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Chapitre 42 : Utilisation interdite

ShiroiRyu
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Chapitre 42 : Utilisation interdite

Voilà … Tous les haut-gradés s’étaient réunis dans la tente du roi pour discuter entre eux des récents évènements. Lui ? Et bien, il était dans sa tente, essayant de se concentrer sur le livre golémique qu’il avait en main. C’était bien plus difficile qu’il ne le croyait. Après ce qui s’était passé avec la maréchale, il était assez … perturbé.

«  Hum ? Tery ! Tery ! Devine qui c’est ! » cria une voix féminine alors que la jeune femme aux cheveux blonds se présentait à l’intérieur de la tente, un sourire aux lèvres.

« Clari … Bonjour, qu’est-ce que tu fais là ? » demanda-t-il avec calme alors qu’elle continuait de lui sourire. Elle lui répondit :

« Je viens occuper tes journées trop monotones … Je suis sûre que tu dois être triste que la maréchale soit occupée, n’est-ce pas ? Tu ne me feras pas croire que ça te laisse indifférent de toute façon ! Ça se voit parfaitement qu’entre elle et toi, y a un truc. »

« Dommage que ce ne sont que des paroles en l’air, sans aucun argument ou autre … Car si tu avais réellement cherché, tu saurais que ce n’est pas du tout le cas. Je n’ai fait que soigner ses blessures car j’estimais que c’était normal après ce qui s’est passé lorsque je suis parti en exploration avec elle en direction des mékalarmiens. »

« Exploration avec elle … Qu’est-ce qui s’est passé ? Dis-moi tout ! Dis-moi tout ! »

« T’es pire qu’une commère ! » s’écria le jeune homme alors qu’il rougissait faiblement. Clari s’était tout simplement jetée sur lui ou presque.

« Mais aller ! Raconte un petit peu à ta meilleure amie qui soit, Tery ! » dit-elle avec entrain alors qu’il cherchait à s’enfuir. Non et non ! Ca ne concernait que lui et la maréchale ce qui s’était passé avec la scène de la branche trop grosse qui lui était tombé sur le crâne.

« Je n’ai pas envie d’en parler … Tu sais, je peux aussi avoir un peu d’intimité hein ? Ce n’est pas un luxe qui appartient à tous les autres. »

« Hum … Je ne sais pas trop … C’est juste que je trouve ça tellement … surprenant et mignon en même temps ! Tu ne peux pas comprendre comme ça me plaît tellement ce que tu me dis. Enfin, après, vous ne faites plus rien pour vous cacher. Je me demande même comment les autres généraux réagissent à tout ça. »

« C’est du domaine de la vie privée. Ils n’ont même pas à s’en mêler de cette histoire à la base. » marmonna le jeune homme aux cheveux bruns.

« Si seulement c’était aussi simple que ça. Car bon, en apparence, la maréchale est quand même effroyable, Tery … Et là, dès que tu es dans les parages, c’est tout le contraire. »

« Hum ? Hein ? Faudrait quand même pas exagérer, elle est toujours aussi impressionnante et inquiétante, la maréchale, même quand je suis là. C’est quand même un peu … »

Clari le fixa longuement de ses yeux verts pour bien lui montrer qu’elle ne croyait pas un traitre mot de ce qu’il disait. M’enfin, quand même … C’était exagéré non ? La maréchale n’était pas à ce point différente avec lui. Même si … Il aurait bien aimé dans le fond.

Ou alors peut-être que si ? Enfin, qu’importe, ce n’était pas très important … même si dans le fond, ça l’était quand même un peu. RAHHHHH ! Pourquoi est-ce qu’il était aussi perturbé par tout ça hein ? Pourquoi ? RAHHH ! C’était encore de la faute à Clari ! Qu’est-ce qu’elle pouvait faire sans cesse pour le parasiter hein ? Même pas le temps de souffler !

Ailleurs, dans la tente du roi, celui-ci était en réunion avec tous ses généraux et la maréchale. Tous se trouvaient autour d’une table pour une seule et même raison : la débâcle qui avait emmené à la cuisante défaite contre l’armée de Mékalarma. Le roi fut le premier à prendre la parole, disant sur un ton qui se voulait calme :

« Pouvez-vous m’expliquer pourquoi l’armée de Shunter s’est lancé dans un combat qui semblait gagné d’avance ? Ne dit-on pas que la précipitation est l’ennemie de la raison et de la victoire ? Vous avez été trop prétentieux et nous avons perdu une partie de nos effectifs. De même, j’ai entendu de nombreux soldats me dire que l’un d’entre eux les avait prévenus que le terrain était piégé et que l’armée ennemie semblait préparer quelque chose. »

« Tery Vanian. » répondit la maréchale alors que toutes les têtes se tournaient vers elle : « Il fut celui qui a montré les pièges des mékarlarmiens avant que notre armée ne se fasse avoir. De même, il est celui qui a demandé à l’un des hauts-gradés de prévenir les soldats de reculer avant qu’ils ne tombent dans le piège … mais il s’avère que certains n’ont guère pris ses paroles en importance. En dépit de ses apparences, Tery Vanian a certaines capacités … insoupçonnées même par lui-même. »

« Est-ce pour cela qu’il est toujours à vos côtés ? Nous ne pouvons guère prendre en considération vos propos le concernant, maréchale. » dit l’un des généraux, un petit sourire ironique aux lèvres avant que la femme en armure noire ne place son regard rubis sur lui.

« Il possède les lignes d’Alzar et est capable de les contrôler. Cela, vous devriez le savoir depuis déjà assez longtemps, n’est-ce pas ? » rétorqua la maréchale. Pourtant, de nombreux murmures se firent entendre alors que le roi toussotait. « Visiblement, ça ne semble pas être le cas pour une majorité d’entre vous. Tery Vanian est l’un de nos atouts dans cette guerre. Sa puissance est telle que vous tous réunis n’avez sûrement aucune chance de pouvoir le battre s’il est sérieux. Néanmoins, ce n’est justement pas le cas et il est encore un peu trop … brut. C’est pourquoi je m’occupe de son cas pour le forger de telle façon qu’il puisse nous être utile pour les futures années à venir. Avec lui à nos côtés, notre armée s’en retrouvera renforcée. »

« Merci bien pour vos paroles … maréchale. » annonça le roi, signalant par là qu’il coupait court à la petite conversation entre la maréchale et les autres membres présents.

« Comme vous le désirez, roi Theor. » murmura la maréchale.

« Ce Tery Vanian … en dépit du fait qu’il soit issu du bas peuple, qu’il n’a pas l’étoffe d’un grand soldat, semble avoir quelques capacités qui pourraient sauver les vies de nos soldats Dorénavant, essayez de prendre en compte ces paroles sur le moment si elles vous semblent un tant soit peu rationnelles et posées. De même, je vous demande à tous de mettre votre égo de côté dans de telles circonstances. Nous devons éviter de reproduire ce qui s’est passé hier. Cette guerre contre Mékalarma risque de durer plus longtemps que prévue. De même, je me dois de donner des consignes par rapport aux guerres en cours sur les autres frontières. »

Les généraux hochèrent la tête, ne pouvant que confirmer les propos du roi alors que celui-ci gardait la parole. Certains hommes se regardèrent alors qu’il était possible de voir que seule la maréchale représentait le sexe féminin dans la tente.

« Si je vous ai réunis ici, ce n’est pas uniquement pour cela. » reprit le roi avec calme.

Il se pencha sur le côté, prenant un objet au sol avant de le déposer sur la table. Un coffret … Il ouvrit ce dernier, en sortant plusieurs médaillons de différentes couleurs alors que les généraux semblaient interloqués.

« Je pense que vous êtes au courant de ce qu’il s’agit. Les différents médaillons que nos soldats ont récupéré ces dernières années Une partie d’entre eux sont dans les mains d’autrui bien que nous n’avons aucun renseignement à ce sujet. »

« Ces médaillons … n’est-ce pas ceux qui nous permettraient d’obtenir la victoire contre les mékalarmiens ? Si tel est le cas, peut-être qu’il vaudrait mieux nous les confier ? » demanda l’un des généraux, le roi se tournant vers lui avant de répondre :

« Si vous voulez mourir … Faites donc alors. »

Le monarque tendit la boîte au général qui avait pris la parole, celui-ci semblant un peu étonné des paroles de son roi. Il pencha la main vers les médaillons mais s’arrêta avant d’en prendre un. Si le roi proférait de telles paroles, c’est bien parce qu’il y avait une raison.

« Hum … Vous avez fait le bon choix. Ces médaillons ne peuvent être utilisés que par des personnes possédant les lignes d’Alzar ou de Zélisia. Ils sont plus … « aptes » à résister au contrecoup de leurs utilisations. »

« Vous avez dit Alzar ou Zélisia … Pourquoi ne pas envoyer ce … Tery Vanian ? » demanda un autre général. Sur le coup, il était vrai que ça semblait être une bonne idée. Et il y avait d’autres personnes possédant des lignes d’Alzar et de Zélisia non ?

« Car il ne saurait pas les utiliser correctement. De même, cela doit rester entre nous mais les médaillons qui sont utilisés par des personnes ne possédant les lignes des deux dieux sont destinées à mourir dans les heures qui suivent. Même si ce Tery Vanian serait capable de les utiliser à pleine puissance, le sacrifice d’une vie semble rendre les médaillons bien plus forts encore. C’est pourquoi nous allons prendre … »

« Les soldats les plus réticents à se battre et leur demander d’utiliser les médaillons pour les motiver à affronter les mékalarmiens. En possession d’une telle arme, ils ne seront jamais conscients de ce qui se passera ensuite. »

La maréchale avait continué les propos du roi, faisant un signe de la tête pour s’excuser d’avoir pris la parole. Le roi fit un geste de la main pour dire que ce n’était pas bien gave alors que les généraux se regardaient entre eux. Au final … D’après ce qui était dit, ils allaient tout simplement sacrifier de nombreux soldats pour combattre les mékalarmiens et leurs nombreux pièges. La guerre allait prendre un nouveau tournant grâce à cela.

« Tu crois que le roi et les généraux parlent de quoi ? »

« Hum ? Je ne sais pas … et je ne pense pas que nous saurons un jour. » répondit-il calmement alors qu’il se redressait de son lit.

« Tu n’as même pas l’air intéressé un tout petit peu … pfff … »

« Et qu’est-ce que tu veux que je te dise ? On est que de simples soldats, c’est tout ! Pas de quoi se prendre la tête, Clari. Enfin bon, tu comptes partir quand ? »

Il disait cela avec neutralité bien qu’il l’incitait clairement à partir. Pourtant, en même temps, c’était juste une petite pique envers la jeune femme. C’était bon d’avoir quelqu’un avec qui il pouvait parler quotidiennement. Oh oui, il n’avait pas à se plaindre.

« Jamais ! Je veux venir t’embêter autant que je le peux, Tery. »

« Tu te comportes encore une fois comme une enfant, Clari, tu le sais ? »

« Hum ? Oui et ? » répondit-elle avec amusement avant de lui faire un sourire tendre. Elle vint s’asseoir à côté de lui, reprenant : « Tu sais … Tery, j’ai quand même l’impression d’avoir un … Ah non … Je n’ai rien dit. »

« Termine les phrases que tu commences, Clari. C’est quand même mieux que de ne rien dire. » murmura le jeune homme alors qu’il était un peu étonné de la réaction de Clari.

Bon ce n’était pas le plus important … Ah … Il n’aimait pas rester là à ne rien faire. Il pouvait quand même aller chercher de quoi s’occuper ? Lire son livre sur les golems ! Lire, lire, lire ! Il avait toujours cette pensée en tête. Clari le vit prendre l’un de ses nombreux livres avant de dire en rigolant :

« Sincèrement, je vais finir par croire que tu n’es pas un soldat mais un érudit. Dès que je te parle, t’es tout de suite plongé dans ton bouquin ! »

« Ne va pas croire que c’est parce que tu m’ennuies hein ? C’est juste que … Je dois m’occuper en même temps car bon … »

« Hum … Je ne sais pas vraiment. Je sais quoi faire ! Je sais … Je me répète hein ? »

Elle se comportait un peu comme une adolescente quand elle s’adressait à lui. Comme pour confirmer ce qu’il pensait, il tapota doucement le crâne de Clari, celle-ci se laissant faire en émettant un petit rire. Et bien … Il lui en fallait peu à la grande demoiselle ou quoi ?

« Arrête de te répéter si tu n’as rien à dire. » annonça le jeune homme.

« Je crois que tu pouvais t’abstenir de dire cela, Tery. »

« Toi-même … Je vais m’arrêter-là, je crois. » répondit finalement le jeune homme avant de rire un peu. Il valait mieux ne pas chercher plus longtemps que ça les ennuis. De toute façon, ce n’était pas bien important et c’était juste un moyen de communiquer entre eux.

Ce genre de dispute était sans importance mais bon, ça faisait toujours son petit effet. Maintenant, il allait pouvoir arrêter de se préoccuper de Clari et recommencer à lire. Mais peut-être qu’elle avait raison … Il passait son temps à bouquiner au sujet des golems. Il ne devait pas se voiler la face : il trouvait ces livres plus qu’intéressants.

Comme s’ils contenaient un savoir ancestral. D’ailleurs, il se demandait même si quelqu’un avait déjà réuni tous les livres golémiques … Et surtout … Qu’est-ce qu’il en avait fait alors. Un golem de cinquante mètres de hauteur ? Hahaha ! L’idée était effarante mais il était sûr que cela était possible ! D’ailleurs, d’après ce qu’il avait compris, plus de livres demandait plus de pouvoirs … Et donc même en avoir une centaine serait inutile si on n’avait pas le mental nécessaire pour cela.

« Bon … De toute façon, c’est pas vraiment grave. »

« Qu’est-ce qui n’est pas grave, Tery ? » demanda la jeune femme aux cheveux blonds.

« Juste qu’il faudrait que j’arrête de penser à voix haute, c’est tout. »

« Paraitrait que c’est plutôt utile en plein combat … Sinon, tu risques de prévenir les autres par rapport à ce que tu vas faire. Ça serait bête non ? »

« Très bête … Bon, je sors un peu. J’en ai marre de rester ici, désolé. »

Il se leva de son lit, Clari faisant de même de son côté. Ils quittèrent la tente ensemble, Tery regardant autour de lui. Est-ce qu’ils allaient lancer un second assaut ou non ? Il fit un premier pas puis un second avant de se retrouver agrippé par le bras.

« Tery Vanian, dans ma tente, maintenant. Clari, il en est de même pour toi. »

HEY HEY HEY ! Il fut traîné de force par la maréchale, la jeune femme aux cheveux blonds les suivant alors qu’ils retournaient dans une tente. La maréchale le relâcha, le jeune homme se massant le bras en gémissant un peu de douleur : ça faisait mal quand même.

« Comme vous êtes deux personnes relativement importantes, je tiens à vous le dire … »

Puis plus rien. La femme en armure de plaques noires ne disait plus rien. Les deux personnes se regardèrent, un peu surpris par les propos de la maréchale. Qu’est-ce qu’elle avait essayé de dire ? Elle semblait tiraillée par quelque chose.

« Maréchale ? Ça ne va pas ? » murmura le jeune homme avec appréhension.

« Hum … Si … Peut-être … Je ne sais plus vraiment. »

Elle vint s’installer sur son fauteuil, faisant un petit geste de la main pour dire que ce n’était pas bien grave. Ca n’avait pas l’air d’aller … Il répéta la question, s’approchant de la maréchale avant que celle-ci ne le repousse assez violemment.

« Je peux savoir ce que tu fous ? Tu te crois tout permis alors qu’il y a Clari ou quoi ? » dit-elle avec énervement alors que Clari rigolait :

« Oh si c’est que ça … Je vous laisse en tête à tête, maréchale, Tery. »

« TOI, TU RESTES ICI ! » hurla violemment la maréchale.

OHLA ! Elle était en mode colérique ! Clari garda son sourire bien qu’elle ne décida de ne plus bouger. Elle était toujours amusée avec la facilité à laquelle elle pouvait jouer sur les nerfs de la femme en armure de plaque noire.

« Clari, sincèrement, je ne sais pas pourquoi tu fais ça … mais la maréchale est bien moins patiente que moi. Tu joues trop sur ses nerfs et elle n’hésitera pas à te tuer … ou tout simplement à te torturer. Arrête tes bêtises. Maréchale … Est-ce que je peux vous voir ? Si ça ne vous dérange pas trop … bien entendu. »

« … D’accord. » soupira la maréchale, faisant disparaître son casque noir pour laisser paraître son visage, ses yeux rubis et ses cheveux argentés. Avec douceur, il passa ses mains sur les joues de Manelena puis ensuite son front.


C’était bizarre de ne pas ressentir la peur … alors qu’elle pouvait facilement le tuer sur place. Connaissant la maréchale, ça serait même surement possible. Elle aurait dû réagir après un tel geste … mais il n’en fut rien. Elle se laissa faire jusqu’à ce qu’il murmure :

« On dirait que vous avez une mauvaise mine … comme si vous n’aviez pas bien dormie … ou alors que vous avez appris une nouvelle terrifiante, je ne sais pas ce que je dois croire maintenant. Vous avez peut-être une explication ? »

« Non … J’en ai aucune qui te concerne. Et retire tes mains ! T’es vraiment trop familier avec moi, Tery Vanian ! » dit la jeune femme aux yeux rubis avant de le repousser avec violence.

Il ne pensait pas à mal … Pas du tout même … Mais visiblement, cela ne convenait pas à la maréchale. Il pouvait parfaitement comprendre ça. Clari s’était retournée, regardant l’entrée de l’imposante tente pour empêcher que quiconque ne pénètre à l’intérieur par inadvertance et surtout devant une telle scène.

« Je ne voulais pas vous offusquer, je suis juste un peu préoccupé. Pardon. »

« Ne te préoccupe pas de moi mais plutôt de ce qui risque de t’attendre sur le terrain d’ici quelques heures ou jours. Les mékalarmiens ne sont pas à prendre à la légère. »

« Je le sais parfaitement … Enfin, moi, je le sais … Mais les autres … Peut-être que vous devriez prévenir les autres personnes gradées ou les soldats à tout … »

« Ils n’ont pas besoin d’être au courant. Pour une fois, ils utiliseront un organe peu usité chez eux : leur cerveau. » rétorqua-t-elle sèchement, faisant apparaitre son casque sur son crâne. « Maintenant, vous pouvez disparaître tous les deux. Je ne sais même plus pourquoi je voulais vous contacter … Ca ne devait pas être si important que ça. »

« Peut-être étiez-vous simplement inquiète pour Tery après la réunion avec le roi et les autres généraux. » annonça Clari avant de s’en aller aussitôt, n’attendant pas la réplique de la maréchale. Tery était toujours là, regardant la femme en armure noire.

« Je ne sais pas ce qui s’est passé pendant la réunion mais faites-moi confiance, je ne laisserai personne vous faire du mal, maréchale. Je vous l’ai promis. »

« Assez … Disparais de ma vue … Tu ne sais rien de ce qui va se passer. »

« Et ne vous inquiétez pas à mon sujet, je commence à me dire que j’ai la vie dure. Je ne risque pas d’avoir de problèmes. » dit-il avec entrain, se tapant le torse comme pour la rassurer. Il devait paraître bien ridicule à ses yeux mais bon … Il disait ce qu’il pensait, comme à son habitude et ça ne changerait rien à ses convictions. « Mais bref … Maréchale, même si c’est peut-être, j’espère un peu que c’est bien pour la raison qu’à citer Clari … que vous m’avez fait venir ici. Vous savez … Essayez de ne plus penser comme une maréchale … comme une soldate et pensez plus à vous. »

« Je n’ai pas besoin de ce genre de consignes, Tery Vanian. »

« Pensez un peu … avec votre cœur ? J’espère que j’ai pas l’air trop pitoyable quand je dis ça. Je sais que vous êtes une femme forte, très forte même … »

« Arrête et pars de cette tente avant que je m’énerve réellement. »

« Comme vous le désirez, maréchale Nali. » murmura-t-il avec douceur avant de se diriger vers l’entrée de la tente. Lorsqu’il voulut passer à travers, elle reprit :

« Attends un peu, Tery Vanian. Je veux te dire … Je ne sais pas ce qui se passe avec moi … par rapport à ta personne. Je ne sais plus où j’en suis réellement. »

« … … … J’ai l’impression que c’est une confession ou un avant. J’ai l’impression que c’est la première fois depuis longtemps que vous me parlez de la sorte. »

« Oh arrête un peu de m’adresser la parole ainsi, c’est compris ? Je ne sais pas ce qui se passe avec moi … Je ne sais pas du tout. Tu me perturbes, Tery Vanian. C’est la première fois qu’un soldat aussi pitoyable que toi me met dans cet état et me préoccupe autant, tu comprends ? Avec tes lignes d’Alzar, ton incapacité intellectuelle qui fait que tu ne sais pas te débrouiller seul, tes paroles et tes réflexions complètement stupides et aberrantes ! Tu me fatigues, Tery Vanian ! Tu me fatigues plus que tout ! »

« Alors, je vais vous laisser tranquille, maré … Je vais te laisser te reposer, Manelena. Merci d’être sincère. » chuchote le jeune homme avant de hocher la tête en sa direction.

« Attends un peu … Tery. Pendant le prochain acte de cette guerre … »

« Oui ? Que se passe-t-il, maréchale ? Qu’est-ce qu’il y avec ça ? »

« Fais attention à toi, d’accord ? » souffle-t-elle, comme si elle avait utilisé toutes ses forces pour prononcer ces quelques paroles. Il émet un petit sourire avant de répondre :

« Ne vous inquiétez pas, je vais veiller sur mon propre corps mais aussi le vôtre. C’est vous que je servirai jusqu’au bout. Mais maintenant, je vais m’en aller avant que ma présence ne pose trop de problèmes à votre personne. »

Chapitre 41 : Piégés

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Chapitre 41 : Piégés

Prévenir la maréchale du danger qui entourait l’armée de Shunter. C’était dangereux ! Beaucoup trop dangereux pour laisser faire ça ! Ils devaient faire plus qu’attention sinon … Sinon, les pertes seraient beaucoup trop nombreuses ! La maréchale … Où se trouvait la maréchale ou l’un des gradés ? AH ! Il en voyait un ! Un homme d’une quarantaine d’années, en lourde armure gothique ! Il s’approcha de lui avant de dire :

« Messire ! Messire ! Il faut que l’on arrête notre armée avant qu’il ne soit trop tard ! »

« Et pourquoi ferions-nous cela ? Nous pouvons facilement les combattre. »

« Ce n’est pas ça du tout ! Ils ne sont pas assez nombreux ! C’est juste un piège ! Remarquez comme il n’y a aucun adversaire ! » répondit le jeune homme, le gradé venant le repousser d’un geste de la main avant de dire en serrant les dents :

« Je ne sais pas ce que la maréchale trouve à un gamin comme toi mais il vaudrait mieux que tu la mettes en veilleuse, est-ce bien compris ? Je ne vais pas obéir à un simple soldat comme toi … Je n’ai pas que ça à faire alors si tu comptes m’ennuyer très longtemps, je vais résoudre ce problème très rapidement, est-ce bien clair ? ACCELEREZ LE PAS ! »

Accélérer le pas ? Mais c’était juste de la folie ! De la folie ! Pourquoi est-ce qu’il n’était pas écouté ? Il regarda Clari qui poussa un soupir avant de lui faire un geste de la tête pour lui dire de rester auprès d’elle. Ca ne servait à rien, ce genre de personnes était malheureusement trop borné pour qu’elle puisse écouter d’autres personnes moins gradées qu’elles. Bref … Un imbécile primaire et sans aucune réflexion.

Oui mais bon … Ce n’était pas une bonne chose. C’était stupide de ne rien faire contre ça ! De ne rien faire du tout ! Ils allaient droit à la mort ! D’ailleurs, les mékalarmiens étaient en train de reculer, comme pour inciter l’armée shunterienne à avancer. BON SANG ! Il allait commettre une grosse bêtise mais il ne pouvait pas autrement !

« Pardon … Clari … Je sais que c’est bête mais il n’y a pas d’autres solutions. »

« Qu’est-ce que tu comptes faire, Tery ? Explique-moi avant de … »

Avant de … Elle n’avait pas le temps de terminer qu’il se concentra pour utiliser ses lignes d’Alzar. Il fit apparaître un pieu de terre de taille humaine avant de l’envoyer dans les airs. Le pieu vint atterrir à quelques mètres des mékarlamiens puis soudainement des éclairs fusèrent du ciel, venant foudroyer l’endroit où le pieu avait atterrit.

« Mais qu’est-ce que ça veut dire ?! » cria l’un des soldats alors que tous s’étaient arrêtés.

« Ce que ça veut dire ? Regardez donc en direction du ciel, vous aurez votre réponse ! »

En direction du ciel ? Qu’est-ce qu’il y avait là-bas ? Les têtes se tournèrent vers le ciel, là où les nuages noirs étaient de plus en plus présents. Des éclairs ? Mais c’était normal si ça provenait de ces nuages. Par contre, que cela vise exactement l’endroit où il y avait eu le pieu de terre … Ce n’était pas normal ! Les Mékalarmiens s’étaient arrêté de reculer, un air rageur peint sur leurs visages. Visiblement, ils venaient d’être découverts.

Et maintenant ? Qu’est-ce qu’ils allaient faire ? Des cris se firent entendre sur les côtés, l’armée mékalarmienne faisant son apparition, comme par magie alors que déjà, l’armée de Shunter se mettait en garde. Encore un peu et … ça aurait pu être un vrai drame … Prise de toutes les côtés, l’armée de Shunter n’aurait rien pu faire pour contrer ça !

« Tery, on reste réunis, c’est compris ?! On ne bouge pas de nos positions ! Il faut les repousser avant qu’il ne soit trop tard ! » dit Clari pour bien faire preuve d’autorité pour une fois. Il hocha la tête positivement, se mettant en position de défense.

Se protéger … Ce n’était pas aussi simple que ça, il le savait parfaitement mais ils n’avaient pas vraiment le choix en même temps ! Aller ! Il fallait combattre avant qu’il ne soit trop tard ! Avant que ça ne soit trop dangereux ! Dire que toute l’armée de Shunter s’était presque jeté dans la gueule du loup ! Même si c’était un peu de vantardise mal-placée, il ne pouvait que reconnaître que sans son geste, ça aurait très mal tourné.

« Tery, fais attention sur la droite ! » cria la jeune femme à la queue-de-cheval blonde.

Hum ? Il croisa ses deux griffes, celles-ci se recouvrant de terre avant qu’une lance ne vienne se loger et se planter dans la protection de terre. C’était un mékarlarmien ? Ils étaient déjà si proches ? Il jeta un regard à gauche et à droite, ça n’allait pas … Ça n’allait pas du tout !

Il avait l’impression que quelque chose d’encore plus dangereux allait venir … et surtout allait être bien plus grave que de simples attaques de mékalarmiens ! Il repoussa le soldat aux allures de saurien humanoïde avant de planter une griffe dans son crâne.

Etrange et inquiétant … Il était inquiet pour une raison obscure. Pour l’instant, les ennemis n’étaient guère réellement terrifiants, loin de là. Non … C’était même le contraire. Bon … Il fallait se concentrer un peu plus que ça quand même. Mais voilà, les mékalarmiens avec ces … tubes qui projetaient des boulets de canon sur leurs épaules étaient inquiétants.

Et il sentait qu’il y avait encore autre chose derrière tout ça même s’il n’arrivait pas à mettre la main sur quoi. Il regarda brièvement Clari tandis qu’il s’avançait avec le reste des soldats autour de lui. Maintenant qu’ils savaient que le terrain adverse était piégé, plusieurs soldats lançaient quelques sortes sur le sol devant eux pour être sûrs de ne pas tomber sur un piège qui irait les foudroyer sans prévenir.

« L’ambiance est étrange, tu ne trouves pas, Tery ? » demanda Clari, toujours proche de lui.

« Tu as remarqué aussi ? Je suis sûr qu’ils préparent quelque chose mais je n’arrive pas à savoir quoi et toi ? » dit le jeune homme aux cheveux bruns.

« Si je le savais, je ne me poserai pas la question, Tery. » répliqua-t-elle en rigolant.

« Humpf … C’est vrai. Plutôt une bonne remarque. » termina de dire le jeune homme en faisant attention autour de lui. Pour l’instant, ils avaient l’avantage … mais jusqu’à quand ?

