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Chapitre 10 : Incapacité

ShiroiRyu
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Chapitre 10 : Incapacité

« Hmmm … Tery. »

La jeune femme au masque blanc avait retiré ce dernier pour dormir, se collant contre le jeune homme aux cheveux bruns qui dormait auprès d’elle. Elle plaça ses deux mains contre lui, étant réveillée depuis déjà quelques minutes.
Il avait mis du temps avant de venir hier et elle n’aimait pas totalement cela. Après, elle n’avait pas vraiment son mot à dire, elle le savait parfaitement mais bon … Enfin … Elle préférait ne pas donner son avis car sinon, il irait encore parler à Manelena. Elle n’avait pas voulu écouter ce qu’ils se disaient hier.
Elle avait quand même un peu peur, elle devait l’avouer, réellement l’avouer mais … En même temps … Elle ne savait pas. Elle ne savait pas comment faire. Elle ne savait pas comment elle devait réagir. C’était tellement bizarre tout ce qui se passait pour elle depuis quelques jours. Avec la destruction de l’orphelinat, la mort de madame Liza, puis … Tery qui avait ça. Elle posa rapidement ses lèvres sur celles du jeune homme avant de rougir.

C’était ça qu’il avait fait. Elle était amoureuse de lui, tellement amoureuse … mais en même temps, elle avait alors peur de le perdre. Autant, pour Clari, elle savait qu’il n’y avait que peu de chances, autant pour Manelena, Tery et elle étaient très proches, ça ne changeait rien. Et Tery était tellement serviable envers elle. Et si Tery partait plutôt pour la princesse ? C’était un meilleur parti non ? Si Manelena … Enfin, elle n’en avait pas la confirmation mais si Manelena … si … Manelena … Ah ! Elle n’avait pas à penser ça !

Elle vint coller sa poitrine contre le torse de Tery, le regardant pendant quelques secondes, rougissante et un peu triste. Mais elle remarqua surtout que le jeune homme était réveillé et en train de la regarder ! Elle poussa un petit cri qui fut rapidement étouffé par le baiser de Tery, celui-ci disant après acte :

« Alors … Tu sembles bien soucieuse, Elen ? Vu comment tu me serrais contre toi, j’ai eu l’impression que tu ne voulais pas que je m’enfuis ? »

« Je … Je … Enfin … Je … Comment dire … Je voulais … Enfin … »

« Ça ne fait rien, tu n’as pas besoin de parler, tu le sais ? Pas besoin. »

Pas du tout même. Il caressa ses cheveux blonds, collant son front contre le sien après quelques secondes. Comme ça, il pouvait lui transmettre un peu de sa chaleur, voilà tout. Et puis, voyant sa gêne, c’était tout ce qui l’attirait chez elle.
« Aller … On va commencer à se lever, Elen, non ? Je ne pense pas qu’il faut trop en profiter. Tu ne crois pas ? C’est mieux, n’est-ce pas ? »

« Juste quelques minutes de plus, s’il te plaît ? » bredouilla t-elle.

Pffff ! Il ne pouvait pas dire non à ces yeux. Il eut un petit sourire aux lèvres avant d’hocher la tête positivement, la gardant contre lui. C’était tellement plus simple de faire de tel geste maintenant qu’ils s’étaient déclarés mutuellement.

Quelques minutes plus tard, il était debout, Elen de même alors qu’il regardait autour de lui. Clari était déjà réveillée, comme Royan et Manelena. Hum ? Manelena ? Il y avait quelque chose qui clochait mais quoi ?
Il pourrait bien lui poser la question mais il était loin d’être sûr qu’elle lui réponde. Il s’en doutait même … Pfff … C’était vraiment dérangeant. Enfin bon ! Il n’allait pas se compliquer la vie ! Il verrait par lui-même de toute façon lorsqu’il marcherait à ses côtés, c’était aussi simple que ça ! Il pourrait l’observer discrètement.

Les cinq personnes prirent un petit déjeuner assez consistant avant de se remettre en route. Normalement, d’après les dires de Manelena, ils n’étaient plus vraiment très loin d’Omnosmos. Il était un peu anxieux, il devait le reconnaître. Il voulait voir à quoi ça ressemblait là-bas. Enfin ! Cet endroit !

« Manelena, tu n’as vraiment aucun détail à me donner sur Omnosmos ? Du genre, c’est quel peuple qui vit exactement là-bas ? Ou alors … Comment ça se passe ? »

« Hum ? Je n’ai rien à te dire, non … Cela peut te déranger mais c’est la vé … »

Elle s’arrêta dans ses paroles, Tery se demandant ce qui se passait. Néanmoins, elle continua de marcher comme si de rien n’était. Quelque chose était assez étrange mais quoi ? Enfin, c’est ce qu’il semblait comprendre ou presque.

« Manelena, par contre, est-ce qu’il y a des chances que l’on se fasses agressés ? Dans les environs ? Que l’on se prépare au cas où. »

« Il y a des créatures assez … puissantes dira-t-on. Mais même si la majorité est belliqueuse, nous ne devrions pas être attaqués car elles sont intelligentes. Elles savent pertinemment que cela serait parfaitement inutile. »

« Tant que ça ? C’est quand même … Enfin non même pas. Nous sommes quand même cinq mais surtout, nous avons des pouvoirs plus rares que les autres. »

« C’est exact. Avec deux porteurs de lignes d’Alzar et deux porteuses de lignes de Zélisia, il faudrait être fou … pour nous attaquer. Mais tu as pu voir que c’était le cas. »

Ah … Manelena marquait un point. Cela n’avait pas empêché Elise de les attaquer tous les cinq, loin de là même. Mais bon … Elle était vraiment bizarre cette femme. Elle était à peine plus âgée que Royan, elle avait quoi ? Trois ans de plus non ? Un peu comme lui avec Manelena et encore … Enfin bon … C’est vrai que les journées passaient, devenant des semaines puis des mois. Il ne l’oubliait pas.

Enfin bon ! Quand même … En même temps … Il espérait jeter un coup d’œil autour de lui pour voir les fameuses créatures dont parlait Manelena. Il n’était pas particulièrement fan des combats à morts contre elles mais c’était peut-être le fait qu’il soit un homme qui l’incitait à vouloir tester sa force contre ces créatures ?

« Hahaha ! Il faudrait que j’arrête de surestimer ma force, ça risquerait de me jouer de sacrés tours plus tard ! » dit-il à voix haute, tous se demandant ce qui se passait avec lui.

« Il faudrait surtout que tu arrêtes de te parler tout seul. Et surtout de te complimenter personnellement. C’est vraiment … saugrenu. »

« Hey ! Manelena, ne me parle pas comme ça quand même … C’est mesquin de ta part. »

« Non … Tout simplement réaliste, Tery. Entendre quelqu’un se vanter est assez … déstabilisant, surtout quand il n’y a pas de quoi. »

« Je ne me vantais pas … C’était justement le contraire. Je ne pense pas être très fort. »

Hmmm ? Elle le regarda pendant quelques secondes, le jeune homme rigolant en lui souriant. Qu’est-ce qu’elle détestait quand il souriait bêtement comme ça. Elle avait l’impression d’avoir affaire à un idiot ! Mais bon … C’était ainsi et pas autrement. Elle tourna subitement son visage vers la gauche, remarquant quelque chose qui se faufilait derrière les pierres de plus ou moins grande taille qui parcouraient le décor autour du chemin qu’ils suivaient.

« Nous avons sûrement de la compagnie … Préparez-vous. »

Préparez-vous ? Le jeune homme sortit aussitôt ses griffes, faisant confiance à Manelena alors que les autres se préparaient déjà eux aussi. Où est-ce que se trouvait l’adversaire ? Enfin le monstre ? Mais rien ne se passa pendant plusieurs secondes, Clari disant finalement à voix haute, s’adressant à Manelena :

« Est-ce que tu es sûre de toi, Manelena ? Je ne vois rien. »

« Si tu n’es pas habituée à l’élément de l’électricité, tu ne devrais pas le remarquer … »

Mais elle, elle le voyait parfaitement. Enfin … Ce monstre était ridicule au niveau de la taille. Il devait faire une trentaine de centimètres, recouvert de poils rouges sous la forme d’une fourrure. Sa queue était coupée en deux parties mais surtout, c’était ses yeux jaunes qui étaient le plus impressionnants chez cette créature.

« Elle ne semble pas belliqueuse. Nous ne devrions rien avoir à craindre, j’imagine. »

Mais aussitôt le moment où elle avait détourné la tête, la créature avait disparu de son champ de vision pour arriver jusqu’à qu’elle, sautant dans ses bras. Manelena haussa un sourcil, un peu impressionnée avant de dire :

« On peut m’expliquer ce qui se passe là ? »

« Hein ? Qu’est-ce que … AH ! C’est quoi ça ?! »

Tery venait de s’écrier de surprise, désignant la petite bête touffue dans les bras de Manelena. Un peu d’électricité était visible autour d’elle tandis qu’elle ressemblait à un écureuil trois à quatre fois plus gros que la normale.

« Hmmm ? Ne serait-il pas attiré par l’électricité de votre épée, mademoiselle Manelena ? » murmura calmement Royan, la femme aux cheveux argentés soufflant que ça serait une bonne remarque normalement. Il y avait de fortes chances que ça soit le cas.

« Peut-être. Surement … Enfin bon … Je vais lui envoyer une petite décharge et le laisser partir ensuite. Je n’ai pas le temps d’avoir un animal de compagnie aussi gros. Et je ne pensais pas en avoir un à la base, de toute façon. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. D’un geste nonchalant, elle projeta un peu d’électricité en direction de la créature, celle-ci poussant un petit cri satisfait avant de se calfeutrer contre sa poitrine. Manelena poussa un soupir, déposant l’animal au sol.

« Allons-y plutôt … Je ne veux pas perdre mon temps avec cela. »

« C’est dommage … Elle semblait t’apprécier. » dit le jeune homme avec lenteur.

« Je n’ai pas besoin de ce genre de remarques, Tery. Compris ? »

« … … … Compris, je ne pensais pas que cela t’embêterait plus que ça. »

Mais bon, il comprenait aussi le fait qu’ils ne pouvaient pas se permettre d’avoir un animal. Enfin bon, ça aurait peut-être fait plaisir à Manelena ? Pourquoi pas ? Mais il remarquait quand même quelque chose de différent chez elle. Il n’arrivait pas à l’expliquer réellement.

Dans sa démarche, dans ses gestes … Quelque chose était troublant, très troublant … Beaucoup trop pour qu’il cela passe inaperçu. Il s’approcha d’elle, posant subitement une main sur la hanche de Manelena, celle-ci poussant un cri.

« AIE ! Mais qu’est-ce que … Ah ! »

La femme aux cheveux argentés se pencha en avant, comme désorientée alors qu’il la réceptionnait aussitôt. Il poussa un profond soupir, légèrement désabusé avant de dire :

« Je m’en doutais … Manelena, tu n’es pas totalement rétablie. »

« Lâche-moi, TERY ! MAINTENANT ! C’est un ordre ! »

« Que je ne suis plus obligé de respecter. Tu crois que je vais te laisser marcher dans ton état ? Tu veux que je laisse Clari, Elen ou Royan te porter ? Hors de question. »

« Me porter ? Qu’est-ce que … HEY ! »

Sans même prévenir, les lignes noires étaient apparues sur le corps de Tery alors que celui-ci soulevait la jeune femme, la plaçant sur son dos. C’était tout ce qu’il y avait de plus ridicule, Manelena étant bien plus grande que lui.

« Passe tes bras autour de mon cou et ARGL ! »

« Je t’ai demandé de me lâcher ! Si tu continues, je vais t’étrangler, Tery ! » s’écria Manelena alors qu’elle était déjà en train d’accomplir le geste bien qu’il n’y avait pas réellement de force dans ses mains. Il ne comprenait pas le ridicule de la situation ?! C’était tout simplement aberrant qu’il fasse ça ! Mais il ne voulait pas la lâcher ! Elle n’était pas dans l’incapacité de bouger quand même ! Elle pouvait marcher !

« Tery, tu sais qu’il y a Elen non-loin ? Tu es sûr que c’est la chose à faire ? » demanda Clari, rigolant déjà rien qu’en pensant à la réponse du jeune homme.

« Elen n’est pas une femme jalouse et je ne vois pas pourquoi elle le serait, n’est-ce pas Elen ? J’aide juste Manelena, c’est tout. Elle m’a tellement aidé que je trouve ça normal que je lui rende la pareille, voilà tout ! »

« C’est un peu … dérangeant quand même, Tery. » bredouilla la femme masquée de blanc alors qu’il continuait de marcher.

« Il n’y a pas de quoi, Elen. Regarde, même Manelena a compris que ce n’était pas gênant. N’est-ce pas Manelena ? »

Aucune réponse de la jeune femme aux cheveux argentés. Il chercha à tourner sa tête sur le côté, sentant qu’elle avait posé la sienne sur le dos de son crâne. Sauf qu’il n’arrivait pas à la voir. Il se tourna vers le trio, demandant :

« On peut me dire ce qui se passe, s’il vous plaît ? Elle ne me répond pas. Elle me fait la tête ? Si c’était le cas, elle serait déjà en train de m’étrangler. »

« Oh. Si tu veux tout savoir, Tery, elle est en train de dormir. »

HEIN ?! Quoi ?! Manelena était en train de dormir ? Mais cela faisait à peine cinq minutes qu’elle avait voulu l’étrangler ! Elle ne pouvait pas dormir comme ça ! Ce n’était pas normal ! C’était loin d’être logique !

« On dirait que tu as obtenu de bonnes épaules maintenant. Puisqu’il suffit d’y déposer une femme pour qu’elle s’endorme dessus. Mes félicitations, Tery. »

« Clari ! Arrête de te moquer, ce n’est vraiment pas drôle comme situation. Enfin … Ne parlez pas trop fort s’il vous plaît. »

Si elle a besoin de dormir, il préférait éviter alors de la réveiller. Manelena … La dangereuse Manelena était en train de dormir sur ses épaules. Rien que cela … Ca paraissait si étrange mais à cause de la fatigue, de ses blessures et surtout du fait qu’elle voulait jouer la fière, il était normal qu’au bout d’un moment, son corps ne le supporte plus.

« Accélérons le mouvement. Je peux contrôler mes lignes d’Alzar sans aucun problème. »

« D’accord, d’accord. Tu veux que l’on arrive à Omnosmos avant qu’elle ne se réveille ? Enfin, dans les environs, c’est bien ça ? »

« A peu de choses près, c’est ça, Clari. »

Il avait répondu calmement à la jeune femme aux couettes blondes alors qu’il prenait les devants. Pour Manelena, il pouvait bien garder ses lignes d’Alzar actives pendant tout le trajet. Après tout ce qu’elle avait vécu, c’était la chose la plus normale et logique qu’il pouvait faire pour elle ! Voilà tout ! Il ne voulait vraiment pas qu’elle soit exténuée … Comme il ne voulait pas qu’elle soit malheureuse … comme Elen, c’est tout.

Il était ainsi et pas autrement. On ne pouvait pas le changer en un claquement de doigts. Mais bon … Manelena qui dormait sur son épaule, il avait encore beaucoup de mal à y croire. C’était assez drôle en un sens et il se sentait ragaillardi par une telle chose.

« Tery … Est-ce que tu peux arrêter de sourire bêtement ? C’est … offensant. »

« Hein ? Elen ? Je souris comme ça ? » bredouilla le jeune homme aux cheveux bruns alors qu’elle ne faisait qu’hocher la tête positivement.

« Oui … Et c’est vraiment dérangeant, je dois te l’avouer. »

« Désolé … Ce n’était pas vraiment voulu … »

Elle le savait parfaitement mais ça ne changeait rien au fait que c’était quand même très dérangeant en soit ! Il pouvait quand même se contrôler un peu ! Ou alors … La prochaine fois … C’était elle qui irait sur son dos. Elle n’osait pas lui faire la proposition mais … Si elle le pouvait, elle se ne priverait pas !

Enfin bon … Pour cela, il allait lui falloir une très grande dose de courage … Courage dont elle manquait inexorablement. Elle était bien trop gênée pour une telle chose. Elle n’avait pas assez de volonté … comme pour dire à Tery qu’elle n’aimait pas vraiment qu’il fasse ça pour Manelena. Elle était sûre qu’il ne pensait pas à mal … mais elle … Elle avait mal justement … C’est pour ça qu’elle ne voulait pas qu’il fasse ça.

« Ah ! Omnosmos n’est surement plus très loin ! Regardez ! » dit soudainement Tery.

Des bâtiments … De très hauts bâtiments même ! Même à cette distance, s’il était difficile de pouvoir les étudier en détails, il était quand même possible de voir à quel point ils semblaient gigantesques. Peut-être pas autant que le phare de Traslord, pensa Elen mais bon … Ce n’était pas rien. A cette allure, cela voulait dire qu’ils seraient arrivés d’ici une journée au grand maximum … car la distance semblait encore assez remarquable.

« Tant mieux … Mais nous ne sommes pas sûrs qu’Omnosmos nous acceptera. »

« Hein ? Comment ça ? Royan ? » demanda le jeune homme, se tournant vers l’adolescent aux cheveux bleus, celui-ci lui répondant aussitôt :

« Omnosmos est quand même une ville spéciale … Une ville « royaume » si tu préfères, Tery. Non rattachée à aucun autre royaume, elle est quand même l’endroit où se trouve normalement l’élite du monde actuel. Tu ne verras pas de guerre stupide issue de la part d’Omnosmos et nul royaume n’oserait s’en prendre à cet endroit. Car même si le nombre n’y est pas, la qualité s’y trouve pourtant. »

« D’accord, d’accord … Enfin bon … Plus qu’à espérer, nous avons cinq personnes de haute qualité non ? Un prince, une princesse qui possède les lignes d’Alzar, un homme qui en possède aussi et deux demoiselles avec les lignes de Zélisia. »

« Il est vrai que ces dernières seront surement appréciées. Par contre … Pour toi et la princesse Manelena, cela sera surement plus difficile. Que je sois prince n’y change rien. »

« S’ils ne nous acceptent pas, je partirai en vagabond et en exilé avec Manelena. Hors de question que je la laisse seule. Même si ça ne me plairait pas. »

« Et tu penses que ça me plairait, Tery ? »

Elen avait pris la parole, un peu énervée et embêtée par les paroles du jeune homme. Il ne lui demandait même pas son avis ! Il pensait encore à Manelena ! Il ne pouvait pas un peu penser à elle ? Quand même !

« Non non … Ni à toi, ni à Clari, je m’en doute mais bon … »

Mais bon quoi ? Pourquoi est-ce qu’il ne comprenait pas une chose aussi simple pourtant ? C’était pourtant très simple non ? TELLEMENT SIMPLE ! »

Mais non ! Il ne voulait pas voir qu’elle souffrait un peu ! Pfff … Elle … Non. Elle prit une profonde respiration. Elle ne devait pas s’énerver. Ce n’était pas son genre, elle n’était pas comme ça, pas du tout même.

Bon … Se calmer, c’était bien simple. Tery la regarda avec appréhension, semblant chercher quelques mots alors qu’il avait toujours Manelena sur son dos. Est-ce qu’il avait compris un peu le problème actuel ? Oui ou non ?

Elle avait l’impression que non … puisqu’il continuait de la regarder avant de rougir. Quoi ? Pourquoi est-ce qu’il rougissait ? Il allait la mettre aussi dans l’embarras ! Elle n’aimait pas quand il réagissait de la sorte !

« Désolé … Elen. Je ne voulais pas que tu t’emportes. »

« M’emporter ? Mais non … Mais non … Tant que tu as compris le problème, Tery. »

« Oui … Je le comprends parfaitement. Désolé … Je me ferai pardonner ce soir, je te le promets. » bredouilla-t-il avec confusion.

« Ooooh. » commença à dire Clari, un grand sourire aux lèvres. « Visiblement, c’est le grand jeu, Tery. Je ne pensais pas que toi et Elen étiez à ce niveau dans votre relation. Je pensais que vous n’étiez encore qu’aux mains qui se touchent mais il semblerait que … »

« Voudriez-vous éviter de vous extasier et d’en parler en public. » enchérit Royan, toussant légèrement, Tery bafouillant aussitôt :

« Non ! Mais ce n’est pas ce que vous croyez ! Ne racontez pas n’importe quoi ! »

« Pas du tou … Tery et moi … Enfin … Nous … n’avons jamais fait ça ! »

Et elle n’avait aucune connaissance en la matière ! Et puis, elle était néophyte ! Et puis, Tery l’était aussi ! Ils n’avaient qu’à prendre leurs temps à tous les deux ! Enfin ! Ca ne les concernait pas ! Voilà qu’elle avait déjà perdu le peu de colère qu’elle possédait pour rougir comme une enfant. C’est vrai … Tery et elle n’étaient pas du tout comme ça. Ils prenaient leur temps. Elle voulait … juste encore un peu plus d’affection de sa part.

Chapitre 9 : Un double

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Chapitre 9 : Un double

« Elen ? Ca n’a pas l’air d’aller. Tu es maussade … »

Il avait remarqué cela alors que la jeune femme marchait à côté de lui, son visage masqué de blanc. Clari avait été s’occuper de soigner Manelena, en étant capable grâce à ses lignes de Zélisia alors que lui-même avait une interdiction de poser ne serait-ce qu’un doigt sur la maréchale. Il fallait dire qu’avec son geste malheureux, il n’était pas passé inaperçu.

« Ca va … Ca va … Enfin, je crois. Tery ? Est-ce que je peux te dire quelque chose en privé ? » demanda-t-elle tandis que tous se tournaient vers eux.

« Oh … Vous voulez un petit moment d’intimité ? » dit Clari, souriant de toutes ses dents.

« Je ne suis pas sûr. Enfin, ça a l’air d’être important. Je reviens vite. »

Elen lui prit la main, courant avec lui jusqu’à l’emmener dans les bois. Après une cinquantaine de mètres, elle vint s’arrêter. Elle plaça Tery dos à un arbre, celui-ci se demandant ce qui se passait. Ca semblait être terriblement important.

« Dis-moi ce qui ne va pas ? Tu as l’air très perturbée. »

Sans un mot, elle retira son masque blanc, bien décidée à agir. Mais agir par rapport à … HU ! Il ouvrit en grand ses yeux de surprise alors qu’Elen venait de l’embrasser, collant ses lèvres contre les siennes. Elle fit tomber son masque par terre, ses mains caressant le visage du jeune homme et ses hanches alors qu’il remarquait qu’elle était terriblement gênée avec les rougeurs sur ses joues.
Ce baiser était tellement ardent … tellement … fort. Et puis, il sentait qu’elle y mettait tout son cœur, vraiment ! Il prit la main d’Elen dans la sienne, croisant leurs doigts sans pour autant arrêter le baiser. Il n’avait pas envie de l’arrêter ! Pas du tout même ! Ah … Ah … Une telle chaleur qui l’envahissait à cause d’elle.

« Mais pourquoi tu … » bredouilla-t-il quelques instants plus tard, lorsque leurs lèvres ne furent plus unies. Elle récupéra son masque blanc, le mettant sur son visage.

« Je … Je pensais que … Enfin, j’en avais envie, Tery. Le plus important … C’est que l’on s’aime, tous les deux, n’est-ce pas ? Tu veux bien me le promettre ? »

« Promettre quoi ? De t’aimer ? Je n’ai pas à promettre une chose qui est normale et visible. Je t’aime et c’est le plus important. Dis … Tu ne serais pas un peu jalouse par hasard ? »

« N … Non ! Je ne l’ai jamais été ! » rétorqua-t-elle, prise en faute. Le jeune homme eut un grand sourire avant de commencer à chatouiller les hanches d’Elen.

