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Chapitre 32 : Ne plus être un chevalier

Chapitre 32 : Ne plus être un chevalier

« Où est-ce qu’il se trouve ? » demanda une voix masculine.

« Vous … Vous êtes … Ca fait vraiment … C’est la première fois que … »

« S’il vous plaît, je n’ai pas de temps à perdre. Où se trouve le jeune Coconfort qui a été emmené ici ce matin ? » questionna une nouvelle fois l’homme au garde qui semblait plus impressionné qu’autre chose par la personne en face de lui.

« Ah ! Earnos ? Le petit chevalier, c’est ça ? Euh et bien … Il est dans la cellule 47, dans la section des grands prisonniers. Quand même … Je trouve l’emprisonnement un peu exagéré sur ce coup mais vous savez … C’est le roi. On ne peut pas lui désobéir ! »

« Oui bien entendu … Merci de m’avoir signalé où se trouvait mon fils. » termina de dire l’homme avant de se diriger vers la section de la prison dont avait parlé le soldat.

Son fils ? Qu’est-ce qui se passait ici ? Le fils d’un ancien général était en prison ? Oh punaise … Qu’est-ce qui se passait ici ? Il allait devoir discuter avec les collègues ce soir autour d’une bière. Oui ! Ca allait être chouette comme sujet !

Menotté aux jambes et aux bras, le garçon aux cheveux blonds restait assis contre un mur, son regard baissé vers le sol. Il n’avait même pas cherché à se débattre lorsqu’on l’avait menotté, lorsque l’on avait dit qu’il avait commis un crime grave. C’était pourquoi il était là, assis sans même réagir jusqu’à ce qu’il entende des bruits de pas.

« Fiston … On peut savoir ce que tu as fait ? »

Il releva son visage, apercevant celui de son père qui était impassible. A côté de lui, un garde tenait un trousseau de clés, en prenant une avant de la faire tourner dans la serrure. Le Dardargnan pénétra dans la cellule, Earnos ne lui répondant pas.

« Je n’aimerai pas me répéter, Earnos. Alors … Est-ce que je peux savoir ce qui t’est passé par la tête maintenant que je suis là ? » redemanda une nouvelle fois son père.

« Papa … J’ai fait ce que j’avais à faire. Je ne regrette pas du tout cela. »

« Ce n’est pas la réponse que j’attendais de ta part, Earnos. Est-ce que tu as conscience de l’acte gravissime que tu as commis ? »

« La reine Seiry … m’a demandé de veiller sur la princesse Terria. Je n’ai fait que la suivre et l’accompagner. Ma mission consiste à la protéger, non à l’empêcher de vivre. »

« Hum … De bien belles paroles mais je ne suis pas sûr que tu comprennes toute la portée de ce que tu viens de dire. Tu peux sortir de la prison. Je pense que quelques heures t’ont suffi à comprendre que le roi ne plaisante pas à ce sujet. D’ailleurs, il aimerait te voir. »

« Je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée, papa. Je ne voudrai pas le mettre encore plus en colère qu’auparavant. » murmura le Coconfort bien qu’il suivait les paroles de son père. Il se leva, le garde rouvrant la porte avant de prendre une autre clé pour ouvrir les menottes d’Earnos. Le jeune garçon suivit maintenant son père hors de la prison alors que le Dardargnan ne semblait pas en avoir fini avec lui :

« Hum … D’ailleurs … Est-ce vrai que c’est la princesse qui est venue te chercher ? »

« Non. Ce n’est pas le cas. Je suis venu la libérer de sa chambre puisque le roi ne la laisse plus sortir ou presque … Sauf pour son rôle d’ambassadrice. » murmura le jeune garçon aux cheveux blonds tandis qu’ils avançaient peu à peu en direction de la salle de trône.

Voilà … Quelques minutes plus tard, il était en face du roi et de la princesse. Celle-ci avait un air plus que désolé et triste peint sur son visage. Le roi, quant à lui, restait impassible et calme. Plusieurs gardes étaient présents tandis qu’Earnos et son père étaient à agenouillés devant le roi et sa fille.

« Voilà donc Earnos … Je suis déçu par ta conduite, je dois le reconnaître. »

« Pardonnez-moi, roi Tanator. J’ai fait ce que j’estimais être bon pour la princesse. » murmura le Coconfort, posant son regard sur Terria.

« Tu es encore bien jeune … Et en même temps, tu es le fils d’un ami. C’est bien pour cela que tu fus sorti de prison. Néanmoins, je ne peux pas te laisser continuer à faire ce que tu faisais auparavant à cause de ta conduite. »

« Je comprends parfaitement, roi Tanator. » répondit Earnos, sans même dériver son regard des deux personnes royales. Terria commença à comprendre où voulait en venir son père, s’apprêtant à se lever sans pour autant terminer son geste.

« Alors … A partir d’aujourd’hui, il t’est interdit de servir la princesse Terria, qu’importe ce que ma défunte femme avait demandé à ce sujet. De même, tu es exclu de l’armée des insectes en raison de cet incident. Est-ce bien compris ? »

« Père ! Vous ne pouvez quand … » commença à dire la princesse, le roi mettant une main devant son visage avant de reprendre :

« Cesse, Terria ! Tu me fais honte ! Je ne juge pas Earnos seulement responsable de ce qui s’est passé aujourd’hui ! Ta conduite est en elle-même impardonnable ! »

« C’est de votre faute, père ! J’ai demandé à Earnos de m’accompagner car il est le seul à oser contester vos décisions absurdes ! J’ai le droit de sortir de ma chambre aussi ! Je ne vois pas pourquoi je devrai rester enfermée juste parce que vous êtes trop inquiet pour moi ! »

« ASSEZ TERRIA ! » hurla le roi, prêt à gifler sa fille avant de s’arrêter. Elle avait déjà commencé à mettre ses mains pour se protéger. Il reprit la parole en désignant la double porte : « Retourne dans ta chambre et n’en sors plus ! C’est compris ?! »

Sans même lui répondre, la jeune fille aux cheveux blonds se leva, commençant à flotter un peu au-dessus du sol grâce à ses petites ailes. Elle s’arrêta à côté d’Earnos, venant subitement le serrer dans ses bras avant de crier :

« Pardon, Earnos ! Mon père est juste trop bête ! »

Le garçon resta de marbre, le roi se levant à son tour. Il ne s’attendait pas à de telles paroles de la part de sa fille ! Celle-ci avait visiblement besoin d’une meilleure éducation ! Quelques soldats murmurèrent quelque chose tandis que la princesse quittait la salle. Pendant une bonne minute, plus rien ne se dit, jusqu’à ce que le père d’Earnos ne tousse.

