne capable de maîtriser les lignes de Zélisia. C’était elle, la plus dangereuse dans le lot ! Il le savait, vu comment Elen se débrouillait. Pareil pour Clari! On pouvait croire que leur magie n’était QUE bénéfique mais ce n’était pas le cas.

« TERY VANIAN ! PREPARES-TOI A UNE SECOUSSE ! »

« HEY ! Manelena, je suis entre les soldats et toi ! » hurla une seconde voix féminine alors qu’il comprenait que Clari et Manelena combattaient ensemble. Manelena aussi était présente, oui. Mais elle n’avait pas couru avec Clari et lui.

« Alors, tu n’as qu’à te pousser ! C’est aussi simple que ça, Clari ! »

« HEIIIIIIIN ? Mais c’est trop tard pour ça ! Je suis déjà à leur portée ! »

Il ne comprenait pas ce qui se passait, trop de soldats étant entre lui et Clari mais visiblement, cela risquait de chauffer et très rapidement. Il espérait juste que la folle discussion entre elles n’allait pas emmener à quelque chose de dangereux sauf pour leurs adversaires. Bon, les archers étaient occupés à essayer de le cibler et …

« Je vais me charger d’eux, Tery ! Il faut que tu continues à percer leurs défenses pour éliminer l’adepte de Zélisia ! FAIS VITE ! » s’écria une voix féminine avant que deux longues ailes ne lui fassent de l’ombre. Sérest ! Il l’avait presque oubliée alors qu’elle s’était décidée à l’accompagner dans ce saut. Il pouvait laisser les archers pour elle.

Mais voilà, il avait fini par arriver jusqu’à cette personne. Cette femme porteuse des lignes de Zélisia. Elle se trouvait devant lui, se tournant pour mieux le regarder. C’était bien elle … comment pouvait-il l’ignorer ? Et les soldats autour étaient bien plus expérimentés que les autres. Bien entendu, c’était une garde personnelle.

« Des rebelles qui s’en prennent directement aux soldats de Shunter ? Et avec un aussi petit groupe ? Quel est votre secret ? Les actes rebelles ne sont pas des moins réfléchis normalement. Vous n’êtes pas sans surprise, n’est-ce pas ? »

« Je ne vois pas pourquoi je vous adresserais la parole, mademoiselle. Nous n’avons que peu de choses à nous dire, vous et moi. »

« C’est étrange, autant de politesse, je dois avouer. Mais bon, je comprendrais que vous ne vouliez pas nous en dire plus. J’imagine que vous n’êtes pas des anciens rebelles. Peut-être de nouvelles recrues ? Est-ce que vous ne voulez pas réfléchir à vos actes ? Peut-être que nous pouvons régler cela de manière pacifique, non ? Vous ne croyez pas ? »

« Après avoir subit une pluie de flèches, vous comprendrez que ce n’est pas vraiment conseillé que d’essayer de vous croire. Je ne suis pas aussi naïf que ça. »

Elle eut un petit sourire alors que les lignes de Zélisia paraissaient sur la globalité de son corps. Aussitôt, le jeune homme poussa un cri de douleur, se tenant le front. Un genou au sol, il se mit à haleter, de la bave s’écoulant de sa bouche.

« Élimines ceux qui croient en Zélisia. Élimines ceux qui croient en Alzar. Élimines ceux qui se dressent sur ton chemin. Qu’il ne reste que des cendres de tes ennemis. Que la terre soit ravagée par le fléau qui habite ton être. Tu es mon enfant, tu es celui qui se dressera devant les autres, la chair de ma chair. Fait disparaître ceux qui s’opposent à toi. »

Po… Pourquoi maintenant ? Pourquoi ? La voix s’était tue pendant des jours. Il n’y avait rien eut … et là, elle revenait ? Pourquoi ? POURQUOI ? Qu’est-ce qu’il y avait ? Pourquoi est-ce qu’il fallait que ça arrive ?

« Ce n’est pas possible. Vous ? Ici ? VITE ! Que quelqu’un aille prévenir l’armée de Shunter et le roi ! Donnez notre localisation ! VITE ! »

La femme aux cheveux bruns paraissait surprise, non pas dans le bon sens du terme alors qu’elle voyait les cornes qui poussaient sur le sommet du crâne de Tery. Elle se préparait déjà à l’attaquer, faisant paraître un bouclier ainsi qu’une lame dans ses mains. Elle allait devoir lutter … pour gagner un maximum de temps.

« AAAAAAAAAAH ! NON … NON ! »

Un cri derrière elle la fit se retourner brièvement. Le soldat qui allait normalement servir de messager et d’éclaireur venait de se faire planter un bras dans son corps par une étrange femme aux cheveux auburn, des cornes sur le crâne. Non ? Deux ? Deux ici ? Il n’y avait qu’un seul groupe capable de réunir deux démons en son sein.

« Tery Vanian … La princesse est parmi vous. »