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Romans de Chibi

Chapitre 27 : Anonymat complet

ShiroiRyu
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Chapitre 27 : Anonymat complet

« Si tu veux bien continuer à me raconter ce qui s’est passé. » murmura l’Oracle.

« Alors… Il était d’abord très réticent à s’entraîner. » reprit l’être masqué.

« Même devant tes nombreux combats ? Pourtant, d’après mes souvenirs, je pensais t’avoir appris bon nombre de choses. Avec ceci, tu aurais du l’impressionner. »

« Et bien… Tery était plutôt du genre à ne pas vouloir s’intéresser à tout ce qui est magie et art d’utiliser des armes. En fait, il était un véritable néophyte. »

« Tu répètes mes propres mots, mon enfant. » annonça le vieil homme.

Elle s’excusa et bafouilla quelques paroles. Ce n’était pas ce qu’elle voulait, non, loin de là ! Elle recherchait les mots qu’elle devait prononcer. En y réfléchissant bien, l’Oracle lui avait souvent parlé des porteurs adverses, ceux qui étaient considérés comme ses ennemis. Mais ce n’était pas tout… Est-ce qu’elle devait lui dire que Tery avait essayé de la tromper ? Oui, il valait mieux tout avouer à ce sujet. La personne encapuchonnée redit :

« Enfin… Il s’est montré bien plus enclin à me suivre. »

« Quel était son élément de prédilection ? Même si c’était un Porteur… » demanda l’Oracle.

« La Terre ! Je dirais que la Terre lui convenait parfaitement ! Ou alors le Vent… »

« Hum… Je vois, je vois… Mon enfant… Tu peux continuer. »

Il semblait un peu surpris de la voir lui répondre aussi rapidement et avec autant d’excitation comme si elle connaissait Tery plus que nécessaire. En fait, c’était la manière dont elle avait parlé. Elle lui avait coupée la parole en plein de sa seconde phrase comme si de rien n’était et cela l’étonnait. De la part de l’être emmitouflé dans sa cape brune, c’était plutôt rare.

« Ainsi, il devait apprendre toutes les bases de la magie ! » s’exclama l’Ombre.

« Même les sorts les plus faciles ? Cela est étonnant. N’as t-il donc eu aucune éducation ? »

« Par contre… Ca… Je ne sais pas, Oracle. Excusez-moi de ne pas être au courant à ce sujet. Sinon, il utilisait des armes peu courantes ! » dit-elle avec amusement.

« Ah bon ? Et quelles sont ces armes ? Je ne crois pas être informé de celles-ci. »

« Des griffes. J’avoue que ça m’a étonné la première fois. Ce n’est pas des armes que l’on utilise lorsqu’on apprend à se battre. Normalement, ils sont plus aptes à apprendre à manier une épée plutôt que des griffes mais lui… »

« Lui ? Continue donc… Je ne vais pas t’arrêter à chaque fois, mon enfant. »

« Lui… Il semblait très à l’aise avec ces griffes, comme si… Elles étaient faites pour lui. Au départ, je me rappelle qu’il s’est gratté la joue bien que je tentais de le prévenir. »

Elle éclata de rire, n’arrivant pas à se contrôler en se disant que Tery avait été sacrément doué à ce moment là. Sincèrement… Des fois, elle s’était demandée s’il le faisait exprès ou non mais il fallait reconnaître qu’il avait été un compagnon des plus intéressants, surtout lorsqu’on grattait sous la couche de colère qu’il s’était crée.

« Et bien, et bien… A croire qu’il avait tout d’un Porteur de nos lignes. » murmura l’Oracle.

« Oui… Enfin… Il a quand même montré des bons côtés ! » s’exclama l’Ombre.

« Et lesquels ? Si cela n’est pas indiscret bien entendu. »

« Et bien… Je… Disons que la bourse que vous m’aviez donnée, rétrécissait peu à peu et que nous étions tous les deux à court d’argent. » dit la personne masquée avec entrain.

« Je comprend, je comprend… Continue donc mon enfant, je t’écoute. »

Comment tout raconter à l’Oracle ? Ce n’était pourtant pas très difficile mais elle ne savait pas… Les yeux argentés du vieil homme l’observèrent d’un air inquisiteur et elle se sentait tellement mal à l’aise qu’elle aurait aimé se cacher dans un trou de souris et ne plus en sortir. Elle tenta de contrôler ses légers tremblements avant de commencer à prendre la parole :

« Alors, il s’était mis en tête de venir m’aider pour trouver de l’argent. »

« Et de quelle façon a-t-il essayé ? » questionna le vieil homme.

« En tuant des Gnomolds, il avait vu une affiche comme quoi, on donnait des récompenses pour des pattes de Gnomolds ! Alors, il a décidé de m’aider de cette façon. Vous savez, au départ, il se fichait vraiment de tout ce qui me concernait puis peu à peu… Il s’est ouvert vers moi et je crois que j’ai appris à le connaître. Enfin, je ne savais pas tout non plus à ce sujet. »

« Et pourtant, on penserait que tu es capable d’en parler pendant des heures entières. Me tromperais-je, mon enfant ? » dit l’Oracle avec un petit sourire aux lèvres.

Elle s’arrêta de parler, baissant sa tête masquée en observant le sol de ses yeux bleus. L’Oracle avait raison mais il fallait la comprendre… C’était vraiment la première fois qu’elle s’était liée avec quelqu’un depuis le jour où elle était née. Elle sursauta au moment où une main ridée se posa sur son épaule. Le vieil homme au regard argenté s’était rapproché d’elle. Il lui murmura d’une voix douce :

« Et bien, mon enfant… Tu sembles encore perdu dans tes pensées. »

« Pardonnez-moi… Oracle… C’est simplement que… J’ai un peu de mal à croire ces lignes noires sur le corps de Tery. Comment… est-ce possible qu’un jeune homme comme lui soit atteint de cette… chose ? Il n’y a pas de possibilités de le faire changer de voie ? »

« Généralement, les porteurs des lignes du dieu Alzar sont voués au déclin. Si seulement tu avais terminée ta mission, tu l’aurais soulagée d’une très grande peine. »

Pardon, pardon, pardon, ENCORE PARDON ! C’était de sa faute ! Elle le savait parfaitement mais… mais… Pourquoi lui avoir dit de faire ça alors qu’il devait se douter qu’elle n’aurait pas réussie cette mission, hein ?! Elle… Elle… Elle était dépitée.

« Oracle ? Qu’est-ce que je dois faire ? Qu’est-ce que… » balbutia la personne masquée.

« Me racontez la suite et fin de votre histoire, mon enfant ? A toi et à Tery ? »

« Si vous le désirez… Je vais vous dire… Ce que j’ai décidé de faire après que j’ai reçue votre seconde lettre, Oracle. Près de Midès, du moins, dans la capitale de Shunter, il y avait un endroit qui s’appelle Litan Deseria. »

« Oui… Je comprends… Continue donc alors… » murmura le vieil homme avec calme.

« Là-bas, une créature y vivait : un scorpion géant cyclope. »

Un scorpion géant cyclope ? Il la regarda quelques instants avec une légère appréhension : ce genre de créatures n’était pas forcément très rare mais du genre à se terrer dans des recoins cachés et surtout à être assez puissantes si on ne savait pas se battre. Il fit un petit geste de la main pour lui dire de continuer, ayant arrêté de poser l’autre main sur l’épaule de la personne au masque blanc. Celle-ci reprit la parole :

« Et bien, Tery voulait aller le combattre car d’après ce qu’il m’avait dit, il devait se rendre là-bas et ramener la tête du scorpion cyclope pour pouvoir rentrer dans l’armée de Midès. »
« En quelque sorte, une mission suicide pour éliminer une jeune personne un peu trop ennuyeuse. Est-ce bien cela ou je me trompe dans mes dires ? »

« Non, non ! C’est ce que j’ai pensé tout de suite ! Et puis… J’ai oublié… Il y a tellement de choses que j’ai oublié d’expliquer. Je devrais revenir en arrière. » dit-elle.

« Alors, fais donc, mon enfant. Je ne suis point pressé. J’ai déjà tellement vécu… »

« Alors, c’est au sujet des Gnomolds qu’il a essayé de tuer. Il est y arrivé mais il s’est retrouvé face à un chef de clan de cette race. Vous savez, Oracle… Ceux qui n’hésitent pas à trancher les mains de leurs congénères comme preuve de leur victoire sur les autres. »

« Oui, oui, je vois très bien. Mais pourquoi est-il parti seul ? Sans toi ? » demanda l’Oracle.

« Et bien… Je… Disons… que… Voilà… »

Elle baissa le regard à nouveau, murmurant qu’il avait appris d’une certaine manière qu’ils avaient des soucis d’argent. Comme elle ne l’avait pas prévenu, alors il s’était mis en tête de tuer des Gnomolds pour pouvoir payer l’auberge. Cela partait d’une bonne intention et cela lui avait permis de voir à que Tery avait un bon fond au final mais à côté de cela… Il avait eu beaucoup de mal à s’en remettre après le combat contre le chef de clan Gnomold.

« Ensuite, nous avons été à la guilde des magiciens car la mort du chef de clan était mise sur un affiche avec une récompense au bout. Il a réussi à obtenir un livre en liaison avec l’élément de la terre ainsi que… Rien du tout. Je suis bête, pardonnez moi. »

Elle venait de mentir ouvertement à l’Oracle, ne voulant pas lui parler du petit pendentif qu’elle avait reçu de la part de Tery. C’était une chose qu’il ne devait pas apprendre ! Et dire qu’elle pensait lui dire toute la vérité, elle avait vite décidé de changer d’avis dès que cela s’avérait nécessaire… Enfin… Maintenant… Elle pouvait lui raconter la fin de cette histoire.

« Mais après ça… J’ai reçue votre seconde lettre et j’ai décidé d’appliquer ce que vous vouliez. Je préférais que cela soit considéré comme un accident plutôt qu’un meurtre alors je l’ai emmené dans la grotte de Litan Deseria pour lui faire combattre le scorpion cyclope et le faire mourir ainsi. Après… Je pensais prendre son corps… et l’enterrer quelque part où il pourrait reposer en paix, mais ça ne s’est pas passé comme prévu. »

« Et bien ? Que s’est-il passé alors ? Dois-je le deviner ? Dois-je penser que Tery a réussi à battre le scorpion cyclope ? Mais comment est-ce possible ? » questionna le vieil homme.

« Et bien… Oracle… J’ai un peu honte de le di… » tenta de murmurer l’Ombre.

« Nulle honte tu dois avoir mais simplement des regrets car tu as échoué. »

« Oui… Pardonnez-moi encore une fois, Oracle. » reprit la personne masquée.

« Continue et cesse donc de demander pardon. Cela pourrait devenir lassant si tu ne fais qu’utiliser ces paroles. As-tu tellement de choses à te reprocher ? »

Gloups… Oui… Elle avait beaucoup de choses à se reprocher, bien plus que ne pouvait le croire le vieil homme mais maintenant… Est-ce qu’il devait être au courant de tout ça ? Nullement… Mais mentir à l’Oracle… Etait-ce une bonne chose ? Elle chuchota :

« Non… Non… Enfin comme vous l’avez dit… Tery a réussi à battre le scorpion cyclope… mais en utilisant ses lignes noires… Il est devenu… une sorte d’être incontrôlé… »

« Possédé par ses propres lignes, elles le mèneront à sa destruction. »

« C’est là que j’ai décidé de l’attaquer… dès qu’il est revenu à la normale. »

« A la normale ? Comment cela, mon enfant ? » questionna subitement l’ancien.

L’Oracle sembla intrigué d’apprendre cette nouvelle. Avait-elle dit quelque chose de spécial ? Elle recommença à parler, lui expliquant mot pour mot ce qui s’était passé exactement lorsqu’elle avait décidé de s’en prendre à Tery. Et que le combat s’était très mal terminé… Enfin, là-dessus, elle s’arrêta au moment où elle avait remarqué le problème avec la mort du scorpion cyclope. L’Oracle lui demanda :

« Et bien… Ensuite ? Que s’est-il passé ? »

« Je… Je ne me souviens plus de rien. Le scorpion cyclope… Son cadavre s’est mis à émettre du poison… sous la forme d’un nuage. J’avais complètement oublié ceci. »

« Complètement oublié ? Pourtant, je t’avais mis en garde contre ces créatures capables d’utiliser de la magie. Ne m’as-tu donc point écouté pendant toutes ces années, mon enfant ? Est-ce que tous mes cours ont donc été à ce point inutile ? »

« NON ! ORACLE ! NON ! CE N’EST PAS DU TOUT CA ! »

Elle venait de lever la voix en même temps que son corps. Comment croire une telle chose ?! Seulement… Elle était tiraillée entre deux sentiments contradictoires. Le vieil homme restait suspicieux, toussant une première fois avant de demander :

« Pourrais-je savoir la raison de ces cris, mon enfant ? »

«  Je… Je… Je suis désolé… Je ne voulais pas outrepasser vos règles et vos leçons… »

« Oui mais néanmoins, tu sembles bien trop tremblante… Dis-moi toute la vérité. »

« Quand je me suis réveillée… J’étais allongée dans un lit… Le lit de l’auberge où moi et Tery avions pris résidence. » murmura faiblement la personne encapuchonnée.

« Insinuerais-tu que ce jeune homme a contrecarré le poison, traverser ce… désert, t’as donné un antidote contre le poison et t’as ramené à l’auberge, mon enfant ? »

« Oui… C’est exact… Je sais que cela parait un peu… exagéré… »

Il poussa un léger soupir, l’être encapuchonné redressant son visage masqué de blanc en l’observant. C’était bien la première fois qu’elle le voyait aussi soucieux à cause d’elle. Est-ce qu’il… se posait des questions sur sa fidélité ? Elle… lui avait menti mais elle ne savait pas s’il allait la croire ou non. Après quelques secondes, il reprit :

« Je me demandais… S’il a été capable de te soigner… mon enfant, cela voudrait-il dire qu’il a été capable d’annuler les effets psychologiques des lignes du dieu Alzar ? »

« Hein ? Euh… Attendez un peu, Oracle… Je… Je… Je n’y ai pas réfléchi sur le moment mais oui ! C’est exactement ce que vous me dites ! Lorsqu’il en a terminé avec le scorpion, il est redevenu… normal comme je vous l’ai dit mais… »

« Mais… Tu as oublié cela… Si ce jeune homme a été capable de se contrôler après s’être laissé emporter par ses lignes, cela veut dire qu’il est capable de dépasser les pouvoirs des lignes du dieu Alzar. Vois-tu où je veux en venir ? » annonça le vieil homme.

« Il est donc un Porteur… Mais… non… Je suis désolé… Je ne comprends pas. »

« Cela veut tout simplement dire que ce jeune homme est un Porteur très rare, capable de faire la différence entre ses amis et ses ennemis. »

« Qu’est-ce… Qu’est-ce… Où voulez vous en venir Oracle ? » demanda la personne masquée.

« Que je me suis trompé… Peut-être aurais-je du ne pas t’ordonner de le tuer. Mais… Cela était une mesure de précaution. Les Porteurs de la lignée du dieu Alzar sont tous très dangereux… à cause de leurs pouvoirs latents. Alors que de ton côté, tu sais très bien que tes lignes peuvent aider les gens… » dit calmement l’homme à l’âge plus qu’avancé.

« Est-ce que cela veut dire… que si je retrouve Tery, je pourrais vous le ramener ? »

« Mon enfant… Pourrais-je te poser une question qui te paraîtra rhétorique quand tu l’entendras ? Est-ce que tu penses que ce jeune homme voudra réellement te suivre ? Alors que je suis celui qui est responsable de cette demande d’assassinat ? »

« Non… C’est vrai… Pardonnez-moi, Oracle. » murmura la personne encapuchonnée.

« Néanmoins… Néanmoins… Pour l’échec de ta mission… Tu vas devoir rester ici environ deux semaines. Je pense qu’il vaut mieux que tu subisses un nouvel entraînement. »

« Un… nouvel entraînement ? Mais pourquoi ? Je suis capable de me battre, Oracle ! »

« Mais… Tu n’es pas capable de laisser tes sentiments de côté. Me tromperais-je ? »

« Non… Vous avez totalement raison, Oracle. Pardonnez-moi. » bredouilla t-elle.

Finalement, elle n’avait pas à s’en faire au sujet de Tery. L’Oracle ne s’était pas posé énormément de questions à ce sujet. Elle se leva de sa chaise, le vieil homme lui signalant en même temps qu’elle pouvait quitter la pièce. Elle pouvait se rendre dans l’endroit où elle logeait habituellement, un endroit isolé de tous les autres.

Fermant la porte derrière elle, elle poussa un profond soupir, sortant de l’orphelinat en se disant que maintenant… Elle était retournée à sa vie d’avant. Si elle n’avait pas fait trop de zèle… Si elle n’avait pas décidé de l’attaquer… Si elle ne lui avait pas laissée la vie… Tant de choses en tête et si peu d’espace pour les entreposer.

Elle observa les alentours, voyant que les enfants avaient arrêté de jouer et étaient rentrés dans les dortoirs qui leurs étaient réservés. Il n’y avait rien, rien du tout. Elle se mit à marcher sans même jeter un regard autour d’elle, se dirigeant vers l’endroit où elle serait seule… à nouveau. Une bonne dizaine de minutes de marche et elle arriva devant une modeste cabane en bois. C’était là qu’elle habitait, isolée des autres.

« C’est comme ça que tout doit se passer… hein ? Tery ? Peut-être qu’au final… Je m’étais trompé sur toute la ligne. Je ne devrais jamais… penser par moi-même. Cela ne cause que des catastrophes et des accidents autour de moi. » murmura l’être masqué.

Elle soupira une nouvelle fois, passant une main sur le sommet de son crâne encapuchonné. Elle allait pouvoir retirer cette tenue un peu plus fréquemment… maintenant qu’elle allait être seule. Retirer cette tenue et ce masque… Ca ne pouvait pas être une mauvaise chose mais… Elle était la seule personne dans le temple à porter une telle chose.

Pourquoi ? La réponse était simple, très simple. Elle était spéciale, un peu comme tout les enfants mais elle l’était encore plus. L’Oracle avait de grandes ambitions pour elle… Elle qui était capable d’utiliser les lignes de la déesse Zélisia à un meilleur niveau que les autres. Elle qui avait fait de nombreux progrès depuis qu’elle était ici… depuis très longtemps. Elle ouvrit la porte de la cabane, s’engouffrant à l’intérieur avant de refermer derrière elle.

De fenêtre ? Il n’y en avait aucune. Pourquoi cela ? Pour éviter qu’on puisse voir qui elle était réellement. A l’intérieur de la cabane, il y avait trois pièces : l’une correspondant à une salle de bain avec des toilettes, une cuisine basique et une salle pour dormir, écrire ou faire tout ce qu’elle voulait comme loisir. Ce n’était pas le grand luxe mais ça lui suffisait amplement. Pour la lumière, des boules électriques dans des demi-sphères de verre étaient présents au plafond, lui permettant de voir. Elle murmura :

« Je connais… Tery… non ? Il me pardonnerait encore une fois… non ? »

Elle se mit assise sur la chaise se trouvant devant le petit bureau. Du papier jauni, de quoi écrire… et tout était comme il y a plusieurs mois. Néanmoins, la maisonnette avait été bien entretenue… mais par qui ? A part l’Oracle, nul ne savait qui elle était réellement… à part l’Oracle et une autre personne. Oui… Ca devait sûrement être elle.

« Maintenant… C’est une séance de repos ? Hein ? Je dois me reposer… »

Enfin… Elle retira son masque blanc pour le déposer sur le bureau. Aussitôt que cela fut fait, elle parue bien plus petite… bien plus frêle. Le masque avait été façonné pour elle… des propres mains de l’Oracle. Un masque vraiment spécial puisqu’au final… Il était emprunt de magie. Lui donner une force, une allure, une stature bien différente de celle qu’elle était réellement. C’était ainsi… pour éviter de se faire repérer et pour éviter les ennuis.

« Tery… Tery… Tery… Si tu savais la vérité… Que ferais-tu ? T’éloignerais-tu de moi ? Est-ce que tu resterais avec moi ? Hein ? Je ne sais jamais… ce que les gens pensent réellement de moi… Puisque je ne suis pas réellement… moi. » chuchota-t-elle faiblement.

C’était stupide de penser ainsi mais c’était pourtant la triste réalité. Elle n’était pas ce qu’elle était. Quelqu’un toqua à la porte plusieurs fois de suite, l’être encapuchonné remettant son masque blanc sur le visage avant de demander :

« Qui… Qui est-ce ? »

« Je n’y ai pas cru quand l’Oracle me l’a annoncé mais pourtant… Tu es donc de retour ! »

Cette voix… AH ! C’était elle ! C’était vraiment elle ! Elle se leva, faisant tomber la chaise au sol avant d’ouvrir la porte très rapidement. En face d’elle se trouvait une vieille personne aux cheveux grisonnants attachés en chignon, une robe à carreaux roses avec un tablier par-dessus… et un petit corps de vieille femme. Qu’elle était bête… vraiment bête ! Bête de penser qu’elle était toute seule dans cet endroit. L’être masqué bredouilla :

« Madame Liza, je… J’avais peur que pendant… Mon absence… Vous ne soyez plus là. »

« Tu ne pensais pas qu’une personne aussi vive que moi s’endorme à jamais non ? Et toi, dans tout ça… Comment vas-tu, Neel ? »

Ah… Ce nom… Ce nom qu’elle n’avait jamais voulu donner à Tery. C’était normal… A part les personnes habitant près du temple, personne ne connaissait son existence. A part Tery… Elle invita la vieille femme à pénétrer à l’intérieur de la maisonnette. Avec elle, la discussion sera beaucoup plus facile, oh oui. Elle pourrait parler plus librement.

Chapitre 26 : De retour à l’orphelinat

ShiroiRyu
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Troisième partie : Détresse

Chapitre 26 : De retour à l’orphelinat

« Vous voulez partir dès maintenant ? Mais… Qu’est-ce que vous avez dit à Tery ? Il est parti comme une flèche sans même me saluer. » demanda l’aubergiste.

« Disons que… Qu’il avait autre chose à faire… Et moi aussi… Combien est-ce que je vous dois ? Pour… les derniers jours. » répondit l’être masqué de blanc.

« Oh, vous avez déjà payé, vous ne vous en rappelez pas ? »

« Ah. D’accord, merci beaucoup. Je m’en vais définitivement. Je vous remercie de nous avoir hébergé pendant ces quelques semaines voir mois. » termina de dire l’être encapuchonné.

« Tout le plaisir était pour moi. En espérant vous revoir un jour, ensemble, ça serait mieux. »

Ensemble ? Ah… Quelle bonne blague… Ils n’allaient plus être ensemble. C’était terminé maintenant, complètement terminé. Il n’y avait pas de retour en arrière. Peut-être qu’elle aurait pu rester avec lui non ? Qu’est-ce qui l’en empêchait ? Son devoir ? Ses obligations envers l’Oracle ? Tout ce qui s’était passé ?

« Au revoir, je ne sais pas si je reviendrais ici par contre. »

Elle s’inclina légèrement avant de quitter l’auberge. Maintenant, il était temps de retourner voir l’Oracle, de lui montrer le médaillon qu’elle avait récupéré et de lui dire… que le porteur n’était pas mort. Elle détestait le mensonge… Elle détestait tellement mentir. C’était quelque chose qui l’horripilait. C’était pour ça… qu’elle allait poser des questions à l’Oracle.

« Hey mais… C’est toi ? Tu vas mieux ? T’as vite récupéré ! » s’écria une voix masculine.

Hum ? Ah… C’étaient les gardes… Elle s’était mise à marcher vers la sortie sans réellement savoir ce qu’elle faisait. Ah… Qu’elle était bête… Vraiment bête… Elle hocha la tête comme pour répondre muettement aux gardes avant de leur dire pourtant :

« Je suis habituée à combattre ! Il n’y avait pas à s’en faire. »

« Oui mais Tery était furieux. Un peu comme toi lorsque tu es venu le chercher. »

« C’était du passé… Il vaut mieux oublier tout ça. » murmura l’être masqué évasivement.

« Du passé ? Ca remonte à peine à quelques jours, même pas une quinzaine ! »

« C’est bon, je vous ai dit. Merci bien ! » termina de dire l’Ombre.

« Tiens en parlant de Tery… Où est-ce qu’il se trouve ? » questionna l’un des gardes.

Pfff… Elle ne sentait même pas d’humeur à leur répondre. Elle s’éloigna du groupe de gardes chargé de surveiller la porte Sud, se disant que ça ne servait plus à rien de rester plus longtemps ici. Pendant de longues minutes, l’Ombre encapuchonnée s’était mise à marcher, se dirigeant sans savoir réellement où elle allait. Tery… Son seul compagnon en dix-huit ans… Un porteur… Elle était sûre que l’Oracle le savait à la base. Elle était sûre et certaine qu’il connaissait ça depuis le début. Mais pourquoi avoir fait une telle chose ? A quoi cela lui servait de la faire souffrir comme ça ? Elle poussa un profond soupir, remarquant finalement l’endroit où elle était. Elle… était revenue à l’arbre où Tery et elle s’entraînaient.

« Pffff ! C’est vraiment trop dur ! Y a trop de mots incompréhensibles, l’Ombre ! »

« On va faire plus simple, d’accord ? Tu vas me dire quel mot tu trouves compliqué et je te l’expliquerais, ce n’est pas plus difficile que ça. » murmura la personne masquée.

Ce fut la première semaine où il s’était montré réellement intéressé pour apprendre. Elle s’en rappelait parfaitement. Auparavant, jamais quelqu’un n’avait porté un quelconque intérêt sur sa personne et pour cause… Peu de gens connaissaient à peine son existence. C’était comme ça qu’elle avait été élevée… par l’Oracle. C’était comme ça qu’elle vivait depuis tout ce temps. Elle posa une main sur l’écorce de l’arbre, soupirant longuement alors qu’elle murmurait :

« Tout ça… est vraiment futile au final, non ? L’Oracle devait forcément savoir que tout ça allait se passer. Que Tery était un porteur des lignes d’Alzar alors que moi… Je suis une porteuse des lignes de Zélisia. C’était inscrit… Est-ce que c’était une épreuve ? »

Une épreuve pour savoir si elle était capable de retirer la vie à quelqu’un qu’elle appréciait ? Quelqu’un avait qui elle avait passé du temps ? Car oui… Elle avait déjà dû tuer… dans le passé. Même avant d’être adulte mais JAMAIS… Quelqu’un qu’elle connaissait aussi bien. Tery, Tery, Tery… C’était si dur de ne plus avoir quelqu’un avec qui parler.

« Je ferais mieux de me remettre en route, j’ai perdu assez de temps. » souffla l’être masqué.

Elle retira sa main de l’arbre, l’observant quelques instants avant de venir s’asseoir contre ce dernier. Fermant ses yeux saphir, elle se laissa vagabonder dans ses souvenirs et dans ce qui s’était passé depuis le jour où elle avait rencontré le jeune homme aux cheveux bruns. Dire qu’elle avait dû le sauver alors qu’elle était en quête de l’un des médaillons, celui de Tarka. Ils étaient tellement nombreux, elle se demandait même si d’autres personnes étaient à leurs recherches. Oh… Elle savait parfaitement qu’il y en avait mais bon… Est-ce qu’ils étaient nombreux ? C’était ça la question qui la taraudait et puis… et puis…

Et puis elle s’était endormie tout simplement. Cela n’avait pas été très difficile. Son lot d’émotions, la fatigue qui serait apparente sur son visage s’il n’était pas masqué, tout… Tout était si compliqué dans sa vie. Pourquoi être née comme ça ? Pourquoi avoir fait tout ça ? Elle s’était laissée aller, voilà tout simplement. Deux heures plus tard, ses yeux bleus s’ouvrirent sous le masque blanc souriant. Elle se redressa, s’étirant quelques instants avant de dire quelques phrases pour elle-même :

« C’est bon… Ce n’est pas en restant ici que ça changera quelque chose. Ce qui est fait est fait… Voilà tout. Je n’ai pas… à me poser plus de questions. Les choix de l’Oracle ne doivent pas être contredits ou discutés. Tout ce qu’il dit est bon. »


Oui, ses sentiments personnels n’avaient pas à être pris en compte dès qu’il s’agissait d’une mission. C’était sa première mission en extérieur, c’était la première fois qu’elle quittait l’orphelinat et ses environs. C’était la première fois qu’elle allait dans un royaume. Tellement de première fois, c’était pour ça qu’elle ne devait pas faillir même si c’était déjà trop tard. Une partie de la mission avait été réussie, n’était-ce pas déjà assez pour l’Oracle ?