« Pardon … Roi Tanator … Visiblement, il semblerait que mon fils a une certaine influence sur votre fille. Peut-être est-ce à cause de son caractère un peu trop … simple qui fait que votre fille peut tout lui demander. »

« Ce n’est pas … grave. Ma fille aussi, depuis la mort de ma femme, a du mal à rester calme et être consciente de la situation. Je suis sûr que ton fils ne lui voulait aucun mal, Walane mais les faits sont là et … Je dois prendre la meilleure décision. »

« Je comprends parfaitement votre choix. Earnos ? As-tu compris toi aussi ? »

« Même si je ne suis plus un chevalier, je resterai prêt à servir le roi et surtout la princesse Terria. » murmura le jeune garçon aux cheveux blonds.

Les deux hommes ne vinrent rien dire, terminant par-là la conversation. Il fut décidé alors qu’il était temps de quitter le château. Ils sortirent de la salle du trône, passant à travers les couloirs, jusqu’à se rendre dehors, là où les entraînements avaient lieu.

« EARNOOOOOOOOS ! EARNOOOOOOOOOOS ! »

Il tourna sa tête comme la majorité des soldats. Tous regardèrent en l’air, sur la droite, alors que la jeune fille aux cheveux blonds était à la fenêtre de sa chambre. Elle faisait de grands mouvements de la main vers lui, reprenant en criant :

« JURE-MOI DE CONTINUER A ME SERVIR HEIN ?! TU ME LE JURES ?! »

« … … … Bien entendu. » chuchota tout simplement le Coconfort, levant la main vers le ciel avant d’hocher la tête positivement.

« Earnos … Allons-y dès maintenant. » annonça son père en le forçant à avancer.

« Oui, papa. On peut partir … Sinon, elle va avoir encore plus de problèmes qu’avant. »

« Hum … Je ne suis pas sûr que ça ne sera pas le cas. Dorénavant, tu vas retourner à la maison. Nous verrons ce que l’on va faire de toi. En plusieurs années, tu as sûrement perdu tout ce que tu avais appris au sujet du forage. De même, je ne suis pas sûr qu’il voudra te reprendre. » termina de dire le Dardargnan.

« Ce n’est pas grave, Papa. Je ferai alors autre chose. »

« Autre chose ? De quoi est-ce que tu parles encore ? Enfin bon … On va déjà rentrer à la maison, ensuite tu m’expliqueras tout. »

Comme son père le désirait. Même s’il n’était plus un chevalier, il était hors de question … de ne plus rien faire maintenant. Même s’il venait de perdre son titre.

Chapitre 31 : Mis aux arrêts

Quatrième partie : Dans la folie des insectes

Chapitre 31 : Mis aux arrêts

Ce fut lui qui se réveilla en premier. Il observa la jeune fille aux cheveux blonds qui s’était plongé dans ses bras. Avec neutralité, il vint la retirer, quittant le lit comme si de rien n’était, comme si tout cela ne lui faisait rien du tout. La princesse Terria devait dormir. Avec tout ce qui s’était passé, c’était la meilleure chose à faire pour elle.


Bon … Comme il était un soldat, mais surtout un jeune garçon qui devait se débrouiller seul depuis des années, il pouvait quand même bien faire un petit quelque chose … Enfin … Le problème était qu’il n’y avait plus rien dans la demeure. Pas de quoi faire à manger … ni à boire … Et zut. C’était vraiment bête ça.


Qu’est-ce qu’il allait pouvoir faire ? Et bien … Rien du tout. C’était dommage mais dans un tel endroit, c’était normal qu’il n’y avait rien à manger, ni à boire. Surtout quand il était abandonné depuis des mois. Bon … Il suffisait juste d’attendre le réveil de la princesse. Il revint dans la chambre, juste à temps pour voir les yeux rubis de la princesse s’ouvrir.
« Hum ? Mais … Ce n’est pas ma chambre. » murmura faiblement la jeune fille.

« C’est le cas, princesse Terria. Vous dormez dans le lit de mademoiselle Douély. » répondit calmement Earnos, la jeune Apireine poussant un cri de surprise :

« HIIIIIIII ! Mais qu’est-ce … Qu’est-ce que tu fais ici, Earnos ? »

« Je crois que je vais vous laisser reprendre vos esprits, princesse Terria. »

« AH ! Mais attends, Earnos ! Attends ! Je m’en rappelle ! Tu m’as aidé à m’enfuir du château, puis nous nous sommes rendus dans la maison de Douély et ensuite, nous étions fatigués alors nous nous sommes endormis et puis … »

« D’ailleurs, à ce sujet. Je pensais être en train de dormir debout … Mais je ne comprends pas pourquoi je me suis retrouvé dans le lit de mademoiselle Douély. Pardonnez ma conduite, princesse Terria. Ce n’était vraiment pas voulu. » annonça le garçon aux cheveux blonds, cherchant réellement à s’excuser.
Elle commença à rougir violemment, observant le lit. C’est vrai que … Hier, ça lui avait fait de la peine de le voir dormir debout. Elle s’en rappelait parfaitement maintenant. Elle avait tiré sur Earnos pour qu’il tombe sur le lit et avait tout fait pour qu’il puisse dormir comme elle. Ce n’était pas le comportement d’une princesse ! Elle commença à tournoyer ses doigts les uns contre les autres, regardant ailleurs avant de dire :

« Et bien … Je crois que tu étais trop fatigué … Alors tu as peut-être décidé d’aller dans le lit. Oh zut ! Vraiment désolée, Earnos. Je ne pouvais pas te laisser dormir debout. Alors j’ai préféré te traîner jusqu’ici pour que tu puisses dormir convenablement. Et tu devrais quand même me remercier un peu hein ? Tu es le seul garçon du royaume à avoir dormi dans le même lit que la princesse Terria ! »

« C’est … donc vous ? Merci beaucoup, princesse Terria. »

Pourquoi est-ce qu’il parlait comme ça ? Toute rougeur disparut des joues de la jeune fille aux cheveux blonds. C’était ça … C’était cette voix neutre qui lui faisait plus mal qu’autre chose. Elle poussa un petit gémissement plaintif, visiblement entendu par Earnos qui s’approcha aussitôt d’elle. Il lui demanda :

« Vous avez mal ? Ce lit vous fait peut-être mal, princesse Terria ? »

« Non ! Non ! Ce n’est pas ça ! Earnos, on ferait mieux de rentrer très rapidement au château. Il doit être déjà tard non ? J’ai beaucoup dormi non ? Et toi alors ? Tu étais réveillé depuis longtemps ? Comment … est-ce que c’était ? »

« J’ai fauté, princesse Terria. Vous étiez dans mes bras lorsque je me suis réveillé, il y a dix minutes environ avant vous. Veuillez m’excuser pour un tel abus de ma part. Je crois que j’aggrave la situation en ce qui me concerne. »

QUOI ? La gêne qui était disparue revint rapidement avec des renforts. Elle avait fait quoi ? Elle avait essayé de se sortir de l’embarras en lui faisant croire que c’était une récompense ou quelque chose du genre mais là … Elle devait s’en tirer ! Elle balbutia :