Jusqu’à quand pouvaient-ils considérer qu’ils étaient gagnants dans cette affaire ? Une telle guerre ne pouvait pas durer uniquement quelques minutes, quelques heures … Mais au minimum plusieurs jours ? Voir même des semaines ou des mois !

Alors bon … Un combat qui se finissait ainsi ? Ce n’était pas possible. Il y avait une embrouille, encore plus grosse que le fait qu’ils tentent de les attaquer sur les côtés. Mais quelle embrouille ? Les mékalarmiens … Il devait se rappeler de ce royaume. Qu’est-ce qu’ils avaient de spécial ? Ah ! Ils savaient utiliser l’électricité.

Mais ils étaient aussi assez intelligents … et plutôt développés … au niveau des sciences. Il y avait de fortes chances qu’ils aient des choses plus qu’impressionnantes derrière eux. D’ailleurs, il s’inquiétait un peu au sujet de la maréchale. Il ne la voyait pas et c’était pour ça qu’il avait un peu peur pour elle. Elle était toujours en avant et …

« Tery ? Qu’est-ce qui ne va pas ? T’as pas l’air d’être dans le combat. » murmura Clari.

« Je ne sais pas du tout où est la maréchale … C’est pour ça que ça ne va pas trop bien. »

« Elle est dans les lignes qui sont devant nous … » répondit la jeune femme en lui souriant, désignant du doigt la maréchale qui était sur son cheval, son épée déjà ensanglantée du sang de ses ennemis. C’est vrai … Elle avait l’air d’aller parfaitement bien … Du moins, jusqu’à ce que des éclairs ne viennent foudroyer le cheval et la maréchale de tous les côtés.

« NON ! » hurla soudainement le jeune homme alors que le cheval s’écroulait au sol, sa cavalière avec lui. Il commença à courir à toute allure alors que de plus en plus d’éclairs commençaient à zébrer le ciel mais aussi les nombreux soldats de l’armée de Shunter. La maréchale se releva, sans que cela soit le cas de sa monture. Alors qu’elle courait, tout son corps était pris de tremblements, rendant chaque pas impossible à contrôler correctement.

Les mékalarmiens … Les mékalarmiens étaient à nouveau devant eux et autour d’eux mais de plus en plus présents. Ils tenaient différents orbes dans leurs mains, les soulevant et les dirigeant vers l’armée de Midès. C’était à partir de là que tout bascula en quelques instants. Il n’avait pas remarqué … Mais les tubes de métal que portaient différents mékalarmiens … Il y en avait des beaucoup plus gros comme des canons. Sauf que les boulets qui en sortaient étaient eux aussi beaucoup plus gros. Ça n’avait rien à voir … avec l’armée de Shunter Rien du tout. Mais pour l’instant, il n’avait pas la tête à ça, pas le moins du monde. Il arriva à la hauteur de la maréchale, celle-ci s’écroulant au sol, ses pieds étant incapables de l’aider à marcher correctement alors que déjà, les mékalarmiens qui ne contrôlaient pas les tubes et les orbes couraient vers eux.

« Dégagez le passage, bande d’idiots ! » s’écria une nouvelle fois Tery, n’hésitant pas à utiliser ses lignes d’Alzar avant de poser une main au sol. Plusieurs pieux de terre d’une taille aussi grosse que celle d’un humanoïde sortirent du sol, plantant la plupart des ennemis qui tentaient de profiter de la faiblesse de la maréchale.

« J’ai été imprudente … Vraiment imprudente et … »

« RETRAITE ! Que tout le monde batte en retraite ! » hurla une voix masculine tandis que Tery soulevait la maréchale, utilisant ses lignes d’Alzar pour ça. Il n’avait pas le choix, L’épaisse armure de la femme était vraiment trop lourde pour un corps comme le sien.

« Ne dites rien du tout, maréchale Nali. Je m’occupe de tout. » répondit Tery.

« Je crois rêver … Je crois entendre Tery. » murmura la femme en armure noire.

« C’est le cas, maréchale. C’est un peu chaotique … mais l’ordre a été de battre en retraite. Nous nous n’attendions pas à ça de leurs parts … mais il fallait s’en douter en même temps. Ça me semble logique … en fin de compte. »

La maréchale ne répondit rien du tout alors que le jeune homme courait avec les autres soldats vers leurs déroutes. Ils étaient tombés dans un piège grossier et leurs adversaires furent bien mieux préparés qu’eux. Il n’y avait qu’à accepter cette défaite même si elle était particulièrement amère dans la bouche.

De nombreux soldats périrent sous les attaques ennemies alors qu’ils étaient en fuite, Tery jetant quand même un œil à Clari pour être sûr que tout allait bien. Heureusement, la jeune femme aux cheveux blonds ne semblait avoir aucun souci. Pareil pour Olin d’ailleurs. Tant mieux … Tout allait bien … si on pouvait dire cela.

Finalement, ils arrivèrent jusqu’au regroupement, là où les tentes avaient été installées. Visiblement, les soldats restants n’avaient pas été attaqués et la maréchale descendit vivement des bras de Tery, l’observant pendant quelques instants avant de dire :

« On ne dirait pas comme ça … Mais tu sembles avoir plus de muscles que prévu, Tery. »

« Est-ce que vous allez bien, maréchale ? » demanda le jeune homme, un peu inquiet.

« Ça peut aller … Les tremblements se sont arrêtés, bien heureusement. »

Oui mais il était moyennement convaincu. Peut-être que son moral en avait pris un coup ? Elle avait perdu sa monture d’ailleurs. Elle y était peut-être attachée ? Il aurait aimé parler plus avec elle mais déjà, elle s’éloignait pour se diriger vers sa propre tente. Une main se posa sur l’épaule de Tery, le jeune homme se tournant pour voir Clari qui lui souriait.

« Pas trop de dégâts, Tery ? On s’est pris une belle branlée. »

« Ça, tu peux le dire … Et il n’y a pas vraiment de quoi rire, Clari hein ? Pfff … Il fallait que l’on se prépare bien mieux … Là, on a vraiment … Enfin bon. »

Enfin bon quoi ? Elle entendit le petit soupir de dépit de la part de Tery avant de lui tapoter doucement le crâne. Qu’il arrête de s’en faire, il ne pouvait justement rien y faire. Et c’était ça qui l’embêtait grandement quand même. Bon … Il devait se calmer …

Comment faire pour être raisonnable et ne pas crier « je vous l’avais dit » ? Car oui, il avait dit qu’il y avait un piège ou alors que ça lui semblait plus que louche ! Mais pourquoi est-ce qu’ils ne l’avaient pas écouté ? Ah … Peut-être parce qu’il était jeune et pas forcément gradé ? Enfin, c’était l’explication la plus raisonnable qu’il avait en tête actuellement.

« Tery ? Tu ne me parles plus et ça m’embête grandement là … »

« Et bien ? Tu veux que je te dise quoi ? C’est bête mais je n’ai aucun sujet de conversation et je me demande combien il y a de blessés. » marmonna Tery alors qu’il se dirigeait vers sa propre tente, juste à côté de celle de la maréchale. Il n’eut pas vraiment le temps de demander à Clari de ne pas venir avec lui qu’elle se trouvait déjà derrière lui puis devant lui pour finir par s’asseoir sur le lit du jeune homme.

« Hummmm ! Ça fait du bien ! Bon, de toute façon, je pense qu’on aura un briefing dans les heures qui suivent alors pendant ce temps, je vais aller me reposer. »

« Et bien bonne route, tu connais le chemin jusqu’à ta tente, Clari. HEY ! »

Il avait crié tout en se tournant vers la jeune femme qui s’était tout simplement allongée sur le lit, fermant les yeux. BON SANG ! Elle n’allait pas dormir ici ! Il s’approcha d’elle, la secouant un petit peu mais elle vint lui prendre le bras avant de le tirer vers elle. Il s’écroula sur Clari, celle-ci le regardant avec amusement :

« On a bien mérité de se reposer non ? Et surtout toi, Tery. »

« Et je préférai que ça soit dans mon lit … mais seul, Clari. Ce que tu fais n’est pas très correct ou pudique, je tiens à te le signaler. »

« Au diable la pudeur hein ? On est en vie et c’est le plus important. Et puis tu sais, tu commences sérieusement à me rendre folle d’inquiétude à chaque fois. »

Elle ? Folle d’inquiétude ? Et pourquoi cela ? Si c’était à cause de ce combat … Il n’y avait pas de quoi avoir peur. Il n’avait pas fait de folie non plus et il n’était pas blessé qu’il sache. D’ailleurs, en parlant de blessure, il y avait quelqu’un qu’il devait aller voir ! Il s’échappa des bras et de l’étreinte de Clari, disant :

« Je vais aller voir la maréchale ! Je ne sais pas du tout comment elle … »

« Vas donc, vas donc … Personnellement, je vais me reposer sur ton lit en t’attendant. » répondit-elle en faisant un geste évasif de la main.
Elle n’était quand même pas dépitée hein ? Il espérait que non … Mais bon, il voulait voir la maréchale, c’était important ! Avec tout ce qui s’était passé et … ZUT ! Il ne voulait pas y penser car il ne savait pas dans quel état elle était ! Il sortit de sa tente, se dirigeant vers celle de la maréchale où quatre gardes étaient présents devant.

« Pardonnez-moi mais … Est-ce qu’il est possible de parler à la maréchale ? »

« La maréchale ne veut voir personne. » répondit machinalement le soldat, comme s’il avait été entraîné à dire cela. Pourtant, la voix de Nali se fit entendre :

« Qui est-ce ? J’ai pourtant été claire … à ce sujet. »

« C’est le jeune homme avec qui vous parlez souvent, maréchale. »

« Fais-le rentrer. » termina de dire la maréchale tandis que le soldat haussait un sourcil avant d’inviter Tery à pénétrer dans la tente. Il n’aimait pas quand ça se présentait ainsi. Il avait toujours l’impression d’être un privilégié. Enfin bon, ce n’était pas le moment de penser de la sorte. Ce n’était pas bien important, pas du tout même. Gloups … Aller … Voir la maréchale car il devait avouer qu’il était inquiet. Il se retrouva en face d’elle … mais elle ne portait plus grand-chose. Du moins, c’était du tissu, rien à voir avec l’armure habituelle. Un short de tissu rouge et un haut de même couleur … mais qui cachait difficilement les formes généreuses de celle qui était sa supérieure.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi est-ce que tu es venu ici ? » demanda-t-elle sèchement.

« Pour voir comment vous alliez … maréchale Nali. Vous n’avez pas de blessures ? »

« Juste quelques brûlures à cause de l’électricité … Mais rien de bien grave. » chuchota la jeune femme, détournant le regard avec énervement.

« D’accord, c’est tout ce que je voulais savoir à ce sujet. Je ne vais pas vous déranger plus longtemps, maréchale. Rétablissez-vous vite. »

« … … … Attends un petit peu, toi. J’ai l’impression que t’es juste venu comme ça, sans aucune arrière-pensée ou autre. Tu ne bouges plus et tu t’installes ici, c’est clair ? » ordonna la maréchale alors qu’il s’exécutait, se mettant à genoux devant elle.

« En quoi est-ce que je peux vous aider, maréchale ? » déglutit le jeune homme, espérant qu’elle n’allait pas le réprimander.

« Nous allons parler de cette défaite que nous avons subie … As-tu une explication raisonnable à cette déconvenue ou non ? »

… … … Il en avait bien une mais il n’était pas sûr qu’elle plaise à la jeune femme aux cheveux d’argent et aux yeux rubis. Il attendit quelques secondes avant de murmurer :

« Nous avons été trop prétentieux … et c’est ça qui a causé notre perte. »

« … A peu de choses près, c’est cela. Nous avons cru la victoire acquise bien facilement alors que ce n’était pas le cas. Nous étions stupides … Non … J’étais stupide de croire que ça serait aussi simple. Cette déconvenue est de ma faute ! Et ne t’avise surtout pas de prétendre le contraire ! » cria-t-elle avec rage. Bizarrement, il lui fit un sourire, la jeune femme s’arrêtant dans son geste pour s’énerver, surprise.

« Vous êtes peut-être responsable mais pas totalement. Sachez que les autres gradés n’ont fait guère mieux. J’ai voulu en prévenir un, on m’a ris à la figure. Ainsi, ne vous jugez pas uniquement coupable de tout ce qui s’est passé car ce n’est pas le cas. »

« … Réponse convenable de ta part. Et même un peu étonnant quand on y réfléchit bien. Mais je trouve que c’est convenable. Tu ne me retires pas ma faute mais tu l’atténue … Si ce que tu dis est vrai, ce qui me semblerait logique, il semblerait que tout le monde se soit un peu vanté d’en finir rapidement avec les mékalarmiens. Nous avons pu voir le résultat … »

« Ce n’était pas très joli à voir mais nous arriverons à les combattre et à gagner contre eux ! » répondit-il avec entrain, gardant son sourire.

« Arrête tes beaux discours, surtout si c’est pour dire une telle chose. Bon … Je crois qu’on a assez parlé … Surtout si c’est pour avoir une telle conversation. Tu peux t’en aller maintenant … Aie ! Foutues brûlures ! » grogna la maréchale avec colère.

« Maréchale ? Est-ce que je peux rester avec vous ? Vous aurez peut-être besoin que je vous soigne. Enfin si vous le voulez bien … »

« J’espère que tu n’es pas sérieux dans ce que tu viens de dire … Peut-être que je ne me présente pas souvent sans mon armure mais je te rappelle que je suis une femme. »

« C’est tout simplement pour vous remercier de vous être occupées de moi lorsque j’étais souffrant, maréchale Nali. S’il vous plaît … Acceptez cela de ma part. » murmura-t-il faiblement alors qu’il regardait s’il y avait de quoi la soigner dans la tente.

« Tsss … Tu as encore trouvé le moyen de passer du temps avec moi. Reste ici pendant que je vais aller voir les soigneurs pour qu’ils me donnent de quoi m’occuper. »

Oui bien entendu ! Il ne bougeait pas de sa place ! Elle refit apparaître son armure noire sur son corps, quittant la tente alors qu’il restait immobile et stoïque. Ne plus bouger et ça serait une bonne chose … Enfin, il espérait. Quelques minutes plus tard, la maréchale revint avec tout un attirail pour les soins : des bandages, du coton, des onguents, il y avait vraiment de tout pour éviter que les blessures ne s’aggravent ou alors tout simplement pour soigner les plaies. Elle refit disparaître son armure noire, se remontrant dans son short rouge … D’ailleurs, en y réfléchissant, ce n’était pas forcément très féminin … Enfin, lui et les femmes déjà à la base. Mais quand même, il essaya de ne pas trop y penser avant de demander :

« Alors … Où est-ce que vous avez mal, maréchale ? Enfin, où est-ce que les blessures vous font mal ? Enfin … Les brûlures quoi. Bref … Vous m’avez compris. »

« Je pense qu’avec ce que je porte, tu peux le remarquer par toi-même … ou presque. »

Elle souleva légèrement son haut, montrant ses hanches ainsi qu’une vilaine plaie sur celle de droite. Aie, aie, aie … Il avait mal pour elle rien qu’en y pensant. Mais d’abord, il regarda les bras de la jeune femme, s’approchant d’elle avant qu’elle ne tende sa main droite. Alors … D’abord poser doucement la compresse imbibée de l’onguent sur la brûlure. Tout doucement … Aucune réaction de la part de la maréchale. Celle-ci ne gémissait même pas. C’était une vraie femme ! Enfin, une vraie dure !

Il commença à faire la même chose sur l’autre bras avant de s’arrêter lorsque ce fut le moment pour ses cuisses. Disons que là … C’était quand même un peu plus … gênant. Enfin … Il devait le faire. C’était lui qui s’était proposé. Il était quand même un homme ! A la limite de la caresse et de l’indécence, il commença à soigner la maréchale sur ces cuisses, remarquant qu’elles semblaient plus que douces. Brrrr ! A quoi est-ce qu’il pensait ?

Et en même temps, ils ne parlaient pas du tout. L’un comme l’autre, ils étaient aussi silencieux … et muets. C’était quand même assez gênant … Mais il faisait avec. Elle posa son regard dans le sien avant de le descendre vers les bandages. Ah oui ! Il ne devait pas oublier cet endroit ! Il termina ce qu’il faisait avec les cuisses avant de se rapprocher de ses hanches.

Là … C’était encore plus que gênant … Déjà qu’il était plus petit qu’elle … Mais être aussi près … Il chercha à se concentrer, commençant à nettoyer sa plaie avant d’entendre un petit gémissement plus que discret. Il s’arrêta pendant quelques secondes, souriant dans ses pensées avant de terminer son travail. La maréchale était vraiment exceptionnelle … pour lui.

Chapitre 40 : Reculer pour mieux avancer

ShiroiRyu
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Chapitre 40 : Reculer pour mieux avancer

La guerre ! La bataille ! Tout ! Tout venait d’arriver à une vitesse complètement folle ! A côté de la maréchale, il n’hésitait pas à la suivre et à l’entendre donner des ordres. Clari les avait rejoint, Manelena la laissant venir avec eux deux. Ainsi, avec ce trio de porteurs de lignes plus que spéciales, ils étaient prêts à toutes les éventualités.

« Ca donne quoi comme situation ? » demanda Clari à la maréchale.

« Normalement, ils ne sont pas encore près de chez nous. Néanmoins, les éclairs signalent qu’ils sont de plus en plus proches. Nous allons devoir réagir en conséquence et lancer une attaque avant qu’ils ne fassent la leur. »

« Est-ce vraiment une bonne idée, maréchale ? C’est peut-être ce qu’ils désirent. » murmura le jeune homme aux cheveux bruns à côté d’elle.

« Ce qu’ils attendent ? C’est tant mieux pour eux car ils recevront un accueil très spécial de ma part. Maintenant, si vous pouvez me laisser tranquille, je vais discuter avec le roi et les autres généraux de ce qu’il faut faire comme choix tactiques. Ca ne concerne pas de simples soldats comme vous … Enfin, même toi, Tery, tu n’es pas assez gradé pour participer à la conversation et surtout, tu n’as aucune réelle notion militaire. »

« Ouille ! Ca doit vraiment faire mal ça, Tery. Ce genre de réflexions laisse de vilaines marques, n’est-ce pas ? » dit Clari en rigolant, les yeux rubis de la maréchale se posant sur elle à travers son casque. La femme en armure noire reprit aussitôt :

« Ce n’est pas bien de ta part, Clari. Tu n’es pas assez sérieuse dans la majorité de tes fonctions. Et lorsque Tery est à tes côtés, tu deviens presque incontrôlable. Veuillez attendre avec les autres soldats et surtout, mettez-là en veilleuse, j’espère que je n’aurai pas à me répéter à ce sujet … Car si je n’ai qu’une seule remarque concernant l’un de vous deux … »

« D’accord, maréchale, le message est très bien passé ! Viens par-là, Clari ! » dit Tery avant de prendre la jeune femme à la queue-de-cheval blonde par le bras pour la tirer avec lui. Bon ! Il valait mieux ne pas chercher la maréchale à l’heure actuelle.

« Alors ? Comment ça s’est passé cette fameuse soirée, Tery ? » demanda Clari en lui donnant un petit coup de coude, un sourire aux lèvres.

« Hum ? De quoi est-ce que tu parles ? J’ai été m’endormir aussitôt sans même chercher à lire pour une fois. Ca m’a fait du bien bien que le réveil ne fut pas celui escompté. »

« Roh … Fais pas l’innocent ! Ca ne parle que de ça en plus de qui se passe autour de nous. Il paraîtrait que toi et la maréchale êtes sortis en même temps de SA tente. »

« Ah ? Ce matin ? J’ai été la voir après que je fus réveillé en sursaut. Je voulais être sûr qu’elle n’ait aucun problème. Je ne vois rien de bien scandaleux là-dedans. » répondit le jeune homme bien qu’il savait pertinemment ce que Clari avait espéré entendre comme réponse. Dommage pour elle mais la vérité était toute autre. Par contre, ce qui s’était passé hier, puis aussi ses rêves … Et le fait que la maréchale avec son … parfum … Enfin bref … Ca, c’était confidentiel et ça faisait partie de sa vie privée ! Et la mine déçue de Clari ne changerait rien.

Qu’est-ce qu’il allait faire ? Car la situation semblait bien plus compliquée qu’on ne pouvait le croire. Il devait trouver un moyen d’épauler la maréchale mais pour l’instant, il ne fallait pas rêver … De toute façon, ce n’était pas encore pour maintenant.

« Clari … Comment est-ce que tu vas maintenant ? » demanda-t-il, espérant faire un peu de conversation bien qu’il ne se sentait pas plus rassuré que ça pour l’instant.

« Hum ? Tu prends finalement de mes nouvelles après tout ce temps ? Je suis un peu déçue, je dois l’avouer. Je pensais que je tenais plus pour toi … mais bon … Je me suis trompée, n’est-ce pas ? » répondit la jeune femme en faisant un petit soupir.

« Hein ? Euh … Ce n’est pas parce que je passe du temps avec la maréchale que … Enfin, c’est à cause de tout ce qui s’est passé auparavant. Tu sais aussi bien que moi la raison qui fait qu’on ne s’est plus parlé pendant quelques jours. »

« Mouais … Je ne suis pas vraiment convaincue par tes paroles de toute façon. Pfff … » marmonna Clari, faisant une petite moue maintenant.

« Si tu ne veux plus que l’on se parle, ça peut être réglé hein ? Ca ne sera pas si difficile que ça … Suffit juste de ne plus s’adresser la parole. On y est bien arrivé ces derniers jours. »

C’était une blague ? Du moins, elle l’espérait de la part de l’adolescent car elle était de bien mauvais goût si ce n’était pas le cas. Enfin, qu’importe … De toute façon, pour elle, elle n’avait qu’une seule chose à faire actuellement. Elle agrippa soudainement Tery, venant l’enlacer avec tendresse pour bien montrer qu’elle était prête à recommencer comme avant.

« Euh … Donc … On se pardonne, c’est ça ? Ou quelque chose du genre ? » demanda le jeune homme pour être sûr de ne pas se tromper.

« A peu de choses près, c’est cela, Tery. » répondit Clari en le gardant contre elle.

« Par contre, il vaut mieux éviter de faire trop durer l’enlacement. Ils risqueraient encore de se poser des questions là-bas. »

« Hum ? Ils sont bien trop occupés à se préparer. Je sais bien qu’on devrait faire pareil de notre côté mais je ne suis vraiment pas motivée, tu vois. »

Hum … D’accord … Il voyait parfaitement mais ce n’était pas ça qui allait arranger la chose. Du mouvement de la part de la tente et il se sépara aussitôt de Clari. ZOU ! Il valait mieux s’arrêter dès maintenant que ça ne soit une bêtise. Il attendit que la maréchale ne sorte de la tente sans pour autant s’approcher d’elle. Il valait mieux … la laisser venir à eux.

« Elle n’a pas l’air très motivée à te parler, Tery. »

« Je ne sais pas … Elle est sûrement occupée à autre chose. Ils ont quand même parlé de ce qui se passait non-loin de nous hein ? » dit le jeune homme aux cheveux bruns.

« Peut-être, je ne sais pas. De toute façon, y a des chances qu’ils vont tous nous réunir hein ? Enfin, c’est ce que je pense de mon côté. » répondit la jeune femme aux cheveux blonds.

Elle pensait bien. Enfin de son côté, c’était plutôt ça … puisque moins de dix minutes plus tard, ils furent tous réunis, le roi allant prendre la parole. Ah ! Côte à côte, les deux jeunes gens vinrent se placer au beau milieu des soldats, une voix tonitruante se faisant entendre, le roi commençant à parler à la troupe.
Voilà … D’après ce qu’il comprenait, les mékarlarmiens étaient près d’eux, très près même. Néanmoins, ils n’avaient pas encore attaqué car ils n’étaient peut-être pas au courant que l’armée de Shunter était proche d’eux. C’est pourquoi ils allaient lancer un assaut violent et brutal pour causer le plus de perte chez les membres de Mékalarma et ainsi prendre un atout loin d’être négligeable dans cette guerre qui allait durer de nombreuses semaines voir mois d’après le roi. Ah … Plusieurs semaines ou mois ? Ecrire à sa mère allait être une priorité.

« D’ailleurs, j’espère que ça ne posera pas de problèmes … dans mon village. » murmura-t-il faiblement, surtout à lui-même en espérant que personne ne l’écoute. Car oui, il avait de la chance peut-être d’être bien entouré mais les villages comme le sien n’étaient souvent livrés qu’à eux-mêmes et aux milices qui les protégeaient.

« Hum ? Ton village ? J’aimerai bien le visiter à nouveau un jour, Tery. »

« Et zut … Tu as entendu ce dont je parlais alors. » marmonna le jeune homme aux cheveux bruns, soupirant alors qu’il quittait les rangs après l’ordre du roi de tous se préparer.

« Tu as l’air mécontent de ma demande. C’est juste que j’aimerai bien revoir ta mère un jour ou l’autre. C’est juste qu’elle m’avait fait une forte impression si je me rappelle, hahaha ! »

Forte impression ? Terrifiante, plutôt non ? Enfin, terrifiante mais ce n’était pas une raison pour ne pas l’aimer. A force, elle était la seule famille qu’il possédait et il y tenait vraiment à cette famille. Il aimerait bien un jour ramener les personnes avec qui il s’était lié depuis ces dernières années : Olin, Royan, Clari, Manelena ou alors Elen. Mais bon, ce n’était pas aussi simple que ça, il le savait parfaitement. Comme si la maréchale allait vouloir venir … ou alors, lui-même vouloir cela … C’était stupide mais … Il ne voulait pas que sa mère se fasse de fausses idées. Déjà dans l’armée, c’était le cas alors bon …

« Aucun souci. Mais après cette guerre … Enfin, j’espère que la maréchale acceptera de me donner quelques jours de repos. Mais toi ? Tu n’as pas envie de retourner voir tes parents ? »

« Hors de question ! » dit la jeune femme à la chevelure blonde, haussant le ton.

« De toute façon, je ne vois pas pourquoi j’accepterai une telle chose si tu n’es pas sûr de pouvoir vivre jusqu’à demain. » murmura une voix derrière eux.

« Maréchale Nali ? S’il vous plaît ! Faites attention ! Vous m’avez vraiment fait peur sur le coup ! » s’écria Tery, s’étant retourné vivement.

« Tu n’as qu’à vérifier tes arrières la prochaine fois. Tu devrais faire attention si tu ne veux pas te prendre une flèche ou tout autre projectile dans le dos. »

Toujours aussi sympathique, hahaha. Mais bon, il accepta d’un hochement de tête. Elle avait raison sur le principe : il devait faire plus attention et surtout ne pas se projeter trop loin dans le futur. Comment pouvait-il savoir ce qui se passerait demain ?

Ah … Bon … Fini la perte de temps. Maintenant, ils devaient se préparer d’après ce qu’il avait compris. Il n’avait pas à être anxieux, il n’y avait rien d’anormal dans l’idée même d’aller se battre pour défendre son pays, voilà tout. Ah … La maréchale l’observa quelques instants, Clari faisant de même de son côté.

« Euh … Il y a un souci ? » demanda-t-il finalement.

« Aucun pour ma part. Maréchale ? » questionna la jeune femme aux cheveux blonds.

« Hum … Préparez-vous d’ici dix minutes. Vous serez envoyés sur les premières lignes. » dit la femme en armure noire alors que le jeune homme hochait la tête.
Oui bien entendu … Mais après ? Il n’était pas sûr … Est-ce qu’il allait devoir utiliser ses pouvoirs ? Enfin ce qu’il comptait faire ? Il posa la question à Manelena, la maréchale lui répondant qu’il valait mieux garder cela en dernier recours. Tout ne devait pas être joué dès le départ. S’ils montraient ce qu’ils possédaient … dès le début, alors, il n’y aurait aucune surprise et leurs adversaires seraient facilement au courant pour contrer tout ça.

« C’est vrai … C’est une bonne remarque, maréchale. »

« C’est pour ça que je suis maréchale et toi un simple lieutenant, Tery. » répliqua la femme en armure de plaques noires avant de s’en aller, Clari émettant un petit rire quand elle fut au loin. Elle donna un coup de coude à Tery avant de lui dire :

« Et bien … Je ne veux pas dire mais ce genre de propos, il n’y aucune méchanceté dans ses paroles, tu n’as pas remarqué ? On dirait bien qu’elle se moquait de toi. »

« Je ne sais pas vraiment si elle se moquait … Néanmoins… »

Néanmoins quoi ? Clari attendit qu’il continue sa phrase mais il ne la termina pas. Il ne fit qu’hausser les épaules, se préparant maintenant à aller accompagner la maréchale. Il n’avait pas l’autorisation de créer des golems pour combattre l’ennemi.
Les minutes s’écoulèrent et de nombreux cris résonnèrent, signalant que tous les soldats devaient se préparer au départ. Certains allaient rester en arrière et puisque l’ennemi était proche, il n’y avait pas à retirer les tentes. Ah ? Non ? Quand même pas ? Et bien si !