Elle obtiendrait sa réponse d’ici quelques jours, le temps de faire un long voyage. Elle ne se sentait pas motivée… à utiliser ça. En plus, ça la fatiguait beaucoup trop et rien ne pressait hein ? Il lui suffisait de trouver un village ou une ville, d’y écrire une lettre et de l’envoyer à l’Oracle pour lui dire qu’elle serait de retour. Oui… C’était ça qu’elle allait faire mais pas maintenant. Elle devait repartir et quitter les environs de Midès le plus vite possible. Tery… Pfff… Ce nom resterait gravé en elle, elle en était certaine.

« Tery… Tery… Ce n’est plus la même chose sans toi. » murmura l’être encapuchonné.

Elle devait partir du royaume de Shunter, elle n’avait pas cinquante mille choix ! Elle n’arrêtait pas de se dire qu’elle accumulait les bêtises, les unes après les autres. Si encore, elle avait décidé de tuer Tery, alors l’Oracle serait heureux car elle aurait remplie sa mission. Mais si elle ne l’avait pas tué et qu’elle décidait de ne plus se préoccuper de l’Oracle, alors là aussi, elle serait heureuse. Mais au final, qu’est-ce que ça avait donné ?

« Rien du tout ! RIEN DE RIEN ! » hurla la personne masquée de blanc.

Le fait qu’il n’y ait personne autour d’elle était une bonne chose sinon… On aurait pu la prendre pour une folle hystérique. Bon… Ce n’était pas le cas mais quand même, il valait mieux que personne ne sache qu’elle pouvait s’emporter aussi facilement des fois. Elle posa une main sur son masque blanc, le retirant légèrement. Elle allait se dépêcher. Plus vite elle rentrerait, plus vite elle aurait une nouvelle mission, plus vite elle oublierait alors Tery. Elle poussa un léger soupir, retirant ses gants rouges alors qu’apparaissaient des lignes blanches sur ces mains. Lentement, elle posa ses mains sur ses pieds, une lueur blanche émanant d’eux alors qu’elle repositionnait son masque blanc sur son visage. Un premier pas, puis un second et elle se mit à courir à une vitesse bien plus grande que celle d’auparavant. Dire qu’elle s’était promis de ne pas l’utiliser à nouveau pour ne pas écourter le voyage, pour ne pas perdre de temps et voilà que quelques heures plus tard, elle était en train de faire la course.

Stupide ! Elle était complètement stupide et indécise ! Elle se montrait si adulte quand il était là, elle avait l’impression d’avoir un petit animal à protéger et dès qu’il n’était plus présent, elle redevenait comme avant. Si confuse, si gênée, si… impotente. Au final, elle connaissait beaucoup de choses, elle savait les utiliser… Mais si elle n’avait personne à qui les montrer, alors elle devenait complètement inutile, voilà tout !
C’était comme ça… Elle n’arrivait pas à se concentrer si elle ne pouvait pas montrer ce dont elle était capable à quelqu’un d’autre. Tery semblait toujours aussi impressionné à chaque fois qu’elle utilisait des sorts mais… En fin de compte, elle n’était pas plus douée qu’un autre. Elle était studieuse, ça, personne ne pouvait penser le contraire mais à côté, elle n’avait pas plus de points forts qu’un autre.

Enfin… Ce n’était pas le moment de se rappeler tout ça ! Elle accéléra le pas, quitte à s’essouffler et s’épuiser inutilement, elle devait évacuer tout ses problèmes. A force de se ressasser toutes ces choses, ça n’allait mener à rien de bon ! Tery était du passé ! Tery avait décidé de rentrer dans l’armée de Midès, une armée qui allait lui causer beaucoup de problèmes d’après les dires de l’Oracle ! Donc, dorénavant, ils allaient être ennemis même si il y avait peu de chances qu’ils se revoient un jour ! Intérieurement… Elle en avait envie… Mais bon… Est-ce qu’elle pouvait forcer le destin à ça ? Et surtout, est-ce que LUI le voudrait ? C’était une question à laquelle elle ne connaîtrait sûrement jamais la réponse.

Elle avait parcouru un nombre plus qu’impressionnant de kilomètres et la nuit était déjà tombée. Où est-ce qu’elle allait dormir ? Dans sa précipitation, elle n’avait même pas cherché une ville ou un village pour dormir à l’auberge. Dans sa précipitation… Elle n’avait même pas pensé à acheter une tente. A part une simple couverture pour se réchauffer… Elle n’avait rien du tout. Même la nuit allait être longue… Très longue…

Pourquoi avait-elle aussi peu de chance ? C’est vrai non ? Pourquoi le destin s’acharnait-il sur elle ? Elle observa la plaine verdoyante où elle se trouvait. Elle n’avait aucune idée de l’endroit où elle se trouvait. Demain, elle irait chercher un village et se renseignerait à propos du chemin à suivre. Mais pour ce soir… Elle allait devoir dormir ici. Elle se coucha à même le sol, observant le ciel étoilé.

Elle ne tarda pas à trouver le sommeil, ça n’avait pas été très difficile après tout ce qui s’était passé avec sa fatigue et ses réflexions. Le lendemain matin, elle était repartie sans même se soucier de déjeuner ou non. Elle devait trouver une ville et le plus rapidement possible. Elle n’avait même pas pensé à prendre une carte. Mais pourquoi… Pourquoi s’était-elle enfuie aussi rapidement de Midès ? Elle aurait pu réfléchir pendant deux minutes et éviter de se presser ! Surtout que maintenant, elle avait oublié tellement de choses comme le sac contenant les différentes armes qu’elle avait acheté. Un sac un peu spécial, il fallait le reconnaître. Une merveille de création !


Ce sac portait le nom de sac d’abondance. Malgré sa taille, il permettait d’engouffrer cinq à dix fois plus d’objets qu’un sac normal. Tout cela était question de magie qui déformait l’espace à l’intérieur du sac pour y permettre d’y déposer tout ce que l’on désirait. Enfin, ces sacs étaient aussi légers que ceux que l’on pouvait porter habituellement. Un véritable chef d’œuvre crée par un royaume autre que Shunter… Un royaume qu’elle n’avait jamais visité… comme tous les autres en fin de compte.

« Mais pourquoi j’ai tout oublié ? Pourquoi ? L’Oracle va m’en vouloir pour la perte de sac. Déjà qu’ils coûtent horriblement chers… » murmura la personne masquée.

Elle n’avait pas réfléchir à tout ça ! Elle s’était mise à marcher avec zèle, cherchant un chemin à suivre pour arriver jusqu’à un village. Heureusement, elle eut plus de chance qu’auparavant, elle ne mit qu’une trentaine de minutes à trouver un chemin dessiné dans la terre. Elle se dit qu’au bout de ce dernier, elle allait bien trouver un village !

Et ce fut le cas… Bien que le village consistait à une vingtaine de bâtiments et encore… Mais au moins, elle n’était pas perdue et elle demanda quel était le nom de ce village et surtout où elle se trouvait par rapport à Midès. Après maintes explications, on lui signala qu’elle se trouvait tout simplement au sud-est de Midès.
Le sud-est de Midès… Elle n’était pas si loin que ça du village de Tery… Enfin, quand même si… Elle l’était sans l’être réellement ! Mais maintenant, elle savait où se diriger ! Direction le nord-est jusqu’à la frontière de Shunter ! A partir de là, elle saurait où aller. Ce n’était pas plus compliqué que ça dans l’idée. Néanmoins avant…


Direction l’auberge où elle allait pouvoir se nourrir convenablement. Il lui restait quand même quelques pièces d’or, ce n’était pas grand-chose si elle avait une folie dépensière mais ça pouvait lui permettre de s’en sortir pour les prochains jours. Elle demanda une feuille et de quoi écrire. Elle devait quand même prévenir l’Oracle à son sujet. L’endroit n’était pas inconnu, le nom non plus mais… L’Oracle savait se faire discret, c’était pour cela qu’elle écrivait avec une certaine précaution et assez rarement. Enfin bon… Maintenant que c’était fait, elle pouvait repartir. Elle n’aimait pas rester en place.
A force d’être cloisonnée pendant presque dix-huit ans, elle avait envie de bouger, de vivre et d’exister ! C’était pour ça qu’elle était aussi motivée avec Tery ! C’était pour ça qu’elle avait décidé d’être aussi joyeuse et entraînante avec lui, malgré son mauvais caractère ! Même si elle ne le montrait pas forcément, elle n’y connaissait pas grand-chose à tout ce qui l’entourait. En fait, elle découvrait en même temps que lui sauf que contrairement à lui, elle avait soif d’apprendre. Enfin… Elle avait réussi à le motiver un peu sur ce point là.

« Tery… Tery… Tery… Tu vas vraiment me manquer. » murmura la personne masquée.

Quelques têtes se levèrent, se tournant vers elle. C’est vrai qu’elle venait de parler à voix haute. Elle termina rapidement sa boisson, quittant sa table en remerciant l’aubergiste. C’était bon, elle n’allait pas se rendre encore plus ridicule qu’auparavant. Pourquoi… mais pourquoi elle se mettait à penser comme ça ? Tery, c’était son élève ! C’était quelqu’un qui connaissait très peu à la vie en-dehors de son village…

Un peu comme elle qui ne connaissait RIEN du tout en-dehors de l’orphelinat où elle avait été élevée. Mais là, elle avait vite appris à se débrouiller toute seule, à côtoyer des gens même si au départ… Elle était assez timide et réservée. En fait… Elle l’était toujours mais quand elle avait vu le caractère grognon de Tery et tout de suite, elle s’était dit que ça serait stupide de montrer sa timidité au jeune homme.
Dans ce genre de cas, si elle ne prenait pas les devants, alors ils ne seraient jamais partis du bon pied et ils n’auraient jamais progressés ! Car oui… Elle aussi avait progressé, elle le savait très bien. Sans lui, elle n’aurait jamais pu nouer des contacts assez solides avec une autre personne de son âge. Sans lui, peut-être qu’elle se serait laissée aller pendant ces quelques mois. Sans lui, elle n’aurait jamais visitée une ville aussi grande que Midès et puis découvert toutes ces choses… Ou alors, elle se cachait la vérité… Qu’est-ce qui lui en aurait empêché ? Rien du tout… Elle poussa un léger soupir.

Plusieurs jours s’écoulèrent, traversant de nombreux paysages, elle marchait pour éviter de prendre du retard pour son retour. Lorsqu’enfin, elle quitta le royaume de Shunter en passant par une frontière sérieusement gardée, elle était… heureuse dira-t-on. Elle allait bientôt revoir l’Oracle et pouvoir lui dire tout ce qu’elle avait sur le cœur et lui parler de tous ses soucis. Ca revenait un peu à la même chose mais bon…

Enfin… Le chemin disparaissait… et elle devait sortir des sentiers… Voilà qu’elle se rapprochait de l’orphelinat qui l’avait élevée pendant toutes ces années… En fait, depuis le jour où elle était née, elle habitait dans cet orphelinat. Plusieurs personnes s’en occupaient mais celui qui gérait toute la petite bande se faisait appeler l’Oracle. Un Oracle comme il n’en existait plus… Bien que… Des fois, elle se demandait ce qui pouvait lui passer par la tête. De toute façon, elle aurait ses réponses très bientôt.

Un magnifique bâtiment blanc de plusieurs mètres de hauteur fait en pierre se présentait devant elle. Son toit était fait sous la forme d’un dôme alors que deux ailes se trouvaient sur les côtés. Il était possible de remarquer que deux bâtiments se trouvaient à environ une centaine de mètres de l’orphelinat. Quelques enfants jouaient près de ces derniers. Cela devait être sûrement l’endroit où les jeunes garçons et les jeunes filles dormaient. Elle amorçait à nouveau une marche pour se diriger vers le temple alors qu’un groupe de trois enfants courait vers elle. Une petite fille aux boucles noires vint crier :

« C’est grande sœur ! Elle est de retour ! Où est-ce que tu étais passée ?! »

« Ce n’est pas grande sœur mais grand frère ! C’est un garçon ! » s’écria un garçon.

« Vous avez tord tous les deux ! C’est… C’est… Euh… Euh… Je sais plus moi ! »

« Bonjour à vous aussi, vous n’êtes pas en train de jouer avec les autres ? » demanda-t-elle.

« Et bien si ! Sauf qu’on ne pensait pas te revoir ! Les grandes personnes, elles disent que tous ceux qui quittent le temple, ils ne reviennent pas. » répondit le troisième enfant, un garçon.

« Et pourtant ? Est-ce que je ne suis pas devant vous ? En chair et en os ? »

Elle posa un genou au sol, observant les trois enfants devant elle à travers son masque blanc. Ils devaient à peine avoir sept ou huit ans au maximum. Ils étaient si jeunes et pourtant… Elle savait en quoi consistait cet orphelinat. C’était là qu’ils hébergeaient tous ceux capables un jour ou non de posséder ces fameuses lignes blanches, celles de la déesse Zélisia. Elle alla caresser de sa main gantée de rouge les têtes des enfants avant de leur dire de retourner jouer. Une voix la fit se tourner vers la gauche, une vieille femme s’adressant à elle :

« Tu es de retour, Elu ? L’Oracle a reçue ta lettre. Il t’attend de ce pas dans l’orphelinat. »

« Oui… Je suis désolé… d’être parti aussi longtemps. Et cela simplement pour un unique médaillon. L’Oracle ne risque pas d’être content. » bafouilla l’être masqué.

« Allons, allons… Vas donc le voir. Tu n’as pas à t’inquiéter pour cela. »

« Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi, madame Elra. »

« Allons, allons, dépêche toi. Vas au plus vite à l’intérieur et fais donc ton rapport. »

La vieille femme émit un petit sourire alors qu’elle hochait la tête. Elle avait raison, entièrement raison, elle ne devait pas se faire de soucis. L’Oracle allait la comprendre et lui pardonner. Elle allait discuter avec lui de tout ça, de tout ce qui s’était passé pendant ces derniers mois et alors… Tout serait réglé. Elle espérait simplement… qu’au fond… Elle puisse retourner dans le royaume de Shunter.

Elle toqua plusieurs fois à une porte faite de bois blanc. Pendant quelques instants, aucun bruit ne se fit entendre de l’autre côté. Puis enfin, une voix lui demanda de bien vouloir rentrer à l’intérieur et de refermer la porte derrière elle. La main posée sur la clenche, elle ouvrit la porte, s’engouffrant dans la pièce pour se retrouver devant un bureau entouré par deux petites bibliothèques remplies de nombreux livres aux couvertures aussi anciennes que différentes. Deux yeux argentés se posèrent sur elle  avant qu’une voix ne dise :

« Et bien… Mon enfant… Il était temps que tu reviennes. »

« Pardonnez-moi, Oracle. Je me suis perdue en route et je ne savais pas co… »

« Cela ne fait rien, cela ne fait rien du tout. » reprit la personne en face d’elle.

Le vieil homme qui se tenait debout devant elle avait une longue chevelure blanche mais sa barbe n’était pas en reste. De même, sa moustache effilée était très bien fournie tandis que son regard était bienveillant envers l’Ombre. Par rapport à elle, il devait bien mesurer dix à quinze centimètres de plus alors qu’il portait une robe blanche qui faisait penser à celles que portaient les gens travaillant dans la religion.

« Mais parlons plutôt de toi, mon enfant. Que s’est-il passé exactement ? » demanda l’Oracle.

« Et bien… Je… Comme vous me l’aviez conseillé, je me suis rendue aux environs du village de Leskar pour y trouver un autre Elu qui n’avait pas encore été reconnu. »

« C’est exact… Peux-tu continuer ? J’aimerais connaître toute l’histoire. N’omets aucun passage s’il te plaît. Je te fais confiance. »

« Comme… Comme vous le désirez, Oracle. Ainsi… Lorsque j’ai rencontré Tery, je me suis tout de suite dit que c’était lui la personne dont vous me parliez ! Par contre, il ne connaissait rien du tout à l’art du combat et de la magie. » dit la personne masquée.

« Un véritable néophyte… Avait-il ton âge ? »

« D’après ce qu’il m’a dit, c’était le cas. Il ne m’a pas vraiment tout raconté à son sujet mais je le savais à son physique et à ses paroles qu’il disait la vérité. »

Hum… C’était une bonne chose. Elle avait donc rencontré Tery comme il le pensait. Ses visions n’avaient donc pas été faussées. Néanmoins, il restait un problème de taille et elle le savait aussi bien que lui. Mais pour cela… Il fallait qu’elle continue de parler et de lui dire ce qui s’était passé dans les moindres détails. Il l’invita à s’asseoir alors qu’il faisait de même. Il posa ses deux coudes sur le bureau, ses yeux argentés la regardant d’un air inquisiteur :

« Et au sujet des médaillons. Est-ce qu’il a réagit ? Ou non ? »

« Il ne l’a jamais touché. Je ne voulais pas prendre le risque de blesser à vie un innocent… si ce n’était pas lui, l’être dont vous me parliez. » murmura la personne encapuchonnée.

« Tu as bien fait… et tu as échoué en un sens. » termina de dire l’Oracle.

« Oui… Je le sais… Pardonnez-moi encore une fois, Oracle. »

Elle inclina sa tête plusieurs fois pour s’excuser, le vieil homme faisant un geste de la main pour dire que ce n’était pas bien grave. Oh non… Elle n’avait pas à s’inquiéter pour cela. Elle n’était qu’au début de son récit… Un récit qui avait prit plusieurs mois.

Chapitre 25 : Les lignes d’un dieu

ShiroiRyu
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Chapitre 25 : Les lignes d’un dieu

« Bon… C’est décidé. Prenez cet œil ! Lars, tu veux bien le lui donner ? »

« Vous nous le payerez… » murmura Lars avec un peu de rage.

Il ne pouvait pas contredire les ordres de son lieutenant et il savait très bien que ce qu’il faisait était normal et correct. Cela montrait à quel point certains nobles étaient pourris jusqu’à la moelle et ils avaient un parfait exemple devant leurs yeux. Lars s’approcha de l’un des nobles qui tendait les mains, un autre à ses côtés.

« Merci beaucoup pour votre bon boulot ! Voilà votre récompense ! »

Le noble à côté de celui qui avait récupéré l’œil du glumarx alla frapper Lars, le faisant tomber au sol avec un grand rire. Tout de suite, les deux frères de l’homme sortirent leurs armes mais Erol et Olin les arrêtèrent. Non, ils ne devaient rien faire. Ils ne pouvaient rien faire ! Pendant quelques instants, ils les observèrent partir tandis que Lars se relevait.

« Et voilà… Revenus au point de départ. » marmonna Tery.

« Retour au bercail. Ca va être notre fête… » ironisa l’archère.

« On s’expliquera avec la maréchale Nali ! Elle pourra… » tenta de reprendre Tery.

« Lieutenant, sauf votre respect, je veux pas vous faire de la peine mais la maréchale Nali est sûrement une noble comme eux. En plus, qui ira nous croire ? Nous ne sommes que des paysans et eux… sont riches. Il vaut mieux oublier toute cette histoire. » reprit Lars.

« Des personnes sont quand même mortes alors qu’eux n’ont pas levé le petit doigt ! »

« C’est injuste… très injuste… mais c’est comme ça. » termina de dire Lars.

Il poussa un soupir dépité. Avec l’Ombre, ça ne serait jamais arrivé. Ca ne serait jamais arrivé ! Elle aurait sûrement pu les remettre à leurs places mais lui… était bien trop faible pour ça. Contrairement aux autres, il ne savait pas utiliser complètement sa magie. Pfff… Comme lieutenant, il était pathétique. Olin lui tapa une fois dans le dos, émettant un petit sourire bien qu’il n’était pas sincère.

« Faut pas s’en faire ! On en verra d’autres, lieutenant Tery ! On rentre tous et on fait notre rapport. Ca sera mieux que de rester ici, je crois. »

« Oui… Tu as tout à fait raison. Bon… Et bien… On se met en route ? »

« On vous suis, lieutenant ! » répondit une nouvelle fois Olin.

Voilà… La troupe se remit en route. Ils marchèrent pendant de longues minutes, quelques blessures sur leurs corps. Sur leur chemin, ils croisèrent plusieurs autres groupes, certains s’étant réduits de moitié voir de trois quarts, ne formant plus que des duos ou des trios. Néanmoins un constat s’imposait : rares étaient les nobles à s’être réellement battus dans cette histoire. Ils arrivèrent devant la porte Sud de Midès, la femme à l’armure de plaques noire se trouvant devant celle-ci. Elle était accompagnée des soldats qui gardaient habituellement la porte. Ah… Il était temps qu’il prenne la parole et donne son rapport. Il se présenta ainsi que le reste de sa troupe devant elle, attendant qu’elle lui donne l’autorisation de pouvoir s’adresser à elle. Elle fit un petit geste de la main et il put enfin parler :

« Nous sommes revenus de la chasse au glumarx. Comme nous avons remarqué qu’un groupe l’avait déjà trouvé et tué… Nous sommes donc de retour. »

« Une simple question : connaissiez-vous à quoi ressemblait un glumarx ? Autre question : Qu’est-ce qui vous fait croire qu’un groupe aie réussi à tuer le glumarx ? »

« Et bien… je… L’œil qu’ils avaient en main, ce n’était pas celui d’un Glumarx ? »

« Peut-être que oui… Peut-être que non… Bon… Vous pouvez rentrer en ville. »

Pfiou ! Sauvé ! Il demanda aux membres de son groupe de bien vouloir le suivre, faisant un petit geste de la main alors qu’ils rentraient dans Midès. Retour dans leurs baraques pour un repos bien mérité ! Enfin… Mérité contrairement à d’autres. Il salua ses quelques compagnons, disant à Olin qu’il le verrait après pour parler un peu. Enfin bon… Maintenant, il était tranquille et il allait pouvoir dormir quelques heures.


Ses heures furent très courtes puisque moins de trois quarts d’heure plus tard, tout le monde fut forcé de sortir, Tery comme les autres. Visiblement, tous étaient revenus de la mission qui avait été la leur. Mais bon… Il ne pouvait y avoir qu’un seul gagnant et c’était ce fameux groupe de nobles. Bizarrement, aucune tache de sang ou de bataille n’était visible mais personne n’en fit la remarque. Il valait mieux ne rien dire pour ne pas avoir de problèmes.

« Contrairement à vous, certains sont capables de grandes choses. Contrairement à la majorité des personnes situées devant moi, certains peuvent espérer de devenir des soldats dans la vie ce qui n’est pas visiblement le cas de tout le monde. Puisque le glumarx a été anéanti par ce groupe, celui-ci recevra une prime pour l’accomplissement de sa mission. Le reste ? Vous n’aurez que votre salaire habituel. Que tous les lieutenants et sous-lieutenants se présentent devant moi pour donner le nom des personnes mortes au combat. »

Le nom ? Il ne les connaissait pas ! Il se tourna vers Olin, lui murmurant en douce s’il connaissait le nom des trois personnes qui étaient mortes. Celui-ci sur le même ton lui indiqua les informations dont il avait besoin. Il poussa un léger soupir, remerciant l’homme avant de se mettre en rang avec les autres lieutenants. Lorsqu’il arriva devant la maréchale Nali, il répéta les trois noms alors que celle-ci prit la parole d’une voix discrète :

« Dès que tout cela sera terminé, tu sortiras dans la nuit aux environs de minuit. Je t’expliquerais ce que tu as besoin de savoir au sujet de ces lignes. »

« Mais je… Je n’ai pas… » commença à balbutier Tery.

« Tu as terminé ? Alors qu’attends-tu pour te retirer ? D’autres attendent leurs tours ! Exécution, Tery Vanian ! Et plus vite que ça ! »

D’accord, d’accord ! Il ne dirait plus rien ! Il se demandait quand même si elle se doutait que ce n’était pas ce fameux groupe de nobles qui avait réussi à tuer le glumarx. Peut-être que oui ? Sinon… Pourquoi aurait-elle décidé de quand même lui dire tout au sujet de ses lignes noires sur son corps ? Enfin… Il allait connaître la vérité. Il se retira de la file, se dirigeant vers son groupe en leur expliquant que tout était bon. Il annonça :

« Maintenant… Je crois qu’on peut retourner dans nos chambres. »

« Comme vous le voulez, lieutenant Tery ! J’espère que la paye va arriver bientôt. »

La paye ? Ah ! C’est vrai… En un mois, il n’y avait pas réellement pensé mais ils étaient payés. C’était la première fois qu’il travaillait si on ne considérait pas sa chasse aux gnomolds avec l’Ombre. Le reste du groupe s’éloigna, saluant Olin et Tery alors qu’il prenait la parole en regardant l’autre homme :

« C’est vrai… Je me demande combien on va avoir. Tu penses acheter quoi ? »

« Ah non ! Je n’achète pas pour moi ! C’est pour ma maman et mon papa. »

Sa maman ? Son papa ? Sa façon de s’exprimer était assez spéciale mais il semblait réellement tenir à sa famille. Ah… Cet argent n’était pas pour lui. C’est vrai qu’en y réfléchissant, certains n’avaient pas forcément le choix.

« Et vous, lieutenant ? Vous allez en faire quoi ? »

« J’avais la même idée que toi. Je vais l’envoyer à ma mère… » murmura Tery avec calme.

« Vous aussi, votre père a été blessé et il ne peut plus travailler ? » demanda Olin.

« Non non… Mon père est mort. » conclut le jeune homme aux yeux verts.

« Oups ! Pardon, lieutenant Tery, je ne voulais pas… »

Il fit un petit geste évasif de la main pour dire que ce n’était pas bien grave. Olin… était vraiment quelqu’un de bien. Quelqu’un de bien mieux que lui. Mais maintenant… C’est vrai que cet argent lui était inutile. Il allait devoir écrire à sa mère aussi. Ecrire à sa mère… qui devait être morte d’inquiétude après tout ce temps. Ca faisait combien de temps justement ? Un trimestre ? Voir plus ? Il ne savait pas… Mais il était déjà parti depuis si longtemps à ses propres yeux. Olin venait de lui rappeler tout ça. Il demanda :

« Olin… Lorsque tu écriras ta lettre, tu voudras bien m’aider ? Je n’ai… pas vraiment l’habitude d’écrire et je ne saurais pas trop quoi dire à ma mère. »

« Ca serait un grand honneur, lieutenant ! » répondit aussitôt Olin.

« Hahaha. Non, pas besoin que ça soit un honneur. Bon, je rentre et dès qu’on aura notre paye, on écrira nos lettres ensembles. »

Olin inclina la tête pour dire que oui alors que Tery s’éloignait en sifflotant. Cette journée était mauvaise sur de nombreux points mais sur d’autres, c’était assez bon de savoir qu’il avait peut-être gagné la confiance d’un soldat. Lui ? Lieutenant ? A chaque fois, il n’y croyait pas. Il devait éviter… que d’autres personnes meurent dans son groupe. Ca devenait vital.