« Et bien … Euh … C’est encore parce que la couverture était un peu froide … Alors j’ai voulu te recouvrir de ma chaleur royale … Tu sais, avec cette robe sur le corps, il fait très chaud. C’est pour ça que je n’avais pas froid dehors. »

« Il est vrai que vous n’êtes pas sortie en robe de nuit … contrairement à moi qui n’était qu’en simple tenue pour dormir. Merci encore de m’avoir réchauffé. » dit calmement le Coconfort. Mais qu’il arrête ! Mais qu’il arrête de parler comme ça ! Il ne cherchait même pas à réfléchir ou autre ! Il était trop … gentil avec elle ! Elle était sûre que c’était à cause de ça qu’il se montrait toujours agréable avec elle. Mais aussi d’autre chose …

« Earnos … Je voulais te demander. Si tu ne devais pas prendre en considération la requête de ma défunter mère, est-ce que tu continuerais de me protéger ? Enfin de … » commença-t-elle à dire avant que le fracas d’une porte se fasse entendre. Aussitôt, le garçon aux cheveux blonds prit la princesse contre lui.

« Ne bougez pas d’un pli, princesse Terria. Je me disais aussi que c’était une grosse erreur que d’être dans un endroit comme ça. Ils pouvaient facilement vous agresser. »

« Nous sommes les gardes royaux ! Par ordre royal, livrez-nous la princesse Terria maintenant ! » cria une voix alors que plusieurs soldats pénétraient dans la chambre. Pourtant, Earnos ne retira pas ses bras. C’était trop simple … beaucoup trop simple … d’essayer de les tromper. Il ne laisserait pas la fille mourir après la mère.

« Il va falloir faire bien plus que de parler pour que je vous confie la princesse. Je suis son chevalier personnel, Earnos. Que ça ne soit pas ordre royal ou autre, je ne vous laisserai jamais l’emporter. Qui me dit que vous n’êtes pas des traîtres ou des assassins ? »

« Car je suis avec eux, Earnos. » murmura une voix masculine, Holikan faisant son apparition derrière les soldats. Aussitôt, Earnos relâcha son emprise sur Terria. Aussitôt, il fut repoussé en arrière, la princesse Terria se retrouvant à côté du Yanma.

Couché au sol, Earnos se laissa faire sans se débattre. Ca ne servait à rien de lutter contre autant de personnes. D’ailleurs, si Holikan était là, c’est qu’il y avait une bonne raison non ? Et surtout, la princesse n’était pas en danger alors.

« Holikan ! Pourquoi est-ce que tu fais ça ? Qu’est-ce qui se passe ?! » cria la princesse Terria. Le garçon aux cheveux verts répondit nonchalamment :

« Comme il a été dit par les gardes, un ordre royal a été décrété : retrouver la princesse Terria à tout prix et punir celui, celle ou ceux responsables de son enlèvement. »

« Mais Earnos n’a rien fait de tout ça ! Earnos m’a juste permis de quitter le château ! Ce n’est pas un criminel ! » tenta-t-elle de dire alors qu’Earnos était soulevé et traîné hors de la demeure de Douély. Elle tenta de se débattre mais d’autres gardes vinrent l’entourer ainsi qu’Holikan, l’empêchant de bouger.

« Earnos a désobéi aux consignes royales. En ne respectant pas les décisions du roi, il a mis votre vie en danger, princesse Terria. » reprit calmement Holikan.

« Mais non ! Earnos n’a fait que m’écouter ! C’est mon chevalier, c’est normal qu’il m’écoute et pas mon père ! Ne l’emmenez pas ! Il n’a rien fait de mal ! »

Ils étaient maintenant tous dehors mais aucun Munja n’était présent. Il fallait s’en douter, ce genre de petite scène ne faisait aucun effet à de telles personnes. Elle continuait de chercher à sortir de ce carquois de soldats mais sans aucun effet.

« Earnos est passible d’une peine de mort, princesse Terria. Gardez vos propos pour votre père, le roi. Si vous dites qu’Earnos n’a fait qu’obéir à vos ordres, il aura sûrement la vie sauve. Sinon … Je ne peux rien vous promettre. » murmura avec neutralité Holikan.

« MAIS … MAIS … MAIS … »

« Princesse Terria, je tiens à vous dire qu’il vaut mieux pour vous que vous ne parliez plus jusqu’à ce que nous soyons retournés au château. Cela ne ferait qu’aggraver la situation déjà peu reluisante de ce jeune Coconfort. »

« Et laisser Earnos tout prendre ? Non et non ! Il en est hors de question ! Earnos n’a rien fait du tout ! Il m’a juste permis d’échapper à cette prison dans laquelle mon père me met ! » hurla la jeune fille aux cheveux blonds, bien décidée à se battre cette fois.

« En parlant de prison, il se pourrait qu’Earnos y fasse un tour, princesse Terria. Un tel acte ne restera jamais impuni … et le temps que la décision soit prise, cela sera pour votre sécurité. » termina de dire Holikan, bien décidé à ne plus répondre à la princesse.

« QUOI ?! Earnos en prison ? MAIS NON ! Je ne laisserai pas faire ça ! Et Holikan, si tu avais aussi décidé d’arrêter de te battre avec Olistar, ça ne serait jamais arrivé ! J’aurai pu sortir hein ?! » s’écria la princesse avec colère. Néanmoins, le Yanma ne l’écouta pas, bien décidé à l’emmener jusqu’à son père. Un tel acte … sans même le prévenir. Elle se serait doutée de sa réponse … mais partir avec son autre chevalier, il était un peu jaloux d’Earnos. Mais ce que le Coconfort avait fait était impardonnable.

Chapitre 67 : En fuite

Chapitre 67 : En fuite

« Alors, qu’est-ce que tu as imaginé pour les arrêter ? »

« Rien de spécial, si tu veux tout savoir, ce n’est pas comme s’ils étaient réellement effrayants. Je pensais les attendre et ensuite nous en occuper. »

Ce n’était pas de la prétention, juste qu’il ne se voyait pas imaginer un plan très compliqué par rapport à la situation actuelle, voilà tout. Il arrêta au bout de deux minutes de course, finissant par se retourner, Sérest faisant de même.

« J’imagine que tu penses que nous sommes assez loin, n’est-ce pas ? »

« C’est exact, on ne devrait pas déranger les autres. Comme tu manies le vent, tu sais combien sont à notre poursuite ou non ? Qu’on prépare tout cela. »

« Ils sont visiblement cinq. J’ai l’impression qu’ils imaginent que tu es seul car comme je flotte, aucune trace de pas de ma part. Les idiots. »

« C’est bien pour cela que je t’ai pris avec moi. Cela ne m’étonnerait pas qu’ils arrivent à savoir qui est qui grâce à nos traces de pas. Ils doivent considérer que je suis le plus dangereux donc ils y vont à plusieurs, voilà tout. »

« Est-ce que tu veux que je tente de me cache ? Pour les prendre par surprise ? » demanda la femme-ailée tandis qu’il réfléchissait à la question. Pourquoi pas ?