« Qu’attends-tu Tery ? Que je te donne la main ? Pfff … »

« Euh … C’est surtout que je me dis que ça ne serait pas une bonne … »

Il s’arrêta alors qu’il se trouvait devant la maréchale. Celle-ci était sur son cheval à deux têtes, tendant sa main vers lui. Il la prit, la femme en armure noire tirant de toutes ses forces pour qu’il grimpe sur la monture. Bon sang … Les gens allaient encore se faire des idées à leur sujet. Mais bon … Contrairement à ce qu’il pensait, les soldats ne semblaient pas plus s’intéresser que ça à ce qui se passait. A croire que c’était rentré dans leurs mœurs.

Enfin mœurs … Façon de parler hein ? Il ne pouvait pas vraiment penser de la sorte. Ce n’était pas réellement comme ça. C’est juste que maintenant, les gens ne fussent plus étonnés de le voir avec la maréchale, sur le même cheval.

« Je vous accompagne dorénavant là où vous irez, maréchale. »

« Je le sais parfaitement, imbécile. Si tu as envie de parler, abstiens-toi dorénavant. »

« Aucun problème, maréchale Nali. » répondit-il en souriant faiblement. Il n’allait pas la mettre en colère, loin de là même. Mais maintenant, la situation était claire … Ils allaient se rendre en direction des lignes ennemies.
Les lignes ennemies qui ne tardaient pas à se profiler à l’horizon. Elles étaient nombreuses, bien trop nombreuses même. Comment cela se faisait-il qu’il y avait autant d’ennemis ? De Mékarlarmiens ? Il avait envie de parler mais il n’était pas sûr que ça soit le moment. Pourtant, il demanda à la femme en armure noire :

« Est-ce que notre armée est assez nombreuse pour contrer celle-là ? J’ai l’impression qu’ils sont dix fois plus que nous. Je suis un peu inquiet. »

« Hum ? Cela veut dire que tu n’as pas vu notre armée. J’ai l’impression que tu en as oublié une partie. Nous sommes largement assez nombreux pour les combattre. De même, nos meilleurs soldats sont ici. Les autres armées qui affrontent Honoros et les autres sont suffisantes pour les contrer et résister. Nous ne perdons pas. »

« Je vois … Je vois … C’est plus impressionnant quand c’est dit de votre façon. » termina d’annoncer le jeune homme aux cheveux blonds.

Mais bon … Ca ne changeait rien au fait que c’était problématique. Enfin … Pendant qu’ils gambadaient sur le terrain, il jeta un regard en arrière. Les troupes alliées commençaient déjà à venir. Tout allait commencer d’une minute à l’autre.
Ca risquait d’être violent, très violent même. Il le savait et il devait se l ‘avouer. Mais bon … Il devait prendre sur lui-même et se considérer à sa juste valeur. C’était juste que les guerres, ce n’était pas son fort. Il prit une profonde respiration, regardant où la maréchale l’emmenait. Et ça ne lui plaisait pas du tout … Car elle l’emmenait en direction des ennemis ?

Elle était folle ou quoi ? Enfin non, il ne devait pas juger les gestes de la maréchale mais autant dire qu’il n’était pas vraiment rassuré par ce qu’elle faisait. C’était tout simplement fou de sa part ! Euh … Ils étaient beaucoup trop près ! Ils allaient peut-être reculer un peu ? Gloups … Non … Il voyait quelques éclaireurs mékalarmiens qui les observaient d’un air menaçant, leurs armes dans les mains. Elle fit de même, brandissant son épée avant de dire :

« Je ne vous demanderai pas de partir. Je viens tout simplement vous signaler de préparer vos tombes car vous allez rester ici à jamais. »

Oh bon sang ! Elle était folle ! Elle était folle comme maréchale ! Non, c’était tout simplement Manelena. Sans même prévenir, il sentit qu’elle utilisait ses lignes noires en même temps que son épée. Résultat ? De nombreux éclairs vinrent foudroyer la majorité des éclaireurs, blessant salement les autres avant que l’équidé à deux têtes ne se retourne pour gambader à toute allure et loin de leurs adversaires.

« Je … ne comprends pas ce que vous venez de faire, maréchale. »

« Tout simplement de les énerver et de les inciter à nous attaquer. » répondit-elle avec calme, comme si elle avait l’habitude d’une telle chose.

« Je ne suis pas sûr que ça soit la meilleure chose à faire mais si ils sont énervés, ils risquent alors d’être déconcentrés, c’est ça ? »

« C’est exact … Alors tu devrais comprendre que c’est une bonne chose. Bon … Je vais accélérer, accroche-toi bien à moi. »

Bien entendu, de toute façon, ce n’est pas comme s’il pouvait en décider autrement. Il s’exécuta, serrant la maréchale de toutes ses forces alors que l’équidé augmentait sa vitesse. Il pouvait vraiment aller plus vite que ça ? La réponse était déjà connue mais bon …

Le cheval s’arrêta après trois bons kilomètres puis elle lui demanda de descendre. Qu’est-ce qu’ils allaient faire tous les deux ? Elle lui signala qu’il fallait attendre l’armée de Shunter, chose qui ne tarda pas d’après les cris qu’il entendait derrière lui. Il se retourna pour apercevoir de nombreuses personnes à cheval, la majorité étant néanmoins à pied. Wow … Ils étaient vraiment nombreux eux aussi.

« On est peut-être encore plus nombreux qu’eux … Je crois. » murmura-t-il.

« Hum … Tu pensais que j’avais préparé ce genre de choses sans prendre mes précautions ou quoi ? Bien entendu que nous sommes plus nombreux … Nous allons même profiter de leur confusion pour les attaquer. » annonça-t-elle alors qu’il préparait déjà ses lignes noires mais surtout ses griffes. Il ne devait pas utiliser les golems tout de suite d’après ce qu’il avait compris … selon les ordres de la maréchale.

« Alors … Je n’ai pas beaucoup d’autres choix. Je peux quand même utiliser la magie, maréchale Nali ou non ? » demanda le jeune homme.

« Cantonne-toi à un seul élément au cas où. Tu es un shunterien non ? Rends-moi fière de toi en utilisant l’élément de la terre, c’est compris ? »

« COMPRIS ! » dit-il avec entrain après ce qu’elle venait d’annoncer. Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd contrairement à ce qu’elle venait de croire.
C’était quoi … cette motivation bizarre qu’il venait d’avoir ? Est-ce qu’elle avait dit quelque chose de spécial pour le mettre dans cet état ? Qu’elle se rappelle un peu … AH ! Mais quelle idiote ! L’idée d’être fière de lui ! C’était à cause de ça qu’il était complètement fou de joie ? Il lui en fallait vraiment peu ! Vraiment très peu même !

« Fais comme tu veux … Débrouille-toi … Je vais voir le reste. »


Le reste ? Ça voulait dire quoi ça ? Qu’elle l’abandonnait ici ? Ce n’était pas vraiment sympathique ! Loin de là même ! Mais après ce qu’elle venait de lui dire, il ne pouvait pas reculer ! Et puis bon, il avait moins peur maintenant, loin de là. Les soldats arrivèrent à ses côtés, le dépassant tandis qu’une main se posa sur son épaule.

« Et bien ? On dirait que vous avez fait un sacré remue-ménage là-bas. Il s’est passé quoi ? »

« Oh … La maréchale a juste utilisé son arme pour envoyer quelques éclairs et tu as le résultat. » dit-il avec un peu d’ironie en désignant les mékalarmiens.

« Ah … Je vois ça … Elle a été un peu trop violente comme d’habitude. Bon ! Et bien, tu viens ? On va les attaquer avant qu’il ne soit trop tard ! »

Si elle était à côté de lui, il n’avait pas vraiment grand-chose à craindre, il le savait parfaitement, héhéhé. Il courut à ses côtés, accélérant le pas. Il n’était pas doué pour les attaques à distance alors il devait se rapprocher un maximum de leurs adversaires. D’ailleurs, ces derniers n’étaient maintenant plus qu’à quelques centaines de kilomètres. Proches … Ils étaient tellement proches et il était un peu anxieux.

« TERY ! Fonce vers les lignes ennemies sans les craindre ! Une seconde d’arrêt et tu es un homme mort, c’est compris ? » cria une voix derrière lui avant qu’un cheval à deux têtes ne passe à côté de lui, la maréchale se trouvant dessus.

« Le message est très bien passé, maréchale ! FAITES ATTENTION A VOUS ! »

« Comme c’est mignon, le petit Tery qui s’inquiète pour sa maréchale ? » dit la jeune femme à la queue-de-cheval blonde en rigolant.

Tsss ! Il préféra ne pas lui répondre, surtout pour dire quelque chose de désobligeant. La femme le mériterait peut-être mais bon, l’heure n’était pas à la dispute, loin de là même. Il courut à côté d’elle, les troupes ennemies étant maintenant à portée de tir pour l’archerie. D’ailleurs, après qu’il y ait pensé, de nombreuses flèches décollèrent dans les airs, provenant du côté des hommes de Shunter.

BIEN ! C’était une bonne chose ! Déjà, plusieurs corps chez leurs adversaires tombaient. Pourtant, des objets sphériques foncèrent vers l’armée de Shunter, Tery ayant la bonne idée de créer un mur de pierre conjugué à celui de Clari. Résultat ? Ils virent tomber des boulets au sol … Ils utilisaient des canons ? Mais … Mais … Comment était-ce possible ?

Il vit les mékarlarmiens qui lui faisaient face … Mais qui portaient sur leurs épaules d’étranges tuyaux de métal. C’était quoi ? C’était à partir de là qu’ils attaquaient ? D’ailleurs, où était le reste de l’armée de Mékalarma ?

« Clari, il y a un gros problème … »

« Hum ? Tu l’as remarqué, toi aussi ? Il n’y a pas grand monde pour nous combattre. » murmura la jeune femme aux lignes de Zélisia.

« Ça ne me plait pas vraiment. Il faudrait que les autres soient prévenus. » termina-t-il de dire. S’il n’y avait personne en face d’eux, où alors se trouvait le reste de l’armée ennemie ? A gauche ? A droite ? Ou pire alors … derrière eux ? C’était intriguant et inquiétant même. Il allait falloir se méfier de tout ce qui se trouvait autour d’eux.

Chapitre 39 : Ne pas abattre les cartes tout de suite

ShiroiRyu
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Chapitre 39 : Ne pas abattre les cartes tout de suite

C’était difficile à croire … Mais il était vraiment enroulé dans une corde … au niveau du ventre. Il avait une seule main de libre tandis que l’autre bout de la corde était enroulé autour des hanches de la femme en armure noire.

Voilà … Il avait été fait « prisonnier » par Manelena. Il avait du mal à y croire et pourtant, c’était bel et bien le cas. Il préférait en rire plutôt qu’en pleurer. Juché sur le cheval à deux têtes de la maréchale, il se tenait à elle grâce à une main posée au niveau de son ventre. Un tel geste aurait été surement puni sévèrement si un tout autre homme avait fait cela mais pourtant, elle ne disait rien du tout. Non, c’était même elle qui lui avait forcé à faire ça.

« Maréchale … Cette méthode est quand même un peu abusive, non ? »

« Il vaudrait mieux pour toi que tu la mettes en veilleuse à ce sujet, Tery Vanian. Si j’applique une telle méthode, c’est bien parce que tu n’es pas capable de te contrôler. D’ailleurs, j’ai demandé à ce que ta tente soit installée non-loin de la mienne si tu n’es pas encore au courant. » signala la maréchale calmement.

« Que … Que … Quoi ? Maréchale, vous n’avez quand même pas fait ça ! Vous êtes la maréchale ! Je ne suis qu’un simple soldat ! C’est juste aberrant ce que vous faites ! Les autres généraux et le roi lui-même ne devraient pas être d’accord. »

« Tu es un officier … d’un grade inférieur, mais je te rappelle que tu fus un lieutenant. De même, malgré ce que tu penses être des échecs, tu as montré de nombreuses capacités qui font de toi un homme qui mériter … Et puis pourquoi ai-je à m’expliquer de mes décisions ? C’est compris ? Tu n’as pas à juger mes choix. »

« Maréchale … Je voulais savoir … Est-ce que la proposition … tient toujours ? » demanda-t-il faiblement pour être sûr que nul ne l’entende. La maréchale ne lui répondit pas pendant quelques secondes, continuant la marche sur le cheval.

« Comme je te l’ai déjà annoncé, ça dépend de ton comportement, Tery. Ce n’est pas en faisant continuellement ce genre de conneries que je risque d’accepter. »

« Gloups … Ca se comprend … C’est valide. C’est juste que des fois, j’ai vraiment l’impression … AH ! Je tenais à vous le signaler … Enfin non, c’était au sujet de Clari, mais il vaut mieux pour moi que je ne parle pas de ça, j’en suis sûr. »

« C’est mieux pour ta sécurité car je ne te promets pas la vie sauve si tu comptes parler de ce que je pense. D’ailleurs, Clari ne parle plus vraiment depuis quelques temps. »

« Nous nous sommes disputés assez violemment … sans en venir aux poings bien entendu ! C’est juste qu’entre nous, ça ne va pas aussi bien qu’auparavant … Enfin bref … Voilà, c’est tout ce qu’il y avait à savoir à ce sujet, je dirai. »

« Sujet qui ne me concerne pas le moins du monde, bien entendu. » annonça calmement la jeune femme dans son armure noire. Il lui avait juste donné quelques explications hein ? Rien de bien fameux … C’était juste comme ça. Il ne pensait à rien de mal … Il n’espérait pas une réaction de la part de la maréchale … C’est tout. Voilà … C’était juste ça.

Mais quand même, qu’est-ce qui se passait dans le crâne de la femme en armure noire des fois hein ? Elle avait de ces idées aussi aberrantes que lui lorsqu’il tentait d’imaginer une solution à son problème. Et bien entendu, ce n’était pas du tout un compliment ! Néanmoins, attaché à elle, il ne pouvait pas vraiment dire ce qu’il voulait.
Par contre grâce à ce qu’elle faisait, ils avançaient sans aucun souci car il ne se prenait aucun arbre. De même, elle lui avait laissé une main de libre pour une seule et unique raison : lui permettre de lire correctement. Enfin ou presque … Car tourner les pages d’un livre avec une main était quand même assez difficile.

Mais bref, il n’avait pas à se plaindre. Il devait quand même accepter que la maréchale n’était pas aussi monstrueuse et distante qu’il ne le croyait. Enfin, ce n’était pas une illusion ou autre, c’était juste la réalité. Il se demandait tout simplement quand est-ce qu’ils allaient arriver face à l’armée mékalarmienne. Arrêtant sa lecture, il murmura à la maréchale :

« Maréchale … Je peux vous poser une question ? Ca commence à faire quand même pas mal de temps que l’on marche avec toute l’armée. Je n’ai pas l’impression que l’on avance grandement dans toute cette histoire. »

« Hum ? C’est alors juste une impression, rien de confirmé, n’est-ce pas ? Regarde donc un peu le décor autour de toi. Tu remarqueras qu’il est bien moins beau qu’auparavant. »

« Bien moins beau qu’auparavant ? » chuchota le jeune homme en tournant sa tête à gauche et à droite. C’est vrai qu’il semblait … Enfin l’air autour d’eux était pollué par les nuages ou il ne sait quoi. Ces nuages n’étaient pas ceux habituels, de couleur blanc, non, ils étaient plutôt gris et … sales. Ca rendait vraiment les alentours assez tristes.

« Ce sont les mékarlarmiens qui polluent l’atmosphère avec leurs machines. C’est pourquoi nous allons les combattre et les renvoyer là d’où ils viennent. Cela peur apprendra. »

« Je suis tout à fait d’accord avec ça. Nous ne pouvons pas les laisser continuer. Mais quand même … Que les autres royaumes nous attaquent en même temps, c’est un peu lâche non ? » dit le jeune homme, la maréchale poussant un soupir sous son casque.

« Lâche ? Ou alors, c’est une tactique comme une autre. Je ne suis pas là pour juger des actes des autres royaumes. Peut-être veulent-ils récupérer les médaillons ? De même, la disparition de l’un des royaumes serait peut-être bénéfique aux autres. Est-ce que tu as déjà regretté d’être né, Tery ? » demanda Manelena bien qu’il ne pouvait pas l’appeler comme cela.

« Hein ? Moi ? Je ne sais pas … si j’ai regretté ça … Par contre, d’être né de mon père … Je veux dire … Regretter d’être né à cause du père que j’ai eu, pourquoi pas ? Je pense que ça m’est déjà arrivé, et toi, Man… Euh et vous, maréchale ? »

« Je ne te répondrai pas. Je voulais simplement connaître ton point de vue sur la question. » répondit-elle, coupant court à une conversation qui aurait pu ne pas plaire.

« D’accord, d’accord. Bon et bien, au moins, maintenant, vous le connaissez, n’est-ce pas ? Héhéhé … Enfin, non, ça n’a rien de drôle ce que je viens de dire. Rien de drôle, ni de bien joyeux, je suis désolé, maréchale. Est-ce que je peux continuer à lire ? »

« Pourquoi est-ce que tu poses la question si tu connais la réponse ? » dit-elle avec un peu d’ironie dans la voix, s’arrêtant subitement dans ses paroles avant de reprendre : « Tu peux continuer à lire. De toute façon, je surveille les environs. »

« Surveiller les environs ? Pourquoi … cela ? Ce n’est pas comme si nous étions attaqués maintenant hein ? Enfin, on est encore loin des combats, non ? »

« Hum … Je te conseillerai de faire plus qu’attention à ce que tu dis … C’est bien loin d’être sûr justement, Tery Vanian. » répondit la maréchale.
Ah bon ? Qu’est-ce que … Non ! Ils étaient bientôt arrivés ? Enfin, il redoutait cet instant depuis déjà pas mal de jours mais il savait que ça devait arriver un jour ou l’autre … Mais aussi tôt ? Zut ! Il n’avait largement pas terminé ses livres sur les golems ! C’était ça le problème avec ses livres ! A chaque fois qu’il les relisait, il découvrait de nouvelles choses ! Il avait l’impression que les livres se complétaient les uns par rapport aux autres !

Donc voilà, c’était ainsi et c’était assez surprenant sur le moment. Une nouvelle découverte à chaque fois. Même si parfois, c’était macabre … Il avait découvert la recette pour faire apparaître un golem … à partir de cadavres frais … Oui, oui, de cadavres frais. D’ailleurs, il était en train de relire le paragraphe à ce sujet et il se sentait un peu mal encore.

«  Purée … Qu’est-ce qu’ils demandent … Ils sont vraiment dégueulasses. »

« Hum ? De quoi est-ce que tu parles, Tery ? Mais … Tu as l’air bien pâle ! Ne me dit pas que tu as le mal de cheval. Ce n’est pas possible, ça ne t’es pas arrivé avant. » dit la maréchale, stoppant la monture en signalant au reste d’avancer.

« Non … Non … Continuez s’il vous plaît. Ce n’est pas important. C’est juste par rapport à un golem spécifique. Vraiment … Ce n’est pas joyeux. C’est même dégueulasse. Il y a tellement de golems différents mais celui-là, je ne veux jamais à avoir à l’utiliser. »

« … … … Qu’est-ce qu’il a de si horrible que ça ? » demanda la femme en armure noire.

« Et bien … Comment vous dire cela, maréchale Nali. C’est un golem de chair. En fait, c’est un golem vraiment « vivant » on peut dire … C’est juste un amas de chair, de muscles et de différentes sortes … Enfin, c’est juste du muscle, des tripes … Est-ce que je peux arrêter là ? Car ils donnent les détails et aussi ce qu’il peut faire et … »

« Tery Vanian. Arrête donc de lire ces absurdités. Concentre-toi sur tes golems basiques. Ça sera déjà bien plus que suffisant. D’après mes souvenirs, tu avais aussi créé un golem assez spécial contre les mékalarmiens non ? Enfin, un golem de petite taille mais vraiment très puissant. C’était plutôt remarquable en soi. »

« Oui, oui, je m’en rappelle parfaitement. Mais d’accord, il vaut mieux que je stoppe ma lecture sinon, je sens que ça risquerait de ressortir. » murmura le jeune homme, rangeant son livre dans son sac avant de passer sa seconde main autour du ventre de la maréchale. Qu’est-ce qui lui avait pris de lire un tel bouquin ? Il était tout simplement con ou quoi ? C’était à se donner la nausée. Il s’imaginait seulement à avoir cette créature en face de lui … Non, rien que ça … C’était tout simplement aberrant ! Ce n’était pas un golem mais une abomination.

Il devait penser à autre chose … Mais bon, être avec la maréchale le rassurait un peu quand même. Oui … Comment dire, la maréchale était quand même très forte donc en même temps, il n’avait pas à s’en faire à ce sujet. Il regardait autour d’eux tandis que l’armée continuait d’avancer tranquillement.
Alors … D’après ce qu’il avait compris, ils n’étaient pas très loin de l’endroit où se trouvait l’armée mékalarmienne. Rien que ça … Ah … Bon. Ils allaient sûrement se reposer encore une ou deux journées puis ensuite, cela allait être la grande bataille … voir même plutôt la guerre. Une véritable guerre … Rien à voir avec celle contre Honoros.

« Maréchale, je suis un peu anxieux … »

« Hum ? Et pour quelle raison maintenant ? Exprime-moi donc … que je vois si cela est normal ou non. » dit la maréchale, peu encline à vouloir l’aider visiblement.

« Hum … Car savoir qu’on va affronter une armée surement bien plus puissante que la nôtre, ça ne vous fait même pas un peu peur ou quoi ? »

« Je ne vois pas de raison. Je possède les lignes d’Alzar. Un soldat lambda aurait fort à s’inquiéter de l’armée ennemie. Je ne suis pas une soldate normale. Il en est de même pour toi. Combien de fois vais-je devoir te répéter que ce n’est pas bon pour toi d’avoir peur d’une chose aussi pathétique et risible ? Tu es un porteur des lignes d’Alzar. Tu es même capable de les contrôler. Je ne vais pas te dire que tu es exceptionnel car sinon, cela risquerait de te montrer à la tête mais quand même, est-ce que tu peux réussir à être un peu plus confiant ? Ou alors, est-ce beaucoup trop difficile pour toi ? Surtout que ce n’est pas la première fois que tu poses la question … et ce n’est pas la première fois que je te réponds. »

Hein ? Que quoi ? Elle avait entièrement raison. C’était ainsi avec lui, il ne savait vraiment pas quoi dire … Et surtout se rassurer. Il était quand même dans un endroit inconnu ou presque non ? AH NON ! Pas ça ! Ne pas penser de la sorte ! Et surtout, il était avec la maréchale ! Il pouvait quand même montrer qu’il était un homme non ? Enfin, un semblant d’homme ou presque ! Enfin quelque chose du genre ! Pourquoi est-ce qu’il n’y arrivait pas hein ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce que c’était aussi difficile ?

Pourquoi ? Hein ? Pourquoi … est-ce qu’il avait autant de mal à ne pas avoir peur de la situation. A Mekalarma, il avait réussi à combattre son dirigeant. Surtout, celui-ci n’avait pas été le plus fort … mais quand même, il avait tué celui qui dirigeait Mékalarma. Et puis, il avait déjà affronté des Mékalarmiens, ils n’avaient rien de bien dangereux contre lui. Alors pourquoi ne pas se rassurer ? Tout allait très bien se passer … enfin, il espérait ! NON ! Il en était sûr et certain même !

« Ca va un peu mieux, merci maréchale. » répondit-il faiblement.

« Me remercier pour quelle raison ? Celle qui consiste à devoir te rassurer une énième fois ? J’aimerai vraiment que ça ne répète plus sinon, je serai obligée de sévir violemment. »

Gloups ! D’accord. C’est vrai qu’elle pouvait trouver ça lassant à force. Il allait devoir faire ses preuves lors de la guerre ! Encore une fois … Bien entendu … Pfff … Vraiment, il devait apprendre à avoir une meilleure estime de sa personne mais comme souvent, plus facile à dire qu’à faire. Il le savait parfaitement, il était né comme ça, jamais rassuré et sûr de lui.


Mais voilà, avec les paroles de Manelena, il était un peu plus rassuré. Maintenant, il devait juste apprendre à se contrôler un peu mieux. BREF ! Une nnouvelle journée s’écoula sans aucun problème, contrairement à ce qu’il pensait et il fut bien obligé d’installer sa tente à côté de la maréchale. En un sens, il aurait bien aimé que la guerre commence comme ça, il n’aurait aucune honte car là … Il ne savait pas s’il devait être heureux ou non.

« Tery Vanian. Je viens voir comment se passe ta soirée. » dit la femme en armure noire alors qu’elle se trouvait dans la tête de Tery. Celui-ci était assis sur le lit, tenant un livre en main. Elle poussa un léger grognement avant de retirer son casque.

« Ah … Euh bonsoir, maréchale Nali. Vous voyez, j’étais en train de lire et … »

« De commencer à vouloir t’entraîner encore une fois en pleine nuit ? Hors de question. Je reste ici jusqu’à ce que j’aie remarqué que tu sois en train de dormir. »

« J’ai l’air juste pathétique. » marmonna le jeune homme aux cheveux bruns.

« Juste l’air ? Tu l’es déjà à la base. Est-ce que je peux voir ce livre ? » demanda Manelena avant de s’asseoir sur le lit, celui-ci s’enfonçant plus que la normale.

« Euh … Maréchale Nali, pourriez-vous juste retirer une partie de votre armure ? »

« C’est quoi cette demande incongrue ? Fais attention à ce que tu formules, tu risques de m’énerver sérieusement, Tery Vanian. » rétorqua-t-elle avec un peu de colère.

« Hein ? Pourquoi ça ? J’ai juste demandé à ce que vous fassiez cela pour éviter que mon lit ne soit détruit à cause du poids de votre armure. »

C’était donc pour ça ? Elle devait avouer que sur le moment, elle n’avait pas vraiment eut l’air très intelligente. Elle aurait dû réfléchir un peu avant de parler. Elle retira son plastron, le faisant disparaître en même temps que le bas de son armure.

« Voilà … Ca devrait être plus convenable maintenant non ? Bon, montre-moi l’un de ces livres, Tery Vanian. J’ai envie de voir ce qu’l y a à apprendre. »

Elle tendit la main, Tery lui donnant le premier livre qu’il avait reçu il y a des années de cela, lors de sa victoire sur un chef de clan gnomold. Pfiou, ça commençait à dater un peu ! Elle ouvrit le livre à la couverture brune, haussant un sourcil. Elle tourna plusieurs pages, comme si elle nageait en pleine incompréhension avant de dire :

« Mais il n’y a rien d’écrit dans ce livre ! » Est-ce que tu ne serais pas en train de te moquer de moi, Tery ? Fais attention, tu sais parfaitement… »

« Mademoiselle … Manelena. Vous ne voyez même pas les mots ? Je pensais que vous ne comprendriez pas mais … Si vous ne voyez même pas les mots … Donnez-moi le livre, je vais vous lire ce qu’il y a d’écrit. » dit Tery, reprenant le livre qu’elle avait essayé de lire. Elle ne pouvait même pas voir les lettres ? C’était quand même bizarre.

« Alors … Là … Pour un golem de base … Enfin, je ne sais pas … Il est décrit quelle terre est la meilleure … Pas forcément la plus dure mais la plus molle. En fait, la plus molle permettrait de modeler comme on le désire le golem. Du genre, je pourrais lui donner des cornes ou alors un seul et unique gros bras. »

« Tu as l’air de trouver cela plus … amusant qu’autre chose, Tery Vanian. » murmura la jeune femme avec seulement des genouillères et des coudières métalliques noires. C’était tellement bizarre de la voir dans une autre tenue.