« Tu es enfin là ? Il est environ minuit dix… Tu as dix minutes de retard. »

Il s’était un peu trop assoupi cette fois-ci et il était inexcusable. Surtout qu’il venait pour une bonne raison ! Il murmura quelques excuses, espérant que la maréchale Nali les accepterait. Elle fit un petit geste de la main pour lui dire que c’était bon avant de prendre la parole :

« Bon… Que veux-tu savoir au sujet de ces lignes noires ? »

« D’où elles viennent ! Ce qu’elles font ! Et pourquoi… Il ne faut pas en parler. »

« Tu vas tout simplement te calmer, tout d’abord. Ensuite… Pourquoi ne faut-il pas en parler ? Rien ne t’en empêche mais tu ne tiens donc pas à la vie. Pour leur provenance, elles viennent de toi tout simplement. Mais si tu veux que je sois plus précise, elles sont issues de l’un des deux dieux ayant régi ce monde en des temps ancestraux. »

« L’un des deux dieux ? Depuis quand… » dit-il avant de s’arrêter, la maréchale répliquant :

« Cela se voit que tu n’as pas eu une éducation très développée sinon tu serais au courant de quoi je parle. Les lignes noires sont issues du dieu maléfique Alzar tandis que les lignes blanches sont issues de la déesse sainte Zélisia. »

Déesse sainte ? Dieu maléfique ? Il nageait en pleine guerre des religions ? Enfin non… Si l’Ombre avait des lignes blanches, alors elle avait un pouvoir issu… de Zélisia ? Mais lui alors ? Ca voulait dire que ses pouvoirs étaient…

« J’ai les pouvoirs d’un dieu ! Mais… Ces lignes… » tenta de dire Tery.

« Elles sont très rares mais tu n’es pas unique dans ce monde. Evite même de penser ça car d’autres portent ces lignes. Des femmes et des hommes que tu ne connais pas les possèdent depuis bon nombre d’années, de décennies voir de siècles. »

« Mais… Est-ce que ces lignes noires sont maléfiques ? Dangereuses ? »

« Je te laisse deviner la réponse par toi-même. » conclut la femme en armure noire.

Il contenait un pouvoir effrayant dans ses mains, dans son corps… Un pouvoir que nul ne devait trouver car il était bien trop inquiétant. Mais quand même… De là à vouloir le tuer. Il devait encore savoir ! Il devait connaître la vérité !

« Est-ce que… Ceux possédant des lignes blanches doivent obligatoirement tuer ceux possédant des lignes noires ? Et inversement ? » osa-t-il poser comme question.

« Tu me demandes donc si il est normal ou non que des pouvoirs issus des ténèbres affrontent ceux issus de la lumière ? Est-ce une blague ? »

« Non ! Non ! Juste que… Disons… Voilà… J’ai connu une personne qui avait ces lignes… blanches et au fur et à mesure… J’ai faillit me faire planter une flèche dans la tête et donc… Disons que ça s’est très mal terminé. »

« Et qu’attendais-tu pour me signaler que tu étais peut-être un dangereux fugitif ? »

« Je ne suis pas un fugitif ! La seule chose de mauvais que j’ai… Ce sont ces lignes. »

Il venait d’être blessé par les paroles de la maréchale Nali. D’abord, il n’était pas le seul à posséder ces lignes noires donc ça le réconfortait. Ensuite, il en était certain : lui et l’Ombre ne pourraient plus jamais se côtoyer à cause de leurs pouvoirs… et de ces deux dieux. La maréchale Nali l’observa quelques instants avant de soupirer :

« Et je n’en ai pas terminé avec toi. Je vais bientôt partir d’ici dans un ou deux jours. Toi et ton groupe, vous recevrez une prime issue de ma propre bourse pour la mort du glumarx. »

« Co… Comment ? Mais nous n’avons… » tenta de dire Tery.

« Ne te moques pas de moi. J’ai bien plus d’expérience dans le fait de déceler les mensonges que n’importe qui dans le royaume de Shunter. Tu ne peux pas m’avoir avec des paroles aussi grossières. De plus, le fait que le soi-disant groupe ayant réussi à éliminer le glumarx soit sorti indemne de ce combat était plus qu’étrange. Surtout pour une première fois… »

Ah… Il était content… Vraiment content d’apprendre ça. La maréchale Nali savait pertinemment qu’ils avaient tué le glumarx ! Ca lui mettait un peu de baume au cœur d’apprendre ça même si… Au final, tout n’était pas arrangé. Il restait quand même le problème de la gloire que l’autre groupe allait retirer et puis… La maréchale Nali ne semblait pas en avoir terminé avec l’histoire des lignes.

« Maintenant que tu es au courant de tout, je vais te donner un dernier conseil : évite au maximum d’utiliser cette magie sauf si tu as envie de te laisser dévorer par ces lignes noires. Alors que les lignes blanches peuvent aider leur porteur à se soigner très rapidement ou à faire diverses choses plus ou moins utiles, les lignes noires engendrent la destruction de leur porteur au fur et à mesure qu’elles sont utilisées. Si tu n’as pas envie de sombrer dans la folie, écoute ces paroles… et passe une bonne nuit. »

Une bonne nuit ? AH ! Elle était ironique, hein ? Il la regarda partir sans dire un traître mot. C’était… vraiment moche de lui dire ça maintenant. Il se sentait mal… Qu’est-ce qu’il allait devoir faire alors ? Rien… Il n’allait rien faire du tout. C’était de sa faute : il avait voulu la vérité au sujet de ses lignes noires, il l’avait eue.


La nuit se passa très bien… du moins… Il aurait aimé penser ça mais il savait pertinemment que ce n’était pas le cas. Comment aurait-il pu bien dormir ? En y réfléchissant, il se rappelait n’avoir aucun souvenir entre le moment où il avait vu l’Ombre se faire blesser et renvoyer contre un mur et celui… où il se retrouvait devant le cadavre du scorpion cyclope.

Ah… Ah… Il ne devait pas y penser, pas maintenant. Réveillé à l’aurore au petit matin, il se dirigea vers la cantine où tout le monde pouvait prendre de quoi se nourrir. Cherchant du regard si Olin était déjà réveillé, il le vit en train de manger, quelques feuilles et enveloppes posées à côté de lui sur la table. Il fit un petit geste de la main pour le saluer, se dirigeant vers lui avant de s’asseoir en face. Il lui demanda calmement :

« Bonjour, Olin. Tu as bien dormi ? Tu as déjà commencé à écrire ? »

« Non, pas encore ! Mais je crois que nos salaires arrivent aujourd’hui alors je prends un peu d’avance. Oups ! Bonjour lieutenant Tery, j’ai oublié de vous le dire. Pardon. »

Bah ! Ce n’était qu’une formalité, il n’allait pas vouloir le trucider pour ça non plus hein ? Ils déjeunèrent ensemble, parlant de tout et de rien. Comme il lui avait raconté hier, il donnait la majeure partie de son salaire à ses parents pour leur permettre de vivre. Être un soldat en ces temps très durs était un métier qui rapportait mais qui était néanmoins dangereux. C’est pour ça qu’il avait décidé de le devenir. Il lui racontait aussi qu’il n’était pas forcément très intelligent ou très éclairé et donc qu’il ne pouvait pas prétendre à un métier trop pointilleux. C’est vrai… que certains n’avaient pas toujours cette chance de choisir. Lui aussi… en quelque sorte. En y réfléchissant, il se demandait ce qu’il serait devenu s’il était resté avec l’Ombre.

Le petit-déjeuner se termina tranquillement et ils avaient leur journée pour se reposer après les scènes d’hier. Avec les nombreux morts qui étaient tombés au combat lors de la chasse au glumarx, il valait mieux qu’ils évitent de trop en faire et il trouvait que ce n’était pas de refus. Ce ne fut pas la maréchale Nali qui leur donna leur bourse contenant leur salaire mais l’un des quelques gardes qui l’accompagnaientt habituellement. Olin fut le premier surpris de voir qu’il y avait plus de pièces que d’habitude mais il lui expliqua que c’était une petite prime pour ce qu’ils avaient accompli hier. Enfin bon… Normalement, ils ne devaient pas être au courant que la maréchale avait compris le stratagème du groupe pourri jusqu’à la moelle.

« On se met à écrire maintenant ? Je peux te prendre un morceau de papier ? »

« Aucun problème, lieutenant ! Maman va être sacrément contente d’apprendre que j’ai eu une prime pour mon premier mois ici ! » s’écria Olin après lui.

« C’est ton premier mois aussi ? Ah et bien, on n’est pas si différents l’un de l’autre ! »

Il rigola un petit instant, Olin l’accompagnant dans son rire avant que les deux personnes ne se mettent à écrire. Lui, il ne savait pas vraiment quoi dire… Du genre : « Coucou Maman, tu n’as pas à t’en faire, je me suis enrôlé dans l’armée de Midès, j’ai failli mourir plusieurs fois, j’ai rencontré une personne très louche portant un masque blanc. » Hum… Ce n’était pas forcément très conseillé d’inquiéter sa mère comme ça.

Cela lui prit une bonne heure, Olin lui donnant quelques conseils alors qu’il cherchait ses mots. Il la prévenait simplement qu’il allait bien et qu’il était désolé d’être parti sans prévenir. Il lui indiqua qu’il était en sécurité dans l’armée de Midès et qu’il avait déjà trouvé des personnes appréciables ou presque pour l’épauler. Il lui parlait aussi de ses mésaventures de ses débuts, peut-être qu’il mentait assez souvent mais lorsqu’il s’agissait de sa mère, il préférait lui raconter la vérité. Il fallait dire que le mensonge horripilait sa mère et que ses fesses s’en rappelaient que trop souvent. Question de sécurité. Il lui signala aussi qu’il lui donnait une partie de son salaire pour lui permettre de mieux vivre et qu’il tentera de venir le plus rapidement possible dès qu’il aurait une permission.

La lettre partit avec celle d’Olin et il se demandait s’il allait avoir rapidement une réponse ou non. Dire que la maréchale Nali allait combattre ailleurs… Mais combattre pour quelle raison ? C’est sûr qu’une personne hautement qualifiée comme elle devait voyager beaucoup mais il se demandait si il y avait des personnes aussi… prestigieuses qu’elle et aussi puissante. Enfin bon… Il ne devait pas se poser de questions.

Moins d’une semaine plus tard, Olin lui signala qu’il avait reçu une lettre de la part de ses parents. Il lui demanda s’il en était de même pour lui, le jeune homme aux cheveux bruns n’ayant pas été cherché son courrier. Il lui demanda d’attendre quelques minutes, le temps de se rendre dans le bâtiment principal pour les envois et les réceptions. Dix minutes après, il avait lui aussi une lettre, expliquant à Olin qu’il préférait la lire seul.

Bon… Qu’est-ce qu’elle lui disait de beau ? Il s’était enfermé dans sa chambre, ouvrant la lettre avant de la parcourir. Bon… Sa mère avait une belle écriture, très différente de la sienne. C’était bizarre en un sens mais comme il n’avait jamais été à l’école … ou à peine le minimum nécessaire. Il commença à la lire, haussant un sourcil dès les premiers mots :

« Je sais que tu vas bien, j’étais déjà au courant de ta présence dans Midès. Merci beaucoup pour l’argent que tu m’as envoyé mais tu es vraiment sûr que tout va bien ? Je n’aimerais pas perdre mon fils trop jeune alors que j’ai déjà perdu mon mari. Je ne savais pas que tu t’étais déjà fait des amis là-bas ? Tu te comportes correctement ? C’est vrai que tu es un adulte maintenant mais je n’arrive toujours pas à croire que toi, tu ais rejoint l’armée de Midès. Ton père serait fier de toi, j’en suis sûre.

Tu dois te demander sûrement comment je savais pour Midès et ton enrôlement dans l’armée ? Et bien, je dois t’avouer que je ne m’attendais pas à recevoir de tes nouvelles et j’étais morte d’inquiétude mais il y a quelques jours avant que je ne reçois ta lettre, une personne est venue. Elle avait une longue cape brune et portait un masque blanc au visage. Elle avait demandé aux gardes à me voir. Elle m’a longuement parlé de toi, de tes progrès, de tes ambitions. Je ne savais même pas que tu avais décidé d’utiliser la magie et les armes. Je suis heureuse pour toi. Par contre, cette personne m’a demandé quelque chose de bizarre : elle m’a dit de te prévenir de ne jamais te mettre à la recherche des médaillons. Je ne sais pas de quoi elle parlait mais ça semblait assez important. Bon, je n’ai pas l’habitude d’écrire mais j’espère que tu m’enverras plus souvent de tes nouvelles. »

Même pas un bisou ? Pfff… Enfin, il aurait du s’en douter. Dans la famille, dès qu’il s’agissait de montrer des gestes de tendresse, tout le monde était aux abonnés absents. Mais maintenant… Quelque chose l’intriguait… L’Ombre ? L’Ombre avait parlé à sa mère ? Et les médaillons… Est-ce que cela voulait dire qu’il allait la revoir un jour ? Ah ! Il devait arrêter de se poser des questions. Maintenant… Il devait se débrouiller pour s’améliorer. Un jour peut-être, il allait retrouver l’Ombre mais en attendant qu’il arrive, il allait devoir s’entraîner… encore plus qu’auparavant. Le glumarx lui avait montré qu’il était loin d’être doué. Une main posée sur un livre représentant un colosse de pierre, il eut un petit sourire. Oui… Il était temps d’accentuer ses efforts !

« Roi Theor, je suis de retour. Comme écrit dans la missive envoyée à sa Majesté, j’ai trouvé un porteur. Il n’est encore qu’au début de son apprentissage mais je suis sûre qu’il pourra nous être très utile dans l’avenir. D’ici un ou deux mois, nous pourrons l’envoyer récupérer les médaillons ancrés dans notre royaume. Ou alors… ailleurs. »

La femme à l’armure de plaque noire avait un genou au sol, une main posée sur le cœur alors qu’elle parlait à un homme assis sur un trône à l’armature dorée. Celui-ci avait de longs cheveux blancs, une barbe très longue de même couleur bien que ses deux yeux dorés semblaient être encore très vifs. Il portait une longue bure noire qui contrastait avec son état de roi. Il ressemblait au final… plus à un prêtre.

Chapitre 24 : Perdition

ShiroiRyu
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Chapitre 24 : Perdition

« Ce truc… est vivant ?! » s’écria l’un des soldats, Tery lui répondant avec un peu d’ironie :

« Finement remarqué mais je pense surtout qu’il est bien plus intelligent que l’on ne le pense. Du moins… Cette impression avec son œil me met mal à l’aise. »

« On va voir déjà si il réagit à mes attaques ! »

L’une des rares femmes de son groupe avait prit la parole. Elle bandit son arc, pointant une flèche en direction du glumarx. La flèche se dirigea vers la créature, pénétrant dans son corps de gelée verte. Quelques secondes plus tard, elle disparue en intégralité alors que la femme poussait un grognement de dépit. Elle dit dans un soupir :

« Déjà, on sait très bien que les attaques à distance ne marchent pas ! »

« Merci bien… Mais est-ce que nos lames peuvent passer à travers son corps ? »

« Si on n’essaye pas, on ne sauras jamais ! J’y vais ! » répondit une voix masculine après Tery.

« NON ! Attend un peu ! Il ne nous a pas encore… »

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase que déjà l’un de ses hommes s’élançait vers le glumarx, une épée longue à la main. La réaction de la créature fut rapide et brève : alors que l’homme s’avançait vers elle, elle ne bougea pas, la lame tranchant la gelée verte comme si de rien n’était. Et dès le moment où la lame s’extirpa, le glumarx bondit sur l’homme, le recouvrant entièrement alors que la terreur se lisait sur le visage du soldat.

« Il faut aller l’aider sinon… » bafouilla la femme qui avait tiré auparavant, Tery criant :

« C’est déjà trop tard ! Ca ne sert à rien ! Entourez le glumarx pour qu’il ne s’enfuie pas ! »

« Mais mais mais… Et… Qu’est-ce qu’on… » tenta-t-elle de dire.

« J’ai dit qu’on ne faisait rien ! Tu ne comprends pas ? Regarde ! »

Il s’énervait légèrement, non pas parce qu’ils n’écoutaient pas ses ordres mais parce qu’il avait les nerfs à vif. Il fallait le comprendre… Il voyait devant lui, l’un des membres de son groupe en train de se décomposer…Et c’était un spectacle vraiment répugnant à observer. Heureusement qu’il avait déjà eu cette vision, il y a quelques instants avec les cadavres car sinon, il n’était pas sûr que son estomac tienne le coup. Tout le monde s’était remis en place, le glumarx restant à nouveau parfaitement immobile, son œil vagabondant de haut en bas, de gauche à droite en observant les alentours et le groupe. L’un des hommes demanda :

« Et maintenant, lieutenant ? On ne peut pas rester comme ça, les bras croisés ! »

« Je réfléchis ! L’un de vous sait utiliser la magie du feu ? Il faudrait voir en lui envoyant une petite flamme en sa direction ! Ensuite, vous allez vous cacher derrière un arbre au cas où ! »

« Je m’en occupe, c’est mon domaine ! »

Ah ! C’était la femme avec son arc, enfin, celle qui lui avait demandé d’avoir un carquois. Elle prit l’une de ses flèches, des veines rouges apparaissant sur ses deux mains alors qu’elle bandait son arc. La flèche s’enflamma subitement alors qu’elle tirait sur le glumarx. Rapidement, Tery lui prit le bras, la traînant derrière un arbre à côté de lui alors que les autres personnes faisaient de même.

« Ca risque de produire une petite explosion ! » dit-elle pour expliquer son attaque.

« Parfait, c’est ce que je voulais. On va voir si il aime se faire dissiper ! »

La flèche enflammée se planta dans le corps gélatineux et vert du glumarx avant d’exploser en même temps que lui. L’œil tomba au sol alors que tout le reste était éparpillé sur les arbres et autres. Au contact avec l’écorce des arbres, celle-ci tomba alors qu’il prenait la parole :

« Je crois qu’on peut dire qu’on a accompli parfaitement la mission ! »

« Euh… Lieutenant, y a un souci. La gelée bouge encore. » murmura la femme à côté de lui.

« Hein ? Quoi ? Comment ça ? Elle bouge encore ? »

C’était quoi ce délire ? Heureusement qu’il restait poli mais Olin avait totalement raison ! Le glumarx était en train de se réunir à nouveau autour de l’œil. Quelques instants après, la créature était à nouveau elle-même mais l’œil était dirigé vers eux… et il ne semblait pas vraiment heureux. Ca pouvait se comprendre : qui aimerait se faire exploser ? L’œil se referma légèrement et il s’écria :

« Bon et bien, retour au plan de départ ! On doit trouver un moyen de l’abattre ! »

« Mais comment ? Même l’explosion ne lui a rien fait ! » répondit la femme archère.

« D’abord… Je vous conseille de courir ou d’esquiver ! » hurla un homme.

Pourquoi ça ? La réponse ne tarda pas. L’homme qui s’était adressé à tous se mit rapidement à genoux en se protégeant la tête. Quelques secondes plus tard, un pic vert traversa l’arbre, le fauchant avec facilité. L’homme roula sur le côté, tenant une masse faite de métal à la main alors que le tronc d’arbre tombait.

« Je crois qu’il n’a vraiment pas apprécié notre tentative pour l’abattre. » murmura Tery.

« Auparavant, il se serait enfui mais maintenant… Je pense qu’il veut nous tuer. »

« Bonne déduction ! Faites vraiment très attention ! On y retourne ! » dit-il après la femme.

« Faudrait peut-être d’abord me lâcher… lieutenant. » reprit l’archère avec neutralité.

Oups ! Il retira sa main du bras de la femme avec l’arc, se mettant à courir pour retourner à l’endroit où le glumarx restait sans se mouvoir. Il était maintenant sur ses gardes et il n’allait pas hésiter à attaquer. Peut-être qu’à partir de là, ils pourraient trouver son point faible mais lequel ? Il voulait éviter de nouvelles morts ! Déjà une, c’était beaucoup trop ! On parlait quand même de son groupe là ! C’était bien différent des autres groupes !

« Et bien mon grand, on en fait une tête ! »

« Lieutenant Tery, c’était drôle ça ! Il n’a même pas de tête ! »

« Héhéhé ! Merci Olin, bon on s’en occupe et on tente de l’éliminer. »

Plus facile à dire qu’à faire mais ils avaient la motivation. Du moins, lui et Olin semblaient être sur la même longueur d’ondes, chose qu’il n’avait pas ressentie depuis les jours heureux où il se trouvait avec l’Ombre. Il avait ses griffes aux mains, Olin son épée longue. Les autres avaient aussi leur propre arme. L’un d’entre eux avait même un maul. Il se demandait s’il venait réellement de son sac en cuir brun. JAMAIS il n’aurait pu porter une telle chose sur son dos. Bon, il devait rester concentré sur le glumarx et ne penser à rien d’autre !

« J’écoute toutes vos propositions pour trouver son point faible. » demanda-t-il.

« On pourrait le faire exploser à nouveau ? Et ensuite assécher les morceaux avant qu’ils ne se réunissent ? Mais quand même… Comment fait-il pour se rassembler ? »

« Et pourquoi ne pas viser son œil ? Il semble ne pas aimer qu’on tente de le toucher. »

« Son œil ? Mais oui ! Pourquoi on n’y a pas pensé ! Hey… Est-ce tu pourrais tenter de lui renvoyer une flèche mais en tentant de cibler son œil ? » répondit Tery après ces phrases.

« Je vais essayer mais je ne promet rien ! » murmura l’archère.

La femme banda à nouveau son arc après avoir sortie une flèche de son carquois. Cette fois-ci, la flèche ne s’enflamma pas. Le trait de bois quitta l’arc, se dirigeant pour s’enfoncer en plein dans le glumarx à l’endroit où l’œil se trouvait. Celui-ci remarqua rapidement le danger et se déplaça à toute vitesse à l’intérieur de la masse gélatineuse. La riposte ne tarda pas, un morceau de gélatine se tendant en direction de la femme, prenant la forme d’une pointe pour aller la transpercer. C’était la même technique utilisée pour tenter de les tuer derrière l’arbre ! Il n’avait pas le temps de crier de se mettre à l’abri ! C’était déjà trop tard ! Enfin… Il pensait ça mais l’un des hommes hurla :

« Ne t’approche pas de nous sale bête ! »

L’épée bâtarde qu’il avait dans ses deux mains venait trancher le trait gélatineux en son milieu, l’empêchant de continuer sa route pour atteindre la femme. Celle-ci était tombée en arrière après l’aide de l’homme. Elle… Elle avait failli y passer sur ce coup ! Elle devait le remercier mais trois pieux de gélatine verte venaient se planter dans le torse de l’homme à l’épée bâtarde, celui-ci poussant un cri en crachant du sang. Le corps fut soulevé, l’homme étant pris de soubresauts avant d’être projeté contre un arbre, un craquement sinistre résonnant au moment même où le cou rencontrait l’écorce. Il… Il… venait de perdre un second membre ? Il tourna son visage au moment où un autre homme hurlait :

« SALOPARD ! JE VAIS TE CREVER ! »

« Non arrête ça ! ARRÊTE ! Ne fais pas… » commença à dire Tery.

Mais l’homme ne l’écoutait pas. C’était celui avec le maul. Tery cria à tous de reculer et de s’éloigner le plus vite possible de cet endroit avant qu’il ne soit trop tard. La femme à l’arc s’était relevée avec difficultés, Olin la soulevant pour la tirer vers lui. Le maul s’abaissa dans le glumarx, le faisant exploser une nouvelle fois sauf qu’une bonne partie de la gélatine verte vint percuter l’homme et son arme. Lentement, sa peau s’était mise à fondre, le rendant de plus en plus difforme au fur et à mesure des secondes qui passaient. Eux ? Ils avaient réussi à avoir le temps de se cacher à nouveau derrière des arbres. Trois… Ils étaient déjà trois à être morts ! C’était beaucoup trop à ses yeux ! Il devait arrêter tout ça !

Déjà, le Glumarx se réunissait à nouveau, les particules de gelée verte allant englober le troisième cadavre et son corps. C’était affreux… tout simplement affreux. Il devait faire quelque chose mais quoi ? Viser l’œil ? Ce n’était pas une mauvaise idée. NON ! Il en était sûr même ! C’était la meilleure idée possible ! Mais comment ? Le moral des autres et le sien étaient au plus bas. Ils n’avaient déjà plus l’envie de se battre. Ils avaient été envoyés à l’abattoir, c’était ça ? La maréchale Nali était parfaitement au courant de tout ça ! Il ne devait pas se mettre en colère mais… mais il…

« Lieutenant Tery… Si vous le voulez, je peux vous servir de barrage. » murmura Olin.

« Hein ? Mais qu’est-ce que tu racontes Olin ? Tu ne vas pas te sacrifier ! On a déjà assez de morts comme ça, ce n’est pas pour en rajouter ! »

« Oui mais… Je me disais que peut-être, je pourrais créer des petites barrières d’eau… Ca permettrait de nous protéger des jets de gélatine. » tenta de s’expliquer l’imposant homme.

Des barrières d’eau ? C’était donc un manieur d’eau ? En y pensant, ça ne pouvait pas être une mauvaise idée en fin de compte ! Maintenant, il fallait quand même réussir à éliminer le glumarx ! S’en protéger était une chose, le tuer en était une autre. Mais avant, il devait répondre à Olin, chose qu’il fit :

« Bon… On accepte ton idée mais ne prend pas de risque inconsidéré. On a très bien vu le résultat avec… enfin… Je ne connaissais pas tous les noms. Bref… Fini de parler ! On le termine et dites vous que ce n’est qu’un mauvais moment à passer, un très mauvais moment. On est tous dans le même bateau là… »

Il avait un peu de démotivation dans la voix, signe qu’il n’y croyait pas vraiment lui non plus. Mais… Mais… Il devait remonter le moral des autres, pas le sien ! Lui… Peut-être qu’il devait penser à l’Ombre ? Se dire qu’un jour, il allait la retrouver et lui montrer ses progrès ? Son avancée dans l’armée, tout ça ! Il… voulait qu’elle soit fière de lui ?

« Mais quel idiot, je suis ! » s’écria-t-il à voix haute.

« De quoi vous parlez, lieutenant Tery ? » demanda Olin, un peu étonné.

Il ne devait pas penser à CA maintenant ! Elle était morte pour lui, MORTE ! Elle avait essayé de le tuer, elle ne l’avait pas fait, la prochaine fois, il y avait de fortes chances qu’ils soient ennemis ! Combattre l’Ombre ? Ah ! C’était une idée intéressante s’il arrivait à être à sa hauteur… Chose peu crédible à son goût. Il ne se sentait pas le cœur à se battre… mais à survivre maintenant ! Il devait utiliser la magie ? Il avait ses gants donc pas d’inquiétude à avoir à ce sujet. Mais après… Est-ce que sa magie allait être suffisante ? Il fallait plusieurs années d’entraînement avant qu’il ne retrouve un rythme acceptable et ça… C’était par contre loin d’être gagné ! Ils étaient sept… L’un tenait une épée longue, une avait un arc, lui avait ses griffes, et les quatre autres personnes encore en vie ? La seconde femme tenait un petit maillet dans sa main droite, les trois autres hommes tenant chacun une hache de différente taille, l’une étant même soulevée à deux mains. Il comprenait pourquoi ils avaient évités de trop se précipiter sur le glumarx. Ils échouaient… et ils étaient morts. Ils réussissaient… et le corps était déchiqueté en deux ! Enfin… Faire exploser la créature était trop dangereux. S’ils pouvaient la trancher en plusieurs parties, laissant l’œil tout seul, alors après… Ils arrivaient à atteindre l’œil et à l’éliminer !