Elle s’éloigna avant de prendre quelques mètres dans les airs, arrivant au sommet d’un arbre. A cette hauteur, il n’était normalement guère possible de la voir … sauf si d’autres personnes ailées se trouvaient parmi les assassins. Le jeune homme vint tout simplement s’asseoir contre un arbre, soupirant alors que ses yeux devenaient complètement rouges. La haine, c’était étrange maintenant comme concept mais … ce n’était pas surprenant.

Juste que maintenant que le temps passait, il arrivait à contrôler cette haine et à s’en renforcer. Bon, la voix dans sa tête devait légèrement l’aider aussi à ça mais il n’en était pas vraiment sûr au final. Tout ce qui lui importait était d’éliminer ceux qui allaient arriver. Sans même qu’il ne puisse réagir, alors qu’il s’était assis contre un arbre, des racines sortirent du sol pour venir l’immobiliser et l’empêcher de se mouvoir.

« C’est donc ça la terreur démoniaque qu’on nous a chargé d’éliminer ? »

« Fais attention, c’est peut-être un piège hein ? On ne sait jamais. »

« Ouais, ouais, t’en fais pas. On va l’éliminer à distance. D’un bon carreau ntre les deux deux, y a que ça de vrai donc je vais arranger le tout ! »

L’un des assassins avait positionné son bras en avant, laissant paraître une arbalète de petite taille attachée sur ce dernier. Le carreau quitta l’arbalète, arrivant à quelques centimètres du visage de Tery avant qu’il ne se brise.

« Ce n’est pas comme ça que vous m’arrêterez, non. »

Il avait eut juste à cligner des yeux. Pourquoi ? Car ce n’était pas lui qui avait brisé le carreau mais Sérest bien qu’elle restait à une distance respectable, sans se montrer. Mais cela avait eut pour effet de faire reculer les assassins.

« Tsss, fallait s’en douter que ça ne marcherait pas comme ça ! Normal ! »

« On fait quoi alors ? On y va tous sans lésiner non ? Ils s’en foutent tant qu’il est mort. Il est pas forcé d’être encore reconnaissable. »

Bon, visiblement, ils n’allaient pas se retenir. Il fit un petit mouvement, brisant les racines autour de son corps avant de se redresser. Il plaça une main sur l’arbre, du bois se formant autour de son poing pour prendre la forme d’une lance. Puisqu’il en était ainsi, autant ne pas perdre plus de temps, il allait tout simplement les éradiquer.
Il attendait simplement de voir si Sérest allait s’en mêler dès maintenant ou alors préférait attendre pour les surprendre un peu. De toute façon, dans les deux cas, il ne fallait pas espérer qu’ils s’en sortent vivants. Sa lance de bois fût dirigée vers l’un des assassins, celui-ci s’apprêtant déjà à se protéger avec sa propre lame, une simple épée de petite taille.

« Qu’est-ce que vous attendez ? Si vous comptez venir un par un, autant vous signaler que ça va être fichu pour vous. D’ailleurs, vous ne voulez pas me dire qui vous a engagés ? Ca sera beaucoup plus simple pour tout le monde ensuite hein ? »

« On ne donne jamais de noms, c’est une règle d’or dans ce monde. Vous autres, encerclez-le le plus tôt possible, ça sera mieux. Plus vite on l’épuisera, plus facile il sera de l’éliminer. »

« Facile à dire … mais à faire ? Bon, sinon, tu peux agir s’il le faut. »

« A qui est-ce que tu parles ? Tu es seul. Tes golems sont avec les autres, nous avons vérifié les traces de pas. Tu ne peux rien pour … »

Finalement, l’assassin qui n’avait de cesse de prendre la parole eut la tête qui tomba au sol, détachée du reste du corps alors que les autres devaient se protéger d’un vent soudain. Lorsqu’ils purent voir ce qui se passait, ils remarquèrent Sérest dont une aile noire était maintenant légèrement tachée de sang.

« J’aurais pensé qu’il valait mieux pour je reste caché un peu plus longtemps non ? »

« Pas besoin, plus vite ils comprendront leurs erreurs, pus vite ils disparaîtront. On les sépare en deux groupes de deux si cela te convient. »

« Deux pour moi ? C’est bien trop d’honneur mais bon …Ah … Qu’est-ce que c’est assez amusant et divertissant en un sens. »

« Je ne considère pas cela comme drôle mais bon … fais comme tu veux. »

Il avait poussé un soupir alors que déjà, il voyait maintenant les quatre assassins qui restaient se mettre en position. Bien entendu qu’ils étaient surpris et nullement dans le bon sens. Ils étaient inquiets et cela se comprenait. C’était souvent cela l’erreur avec autrui.

Ils ne savaient pas à quel point ils se trompaient lourdement sur sa puissance. Oh, il n’était pas terrifiant, ou peut-être que si ? Mais le plus important, c’est qu’il ne savaient pas à qui ils avaient affaire, ce qui les empêchait alors de raisonner à peu près correctement.
Bon, les deux assassins se trouvaient sur ses côtés, cherchant à le prendre en tenaille tandis qu’il ne pouvait reculer à cause de l’arbre. Bien entendu, c’était une tactique comme une autre, surtout que les deux assassins restants avaient beaucoup à faire avec Sérest, il le savait. Mais bon, d’abord s’occuper des deux pour lui.

« Qu’est-ce que vous comptez faire ? Je vous laisse attaquer en premier, je suis bon prince. »

« Tsss, tous les démons sont donc des vantards ? Il va comprendre son erreur ! »

Ce n’était pas vraiment une erreur ou de la vantardise. C’est juste que depuis la dernière fois, il se sentait bien plus en confiance par rapport à ces personnes. Pourtant, il était certain qu’elles étaient durement entraînées et que leurs capacités étaient au-dessus de la moyenne, voire parmi les meilleures dans ce monde mais … il ne savait pas. Il n’avait pas peur.