« Je suis sûr que tu es jalouse. Tu n’aimes pas quand je m’inquiète pour Manelena, avoue. »

« Hihi … non ! Je te dis … Arrête ! Je suis sen … hahaha ! »

Elle le tira par le bras, tombant avec lui dans l’herbe alors qu’ils commençaient à rouler sur quelques mètres, à gauche et à droite. Il savait qu’il avait visé juste dans ses propos. Le fait qu’elle tente d’infirmer ses propos ne pouvait qu’aller dans son sens.

Ils restèrent ainsi pendant quelques secondes, se regardant avant qu’il ne vienne l’embrasser brièvement. Il se releva, aidant la jeune femme à faire de même avant de s’épousseter. Et zut, il avait quelques traces d’herbes sur le corps. C’était vraiment dommage ! Ils allaient finir par se poser quelques questions à cette allure, il en était sûr et certain.

D’ailleurs, lorsqu’ils revinrent, Clari fut la première à remarquer les taches d’herbe sur leurs vêtements, souriant avant de s’apprêter à ouvrir la bouche. Néanmoins, Manelena lui plaqua sa main sur celle-ci, disant d’une voix neutre :

« Je ne veux même pas t’entendre, Clari, merci bien. »

« HUMPF ! HUMPF ! HUUUUUUMPF ! » tenta de dire Clari sans pour autant y arriver. Manelena mettait quand même de la force dans ça ! Elle voulait vraiment l’empêcher de parler ? Il y avait des limites ! Elle ne méritait pas une telle chose de sa part ! Pfff ! Quand même ! C’était un peu exagéré, non ?

Mais pourtant, Tery et Elen se regardèrent, rigolant légèrement. Voilà une bonne chose qui était faite. Elle avait réussi à clouer le bec à Clari ! Sauf qu’il restait quand même une autre personne qui pouvait parler, Royan déclarant :

« Comment se fait-il que vous ayez de l’herbe sur vos vêtements ? Vous êtes-vous roulées dedans ? Les taches sont difficiles à faire disparaitre, je crois. »

« Je … Enfin … Elen est tombée et m’a entraîné dans sa chute, voilà tout. »

Royan haussa un sourcil avec l’air de dire : est-ce qu’il me prend pour un imbécile ? Mais devant la gêne occasionnée par ses paroles, il savait qu’il avait fait mouche. Peut-être était-ce qu’il avait voulu faire ? Car comme Clari ne pouvait pas parler.

« Pfff … Si lui aussi s’y met, je ne peux rien faire contre ça. » marmonna Manelena, retirant sa main de la bouche de Clari qui prit une profonde respiration.

« Quand même ! Manelena ! Ca ne se fait pas ! J’ai failli ne plus pouvoir respirer avec toutes ces bêtises ! » dit la femme aux couettes blondes, Manelena posant ses yeux rubis sur elle.

« Si cela peut t’empêcher de trop parler, je le ferai encore une fois si nécessaire. »

« HEY ! C’est vraiment pas gentil de ta part de dire ça ! »

« Je ne suis pas faite pour être gentille. »


Tery allait lui dire quelque chose mais préféra ne pas ouvrir la bouche, ne faisant que lever un doigt. Manelena pouvait être une personne très agréable et douce, il le savait parfaitement. Il fallait juste qu’elle ouvre plus facilement son cœur. Mais bon, elle n’était pas ce genre de femmes, il le savait parfaitement. Et c’était juste une idée comme ça, rien d’autre. En même temps, il ne devait pas … trop parler avec elle pour ne pas gêner Elen. Bien qu’il n’appréciait pas cette idée d’être « ligoté » à Elen s’il ne pouvait pas parler avec Manelena.


Bref … Il ne voulait pas que ça se passe ainsi. Il allait en discuter avec Elen si nécessaire car ce n’était pas une bonne chose. Manelena était une femme importante pour lui, comme l’était Clari ou alors sa mère. C’était aussi simple que ça.

« Bon … Omnosmos n’est pas très loin, normalement ? Enfin, nous sommes bientôt arrivés, Manelena ? » demanda-t-il, espérant faire la conversation.

« D’ici une ou deux journées au grand maximum. »

Manelena avait pris la parole après sa question. Tant mieux … Au moins, le contact n’était pas rompu. Enfin, c’était stupide de penser à une telle chose. Mais c’était des pensées de ce genre qui le rendaient anxieux inutilement. Est-ce qu’il s’était trompé ? Il aimait Elen, n’est-ce pas ? Il l’aimait vraiment ?

Voilà maintenant qu’il était confus, ce n’était pas une bonne chose. Ne pas être confiant dans ses sentiments … Est-ce qu’il avait été un peu trop rapide ? Il regarda sa main dans celle d’Elen pendant quelques secondes. Non … Il aimait Elen, il en était sûr et certain. Il en était convaincu ! Du moins, il tentait de se convaincre qu’il ne se trompait pas.

« Mais et si … Manelena … » bredouilla-t-il pour lui-même.

« Hmmm ? Qu’est-ce qu’il y a, Tery ? Qu’est-ce que tu me veux ? »

Hein ? Quoi ? Il bafouilla quelques excuses en reposant ses yeux sur Manelena. Non, non, il n’y avait rien du tout. Elle l’observa avec suspicion. C’était étrange de sa part, vraiment très étrange mais elle préféra ne pas en parler.

« Néanmoins, Tery, quand nous nous arrêterons, j’aimerai parler avec toi au sujet de quelque chose qui me concerne. Tu n’as pas la possibilité de dire non, d’ailleurs. »

« Et s’il ne veut pas ? Je pense qu’il a quand même le choix. » dit Elen sur un ton qui se voulait neutre bien qu’une très légère irritation se fit entendre.

« Euh … C’est bon, Elen. C’était juste une demande de la part de Manelena. Si je ne voulais pas, ça ne l’aurait pas dérangé. Ne t’en fait pas, tu n’as pas l’habitude avec elle mais moi, à force, je sais ce qu’il faut lui répondre. Donc Manelena, je veux bien. »

« D’accord. C’est tout ce que je voulais savoir. »

« Tu vois, Elen ? C’est aussi simple que ça. » répondit le jeune homme en rigolant, amusé par la brève conversation entre lui et Manelena.

« Vraiment … Je … Enfin, je ne sais pas trop ce que je dois dire. »

« De ne pas t’en faire pour si peu. Manelena n’est pas méchante. Elle est comme un animal sauvage qui ne connait pas les humains. Elle a peur des autres et elle aboie beaucoup mais ne mord pas souvent la main qu’on lui tend et … AIIIIIIE ! »

Le coup de poing qu’il se prit dans le derrière du crâne lui fit extrêmement mal ! Elle n’y avait pas été de main morte cette fois-ci ! AIE AIE AIE ! Mais Manelena était rouge comme une pivoine, plutôt bien énervée même s’il ne savait pas si c’était vrai ou non.
Du moins, son énervement ! Mais bon, ce n’était pas forcément ça le problème ! Disons plutôt que c’était ce qui se passait à côté, voilà tout ! Aaaaaaaah ! Il était perdu maintenant à cause du coup reçu derrière le crâne.

« Manelena … Tu n’étais pas obligée de frapper aussi fort, tu le sais ? »

« Tu veux que je recommence ? Je peux facilement m’arranger pour ça alors, un conseil … Il vaut mieux que tu n’ouvres guère la bouche. »

« Le message est très bien passé … Manelena. » bredouilla Tery avec confusion.

Tant mieux pour lui car elle n’était pas faite pour être sympathique. Et surtout lorsqu’il parlait de la sorte, les autres allaient finir par croire qu’elle était amicale mais elle ne l’était pas. Que les autres ne l’oublient pas. Ce n’était pas difficile à comprendre, voilà tout ! Elle n’était pas faite pour être gentille.

Pfff … Tery arrivait à l’énerver pour si peu. Mais quand même, les petits gestes amoureux entre lui et Elen, si cela continuait, allaient rapidement lui taper sur les nerfs. Qu’ils gardent ça pour le domaine du privé ! Et Tery était quand même un sacré coureur de jupons. Après tout ce qui s’était passé avec elle et Clari, il allait vers une autre femme.

« Roi Théor, ce qui s’est passé est effroyable. »

« Oui … Vtaiment effroyable. Notre royaume est maintenant dans un triste état. » murmura le monarque sur son trône, comme absent.

« Perdre les médaillons est horrible. Sans eux, nous n’avons plus aucune chance de nous en sortir. Comment allez-vous faire ? »

« Nous avons confié nos médaillons perdus aux autres royaumes. C’était la moindre des choses à faire de la part du perdant. Nous n’avons rien à réclamer malheureusement. »

« Comme vous le désirez, roi Theor, veuillez me pardonner, je vais me retirer. »

« Faites donc … Faites donc, grand prêtre. »

Le roi fit un petit geste de la main, pensif alors que le vieil homme s’éloignait, ses yeux dorés jetant un dernier regard au monarque. Finalement, il quitta la salle du trône, ruminant quelques mots dans sa longue barbe blanche.

« C’est bien trop important … La perte de ces médaillons. »

Le roi ne voulait pas comprendre que maintenant, le royaume de Shunter était à la merci des quatre autres ? Non … Ce n’était pas qu’il ne voulait pas comprendre, loin de là. C’était seulement depuis que l’annonce qu’il avait une fille qu’il n’avait pas hésité à sacrifier, tout avait été chamboulé pour l’homme qui dirigeait le royaume.

« Grand prêtre, vous … »

Alors qu’il passait à côté d’un garde, celui-ci s’immobilisa, comme surpris par la présence du grand prêtre. Celui-ci l’ignora, trop plongé dans ses pensées, un second garde aux côtés du premier venant lui demander :

« Qu’est-ce qui se passe ? On dirait que tu as un fantôme. »

« Non … Non … C’est juste que … Je ne sais pas … J’ai l’impression d’avoir déjà vu le grand prêtre aujourd’hui mais pas ici … Il vient juste de passer mais … »

« Tu dois confondre, y a pas d’autres possibilités. T’es sûr que tu n’as pas trop forcé sur l’alcool hier ? Et qu’il y a encore des restes ? »

« HEY ! Je ne suis pas un ivrogne comme toi, je te rappelle. » déclara le premier soldat avant de se mettre à remarcher pour continuer son tour de garde.

« Mais bon, peut-être que tu n’as pas rêvé mais tu expliquerais ça comment ? Pendant des années, on n’a rien vu et maintenant, comme par hasard ? » demanda le second soldat, le premier soldat haussant les épaules. Bof … Ce n’était pas impossible qu’il rêve. De toute façon, il ne se poserait pas vraiment la question d’ici quelques minutes, il aurait déjà oublié. Ca ne le concernait pas vraiment.

Les heures s’étaient écoulées et maintenant, ils étaient tous autour du feu. Enfin, presque tous. Elen avait murmuré qu’elle était fatiguée et avait décidé de se coucher plus tôt que prévu. Il n’y avait donc que les quatre autres personnes, celles-ci ne disant rien du tout, attendant juste que Clari ouvre la bouche pour lancer un sujet de conversation.

« Pfff … Bon ! Je crois que je vais aller me coucher plutôt. » déclara Clari alors qu’il haussait un sourcil. Pourtant, elle n’était pas fatiguée, non ? Royan commença à faire de même alors qu’il se trouvait maintenant en face de Manelen, le feu les séparant.

Et voilà qu’il était anxieux, très anxieux même. C’était toujours comme ça lorsqu’il était avec Manelena en face. Enfin … Il n’osait pas la regarder mais elle ne se privait pas de le fixer de ses yeux rubis. Il avait beaucoup de questions à lui poser mais il était loin d’être sûr qu’elle veuille bien y répondre Pourquoi l’aurait-elle fait de toute façon, non ?

« Euh … Manelena, tu n’es pas fatiguée ? »

« Je ne pense pas. J’ai l’habitude de veiller tard et de me lever tôt. »

« Comme la fois où je me suis levé bien plus tôt que d’habitude et je suis parti m’entraîner. Je ne m’attendais pas à ce que vous veniez dans la salle d’entraînement aussi. »

« Hmm ? Tu me vouvoies après m’avoir tutoyé ? » dit-elle alors qu’il était maintenant encore plus confus qu’auparavant. C’est vrai. Il ne l’avait pas remarqué sur le coup mais il venait de faire ça. Quel idiot mais quel idiot ! Enfin, il était un vrai idiot ! Il le savait parfaitement !

« C’est l’habitude, j’en suis vraiment désolé. Enfin … Une mauvaise habitude. »

« Je ne suis plus qu’une femme tout ce qu’il y a de normal maintenant, Tery. Ne l’oublie pas. Tu n’es plus obligé de jouer mon larbin. »

« Jouer ton larbin ? Hein ? Mais je n’ai jamais fait ça ! » dit-il sur un ton légèrement révolté. Il n’a jamais voulu faire ça ! Loin de là même !

« Alors, pourquoi est-ce que tu n’arrêtais pas de me coller lorsque nous étions dans l’armée ? Tu étais comme un parasite à mes yeux. »

« Ah ? Enfin, je sais bien que ça t’énervait mais bon … Comme tu étais la seule personne de confiance avec Clari, je préférai toujours rester non trop loin de toi. C’est juste ainsi. Tu m’as quand même tellement aidé depuis le début. Avec mes lignes d’Alzar. Alors bon … Je suis quand même un peu attaché à toi. »

Voilà, il l’avait dit à voix haute. Il avait un peu honte mais bon … Au moins, il le lui disait clairement, voilà tout. C’était ainsi et pas autrement. Il n’osait plus regarder Manelena, celle-ci poussant un profond soupir avant de murmurer d’une voix lente :

« Bien entendu … Bien entendu … Je me doute que tu n’as pas l’habitude d’avoir de la conversation avec une femme mais quand même pas au point de s’attacher à elle. »

« Hey ! C’est vraiment mesquin ça ! Je tiens à le signaler ! »

« Non … C’est réaliste, Tery. A part celles qui sont ici, tu connais beaucoup d’autres femmes ? Dans ton village ? »

Ah … Elle … marquait un point. Un très bon point même. Il détourna la tête, gêné et confus. Après quelques secondes, il marmonna dans sa barbe :

« Pas vraiment … Je ne sortais pas de chez moi. Je n’ai eu aucune éducation puisque j’ai abandonné très rapidement. Ma mère fut assez gentille pour tenter de m’apprendre cela mais j’étais tellement flemmard que … Quoi ? »

« Ta mère est une paysanne non ? Je vois difficilement quelqu’un de ce statut faire des leçons, je suis … désolée si mes paroles te choquent. »

« Oui, oui, ma mère est une paysanne. Enfin … Elle est normale mais en même temps, toutes ces connaissances sont vraiment surprenantes ! »

« Il faudra que je la voies un jour. Elle semble assez surprenante puisqu’elle a réussi à t’éduquer, chose qui semble plus que difficile. »

« Clari et Elen l’ont déjà vue mais je serai ravi de te la présenter ! Par contre, je préfère éviter de ramener Clari une nouvelle fois. Et il … faudra attendre que tout cela soit réglé. Enfin, peut-être que l’on pourra s’y rendre discrètement. Mon village est assez éloigné du reste et n’a qu’une milice. A la base, je te rappelle qu’il a fallu envoyer l’armée pour récupérer un médaillon. Enfin bref … On pourra s’y rendre ! »

« Hmm … Si ta mère est aussi altruiste que toi, je sais que je ne risque rien en me présentant devant elle. C’est … assez intéressant. J’ai l’impression qu’elle est plus qu’une simple paysanne. Je ne sais pas pourquoi. »

« Je ne pense pas. Tu te poses trop de questions. Elle est juste terriblement forte. Même moi, je n’ose pas lui tenir tête. »

« Hmmm ? Tu te moques de moi ? » dit Manelena, le fixant de ses yeux rubis pour voir s’il mentait ou non. Sauf qu’il était sérieux, plus que sérieux même.

« Euh … Vraiment … Des fois, j’aime bien te tenir tête … Enfin, parce que j’estime que j’ai raison ou alors qu’il faut que je le fasse. Autant avec elle … Je ne préfère pas. »

Pas du tout même ! Rien qu’en y repensant, il en tremblait déjà. Même si sa mère était redevenue une jolie femme, rien à voir avec celle qu’il avait connue pendant des années, après la mort de son père.

« Bon, de toute façon, je ne veux pas parler de ça. Je veux plus parler de ton père. C’est lui … La raison qui te permet de te contrôler ? »

« Je crois que je vais plutôt aller me coucher. Je suis fatigué et Elen doit surement m’attendre. Bonne nuit, Manelena. »

« Bonne nuit, Tery. Dors bien. » murmura calmement la femme aux cheveux argentés, continuant de le regarder alors qu’il s’éloignait pour se diriger vers la tente.

Il avait aussitôt changé de conversation. C’était vraiment une … plaie cette histoire ? Elle avait voulu savoir … plus sur ce qui s’était passé. Elle n’était pas au courant dans les moindres détails de ce qu’avait vécu le jeune homme.

« Et cela m’ennuie … Pfff … »

Il valait mieux pour elle qu’elle aille aussi se coucher. Ça serait … Ah … Elle soupira une nouvelle fois, se levant à son tour. Est-ce qu’elle avait fait le bon choix ? En décidant de rester avec eux ? Elle aurait pu partir aussitôt … et retourner mourir.

Mais Tery avait risqué sa vie pour elle. Il n’avait pas hésité un seul instant à arriver jusqu’à elle pour pouvoir la sauver. Face à cinq armées, il n’avait pas … pris le temps de réfléchir. Et même ainsi, elle savait qu’il aurait quand même …

« Pourquoi est-ce que je pense à ça ? Ca ne me concerne pas le moins du monde. »

Elle ne devait pas se ramollir. Ce n’était pas bon … mais si elle continuait de les suivre, elle savait que cela arriverait. Elle ferma les yeux, prenant une profonde respiration avant de se diriger à son tour vers la tente.

Là-bas, Clari était déjà en train de dormir. Maintenant que Tery dormait avec Elen, il y avait beaucoup plus de place … un peu trop même. Elle observa son propre corps, fronçant les sourcils avant de s’endormir. Ce n’était pas le lieu et le moment pour penser à ça.

Chapitre 8 : Un combat unilatéral

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Chapitre 8 : Un combat unilatéral

« Nous sommes cinq contre une. Tu ne pourras pas réellement te battre contre nous. » déclara Elen avec lenteur alors qu’Elise rigolait légèrement :

« Je veux juste vous tuer … Juste vous tuer … Mais qui sont ces trois autres personnes ? »

Elle désignait du regard Tery et les deux femmes qui l’accompagnaient habituellement. Pourtant, les personnes avaient déjà sorti leurs armes, prêtes à se battre. D’ailleurs, Tery avait fait apparaître ses lignes noires sur son visage et ses bras, alors qu’il avait les griffes en main. Il était déjà prêt à les utiliser ! D’ailleurs, il fit apparaître des morceaux de terre autour de ses griffes, les recouvrant pour faire bien plus mal.

« Je veux juste vous tuer … Rien de plus … Rien de plus ! Hahaha ! Rien de plus, oui ! »

« Cette Elise est-elle si dangereuse que ça, Elen ? » murmura le jeune homme, cherchant une réponse dont il n’était pas sûr de déjà connaître la réponse. Il voulait se méfier … mais il était un peu anxieux et peiné pour cette Elise. Elle ne savait pas contrôler ses lignes d’Alzar. PIRE ! Elle avait des cornes … comme lui.

« Plus dangereuse que tu ne le penses. Et je me dis que depuis la dernière fois, elle a surement appris à contrôler ses pouvoirs, ce qui n’est pas une bonne nouvelle. »

Super ! Et dire qu’il pensait que ça aurait pu en être une. Comme quoi, il pouvait toujours être déçu ! Ah ! Ce n’était pas le moment de faire de l’ironie de bas étage. Il devait se concentrer pour ce combat. Il devait se préparer au cas où le pire arriverait.

Mais le pire arrivait tout de suite ! Des flammes furent projetées vers eux mais Royan se plaça devant le reste du groupe, créant un mur aqueux avec ses propres lignes bleues. De la buée se fit voir, Tery sifflant d’admiration.

« Impressionnant … car ce ne sont pas des flammes basiques. »

« Et pourtant, si … Elles ne sont pas porteuses des lignes d’Alzar ce qui montre qu’elle est encore un peu confuse, Tery. » déclara l’adolescent.

Un peu confuse ? Elle voulait réellement les tuer, c’était plutôt ça qu’il remarquait chez elle ! Et rien d’autre ! Pfiou ! Bon … Une petite concentration ? Il savait quoi faire ! Il fit quelques pas en reculant, disant ensuite :

« Si on peut me protéger, je vais lui faire une petite surprise à cette demoiselle. »

« Fais quand même attention. Nous te protégeons. » répondit Manelena, se plaçant devant lui tout en serrant son épée. Elen vint aussitôt se mettre à côté de Tery, disant :

« C’est plutôt à moi de me charger de ça ! Tu peux aller épauler Clari et Royan. »

« Et comment comptes-tu prendre ces flammes de plein fouet ? Tu n’as qu’un semblant d’armure contrairement à moi, je tiens à le signaler. »

« Euh … Elen, je serai plus confiant si je savais que tu t’occupais de cette femme. Manelena m’a souvent couvert avec son armure. Merci. »

Mais elle … Enfin … Si Tery le lui demandait ainsi, elle ne pouvait pas refuser. Mais elle n’aimait que moyennement cela. Alors, elle devait occuper Elise ? Le souci, c’est qu’elle n’arrivait pas à la considérer comme un monstre. Peut-être parce qu’à côté, Manelena et Tery avaient montré qu’ils pouvaient combattre l’insanité ?

Et dans le cas d’Elise … Elle semblait agir différemment de son mode de pensée. Ainsi, elle ne semblait pas vouloir … mais elle le faisait quand même. C’était étrange et déconcertant en un sens mais ça allait. Elle pouvait tenir le coup. Néanmoins, elle remarquait aussi que Royan semblait soucieux. Se plaçant à côté de lui, elle murmura :

« Qu’est-ce qui ne va pas, Royan ? Tu ne te sens pas capable de lui tenir tête ? »

« Je suis votre meilleur atout face à elle. Je suis capable de résister aux flammes les plus fortes. Etant de sang royal, ma force est sans égale ou presque dans le domaine de l’eau. Même si vous êtes capables d’utiliser tous les éléments, ça ne fait pas de vous des êtres surpuissants. Vous deviendrez surement bons dans tous les éléments mais vous resterez fixés sur un élément en particulier, voilà tout. »

« Pas besoin de me faire un cours, tu sais ? Tu me disais juste oui ou non, c’était suffisant. »

« J’ai préféré être clair dans mes explications. Je suis désolé … Mais voilà … Je préfère rester méfiant par rapport à cette jeune demoiselle. »

Il lui donnait du jeune demoiselle ? Ohohoh. Elle avait envie d’y croire un peu mais il valait mieux qu’elle ne dise rien. Peut-être qu’elle irait le taquiner plus tard à ce sujet ? Des flammes foncèrent vers eux mais déjà Royan avait préparé un nouveau mur aqueux, celui-ci les protégeant en créant de la buée.
Mais Elise en profita pour se retrouver entre eux. Qu’est-ce que … Cette vitesse ! Le trio se retourna alors qu’Elise avait ses yeux fixés sur Tery. Celui-ci avait d’ailleurs fermé les siens pour se concentrer, Manelena plantant son épée dans le sol en se positionnant devant lui.