« Lieutenant, on a plus rien à perdre, non ? » dit l’une des hommes armés d’une hache.

« Hein ? Qu’est-ce que tu me racontes par là ? » demanda Tery en le regardant.

« Je veux dire… Même si on tente de s’enfuir, on se fera tués par cette chose. »

« C’est pas une raison pour penser comme ça ! On va s’en sortir ! »

« Je ne dis pas le contraire mais… Puisqu’on doit tout donner… Autant utiliser la magie dans ce cas précis ! Venez m’aider mes frères ! » s’écria le même homme.

Les trois hommes portant des haches étaient frères ? Mais… Ils étaient là depuis quand ? Ils avaient au moins la trentaine d’années chacun ! Leurs bras s’étaient mis à laisser apparaître des veines vertes, un vent commençant à se soulever alors qu’ils hurlaient les uns après les autres, chacun soulevant sa hache :

« Notre puissance est le vent ! Nous sommes issus de ce dernier ! »

« Que tous craignent la colère de la tempête ! »

« Notre souffle s’abattra sur nos ennemis ! »

L’homme tenant la hache à deux mains alla l’abattre en plein milieu du glumarx, l’œil de ce dernier bougeant pour aller dans un des deux morceaux de gelée verte. Celle qui ne contenait pas l’œil s’était mise à réagir pour tenter de tuer l’homme mais un petit mur d’eau se forma, sortant du sol pour faire obstacle à la gelée. Olin… Olin s’y mettait aussi ! Ils devaient travailler en équipe s’ils voulaient réussir à battre ce monstre ! Le second homme, tenant deux petites haches dans ses mains coupa en plusieurs parties le glumarx, l’espace libre où l’œil pouvait se déplacer se réduisant de plus en plus. Enfin le troisième homme tenait une hache de guerre, le bout étant pointu pour frapper en estoc si nécessaire. Le dernier coup fit sortir complètement l’œil du glumarx d’en-dehors de sa gelée protectrice, Olin commençant à transpirer à grandes gouttes avec tout ce qu’il accomplissait pour tous les protéger.

« Lieutenant Tery ! Tuez-le vite ! Je… Je… » murmura-t-il avec faiblesse.

« Pas besoin d’en dire plus ! Tu peux viser avec ton arc au cas où je rate ? »

Tery s’était tourné vers la femme qui tenait l’arme en bois, celle-ci sortant l’une de ses flèches tandis qu’il courait vers l’œil qui… était capable de léviter ? Il se trouvait à un mètre au-dessus du sol, commençant à s’enfuir en sachant que tout tournait très mal pour lui. Le jeune homme aux cheveux bruns s’était mis à sa poursuite, ses deux griffes ripant l’une contre l’autre. Il n’avait même pas besoin d’utiliser sa magie ! Quel imbécile ! Il oubliait que les autres étaient plus doués que lui en magie ! A lui de donner le coup de grâce même si au final, il n’avait pas servi à grand-chose ! Il n’avait pas à avoir honte ! Les trois longues lames de sa griffe droite se plantèrent dans le dos de l’œil, celui-ci s’immobilisant dans les airs comme paralysé. De longues secondes passèrent alors que l’un des hommes s’écriait :

« REGARDEZ ! C’est en train de fondre ! Ca disparaît ! »

« La gelée verte fume… Il se passe quoi là ?! » dit l’archère.

Visiblement, l’heure des surprises n’était pas prête d’être terminée. Tout ce qui composait le glumarx était en train de fondre comme neige au soleil. Lui ? Il gardait toujours l’œil au bout de ses griffes. Ils venaient… de réussir à battre le glumarx. Il était mort ! Ce monstre était mort ! Il était pris d’un rire incontrôlé, rapidement suivant par Olin bien que les autres personnes restaient plus sobres dans leurs réactions.

« Même si l’œil est traversé… Je pense que l’on doit le garder avec nous… » finit-il par dire.

« C’est la preuve que le glumarx n’est plus qu’un mauvais souvenir. » chuchota l’archère.

« Lieutenant Tery, héhéhé… Je dois le prendre dans mon sac ? » demanda Olin.

Pfiou… Il devait se calmer, reprendre son souffle et son calme. Le mettre dans le sac ? Il approcha la griffe au bout de laquelle l’œil se trouvait, émettant un petit rictus de dégoût en voyant le liquide qui s’en écoulait. Il alla dire d’une voix un peu plus sereine :

« Il vaudrait mieux que l’on le garde avec nous… dans nos mains… Cet œil ne semble pas être fait de la même matière que la gelée sinon… mes griffes auraient fondue. »

« Je ne touche pas à cette chose ! C’est répugnant ! » s’écria l’archère.

« Pareil pour moi, j’ai eu ma dose d’émotions ! » répondit la seconde femme.

« Je vous jure, ces femmes. Bon… Je le prends, c’est bon ! »

L’homme qui tenait une hache à deux mains la positionna dans son dos pour la porter correctement. Il s’approcha de Tery, tendant ses deux mains gantées de cuir vers lui. Le jeune homme déposa l’œil du glumarx dans les mains de l’homme, lui demandant par là son prénom en même temps. Celui-ci lui répondit qu’il s’appelait Lars et que ses frères s’appelaient Malam et Verk. Eux, il ne risquait pas de les oublier !

« Bon… Je crois qu’on peut dire que la mission est accomplie. » signala Tery.

« Qu’est-ce que l’on fait… pour les autres ? » demanda Malam.

« Ils sont… morts… Et il n’y a même pas de restes de leurs corps… On ne peut pas les emmener avec nous sinon… J’aurais bien accepté qu’on prenne leurs cadavres pour leur donner un enterrement décent. »

Il avait dit ça comme si ça paraissait évident, toutes les têtes se tournant vers lui à ce moment. Les deux femmes murmuraient entre elles alors que les trois hommes émettaient un petit sourire. Olin s’approchait de lui, tapotant une fois son dos. Qu’est-ce qui se passait ? Il ne voyait pas ce qu’il avait dit de mal. Il murmura faiblement :

« Bon… On se dépêche et on quitte la forêt ? Je préfère ne pas traîner plus longtemps ici. »

« Je suis d’accord. On en a assez faits… Dire qu’on a réussi à le battre… » dit l’archère.

« C’est à peine croyable ! La maréchale sera contente ! » s’écria Verk.

Et lui donc ! Il allait enfin en savoir plus sur ses fameuses lignes noires qu’il possédait ! Le groupe réduit de trois personnes s’était remis en route, marchant dans la forêt pendant de longues minutes. L’euphorie était légèrement visible sur leurs visages : oui, ils étaient tristes d’avoir perdus quelques compagnons mais ils étaient heureux d’être en vie !

Après une bonne quinzaine de minutes, ils arrivèrent à la sortie de la forêt, l’une des deux femmes regardant autour d’elle pour voir où ils étaient par rapport à Midès. Elle signala qu’ils étaient sortis par le côté ouest de la forêt se situant au sud de Midès. Quoi de mieux que de devoir faire un détour pour retourner devant l’entrée Sud de Midès ? Le groupe marcha à nouveau pendant quelques minutes, suivant le chemin jusqu’à ce qu’une voix railleuse se fasse entendre, leur demandant de s’arrêter. Un groupe… Un groupe sortait des bois, armes en main. Rapidement, Tery remarqua qu’il était composé que de nobles, ces foutus aristocrates qui se prenaient trop au sérieux. L’un d’entre eux prit la parole :

« Je vous l’avais dit ! Ces gueux font le travail pour nous et nous récupérons les lauriers. »

« On va pas tourner autour du pot : Qu’est-ce que vous nous voulez ? » demanda Tery.

« C’est fort simple : Donnez nous l’œil du glumarx et nous vous laissons en vie. »

C’était donc une menace et un vol ? De quoi aggraver leurs cas si la maréchale Nali ou toute personne hiérarchiquement bien placée était mise au courant. Néanmoins… Ils étaient trop fatigués pour se battre et surtout… L’autre groupe était plus nombreux. Il jeta au regard à ses membres, cherchant leurs réponses muettes dans leurs yeux.

« Vous toucherez pas à notre œil ! C’est le lieutenant Tery et nous qui avons réussi à battre le glumarx ! Pas vous ! Vous n’avez rien fait ! » s’écria Olin, l’homme lui répondant :

« Tiens… La grande perche s’est exprimée ? Nous devons donc vous éliminer ? »

Et voilà ! Il n’avait même pas le temps de souffler avec ses compagnons que les ennuis lui retombaient dessus. Olin avait bien parlé mais tous étaient fatigués, tous sauf lui. Il n’avait pas utilisé sa magie mais en ce qui concerne son état physique, il était épuisé. Au final, les choix n’étaient pas si grands que ça : ils allaient devoir donner cet œil durement gagné à cette bande de nobles sans scrupules. Tout ça pour rien…

Chapitre 23 : Glumarx

ShiroiRyu
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Chapitre 23 : Glumarx

Un cri d’agonie et voilà que deux griffes se plantaient dans la gorge d’un Gnomold solitaire, un Gnomold bien stupide pour s’être cru capable de venir tuer un groupe de dix personnes à lui seul. Tery poussa un léger soupir alors qu’un homme lui demandait :

« Et ça ne fait même pas cinq minutes que nous sommes rentrés dans la forêt ! Par contre, lieutenant, pourquoi vous n’avez pas utilisé la magie ? »

« Pourquoi faire ? Si on peut terrasser un Gnomold sans la magie, alors il faut le faire. La magie nous épuise et puisque nous ne savons pas à quoi ressemble un Glumarx, il vaut donc mieux éviter de se fatiguer inutilement. » dit-il directement.

« C’est pas bête comme réflexion ! » répondit le soldat en hochant la tête.

C’était pour ça qu’il s’entraînait… pour ne plus paraître bête. Il eut un petit rire, faisant un geste de ses griffes pour retirer le sang ruisselant dessus et le projeter sur le sol. Il se tourna vers une femme qui devait avoir vingt-cinq voir trente ans grand maximum. Elle avait une petite hache dans sa main droite et il alla lui dire :

« Est-ce que tu pourrais couper ses deux pattes ? »

« Hein ? Mais pour… Ah oui, c’est une bonne idée. » murmura la femme.

« Est-ce que quelqu’un a un sac avec lui ou je ne sais quoi qui pourrait récupérer les deux pattes et les mettre à l’intérieur ? »

« Y a la maréchale qui m’a filé un sac, ouep ! Elle m’a dit que ça nous servirait à mettre la preuve comme quoi le Glumarx est mort. »

Il se tourna vers la personne qui venait de lui adresser la parole. Un grand gaillard aux cheveux noirs et qui devait bien mesurer dans les un mètre quatre-vingt dix. Il devait avoir deux ou trois années de plus que lui et dans ses yeux bruns, on ne pouvait pas dire que l’on apercevait de l’intelligence. Il désigna un sac en cuir qu’il tenait sur son épaule gauche, sa main droite étant occupée par une épée longue.

« Et bien, tu veux bien ouvrir ton sac ? » demanda Tery calmement.

« Aucun souci, lieutenant ! C’est comme vous le voulez ! »

Il déposa le sac au sol, l’ouvrant d’une main alors que Tery se mettait à observer la femme pour voir où elle en était dans son découpage de main. C’était du travail assez barbare mais c’était toujours mieux que lui lorsqu’il avait utilisé les masses des gnomolds pour séparer les mains du reste du corps. Quelques instants plus tard, les deux pattes furent jetées dans le sac, l’homme aux cheveux bruns le récupérant en signalant qu’ils pouvaient repartir quand le lieutenant le voudrait. Tery hocha la tête une première fois, prenant la parole :

« Maintenant que l’on sait qu’ils nous attendent à chaque coin derrière un arbre, on se méfie et on reste sur nos gardes. On devrait éviter de se faire blesser par ces Gnomolds. Si vous en repérez un, on évite de le tuer et on l’ignore sauf si il se montre agressif. »

« Ce n’est pas forcément une bonne idée, lieutenant Tery. Si on le laisse partir, peut-être qu’il ira prévenir ses comparses et ils nous tendront un piège quelques mètres plus loin. »

« Ou alors, il tombera tout simplement sur un autre groupe et il se fera tué. Nous sommes très nombreux aujourd’hui, il n’y a pas à s’inquiéter à ce sujet. »

Il eut un grand rire alors qu’il demandait à tous de se remettre en route pour trouver le Glumarx. Le fait d’entendre le mot lieutenant de la bouche des membres de son groupe, et cela sans ironie, lui faisait plus que plaisir. En considérant aussi qu’ils semblaient être assez efficaces et capables de se battre, il n’avait rien à craindre. Le Glumarx serait de l’histoire ancienne dès qu’ils le trouveraient.

Pendant une quinzaine de minutes où ils entendirent de nombreux bruits de pas autour d’eux qui s’éloignaient, le groupe continuait d’avancer, chacun y allant de son petit mot pour essayer de rendre l’atmosphère moins pesante. Tery n’était pas très doué pour faire rire et il le remarqua à ce moment. Contrairement à l’Ombre, les autres n’étaient pas vraiment du genre à apprécier les petites blagues. En y réfléchissant bien, jamais il n’avait dit de blague à l’être encapuchonné et pourtant… Il semblait aimer rire.

« AHHHHHH ! AU SECOURS ! AU SECOURS ! AU… » hurla une voix.

« D’où ?! D’où venaient ces cris ?! » cria l’un des hommes du groupe.

Chacun se mit sur le qui-vive, tournant son visage aux alentours pour voir d’où sortaient ces cris affreux. L’un de ces compagnons lui désigna un endroit du doigt et il s’était mis à trembler. Il tenta de se contrôler et de donner une contenance. D’une voix un peu tremblante, il prit la parole, cherchant ses mots :

« Allons… Allons-y ! Ils ont besoin de nous ! »

Il s’était mis à courir sans se retourner, ne cherchant pas à s’arrêter. Il savait que s’il s’arrêtait, alors il perdait son courage qui animait ses jambes. Il devait continuer ! Il devait… Il devait quoi… Il se retrouva au beau milieu d’une clairière, son groupe arrivant derrière lui. Poussant un léger soupir, il demanda :

« C’est bien d’ici que provenaient les cris ? »

« J’ai une bonne ouïe et pour moi, c’est le cas. Mais… » répondit l’un des hommes.

« Il n’y a personne. Que tout le monde commence à chercher des indices ! Ils ne doivent pas être très loin ! Je me demande si le Glumarx… » s’arrêta de dire Tery.

Il valait mieux éviter d’y penser maintenant. Le groupe se sépara, chacun partant de son côté pour trouver un morceau de tissu, un corps ou quoi que ce soit qui permette d’identifier qu’il y avait bien eu des humains ici. Dans son cas, il essayait de ne pas avoir trop peur. Il se demandait s’il allait trouver un cadavre et si c’était le cas… Quelle serait sa réaction ? Rapidement, de la sueur s’écoula de son front alors qu’il se mettait à haleter. Ne plus penser à ça… Il devait arrêter de penser à tout ça ! C’était du passé : il n’allait pas se retrouver nez à nez avec un corps ruisselant de sang ! C’était complètement stupide de raisonner comme ça ! Il quitta la clairière, faisant attention où il mettait les pieds. Il se prit une branche au niveau du visage, gémissant de douleur.


D’autres cris se firent entendre et il était maintenant séparé du reste du groupe. D’après ce qu’il avait put… cerner, ce n’était pas l’un des membres de son groupe mais ça venait du nord de sa position ! Il devait… Il devait prendre son courage à deux mains ! Il s’était mis à courir le plus vite possible, se dirigeant vers l’endroit d’où provenait le cri. Moins d’une minute plus tard, il se retrouvait dans une zone à moitié entre la clairière et les bois.

« Il y a quelqu’un ?! Hého ! Quelqu’un m’entend ?! »

Aucune réponse, il aurait du s’en douter… sauf un bruit saugrenu comme si des bulles éclataient autour de lui. Il positionna correctement ses deux griffes, ripant l’une contre l’autre pour prévenir la personne ou la chose qu’il était prêt à se défendre ! Le bruit s’éloigna alors qu’il restait parfaitement immobile puis finalement… Plus rien…

« Lieutenant Tery ! Lieutenant Tery ! Où est-ce que vous êtes ? AHHH ! »

Il se tourna subitement, voyant l’homme aux cheveux noirs qui arrivait… et qui glissait au sol, tombant majestueusement dans l’herbe en poussant une plainte. Comment il avait fait pour arriver à ça ? Un examen minutieux lui montra qu’il venait de glisser dans une… bave et du sang ? Tery alla lui dire d’une voix troublée :

« Tu ferais bien mieux de te relever. Il y a … »

« Hééééé ! C’est quoi ce truc ?! C’est gluant ! » s’écria l’homme avec surprise.

« On ne sait pas ce que c’est alors dépêches toi ! Et les autres ? Ils sont… Ils sont où ? »

« Mais moi, je sais pas ! Et puis bon… »

L’homme aux cheveux noirs se redressa, observant quelques instants le sang puis la bave avant de jeter un coup d’œil à son sac pour voir s’il n’avait rien perdu. Heureusement, ce n’était pas le cas et il poussa un petit soupir de soulagement alors que Tery lui demandait :

« Au fait, je me disais… C’est quoi encore ton nom ? »

« Olin pour vous servir lieutenant, je suis un nouveau soldat qui s’est inscrit à l’armée de Midès y a deux semaines ! On m’a dit que c’était le métier qui me conviendrait le mieux ! »

« Je n’en doute pas un seul instant. Bon maintenant… Commençons à trouver des indices car là… Nous sommes plutôt mal partis. » murmura Tery calmement.

Autant dire la vérité : ils n’avaient aucune information, ils entendaient des cris, bref que des choses peu réjouissantes. Si on remarquait aussi les traces de sang et de bave, on pouvait se faire une idée : la créature avait vraiment faim, très faim… et il y avait des chances que suivre les traces de bave mènerait à l’endroit où elle se trouvait. Ou non ?

« Qu’est-ce qu’on fait, lieutenant Tery ? On va chercher les autres ? »

« C’est la seule piste que nous avons pour le Glumarx. On ne doit pas la perdre ! Je vais continuer de ce côté, toi tu vas voir où sont les autres et tu leur dis qu’on vient sûrement d’avoir des morts en plus sur le dos. »

« Comme vous le voulez ! Faites attention, lieutenant ! »

Il observa Olin qui partait de son côté alors que lui-même se dirigeait en suivant les traces de bave et de sang. Peu à peu, il recommençait à entendre les bruits singuliers de la créature. Il en était sûr, c’était le Glumarx ! Il s’arrêta subitement alors que des voix parlaient entre elles, des tremblements se faisant ressentir :

« C’était quoi ces cris, chef ? Je je… »

« La ferme et continue d’avancer ! Tu restes devant les autres ! »

« Mais je ne veux pas être un éclaireur ! On m’a raconté que tous ceux qui voyaient un Glumarx n’en revenaient jamais vivants ! »

« On sera le contre-exemple. Avance ou je me sens forcé de te botter les fesses si tu continues à geindre comme un gamin ! »

« ATTENTION CHEF ! UNE BANDE DE GNOMOLDS ! »

Des cris ressemblant à ceux des animaux, des lames qui s’entrechoquent, il évitait maintenant de s’avancer alors qu’il écoutait les différentes voix. Il n’osait pas bouger, il ne devait pas aider les autres groupes, seulement le sien ! Plusieurs minutes s’écoulèrent où il entendit des ordres hurlés par celui qui semblait être le lieutenant ou sous-lieutenant de son groupe tandis que des rires les accompagnaient, des rires à moitié animale.

Enfin, après une quinzaine de minutes, il n’y eu plus aucun bruit et il ne savait pas qui avait gagné : les Gnomolds ? Ou alors le groupe de soldats ? Il ne se considérait pas lâche pour autant ! C’était ça : si un groupe disparaissait, cela faisait un rival en moins. Il devait ramener une preuve comme quoi il avait tué le Glumarx, pas laisser les autres !

« Qu’est-ce que… »

Il s’arrêta subitement de parler, entendant à nouveau les bruits étranges d’il y a quelques minutes. Maintenant, il en était sûr, le Glumarx était là ! Mais pourquoi en ce moment et pas pendant le combat ? Est-ce qu’il avait peur de la foule ? Du combat ? C’était peut-être une créature qui préférait voler les cadavres. Il allait en avoir le cœur net ! Il s’avança à pas de loup vers la direction d’où provenait le bruit. Après quelques secondes, il arriva devant un spectacle affligeant… puisqu’il n’y en avait pas ! Il n’y avait aucune trace de cadavres ! Aucun corps n’était présent ! Il n’y avait que des traces de sang et de bave. Il entendait le bruit qui s’éloignait mais il en était sûr cette fois-ci : le Glumarx était passé par là et il… avalait les cadavres. Il n’y avait pas d’autres réponses à ce qu’il voyait !


Il devait prévenir les autres… ah mais non ! Olin s’en occupait déjà mais alors qu’est-ce qu’il devait faire ? Si cette créature était nécrophage, alors il n’avait pas à s’inquiéter mais… En un sens, cela restait quand même terrifiant de se dire qu’elle était aussi efficace pour faire disparaître les corps. Il valait mieux ne pas la combattre seul et il comprenait maintenant pourquoi la maréchale Nali préférait envoyer une grosse troupe rien que pour cette créature. Déjà avec les Gnomolds mais si en plus, il y avait cette… chose alors les soucis allaient s’accumuler les uns sur les autres.

« Lieutenant Tery ! Lieutenant Tery, vous êtes où ? » cria la voix d’Olin.

« Non mais tais-toi un peu imbécile ! Tu veux nous faire repérer par les Gnomolds ?! »

« Mais le lieutenant m’a dit que… » reprit Olin.

« Ce que le lieutenant a dit, on s’en fout royalement ! » dit à voix haute un homme.

« Mais non ! Le lieutenant m’a dit de tous nous réunir ! »

« Et où est-il ? Pfff… Ce n’est qu’un gamin en plus ! » termina de dire une voix féminine.

Et bien… C’était très joli ce qu’il entendait sur lui. Enfin, il aurait du s’y attendre. Il se dirigea vers l’endroit d’où provenaient les voix, passant quelques secondes à marcher sur les feuilles et les branches cassées. Il observa son groupe dirigé par Olin, remarquant que celui-ci était bien plus qu’impressionnant. Malgré le fait qu’il était l’un des plus jeunes, il arrivait à se faire respecter. Il fallait dire qu’il avait les muscles et la taille qui aidaient à ça.

« Pardon, pardon, pardon. Je suis là. Je vous ai enfin retrouvés. » s’écria Tery.

Il se présenta à son groupe, Olin le désignant du doigt avec un grand sourire tandis que les autres n’étaient pas forcément ravis de le voir. Enfin, qu’importe leurs réactions, ils avaient une mission à accomplir et il devait leur parler à ce sujet. Il toussota légèrement :

« Bon… Maintenant, que nous sommes tous réunis, on peut repartir à la chasse au Glumarx. »

« Lieutenant, vous avez trouvé des informations ? Ou vous l’avez trouvé ? »

« Je n’ai pas réussi à suivre sa piste correctement MAIS… »

Mais… Il leur expliquait ce qu’il avait réuni comme informations : ainsi, le Glumarx s’emmenait à chaque fois qu’un combat se terminait et surtout… Il dévorait les cadavres. La seconde information n’était pas très importante et autre point intéressant : il ne savait pas à quoi il ressemblait. Enfin, il reprit la parole :

« Donc l’idée que l’on va mettre en place, c’est tout simplement de trouver une scène de combat. On les laisse se battre et… »

« Ce n’est pas un acte un peu lâche ? » osa dire l’un des hommes.

« Où ça ? S’ils savent se débrouiller, c’est tant mieux pour eux. Enfin… Tout ce qu’il faut, c’est un cadavre ou plusieurs cadavres. Après, on s’éloigne de quelques mètres de ces derniers et on attend. Ca sera comme un appât. »

« Ca pourrait marcher mais bon… Je ne suis pas d’accord avec vos méthodes. Mais comme vous êtes le lieutenant, je n’ai pas à discuter vos ordres. » répondit le même homme.

« Alors c’est parfait ! On se met en route ! » termina d’annoncer Tery.

Il reprit le commandement de sa troupe, remarquant qu’il ne manquait personne, chose qui l’étonna puisqu’ils avaient été séparés pendant un bon nombre de minutes. Pourquoi son acte serait-il lâche ? Il ne faisait qu’utiliser le décor et les évènements extérieurs à son profit, ce n’était pas de la lâcheté mais de l’ingéniosité. Enfin, il n’avait pas à trop se questionner à ce sujet : ils devaient trouver le Glumarx dès que possible.

Une bonne quinzaine de minutes passèrent jusqu’à ce que des bruits résonnent aux oreilles de la troupe. Instinctivement, il leva la main en l’air, se tournant vers les autres membres. Murmurant doucement, il leur dit :

« On avance… Et on ne fait pas un bruit, d’accord ? »

« Ok, lieutenant. J’ai bien compris le message. »

Olin lui répondait et il ne savait pas s’il devait sourire ou pleurer. Il n’était pas particulièrement stupide, de son point de vue, mais s’il lui demandait de ne pas parler, c’était pour une bonne raison. Enfin, qu’importe, il n’allait pas lui répondre maintenant. Plusieurs gestes de la main et il indiquait aux autres de le suivre. Ils arrivèrent à une scène de bataille entre un groupe de six Gnomolds et trois personnes… qui ne semblaient pas être de l’armée. Rapidement, les Gnomolds prirent le dessus, perdant l’un de leurs membres alors que les autres se mettaient à fouiller les cadavres. Ils s’exclamèrent les uns après les autres :

« On se dépêche ! On se dépêche ! »

« Elle va se ramener ! Elle est attirée par le sang ! On se dépêche ! » cria l’un d’entre eux.

« Prenez les armes ! On se dépêche ! » s’exclama un troisième avant de voler les cadavres.

« Je prend les bourses ! On se dépêche ! On se dépêche ! »

Celui qui ne s’était pas exprimé semblait être le chef de la petite troupe. Sans même sourciller, il abandonna le cadavre de son compagnon à côté des trois humains avant d’annoncer au reste de la troupe qu’ils devaient partir le plus vite possible. Quelques instants plus tard, ils avaient disparus et nul ne faisait de bruit bien que tout le monde restait immobile.

« Ca arrive… Je suis sûr que ça arrive… Entendez ce bruit… »

« J’entend rien moi… Tu es sûr que… C’est quoi ? »

Celui qui venait de lui répondre s’était tue alors qu’il tendait l’oreille. Les autres firent la même chose alors que Tery gardait ses yeux verts posés sur les quatre cadavres. Enfin… Il sentait que la créature se présentait à eux. Enfin… Les arbres à droite des cadavres étaient pris de tremblements alors qu’il entendait Olin s’exprimer :

« Mais c’est quoi cette chose ? C’est… C’est… »

« Un Glumarx. Je crois qu’on a trouvée notre cible. » murmura le jeune homme.

Et quelle cible… Il fallait se l’avouer : Il n’avait jamais pensé à une telle créature. Comment la définir ? Verte ? Ah … Ca, ce n’était pas difficile à remarquer. Mais après ? Comment le représenter ? Visqueuse ? C’était peut-être le bon mot. Cette créature ressemblait à une gelée verte et difforme qui mesurait dans un mètre de hauteur. A l’intérieur de la gelée, une sphère blanche de dix centimètres de diamètre bougeait, comme si elle était vivante. Tery chuchota pour lui mais à voix basse :

« C’est donc ça, un Glumarx ? Mais ça n’a même pas de tête. Comment est-ce que l’on est sensé affronter un tel monstre ? Qui n’a même pas réellement de forme. »

Il se demandait d’où venait alors cette référence et cette citation car bon… Le Glumarx n’avait même pas de tête ! Enfin bon, l’heure n’était pas aux remarques et il continua avec son groupe d’étudier ce que la créature allait faire. Celle-ci se dirigeait vers les quatre cadavres, s’immobilisant alors qu’elle s’en rapprochait de celui du gnomold. Subitement, elle se leva en partie, venant recouvrir complètement le cadavre du gnomold avant que des bruits de succions se fassent entendre… et qu’un spectacle peu ragoûtant se fasse voir.

