Chapitre 78 : Déesses
« Juperus… Juperus ? Déesse ? »
Il s’approchait d’elle, tentant de passer une main sur sa joue mais son corps était déjà froid. Comment ça avait put se produire… aussi rapidement ? Il n’arrivait pas à comprendre. Il était sûr que ce n’était pas des deux maîtres qui étaient responsables d’une telle chose mais pourquoi ? Pourquoi avoir décidé d’une telle chose ?!
« Laisse la se reposer en paix, Xano. »
« Certaines blessures restent ouvertes pendant des millénaires voir plus. »
« C’est le cas de Juperus. Elle ne pouvait pas supporter la vérité. »
« La vérité n’est pas toujours bonne à dire, Xano. Rappelle toi de ça. »
« Je… Je m’en rappellerais mais… Attendez ! »
Il se retourna rapidement, intimant aux quatre Reines de venir derrière lui, chose qu’elles firent. Il ne devait pas oublier qu’ils étaient leurs ennemis. En plus, ils étaient déjà salement blessés donc le combat allait être plus simple ! Il suffisait simplement de…
« Nous n’avons pas réussi à juger réellement votre puissance. C’est vraiment dommage… »
« C’est bête… mais c’est ainsi que ça se passera. Nous n’avons pas pu les juger. »
« Qu’est-ce que vous voulez dire ? »
« Vous pouvez passer si vous le désirez… mais pas dans vos états. Bon… Palars ? »
« Fais le donc. Mais tu vas t’épuiser encore plus. »
« Qu’importe. Il vaut mieux que tous soient en parfait état. »
Diarès s’était redressé, un léger sourire aux lèvres alors que Xano protégeait Tyrania de son corps. Il ne pouvait pas être à quatre endroits en même temps ! Diarès ferma ses yeux noirs et rouges alors qu’il… se sentait mieux ? Comme si… Non mais attendez un peu ! Ce n’était pas exact ! Les blessures de Palars et Diarès se refermaient ! Mais les leurs aussi ?!
« Un petit passage dans le temps pour nos corps et tout cela ne s’est jamais passé. »
« Mais alors ? Juperus ? Elle… »
« Non… Je ne peux pas faire revenir en arrière les personnes qui sont déjà mortes. »
Il évita de montrer sa déconfiture bien qu’il ne comprenait pas vraiment ce qu’il pouvait faire maintenant. Diarès et Palars venaient de le soigner mais Juperus était morte. Encore une fois, qu’importe ce qui se passait… Il ne comprenait rien… Enfin… SI ! Il savait ce qui venait de se passer ! Il savait ce qu’il avait à faire !
« Qu’allez vous faire maintenant ? Vous voulez que l’on recommence à se battre ? »
« Ca ne sert à rien… Et nous n’avons pas de temps à perdre. »
« Vous pouvez passer si vous le désirez mais… Ne partez pas sans les quatre âmes. »
« Ce sont les âmes… de Ryusuke, Clemona et Juperus mais cette sphère blanche, c’est… qui ? Je ne la connais pas. »
Un léger malaise s’installa dans le groupe de Xano alors que Diarès et Palars ne parlaient pas. En y regardant de plus près, cette sphère blanche tournoyait autour de Luna alors que les autres restaient dans les airs sans bouger. Luna tendit la main droite, la sphère blanche se posant dessus comme si cela devait être comme ça.
