Chapitre 1 : Rencontre fortuite

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 1 : Rencontre fortuite

« STOP ! STOP ! C’est bon ! Arrête ! Mon Machoc a compris la leçon ! »

« Mais je ne suis pas certain que toi, tu l’aies compris. »

Le pokémon à la crête brune et à la peau grise était tombé, des marques de poing sur le visage. Un adolescent d’une quinzaine d’année, aux habits dépareillés était en train de reculer avant qu’un poing ne fonce vers lui, se stoppant à quelques centimètres de son visage. Il tomba à genoux, sous le choc de l’émotion.

« Et la prochaine fois que tu tentes une manœuvre comme ça, la distance n’existera pas entre mon poing et ton visage, est-ce bien compris ? »

« J’ai parfaitement compris le message ! PROMIS ! PROMIS ! »

« Bien maintenant, disparais de mon champ de vision. J’ai beaucoup mieux à faire que de perdre mon temps avec des imbécilités de ton genre. »

L’adolescent qui avait mis à terre le Machoc s’éloigna, se dirigeant vers la sortie du lycée, ne jetant plus un seul regard à la personne qui rappelait son pokémon. Passant une main sur une mèche de cheveux bruns, il pouvait alors observer de son œil gauche de couleur verte. A part la mèche, sa coiffure partait dans tous les sens, assez hirsute et formant des épis qui lui donnaient un air un peu fou. Pourtant, en le regardant dans les yeux, on pouvait voir le plus grand sérieux du monde. Remettant correctement sa veste rouge sur lui, il en sortit une paire de lunettes de la poche extérieure avant de se la mettre devant les yeux.

« Quand même … qu’est-ce que Ryusuke lui a mis. Pourquoi est-ce que les apprentis caïds ne comprennent pas la leçon ? » dit l’un des élèves, s’adressant à son compagnon.

« Le problème, c’est surtout le fait qu’il ait aucun pokémon. C’est pas le premier élève qui tentait de faire le malin devant lui. »

« Mais en même temps, t’as vu ? Ce qu’il a fait ? On ne dirait pas en le regardant, il a quelques muscles mais à part ça … tenir le coup face aux brutes de … »

« Bougez de là. J’aimerai quitter le lycée. »

Le ton n’était guère autoritaire mais ne laissait pas place à l’opposition. Les deux élèves se poussèrent, bredouillant quelques mots tandis qu’il continuait son chemin. Son sac par-dessus l’épaule, il observa le soleil couchant à l’horizon. Il était déjà assez tard, un peu trop même à son goût mais qu’importe, il devait rentrer chez lui. Passant la porte d’une modeste demeure, la première voix qu’il entendit fut celle de sa mère :

« Ryusuke ? C’est toi ? Ryusuke ? »

« Je suis rentré. » dit-il d’une voix nonchalante, sans même se sentir concerné par la suite des paroles que sa mère venait lui déclarer :

« Il paraîtrait que tu as encore causé du trouble au lycée avec un élève et … »

« Comme d’habitude. Il y en a qui me provoquent, je ne fais que répliquer. »

« Ce n’est pas tout. Il y a aussi le fait que tu sèches tous les cours liés aux pokémon. Tu sais bien que si nous t’avons envoyé dans cette école, c’est pour une bonne raison non ? »

« JE NE PRENDRAI JAMAIS DE COURS SUR LES POKEMON ! »

« Rien à faire, ne discute pas avec lui sur ce point, s’il te plaît, chérie. »

Ryusuke grimpa les escaliers, trois par trois, se dirigeant vers sa chambre avant de claquer la porte derrière lui. Jetant son sac sur le côté, il vint aussitôt s’installer devant son bureau, s’asseyant sur une chaise. Un crayon, une feuille de papier et voilà, il était maintenant ailleurs. Nul n’allait le déranger dorénavant et …

« Ryusuke ! S’il te plaît ! Tu veux bien aller chercher des baies dans la forêt ? Pour le dessert de ce soir, tu serais un amour ! Merci beaucoup ! » cria sa mère de l’autre côté de la porte.


Pfff ! Bon, on ne lui laissait pas vraiment le choix de toute façon, il semblerait. Il déposa le crayon, quittant sa chambre avant de récupérer le panier dans sa main droite. Il sortit de la maisonnette. Cela allait peut-être l’inspirer pour ce qu’il comptait faire de son crayon ? Peut-être ? Pénétrant dans la forêt, il remarqua bien vite que quelque chose clochait.

Pourquoi est-ce qu’elle était aussi mouvementée ? Presque comme en ébullition. Ce n’était pas une bonne chose. Il y avait un événement peu commun dans la forêt pour aller la perturber et … AH ! Il se coucha aussitôt, évitant de justesse trois Dardargnans qui l’avaient ignoré superbement. Pour que ces pokémon si agressifs en viennent à ne pas le voir, c’est qu’ils pourchassaient quelqu’un. Ce quelqu’un devait être assez énervant et agaçant pour qu’ils attaquent à plusieurs encore que, les Dardargnans étaient reconnus pour être très territoriaux. Donc quand il s’agissait de faire le ménage pour effacer l’intrus, ils employaient les grands moyens. Hum, déplaisant et il ne devait pas se mêler de ça.

Ah ah ah ! La petite créature à la corne verte ne chercha pas à regarder derrière elle. Courant sur plusieurs mètres, elle utilisait ses pouvoirs de téléportation pour en gagner d’autres. Les bourdonnements aigus se firent entendre mais elle ne s’y intéressait guère. A cette allure, si elle ne faisait pas attention, elle pouvait alors se considérer comme morte ! Il en était hors de question ! Elle n’était pas en train de se battre depuis autant de temps juste pour abandonner maintenant ! Non, non et non !

Mais ça ne servait à rien. Peu à peu, elle perdait le peu de distance qu’elle avait par rapport aux Dardargnans. Peu à peu, ils prenaient de l’avance sur elle jusqu’à finir par la rattraper. Le dard de pointu au bout de l’abdomen du plus proche se dirigea vers la petite créature capable de se téléporter, prêt à faire son office.

« On ne t’a jamais dit d’affronter un adversaire à ta taille ?! »

Un coup de pied dans l’abdomen et voilà que l’insecte ailé fut projeté contre un arbre, le sonnant à moitié sous la puissance de la frappe. L’adolescent aux cheveux bruns atterrit devant la petite créature, la fixant avec un air dédaigneux. N’importe quoi, c’était vraiment n’importe quoi ce qu’il était en train de faire.

« Je vous jure, je suis là pour chercher des baies ! »

Mais à dix contre un, il était tout simplement hors de question de ne pas s’en mêler. Enfin, maintenant, d’après ce qu’il voyait, c’était plutôt neuf contre un. C’était vraiment n’importe quoi. Il jeta un bref regard derrière lui, observant le pokémon d’une taille ridicule. Un premier constat venait s’établir : c’était une Tarsal. La différence résidait dans ses couleurs. Tout était complètement inversé : ses cornes étaient vertes, sa chevelure était rouge tandis que sa robe était teintée de lignes noires malgré qu’elle restait majoritairement blanche.

Il allait avoir besoin d’une explication. Ce n’était pas normal qu’une Tarsal se ramène dans le coin. Normalement, elles ne vivaient pas ici, du moins, pas dans la forêt, ni dans sa petite ville. Et qu’est-ce qu’il … il vint s’accroupir aussitôt, un Dardargnan passant au-dessus de lui, prêt à tenter de le liquider. Ah oui ? C’était comme ça qu’il tentait de s’en prendre à lui ? Qu’il dégage ! Il n’était pas d’humeur ce soir ! Son pied s’enfonça dans l’abdomen du pokémon aux trois dards, l’envoyant dans les airs avant qu’il ne retombe lourdement à quelques mètres de lui et de la petite Tarsal. VRAIMENT !

« Qui c’est le prochain ? Vous comptez venir à plusieurs ? »

Il avait fait un mouvement de la main droite, invitant les Dardargnan à se frotter à lui. Pendant ce temps, la Tarsal pouvait toujours s’échapper. Il ne voyait pas combien de temps il allait tenir. Zut ! Il n’avait pas pensé à prendre d’antidote sur lui. De même, à la base, il ne pensait pas tomber sur une bande de pokémon en train de poursuivre une créature loin de son habitat et aux couleurs inhabituelles. Il marmonna dans sa barbe :

« C’est vraiment pas ma journée, je vous le dis. »

Mais bon, il allait la finir le plus vite possible, laisser s’enfuir cette Tarsal et après, hein ? Comment est-ce qu’il pouvait deviner que c’était une femelle et non un mâle ? L’instinct bien entendu. Les Tarsal mâles étaient quand même un peu plus enclins à se bagarrer, à cause de cette histoire qui concernait les Gallame.

« Disparais pendant que je te fais gagner du temps. Et sors de cette forêt. Les Dardargnan ne sont pas habitués de toute façon à quitter leur habitat naturel. Ils ne te poursuivront plus. »

Voilà qu’il s’adressait à cette ridicule petite créature. Cette journée était gâchée, du début jusqu’à la fin. Encore un appel de l’école, une nouvelle bagarre, une dispute avec ses parents et maintenant, c’était l’apothéose. Une pokémon qui ne savait pas se débrouiller seule. Qu’est-ce qu’il avait fait à Arceus pour mériter une telle chose ?

« J’en ai marre, marre, marre ! »

Encore une fois, il s’affaissa sur lui-même, évitant deux Dardargnan qui se percutèrent violemment, tombant à la renverse, sonnés par leurs propres attaques. Heureusement que les pokémon étaient des créatures primitives. Il voulait passer à autre chose ! Tirer un trait sur cette histoire et l’oublier définitivement ! Il avait bien mieux à faire ! Et pourquoi est-ce que la Tarsal était en train de le regarder ? Tiens donc, elle avait les yeux verts, comme prévu. Rien de surprenant, il avait trouvé la logique derrière cette créature aux couleurs bien plus rares qu’il ne le pensait. Oui, elle était même différente de ces pokémon qu’on disait chromatiques. Mais pour ça, il ne s’y attardait pas. Il ne voulait aucun rapport avec les pokémon, sauf si cela consistait à se défendre de leurs attaques incessantes !

Le reste des Dardargnan se jeta sur lui mais il avait déjà tout préparé pour éviter cela. En se retournant, il agrippa la Tarsal par la hanche, la soulevant avec facilité. Il esquiva les nombreux dards qui fusèrent en sa direction, commençant à courir. Quel idiot mais quel idiot ! Et son panier dans tout ça ? Hein ? Est-ce qu’elle y avait pensé ?

« Première et dernière fois que je perds mon temps avec ces idioties ! »

Aucune réponse de la Tarsal. Elle ne comprenait pas qu’il était en train de lui sauver la vie ? Bien qu’il ne faisait pas cela pour qu’elle lui soit redevable, ça ne voulait pas dire qu’elle n’avait pas à ouvrir sa bouche hein ? Pfff ! Voilà maintenant que les Dardargnan projetaient des dards, bien moins gros que les appendices qu’ils avaient mais tout aussi dangereux.

Puis plus rien. Il avait réussi à les esquiver mais la seule chose qu’il venait de remarquer, c’est que les bourdonnements n’étaient pas aussi lointains que prévu alors qu’il avait été téléporté. Il posa un regard bref sur la Tarsal, c’était elle hein ? Il recommença à courir, se mettant à transpirer fortement, chose qui ne passa pas inaperçu aux yeux de la Tarsal. Celle-ci avait relevé son regard émeraude, le posant sur Ryusuke.

« Zut ! Zut ! Et Zut ! Quelle idiotie ! Mais quelle idiotie ! »

Il se répétait inlassablement mais comment faire autrement ? Il était en train d’être poursuivi par des Dardargnan qui ne le lâchaient pas d’une semelle. Il s’était mêlé d’une histoire qui ne le regardait pas le moins du monde ! Voilà le résultat ! Première et dernière fois qu’il s’occupait des affaires d’une autre ! Elle n’avait qu’à se débrouiller !

Elle ressentait de la colère dans l’adolescent mais elle n’était pas tournée vers elle mais contre lui-même ? Pourquoi ? Car il avait décidé de l’aider ? Est-ce qu’elle était une plaie trop grande pour lui ? Elle allait régler cela une bonne fois pour toutes. Elle ferma les yeux puis les rouvrit, complètement roses.

L’adolescent fut téléporté comme la Tarsal bien loin par rapport aux Dardargnan. D’ailleurs, elle ne les entendait plus, c’était un signe de victoire non ? Elle fut déposée doucement au sol avant que le corps de Ryusuke ne tombe lourdement à côté d’elle. Elle sursauta, ne poussant pas un cri avant de regarder. Qu’est-ce qu’il avait ? Il semblait fiévreux ! Ce n’était pas normal ! Elle descendit ses yeux, remarquant la jambe droite.

« Vas t-en. Laisse-moi tranquille, c’est bon. »

Il marmonnait cela, serrant les dents tout en cherchant à se redresser. Ca lui faisait un mal de chien ! Il posa une main au sol, s’en servant comme appui mais il chancela aussitôt, s’écroulant sur le côté. Ça ne sert à rien. Sans antidote, il était fichu et … AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! Ce cri fut surtout dans ses pensées alors qu’il s’était mordu les lèvres jusqu’au sang, la Tarsal venant de lui retirer le dard dans sa jambe. Elle était folle ? Elle n’était pas partie ? Il était convaincu que c’était une Tarsal et non un. Il le voyait dans ses geste et hein ? Elle posa une patte sur son front comme pour lui dire de ne pas s’en faire avant qu’elle ne se téléporte. Voilà comme ça. Il n’avait pas besoin de l’aide d’une pokémon. Il pouvait facilement se débrouiller seul mais là, il devait se reposer.