« Disons que je trouve ça divertissant ce que l’on peut créer comme golem. C’est comme « jouer » avec la vie sans que ça soit pour autant dangereux. Je veux dire, ça n’a rien d’horrible de créer différents golems. Du genre, pourquoi ne pas faire un golem issu d’un parterre de fleurs ? Ainsi, ça serait un golem floral. D’ailleurs, j’ai lu sur la création d’un golem végétal. Une sorte de golem capable de modifier et moduler son corps pour capturer un soldat ennemi avec des lianes. Il ne serait pas forcément très costaud mais … »

Il s’arrêta de parler, remarquant le discret sourire chez Manelena. Elle souriait réellement ? A lui ? Ce n’était pas à quelqu’un d’autre ? Comment était-ce … Enfin, attendez un peu. Le sourire disparut rapidement bien qu’elle demanda sur un ton avec une pointe d’amusement :

« Tu as l’air d’un enfant avec tes golems. Je me demande si réellement, tu comprends la puissance que tu possèdes entre tes mains grâce à ces livres … »

« Si on devait rapporter chaque acte magique à une puissance définie, je crois que le monde serait bien triste, maréchale Nali. » répondit le jeune homme.

« Encore tes paroles idéalistes. Bon sang … Arrête-toi donc un peu de parler aussi stupidement, Tery. Ca devient véritablement lassant. » annonça Manelena avant de se lever du lit du jeune homme. Celui-ci sembla gêné pendant quelques instants avant de demander :

« Maréchale … Je voulais savoir … Est-ce que Manelena est votre véritable prénom ? »

« C’est quoi cette question absurde ? Bien entendu que Manelena est mon véritable prénom ! Qu’est-ce que tu t’es imaginé encore ? » dit-elle, un peu surprise.

« Je ne sais pas. Vous savez … Maréchale Nali, je me demande d’ailleurs pourquoi vous vous appelez ainsi au départ. C’est pourquoi je me demandai si Manelena était juste un nom inventé lorsque vous vous montrez sans votre armure, pour faire semblant d’être une autre personne ou alors si tout simplement, c’est votre véritable prénom. Je suis soulagé dans le fond. Ca veut dire que je ne connais en partie la véritable maréchale. » répondit le jeune homme avec un petit sourire aux lèvres.

« Tu ne connais rien de moi, Tery Vanian. Sinon, tu ne dirais pas une telle chose. » rétorqua-t-elle, prête à partir de la tente alors que son armure recommençait à apparaître sur elle.

« Vous ne m’en donnez pas vraiment la possibilité maréchale Nali. J’aimerai un jour pouvoir vous tutoyer ou en apprendre plus sur vous. La seule chose que je sais est que nous avons le même … point commun. » dit-il, remarquant l’étonnement dans le regard de Manelena. « Nous arrivons à contrôler nos lignes d’Alzar à cause d’une même pensée. »

« Tsss … Imbécile … Je n’ai pas oublié que je me renseignerai sur toi. Ton existence est parsemée de beaucoup trop de mystères. »

« Bonne nuit maréchale. J’espère qu’un jour, je pourrai vous appeler par votre véritable prénom aux yeux de tous et de toutes. »

« Tu peux toujours espérer … C’est l’espoir qui fait tourner le monde de bon nombre de personnes dans l’armée de Shunter. Bonne nuit, Tery. » dit la femme aux cheveux argentés avant de faire apparaître complètement son armure sur elle. Elle posa son regard sur lui pendant quelques minutes avant de quitter la tente.
Bizarre … Il se sentait toujours un peu bizarre lorsqu’il finissait de parler avec Manelena. Enfin bon … Il se coucha sur le lit, reniflant un peu l’odeur de la maréchale. Oh punaise ! Qu’est-ce … Non, non et non ! Il n’était pas comme ça du tout ! C’était juste que … On aurait pu croire un peu que … Mais !

« C’est un peu de parfum ? Hein ? Pas Manelena quand même ! Mais ça sent plutôt bon. »

Bizarre … Vraiment bizarre. Ca ne pouvait pas être Manelena … Pas la maréchale qui avait mis du parfum, c’était juste impossible. Il alla se coucher correctement sur son lit. Il ne se voyait pas lire au sujet des golems. Oui … Il avait envie de dormir et pour une fois, ses rêves allaient être parcourus d’une personne à laquelle il n’aurait jamais pensé auparavant. Du moins, pas dans ce genre de rêve. Quel idiot … Si elle apprenait ça, il était tout simplement mort. Ça ne se faisait pas … C’était salir son image dans ses rêves.

« Qu’est-ce qui se passe ? » s’écria-t-il subitement en se redressant dans son lit, réveillé en sursaut. La foudre ! La foudre tombait de partout, émettant des bourdonnements et des sons tellement puissants qu’ils lui donnaient mal au crâne. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il vint se rhabiller correctement, sortant de la tente avant de se diriger vers celle de la maréchale. Il n’y avait aucun garde pour la surveiller ou quoi ? La femme était déjà debout, son armure apparaissant sur son corps en même temps qu’elle semblait surprise de le voir.

« Qu’est-ce que tu fais dans ma tente, Tery ?! Nous nous faisons attaqués ? »

« Je voulais savoir si vous alliez bien Comme nous ne sommes plus très éloignés, je trouve que c’était la meilleure des idées. Et je n’en sais pas plus que vous. Est-ce que nous devrions aller voir les environs ? Je vous suis ! »

« Tsss … Ils vont encore se faire des idées ces imbéciles ! » marmonna la femme en armures de plaques noires avant de courir hors de sa tente, accompagnée par le jeune homme.
Quelle était la situation ? Comment était-ce possible qu’en aussi peu de temps, les nuages aient recouvert le ciel ? Ses mékarlarmiens avec leur magie destructrice … Ils ne perdaient vraiment rien pour attendre ces types ! Mais d’abord … Elle devait savoir ce qui se passait. Tery à ses côtés, ça ne devrait pas être si difficile. Et puis, d’autres personnes savaient sûrement quelque chose à ce sujet. Mais là … Elle devait d’abord vérifier comment toute l’armée réagissait à cette attaque surprise.

« Tery, tu restes à mes côtés. Il ne faut pas se perdre de vue. » annonça-t-elle.

Chapitre 38 : Face à face

ShiroiRyu
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Quatrième axe : Se faire valoir à ses yeux

Chapitre 38 : Face à face

Une première journée s’écoula et ce fut la seule où il se trouva derrière la maréchale, juché sur sa monture. Puis d’autres journées, deux, trois, quatre … Une semaine puis deux semaines … Deux semaines car oui, bouger une armée était beaucoup moins facile que deux personnes. De même, ils devaient réagir en conséquence et se rendre là où l’armée mékalarmienne attaquait.

Donc … C’était plus facile à dire qu’à faire car l’armée mékalarmienne bougeait en même temps. Et les nouvelles n’étaient guère réjouissantes. Car il n’y avait pas que l’armée mékalarmienne dans le royaume … NON ! Il y avait les quatre armées ! Rien que ça ! Rien que ça, oui ! Pffff … C’était donc des problèmes qui s’amoncelaient les uns sur les autres. Lorsqu’il fut l’heure de la pause, il se trouvait avec Clari. Les deux personnes discutaient ensembles, de tout et de rien.

« Je me demande comment se débrouillent nos soldats sur les autres fronts. »

« Normalement, Tery, nous devrions pouvoir tenir contre les autres armées. C’est bien celle de Mékalarma qui pose le plus de problèmes. Elle est au-dessus des autres, bien au-dessus même. C’est pourquoi le meilleur des troupes se trouve ici … »

« Hahaha … A t’entendre, ça voudrait dire que j’en fais partie … Ce n’est pas vraiment crédible hein, Clari ? » murmura le jeune homme après les paroles de Clari.

« Et si tu arrêtais de te rabaisser ? Tery ! Tu es vraiment un excellent soldat, que tu le veuilles ou non. De même, je suis sûre que tu es capable de faire de grandes choses. Enfin … Plus que la majorité des soldats ici présents. »

Elle désigna les autres personnes bien qu’elle avait chuchoté cela en les regardant. Ce n’était pas très sympathique pour eux … mais bon … Il n’allait pas prétendre le contraire. Certains soldats, s’ils étaient l’élite de l’armée de Shunter, ne semblaient pas pour autant être des lumières d’après ce qu’il remarquait.

« Oui mais bon … Enfin bref … J’aimerai ne plus en parler. Je ne suis pas comme ça, c’est tout. Je n’aime pas vraiment me vanter ou me mettre en valeur. Il faut me comprendre hein ? Je suis comme ça et je ne pense pas que ça peut changer. »

« Il y a une différence entre se vanter, être humble et se considérer comme plus bas que terre. Je te rappelle quand même que même la maréchale te considère comme spécial. »

« … … … De quoi est-ce que tu parles ? Spécial ? Enfin bon … Pas vraiment comme ça non plus, hein ? » dit-il en bafouillant un peu, confus.

« Oui, bien sûr. C’est avec un soldat lambda et inconnu au bataillon qu’elle a décidé de s’éclipser pendant quelques semaines, discrètement, sans même prévenir tout le monde hein ? Enfin … Presque tout le monde. » rétorqua Clari, Tery rougissant violemment en se rappelant l’histoire du faux couple inventé par Manelena. C’est vrai que c’était confus … très confus même. Ce genre de choses ne se faisait pas avec n’importe qui.

Mais bon … S’il lui posait la question de savoir pourquoi elle faisait une telle chose avec lui, il allait encore en baver. Il valait mieux alors rester calme et tranquille … à contrario de tout ce qui se passait et de tout ce qui allait se passer. Il passa une main devant sa bouche, bâillant à moitié alors que Clari reprenait :

« On dirait que tu vas finalement accepter que la maréchale semble t’apprécier bien plus que la normale. Toutes mes félicitations, tu as pêché un gros morceau. »

« Ne parle pas comme ça de la maréchale, Clari ! Ce n’est pas ce que tu crois, c’est pourtant aussi simple que ça ! Pfff … Ce qu’il y a entre nous reste professionnel. »

« Ah … Bon, au final, je vais te laisser divaguer hein ? Comme tu n’arrives vraiment pas à admettre l’idée que la maréchale … Oh … Tiens, au cas où, je vais te dire en plusieurs lettres ce que la maréchale éprouve pour toi. J’irai peut-être même jusqu’à le crier. Qu’est-ce que tu en penses hein ? Tu sais parfaitement que j’en suis capable. »

« … … … Clari, tais-toi. Si elle t’entend, ça risque de vraiment très mal se passer pour toi. »

D’ailleurs, la maréchale n’était pas très loin d’eux. Elle devait être à une dizaine de mètres, discutant avec d’autres personnes de diverses choses militaires. Enfin, c’est ce qu’il pensait. Pourtant, la jeune femme aux couettes blondes ne semblait pas vouloir s’arrêter, Tery lui disant avec vivacité :

« Arrête ça … Tu vas vraiment commettre une bêtise, Clari ! »

« Alors … Autant la faire non ? Alors … TERY VANIAN ! CE QUE LA MARECHALE A POUR TOI, C’EST DE L’A-M-O-U-R ! ELLE T’A-I-M-E ! »

Elle venait de crier … Elle avait réellement fait ça … Elle avait réellement crié. Et lui ? Il ne savait plus du tout où se mettre. Plus du tout même. Il était rouge comme une pivoine, baissant la tête pour être sûr de ne plus rien voir. Comment est-ce qu’elle avait osé … osé faire ça hein ? Comment est-ce qu’elle avait osé dire ça ?

« Et bien … Tu vois, Tery, ce n’est pas si dur. Au moins, comme ça, tous les soldats sont au courant maintenant. Tu n’as plus aucune honte à avoir. »

C’ETAIT PAS CA LE PROBLEME ! Et maintenant que toutes les têtes étaient tournées vers lui, il se recroquevillait pour éviter d’entendre les nombreux murmures. Il ne voulait même pas regarder la maréchale. Il ne voulait surtout pas voir sa réaction ou l’entendre.
Pourtant, il osa lever la tête pour remarquer que la maréchale comme les personnes à qui elle s’adressait … avaient toutes leurs têtes tournées vers eux. Hein ? Où était l’épée de la maréchale ? Comme un éclair, la lame passa à côté de lui. Lorsqu’il quelque chose qui tombait au sol, il avait crié de surprise, pensant au pire avant de remarquer qu’il s’agissait d’une couette de cheveux blonds ? La lame avait déchiré la toile de la tente derrière eux avant de tomber à l’intérieur.

« … … … Clari ! Qu’est-ce que tu as fait comme bêtise encore ! Tu es folle ou quoi ?! »

Il avait crié cela, mort d’inquiétude pour la jeune femme aux cheveux blonds. Celle-ci avait une petite entaille à la joue gauche alors qu’une partie de ses cheveux était tombée au sol sous la forme de la couette. Pourtant, elle gardait le sourire, murmurant :

« On dirait que j’ai visé juste, Tery. Toutes mes félicitations. »

« Clari, ce n’est clairement pas drôle ! Tu as failli te faire tuer ! » dit-il avec effroi.

« Si elle avait réellement voulu me tuer, elle n’aurait pas visé ma couette. Pour réussir à viser avec précision celle-ci, je ne crois pas qu’elle aurait de problème à viser mon cœur. C’est pourquoi ce n’était pas une erreur de sa part, voilà tout. »

Mais qu’est-ce qu’il en avait à faire ? Sérieusement ! Qu’est-ce qu’il en avait à faire de tout ça ? De ce qu’elle venait de dire ? BON SANG ! Il retourna dans la tente, récupérant l’épée de la maréchale. C’était avec elle … qu’elle faisait … de l’électricité d’après ses souvenirs. Il sortit de la tente, un peu sous le choc avant de se diriger vers la maréchale. Lorsqu’il arriva à sa hauteur, il tendit l’arme, bafouillant :

« Maréchale, veuillez vraiment ne pas éc… »

« Avorton. La prochaine fois que ton amie a la langue un peu trop déliée, je ne me gênerai pas pour viser celle-ci. Maintenant, disparais. » annonça la femme dans son armure de plaque noire tout en récupérant l’épée et en lui coupant la parole.
Gloups … D’accord. Purée ! Il retenait Clari sur ce coup ! A cause d’elle, il allait avoir de sérieux problèmes ! Il revint vers la jeune femme aux cheveux blonds, celle-ci ayant ramassé sa couette. Elle poussa un soupir, dénouant son autre couette. Dommage pour elle, vraiment dommage. Cela risquait d’être plus compliqué que prévu.

« Je vais devoir me couper les cheveux ? Ou alors, je vais devoir me faire une nouvelle couette … Tery ? Qu’est-ce que tu penses d’une queue-de-cheval ? Ca m’irait ? »

« Je n’ai pas envie de te parler, Clari. Vraiment pas envie … Vraiment, vraiment pas envie … » marmonna le jeune homme avant de s’enfoncer dans la tente.

Il en ressortit avec un livre à la main, Clari se positionnant en face de lui. Pour toute réponse, il ne prit pas la parole, passant juste à côté d’elle. Sur le coup, il lui en voulait réellement. Tout ce qu’il avait fait depuis plusieurs semaines était parti en fumée. Maintenant, il pouvait rêver pour que la maréchale veuille bien aller boire un verre avec lui … voir même tout simplement lui adresser la parole. Idiote ! Elle avait été idiote !

« Tery ? Tery, tu ne vas quand même pas me bouder ! »

« Je n’ai tout simplement pas envie de te parler. » répliqua-t-il sèchement.

« Je n’irai pas m’excuser car je sais que ce que j’ai fait est une bonne chose. C’est simplement que vous ne le remarquez pas, l’un comme l’autre. » reprit Clari alors qu’elle continuait de le suivre, ses cheveux détachés. Elle n’était pas horrible avec une partie de ses cheveux coupés mais bon … Ça lui donnait une allure plus que spéciale. Enfin toute façon … Il n’allait pas pouvoir lui en vouloir très longtemps, c’était aussi simple que ça.

Et ce fut chose faite après quelques minutes. Néanmoins, il n’eut pas la chance de se faire pardonner par Manelena et c’était bien plus dérangeant pour lui qu’autre chose. Mais voilà … Il ne pouvait rien y faire malheureusement. C’était dramatique … et ça l’embêtait. Les jours défilèrent et il reçut finalement une lettre d’Elen.
Lorsqu’elle vit la lettre, Clari lui rappela qu’il avait déjà une petite amie au cas où. Il fit semblant d’ignorer ses paroles, préférant s’attarder sur ce qu’il avait en main. Vraiment … Toute cette histoire était compliquée, bien trop compliquée pour quelqu’un comme lui ! Pffff ! Bon, qu’est-ce qu’Elen lui voulait ? Savoir où il était ? Il allait lui répondre même s’il n’avait pas tous les détails. De toute façon, ça ne concernait que lui cette lettre. Il allait lui expliquer la situation dans laquelle il se trouvait et voilà !


La lettre fut envoyée rapidement alors qu’il se demandait ce qui se passait ici. Vraiment … Quelque chose clochait avec lui … ou alors il ne savait quoi. Mais bon, en même temps, il était plus que perturbé ces derniers jours, la faute à ce qui se passait avec Clari et Manelena. Sans la première, il ne se serait pas disputé avec la seconde. Maintenant, il avait interdiction de se rapprocher de la tente sous peine de tout simplement se faire écarteler.

« Roh … Ne boude pas, Tery. Tu la reverras ta petite chérie. Il faut juste lui laisser le temps de s’adapter à ses propres sentiments. »

« Clari, je t’ai déjà dit que ce n’était pas drôle du tout ! Arrête de te moquer de moi ! »

« Je ne me moque pas … Pfff … T’es vraiment d’une humeur de chien. Bon, si on ne peut plus se parler parce que tu n’y crois pas, moi, j’y peux rien. » marmonna la jeune femme qui avait décidé de se faire une couette blonde.

Voilà ! Qu’elle s’en aille et qu’elle le laisse tranquille ! Ainsi, tout le monde serait heureux et il n’y aurait plus aucun souci ! C’était aussi simple que ça ! Pourquoi est-ce qu’elle n’avait pas compris ça dès le départ hein ? Peut-être qu’ils allaient pouvoir enfin souffler un peu chacun de leur côté ? Oui … C’était la meilleure chose à faire.

« Je ne te parle plus, Tery. »

« Tant mieux, nous serons deux alors, Clari. » rétorqua le jeune homme en évitant de jeter un œil à la bouille boudeuse de la jeune femme.

S’il se laissait attendrir, ça ne servirait à rien d’être en colère contre elle. Il avait cru que ça passerait comme les autres fois mais il s’était lourdement trompé. Il fallait dire que sur ce coup, il n’avait rien à se reprocher ! C’était elle et uniquement elle la responsable de cette dispute entre eux deux.

« De toute façon, maintenant, nous ne marchons plus ensembles. » marmonna-t-il, les heures s’étant écoulées depuis le temps où il avait annoncé qu’ils ne se parlaient plus.

« Ouais ben, je ne veux pas dire mais ça m’intéresse pas. » dit le soldat à côté de lui, un troisième larron rigolant en réponse à ceci.

Pffff ! Tant mieux car ça ne le concernait pas à la base ! De quoi est-ce qu’il se mêlait ce type ? Bon, lui aussi, il n’avait qu’à la mettre en veilleuse en même temps. Peut-être qu’en se taisant, ça irait beaucoup mieux. En même temps, ça lui permettrait de mieux se concentrer.

Bizarre … Il était sûr qu’il paraissait bizarre aux yeux des autres. Il fallait dire qu’il ne s’attendait pas à ce que ça marche aussi bien. De quoi ? Et bien tout simplement de lire tout en marchant et en suivant la troupe. Ainsi, en même temps qu’il s’abreuvait de connaissances sur les golems, il suivait la troupe. La seule chose qu’il faisait pour éviter les soucis, c’était de marcher hors des rangées. Ainsi, peu de chances qu’il percute un soldat ou un qu’un soldat lui demande d’accélérer le rythme. C’était une exce …

Il s’arrêta dans son mouvement ou plutôt, on le força à arrêter. La raison était simple … très simple. Il venait de se prendre un arbre en pleine face, ne l’ayant pas vraiment remarqué, complètement absorbé dans son livre. De nombreux éclats de rire se firent entendre alors qu’il poussait un gémissement de douleur. Il entendit les sabots d’un cheval qui arriva à sa hauteur, la maréchale l’observant de ses yeux rubis.

« Tu peux arrêter de faire l’imbécile pour une fois ? Ca me changerait. »

« Je ne l’ai pas fait exprès, maréchale Nali ! C’est juste que l’arbre … »

« S’est soudainement mis sur ton chemin, oui, je connais la comptine. » dit avec ironie la maréchale, tendant sa main. Il parut plus que surpris, commençant à bredouiller mais elle reprit la parole : « Grimpe maintenant. Tu vas lire d’une main, t’attacher à moi de l’autre. Je ne peux pas te laisser te prendre un autre mauvais coup de la sorte. C’est bien parce que tu tentes de faire des efforts sur les golems. »

Il repoussa faiblement la main, faisant un petit sourire intimidé. Il ne voulait pas avoir de problèmes. Pas cette fois … Il hocha la tête négativement, murmurant :

« Maréchale, c’est très … généreux de votre part mais je préfère refuser. Je ne veux plus que ça porte à confusion tout ce qui se passe. »

« … … … Et si je te l’ordonne ? Tu seras bien obligé d’accepter. » répliqua-t-elle sèchement, comme à son habitude tandis qu’il gardait son sourire.

« Mais vous ne le ferez pas maréchale. S’il vous plaît, ça vaut mieux pour tout le monde. J’espère que vous comprendrez que ce n’est pas de gaieté de cœur que je refuse votre proposition. Ça me fait plus que mal … mais c’est un mal pour un futur bien. »

« Toi … Je te promets que je chercherai dans tes origines jusqu’à la quinzième génération s’il le faut … mais je saurais d’où tu viens exactement. Tu ne peux pas être un fils de paysans avec un tel langage. » annonça la maréchale avec irritation.

« Hein ? Mais c’est juste ma mère qui des fois, me parlait comme ça. Ça n’a rien de surprenant, je trouve. » murmura le jeune homme mais elle était déjà partie.

Plusieurs sifflotements, entre l’admiration et l’inquiétude se firent entendre de la part de quelques soldats. Certains vinrent lui dire que refuser une proposition de la maréchale, soit c’était du courage, soit de la folie pure. Pour toute réponse, il haussa les épaules.

Mais bon … Pourquoi est-ce que la maréchale avait dit cela ? Il n’avait pas parlé bizarrement, il trouvait. Enfin, il avait parlé à la maréchale comme il aurait parlé à une grande dame. Du moins, maintenant qu’ils étaient en froid, c’était mieux pour lui qu’il lui parle comme ça … C’est comme ça qu’il voyait la chose.
Faisant plus attention où il avançait maintenant, il continua de lire son livre sur les golems, le terminant avant de passer à un second. Sincèrement, plus il lisait le même livre, plus il avait l’impression d’en apprendre … Car bien que certaines pages étaient vides, elles semblaient se remplir peu à peu … à chaque fois qu’il avait un nouveau livre.

Ainsi, bien que ce fût étonnant, il continuait de lire pour apprendre. Il avait toujours cette petite idée en tête et il espérait que ça serait possible à mettre en application. Mais bon … La dernière fois qu’il avait tenté quelque chose du genre, il se rappelait comment ça avait fini … Encore que ça serait une bonne idée s’il voulait parler avec la maréchale.
Enfin, il décida de ne pas mettre son idée en application. Il voulait éviter les ennuis, pas les chercher. Finalement, une nouvelle fois les tentes furent mises mais il tendit l’oreille pour écouter les conversations. Ils n’étaient plus très loin il semblerait … Plus très loin de là où l’armée de Mékalarma se trouvait.

« Ca m’a l’air très sympathique visiblement … »

Il installa sa tente, comme les autres avant de s’enfoncer à l’intérieur. Il devait éviter de commettre des bêtises encore une fois. L’armée de Mékalarma n’était plus très loin. Il devait alors se préparer au cas où. Il allait devoir aussi mettre en place son idée. Ce soir, il allait recommencer son expérience en en espérant que ça ne soit pas un échec.
Lorsque la nuit arriva, il observa les alentours de sa tente, remarquant qu’il n’y avait personne d’éveillé. Tant mieux pour lui. Bon … Où était son livre sur les golems ? Ah voilà … Il l’avait retrouvé. Bon, alors, maintenant, par quoi est-ce qu’il allait commencer ce soir ? Il fit apparaître ses lignes noirs, prêt à accomplir ce qu’il pensait être une excellente idée.

« Ca a recommencé, maréchale Nali. » dit l’un des soldats lorsque la femme en armure noire sortit de sa tente après avoir demandé ce qui se passait.

Qu’est-ce qui avait recommencé ? Oh non … Bon sang, elle était sûre que ça LE concernait. Et comme pour confirmer ses dires, elle se dirigea vers la tente de Tery, là où plusieurs soldats étaient réunis. Elle s’écria :

« POUSSEZ-VOUS ! Que l’on aille me remplir un seau d’eau froide ! »

« Ohla … Elle n’est pas contente, je vous conseille d’aller le chercher plus que rapidement. » murmura un soldat tandis qu’elle pénétrait dans la tente.
Cette fois-ci encore, le jeune homme était couché au sol, face contre terre. Il semblait avoir encore fait plus d’efforts que nécessaire. On lui signala au-dehors de la tente que le seau d’eau était prêt. Elle sortit avec Tery, le tenant par le col tandis qu’il dormait profondément, le visage Sali par la terre. La majorité des soldats s’attendit à ce qu’elle prenne le seau d’eau pour le renverser sur le jeune homme mais pas à ce qu’elle lui plonge la tête dans le seau.
Cinq secondes … Dix secondes … Vingt secondes … Trente secondes ! Le corps du jeune homme se mut avec dextérité, essayant de sortir la tête de l’eau mais rien n’y fit. Finalement, ce fut la maréchale qui arrêta ce supplice, Tery haletant pour reprendre son souffle. Il ne savait pas du tout ce qui se passait mais à peine eut-il le temps de regarder où il était qu’il fut une nouvelle fois soulevé par le col.

« Ca t’amuse de faire l’imbécile, Tery, n’est-ce pas ? » demanda la maréchale avec énervement. Elle semblait réellement furieuse cette fois.

« Maré … Me dites pas que j’ai recommencé … Me … »

« Ne t’avise même pas de parler ! Cette fois-ci, tu m’énerves vraiment, espèce d’imbécile ! Quel soldat un tant soit peu réfléchit pense à s’évanouir dans sa tente ? » hurla-t-elle avant de lui replonger la tête dans le seau d’eau froide.

Mais mais mais ! C’était gelé ! Qu’elle arrête ! C’était plus que froid ! Elle lui ressortit la tête après trente secondes. Elle allait le laisser respirer ? Il aimerait bien s’excuser mais il était sûr qu’il valait mieux cette fois se taire.

« Toi … Tu vas aller dans ma tente … Je vais être sûr que tu crèves à petit feu puisque c’est ton but, Tery Vanian. » annonça la maréchale.

Hein quoi ? Comment ça crever à petit feu ? Elle le força à la suivre, ordonnant aux autres soldats de ne pas s’approcher de la tente du jeune homme. Ils se dirigèrent vers celle de la maréchale, celle-ci lui forçant à rentrer à l’intérieur d’un violent coup de pied aux fesses. Lorsqu’elle s’installa, lui ordonnant de rester debout, elle retira le gant de sa main droite, tendant un doigt vers lui. Il vit des lignes noires sur sa main puis soudainement, une projection d’eau chaude. Il poussa un cri de surprise puis un second lorsque l’eau chaude devint froide. Tout son corps était trempé et il commença à grelotter.

« Puisque tu aimes tellement la torture, on va continuer comme ça non ? Tu n’as pas intérêt à essayer de t’essuyer ou te sécher tant que je ne t’en donne pas l’ordre. »

« Mais maréchale Nali … Si je ne me sèche pas … » commença à dire Tery.

« Tu vas tomber malade, n’est-ce pas ? J’en ai strictement rien à faire. Quand tu arrêteras de jouer au con, on pourra peut-être faire quelque chose de toi. Les mékalarmiens sont à portée … Il se peut que nous lancions une offensive dans les jours qui viennent et toi, qu’est-ce que tu fais ? Tu continues de faire le con en t’évanouissant une nouvelle fois dans ta tente. Tu espères quoi ? Te faire passer comme malade pour pouvoir rentrer chez toi et éviter la guerre ? Ca ne marchera pas comme ça avec moi. »

« Je n’ai jamais pensé à ça, maréchale Nali ! Je vous en prie, faites-moi confiance ! Je ne ferai jamais une telle chose ! » s’écria-t-il pour tenter de la convaincre. « Je … Je … Ne le dites à personne … mais je m’entraîne pour les golems … tous les soirs. Hier, j’ai encore dépassé mes limites et … » reprit le jeune homme avant de se prendre une serviette sur le visage. Elle lui pardonnait ? Il n’en était pas sûr mais elle le regardait, son casque retiré pour laisser montrer son visage froid, ses yeux rubis le fixant ardemment. C’était pour une bonne cause alors elle voulait bien continuer à faire une exception pour lui.