« Tu ne toucheras pas à cet homme. Il te faudra passer sur mon corps pour cela. »

« Si ce n’est que ça, ça ne sera pas vraiment difficile si tu veux tout savoir. »

« Hmmm ? Tu es un brin prétentieuse. Il va falloir donc que je te montre l’expérience. »

L’expérience d’une femme qui a combattu depuis des années sur le terrain. Avec lenteur, elle extirpa son épée, des éclairs commençant à la parcourir. Cette haine qu’elle focalisait sur son père, elle allait l’utiliser contre Elise. Contrairement à Elen ou à Royan, elle n’avait aucune hésitation. Si un adversaire se présentait à elle, il devait disparaître.

Et cette femme … en était un. Alors … Elle n’allait pas perdre de temps avec les présentations. D’un geste vif, elle pointa son épée vers Elise, les éclairs quittant l’arme pour venir foudroyer par surprise Elise. Celle-ci poussa un cri de douleur, posant un genou au sol alors que de la fumée émanait de son corps. Pour autant, elle ne semblait pas avoir été plus affectée que ça. Elle se redressa, positionnant sa main droite en arrière alors qu’une sphère électrique était visible. La main gauche, quant à elle, avait produit une boule de feu. Elle envoya les deux en direction de Manelena, celle-ci s’apprêtant déjà au choc.

« C’EST BON ! » hurla Tery alors que le sol se mit à trembler devant Manelena. Un imposant golem de terre d’environ trois mètres de hauteur se présenta devant la femme en armure noire. Les deux sphères vinrent le percuter, un peu de boue et de terre tombant au sol.

« Tery … Je pensais que c’était à moi de te protéger et pas l’inverse. »

« Héhéhéhé … Désolé, Manelena mais je ne pouvais pas m’en empêcher. Tu viens épauler mon golem ? Je pense qu’il tiendra le choc … Enfin, j’espère. »

« Humpf ! Evite donc de croire que j’ai besoin de toi pour me défendre, d’accord ? Je vais aller rejoindre les autres. Pendant ce temps, repose-toi un peu. L’invocation d’un golem reste quand même quelque chose d’exténuant. »

« Oui, oui … Ne t’en fait donc pas pour moi mais merci de te préoccuper de ma personne. »

« Qui se préoccupe de qui ? » rétorqua la jeune femme en haussant un sourcil bien qu’il ne pouvait pas le voir sous son casque noir.
Il haussa les épaules tout en souriant, laissant le golem rentrer dans la bataille. Elise n’allait rien pouvoir faire. Ce golem ne semblait pas tellement fort et pourtant, il avait envisagé que cette femme pouvait le détruire facilement. C’est pourquoi il s’était concentré pour que le sol à ses pieds lui serve de générateur de morceaux de terre, comme ça, il pouvait se reconstituer quand c’était nécessaire.

Oui … Il prévoyait de grandes choses avec ses golems. Du moins, il sentait qu’il n’était pas réellement un combattant au corps à corps mais plutôt un invocateur de golems. Il se demandait s’il était possible d’invoquer d’autres créatures ou non. Enfin, qui ne posaient pas trop de problèmes. Il n’était pas adepte d’un golem fait avec de la chair morte et des morceaux issus d’humains ou autres créatures.

« C’est la première fois que je vois un golem en vrai ! C’est impressionnant ! »

Elise était enjouée devant la créature, lui envoyant plusieurs sphères enflammées comme si de rien n’était. Elle semblait exultée tout en pleurant, comme si tous ses sentiments se mélangeaient en un seul, signe qu’elle avait beaucoup de mal à garder le contrôle de son propre corps. Elle ne faisait qu’attaquer le golem, sans même se préoccuper des quatre autres personnes. Le golem qui était détruit n’avait aucun souci à se reconstruire.

« Hahahaha ! Je peux le détruire autant que je veux, il revient ! Il revient ! C’est drôle comme jeu ! Vraiment très drôle ! »

« Nous faisons quoi, Elen ? Royan ? Vous êtes ceux qui l’ont affrontée la première fois. » demanda Clari, restant quand même méfiante.

« Je ne sais pas … Elle me donne l’impression d’évacuer sa colère et ses envies destructrices sur le golem de Tery. Comme si … C’était un mannequin d’entraînement. »

« A la base, ce n’était pas ce que j’avais prévu, Elen. » marmonna le jeune homme.

« Laissons-la faire pendant un temps et si elle commence à montrer des signes de folie, il faudra envisager de l’abattre, voilà tout. »

Manelena avait pris la parole, rappelant par là qu’elle fut encore il y a quelques jours, la personne qui dirigeait toute une armée du royaume de Shunter. Qu’est-ce qui clochait avec cette Elise ? Lui-même … Est-ce qu’il ressemblait à ça ?

« Je me comportais ainsi lorsque … J’ai eu ces cornes sur le crâne ? » demanda-t-il à Manelena et Clari, la première ne préférant pas lui répondre. « C’est assez confus dans le fond … J’ai l’impression que j’ai oublié une partie. »

« Oh … Si tu veux tout savoir, tu hurlais aux soldats ce qu’ils étaient en train de faire. Qu’importe si c’était le roi ou non, tu hurlais et tu criais pour empêcher qu’ils ne tuent Manelena. C’était vraiment … Le preux chevalier de sa princesse, le genre que l’on raconte dans les contes justement. »

« Dans les contes ? Euh … Quelle sorte de contes ? Ma mère m’en lisait quelques fois mais j’étais jeune à l’époque et surtout, je ne l’écoutais qu’à moitié. »

« Oh que le chevalier allait délivrer sa princesse, qu’ils se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ensemble. Voilà tout. »

AH ! L’idiote ! Il savait maintenant où elle voulait en venir ! Il tourna son visage vers Manelena mais celle-ci restait imperturbable. Pfiou … Heureusement … Mais Elen aussi ? Qu’est-ce qu’elle allait dire ? Ah non … Il n’avait pas à s’inquiéter à son sujet.

« Clari ! Arrête tes idioties une bonne fois pour toutes ! Tu sais pertinemment que ce n’est pas drôle ! Ca embarrasse Manelena ! »

« Quoi qui embarrasse qui ? » murmura faiblement la femme dans son casque noir, reposant son visage en direction de Tery. GLOUPS !

« Je n’ai rien dit, Manelena. Rien du tout. Tu n’es pas du genre à être embarrassée pour si peu. C’est vrai ! Pardon ! »

« Tu fais bien de t’excuser … Il vaut mieux pour toi. »

« Cela commence à devenir lassant. » murmura faiblement la voix d’Elise alors qu’une explosion se produisit, projetant des éclats de pierre et de terre tout autour de la zone où normalement le golem se trouvait.
Avec une telle déferlante de puissance, il était tout simplement impossible que le golem se reconstitue. Elle en avait déjà terminé avec lui ? Et elle ne semblait même pas épuisée … Mais ce n’était qu’en apparence. De la sueur s’écoulait de son front et elle respirait quand même bruyamment. Elle semblait exténuée.

« Maintenant … Maintenant … Je … vais retourner à mes occupations. Donc vous tuer. »

Pas cette fois ! Puisqu’elle ne semblait pas s’être calmée dans son délire, ils n’allaient pas avoir le choix visiblement. Loin de là même. Les cinq personnes se placèrent autour d’Elise, celle-ci ayant un sourire mauvais aux lèvres :

« Vous comptez faire quoi avec ça ? Vous savez … »

C’était si simple de tous les attaquer quand même bien qu’ils l’encerclaient. Elle claqua des doigts, un halo de feu l’entourant avant de se propager autour d’elle. Aussitôt, les cinq personnes créent une barrière aqueuse, plus ou moins bien suivant la personne. Seul Royan n’avait eu aucun souci et aucune blessure, au contraire des autres.

« Ah … Ah … Ah … C’est la première fois que l’on me résiste autant ! Vous êtes comme le golem ? Vous n’allez-vous reconstruire si je vous brise ? »

« Je ne pense pas. » déclara Royan calmement, la jeune femme tournant son visage vers lui, clignant des yeux plusieurs fois. Elle eut à nouveau un petit sourire, mais amusé.

« Quand même, tu es drôlement fort, tu le sais ? Je ne m’attendais pas à ce que tu sois aussi résistant par rapport à mes attaques. C’est vraiment étonnant ! »

Il n’y avait rien d’aussi étonnant. Il combattait le feu par l’eau, quoi de plus logique et normal ? C’était la base même des choses. Il n’y avait pas de quoi être si étonnée non plus. Un petit cri se fit entendre, Manelena courant vers Elise, son épée dans ses mains. Bien que cela était impossible à voir sur son corps, il était facile de deviner qu’elle utilisait ses lignes d’Alzar, sautant subitement dans les airs, un éclair venant frapper son arme avant qu’elle ne la dirige vers la jeune femme aux cheveux rouges.

Celle-ci cligna des yeux encore une fois, faisant un pas sur le côté juste au dernier moment. L’épée vint frapper le sol, Manelena semblant étonnée et décontenancée. D’habitude, elle était bien plus rapide que ça alors comment …

« MANELENA ! FAIS GAFFE ! »

La voix de Tery vint la sortir de ses rêveries mais c’était déjà trop tard. Elise avait fait apparaître une griffe de terre au niveau de sa main droite, la recouvrant totalement avant qu’elle ne frappe Manelena. L’armure noire de l’ancienne maréchale se brisa en morceaux au niveau du point de contact, Manelena étant renvoyée en arrière, Tery la réceptionnant avant de s’écrouler avec elle.

« Manelena ! Est-ce que tu vas bien ?! Cette … Elle a appris … comment faire ça sur le moment ? Elle … Elle utilise mes propres attaques ! »

« Je vais bien … Je vais bien. Pas de blessures sauf psychologiques. Elle a réussi à répliquer et à m’éviter … comme si de rien n’était. »

« Tu n’étais pas concentrée, j’ai pu le remarquer. Je ne sais pas ce qui se passe avec toi mais tu n’as pas l’air d’être très motivée … »

« De quoi est-ce que tu parles ?! Je ne suis pas perturbée ! »

Pas du tout ! Elle n’allait pas le reconnaître ! Et puis quoi encore ? Pourquoi est-ce qu’elle serait ainsi hein ? POURQUOI ?! Qu’il se taise, c’est tout ! Ah … Ah … Ah … Clari et Elen étaient tournées vers eux, demandant s’ils n’étaient pas blessés, Tery disant que non.

Elle n’était pas perturbée … Enfin, elle croyait. C’était bizarre, tellement bizarre. Mais si elle perdait sa concentration dans un moment pareil, ça n’annonçait rien de bon pour la suite. Elle devait apprendre à mieux se contrôler mais un éclat de rire vint briser ses pensées.

« HAHAHAH ! Pendant que tout le monde est occupé, attaquons le plus faible d’entre vous ! C’EST-A-DIRE LE JOLI GARCON AUX CHEVEUX BLEUS ! »

Le joli garçon ? Tery haussa un sourcil mais il savait de qui elle parlait ! Il n’y avait pas cinquante personnes aux cheveux bleus dans les environs ! Elle allait attaquer Royan ! Ils devaient défendre le prince ! Car même avec ses pouvoirs aqueux, si elle se jetait sur lui, il était impossible qu’il puisse se déf…

Rien ne se passa. Rien du tout même. L’attaque flamboyante sous la forme de deux poings recouverts par les flammes ne vint jamais atteindre sa cible, cachée derrière un mur aqueux. L’adolescent avait ouvert ses yeux bleus en grand pour les poser sur Elise, celle-ci s’étant arrêtée au dernier moment, marmonnant :

« Non … Je n’en ai même pas envie. Je ne veux pas … Je ne veux pas ! »

« Vous souffrez, n’est-ce pas, mademoiselle ? A cause de ces cornes … »

« C’est horrible. J’ai l’impression d’entendre une voix dans ma tête ! J’en ai assez ! Qu’elle s’arrête ! Je ne veux pas qu’elle continue ! JE NE VEUX PAS ! »

« Calmez-vous, tout ira bien. » murmura une nouvelle fois Royan, conciliant et calme, comme le flot de l’élément qu’il domptait.


Elise était tombée à genoux, se tenant la tête entre ses mains en criant de douleur. Elle en avait assez de ces voix ! ASSEZ ! ASSEZ ! ASSEZ ! ASSEZ ! Elle poussa un nouveau cri avant qu’un halo de feu ne l’entoure. Avec lenteur, elle se releva.

« Ca ne s’arrêtera pas … Ca ne s’arrêtera jamais ! JAMAIS ! JAMAIS ! »

Elle sauta dans les airs, faisant un bond prodigieux de plusieurs mètres avant d’atterrir bien plus loin, à une bonne distance des cinq personnes. Poussant un dernier hurlement, elle courut pour s’éloigner et disparaître de leur champ de vision.

« J’ai quand même un peu de mal pour elle … Elle me semble très perturbée comme femme. » souffla Royan, passant une main dans ses cheveux.

« C’est rare de te voir préoccuper par quelqu’un d’autre, Royan. » dit Elen bien qu’elle-même ne semblait pas vraiment se soucier de cela, loin de là. La seule chose qui l’importait à l’heure actuelle, c’était plutôt Tery qui était auprès de Manelena et lui demandait de retirer son armure pour voir les blessures. Bien qu’elle fût très réticente, la femme aux cheveux argentés s’exécuta. Au niveau de son ventre, une tache rouge était visible.

« Mais tu saignes ! Attends un peu quand même ! »

Il leva subitement le haut de Manelena jusqu’au-dessous de sa poitrine, regardant la chair nue mais légèrement blessée du ventre de la jeune femme. C’était pas si grave mais quand même … Elise avait réussi à passer outre son armure, c’était affreux !

« Je ne te savais pas aussi courageux, Tery ! » déclara Clari en rigolant.

« Courageux ? Pour quelle raison ? »

« Te … Te … Tery ! TU VEUX QUE JE T’AIDE ?! »

La voix de Manelena hurla en même temps qu’il recevait un coup de poing sur le sommet du crâne, l’assommant à moitié. Il tomba à la renverse,, sonné alors qu’il tentait de retrouver ses esprits. Clari éclata de rire alors que Manelena rabaissait son haut, un peu rouge aux joues. Vraiment, quel imbécile ! Quel idiot !

« Tery, la prochaine fois, fais-toi passer pour un soigneur si tu veux la voir dans la plus modeste des tenues qui existe pour l’humain ! »

« Clari, je te conseille vivement de te taire. Je ne suis pas d’humeur à plaisanter. »

« Bien entendu, Manelena. Bien entendu … » murmura la jeune femme aux couettes blondes, rigolant sous cape avant de s’éloigner.
Non-loin de là, Elen était à distance respectable du quatuor, les yeux baissés alors qu’elle semblait comme dépité. Les lignes blanches sur ses bras prirent une teinte plus sombre, se rapprochant du gris.

« Même si … Je sais qu’il ne pense pas à mal … »

C’était elle qui souffrait. Une main posée sur son cœur, elle regardait la scène au loin avec appréhension. Elle n’aimait que moyennement cela … mais elle ne disait rien du tout. Elle eut un petit hoquet puis un trémolo avant que ses lignes ne reprennent une couleur normale.

« Ce n’est pas bien grave. Je vais plutôt voir comment il va. »

Elle retourna auprès de Tery, le jeune homme aux cheveux bruns restant couché sur le sol. Elle lui demanda si tout allait bien, le jeune homme hochant la tête.

« Tant mieux alors … Tery. Mais s’il te plaît, ne recommence plus ça. »

« Je voulais juste savoir … si elle n’était pas blessée, rien de plus. »

Oui mais … quand même … Qu’il évite cela. Elle n’aimait pas avoir mal au cœur. Maintenant qu’il lui avait dit ces mots, il ne devait plus faire une telle chose. Ce n’était pas normal qu’un homme fasse cela à une femme. Enfin, sauf s’ils sont proches. Mais ne l’était-il pas plus avec elle qu’avec Manelena ? Elle était prête à … Enfin prête … à le laisser faire cela sur elle s’il en avait envie. Ils s’aimaient tous les deux … non ?

Chapitre 7 : Comme folle

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Chapitre 7 : Comme folle

« Regarde encore la tête de Clari, Tery. »

« Je regarde, je regarde. » murmura-t-il. Et il souriait aussi. Clari était toujours aussi choquée par les propos d’Elen. Il fallait dire que la jeune femme aux cheveux blonds avait fait fort, très fort même, il devait le reconnaître. « Quand même, le dire devant tout le monde, je n’aurai pas osé, je dois te l’avouer, Elen. »

« Je n’ai rien dit de spécial, j’ai juste remise à sa place Clari, voilà tout. J’espère quand même ne pas avoir été trop méchante avec elle. Ce n’est pas du tout mon genre … »

« Je ne crois pas que tu as été méchante, ne t’en fait donc pas à ce sujet. »

Mais bon, maintenant, ils se tenaient la main librement. Elle avait même retiré ses gants. Bien entendu, elle portait encore son masque sur le visage mais ça … Il ne pouvait rien y faire. Il fallait prendre son temps, oui, son temps et calmement.

« Elen, tu penses que tu pourras retirer ton masque quand ? Du moins, devant tout le monde ? Enfin, je ne te force pas. »

« J’y réfléchis sérieusement, Tery. Vraiment … Mais je ne suis pas encore prête. »

« Je ne te forcerai jamais. Prend ton temps. Mais bon, maintenant, tu sais que nous allons devoir dormir ensembles dorénavant hein ? »

« Ce n’est pas ce que nous faisions déjà avant ? » dit-elle alors qu’il rigolait. Il aurait voulu l’intimider un peu à ce sujet mais visiblement, cela ne marchait pas.

« Oui, tu as parfaitement raison. Désolé, je ne l’avais pas remarqué, Elen. »

« Oh … Ce n’est pas bien grave, Tery. Ce n’est pas bien grave. Marchons un peu plus rapidement que les autres, ils nous rattraperont. »

« Comme tu le désires. » souffla le jeune homme aux cheveux bruns, gardant ses doigts entre les siens alors qu’ils se mettaient en marche.

En plus, ils avaient de la chance, le temps était là pour eux, quoi de mieux ? Avec un soleil radieux, rien de bien pour profiter de la journée. D’ailleurs, il approcha sa main du masque blanc d’Elen, cherchant à le retirer mais elle l’arrêta.

« Tery, je pensais que nous avions été clairs à ce sujet, tous les deux non ? »

« Ils sont derrière nous, non pas devant nous. Tant que nous gardons notre avancée et pendant que nous marchons, tu peux le retirer non ? J’ai envie de t’avoir à mes côtés sans ce masque et cette vilaine capuche. Voilà tout. »

« Tu sais très bien parler quand tu le veux hein ? » répondit-elle, posant une main sur son masque avant de le mettre de côté. Elle dévoila la moitié de son visage, lui souriant. « Est-ce que cela te convient, Tery ? Ou tu en veux un peu plus ? »

« Si ça ne tenait qu’à moi, j’en voudrai encore plus. Attends un petit peu. »

Il se retourna pour observer la distance entre eux et le trio qui les suivait. Ils avaient bien une quinzaine à vingtaine de mètres. Oh ! Il pouvait essayer ça ! Oui ! Il se motivait à cela ! Il revint poser son visage sur celui encore à moitié caché d’Elen, reprenant :

« Reste tranquille, d’accord ? Hein ? Et puis bon, il faut bien essayer cela en public. »

« Essayer quoi, Tery ? Tu … » commença-t-elle à dire avant de s’arrêter. Le jeune homme avait agrandit l’ouverture sur le masque, le prenant pour camoufler la scène qu’il donnait seulement aux personnes qui se trouvaient en face d’eux, c’est-à-dire aucune. Avec rapidité, il embrassait néanmoins tendrement Elen pendant plusieurs secondes bien qu’ils avançaient plus lentement qu’auparavant. Après quelques secondes, il retira ses lèvres, rouge aux joues, Elen étant dans le même état émotionnel que lui.

« Je … Je vois ce que tu voulais essayer, Tery. »

« Je pense que ça valait le coup quand même, non ? Tu peux remettre ton masque maintenant si tu le veux. C’est à toi de voir. »

« Pour l’heure, je veux que tu sois le seul à pouvoir m’observer sans mon masque. Tu peux te considérer comme privilégié non ? »

« Oh que oui … Je crois que j’ai la plus grande chance de ce monde. Je suis avec la personne que j’aime et qui m’accepte malgré mes lignes d’Alzar. »

« J’ai été trop longtemps éduquée sur le fait que les lignes d’Alzar étaient mauvaises mais pourtant, toi, tu as réussi à les contrôler. Manelena aussi. C’est pourquoi je me dis alors qu’il est possible de … Oh mais pourquoi est-ce que parle de ça ? Je suis toute aussi chanceuse d’être aimée et que mes sentiments sont réciproques, voilà tout ! »

Hahaha ! Il eut un petit rire, caressant les cheveux blonds d’Elen. Ils devaient avoir l’air de deux idiots … ou alors de deux amants candides. C’était un peu comme ça qu’il se voyait avec elle et ça ne lui déplaisait pas le moins du monde.

« Allons-y, nous avons encore beaucoup de marche avant d’arriver jusqu’à Omnosmos. »

« Je te suis, Tery. Je te suis … et si tu remarques, on a fait quelques progrès. Maintenant, je te prends la main sans mon gant. »

« Quel progrès ! Je suis étonné, Elen. » dit-il avec une fausse ironie, tirant la langue.

« Ne te moque pas, vilain garçon ! Tu sais très bien que j’ai du mal avec tout ça ! »

« Mais je ne me moque pas de toi, tu le sais parfaitement. Je ne suis pas comme ça. »

Ah bon ? Et pourquoi est-ce qu’il souriait bêtement alors ? Elle vint lui tirer la joue, le faisant un peu gémir de douleur. Maintenant qu’ils s’étaient déclarés, tous ces petites gestes devaient être rattrapés, ils le savaient aussi bien l’un que l’autre. Mais … Ils préféraient prendre leurs temps et surtout rattraper celui qu’ils avaient perdu.

Tout allait dans le meilleur des mondes et bien qu’il n’était pas possible d’oublier ce qui s’était passé en une seule journée, il faisait de son mieux. Et cela marchait visiblement … Ah … Il prit une profonde respiration.

« On retourne avec les autres ? Qu’on ait un peu de discussion avec eux ? »

« Pourquoi pas ? Ca ne me dérange pas vraiment, je dois te l’avouer. »

Hahaha … Ils ralentirent leurs marches, attendant que le trio arrive à la hauteur avant de regarder Clari et les autres. Est-ce qu’ils avaient pu voir la petite scène ? Visiblement non sinon Clari n’aurait pas hésité à s’amuser à ce sujet

Et ce n’était pas le cas … Enfin bon. Maintenant que tout était résolu et qu’ils avaient eu un petit moment d’intimité en « public », ce qui était étrange quand il pensait, il pouvait apprécier cette journée. Oh que oui.

« Alors ? Tery ? C’est pour quand les fiançailles ? Le mariage ? Le premier enfant ? N’oublie pas de le nommer Clari si c’est une fille. »

« Je ne crois pas que ça soit encore prévu, loin de là si je peux le dire. »

« C’était juste une proposition comme une autre. Tu la prends si tu veux, Tery. Hahaha. Manelena ? Est-ce que tu crois qu’une princesse peut être une maîtresse ? Ca finit un peu sur la même sonorité donc je me posais la question. »

« Je vais vraiment devoir te tuer maintenant … Tu commences à être agaçante. »

Clari eut un petit rire amusé alors que Manelena soupirait, posant une main sur son front. Cette femme était insoutenable. Elle était même énervante, surtout qu’elle ciblait des points qui la fâchaient … Bref … Il valait mieux ne pas la chercher trop longtemps sous peine de subir une lourde … défaite ? Non, ce n’était pas une défaite.