« Au voleur ! Au voleur ! Un Tarsal vient de me voler ! »

Et zut. Il ne pouvait même pas fermer les yeux tranquillement. C’est vrai. Même s’il y avait quelques arbres sur son chemin, il pouvait voir les lumières d’un magasin. Et subitement, il put voir la robe aux lignes noires devant lui. Le bouchon d’une fiole sauta avant que le liquide ne soit déversé sur sa jambe. Il poussa un gémissement, marmonnant :

« Pars. Pars loin, je vais régler la situation. Et ne reviens plus. »

Aucun merci, ni rien. S’il était dans cette galère, c’était à cause d’elle. Il la regarda disparaître une nouvelle fois, sans qu’elle ne revienne. Et zut. Il avait encore une galère à supporter. Il passa une main sur son front, sentant déjà les effets de l’antidote sur son corps. Ça allait beaucoup mieux. Ah … il avait besoin de respirer un peu.

Un marchand et un policier arrivèrent jusqu’à lui. Toujours couché, il écouta la marchand qui se montrait prévenant et inquiet, signalant que la Tarsal l’avait agressé. Il se redressa en gémissant, se retrouvant debout alors que la fiole de l’antidote roula à ses pieds. L’inquiétude du marchand disparut aussitôt avant qu’il ne le prenne par le col.

« Ce Tarsal t’appartenait n’est-ce pas ? »

« Je vous prie de vous calmer, vous n’avez aucune preuve que … »

« Touchez-moi encore une fois … » murmura l’adolescent avant de poser une main sur le bras qui le tenait par le col, le tordant aussitôt. De son autre main, il sortit son porte-monnaie avant de tendre un billet. Il força l’ouverture de la main dont il tordait le bras, insérant l’argent dedans avant de refermer le poing. « Et gardez la monnaie. »

« Attends un peu, jeune homme. Il faut que tu m’expliques au sujet de cet antidote et au … Ryusuke ? C’est toi ? Qu’est-ce que tu as fait encore ? Normalement, tu n’as aucun pokémon non ? » dit le policier, le reconnaissant enfin. Ryusuke relâcha le bras du marchand.

« Rien du tout. Juste un besoin d’antidote. J’ai payé, je retourne récupérer quelques baies. »

Et c’était la fin de la discussion. Vu qu’il avait donné cinq fois plus que la somme nécessaire à l’antidote, il savait que le marchand ne l’embêterait guère. Il s’enfonça dans la forêt, passant par là où il était passé la première fois, récupérant son panier. Sans perdre son temps, il récupéra les baies et retourna chez lui.

« Et bien alors ? Tu en as mis du temps, Ryusuke ? Mais ? Tu es blessé à la jambe ? Tu es sale et couvert d’herbe, qu’est-ce que tu as fait ? »

« Tiens, voilà tes baies, maman. »

Il déposa le panier sur la table, devant elle, ne répondant pas à ses questions. Ce n’était pas qu’il détestait sa mère, ni son père d’ailleurs. C’est tout simplement qu’il n’avait pas envie de parler ce soir. Il s’enferma dans sa chambre, observant la feuille de papier devant lui. Les minutes s’écoulèrent mais rien ne vint. Il n’avait plus aucune inspiration, c’était fichu. Il grogna, déposant son crayon sur la feuille avant de se coucher sur le dos sur son lit.

« M’énerve vraiment. Il a fallu que je me préoccupe de ça. Manquerait plus que demain au lycée, les autres l’apprennent par le policier. »

Mais ça ne devait pas arriver. Il se l’interdisait. Il ne voyait pas pourquoi ce policier allait trop l’ouvrir. Cette Tarsal, elle avait quoi ? Sa couleur était totalement différente de ce qu’il connaissait dans les livres. Il se mit sur le côté. Pfff, il n’allait quand même pas se mettre à penser à une pokémon dont il ne connaissait pas encore l’existence avant ce soir.

« Ryusuke ! Il est l’heure de manger, tu veux bien descendre ? »

Autant ne pas se préoccuper plus longtemps de tout ça. Dès demain, il aura déjà tout oublié. Il observa le dessin qu’il avait commencé, poussant un léger soupir. Demain serait un autre jour. Pour le moment, il allait devoir surtout esquiver les questions de sa mère au sujet de ce qui s’était passé. Ça allait être encore une sacrée soirée, il le sentait bien. Pourquoi est-ce qu’il fallait que tout ça lui arrive le même jour ? Il avait aussi besoin de souffler !

Chapitre 7 : Refus cinglant

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 7 : Refus cinglant

« Alors, tu sais quoi faire, n’est-ce pas ? »

« Maman … j’ai juste peur … euh d’y ailler seule. Puis en même temps, j’ai pas vraiment de sous pour payer tout ça et … euh … »

« Ne t’en fait donc pas, n’oublie pas qui tu es, non ? Olistar t’accompagnera si nécessaire. Holikan aussi, ce n’est qu’un simple achat, non ? »

« Oui mais en même temps, je dois euh … aller m’excuser et je sais pas trop comment faire. Puis bon, s’il est pas content envers moi, je fais comment, maman ? »

« Oh ? Mais c’est à toi de le découvrir, ma petite fille adorée. Allez, vas-y. »

Elle lui confia une petite bourse d’argent, beaucoup trop pour une simple enfant tandis qu’Olistar se rapprochait déjà de la jeune fille en hochant la tête positivement.

« Je te charge de la protéger et la surveiller, Olistar. Je t’en sens capable, n’est-ce pas ? »

« Vous pouvez me confier sa vie, reine Seiry, vous ne serez jamais déçue. » déclara l’insecte aux cheveux violets en s’inclinant respectueusement devant elle.

« On y va, Olistar ? Euh … Je veux pas trop tarder car bon, je ne sais pas comment il va faire sinon ! Euh, enfin bon … enfin, tu veux bien, s’il te plaît ? »

« Bien entendu, princesse Terria. Si vous êtes prête à faire des efforts pour vous excuser, n’est-ce pas logique que de les récompenser ? Suivez-moi. »

Cette fois-ci, ils quittaient le château mais par la sortie officielle. Bien entendu, les gardes furent suspicieux mais la reine Seiry était présente pour leur dire de les laisser passer. Les deux enfants se baladèrent pendant quelques minutes, Terria regardant à gauche et à droite, soucieuse et inquiète, serrant la bourse d’argent contre sa poitrine.

« Je … je dois pas perdre les sous hein ? Il ne faut pas que je les perde. »

« Ne vous en faites pas, si quelqu’un tente quelque chose, il le regrettera amèrement. »

« Je le sais bien mais … s’il te plaît, pas de violence cette fois, d’accord ? »

« Je ne promets rien, cela dépendra de qui entreprendra une action ou non. Mais pour le moment, nous devons trouver un magasin … et donc vérifier pour une foreuse. Cela nécessite un magasin spécialisé, comme vous vous en doutez. »

« Qu’est-ce donc un magasin spécialisé, Olistar ? »

Bon. Visiblement, ce n’était pas vraiment un doute, plutôt le contraire. Il prit une profonde respiration, sans rien dire avant de se diriger vers les quartiers marchands. Mettant correctement la capuche sur le crâne de la jeune fille, il prit sa main avant de regarder autour de lui. Leur mission commençait maintenant.

Une mission ? Car oui, l’adolescent considérait cela comme une mission officielle de la part de la reine Seiry. Il ne fallut guère réellement de temps avant de trouver un magasin spécialisé dans les foreuses et autres outils.

« Qu’est-ce que je peux faire pour vous, jeunes enfants ? »

« Vous n’auriez aucun problème à nous vendre une foreuse si nous avons l’argent nécessaire pour l’acheter, n’est-ce pas ? » demanda aussitôt Olistar, le vendeur haussant un sourcil.

« Ca se passe pas vraiment comme ça si je peux me permettre … Je vends pas à n’importe qui, surtout si ce sont des enfants. Il va me falloir une … »

« C’est pour un cadeau ! C’est un cadeau que je dois faire ! S’il vous plaît ! Il me faudrait une foreuse pour un enfant ! Un enfant Aspicot ! S’il vous plaît ! »

« Un enfant Aspicot ? Mais de quel âge ? Un enfant ? Vraiment ? »

« Il doit avoir mon âge ! Six ans ! Jai les sous, promis ! » s’exclama la princesse avant de sortir sa bourse rebondie, le vendeur haussant encore une fois un sourcil.

« Qu’est-ce que vous faites avec autant d’argent ? Bon, j’ai compris. Me regarde pas comme ça, toi, je vois parfaitement que tu me fusilles actuellement. »

« Une simple mesure de prévention pour éviter quelques ennuis. »

« Tsss, foutu enfant. Bon, suivez moi, d’après ce que tu m’as dit, j’ai plusieurs modèles qui devraiient convenir à cet Aspicot chanceux. »

Chanceux ? C’était une chance que d’avoir une foreuse ? Earnos était exténué et bien jeune pour travailler, non ? En quoi était-ce de la chance ? Elle n’arrivait pas à comprendre les propos de cet homme. C’était où cette chance ?

« Ne vous en faites pas, dites-nous juste les caractéristiques de chaque outil. Sans vouloir le meilleur du meilleur, le plus important reste que cela soit bien à prendre en main. »

« En plus, vous êtes difficiles pour des gamins, je vous jure. »

« Nous voulons simplement quelque chose qui convienne le mieux … Avoir trop est inutile si on ne sait pas s’en servir. »

« Comme tu parles bieeeeeeeen. » s’exclama Terria sous sa capuche alors qu’Olistar disait :

« Je ne fais que ce que j’estime être bon. Le marchandage, j’en ait l’habitude, je préfère alors me méfier des belles paroles et plutôt alors patienter. »

« Bon sang, ça n’a que six-sept ans et ça se prend déjà pour un adulte. J’ai l’impression d’avoir le plus chiant des clients du dernier mois. »

« Est-ce que vous pouvez me montrer tout cela, je vous pries ? » demanda Olistar.

Voilà, une heure plus tard, ils avaient cette foreuse en main. L’homme aurait bien tenté de l’arnaquer, cela n’aurait pas marché. Il fallait juste retourner au lieu de travail d’Earnos. Cela ne fût pas bien difficile tandis que Terria tremblait de tout son corps. Ils pouvaient le voir travailler au loin, seul et isolé. La foreuse qu’il avait en main était pitoyable et pathétique. Avec lenteur, Olistar plaça une main dans le dos de Terria.

« Allez-y, princesse Terria. C’est le moment de montrer que vous avez du courage. Vous en êtes capable, vous pouvez le faire, n’est-ce pas ? »

« Je ne sais pas vraiment, tu ne veux pas le faire ? C’est toi qui … »

« Princesse … Veuillez ne pas m’agacer inutilement, je vous pries. » rétorqua Olistar avant de la pousser un peu en avant. Elle eut un petit cri couvert par la foreuse d’Earnos, se rapprochant inexorablement de lui jusqu’à ce qu’il s’arrête.
Il se retourna vers la jeune enfant encapuchonnée, observant la foreuse entre ses mains avant de pencher la tête sur le côté. Il avait la mine des mauvais jours et demanda :

« Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? C’est une zone interdite, vous savez ? Vous risqueriez d’être blessé. Vous feriez mieux de vous éloigner. »

« Ea … Earnos ! Pour toi ! » s’exclama la jeune fille en dévoilant son visage, gênée et confuse. Aussitôt, un rictus se fit voir sur les lèvres d’Earnos alors qu’il regardait maintenant la foreuse avec dédain. Avec rage, il repoussa la foreuse en s’exclamant :

« C’est quoi ça ?! De la pitié ?! Vous foutez pas de moi et partez ! Je ne veux pas vous revoir ici ! Et reprenez votre foreuse pourrie ! »

« Cela est un cadeau pour réparer nos erreurs, Earnos. »

« TOI AUSSI, TU ES LA ?! » hurla alors Earnos avant de brandir sa foreuse et de l’actionner en direction d’Olistar. Celui-ci ne fût guère impressionné avant de venir récupérer la foreuse que la princesse voulait offrir à Earnos. Il haussa les épaules, se rapprochant de Terria avant de lui dire de revenir, cela ne servait à rien de discuter. Ils reviendront dans quelques jours si nécessaire mais il était hors de question qu’ils abandonnent cette bataille. D’ailleurs, maintenant, il avait réussi à piquer sa curiosité. Cet enfant-Aspicot ne donnait pas l’impression d’être revanchard et matérialiste … quelque chose clochait dans sa réaction.

« Snif … Maman, ça n’a servit à rien du tout. »

« Oh ? Il n’a pas accepté tes excuses ? Vrament ? Mais qu’est-ce que tu lui as dit ? »

« Ben … maman, je lui ait dit que j’étais désolée, que c’était pour m’excuser, me faire pardonner mais il m’a pas vraiment écouté et il était encore plus en colère quand y a eut Olistar, snif … Olistar qui n’a rien fait de mal non plus ! »

« Pardonnez moi reine Seiry, princesse Terria, je dois m’en aller. J’ai quelque chose d’important à faire, j’espère que vous comprendrez ma démarche. Je m’en vais tout de suite. Princesse Terria, ne vous inquiétez pas, ce n’est que passager. »

La mère et la fille le laissèrent partir bien que Terria se demandait ce qui se passait. Rapidement, il avait quitté le château une nouvelle fois pour retourner alors à cet endroit si particulier … l’endroit où Earnos travaillait … encore.

« Il n’est pas ainsi. Ce n’est pas dans son comportement habituel. »

Il se répétait encore et encore cela … sans même se sentir peiné par toute cette histoire. Alors pourquoi est-ce qu’il s’en préoccupait autant ? Quelque chose clochait avec lui ? Mais pourtant, il n’arrivait pas à trouver quoi. Etrange, c’était étrange.

« Mais je finirais bien par trouver pourquoi il se comporte ainsi. »

Fierté personnelle ? Nullement, il n’était pas ainsi. C’était simplement un renseignement, comme il avait l’habitude de vouloir en obtenir. Ce n’était donc pas un mal, loin de là mais est-ce que les gens allaient comprendre cela ?