Les deux assassins tentèrent encore quelques attaques à distance. Ils faisaient bien. Ils ne savaient pas s’ils pouvaient se rapprocher de lui mais il vint esquiver les pics de glace et la lame d’air qui avait tenté de lui laisser une vilaine plaie au torse. Derrière lui, il sentit l’écorce de l’arbre se fendre. Hmm, c’était plutôt puissant néanmoins.
Bon, ils étaient sûrement plus forts que prévu mais ça ne changeait pas grand-chose. Il avait toujours sa pointe en bois à la place de son bras. Il la dirigea vers l’assassin sur sa gauche, la pointe quittant son bras pour foncer vers lui. Bien sûr, il arriva à l’esquiver sinon, cela ne serait guère drôle. Sauf que lorsqu’elle le dépasssa, la pointe de bois éclaté en en dizaines de petits morceaux de bois, tapissant alors le dos de l’assassin de ces derniers. Celui-ci se pencha en avant, criant de douleur alors que Tery murmurait :

« Et oui, on ne fait jamais assez attention à ce qui se trouve dans son dos. Bon … Je sais que ça ne sera pas suffisant pour vous tuer tous les deux. »

Il ne se faisait guère d’illusions à ce sujet. Néanmoins, c’était toujours plaisant d’avoir le dessus par rapport aux autres sur ce point. Voilà que l’assassin qui avait recu l’attaque dans le dos continuait de se pencher en avant, tenant deux lames courbées dans ses mains. Des cimeterres ? Ca restait peu commun comme art du combat. Néanmoins, il était temps de surprendre complètement son adversaire une nouvelle fois. Sans difficulté, il planta une main dans la terre, le bras s’y enfonçant à sa suite avant de s’en extirper quelques secondes après. Comme une lourde carapace forgée sous la forme d’un gantelet de terre, l’imposante main attrapa le cimeterre avant de le coincer entre ses doigts.

« Dommage pour toi mais j’ai une autre main qui est disponible. »

Le second cimeterre frôla le jeune homme aux cheveux bruns qui fit un geste sur le côté. Pourtant, il tapa du pied sur le sol, faisant jaillir un morceau de terre avant de donner un coup de pied dedans pour l’envoyer sur l’assassin et le repousser, gardant le cimeterre dans sa main. Il le brisa entre sa main de pierre avant que Tery ne vienne s’accroupir, esquivant une lourde hache tenue à deux mains. Et bien ? N’y avait-il pas un problème ?

« La discrétion avec une aussi grosse et imposante arme, je ne connaissais pas. »

« Des fois, il faut bien faire un travail plus compliqué que prévu, qu’importe la discrétion. » rétorqua le second assassin au jeune homme.

Et c’est pour cela qu’il avait décidé d’utiliser les armes de cette manière ? AH ! Bon, néanmoins, par mesure de précaution, il valait mieux esquiver les prochaines attaques avant qu’il ne soit trop tard. Comment est-ce que Sérest se débrouillait ? Les deux autres assassins utilisaient des armes de jet, chose logique vu que la femme ailée passait la majorité de son temps dans les airs, bien qu’en pleine forêt, la tâche était plus difficile que prévue.

« Je suis l’héroïne de ce monde. Vous ne pouvez pas me battre, vous le savez ? »

« Qu’est-ce qu’elle raconte, celle-là ? Elle est devenue folle ou quoi ? »

Lui-même ne savait pas ce qu’elle voulait dire par là mais ce n’était pas la première fois qu’elle évoquait ce terme d’héroïne. A croire qu’elle se prenait vraiment pour une sauveuse ou quelqu’un de la sorte. C’était étrange, très étrange mais il n’avait pas son mot à dire à ce sujet. De toute façon, il fallait en terminer rapidement.

Il restait soucieux pour les autre. Ses cornes bien présentes sur le sommet de son crâne, ses mains se logèrent dans le sol. Il allait leur montrer la maîtrise terrestre qu’il avait acquit au fur et à mesure de ses combats. Les assassins sautèrent, pensant éviter une attaque provenant du sol et ils n’avaient pas totalement tort. Il retira ses mains en soupirant.

« Dommage, dommage j’aurai pensé que vous étiez moins malins que ça. »

« Comme quoi, on peut se tromper sur ses adversaires. Ne t’en fait pas, tu n’auras plus le temps de le regretter. Même avec une lame, on peut faire de bonnes choses. »

Hmm ? Comment cela ? Il cligna des yeux en voyant le cimeterre qui s’entourait de flammes. Ah oui, ce genre de choses. C’était assez impressionnant. D’ailleurs, l’homme projeta l’arme, celle-ci crachant des flammes autour d’elle, ces dernières agrandissant la portée du cimeterre pour espérer le toucher. Ils étaient vraiment doués.
Mais rien d’étonnant s’ils recherchaient à tout prix à l’exterminer. Le problème, c’est que cela allait provoquer un début d’incendie. Même si ce n’était pas ses capacités premières, il s’était mis à faire apparaître de l’eau autour de lui pour éteindre les flammes qui touchaient le sol, l’assassin qui avait projeté son arme s’exclamant en rigolant :

« Un démon qui veut arrêter un feu de forêt ! HAHAHA ! J’aurais tout vu ! »

« Que je sois un démon ne doit pas m’empêcher de penser à ce qui m’entoure. »

Il avait rétorqué cela bien que l’arme arrivait à toute allure vers lui. Il pouvait l’éteindre mais il n’était pas sûr d’y arriver. Bon, son piège n’allait pas marcher puisqu’ils allaient voir ce qu’il avait préparé. Alors que l’objet n’était plus qu’à deux mètres de lui, une imposante bouche faite de pierre vint sortir du sol, dévorant l’arme avant de retourner dans le sol. Il ne restait plus aucune trace de l’arme incendiaire, Tery poussant un soupir.

« Dommage, dommage, j’aurai bien voulu l’un d’entre vous à la place. »

« C’était quoi ça ? T’as une idée ? C’est pas normal une telle utilisation de la magie terrestre. J’ai l’impression qu’elle est vivante avec lui. »

« Tu veux que l’on fasse quoi ? Combattre dans les arbres ? Je n’ai plus d’armes, je peux tenter quelques sorts à distance mais je ne pense pas que ça sera utile. »

« Tss, vraiment … essaies alors plutôt de me défendre pendant que je m’occupes de son cas. »

Sa hache, il pouvait toujours espérer la briser. Et ce n’était pas avec cette main recouverte de pierre qu’il allait le stopper. Accompagné par quelques projectiles aqueux de la part de son acolyte, le second assassin se jetait maintenant sur la bataille, prêt à tout pour obtenir cette victoire qui devenait de plus en plus difficile à atteindre.

« Vous vous jetez dans la gueule du loup au sens premier du terme ? »

Il ne pensait pas qu’ils allaient prendre le risque de redescendre mais bon … Une nouvelle gueule de pierre sortit du sol, juste sous les pieds de l’assassin mais celui-ci tournoya sur lui-même, brisant la gueule bien que cela fût avec difficulté.

« Imbécile, tu crois que je ne me suis pas préparé au cas où ? »

« AAAAAAAAAAAAAH ! » hurla une voix derrière l’assassin avant que le bruit d’un corps ne tombe lourdement au sol, quelques secondes après.


Et voilà, il avait réussi ce qu’il voulait. Sérest descendit des cieux, sourire aux lèvres tandis que lui-même observait alors ce qu’elle avait accomplit. Le second assassin était mort, tranché en deux par l’aile. Hum, c’était vraiment impressionnant.