« Elle est blanche… comme ma tenue ? »
« Est-ce que ces âmes ont un rapport avec elles ? »
Xano venait de s’adresser à Palars et à Diarès, les deux hommes le regardant en hochant la tête d’un air positif. Ce fut Palars qui lui répondit d’une voix lente :
« Ces âmes leurs permettront d’être l’égal de nous. Elles deviendront donc des êtres se rapprochant du statut de Giradès ou Juperus sans réellement l’atteindre. »
« Ce n’est pas vraiment correct… mais… »
« Oui… Je me suis mal exprimé. Dans le cas de l’âme de Juperus, Tyrania possédera la puissance équivalente de… »
« Ah ! Je vais donc pouvoir l’écraser ce foutu Malar ! On sera deux comme ça, Xano ! Il était temps qu’on lui règle son compte ! »
« Réceptionnez maintenant ces âmes en vous. »
Les quatre femmes acquiescèrent de la tête : La sphère rouge se présenta devant Nelya avant de se faire absorber par cette dernière. Du côté de Shala, ce fut la sphère brune. Du coin de Tyrania, c’était la sphère argentée alors qu’enfin… Luna avalait la sphère blanche avant de s’écrouler à genoux, en se mettant à sangloter. Tout de suite, Xano s’alarma et s’approcha d’elle pour voir ce qui se passait.
« Elle vient de comprendre. »
« La vérité est toujours très dure à avaler. »
« Xa… Xano… Xano ! »
Elle alla s’effondrer dans ses bras en se mettant à pleurer à chaudes larmes. Qu’est-ce qu’il y avait ?! Elle pensait qu’elle avait eut un gros problème… Enfin, c’était quand même un gros problème là hein ?! Elle pleurait alors qu’il ne savait pas la raison.
« Xano ! Cette… Cette sphère… »
« Qu’est-ce qu’il y a, Luna ? Raconte moi. »
« C’est Maman ! Maman est morte ! »
Il tiqua subitement, déglutissant avec mal. Teli… La Reine Teli était donc morte… Elle aussi… Toujours des morts… De leurs côtés ! Il n’y avait que ça ! Il n’y avait que des morts de leurs côtés ! Depuis le début, tout le monde mourait. Que ça soit leurs proches, leurs amis et… Est-ce qu’Oria et les autres étaient morts ?!
« Comment… c’est possible ? Qu’est-ce qui s’est passé ? »
« Je ne sens plus la présence de Lucate et Hosol. Je pense donc qu’elle a du les emporter avec elle avant de mourir. Ce n’était pas les humains qui auraient été capables d’une telle chose. »
« Venir à bout de deux Cavaliers à elle seule. Quand même… Normalement, nous étions à peine moins forts que Juperus qui était une véritable déesse. »
« Cela voudrait donc dire qu’elle a réussi à éliminer deux personnes aussi fortes que nous… Enfin presque… Alors qu’elle était une fausse déesse. »
« Tu devrais être plutôt fière de ta mère, Luna, princesse des insectes. »
Luna renifla bruyamment, tentant de sécher ses larmes alors que les trois autres Reines discutaient entre elles. Elles se sentaient si fortes… et puissantes ! Mais c’était encore plus visible dans le cas de Tyrania ! Xano serrait la jeune femme aux franges blanches contre lui, lui frottant le dos avec tendresse.
« Ce n’est pas ça… qui la fera revenir. »
« On va trouver le dieu ori… »
Il s’arrêta subitement : Le Dieu Originel avait disparu et donc… avec tout ça… Tout s’effondrait. Il n’allait pas pouvoir faire revenir Gigana et les autres filles… Il n’allait pas pouvoir faire revenir la reine Teli, Clemona et les autres. Il… Il… venait de perdre une grande partie de confiance en quelques instants.
« Xano… Ca ne fait rien… Snif… Je dois être plus forte… »
« Mais c’est moi… Pfff… Désolé. Je ne suis pas mieux. »
« Mais si… mais si ! Tu te fais du souci pour nous et pour moi aussi. Je vais me montrer forte pour que Maman soit fière de moi !
Oh… Qu’elle était forte, réellement très forte. Même si cela n’avait duré que quelques minutes, elle avait déjà arrêté de pleurer. Lorsque quelqu’un perdait un parent proche, cela durait plusieurs heures voir jours, mais elle… Elle avait déjà arrêté car elle savait que la situation ne s’y prêtait pas. Elle se releva, aidant le jeune homme à faire de même.