« De toute façon, comme s’ils avaient à être au courant. »

Voilà la seule réplique qui s’inscrivait dans sa tête. Si cela dérangeait quelqu’un, qu’importe ! Il n’était pas là pour se préoccuper des autres mais seulement de ce qui avait réellement une importance. Et à l’heure actuelle, l’importance résidait dans ce jeune garçon aux cheveux blonds. Qu’est-ce qu’il allait faire après le travail ? Mais aussi, pourquoi … il détestait autant la princesse Terria ? Surtout après une telle excuse de sa part. Earnos avait sûrement compris qu’elle était sincère et confuse … n’importe qui aurait accepté.

Chapitre 6 : Comment faire ?

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 6 : Comment faire ?

« Mais mais mais … Olistar ? Qu’est-ce que je dois faire ? »

« Nous devons rentrer au palais avant qu’il ne soit trop tard. Suivez-moi maintenant … »

« Snif … Snif … Ma foreuse, ma foreuse est cassée. Papa et maman … ils me l’avaient offerte pour mon anniversaire. Snif .. Snif … Ils vont être tristes. »

Mais pas autant que lui. Le garçon aux cheveux violets regardait l’enfant aux cheveux blonds au sol, tentant de récupérer les morceaux de sa foreuse. Elle était brisée, il n’y avait presque aucune chance qu’il arrive à la réparer.

« De base, cet outil est de mauvaise facture. Il se serait rapidement brisé par un choc trop violent. Tu ne perds rien dans le fond. »

« Olistar ? Mais mais … ça ne se dit pas, ça ! Surtout si c’est un cadeau ! » bredouilla la jeune fille aux cheveux blonds, le regardant avec étonnement. Earnos avait relevé son visage, ses yeux complètement vides d’expression alors que ses paumes étaient ouvertes.

« Un simple outil ? C’est un cadeau ! UN CADEAU DE MES PARENTS ! »

Cette fois-ci, il avait vraiment ressenti la colère de l’enfant voire même un peu de haine de sa part. Olistar se retourna vers l’enfant-Aspicot, remarquant alors les deux dards qui sortaient de ses poignets. Par rapport à ceux d’un adulte, ils étaient ridicules mais il n’était pas aveugle, il voyait bien un liquide vert qui suintait au bout des dards.

« Tu veux tenter de m’empoisonner, n’est-ce pas ? »

Alors il vaut mieux prendre ses précautions. D’un geste nonchalant, il fit un pas sur le côté, esquivant les mains d’Earnos avant de le prendre par le bras. D’un petit mouvement du pied, il souleva le corps de l’enfant au-dessus du sien pour le projeter tout simplement sur le sol.

« Et voilà chose faite. Cela devrait normalement te calmer. »

L’enfant blond resta au sol, parfaitement immobile tandis qu’Olistar retournait à côté de la princesse Terria. Celle-ci voulut ouvrir la bouche, bafouillant :

« Oli… Olistar mais … c’était pas de sa faute. Il était en colère et … »

« Non, ce n’était pas de sa faute mais la colère qui l’envahie est peut-être très dangereuse. Par mesure de précaution, j’ai préféré m’en occuper. Maintenant, veuille me suivre, princesse Terria, nous n’avons que trop durer en ce lieu. »

« Sn … Snif … Je me vengerais ! Je me vengerais ! Vous verrez tous les deux ! Princesse ou pas ! Je me vengerais tous les deux ! Je vous le promets ! »

Une promesse de vengeance ? L’enfant violet s’arrêta une nouvelle fois dans ses mouvements. De la vengeance à son âge ? De la vengeance ? Pour un simple objet ? Non … Il valait mieux ne pas trop se concentrer sur ça. Bon, il devait partir avec la princesse Terria.

Quelques heures plus tard, _il se retrouve face à la princesse Terria, au beau milieu des jardins royaux. Celle-ci est assise sur un banc, tremblante de tout son petit être :

« Vraiment ? Dis … Dis … Euh … Tu crois qu’il me pardonnera un jour ? »

« Vous pensez encore à ce qui s’est passé, princesse Terria ? Il n’y a que peu voire aucune chance que vous le revoyez. Ce royaume est gigantesque. »

« Mais si cela doit arriver ! Comment est-ce que je dois réagir ? Snif … Je voulais pas que ça se passe comme ça ! Pourquoi ça s’est passé comme ça, Olistar ? »

« Car vous avez manipulé cet enfant en jouant sur ses sentiments. Cela n’est pas très correct de votre part mais ce qui est fait est fait. Vous ne pouvez pas revenir en arrière. Vous pouvez juste tenter de l’oublier ou tout faire pour réparer le passé. »

« Olistar ? » demanda la jeune fille, un peu soucieuse du ton employé par le Rapion. Celui-ci a la tête baissée en direction du sol, regardant l’herbe verte. Il finit par relever son visage, fixant la jeune princesse aux cheveux blonds avant de dire d’une voix qui se veut calme :

« Oui ? Y a t-il y a un problème ? Qu’est-ce qui se passe ? Est-ce que je dois faire quelque chose pour vous ou non ? Si ce n’est pas le cas, je pense qu’il est bon pour moi de partir. »

« Hein ? Mais tu ne vas pas me laisser seule ! Tu ne vas pas me laisser seule alors qu’il faut que l’on trouve une solution hein ? Hein ? S’il te plaît ! »

« Princesse Terria, vous n’oseriez pas mettre la faute sur ma personne, je l’espère ? »

Le regard violet qu’il posa sur l’enfant la statufia sur place. Elle eut un petit trémolo, reniflant légèrement avant de sangloter. Elle bredouilla :

« Mais mais mais … Je ne sais pas quoi faire moi ! Snif ! »

« Il vous faudra trouver par vous-même. Je ne peux pas toujours être là pour vous. »

« MAIS MAIS MAIS … Olistar ! S’il te plaît ! Je suis sûre que tu as une idée pour m’aider ! »

« Je vous conseille simplement d’en parler avec votre mère. Elle est capable de vous dire quoi faire. Mais pour cela, il vous faudra du courage pour avouer ce que vous avez fait. Et surtout, n’essayez pas de mentir à votre mère. Vous savez parfaitement que ce n’est pas bon. »

« Parler à maman ? Mais mais mais … elle va me gronder ! »

« Et vous pensez que vous ne le méritez pas ? A vous de réfléchir à cela. Maintenant, je dois moi-même aller me laver et ensuite aller en cours. Bonne journée à vous, princesse. »

Elle voulut ouvrir la bouche pour dire quelque chose mais rien ne sortit de ses lèvres. Olistar n’avait aucune pitié pour elle. Elle se savait en faute ! Elle le savait mais ce n’était pas une raison pour se comporter comme ça ! Ca donnait l’impression qu’il n’avait aucun sentiment ! Comme au moment où il avait parlé à Earnos au sujet de sa foreuse.

« Snif … Je vais aller voir maman, elle me dira quoi faire, oui. » se chuchota t-elle avant de se frotter les yeux pour essuyer ses larmes. Elle quitta les jardins royaux, ne remarquant pas le jeune garçon aux cheveux verts adossé contre une colonne. Il s’éloigna à son tour lorsqu’il la vit disparaître dans un couloir.

Finalement, elle se retrouvait devant la porte la chambre royale, gardée par deux soldats insectes. Ces derniers la saluèrent, évitant de commenter les yeux rougis de l’enfant. Elle toqua faiblement à la porte avant de l’entrouvrir, jetant un œil à l’intérieur. La reine Seiry était en train de se faire brosser les cheveux devant un miroir, tournant son visage vers sa fille en voyant son reflet dans le miroir :

« Et bien ? Que se passe t-il ma fille ? Tu sembles avoir vécu des choses éprouvantes. »

« Maman … J’ai peut-être fait une grosse bêtise aujourd’hui … »

« Oh ? Viens donc tout me raconter et en détails. Mesdemoiselles ? Si vous voulez bien me laisser avec ma fille, refermez donc la porte derrière vous. »

« Comme vous le désirez, reine Seiry. Nous viendrons terminer votre coiffure dès que tout cela sera terminé. Si vous le voulez, nous pourrons nous occuper de votre fille aussi. »

« Qu’est-ce que tu en penses, Terria ? Est-ce que tu voudras la même coiffure que maman ? »

« Euh … Ben oui mais après que je t’ai parlé car c’est très important ! »

La reine Seiry fit un petit geste de la main pour leur signaler de quitter la chambre, chose que les femmes insectes firent dan les secondes qui suivèrent. Enfin, la jeune fille plongea sa tête dans la robe de sa mère, recommençant à sangloter.

« Et si tu commençais par le début, qu’est-ce que tu en penses, non ? Ça ne serait pas une mauvaise idée ? D’ailleurs, tu ne serais pas partie hors du château aujourd’hui ? »

« Ben si … enfin … comme d’habitude mais euh … ce n’est pas ça la grosse bêtise ! »

« Oh ? Il y a pire que cela ? Que de t’enfuir sans aucun garde, ma fille ? Je t’écoute alors, que je vois ce que tu veux dire. Où est donc Olistar ? Il était avec toi, n’est-ce pas ? C’est lui qui t’a trouvé, j’imagine non ? Ou alors, est-ce que je me trompes ? »

« Non non ! Maman, tu ne trompes pas du tout, promis ! Mais euh … Comment dire, c’est un peu compliqué, je dois t’avouer ! Mais euh … »

« Alors, dis moi exactement ce qui s’est passé. Qu’as-tu fait après avoir réussie à t’enfuir du château encore une fois ? Je me demande si tu n’aurais pas un passage secret par hasard. »

L’enfant sursauta, regardant sa mère de ses yeux rubis. Com… Comment est-ce qu’elle savait cela ? Pourtant, à part le sourire de la monarque à la chevelure dorée, aucune parole ne vint chercher cette fameuse informations que l’enfant n’aurait eut aucun mal à divulguer.

« Mais bon, ce n’est pas le sujet de la conversation, n’est-ce pas ? »

« Alors maman … Ben, je suis partie me promener du côté des foreurs. Tu sais, ce sont les insectes qui ont de grosses machines dans les mains. »

« Et qui creusent des galeries pour des nouveaux quartiers pour de futurs insectes. »

« Oui mais euh voilà … Je me suis cachée et je suis tombée sur un garçon-insecte ! C’était un Aspicot en fait ! Il a été très gentil avec moi ! »

« Alors ? Quel est le problème ? Tu peux me le dire ? Quel est le nom de ce jeune insecte ? »

« Earnos ! C’est un garçon-Aspicot ! Il était très jeune ! Comme moi en fait ! »

« Un jeune Aspicot … je vois, je vois … mais cela n’explique pas ce qui s’est passé pour que tu considères que ça soit une grosse bêtise, n’est-ce pas ? »

« Ben euh … Alors, je vais te raconter la suite. »

Mais déjà l’enfant n’osait plus lever les yeux, pour regarder sa mère en face à face. Il fallait dire qu’elle était terrorisée ou presque par ce qu’elle allait révéler. Déglutissant, elle prit une profonde respiration malgré son jeune âge … avant de recommencer à pleurer.

« Ma fille ? Je pensais que tu allais me donner la raison. Ne trouves-tu donc pas le courage ? »

C’était de ça dont elle manquait ! Du courage ! Du courage de lui dire la vérité ! Du courage d’affronter les réactions de sa mère après ce qu’elle avait fait ! Voilà tout ! Elle n’était qu’une enfant, il ne fallait pas l’oublier, non plus. Juste une petite enfant de rien du tout. Peut-être une princesse mais … dans des moments comme ça, la royauté n’avait aucune importance.

Chapitre 5 : Forger l’histoire

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 5 : Forger l’histoire

« Princesse Terria ? Ne me forcez donc pas à vous chercher. »

Hum … Huit ans. Cela en faisait maintenant un peu plus de deux ans qu’il était là pour surveiller la princesse Terria. Le souci, c’est qu’elle avait encore disparue. Le souci, c’est qu’elle était devenue bien plus douée dans ses parties de cache-cache.

« Est-ce qu’elle aurait quitté le château ? Si tel est le cas, il vaut mieux que je m’effoce de confirmer cela avant de me mettre en route. »

Un rapide coup d’œil, une course assez folle dans les couloirs, quelques gardes le saluant en lui disant qu’il a encore perdu la princesse de vue. Bien entendu, il essaie d’ignorer d’Holikan qui cherche encore à le provoquer inutilement.

« Humpf. Bon, voilà qui est bien problématique. Si elle a réussi à s’enfuir, le royaume est beaucoup plus grand que cela. Malheureusement pour elle … Je ne suis pas simple à échapper. Elle va bien finir par comprendre son erreur. »

« Ah ? Qu’est-ce que tu fais, Olistar ? Tu quittes le château ? »

« Un petit achat à faire, je reviendrais dans l’heure qui arrive si vous voulez rassurer les autres soldats. Je ne serais donc pas très long. »

« Fais donc, tu tiens généralement tes promesses de toute façon. »

« Je ne vois pas pourquoi j’en ferais si je ne suis pas capable de m’y tenir. »

Les deux soldats haussèrent les épaules avant de le laisser s’échapper, le jeune garçon aux cheveux violets quittant le château pour se mettre à courir à travers les ruelles.

« Elle va devoir comprendre qu’il n’est pas bon d’agacer un Rapion. »

Elle était si facile à trouver … et cela, elle ne s’en rendait pas compte. Une petite Apireine qui voletait dans les ruelles, ça ne passait pas inaperçu. Bien entendu, nul n’osait croire ce qui se passait mais quelqu’un de mal intentionné pouvait la faire souffrir terriblement. Le souci était qu’elle ne s’en rendait guère compte et que cela pouvait finir de façon dramatique. Ah … Il ne peut rien dire de mauvais sur elle, elle veut juste s’amuser.

« Mais son amusement peut lui coûter la vie ! »

Voilà le problème ! Et cela, elle ne le comprends pas. Il doit se dépêcher avant qu’il ne soit trop tard. S’il ne fait pas attention, cela peut devenir très grave. Il ne peut pas se permettre une telle chose. Il ne peut pas laisser cela se produire.