« Hé… Hé… Je… Je ne rêve pas ou… » commença à murmurer Tery.

« J’aurais pas du manger ce matin… Je me sens mal… » dit l’un des soldats, mettant une main sur sa bouche alors que les autres évitaient de prendre la parole. C’était tout simplement horrible et pourtant … Pourtant …

Il n’avait pas vraiment de mots pour exprimer le dégoût en observant ça. Le cadavre du Gnomold était en train de se liquéfier et de se décomposer, sa peau et ses poils disparaissant dans le glumarx, laissant apparaître la peau à vif avant que celle-ci ne se déchire. Sous la peau… Les muscles… Sous les muscles… Les os… Tout était en train de fondre comme neige au soleil à l’intérieur du corps du Glumarx.

« Qu’est-ce qu’on fait ? On l’attaque maintenant ? » osa demander Olin.

« Laissons le terminer… son repas. » répondit Tery, cherchant à garder son calme.

« Son repas… Je n’irais pas m’en prendre une part. » dit un soldat faiblement.

« Ensuite, dès qu’il a terminé, on l’entoure et après… » reprit le jeune homme.

« On fait quoi ? On saute sur lui ? » demanda à nouveau Olin.

Il valait mieux éviter… En y réfléchissant bien, s’il était capable d’engloutir des corps entiers, il était même conseillé de ne pas le toucher mais alors quoi faire ? Ils devaient rapidement trouver un moyen de combattre cette créature. Le glumarx en avait déjà terminé avec trois cadavres et il se demandait même si son appétit n’était jamais rassasié. Et au passage… C’était lui ou alors le glumarx prenait un peu de volume à chaque fois ? Peu en hauteur mais surtout en épaisseur. Le dernier corps fut englouti et il fit un grand geste de la main pour signaler qu’il était temps de passer à l’action. Poussant un cri, accompagné par son groupe, il entoura rapidement le glumarx, celui-ci terminant son repas avant de s’immobiliser. La sphère blanche vola de gauche à droite à l’intérieur de la gelée verte puis s’arrêta subitement en se tournant vers Tery. Un œil… C’était un œil qui l’observait.

Chapitre 22 : Une mission pour tous

ShiroiRyu
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Chapitre 22 : Une mission pour tous

Trois semaines s’étaient écoulées… Trois longues semaines où il avait décidé de faire de son mieux, chose bien plus difficile qu’il n’y paraissait. Lorsqu’il était revenu, lorsque les autres l’avaient vu, ils avaient préféré ne rien dire mais il voyait dans leurs regards moqueurs qu’il était plus bas que terre pour eux. Le comble pour un lieutenant par rapport à ses soldats, non ? Et encore, ça ne s’arrêtait pas à ça.

Il suivait parfaitement les entraînements comme les autres et en ce qui concernait l’art du combat, et bien, il fallait l’avouer : il se débrouillait pas mal du tout. Contrairement à ce que les soldats pensaient, il arrivait facilement à se hisser parmi les meilleurs de la troupe, chose qui était quand même importante puisqu’il était leur supérieur. Donc en ce qui concernait le combat, en plus d’avoir un style assez particulier avec ses deux griffes, il était donc un combattant assez doué dans l’ensemble.
Par contre au niveau de la magie… Il valait mieux en rire qu’en pleurer. Il était des plus pitoyables et risibles comparé aux autres. Même un débutant aurait mieux fait ! Heureusement que l’autre lieutenant, Alfan Ronar, était là pour gérer le groupe de magie car lui à côté, il faisait pâle figure. En fait, par sa faute, la première semaine, ils avaient été obligés de réunir les deux groupes car il devait s’entraîner à la magie.
Du côté de la maréchale Nali, celle-ci expliqua qu’elle avait bon nombre de choses à faire et elle était partie pendant environ dix jours. Lorsqu’elle était revenue, elle annonça qu’elle prenait le commandement du groupe pour éviter de nombreuses disputes. Heureusement qu’elle était là car il fallait avouer que certaines personnes lui rendaient la vie dure mais il s’accrochait. Et puis, il y avait l’autre lieutenant qui venait l’épauler aussi. Il n’avait rien dit au sujet de son petit séjour au cachot mais d’après le sourire qu’il avait fait, il semblait qu’il connaissait aussi cet endroit, du moins, qu’il ne lui était pas inconnu.
Après le retour de la maréchale Nali, tout s’était accéléré et c’était une bonne comme une mauvaise chose : l’entraînement avait été des plus spartiates et tout le monde était tellement exténué qu’aucun ne tentait de se moquer de lui. Et encore, si l’un avait la force de se moquer de lui malgré le fait qu’il était son supérieur, les paroles de la maréchale le remettait sur le droit chemin et il connaissait très bien la maréchale de ce point de vue.

Enfin… Les trois semaines s’étaient passées et d’ici une dizaine de jours, elle allait partir avec ses informations. Lorsqu’il lui avait demandé si il s’était assez amélioré pour obtenir des informations sur ses lignes noires, elle lui répliqua que ce n’était pas le cas et que c’était même très loin d’être ça. Pfff… Il se demandait ce qu’il devait être pour elle. C’était vraiment éreintant un tel entraînement mais enfin… Avec tout ça, il avait appris une chose importante.

Laquelle ? Ce n’était pas très difficile… C’était simplement le système de grade utilisé dans le royaume de Shunter et disons… que sans vouer un culte à la maréchale Nali, il avait maintenant une estime très forte pour elle. C’était difficile de se l’imaginer mais pourtant, il avait en face de lui la personne la plus importante de l’armée de Shunter et ça… C’était vraiment quelque chose qui le mettait en émoi. Pourtant… En écoutant la voix de la maréchale Nali, il avait l’impression qu’elle n’était pas si vieille que ça. Tout cela l’avait incité à s’améliorer encore plus que de raison pour arriver à un statut tout aussi important que celui de la maréchale. Ah… Oui… Il devait faire encore mieux que d’habitude s’il voulait se mettre à la hauteur de la femme en armure de plaques noire.

« Tery Vanian. Tery Vanian. TERY VANIAN ! »

Il sursauta en entendant la voix de la maréchale, sortant de ses rêves alors qu’elle se trouvait devant lui. Quelques rires se firent entendre alors qu’il se rappelait où il se trouvait : toutes les troupes l’entouraient, lui, ainsi qu’Alfan Ronar. Il y avait d’autres lieutenants et d’autres groupes et il reconnu facilement certains de leurs membres… Voilà donc les nobles prétentieux qui étaient de retour. Et visiblement, eux aussi n’avaient pas oublié son visage. La femme à l’armure de plaque noire reprit :

« Comme je le disais avant que certains d’entre vous se dissipent… L’armée de Midès va avoir besoin de tout le monde d’ici les prochains jours. Nous avons remarqué qu’un Glumarx traînait dans les environs de la forêt avoisinant notre capitale. Nous avons reçu la mission de l’exterminer et c’est pour cela que vous êtes ici. »

« Maréchale, j’ai une question. » demanda l’un des soldats.

« Posez là, je verrais si elle mérite une réponse ou non. »

« Pourquoi la milice de la ville ne s’occupe t-elle pas de ça ? »

« Car la milice est là pour faire régner l’ordre la ville et non en-dehors de cette dernière. De plus, ils ne sont pas habitués à combattre des monstres mais plutôt des humains, ce qui est normalement le contraire de la majorité d’entre vous, n’est-ce pas ? »

Ahem… En y réfléchissant bien, heureusement qu’il n’avait pas posé la question à la place de l’autre personne. Mais bon… Glumarx… Glumarx… Il ne savait même pas à quoi ressemblait un Glumarx. Il savait simplement que c’était une insulte souvent utilisée dans son village et chez les gnomolds mais voilà… Encore une occasion de se ridiculiser mais seulement s’il ouvrait la bouche, or, ça n’allait pas être le cas. La maréchale Nali continua :

« Pourquoi autant de personnes en ce lieu ? Car la forêt autour de la ville est grande, très grande et cela n’est pas une surprise pour vous tous. De plus, rechercher un Glumarx n’est pas si facile que ça et plus de monde il y aura, plus facile ce sera. Vous allez vous séparer par groupe de dix. Les lieutenants seront automatiquement responsables des groupes dans lesquels ils se trouveront. Pour les autres groupes, l’un d’entre vous se nommera sous-lieutenant parmi les dix personnes. Je vous laisse vous débrouiller pour cela. »

« Ne serait-il pas mieux que ça soit vous qui vous vous occupiez des nominations ? » questionna l’une des femmes soldates.

« Pourquoi cela ? N’êtes vous donc pas assez responsables et matures pour la majorité d’entre vous ? N’êtes donc pas capables de vous débrouiller seuls ? »

« Mais… Enfin bon… Si c’est ce que vous désirez. »

Discuter avec elle n’était jamais une bonne chose, du moins, pas quand elle était en fonction… C’est-à-dire la majorité du temps. Il laissa les groupes se former, attendant qu’il ne reste que quelques membres isolés pour créer son propre groupe de dix. En y jetant un œil, les nobles étaient avec les nobles, les… paysans avec les paysans. Quoi de bien nouveau ici bas ? Rien du tout… Rien du tout… Dommage. Bon, c’était ainsi et il n’allait pas s’en soucier plus que ça. Maintenant, il fallait voir qui il avait attrapé dans ses filets. Voir quelle bande de bras cassés il avait réunie. Bon… Au moins, tous semblaient avoir dans la vingtaine d’années. L’un avait peut-être son âge tandis que le plus vieux portait une barbe de plusieurs jours. Tous des fainéants, c’est ça ?

« Est-ce que tous les groupes sont formés ? Les lieutenants et les sous-lieutenants, présentez vous devant moi. Ensuite, que chaque groupe se mette en ligne derrière son lieutenant. »

« Obéissez aux ordres de la maréchale ! »

Chaque lieutenant venait de crier la phrase, Tery le faisant en dernier avant de se mettre devant la maréchale Nali, exactement en face d’elle. Il émit un petit sourire bien qu’il se demandait si elle faisait de même ou non. Quelques instants plus tard, les groupes étaient à nouveau formés mais par ligne et la maréchale Nali reprit :

« Maintenant que vous êtes tous correctement alignés, vos lieutenants vont aller chercher les armes qui vous correspondent. D’ici une quinzaine de minutes, tout sera prêt et vous pourrez alors enfin partir à la recherche du Glumarx. Que les lieutenants m’accompagnent et je ne veux aucune discussion pendant que nous ne sommes pas là. »

Elle claqua une fois des doigts, se retournant avant de se mettre en marche pour se diriger vers l’armurerie. Les lieutenants et les sous-lieutenants se mirent à la suivre, Tery étant en queue de file, il jeta un dernier regard à son groupe, se demandant ce qu’ils pouvaient utilisés comme arme. En y réfléchissant bien, c’était à peine s’il connaissait leurs noms. C’était assez pathétique mais bon… Ca ne faisait même pas un mois qu’il était là, il ne pouvait pas tout savoir. Et puis, il ne faisait pas toujours des efforts.

« Tery Vanian, attrape ce sac. » déclara une voix féminine.

« Hein ? De quoi ? AHHHHH ! » dit-il en avant de se retourner.

Il se prit un sac de cuir au niveau du visage, tombant en arrière alors qu’il entendait des rires autour de lui. Il aurait du réagir plus tôt ! Il se releva en gémissant, observant le sac qu’il avait sur lui. Il était assez lourd quand même ! Enfin bon, heureusement pour lui, il avait ses propres griffes donc il n’avait pas à se soucier d’un poids supplémentaire. Par contre, c’était lui ou la maréchale Nali lui avait envoyé le sac ? Il n’avait même pas remarqué qui avait fait ça. Il était perdu dans ses pensées… encore une fois. Il observa les autres lieutenants et sous-lieutenants : ils étaient tous… si âgés. Enfin, certains avaient dans la quarantaine, d’autres étaient plus jeunes mais il restait quand même le cadet parmi les gradés. Il poussa un léger soupir désabusé, se disant qu’il était encore très loin de leurs niveaux.

« Tery Vanian… Si ton groupe arrive à battre le Glumarx, je te parlerais de tes lignes noires. »

Hein ? De quoi ? Il posa son regard sur la maréchale Nali, se demandant s’il n’avait pas rêvé. Et où étaient les autres ? Ils étaient déjà partis ? Il devait vraiment arrêter de penser trop souvent ! Ca allait lui créer de gros ennuis dans le futur. Ses yeux verts se posèrent sur la femme en armure de plaques noire, cherchant à voir si elle lui mentait ou non. Mais qu’il était bête : la maréchale Nali ne lui mentirait jamais ! Pas sur quelque chose d’aussi important que ça ! Battre le Glumarx ? Ca allait être chose faite ! Il pouvait le faire s’il le voulait ! Il en avait les capacités ! Avec entrain, il lui dit :

« Merci ! Merci encore, maréchale ! Je vais… »

« Rejoindre ton groupe car tu es le dernier à traîner dans une partie de l’armurerie. Et il y a d’autres personnes qui aimeraient récupérer leurs équipements » coupa t-elle sèchement.

« Oups… Bon, j’y vais. Enfin, il faut que je distribue les armes maintenant. Par contre… Pourquoi ne pouvons-nous pas prendre d’armure ? »

« Car elles seront inutiles contre le Glumarx et vous ralentiront. »

« Je suis stupide de demander ça mais… C’est quoi, un Glumarx ? » osa t-il poser.

Elle poussa un léger soupir, l’empoignant pour l’éloigner de l’armurerie et le faire sortir. Il avait quel âge ? Dix-huit ans ou alors dix ? A poser des questions aussi niaises et ridicules, cela commençait à l’agacer. Enfin bon… Lorsqu’ils se retrouvèrent dehors, elle lui dit :

« Tu n’as pas besoin de le savoir. Dis-toi simplement que c’est cela, la prise de risques. Tu dois être préparé à combattre l’inconnu. »

« Pourquoi je le sens mal, maréchale ? » murmura le jeune homme.

« Car tu n’es pas assez confiant. Tu es un lieutenant. Vas-y maintenant. »

Elle lui donna une légère tape dans le dos, le forçant à avancer pour se diriger vers son groupe alors qu’elle l’accompagnait. Des fois, il avait l’impression d’être un gamin désobéissant que l’on devait obliger à aller de l’avant pour progresser. C’était ça. En fait, c’était exactement ça. Bon… Il venait de perdre en quelques minutes la confiance qu’il avait réussie à avoir pendant quasiment un mois. Il était si volatile.
« Mettez vous devant moi et regardez à l’intérieur du sac pour voir si il y a ce que vous voulez. Si ce n’est pas le cas, signalez le moi et je retourne à l’armurerie. »

Il prit une profonde respiration, se tenant droit avant de déposer le sac devant lui. Il ouvrit ce dernier, les personnes de son groupe s’approchant les unes après les autres pour venir récupérer l’arme correspondante. Heureusement pour lui, aucun ne s’était plaint qu’il n’y avait pas l’arme qu’il cherchait et il eut un petit soubresaut de surprise en voyant que l’une femme avait pris un arc pour se battre. Un arc ?

« Où est-ce que je peux avoir un carquois ? Je ne peux pas tirer sans flèches. »

« L’Ombre ? » osa-t-il dire, un peu surpris … autant que la femme en face de lui.

« Comment ça l’Ombre ? Lieutenant, j’ai besoin d’un carquois. »

« Hein ? Que ? Ah oui. Désolé… Je retourne à l’armurerie, je vais demander des flèches et un carquois. Veuillez m’attendre ici. » balbutia-t-il avec confusion.

Pfff… Toujours à penser à autre chose à chaque fois. Il ne pouvait pas s’en empêcher, c’était maladif. Il reprit le sac bien plus léger, signalant à la maréchale qu’il devait repartir pour récupérer un carquois. Elle hocha la tête pour dire qu’elle était d’accord. Quelques minutes plus tard, il revenait avec un carquois et une vingtaine de flèches à l’intérieur. Il donna lentement l’objet en cuir à la femme, la regardant brièvement en se disant qu’elle devait être plus âgée que lui. L’Ombre aussi utilisait des flèches.


Après un court instant de réflexion, il tapa dans ses deux mains, signalant qu’ils allaient partir dès que la maréchale Nali leur en donnerait l’ordre. Les personnes de son groupe crièrent en même temps pour dire qu’ils le suivraient tandis qu’il attendait que la maréchale Nali prenne la parole. Celle-ci hocha la tête une première fois, observant les alentours avant de prendre la parole d’une voix calme :

« Nous allons quitter la caserne dès maintenant. Que les lieutenants et sous-lieutenants forment une ligne droite tandis que leurs membres se mettent derrière eux. »

Cela ressemblait presque à un défilé militaire mais il savait pertinemment que ce n’était pas le cas. Un premier pas, puis un second et ainsi de suite. Toute la troupe se mit en route, des bruits de pas résonnant dans la caserne alors qu’ils sortaient pour se préparer à chasser le Glumarx. Maintenant qu’il y réfléchissait, il avait un peu peur de ce qu’il allait trouver.
C’est vrai : en y pensant plus longtemps, le Glumarx devait être un monstre affreux pour qu’une garnison quasi-complète soit nécessaire. Il s’imaginait déjà une créature de plusieurs mètres de hauteur, avec de multiples appendices. Enfin, il n’avait pas à avoir peur ! Il avait bien affronté un scorpion géant hein ? Il était donc capable de battre ce Glumarx ! Confiance était le maître mot. Surtout que maintenant, la responsabilité de la survie de son groupe dépendait de lui. Hein ? Pourquoi il pensait à ça ?

Voilà qu’ils devaient se séparer en deux groupes alors qu’ils se trouvaient au milieu de la ville : la forêt s’étalait au sud et à l’ouest de Midès. Encore une séparation… Pfiou… Ca faisait beaucoup maintenant hein ? La femme à l’armure de plaques noire signala qu’elle allait diriger ceux en partance vers le Sud tandis qu’elle désigna un homme âgé d’une quarantaine d’années mais lieutenant pour s’occuper de ceux allant vers l’Ouest.

« Tery Vanian et les autres, vous m’accompagnez. » annonça la maréchale.
Bon au moins, il allait encore se faire guider, ça ne le gênait pas plus que ça. Il répondit par l’affirmative, signalant à son groupe de le suivre tandis que plusieurs autres équipes faisaient de même. Ils étaient plus qu’une centaine et lorsqu’il se retrouva devant la double porte permettant d’accéder au sud de Midès, il fit un léger sourire.

« Hey mais c’est… » commença à dire l’un des gardes.

« J’y crois pas ! Il l’a quand même fait ! »

« AHEM… N’oubliez pas la place à laquelle vous êtes. »

Le sourire de Tery disparu alors qu’il baissait la tête, légèrement confus. C’était eux… Ils gardaient toujours la double porte au sud de Midès. L’un des gardes lui fit un petit clin d’œil alors qu’il se poussait ainsi que les trois autres gardes. Ils passèrent au milieu d’eux, un peu honteux. Il aurait du demander une petite permission pour parler plus longuement. Même après un mois dans l’armée, on pouvait dire qu’il n’avait aucune relation.

C’était embêtant en un certain point. Ne jamais pouvoir parler aux autres et discuter avec eux. Bien entendu, il s’était amélioré en ce qui concerne la magie et pour le combat avec des armes, il se débrouillait très bien. Néanmoins… Le souvenir de l’Ombre lui revenait en mémoire et il se rappelait la souffrance qu’il avait subie lors de la tentative de meurtre qu’elle avait tentée contre lui.

Après cinq à dix minutes de marche, toute la troupe se retrouva sur un chemin en terre, la forêt se trouvant de part et d’autre devant eux. La maréchale Nali se retourna vers eux, demandant à tous de se maintenir bien droit alors qu’elle allait leur donner les dernières indications avant qu’ils ne se mettent en chasse.

« Bon… Ce que je vais vous expliquer sont les consignes élémentaires si vous voulez avoir la moindre chance de revenir en vie ici. »

« Où est-ce que vous voulez en venir ? On n’affronte qu’une seule créature non ? »

Encore une fois, quelqu’un venait de prendre la parole mais ce n’était pas lui, ni une personne de son groupe. En fait, il provenait de l’une des nombreuses équipes des nobles. L’homme devait avoir une vingtaine d’années et tenait dans sa main une épée longue. Il avait un grand sourire plein d’assurance alors qu’elle disait :

« Tu te trompes lourdement. Tu devrais même effacer ce sourire de ton visage puisque je vois que tu n’as rien compris. Votre cible est une créature mais ce n’est pas pour cela qu’il n’y a qu’elle dans la forêt. Quelqu’un a-t-il une idée de ce qui l’attend ? »

« Ca ne serait pas au sujet des Gnomolds, maréchale Nali ? »

Hum ? Elle se tourna vers Tery. C’était bien lui qui venait de prendre la parole ? Et de dire une chose correcte ? Et bien… Voilà qui pouvait sembler un peu étonnant. Elle aurait même esquissé un sourire que cela ne l’aurait pa ssurprise. Néanmoins…

« C’est exact, Tery. Je veux parler des Gnomolds. Vous savez parfaitement qu’ils vivent dans la forêt et que celle autour de Midès en est remplie. »

« Pourquoi ne pas lancer une gigantesque chasse pour les éliminer tous ? » osa dire un soldat.

« Car cela ne serait pas bon pour l’économie du pays. Je ne vous demande pas de comprendre les enjeux d’une telle chose mais sachez simplement que sans les Gnomolds autour de nous, nous aurions des ennuis financiers assez conséquents. »

Rapidement, il s’imaginait les raisons qui poussaient les humains de Midès à ne pas vouloir tuer les Gnomolds. Lui-même ayant dû en combattre, il était sûr qu’une bonne majorité des membres de la troupe s’était elle aussi battue contre eux. Néanmoins, est-ce qu’ils étaient au courant que les pattes de Gnomolds étaient utiles pour la guilde des magiciens ? S’ils ne lisaient pas les petites annonces, il y avait peu de chance. Néanmoins, maintenant… S’pls tuaient tous les Gnomolds autour de Midès, alors il faudrait aller chercher plus loin pour en trouver, le quota de pattes de Gnomolds descendrait alors progressivement, la guilde des magiciens ne pourra plus alors avoir son inventaire et préparer il ne sait quoi avec les dites pattes et puis… Pfiou ! Il venait de se donner un sacré mal de crâne à réfléchir à tout ça. Ca l’étonnait même d’être capable de raisonner ainsi. Peut-être que le fait d’avoir eu quelques soucis financiers avec l’Ombre lui avait permis de comprendre cela ?

« Est-ce que le message est bien passé cette fois-ci ? » demanda la maréchale.

Les personnes s’écrièrent en chœur que oui alors qu’il revenait à la réalité. Voilà qu’encore une fois, il s’était laissé aller à ses pensées. C’était maladif chez lui ! Il ne pouvait pas rester un seul instant concentré sur l’idée de base. Il cria à son tour le mot qu’ils avaient prononcés, plusieurs têtes se tournant vers lui. Aie… Il aurait mieux fait de réagir en même temps que les autres : il s’était encore donné en spectacle inutilement et stupidement.

« Bon… Qu’importe ce qui vient de se passer… Préparez vous et séparez vous à mon signal. Je ne veux pas vous vois revenir avant que vous me rameniez une preuve de la mort du Glumarx. Vous avez une dernière question ? »

« En ce qui concerne les Gnomolds que l’on rencontrera, on en fait quoi ? »

« A vous de vous débrouillez avec eux. Je ne vais pas vous chaperonner. Partez maintenant. »

Bon… Voilà qu’ils devaient se mettre en route. Il observa les nombreux groupes qui étaient en train de s’éloigner avant de demander au sien de le suivre. Ils pénétrèrent dans la forêt, le jeune homme aux cheveux bruns observant ses membres avant de dire :

« On évite de se séparer, d’accord ? Il vaut mieux éviter que l’on se disperse inutilement. »

« Aucun problème, lieutenant. C’est bien noté. Par contre, vous êtes sacrément jeune. Vous avez quel âge si ce n’est pas indiscret ? » demanda une voix derrière lui.

« J’ai eu mes dix-huit ans il y a quelques mois, pourquoi ? »

« Oh pour rien, pour rien ! C’est toujours bizarre d’avoir un chef plus jeune que soi. »

Il ne regarda même pas qui venait de s’adresser à lui. Il savait simplement que c’était un homme d’après la voix. Bizarrement, cela lui faisait plaisir d’entendre de telles paroles de la part de quelqu’un qu’il ne connaissait pas et qui visiblement ne le connaissait pas. Sinon… Il ne lui aurait jamais parlé ainsi. En-dehors de la forêt, la femme à l’armure de plaque noire passa une main sur son casque, le soulevant légèrement pour pouvoir observer le ciel. Il n’était qu’à peine le début de l’après-midi.

« Combien d’entre eux survivront ? Déjà qu’ils doivent apprendre à connaître un Glumarx avant même d’espérer pouvoir le combattre. Et ensuite… »

Et ensuite… C’était bien plus compliqué que ça. Néanmoins, c’était ça l’armée : Envoyer le menu fretin à une mort quasi-certaine. Certains y échapperont de près, d’autres deviendront plus forts grâce à ces combats… Et après tout cela ?

« Après tout cela … On verra ce que chacun deviendra. » murmura calmement la femme en armure noire, prenant une profonde respiration.

Chapitre 21 : Des règles

ShiroiRyu
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Chapitre 21 : Des règles

« Comment va le prisonnier ? » demanda une voix féminine.

« Il est à moitié inconscient mais on ne l’a pas trop amoché, madame la maréchale. »

« Est-ce que vous avez tout fait comme je vous l’avais demandé ? Je veux bien entendu parler de la torture : aucun écartèlement ou os brisé, je ne veux voir que des marques de fouet ou du sang sur son corps, rien d’autre sinon…  »

« Non, non ! Nous n’avons pas outrepassés vos règles ! »

Le garde se décomposait devant elle : comme s’il allait tenter de ne pas respecter les consignes qu’elle avait données à son arrivée en tenant ce jeune homme évanoui. Avec respect et une peur bien visible dans sa voix, il demanda :

« Pardonnez moi mais… Qu’est-ce que ce type a fait ? »

« En quoi cela te concerne ? » répliqua-t-elle aussitôt sèchement.

« Je n’ai rien dit ! Pardonnez moi ! Je… »

« Il a simplement été irrespectueux des règles établies. Voilà ce qui arrive lorsqu’on décide de le faire devant moi. Que l’on me conduise dans sa cellule. »

« Vous êtes sûre ? Ce n’est pas un espion de nos ennemis ou alors un traître ? »

« Emmenez-moi… Me suis-je faite mal comprendre ? » termina-t-elle de dire.

Bon, bon ! Il n’allait pas se la mettre sur le dos surtout qu’il savait pertinemment ce qu’on disait d’elle. Froide et insensible, elle avait ce titre de maréchale alors que d’autres le méritaient bien plus à ses yeux mais qu’importe… Elle avait démontré ses capacités mais avec une brutalité et violence que peu de gens pouvaient connaître puisque rares étaient ceux encore en vie chez l’ennemi pour le savoir.