Ca ne se disait pas de la sorte. Elle ne savait pas. En fait, ça ne l’intéressait même pas. Elle n’avait pas à se préoccuper d’une telle chose. Pourquoi perdre du temps avec cela, hein ? Mais bon … Elle jetait quelques regards à Tery, remarquant qu’il semblait heureux. Ses veines noires se présentèrent sur sa gorge mais disparurent aussitôt.

« Hmm … Ce n’est pas bon de s’emporter pour des idioties de la sorte. »

« De quelles idioties tu parles ? » demanda Tery en s’adressant à elle.

« Cela ne te concerne pas, Tery. Tu n’as même pas à me poser la question. C’est … personnel. » répliqua aussitôt la femme aux cheveux argentés.

« Elle pense à un moyen de te soustraire des griffes d’Elen. Très difficile à mettre en place malheureusement. » chuchota Clari dans l’oreille de Tery bien qu’au final, tout le monde pouvait entendre. Royan haussa les épaules, disant finalement :

« Elle ne s’arrête jamais en fait ? Elle utilise de l’électricité comme énergie ? »

« J’aimerai bien qu’on lui coupe le courant si c’était possible. »

« Hahaha … Non, désolée, petit Royan, je suis comme ça depuis des années, Tery peut te le confirmer. Le pauvre me supporter depuis tout ce temps. »

« Le pauvre oui … Il y a de quoi le plaindre, j’en suis sûr. » murmura Royan alors que Tery haussait les épaules, souriant avant de dire d’une voix un peu amusée :

« Ne vous en faites pas. Elle se calmera aussitôt. Il faut juste éviter de trop lui adresser la parole. Le mieux est de faire comme avec certains : si on les ignore, ils nous laissent tranquille. AIE ! HEY ! Clari ! »

« C’est pas très gentil de ta part, ça ! » répliqua la femme aux cheveux blonds, lui ayant donné une petite claque sur le dos du crâne. « Tu sais bien que je t’adore et inversement. »

« Je le sais parfaitement, je le sais parfaitement. Mais bon … A part Manelena et moi, beaucoup ont du mal à te supporter, vue comment tu es excitée. »

« Tout de suite les grands mots. Ca ne te déplaisait pas tant que ça auparavant, je crois bien hein ? Alors bon … Venir te plaindre maintenant, c’est drôle non ? »

Pas vraiment … Mais il comprenait et puis bon, ils savaient aussi bien que l’autre que c’était juste pour rire. Ils s’appréciaient tous les deux. Enfin bon … Maintenant qu’ils parlaient, elle se calmait dont tout allait bien mieux.

Beaucoup mieux même … Enfin … Il pensait, il n’en était pas si sûr que ça mais c’était l’impression que ça lui donnait. Et ce fut une bonne impression puisque la marche fut bien plus apaisante. Ils étaient tous les cinq. C’était tout ce qu’il comptait faire.

Mais bon, maintenant, il fallait qu’il reconnaisse quelque chose : il ne connaissait pas le chemin vers Omnosmos. En fait, il ne faisait que suivre les autres car sinon, il serait perdu, voilà tout. Rien que ça même. Enfin, il pensait à des absurdités, rien d’autre.

Rien d’autre … Il marchait avec Elen, sa main dans la sienne, la regardant brièvement tout en souriant. Bon, pour la voir sans son masque, ça allait être assez difficile, il fallait le reconnaître. Mais bon, il en profiterait plus cette nuit, il en était sûr et certain.

Omnosmos … Il se demandait quand même à quoi ressemblait la ville. Enfin … Il n’en avait aucune idée mais Manelena lui en avait parlé brièvement puisqu’il avait posé la question. Ah … Ils étaient bientôt arrivés normalement. Cela devrait se faire d’ici quelques temps, il ne savait pas si c’était en jour ou en heures. Ah … Il était assez perdu quand même.

« Tery ! Arrête-toi ! »

La voix d’Elen venait de crier alors qu’il s’immobilisait. Qu’est-ce qui se passait ? Il s’était arrêté sans réellement comprendre … jusqu’à ce qu’il puisse voir ce dont il s’agissait. Qu’est-ce que … cela voulait dire … C’était quoi ça ?!

« On peut m’expliquer ce qui se passe là ?! »

Il posa la question mais il ne s’attendait à aucune réponse. C’était juste une charrette … Une charrette comme on en voit tant dans les villages. Une charrette tirée par des bœufs … ou des chevaux … Enfin … Avec la paille … Et toutes ces choses. Sauf qu’ici, la charrette avait perdu une roue, s’était écroulée sur le côté et semblait avoir été ravagée en partie par des flammes. Et si on accompagnait le tout par des traces de sang, ce n’était pas réjouissant.

« Euh … Restez sur vos gardes et allons suivre ces traces. »

« Ne nous mêlons pas de ce qui ne nous regarde pas, Tery. » murmura calmement Manelena bien qu’elle-même avait déjà sorti son épée.

« Alors, pourquoi est-ce que tu es déjà prête à me suivre ? »

« Car un idiot comme toi ne peut pas y aller seul, voilà tout. Je passe en première. »

Elle avait déjà fait apparaître son armure noire et il ne pouvait s’empêcher de sourire lorsqu’elle passa à côté de lui. La raison était simple : il avait l’impression qu’elle allait mieux maintenant, un peu mieux quoi.

Mais l’odeur de sang s’accentua alors qu’Elen s’était mise à trembler en prenant son bras. Qu’est-ce que ça voulait dire ? De quoi est-ce qu’elle avait peur ? Peut-être que … Non ? Elle ne pensait quand même pas qu’ils étaient tombés sur ça ?

« Elen, il n’y a que peu de chances que ça soit la ou les personnes ou les monstres qui ont fait cela à l’orphelinat. »

« Je … Je sais bien mais quand même … Je préfère me méfier un peu quand même. »

« Ne t’en fait donc pas … Et nous sommes tous les cinq. Je pense qu’il faudrait être fou pour espérer s’en prendre à un prince, deux porteuses de Zélisia et deux porteurs d’Alzar. »

C’est vrai … Il avait bien raison sur ce point. Avec une telle puissance réunie … Il n’y avait pas besoin d’être inquiet. Pourquoi est-ce qu’elle se faisait autant de soucis alors ? Elle était un peu trop soucieuse, il fallait le reconnaître.

Accompagné par Manelena alors qu’ils partaient tous les deux devant, il tenta de suivre l’odeur de sang mais il n’y avait pas que ça … Il y avait aussi des cadavres … de gnomolds et d’autres créatures … et des animaux.

« C’est quoi ce carnage commis ? Qu’est-ce que ça veut dire ? »

« Je ne sais pas du tout Manelena … Mais ce qui a fait ça … doit être du genre sanglant. Fais attention à toi aussi hein ? Même avec ton armure … »

« Mon armure me protègera de la majorité des coups. Il faut réellement le vouloir pour me blesser ou alors être plusieurs pour ça. Mais je ne pense pas … Cela semble avoir été opéré de la même manière pour tous les cadavres. Je crois que ce n’est qu’une seule personne. »

« Une seule personne ?! Alors surement quelqu’un qui possède les lignes d’Alzar ! »

« Je ne vois que ce genre de personnes pour faire une telle chose. »

Il fallait se méfier … réellement se méfier. Rester sur ses gardes car ils ne savaient pas sur quoi ils risquaient de tomber. Il fit un petit geste en arrière pour demander à Elen, Clari et Royan de se rapprocher.

« Mieux vaut que l’on soit tous ensemble au cas où. Je ne voudrai pas de blessé. »

« HAHAHAHA ! HAHAHAHA ! »

Aussitôt, il vint se raidir en entendant le rire qui avait tout de démoniaque. Qu’est-ce que ça … voulait dire ? Il devait faire attention ! Vraiment attention là ! Il regarda autour de lui, sentant que des flammes se rapprochaient ! De fortes flammes !

« Partez vite de là ! Elle nous envoie des flammes ! Il faut que l’on sorte de la forêt ! »

Au moins, ils n’auraient pas alors un décor en train de flamber autour d’eux ! C’était la meilleure chose à faire ! Prenant la main d’Elen dans la sienne, il courut avec vivacité pour retourner en direction du chemin où ils avaient découvert la charrette, enfin ce qu’il en restait. Finalement hors de la forêt, il regarda si les autres l’avaient suivi.

« MANELENA ! » cria-t-il alors qu’il remarquait qu’à cause de l’armure qu’elle avait sur le corps, elle courait quand même moins vite que les autres. Pendant que Clari et Royan sortaient des bois en passant à côté de lui, il revint chercher la femme en armure noire, arrivant à la retrouver.

« Je n’ai pas besoin que tu viennes me voir ! Je peux me débrouiller seule ! »

« Non ! Et tu le sais bien ! Tu as pu voir c’était qui qui nous poursuis ? »

« Je n’ai pas le temps de me retourner si je dois courir ! »
C’est vrai mais bon ! ZUT ! Il fit apparaître ses lignes noires, poussant un râle de colère avant de soulever complètement Manelena. Celle-ci eut un cri de surprise, Tery ne semblant avoir aucun mal à la soulever malgré son armure mais surtout à courir comme si elle ne pesait aucun poids. Sortant finalement de cet endroit, des flammes vinrent lécher les arbres par lesquels ils étaient passés.

Des flammes … Des flammes … Rien que des flammes … Sauf que la forêt ne flambait pas complètement. Non, c’était juste précis et seul les arbres touchés par les flammes se consumaient avant d’être réduit en cendres.

« Je le répète encore une fois mais …Attention. Réellement … »

« Et si tu me faisais plutôt descendre de tes bras, non ? » rétorqua Manelena alors qu’il la déposait aussitôt, un peu confus et gêné. Il s’en voulait, ce n’était pas du tout ce qu’il avait voulu, il espérait qu’elle le croyait quand même.

Mais elle ne s’en préoccupa pas le moins du monde, fixant les arbres alors qu’une personne passait finalement entre les cendres. Une personne qu’Elen reconnaissait parfaitement. Elle était là ? Ici ? Qu’est-ce qu’elle … faisait ici ?

« Reculez … Reculez vite, s’il vous plaît. »

Elle avait bredouillé cela au reste du groupe alors qu’elle faisait déjà apparaître son arc. Non … Non ! C’était beaucoup trop dangereux ! BIEN TROP DANGEREUX ! Elle ne pouvait pas rester là ! Ils ne pouvaient pas !

« Elle est … comme Tery. Cette femme est comme Tery ! »

Comme lui ? Manelena et Clari se tournèrent vers le jeune homme. Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? AH ! Les cornes en spirale ! Il y avait bien ces cornes sur le crâne de cette femme ! C’était dangereux, bien trop dangereux comme l’avait annoncé Elen. Tery ne pouvait pas utiliser ce pouvoir délibérément. Il fallait reculer et s’enfuir.

« Elle s’appelle Elise. Elle était une serveuse … dans une auberge non-loin d’une frontière. C’est là-bas que je l’ai connue … avant qu’elle ne devienne folle. »

« Je ne suis pas folle ! JE NE SUIS PAS FOLLE ! J’ai juste besoin … J’ai juste envie de tuer, c’est tout. Mes lignes … Mon corps … Mon cœur ! Tout me l’ordonne ! Tout me donne envie de tuer ! Je dois tuer ! HAHAHA ! JE DOIS TUER OUI ! »

« ELISE ! CALME-TOI ! Nous sommes cinq ! Tu ne peux pas te battre contre nous ! »

« JE LE PEUX ! J’en suis certaine ! Je suis sûr que je le peux ! JE LE PEUX ! Je dois vous tuer ! Comme j’ai tué ces gnomolds ! Comme j’ai tué ces personnes ! Tous, vous êtes tous si fragiles … si faciles à briser. »

Tout était si éphémère depuis qu’elle avait ces lignes noires sur son corps. Depuis qu’elle avait ces cornes sur son crâne. Tout … Tout était tellement plus simple. Depuis le temps, ses cheveux étaient devenus complètement rouges bien qu’elle gardait la robe devenue écarlate à force d’être tachée de sang.

Elle commença à sangloter, cachant son visage à une main alors que de l’autre, une flamme d’une taille humaine fit son apparition. Tery fit un petit geste de recul, comme les trois autres jeunes gens. Seul Royan ne semblait pas plus impressionné que cela.

« Et c’est tout ce dont elle est capable ? Pourquoi possède-t-elle des cornes ? Enfin non, nous le savons. Mais une démone ? Après Tery ? Bien que nous ayons vue Elise avant lui, maintenant, nous pouvons nous poser des questions à ce sujet. »

« Royan, recule toi aussi ! Tu sais que nous n’avons rien pu faire contre elle auparavant. »

« Auparavant, nous n’étions que deux. Maintenant, c’est différent … Mais j’aimerai surtout savoir pourquoi elle se trouve ici. »

Ce n’était pas le moment de jouer au héros ! Est-ce qu’il ne comprenait pas ?

Chapitre 6 : Tout a changé

ShiroiRyu
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Chapitre 6 : Tout a changé

« Je vais voir ce que font les autres, Elen. Fais ce que tu as à faire en attendant, d’accord ? »

« D’accord, d’accord, Tery. Attends avant de partir. »


Alors qu’il s’apprêtait à quitter la modeste demeure d’Elen, celle-ci s’approcha de lui, déposant un rapide baiser sur ses lèvres avant de rougir. Elle murmura :

« J’ai l’impression d’être dans un nouveau monde. Dommage que tout ne soit pas terminé. »

« Quand ça sera le cas, nous irons … Enfin … Quand ça sera fini, mais ce n’est pas encore le cas. Nous verrons plus tard, d’accord ? »

« D’accord, d’accord ! Vas-y maintenant ! Ne les fait pas attendre, hein ? »

Elle était toute souriante et heureuse et lui … Ca le rendait heureux aussi. Il ne pouvait pas s’empêcher de l’être quand il la voyait. Comment ne pas accepter ce magnifique sourire ? Il déposa à son tour ses lèvres sur les siennes avant de quitter la demeure.

« Tery … Hahaha. Tery m’aime. »

Elle avait encore du mal à croire en ce conte de fées mais elle savait pourtant que c’était la vérité. Tery l’aimait ! Elle ! Et pas une autre femme ! Pas du tout ! Mais … Maintenant qu’elle était aimée, elle se sentait tellement plus confiante, tellement plus … sereine. Mais aussi tellement plus femme.
« Et si je le retirai définitivement ? »

Elle posa sa main sur le masque blanc. Pendant tellement d’années, elle l’avait porté sans jamais le retirer. Puis un jour, son précédent masque s’était brisé, la dévoilant aux yeux d’un homme … Un homme qui avait totalement changé sa vie. Et maintenant ? Ah … Maintenant, elle était plus qu’heureuse de la situation. Tellement heureuse même.

« Quand il est là, je n’ai aucun souci. C’est avec les autres. Clari risque encore de se moquer de moi. Il vaut mieux que je le garde en attendant. »

Une simple mesure de sécurité. Elle remit correctement son masque blanc sur le visage, caressant ses cheveux blonds. Elle sentait encore les mains de Tery dans ses cheveux. Cela avait été … comme magique. Et pourtant, ils n’avaient fait que dormir ensemble ! Elle n’était pas ignorante de ce genre de choses et elle savait que Tery non plus mais … peut-être qu’un jour, lorsqu’elle assumerait pleinement ce qu’elle était.

« Brrrr ! Mais à quoi est-ce que je pense moi ? »

Elle hocha la tête négativement, rougissante comme une enfant alors qu’elle ne devait pas avoir de pensée impure. Ce n’était pas du tout le moment, non non ! Elle ouvrit la fenêtre de sa chambre, regardant dehors. Il faisait plutôt bon … malgré ce qui s’était passé. La nature ne se préoccupait pas des humains et de leurs actes … sauf quand elle était blessée par ces derniers. Elle ne devait jamais oublier madame Liza, jamais.

Quelques minutes plus tard, le jeune homme revint, un sourire aux lèvres. Il semblait avoir parlé brièvement avec les autres personnes. Elen, quant à elle, avait remis son masque blanc sur son visage, souriant néanmoins à travers celui-ci.

« Alors ? Tu leur as tout dit ? »

« Pas vraiment, non. Je préfère qu’ils le découvrent par eux-mêmes le moment venu, tu ne crois pas que ça serait mieux, Elen ? »

« Peut-être … Je veux surtout voir la surprise sur le visage de Clari à ce moment-là. »

« Tu sais bien qu’elle n’est pas méchante et qu’elle aime juste titiller, n’est-ce pas ? »

Elle le savait parfaitement mais bon … C’était bien pour ça qu’elle avait envie de titiller la femme aux cheveux de même couleur qu’elle … car elle faisait justement pareil de son côté. C’était donc juste une petite revanche personnelle. Elle n’avait pas de réels griefs contre elle, loin de là. Clari était une personne agréable.

« Tu réfléchis à quoi, Elen ? Tu veux que l’on sorte un peu ? Les autres sont en train d’explorer brièvement les environs. Quand même, tu vivais dans un bel endroit. »

« Oui … Dans un très bel endroit … mais qui a été saccagé par des personnes sans scrupules. » murmura la personne masquée avec lenteur, Tery lui prenant aussitôt la main avant de faire une mine un peu boudeuse.

« Ne commence pas à dépérir Elen, je te préviens. »

« Oui, oui, ne t’en fait donc pas, Tery. Je vais très bien. »

Il voulait juste la prévenir, quoi. Rien d’autre … Mais ce n’était pas le plus important, loin de là. Enfin, si ! Il garda la main d’Elen dans la sienne avant de quitter la demeure. Ils allaient retrouver Clari et les autres. Quand ils furent dehors, Elen retira sa main.

Hum ? Pourquoi est-ce qu’elle ne voulait plus ? Enfin bon, il valait mieux ne pas lui poser de questions. Retrouvant l’endroit où les deux femmes et l’adolescent avaient établis leurs tentes, Tery et Elen vinrent les saluer une nouvelle fois. Clari eut un petit sourire, murmurant :

« Oh oh oh … Je ne dirai pas ce que je pense mais … On dirait que beaucoup de choses sont différentes maintenant. »

« Hum ? Qu’est-ce que tu veux dire par là, Clari ? » demanda Tery en s’adressant à elle.

« Oh rien du tout … Je pense qu’il vaut mieux … observer la situation, n’est-ce pas Manelena ? » continua de dire Clari, donnant un léger coup d’épaule à la femme aux cheveux argentés. Celle-ci resta de marbre, la tête légèrement baissée.

« Je ne vois pas de problèmes. »

« Oh … Tu veux plutôt ne pas les voir, hein ? » répliqua Clari, les yeux rubis de Manelena se posant sur elle avec colère. Il valait mieux qu’elle se taise … maintenant.

« Je pense que tu as parfaitement compris ce que je voulais dire. Ne me force pas à me répéter, je pense avoir été assez claire à ce sujet. »

« Ohla … Mademoiselle Manelena est grognonne ce matin. »

Depuis qu’elle n’était pus maréchale, elle remarquait surtout que Clari aimait bien la titiller. En fait, même pendant qu’elle l’avait été, dès que cela concernait Tery, Clari n’arrêtait pas de se moquer d’elle. Cela devenait difficilement supportable.

« Dernière fois que je te préviens. Après, je ne répondrai plus rien. »

« D’accord, d’accord. Le message est bien passé. » termina de conclure de Clari en rigolant légèrement. Manelena prit une profonde respiration, tournant ses yeux vers Tery et Elen. C’est vrai … Elle aussi pouvait remarquer que quelque chose avait changé chez eux.

Mais elle ne savait pas exactement quoi … mais une partie d’elle trouvait cela dérangeant. Elle n’avait aucune explication logique et rationnelle à cela. Enfin, cela ne la concernait surement pas déjà à la base alors elle n’avait pas à s’en préoccuper.

« Si vous avez terminé de parler, pourrions-nous nous remettre en route ? »

Ce fut Royan qui prit maintenant la parole. Cela ne le dérangeait pas de converser mais ils ne pouvaient pas rester en cet endroit trop longtemps. Lui aussi avait été légèrement affecté par la mort de madame Liza bien qu’il ne le montrait que brièvement.

« Nous ne partons pas de cet endroit pour la journée, Royan. »

« Je le sais parfaitement, mademoiselle Elen. C’est juste que rester au même endroit, sans rien faire, cela est un peu … ennuyeux. »

« Et qu’est-ce que tu voudrais faire pour combattre l’ennui ? » demanda t-elle avec lenteur.

« Marcher un peu. Observer les environs. »

Il ne voulait pas rester en place. Cela semblait le déranger plus que d’habitude. Néanmoins, tout le monde accepta la proposition de l’adolescent, celui-ci commençant alors à marcher avec vitesse vers la droite pour se diriger vers la forêt avoisinante.

« Je le trouve un peu bizarre, Royan. Il a l’air plus … « vivant » aujourd’hui. »

« Il est un peu troublé, Tery. » répondit Clari au jeune homme aux cheveux bruns. « Même s’il ne le montre pas vraiment contrairement à Elen, la destruction de l’orphelinat l’a choqué. Il n’est pas un adulte, il ne faut pas oublier. »

C’est vrai. Des fois, il omettait complètement ce détail. Royan n’avait que quinze ans ou dans les environs. Bref, il n’était qu’un adolescent contrairement à eux qui étaient déjà des adultes depuis déjà quelques années. Ah … Il se rappelait de son passage à l’âge adulte. Un sacré passage quand il y réfléchissait bien. Hahaha ! Il y avait pensé encore hier à ce moment précis entre elle et lui, le début de leurs aventures.

« Bon … Faisons ce que veut Royan, pour une fois. »

Il vint dire cela avant qu’ils ne se mettent tous en route pour parcourir les environs. Encore aujourd’hui, ils allaient rester près de l’orphelinat mais demain … Ils partiraient finalement. Il ne fallait pas trop rester trop longtemps ici.

Quelques heures passèrent et il fut finalement l’heure de manger. Et pour cela, quoi de mieux que d’aller chez Elen. Tous installés autour de la table qui était un peu trop petite pour cinq personnes, Tery revint quelques minutes après avec le repas.

« Bon, je ne dis pas que ça sera excellent par contre. »

« Mais si mais si … Ne t’en fait donc pas. »

Clari venait de lui faire un petit compliment alors qu’il déposait déjà chaque assiette devant les personnes. Il devait réfléchir en même temps … à ce qu’ils allaient faire. Ils étaient encore assez loin, n’est-ce pas ? Hmmmm ? Finalement, il vint s’asseoir à son tour, regardant les quatre personnes en train de manger sans qu’il ne touche à son assiette.

« Ça ne va pas, Tery ? Tu sembles songeur. » dit Clari, visiblement la seule à vouloir faire un peu de conversation avec lui. Il fit un petit sourire avant de répondre :

« Ne t’en fait pas, ce n’est pas si grave que cela. »

« Oh que si ! Dis sinon, plus d’Elen pendant une semaine ! »

Plus d’Elen pendant une semaine ? C’était quoi cette menace absurde ? Enfin, il ne voyait pas comment elle allait faire. Mais bon … Ce n’était pas vraiment un problème non plus. Enfin, ce n’était pas si important. Mais bon, elle ne le lâcherait pas, il en était sûr. Alors, autant le lui dire maintenant comme ça, plus de problèmes.