« Je vais devoir la retrouver, elle est peut-être en danger. »

Il ne veut pas se faire de fausses frayeurs mais ne pas prévoir le pire dans une situation comme celle-ci, ça peut résulter par la mort de la princesse. Si cela devait arriver, il valait mieux alors ne plus rien espérer pour la paix entre le royaume et les peuples du désert.

Pourtant, il n’eut guère réellement de mal à la trouver, contrairement à ce qu’il aurait pensé et pour cause : elle était tout simplement devant lui, accompagnée d’un garçon aux cheveux blonds tenant une foreuse. Un rapide coup d’oeil lui fit comprendre qu’il s’agissait d’un Aspicot, l’un de ces insectes devenant dans le futur un Dardargnan.

« Comme le destin est vraiment étrange. »

« Qu’est-ce qu’il raconte ? Bon, euh … reculez, princesse Terria ! »

« D’… D’accord ! » s’exclama la petite fille aux cheveux blonds alors qu’il haussait un œil. Qu’est-ce que cet Aspicot comptait faire ? Se battre contre lui ? Réellement ? Sans vantardise ou prétention, c’était tout simplement de la folie que de vouloir le provoquer.

« Il vaut mieux me rendre la princesse Terria sans combattre. »

« Je ne suis pas du genre à écouter les ordres d’autrui, sauf celui de mon patron ! »

Patron ? Cet enfant était donc bien déjà un jeune travailleur ? A un si jeune âge ? Il avait à peine cinq ans, autant que la princesse Terria. Comment est-ce qu’il pouvait travailler ? Non, c’était stupide de penser de la sorte, vraiment stupide.

« Je ne suis pas mieux que lui en vue de l’âge que j’ai maintenant. »

« Qu’est-ce que tu racontes ? Si tu comptes faire du mal à la princesse Terria, il faudra me passer sur le corps ! Et je te préviens, ça fait des années que je tiens ma foreuse ! Je sais me battre avec ! Tu auras de sacrées surprises ! »

« Cette foreuse ne me semble pas très résistante. »

« Ne raconte pas n’importe quoi et recule ! Je n’hésiterais pas un instant ! »

« Tu risques surtout de te faire mal … je ne veux pas te blesser, jeune Aspicot. »

Ce n’est pas de la prétention ou autre mais cet enfant n’a aucune idée de ce qui se tient en face de lui. D’ailleurs, le plus étrange est peut-être bien le fait que cet enfant ne semble pourtant pas hésitant un seul instant par rapport à la protection de la princesse.

« Tu n’es pas un ennemi, n’est-ce pas ? »

« Je suis l’ennemi de ceux qui tentent de s’en prendre à la princesse Terria ! »

« Tu te trompes d’adversaire. Arrête ceci dès maintenant et je te promets que tu ne souffriras pas si tu décides de t’en prendre à moi. Que comptes-tu faire ? »

« Que tu croies m’impressionner mais je ne tomberais pas dans ce piège. »

Jeune et impétueux, tout le contraire de lui. Il le vit qui commença à courir vers lui à toute allure avant qu’il ne fasse un simple mouvement de la main pour l’esquiver et l’éviter avec une aisance des plus certaines. Il se faisait du mal : qu’il arrête maintenant non ?

« Assez, je ne me répéterais pas une seconde fois. Princesse Terria ? »

« Je … Je … Earnos, fais attention à toi. »

Hum ? Voilà, c’est étrange, très étrange. Elle le connaît mais surtout, le ton indécis de la princesse Terria risque de lui coûter cher, très cher. Est-ce qu’elle finit par s’en rendre compte ou non ? Car il n’en a pas l’impression. Il esquive une nouvelle fois le jeune enfant aux cheveux blonds, faisant un bond sur le côté.

« Stop … Earnos. Je ne veux aucun mal à la princesse Terria et il semblerait que vous non plus. Il vaut mieux éviter les confusions, n’est-ce pas ? »

« ASSEZ ! Ne tente pas de m’avoir par des paroles bizarres ! Si tu parles comme ça, c’est que tu es bizarre ! Je ne tomberais pas dans le piège ! »

Cet enfant n’est pas vraiment une lumière, n’est-ce pas ? Mais pourtant, il y a quelque chose dans son regard ou dans ses gestes qui le rend spécial mais quoi ? Il n’en a aucune idée, c’est peut-être ça qui le dérange dans le fond.

« Bon … Je pense qu’une leçon s’impose visiblement. »

« Qu’est-ce que tu comptes faire ? Je ne peux pas aller à l’école. Tu te vantes en plus d’avoir une éducation par rapport à moi ? Tu es vraiment un monstre. »

L’enfant parle bien pour un Aspicot travailleur. C’est toujours aussi surprenant en soi. Mais pourtant, ça l’embête moins, beaucoup moins. Il doit avoir une bonne éducation de la part de ses parents. Ses parents, cette arme, tout … Humpf.

« Que cela disparaisse en morceaux. »

Une main se pose sur la foreuse en marche, une seconde puis plus rien. L’objet de métal tombe en morceaux au sol tandis que le Rapion fixe l’Aspicot, celui-ci étant interloqué. Olistar regarde ses mains avec lenteur, clignant des yeux :

« Hum ? Ce n’est pas dans mes habitudes pourtant. Je ne me comportes pas de la sorte. »

« Ma foreuse. Ma foreuse … c’est ma foreuse. »

« Je ne voulais pas en venir jusque là mais visiblement, tu ne m’a pas laissé le choix. »

Sa première impression avait été la bonne. Cet enfant n’était pas dangereux, loin de là. Le problème résidait plutôt dans la jeune fille derrière cet Aspicot.

« Princesse Terria, pourquoi avez vous fait cela ? Si vous aviez décidé de l’arrêter, tout aurait put se terminer sans en arriver à cette extrémité, vous le savez ? »

« Je voulais … je voulais juste m’amuser, Olistar. Je ne pensais pas que ça arriverait à ça ! Je te le promets ! Je te le promets vraiment ! Earnos, tu me crois aussi, hein ? Je ne voulais pas que ça se casse ! Olistar, t’es une vraie brute ! Tu as cassé sa foreuses ! »

« Mon cadeau … de papa … mon cadeau … de maman. J’avais promis que j’y ferais attention. J’avais promis de ne pas le casser. J’avais promis … snif. »

Un cadeau de ses parents ? Hum, cela expliquait pourquoi il était en pleurs maintenant. C’était parfaitement compréhensible de sa part de réagir de la sorte. Pourtant, le regard embrumé par les larmes était maintenant furieux.

« Un jeu ? C’était juste un jeu ? Tu trouvais ça amusant ?! »

Il s’était dirigé vers la princesse Terria mais déjà, le Rapion s’était interposé entre eux deux, faisant rempart de son corps. Pourtant, l’enfant continua son chemin en criant :

« TU TROUVAIS CA DRÔLE HEIN ?! DE T’AMUSER GRÂCE AUX MALHEURS DES AUTRES ! SALE APIREINE POURRIE GÂTEE ! »

« Ne compte pas lui faire de mal, tu … »

Ce fut un coup de poing qui vint atteindre le Rapion, celui-ci n’ayant pas pensé un seul instant à ce que l’enfant cherche à le frapper lui mais Terria sous le coup de la colère. Un peu sonné et éberlué, sa tête pencha sur le côté jusqu’à ce qu’il réagisse correctement.

« Remercie ton garde du corps qu’il soit là ! Je ne veux plus jamais te revoir ! »

Comment … avait-il put se faire toucher ainsi ? Est-ce que pendant un court instant, l’enfant en face de lui avait été impossible à lire ? Comment est-ce possible ? Normalement, il devait être capable de se défendre du moindre fait et geste. Surtout de la part d’un Aspicot qui n’avait aucune expérience dans l’art du combat.

« Mais mais mais … Earnos ! Je peux te refaire une foreuse ! Je suis … »

« TAIS-TOI J’AI DIT ! JE NE VEUX PLUS T’ENTENDRE ! »

Pendant qu’il se concentrait, il avait complètement oublié la dispute entre les deux enfants plus jeunes que lui. S’il ne faisait pas attention, cela pouvait très mal se finir. Il valait mieux qu’il reste sur ses gardes au cas où. L’Aspicot pouvait avoir un geste malheureux et regrettable. Il valait mieux alors être sûr.

Chapitre 4 : Le chevalier personnel

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 4 : Le chevalier personnel

« Hum ? Elle a encore décidé de se cacher ? »

Ce n’était pas possible. Est-ce qu’elle avait des ressorts à la place des pieds ? C’était la question qu’il se posait alors qu’il grimpait à une colonne, observant les environs. Ce fût lorsqu’il remarqua un buisson qui bougeait qu’il sauta pour atterrir devant.

« Princesse Terria. Veuillez cessser ces bêtises, je vous prie. »

« Pfff, ce n’est vraiment pas drôle ! Pas drôle du tout ! Tu me retrouve à chaque fois ! »

« Je dois le faire, ce sont les consignes de la reine Seiry, votre mère. » déclara calmement l’insecte bien que cela pouvait paraître plus qu’embêtant.

« Pfff, ma mère, ma mère, je la vois encore moins souvent que toi ! Je sais même pas où elle est ! » déclara encore une voix dans les buissons avant qu’une petite être aux cheveux blonds n’en sorte. Elle se retira les quelques feuilles sur sa robe aux rayures jaunes et noires.

« Ce n’est pas de ma faute, princesse. Que comptez-vous faire aujourd’hui ? »

« La même chose que toutes les après-midi, Olistar ! »

« C’est à dire, princesse ? » murmura Olistar, prenant appui sur ses deux jambes alors que la petite Apitrini avait bourdonner ses ailes avant de décoller dans les airs.

« Tenter de t’échapper ! Héhéhé ! Je suis sûre d’y arriver maintenant ! »

« Je ne crois pas, princesse. Il vaut mieux que vous stoppiez là. »

Un rapide mouvement et voilà qu’il se mit à bondit de colonne en colonne, poursuivant la princesse qui passe en zigzaguant autour des dites colonnes.

« Tu ne m’attraperas jamais ! Nanana ! Non non ! Tu ne m’attraperas pas ! Hahaha ! »

« Je ne suis pas si sûr que cela, princesse. »

Il ne trouvait pas cela forcément drôle mais la princesse s’amusait de cette situation, commençant à voleter à toute allure pour tenter de l’esquiver. Humpf, il ne pouvait pas lui faire du mal et maintenant, les soldats les laissaient passer.
Au départ, ils avaient été très réticents mais maintenant, ils comprenaient que c’était la façon à la princesse Terria de se distraire quand sa mère n’était pas dans les parages. Il fallait dire que voir un Rapion en cet endroit était insolite et inquiétant mais dans le fond, tous s’y étaient fait … tous ou presque. Une voix assez forte cria :

« PRINCESSE TERRIA ! Arrêtez cela tout de suite, je vous prie ! »

La jeune fille aux cheveux blonds et aux yeux rubis s’immobilisa presque aussitôt, marmonnant qu’elle n’avait pas envie de s’arrêter mais elle savait qu’elle n’avait pas le choix.

« Pfff, coucou à toi aussi, Holikan. »

« Princesse Terria, qu’est-ce que j’ai appris de la part des Apitrinis ? Que vous étiez encore en train de courir et de faire une échappée sauvage. »

« Pfff, je sais, je sais Holikan, tu n’as pas besoin de me le rappeler hein ? »

Elle tira la langue légèrement en direction d’un enfant qui devait avoir au grand maximum sept ou sept ans. Cela faisait combien de temps qu’il était auprès de la princesse Terria en tant qu’ambassadeur ? Une bonne année non ? Il se rapprochait lui-même des sept ans et cet enfant Yanma, aux cheveux verts et aux yeux rouges était plus jeune que lui.

« Et je vois que vous êtes encore accompagnée par … ce Rapion. »

« Arrête de l’appeler comme ça ! Il a un prénom comme toi et moi ! Il s’appelle Olistar ! »

« Cela m’importe peu, princesse Terria. Je ne le considère pas comme un membre du royaume des insectes. Maintenant, si vous voulez bien me suivre … »

« Je n’ai pas envie de te suivre et je ne le veux pas … mais j’y suis obligée. Au revoir. »

« Au revoir, princesse Terria, je retourne à mes obligations scolaires. »

« Et toi, n’oublie pas une chose : JE suis le chevalier personnel de la princesse Terria, pas toi ! Est-ce bien compris ? Que ça te rentre dans le crâne ! »

« Nul besoin d’être agressif. J’ai compris ta position de mâle dominant envers la princesse. »

« Hein ? Qu’est-ce que tu racontes ? Enfin bon … Princesse. »

Le jeune garçon se pencha en avant, tendant sa main en direction de la princesse aux cheveux blonds. Celle-ci poussa un soupir avant d’y déposer la sienne, murmurant :

« Si tu peux juste éviter de te mettre en colère juste parce qu’il y a Olistar. »

« Je ne me mets pas en colère inutilement, princesse Terria. Je ne fais que de simples mises en garde pour qu’il comprenne sa position. »

« Sa position fût donnée par la reine Seiry, ma mère. Alors attention à tes paroles. »

Il s’arrêta sur ses gestes, baissant la tête avant de prendre une profonde respiration. Comme la princesse le désirait. Elle avait raison de le mettre en garde. Trop souvent, il laissait place à ses sentiments alors que ce n’était pas une bonne chose. Ce n’était pas ainsi qu’il devait espérer pouvoir réconforter la princesse. Des efforts, il devait faire bon nombre d’efforts pour alors être entendu par elle. Il vint reprendre la parole, lui signalant qu’il allait tout faire pour bien se faire valoir aux yeux de ses parents. Encore une fois, la princesse soupira en levant les yeux au ciel. Olistar les regarda partir, sans chercher à interrompre leur route. De son côté, il allait faire ce qu’il avait dit : aller suivre les cours. Cela lui permettrait alors de mieux comprendre le royaume des insectes … même si certains d’eux étaient très spéciaux.