Chapitre 37 : Une décision irrévocable

ShiroiRyu
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Chapitre 37 : Une décision irrévocable

« Alors ? De quoi est-ce qu’elle t’a parlé ? » demanda Tery alors que Clari revenait vers lui, un peu soucieuse d’après ce qu’il voyait sur son visage.

« Hum … Pas grand-chose. Enfin, je lui ai posé quelques questions aussi de mon côté. Mais bref, en quelque sorte, dis-toi que dorénavant, tu as une protectrice attitrée. »

Une protectrice attitrée ? Le visage anxieux se transforma en un grand sourire avant qu’elle ne vienne l’enlacer contre elle. Hey hey ! Qu’est-ce qu’elle faisait ? Il avait besoin d’en savoir plus … Le protéger ? Mais de quoi ? Contre qui ? Il savait se débrouiller tout seul quand même ! Enfin bon, elle semblait folle de joie donc il ne disait rien du tout. Pourtant, c’est elle qui arrêta de l’enlacer contre elle, reprenant :

« Par contre, je n’ai pas pu avoir plus d’informations sur ce qu’elle pensait de toi. »

« Euh … Je peux te poser une question ? Enfin … Mais à voix basse. Est-ce que la maréchale était recouverte par son armure quand tu es venue à l’intérieur ? Enfin pour parler entre vous. » demanda-t-il, un peu gêné par la question qu’il venait de dire.

« Hum ? Bien entendu. De la tête aux pieds. Tu ne penses quand même pas qu’elle va se montrer sans son armure en public ? Ca serait une révolution ! »

« Ah non non … Bien entendu que non. Ca ne serait pas du tout son genre de toute façon. » bafouilla le jeune homme, un peu gêné. Aussitôt, la jeune femme fut suspicieuse, commençant à réfléchir à une telle réaction de la part de Tery. Puis soudainement, elle s’écria : « Ah ! Mais bien sûr ! Ta petite dulcinée s’est montrée sans rien ! »

« MAIS TAIS-TOI BON SANG ! » hurla le jeune homme en se jetant sur elle, une main sur la bouche. Qu’elle la mette en veilleuse ! Surtout pour balancer une telle phrase ! Il tomba sur elle, plusieurs soldats les regardant.

« Euh … Tery, tu m’écrases … la poitrine. » murmura Clari en rougissant un peu. Tery se releva aussitôt, tout aussi gêné qu’elle avant de prendre sa main pour l’aider à se lever.

« Oui mais bon … C’est pas comme ça que ça s’est passé ! Faut arrêter de dire n’importe quoi aussi … C’est vraiment perturbant ça … »

« Je voulais te gêner … Mais une telle réaction … C’est qu’il y a quand même quelque chose ! Qu’est-ce qu’elle a dit ? Vite, vite ! » demanda la jeune femme aux couettes blondes.

« Elle n’a rien dit de spécial. C’est juste qu’avec moi, elle n’avait pas son casque. Tu sais que ça change carrément une impression ? Enfin, la voir dans son armure mais avec juste son visage découvert, cette impression de puissance. Elle est vraiment grande … dans tous les sens que tu veux donner à ma phrase. » s’exclama-t-il.

« J’ai eu ce que je voulais entendre. Par contre, elle parle à tous ceux qui auront un rôle important dans cette guerre. Donc tu sais … Il y a aussi …Salazar. » répondit Clari calmement alors qu’il hochait la tête. Il savait parfaitement cela. Il était au courant … et de toute façon, il s’en doutait puisqu’il l’avait vu parmi les personnes qui partaient pour combattre Mékalarma. Mais il avait préféré ne rien dire et juste se concentrer sur la mission.

Bon … La soirée se passa plus tranquillement que prévue. Il discutait avec Clari pendant quelques heures au sujet de tout et de rien. Néanmoins, il fut l’heure d’aller dormir et il remercia la jeune femme de la discussion. S’enfonçant dans une tente qu’il ne partageait avec personne à cause de son « statut » militaire, il resta néanmoins debout pendant deux heures de plus. Un livre en main, il s’était mis à le bouquiner pour se renseigner bien plus sur les golems, comme il l’avait promis à la maréchale.

« Alors … Si je comprends bien … Ces livres ont une magie qui leur est propre. Contrairement à ce que l’on croit, il n’y a pas que la magie de l’utilisateur qui est prise en compte mais aussi celle des livres. Ces livres sont très anciens mais pourtant en parfait état de conservation. Ce n’est pas normal … »

Il se parlait tout seul, espérant que d’autres personnes ne l’entendraient pas. Mais d’après ce qu’il remarquait en jetant un petit regard hors de la tente, il n’y avait que peu de personnes … seulement des gardes qui faisaient des patrouilles. C’était une bonne chose d’ailleurs. Ca permettait une surveillance accrue en cas de gros problèmes.

« Bon … Néanmoins, ce n’est pas suffisant. » se murmura-t-il à lui-même en retournant dans la tente. Il devait faire attention à ces livres. Il avait peut-être une idée sur les golems … comme les utiliser … Qu’est-ce qu’il devait faire ? Pour réussir ?
Peut-être qu’un petit test avant d’aller dormir serait une bonne solution ? Comme les tentes n’étaient pas couvertes au sol pour la grande majorité, c’était possible. Il récupéra un peu de terre, commençant à façonner un golem tout en faisant apparaître ses lignes noires.
Le reste de ce qui se passa cette nuit fut inconnu de tous sauf de lui. La seule chose dont était certains les soldats, ce fut qu’ils retrouvèrent le jeune homme couchée a même le sol, baignant dans une boue à moitié solide. Lorsqu’ils arrivèrent à le réveiller, ils lui demandèrent de nombreuses explications mais le jeune homme semblait avoir tout oublié de cette nuit. Qu’est-ce que ça voulait dire ?

« Bon … De toute façon, la maréchale veut te voir dès que tu seras un peu plus propre. On lève le camp d’ici une heure au grand maximum donc tu ferais mieux de te dépêcher. » dit l’un des soldats en haussant les épaules.

Se laver ? La maréchale pour le voir ? Hey, hey, hey … Clari tenta de se rapprocher de lui pour avoir aussi quelques explications mais il fit un geste évasif de la main avant de s’éloigner. Bon … Où est-ce que les douches étaient installées ? Si on pouvait appeler ça une douche … Car bon, c’était juste seau d’eau manipulé par magie et qui tombait sur lui. Ah … Bon … Ce n’était pas le plus important.

« Hum ? Qu’est-ce que … Tiens … La lettre a changé …. »

Maintenant, il avait une lettre C sur le torse. Il la remarquait … alors qu’elle était de couleur noire. Noire comme l’ébène pour bien représenter son statut de porteur des lignes d’Alzar. Mais bon, s’il avait la lettre C, c’est qu’il s’améliorait non ? De toute façon, ce genre de choses n’avait aucune réelle signification d’après ce qu’il comprenait. Ce n’était pas la lettre qui faisait la personne, loin de là. C’était juste une … marque. Rien d’autre.

Lorsqu’il fut propre et qu’il eut terminé de se laver, il se rhabilla rapidement, se dirigeant alors vers la tente de la maréchale. Qu’est-ce qu’elle lui voulait ? C’était pour parler de son aspect pitoyable … lors de cette petite scène, c’est ça ? Enfin, ce qui s’était passé cette nuit ? Mais quel idiot, mais quel idiot, voilà tout ! Et s’il y avait eu un traître ? Il aurait pu facilement le tuer puisqu’il s’était évanoui.

« Maréchale Nali ? Je suis là. » murmura-t-il devant la tente.

« Tu peux rentrer, vérifie seulement qu’il n’y ait personne derrière toi. »

Hum ? Bien entendu mais pourquoi ? Il s’exécuta, vérifiant derrière lui avant de pénétrer à l’intérieur de la tente. Drôle de recommandation de la part de la femme en armure noire. Il fallait dire que celle-ci se présentait encore à lui sans son casque noir sur son visage. Quand même … Qu’est-ce qu’elle était belle. Il le remarquait à chaque fois mais bon … Elen aussi était très belle bien que … Bien qu’il ne la voyait que très peu maintenant.
En fait, ça commençait à faire un bout de temps qu’il ne l’avait plus vue sur cette image. C’était vraiment triste pour lui … Ca l’embêtait beaucoup quand même. Mais bref … Manelena le regardait avec un peu d’inquiétude. Euh non ! Ce n’était pas possible qu’elle s’inquiète pour lui ! Après une nouvelle étude de son visage, il vit que c’était plus de la colère. De la colère ? Aie, aie, aie … Qu’est-ce qu’il avait fait de mal ?

« Euh … Maréchale Nali … Pourquoi est-ce que vous vouliez me voir ? »

« Pourquoi est-ce que tu t’es retrouvé couché et évanoui dans la boue ? » répondit-elle aussitôt au tac-à-tac, signe qu’elle semblait plus exaspérée qu’autre chose.

« Euh … Je ne m’en rappelle plus du tout, maréchale … » dit-il en baissant la tête, un peu honteux de ne pas s’en rappeler.

« Hum … Viens par là au cas où. » murmura la femme aux yeux rubis. Elle n’allait quand même pas le frapper non plus hein ? Il avait un peu peur sur le coup. Mais bon, il s’exécuta, se rapprochant d’elle avec un peu d’inquiétude.

La main gantée de métal noir fit disparaître celui-ci, se faisant paraître nue. Avec lenteur, elle la posa sur son front, le jeune homme restant parfaitement immobile. Qu’est-ce que … Hey … Hey … C’était un peu perturbant là.

« Tu n’as rien du tout. Je pensais que tu avais encore un peu de fièvre. Te rappelles-tu au moins ce que tu faisais avant de t’évanouir ? »

« Je crois oui … Enfin, d’après ce qui a été trouvé … J’étais en train d’étudier les livres sur les golems. Je crois que je voulais m’entraîner durement pour ce qui nous attendait. »

« … Oh. C’était donc pour une bonne raison. Je pense que tu étais surtout plus qu’épuisé. Tu as dû faire je ne sais quelle manipulation hasardeuse encore une fois. Bon … Si tout va mieux, je pense que tu peux t’en aller alors. » termina-t-elle de dire tout en retirant sa main de son front. Pourquoi est-ce qu’elle faisait ça ? Ca le perturbait …

« Maréchale Nali ? Est-ce que je peux affirmer une nouvelle fois … quelque chose ? »

« Affirmer ? Que veux-tu dire par là, Tery ? » demanda la femme aux cheveux argentés.

Même s’il était fatigué et exténué à cause de ce qui s’était passé, il vint s’incliner devant elle, mettant un genou au sol, une main sur le cœur. Aussitôt, ce fut elle qui se redressa du trône, plus que surprise mais aussi un peu en colère.

« Réponds-moi dès maintenant avant que je me mette en colère … Et loin qu’un peu. »

« Mademoiselle Manelena, je réitère mes propos. Je resterai fidèle principalement à vous et non pas à l’armée de Midès. Après tout ce que vous avez fait pour moi, ça me semble plus que normal et logique que ça soit ainsi. »

« Tout ce que j’ai fait pour toi ? Arrête donc avec cette vaste blague qui n’a que trop duré ! »

« Je ne plaisante pas, maréchale Nali. Je considère votre personne plus importante que l’armée de Midès. Je tenais à le dire avant que vous vous mettiez en colère. » murmura-t-il avant de se relever, un peu gêné.

« Dommage pour toi mais c’est déjà le cas. Tu as intérêt à disparaître dès maintenant avant que je m’emporte, c’est compris, Tery Vanian ? Ce genre d’imbécilités n’a pas à être proféré ici. Tu le sais aussi bien que moi alors disparais ! »

« Comme vous le désirez, maréchale. Mais je reste campé sur mes positions, désolé. » termina de dire Tery avant de s’éloigner.

Pourquoi est-ce qu’il continuait à parler de la sorte ? C’était quoi son objectif avec de telles paroles ? Qu’elle le considère comme un ami ? Un allié ? De qui se moquait-on ? Elle n’était pas comme ça et il devrait le savoir ! Ca ne lui faisait aucun effet, rien du tout. Enfin … C’est ce qu’elle aimerait penser mais ce n’était pas totalement vrai.
Elle resta de marbre en le regardant partir de la tente avant de serrer longuement le poing droit. Assez … Si ça s’apprenait … Si ça s’apprenait, ça allait faire encore plus de rumeurs stupides. Ils allaient penser à des choses absurdes qu’elle ne pouvait pas laisser passer. Elle devait mettre un terme à tout ça.

« Pfiou … Vraiment, des fois, j’aimerai que tout soit bien plus simple. » marmonna le jeune homme aux cheveux bruns, ayant quitté la tente de la maréchale pour se diriger vers la sienne. A l’intérieur, il revint s’asseoir sur son lit, reprenant l’un des livres golemiques dans ses mains. Il passa un doigt sur la couverture, un petit sourire aux lèvres.

« Vraiment … Si c’est cela … le problème … Je ne pense pas que ça soit si important alors dans le fond. J’espère qu’ils seront surpris d’ici là. »

Hahaha … Il n’aimait pas mentir, loin de là même. Mais il ne pouvait pas parler de ce qu’il avait fait hier. Il était sûr que cela serait plus qu’utile aux yeux de tous et de toutes, surtout dans cette guerre impitoyable qui allait commencer plus que bientôt. Du moins, c’est ce qu’il croyait … Ou espérait … Il ne savait pas vraiment.

« Toc, toc. Je peux rentrer dans la tente, Tery ? »

« Clari ? Qu’est-ce que tu me veux ? Mais bonjour sinon. » murmura le jeune homme, acceptant par-là l’arrivée de la jeune femme aux couettes blondes.

« Euh … Tu ne trouves pas ça normal que je vienne prendre de tes nouvelles ? Après ce qui s’est passé cette nuit ? » demanda-t-elle, se présentant à lui. Elle vint l’embrasser sur les joues, posant rapidement une main sur son front. « Pas de température … Alors, tu m’expliques ce qui s’est passé ? AH ! Il faut aussi que l’on démonte la tente. »

Elle allait l’aider visiblement. Pourtant, il ne lui répondait pas alors qu’il commençait à mettre ses affaires dans son sac. Bon … Monter une tente, démonter une tente … Il devait prendre l’habitude car ça allait être ça pendant un bon bout de temps.

« Alors ? Tu me parles ou quoi ? J’ai le droit de savoir si tu vas bien ou non. »

« Je vais bien, je vais bien. Tu n’as pas besoin de t’alarmer non plus, Clari. Est-ce que j’ai d’aller mal ? La maréchale m’a déjà pris la température, tu vois bien que je n’ai pas de fièvre alors bon … De toute façon, je ne vois pas en quoi … »

« OH ! J’ai cru bien entendre ? Ou alors … Il se pourrait que la maréchale te dorlote et essaye de voir si le petit bout va bien ? » murmura Clari avec ironie.


TSSSS ! Il aurait mieux fait de se taire ! Heureusement qu’il n’y avait qu’elle pour parler de ça … Car sinon, si les autres apprenaient à son sujet … avec la maréchale, il le sentait beaucoup moins. La tente fût démontée, le jeune homme poussant un profond soupir avant de mettre une main sur son front. Il était en sueur ?

« J’ai l’impression que j’ai fait trop d’efforts. » murmura Tery.

« Tu n’as vraiment l’air de ne pas aller bien … Tu m’inquiètes là. » répondit la jeune femme aux cheveux blonds, passant une main sur les joues de Tery.

« Que se passe-t-il ici ? Vous êtes parmi les derniers. » dit une voix féminine, la maréchale arrivant vers eux. Clari désigna Tery, reprenant :

« C’est lui. Il prétend qu’il n’a aucun problème mais il m’a l’air plus que faible. Je ne suis même pas sûre qu’il tienne vingt minutes en marchant dans cet état. »

« On ne va pas retarder l’armée juste pour un seul homme. Par ici, Tery ! » s’écria la maréchale, le prenant par le bras pour le traîner derrière elle. Il poussa un gémissement de douleur, son sac sur le dos alors qu’il regardait Clari. Celle-ci lui fit un grand sourire et un geste de la main pour le saluer.

« Non mais qu’est-ce … Je vais très bien maréchale ! »

« Oui bien entendu … Alors que tu sembles fondre au soleil avec toute cette sueur qui s’écoule de ton corps ? C’est répugnant. » dit calmement la maréchale, se rapprochant d’un destrier au pelage onyx. Une superbe bête … à deux têtes. A croire que c’était la même que celle d’il y a bientôt … une année ? Lorsqu’il était parti vers Honoros ?

« Qu’est-ce que vous allez faire maréchale ? » demanda le jeune homme.

« Devine un peu, espèce d’idiot. Bon … Tends la main, je ne suis toujours pas sûre que tu sois capable de grimper sur cette bête. » répondit Nali, n’attendant pas qu’il lui montre sa main droite. Elle grimpa sur l’équidé à deux têtes, forçant Tery à faire de même.

« Je ne suis pas sûre que … ça soit une bonne idée. »

« Ce que les autres en penseront, je vais te le dire : ça ne m’intéresse pas. Tu es une personne qui a un statut spécial dans l’armée. Que l’on essaye de me retrouver quelqu’un avec des lignes d’Alzar et capable de créer des golems et je le prendrai à ta place sur le cheval. Et c’est bien parce que tu me sembles exténué que tu as le droit à un tel traitement. Sinon, tu pouvais tout simplement t’attendre à marcher comme les autres. Alors, tu arrêtes de faire la mijaurée et tu places tes mains autour de mon ventre, c’est compris ? »

« D’a … D’accord, maréchale Nali. Pardon … C’est juste que ça me semble un peu gênant, c’est tout. Je n’ai pas l’habitude de ça. » bafouilla Tery, la femme en armure noire le forçant à placer ses mains sur son ventre.

« La ferme, Tery Vanian. C’est compris ? J’en ai assez de me répéter. » coupa-t-elle sèchement, signe qu’elle commençait à être exaspérée. « Tu l’ouvres encore et tu vas retourner au sol, avec mes affaires en plus des tiennes sur le dos. »

« Je devrais plutôt vous remercier, maréchale. »

« Oui … Oui. Remercie-moi et tais-toi. Je pense déjà que tu … Hum non rien. » termina de dire la femme en armure de plaque noire.
Elle n’avait pas besoin de le préciser. Les regards de nombreux soldats et généraux étaient plus qu’éloquents à ce sujet. Certains étaient étonnés, d’autres un jeu jaloux du jeune homme qui semblait avoir une relation plus que spéciale avec elle pour pouvoir se retrouver sur la même monture … que la maréchale.

Il tourna son visage, remarquant l’air surpris d’Olin mais aussi ceux des autres … personnes qui l’avaient accompagné à Honoros. Clari était la seule personne qu’il connaissait qui lui faisait un grand sourire. Elle semblait être heureuse … qu’il soit ici, derrière la maréchale. Pourtant, il n’y avait pas de quoi.

« Tery … Si tu es derrière moi, c’est jusqu’à cette après-midi ou ce soir. Cela dépendra de ton état de santé, est-ce bien clair ? »

« Oui … Oui … Maréchale Nali. Ne vous en faites pas, je vois parfaitement où vous voulez en venir. Mais merci quand même pour tout ça. » dit le jeune homme alors que maintenant, il était temps pour l’armée de continuer son chemin en direction de l’endroit où se trouvait celle de Mélakarma. Ça pouvait être une expérience enrichissante non ?

C’était ce qu’il tentait de penser pour se rassurer. Pas sûr que ça ne marche … Pas du tout même … Ah … Non mais vraiment. Il voulait juste éviter que d’autres soldats soient jaloux de ce qui se passait. Enfin, il espérait … Car devant le regard de certains … Par contre, il remarquait autre chose. La maréchale n’était jamais à côté des autres généraux pendant la marche. Non … Elle était dans son coin … Et c’était presque une balade à deux.

« Maréchale Nali … Vous êtes vraiment une femme solitaire, n’est-ce pas ? » dit-il après une bonne heure de marche en étant sur le cheval à deux têtes.

« Hum ? Qu’est-ce que tu racontes encore, Tery ? »

« Oh … Je ne sais pas … mais pourquoi est-ce que vous ne discutez pas avec les autres généraux ? Je ne pense pas que ces hommes soient des monstres non ? Enfin … Je veux dire, après ce que je sais … Après ce que j’ai connu, je me dis que chaque personne est normale … Enfin, à peu près normale d’après ce que je crois comprendre. »

« D’après ce que tu crois comprendre … Or, tu ne comprends jamais rien. » répliqua-t-elle sèchement, lui montrant bien par là qu’elle voulait éviter toute discussion hasardeuse avec lui.

« C’est sympathique de votre part, maréchale Nali. »

« Je ne suis pas faite pour être sympathique, Tery Vanian. Là, je ne fais que mon devoir en te prenant avec moi sur ma monture. »

« Je le sais parfaitement, maréchale. Je le sais parfaitement … Ne vous inquiétez pas, le message est très bien passé hein ? »

Il avait fini de parler à son tour, soupirant une nouvelle fois alors que la maréchale ne lui répondait pas. C’était trop souvent ainsi. Peut-être devait-il chercher un autre sujet de conversation ? Il n’en était pas sûr, loin de là même. La maréchale n’était pas de bonne humeur … Enfin, elle l’était très rarement. Pourquoi une telle femme était ainsi ? Elle était pourtant plus que jolie d’après ses propres critères … Or il ne trouvait pas qu’ils étaient mauvais, loin de là. Il la trouvait aussi bien qu’Elen, c’était pour dire. Bon, Clari était très belle aussi hein ? Ses couettes blondes lui allaient bien. Ça lui donnait un peu l’aspect d’une guerrière venue d’ailleurs, ce qui n’était pas vilain.

« Maréchale … Dites … Sincèrement … Est-ce dérangeant de m’avoir à vos côtés ? » demanda-t-il, sentant son cœur se serrer faiblement dans sa poitrine.

« C’est quoi ce ton triste que tu me donnes ? Tu crois être une plaie et un boulet ? Tu penserais que je dirai le contraire ? Mais tu l’es, Tery Vanian. »

« … … … Oui. » répondit tout simplement le jeune homme.

« Maintenant, tu arrêtes de poser ce genre de questions particulièrement stupide et tu observes les alentours. Nous nous avançons peu à peu en direction de la zone où l’armée mékarlarmienne s’est installée. Il se pourrait qu’il y ait des éclaireurs. » conclut-elle tandis qu’il hochait la tête. C’est vrai. Qu’il arrête de penser de la sorte, c’était tout simplement stupide de sa part. Il allait l’aider du mieux qu’il le pouvait.

Chapitre 36 : Sur le sentier de la mort

ShiroiRyu
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Chapitre 36 : Sur le sentier de la mort

« Aller … Prépare-toi … Tery … Tu as même écrit à ta mère. Tu le lui promets souvent mais tu ne le fais jamais. Là, tu lui as écrit … C’est bien que tu penses vraiment que c’est dangereux hein ? » murmure une voix dans la chambre.

La voix de Tery qui était en train de faire les cent pas à l’intérieur. Il restait concentré et surtout tentait de rester calme. Il fallait dire qu’il ne le sentait vraiment pas … ce qui risquait de se passer. Et donc, avoir peur, c’était quand même normal non ? Il sortit de sa chambre, ses affaires dans un sac, ses objets personnels comme ses livres dans un autre. Il était prêt.

Il quitta le bâtiment, allant rejoindre les nombreux soldats qui étaient prêts à partir. Voilà … C’était le grand moment. Là où la fière armée shunterienne allait quitter Midès pour se rendre à l’ouest du royaume, guidée par son monarque tout puissant. Il n’était même pas ironique dans ses pensées. Il chercha Clari du regard, celle-ci levant la main en l’air pour qu’il la remarque. Il se dirigea vers elle, la jeune femme aux couettes blondes lui souriant.

« Alors ? Tu en as mis du temps. Heureusement que le départ n’est que dans une heure environ. C’est quand même pas un petit monde que l’on embarque ici. »

« Oui je m’en doute … Mais j’ai quand même eu un peu peur, je dois t’avouer. C’est tout … Enfin, ce n’est rien de bien grave ou important si tu veux savoir. »

« Hum … Tu es un peu stressé, c’est surtout ça que je vois et que je sais. Ne t’inquiète pas, tout se passera bien. De toute façon, à nous deux, on est impossibles à tuer. »

C’est bête mais c’était dit avec tellement de franchise et presque un peu de candeur … qu’il se sentait soulagé rien qu’à écouter Clari. C’est vrai … Il ne se sentait plus du tout anxieux ! Il poussa un soupir apaisé alors qu’il lui disait :

« Merci encore pour tout, Clari. Ca va beaucoup mieux maintenant. »

« Bien entendu, espèce d’idiot. Tu ne crois pas que j’ai fait exprès de dire ça juste pour que te sentes mieux ? Aller … Chut … Et au passage, je te conseille de les ignorer. »

De les ignorer ? De qui parlait-elle ? Un coup d’œil vers où le regard de Clari portait et il comprit. Même si cela faisait plusieurs mois … Il n’avait pas oublié ce salopard. Salazar ! Il y avait aussi Eliza et Oros. Ailleurs, loin d’eux, il remarquait aussi Olin. Au moins, il allait bien … Par contre, le reste était de parfaits inconnus ou presque. Il se rappelait un peu des têtes de ces foutus nobles.

« Il n’y a pas que du beau monde si tu veux mon avis. »

« Oh ? C’est bien toi qui dit ça, Tery ? Difficile à croire. Tu es rarement mécontent d’autrui. » murmure-t-elle sur le même ton que le jeune homme.

« Oh … Juste que y a vraiment … Je préfère m’abstenir plutôt. »

« Héhéhé. Je vois, je vois. » termina de dire Clari tandis qu’il se demandait à quoi est-ce qu’elle pensait. Il n’avait rien murmuré de bizarre, n’est-ce pas hein ? Maintenant qu’ils étaient côte à côte, il pouvait patienter en attendant que l’heure s’écoule.
Durant ce laps de temps, il discuta avec elle mais souvent, elle ramenait la conversation à Elen et Manelena. C’était une vraie pipelette à ce sujet. A croire qu’elle s’intéressait un peu trop à sa vie privée … surtout dans ce domaine bien particulier. Finalement, au bout de dix minutes, un peu exaspéré, il dit :

« Et si nous passions à autre chose hein ? Je ne vois pas en quoi cela te concerne. »

« Roh ! Ne fais pas ta vilaine tête et arrête de bouder, Tery ! C’est juste que tu es si mignon quand je t’embête à ce sujet. Tu n’arrêtes pas de faire la moue. »

« Et devine pourquoi ? Tu n’arrêtes pas de m’embêter avec ça, c’est normal que je fasse la tête ! Bon … J’espère que l’on va bientôt partir. »

Non, non. Elle hocha la tête négativement en lui rappelant qu’il y avait encore de quoi attendre une bonne demi-heure. Pendant ce temps, elle allait continuer à le cuisiner sur ses relations. Elle lui demandait maintenant avec amusement :

« Est-ce parce que tu ne vois plus Elen que tu tentes de te rapprocher de Manelena ? »

« La relation entre Manelena et moi n’est rien d’autre que professionnelle … ou un peu d’amitié … C’est-ce que je tente d’avoir enfin de mon côté. »

« Hum … Je ne sais pas trop si tu blagues ou non là … » marmonne la jeune femme aux yeux verts alors qu’elle semble réfléchir à tout cela.

Hein ? Il ne blaguait pas dans ce qu’il disait. Enfin … Il ne savait pas. Il avait toujours beaucoup de mal à mettre clairement ses sentiments sur le devant. Elen, c’est bien parce qu’il ne la voyait pas souvent … qu’il appréciait grandement leurs retrouvailles. C’était bête mais avec elle, c’était toujours quelque chose de spécial. Avec Manelena, c’était plus … par intérêt ? Enfin, intérêt personnel ? Car il voulait essayer de la rendre moins distante ? Il ne savait pas … mais il l’appréciait quand même, il ne pouvait pas le nier. Mais avec Elen ? Qu’est-ce que c’était réellement ? Un manque ? Un besoin ? Difficile de s’exprimer. Mais il remarquait que maintenant qu’il était accompagné souvent par une femme, il se posait de plus en plus de questions sur sa vie amoureuse.
Il fallait dire que c’était le calme plat depuis qu’il était né. Avec ce qui s’était passé, il y a de cela des années, il avait préféré tirer un trait sur tout ce qui est social. Mais quand il avait décidé de quitter le village, c’était tout simplement … un renouveau qui s’était ouvert devant lui. Et tout cela, il ne pouvait pas le nier … C’était grâce à Elen qu’il avait changé. Tellement changé même. S’il devait choisir …

« Ah … Elen me manque beaucoup. » dit-il à voix haute oubliant complètement que Clari était là à côté.