« C’est par rapport à Omnosmos. Je me demande dans combien de temps nous allons y arriver. Est-ce que c’est assez loin de l’orphelinat ? »

« Assez loin ? Je ne sais pas vraiment … Je sais par où il faut se rendre mais la distance … Après, ce n’est plus forcément très loin par rapport à auparavant. »

Elen avait finalement dit quelque chose. Mais bon, était-ce vraiment important ou non ? Il n’en était pas si sûr que ça. Mais entendre la voix d’Elen était toujours une bonne chose, une excellente chose même.

« Bon … C’est tout simplement pour prévenir que l’on se mettra en route dès demain pour partir vers Omnosmos. Comme nous sommes recherchés dans tous les royaumes, c’est bien le seul endroit où nous serons peut-être tranquilles ou en sécurité. »

« Ca me semble être une bonne idée. Du moins, meilleure que celles d’habitude, Tery. » murmura Manelena avec lenteur, Tery ayant un petit rire gêné et confus.


Elle n’était pas vraiment … obligée de parler de la sorte. Enfin, il ne savait pas si c’était totalement un compliment ou alors une remarque anodine ou alors une insulte déguisée. Bref, il valait mieux la remercier et ne rien dire de plus. Il ne voulait pas avoir d’ennuis.

Lorsque le repas fut terminé, il fut décidé qu’ils allaient marcher pendant une demie-heure pour digérer. Lorsque Tery se leva en premier pour quitter la maisonnette, Clari vint prendre Elen à part, murmurant d’une voix amusée :

« Alors, alors ? Dis-moi tout ! Qu’est-ce qui s’est passé entre vous hein ? Il s’est passé quelque chose. J’en suis sûre et certaine. Ca se lit sur le visage de Tery à ce sujet. »

« Je ne crois pas que cela te concerne, Clari. Si Tery ne veut pas en parler, je ne vois pas pourquoi je le ferai de mon côté. » déclara Elen à travers son masque blanc, bien que le ton fut des plus joyeux. Elle eut même un petit rire.

« Ah oui ? Alors, il va falloir que je trouve par moi-même. Car bon, t’entendre rire et sourire, ce n’est pas commun et banal. Enfin, tout cela grâce à Tery, n’est-ce pas ? Hmmm … Je saurais jusqu’où vous avez été. Mais si vous ne me le dites pas, je pense que j’en parlerai à voix haute avec Manelena et Royan. A vous de voir ! »

Elle ferait réellement ça ? La femme masquée l’observa brièvement. Elle en serait capable. C’était de Clari dont on parlait. Elle ne la connaissait pas tant que ça mais Tery en parlait quand même assez dans ses lettres. Un peu comme Manelena. En fait, il parlait souvent de Manelena et … Non… Il lui avait dit qu’il l’aimait.

« Je dois maintenant lui faire entièrement confiance, oui. » murmura la jeune femme aux cheveux blonds et au masque blanc alors que Clari haussait un sourcil. A qui donc est-ce qu’elle parlait ? A elle-même ? Donc si elle comprenait bien, Tery avait fait une promesse à Elen. Héhéhé … Toujours très bon à savoir ça, non ?

Hmm … Vraiment très bon même en fait. Elle appréciait bien ce qu’elle apprenait. Lorsqu’elles vinrent rejoindre Tery, Manelena et Royan, chacune ne s’adressa plus la parole, chacune ruminant ses pensées. Peut-être qu’en allant discuter avec Tery, elle aurait alors des informations à se mettre sous la dent ?

Pourquoi est-ce qu’elle faisait cela ? Tout simplement car elle avait envie d’en savoir plus sur Tery et Elen. C’était quelque chose qui l’intéressait fondamentalement. Et puis, elle aimait bien savoir ce qui se passait avec Tery. C’était aussi simple que ça. Elle ne pouvait pas nier l’affection qu’elle avait pour le jeune homme aux cheveux bruns, loin de là. Elle le lui avait même très souvent montré d’ailleurs. Oh que oui, très souvent.

Mais bon … Maintenant, Tery était heureux avec deux femmes à ses côtés. Elle ne faisait que le titiller. D’ailleurs, elle n’était toujours pas sûre au sujet des sentiments du jeune homme. Elle avait quand même l’impression que Tery ne pouvait pas nier ses sentiments pour Manelena. Même s’il était clair qu’il penchait en faveur d’Elen. Hohoho ! Elle venait d’avoir une très bonne idée. Comment embêter trois personnes en même temps, elle s’aimait ! Elle s’adorait même pour avoir pensé à une telle chose.

« Je vais juste attendre le bon moment … Quand Tery parlera à Manelena. » se murmura-t-elle en rigolant intérieurement. Oui … Ca serait vraiment plus amusant et divertissant.

Elle était diabolique quand elle s’y mettait mais elle adorait cela. Du moins, elle ne pensait pas à mal, loin de là. C’était juste pour se distraire avec les autres … leur redonner le sourire par la confusion, rien de plus.

D’ailleurs, Tery ne mit guère de temps à venir discuter avec Manelena bien qu’il fut accompagné d’Elen maintenant. La femme au masque blanc semblait vouloir se mêler à la conversation et discuter avec eux deux.

« Omnosmos … Même en tant que maréchale, tu n’y as été que peu de fois ? »

« Oui … Ce n’est pas vraiment un endroit où je pourrai me rendre sans aucun problème. »

« Tu es sûre et certaine ? Pourtant, il paraîtrait que c’est un endroit fantastique. »

« Hmm … Je ne peux pas le nier qu’Omnosmos est une ville charmante, gigantesque même. Elle est immensément grande. Bon, pas aussi grande qu’un royaume entier mais il te faudra plusieurs jours ou semaines si tu veux tenter de découvrir tout ce qui se trouve dans la ville. Malheureusement, ça ne sera que la partie « immergée ». Il y aurait encore bien plus à découvrir en tant que secrets. »

« De toute façon, nous visiterons cet endroit, non ? Tery ? » dit Elen, cherchant quand même à s’immiscer dans la discussion, craignant légèrement quelque chose.

« Comme on s’y rend, oui. De toute façon, on s’y rend car on ne sait pas vraiment ce que l’on peut faire à côté donc oui, on ira le visiter, Elen. »

« Tant mieux alors. Je suis quand même un peu pressée, je l’avoue. »

« Hahaha … Ne t’en fait donc pas, rien ne presse justement. » dit-il avec douceur, Manelena fronçant un peu les sourcils devant la gentillesse du jeune homme à l’égard d’Elen.

« Je vais vous laisser tranquilles, tous les deux. Vous avez visiblement des choses à vous dire. Du moins, il sera mieux que je ne m’immisce pas entre vous deux, pardonnez-moi. »

« Hein ? Mais de quoi est-ce que tu parles, Manelena ? Attends un peu ! On peut quand même discuter tous les deux, tu sais ? Enfin, tous les trois ! »

« Non, je n’en ai pas envie. Ne me force pas, d’accord ? »

« Mais … Manelena. » commença à dire le jeune homme bien que la femme aux cheveux d’argent fit un geste de la main pour bien montrer qu’elle n’en avait rien à faire des suppliques de Tery. Elle s’éloigna, laissant Tery dépité, Elen soufflant :

« Elle fait toujours autant la tête, qu’importe ce que tu dis. Il ne faut pas s’en préoccuper. »

« J’espère qu’à Omnosmos, elle sera quand même plus joyeuse. Enfin, je vais tenter de la rendre heureuse comme avec toi, Elen. »

« Pas de la même façon hein ? » bredouilla-t-elle aussitôt. De la même façon ? Tery la regarda pendant quelques secondes, cherchant à comprendre avant de rougir violemment.

« Non non … Ne t’en fait donc pas. Tu n’as pas à t’inquiéter à ce sujet. »

« Tu pourras me le confirmer comment ? »

« Hmmm … Devant tout le monde, ça serait gênant quand même non ? »

« Oh ? Qu’est-ce qui est gênant ? J’aimerai bien le savoir, Tery. »

« Ah non ! Clari ! Arrête de nous faire peur par surprise ! » s’écria le jeune homme avant de se retourner, faisant face à la femme aux cheveux blonds.

« Je t’ai fait peur ? Mais je voulais simplement « savoir » de quoi est-ce que tu parlais, rien de plus. Tu ne veux pas m’en dire plus donc à ce sujet ? J’avoue être « pressée » de le savoir. »

« Tu n’as pas besoin d’être au courant, ma grande. Maintenant, si tu veux bien laisser Elen tranquille, nous devons nous mettre … »

« Oh ? Laisser Elen tranquille ? Tu la protèges ? Peut-être que durant la nuit, vous avez fait des choses peu recommandables, hmmm ? Manelena ? Tu as entendu ce que j’ai dit ? » déclara Clari, s’adressant à la femme aux yeux rubis qui marchait silencieusement à côté de Royan, lui-même muet et préférant « ignorer » Clari.

« Et si c’était le cas ? » murmura une voix féminine, Clari haussant un sourcil.

« Elen ? Mais qu’est-ce que tu … » commença à bredouiller Tery alors qu’Elen vint prendre la main du jeune homme dans la sienne.

« J’ai juste dit « Et si c’était le cas ? ». En quoi est-ce que ça la concerne ce que nous avons fait ou pas, voilà tout. Donc Clari, tu n’as pas à savoir s’il s’est passé quelque chose entre Tery et moi. Rien de moins, rien de plus. »

« Je crois que dans le fond, j’ai déjà ma réponse. Désolée, Manelena, on dirait bien que tu as perdu cette bataille … mais ne t’en fait pas, l’amour, c’est comme la guerre, il faut se battre. »

« Je ne vois même pas à quoi tu fais référence, sombre idiote. » répliqua sèchement l’ancienne maréchale alors que Tery rougissait violemment, murmurant à Elen.

« Je ne pensais pas que tu le dirais à voix haute, Elen. »

« Moi non plus … Je tremble de partout. J’ai un peu honte. Enfin, non … Je suis intimidée, je t’avoue. J’ai un peu peur. »

« N’aie pas peur. Je suis là maintenant, Elen. » chuchota avec douceur Tery, caressant tendrement les cheveux blonds de la jeune femme masquée. Un geste qui ne passa pas inaperçu aux yeux des autres, Manelena détournant le regard avec un air assez colérique. Ce qui se passait ici ne la concernait pas le moins du monde, voilà tout !

Chapitre 5 : Un goût amer mais doux

ShiroiRyu
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Chapitre 5 : Un goût amer mais doux

« Dors, Elen … Dors … »

Il était à côté d’elle, assis dans le lit. Il avait gardé son pantalon de toile mais ne portait plus qu’une chemise fait dans le même tissu. Elle ? Elle portait simplement son justaucorps alors qu’il la regardait avec tendresse. Elle, bien entendu ! Pas le justaucorps. Elle était couchée dans le lit, le visage neutre et impassible. Couchée sur le côté, elle le regardait longuement sans dire ne serait-ce qu’un mot.

« Tery … Tu ne pars pas, n’est-ce pas ? »

« Je ne compte pas partir, non … »

Elle vint prendre sa main avec lenteur, glissant ses doigts dans les siens. Elle ne semblait pas profiter de la situation et lui-même évitait cela. Il n’était pas … motivé à cela et ce n’était pas son genre au départ. Il vint se coucher à son tour et aussitôt, elle se colla contre lui, Tery rougissant légèrement Là, comme elle ne portait pas son armure … Enfin, récemment, il avait déjà pu sentir cela mais bon, il restait très faible … et en même temps, avec Elen, c’était vraiment comme s’il recevait de l’électricité à son contact.

« Tu peux poser tes mains sur mon dos, Tery ? S’il te plaît … S’il te plaît … »

« Ne me le demande pas, ça doit venir naturellement, Elen … et … tu peux pleurer. Enfin, tu peux pleurer autant que tu le désires. Vide tout. »

Lui-même avait aussi eu ses moments de chagrin. Finalement, il posa une main sur la nuque d’Elen, l’invitant à calfeutrer sa tête contre son torse. D’abord, il sentit ses tremblements, puis les sanglots se firent entendre … et finalement, ce fut de nombreuses larmes qui vinrent tremper sa chemise. Des larmes qui ne semblaient jamais s’arrêter.

Les minutes s’écoulèrent au fil des pleurs alors qu’il restait là, auprès d’elle, caressant tendrement ses cheveux. Elen … La jeune femme qu’il connaissait maintenant depuis combien de temps ? Bientôt deux ans? Elle, qui toujours avait semblait si forte par rapport à lui … Aujourd’hui, ce n’était plus le cas, loin de là même.

« Elen, je sais vraiment que ce n’est pas le moment de dire cela … »

Mais il sentit pourtant que c’était l’instant présent. Là, depuis qu’il l’avait revue, il avait mis un peu d’ordre à ses idées. Est-ce qu’il était sûr de ses pensées ? De ses sentiments ? Est-ce qu’il n’allait pas se tromper ? Cela serait dramatique en un sens, vraiment dramatique.
« Elen ? Est-ce que je peux te dire quelque chose ? »

« Hmmm … Madame Liza … Hmmm … »

Ah. Bon … Visiblement, cela allait attendre un petit peu. Elle avait une bonne excuse. Le fait d’avoir pleuré pendant tout ce temps l’avait vraiment fatigué. Bon … Ca ne faisait rien. Peut-être que demain, il aurait plus mûrement réfléchi à tout cela et alors, il aurait pris sa décision à ce sujet. Il ne devait pas le regretter, pas un seul instant.

Le lendemain matin, il fut le premier à être réveillé. Il aurait aimé se lever et se déplacer mais la jeune femme aux cheveux blonds l’en empêchait, bien agrippée à lui. Elle semblait dormir … paisiblement. Après cette journée éprouvante, il pouvait le comprendre. Avec tendresse, il passa une main dans ses cheveux. Il pouvait au moins se permettre cela.

« Elen … Tu peux continuer à dormir. »

« Je ne veux pas … Je suis réveillée, Tery. Depuis déjà pas mal de temps. »


OUPS ! Il ne s’était pas attendu à une réponse de la jeune femme. Il fut plus que confus, se demandant depuis quand elle gardait les yeux fermés. Avec lenteur, les yeux bleus d’Elen s’ouvrirent pour se poser sur lui. Ils avaient dormi ensemble dans le même lit. Hahaha … C’était plus gênant que d’habitude, il devait le reconnaître.

« Tery … Je ne veux pas me lever. Je n’ai pas envie … Pas aujourd’hui … ni les prochains jours. Je ne veux plus me lever … »

« Il le faut Elen sinon … Je crois que je partirai sans toi. » déclara le jeune homme.

« Tu me laisserais vraiment seule, Tery ? »

« Non … Et tu le sais parfaitement. » répondit-il en lui souriant bien qu’il se levait déjà du lit, s’étirant longuement. Après, il regarda Elen, celle-ci n’ayant plus qu’une partie de la couverture sur son corps. Gloups … Il vint déglutir. Ce n’était pas bon … Ce genre de pensées absurdes … Ce n’était pas bon du tout.

Mais elle était quand même … très désirable. Il ne pouvait reconnaître que ça. Trop désirable … et trop fragile. Il revint vers elle, se demandant ce qu’il devait faire. Peut-être qu’en l’étudiant pendant plusieurs secondes, il trouverait la réponse.

« Tery, tu, tu me regardes un peu bizarrement. C’est effrayant. »

« Hein ? Quoi ? Oh … Désolé, ce n’était pas du tout intentionnel. Je ne voulais pas te faire peur, loin de là. Pardonne-moi Elen. Je vais préparer à manger … Enfin, je pense qu’il doit y avoir quelque chose dans la maisonnette non ? Sinon, je vais dehors. »

« Je, je crois qu’il y avait quelques ressources, Tery. »

« Bon, pour aujourd’hui, je suis entièrement à ton service mais n’en profite pas trop hein ? » dit-il en rigolant alors que la jeune femme aux cheveux blonds fit un fin sourire. « Voilà, je préfère quand tu souris comme ça, Elen. Tu es beaucoup plus belle. »

« Que … Je … Euh ! Enfin, je souris habituellement aussi ! » bredouilla-t-elle, rougissant violemment devant le compliment de Tery.

Elle ne s’était pas attendu le moins du monde à ce qu’il dise une telle chose. Pas du tout même. Elle le regarda partir, se recroquevillant derrière la couverture, la ramenant jusqu’au visage. Il n’y avait plus que ses yeux bleus qui étaient visibles. Peut-être qu’elle … Enfin, ça ne serait pas si déplaisant que ça de se faire chouchouter par Tery. Peut-être pas ?

Il revint quelques minutes plus tard, déclarant que Clari et les autres les laissaient tranquilles pour la journée. Pendant ce temps, ils allaient explorer les environs. Breeeeeeef ! Il était au service d’Elen pour toute la journée.

« Et tu peux me demander tout ce que tu veux, Elen. C’est la moindre des choses. »

« Ca ne la fera pas revenir … mais merci quand même pour tout cela. C’est vraiment touchant de ta part, Tery. Je suis sincère. »

« Tu es quelqu’un de très important pour moi, Elen. » déclara Tery, se mettant à genoux devant le lit dans lequel elle était assise. Il baisa avec tendresse ses mains avant de reprendre d’une voix douce : « Et ça, il ne faut pas l’oublier. »

« Je … t’avoue que … J’ai souvent eu l’impression que ce n’était pas le cas, Tery. Enfin, depuis ton retour … Est-ce que tu peux me le prouver ? »

« Et comment suis-je sensé prouver à mademoiselle Elen que je tiens à elle, » répondit-il dans un petit sourire amusé alors qu’elle réfléchissait sérieusement à la question Puis après quelques secondes, elle tendit les mains en avant.

« Je sais que … c’est ridicule … et que je me comporte comme une enfant … mais est-ce que je peux t’avoir dans mes bras, Tery ? Et inversement ? Je veux juste … enfin … un câl… Que tu m’enlaces pendant quelques secondes. »

« Comme je l’ai dit, tes désirs sont mes ordres aujourd’hui et … » commença-t-il à dire avant de s’avancer vers elle mais elle l’arrêta d’un geste négatif de la tête.

« Je ne veux pas que ça soit un ordre ! Je veux que ça soit une envie. Ce n’est pas pareil ! Pas du tout ! Si tu ne veux pas par toi-même alors je préfère que tu ne fasses rien. »

« Et si je te dis que j’en ai envie ? »

Sans même lui laisser la possibilité de répondre, il se remit debout avant de venir s’asseoir à côté d’elle sur le lit. Il se sentait bien, vraiment bien … Il était un peu nerveux aussi mais il se sentait soulagé. Il ne savait pas comment exprimer cela réellement. Il n’en savait rien. Il savait juste qu’il voulait serrer Elen, chose qu’il fit. Il savait aussi qu’il voulait faire un peu plus que ça. Alors, pendant qu’il lui caressait les cheveux et le dos, il commença à l’embrasser sur les joues, disant après chaque baiser :

« Et ça, tu vois, je te les offre de bon cœur. »

« Merci, Tery. Tiens, voilà les miens. »

Comme si tout cela n’était qu’un jeu, ce fut au tour de la jeune femme aux cheveux blonds de venir l’embrasser sur les joues. Rigolant comme deux enfants, les deux jeunes gens continuèrent leurs baisers, chacun embrassant l’autre sur les joues, le nez ou le front. Puis finalement, après quelques minutes de ce petit traitement, ils s’arrêtèrent. Il remarqua qu’elle haletait légèrement et qu’elle était rouge sur tout le visage. Il était bien moins sûr que cela soit à cause du baiser, oh que oui. Enfin, que ce n’était pas le baiser en lui-même.

Le baiser … Maintenant, il voyait les lèvres humides d’Elen. Elles étaient vraiment proches … tellement proches même. Il humidifia les siennes, déglutissant légèrement alors qu’elle ne disant plus rien elle aussi. En fait, elle ne faisait que le regarder et inversement. Aucun n’osait bouger. Il fallait dire que … Enfin, il manquait de courage de son côté. Ou pas ! Il en avait assez de tout laisser pour plus tard !

« Elen. Est-ce que tu … Enfin … Bon … »

« Oui ? Tery ? Est-ce que je peux faire quoi ? » demanda-t-elle alors qu’elle tremblait tout autant que lui. Pfiou ! Aller ! Une bonne respiration !

« Tu peux fermer les yeux s’il te plaît ? »

« Euh … Oui bien entendu, Tery. »

Elle s’exécuta, tremblant légèrement des lèvres comme lui. Il avait l’impression qu’elle comprenait ce qu’il allait faire. Pfiou … Pfiou … Bon. Il aimait Elen non ? Il l’aimait, n’est-ce pas ? Ou alors, il aimait Manelena ? Entre les deux femmes, qui est-ce qu’il aimait le plus ? Est-ce parce qu’elle se montrait si faible et vulnérable qu’il aimait Elen ? Ou alors, était-ce autre chose ? Quelque chose de bien plus profond et fort ?

« Je … Je peux les rouvrir ? Ou alors, je les garde fermés ? »

« Garde-les fermés … Ca sera bientôt fini. »

Il sentait la candeur dans la voix d’Elen mais pas seulement. Il y avait aussi un certain désir. Lui aussi … Lui aussi. Il voulait cela. Il le voulait tant. ALLER ! Un peu de courage ! BON SANG ! Il rapprocha subitement son visage de celui d’Elen, s’immobilisant à quelques centimètres. Il sentait son souffle chaud sur ses lèvres et inversement. C’était … C’était le moment ! Il aimait Elen !

ZUT ! ASSEZ ! Ses lèvres vinrent toucher celles d’Elen, lui-même fermant les yeux à son tour. Voilà ! C’était ça ! C’était … Oh … C’était ça … Oui. Ooooh. Il se sentait vraiment bizarre sur le moment. Cela avait un drôle de goût, surtout que le baiser, c’était son premier. Son premier baiser à une femme et il était sûr que c’était aussi le cas d’Elen. Oh … Est-ce qu’il devait ouvrir les yeux ? Il n’osait pas. Peut-être après le baiser mais là …
Il continua le baiser pendant plusieurs secondes, déglutissant en même temps. Il dévorait à moitié ses lèvres, cherchant à les aspirer alors qu’elle faisait de même. A côté, ils ne firent aucun geste, aucun mouvement des mains et des pieds. Non, il y avait juste le visage qui bougeait légèrement de gauche à droite.


« Elen … » murmura-t-il finalement après décidé de stopper le baiser. Il avait ouvert les yeux en même temps qu’elle, les deux personnes se regardant longuement. « Encore une fois, ce n’était pas forcément ton désir mais le mien. Est-ce que m’en veux de te le dire maintenant ? Alors que tu n’es pas forcément dans ton meilleur état psychologique ? J’ai l’impression que je profite un peu de ta faiblesse sur le moment. »

« Si tu en profites, je crois que … moi aussi. Mais je suis contente … si heureuse. Enfin, je … » commença t-elle à dire tout en sanglotant. Il était sûr que c’était des larmes de joie, surtout qu’elle se frottait les yeux, lui souriant avant de dire : « Pardon, c’est juste que je … suis stupide. J’avais peur avec Manelena et Clari. Je croyais vraiment que tu aimais Manelena … et puis, même si nous nous sommes jamais vus tellement depuis notre séparation il y a tellement de temps, j’ai toujours pensé à toi. Tu étais la première personne avec qui je m’attachais en-dehors de madame Liza. Je n’arrivais pas à y croire …. Enfin je … »

« Je suis sûr d’une chose enfin, Elen. Je suis sûr que je t’a… Je … Pfiou … Même si j’en suis convaincu, j’ai un peu de mal à sortir les mots. Pardon, hahaha. Je … »

« Je t’aime, Tery ! » coupa-t-elle avant de se jeter à son cou, le couchant sur le lit avant que ça soit elle qui lance les hostilités au niveau des lèvres. Elle l’embrassa, cherchant à garder les yeux ouverts alors qu’il faisait de même de son côté.