« Je me demande pourquoi est-ce qu’ils veulent tous la guerre. »

Que ça soit du côté des Rapions et Drascores comme Novon ou alors de ce Holikan. Qu’es-ce que la guerre leur apporterait à part de nombreuses morts ? Est-ce qu’ils se rendaient compte des agissements qu’ils tentaient de produire ? Vouloir la mort était une chose, arriver à l’emmener en était une autre et ça, ils ne voulaient pas comprendre.

« Olistar, veuillez suivre ce cours, je vous prie. La reine Seiry elle même vous a recommandé. J’espère pour vous une concentration maximale. »

« Ne vous inquiétez pas, je vous écoute et j’écris. »

C’était normal que de respecter le peuple où il vivait. Même si la culture était différente de la sienne, ça ne voulait pas dire qu’il devait la refuser. Voilà la différence : Accepter et tolérer les différences des autres. Chose que bon nombre d’insectes ne pouvait pas encore admettre. Chose sur laquelle la reine Seiry travaillait depuis des années.

C’est pour ça qu’il respectait la reine. Pour toute son œuvre, pour tout son travail. Pour tout ce qu’elle a encore à accomplir. Cette femme est l’incarnation même de ce qu’il veut devenir plus tard. Une sorte … d’idole ? Non, il ne devait pas exagérer. Elle était juste une lumière dans cet océan d’obscurité.

« Olistar ! Qu’ai-je dit ? Je veux voir si vous écoutiez ! Répétez mot par mot ce que j’ai prononcé il y a de cela quelques minutes. »

« Les insectes, malgré le royaume qui les héberge, vivent en petites communautés. Ces communautés sont basées sur les différentes espèces d’insectes qui existent dans le royaume. C’est pourquoi mon espèce, comme les Rapions et les Drascores sont exilés du royaume à cause d’une histoire ancestrale liée au royaume. »

« Hum, nous allons dire que c’est à peu près cela. Quelle autre espèce a été exilée ? »

« Le terme « exilée » est incorrect puisque les Libegons et leurs enfants sont partis d’eux-mêmes par rapport à toute cette histoire. »

« Ahem … disons que c’est une version de l’histoire que nulle ne connaît réellement. Je ne sais pas ce que la reine Seiry vous a mis en tête, Olistar. »

« Cela est un récit des anciens Drascores que nos vénérables nous racontent chaque soir parmi tant d’autres. Il y a aussi ceux issus de la haine des Drascores et des Dardargnans. »

« Hmm … Tu sembles bien connaître ton sujet. Est-ce que la reine Seiry est au courant ? »

« Elle ne m’a jamais posé la question mais je pense que non. »

« Intéressant. Je lui en parlerai alors. Les cours sont terminés. Pour demain, je veux que tu m’écrives une page sur ce que tu appelles la fameuse haine des Drascores et des Dardargnans. Tu peux t’en aller maintenant. » déclara la femme insecte, une Dardargnan au regard rubis derrière une paire de lunettes. Le jeune Rapion la salua avant de quitter la pièce.

Alors … d’après ce qu’il avait appris aujourd’hui, c’était encore et toujours un peu d’histoire. Bien entendu, la version du royaume des insectes contredisait celle des Drascores. Il n’y avait aucun doute à ce sujet, pourquoi cela aurait-il changé en fin de compte ?

« La princesse va sur ses cinq ans voire ses six ans. Hum ? »

Et lui-même allait vers ses huit ans. A partir de là, tout ce qu’il avait commencé et préparé pouvait tout changer en un instant. Ah … Elle allait grandir et devenir alors plus intelligente pour tenter de lui échapper. C’est pourquoi il allait devoir se préparer mentalement à tout ce qui allait l’attendre car elle n »allait pas lui laisser une minute de répit. Couché sur le lit de la chambre qu’on lui avait laissé, il regarda le plafond pendant de longues secondes.

« Je ne sais pas si c’est ce que le Vénérable désirait en m’envoyant ici. »

Novon par contre, malgré la lettre mensuelle, continuait de tout faire pour qu’il revienne. Pourquoi est-ce qu’il voulait se forcer à ça ? Ca ne menait à rien, ça ne lui attirerait que des ennuis que de vouloir l’obliger à revenir. Novon lui manquait légèrement. Il avait toujours été là pour lui dans les moments difficiles, depuis … cet instant.

« Je ferais mieux de ne pas me déconcentrer de mon rôle. »

S’il commençait à avoir des pensées absurdes, ça serait alors la première marque de faiblesse … et il ne pouvait pas se le permettre. Les faibles n’avaient pas leur place dans ce monde et cela, il l’avait appris à ses dépends. Les faibles n’avaient aucun avenir prévu pour eux.

Chapitre 3 : Bien jeune pour cela

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 3 : Bien jeune pour cela

« Qu’est-ce que les Rapions et les Drascores ont pensé en nous envoyant ce Rapion ? »

« Il est si jeune ! Il est sûrement à peine sorti des jupes de sa mère ! »

Ne pas bouger. Rester immobile. Le Rapion garde la tête basse, un genou au sol alors qu’il est dans la salle du trône. La reine Seiry et le roi Tanator sont tous les deux déjà présents ainsi que plusieurs généraux et nobles. Les paroles fusent dans tous les sens.

« Allons allons ! S’il vous plaît ! Un peu de calme ! Qui sommes-nous pour juger les Rapions et les Drascores ? S’ils nous envoient ce jeune enfant, c’est qu’ils ont une raison, n’est-ce pas ? Quel est ton nom, jeune Rapion ? »

« Olistar, madame la reine Seiry. »

Il n’avait toujours pas relevé le visage. Ce n’était pas à lui de le faire. Il devait attendre que la reine Seiry lui ordonne de se relever et il le ferait. Cela ne tarda pas puisqu’il entendait maintenant la reine Seiry qui s’avançait doucement en disant :

« Quel âge as-tu, Olistar ? Un Rapion aussi jeune mais pourtant courageux au point de partir de son village natal est surprenant. »

« Cinq ans, bientôt six, madame la reine Seiry. »

« Six ans déjà ? Et si tu décidais de marcher à mes côtés ? J’ai tellement de questions à te poser. Mais d’abord, je veux que tu me montres ce visage. Pardonnes-donc aux nobles de cette cour. Nous manquons parfois d’éducation dans nos propos. »

« Ce n’est pas grave, reine Seiry. »

L’enfant releva enfin son visage, voyant celui de la reine Seiry. Malgré le fait qu’elle avait une trentaine d’années, elle était si belle et radieuse. Une véritable déesse pour les insectes. Il ne pouvait pas le renier. C’était impossible à ignorer.

« Reine Seiry … est-ce que j’ai le droit de marcher à vos côtés ? »

« Pourquoi n’en aurais-tu pas le droit si je te le proposes ? »

« Je ne sais pas, je ne connais pas les mœurs de la cour. »

« Alors, il va falloir les apprendre. Viens donc. Si je te le proposes, c’est bien parce que je suis d’accord pour que tu marches à mes côtés, n’est-ce pas ? »

« Comme vous le désirez, reine Seiry. »

Finalement, il se devait d’accepter la proposition de la reine. S’il refusait, il sentait qu’il se ferait encore plus d’ennemis que maintenant. Et ce n’était pas ce que son peuple voulait. Il se redressa, se tenant droit et fier pour que la reine Seiry n’ait pas honte de lui … ni de son peuple. Que son peuple n’ait pas honte de lui, oui.

« Alors, que sais-tu faire exactement ? »

« Je ne sais pas lire, je ne sais pas écrire. Du moins, je ne connais pas le langage du royaume des insectes donc je ne veux rien promettre, reine Seiry. »

« Hum? Etrange … » murmura la femme aux cheveux blonds, un rubis planté dans son front bien que cela ne semblait guère la faire souffrir. Elle vint s’accroupir devant Olistar, posant ses mains sur ses épaules. « Est-ce que tu peux me répéter cela ? »

Comme elle désirait. Qu’est-ce qu’il y avait de si bizarre dans son langage ? Il ne voyait pas où elle voulait en venir mais puisque c’était la reine Seiry qui lui demandait. Il se répéta avec nonchalance, n’osant pas détourner ses yeux du visage de l’Apireine.

« C’est bien ce que je pensais. Ah … Pauvre enfant. Tu parles comme si tu avais déjà tout d’un adulte. C’est vraiment malheureux. »

« Je ne suis pas malheureux, reine Seiry. Je peux vous le confirmer. »

« Ce n’est pas de cela dont je parle. Bref, continuons à marcher, j’ai temps à parler avec toi. »

« Reine Seiry, est-ce normal que vous soyez auprès de moi ? Ne faut-il pas que vous soyez auprès de votre peuple ? Je ne suis que l’ambassadeur des Rapions et des Drascores. »

« Malheureux, vraiment malheureux. » soupira la monarque en soulevant le Rapion. Celui-ci, surpris, se laissa faire avant qu’elle ne le serre contre son coeur. « Tu es de mon peuple, Olistar. Ne l’oublie jamais. Ce n’est pas parce que certains insectes ne sont pas d’accord avec ce principe que je suis ainsi. »

Chaleur. Cette chaleur … Cela faisait si longtemps qu’il ne l’avait plus ressenti. Il hoqueta d’étonnement mais resta parfaitement immobile alors qu’elle reprenait avec tendresse :

« Tu es un Rapion, tu es un insecte, tu es donc une personne issue de mon peuple, Olistar. La raison de ta présence en ce lieu est que nous allons travailler ensemble pour que tous et toutes puissent le comprendre. Est-ce que tu es là pour m’aider ? »

« Je suis là pour servir le royaume des insectes mais aussi mon peuple. »

Finalement, elle le retira de ses bras, l’enfant poussant un léger soupir avant que la reine Seiry ne pose une main sur son crâne, caressant ses cheveux violets.

« Alors, il est bon que toi et moi restions souvent ensemble. Nous avons beaucoup à faire. Il se peut que tu sois avec moi pour de nombreuses années. Est-ce que tu te sens prêt à cette tâche, Olistar ? A m’accompagner dans tous mes déplacements ? »

« Je suis là pour cela, reine Seiry. Mon devoir est de vous servir. »

« Me servir, me servir … Ah . Oui, c’est cela. Mais je vais éviter que tu deviennes comme quelques nobles de ce royaume. Continuons alors notre marche, j’ai beaucoup à savoir à ce sujet. Il faudra que tu me racontes tout par rapport à ce que tu es, d’accord ? »

Il hocha la tête positivement sans pour autant prendre la parole. Pourquoi est-ce qu’il se sentait épié ? Quelqu’un en voulait à la reine Seiry ? Subitement, il fit un pas sur le côté, tournant sur lui-même avant de se jeter en avant pour s’approcher de l’ombre.

« Que voulez-vous à la reine Seiry ? »

Le dard était déjà apparut dans son dos, au niveau des fesses, dressé et menaçant alors qu’il regardait qui avait osé tenter cela. Il haussa un sourcil en voyant un visage juvénile, d’une enfant encore moins âgée que lui.

« Ma … Maman ! Maman ! »

Qu’est-ce que … Il cligna des yeux. L’enfant aux cheveux blonds devait avoir trois ans au grand maximum. Ses cheveux blonds et sa petite marque rouge sur le front ne laissaient planer aucun doute sur ses origines. Et les sanglots accompagnant la course en direction de la reine Seiry non plus. La princesse du royaume ? Aussitôt, il s’écria :

« Pa … PARDON ! Reine Seiry ! Je ne savais pas ! »

« Allons, allons, ne t’en fait pas. Ce n’est pas grave. Terria ? Terria ? »

« Maman ! Il m’a fait peur, le vilain garçon ! Il m’a fait peur ! »

« C’est fini, ma fille. C’est fini. Olistar, je dois te remercier. » murmura la reine Seiry alors qu’il clignait des yeux. Le remercier ? Pour … Pour quelle raison ? Comment est-ce qu’elle pouvait le remercier après ce qu’il venait de faire. Est-ce qu’elle se moquait de lui ? « J’ai put voir aussitôt à quel point tu étais réactif et prêt à me sauver. »

« Je n’ai fait que ce que je pensais être bon .Rien de plus, reine Seiry. Mais mon excès de zèle m’a emmené à faire une décision irréfléchie. Je devrais être plus prudent néanmoins. »

« C’est le cas, il faut le reconnaître. Néanmoins, tu n’as pas à t’en faire. Je suis sûre que Terria est déjà prête à te pardonner, n’est-ce pas, Terria ? »

« Je … sais pas trop. C’est quoi ton nom ? » demanda la petite fille en regardant Olistar avec de grands yeux rouges, brillant comme la pierre inscrite sur le front de sa mère.

« Olistar, princesse Terria. Je suis l’ambassadeur des Rapions et des Drascores. »

Il s’inclina devant la jeune fille, comme pour expier sa faute mais aussi à cause de son rang. Elle ne comprit pas le geste avant de rigoler faiblement :

« Tu parles bizarrement, Olistar ! On dirait presque une grande personne ! »
Il ne savait pas pourquoi mais il se sentait un peu vexé par les propos de la jeune fille. Enfin bon, elle n’était qu’une enfant et … ah. Voilà le souci en fait. Elle était qu’une enfant mais lui aussi. Elle venait de le lui rappeler. Un peu confus et embêté, il se remit correctement debout pour regarder la reine. Celle-ci semblait maintenant avoir une idée en tête mais laquelle ? Il pencha la tête sur le côté, attendant qu’elle prenne la parole à son tour.

« Oh, je vois, je vois … Soit ! »

Hein ? Juste ça ? La reine allait juste parler de la sorte ? Cela rajoutait à la confusion ambiante mais bon … la jeune fille aux cheveux blonds restait dans les bras de sa mère. Elle semblait parfaitement l’adorer.