« Êtes vous prêts ? Vous pouvez passer la porte maintenant. »
« Derrière elle se trouve Giradès… ou plutôt Malar. »
« Nous serons cinq contre lui, il ne pourra rien faire ! »
« Ce n’est pas de lui qu’il faut s’inquiéter. Au final… Ce n’est que la partie humaine. »
« Ce n’est qu’une enveloppe de chair et de sang. Celle dont vous devez vous inquiéter, c’est ce qui vit en lui, ce qui le possède. »
« Il sait que nous parlons avec vous. Il le sait très bien même. »
« Mais cela ne le dérange pas. Son plan est bientôt terminé. »
« Fais donc attention, DornRek. Tu es à l’origine de ce plan. »
« Si tu penses vraiment que tu ne peux avoir aucune chance… Evite de rester en vie. »
Eviter de rester en vie ? Il allait lui poser une question mais un grincement se fit entendre alors que la double porte de pierre noire s’ouvrait peu à peu devant leurs yeux. C’était donc là… que Malar se trouvait. Tyrania ne savait pas pourquoi mais elle avait légèrement peur… Alors qu’elle savait bien que maintenant, il n’allait rien pouvoir faire contre elle dorénavant ! Une main se posa sur son épaule, Xano lui fit un petit sourire.
« On va aller venger celui qui a tué nos parents. »
« Celui qui est responsable de toute notre souffrance. »
« Celui qui est à l’origine de tout ce mal subi depuis toutes ces années. »
« Celui contre qui le peuple des insectes aurait du se lever. »
Seule Nelya ne s’était pas exprimée alors que les quatre autres membres s’étaient réunis. La jeune femme aux cheveux bleus ne semblait pas plus émotive qu’auparavant, comme si tout cela ne la concernait pas. En y réfléchissant, qu’est-ce qu’elle avait perdu ? Rien du tout. Pourquoi devait-elle se battre ? Elle n’avait pas de véritables raisons à part la prophétie… prophétie qui n’était que du vent au final. Xano quitta les trois autres femmes, s’approchant d’elle avant de lui dire d’un air légèrement gêné :
« Ca ne va pas, Nelya ? Tu ne veux pas balancer une petite phrase ? »
« Pourquoi cela, Xano ? Malar ne m’a rien tué. Je n’ai pas perdu de personnes. J’ai quitté de mon plein gré le clan Yogenmi et sous cette forme, je ne pourrais jamais y revenir. Après que ça soit terminé, je n’aurais pas d’endroit à retourner. »
Elle marquait un point, c’était vrai. Mais bon… Elle pouvait quand même montrer un peu plus d’enthousiasme non ? Depuis qu’il la connaissait, elle n’avait pas véritablement changé. Enfin non… Il savait ce qu’elle était réellement, c’était déjà beaucoup.
« Je devrais plutôt remercier Malar. »
« Co…Comment ça ?! »
« Sans lui, sans cette prophétie, je n’aurais jamais pu vous connaître… et te connaître. »
Pffff ! Il fut subitement pris d’une bouffée de chaleur. Lorsqu’elle s’exprimait ainsi, c’était déjà tellement rare que c’en était étonnant, mais chacune de ses phrases était tendre et délicate dès qu’il s’agissait des sentiments. Elle était vraiment… spéciale.