« Je ne savais pas que vous étiez aussi forte … mais à ce point ? Et avec vos ailes ? »

« On se méfie rarement des capacités d’attaque qui peuvent rejoindre nos propres caractéristiques physiques. Au final, ce que je fais, c’est juste permettre à mes ailes d’aller à une telle vitesse qu’elles coupent le vent … et le corps ennemi, rien de plus. » dit-elle dans un petit sourire tandis qu’il haussait un sourcil. Bon, alors l’être à la hache, c’était le seul qui restait, c’est bien ça ?

« Je ne sais pas pourquoi vous avez imaginé que vous aviez une chance de survivre en venant nous affronter. Qu’est-ce que vous espériez ? »

Aucune réponse de l’assassin. Est-ce qu’il était terrorisé ? Peut-être ? Car bon, ça ne serait pas illogique en vue de ce qui s’était produit. Cinq contre un qui s’était transformé en cinq contre deux puis quatre contre deux, deux contre un … et maintenant un contre deux.

« Hahaha … Hahaha … Vraiment ? Aucune issue, n’est-ce pas ? Ces enfoirés savaient parfaitement qu’on n’allait pas s’en sortir. Ils nous ont envoyé au casse-pipe ! »

« Je ne peux pas vous laisser vous enfuir, si vous espériez un acte de bonté de ma part. »

« Hahahaha ? De la bonté ? Survivre aussi tant qu’on y est hein ? Hahaha … Non. »

Sérest avait fait quelques battements d’ailes avant de reculer tandis que le corps de l’assassin était pris de soubresauts, gonflant au fil des secondes. Tery émit un grognement.

« Jusqu’à quelle bassesse vous allez accomplir pour tenter de remplir votre objectif ? »

« Hahaha … Hahahaha … Jusqu’au bout. Il faut aller jusqu’au bout de nos objectifs. »

L’homme continuait de sourire avant que son visage ne se déforme, une forte chaleur provenant de lui. Tery commença à proférer des insultes avant de se mettre à courir à toute allure pour avoir un maximum de distance avec l’assassin.

Quelques secondes plus tard, le voilà en train de rouler au sol, percutant violemment un arbre, balayé par le souffle d’une explosion. Il poussa un cri de douleur, se mettant à cracher du sang. Fichue explosion ! Fichu assassin !

« Fichu suicide ! Ils ont que ça à faire ! Maintenant, c’est certain que les autres risquent d’avoir la même chose ! Saleté, saleté, saleté ! »

Mais comment est-ce qu’il avait fait ça ? Ce n’était pas son autre compagnon qui maniait l’élément du feu ? Ah … Il se redressa lourdement, ayant du mal à rester conscient, sa tête ayant été légèrement touchée lorsqu’il avait été soufflé en direction de l’arbre.

« J’espère que Sérest va bien aussi. »

« Oh ? Moi ? Je vais parfaitement bien mais merci de te soucier de mon état. »

Sérest se présenta à lui, petit sourire aux lèvres tandis qu’il se retournait. Une main posée sur son crâne, il voyait la femme ailée qui avait réussi à s’enfuir, sûrement en s’envolant pour faire que malgré le souffle, elle soit projetée dans les airs. A partir de là, aucun souci à rester dans les cieux pendant quelques secondes malgré le fait d’avoir été secouée.

« Je ne me faisais pas tant d’inquiétude … mais nous devrions aller retrouver les autres. Je ne pense pas qu’ils soient rassurés par cette explosion. »

« Le contraire m’étonnerait. Mais bon, Séran ne devrait pas avoir de problèmes. »

« Les autres non plus hein ? Mais je pense plutôt qu’à cause de l’explosion, d’autres personnes risquent de venir. Si on m’avait dit que l’on se ferait poursuivre de la sorte… »

« Et ça ne fait que commencer maintenant. A Omnosmos, rares sont les royaumes à essayer de s’en prendre à des personnes qui discutent avec le grand archimage. »

« Maintenant que nous ne sommes plus là-bas, ils en profitent. C’est logique et normal. Et pour les anciennes créatures légendaires, ils n’étaient pas encore au courant de nos agissements. Et peut-être qu’avec vos actes à Mékalarma, ils ont décidé de sortir l’artillerie lourde, c’est bien ça ? C’est … très rassurant en un sens. Enfin, je pars retrouver Manelena et Elen. Je te laisses voir avec Séran et Elise ? Pour Clari et Royan, je ne m’en fais pas. »

Il avait tellement confiance en Clari car malgré ses dires et ses actes, elle était plutôt douée … dans ce qu’elle entreprenait. Par contre, les autres, il restait toujours soucieux par rapport à Elise tandis que Manelena et Elen étaient les plus problématiques à ses yeux.

« Allons-y alors ? Tu veux que l’on se sépare, si j’ai bien compris. »

Elle avait parfaitement compris. Le jeune homme hocha la tête positivement, lui faisant un petit sourire amusé avant de se frotter les yeux. A cette distance, il ne savait même pas si ses golems faisaient qu’à leurs têtes. En fait, c’était pire. Il n’avait jamais pensé à calculer la portée maximale de son sort ! Est-ce qu’un golem en avait une ? Avant de se briser ? De devenir fou ? Et zut ! Pourquoi il n’y pensait que maintenant ?!

Quel idiot mais quel idiot mais quel idiot ! Il accéléra le pas, commençant à se concentrer. Hein ? Comment est-ce qu’il faisait ça ? C’était étrange mais il avait le sentiment de savoir où étaient ses deux golems. L’un était sur sa droite, à au moins un bon kilomètre tandis que l’autre était tout droit, à plus de cinq cents mètres. Comment était-ce possible ?

« Je ne me savais pas capable de ça. »

Après, il ne s’était jamais posé la question, il fallait dire. Le jeune homme accéléra le pas, se dirigeant vers le nord, là où le premier golem était le plus proche. Il ne lui fallut que quelques secondes pour entendre ce qui s’y produisait.

« C’est quoi ce monstre ?! Pourquoi il ne se détruit pas ? POURQUOI ?! »

« On devrait l’arrêter, Manelena. Le golem de Tery se comporte bizarrement. »

« Non, ils ont voulu nous affronter, ils doivent en payer le prix. De toute façon, chez les assassins, c’est tuer ou être tué. Les autres questions ne se posent pas. »

« N … NON ! C’est bon, j’ai compris la leçon ! Promis, j’arrêterais de … »

Il entendit un dernier cri avant d’arriver à la hauteur de la scène. Elen et Manelena étaient là, toutes les deux réunies, recouvertes de sang bien qu’aucune blessure n’était visible sur leurs corps. C’était étrange, pourquoi ?