« Au moins, l’amour familial est présent. » murmura t-il à voix basse, la reine se tournant vers lui comme pour savoir de quoi il parlait.

Le sourire sur les lèvres de cette dernière resta figé pendant un long moment. L’idée qu’elle venait d’avoir lui semblait parfaite ! Néanmoins, le problème allait être de convaincre une autre personne à ce sujet. Hum …

« Je vais devoir vous laisser les enfants. Olistar ? »

« Oui, reine Seiry ? Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? »

« Est-ce que tu peux rester auprè de ma petite fille adorée pendant que je retourne à mes obligations ? Je pense que cela l’occupera et puis, ça sera ta façon de te faire pardonner. Qu’est-ce que tu en dis ? Est-ce que tu te sens capable de cette tâche ? »

« Je l’accomplirais sans faillir, reine Seiry. »

Il posa sa main sur son coeur, la jeune fille aux cheveux blonds le regardant étrangement, clignant des yeux comme pour se demander ce qui se passait exactement. Enfin, avec son jeune âge, elle ne savait pas trop mais bon, sa mère venait de lui dire de rester aux côtés de ce garçon plus grand qu’elle.

Chapitre 2 : Refus de le voir partir

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 2 : Refus de le voir partir

« Olistar ! Olistar ! Je peux savoir ce que tu as décidé de faire ?! »

« Oh ? Tu es là ? On t’a déjà mis au courant non ? Je ne devrais pas me répéter. »

« Mais mais mais … T’es super jeune ! C’est juste n’importe quoi ! Pourquoi est-ce qu’ils t’envoient là-bas ? C’est pas normal ! T’as à peine cinq ans ! Peut-etre six ! »

« Car j’ai gagné le tournoi auquel tu as décidé de ne pas participer, c’est tout. Enfin, la mêlée générale, rien de plus, rien de moins. »

« Mais … pourquoi tu as accepté ça ? Est-ce que je dois te rappeler ce que le royaume des insectes a fait aux Rapions et aux Drascores ? Mais surtout à nous ? »


L’enfant aux cheveux violets pose son regard sur l’autre qui lui fait face. Bien plus grand que lui, il doit avoir une dizaine d’années alors que ses cheveux de même couleur sont plaqués sur son visage, une mèche cachant son œil gauche.

« Je me le rappelle parfaitement. C’est pour cela que je vais là-bas. Pour éviter que les erreurs du passé ne se reproduisent dans l’avenir. »

« Mais tu n’es … tu n’as que cinq ans ! Juste cinq ans ! Rien de plus ! Rien de moins ! Pourquoi est-ce que tu n’acceptes pas ça ? Ce n’est pas à toi de le faire ! »

Les yeux violets de l’enfant se posent sur celui du garçon plus grand que lui Ils le toisent avec lenteur, comme pour tenter de le cerner avant que l’enfant ne soupire. Il se retourna pour reprendre la route, chuchotant :

« Ma décision est prise. Nul ne pourra m’en empêcher, Novon. »

« Mais tu .. Je vais en parler avec le chef du village. Ça sera bien plus facile de le convaincre que c’est juste complètement stupide et bête ! Un enfant de cinq ans ! »

« Il ne t’écoutera pas. Je pars dans la soirée normalement. »

« RAAAAAAAH ! » s’exclama le Rapion âgé de dix ans alors qu’Olistar haussait les épaules. Novon était son principal ami dans le village. Il fallait dire que tous les deux avaient quelque chose en commun mais … cela, il avait préféré le mettre de côté. Ce n’était pas très intéressant et dans le fond, ça n’aurait mené à rien. Il n’avait plus le temps pour ces sottises.

« Je dois me préparer … quelques affaires. »

Quelques affaires. Rien que cette idée a de quoi faire sourire. Le tout fût facilement mis dans un baluchon alors qu’il quittait sa petite demeure. Près de la sortie du village, il attendait, il attendait, encore et encore. Mais au bout de deux heures, Novon était revenu, en colère.

« Le chef du village et le vénérable n’ont pas voulu m’écouter ! »

« Ce n’est pas étonnant. Tu n’as pas participé à cette mêlée générale. »

« Mais réfléchis un peu, Olistar ! Tu seras loin de tout le monde, loin de moi ! »

« Ce n’est pas comme si j’avais quelqu’un à qui je tiens, Novon, à part toi. »

« Si tu tiens à moi, pourquoi est-ce que tu ne m’écoutes pas ? C’est de la folie ! Aller au royaume des insectes ne te créera que des problèmes, rien de plus ! Ils ne méritent pas que l’on se déplace pour eux ! Il vaut mieux tous les éradiquer ! »

« Tu racontes encore des choses déplaisantes, tu ne t’en rends pas compte. »

« Je m’en rend plus que compte, justement ! C’est pour ça que je tente de t’arrêter ! Pour que tu ne fasses pas de bêtises ! Ils ne nous accepteront jamais et même si la plupart des Rapions veulent la paix, il ne faut pas oublier tout ce qui s’est passé ! »

« Ta haine t’aveugle, Novon. S’il te plaît, laisses-moi tranquille. Je partirais, que tu le veuilles ou non, ma décision est prise et je ne comptes pas revenir en arrière. »

« Tu es un imbécile. Tu ne comprends pas à quel point tu fais souffrir les autres. »

Souffrir les autres ? Il ne s’en rendait jamais compte. Pour lui, rien ne lui importait. Rester dans ce village ne le dérangeait pas … mais en même temps, le quitter non plus. Voilà tout, c’était aussi simple que cela et il ne voyait rien d’autre.

« Maintenant que tu as terminé, est-ce que tu peux partir ? J’attends ceux qui vont m’emmener. Je n’ai pas que … »

« Est-ce que tu pourras au moins essayer de m’écrire de temps à autre ? Que je tentes de te convaincre par les mots puisque je n’y arrive pas avec la parole. »

« Il me faudra apprendre l’écriture donc … oui. »

« Alors bon voyage même si je n’accepte pas que tu partes. » déclara finalement le Rapion avant de s’éloigner sans plus de conversation entre eux.

C’est fini ? Il abandonnait enfin ? Le garçon poussa un soupir, fermant les yeux. Il commençait à avoir froid. Pourtant, il ne dormait pas. Quelques heures passèrent et enfin, on chercha à le réveiller mais dès l’instant où la main s’approcha, ses yeux s’ouvrirent :

« Nous pouvons y aller dès maintenant, je vous attendais. »

« Tu es bien pressé. Tu sais que ce voyage sera très long ? Peut-être d’un ou deux mois ? »

« Je le sais, le vénérable m’a prévenu à ce sujet. »

« Et tu n’as que ça comme objets personnels à prendre? » demanda l’un des Drascores en regardant le baluchon avec étonnement. « Tu sais que tu risques de partir pour quelques années hein ? Tu reverras personne. »

« Ce n’est pas grave. Est-ce que nous pouvons y aller dès maintenant ? »

« Tu es bien pressé … rien ne t’oblige à aller aussi vite. »

Pourtant, l’enfant prend les devants par rapport aux deux Drascores. Ce n’est même pas de l’entrain qui est peint sur son visage, rien du tout. Il avance juste plus vite que les deux hommes qui se mettent en route.

Ils marchèrent, marchèrent, marchèrent … et cela sans interruption. L’enfant aux cheveux violets ne semblait pas vouloir s’arrêter et ce furent les deux adultes qui demandèrent une pause, reprenant leur souffle tout en disant :

« Hey mais t’es … intenable en fait, non ? »

« Pourquoi dites-vous cela ? Nous n’avons fait qu’une partie du voyage. »

« Qu’une partie du voyage, oui. Nous sommes loin, très loin d’être arrivé. Nous devons ménager ton corps, tu n’es qu’un enfant. »

« Je peux encore marcher quelques heures. Je n’ai guère faim aussi. Vous ne devriez pas vous préoccuper trop de ma personne. Je peux encore me déplacer. »

« Mais pas nous. Laisses-nous souffler une dizaine de minutes, peut-être une heure en fin de compte et nous reprendrons alors la route. »

« Comme vous le désirez. » déclara l’enfant avant de chercher un rocher. Il s’y installe derrière, en plein ombre avant de fermer les yeux, bras croisés. Il semblait s’être endormi bien rapidement car au bout de cinq minutes, son corps se soulève légèrement.

« J’y crois pas. Il fanfaronne mais c’est le premier qui s’endort. »

« Ca reste un enfant hein ? Bon, par contre, les prochaines fois, faudra le forcer à faire une pause. Sinon, il ne tiendra jamais ces prochaines semaines. »

« Quand même, quelle idée que de prendre un enfant aussi jeune Je sais bien que … »

Le premier Drascore intima au second de fermer la bouche et de ne rien dire. Difficile d’ignorer que l’enfant ne dormait pas. Il avait légèrement tressaillit en attendant la suite de la conversation, chose qui n’arrive pas.

Quelques heures plus tard, les revoilà en route. Cette fois-ci, l’enfant avait décidé de rester non-loin des deux adultes. Ces derniers n’avaient aucun problème à le nourrir et le faire boire, lui montrant comment s’abreuver par rapport aux Cactus. Il n’avait fallut que quelques minutes pour que l’enfant comprenne exactement faire.

« Mais tu n’es pas un petit prodige par hasard ? Enfin, ça expliquerait pourquoi le vénérable te confie cette mission. » déclara l’un des deux Drascores tandis que le Rapion ne répondit pas, regardant uniquement devant lui comme si de rien n’était. Il ne voulait pas chercher la confrontation et il n’allait pas le faire. Ce mois allait paraître long pour les deux hommes, très longs, surtout que l’enfant n’était pas des plus éloquents ou souriants. Mais voilà, cela avait toujours été ainsi depuis des années.

« Nou y voilà ! Les portes du royaume des insectes ! Nous avons normalement prévenu par un Ninjask que nous arrivions ! Tu as bien tenu le coup. Par contre, lorsque tu seras là-bas, essaies alors de manger un peu, ça te fera du bien. Tu es chétif et ridicule. »

« Je verrais cela … tant que je reste en pleine forme. »

« Allez, bonne route et ne t’en fait pas, des Ninjasks nous font réceptionner les lettres que tu nous envois et inversement. Malgré la haine et le dégoût du royaume des insectes envers notre peuple et inversement, les Ninjasks sont toujours là pour transmettre le courrier. »

S’ils le disaient. Il les regarda partir sans aucune parole, haussant simplement les épaules alors qu’il se dirigerait vers les deux gardes. Ouvrant son baluchon, il en sortit un bout de papier, portant le sceau royal : un petit visage souriant avec un triangle rouge sur le haut intérieur du visage. Le tout était entouré par un hexagone.

« C’est donc toi le futur ambassadeur des Rapions et des Drascores ? Ben bon sang, ils les prennent au berceau. Suis-nous, on va t’emmener jusqu’à la Reine Seiry. »

Chapitre 1 : Au beau milieu du désert

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 1 : Au beau milieu du désert

« Aujourd’hui est le jour où nous déciderons celui ou celle qui deviendra l’ambassadeur des Rapions et des Drascores pour le royaume des insectes. Sachez une chose : cette tâche ne sera pas aisée et bien que vous n’êtes que des enfants, il vous sera demandé des tâches normalement difficiles, même pour des adulte. »

Nul ne répondait au vieil homme aux cheveux violets. La mine usée par le poids des années, il regardait la dizaine d’enfants qui se trouvait en face de lui, reprenant la parole :

« Nous ne ferons pas de tournoi. Cela est beaucoup trop basique. Non, nous allons faire tout simplement une mêlée générale. Vous pourrez alors affronter qui vous le désirez, vous allier ou non et ainsi voir lequel d’entre vous survira à cette affrontement. Survivre est un bien grand mot, n’est-ce pas ? N’ayez pas peur, vous ne devez pas tuer vos adversaires. »

Quelques Rapions poussèrent un soupir de soulagement avant que chacun ne prenne place dans ce qui ressemblait à un cercle tout ce qu’il y avait de plus basique. L’âge moyen devait tourner aux environs de huit ans pour aller de cinq à douze ans au grand maximum.

« Vous pouvez commencer le combat … MAINTENANT ! »

Bien que le combat avait débuté, aucun Rapion ne fît de mouvement. Chaque enfant observait les autres, attendant que l’un d’entre eux débute les hostilités. Chose facile et raisonnable, nul ne voulait perdre le combat en premier.

« Puisque c’est comme ça, j’y vais, moi ! J’ai pas peur ! »

Un Rapion d’une dizaine d’années, les cheveux hirsutes, se jeta sur celui qu se trouvait à côté de lui, l’un des plus jeunes. L’enfant fit un pas sur le côté, donnant un croche-pattes pour faire s’écrouler son adversaire. Comme ce n’était pas suffisant, sa queue de Rapion, bien que petite et minuscule se planta dans le dos de son adversaire.

« Et voilà ! Un en moins ! Le poison va faire son effet ! »

« Il en faudra plus que ça pour tenter de m’empoisonner ! Tu vas voir ! »

Le carnage avait tout simplement débuté. Lorsque l’enfant d’une dizaine d’années s’était relevé, chacun avait déjà son adversaire choisie. La bataille venait de commencer ! Chaque Rapion cherchait à en affronter un, les plus petits se liguant ensemble s’il le fallait mais chacun faisait attention à ses alentours.

« Ils sont prometteurs. C’est vraiment une belle et future génération. »

« Où est donc Olistar parmi eux ? Je n’arrive pas à remarquer Olistar. »

« Par ici, tu peux facilement le trouver non ? Celui avec le dard un peu plus épais que les autres. Regarde donc un peu mieux, tu finiras par le trouver. »

Mais le plus simple était de voir tout simplement le jeune Rapion qui arrivait à se défaire de ses adversaires sans réellement se fatiguer. Car oui, cette mêlée était plus que ça, bien plus.