Pendant quelques minutes, ils traversèrent des couloirs sordides, quelques plaintes et gémissements se faisant entendre bien qu’ils ressemblaient plus à des faibles râles qu’autre chose. Finalement, ils arrivèrent devant une porte faite de métal et avec une petite fenêtre grillagée pour permettre de voir la personne à l’intérieur.

« C’est ce que vous vouliez non ? On l’a mis dedans même si d’après ce qu’on a pu voir, il n’a pas l’air vraiment folichon. En fait, c’est à se demander si vous ne l’avez pas trouvé dans la rue en tant que mendiant. C’est qui au passage ? » demanda une nouvelle fois le garde.

« Abstenez vous de faire des commentaires et ouvrez cette porte tout en me donnant les clés. Je veux rester seule avec lui. J’ai à discuter avec cet imbécile. »

Comme elle voulait, c’était elle la patronne. Il prit son trousseau de clés, regardant laquelle correspondait à la serrure avant de la désigner à la maréchale Nali. Celle-ci lui prit le trousseau de clés sans le remercier, faisant un geste de la main pour qu’il s’éloigne. Elle pénétra à l’intérieur de la pièce avant de refermer la porte derrière elle.

« Alors, Tery, comment s’est passée ta première journée en prison ? »

Il ne lui répondit pas alors qu’elle avait dit ça sous un ton neutre, l’observant. Il était agenouillé sur le sol, torse nu alors que ses cheveux bruns cachaient un peu son visage. Elle marcha en sa direction, observant son dos avant de voir qu’il avait quelques marques de fouet. Aucune n’allait rester… pas pour l’instant.

« Tu n’es pas capable de répondre ? Pourtant, ça ne fait que quelques heures que tu es là. Tu sais, c’est vraiment dommage… que tu te comportes comme un imbécile fini. »

« J’ai mal… J’ai très mal… » murmura-t-il avec faiblesse.

« Il est sûr que lorsqu’on n’a point l’habitude de prendre des coups de fouet, ça laisse toujours une certaine surprise à la personne. Néanmoins, ne t’inquiète pas, tu t’y habitueras si tu continues sur cette voie. Sinon… Tu peux très bien commencer à respecter les règles. »

Respecter les règles ? Hey, ce n’était pas de sa faute si il avait eut un petit problème de déviance mais maintenant, c’était différent non ? Enfin, il allait devoir se calmer. Il ouvrit fà moitié ses yeux verts, observant la femme à l’armure de plaque noire. Elle avait toujours son visage couvert par son casque intégral et il lui demanda dans un petit gémissement :

« Ca vous arrive de retirer votre armure ? »

« Tu fais encore la forte tête ? La torture ne te convient pas ? La prochaine fois, je pense que tu garderas des marques à vie. Ca serait dommage… »

« Non ! Non ! Je ne veux… Je ne veux pas … »

Il s’arrêta, toussant un peu. Cet endroit était insalubre et il avait un peu de mal à respirer correctement. Il tenta de se redresser pour se mettre assis, y arrivant avec difficulté alors qu’on pouvait apercevoir sur son torse un magnifique D noir. Avec une légère pudeur, il tenta de camoufler sa lettre alors qu’elle disait :

« Je l’ai déjà vu donc ça ne change rien. De toute façon, j’ai vu des milliers de lettres alors bon… Tu peux retirer tes mains. »

« Oui mais non… Enfin… Je devrais obéir aux ordres. »

Il disait ça avec une légère ironie, la maréchale restant debout sans rien dire en le jaugeant du regard. Il n’avait rien de bien exceptionnel à part… cette marque. Ce n’était pas la lettre qui était intéressante mais la couleur de celle-ci. Une couleur noire si… parfaite.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Je sens votre regard… C’est au sujet de mes lignes noires ? »

« Cette lettre ne changera jamais de couleur. Tout est décidé depuis ton enfance. C’est pourquoi tu peux encore espérer qu’elle change de couleur mais n’y crois plus vraiment. Cela serait stupide de se focaliser là-dessus. »

« Se focaliser dessus, se focaliser dessus, vous en avez de bien bonne, j’aimerais quand même savoir c’est quoi ces fameuses lignes, moi ! » s’écria-t-il sans force.

Il poussa un petit soupir, reprenant peu à peu ses esprits. Il avait la gorge sèche avec toute cette histoire ! Zut de zut ! Il avait soif maintenant. Il posa son regard émeraude sur la maréchale Nali : il n’allait pas lui demander de l’eau quand même ?

« Tu sembles soucieux maintenant. Si tu as faim et soif, tu as de quoi te nourrir et t’abreuver. Ce n’est que du pain rassis et de l’eau mais tu ne mérites pas mieux. »

« Sympathique… Enfin, il ne fallait pas que je m’attende à autre chose. »

Il dirigea une main vers le morceau de pain, l’emmenant vers sa bouche avant de croquer à l’intérieur sous le regard de la femme. En y réfléchissant, elle n’avait pas répondue à sa question. Est-ce qu’il devait se montrer plus insistant ? Ca pourrait lui causer beaucoup plus d’ennuis et il fallait dire qu’il en avait déjà pas mal. Enfin, il était comme ça et on ne pouvait pas le changer ! Peut-être qu’il pouvait le dire d’une façon plus édulcorée ?

« Sauf si ça vous dérange… Pourquoi vous portez toujours cette armure noire ? A force, elle doit être assez lourde non ? Vous n’avez pas mal ? »

« En quoi cela te concerne t-il ? Je ne gère pas ta vie, ne tente pas de gérer la mienne. »

« C’est bon, c’est bon… C’était une question comme ça. »

« Je la retire quand je suis seule, voilà tout. Le reste du temps, elle est sur mon corps. Cela te satisfait comme réponse ? »

C’était mieux que rien. Il émit un petit sourire, finissant son morceau de pain rassis avant de boire quelques gorgées de l’eau se trouvant dans la cruche. Il se sentait un peu mieux : la maréchale Nali lui adressait la parole maintenant et il reprit :

« Je suis sensé rester combien de temps dans cette cage ? Un tel endroit me fait plutôt mal et je ne crois pas que ça soit bon pour mon corps. »

« Arrête de faire l’être espiègle, je n’apprécie guère ce genre de comportement. Pourquoi as-tu rejoint exactement l’armée ? Tu dois te douter qu’ici, il y a des règles et il faut les respecter. Ton comportement n’a rien à avoir avec un futur soldat. »

« Disons que… J’ai rejoins l’armée de Midès à cause de ce type là ! »

« Lequel ? Ce type n’est pas vraiment très descriptif. »

« Vous savez pas ? Le nain ! Il était là hier… ou avant-hier…  Et puis bon, je le trouvais un peu trop prétentieux et colérique. Il m’a quand même… »

« Tu insultes un supérieur dans son dos, Tery. » coupa la maréchale.

Il émit un sourire crispé, se disant qu’il allait avoir encore de gros soucis cette fois encore. Il se donna une claque sur le front, bafouillant quelques excuses en tentant de se faire pardonner. Mais quel imbécile, mais quel imbécile ! Il observa la maréchale, se disant que ça allait être sa fête encore une fois. Non ! Il ne voulait pas se faire torturé une nouvelle fois ! Il avait sa dose ! Il avait bien compris le message !

« Pour cette fois, je vais faire comme si je n’avais rien entendu. »

Hein ? Il retira la main qu’il s’était mis devant son visage pour éviter que le coup ne soit trop violent. Qu’est-ce qui se passait ? Elle n’allait pas le frapper ? Elle était malade ? Elle avait besoin d’aide ? Euh non… Ca ne se disait pas comme ça ! Il resta surpris, ne sachant pas comment réagir face aux paroles de la maréchale.

« Tu peux te relever ? Tu vas sortir d’ici et retourner voir tes camarades. »

« Mais vous n’allez pas me prévenir ? Me crier dessus ? Non pas que j’apprécie ça mais disons… Que je pensais que j’allais avoir plus que ça pour ce que j’ai fais. »

« Si ça avait été quelqu’un d’autre que moi et si tu n’avais été qu’un soldat comme les autres, tu serais en train de croupir et d’être torturé bien plus que ça. Profite de cette chance. »

« Je n’arrive pas à vous cerner, maréchale Nali. »

« Si tu t’efforces de me comprendre, la seule chose que tu te feras sera du mal alors arrête ça tout de suite et redresse toi. » répondit-elle calmement bien qu’un peu irritée.

« Je dois vous considérer comment ? Comme une ennemie ou comme une amie ? »

« ASSEZ ! Ne m’énerve pas alors que je te fais la grâce de pouvoir sortir d’ici ! »

« PARDON ! PARDON ET ENCORE PARDON ! » s’écria-t-il tout en reculant.

Il se releva, titubant légèrement pour retomber sur le dos de la maréchale Nali. Celle-ci ne bougea pas d’un pli comme si le fait qu’un homme lui tombe dessus n’allait pas la faire pencher en avant. Il tenta vivement de s’excuser :

« Pardonnez-moi ! Je me suis relevé un peu trop brusquement et je crois que… »

« ÉLOIGNE-TOI MAINTENANT ! »

Elle lui cria avec véhémence alors qu’il retirait ses mains de l’armure de plaques noire, tentant de bafouiller encore quelques excuses alors qu’elle reprenait bien plus calmement :

« Suis moi, tu ne dois pas savoir te guider hors d’ici et de toute façon, si un garde te repère sans moi, ça ne sera pas que quelques blessures dans le dos que tu auras. »

Glups… Il déglutit, essayant de s’imaginer qu’est-ce qui serait pire ? Un membre cassé ? Le supplice de l’eau ? Le mettre dans une arène contre des monstres imposants et terrifiants ? Il devait arrêter de réfléchir à tout ça ! C’était complètement stupide de s’imaginer toutes ces choses. Il allait simplement se faire peur avec ça ! Il accompagna la maréchale Nali, la suivant sous les regards des quelques soldats qu’il apercevait leur chemin.

Après une quinzaine de minutes, ils se retrouvaient en-dehors de la prison, jetant un œil pour la voir enfin. Dieu qu’elle était gigantesque : Elle devait bien faire une quinzaine de mètres de hauteur et il y avait tellement de fenêtres avec des barreaux et pourtant… Il n’y avait aucun cri, juste des râles. Il n’osait avouer à la femme qu’il avait un peu peur.

« Si tu arrêtes tes bêtises et que tu prends ton rôle de lieutenant très au sérieux, tu n’as même plus à t’inquiéter de cet endroit. Tu ne le reverras plus. »

« Une journée, ça me suffit largement. Par contre… Pour l’entraînement, on fait comment ? »

« J’ai peut-être été un peu… dure avec toi mais quand même, qu’est-ce qui te prend ? Pourrais-je savoir comment cela se fait que tu sois à peine capable de lancer de pitoyables sorts alors que tu as réussi à terrasser ce scorpion géant ! »

« Disons que… Je ne m’en souviens plus exactement. »

« Avec ces lignes noires, tu devrais être capable de bien mieux. »

Il baissa la tête, légèrement honteux de se faire gronder de la sorte par la maréchale Nali. En y pensant, il ne se rappelait plus exactement ce qu’il avait fait… Du moins… Il se rappelait du moment où l’Ombre était tombée au sol, évanouie à cause du scorpion et puis… de la flèche qu’elle lui avait lancée. Mais entre les deux, c’était le brouillard.

« Mais je ne sais rien de ces lignes noires. Vous ne voulez pas m’en dire plus ? »

« Je partirai dans un mois. Avant cela, essaye de te revaloriser aux yeux de toute la troupe que tu vas gérer avec Alfan Ronar. Si j’estime que tu es apte à apprendre quelques brides de la vérité sur ces fameuses lignes, alors, je te les dirais avant mon départ. Néanmoins, rappelles-toi de porter des gants pour que les gens évitent de voir tes lignes. Il en est de même pour ta tenue : évite les manches courtes. Tant que tu n’es pas capable de les contrôler correctement, personne ne doit savoir que tu as ces lignes en toi. »

« Mais qu’est-ce qu’elles sont ? J’aimerais savoir ! Déjà la dernière fois… »

La dernière fois ? Quelqu’un était déjà au courant pour ces lignes noires ? Pour un néophyte ou une personne qui ne s’intéressait pas à la magie élémentaire et à son histoire, ce n’était pas si dramatique mais si cette autre personne savait… Elle feint de ne pas avoir entendue la dernière phrase, lui disant :

« Dis-toi qu’elles sont comme un maléfice… ou comme l’œuvre d’un dieu. C’est à toi seul de voir ce que ces lignes deviendront. »

« Je ne comprend pas… Ces lignes ne sont donc pas mauvaises ? »

« Ne cherche pas à saisir la portée de mes paroles. Un jour, tu découvriras ce qu’il en est réellement. Ca sera à toi de tracer ton chemin à partir de tes pensées et de tes actes. »

Il n’arrivait pas à tout cerner mais il avait l’impression que la maréchale Nali en connaissait bien plus qu’il ne le pensait. Enfin, il n’allait pas l’interroger mais maintenant, il allait devoir donner son maximum s’il voulait en apprendre beaucoup plus sur ses fameuses lignes. Elles lui permettaient d’utiliser tous les éléments mais il y avait autre chose. Il en était sûr et certain mais pour tout connaître. Il allait devoir devenir bien plus fort. De toute façon, il commençait peu à peu à cerner les règles de ce monde : toujours être plus fort que les autres.

« Qu’est-ce que je dois faire maintenant ? » demanda-t-il calmement.

« Ce n’est pas à moi de te le dire. Evite simplement de te retrouver à nouveau dans le cachot. Les personnes comme toi n’ont pas à y loger. Tu vaux bien mieux que ça. »

« Je n’ai pas l’habitude de recevoir des compliments… surtout de votre part. »

« Ca ne fait qu’une journée que tu es ici et ce n’était pas un compliment, mais un constat. Arrête de te baser sur les dires des autres pour te donner une personnalité. »

« Ca, par contre, c’était plutôt méchant. » répondit-il aussitôt.

Elle se retourna vers lui pour voir s’il blaguait. Il devait apprendre à arrêter de considérer tout le monde autour de lui avec désinvolture sinon ça pouvait très mal se terminer. Elle se positionna devant le jeune homme aux cheveux bruns.

« Retourne avec les autres. Vue l’heure qu’il est, je pense qu’ils sont déjà en train de s’entraîner à nouveau. N’oublie pas mes paroles et ça sera déjà bien suffisant. »

« D’accord ! Mais rappelez-vous de ce que vous m’avez dit : si j’arrive à devenir un véritable lieutenant, vous m’en apprendrez plus sur mes lignes. »

« Je n’oublie jamais ce que je dis ou ce que l’on me dit, tu peux en être certain. »

Alors, il n’avait plus qu’à partir maintenant. Il fit cent mètres, puis deux cent mètres devant elle avant de revenir en sa direction. Un peu gêné, il lui demanda :

« Vous pourriez me guider ? Je ne sais pas comment m’y rendre. »

« Je préfère éviter de m’imaginer ce que tu deviendras pendant tout ce mois. »

« Je sens que ce n’est pas sensé me faire plaisir ce que vous me dites. »

Elle soupira longuement à travers son casque noir. Mais qu’est-ce qu’elle avait pour mériter un pareil subordonné ? C’était effarant comme cet homme n’était pas capable de se déplacer tout seul. A se demander comment il avait pu faire pour atterrir jusqu’ici ou alors tout simplement pour survivre. Car OUI… Elle se demandait comment il avait pu survivre au scorpion avec un tel comportement. Finalement, elle murmura :

« Bon… Suis-moi, je vais t’emmener avec ton groupe. »

« Sup… Merci beaucoup, maréchale Nali. »

Il devait se calmer. La maréchale Nali n’était pas quelqu’un de forcément mauvais : il fallait simplement éviter de la contrarier. Chaque personne a ses propres soucis et donc, il pouvait comprendre qu’elle était parfois un peu sur les nerfs. Il était loin d’être le seul à lui causer des problèmes et encore… Il n’était même pas sûr du grade de la maréchale. Peut-être qu’avec un peu de temps libre, il allait se renseigner sur les grades pour voir quelle était la position de la maréchale Nali par rapport au reste des troupes.

Une bonne demi-heure après, ils se retrouvèrent devant le bâtiment où il logeait avec les autres hommes et femmes. Il était assez épuisé par la marche : Il fallait se dire qu’il avait été légèrement torturé et que son corps réclamait un peu de repos. Positionné devant la porte qui allait le mener à l’intérieur du dortoir, il regarda la maréchale Nali avant de dire :

« Merci encore pour m’avoir sorti de ce cachot. »

« Je croyais t’avoir prévenu : Je n’ai pas fait ça pour toi. » répondit-elle sèchement.

« Mais pourtant, sans vous, j’y serais encore à l’heure actuelle. »

« Tu es désespérant, Tery Vanian. Nous nous reverrons dès demain. »

« Mais je ne dois pas aller rejoindre les autres ? » demanda le jeune homme.

Elle s’était déjà retournée pour s’apprêter à partir. Il en faisait trop, beaucoup trop. C’était désolant de voir à quel point il pouvait être fatiguant à force. Elle prononça :

« Pour aujourd’hui, repose-toi. De même, tu es consigné dans ta chambre pour la journée. »

« On dirait une mère qui parle à son fils… Ce n’est pas franchement joyeux. »

Elle tapa du pied sur le sol, un bruit métallique résonnant alors qu’il sursautait. Il n’avait pas dit une bêtise hein ? C’est sûr que considérer la maréchale Nali comme sa mère et en faire la comparaison, ce n’était pas forcément une bonne idée. Elle reprit :

« Ce n’est pas une punition. Je te rappelle que tu m’as signalée que tu avais rejoint de force l’armée de Midès. C’est une chose que je n’apprécie pas réellement. Ainsi, pendant la journée, tu vas te mettre à réfléchir à ce sujet. »

« Mais pourquoi faire ? Je n’en vois pas l’utilité. » marmonna t-il.

« Tu ne vois pas pourquoi tu as rejoint l’armée de Midès ! Tu sais au moins ce qui t’attends là-bas ? Réfléchis-y un peu ! Nous verrons bien si tu comprends la portée de ton acte en venant ici. Il est temps d’arrêter de se comporter comme un gamin. L’armée, c’est la guerre alors je te laisse imaginer les conséquences, Tery Vanian. »

Elle s’éloigna sans lui laisser le temps de répondre. Il en avait beaucoup trop dit encore une fois. Bon… Il devait réfléchir à tout ça. Se dirigeant à l’intérieur du dortoir, il alla dans sa chambre, se couchant sur son lit. Il poussa un petit gémissement en sentant les blessures sur son dos : Ces coups… Ces coups… Ouille, ouille, ouille. Réfléchir à tout ça : La guerre, c’était donc la mort… La mort… de ses ennemis, la mort de ses camarades, SA mort. En y pensant plus longuement, il aurait pu trouver un autre métier bien plus tranquille mais sur le coup, il avait eu besoin d’oublier l’Ombre. Dire qu’il pensait que ça avait été la meilleure solution, il se trompait lourdement. Maintenant, il devait corriger ses erreurs.

Chapitre 20 : Début

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Chapitre 20 : Début

« Hey ! Debout ! » hurla une voix avec force.

Un coup violent à la porte et il se réveilla subitement, se redressant dans son lit. Qu’est-ce qui se passait ? C’était la guerre ! Un autre coup et la voix reprit sur le même ton :

« Non mais debout ! Bordel ! C’est lui le futur lieutenant ? »

« Je crois mais… C’est un nouveau. » murmura une seconde voix après la première.

« Un nouveau ! Mais merde quoi ! Comment un nouveau peut avoir le même grade que moi ? Il n’est pas encore debout à cette heure-ci ! »

« Je suis… réveillé. Et je vous entends … parfaitement. »

Il avait dit ça d’une voix machinale comme si il ne croyait pas en ses propres mots. Ce n’était pas de sa faute s’il ne savait pas comment ça marchait ici. Et au passage, il était où ? Un coup d’œil à gauche, un coup d’œil à droite. Ah… C’est vrai. Maintenant… Il était dans l’armée de Midès. Une nouvelle vie. La voix reprit encore plus forte :

« Si t’es réveillé, rapplique en bas d’ici cinq minutes grand maximum ! BORDEL ! Ca sert à quoi d’être lieutenant si c’est pour feignasser ? »

« Ce n’est pas de ma faute ! Je ne savais pas ! » hurla-t-il sans conviction.

« Je ne savais pas, je ne savais pas, fous toi pas de ma gueule ! »

« Bon… J’arrive dans cinq minutes, le temps de me passer un peu d’eau sur le visage. »

« Ouais, ouais ! CINQ Minutes ! » termina de dire la voix de l’autre côté de la porte.

Ca commençait très bien dis donc. Il quitta son lit, se levant en passant une main devant sa bouche pour éviter de trop bâiller. Vraiment… Quel bordel. Il était quelle heure ? Il ouvrit sa fenêtre en même temps que les volets… remarquant qu’il faisait à peine jour. Le soleil venait de se lever ? Il prit une profonde respiration avant de murmurer pour lui-même :

« Il n’est même pas six heures je suis sûr. Ah … Je n’ai pas l’habitude, moi. »

Il se passa rapidement de l’eau sur le visage, se disant qu’il devait donner une bonne impression en allant voir les autres. Enfin… C’était déjà loupé pour l’instant. D’après ce qu’il avait cru comprendre, l’autre personne était plutôt en colère.

« Rien à faire, je m’excuserais plus tard. » marmonna-t-il.

Il s’observa dans le miroir, regardant s’il avait une coiffure potable ou non. Bon… Ca allait… Il devait se dépêcher. Ca allait faire cinq minutes et il préférait ne pas entendre l’autre lieutenant lui crier dessus à nouveau. Une fois, c’était bien suffisant. Il allait devoir apprendre à se lever bien plus tôt s’il voulait une telle chose. C’était loin d’être plaisant bien que ça faisait comme une alarme humaine. Ce n’était pas le temps de plaisanter !

« Te voilà ? C’est quoi ton nom ? » demanda un homme d’une trentaine d’années.

« Tery Vanian. J’ai été envoyé ici après les entraînements d’hier. »

« Donc t’es un nouveau ? Comment t’as pu devenir un lieutenant ? »

Pfiou ! Il en avait des questions à lui poser ! Il passa une main dans ses cheveux, encore à moitié endormi alors qu’il observait les personnes. Elles étaient bien une cinquantaine. Il y avait quelques femmes, chose étonnante à ses yeux mais elles ne semblaient pas provenir du même bâtiment qu’eux. Il observa l’homme qui s’adressait à lui. Un homme âgé d’une trentaine d’années, aux cheveux bruns comme lui et au caractère assez rude, chose qui contrastait avec le fait qu’il semblait faire sa taille et qu’il avait autant de muscles que lui.

« Cette femme avec l’armure de plaques noire. » murmura le jeune homme calmement.

« Une femme avec une armure noire ? » reprit l’autre lieutenant.

« C’était la maréchale… Nali je crois. » compléta Tery.

Des fous rires se firent entendre de la part des hommes et des femmes comme si il venait de dire une chose des plus hilarantes. Vraiment, il ne voyait pas ce qu’il y avait de si drôle dans ses propos. Enfin bon… Il ne s’attendait déjà pas à grand-chose de la part de ces personnes. L’homme aux cheveux bruns reprit en tentant de calmer les rires :

« La maréchale Nali ? Tu blagues n’est-ce pas ? Qu’est-ce que crois ? Qu’elle viendrait nous voir ? Nous ? T’es un de ces foutus nobles ? »

« NON ! Je ne suis pas un noble ! C’est pour ça qu’on m’a envoyé ici ! » hurla Tery.

« Envoyé ici ? T’étais avec les nobles d’hier ? Les nouvelles recrues fringantes ? »

Nouveaux éclats de rire alors qu’il baissait la tête. Non mais, ils peuvent aller se faire voir hein ? Il ne fallait pas abusé non plus ! Il n’avait rien de mal à ce qu’il sache ! Qu’est-ce qu’ils avaient tous à se foutre de lui ? Il dit d’une voix un peu énervée :

« Oui j’étais avec elles ! J’ai tué le scorpion dans Litan Deseria et on m’a emmené avec eux ! Il y a un problème à ça ? Car je commence vraiment à en avoir marre de … »

« T’échauffe pas gamin ! T’es celui dont on parle dans les rumeurs ? » coupa le lieutenant.

« Comment ça ? Les rumeurs ? Où est-ce que vous voulez en venir ?! »

Voilà, c’était parti, il s’énervait pour un rien mais c’était de leur faute ! Maintenant, ils ne rigolaient plus et ils le regardaient étrangement. C’est vrai qu’il n’avait pas la stature d’un héros ou d’un homme avec cent kilos de muscles mais voilà quoi !

« Disons que depuis hier, lorsqu’on a vu le nain qui s’affolait et qui rigolait, on s’est tous posés des questions. On a parlé à un garde et il nous a raconté qu’un jeune avait réussi à se débarrasser de la vilaine bébête dans la grotte. C’est donc toi ? »

« C’est exact ! Je suis celui qui l’a tuée ! Je vais devoir le répéter combien de fois ? »

« T’es vraiment pas crédible dans ton rôle. Enfin bon… T’es sûr de ne pas raconter des bobards toi ? Comme si la maréchale Nali allait se ramener ici, surtout pour… »

« Il y a un problème ici ? » annonça une voix au loin.

L’homme s’arrêta subitement alors que toutes les têtes se tournaient pour voir la femme à l’armure de plaques noire. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Tous étaient étonnés de l’apercevoir mais seul Tery ne semblait pas vraiment heureux de savoir qu’elle était ici.

« Il… Il ne mentait pas ? Il disait que c’étiez vous qui l’aviez nommé en tant que lieutenant. »

« C’est exact. Je suis même là pour être sûr que son commandement sera respecté. »

« Il le sera ! J’vous le promets ! Bon les gars, on va commencer par quelques tours de piste pour vous échauffer. Moi et… C’est quoi ton nom ? »

« Tery Vanian. » murmura tout simplement le jeune homme aux cheveux bruns.

« Et Tery Ragian, on va se mettre en bout de file et prend un rythme régulier. Tous ceux que l’on dépasse feront un tour supplémentaire ! »

Il devait y aller lui aussi ? Il observa la femme en armures de plaques noire, se demandant pourquoi elle était ici à part pour leur dire qu’il était le nouveau lieutenant. Enfin bon, il ne comprenait pas tout et comme d’habitude, il nageait en plein mystère. A force, il allait devoir s’y faire. Le groupe fit un tour devant lui et l’autre homme, celui-ci lui disant :

« Bon, on y va. Suis ma cadence et évite de trop ralentir. Ces types profiteront de la moindre faiblesse de ta part. Et c’est clairement pas ce qu’on désire. »

« D’accord… Je vous suis, enfin, je vais essayer. »

Il espérait que les nombreux entraînements avec l’Ombre allaient lui être profitables. Lorsque le dernier homme passa devant lui et l’autre lieutenant, tous les deux se mirent à courir. La femme à l’armure de plaques noire observa le petit manège pendant une dizaine de minutes, ses bras croisés au niveau de sa poitrine.

« Bon… On va accélérer un peu la cadence. » murmura l’autre homme.

« D’accord ! Aucun souci ! Je peux facilement continuer. » répondit-il.

Et bien… Visiblement, tous ses efforts étaient récompensés. Il pensait avoir beaucoup de mal que ça mais non, il arrivait à suivre le rythme de l’autre lieutenant bien qu’il était déjà un peu épuisé. Il évitait néanmoins de le montrer, rattrapant les dix derniers alors que la femme à l’armure de plaques noire tapa dans ses deux mains pour dire que c’était terminé. Même si ce n’était pas elle qui avait lancée la course, elle venait de l’arrêter. Une majorité de personnes se penchèrent en avant, les derniers faisant un nouveau tour alors qu’il tentait de reprendre une respiration décente et normale.