« Est-ce que vous … qu’est-ce que … »

« Tery ? Tu es là ? Ton golem, il est … je sais pas ce qu’il a. On n’a même pas eut besoin de combattre. Il s’est chargé d’eux aisément. » dit Elen avec un peu de tremblement dans la voix. Chargé d’eux ? Ah oui, ce n’était pas faux, pas du tout.

« Je me demande comment cela se fait mais il était comme indestructible. »

Manelena venait juste confirmer ce qu’Elen avait dit. C’est vrai. Il le voit maintenant. Il le voit parfaitement. Il n’y a que des cadavres autour de son golem. Le golem de bois avait maintenant des pointes sur la globalité de son corps, comme une carapace défensive tandis que ses yeux se tournaient vers lui en même temps que le reste de son corps. Euh … Il le reconnaissait, n’est-ce pas ? Il le reconnaissait hein ?

Chapitre 31 : Envisager un avenir

Chapitre 31 : Envisager un avenir

« Ryusuke, Ryusuke ! Je suis venue te chercher ! »

« Oh ? Ce n’est pas Junon, n’est-ce pas ? Je crois que son nom est … »

« Kasiopé, je m’en vais dès maintenant, maman. Je ne reviens pas à midi, comme d’habitude. Peut-être que je vais veiller un peu plus tard que d’habitude, je suis désolé. Faites attention à vous et ne mangez pas de cochonneries ! Au revoir maman ! »

Il dépose un baiser sur la joue de sa mère, celle-ci le regardant, interloquée par ce geste dont elle n’avait guère l’habitude de la part de son fils. C’était étrange mais non forcément déplaisant. Elle ne peut pas nier que si cela peut être commun, ça ne la dérangerait pas.

« Fais attention à toi, Ryusuke. Ne te force pas et ne fait pas d’exercice physique, d’accord ? »

« Je ne m’inquiète pas, maman ! Enfin, ne t’en fait pas non plus hein ? »

Voilà qu’il retrouve Kasiopé. L’adolescente aux cheveux verts lui fait un grand sourire avant qu’il ne vienne l’embrasser à son tour sur la joue. Elle se laisse faire, faisant de même avant de se mettre en marche à ses côtés, lui demandant doucement :

« Tu n’as pas oublié de faire tes devoirs ? Je vois que Sirénia nous suis en arrière. »

« Je ne comprends pas pourquoi elle fait cela mais je ne vais pas la forcer. Sirénia, tu ne veux pas venir à nos côtés, ça serait mieux non ? »

« Je ne préfère pas, Ryusuke. Je préfère vous laisser discuter entre vous, c’est beaucoup mieux, oui. Profitez-en tous les deux. »

« Draaaaaaaa ! » s’exclama subitement une belle voix de pokémon avant qu’une pokéball ne s’ouvre dans la poche de Ryusuke, Eleanor en sortant. Elle fait un petit geste de la tête en direction de Kasiopé, celle-ci la saluant doucement tandis que Ryusuke caressait ensuite ses oreilles sur le sommet du crâne de la pokémon.

« Comment vas la plus jolie des Draco ? C’est moi ou tu sembles briller encore plus que d’habitude. Est-ce que cela veut dire que Ryusuke s’occupe très bien de toi ? »

« Bien sûr que oui ! Tous les soirs, un coup de brosse car bon, peigner des écailles, je dois avouer que ça ne me viendrait pas à l’idée, hahaha. »

« Je t’avoue que ça pourrait être drôle mais les poils qui passent entre les écailles, cela risque de chatouiller ta pokémon et je ne suis pas sûre que ça soit la meilleure chose à faire. »

« C’est pour ça que j’évite. Mais oui, comme Sirénia, je prends mon temps lorsque je m’occupe d’elle. Je trouve cela bien plus plaisant. »

« Mais Sirénia n’est-elle pas jalouse que tu fasses un tel traitement à une autre ? »

« Un petit peu … mais elle niera et fera tout pour affirmer le contraire donc bon … »

Il entend un petit grognement de la part de la Kirlia mais il ne le relève pas. Il ne veut pas chercher la provocation à l’heure actuelle, ce n’est pas son but, loin de là. Bon bon bon … Il se retourne, tendant faiblement son bras en direction de Sirénia.

« Tu veux bien venir par là, Sirénia ? Je n’aime pas te voir bouder. »

« Pfff, puisque tu le prends ainsi, je veux bien venir mais c’est juste parce que tu me le demandes hein ? Et pas parce que je le veux car sinon, j’aurais refusé complètement. »

« Oui, oui, je m’en doute, Sirénia. Je m’en doute parfaitement. Bon … Tu viens ? »

Elle ne se prive pas et va tout doucement dans ses bras. Il remarque qu’elle décide de flotter au-dessus du sol pendant qu’ils marchent tous ensemble. Ainsi, elle peut se coller à lui sans le déranger dans ses mouvements. Elle aime bien cela, c’est plus aisé pour chacun.

« Bon bon bon, Ryusuke, on se retrouve à midi, comme d’habitude ? »

« Avec les autres ? Aucun problème. Et surtout, évite de faire que ce soir, tu sois encore en train de travailler. Que je n’ai pas à te forcer à venir te chercher. »

« ROH ! Mais qu’est-ce que tu racontes donc, je ne suis pas comme ça hein ? «

Elle a un petit éclat de rire avant de le quitter. Il entend la petite Kirlia qui murmure un « bon débarras » qu’il décide de ne pas relever. Qu’elle se comporte de la sorte, il devait avouer qu’il n’acceptait que moyennement cela.

« Fais attention à tes paroles, Sirénia. On ne doit pas parler ainsi au lycée. On y va. »

Sauf que la journée calme qu’il avait prévue venait visiblement d’être chamboulée. Dès que leur professeur principal arriva, celui-ci tenait quelques feuilles dans ses mains, déclarant :

« Aujourd’hui, nous allons remplir des questionnaires sur vos projets d’avenir. Vous allez devoir donner trois de ces derniers et les raisons qui vous poussent vers ces voies. Prenez votre temps, rien ne presse, loin de là. »

« Vraaaaaaaaaaaaaiment ? C’est juste nul ! On est que des adolescents ! »

« Et justement, adolescents veut dire bientôt adultes. Vous avez une heure pour cela. Réfléchissez bien à tout cela ! »

Vraiment ? Des projets d’avenir ? Comme s’il avait envie de penser à ça. Une petite idée sombre trotta dans sa tête mais le regard de la Kirlia le fige sur place. Hmm … Elle a lu dans ses pensées et elle est visiblement peu contente de ce qu’elle vient de trouver.