Oui, le Rapion, l’un des plus jeunes, se déplaçait avec aisance et agilité, esquivant les attaques de ses confrères et consœurs, n’ayant aucune difficulté pour repousser ses adversaires sans réellement s’épuiser. Après une vingtaine de minutes, il ne restait plus que trois Rapions. Chacun représentait une tranche d’âge : Le plus jeune âgé de cinq ou six ans, celui qui devait en avoir neuf et enfin le plus vieux du groupe avec une douzaine d’années.

« Laissez-vous faire tous les deux. Vous ne pourrez pas survivre hors du désert. »

« Ça, c’est à nous d’en juger, pas vrai, Olistar ? » dit le Rapion d’environ neuf ans.

« Cela m’indiffère légèrement, sans plus, dira t-on. Je ne suis pas vraiment inquiet à ce sujet. Mais ne perdons pas de temps, s’il n’y a pas de vainqueur d’ici dix minutes, aucun d’entre nous ne sera qualifié et ce n’est pas ce que nous voulons non ? »

« Toujours à parler ainsi alors que tu es le plus jeune du groupe hein ? Mais t’en fait pas ! HEY ! On y va à deux, tu en penses quoi ? »

« Hors de question ! Je me méfies de toi autant que d’Olistar ! Je suis pas bête ! »

L’enfant aux cheveux violets haussa les épaules comme pour montrer que ça ne le dérangeait pas qu’ils s’y mettent à deux contre lui. Pourtant, ce ne fut que l’enfant d’une douzaine d’années qui arriva en sa direction, aveuglant celui de neuf ans avec du sac. Le plus jeune des Rapion vint décocher un coup de pied dans la mâchoire avant que sa queue ne se plante dans le cou du Rapion d’une douzaine d’années. Sans plus attendre, il donna un coup de pied pour l’envoyer au loin mais surtout hors du cercle.

« Je me doutes que le poison ne serait pas assez efficace. Mesure de précaution. Maintenant pour ton cas, qu’est-ce que tu veux faire ? » s’adressa Olistar en direction du dernier Rapion encore conscient, celui-ci hochant la tête négativement.

« J’ai aucune chance hein ? C’est bien ça, Olistar ? Tu peux me le dire hein ? »

« Tu as tes chances si tu te débrouilles bien. Tout le monde a ses chances, il faut juste réussir à les attraper. Tu peux venir, je combattrais sérieusement contre toi. »

Il s’était mis en position d’attaque, sa queue de Rapion frappant le sol avec ferveur. Pourtant, l’enfant de neuf ans en face de lui hocha une nouvelle fois la tête négativement. Avec lenteur, il se dirigea hors du cercle jusqu’à ce que le vieux Drascore ne déclare :

« Ce combat est terminé ! Mes félicitations, Olistar. Te voilà devenu alors notre ambassadeur pour le royaume des insectes. Tu peux aller te reposer, tu l’as bien mérité. »

« Je ne comprends pas pourquoi il a abandonné maintenant. »

« Car il connaissait sa propre force et volonté. Il sait qu’il ne pouvait rien faire contre la tienne. Allez, je vais réveiller tes petits camarades. Tu n’as pas à t’en faire, tu ne partiras pas dans la journée qui vient mais sûrement le mois prochain. D’ici là, tu as de quoi te préparer mentalement à quitter le village. » compléta le vieil homme avant de s’éloigner, permettant au Rapion de faire de même de son côté. Il allait rentrer chez lui.

« Qu’est-ce que je vais me faire ce soir ? »

Pénétrant dans ce qui ressemblait à un igloo fait de pierre, il n’y avait alors qu’une seule et unique pièce. Assez spacieuse, il y avait de quoi vivre pour une seule personne, ce qu’il était. Il s’installa sur le lit fait de feuilles et de plumes tout en regardant le plafond.

« Ambassadeur des Rapions et des Drascores, n’est-ce pas ? »

C’était ce qu’il était devenu. C’était donc très important et merveilleux, n’est-ce pas ? Il avait accomplit quelque chose d’aussi important tout en étant seul. Seul, voilà ce qu’il était exactement, il était seul, tout simplement et rien d’autre. Tout simplement seul, sans que l’on ne lui pose de questions. Personne ne lui posait de questions.

« C’est comme ça. Demain, je verrais ce que je dois faire. »

Demain, oui. Il ferma les yeux, sombrant dans le sommeil en même temps que son ventre grondait, signe d’une absence de nourriture à l’intérieur de son estomac. Qu’importe qu’il grognait, il ne lui donnerait rien à manger.

Le lendemain matin, il se réveilla avant même que le soleil ne se lève. Il voyait l’aurore et cela était suffisant pour lui. S’étirant hors de son lit, il baissa les yeux, regardant son ventre pendant quelques secondes. Il valait mieux le nourrir maintenant.

« Sinon, il risque de me dé … »

« Ah ! Olistar ! Déjà debout ? Le vénérable du village voulait te parler ! »

« J’arrive tout de … » commença à dire Olistar alors que son ventre s’était mis à geindre de douleur. Le Rapion qui était venu le chercher eut un petit sourire avant de reprendre :

« Et il paraîtrait que ça soit le petit déjeuner est servi là-ba, pour le vénérable et son invité. »

« Je ne veux pas devoir quelque chose … Mais je ne peux pas être en retard. Je vous accompagne maintenant, il vaut mieux. »

Le Rapion adulte rigola légèrement, incitant alors Olistar à l’accompagner, ce qu’il fit. Les deux personnes marchèrent pendant quelques minutes dans le village, l’aube se levant peu à peu à l’ouest, Olistar l’observant pendant quelques secondes.

« J’espère que tu nous écriras souvent quand tu seras là-bas. »

« Il vous faudra vous tenir au courant au sujet de nos relations avec le royaume des insectes, c’est alors ce que j’accomplirais sans férir. »

« Tu n’es pas obligé de parler ainsi. Tu n’as que cinq ans, ne l’oublie pas, d’accord ? »

« L’âge n’a rien à avoir par rapport à tout cela, loin de là. » répondit Olistar avec neutralité, continuant de regarder le soleil pendant de longues secondes avant que l’homme ne lui rappelle d’avancer pour retrouver le vénérable du village.

Voilà, ils se retrouvaient maintenant dans un salon. Assis sur une chaise, Olistar attendait poliment la suite alors que le Rapion était parti. Quelques instants après, le vieil homme qui avait présidé au combat se présenta en face d’Olistar, disant :

« Te voilà donc … Je voulais parler avec toi de ce qui t’attendait. »

« Je suis prêt pour cela. Vous n’avez pas d’inquiétude à avoir. Je vous enverrais des écrits une fois par semaine. J’apprendrais l’écriture et la lecture du royaume des insectes. »

« Tu sais, elle n’est pas si différente que la nôtre. Tu partirais d’ici la fin de la semaine, je vais te donner quelques recommandations. »

Et voilà, pendant quelques longus heures, Olistar s’était mis à écouter le vénérable du village. Aucun mot, aucune parole, aucune phrase ne fût oubliée. C’était des choses qu’il devait encore inscrire dans sa mémoire car lorsqu’il partirait du village, qui sait ce qui l’attendrait ? Qui sait s’il allait revenir ou non ? Seul l’avenir le lui dira.

Chapitre 54 : Envisager autre chose

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 54 : Envisager autre chose

« Bon sang, Tery ! Allez, remotives-toi un peu ! »

Ils étaient tous les trois en train de marcher dans les ruelles pour retourner à l’auberge. Il savait qu’il allait se faire crier dessus par Elen pour être parti comme ça mais voilà, il était prêt à l’affronter après ce qu’il venait d’apprendre.

« Mais tu vas arrêter de faire cette tête, Tery ? »

« Manelena, je viens d’apprendre une chose horrible que je risque de faire si je ne sais pas me contrôler. Comment est-ce que je dois le prendre alors ? Je ne veux surtout pas faire de mal à Elise, à toi, Elen, Royan, Clari et aux autres. Mais voilà, qu’est-ce que je dois faire ? Je dois passer à côté, c’est ça ? Je dois ignorer ce que j’ai appris ? »

« Tery. Ah … T’es usant. Est-ce que tu te considères trop faible d’esprit pour pouvoir lutter contre ce que tu es ? Si tel est le cas, dis-le moi tout de suite et je te tues sur place. »

La main déjà mise sur la garde de son épée, elle fixait maintenant Tery de ses yeux rouges tandis qu’il déglutissait difficilement. Non, elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait rien du tout. Elle n’avait jamais rien compris de toute façon. Non, il était méchant, il ne devait pas penser ça, pas du tout. Pas du tout.

« Mais merde ! Il vaut mieux pour toi que tu me répondes ! Viens par là ! » s’exclama la femme aux cheveux argentés avant de venir le forcer à passer sous son bras pour qu’elle puisse y coincer la tête du jeune homme.

« Aie ! Mais Manelena, tu vas me faire mal ! Arrête s’il te plaît, je ne suis pas d’humeur. »

« Et moi non plus donc tu ne bouges pas si tu ne veux pas que je t’assommes, d’accord ? »

Il poussa un petit soupir avant de se laisser faire.Deux minutes après, il était toujours dans la même position mais l’étreinte était moins forte. Il se sentait presque protégé par Manelena tandis qu’il ne remarquait pas les regards portés sur eux, rapidement détournés dès que Manelena se mettait à grogner.

« Il faudra peut-être le relâcher, Manelena. Nous sommes proches de l’auberge. »

« Ce n’est pas faux. J’ai pas envie qu’elle me hurle dessus non plus bien que cela ne m’effraie guère. Chien qui aboie ne mord pas. »

Le jeune homme pût enfin retirer sa tête, se remettant bien droit malgré l’air maussade toujours présent sur son visage. Pfff ! Qu’il continue de bouder, ça n’allait rien arranger, voilà tout. Mais non, il ne boudait pas. GRUMPF ! Elle plaça une main sur le bras droit de Tery, le forçant une nouvelle fois à venir se coller à elle, tête posée sur son épaule.

« Ca se voit que tu n’as pas vécu pendant des années avec les horreurs de la guerre, Tery. »

« De base … je … je n’étais pas vraiment partant pour l’armée, Manelena. Pas du tout. Je ne voulais pas. Enfin, je voulais juste que ça soit paisible, rien de plus. »

« HEY ! Mais qu’est-ce que vous faites tous les deux ? »

Elen était rapidement sortie de l’auberge en ayant entendu leurs voix. Elise tenta de prendre la parole mais Manelena repoussa Tery pour l’envoyer sur Elen avant de dire :

« Occupes-toi de lui, il en a bien besoin. Il t’expliquera la situation, j’imagine. »

« Hein ? Comment ça ? Tery ? Tu ne vas pas bien ? Attends un peu. Qu’est-ce qui s’est passé ? Manelena ?! Elise ? Elise ? Toi aussi ? »

Manelena était la seule à aller bien et encore, Elen avait remarqué que quelque chose clochait. Même … Manelena n’allait pas vraiment bien. Tery était dans les bras de la demoiselle aux cheveux blonds, celle-ci le regardant, prenant son visage à deux mains.

« Tery ? Qu’est-ce que vous avez fait tous ensemble ? Tery ? »

« Elen, je … suis un Démon. Tu le sais hein ? Tu sais que je le suis hein ? »

« Bien entendu, pourquoi est-ce que tu me dis ça ? Ne t’en fait pas, il n’y a aucun problème. Ça ne me dérange pas vraiment, Tery. Tu es ce que tu es mais je t’aime. »

« Même si je … Elen … » murmura le jeune homme avant de se rapprocher d’elle, collant sa bouche près de son oreille pour lui chuchoter : « Même si je suis issu d’une race portée sur le cannibalisme ? Que peut-être un jour, j’irais dévorer d’autres démons pour me renforcer ? »

« Hein ? Qu’est-ce que tu racontes ? Tery ? »

Elle l’avait légèrement repoussé mais elle remarqua aussitôt les larmes à ses yeux. Ce n’est pas tout, les tremblements présents dans le corps de Tery montrent parfaitement son effroi à l’heure actuelle. Ou alors sa tristesse.

« Tery? On va à l’intérieur ? On va en parler avec tout le monde. »

Il finit par hocher la tête positivement, se laissant emmener par Elen jusqu’à la table où se trouvaient déjà les autres. Il les salua d’un petit geste de la tête avant de pousser un profond soupir, regardant tout le monde.

« Hmm, mon petit Tery ne va pas franchement bien. C’est à cause de Manelena ? »

« Non non, Clari, ce n’est pas du tout le cas. Pas du tout. Hmm, euh … Elise ? Tu peux parler à ma place s’il te plaît ? Je n’ai pas … vraiment la force, je t’avoue. »

« Moi non plus mais je vais essayer, Tery. Par où je débute ? Par Ernold ? »

Voilà que la jeune demoiselle aux cheveux auburn commençait maintenant à prendre la parole. Elle expliquait qu’elle avait décidé de suivre Tery avec Manelena pour voir où il allait quand ils étaient juste tous les trois debout. Elle racontait tout depuis le début, la rencontre avec Ernold, la colère de Manelena puis … l’historie avec les Démons. Le jeune homme se braqua à ce moment, baissant les yeux et la tête, Elise faisant de même de son côté.

« Je … C’est confirmé tout ça ? » demanda Clari après un long silence. Elle avait complètement perdu son sourire tandis que Tery murmurait d’une petite voix :

« Il semblerait … je ne vois pas pourquoi est-ce que le grand archimage mentirait . Il nous a montré plusieurs livres et voilà … enfin voilà … »

« Je peux le confirmer. J’ai put y jeter un œil aussi. Mais voilà … Bon, Tery. »

« Oui ? Manelena ? Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda faiblement le jeune homme aux cheveux bruns, n’osant pas relever la tête.

Elle frappa du poing sur la table avant de se redresser, soulevant Tery par le col pour le fixer de ses yeux rouges. Aussitôt, Elen se releva à son tour mais n’osa pas l’interrompre. Personne n’osait la stopper, tous encore sous le choc. Même Sérest et Séran étaient silencieux.