Puis finalement, ce fut lui qui posa ses mains sur les hanches d’Elen, la faisant un peu rouler sur le côté pour qu’il se retrouve sur elle. Avec lenteur, il lui caressait les hanches, la jeune femme aux cheveux blonds gémissant et rigolant un peu. Elle appréciait grandement mais en même temps, cela la chatouillait.

Finalement, les minutes s’écoulèrent et il finit par se coucher sur elle. Cela était gênant, très gênant même car il sentait la poitrine d’Elen contre son torse mais elle était si près de lui. Elle n’était qu’à quelques centimètres. Elle était si proche ! Il remarqua à nouveau les larmes dans ses yeux, Tery lui demandant :

« Pourquoi pleures-tu, Elen ? Je suis là … tu sais. »

« Ce n’est rien … Je pensais juste que j’aurai aimé que madame Liza sache que … C’était réciproque. Elle a tout fait pour m’aider à me dévoiler, pour que je me considère comme une femme et aujourd’hui, je … »

« Arrête donc un peu, Elen. Je suis sûr que même maintenant, elle serait très heureuse, vraiment très heureuse. Tellement heureuse. »

« Je le sais parfaitement. Est-ce que tu veux que l’on en parle aux autres ? »

« Pour bien montrer que je suis avec toi, c’est ça ? »

Elle rougit violemment à ses propos, hochant la tête négativement. Ce n’est pas ça ! Pas ça du tout ! Qu’est-ce qu’il raconte comme idiotie ? Elle veut juste … le crier à tout le monde. Ce n’est pas … Enfin, non, elle ne l’avait jamais été.

« Je veux juste … enfin … qu’ils comprennent mes sentiments à ton égard, Tery. Tu ne veux pas qu’ils le sachent, c’est ça ? »

« Oh que si ! Je pense que c’est assez visible que je suis amoureux de toi. Tu en veux encore une preuve maintenant ? »

Et il allait la lui donner ! Il déposa un rapide baiser sur les lèvres d’Elen mais après les avoir retirées, elle semblait en vouloir un second, chose qu’il lui donna. Elen … C’était vraiment Elen qu’il était en train d’embrasser. La jolie femme masquée de blanc qu’il connaissait depuis sa sortie du village.

« Sans toi, je n’aurai même pas tenu un jour dans le monde extérieur. »

Il lui caressa ses boucles blondes. Elle se laissa faire avec tendresse, poussant un petit gémissement ravi. Finalement, ce fut cette fois elle qui vint prendre le jeune homme dans ses bras, le collant contre elle. Ils restèrent ainsi pendant plusieurs minutes jusqu’à ce qu’elle demande d’une voix faible et fluette :

« Tu veux bien que l’on dorme un peu, Tery ? »

« Nous venons à peine de nous réveiller il y a quelques minutes. »

« Mais … C’est juste … pour cette fois. Et puis, les autres peuvent bien attendre un peu non ? Ils n’ont pas besoin de toujours nous avoir avec eux. J’ai envie de t’avoir un peu plus longtemps contre moi … C’est tout. »

Elle passa un doigt le long du torse de Tery, le caressant à moitié. Devant la mine qu’elle lui faisait, il ne pouvait pas résister ! Restant couché sur elle, il déposa sa tête juste à côté d’elle, son torse contre sa poitrine avant de dire :

« Bon … On peut faire une petite sieste mais rien de plus, d’accord ? »

« D’accord ! C’est déjà beaucoup à mes yeux, tu sais. »

« Et moi donc ? Ah … Bon … Alors, bonne nuit ? »

« J’aurai dit plutôt une bonne journée mais j’accepte quand même cela. » répondit la jeune femme aux yeux bleus, heureuse. Elle semblait avoir oublié en grande partie le malheur d’hier. Même si ce n’était que pour quelques heures, pour une journée au plus, il avait réussi à la rendre heureuse et à ses yeux, c’était vraiment le plus important. Oui, il était satisfait de ce qu’il venait de faire. Il y avait de quoi hein ? Oui, très heureux.

Hmmm … Pendant qu’il fermait les yeux, il bougea légèrement sa tête, arrivant finalement à la déposer sur la poitrine de la jeune femme. Celle-ci ne sembla pas s’en offusquer et il pouvait entendre les battements rapides mais réguliers d’Elen. C’était … vrai. Tout était bien réel. Tout était magnifique. Tout était splendide.

Hmmm … Il s’endormit paisiblement contre Elen. Vraiment, il était content que tout se passe un peu mieux après ce qui s’était passé. Lorsqu’il se réveilla, quelques heures étaient passées. Il ouvrit les yeux alors qu’il sentait une main lui parcourir ses cheveux bruns. Elen était déjà réveillée, s’amusant à lui caresser sa chevelure.

« Tu dormais tellement bien. Je ne voulais pas te réveiller, Tery. »

« Il faut dire que j’avais le plus doux des oreillers. »

Jamais il n’aurait osé dire une telle chose auparavant, surtout devant Elen. Mais là, c’était différent. Il était avec elle, ils étaient amoureux, ils s’aimaient tendrement. Il observa sa réaction, la jeune femme émettant un petit sourire candide avant de répondre :

« Et tu pèses ton poids, Tery mais je pense que c’est ainsi et pas autrement en amour. »

« Si c’était moi qui avait dit ça, est-ce que je me serai pris une baffe de ta part ? »

« Je ne pense pas … Je ne suis pas comme ça. »

« Pas une once de jalousie ou de méchanceté en toi. J’ai vraiment de la chance d’être aimé par une si remarquable personne. »

« Je ne suis pas exceptionnelle, Tery. Tu le sais hein ? Enfin … Je ne crois pas l’être. »

« Tant que tu l’es à mes yeux, je pense que c’est le plus important. »

Hahaha ! Il venait de marquer des points aux yeux d’Elen, il le savait parfaitement. Il lui fit un tendre sourire avant de finalement se lever. Il était temps de se remettre au travail hein ? Enfin, pas au travail mais de quitter un peu le lit. D’ailleurs, à force d’être collé contre elle, il transpirait de partout … et il remarquait qu’elle aussi à sa tenue. Ahem ! Il ne fallait pas brûler les étapes ! Déjà qu’au niveau des baisers, ils avaient été … un peu impulsifs et ardents. Enfin, ils avaient quand même été très langoureux … BREF !

« Tu rougis comme une tomate, Tery. Tu penses à quoi ? »

« A notre première fois … Enfin à ma déclaration d’amour et inversement. Quand même, j’avais si peur de t’embrasser. Je savais déjà que c’était réciproque. »

« Hein ? Tu savais que … Enfin, que je … Par rapport à toi ? »

« Sans être prétentieux, à part Royan et moi, je ne te connais pas d’autres hommes dans ton entourage et puis bon … Je … Enfin, tes réactions dernièrement. Enfin, quand on se rencontrait. Mais voilà, enfin … Je t’avoue que j’étais assez perplexe car avec Manelena, c’était différent mais bon … Je t’aime, ça, j’en suis certain. »

« Tu n’iras jamais voir Manelena, hein ? Je sais bien que c’est une princesse, qu’elle est très belle et mystérieuse et puis qu’elle a une carapace autour d’elle. Enfin je … »

« Je suis sûr et certain de mon choix mais je veux juste que tu sois confiante. Manelena, même si je ne l’aime pas de la même façon que toi, est une personne vraiment importante à mes yeux. Autant voire plus que Clari. Ces deux personnes sont celles qui m’ont permis de survivre durant tout ce temps où je n’étais pas avec toi. »

« Je … Bon … Puis, c’est la base même de la confiance que de te laisser parler avec d’autres femmes. Je n’ai jamais été jalouse et je ne le serai jamais. »

C’était pour ça qu’il lui en parlait maintenant. Il vint l’embrasser doucement sur les lèvres avant de l’inviter à se lever. Il était temps de retourner auprès des autres, peut-être pour leur annoncer la bonne nouvelle entre Elen et lui.

Chapitre 4 : Un dernier message

ShiroiRyu
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Chapitre 4 : Un dernier message

« C’est monstrueux … Pourquoi … Comment … »

Il avait du mal à tenter d’être raisonnable, de comprendre ce qui se passait. Il avait tellement de mal … Il préférait au cas où ne pas regarder le carnage devant ses yeux. Des corps, des flammes, c’était … un massacre. Mais comment était-ce possible ?

« Qu’est-ce qui s’est passé ? » demanda Tery bien qu’il n’eut aucune réponse. Personne ne savait … Personne ne connaissait cela … Tout avait été si … Ah … Même Manelena semblait surprise. Cela ressemblait à un lieu de paix et pourtant, la sauvagerie présente …

« Où est-ce qu’Elen se trouve ? » questionna une nouvelle fois Tery avec lenteur alors que Royan lui signalait qu’elle avait été dans l’imposant bâtiment en flammes. Du moins, les rares flammes encore présentes, qui ne semblaient pas si dangereuses que ça.

« Tu ferais bien d’aller la rejoindre. On va chercher quand même des survivants même s’il vaut mieux ne pas trop y croire. »

C’était Clari qui venait de lui donner ce conseil, le jeune homme aux cheveux bruns hochant la tête positivement avant de plonger dans le bâtiment. Où est-ce qu’Elen se trouvait ? Où est-ce qu’elle se trouvait ? Il ne connaissait pas du tout cet endroit !

« ELEN ! ELEN ! Tu m’entends ?! ELEN ! »

Il criait son nom, espérant qu’elle lui répondrait. Posant une main sur un mur, il s’en éloigne aussitôt d’un saut en arrière, évitant une poutre qui s’abat à l’endroit où il se trouvait. Ce n’est pas très solide, loin de là. Il doit avancer sans rien toucher car il ne sait pas ce qui risque de l’attendre, loin de là même.

« Réponds-moi Elen ! Où est-ce que tu es ?! »

« Je suis là, Tery. Je suis là. »

Il avait entendu sa voix ! Où est-ce qu’elle se trouvait ? AH ! Dans une salle dont la porte avait été complètement sortie de ses gongs. Il pénétra à l’intérieur, remarquant que cela ressemblait à un bureau. Un bureau saccagé …

« Tery … L’Oracle n’est plus là. Il y a des traces de sang. Il y a du sang partout. Et les enfants, j’ai vu … J’ai vu leurs corps. Tery ! »

« Calme-toi, Elen ! Si on ne voit pas le corps de l’Oracle, c’est qu’il est peut-être en vie, non ? Il faut te baser sur ça pour y croire ! Il vaut mieux par contre que l’on quitte cet endroit, il ne tiendra pas très longtemps. Aller ! VIENS ! »

Il lui prit la main, la traînant vers lui. Il la garda contre son corps, courant avec elle dans le bâtiment. Plus le temps de s’apitoyer malheureusement. Il accéléra le rythme, gardant Elen près de lui avant qu’ils ne sortent tous les deux du bâtiment. Celui-ci ne s’effondra pas derrière eux, bien heureusement mais … ça ne changeait rien à la situation. Rien du tout même. Où est-ce que Royan et les autres se trouvaient ?

Il ne fut guère plus longtemps avant de les avoir dans le champ de vision. Qu’est-ce qu’ils … faisaient ? Ils réunissaient tous les corps en un seul tas ? Même Royan, qui était de sang royal, s’attelait à la tâche ?

« Je … Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui se passe ici ? » questionna Tery.

« Nous ramenons tous les corps en un seul tas pour pouvoir les brûler. Il vaut mieux faire cela que de les enterrer ou de les laisser pourrir. »

« Hein ?! MAIS MAIS MAIS … »

Elen commença à perdre son calme alors que Tery vint l’arrêter d’un petit geste de la main. Pas de raisons de s’énerver ou de s’emporter. Il prit la parole :

« Nous n’avons pas le temps de tous les enterrer, Elen. C’est la meilleure chose à faire pour tout le monde. Peut-être que tu n’y es pas habituée … mais à force, avec la guerre, nous sommes préparés, Manelena, Clari et moi. »

« Mais il y a peut-être encore des survivants ! » cria Elen avec colère et peur.

« Ne te voile pas la face, s’il te plaît. Tu sais pertinemment qu’il n’y a que peu de chances que ça soit le cas, n’est-ce pas ? Alors … Faisons-leur au moins une mort décente. »

Il ne savait pas vraiment quoi dire. Au moins, les personnes de l’orphelinat avaient le droit à ça. Pendant la guerre, ce n’était pas du tout le cas. Ils devaient laisser les cadavres … Et l’odeur … Ah, il préférait ne pas s’en rappeler.

« Quelqu’un sait utiliser correctement des flammes ? L’odeur risque d’être déplaisante néanmoins. » murmura Tery alors qu’à part Royan, tous savaient utiliser plus ou moins les flammes. Quand même … Deux personnes possédant des lignes d’Alzar, deux autres celles de Zélisia et un cinquième qui était un prince, rien que ça.

Les flammes commencèrent à crépiter, Tery entendant quelques sanglots de la part d’Elen. Restant à ses côtés, il vint poser une main sur son épaule. Il n’avait pas vraiment d’explications. Il ne savait pas vraiment quoi dire.

« On trouvera qui a fait ça … et on lui fera payer. Car on sait parfaitement que ce n’est pas un accident … Non, c’est bien un crime. »

Un crime horrible. Comment est-ce que l’on pouvait tuer des gamins ?! Des enfants qui n’avaient même pas dix ans pour la grosse majorité ! Il ne pouvait pas laisser passer ce crime. C’était juste affreux … mais il ne pouvait pas aussi faire la justice partout. Il ne connaissait pas celui ou celle à l’origine de cela.

« Pour la visite à l’orphelinat, visiblement, cela semble être loupé. »

« … … … Manelena, ce genre de paroles, je m’attendais quand même à bien mieux de ta part, je suis vraiment déçu, je t’avoue. » répondit Tery avec lenteur alors que la femme aux cheveux gris haussait les épaules pour bien montrer que ça ne l’affectait pas vraiment.

« Je ne fais que constater cela, Tery. Ce n’est pas de ma faute. Néanmoins, un tel crime reste horrible à voir … Mais nous ne trouverons surement pas les coupables. »

« Je le sais parfaitement … Je le sais parfaitement … Elen ? Nous devrions y aller. »

« NON ! PAS MAINTENANT ! »

Elle s’était mise à courir avec vélocité alors qu’il commençait déjà à partir à sa suite. Qu’est-ce qu’elle faisait ?! Ce n’était pas le moment de faire des bêtises de ce genre ! Quelle idiote ! Il n’avait pas le temps pour cela ! Il cria :

« ELEN ! ARRÊTE-TOI ! ARRETE CES BÊTISES ! »

« NON ! Je ne m’arrêterai pas ! Je ne veux pas ! Je n’ai pas vue madame Liza ! Elle est peut-être encore en vie ! Elle l’est encore peut-être ! »

Il ne fallait pas se faire d’illusions ! Pourquoi ne voulait-elle pas comprendre cela ? Ce n’était pourtant pas si compliqué en soi ! Pas du tout même ! RAAAAAAAH ! Et les autres ? Où est-ce qu’ils étaient ? Oh, il n’avait pas de temps à penser à ça !

« Elen ! Arrête-toi maintenant ! Ça ne sert à rien ! »

« Je t’ai dit que non ! JE NE VEUX PAS ! JE NE VEUX PAS ! »

Mais qu’elle l’écoute ! C’était la meilleure chose à faire ! Pourquoi ne voulait-elle pas l’écouter ? Pourquoi ? Il savait bien mieux qu’elle à quel point cela pouvait être horrible … Elle ne connaissait pas encore réellement les morts …des personnes proches et …


C’était quoi cette maisonnette ? Celle de madame Liza ? Non. Ce n’était pas cela … Comme elle était éloignée des autres, elle devait sûrement être à Elen. C’était vraiment austère … Mais bon, ça devait être déjà pas si mal pour quelqu’un qui voyageait beaucoup. Il ne savait pas tellement au sujet d’Elen et …

Il s’arrêta alors qu’Elen venait faire de même. Qu’est-ce que … Un mur taché de sang … mais pas seulement … Le sang dessinait une ligne verticale jusqu’au sol, jusqu’à un corps … Un corps adossé au mur mais qui ne bougeait guère.

« Madame Liza ! » hurla la femme masquée de blanc, brisant le silence alors qu’elle courait vers le corps de la vieille femme. C’était donc elle … madame Liza ? Un trou au niveau du ventre … taché de sang. C’était un coup mortel … peut-être qui n’aurait pas tué sur le moment mais … qui ne laissait guère place à une possibilité de la sauver.
Et c’était déjà trop tard visiblement. Il ne se faisait pas d’illusions sur cette … madame Liza. Elle était morte depuis combien de temps ? Il ne savait pas … mais cela devait faire au maximum une journée ou deux. Les flammes de l’orphelinat étaient à peine encore présentes, ce qui voulait dire que cette incendie … enfin, ce carnage n’avait pas eu lieu il y a quelques minutes … mais bien plus longtemps.

« Elen … Je suis vraiment désolé mais il est déjà trop tard. »

« Non … Je … Ce n’est pas possible. Y a encore une semaine, je … Je … pouvais lui écrire. »

Il savait pertinemment que c’était difficile à croire, très difficile mais ce n’était pas le moment de s’apitoyer là-dessus. Par contre, pour elle, il voulait bien lui faire un enterrement décent. Enfin, un enterrement tout court. Son corps était isolé des autres. Il posa une main sur l’épaule d’Elen mais la jeune femme le repoussa.

« Je ne veux pas partir ! Je ne veux pas ! » Laisse-moi tranquille, Tery ! »

« Oui, bien entendu. Je vais te laisser seule maintenant … sauf que je n’en ai pas envie, pas du tout même. Viens donc … On va aller l’enterrer, Elen. »

« JE NE VEUX PAS ! JE NE VEUX PAS ! NON ET NON ! »

ASSEZ ! Il en avait assez ! Il prit Elen par le bras, la tirant vers lui. D’un geste rageur, il lui retira son masque pour pouvoir l’observer, le visage nu. Est-ce qu’elle ne comprenait pas la situation ?! Est-ce qu’elle voulait vraiment …

« Elen, arrête … C’est bon. Je n’aime pas ça. »

Il n’aimait pas voir les yeux saphir d’Elen, brillants à cause des larmes qui coulaient le long de ses joues. Il n’aimait pas ça ! Mais elle pleurait, elle pleurait tellement à cause de cela. Il comprenait parfaitement, il savait ce que représentait madame Liza pour elle ! Il le savait ! Mais ils ne pouvaient rien faire pour ça ! Rien du tout ! Il vint la prendre contre lui, l’étreignant de toutes ses forces. Il avait un peu mal au torse à cause de l’armure de la jeune femme aux cheveux blonds mais ce n’était rien, rien du tout même contrairement à ce qu’Elen ressentait en ce moment même.

« Hey ? Qu’est-ce qui se passe ici, Tery ? »

C’était la voix de Clari mais il ne se retournait pas, pas du tout même. Qu’ils puissent voir le visage d’Elen n’était pas un problème à l’heure actuelle, loin de là même. Ils n’avaient pas besoin de comprendre. Il caressa les cheveux d’Elen, Royan s’approchant de madame Liza.

« Elle semblait si gentille et douce. J’ai pu la voir une unique fois mais j’ai compris à quel point cette vieille femme était spéciale. Reposez en paix, madame Liza. »

Bien qu’il ne détournait pas la tête, Tery put voir Royan qui posait un genou au sol, la tête baissée en direction du corps de madame Liza. Lui aussi semblait très affecté …. Enfin, bien qu’il le montrait moins qu’Elen ? Cette madame Liza … devait être tellement importante. Il le savait pour Elen mais … Royan ? Une seule fois ?

« Hmmm ? Qu’est-ce que c’est que ça ? »

Manelena avait pris la parole, se rapprochant du cadavre de la vieille femme avant de remarquer une feuille de papier à ses côtés. Des mots écrits avec du sang … Mais l’écriture était soignée, très soignée même. Elle avait surement utilisé dans ces derniers instants les pouvoirs qui lui restaient pour écrire ces quelques mots. Pourtant, Manelena ne commença pas à lire, tendant la feuille en direction d’Elen qui reniflait.

« Ce n’est pas à moi de lire. Elen … Je te laisse cela. »

La femme aux yeux bleus trembla légèrement, récupérant la feuille avec lenteur. Il n’y avait pas grand-chose, quelques lignes qui ne voulaient rien dire, quelques mots … Simplement quelques mots écrits avec du sang.

« Attention aux jumeaux démoniaques, Elen. Et pardon de ne pas avoir pu t’attendre. »

Elen avait murmuré les derniers mots avec un trémolo avant d’exploser en pleurs, la feuille de papier tombant au sol. Aussitôt, le jeune homme revint l’enlacer, ne disant aucun mot. Il ne savait pas comment faire pour la rassurer, il n’était pas sûr d’y arriver de toute façon.

Il valait mieux se taire … et la garder contre lui. Clari et Royan regardèrent les deux personnes enlacés alors que Manelena faisait un demi-tour sur elle-même, marchant quelques mètres avant de regarder le ciel. Elle poussa un léger soupir avant de souffler :

« Aussi importante que de la famille … n’est-ce pas ? »

C’était triste pour elle. Bien qu’elles ne s’appréciaient pas, elle pouvait quand même lui donner ses condoléances bien que cela ne changerait rien à leur relation. Pfff … Vraiment, qui avait pu commettre une telle chose ? Des pillards ? Ce n’était pas des gnomolds, il n’y avait pas trace d’eux, loin de là.

« Attaquer et ravager un orphelinat … Vraiment, ce royaume est pourri jusqu’à la moelle. »

Car ils étaient encore dans Shunter bien qu’ils étaient près des frontières. Vraiment … Combien de temps est-ce que cela allait durer ? Elle tourna son visage vers Elen et Tery. Bon … Pour le moment, elle allait chercher des indices, ça serait plus rapide.

Trouver des indices sur qui aurait pu faire une telle chose. Pourtant, en regardant les traces de pas, elle ne voyait que quelques rares pas … Ils n’étaient pas nombreux à avoir attaquer l’orphelinat. C’était vrai … Un tel endroit ne nécessitait pas forcément un grand monde. Peut-être est-ce qu’elle pouvait …

« Qu’est-ce que… CA VEUT DIRE QUOI ?! »

Elle avait crié alors qu’il n’y avait personne autour d’elle. Comment est-ce qu’elle avait pu ignorer un tel détail ?! Les éléments utilisés, malgré le nombre d’attaquants, étaient beaucoup trop nombreux. Même si on prenait en compte que l’orphelinat s’était défendu …

« Et cette aura … Ces dégâts … Alzar. »

Alzar … Celui ou celle qui avait commis ces atrocités avaient les pouvoirs d’Alzar ! Ils étaient peut-être même plusieurs mais les pouvoirs d’Alzar étaient présent tout autour d’elle ! C’était donc ça ? Alzar était présent ! Mais comment était-ce possible ? Enfin non … C’était logique, tellement logique. Pourquoi était-elle perturbée par une chose commune et … banale ? Etait-ce à cause de Tery qui gardait Elen dans ses bras ? Non, c’était tout simplement ridicule. Penser une telle chose était stupide, réellement stupide. Elle n’était pas ainsi. Elle ne pensait pas de la sorte. Elle valait quand même bien mieux.

« Elen ? Viens … On va aller l’enterrer. C’est ici que tu habites ? Tu me feras visiter ? »

Il tentait de faire la conversation avec elle mais il sentait que c’était déjà peine perdue ou presque. La jeune femme aux cheveux blonds ne fit qu’hocher brièvement la tête, reniflant alors qu’elle remettait son masque sur son visage.