« Je suis désolée de t’avoir dit cela juste avant que l’on parte combattre Malar. »
« Cette phrase restera ancrée en moi et me donnera la force. C’est tout ce qu’il me fallait de ta part ! Tu vois quand tu le veux… »
« Si c’est cela qui te fait plaisir, j’ai donc dit une phrase satisfaisante. »
Et la voilà replongée dans son habituelle neutralité. C’était vraiment… dommage qu’une telle femme ne soit pas capable de s’exprimer plus ouvertement. Elle débordait… d’amour mais d’une façon non-érotique. Elle était vraiment…
« Qu’est-ce que tu fais, Xano ?! »
« Hein ? Que ? De quoi ? »
Tyrania fronçait les sourcils, légèrement enragée alors qu’il comprenait ce qui se passait. Il venait de caresser la joue de Nelya en passant sa main dans ses cheveux bleus. La jeune femme s’était laissée faire, fermant les yeux, heureuse et apaisée. Il retira subitement sa main alors qu’elle rouvrait ses yeux, s’avançant sans rien dire vers le reste du groupe. Elle se présenta en face de Tyrania, la regardant pendant cinq secondes. Elle se dirigea ensuite vers la double porte, se mettant devant l’entrebâillement en attendant que le reste du groupe vienne à son tour.
« Je peux savoir ce que tu lui as fait ? »
« Est-ce que tu vas te mettre en colère ? »
« Suivant ce que tu diras… Ca se pourrait. »
« Elle m’a dit qu’elle était heureuse de m’avoir connu grâce à Malar, voilà tout. Ce n’est pas vraiment toi qui me dirais de si jolies phrases. »
Il lui fit un grand sourire en lui passant une main dans ses cheveux dorés. La jeune femme rougie légèrement de honte alors qu’il revenait vers Luna et Shala, leur demandant d’aller rejoindre Nelya. Il avait encore à parler avec Diarès et Palars. Il se présenta devant eux, Tyrania venant le rejoindre alors qu’il reprenait :
« Qu’allez vous faire, maîtres ? »
« Nous n’allons rien faire. Nous allons être simplement témoins de l’ultime bataille. »
« Nous ne serons que spectateurs… sans regarder. Nous sommes là pour surveiller cette double porte. Il y a peu de chance que quelqu’un soit capable de venir vous rejoindre. »
« Mais néanmoins, ce n’est pas impossible et nous devrons alors l’arrêter. »
« Ne faites pas trop de zèle, d’accord ? »
« Tu n’as pas à nous dire une telle chose. »
« Nous ne sommes pas tes amis. Nous sommes simplement là en tant que gardiens. »
Des gardiens ? Ah ! Quels gardiens remarquables ! Ils laissaient passer leurs adversaires alors qu’ils étaient encore en vie. Il s’inclina respectueusement devant ses deux maîtres, demandant à Tyrania de le suivre. Finalement, les cinq personnes étaient réunies dans l’entrebâillement de la double porte et il salua une dernière fois ses deux maîtres. La double porte se referma derrière eux, le vide revenant dans le couloir où se trouvait Diarès et Palars.
« Tu penses qu’ils arriveront à l’arrêter ? »
« Il y a peu de chances. »
« Cela fait tellement de temps qu’elle attendait ce moment. »
« Cette double trahison est sa force. »
« Elle est devenue si différente de Juperus. »
« Elle n’a plus rien à avoir avec l’ancienne Giradès. »
« Dire que tout cela a été lancé à cause d’une histoire stupide. »
« Vraiment très stupide. »
Les deux hommes poussèrent des légers soupirs, observant la gigantesque double porte noire. Celle-ci était à nouveau fermée et nul ne pouvait y accéder sans passer par eux mais qui ? Qui arriverait jusqu’ici et se présenterait devant eux ?
« Ils ne seront que cinq… contre elle. »
« Peut-être qu’ils arriveront à éliminer ce corps humain. »
« Si ils arrivent à comprendre comment il fonctionne. »
Ils se repositionnèrent correctement devant la double porte. Maintenant, tout allait être lancé. Derrière elle… se trouvait Malar et plus précisément Giradès. Cette femme qui était la sœur de Juperus… Celle qui était à l’origine de la disparition de Charkrowos. Celle qui avait crée tant de désastres et tuée tant de personnes. Oui… Giradès allait bientôt se présenter à DornRek et ses quatre Reines. C’était la dernière étape.