« Bon. Après que tout le monde se soit amusé à courir, nous allons commencer la phase d’entraînement qui concerne l’utilisation de la magie ! Pour ceux qui ne s’en rappellent pas et je sais que c’est le cas, la magie et l’art du combat avec des armes sont deux choses différentes mais complémentaires ! Vous pourrez être doué dans l’un ou l’autre, rares sont ceux qui soient doués dans les deux et encore plus rares sont ceux capables de maîtriser les deux en même temps ! » s’écria le lieutenant.

« Bien que je sois un lieutenant qui débute, je vous dis clairement que je ne suis pas là pour plaisanter ! Veuillez vous mettre en plusieurs groupes suivant ce par quoi vous voulez commencer ! L’un s’entraînera aux armes, l’autre à la magie ! Nous commencerons quand chacun aura décidé à quoi il veut s’entraîner. Essayez de faire deux groupes de même taille si c’est possible. Maintenant, commencez ! »

Il avait pris la parole tout de suite après l’autre lieutenant, celui-ci le regardant d’un air étonné comme si c’était bien lui qui s’était exprimé. Si il était du même grade que lui, c’était normal qu’il s’adresse lui aussi aux autres soldats non ? Il passa une main dans ses cheveux bruns, vaguement gêné par les murmures qui se faisaient entendre. Il avait peut-être un peu trop ouvert la bouche encore une fois. L’autre lieutenant prit la parole :

« Mouais… Faites comme il vient de dire, j’ai à parler avec lui ! On va discuter lui et moi, je sens que ça va être intéressant. Suis-moi Tery. »

Les soldats commencèrent à se réunir et à discuter entre eux alors qu’il se mettait à suivre l’autre lieutenant donc il ne connaissait même pas le nom. Ils furent rapidement accompagnés par la femme à l’armure de plaques noire. Celle-ci ne semblait pas très loquace contrairement à hier. Au bout d’une dizaine de mètres, l’homme s’adressa à lui :

« Bon d’abord, je sens qu’on va pas partir du bon pied si on continue comme ça. Je me présente : Alfan Ronar. Je suis là depuis deux années et toi ? »

« Il s’est inscrit juste hier. C’est moi-même qui ai décidé de le nommer à ce poste. »

« Juste hier ? Sauf votre respect, maréchale Nali, je trouve que c’est une décision prise un peu trop rapidement à mon goût. » dit Alfan en se tournant vers la maréchale.

« Je sais très bien ce que je fais. Il n’est qu’une jeune pousse mais il sera rapidement capable de diriger d’autres hommes si vous l’aidez, Alfan. »

« Vos paroles m’honorent bien que je reste quand même intrigué par votre choix. »

« Au passage, puisque je suis là pendant un mois, il se peut que je supervise l’entraînement aux sorts voir au combat de votre groupe. » annonça la femme en armure en noire.

« Mais nous ne voudrions pas vous accaparer trop de temps, madame la maréchale. »

« Ca ne sera pas du temps perdu. » répondit-elle, bien qu’elle ne semblait pas s’adresser à lui.

Il vit le regard de la maréchale qui se posait sur lui et il se sentit soudainement mal à l’aise. Vraiment… Qu’est-ce qu’il avait de si spécial ? Peut-être que… ses veines noires étaient le sujet qui intéressait la femme ? Ca devait être sûrement ça ! Il n’y avait pas d’autres possibilités de toute façon. Il sentait qu’il venait de trouver la réponse à ses questions ! Du moins, à une partie de ses questions. Il poussa un léger soupir d’apaisement, chose qui n’échappa pas aux deux personnes à côté de lui. La femme demanda :

« Tu sembles heureux d’apprendre cela ou je me trompes ? »

« Non, non. Disons que… D’un côté, ce n’est pas plus mal non ? Vous semblez expérimentée et plutôt puissante donc ça ne peut être qu’une bonne source d’apprentissage. »

« Hum… Bien rattrapé mais ça ne sera pas suffisant. » répondit la maréchale calmement.

Il émit un petit sourire gêné alors que la femme restait parfaitement immobile. Les groupes étaient formés et Alfan lui demanda de quel groupe il voulait s’occuper. Maintenant, il paraissait bien embêté par tout ça. Il dit :

« Bon et bien, tu préfères lequel ? Je te laisse choisir, ensuite, je prendrais l’autre groupe. »

« Il va prendre celui des combats tandis que toi, tu vas t’occuper des sorts. »

C’était réglé : ce n’était ni lui, ni Alfan, qui avait décidé, c’était elle. Alfan haussa les épaules, se dirigeant vers son groupe alors qu’elle allait vers l’autre qui allait s’entraîner à la magie, Tery la suivant sans rien dire. Elle reprit la parole en annonçant :

« Pendant toute la durée où je serais présente, ça sera moi qui vous entraînerait aux différents sorts et au combat. Je vous conseille de donner votre maximum sinon il y a de fortes chances que vous passiez le reste de votre vie à surveiller les portes des villes perdues dans le royaume de Shunter, chose que je vous déconseille. »

« Oui, madame la maréchale ! »

Tout le monde s’exclama en même temps, faisant un salut militaire digne de ce nom alors qu’il se mettait devant les autres pour suivre leur exemple. Quelques minutes plus tard, ils se dirigèrent vers une nouvelle salle. Maintenant qu’il avait commencé avec quelques combats hier, il allait devoir s’entraîner aux sortilèges. Dégâts en perspective selon lui.

« Que chacun se mette avec un compagnon qui utilise le même élément. Tery, toi, tu me suis dans un coin de la salle. C’est moi-même qui vais t’entraîner. »

« J’ai l’impression d’avoir déjà vécu ce moment. » murmura le jeune homme.

« Ah bon ? Et qui était ton maître de sortilèges ? »

« Je préfère éviter d’en parler si cela ne vous dérange pas, maréchale Nali. »

Elle signala que c’était bon et qu’elle ne lui poserait pas plus de questions. Néanmoins, il était sûr qu’elle … aller chercher à savoir. Comme elle était au courant pour ses lignes noires sur ses mains, il devait bien se demander si l’Ombre savait pour celles-ci. La réponse était oui… L’Ombre était au courant… Il le savait ! Tout ça à cause de ses lignes noires ! Il espérait qu’avec la maréchale Nali, il allait en apprendre plus sur ces dernières.

« Hum… Nous sommes assez éloignés. Dorénavant, tu porteras des gants pour éviter que les autres ne remarquent tes lignes noires. » lui dit-elle avec neutralité.

« Maréchale Nali… Vous semblez bien connaître ces lignes noires. Qu’est-ce qu’elles sont ? »

« Pourquoi tiens-tu à le savoir ? Tu n’es pas au courant de que ces lignes représentent ? »

« Et bien, j’ai toujours pensé que c’était parce que je n’avais pas d’élément de prédilection mais au final, je me dis que ce n’est pas ça. »

« Ce n’est pas correct. Je t’en dirais plus suivant tes progrès. Nous allons voir où tu en es précisément. Donne ton maximum en me visant. » termina t-elle de dire.

Elle n’avait pas peur qu’il lui fasse mal ? C’est vrai qu’en y réfléchissant, elle avait quand même une sacrée armure sur le corps. Bon, autant faire de son mieux. Il jeta un regard derrière lui pour voir ce que les autres accomplissaient comme prouesses avant de déglutir. Il allait se ridiculiser devant la femme, il en était sûr. Il n’y connaissait pas grand-chose à la magie ! Il fit jaillir une petite flamme au bout de sa main droite, des lignes noires apparaissant sur ses doigts. Il projeta la flamme sur la maréchale Nali, celle-ci ne faisant pas un simple geste pour l’arrêter. La flamme percuta son armure de plaques noires avant de disparaître. Elle énonça d’une voix claire :

« Et c’est tout ce que tu as ? »

« C’est tout ce que j’ai… » murmura le jeune homme, baissant la tête.

« Quel qualificatif dois-je donner à ce semblant de magie, Tery ? »

Il baissa la tête, honteux avant de se dire que ce n’était pas forcément une bonne chose que d’avoir dévoilé ses lignes noires à la maréchale Nali. Celle-ci poussa un léger soupir avant de dire d’une voix dure mais forte :

« Qu’est-ce que je dois faire de toi ? Peux-tu me le dire ? »

« Ce n’est pas à moi de décider. Je ne fais qu’obéir aux ordres. »

« Je ne vois même pas la peine que je te parles de tes lignes noires dans ces conditions. Peut-être que je t’en dirais un peu plus lorsque tu ressembleras à quelque chose. »

« Mais… Mais… Mais où est-ce que vous allez ? » bafouilla le jeune homme.

« Où je vais ? Voir simplement ce que les autres accomplissent. Je n’ai pas besoin de m’encombrer d’une personne inutile. Tu es loin d’être satisfaisant et peut-être que ces lignes noires font de toi quelqu’un de potentiellement intéressant mais à côté, tu n’es rien. Peut-être qu’un jour, je t’en parlerais. Mais là, tu n’en vaux pas la peine. »

Hein ? Mais de quoi ? Comment ça ? Hey ! Elle partait sans rien dire, le laissant en plan alors qu’il sentait la colère l’envahir. Non mais cette femme se prenait pour qui ? Inutile ? Si elle n’était pas sa supérieure, il… Il… Il aurait fait quoi ? Il se serait jeté sur elle comme un chiffonnier ? C’était à voir. Il la regarda partir, bouillonnant d’énervement alors qu’il se demandait ce qu’il devait faire maintenant. Il s’écria sans même comprendre :

« NALI ! Où est-ce que vous comptez aller comme ça ? »

La femme à l’armure de plaques noire s’arrêta subitement en même temps que les nombreux combats. Il mit une main devant sa bouche, comprenant enfin ce qu’il venait de faire comme idiotie. La maréchale Nali se retourna lentement, ses bruits de pas métalliques se faisant entendre alors qu’elle revenait vers lui. Déconfit, il balbutia :

« Euh… désolé… Je crois que ma langue… a fourché. Comment dire… Je ne pensais… »

« De l’insubordination ? C’est cela que je relève chez toi, Tery ? »

« Non, non… Je vais comment dire… » tenta-t-il de dire en cherchant ses mots.

Elle se retrouva devant lui et il la trouvait bien plus impressionnante maintenant qu’elle était en face de sa personne. Comment dire… Elle était même imposante. Il sentit les gantelets noirs qui craquaient en se refermant.

« Est-ce que tu as une simple idée de ce que je représente dans l’armée de Shunter ? »

« Euh… Une haute position ? Enfin… Quelqu’un de respecté ? »

« Et est-ce que tu me respectes en ce moment ? »

« Disons que… mes mots ont dépassées mes pensées mais oui … Je vous respecte. »

« Tery Vanian, dans l’armée de Midès, non, dans l’armée de Shunter, il y a des règles à respecter. L’une d’entre elles est de toujours s’adresser respectueusement à son supérieur. Sais-tu ce que cela veut dire ? »

« Que je vais avoir mal ? » osa-t-il dire bien qu’il fermait déjà les yeux.

Elle hocha la tête d’un air négatif alors qu’il n’arrivait pas à voir son visage. Le poing refermé alla le frapper au niveau du ventre, le faisant tomber à genoux alors qu’il s’était mis à cracher puis à vomir. Cette force… Déjà qu’il pensait que l’autre nain avait été violent sur ce coup, celui-ci était encore plus barbare ! Il s’était même mis à cracher du sang alors qu’il était soulevé par le col de sa tenue, traîné au sol. La voix de la maréchale se fit entendre dans la salle, plus personne n’osant esquisser ne serait-ce qu’un geste. Elle dit :

« Bon… Vous allez vous entraîner entre vous pendant que Tery ira faire un petit tour dans les cachots pour qu’il comprenne exactement quelles sont les règles en vigueur ici. Que chacun retourne à ses occupations ! ROMPEZ ! »

« OUI, MADAME ! » s’écrièrent les soldats avec appréhension.

Voilà qu’il s’était mis définitivement à dos la maréchale Nali. Quel imbécile mais quel imbécile ! A chaque fois, il fallait qu’il commette une bêtise. C’était tout lui ! Ahhh ! Qu’il bénissait presque les jours où il était avec l’Ombre.

Chapitre 19 : Refus d’obtempérer

ShiroiRyu
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Chapitre 19 : Refus d’obtempérer

« Tu vas la montrer ta magie ? Je vais te forcer à la dévoiler ! » s’écria son adversaire.

Il pouvait toujours rêver ! Il ne voulait pas l’utiliser ! Surtout pas devant eux ! A défaut de se moquer de lui, ils allaient être effrayés, ce qui n’était guère mieux. Il ne voulait pas finir une nouvelle fois par combattre une personne à qui il tenait. Dans ce cas précis, il ne tenait à personne alors l’affaire était réglée mais quand même.

« Tery, je t’ordonne d’utiliser ta magie maintenant. » annonça la femme en armure noire.

« Mais… Mais… Je ne peux pas ! C’est impossible ! » s’écria le jeune homme.

« APPLICATION MAINTENANT ! »

Bon… Il devait lui obéir… ou alors combattre son adversaire sans faire apparaître ses veines noires. Pourquoi n’avait-il pas de gants et des longues manches ? Un peu comme l’Ombre ! Ca aurait été bien plus simple de cette façon ! Personne n’aurait remarqué ses lignes noires ! Il fit une roulade se le côté, évitant les flammes générées par la lame d’Onan. Les flammes ne semblaient même pas faire souffrir l’homme. Etait-il ignifugé à ses propres flammes ? Peut-être. Il ne pouvait pas vraiment se poser de questions pour l’instant.

« Alors, tu ne veux pas l’écouter ? Si tu continues, tu vas perdre le combat. »

« Comme si la victoire m’intéressait. Ce n’est qu’un… combat d’entraînement ! »

« L’occasion rêvée de montrer ce que nous valons aux yeux des autres ! »

Ainsi… Il combattait simplement pour impressionner les autres personnes ici ? Tss ! Raison de plus pour ne pas se montrer en spectacle ! Ripant les lames de ses griffes les unes contre les autres, il courut en direction d’Onan, essayant de ne plus se préoccuper de la flamme crée par sa lame. Il y avait bien un moyen de le contrer mais il allait souffrir pour ça. De sa griffe gauche, il alla frapper la lame chauffée par le feu du jeune homme aux cheveux blonds.

« C’est risqué, tu ne crois pas, non ? Tu vas te faire mal. » murmura Onan en souriant.

Et c’était le cas, il serra les dents pour ne pas crier de douleur en sentant les flammes qui venaient lécher sa griffe qui ne fondait pas pourtant. C’était du bon travail d’artisan mais ça n’allait pas lui suffire à gagner le combat ! De sa griffe droite, il tenta de frapper Onan au niveau du visage mais la lame vint se planter dans la rondache, le jeune homme reprenant :

« Et maintenant, on va s’amuser à rapprocher les flammes près de ton visage, mendiant ! »

« Fais ça et je te promets que je t’écrase ! » hurla aussitôt Tery.

L’écraser ? C’était drôle de l’entendre dire ça alors qu’il faisait son maximum pour ne pas hurler à la mort. Il voyait Tery qui tentait de retirer ses griffes de sa rondache mais il faisait plusieurs gestes pour le gêner. Voilà ce qui allait lui en coûter de se lancer à corps perdu contre quelqu’un qui sait manipuler le feu ! Peu à peu, la distance entre les flammes de sa lame et le visage d’Tery diminuait avant qu’un cri ne se fasse entendre :

« Le combat est terminé ! Onan, arrête ça maintenant ! Tu as gagné ! »

« Pfff, ce n’est pas drôle. Ca n’a pas duré dix minutes. » murmura Onan.

« Tu penses donc que l’armée et le combat sont des jeux ? »

La voix impériale de la femme en armure de plaques noires résonna aux oreilles d’Tery qui semblait légèrement sonné par tout ça. Onan s’excusa, les flammes disparaissant en même temps que ses veines rouges. Non, non, il ne pensait pas que c’était un jeu, loin de là ! Tery était tombé à genoux, reprenant son souffle alors qu’il entendait les pas métalliques de la femme. Il ouvrit la bouche, prononçant :

« Pour… Pourquoi ? Je pouvais encore … encore combattre ! »

« La ferme ! C’est à moi de te poser une question ! Pourquoi tu as rejoint l’armée si ce n’est pour te battre ?! Peut-être que tes camarades seraient morts à cause de ton inactivité ! »

Elle vint le frapper dans les côtes, le faisant rouler au sol tandis qu’il cracha en gémissant. Ca faisait sacrément mal un soleret ! Onan eut le droit à quelques félicitations de la part des autres nobles, le remerciant d’avoir remis Tery à sa place. Le jeune homme aux cheveux blonds signala que ce n’était pas grand-chose, que c’était normal mais la femme se retourna subitement avant de reprendre d’une voix irritée :

« Bark, Palio, mettez vous sur le terrain ! MAINTENANT ! »

« Mais il y a ce… » commença à dire l’un des nobles.

« EXECUTION J’AI DIS ! » hurla la femme en plaques noires.

Ohla ! Elle était furieuse ou quoi ? Les deux hommes se positionnèrent devant, attendant qu’elle lance le début du combat. Tery ne s’était toujours pas relevé mais fut soulevé par le col comme un vulgaire pantin. La main gantée de plaques noires alla l’éjecter en-dehors de la zone de combat tandis qu’elle reprenait :

« Commencez le combat ! Vous avez intérêt à le faire DES MAINTENANT ! »

Elle ne se préoccupait pas du combat, continuant de s’approcher de Tery pour le relever une nouvelle fois, le plaquant contre un mur alors qu’il se laissait faire. Elle lui murmura :

« Toi, dès que c’est terminé, tu ne perds rien pour attendre. Je vais m’occuper de ton cas. »

« Je n’ai simplement pas… envie d’utiliser ma magie. »

« PAS ENVIE ? Non mais de quel droit te permets-tu de ne pas avoir envie ! »

Elle lui donna une violente claque, la joue de Tery commençant à saigner à cause du gant de métal. Elle le laissa finalement assis contre le mur, ne se préoccupant plus de lui. Elle retourna vers les autres personnes pour observer le combat à leurs côtés. Ca ne faisait même pas une journée… et il se l’était déjà mise sur le dos.

« Non mais tu fais quoi là ! » s’écria la femme en armure noire avec énervement.

« Dé… Désolé mais il m’arrive parfois de perdre le contrôle de mon eau. »

« Alors ne l’utilise pas si c’est pour te louper comme ça ! Sur un terrain, tu risquerais de créer des dommages collatéraux et de blesser tes compagnons ! »

« Pardon cheffe ! Je ne recommencerais plus ! » répondit le soldat en s’excusant.

« C’est bon, le combat est terminé. Tu as perdu ! »

Vraiment, ils trouvaient qu’elle était bien moins sympathique depuis qu’elle s’en prenait à eux. L’énervement qu’elle ressentait à l’égard de Tery ne faisait qu’accentuer sa colère et ses cris. Au final, c’était eux qui subissaient par la faute du jeune homme aux cheveux bruns ! A la fin, il allait en baver et ça n’allait pas être joli.

« Bon ! Que la finale entre les deux derniers combattants se fasse ! Après ça, je vous expliquerais ce qui va se dérouler. » annonça celle qui les dirigeait.

Il allait bien mieux maintenant. Il pouvait observer les deux « champions » qui combattaient avec ardeur. Les autres avaient quelques égratignures et blessures mais ils semblaient plutôt contents d’eux. Lui ? Il était resté assis contre le mur, ne s’étant pas relevé. Pourquoi faire ? Il n’allait pas retourner vers eux et taper la discussion.

« T’as fini de rester cloîtré ? Ou tu veux de l’aide ? »

« Vous… ne regardez pas le combat ? » dit-il en se redressant, surpris par la femme.

« Pourquoi ça ? J’ai déjà pris ma décision vous concernant, toi et les autres. Relève-toi et vas les rejoindre. C’est bientôt terminé. Et plus vite que ça. »

Elle semblait s’être calmée et il poussa un petit soupir de soulagement. Tant mieux… remit correctement debout, ayant retiré ses deux griffes. Il marcha en direction des personnes de son groupe sans pour autant leur adresser la parole. Il pouvait quand même entendre les murmures qu’ils avaient entre eux :

« Ca ne lui a pas suffit la raclée qu’il a pris. Il en redemande. »

« Il va être bon pour se faire malmener héhéhé. » chuchota un second homme.

« Vous avez finis de parler ?! Taisez-vous un peu ! »

Ah… Finalement, elle n’était pas calmée et plusieurs regards se tournèrent vers Tery, celui-ci faisant semblant de les ignorer comme si ça ne le concernait pas. Il n’avait rien à se reprocher. Si cette femme s’énervait pour un rien et aussi facilement, en quoi il était responsable ? Bon, il faisait un peu son indifférent et sa tête de mule mais il savait très bien qu’il était la raison de l’énervement de cette femme. Simplement, il ne voulait pas se prendre la tête plus longtemps avec cette histoire. Il observa la fin du dernier combat, remarquant que les deux jeunes hommes maniaient aussi bien la magie que l’arme.

« Vous vous demandez à quoi ces nombreux combats ont servis, n’est-ce pas ? »

« Ce n’est pas pour évaluer nos compétences ? » osa demander un homme.

« Si c’était uniquement pour ça, vous comprendriez mes choix mais malheureusement ce n’est pas que ça ! Ces combats m’ont permis de vous épuiser et ainsi de vous maîtriser. Dorénavant, vous savez à quoi vous attendre si vous vous permettez de déroger aux règles. »

Même si elle ne visait pas particulièrement Tery, tout le monde voyait de qui elle parlait. Il y eut quelques toussotements amusés alors qu’elle faisait les cent pas devant les seize hommes qui se tenaient devant elles. Certains étaient légèrement blessés, d’autres presque indemnes mais celui dans le plus sale état était Tery. Malheureusement, ce n’était pas le résultat des deux combats qu’il avait menés mais plu de la femme en armure noire.

« Ainsi, je vais donner les noms des quatre personnes qui auront la possibilité de gérer une petite troupe car ici, le but n’est pas simplement de savoir se battre mais aussi de faire que tout le monde revienne en vie. Pour ça, il faut savoir commander, or ce n’est pas le cas de tout le monde. Bon… Voilà les noms… »

Lentement, elle prononça le nom du vainqueur de ce minuscule tournoi puis du finaliste perdant. Enfin, le troisième nom était celui qui avait perdu en demi-finale contre le vainqueur du tournoi et le dernier… était quelqu’un éliminé au second tour. Ce quelqu’un était…

« Tery Vanian. Voilà, les quatre noms sont donnés. »

« Hein ? Mais… Pourquoi lui ? » demanda l’un des hommes, plus que surpris comme le reste.

« Quelqu’un conteste t-il mon choix ? Si c’est le cas, qu’il vienne me le dire en face. »

« Non mais… Expliquez nous, pourquoi ce paysan ? »

« Je t’entends parfaitement, tu sais. » murmura Tery calmement.

Il soupira bien qu’il était aussi surpris que les autres. Qu’est-ce qu’il avait fait de spécial ? Rien ! Rien du tout ! Il voulait aussi comprendre la raison qui poussait cette femme à le choisir comme l’un des…chefs ? Il se présenta devant la femme, s’apprêtant à parler mais ce fut elle la première à répondre :

« Je n’ai pas à m’expliquer. J’ai donné les quatre noms, vous allez bientôt rejoindre les autres groupes et enfin, on vous affectera vos dortoirs. Mettez vous en file indienne devant moi et déposez vos armes et boucliers dans le sac. Tery, tu viens m’aider. »

« Mais pourquoi moi ? Qu’est-ce que j’ai fais ? »

Il ronchonna légèrement, se disant qu’elle allait lui en faire voir de toutes les couleurs. Il allait devoir se montrer bien plus gentil et obéissant car sinon, il sentait bien les nombreuses corvées qui allaient lui tomber dessus. En plus, si on rajoute les coups qu’il s’était pris, il allait finir estropié en moins d’un mois, peut-être un nouveau record ? Il s’installa à côté de la femme dans son armure de plaques noires, tenant le sac pendant que chacun passait devant lui pour déposer les armes et les rondaches utilisées. Chacun émettait un petit sourire en le voyant fatigué et exténué par tout ça. La femme en plaques noirs dit :

« Maintenant que toutes les armes sont entreposées, vous pouvez sortir de là. Continuez toujours tout droit, vous devriez pouvoir rejoindre les autres. »

Il s’apprêtait à partir, ayant terminé son travail mais la main de métal se posa sur son épaule pour lui signaler que c’était loin d’être fini entre elle et lui. Il observa les personnes s’éloignaient en portant leurs regards sur lui. Il allait encore souffrir, il en était sûr. Lorsqu’il ne resta plus personne, la femme à l’armure de plaques noires reprit la parole :

« Maintenant, tu vas me montrer ta magie terrestre. »

« Heu… Nous allons être en retard. » murmura-t-il avec un peu d’appréhension.

« Ici, c’est moi qui parle, d’accord ? Tu as assez fait l’histrion, maintenant tu… »

« Mais sincèrement, je préfèrerais ne pas la montrer. »

Il reçu un violent coup de poing au niveau de la joue droite, venant l’entailler une nouvelle fois avant qu’il ne se retrouve au sol. Ca faisait vraiment trop mal ces choses ! Est-ce que cette femme ne pouvait pas comprendre les réticences qu’il avait à montrer ses lignes noires ?! Il se releva en passant une main sur sa joue, disant :

« Pourquoi… vous voulez savoir si je suis capable d’utiliser la magie ? »

« Ce n’est pas en ça que je me pose des questions mais plutôt sur ton refus d’obéir. Tu as quelque chose à cacher et dans l’armée, il vaut mieux ne rien cacher si tu veux rester en vie. Les traîtres ne font pas long feu. Comprends-tu maintenant ? »

« Mais je ne suis pas un traître ! Simplement… »

« Je ne te demande pas de me créer des rochers de deux mètres de diamètre mais de voir si tu es réellement capable d’utiliser la magie. Les mensonges peuvent causer énormément de pertes… que ça soit matérielles, physiques ou mentales. »

« Bon, bon… Je veux bien vous montrer mais je vous en prie, ne me jugez pas ! »

« Te juger ? Sur quoi ? » demanda-t-elle, un peu étonnée.

Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Sa dernière phrase venait de lui faire porter une réelle interrogation sur le jeune homme qu’elle voyait. Celui-ci trembla légèrement, tentant de se donner une contenance qu’il n’avait pas. Il devait se concentrer pour faire apparaître une pierre dans sa main, ça devrait suffire à cette femme. Enfin … Il espérait.

Lentement, des traits noirs apparurent sur son bras droit alors qu’il fermait ses yeux verts. Pendant quelques secondes, de la poussière se réunissait autour de lui avant de former une pierre d’une taille de cinq centimètres sur cinq bien qu’elle avait un aspect proche d’une forme sphérique. Il poussa un léger soupir, montrant le résultat de sa magie à la femme à l’armure de plaques noires. Maintenant, il avait plutôt peur … de sa réaction.

« Voilà… Vous avez la preuve que je sais utiliser la magie. »

« Oui… C’est bon, vas rejoindre les autres. » répondit-elle avec neutralité.

« Vous… Vous n’avez pas de questions à me poser ? Enfin des choses à … »

« A quel sujet ? Vas les rejoindre maintenant ! »

« D’accord, cheffe ! Je me mets tout de suite… Ah ! ZUT ! »

Il poussa un petit cri alors qu’elle se retournait vers lui. Il s’était déjà dirigé vers la sortie mais il revenait vers la femme. Qu’est-ce qu’il y avait encore ?! Il s’excusa plusieurs fois, lui signalant qu’il avait oublié son sac pour y mettre ses deux griffes.