« Tu n’as pas besoin de voir que je pleure … Tery. »

« Je crois que c’est déjà trop tard, Elen. Bon … Viens donc … Ah … Le plus vite sera fait, mieux ça sera, n’est-ce pas ? »

Elle ne répondit pas alors qu’il venait soulever le corps de la vieille femme. Il le trouvait étrangement lourd. Peut-être était-ce un poids trop grand pour lui ? Néanmoins, il fut suivi par Elen puis Clari et Royan. Un coin non-loin de la maisonnette d’Elen, derrière celle-ci.

« Est-ce que tu penses que ça serait un bon endroit, Elen ? »

« Je crois que … oui … Je ne sais pas … Mais je pense que oui. »

« Alors, je vais m’y mettre dès maintenant. »

Il déposa le corps de la vieille femme sur le sol, prenant ses griffes. Une petite aura noire se forma autour d’elles avant que des morceaux de terre viennent recouvrir les griffes, doublant leurs tailles. Avec rapidité, il commença à creuser dans le sol, Elen haussant un sourcil derrière son masque, Clari s’écriant en rigolant :

« Vraiment ! Tu as de ces idées, Tery ! C’est vraiment excellent ! »

« Je ne sais pas si c’est bon de rire … en ce moment. »

Mais il faisait de son mieux. Quelques minutes plus tard, il avait si bien creusé la terre qu’il était possible d’enterrer la vieille femme. Avec lenteur, il murmura à Elen s’il voulait qu’il le fasse ou elle. Elle hocha la tête négativement, répondant que c’était à elle de le faire.

Il observa la femme masquée de blanc en train de soulever le corps de madame Liza, le déposant avec douceur à l’intérieur en utilisant la magie du vent. Finalement, ce fut elle qui décida de remettre la terre sur le corps de la vieille femme.

« Qu’elle repose en paix. Elen … Il vaudra mieux ne pas rester ici, je pense. »

« Pour ce soir … J’aimerai dormir dans ma maisonnette. Est-ce que … nous pouvons établir nos tentes ici ? Si ça ne vous dérange pas ? »

« Ça ne me dérange pas personnellement. Clari ? Royan ? Où est Manelena ? »

Alors que les deux autres personnes répondaient qu’il n’y avait pas de problèmes, il s’apprêtait à partir mais Elen vint l’arrêter, le tenant par la manche.

« Reste … s’il te plaît, Tery. Je t’en prie. »

« Bon ben, on dirait bien que pour cette nuit, vous allez être deux à dormir dans la maisonnette. » déclara Clari alors qu’il ne se sentait pas d’humeur à répliquer. Peut-être … Est-ce qu’Elen voulait ça ? Il la regarda à travers le masque blanc qu’elle portait.

« Humpf … Dormir dans le même lit ? Ce n’est pas très … correct. »

« S’il te plait, Tery … »

« Bon bon bon ! Quand tu me parles comme ça, je ne peux pas vraiment dire non. Et puis … C’est la moindre des choses que je puisse faire. »

Il lui parlait avec une tendresse non-dissimulée. Encore une fois, il avait affaire à une jeune femme plus fragile qu’on pourrait le croire Qu’importe si elle portait un masque ou non, certains évènements ne pouvaient nous empêcher d’être nous-mêmes dans certaines circonstances. C’était ainsi … et pas autrement.

« On mange quand même avec vous ce soir. Il faut juste que l’on retrouve Manelena auparavant. » déclara Tery alors que Clari hochait la tête positivement.

« Je pense que c’est une bonne idée, oui. »

Alors, qu’ils se mettent en route, non ? Enfin … Il préférait rester avec Elen si cela ne dérangeait personne. Clari et Royan vinrent dire qu’ils allaient la chercher pendant qu’il pouvait s’occuper d’Elen.

« Merci beaucoup … Elen, vas donc te coucher dans le lit, tu as besoin de repos. »

« Je n’ai pas envie … ou alors, tu restes à mes côtés. »

« Ne fait pas l’enfant … Et si ce n’est pas le cas, je viendrai alors. »

Il allait le lui promettre ? Il allait le lui promettre. Il prit sa main, retirant les gants de la jeune femme avant de l’emmener jusqu’à la chambre où elle dormait. La pièce … La maisonnette avait été très bien entretenue. Cette femme … madame Liza avait été quelqu’un d’exceptionnel, vraiment exceptionnel.

« Elen, tu vas rester au lit d’accord ? »

« Tu veux bien … m’aider s’il te plaît ? Je n’ai même pas la force de retirer mon armure. »

« Est-ce que tu ne te moquerais pas un peu de moi, Elen ? N’en profite pas trop, non plus, d’accord ? Enfin bon … D’accord, viens par là. »

« Merci pour tout ce que tu fais pour moi, Tery. »

Oui, oui … Elle pouvait le remercier mais il était … heureux d’être là pour elle. Avec lenteur, il lui retirait la cape, puis son masque blanc. Finalement, il l’aidait à enlever son armure, enfin la partie supérieure qu’elle avait l’habitude d’avoir. Elle était maintenant … tout simplement en justaucorps. Elle vint s’enfouir dans le lit, lui-même s’asseyant à ses côtés.

Chapitre 3 : Non comme prévu

ShiroiRyu
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Chapitre 3 : Non comme prévu

« Combien de temps allons-nous mettre avant d’arriver jusqu’à l’orphelinat ? »

Il posait la question car il ne connaissait pas du tout la distance. Il était comme intrigué par cela et heureusement pour lui, Manelena et Clari avaient accepté de venir elles aussi. De toute façon, où auraient-elles pu se rendre d’autre, n’est-ce pas ? Elen se tourna vers lui, ses cheveux blonds cachés par la capuche une nouvelle fois. Visiblement, elle acceptait pour Royan et Tery … mais pas pour les autres ?

« D’ici une ou deux journées. Nous sommes déjà sur la bonne direction depuis nos retrouvailles, Tery. Tu verras, ce n’est pas si loin que ça et c’est encore assez proche des frontières du royaume. Enfin, même si nous sommes dans le royaume de Shunter, l’orphelinat n’obéit pas aux règles de ce dernier. C’est comme s’il n’existait pas sur les cartes. »

« Oh … Etrange quand même pour un orphelinat. Enfin bon … Je me dis que si les enfants là-bas sont aussi spéciaux que toi, cela risque d’être amusant. »

« Ça veut dire quoi ça, Tery ? Que je suis bizarre ? » demanda-t-elle alors qu’il souriait.

« Moi ? Tu sais pertinemment que je n’oserai pas dire une telle chose. Je ne suis pas ainsi. Allons bon … Cela me fait du mal que tu dises une telle chose, Elen. »

« Et tu te moques encore plus de moi quand tu parles comme ça ! »

« Tu sais parfaitement que je n’oserai pas. »

La femme aux yeux bleus et au masque blanc fit une moue boudeuse en le fixant, le jeune homme s’empêchant de rire. Clari les observait avec interrogation alors que Royan n’en avait rien à faire. Manelena ? Elle ne faisait que jeter quelques yeux discrets en direction de Tery sans pour autant vouloir lui parler.

« Quand même … En parlant de frontière, j’y pensais mais … Omnosmos. Vous avez déjà été à cet endroit ? » demanda-t-il avec lenteur.

Omnosmos. Il avait entendu parler que rarement de cet endroit mais depuis, il avait terriblement envie de le visiter. Mais bon, si ce n’était pas une zone sûre, il ne valait mieux pas. Contrairement à ce qu’il pensait, ce fut Manelena qui prit la parole.

« Omnosmos n’est dirigé par aucun des cinq royaumes que vous connaissez. Non, les seules personnes qui dirigent cet endroit sont les archimages élémentaires. Un de chaque élément. Ils ont abandonné leur citoyenneté de chaque royaume pour Omnosmos. Cet endroit … est un peu comme un lieu paradisiaque. Enfin, il existe toujours un peu de criminalité mais ce qui se trouve à l’intérieur fait que généralement, on ne veut guère en sortir. »

« Tu as déjà visité, Manelena ? » demanda Tery avant de s’approcher d’elle, heureux qu’elle parle à son tour. Cela lui ferait le plus grand bien !

« … … … Une unique fois mais je suis repartie dans la journée même. Je n’avais guère besoin de rester plus longtemps dans cet endroit. »

Et voilà. Maintenant, elle retournait dans son coin sans vouloir en dire plus. Enfin, retourner dans son coin, façon de parler quoi. Elle mettait juste à nouveau un peu de distance par rapport à Tery sauf que celui-ci revient à la charge, reprenant :

« Mais à côté, comment ça se passait exactement, Manelena ? Est-ce que c’était bien gardé ? A quoi ça ressemblait exactement ? »

« Pourquoi est-ce que tu veux savoir cela, Tery ? »

« Tout simplement car j’aimerai bien que l’on s’y rende. Enfin … S’ils laissent rentrer … Enfin, s’ils nous laissent rentrer. » dit le jeune homme aux cheveux bruns.

« Que j’y réfléchisse. Tu es accompagné par le prince d’un royaume, deux personnes possédant des lignes de Zélisia … »

« Et une princesse d’un autre royaume s’il te plaît. » coupa le jeune homme, Manelena fronçant aussitôt les sourcils bien qu’elle n’était pas énervée.

« Cela ne compte pas. Je suis recherchée et … »

« Recherchée par qui ? C’est une bonne chose si nous nous rendons dans Omnosmos non ? Ainsi, tu n’auras plus aucun problème. Manelena, c’est vraiment une bonne chose ! Enfin, je trouve que c’est une très bonne idée ! »

Il lui prit les mains dans la sienne comme pour montrer qu’il était plus que motivé à ce qu’elle retrouver le sourire. La femme aux cheveux argentés baissa ses yeux sur leurs mains, ne disant plus rien pendant quelques secondes.

« Idiot … Arrête de te préoccuper de moi, je n’en vaut pas la peine. » souffla-t-elle de telle sorte qu’il ne puisse pas l’entendre ou presque.

« Qu’est-ce que tu as dit, Manelena ? «  demanda le jeune homme aux yeux émeraude, Manelena retirant ses mains avant de répliquer :

« De me lâcher. Tu me colles beaucoup trop et tu sais parfaitement que je n’aime pas ça. »

« Et est-ce une raison pour que j’arrête ? »

« … … … Tu te moques de moi ? »

Pourtant, le jeune homme était plus que sincère. Il n’allait pas arrêter parce que ça ne lui plaisait pas. Elle n’avait pas à être seule ! Surtout pas dans ces moments ! Il était à ses côtés, qu’elle le veuille ou non. Tiens ! Il allait dire une connerie !

« Puisque visiblement, je n’ai pas d’autres choix, je vais donc devoir me résoudre à faire cela. Si vous voulez bien me pardonner. » dit-il avec lenteur avec qu’elle se demandait ce qu’il allait faire. Soudainement, il posa un genou au sol, prenant sa main droite dans la sienne. Qu’est-ce que … Elle sentait qu’il allait se ridiculiser ! Mais qu’il allait la ridiculiser elle aussi ! Il valait mieux qu’il arrête maintenant car sinon … car sinon…

« Une nouvelle idiotie de sa part. » murmura Clari en rigolant à côté d’Elen.

« Princesse Manelena, j’aimerai que vous m’intronisiez en tant que votre chevalier. Ainsi, je resterai toujours à vos côtés pour vous protéger, jusqu’à la fin de ma vie. Lorsque vous serez malheureuse, vous pourrez venir me raconter vos soucis. Lorsque vous serez en danger, je vous protégerai et ferait rempart de mon corps. Je … »

« ASSEZ ! » hurla la femme aux cheveux argentés, tremblante légèrement de tout son corps. Une légère rougeur aux joues, elle semblait furieuse bien qu’une étude plus approfondie de son visage montrait qu’elle était plus gênée qu’autre chose.

« Hahaha ! J’en étais sûre ! Vraiment … Tery ne cessera jamais de m’étonner. » s’écria Clari avec joie et amusement alors que Tery reprenait :

« Je ne retirai pas mes propos. Je suis vraiment sérieux à ce sujet, princesse Manelena. Depuis que nous nous sommes enfuis … »

« Contre mon gré, j’étais vraiment prête à mourir. Je n’ai pas besoin que l’on se préoccupe de moi. Et tu dis de telles paroles parce que tu sais maintenant que je suis une prin… »

« Car tu es Manelena, c’est tout. » coupa le jeune homme avant de se relever avec lenteur pour se tenir face à elle. « Que tu sois ma maréchale ou ma princesse, ça ne changera rien du tout par rapport à ce que je pense de tout cela par rapport à toi. Même si mes paroles ne semblaient pas l’être, je suis sérieux par rapport à ce que j’ai dit. Je te protègerai si tu n’es pas capable de le faire par toi-même. Si tu es démotivée ou triste, je serai là aussi, Manelena. Pourquoi est-ce que je devrais t’abandonner alors que dans le fond, tu ne l’as jamais fait pour moi hein ? Sincèrement … Est-ce que tu crois que je suis ingrat ? »

Elle ne répondit pas, restant parfaitement muette alors qu’Elen faisait un demi-tour sur elle-même, serrant le poing gauche bien que ce ne fut pas avec colère. Ce n’était pas ça … Pas du tout même. Elle n’était pas en colère, juste … affligée et attristée même. Vraiment attristée. Elle … voulait ne pas comprendre mais elle ne pouvait pas. Elle le savait.

« Stupide. C’est complètement stupide de ta part. Est-ce que tu le sais ? »

Ce fut les seules paroles de Manelena bien que cela avait été dit avec une certaine … douceur. Pour toute réponse, le jeune homme fit un sourire avant de reprendre :

« Oh, ça, à force, je crois que ça va finir par rentrer, héhéhé. Mais bon, ce que j’ai dit, je le pense sincèrement. Je resterai à tes côtés, Manelena, qu’importe le titre que tu portes et qu’importe ce que tu diras. »

« … … … Comme auparavant. C’est bien ce que tu avais dit. Que tu te battais dans l’armée de Shunter non pas pour le royaume mais pour moi ? »

« Et bien entendu, je continue de penser cela. »

« Soit … Fais comme tu veux … mais ne vient pas m’embêter. » déclara Manelena avant de reprendre la marche. Bien que ce fut discret et invisible car elle était de dos, elle fit un léger sourire avant de reprendre : « Allons-y. L’orphelinat d’Elen ne va pas avancer vers nous. »

« Bien entendu, je suis tout à fait d’accord avec toi, Manelena ! J’arrive ! Par contre, dernière question : est-ce que je peux te tutoyer ? Ou alors te vouvoyer ? »

« … … … Tu te moques de moi ? Pour qui est-ce que tu me prends ? »

« Une princesse ou une maréchale ? Bon, d’accord, pour une femme. » répond le jeune homme en rigolant légèrement, laissant maintenant la femme aux cheveux argentés s’énerver un peu inutilement. Mais bon … Il ne pensait pas du tout à mal, loin de là.

Très loin même … Vraiment très loin … Mais bon ! Maintenant qu’il allait mieux avec elle, il était content et satisfait. Pourquoi ne devrait-il pas l’être ? Il ne remarquait pas la tristesse peinte sur le visage d’Elen alors que tous se remettaient en route.

La marche fut silencieuse, personne ne parlant. Tery avait quand même décidé de ne pas parler avec Manelena pour ne pas l’énerver à nouveau. Néanmoins, il sentait qu’il avait fait son petit effet avec le faux chevalier qu’il avait … enfin bon … D’ailleurs … En y réfléchissant bien, il se demandait quel pouvoir possédait-il par rapport aux lignes d’Alzar. Manelena était capable de faire apparaître une lourde armure noire sur son corps non ?

« Manelena ? Est-ce que je peux te poser une question ? Sans te déranger, promis. »

« Hmmm ? Sans me déranger et pourtant, tu le fais ? »

« … … … Ca serait par rapport à l’armure que tu portes habituellement. Enfin, là, tu ne l’as pas mais … Comment est-ce que tu as fait pour arriver à la faire apparaître comme ça ? »

« Du travail … Beaucoup de travail … Et pour l’incarnation en elle-même, je ne peux pas te le dire car je ne sais pas pourquoi j’ai réussi à obtenir cette armure et non autre chose. »

« J’ai peut-être une idée mais … je préfère ne pas en parler. » murmura le jeune homme, Manelena haussant un sourcil inquisiteur.

Comme s’il pouvait lui dire qu’il avait l’impression qu’elle avait obtenu une armure … tout cela à cause d’une seule et unique chose : se protéger du monde extérieur. Mettre une carapace autour de son cœur et de son corps. Voilà comment il voyait les choses.

« Mais bon, si je dis ça, elle me tue. Hahaha ! »

« Oh ? Te tuer, c’est bien ça ? » déclara Manelena à côté de lui. Il avait pensé à voix haute. « Est-ce que j’ai vraiment besoin d’une raison pour ça ? »

« … … … Je vais plutôt retourner auprès d’Elen si ça ne te dérange pas. Question de précaution si je veux finir vivant. »

« Cela me dérange mais qu’importe, ce n’est pas important. Tu peux t’en aller, je ne vais pas te retenir, contrairement à ce que tu espères. »

Oh … Espérer, espérer. Ca dépend … Si elle allait bien, il n’avait pas besoin de raison de s’inquiéter. Il fit quelques pas en arrière, retournant auprès d’Elen. Clari et Royan, eux-mêmes, étaient côte à côte.

« Et alors ? Elen ? Tu me fais un peu la tête ou alors, c’est moi qui rêve ? »

« Je crois que tu rêves un peu … Tery. Mais bon, tu n’avais pas dit hier … enfin cette nuit, tu sais … Je pensais quand même que … »

« Que tu es importante ? Mais Manelena l’est aussi et … »

« Je suis plus importante ? Ou non ? Tery ? » dit-elle en lui coupant la parole, le jeune homme toussant un peu, gêné par les propos d’Elen. Dire une telle chose, de telle sorte que tout le monde l’entende, il avait bien l’impression qu’elle venait de le faire exprès.

« Pfiou, c’est compliqué. Je passe mon tour là-dessus. Je n’ai pas le courage d’engendrer une nouvelle dispute. Pardon du dérangement, Elen. Je vais plutôt aller voir Clari et Royan. Enfin, peut-être surtout le second, il sera plus calme et sage que les autres. »

« Hey ! Mais attends un petit peu, ne t’enfuis pas comme ça ! »

« Je ne m’enfuis pas, Elen. Je veux juste éviter d’avoir à te répondre ! »

C’est la même chose ! Sans crier gare alors que le jeune homme était en train de s’éloigner, elle bondit sur lui à la grande surprise de tout le monde. S’agrippant à son cou, elle dit :

« Tu ne t’enfuiras pas comme ça ! Je veux savoir ta réponse, Tery ! »

« MAIS MAIS MAIS ! Ne me force pas comme ça ! C’est affreux ça ! Elen ! Et puis, même si tu as ta cape, je te rappelle que tu es une femme ! Ce genre de choses ne se fait pas ! »

Ah oui ? Et pourquoi ça ? De toute façon, elle avait son armure sur ses épaules et le jeune homme était loin d’être faible donc ce n’était pas un problème de force. Elle voulait savoir la vérité ! Tout cela n’avait que trop duré !

« Ca fait plus d’un an, on doit même avoir deux ans bientôt, Tery ! »

« Autant de temps ? C’est vrai ça ? Ca passe tellement vite … et je ne fête même plus mes anniversaires. Je n’arrive pas à le croire. »

« Ne change pas de conversation, Tery. Tu ne m’auras pas comme ça. »

« … … … Royan, est-ce que je peux te poser une question ? Une question sérieuse. Est-ce qu’Elen est comme ça depuis longtemps ? »

« Non. Depuis que tu es arrivé, Tery. Elle semble changer radicalement de comportement à ton apparition. J’ai bien une explication mais je ne pense pas qu’elle l’accepterait. » murmura l’adolescent aux cheveux bleus avec neutralité. Oh ? Tiens donc ? De quoi ? Tery se posait la question mais maintenant qu’Elen ne voulait plus le lâcher … Il ne pouvait pas dire non plus qu’elle était lourde, cela ne se disait pas vraiment. Bon ! Si c’était ainsi … Il plaça ses deux mains sur les cuisses d’Elen, la tenant fermement avant de dire :

« Accroche-toi bien. Par contre, je le fais qu’une fois, pas deux, Elen. »

« Hein quoi ? Mais mais mais … »

Mais elle ne voulait pas de … Oh et pourquoi pas ? Si ça ne le dérangeait pas, elle ne devait pas trouver cela dérangeant non plus. Et puis, c’était plutôt une bonne chose. Elle n’avait rien contre ça. Elle logea son visage masqué contre la nuque de Tery, retirant sa capuche alors que Clari poussait un petit soupir.

« Visiblement, elle attaque bien depuis les retrouvailles. »

« Attaquer ? Je ne fais pas ça ! Je n’attaque personne ! » rétorqua Elen alors qu’elle ne semblait pas comprendre du tout ce que Clari voulait dire par là.

« Ce n’est qu’une simple expression, rien d’autre. Libre à toi de chercher à savoir ce qu’elle veut dire … Moi, je ne te donnerai pas plus de détails. »

Tsss ! Elle peut cacher tout ce qu’elle veut, ça ne changera rien du tout ! Enfin bon … Elle doit quand même reconnaître qu’avoir Tery si près de soi, elle ne trouve pas cela déplaisant, loin de là même. Elle a tellement envie de retirer son masque … mais en même temps, cela voudrait dire que tout le monde pouvait la voir. Elle n’était pas encore prête à cela … Pas du tout même. Mais si seulement Tery était là et personne d’autre. Ou alors peut-être Royan non ? Car lui aussi l’avait vue assez souvent, pas sans son masque néanmoins. Mais il avait réussi à lui faire retirer sa capuche.

Peut-être qu’elle … pouvait un peu ? Et puis, Tery était si proche d’elle … et tout le monde était devant eux. Bien entendu, comme il la portait, ils étaient en retrait. Zut ! Elle pouvait quand même avoir un peu de courage ! Elle bougea légèrement son masque blanc, dévoilant une partie de son visage ainsi que ses lèvres. Avec lenteur, elle vint les poser sur la nuque de Tery, celui-ci sursautant en poussant un petit cri de surprise. Aussitôt, elle vint remettre son masque correctement, les trois personnes se tournant vers eux, Royan disant :

« Qu’est-ce qui se passe ici ? »

« Non, rien … Rien du tout. J’ai juste eu quelque chose qui me grattait sur la nuque. »

« Tu n’as qu’à demander à Elen de te le gratter non ? Elle est sur toi. »

Clari marquait un point mais il ne répondit pas, Elen faisant de même. Ils étaient bientôt arrivés à destination. Le jeune homme avait parfaitement compris ce qu’Elen avait fait mais préféra rester muet. Pourquoi est-ce que … Enfin … Elle avait dû retirer son masque non ?
C’était bizarre qu’elle fasse une telle chose mais il n’était pas là pour comprendre ce qu’elle comptait faire, loin de là même. Mais bon, c’était quand même surprenant de sa part mais il devait reconnaître qu’il avait grandement apprécié. Brrr ! Mais qu’est-ce qu’il était en train de penser là ? C’est complètement stupide ! Il s’en voulait terriblement ! Ce n’était pas … Enfin … Si Elen apprenait qu’il avait fait ça sur ses joues aussi …

« Qu’est-ce que … TERY ! ELEN ! »

Clari venait de crier alors que le jeune homme portant la femme masquée se dirigeait vers elle. Qu’est-ce qui se passait ? HEIN ?! Des flammes ? Il y avait des flammes et de la fumée au loin ? C’était quoi ça ?!