« N’oublie pas une chose : ce n’est pas parce que tu es issu de cette race que tu vas être forcé de faire comme elle. Si tu as la force de lutter, tu n’auras pas à t’inquiéter à ce sujet, d’accord ? Alors maintenant, ce que tu vas faire, c’est lutter contre ça et tout se passera bien. Depuis combien de temps tu as découvert ce que tu étais ? Est-ce que tu as déjà ressenti ce besoin par rapport à Elise ? Non ? »

« N… Non. Jamais, j’étais juste focalisé sur mon adversaire. Je n’ai jamais eut … faim. »

« Et Elise ? Pareil pour toi non ? » demanda Manelena en relachant Tery, Elise faisant un petit hochement de la tête faiblard comme pour confirmer qu’elle aussi n’avait pas ressenti ça. Ce n’était pas du tout son intention, loin de là.

« Je ne penses pas que … je tenterais cela. Je ne veux pas que cela arrive. »

« Alors, le problème est réglé maintenant d’accord ? Arrêtez de vous compliquer la vie et tout ira pour le mieux. Ce que vous avez appris vous choque, soit, mais n’oubliez pas tout le reste et ça sera parfait, d’accord ? »

Manelena qui commençait à parler ainsi. Tous l’écoutèrent avant qu’elle ne finisse par se rasseoir. Finalement, le silence recommença à planer jusqu’à ce qu’elle décide de reprendre :

« Parlons d’autre chose maintenant, d’accord ? Peut-être de notre futur objectif ? »

« Notre futur objectif ? De quoi exactement Manelena ? De quoi est-ce que tu parles ? »

« Du dernier monstre légendaire, l’aigle bicéphale, bien entendu. »

« C’est vrai qu’il reste lui dont on doit s’occuper. Bon ben, parlons-en ? Il faut se rendre à Claudiska pour ça non ? C’est bien là-bas qu’il se trouverait ? »

Tery cherchait maintenant à communiquer avec la femme aux cheveux argentés. Bon, d’après ce qu’elle avait dit, ils avaient beaucoup à faire, vraiment beaucoup. Mais ça, ils n’avaient malheureusement pas beaucoup d’informations à ce sujet. Peut-être qu’ils devaient se rendre à la bibliothèque d’Omnosmos pour se renseigner ?

« C’est quoi déjà son nom ? Trozeral, c’est ça ? » demanda Clari tandis qu’Elen répondait :

« C’est exactement ça son nom. Mais bon, à part que normalement, c’est la créature gardienne de Claudiska et qu’elle ressemble à un aigle à deux têtes, nous n’avons aucune indication. »

« Nous devrions tous nous rendre à la bibliothèque, non ? Tery ? »

« Je pense que c’est une bonne idée … pour oublier un peu, oui. »

Il ne semblait pas réellement convaincu de la manœuvre mais vu son émotion actuelle, il valait mieux ne pas trop en demander. Il poussa un profond soupir avant de placer une main sur son front, se frottant ensuite les yeux pendant quelques secondes.

« J’ai l’air vraiment pathétique maintenant. Nous pouvons y aller, il n’y a pas de problèmes. »

« Ca ne change pas par rapport à d’habitude, ne t’inquiète pas sur ce point, Tery. » déclara Manelena alors qu’il tentait un faible sourire.

Tous quittèrent la table avant de se mettre en route vers la bibliothèque/ Le jeune homme aux cheveux bruns était devant le reste du groupe, Elen à ses côtés. Clari, Elise et Royan étaient derrière eux tandis que Sérest et Séran fermaient la marche. Seule Manelena était bien éloignée du reste du groupe sans aucune explication, les bras croisés.

« Sur quoi est-ce que je suis tombé ? Je me le demandes des fois … »

Pourtant, cela ne la dérangeait pas. Elle ne pouvait pas nier l’intérêt constant qu’elle avait pour ce groupe. Même si souvent, il y avait beaucoup de problèmes et surtout qu’ils en causaient de plus en plus mais … ces personnes … Ses yeux se posèrent sur le dos de Tery. Elle voyait son corps légèrement penché en avant, comme exténué et lassé par les événements. Elle savait parfaitement de quoi il s’agissait.

Il ne s’en remettait que peu voire pas … de toute cette histoire. Des démons mangeant d’autres démons. Le cannibalisme parmis les animaux, cela existait. Pareil pour les insectes quand on y réfléchissait bien avec les mantes religieuses. Mais chez des êtres humains ? Est-ce que l’on pouvait vraiment appeler Tery un être humain ?

… … … Absurde. Elle s’immobilisa, laissant les autres prendre de l’avance. De toute façon, personne n’avait remarqué qu’elle n’était pas au beau milieu du groupe. Pourquoi est-ce qu’elle pensait ça ? Car elle était inquiète pour Tery … ou pour ce qu’il était ? Un démon ? Un être monstrueux, dont la puissance pouvait devenir dévastatrice dans le futur ? Est-ce que depuis le départ, ce n’était pas ce qu’ils étaient en train de faire ?

Elle n’en savait rien, rien du tout ! Elle ne s’était pas posé la question et voilà où tout cela la menait ! Maintenant, avec ces idioties, elle était perturbée ! Grumpf. Elle accéléra le rythme pour rattraper les autres. Elle verrait en temps et en heure. Pour le moment, la seule chose qui comptait, c’était Tery et Elise. A partir de là, s’ils pouvaient évacuer cette sombre nouvelle pour penser à autre chose, elle le ferait.

« Je me ramollis, je crois … C’est désespérant. »

C’était un constat effroyable qu’elle chercha à dissiper lorsqu’ils arrivèrent devant la bibliothèque. Là-bas, ce fût Périk qui vit les accueillir avec un grand sourire :

« Je ne vous attendais plus ! Surtout avec les événements du Colisée. Bravo à vous deux, Tery et Manelena. Je n’étais pas présent. Moi comme ma femme, ne sommes pas vraiment … intéressés par ce genre de choses, je dois l’avouer. »

« Moi non plus à la base mais les événements ont fait que … enfin voilà. »

« N’en dit pas plus, Tery. Alors, qu’est-ce qui vous emmène en ce lieu ? Expliquez-moi tout pendant que vous me suivez, ça sera bien plus simple. »

« Nous voudrions des renseignements sur Trozereal. »

Le vieil homme s’immobilisa à ce nom, se tournant vers eux pour demander :

« Est-ce que vous savez exactement ce que vous me questionner ? »

« A part le fait qu’il s’agit d’une créature légendaire qui normalement régit sur Claudiska, non, pas vraiment, je dois l’avouer. » répondit Tery Vanian.

« Suivez-moi donc, je vais vous trouver ces fameux livres. »

« Où est donc madame Jésiana ? Je ne la vois pas. » questionna Elen, regardant autour d’elle pour remarquer que la dame d’un certain âge n’était pas présente.

« Elle est assez fatiguée et exténuée depuis hier. Vous savez, elle s’est tenue au courant au sujet du combat dans le Colisée. Elle était morte d’inquiétude mais ne lui répétez pas cela. Vous savez ce que sont les femmes fortes, n’est-ce pas ? Elles ne veulent pas que l’on sache qu’elles ont un coeur en or au final. »

« Je vois parfaitement de quoi vous voulez parler et ne vous en faites pas, le silence sera bien gardé aussi, je vous le promets. »

Tery avait fait un petit sourire, chose qui rassurait Elen. Avoir des nouvelles de Jésiana et Périk lui faisait un bien assez fou, il fallait le reconnaître. Tery reprit la parole :

« Mais au moins, si vous pouvez lui passer le bonjour de ma part, qu’elle sache que nous étions là et surtout qu’elle aille mieux car bon, ça me rend un peu triste de ne pas la voir. Je ne sais pas, je pense que j’ai l’habitude à ce sujet … un peu trop. »

« Cela sera fait, Tery, cela sera fait. Maintenant, si nous allions donc vers la section des œuvres oubliées, là où vous désirez avoir des informations précises, non ? »

« S’il vous plaît. » compléta le jeune homme aux cheveux bruns.

« Suivez-moi alors, tout sera bien plus simple. » termina Périk en faisant un petit geste de la main. Tout le groupe se mit en mouvement tandis que Tery regardait les livres, prenant une profonde respiration. C’était tellement plus plaisant que le Colisée.

« Voilà, nous sommes dans la fameuse section où normalement peu de personnes sont autorisées. Disons que les ouvrages sont très rares. »

« C’est vrai qu’ils sont très anciens d’après ce que je peux remarquer. C’est plutôt impressionnant et étonnant … vraiment. »

« Je me doutais que cela te plairait, Tery. Tu sais, quand tu travaillais ici avec Manelena en attendant que le reste de ton groupe revienne, j’ai compris que tu avais une certaine attirance assez « brute » pour les livres. Comme si tu avais un retard à combler. »

« Disons que … bien je n’ai jamais vraiment suivi des cours quand j’étais jeune, ma mère a tout fait pour m’apprendre les bases et autres à la maison .De toute façon, je n’avais pas vraiment le choix. C’était soit ça, soit je risquais d’en baver. »

« Hahaha, elle semble être une femme formidable. Mais de ce que tu me racontais, vous n’êtes pas une famille de villageois tout ce qu’il y a de plus normal ? »

« Si si, enfin, normal, vu ce que je … enfin bon ! » commença à bredouiller Tery.

« Je trouve cela un peu étrange qu’une mère de famille dans un village soit capable de donner une éducation aussi importante à son fils. Et tu me parlais de ses pouvoirs aussi. »

« Je ne me suis jamais réellement posé la question, je dois l’avouer. Ce n’est pas si grave que cela non ? Monsieur Périk ? On retourne sur le sujet principal ? »

« C’est le cas, pardonnes-moi Tery de t’avoir retenu de la sorte. Je vais corriger cette erreur dès maintenant. Accompagnez-moi, je sais le livre qu’il vous faut. »

Malgré son âge avancé, le vieil homme se déplaça avec vélocité vers une rangée de livres, la fixant pendant quelques secondes avant de lever les yeux vers les rangées supérieures. Il poussa un petit soupir, fixant visiblement un livre en hauteur.

« Est-ce que vous voulez de l’aide pour le récupérer, messire Perik ? »

« Tery, voyons bon, tu n’oublies pas une petite chose ? » signala Périk avant de pointer du doigt en direction du livre. Même si la ligne était infime, Tery remarqua la couleur verte avant qu’un léger courant d’air ne fasse retirer le livre de la rangée jusqu’à ce qu’il retombe tout doucement dans les mains du vieil homme.

« Oups. C’est vrai que la magie peut être très utile dans des situations communes. Hahaha. »

Il passa une main derrière son crâne, visiblement un peu gêné de ne pas y avoir pensé plus tôt. Le vieil homme lui fit un sourire avant de lui tendre le livre :

« Lisez donc cela pour le moment. Je vais chercher d’autres ouvrages sur le sujet mais je pense que celui-ci est déjà assez important. Normalement, vous devriez avoir les bases grâce à tout cela, d’accord ? »

« Merci pour tout, monsieur Périk. Nous allons commencer la lecture dès maintenant ! »

S’installant à une table, le jeune homme ouvrit le livre avant de lever un sourcil. Ah ben ça commençait bien, des gravures ressemblant à celles de la double porte de la tour des archimages étaient présentes dès la première page du livre. Sous chaque gravure, cela parlait d’une des créatures légendaires et de l’élément lié.

« Bon, jusque là, rien de nouveau. »

« Oui et non, regardes la gravure de l’aigle bicéphale, tu n’a pas vu le nom donné dessous ? »

« Le monarque des cieux ? C’est un joli terme mais à part ça, Manelena, il y a quoi ? »

« Regardes bien, tu comprendras plus rapidement alors. Le monarque … et observe alors le nom utilisé pour les autres, tu ne vois pas ? »

Qu’est-ce qu’il devait voir ? Il cligna des yeux pendant quelques secondes avant d’ouvrir la bouche comme pour s’exclamer. Néanmoins, aucun son n’en sortit et ce fut Elise qui vint dire d’une voix enjouée :

« N’est-ce pas là pour déclarer que cet aigle est le monarque des autres ? »

« Je pense que c’est ça aussi ! Une sorte de chef par rapport aux autres ! »

Clari avait répondu à la suite d’Elise sur un ton enjoué tandis que tous acquiesçaient d’un mouvement de tête. La femme ailée sembla songeuse, murmurant :

« Hum … En un sens, ce jugement n’est pas mauvais. Peut-être est-ce par ce qu’il est introuvable actuellement que l’on peut le considérer comme le souverain des créatures légendaires et donc logiquement le plus dangereux d’entre eux. »

« On ne l’a pas trouvé ? Il n’est pas à Claudiska comme le voudrait la logique ? » demanda Tery sur un ton un peu étonné, la femme ailée hochant négativement la tête.

« D’après les informations récupérées de part et d’autre, ce n’est pas le cas. Mais bon, le mieux sera de chercher par nous-même. Peut-être qu’il nous attend, tout simplement. »

« Nous attendre ? Car nous sommes les responsables de la mort de ses sujets ? » demanda une nouvelle fois Tery tandis que Séran déclarait :

« Un peu de ça, oui ! Mais bon, nous le savions, non ? Que cela allait nous retomber dessus un jour ou l’autre, ce n’est pas comme si nous avions à être surpris, au final. »

« Ce n’est pas faux. Voyons voir ce que les autres livres ont à nous donner. »

Le jeune homme aux cheveux bruns était toujours assis sur une chaise, les autres personnes autour de lui comme pour former un petit cocon. Au loin, une vieille femme observait ce petit groupe avec neutralité, une main ridée se posant sur son épaule, Perik lui disant :

« Tu vois bien qu’il est en bonne santé. Tu n’avais pas à t’en faire tant que ça non ? Et si tu allais les saluer ? Tery était inquiet à ton sujet, autant que toi envers lui. »