« Oh ! Une déclaration ! Et dites avec sincérité ! Bon, et bien … Il y a une femme qui risque d’être déçue alors. » répondit Clari en rigolant alors qu’il rougissait légèrement.

« HEY ! Ce n’était pas une déclaration ou je ne sais quoi ! C’est juste une remarque ! »

Pourquoi est-ce qu’il avait parlé à voix haute ? Et il était quand même inquiet pour Elen. Enfin, leurs dernières lettres n’avaient pas vraiment de chaleur … Du moins, les mots écrits dessus … mais à côté, ils étaient tous les deux motivés à se retrouver. Après cette guerre, c’était ça qu’ils allaient faire tous les deux. Ils allaient se voir … Pour encore se séparer ensuite. Comme un flot continu qui se répétait sans cesse… AH !

Voilà que les membres les plus importants de l’armée arrivaient les uns après les autres. Voilà donc … Enfin, il ne s’intéressait pas à eux … Plutôt à la seule personne très haute placée qu’il connaissait : Manelena. La femme en armure noire fit elle aussi son apparition tandis qu’il la fixait un peu. C’était juste une relation professionnelle mais très amicale entre elle et lui. Ils devaient juste arrêter de faire semblant.

« Et bien … Tery ? Tu ne veux pas aller la voir ? » demande Clari calmement.

« Hum ? Au beau milieu de l’armée ? Et lui demander comment ça va comme à une bonne amie ? Non merci, je n’ai pas envie de mourir. »

« Roh … Je ne disais pas ça. Mais nous allons bientôt partir. Ca sera alors le moment pour discuter un peu tous les deux. »

« Mais tu essaies de faire quoi là ? » dit-il en regardant la jeune femme aux couettes blondes. Il avait réellement l’impression qu’elle tentait de le rapprocher de la maréchale. C’est bon ! Il n’y avait rien de plus qu’une … amitié hein ? Enfin … Il aimerait bien penser comme ça mais avec Manelena, il n’était jamais sûr de comment ils étaient l’un par rapport à l’autre. ll n’allait quand même pas menacer la jeune femme. Il était un peu bête, pas suicidaire.
Finalement, le roi fit son apparition, accompagné par de nombreux gardes. Il portait une lourde armure faite de métal brun, avec des bordures blanches. Tery ne s’attardait pas trop sur lui, il ne savait pas pourquoi mais il trouvait toujours bizarre que le roi soit aussi « jeune » ou ainsi, contrairement à ce qu’il avait pensé au début. C’était juste comme ça … Une mauvaise ou une bonne impression, ça dépendait du point de vue.

« Aller ! Tery ! On y va ! » s’écria Clari, le sortant un peu de ses rêveries.

Hum ? Oui ? D’accord. Il commença à marcher en suivant le reste de l’armée. Bon … Ils devaient alors se rendre jusqu’où ? Car bon, l’ouest du royaume, il ne fallait pas espérer l’atteindre en une journée. Surtout avec une armée aussi grosse. Par contre, il ne s’était pas amusé à compter le nombre de personnes présentes. Pourquoi ? Car d’autres allaient sûrement les rejoindre. Dire que le royaume devait se défendre sur tous les fronts. Tout cela à cause de ces fichus médaillons hein ? C’était à cause d’eux que tout ça avait commencé ! S’il pouvait mettre la main sur eux, il ne se gênerait pas pour les briser !


Voilà ! C’était ça qu’il comptait faire pour la peine ! Il grogna un petit peu, Clari remarquant ce geste, un peu intriguée. Elle rigola faiblement, passant son bras autour de lui alors qu’ils continuaient à marcher tous les deux, comme les autres. Aucune pause ne fut déclarée pendant plusieurs heures et même si des petites plaintes se firent entendre, elles s’arrêtèrent aussitôt après quelques secondes. D’ailleurs, il se posait une question : comment est-ce qu’ils allaient faire … pour … euh … le roi ? Car il n’allait pas dormir dans une tente non ? Ou alors, peut-être plus spacieuse et belle que celles habituelles.

Et puis bon … Pourquoi est-ce qu’il pensait à ça d’abord hein ? Où le roi allait dormir, ce n’était pas du tout son problème. Ca ne le concernait pas le moins du monde ! Bon … Pourtant, les premières pauses arrivèrent au bout de six heures. Six heures ! Lui-même avait du mal à croire à cela mais pourtant, c’était bien la vérité.

Lorsqu’il put enfin se reposer, il poussa un long gémissement de douleur, massant ses pieds alors que Clari était assise à ses côtés. Il remarqua qu’il n’était pas le seul à être exténué par la marche. Mais bon, heureusement pour lui, il avait eu un sacré professeur et un entraînement des plus coriaces. Avec Manelena, ils ne s’étaient jamais réellement arrêtés … Sauf après avoir rencontré ce couple.

« Et bien ? On a un petit bobo à ses petits pieds, Tery ? » demanda Clari, souriante.

« Blablabla … Je ne sais pas comment tu fais pour ne pas avoir mal, Clari. »

« Hum ? Qui a dit que je n’avais pas mal ? Je souffrance en silence, c’est une nuance. »

Ah oui. Ca pouvait marcher comme explication même si elle était assez douteuse au final. Il poussa un soupir, Clari s’en allant avant de revenir avec une bouteille faite de terre mais remplie d’eau. Elle lui tendit la bouteille, le jeune homme commençant à boire avant de la lui rendre. Il reprit calmement :

« Merci beaucoup … Je vais t’avouer que ça fait du bien quand même. »

« Normal ! Bon … Tu ne veux pas aller voir la maréchale pendant ce temps ? » demanda Clari avec un petit sourire aux coins des lèvres.

« Oui … Bien entendu. Au beau milieu des troupes de Shunter. Tu as d’autres idées en tête assez peu illuminées ou alors, c’est bon ? »

« Oh … Alors, je dois me faire des illusions car elle passe toutes les cinq minutes devant nous, même si ce n’est qu’à quelques mètres. » reprit Clari, toujours souriante.

« Et alors ? Si elle doit passer les troupes en revue, je trouve que c’est normal non ? »

« Oh … Bien entendu. Mais est-ce nécessaire de le faire toutes les cinq minutes ? Et surtout de poser le regard sur toi à chaque fois ? »

Gloups. Il eut un petit rictus de surprise. Comme si … C’était vrai. Si tel était le cas, il l’aurait facilement remarqué non ? Pourtant, il s’étonna lui-même à attendre les cinq fameuses minutes. Quand elles furent écoulées, rien ne se passa et il s’apprêtait déjà à crier sur Clari qui venait de se moquer de lui.

« Sincèrement, Clari … Ce n’était pas très drôle de ta part … »

« Mais elle est là pourtant. Tu regardes mal. » murmura Clari en lui faisant un petit clin d’œil.


Où ça ? Car il ne la voya … Ah si. La femme en armure noire passa furtivement au beau milieu des soldats. Elle s’arrêta pendant deux à trois secondes, son visage casqué se tournant vers lui avant de reprendre rapidement son chemin, très rapidement même. Wow …

« Elle a quoi là ? Elle arrive lentement mais elle repart très rapidement. » balbutia le jeune homme, plus que surpris par une telle réaction.

« Hum ? Je crois qu’elle n’apprécie pas que je sois à tes côtés. Je vais faire une petite expérience. Je reviens d’ici dix-quinze minutes, Tery. »

Hein ? Quoi ? Comment ça ? Il regarda Clari partir de son côté, le laissant seul, plongé dans l’incompréhension. Qu’est-ce qu’elle manigançait ? Car c’était sûrement ça. Il ne savait pas ce qu’elle avait en tête mais ce n’était sûrement pas une bonne chose, loin de là même.
«  Tery Vanian ? Est-ce que je peux te parler deux minutes ? »

Hein ? Quoi ? Sortant de ses pensées, il leva la tête pour regarder la maréchale. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Il tourna son visage à gauche puis à droite, remarquant les regards portés sur lui. C’était bien à lui qu’elle s’adressait.

« Euh … Oui ? Bien sûr, maréchale Nali. J’arrive tout de suite. » dit-il en se redressant. Elle fit un petit geste de la main pour l’inciter à la suivre tandis qu’ils se déplaçaient sur les chemins entre les tentes. Elle lui indiqua l’une des grandes tentes, celles données aux généraux et autres personnes très importantes dans l’armée.

« Rentre à l’intérieur et attends-moi. Je reviens dans cinq minutes. »

« Euh … Oui … Bien entendu, maréchale Nali. » répondit le jeune homme en pénétrant dans la tente. Sans un mot, il resta immobile, regardant autour de lui.
C’était pas forcément le grand luxe des chambres d’un palais royal, il s’en doutait, mais quand même, c’était bien différent de la tente dans laquelle il dormait.

« Bon … Qu’est-ce que la maréchale me veut ? Je n’ai rien fait de mal … Enfin … Je crois … Je ne suis pas sûr maintenant. Mais avec Clari qui n’arrête pas de me perturber … »

« Me voilà, Tery Vanian. » annonça la voix derrière lui de la maréchale.
Il se retourna, s’apprêtant à lui répondre avant de s’arrêter. Il la vit retirer son casque alors qu’il ouvrait à moitié sa bouche, cherchant à s’exprimer. C’était bizarre … vraiment bizarre même … De la voir comme ça. Enfin … Avec tout le corps recouvert par l’armure noire mais le visage à découvert. Elle avait un charisme fou !

« Hum ? Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi as-tu cet air ahuri sur le visage ? »

« Euh … Je … Je me disais qu’avec votre armure mais comme ça, vous étiez superbe, maréchale Nali. Enfin … Vous êtes très impressionnante. »

« … Merci du compliment. » répondit la femme aux yeux rubis calmement. Elle passa à côté de lui, venant s’installer en face de lui sur le siège qui se trouvait là. Il fallait dire qu’en tant que maréchale, sa tente n’était que la seconde en termes de qualité derrière celle du roi. Alors rien de bien surprenant à ce qu’il y ait un tel équipement à l’intérieur.

« Euh … Pourquoi est-ce que vous vouliez me parler, maréchale ? Je n’ai rien fait de mal … Enfin, j’espère et je crois … Si ce n’est pas le cas, désolé. »

« Et si tu arrêtais de te croire persécuter par mes paroles ? Tu ne penses pas que ça serait bien mieux ? Bon … Je vais pouvoir parler ou alors, tu risques de m’en empêcher encore une fois ? » demanda la femme sans son casque.

« Euh … Je pense que vous pouvez le faire, oui. Désolé de cette interruption. »

« Hum … Avant toute chose, il vaut mieux que tu ne crois pas que je t’ai convoqué car tu es spécial à mes yeux. Si je fais cela, c’est pour te donner des consignes bien précises sur ce que tu vas devoir sûrement faire par rapport à ce qui nous attends. »

« Hein ? Bien entendu. D’accord … Et qu’est-ce que je dois faire ? » posa-t-il comme question, plus que surpris par les paroles de Manelena. Il n’avait jamais pensé à une telle chose. Enfin, plus maintenant … Il ne se faisait pas d’illusions sur leurs relations même si tous les deux n’étaient plus aussi distants qu’auparavant. La chose qu’il retenait principalement, c’est que Manelena avait retiré son casque devant lui. Il n’était pas sûr qu’elle le fasse devant d’autres personnes.

« Bon … Alors … La question est très simple : est-ce que tu as eu le temps de lire tes livres récupérés à Mékalarma sur les golems ou non ? »

« Euh … Il faut dire que nous n’avons pas eu beaucoup de repos entre temps, maréchale. Mais si vous me le demandez, je ne vais faire que ça jusqu’à ce que nous arrivions face à l’armée ennemie. Ce n’est pas un problème pour moi ! »

« Hum … Oui … Ca sera sûrement une bonne chose. Et il faut vraiment que tu ne fasses que cela. Mais est-ce que tu te sens capable de tout comprendre ou non ? »

« Bien entendu ! C’est bizarre, mais je n’ai aucun souci pour comprendre les livres sur les golems alors que si vous me donnez n’importe quel autre livre, il me faudra de l’aide. Vous savez … Maréchale Nali. Je n’ai pas vraiment des capacités intellectuelles très développées. Y a encore quelques années, on pouvait dire que je ne savais pas du tout lire. » dit-il en émettant un petit rire amusé par ce qu’il venait de prononcer.

« Je vois cela … Soit, je pense que la conversation est déjà terminée. Je pensais que ça serait bien plus long mais si tu comprends ce que tu dois faire. »

« Ah … Bon et bien … D’accord alors. Je crois que je vais me retirer tout de suite. » murmura le jeune homme aux cheveux bruns.

Il se dirigea vers la sortie de la tente, Manelena restant assise sans même chercher à l’arrêter. Pourtant, lorsqu’il fut prêt à partir, elle reprit la parole avec calme :

« Tery Vanian. Au sujet … de ce que nous avions discuté tous les deux … »

« Oui ? Vous voulez parler de ma proposition ? » dit Tery avant de se remettre en face d’elle.

« C’est exact. Tu comprendras que je préfère que nous attendions la fin de cette guerre permanente avant de faire ne serait-ce qu’une chose de la sorte. »

« Bien sûr. Ca me parait normal, maréchale. Même si … Avec le mot permanent que vous venez d’employer, je ne suis pas sûr que ça soit très bon d’attendre inutilement. »

Il émit un petit rire avant de s’excuser. Pourtant, elle décida de corriger ce qu’elle venait de dire, reprenant la parole avec calme :

« Cela veut simplement dire que tant que nous serons en guerre contre les mékalarmiens, il vaut mieux ne rien faire. Cela serait stupide et des personnes pourraient en profiter. Néanmoins, dès que nous pourrons souffler, j’accepterai ta proposition. Car je tiens à te signaler que cette guerre est partie pour durer plusieurs années, du moins, autant de temps … jusqu’à ce que nous faiblissions face à l’ennemi. »

« Ne dites pas ça, maréchale Nali. Nous n’allons pas perdre face à eux hein ? »

« Hum ? Je ne crois pas avoir dit une telle chose, Tery. »

« Je ne sais pas … Vous me sembliez un peu démotivée … » murmura le jeune homme avec un peu d’appréhension, espérant ne pas avoir dit quelque chose de plaisant.

« Je ne suis pas démotivée. J’imagine tout simplement la suite des évènements. »

« Je vous conseillerai bien d’arrêter de réfléchir à l’avenir et de rester fixée sur le présent … Mais je ne suis pas sûr que ça soit la meilleure des idées à avoir. »

« Je la note quand même au cas où. Tu peux t’en aller, Tery. Je n’ai plus besoin de toi … Et je dois discuter avec les autres. Puisque tu vas retrouver Clari, demande-lui de venir ici. » termina de dire la maréchale alors qu’il hochait la tête.

« Bonne journée, maréchale Nali. Au plaisir de vous reparler. »

« Arrête donc de t’exprimer comme ça. Ca ne semble pas te convenir le moins du monde. »

Hahaha … Sûrement, oui ! Il sortit de la tente, retournant à l’endroit où Clari où l’attendait. Il fallait dire qu’elle n’avait pas bougé de celui-ci depuis le début. Après son petit départ, elle était rapidement revenue en le voyant partir avec la maréchale. Lorsqu’elle le remarqua, elle se leva, prête à le questionner mais il la stoppa, disant :

« La maréchale voudrait te parler, Clari. »

« Mais pourquoi ? J’ai rien fait de mal que je sache hein ? » dit-elle avec un peu d’appréhension. Est-ce qu’elle allait se mettre en colère après ce qu’elle avait fait ?

« C’est au sujet de ce que nous allons faire … Vas-y avant qu’elle s’énerve. » répondit Tery, la voyant partir. Vraiment … Cette guerre … Lui aussi, il la voyait d’un mauvais œil. Mais il n’était pas sûr que Manelena le voit de la même manière que lui.

Chapitre 35 : Participer à la guerre

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Chapitre 35 : Participer à la guerre

« Hmmmm … Dis … Je peux savoir pourquoi tu es dans ma chambre ? Alors que c’est un bâtiment consacré aux hommes ? Et depuis quand est-ce que tu es là ? »

Il avait murmuré cela en posant en même temps une main sur sa bouche, observant la jeune femme aux couettes blondes en face de lui. Celle-ci était assise sur une chaise, sa tête soutenue par ses coudes alors qu’elle avait la joie parcourant ses lèvres et son visage.

« Oh ? J’observais le visage du jeune homme que je n’ai pas pu voir pendant plusieurs semaines. T’inquiète pas, rien de bien méchant, Tery. » chuchota Clari.

« Euh … Ca ne me dit pas pourquoi est-ce que tu es là ? Alors qu’à la base, c’est quand même un endroit réservé aux hommes. Tu sais ce que tu risques si quelqu’un te découvre ? »

« Hum ? Oh … Ils sont déjà au courant. Je n’ai pas à me cacher de ce que j’aime faire … Que ça soit de t’embêter ou de m’amuser avec toi, Tery. » répondit-elle une nouvelle fois avec un grand sourire aux lèvres avant de se lever.

Elle se dirigea vers Tery, l’embrassant doucement sur les joues pour ensuite s’asseoir sur le lit. Elle le regardait avec tendresse et amusement tandis que le jeune homme se redressait dans le lit, plus gêné qu’autre chose par ce qu’elle venait de faire.

« Euh … Tout le bâtiment sait qu’il y a une femme dans ma chambre ? Et ça ne semble pas te déranger … Clari, je sais bien que l’on s’apprécie mais quand même … »

« Hum ? Ca te dérange tant que ça de savoir qu’il y a une jolie demoiselle près de toi ? Ou alors, le fait que tu as le sentiment que tu risques de tromper Manelena avec ce joli brin de femme qui est si proche de toi ? »

« Arrête tes bêtises, ce n’est pas du tout de ça dont je veux parler. Rahhhh ! Pourquoi est-ce que je peux jamais avoir une conversation un peu sérieuse avec toi, Clari ? »

« Je ne sais pas. Car bon, être sérieux alors qu’on est en pleine matinée, ça ne me plaît pas vraiment. Mais bon … De toute façon, qu’importe ce que tu dis, je reste jusqu’à ce que l’on quitte le bâtiment tous les deux. »

« … … … Tu es vraiment un monstre. » termina-t-il de dire avant de chercher à se relever hors du lit. Résultat ? Elle vint l’embrasser une nouvelle fois au visage avant de se mettre dans un coin de la chambre.

« Je vais quand même te laisser faire ta toilette tranquille. »

« Merci de tellement de considération à ton égard. Mais si tu peux plutôt aller hors de la chambre quand même. J’ai un peu de pudeur. »

Elle éclata de rire avant de quitter la pièce. Pfff … Vraiment, si y avait bien une chose qui ne lui manquait pas, c’était Cla … Non. C’était se mentir tout simplement. Il fallait qu’il reconnaisse que Clari lui avait quand même manqué un peu. Au contraire d’Olin s’il pouvait dire cela. Olin avait été une bonne connaissance mais Clari, c’était bien autre chose.

Cinq minutes plus tard, il sortit de la chambre avant de se faire agripper le bras par Clari. Bon et bien … Visiblement, il y avait peu de chances qu’elle le laisse libre pour le reste de la journée, n’est-ce pas ? Lorsqu’il osa poser la question à la jeune femme, celle-ci eut un petit rire presque candide avant de lui répondre :

« Ne t’en fais donc pas … Je ne vais pas te parasiter … Enfin, pas trop. »

« Pourquoi je ne me sens pas du tout rassuré par ces paroles, Clari ? »

« Oh … Je ne sais pas. Tu devrais pourtant. » dit-elle aussitôt après le petit ton ironique du jeune homme. Les deux personnes se dirigèrent vers la cantine, plusieurs murmures se faisant entendre en les regardant. Il toussa un peu, disant à Clari :

« La prochaine fois, sincèrement … Attends un peu avant de venir ici. Ils vont croire de ces choses. Et je ne suis pas sûr que ça soit plaisant à entendre, Clari. »

« Hum ? Ils peuvent s’imaginer ce qu’ils veulent. De toute façon, ce que je pense de toi … est très personnel et secret. Ils n’ont qu’à essayer de s’imaginer ce qu’ils veulent. »

« Tu te répètes Clari. » chuchota-t-il faiblement avant de se servir pour le petit-déjeuner.

« Bof. Bon … De toute façon, je suis sûre que tu n’es pas là pour moi. Mais maintenant que je t’ai mis le grappin dessus, on va pouvoir discuter un peu toi et moi … au sujet d’une certaine demoiselle aux cheveux à la couleur de l’argent. »

« Je n’ai rien à te dire à son sujet. Je ne vois même pas pourquoi je t’en parlerai, Clari. »

Hum ? Pourquoi ? Oh … Elle avait de bons arguments à ce sujet. Néanmoins, elle attendit qu’ils soient tous les deux assis avant de les lui dire. Dans un petit sourire machiavélique, elle murmura faiblement et doucement :

« Et bien … Disons que par mégarde, je signalerai que la maréchale a disparu pendant quelques semaines avec un jeune homme possédant les lignes d’Alzar. Je me demande comment est-ce que l’armée risque de le prendre ? »

« Très mal … et tu risques surtout d’avoir de gros problèmes. Moi, de mon côté, je ne risque rien du tout. Je ne vois pas où je devrai être inquiet par tes propos. »

« Hum ? Tu devrais pourtant, tu devrais. Tu penses vraiment que Manelena va confirmer cela ? Qu’elle a passé un peu de bon temps avec toi ? Hahaha … Si tu veux tout savoir, elle est du genre à ne jamais assumer ce qui lui fait plaisir ou non. »

« Euh … Et ? Et alors ? Enfin bref, de toute façon, je ne vois pas ce que j’ai à te dire à son sujet. » marmonna-t-il en commençant à prendre son petit-déjeuner.

« Hum … Des petits détails comme-ci, comme ça, tu verras. Tu ouvriras la bouche dès l’instant où je vais te poser des questions. »

« Bon et bien … Je suis prêt pour l’interrogatoire. Vous pouvez me faire souffrir. » termina-t-il de dire en avalant une bouchée de pain.

Ho … Cette interrogation pouvait être très musclée s’il le désirait. Elle continua de lui sourire avant de prendre la parole. Ils allaient discuter longuement tous les deux, très très longuement même. Elle commença aussitôt avec une question des plus directes :

« Vous vous êtes fait des petits bisoux tous les deux ? »

Il ouvrit en grand ses yeux de stupéfaction, tapotant son torse alors qu’il avait failli s’étouffer avec un morceau de pain dans la bouche. BON … BON SANG ! Qu’est-ce que c’était que cette question complètement stupide ? Il regarda Clari qui était plus qu’heureuse du petit effet qu’elle avait fait. Il termina d’engloutir son morceau avant de dire :

« Tu peux me dire pourquoi tu me parles comme ça ? J’ai pas sept ans, je crois ! »

« Oh. Je vois donc … Alors, est-ce que toi et Manelena, vous vous êtes embrassés fougueusement avec ardeur et passion ? » redemanda la jeune femme.

« N … NON ! Bon sang ! Pourquoi est-ce que j’ai voulu t’écouter ?! » s’écria-t-il en rougissant faiblement, Clari fronçant les sourcils.

« Pourquoi est-ce que tu es dans cet état alors ? C’est qu’il s’est passé quelque chose. Sinon, tu ne serais pas rouge comme une tomate, n’est-ce pas ? »

« Le plus loin que l’on a été, c’est s’embrasser sur la joue, tu es heureuse ? Je l’ai embrassée sur la joue devant d’autres personnes et voilà tout ! Ah non … Y a aussi le fait que l’on dormait ensembles dans la même tente. A chaque fois, on se retrouvait dans une position aussi gênante pour l’un que pour l’autre. Mais ça, on s’en fiche ! »

« … … … Oh. » répondit tout simplement Clari comme si elle avait vraiment visé un point sensible cette fois. Elle passa une main dans l’une de ses couettes blondes, commençant à manger un peu ce qu’il y avait dans l’assiette de Tery.

« Enfin … Voilà maintenant, tu sais tout ! Tu es contente de toi, j’espère ? »

« J’arrive toujours pas à m’imaginer la maréchale réagir de la sorte. Mais tu n’es pas vraiment du genre à mentir délibérément. Mais ton autre copine … Enfin, celle avec son masque blanc, tu l’as oubliée ou quoi ? Ou alors, au final, tu as pris ta décision ? » demanda-t-elle une nouvelle fois tandis qu’il faisait un geste de la main.

« Euh … Mais il n’y a rien entre moi et Manelena. Comme il n’y a rien entre moi et Elen. »

« Ouais … Bien entendu, je te crois bien. Enfin bref … C’est compliqué, n’est-ce pas ? Mais tu sais que tu peux te confier à moi quand tu le désires. »

Elle avait pris un ton des plus doux, passant une main sur la sienne tandis qu’il hochait la tête. Il le savait parfaitement … Avec Clari, ce n’était pas du tout la même chose qu’avec Manelena et Elen. C’était plus … familial … Enfin, il ne savait pas comment l’exprimer mais il sentait que Clari voulait se considérer comme une sœur pour lui, pas comme … une amie intime. Même si bien entendu, les deux pouvaient se conjuguer ensembles.

« Je note la proposition … et merci, Clari de l’avoir dite. »

« Pas de quoi. C’est de bon cœur comme tu le sais bien hein ? Puis, si ça me permet d’en savoir un peu plus sur toi, je gagne aussi au change. »

« Tu sais déjà tellement à mon sujet. Je ne suis pas sûr que tu en découvres beaucoup plus après si tu veux mon avis, Clari. » annonça-t-il calmement.

« Oh … Si tu savais … On peut parfois avoir de bonnes surprises. D’ailleurs, j’espère que tu me tiendras au courant au sujet de Manelena. »

« TERY VANIAN ! » hurla une voix dans la cantine, Clari s’arrêtant aussitôt de parler et lui-même de manger. Gloups ? Il se leva subitement alors qu’un silence planait dans la cantine. La maréchale ? Il entendit un murmure de la part de Clari :

« Et bien … On dirait qu’elle ne peut plus se passer de toi. »

« Chut, tais-toi, Clari ! Tu vas m’apporter encore plus de problèmes ! » marmonna le jeune homme avant de se rapprocher de la femme en armure noire. Il bafouilla : « Un … Un problème, maréchale Nali ? Je … déjeunais avec les autres, calmement. »

« Arrête de faire l’imbécile et accompagne-moi. J’ai à discuter avec ta personne. »

Si elle avait pu lui tirer l’oreille, il était sûr qu’elle ne se serait pas gênée. Néanmoins, elle lui fit un geste de la main pour lui désigner la sortie de la cantine. En même temps, elle posa son regard rubis sur Clari. Celle-ci, bien qu’elle ait un sourire aux lèvres, se raidit sur le coup. D’accord, d’accord. Elle avait parfaitement compris le message.

« Bon … Vous pouvez retourner à vos occupations premières. » annonça la maréchale avant de quitter la cantine à son tour. Clari termina le repas de Tery, songeuse.

Le jeune homme aux cheveux bruns était dehors, attendant la maréchale qui ne tarda pas à se montrer. D’un nouveau geste de la main, elle l’incita à la suivre encore une fois. Qu’est-ce qu’elle allait lui faire ? Il ne devait pas avoir peur … Il devait respirer un bon coup et surtout considérer qu’elle ne lui voulait pas de mal. Elle l’emmena dans un coin isolé, là où nul ne pouvait les entendre … sauf si bien entendu, on les observait.

« Tery … Je veux la vérité. Est-ce que tu as parlé de tout ce qui s’est passé à quelqu’un de ton entourage ? Dans les alentours ? » demanda finalement Manelena.

« Euh ? Ce qui s’est passé ? Non … Je ne crois pas. J’en ai un peu parlé avec Clari à la cantine … Mais c’est bien parce qu’elle me harcelait. Pardonnez-moi, maréchale Nali. » dit-il en s’excusant. Il s’inclina plusieurs fois pour cela.