« Je vais… J’y vais maintenant. » dit Tery en tremblant légèrement.

« C’est bon, reste ici à m’attendre. D’après ce que j’ai remarqué, tu es loin de briller par ton intelligence. Tu risquerais de te perdre même en ligne droite. »

« Ce n’est pas très sympathique. Enfin … C’est peut-être vrai car je ne connais rien ici. »

« Je suis ta supérieure. Je ne suis pas faite pour être sympathique. »

Elle souleva avec facilité le sac qui contenait les nombreuses armes ayant servies pour l’entraînement d’aujourd’hui. Elle lui demanda de passer devant elle tandis qu’ils se mirent en route. Ils quittèrent la salle côte à côte, le jeune homme aux cheveux bruns ne prononçant aucune parole tandis que la femme ne disait rien. Elle ne paraissait pas surprise par ses veines noires et il se demandait pourquoi…

« Vous êtes tous là ? Vous avez terminé depuis quand ? »

Les quatre gardes qui avaient gérée l’inscription avec la femme se positionnèrent à ses côtés. Elle observa les différents papiers qu’ils lui tendirent avant de hocher plusieurs fois de suite la tête. Après plusieurs minutes, elle tapa dans ses mains pour que tout le monde se taise.

« Bon ! Maintenant que tout est terminé, vous êtes déclarés officiellement comme des membres de l’armée de Midès mais ce n’est pas uniquement cela. Aujourd’hui, c’était une phase d’entraînement armée. Mais nous n’avons pas besoin de personnes qui ne pensent qu’à blesser et à tuer, nous avons aussi besoin de personne utilisant principalement leurs magies à des fins plus ou moins utiles. C’est pourquoi dès demain, nous commencerons différents tests pour vous répertorier dans certaines classes. Certains seront peut-être plus utiles en tant que couverture arrière ou alors en tant que première ligne. Tout n’est pas si simple et tenir une arme dans votre main ne fait pas de vous un combattant. Nous allons vous conduire dans vos chambres et le réveil se fera à l’aube, aux environs de cinq heures. »

Elle tapa une nouvelle fois dans ses mains, ordonnant aux quatre gardes de conduire les nouveaux membres de l’armée dans leurs dortoirs. Elle murmura à l’oreille d’un des gardes en ciblant Tery de son regard. Alors qu’il se mettait à suivre le groupe, le garde à qui elle s’était adressée prit le bras de Tery pour le tirer hors du groupe.

« Toi. Tu me suis. On va t’emmener dans un endroit qui correspond plus à ta classe. »

« Ma classe ? Qu’est-ce que… » commença le jeune homme à dire.

« Tu n’as pas à poser de questions. Les types comme toi n’ont pas une place dans les dortoirs les mieux lotis ! Tu ne t’en doutais quand même pas ? »

« Je ne comprend pas. Enfin … Je dois mieux … me taire et vous accompagner. »

Il suivit le garde, ne voulant pas désobéir aux ordres bien qu’il ne voyait pas ce qu’il pouvait faire d’autre. Les personnes comme lui… C’est vrai. Il n’était pas un noble contrairement aux autres. Il n’allait donc pas se retrouver avec ces derniers dans les dortoirs. En y réfléchissant bien, ce n’était pas forcément une mauvaise chose quoi. Il n’allait pas avoir à les écouter et surtout à les voir ! Pendant une dizaine de minutes, ils marchèrent jusqu’à ce qu’il entende des voix au langage bien moins développé que celui auquel il s’était habitué pendant la journée. Ils étaient arrivés devant un long bâtiment avec deux étages.

« C’est là que tu habiteras dorénavant. Tu as déjà toutes tes affaires et ces personnes proviennent du même endroit que toi : la basse société. Certains sont fils d’artisan, d’autres de simples fermiers, ils ne savent peut-être même pas se battre. »

« Su… per. Je vois… C’est l’endroit rêvé. » ironisa le jeune homme.

« Tu feras certainement moins le fier quand tu verras à quoi ils ressemblent puisque tu vas les côtoyer pendant longtemps, très longtemps. »

« Comment ça ? Où voulez vous en venir ? » demanda Tery, un peu plus inquiet.

« Tu sauras bien assez tôt. Comme ce que m’a dit la maréchale Nali, tu devras sûrement t’occuper d’un petit groupe d’entre eux. Bonne chance héhéhé. »

C’était une bénédiction ou une malédiction ? Qu’est-ce que cette femme lui voulait pour le faire autant souffrir ? Il ne comprenait pas du tout ses actions ! Des fois, il pensait qu’elle le tirait d’affaire, des fois, c’était tout le contraire. Vraiment… Il se posait trop de questions des fois ! Ils pénétrèrent à l’intérieur du bâtiment, des cris se faisant entendre alors qu’ils montaient à l’étage, Tery tenant son sac sur son épaule. Passant au second étage, ils se retrouvèrent devant une porte avec un chiffre marqué dessus. Il ne se préoccupa pas de le retenir, remarquant simplement qu’il se retrouvait tout au fond du couloir.

« Voilà l’endroit où tu pourras dormir, c’est toujours mieux que les chambres à plusieurs. Une partie de cet étage est réservée à ceux qui commanderont le reste des troupes. Ce n’est pas parce que tu as été choisi que tu seras absent des tests demain. Aller, prends ta clé et espérons que tu vivras plus longtemps qu’un trimestre. » annonça le garde avant de s’éloigner.

Réjouissant… Il récupéra la clé que l’homme lui tendait, s’engouffrant à l’intérieur de sa chambre avant de s’enfermer. Il jeta le sac au sol, ne regardant même pas ce qui se trouvait autour de lui. Il vint atterrir sur son lit, remarquant qu’il était loin d’être mauvais. L’armée… C’était si compliqué. Ces histoires de commandement, de classes, toutes ces choses lui donnaient mal au crâne. Dormir… serait une bonne chose pour oublier.

Chapitre 18 : Acte délibéré

ShiroiRyu
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Chapitre 18 : Acte délibéré

Il n’allait pas lui laisser le temps de prendre les devants. Dans un combat, c’était le premier qui attaquait qui avait l’avantage sur son adversaire ! Sans hésitation, il courut vers son adversaire, les lames de ses deux griffes venant rencontrer les dagues du jeune homme à la moustache noire. Celui-ci s’exclama :

« Diantre ! En voilà des manières de commencer un combat ! »

« Désolé mais je n’ai pas de temps à perdre. » répondit Tery calmement.

« Allons, allons… Tu es bien pressé, faquin. » termina de dire le jeune homme.

Hacko fit quelques gestes avec sa dague droite, soulevant la griffe de Tery en ayant un sourire aux lèvres. Il allait montrer à ce gueux la façon de se battre des nobles ! Ce n’était que dans les livres que les gens riches et bien aisés ne se battaient qu’à la rapière ! Les autres personnes rigolèrent en voyant Tery qui se démenait pour se battre.

« Et bien ? Y a-t-il un souci ? Peut-être devrais-tu rentrer dans ta cambrousse ? » demanda Hacko avec amusement, Tery répliquant violemment :

« Tu vas voir ce que ma cambrousse va te montrer ! »

C’était ça le problème avec les nobles ! Ils se croyaient toujours au-dessus des autres à cause de ce qu’ils avaient dans le sang ou comme titre. Il fallait les remettre sur le droit chemin tout de suite ou alors ils allaient abuser de leurs rangs dès qu’ils le pouvaient. Il fit un petit saut en arrière, recourant rapidement vers son adversaire aux cheveux noirs. Ce qui s’ensuivit fut un enchaînement de coups de griffes et de dagues, chaque arme rencontrant l’autre en émettant un bruit métallique. Hhaco lui demanda :

« Où est-ce que tu as appris à te battre ? Dans les tavernes ? »

« Non mais avec un excel… » commença à dire Tery avant de s’arrêter.

Oh et puis zut ! Pourquoi parlait-il à cet homme ? Un combat ne se résolvait pas avec des paroles mais avec des actes ! Par surprise, il alla placer son pied droit dans le ventre d’Hacko, lui extirpant un cri de douleur en le faisant se pencher en avant. Voilà une bonne chose qui était faite. Il reprit la parole sur un ton provocateur :

« Si tu veux voir la méthode des tavernes, c’est comme ça qu’on résout nos problèmes. »

Il lui donna un coup de pied dans la tête, le faisant tomber en arrière alors des huées se firent entendre de la part des autres personnes. Pfff ! Rien à faire ! Il n’était pas fait pour être célèbre ou être apprécié, il n’était pas venu pour ça ! La femme à l’armure de plaques noire leva la main droite pour leur intimer de se taire, prenant la parole :

« Tery Vanian, tu es prié d’utiliser uniquement tes armes. »

« D’accord… Je ne le ferais plus. » murmura Tery, un peu par dépit.

« Sale gueux, tu as réussi à me mettre en colère ! » s’écria Hacko, se remettant bien.

Tant mieux, c’est ce qu’il voulait ! Même si il avait faillit se causer pas mal de soucis en se faisant interpeller par la femme en armure de plaques noire, il avait réussi à faire ce qu’il désirait. Le jeune homme aux cheveux noirs s’était relevé, un peu de sang s’écoulant de ses lèvres. Il n’y avait pas de protection sur les pieds, chose tout à fait normale puisqu’à la base, ils n’étaient pas sensés les utiliser.

« Qu’attends-tu pour venir ? » demanda Tery.

Il avait dit ces quelques paroles sur un ton nonchalant et légèrement prétentieux, de quoi énerver encore un peu plus l’homme qui courut vers lui. Lorsqu’il fut à sa portée, il fit un pas sur le côté, tendant son pied droit pour le faire tomber au sol une nouvelle fois.

« Est-ce que c’est autorisé ? » questionna le jeune homme aux cheveux bruns.

« Nullement. C’est mon dernier avertissement. » répondit sèchement la femme en armure.

« Bon, et bien… Qu’il se relève alors. »

Pfff ! Il devait arrêter de se comporter comme un idiot s’il ne voulait pas se faire virer dès le premier jour de l’armée de Midès. Enfin… Il devait se concentrer un peu plus sinon, il allait se créer quelques soucis et ce n’était pas une bonne idée. Hacko se releva, encore plus furieux qu’auparavant et poussa un cri de rage en courant vers lui.

« L’énervement, ce n’est pas la meilleure des solutions. » annonça Tery.

« La ferme ! Un miséreux comme toi ne devrait même pas se trouver ici ! »

Miséreux, gueux, faquin, il en avait un vocabulaire des plus développés. Sauf que dans l’armée, un vocabulaire développé ne servait à rien. De sa griffe droite, Tery para le coup de dague qu’il allait recevoir. Il recula sous l’impulsion mais il avait un sourire aux lèvres : le combat était maintenant gagné d’avance, il en était certain ! Sa griffe gauche alla frapper Hacko dans sa hanche droite, lui arrachant un nouveau cri de douleur.

« Dites… Le combat se termine comment ? » questionna Tery en s’adressant à la femme.

« Quand je le décide. Si tu ne gardes pas un œil fixé sur le combat, il risque de s’achever bien plus tôt que prévu. » annonça t-elle sur le même ton sec qu’auparavant.

Comment ça ? AH ! Il plaça ses deux griffes en croix, comprenant ce que la femme voulait dire par là. Les dagues tentèrent de le frapper au niveau du torse avec la ferme intention de le tuer. Heureusement qu’il y avait de quoi le protéger hein ? Il repoussa le jeune homme aux cheveux bruns, arrêtant de sourire à l’idée qu’il allait emporter ce combat. Maintenant, s’il avait bien compris, c’était cette femme qui pouvait arrêter le combat quand elle le désirait. Alors, il allait devoir donner son maximum ! Il se mit à sautiller sur place, attendant qu’Hacko revienne vers lui avant de se pencher en avant tout en avançant. Grâce à cette tentative, il arriva à esquiver le coup de dague qu’il aurait pu recevoir mais surtout à frapper son adversaire une nouvelle fois dans la hanche droite.

Mais qu’il arrête de bouger ! Il pouvait lire cela sur le visage exaspéré de l’homme en face de lui. Bon, il était temps d’en terminer même si la femme ne voulait pas annoncer la fin du combat. Il se retourna pour faire face à son adversaire après le coup qu’il lui avait donné. Il avait une idée pour terminer le combat mais celle-ci allait être plus difficile que prévue surtout maintenant que son adversaire était en colère. Qui disait en colère disait un maximum de force dans les bras et dans les jambes.

« Bon… On va essayer ça. » chuchota Tery.

Il se marmonnait à lui-même les techniques qu’il comptait appliquer pour battre son adversaire. Ce n’était pas si compliqué à imaginer, le pire était de le mettre en œuvre. Pendant plusieurs minutes, il para les nombreux coups qu’il recevait, haletant au fur et à mesure que le combat continuait. Son adversaire aussi semblait essoufflé mais il ne le montrait pas. La rage qu’il avait en lui ne voulait pas s’apaiser.

« C’est long… Très long… Et le paysan ne fait que se protéger. »

« Il a peut-être finalement compris qu’il ne faisait pas le poids contre un vrai noble ? »

« Veuillez vous taire. Je ne me répèterais pas une seconde fois. » hurla la femme en armure de plaques noires, énervée par les propos des personnes autour de la scène de combat.

Pffff ! Il n’avait personne de son côté, donc pour les acclamations lorsqu’il allait gagner, il allait devoir repasser un autre jour ! AH ! C’était le moment ! Il para une nouvelle fois la dague droite de son adversaire avec sa griffe gauche mais il avait réussi à insérer la lame de l’arme entre celles de sa griffe. D’un geste très rapide, il donna un violent coup sur la gauche, arrachant la dague de son adversaire pour la faire percuter la tête de l’un des autres hommes.

« HEY ! Attend un peu que… » commença à dire l’homme qui s’était pris la dague.

« Tu restes ici et tu te tais. Il l’a fait par inadvertance. Le combat continue. »

Par inadvertance ? Elle n’en était pas si sûre mais elle n’allait pas laisser quelqu’un s’immiscer au beau milieu de ce combat. Maintenant, Hacko n’avait plus qu’une dague qu’il tenait dans sa main gauche. Il était encore plus furieux qu’au départ, énervé par l’acte que venait de commettre Tery envers lui.

« Deux dagues, une dague, ça me suffit ! Je vais te montrer l’art du combat ! »

« De la part de quelqu’un qui n’a pas réussi à me toucher, je ferais mieux de me boucher les oreilles que de t’écouter ! » rétorqua Tery avec amusement.

L’homme prit la parole mais ne termina pas sa phrase, s’élançant vers Tery pour lui faire ravaler ses paroles ! Il allait lui montrer qu’il ne fallait pas plaisanter avec un noble ! Il était au-dessus de lui, il était riche, beau, séduisant, il pouvait courtiser les femmes les plus magnifiques du royaume de Shunter ! Ce paysan en face de lui, comment allait-il terminer sa vie ? Avec une fermière, en cultivant son blé et en nourrissant ses vaches ! Voilà ce qui l’attendait ! Il donna un coup d’une rare violence en direction de Tery, celui-ci pouffant lorsqu’il le reçu au niveau du torse. Lui, il avait encore de la ressource ! Tery répliqua aussitôt en le frappant au niveau du front, tentant de bloquer la seconde dague avec sa griffe.

Quand est-ce que le combat allait le terminer ? Il commençait à être épuisé par tout ça ! Un combat contre un autre humain était tout aussi éreintant voir encore plus que de combattre un Gnomold. Bon… Puisque la femme ne voulait vraiment pas arrêter ce combat, il allait mettre toutes ses forces dans les prochains coups. Rapidement, il traça une ligne diagonale vers Hacko, celui-ci ayant encore le réflexe de parer avec sa dague. Néanmoins, il n’avait rien pour parer l’autre griffe qui alla le frapper au niveau du ventre, le faisant pouffer à son tour ! Il lui rendait la monnaie de sa pièce ! Il allait en terminer maintenant !

Ce va-nu-pieds… Il commençait sérieusement à le mettre en pétard ! Au diable les règles de noblesse ! Il allait lui faire regretter d’être né ! Du moins, c’est-ce qu’il avait en tête mais Tery ne lui laissa pas le choix. Il coinça son bras avec ses deux griffes, lui extirpant la dague pour la faire tomber au sol. C’était accompli d’une façon peu orthodoxe mais cela avait le mérite d’avoir réussi à le rendre désarmé ! Dès que la dague percuta le sol, la femme à l’armure de plaques noire prit la parole en s’écriant :

« Le combat est terminé ! Le vainqueur est Tery Vanian. »

« Pas possible, le paysan a gagné. »

« Peut-être qu’il sait se battre au final… » annonça un second homme après le premier.

Ahhhh ! Il préférait entendre ça ! Oui, il savait se battre et il venait de le montrer aux yeux de tous ces fils à papa. Avec une légère insolence et la tête haute, il se dirigea vers un coin isolé à quelques mètres du groupe. Voilà qui allait les faire taire ! Les hommes reprirent :

« Ou alors Hacko est vraiment trop faible. »

« Oui, ça doit être ça. Il n’y a aucune chance que l’un d’entre nous se fasse battre de la même façon. Aucune chance… C’est simplement impossible de toute façon. »

« Veuillez vous taire ! Que les prochains combattants se mettent en position. Enol contre Manar. Dépêchez vous, vous ne rentrerez pas dans vos dortoirs avant que ce petit tournoi soit terminé, qu’importe si ça doit prendre une journée ! » annonça le femme en armure noire.

Hein ?! Et zut… Il préférait rester poli intérieurement. Il n’avait pas envie que par inadvertance, il insulte la bouche grande ouverte. Il observa de ses yeux verts Hacko qui s’éloignait de la zone de combat, la tête baissée, les poings serrés. Pour lui, c’était une véritable déconfiture, il s’en doutait. Savoir qu’il avait été battu par un … paysan était une chose des plus détestables chez un noble. Il allait sûrement devoir le surveiller si il ne voulait pas avoir d’ennuis ou alors… tout simplement le faire pencher de son côté. Maintenant que les autres nobles allaient le critiquer, il allait peut-être se montrer moins arrogant. Avoir un allié dans un tel endroit, il était sûr que c’était une meilleure idée que de s’en faire un ennemi définitif. Dès qu’ils allaient avoir un peu de temps, il devait discuter avec lui !

« Tery ? Ramène-toi. Nous avons à discuter tout les deux. »

« Mademoiselle, comment faisons nous pour le combat ? » demanda l’un des hommes.

« Si l’un des deux fait tomber son arme ou a perdu de façon évidente, faites le prochain combat. C’est marqué sur cette feuille. » répondit-elle sèchement en tendant un morceau de papier. Un homme vint la récupérer avant de retrouver les autres.

Les nobles étaient tout de suite plus réceptifs dès qu’il s’agissait d’un haut gradé mais lui, il semblait ne pas s’y intéresser plus que ça. En fait, il était même plutôt inquiet de savoir qu’il devait suivre cette femme. Peut-être qu’il allait encore souffrir verbalement. En y réfléchissant, il avait ouvert sa bouche plus que de nécessaire pendant le combat. Il suivit la femme qui quitta la salle, quelques paires d’yeux tournés vers eux, un sourire tracé sur les lèvres des nobles. Ces saletés… Ils s’imaginaient la même chose que lui ! Lorsqu’ils se retrouvèrent dehors, elle prit la parole :

« Tery Vanian, propriétaire de l’un des livres sur la création des golems. »

« Hein ? De…De quoi vous parlez ? » demanda-t-il, surpris par la phrase dictée.

« Simplement du livre que tu as reçu en récompense pour la mort de Parkan, l’un des chefs Gnomolds qui sévissait dans la région autour de Midès. »

« Co… Comment vous êtes au courant ? »

« Des livres d’une rareté qui font qu’ils sont comptés en à peine un millier d’exemplaires ne passent pas inaperçus. Sachant qu’en plus, nous parlons d’un livre en rapport avec l’élément de la Terre, élément prédominant du royaume de Shunter et tu as l’explication sur le fait que je sache déjà tout ça à ton sujet. » reprit la femme en armure de plaques noires.

« Donc… C’est un livre sur la création de golems ? » questionna le jeune homme.

« L’as-tu au moins à peine ouvert ? A t’écouter, on ne dirait pas. »

Il hocha la tête d’un air négatif alors que la femme dans l’armure de plaques noire croisa les bras au niveau de la poitrine. Cet homme… Il avait un livre aussi précieux entre ses mains et pourtant, il n’avait même pas essayé de voir ce qu’il contenait ? Vraiment… Il était des plus stupides. Surtout que ce livre était plutôt recherché s’il était… vide.

« Bon… Qu’importe. Je te conseille simplement de lire ce livre dès que tu le peux. Apprendre à créer un golem est une chose des plus complexes quand on s’y attarde réellement. »

« Vous… Vous en avez déjà fait ? » osa-t-il poser comme question.

« En quoi cela te concerne ? Ecoute ce que je te dis et ça ira parfaitement. »

« Comme vous le désirez ! Mais pourquoi m’avoir emmené… »

« Car dès l’instant où tu inscriras ton nom sur ce livre, il t’appartiendra jusqu’à ta mort. Personne ne pourra apprendre l’art des golems à partir de ce livre sauf en te tuant. »

Bon… Il avait un livre plutôt précieux en main mais il ne se sentait pas pour autant super joyeux. Ce n’était pas qu’il n’appréciait pas ce… livre mais voilà quoi. D’après ce que la femme en armure de plaques noire avait dit, si les autres apprenaient au sujet de son livre, ça allait faire quelques ravages et il allait avoir quelques soucis.

« Je peux savoir ce que tu attends ? On rentre. » annonça la femme en face de lui.

« D’accord ! Désolé ! Je réfléchissais. » bafouilla Tery, cherchant à s’excuser.

« Un dernier conseil si tu veux tenter de vivre plus d’un mois dans l’armée : arrête de trop ouvrir ta bouche. Des fois, cela peut aider mais pas pendant un combat. Tu es tombé sur un noble qui ne savait pas contrôler sa colère. Contre un combattant aguerri, ça ne marchera pas. Ai-je été claire ? Ou pas assez ? »

« Très clair made… » dit-il avant de s’arrêter subitement.

Mieux valait éviter de l’appeler comme ça. C’est vrai qu’il parlait beaucoup trop, il le savait lui-même mais bon, il était comme ça. La tête baissée, il retourna avec la femme à l’armure de plaques noire à l’intérieur de la salle. Il s’installa dans un coin, ne faisant pas attention au reste des combats où chacun donnait son maximum pour arriver à impressionner cette femme dont aucun n’avait vu le visage. Elle tapa dans ses mains après trois quarts d’heure de combat, leur signalant qu’ils avaient dix minutes de repos.

« Tery Vanian, je peux savoir ce que tu fais ? »

Aie ! Elle était encore là ! Qu’est-ce qu’elle lui voulait pour le coller autant ? Enfin, ce n’était pas de la même façon que l’Ombre et… Et merde ! Il n’arrêtait pas de toujours tout rapporter à l’Ombre, ça en devenait énervant ! Il posa ses yeux verts sur le casque noir, reprenant :

« Je réfléchissais… Enfin, j’ai essayé de réfléchir. Je ne sais pas trop. »

« Sans même jeter un œil au combat ? Je pensais que notre petite discussion avait pourtant été comprise. Je vois que je me suis trompée. Relève-toi ! Tu es le prochain. »

Et voilà qu’il repartait pour le second tour ! En plus, il sentait qu’il avait énervé la femme à l’armure de plaques noire, sa voix semblant plus forte à chaque fois qu’elle s’adressait à lui. Les autres membres ricanèrent de leurs côtés, heureux de le voir se faire remettre à sa place par celle qui les dirigeait actuellement.

« Tery, Onan, mettez vous en face. » annonça la femme en armure noire.

« La chance du débutant est terminé. » murmura Onan en le regardant.

« Si tu le dis… Si tu le dis… » chuchota tout simplement Tery en haussant les épaules.

Il avait maintenant affaire à un jeune homme avec des cheveux blonds en bataille, deux yeux verts comme les siens et armé d’une épée courte ainsi que d’une rondache. Il sortit ses deux griffes, les remettant correctement sur ses mains en attendant le départ de la part de la femme qui gérait tous ces combats. Vraiment… Cela allait prendre bien moins de temps, du moins il l’espérait. Il avait plutôt envie d’arrêter tout ça et de voir ce qui se passe à côté. Malheureusement, il sentait qu’il n’allait pas vraiment avoir le choix avec cette femme.

« Tery contre Onan, vous pouvez commencer. » reprit la femme.

Zou ! Comme au premier combat, il allait prendre les devants ! Il s’élança vers son adversaire, les lames de sa griffe droite venant riper sur la rondache qu’Onan avait mise au niveau de son torse. Il para l’épée courte avec sa griffe gauche, repoussant légèrement Oran alors que celui-ci gardait un sourire aux lèvres. Un sourire mauvais pour lui…

Il fallait le reconnaître : le paysan savait se battre avec une arme. En plus, il utilisait des armes pas banales et assez difficiles à manipuler. C’était un bon point pour lui… Mais bon, l’art des armes n’était pas aussi facile que cela et surtout, il se couplait à autre chose. Le mieux était de l’épuiser pour l’instant et ensuite…

Ce type parait avec une aisance bien plus grande que le précédent. Il voyait bien qu’Onan était calme comparer à Hacko mais bon… C’était quand même assez difficile de le toucher. En fait, c’était pire que ça : il n’y arrivait pas ! Chaque coup porté contre Onan venait rencontrer la rondache tandis que la lame de l’épée courte percutait celles de sa griffe gauche. Le combat s’éternisait et ça faisait déjà cinq bonnes minutes qu’il combattait. Enfin, Onan prit la parole sur un ton amusé :

« Et si nous corsions la chose ? Tu sais te battre avec une arme pour quelqu’un qui vient d’une ferme… mais est-ce que tu sais te battre avec de la magie ? »

Hein ? De la magie ? Est-ce qu’il allait… Pas en combat d’entraînement ! Il n’oserait pas ! Et pourtant, des veines rouges apparurent le long des bras d’Onan avant que la lame de son épée longue ne s’enflamme subitement. Il donna un coup dans le vide mais il avait très bien senti son vêtement qui venait de se réchauffer. En fait, il avait même une marque de tissu brûlé au niveau du vêtement.

« Hey ! Ce n’est pas autorisé ça ! C’est de l’entraînement ! »

« Je ne crois pas avoir entendu de règle qui stipule qu’on ne puisse pas utiliser notre magie. »

« Mademoiselle mais… » dit Tery en tremblant, tournant son visage vers la femme en armure noire. Celle-ci lui répondit sèchement :

« Arrête de te plaindre et combat. S’il utilise la magie, fais-en de même. »

« Mais mais mais… » bafouilla le jeune homme, se disant que c’était impossible.

« Et bien quoi ? Tu ne sais pas utiliser la magie ? Si c’est le cas, tu ne mérites pas d’être ici. » annonça celle qui dirigeait les combats.

Mais pourquoi fallait-il qu’il soit tombé sur un type adepte des flammes ?! Si encore, cela avait été quelqu’un qui utilisait l’élément de l’eau, il ne se serait pas plaint mais là… Il risquait gros ! Et dire que ce n’était qu’un combat d’entraînement ! Mon œil ! Il détestait encore plus les sourires sur ces visages ironiques… et cette femme avec sa fichue armure de plaques noire ! Qu’est-ce qu’il devait faire ?! Utiliser sa magie ? Mais il ne pouvait pas ! Les veines noires avaient horrifiée l’Ombre encapuchonnée ! Alors … Alors … Si les autres apprenaient à son sujet, comment est-ce qu’ils allaient réagir ? COMMENT ? Il ne pouvait pas … Ce n’était pas possible ! Il allait devoir se battre sans !