« Tery ! Fais-moi descendre s’il te plaît ! Fais-moi descendre maintenant ! »

Bien entendu ! Il vint s’accroupir, permettant à Elen de se remettre sur ses pieds. La jeune femme commença alors à courir à toute allure en direction des flammes, criant :

« C’est l’orphelinat ! C’est l’orphelinat qui brûle ! »

L’orphelinat ?! Mais comment ? Pourquoi ? Ce n’est pas normal ! Pas normal du tout ! Il faut accélérer ! Il passa à côté de Manelena et Royan, disant :

« Suivons-là maintenant ! Il y a peut-être des survivants ! »

Il disait cela mais il n’en était pas réellement convaincu. Pourtant, il ne voulait pas causer de problèmes à Elen. Il ne voulait pas le lui dire ! Surtout que la jeune femme au masque blanc était déjà partie avant même qu’ils ne puissent l’accompagner.

« Peut-être qu’ils sont déjà morts … Les flammes ne semblent guère très grandes. Cela veut dire que l’incendie date depuis déjà quelques temps. »

« Tu n’as pas quelque chose à dire pour nous rassurer plutôt ? »

Il disait cela alors que Manelena hochait la tête négativement. Non ? Pfff … Vraiment ! Ca ne se disait pas comme ça ! Alors qu’il courait à côté d’elle, il reprit :

« Manelena, tu pourrais quand même avoir un peu plus d’empathie. C’est l’endroit où vivait Elen hein ? Il faut quand même que l’on trouve des survivants. »

« Il y a peu de chances que ça soit le cas. Est-ce que tu préfères te voiler la face et constater la triste vérité sur le moment ? »

« Ca ne change rien du tout, Manelena ! Je ne tomberai pas là-dessus ! Pas dans ce piège grossier !  C’est pourtant clair ! »

« Pourquoi est-ce que tu t’emportes contre moi ? Je pensais que ton but était de ne pas me faire souffrir, n’est-ce pas ? »

« Je ne vais même pas répondre, ça vaut mieux. »

Pourtant, elle fit un petit sourire alors qu’il ne comprenait pas. Pourquoi est-ce qu’elle avait dit cela ? Surtout que le sourire ne semblait pas moqueur, loin de là. C’était étrange, assez étrange en même temps. Mais bon, ce n’était pas vraiment ça le plus important ! Le plus important était de rattraper Elen mais aussi de l’aider à trouver des survivants ! Comment était-ce possible ?! Mais surtout … POURQUOI ?! POURQUOI UN INCENDIE ?!

Chapitre 1 : Heureuse mais soucieuse

ShiroiRyu
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Premier axe : Orpheline

Chapitre 1 : Heureuse mais soucieuse

« Tery, Tery ! Viens donc par-là ! »

D’une voix enjouée, la personne masquée de blanc prit la main du jeune homme aux cheveux bruns. Le tirant derrière elle, elle s’était mise à courir avec vélocité en direction d’une petite réunion d’arbres. Qu’est-ce qu’il y avait de si spécial à cet endroit ? Elle commença à grimper dans un arbre, invitant Tery à faire de même alors que celui-ci demandait :

« Hey, hey ! Attends donc un peu, Elen quand même. Il ne faut pas que l’on perde de vue les autres hein ? Qu’est-ce qu’il y a en haut ? »

« Viens voir au lieu ! Je suis sûre que ça va te plaire ! » répondit la femme encapuchonnée, laissant paraître ses cheveux blonds depuis le temps bien qu’elle continuait de garder ce masque blanc qui cachait son visage. Elle tendit sa main gantée de rouge, le jeune homme la récupérant avant de grimper à son tour dans l’arbre qu’elle avait choisi.

« Hmmm ? Et donc, Elen ? Qu’est-ce … »

Sans rien dire, la jeune femme vint s’installer sur la même lourde branche que lui, s’asseyant à ses côtés. Elle posa une main sur son bras droit, sa tête sur son épaule avant de souffler :

« Tu ne trouves pas que la vue est jolie, Tery ? »

« Hein ? Juste pour … » commença à dire le jeune homme avant de plonger dans son mutisme. Enfin bon … Non, il valait mieux ne rien lui dire. Pourquoi l’irriter bêtement ou la rendre un peu maussade en disant que ce n’était pas le moment ? Il la laissa se placer correctement à côté de lui, observant maintenant le ciel à une hauteur plus appréciable que celle du sol.
Mais son regard descendit pour étudier les trois personnes qui s’avançaient vers eux. L’une d’entre elles … était là aussi. Il se sentait un peu mal … Il regardait Manelena, la femme aux cheveux argentés alors qu’elle marchait, la tête légèrement baissée mais le visage dénué d’émotions. Avec tout ce qui s’était passé et cela ne faisait que quelques heures …

« Pardon, Elen mais il faut que j’aille m’occuper de quelqu’un. J’en suis vraiment désolé. »

« Hein ? De quoi ? T’occuper de quelqu’un ? De qui est-ce que tu parles, Tery ? »

« Je suis vraiment désolé, Elen. Pardon, pardon. »

« Mais de quoi est-ce … TERY ! » cria la femme masquée de blanc alors qu’il descendait de l’arbre en sautant, retournant auprès de l’autre trio. Avec un peu d’hésitation, il vint se placer à côté de la maréchale Nali avant de dire :

« Maréchale Nali, est-ce que vous … »

« Je ne suis plus maréchale … Et je ne porte plus ce nom. Tu n’as aucune raison de m’appeler encore de la sorte. Si c’est tout, j’aimerai plutôt que tu me laisse seule, Tery. »

« Et vous savez parfaitement que je ne peux pas accepter cela. Ce n’est pas mon genre. »

« … … … Laisse-moi tranquille. Je ne veux pas me répé … »

« Maréchale Nali, je ne peux pas accepter ça. Je me répète et … »

« Je ne suis PLUS MARECHALE ! JE NE SUIS PLUS RIEN ! C’est compris ?! » hurla-t-elle soudainement avec une certaine violence dans ses paroles alors qu’il reculait, un peu étonné. Néanmoins, Tery ne perdait pas son sourire, revenant à la charge.

« Vous voir morose ne me plaît pas et je ne compte pas tout le reste, marécha … »

« APPELLE-MOI AU MOINS PAR MON PRENOM ! »

« D’accord … Manelena, ça va mieux ? Tu t’es un peu calmée ? » murmura doucement le jeune homme alors qu’il voyait la femme aux cheveux argentés qui tremblait au fur et à mesure que les paroles arrivaient à ses oreilles.

Les autres personnes ne se préoccupaient pas du duo sauf bien entendu Elen qui n’appréciait guère la préoccupation du jeune homme par rapport à celle qui n’avait pas hésité à le trahir une première fois et à la menacer. Et à cause de toute cette histoire, elle était encore moins rassurée, surtout que Tery était aux petits soins pour elle.

Trop aux petits soins pour que ça paraisse sans intentions … Qu’est-ce que le jeune homme avait fait avec elle ? Jusqu’à quel point ? Alors qu’elle essayait de ne plus y penser, Clari, la femme aux cheveux blonds comme elle, s’approcha et se mit à sa hauteur, soufflant :

« Avec le coup qu’elle a reçu en apprenant que son père comptait la sacrifier sans aucune émotion, il se peut que même l’ancienne maréchale du royaume de Shunter soit fragilisée. Si tu comptais marquer des points avec Tery, il va te falloir autre chose et pas n’importe quoi. Bonne chance hein ? J’apprécie de voir le duel entre vous deux ! »

« Quel duel ? Il n’y a aucun affrontement entre moi et cette femme et surtout, je ne vois pas de raison de nous battre. Je ne comprends pas où tu … enfin vous voulez en venir. »

« Tu peux me tutoyer, il n’y a aucun problème à ça ! »

« … … … Je ne crois pas que ça soit une bonne idée à mes yeux. Je ne préfère pas. Nous ne connaissons pas plus que cela, Clari. » déclara calmement Elen.

« Quant au fameux duel dont je parle, je ne sais pas … J’avais l’impression que … » commença à reprendre Clari, se rapprochant de l’oreille d’Elen avant de lui chuchoter quelques mots. Aussitôt, la jeune femme au masque blanc se figea, commençant à secouer la tête négativement et rapidement.

« Il n’y a rien de cela ! Et c’est bizarre mais ce que vous me dites ressemble étrangement … »

« A une lettre que Tery a écrit ? Il n’y a pas besoin d’être très réfléchie pour comprendre ce qui se passe réellement, n’est-ce pas ? Tant que cela est amusant et divertissant. »

« Qu’est-ce que ça veut dire que … Attends un peu ! »

Elle venait de comprendre parfaitement où alors … C’était bien ça ? N’est-ce pas ? Ce n’était pas une blague ? Elle avait écrit la lettre à la place de Tery ?! Ca voulait dire qu’il n’avait pas écrit cela ? Alors … Les belles paroles …

« Hum ? Même sans voir ton visage, ça se sent tout de suite que tu es dépitée donc je vais te dire quelque chose pour te rassurer : Tery le pensait réellement de son côté. Sauf que tu le connais bien quand même non ? Il est assez timide quand même. »

« … … … Peut-être. » murmura faiblement la personne masquée de blanc avant de baisser la tête. Elle accéléra le pas, essayant donc par-là à ce que la femme ne la suive pas.

Ca ne changeait rien aux faits. Tery … Comment dire … Elle savait pertinemment que … Enfin … Ca ne lui plaisait pas du tout même. Pas du tout … Loin de là. Elle voulait que Tery vienne parler avec elle mais elle remarquait simplement qu’il s’occupait de Manelena.

Et elle ? De son côté ? Enfin … Manelena avait été là pendant des mois à ses côtés. Il ne pouvait pas passer un peu de temps avec elle ? C’était peut-être trop en demander. Oui, surement cela. Tery n’avait pas envie de retrouver le temps perdu avec elle.

« Je ne veux pas faire l’oiseau de mauvais augure mais ne pourrais-tu pas t’occuper d’Elen ? »

La personne qui s’était adressé à Tery n’était nulle autre que Royan. L’adolescent aux cheveux bleus était arrivé à la hauteur de Manelena et du jeune homme, le visage neutre comme à son habitude avant de reprendre :

« Je pense que la princesse du royaume de Shunter a d’autres préoccupations en tête de que de vouloir discuter. Il faudrait la laisser souffler pendant un instant. »

« Est-ce vrai, marécha… » commença à dire Tery avant de s’arrêter, les yeux rubis de la femme aux cheveux gris se posant sur son visage avec fureur.

« Je pense que tu ferais mieux de la laisser tranquille. »

« Je crois que je vais faire cela aussi. Ca sera bien mieux. Manelena, je reviendrai parler avec toi quand je le peux, d’accord ? »

« Laisse-moi donc tranquille, s’il te plaît. C’est tout ce que je demande, je ne veux rien d’autre de ta part, voilà tout. »

« … … … Ca ne fait rien, tu ne veux rien mais ça ne m’empêchera pas de te donner toute mon attention ! J’y vais maintenant ! Je te libère ! »

La libérer ? Des paroles stupides de la part du jeune homme. Elle n’y répondit pas, ne faisant que froncer les sourcils alors qu’il était déjà en train de partir, courant vers Elen. Celle-ci faisait semblant de l’ignorer mais les petits tremblements de son corps montraient qu’elle était à moitié ravie que le jeune homme vienne vers elle. Clari, elle, ne faisait que regarder le décor autour d’eux, un sourire béat aux lèvres. Tout cela était bien mouvementé depuis quelques temps ! Elle avait encore du mal à croire qu’elle avait quitté l’armée, comme ça. Mais bon, elle avait pris sa décision et elle ne le regrettait pas le moins du monde.

« Que me veux-tu, Tery ? » demanda doucement la personne masquée de blanc.

« Oh … Juste discuter avec toi. Surtout que je donne l’impression de t’ignorer alors que ce n’est pas du tout ce que je veux. J’en suis vraiment désolé. »

« … … … Ce n’est pas grave. J’osais juste espérer, enfin … » commença à chuchoter Elen, cherchant ses mots avant de reprendre d’une voix plus faible : « Que tu serais plus heureux de me revoir, Tery … après tout ce temps. »

« Mais je suis très heureux de te retrouver, vraiment ! Je te le promets ! Tu veux que je te le montre comment, Elen ? Dis-moi et je le ferai ! »

« Ma main… » murmura faiblement Elen, s’immobilisant sur place.

Sa main ? Qu’est-ce que … Elle tendait faiblement sa main gauche vers la sienne. Elle voulait qu’il la prenne ? Ce n’était pas un souci, loin de là même.

Il commença à rapprocher sa main de la sienne mais s’arrêta, prenant le gant de couleur rouge qui le recouvrait. Avec lenteur, il vint le retirer, terminant finalement son geste avant de croiser ses doigts avec les siens.

« Ça sera bien mieux, non ? Tu ne crois pas ? »

« Ou… Oui … Ca sera bien mieux … Oui … Je confirme. »

« Alors ? Ca te convient mieux ? » demanda-t-il avec un peu de douceur.

« Tu ne fais pas ça car tu as pitié de moi … hein ? »

« HEIN ? Surement que non ! Oups ! Pas sûr que ma phrase veuille dire quelque chose. Bien sûr que non. Voilà … C’est mieux. Je ne fais pas ça car j’ai pitié de toi, je ne l’aurai jamais. »

« Tu es vraiment sûr de ça ? Tu peux me le dire en face, s’il te plaît ? »

En face ? Oh … Bien entendu. Sans retirer sa main, il se plaça en face d’Elen. Elle était un peu plus petite que lui, ce qui n’était pas habituel pour le jeune homme. Comme elle tournait le dos au reste du groupe, celui-ci ne pouvait pas voir ce que Tery était en train de faire. Le jeune homme aux cheveux bruns prit le masque blanc par le bas, le retirant avec douceur.

« Elen, je te promets que je n’aurai jamais pitié de toi. Et que tu es une personne vraiment importante pour moi. »

« Tu … Tu n’étais pas obligé de retirer mon masque ! » bafouilla-t-elle, rougissant violemment avant de le récupérer pour le mettre sur son visage. Le jeune homme était aussi gêné qu’elle mais fit un petit sourire. Les deux personnes baissèrent la tête, Tery venant prendre l’autre main d’Elen dans la sienne, retirant aussi ce gant. Voilà … Enfin bon … Qu’elle ne se fasse pas de fausses idées, il l’appréciait … grandement.

« Pourquoi ? Cela te dérange que je le fasse ? »

« … … … Pas en public, c’est tout. » dit-elle après quelques secondes de réflexion, le visage toujours baissé. Tery eut un léger sourire, la tirant avec douceur vers lui. Elle se laissa faire, marmonnant quelques paroles incompréhensibles. Tery regarda Clari, celle-ci lui faisant un petit geste de la main pour le féliciter.
Hey ! Ce n’est pas … Enfin, peut-être que dans le fond, ça l’était quand même un peu ? Bon … Ca ne faisait rien mais quand même, il ne fallait quand même pas exagérer non plus. Il jeta un regard à Manelena, celle-ci l’observant brièvement de ses yeux rubis avant de détourner la tête, avançant sans plus s’intéresser à lui.

Alors qu’il voulait retirer Elen de ses bras, la jeune femme posa ses mains sur son dos, le serrant contre elle. Hey … Ils devaient avancer aussi non ? Il tenta quelques mouvements mais elle s’agrippait à lui assez solidement. C’était gênant, maintenant.

« Elen … Il faut suivre les autres, maintenant. Nous avons … du chemin à faire. »

« Nous pourrions … les laisser seuls … non ? »

Hein ? Quoi ? Qu’est-ce qu’elle venait de dire ? Ce n’était pas Elen qui avait pris la parole, n’est-ce pas ? Elen ne serait pas aussi égoïste. Ce n’était pas normal. Enfin … Peut-être qu’elle avait un peu changé au fil des mois, non ? Mais était-ce pour le meilleur … ou alors pour le pire ? Maintenant, il devait lui répondre.

« Je ne pense pas, Elen, non. Clari, Manelena et Royan nous attendent. »

« … … … Ils pourraient attendre encore un peu non ? »

« Elen, ne soit pas aussi égoïste, d’accord ? Ca ne te correspond pas, ce n’est pas une bonne chose, n’est-ce pas ? Tu ne devrais pas penser qu’à toi. »

« Je ne pense pas qu’à moi … Je ne suis pas comme ça, Tery. »

Mais elle pensait aussi à lui. Et après tout ce temps passé … sans qu’ils soient ensemble, elle n’avait pas envie de le relâcher. Oui, elle était égoïste, elle le savait parfaitement mais … Depuis qu’elle avait rencontré le jeune homme, elle se comportait différemment d’auparavant. Elle le savait parfaitement, ce n’était plus la même chose.
Mais elle ne trouvait pas cela déplaisant. Finalement, Tery arriva à s’extirper de ses bras, particulièrement confus par les actes d’Elen. Mais bon … Hum … Il lui retira vivement son masque blanc, la jeune femme poussant un cri de surprise.

« Te… Tery ?! » bafouilla la femme sans son masque, cherchant à le récupérer.

« Je me dis que si je veux que tu sois moins … « possessive », c’est une bonne méthode non ? Comme ça, si tu es gênée, tu ne chercheras plus à m’accaparer pour toi toute seule. »

Il disait cela en rigolant, sachant pertinemment que ça n’irait pas jusque-là. Mais elle vint lui prendre le bras par son vêtement, la tête baissée tout en mettant la capuche sur son crâne.

« Si … Si … Si je dois faire ça … Je ne veux pas que … Je ne veux pas que … tu me laisses … me laisses … seule, d’accord ? Je ne veux pas. »

Ah ! Il eut une petite pointe au cœur, n’arrivant pas à comprendre ce que cela voulait dire. Elen … Elen … Ah … Là … Il avait vraiment envie de la serrer contre lui. Mais s’il faisait cela, ça reviendrait alors à faire le contraire de ce qu’il avait dit. Néanmoins, maintenant, il acceptait les paroles d’Elen, soufflant :

« Bien entendu, ne me lâche surtout pas, d’accord ? Et si tu veux, tu relèveras la tête quand tu le désires, d’accord ? »

Elle ne lui répondit pas, tremblante de tout son corps. Vraiment, qu’est-ce qu’il y avait de si affreux à ce que tout le monde voit son visage ? Comme souvent, tout cela restait un sacré mystère pour lui mais … c’est ce qui la rendait si spéciale à ses yeux. Il ne pouvait pas nier qu’il aimait quand elle se comportait comme ça. Peut-être qu’il était un peu dominateur ? Enfin non … C’était n’importe quoi de penser de la sorte.

Il n’était pas dominateur et il ne le serait jamais. C’était aussi simple que ça. Ah … Mais maintenant qu’il n’y avait plus de masque blanc sur le visage d’Elen, celle-ci était vraiment plus que calme. Enfin … Plutôt, plus que gênée. Lorsque Clari vint s’approcher d’eux, elle sembla surprise de voir Elen avec le visage baissé, murmurant :

« Et alors, et alors ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Je ne rêve pas ou … »

« Ne t’approche surtout pas de moi ! Surtout pas ! » cria Elen, faisant tourner la tête de Royan et de Manelena. En tant qu’éléments princiers, les deux personnes étaient calmes, très calmes. Finalement, ils s’avancèrent vers eux, regardant Elen à leur tour.

« Oh ? Mademoiselle Elen, qu’est-ce que … »

« Tery ! Je t’avais dit que c’était une mauvaise idée ! »

Aussitôt après ses paroles, la jeune femme aux cheveux blonds vint s’enfouir dans les bras de Tery, cachant son visage contre son torse. Elle ne bougeait plus de cette position, tremblant fortement de tout son corps. Et ce n’était pas Clari qui arrangeait les choses !

« Roh … Pourquoi est-ce qu’elle ne veut pas montrer son petit minois ? »

« CLARI ! Ce n’est pas drôle ! Pfff ! Elen, prends-cela. »

« D’accord, d’accord ! J’ai compris, je ne dérangerai pas plus la petite demoiselle aux boucles blondes ! » répondit la femme aux cheveux de même couleur avant de s’éloigner.

Avec lenteur, Tery tendit le masque blanc à Elen, celle-ci restant calfeutrée contre lui tout en le remettant. Néanmoins, il lui fallut encore deux bonnes minutes avant qu’elle ne consent à quitter ses bras. Autant dire que déjà à la base, elle n’était pas très motivée. Néanmoins, le reste de la journée passa plus tranquillement que le début et la nuit arriva sans problèmes.

Une nuit où tout le monde se retrouvait autour d’un feu. Heureusement entre temps et depuis … les petits problèmes causés avec l’armée, ils avaient de quoi dormir. Trois tentes, c’était largement suffisant, bien plus même. Deux provenant d’Elen et Royan, chacun ayant la sienne et une troisième où Tery, Manelena et Clari dormaient.
Du moins, cela aurait dû se passer ainsi mais Elen avait montré sa désapprobation très rapidement. Résultat ? Elle avait forcé à ce que le jeune homme dorme avec elle, non pas avec Royan mais avec elle. Clari et Manelena pourraient dormir ensemble tandis que Royan aurait sa propre tente.

« Tout le monde est parti se coucher. » murmura le jeune homme aux cheveux bruns après quelques minutes, étant resté seul avec Elen.

« Ils n’ont qu’à dormir. Cette … Clari est vraiment infernale. Elle ne fait que gigoter de partout. Pourtant, elle a bien notre âge, non ? »

« Oui mais elle est ainsi et on ne pourra pas la changer. Bien heureusement, n’est-ce pas ? Sinon, ça ne serait pas très drôle. Elle est … spéciale. »

A l’entendre, on pouvait croire qu’elle était surtout spéciale pour lui et personne d’autre. La femme au masque blanc fit une moue boudeuse et invisible sous ce dernier, se levant subitement. Sans un mot, elle vint se rapprocher de Tery qui recula un peu, se demandant ce qu’elle allait faire. Elle n’allait pas le claquer, n’est-ce pas, hein ?

Sans rien dire, elle vint se placer à côté de lui, prenant son bras avant de le soulever. Elle se calfeutra bien sous ce dernier avant de retirer son masque et de le déposer au sol, à ses pieds. Comme tout le monde dormait, elle pouvait se permettre cela. Enfin … C’est ce qu’il pensait puisqu’il n’était pas dans la tête de la jeune femme.

« Elen ? Tu sais quand même que … tu ne portes pas ton masque là ? »

« Tery, est-ce que je suis spéciale moi aussi ? » murmura faiblement la femme aux cheveux blonds avec lenteur, ne le regardant pas.

« Oh ? Ca ? Bien entendu que toi, tu es vraiment spéciale hein ? Avec ton masque blanc et … » commença à dire Tery avant qu’elle ne l’arrête d’un petit geste de la tête.

« Non … Je voulais dire … Est-ce que je suis … « spéciale » ? Enfin … Tu sais … Pour toi. »

Oh ! Ce … « spécial » là ? Il ne savait pas vraiment où se mettre. Enfin, il ne savait surtout pas quoi dire. Considérer Elen … comme une fille comme les autres, ce n’était pas vraiment ça. Pas du tout même … Mais il se demandait si … Enfin, non, il n’y avait jamais pensé sérieusement même quand il écrivait ses lettres mais est-ce qu’il était possible que …
« Tery ? » murmura Elen, relevant son visage avec ses cheveux blonds qui avait légèrement poussé depuis le temps.

« Je pense qu’il faudrait aller dor… » dit-il avant d’être stoppé par Elen, celle-ci le poussant légèrement en arrière, montant à moitié sur lui, les yeux à demi-clos.