« Hum … Donc ce n’est pas de ta faute. Je ne sais pas à quel jeu certains s’amusent mais si je mets la main sur ces personnes, elles risquent de passer un sale quart d’heure. Oh oui … Je ne me priverai pas pour les briser. » murmura la femme en armure de plaques noires.

« Euh ? Mais qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi est-ce que vous m’avez posé cette question ? » osa-t-il dire alors qu’il fixait la maréchale.

« Rien du tout. Je te conseille de ne plus penser à cette histoire. C’est mieux pour toi. De même, si tu entends une quelconque rumeur, il vaut mieux pour toi que tu l’ignores … Si tu veux tenir à la vie bien entendu. »

« Et si vous pouviez arrêter de m’agresser verbalement ? Je … J’aimerai quand même savoir ce qui se passe quoi. Ca serait bien mieux pour moi. C’est grave ? » demanda-t-il faiblement.

« Pas le moins du monde … Alors, arrête traumatiser. Je tiens à m’excuser de la façon dont je t’ai appelé. Tu peux retourner à la cantine si tu le désires. Bien entendu, je te remets en garde : ne t’avise pas de parler de ce qui s’est passé. Ce que nous avons fait est considéré comme secret. Du moins … Que quelqu’un m’accompagnait. »

« J’ai parfaitement compris cela. Vous voulez éviter d’avoir honte que des gens croient qu’il y a quelque chose entre nous. Je le sais bien puisque Clarin n’arrête pas d’y croire de son côté. »

« Cette fille est particulièrement stupide … Mais si tu comprends où je veux en venir … Alors, il vaut mieux ne pas perdre plus de temps sur la question. » conclut la femme en armure noire.

« Alors … Tout est bon n’est-ce pas ? » termina de dire Tery en rigolant un peu.

« Tu peux le prendre comme tu le veux. Néanmoins, Tery … »

Néanmoins ? Maintenant qu’elle avait fini de parler de cette petite histoire et des futures rumeurs les concernant, elle semblait un peu songeuse. A quoi réfléchissait-elle ? Il se le demandait alors qu’il la regardait calmement. Oui ? Qu’est-ce qu’elle voulait dire ?

« Tery. Prépare-toi au cas où. Il y a de fortes chances que tu ailles combattre contre Mékalarma. Tu es l’un des rares à savoir parfaitement comment ils combattent. Tu es quelqu’un d’important pour cette future guerre entre nous et eux. »

« Hein ? Moi ? Enfin … Ca fait plaisir d’entendre ça … Même si j’estime que je ne le mérite pas. » bafouilla Tery en rigolant une nouvelle fois.

« Au moins, tu ne prends pas cela avec vanité. Ca se voit que tu proviens d’un monde rural. U quelconque noble aurait déjà prêt à se vanter à ses petits camarades dans la majorité des cas. » murmura-t-elle en faisant un demi-tour sur elle-même, prête à partir.

« Disons que j’ai eu un bon professeur qui m’a souvent remis en place dès que je commençais à trop l’ouvrir. » dit-il avant de rigoler une nouvelle fois. « Et ça ne pouvait me faire que du bien de toute façon. Au moins, vous n’avez pas à vous inquiéter à ce sujet, maréchale. »

Elle eut un sourire discret qui ne resta que quelques secondes avant de disparaître complètement de ses lèvres. Elle entendit de sa part un remerciement pour tout ce qu’elle avait fait mais elle ne lui répondit pas. Elle s’éloigna sans un mot ou presque, étant obligée de le prévenir une nouvelle fois : « Fais attention à toi et prépares-toi. Au cas où, essaye de continuer à lire ces livres sur les golems. Tu seras une bonne arme … comme moi. »

Une bonne arme ? Comme elle ? Hein ? Pourquoi est-ce qu’il avait l’impression qu’il y avait un autre sens dans cette phrase. Il la regarda partir avant de décider de la rejoindre. Il avait quand même besoin d’en savoir plus.

« Maréchale Nali … Qu’est-ce que vous vouliez dire par « une bonne arme » ? Je ne vois pas du tout … ce que ça veut dire … »

« Tery … Arrête d’être naïf. Tu n’es pas idiot, loin de là même. »

« C’est juste que je n’aime pas être sûr d’une chose. Surtout quand cette dernière est loin d’être bonne, je trouve. Ca ne me plaît pas vraiment. » murmura-t-il.

« On fait souvent des choses que l’on n’apprécie pas du tout, Tery. C’est tout ce que tu avais à me dire ou non ? Que je sache si je peux partir. »

« Je ne sais pas … Je ne crois pas. Je n’arrive plus à être vraiment sûr de tout ça, maréchale. » marmonna le jeune homme, plus que confus par toute cette histoire mais surtout les paroles de la femme en armure de plaques noires. « Maréchale ? Est-ce que je peux vous poser une simple question ? Enfin … Si bien entendu, vous le voulez bien. »

« Hum ? Quand tu dis une telle chose … Je ne me sens pas rassurée du tout. »

« Euh … Mais ça n’a aucun rapport avec l’armée de Shunter. Je tiens à vous le dire tout de suite. » reprit Tery, un peu gêné.

« Tu commences à m’effrayer. » ironisa la jeune femme qu’il avait déjà vue sans armure.

« Euh … C’est en toute amitié hein ? Mais je ne sais pas si ça se passe comme ça mais si un soir, vous avez envie boire à une taverne ou autre, je … »

« Crois que tu te fais des illusions, Tery Vanian. Penses-tu réellement que j’ai de telles envies ? » demanda Manelena, calme et stoïque.

« Quel idiot. Pardon, maréchale Nali. J’ai été encore un peu trop présomptueux. Mais comme je ne me sens pas vraiment bien avec toute cette histoire … »

« Hum ? Tu n’as pas plutôt … mal compris mes dires, Tery Vanian ? Je t’ai demandé de ne pas te faire d’illusions sur mes envies. Je n’ai jamais dit que je refusais d’aller boire un de ces jours, un verre avec toi. C’est bien différent. »

« AHHHH ! Zut ! J’aurai dû écouter ! Euh … Et bien, c’est … »

Il s’arrêta aussitôt de parler alors qu’il voyait le regard rubis de la maréchale posé sur lui. Il allait plutôt se taire. Il fit un petit sourire, bien qu’il fût rouge de gêne. Il s’éloigna sans rien dire de plus, ne faisant qu’un simple salut militaire à la maréchale. Lorsqu’il fut hors de vision, elle poussa un profond soupir, posant une main sur son casque.

« On peut me dire ce que je viens d’accepter ? » se dit-elle avant de s’éloigner à son tour. Il y avait visiblement quelque chose qui clochait avec elle mais elle ne savait pas quoi.

Il retourna dans la cantine, remarquant Clari qui s’était levé de table avec son plateau … Du moins, celui qui avait été le sien. Comme son petit-déjeuner … qui n’était plus présent. Et me … Il aurait mieux fait de se méfier de la jeune femme en laissant sa nourriture. Bon de toute façon, elle aurait été sûrement froide.

« C’était bien bon … Alors ? Qu’est-ce qu’elle te voulait ? » demanda Clari en s’approchant de lui. Il était encore un peu rouge aux joues mais il lui répondit :

« Euh … Pas grand-chose, y a des rumeurs ou je ne sais quoi … »

« Ah, j’en ai entendu parler. Mais à part ça ? Y a rien d’autre ? T’as l’air un peu bizarre. »

« Euh … J’ai invité la maréchale à aller boire un jour. » dit-il avant que Clari ne pousse un cri de surprise. Elle vint lui pincer la joue, pour être sûre qu’elle ne rêvait pas, le jeune homme gémissant de douleur. HEY ! HEY ! Ca faisait mal tout ça !

« C’est bien toi qui a proposé ? Et pas … Oh de toute façon, que ça soit l’un ou l’autre, c’est juste impossible à imaginer ! Et alors ? Et alors ? Qu’est-ce qu’elle a dit ? La connaissant, elle a sûrement dit non mais bon … Enfin, en la connaissant … C’est un bien grand mot. »

« Elle a accepté, Clari. » répondit Tery calmement.

« Oui, bien sûr. Je m’en doutais qu’elle allait re … Hein ? Quoi ? Tu peux répéter ? Elle a accepté d’aller boire ? Attends un petit peu … LA maréchale ? On parle de la même ? »

« La maréchale Nali, oui. C’est bien d’elle dont je parle. »

« Manelena ? La vraie Manelena ? Celle qui est toujours… » chercha à dire une nouvelle fois la jeune femme aux couettes blondes.

« C’est bien elle. Enfin, elle m’a dit de ne pas avoir peur à me préparer … pour devenir une arme comme elle et toutes ces choses. »

« Oui mais c’est pas le plus important, Tery ! Pas du tout même ! »

Ah bon ? Après tout ça, il pensait que c’était le cas. Mais bon … Elle avait l’air stupéfaite. Enfin, autant que lui lorsque Manelena avait accepté son invitation. Il n’arrivait pas à comprendre comment ça avait pu se réaliser … Mais surtout pourquoi elle avait … bien voulu ? C’était quand même peu crédible et pourtant.

« Bon … Vous avez prévu une date au passage ? » demanda Clari.

« Hein ? Quoi ? J’ai demandé à boire un jour … J’ai jamais pensé à une date ! »

Le bruit sonore d’une claque se fit entendre mais ce fut celle de Clari sur son propre front. Elle n’arrivait pas à croire ce qu’elle venait d’entendre et pourtant … C’était bien le cas. Rah ! Elle poussa un petit soupir exaspéré avant de dire :

« Toi … Tu as vraiment des leçons à apprendre ! Mais on verra ça plus tard ! »

Chapitre 34 : Un message de prévention

ShiroiRyu
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Chapitre 34 : Un message de prévention

« Etions-nous obligé de partir de Midès et de chercher dans les villages aux alentours ? »

« Bien entendu, Royan. On ne sait pas où se trouve cette femme et … »

« Elle portait un nom, je crois. Comment était-ce encore ? Elise. » reprit l’adolescent avec calme bien que le ton était teinté d’un peu de reproche envers la jeune femme masquée.

« Hum ? Et alors ? Qu’est-ce que cela change, Royan ? Que nous sachions son nom ou non, il vaut mieux la chercher et … la tuer le plus rapidement. J’ai peur qu’elle ne cherche à … »

« Tuer Tery car vous pensez qu’elle le cible … Mais comment pourriez-vous le savoir ? Tery n’est pas le seul à posséder de telles lignes. Vous pourriez juste le prévenir du danger, oui. Mais de là à vous inquiéter plus que nécessaire, il n’y a qu’un pas. »

« Je m’inquiète car je te rappelle que nous n’avons rien pu faire contre elle. Même moi avec mon masque blanc … J’ai été impuissante face à elle ! »

L’impuissance hum ? C’était ça qui semblait énerver plus que tout la jeune femme aux cheveux blonds. Mais il fallait la comprendre en même temps : ce qu’elle disait être loin d’être faux. Ils avaient été battus complètement par Elise. La jeune femme avait été si forte … et ses drôles de corne. Il ne connaissait rien de tel.

« Vous avez néanmoins envoyé une lettre à votre … Oracle non ? »

« Oui … J’espère qu’il répondra assez rapidement. Ca ne me plaît pas vraiment … Pas du tout même. Bon … Par contre, tu es toujours d’accord pour ce que l’on a dit, Royan ? »

« Hum ? Si vous voulez parler de ça … Je suis d’accord, oui. Bien que je ne pense pas que ça soit la meilleure des idées en ce qui me concerne. J’ai beau avoir des pouvoirs royaux liés à l’élément de l’eau, je ne suis pas sûr de pouvoir vous tenir tête. »

« Ne dit pas ça … Mais il s’avère que je dois réellement devenir plus forte … Et pour ça, je ne peux que m’entraîner … mais sans mon masque … Cela risque d’être difficile. »

« J’ai une meilleure idée. Pourquoi n’iriez-vous pas dans un coin isolé. Vous faites apparaître une flamme avec votre masque blanc et ensuite, vous retirez votre masque. Vous tentez de faire apparaître la même flamme. Bien entendu, il faut que vous donniez le maximum des deux côtés car sinon, ça ne servira à rien. Cela vous permettrait alors de comparer où vous en êtes … par rapport à la puissance de votre masque si je peux me permettre. Bien entendu, je parlais de flamme … mais dans une forêt, ce n’est pas ce qui est le plus conseillé. »

« Merci bien pour cette remarque très intelligente, Royan. Du moins, pour la fin … Le reste, je vais essayer de faire ça. Mais … Tu ne me suis pas … Retourne à l’auberge. Ou alors, tu t’éloignes de ton côté et on se retrouve plus tard. »

« Je pense que nous allons faire le second plan. Je m’en vais dès maintenant. » répondit tout simplement l’adolescent, sans même chercher à discuter. Il s’éloigna d’Elen, la jeune femme masquée la regardant avec un peu d’appréhension. Bizarre … Il était un peu bizarre.

Mais bon … Ce n’était pas si important … tant qu’il ne commettait aucune bêtise bien entendu. Elle s’en alla de son côté, avant de trouver un petit coin tranquille. Regardant à gauche et à droite, elle retira finalement son masque, poussant un profond soupir de soulagement. Elle passa un doigt sur sa joue, murmurant :

« Faites que ce jour arrive le plus vite possible. Je n’en peux plus … Je n’en peux plus d’attendre … Mais ce n’est pas aux autres de faire un effort … juste à moi. »

Des lignes blanches se présentèrent sur son visage tandis qu’elle faisait apparaître une boule aqueuse au-dessus de sa main. Elle avait la taille d’un boulet de canon tandis que l’eau se mouvait de telle sorte qu’elle tentait d’éviter de garder la forme qu’elle possédait actuellement. Elle reprit calmement :

« C’est donc cette taille … là ? Que je peux faire en me concentrant au maximum ? Sans ce masque ? Non … Il y a sûrement une possibilité de faire bien plus … encore plus … »

Encore plus ! Toujours plus ! Elle poussa un petit râle, se concentrant de toutes ses forces. Rapidement, la sphère doubla de volume avant d’exploser en plein sur son corps, l’aspergeant d’eau alors qu’elle toussait, en ayant avalé une partie. ZUT DE ZUT ! Elle regarda sa tenue, rougissant un peu en se demandant ce que Tery dirait s’il la voyait ainsi.

« Il serait sûrement en train de se moquer, j’en suis sûre. »

Mais bon … Ca serait une moquerie gentille, elle en était sûre et certaine. Elle remit son masque blanc sur son visage trempé, un sourire se dessinant sur ses lèvres. Voilà … Elle se sentait beaucoup mieux comme ça. Elle refit apparaître une sphère aqueuse, aussi grosse que la précédente sans qu’elle n’explose.

« Visiblement … Ce n’est pas forcément la puissance sur laquelle … m’aide le masque … même si je ne force pas réellement … Ca serait plutôt sur le contrôle. »

Contrôler sa force ? Aussi simplement que ça ? Ah … Si seulement hein ? Elle poussa un petit soupir avant de serrer le poing droit, explosant une nouvelle fois la sphère aqueuse. Non … Ce n’était pas aussi simple que ça … Malgré tout ce que l’on pouvait croire.

« Bon … Je n’ai déjà plus réellement envie de m’entraîner maintenant. »

Elle se parlait toute seule. Pourtant, elle n’était pas malade, loin de là même. Bon … Elle devait quand même faire un effort. Mais ses cheveux blonds … Ils n’allaient jamais pousser assez suffisamment. Et en même temps … Elle … Pourquoi est-ce qu’elle pensait à ça ? C’était un entraînement, pas une réflexion sur sa chevelure ! Ahhhh ! Elle poussa un petit râle d’énervement avant de s’asseoir contre un arbre.
Midès … Est-ce qu’elle devait retourner à Midès pour revoir Tery ? Non … Avec cette fichue guerre dans tous les royaumes, c’était beaucoup trop risqué. Et puis, il voulait y rester dans cette fichue armée de Shunter, non ? Alors … Bon, elle n’avait pas à le forcer à en partir. Mais elle ne voulait pas qu’il soit en danger inutilement. Ah … Mais elle aussi, elle était en danger. Elle se mettait en danger. Pourquoi est-ce qu’elle ne pouvait pas souffler un peu ? Pour quelques jours ? Semaines ? Ou mois tout simplement. Un bon mois sans rien faire.
« Ca ne serait pas une si vilaine idée non ? Au moins pour quelques temps. »
D’ailleurs, elle n’avait pas réellement de domicile fixe. Pareil pour Tery … Royan, lui, avec son palais, n’avait pas à s’inquiéter. Mais si, qu’est-ce qu’elle était bête. Tery avait un foyer … Avec une mère qui l’aimait de tout son être. Ah … La mère de Tery était vraiment quelqu’un de spécial … Quelqu’un de spécial et vraiment fort. C’était bizarre cette impression qu’elle avait eu … lorsqu’elle l’avait vue la première fois. Si faible … et pourtant, si imposante. Oui ! Sur le moment, autant dire qu’elle s’était dit que son masque blanc ne l’aurait pas vraiment protégée face à elle. Un peu comme avec Elise.
« Hahaha … Je vais finir par croire que lorsque Tery disait que sa mère était un vrai démon, ce n’était pas une image. Enfin bon … Je sais bien que ce n’est pas le cas. »

Ah … Mais est-ce que Tery accepterait de vivre un mois sans rien faire du tout ? Un mois de pur repos ? Sans recherche de médaillons, sans mission, sans travailler ou presque ? Ce n’était sûrement pas vilain à imaginer. Ca y est … Elle n’avait vraiment pas envie de travailler maintenant ! Stop ! Elle retira son masque blanc, le posant à côté d’elle avant de s’installer contre un arbre. Elle ferma les yeux, ignorant les alertes que son cerveau produisait. Et si … Quelqu’un arrivait et la voyait ? Et si … Elle se faisait attaquée ?

Oh … Bizarrement … Pour le moment, ça ne semblait pas la déranger plus que ça. Elle n’était pas inquiète, loin de là. Elle espérait au fond d’elle que ça serait Tery qui vienne la réveiller. Et visiblement, elle ne s’attendait pas à ce que ça soit le cas. Comme une gifle en plein front, ses yeux bleus s’ouvrirent au contact … d’une lettre ? Bonne nouvelle !

« S’il suffisait simplement que je pense à lui pour avoir une lettre, je crois que le ciel serait obscurci par les enveloppes ailées. » dit-elle à voix haute avant de rigoler. Elle regarda à gauche puis à droite, espérant ne pas à avoir à remettre son masque blanc sur le visage.

Personne ? Tant mieux. Elle pouvait alors lire cette lettre de Tery. De la surprise et la joie, son visage passa à la surprise jointe à de nombreux clignements d’yeux. Bon … Ce n’était pas que ça la dérangeait … pas du tout même car il parlait d’un couple de personnes venant d’Omnosmos qui s’aimait tendrement malgré leurs différences. Enfin, il en avait déjà parlé auparavant … Mais voilà … C’était l’autre partie qui était quand même plus intrigante. A la fin de la lecture, elle ne savait pas quoi penser.
« Respire tout doucement Elen … Tout doucement. »

Une profonde respiration. Inspirer … Expirer … Inspirer … Expirer … Ce n’était pas bien grave non ? Qu’est-ce qu’elle s’était imaginé au final ? Hum ? Hein ? Quoi ? Rien d’important normalement. Rien du tout … qui avait de l’importance. Enfin … Elle aimerait tellement penser ainsi. Mais elle devait reconnaître qu’elle avait un peu mal au cœur. Comment est-ce que Tery pouvait parler de cette femme sanguinaire et violente en de tels termes ? A croire qu’il avait oublié ce qu’elle avait fait auparavant !

« Il est manipulé … Tery est juste manipulé par cette femme depuis le début. Il se trompe à son sujet, c’est tout. Je ne dois pas le laisser entre ses mains. »

Mais comment faire alors ? Elle n’avait pas de solution pour l’instant. Et en même temps … Pourquoi est-ce qu’elle n’essayait pas d’être encore plus sincère dans ses écrits ? Et de lui dire la vérité par rapport à tout ça hein ? Ce n’était pas une mauvaise idée … Mais … AH ! Elle venait d’y penser au passage ! Toute cette histoire avec Omnosmos et ce couple … Ca lui rappelait une petite légende.

Et si … Elle se confessait un peu envers Tery ? Lui dire toute la vérité ? Mais vraiment … Qu’elle ne voulait pas de ça entre eux. Pas du tout même … Ou même le reste … Surtout cette relation avec cette maréchale. Mais pourquoi est-ce que ça la dérangeait au fond d’elle hein ? Pourquoi ? POURQUOI ? Elle n’arrivait pas à comprendre mais ça la dérangeait ! Ca la dérangeait plus que tout ! Ce n’était pas bon pour Tery ! Pas du tout même ! C’était aller vers de gros problèmes ! Elle … Elle … Elle ne voulait pas qu’il l’oubli ? Pourquoi est-ce qu’elle pensait ça maintenant ? Pourquoi ? Elle commença à trembler fortement tandis qu’elle essayait de se contrôler. Ce n’était pas bon … C’était la première fois que ça lui arrivait. Snif … Elle ne comprenait pas ce qui se passait avec son corps. Elle devait lui écrire … Tout lui écrire. Au sujet de cette légende qu’elle avait entendue.

« Tu sais, Tery. Par rapport au couple provenant d’Omnosmos, ça me rappelle quelque chose. Il est dit qu’un jour, lorsque tous les médaillons seront aux mains des hommes, les incarnations élémentaires prendront vie. Alors deux héros, moitié obscurité, moitié lumière, feront leurs apparitions et éviteront que ce monde tombe dans le chaos et la destruction. Ecrit comme ça, ça ne paraît pas crédible, je sais bien. Mais ce que tu me dis, ça me fait penser que c’est peut-être ce couple qui est … les héros de cette légende. Je pensais qu’au fond, ça aurait pu être toi et moi. Je ne sais pas, c’est bête hein ? » écrit-elle sur la lettre, continuant de trembler bien qu’elle contrôlait son corps.

Elle devait aussi le prévenir … le prévenir au sujet d’Elise. Elle lui écrivait de faire plus qu’attention à cette femme très dangereuse. Qu’elle avait des cornes et des cheveux couleur auburn. Qu’il fasse tellement attention à tout ce qui se passait autour de lui. Et surtout, surtout … Ah … Voilà que sa main tremblait à nouveau. Elle s’arrêta dans l’écriture de sa lettre, ne bougeant plus pendant cinq bonnes minutes.
Ah … Ah … Ah … Elle passa une main sur son visage, n’arrivant pas à croire ce qui lui arrivait. Ce genre de troubles … Ces problèmes pour respirer … C’était la première fois que ça lui arrivait. Etait-ce à cause de Tery ? De ce qu’elle avait lu ? Elle devait terminer cette lettre et le plus vite possible. Ensuite, elle irait se calmer. Ah …

« Retrouvons-nous le plus rapidement possible, Tery. Donne-moi un endroit où te voir, qu’importe si c’est au beau milieu de l’armée de Midès. Dis-moi où tu es, où tu comptes aller, je veux te revoir absolument. »

Elle referma l’enveloppe après avoir terminé sa lettre. Le morceau de papier ailé s’envola dans les airs pour disparaître alors qu’elle respirait bruyamment. Ah … Ah … Elle devait reprendre son souffle et son calme. C’était … finalement terminé. Elle sentait que ça allait mieux maintenant. Elle ferma ses yeux, la tête baissée alors que sa chevelure blonde cachait une partie de son visage habituellement masqué.

« Tery … Pourquoi est-ce que tu as fait cela ? Pourquoi est-ce que tu as écrit ça ? Je ne voulais pas le savoir … Est-ce que tu veux me faire souffrir ? Non … Tu ne pensais pas à mal … mais tu fais mal … Très mal. » chuchota-t-elle avant de reprendre son masque blanc, le mettant sur son visage. Elle allait dormir … encore une fois. Se reposer une nouvelle heure. Elle devait faire cela … et essayer d’oublier le goût amer qu’elle avait dans la bouche bien qu’elle ne savait pas du tout d’où il provenait.

Néanmoins, la seconde fois qu’elle fut réveillée en sursaut, ce fut une nouvelle fois à cause d’une lettre ailée. Déjà ? Ce n’était quand même pas possible que ça soit Tery ! Ou alors … Il était proche ! Très proche ! Ses yeux bleus se posèrent avec anxiété sur la lettre alors qu’elle se levait subitement. Une nouvelle lettre … Oui …
« Si c’est vraiment Tery … Il faut absolument que je lui demande où il se trouve. »

Où est-ce qu’il se trouvait ? C’était plus qu’important d’avoir une discussion entre eux deux ! Pourtant lorsqu’elle ouvrit l’enveloppe et qu’elle lut la lettre à l’intérieur, ce fut un soupir de dépit qui sortit de ses lèvres. Non … Ce n’était pas du tout Tery. Pourquoi est-ce qu’elle y avait cru ne serait-ce qu’un instant ? Non … La lettre était de l’Oracle.

« Il me donne des informations sur cette femme nommée Elise … Il faudrait que je retrouve Royan avant de continuer à lire. Ou alors … Lui en parler après. »

Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle devait faire. Elle avait été un peu dépité par cette nouvelle. Mais bon … Elle aurait dû s’en douter en même temps, n’est-ce pas ? Elle referma l’enveloppe et la lettre, quittant cet endroit où, au final, elle n’avait pas réellement réussi à s’entraîner. Ses pensées étaient trop souvent tournées vers Tery. Elle le remarquait finalement et elle ne savait pas si c’était une bonne ou une mauvaise chose en fin de compte.

Lorsqu’elle retrouva Royan, elle remarqua qu’il était en sueur et fatigué. Elle haussa un sourcil d’étonnement. Au moins, il fallait reconnaître que lorsqu’il parlait de faire des efforts, ce n’était pas un mensonge. Mais quand même … Se mettre dans un tel état, c’était ridi … Non. Elle hocha la tête négativement. Ce n’était pas ridicule. Il donnait son maximum pour accomplir ce qu’il désirait. Elle devait faire de même.

« Mademoiselle … Ah … Mademoiselle l’Ombre ? Ca se voit que … J’ai vraiment beaucoup à faire … pour être à votre niveau. » murmura l’adolescent, reprenant son souffle.

« Ca serait plutôt l’inverse. Contrairement à ce que tu crois, je n’ai pas réussi à m’entraîner. J’ai eu une lettre de la part de Tery et … Quand je l’ai lue, j’ai eu quelques soucis. »

« Ah ? Je fus donc … le seul ? Je comprends. »

« Mais à côté, j’ai eu aussi une lettre de la part de l’Oracle et je préférai attendre que tu sois là pour la lire. Comme tu es avec moi dorénavant, il vaut mieux que nous soyons tous les deux au courant plutôt que chacun ait ses petits secrets. »

« Hum ? Drôle de façon de voir les choses. On dirait que la lettre de Tery a tout changé chez vous. Vous seriez prête à retirer définitivement votre masque pour ne plus garder le secret sur votre visage ? » demanda Royan avec calme avant qu’elle ne balbutie :

« Euh … Euh … Non ! Bien entendu que non ! Pas aussi rapidement ! Enfin … Retournons à l’auberge, attendons que tu te sois lavé un peu et ensuite, je lirai la lettre de l’Oracle pour nous deux. Cela concerne Elise. Donc, c’est plus qu’important. »

« Je vois … Je vois … Ne perdons alors pas de temps. »

Il fut le premier à faire un mouvement pour retourner dans la petite ville où ils s’étaient arrêtés pour les journées. Ils n’étaient pas si loin de Midès mais elle avait préféré se rendre ailleurs pour éviter qu’Elise ne réapparaisse au beau milieu dans la capitale.

Lorsque l’adolescent eut terminé de se laver, il revint dans la chambre où Elen l’attendait. Assise sur une chaise à côté d’un bureau sommaire, elle gardait l’enveloppe fermée. Il vint s’asseoir sur le lit, reprenant la parole calmement :

« Vous pouvez commencer, mademoiselle l’Ombre. »

« Hum … D’accord … Voyons ce que l’Oracla a à nous dire au sujet d’Elise. » murmura calmement la jeune femme au masque blanc posé sur son visage. Elle ouvrit l’enveloppe avec lenteur, commençant à la parcourir brièvement avant que Royan ne reprenne :

« Lisez-là en même temps à haute voix. Que je sois sûr que vous n’occultiez pas une partie importante concernant Elise. »

« Hum ? Sois pas si pressé non plus. Bon … Alors, l’Oracle a écrit au sujet d’Elise. D’après ce qu’il dit, c’est une démone qui possède des lignes d’Alzar. Il exprime bien le fait que c’est une démone et pas une femme normale. Il semblerait qu’elle ne soit pas issue de l’une des cinq races des royaumes que nous connaissions. »

« Et ensuite ? Il n’y a surement pas que ça, n’est-ce pas ? »

« Mais laisse-moi donc continuer un peu ! Bon … Sinon, il me prévient que si on a rencontré cette femme et que nous nous en soyons sortis vivants ou du moins indemnes, c’est une bonne chose, une très bonne chose même. »

« Hum ? Il avait si peu confiance en nous ? » murmura Royan, croisant les bras alors qu’elle s’arrêtait de parler. Ce n’était pas vraiment ça … Pas vraiment … L’Oracle n’était pas comme ça … Du moins, peut-être que oui ou non.

« Je ne sais pas du tout ! Ce n’est pas dit dans la lettre ! Bon, sinon … Ce qu’il nous demande de faire actuellement, c’est de trouver un moyen de suivre cette femme pour savoir ce qu’elle veut faire. Si sa race réapparait à la surface de ce monde, les problèmes risquent d’être bien plus graves que prévu. De même, si les incarnations élémentaires prennent vie, les soucis seront de plus en plus nombreux ! »

« Euh … De quoi est-ce que vous parlez ? Je me sens plus perplexe maintenant. »

« Hum ? Ah … Oui … Tu n’es pas au courant. Ça me semble normal … Bien que je pense quand même que tu as entendu parler de tout cette histoire. Du moins, d’une partie de celle-ci. Je vais tout te raconter. » répondit Elen.
Une histoire ? Contée par Elen ? Hum … Bien qu’il ne le montrait pas, c’était une chose qui lui plaisait. Sans bouger de sa place, il attendit que la jeune femme masquée de blanc termine la lettre avant de la refermer. Voilà … Maintenant, elle allait prendre la parole et tout raconter. Il était un peu impatient de voir ce dont elle allait parler.

« Tu vois … Enfin, ce n’est pas vraiment une histoire. Comment est-ce que je pourrais te dire cela ? Je ne sais pas comment je peux l’exprimer … Mais saches qu’il y a quelques contes qui racontent l’histoire d’un couple de personnes. L’un avait le sang d’Alzar en lui tandis que le second possédait le sang de Zélisia. A eux deux, ils étaient capables de braver tous les dangers pour nous sauver. Mais il est aussi dit qu’un jour, lorsque les démons se réveilleront dans ce monde, les incarnations élémentaires se … Ah non. Ce n’est pas exactement ça. Quand tous les médaillons élémentaires seront réunis, les incarnations élémentaires prendront vie. »

« Mademoiselle l’Ombre … Vous êtes peu douée pour raconter des histoires. »

« Mais ce n’est pas de ma faute ! Enfin … Voilà quoi … Bref … Il faut réunir tous les médaillons élémentaires pour que les incarnations élémentaires prennent vie. »

« Les incarnations élémentaires … Est-ce ce que je pense ? » demanda Royan alors qu’elle ne disait rien du tout, attendant de voir ce qu’il allait annoncer. « Lavon … Le Leviathan des Abysses. C’est bien ça hein ? »

« C’est exact … Et tu te rappelles des autres créatures élémentaires ? »

« Kalan, le Phénix d’Honoros. Wexila, l’une des femmes de Mékalarma possédant une arme légendaire nommée Park et capable de produire de l’électricité. Onyr est une sorte de taupe provenant de Shunter et enfin Trozeral, l’aigle de Claudiska. »

« C’est exact. Ce n’est pas forcément appris par tout le monde et donc, je suis un peu étonnée mais pas forcément … Bref, c’est ça ! » dit-elle avec un petit peu d’amusement, Royan ne semblant guère trouver cela drôle.

« Hum … Donc, il suffirait de réunir tous les médaillons pour que les incarnations élémentaires se réveillent. Néanmoins, une partie est à Shunter, l’autre chez l’Oracle. Par contre … Par contre, d’après ce que j’ai cru entendre, vous parliez de quelque chose d’assez important. Un couple ? N’auriez-vous pas pensé à quelque chose ? Du genre, vous et Tery ? Vous ressemblez étrangement au couple de l’histoire, n’est-ce pas ? »

« Je n’ai jamais pensé une telle chose ! C’est complètement absurde, Royan ! » s’écria-t-elle aussitôt après les propos de l’adolescent.

« Absurde … Bien entendu. Absurde … J’avais oublié. »

« Tu n’as pas l’air de me croire … Et ça ne me plaît pas vraiment. »

« Oh mais je vous crois, mademoiselle l’Ombre. Je vous crois … Maintenant, c’est à vous de croire en vos propres paroles. » termina de dire l’adolescent avant de se lever du lit. Il reprit calmement : « Je retourne dans ma chambre en attendant de savoir ce que nous ferons dans les prochains jours. Bonne soirée. »

Hein ? Comment ça ? HEY ! Qu’il ne parte pas avant de s’exprimer plus clairement ! Mais pourquoi est-ce qu’il disait toujours ça ? Pfff … Ne pas croire … en ses propres paroles …

Chapitre 33 : Sur le front

ShiroiRyu
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Chapitre 33 : Sur le front

« Maréchale Nali, nous vous attendions. Vos lettres signalant que vous étiez de retour le plus tôt possible n’étaient donc pas infondées. » annonça un homme mesurant un bon mètre quatre-vingt et porteur d’une lourde armure brune de métal sur le corps sauf le casque qui était posé sur l’imposante table autour de laquelle les plus grandes personnalités militaires de Shunter étaient assises. Elle vint s’asseoir à la place qui lui était allouée, disant :

« Je ne vois guère de raison de mentir à ce sujet. Si vous avez lu la globalité de ma lettre, vous sauriez alors que l’armée de Mékalarma est aux abords de notre royaume. Il y a de fortes chances même qu’elle soit la première des armées à lancer une attaque sur nous. »

« Et à part cela, vous n’avez pas d’autres informations ? Car vous êtes partie pendant plus d’une semaine. » reprit le même homme qui avait environ une quarantaine d’années. C’était si facile de voir qu’il cherchait à tout prix à énerver la jeune femme dans son armure noire.

« Il n’y a pas besoin de plus de détails à ce sujet. »

« Je vais vous demander une unique fois de calmer vos ardeurs, que cela soit chez l’un ou l’autre. » annonça une voix masculine, plutôt forte mais facilement reconnaissable. Le roi avait pris la parole et chacun s’était tu, ne voulant surtout pas contrarier le monarque. « Néanmoins, maréchale Nali, quelle était la personne qui vous accompagnait ? D’après ce que nous savons, il s’agirait d’un jeune homme. Est-ce celui que j’ai déjà remarqué ? »

« Tery Vanian. Il porte les lignes d’Alzar et est l’un des membres de la petite section envoyée ces derniers mois dans les différents royaumes. Il est aussi un créateur de golems et fut celui qui a tué le dictateur de Mékalarma. Je le considère comme un homme de confiance. »

« Vous ? Vous considérez un homme inconnu au bataillon comme un homme de confiance ? » rétorqua l’homme à l’armure brune.

« Si je devais choisir entre lui et vous, Ronos, ma décision serait très vite prise. »

L’homme serra les dents en réponse aux propos de la maréchale Nali. Le toi toussa une unique fois, rappelant à l’ordre les deux personnes alors que le reste restait muet depuis tout ce temps. D’ailleurs, un homme semblait bien différent des autres, debout à côté du roi. Ce n’était pas la première fois qu’elle le voyait. Cet homme … considéré comme le grand prêtre des deux dieux. Elle avait toujours du mal à croire à la religion dans le royaume de Shunter mais elle savait parfaitement que de nombreux hommes et femmes avaient besoin de celle-ci pour croire en divers évènements inexpliqués. Néanmoins, elle n’arrivait pas à l’apprécier spécialement. Elle n’aimait pas … son influence.

« Soit … C’est donc ce jeune homme qui a accompagné la maréchale Nali jusqu’à l’ouest du royaume pour récupérer des informations sur l’armée mékalarmienne. » reprit le roi.

« C’est exact, roi Theor. » répondit calmement la maréchale.

« D’après vos informations, il semblerait aussi que vous aviez été confrontée … à deux personnes issus du monde central Omnosmos ? »

« Je confirme. Un couple dont la femme a des origines claudiskiennes tandis que l’homme a les traits des êtres provenant d’Honoros. »

« Omnosmos … Est-ce qu’ils sont alors au courant de cette guerre déclarée dans les cinq royaumes ? Je pense que oui … » murmura le roi, passant une main dans ses cheveux noirs comme exaspéré par ce qu’il venait d’apprendre. « Nous ne pouvons pas nous permettre qu’Omnosmos se mêle de cette histoire. Si tel était le cas, le royaume de Shunter  … »

Il ne continua pas sa phrase mais tout le monde savait parfaitement ce qu’il disait. Le roi n’était pas homme à souvent reconnaître qu’il était plus faible qu’un autre royaume, loin de là même. Mais à l’entendre … Cette éventualité était possible, bien que peu probable.

« Hum … Il va être temps pour moi de me mêler de cette histoire personnellement. »

Personnellement ? Plusieurs murmures se firent entendre, la maréchale Nali fixant ses yeux rubis sur l’homme qui était le monarque du royaume de Shunter. De telles paroles voulaient dire beaucoup plus qu’elles n’y paraissaient. Le souverain … allait sûrement faire un nouveau discours très bientôt. D’ailleurs, l’homme aux cheveux noirs se leva, posant ses mains sur la table avant de passer son regard sur l’assemblée.

« La réunion est terminée. Vous saurez le reste dans quelques heures ou dès le lendemain. Maréchale Nali, vous restez ici. Nous avons à discuter … de votre absence. »

« Comme vous le désirez, roi Theor. » répondit aussitôt la femme en armure noire tandis que le général en armure brune avait un petit sourire aux lèvres, se levant avec les autres. Rapidement, la pièce se vida peu à peu, le roi se retournant pour être de dos par rapport à la maréchale. Celle-ci resta parfaitement immobile, assise sur son siège.

« Ce jeune homme … Tery Vanian. Son nom de famille a un petit air de noblesse, n’est-ce pas ? » murmura le roi alors que la maréchale répondait aussitôt :

« Il est le fils de deux paysans. Son père était chef de la milice de Leskar qui est mort face à une attaque de gnomolds il y a environ une dizaine voir une quinzaine d’années. Sa mère, Léa, est une femme ayant les lignes élémentaires terrestres en elle. Le seul petit détail que l’on peut noter à son sujet est le nombre de kilogrammes qu’elle a perdus lorsque son fils fut porté disparu pendant quasiment une année. Il ne l’avait pas prévenue qu’il comptait rejoindre l’armée de Midès. Elle est passée alors d’une femme plutôt volumineuse à quelqu’un dont le poids était bien plus normal et svelte. A savoir qu’elle est restée célibataire après la mort de son mari et qu’elle ne compte pas se remarier un jour. »

« Maréchale Nali … Depuis quand accordez autant d’importance à une personne au point de faire de telles recherches sur celle-ci ? »

« Quand cette personne possède les lignes d’Alzar et est capable de les contrôler comme moi-même, il est normal de me renseigner pour voir si cela provient d’une hérédité. »

« Au point de passer outre vos fonctions ? De parcourir le royaume avec uniquement une personne au lieu d’une troupe ? Bien que cela fût une mission d’éclaireur, il n’est pas dans vos habitudes de faire de tels actes insensés. Comme celui de quitter vos fonctions de maréchale pour vous rendre à Mekalarma et nous mettre ce royaume sur le dos … bien que cela fut nécessaire pour les médaillons. »

« Roi Theor, je ne pense pas que vous ayez eut à vous plaindre de mes compétences jusqu’à maintenant. Je compte continuer à agir tel que je l’ai toujours fait, qu’importe ce que certaines personnes pensent ou imaginent à mon sujet. Je n’ai jamais été femme à me soucier de cela. »

« Je ne pense pas avoir dit cela. Néanmoins, ce jeune homme semble bien spécial. »

« Nullement … Outre le fait qu’il possède des lignes d’Alzar, il est loin d’être un excellent combattant et cela malgré l’expérience qu’il acquiert au fil des mois. »

« Oh … Est-ce pour cela que vous l’accompagnez bien souvent ? Ce n’est pas la première fois que j’entends des rumeurs comme quoi un jeune soldat vous parasite l’existence. »

« Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il me parasite l’existence … mais il est une véritable plaie, oui. Si encore, il semblait être doué dans quelque chose … mais ce n’est pas le cas. »

« Des paroles bien dures … Mais s’il s’avère qu’il vous exaspère, n’hésitez pas à le torturer ou à tout simplement le radier … Non. S’il s’avère qu’il devient trop gênant, vous avez l’ordre de l’éliminer, maréchale Nali. Il en connait beaucoup trop sur les médaillons. » annonça le roi Theor avec calme, la maréchale répondant aussitôt :

« L’éliminer ? Je ne pense quand même pas arriver à cela. Peut-être n’ai-je pas modérer mes propos mais Tery Vanian ressemble à une pierre précieuse brute. Il faut la polir pour obtenir quelque chose de remarquable. Il est capable de contrôler ses lignes d’Alzar. S’il devient un bon combattant, pendant les combats, il sera un atout décisif. »

« Cela change complètement de ce que vous disiez auparavant, vous ne trouvez pas ? »

Comme exaspérée, la femme en armure noire se leva subitement. Pourtant, pendant plusieurs secondes, elle ne dit rien … Le roi l’observa sans un mot, attendant qu’elle prenne la parole.

« Roi Theor, si vous me le permettez, je vais devoir prendre congé. »

« Faites donc maréchale Nali. N’oubliez pas que je prévois de faire un discours. »

« Je ne l’oublierai guère, roi Theor. Je me retire dès maintenant. » annonça le femme aux yeux rubis bien que peu visibles à travers le casque noir. Elle s’inclina respectueusement devant le roi avant de quitter la pièce, laissant l’homme seul. Celui-ci prit une profonde respiration, un sourire aux lèvres comme si quelque chose d’amusant venait de se passer.

« Et bien … Il semblerait que je vais devoir demander à ce que l’on recherche plus d’informations au sujet de ce jeune homme. » murmura l’homme aux cheveux noirs.

C’était intéressant … Très intéressant même ce qu’il venait d’apprendre aujourd’hui. De tels potentiels … étaient toujours très bons pour l’armée de Midès. Dommage qu’ils soient si rares … Mais quelqu’un capable de contrôler les lignes d’Alzar. Outre la maréchale Nali, il ne connaissait personne d’autre. Cela avait toujours été un demi-mystère qu’elle soit la seule dans ce cas. Mais maintenant … Une seconde personne en était capable.

Il était rentré dans la chambre qu’il avait quittée … depuis pas mal de temps au final. Oh … La poussière fut la seule chose qui l’avait accueilli lorsqu’il était rentré mais qu’importe, ce n’était pas comme si c’était important. Ah … Maintenant, c’était terminé le bon temps avec la maréchale, n’est-ce pas ? Bon … Ca restait à voir. Mais il reconnaissait parfaitement qu’il n’avait pas été déçu le moins du monde par ce qui s’était passé. Il ne le regrettait guère aussi.

Bon … Par contre … Il avait reçu la lettre d’Elen ! Et il n’avait toujours pas décidé de l’ouvrir. Maintenant, ça allait être chose faite ! Sans aucune hésitation, couché sur son lit, il ouvrit la lettre, commençant à la parcourir de haut en bas. Hum ? Qu’est-ce qu’elle venait de faire ? Enfin, qu’est-ce qu’elle avait fait ? Laisser ses cheveux blonds jaillir ?
Oh ! Il venait de s’imaginer Elen, le visage masqué mais les cheveux blonds derrière elle … Ca devait être … magnifique en un sens non ? Elle devait avoir une certaine beauté et grâce dans l’allure … Enfin … Ce n’était que son imagination. Et pas la réalité … Dommage pour lui. Par contre, visiblement, en même temps … Ce qu’il avait écrit … au sujet du manque … C’était réciproque. Et plus que réciproque même.

« Je n’arrive pas à imaginer une journée sans toi. Tu es dans la majorité de mes pensées et je fais tout pour qu’un jour, je n’ai plus à me cacher derrière ce masque. J’ose espérer de même que tu me pardonnes de ne pas t’envoyer d’images. Je fais tout cela pour que tu sois surpris lors de nos retrouvailles que j’espère très proches. Actuellement, je suis dans Midès. Enfin, peut-être que je ne le serai plus quand tu recevras ma lettre. De toute façon, plus on est proche, plus les lettres arriveront vite, n’est-ce pas ? »

Même si il lisait à voix haute, il avait l’impression que c’était Elen qui parle. Ah … Elle avait sa mission, il avait la sienne. Et ce qu’elle disait était particulièrement vrai. Par contre, en moins joyeux, il ne savait pas combien de temps il allait rester dans Midès. C’était dommage … Il aurait aimé une date, un lieu … Enfin, il avait envie d’écrire maintenant. De tout lui raconter ! Sauf peut-être ce qui s’était passé avec Manelena ? Encore que … Non … De toute façon, Elen et lui n’étaient pas si … liés que ça non plus.


Il commença à parler du rapprochement entre lui et Manelena, racontant à quel point il sentait que la maréchale avait changé. Oh … Il parlait aussi du couple qui avait été avec eux. Il raconta aussi à quel point il se sentait bien avec eux. Enfin … Qu’il aimait bien ce couple pour ce qu’il représentait. La différence des races, des lignes … mais un unique amour. Un amour qui transcendait tout ça. C’était toujours aussi beau … qu’importe la façon dont il imaginait tout ça. Lui ? Il ne savait pas quoi en penser de son côté … Il avait une certaine affection pour Manelena à cause de leur petit jeu … mais aussi pour Elen.

« C’est bizarre … Je ne sais pas qui je choisirai … Faut dire qu’elles ont toutes les deux des arguments à faire valoir … Mais bon … Hahaha. Ce n’est pas comme si dans le fond, c’était réciproque ! Aller ! On envoie cette lettre et ensuite, on va voir un peu ce qui s’est passé depuis tout ce temps. Je me demande si Clari et Olin sont en mission ou non. » murmura-t-il, terminant d’écrire sa lettre avant de la laisser s’enfuir par la fenêtre.

BON ! Il allait dormir pendant deux ou trois heures et ensuite, il verrait ce qu’il comptait faire. Il se replaça sur le lit, s’étant levé pour envoyer la lettre. Fermant les yeux tout en regardant une dernière fois le plafond, il alla s’enfoncer dans un sommeil assez profond. Peut-être que d’ici la fin de la journée, quelque chose allait se passer.

Et comme en réponse à ses paroles, il fut extirpé de son sommeil par quelques coups à la porte. On lui demandait de se ramener aussitôt dehors car le roi avait une déclaration plus qu’importante à faire. Plus qu’importante ? Il mit une main sur sa bouche, marmonnant quelques mots incongrus :

« Bon … Si le roi a quelque chose à dire, il vaut mieux que je ne tarde pas à me lever. »

Si la maréchale le voyait se plaindre, surtout par rapport au roi, ça serait sa fête. Il quitta sa chambre puis le bâtiment, allant rejoindre le reste des troupes. Du moins, dès qu’il alla les rejoindre, deux bras vinrent l’enlacer au niveau du cou, une voix féminine lui disant :

« Devine qui c’est ? Je suis sûre que tu ne trouveras pas. »

« Hum … Je ne sais pas … Sûrement une inconnue un peu folle. » répondit-il en soupirant avec amusement. « Content de te revoir aussi Clari. »

« Alors ? Ca s’est passé comment avec elle ? Donne-moi le plus de détails. »

« Tu devrais arrêter de faire comme les commères de mon village. Il ne s’est rien passé de transcendant contrairement à ce que tu crois. »

« Roh … De toute façon, j’irai te tirer les vers du nez bien assez tôt. Crois-moi sur parole quand je te dis ça, mon petit Tery. Bon … On reste côte à côte ? » murmura la jeune femme aux couettes blondes bien qu’elle avait décidé de garder cette position.

Il ne répondit pas bien qu’elle savait qu’il acquiesçait muettement. Elle se plaça finalement à côté de lui tandis qu’il regardait brièvement où se trouvait Olin. Ce n’était pas qu’il était inquiet, loin de là mais bon … Pfiou … Il le remarqua bien que ce ne fut pas réciproque avant de reposer son regard devant lui.
Manelena … Non … La maréchale Nali était là … mais accompagnée d’autres personnes qui étaient recouvertes d’armures de différentes couleurs. A part elle, c’était la première fois qu’il les voyait. Etait-ce des personnes … aussi haut gradé qu’elle ? Ou presque ? Enfin, ça ne l’intéressait pas vraiment. C’était plutôt le discours … du roi. Et celui-ci venait enfin de faire son apparition. Comme la première fois qu’il avait pu le voir, il remarquait à quel point le roi était différent de celui qu’il s’était imaginé. Oui … Il en avait la carrure et la prestance … mais pas les habits. Enfin, lui, il le voyait plus avec un sceptre, une cape de fourrure, une couronne … Enfin voilà quoi !
Qu’est-ce que le roi allait dire ? Est-ce qu’il … AH ! Il y avait de grandes chances qu’il parle de l’armée mékalarmienne. Enfin … Ca, le peuple doit sûrement être déjà au courant, l’armée aussi. Mais il allait sûrement annoncer ce qu’ils allaient faire avec cette armée, n’est-ce pas ? Enfin … Non ? Est-ce qu’il y avait une chance que … Peut-être ? Car en y réfléchissant bien, il n’avait jamais réellement participé à une guerre. Enfin, celle avec Honoros, il était vite parti en expédition avec les quatre autres personnes dont Clari.

« Peut-être que ça va être ma première véritable guerre … »

« Ca sera la première véritable guerre de beaucoup de personnes, Tery. » chuchota Clari.

Oui … Il s’en doutait en y réfléchissant bien. Mais bon … Il avait un peu d’appréhension maintenant. Il ne savait pas trop quoi penser de tout ça. Bon … De toute façon, il verrait après avec le discours qu’allait faire le roi. D’ailleurs, un silence plana dans la zone alors que le prenait finalement la parole :

« Soldats, soldates, je ne vais pas vous mentir plus longtemps : les armées ennemies sont aux portes de notre royaume. Non … Ils sont déjà à l’intérieur de notre beau royaume. J’ai appris de bien tristes nouvelles : l’armée mékalarmienne se rapproche inexorablement de la capitale, ravageant tout sur son passage. Nous pouvons déjà entendre leurs machines et leurs éclairs fendre le ciel et la terre. Devons-nous laisser faire ? La réponse est non !

L’armée de Shunter ne faiblira pas devant ses adversaires, aussi nombreux qu’ils soient, aussi forts qu’ils soient ! Mais je sais qu’après ces derniers mois, votre moral vacille. Vous vous demandez pourquoi devriez-vous mourir pour une guerre qui vous semble perdue d’avance. Je comprends cela … Je comprends parfaitement cela même … Mais vous ne serez plus seuls dorénavant. Non … J’ai décidé de me mêler personnellement à cette guerre et bien que je ne peux être sur tous les fronts, l’armée de Mékalarma me verra en première ligne ! »

Il écarquilla les yeux de surprise. D’abord peu nombreux, les murmures commencèrent à s’amplifier de plus en plus. Les soldats étaient tous aussi étonnés les uns que les autres. Le roi ? Participer à la guerre ? Pour les recrues les plus récentes voir même celles qui avaient une dizaine d’années au compteur, c’était quelque chose de plus étonnant mais pour celles qui étaient là depuis longtemps, si longtemps … Cela voulait dire que …

« Le roi retourne au combat. Celui que les autres royaumes surnommaient le fléau d’onyx est à nouveau parmi nous ! VIVE LE ROI ! »

Cela avait été d’abord un soldat, bien plus âgé que les autres, puis un autre et un autre. Rapidement, les cris de toute l’armée réunie devant le roi se firent entendre tandis que Tery s’était mis à rejoindre les cris. Il ne savait pas pourquoi mais il se sentait galvanisé par les cris autour de lui. Clari ne faisait que sourire et rigoler devant sa réaction tandis qu’il continuait, regardant la maréchale Nali en même temps.


Comme les autres militaires de grade plutôt important, elle n’applaudissait pas, elle ne criait pas … Non, elle restait stoïque. Devant « tant » d’émotions, il arrêta son zèle, gardant ses yeux posés sur elle. Pourtant, elle ne tarda pas à faire de même. Il sentait ses yeux rubis qui le fixaient. Il détourna aussitôt le regard alors que Clari murmurait :

« Tu imagines, Tery ? Le roi va combattre à nos côtés. »

« On ne sait même pas si on va se rendre à Mekalarma ou non, Clari … »

« Bien sûr que si. C’est la force militaire la plus puissante parmi les cinq royaumes. Tu ne penses quand même pas ne pas y aller ? Tu possèdes des lignes spéciales … Moi aussi. Il y aura sûrement les autres aussi. »

Les autres ? Il n’avait pas un charmant souvenir de l’un d’entre eux d’ailleurs … Mais bon … Il voyait où elle voulait en venir. Malgré les apparences, il était peut-être quand même puissant. Enfin, il savait créer un golem, d’ailleurs, il devait réfléchir à créer des golems diffrérents. Ses livres pouvaient sûrement lui en parler, n’est-ce pas ? Enfin bon … Il recommence à observer la maréchale puis le roi.

« Je me demande … ce qui va se passer dorénavant. »

« Ca, je ne suis pas devineresse mais y a des chances que ça fasse très mal, Tery. »

« Hahaha … J’aimerai pouvoir en rire … Mais je ne sais pas … Ca ne me tente pas vraiment en fin de compte. » murmura le jeune homme en passant une main devant sa bouche. Pas du tout même … Il avait un peu peur contrairement à ce qu’il disait.

Bon … Il n’avait pas vraiment à trop s’inquiéter, n’est-ce pas ? Enfin … Il espérait que c’était ça … Car il n’était plus vraiment rassuré avec toutes ces bêtises … Peu à peu, le calme revint tout autour de lui alors que les généraux demandaient à ce qu’ils se séparent. Les opérations allaient commencer dans les jours à venir. Clari lui prit le bras, disant :

« Toi, tu m’accompagnes maintenant ! On va prendre un peu de bon temps ensembles hein ? »

« Dit comme ça, je ne crois pas que je peux refuser. De toute façon, je ne vois pas pourquoi je refuserai de toute façon. Je suis d’accord, allons-y. »

« Tu me raconteras tout ce qui s’est passé mais en détails, d’accord ? » demanda-t-elle avant d’émettre un petit rire auquel il répondit :

« Si tu es gentille, Clari. Si tu es gentille … Par contre, il faudra que je ne perde pas de temps pour me concentrer, etc … J’ai beaucoup de choses à faire aussi. »

Hum ? Des choses à faire ? Elle lui posa la question et il lui dit que cela avait un rapport avec ses golems. Il voulait essayer d’en créer un bien plus grand … ou alors un golem bien différent des autres … Mais ça, c’était plus compliqué qu’il ne le pensait. Le souci, c’était d’innover … vite et bien … Rien d’autre … Mais son golem était l’un de ses atouts. Qu’il le veuille ou non, c’était une idée qu’il ne pouvait pas nier.

« Arrête de trop réfléchir. » le coupa Clari dans ses pensées.

« Hey ! J’ai quand même le droit non ? Je sais bien que … »

« Non mais pour aujourd’hui, tu te reposes avec moi et puis c’est tout. Aller … On a de toute façon la permission de sortir alors on va en profiter tous les deux, d’accord ? »

« Hum … D’accord … Si tu le prends comme ça, Clari. » murmura le jeune homme en haussant les épaules, ne trouvant pas l’idée déplaisante. Le golem pouvait bien attendre de toute façon. La main de Clari vint se loger dans la sienne sans qu’il ne dise un mot.

« Oh … Comment je le prends, toutes ces choses, ça aussi, on en a rien à faire hein ? Enfin pour le moment. Aller … Tu me suis et tu te tais. »

Il lui fit un petit sourire, plus amusé qu’autre chose par la réaction de la jeune femme. Bon … De toute façon, ils avaient encore beaucoup de temps à passer ensembles, non ? Avant que … La guerre n’arrive à leurs portes. La guerre contre Mékalarma et les autres royaumes.