« Ne t’avise plus d’avoir une idée comme ça, compris, Ryusuke ? »

« Oui oui … mais qu’est-ce que tu veux que je te dise hein ? C’est juste … ainsi… Je peux pas penser autrement malheureusement. Avec tout ce qui s’est passé, je me demande vraiment si je peux avoir un avenir ou non.  Donc bon, c’est tout. »

« Alors c’est bien de ça dont je parle. Essaye d’y réfléchir sérieusement ! »

« Je vais le faire, je vais le faire, ne me frappe pas, c’est bon. Le message est très bien passé la première fois hein ? Pas besoin d’utiliser la violence pour arriver à tes fins. »

« C’est pas une question de violence … mais de sécurité. J’ai remarqué que tu as beaucoup changé depuis cet incident. Je me demande si tu ne t’es pas pris un mauvais coup sur la tête et c’est pour ça que je me dis que je devrais peut-être surveiller ton état. »

Un mauvais coup sur la tête ? Il semblait différent ? Peut-être que oui ? Il n’y avait pas pensé réellement. Mais dans le fond, il avait remarqué que Kasiopé passait beaucoup de temps avec lui mais aussi inversement. Ils étaient souvent collés ensemble l’un avec l’autre. Et le plus surprenant ? C’est qu’il ne trouvait pas cela déplaisant, loin de là.

« Grrr ! Concentres-toi ur tes projets d’avenir au lieu ! »

Elle s’exclama avec un peu de colère tandis qu’il préférait ne pas continuer à la chercher Une simple mesure de sécurité. Même si ce n’était pas de la provocation réelle, il n’avait pas envie qu’elle croit qu’il lui cherchait des noises. Alors des projets ? Pfiou …

Qu’est-ce qu’il avait en tête ? Ah … Oui, peut-être cela dans le fond non ? C’était tout simplement ridicule mais les yeux de la Kirlia deviennent roses avant qu’elle ne retire un objet du sac de l’adolescent aux cheveux bruns. Son cahier ! Qu’est-ce qu’elle …

« Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? »

« Tout simplement pour que tu aies une idée, c’est tout ! Tu ne crois pas que ça serait une bonne chose ? C’est un projet comme un autre. »

« Non, c’est tout simplement ridicule. Tu me vois faire ça ? Sincèrement ? » dit-il en montrant ses nombreux croquis … dont la plupart concernaient Sirénia.

« J’en suis sûre et certaine. Je pense que c’est une excellente chose. »

« Je ne vais pas écrire styliste pokémon ! » s’exclame l’adolescent, les murmures dans la classe se stoppant pour que quelques têtes se tournent vers lui.

Et zut … à cause d’elle … il ne peut plus le cacher. Il commence à griffonner les mots avant de regarder sa feuille. Pourquoi est-ce qu’il voudrait devenir styliste pokémon ? Ce n’est pas un métier facile, loin de là. Il n’y a que peu de débouchés et …

« Car regarde comme c’est beau. Eleanor, tu en penses quoi ? Est-ce que ça me conviendrait comme tenur ? Cette jolie robe avec des nœuds ? »

« DRAAAAAAAAA ! » s’exclame la pokémon dragon sur ton ravi mais envieux, frottant son museau contre le visage de Ryusuke. Sirénia reprend d’une voix lente :

« Elle est tout à fait d’accord avec moi mais surtout, elle aimerait aussi que tu fasses un costume pour elle, Ryusuke. Tu vois ? Tu peux y arriver si tu le désires. »

« Oui oui, je vois ,je vois … Ah … Vraiment, vous allez réussir à m’user toutes les deux. »

« Tant mieux car c’est le but ! Alors, maintenant tu écris pourquoi. »

Car c’est son plus grand rêve, bla bla bla. Il connaît la chanson, il sait ce qu’il faut écrire pour que cela paraisse bien sur le papier. Son second choix est tout aussi surprenant que le premier, évoquant l’idée de continuer à jouer de la musique. Surprenant ? Car oui, Sirénia et Eleanor le regardent avec étonnement.

« Tu sais jouer d’un instrument, Ryusuke ? Mais je ne t’ai jamais vu et … »

« Cela fait quelques années mais j’aimais beaucoup le violon et le piano. Tu n’as jamais remarqué que j’écoute beaucoup de musique classique ? C’est car j’en ait fait quand j’étais plus jeune. Mais bon, là, c’est un rêve bien dérisoire malheureusement. »

« Mais non ! Ecris cela au lieu ! Tu verras que ce n’est pas stupide ! »

Pfff ! Qu’est-ce qu’elle avait aujourd’hui, elle peut lui expliquer ? Il marmonne cela alors qu’il a déjà deux métiers sur les trois. Et le troisième ? Il n’en a aucune idée malheureusement. Pourtant, il sent qu’il pourrait trouver s’il le désirait mais … rien de tout cela n’arrive. Pourtant, il était normalement … AIE ! Pourquoi est-ce qu’il a une violente migraine ? Il pose sa tête sur la table en gémissant. Bon sang ! Ca fait mal !

« Qu’est-ce qui t’arrive, Ryusuke ? Ca ne va pas ? Tu souffres ? »

« Non, non, c’est bon … vraiment … c’est vraiment bon … Je sais mettre quoi pour le dernier choix. Ça va être difficile à expliquer mais bon. »

Difficile à expliquer ? Elle comprend ce qu’il veut dire quand elle le voit écrire « Scientifique génétique pokémon. » D’où est-ce qu’il a tiré ça ? Elle cligne des yeux, le regardant longuement comme pour attendre une explication.

« Euh … Ryusuke ? Tu peux me dire pourquoi ça ? Qu’est-ce que … »

« Je ne sais pas. Après la migraine, ça m’est venu à l’esprit sans même que je n’arrive à l’expliquer. C’est juste bête, n’est-ce pas ? »

« Mais surtout, pourquoi ? Pourquoi ? Car si tu mets ça, le professeur va te demander quelques explications, non ? C’est … Enfin ce n’est pas pour moi. »

Pas pour elle, oui, mais ça ne veut pas dire qu’il doit s’arrêter là. L’adolescent aux cheveux brun marque qu’il apprécie grandement le travail de ces hommes et femmes qui découvrent chaque jour de nouvelles choses reliées aux pokémon. Il explique alors les nouvelles découvertes comme les M…

« Hein ? Qu’est-ce que je suis en train d’écrire, moi ? On peut me le dire ? »

Il est un peu encore sous le choc tandis qu’il arrête sa plume en plein sur le dernier mot. Y a juste un souci ? Car c’est juste … stupide mais il a complètement oublié ce qu’il voulait dire.

Finalement, il arrive à remplir sa feuille sauf sur le dernier point. C’est stupide, tout simplement stupide mais bon … au moins, il a réussi. Il faut espérer que le professeur ne va pas l’embêter à essayer de savoir pour le Scientifique car il ne saurait pas dire les réelles raisons qui le poussent à ça.
A midi, il décide de manger à l’extérieur du bâtiment, dans le parc avoisinant le lycée tout en restant pourtant dans son enceinte. Avec Kasiopé, il pousse un soupir car elle a eut la même chose que lui. Elle lui demande ce qu’il a écrit, Ryusuke lui disant :

« Styliste pokémon, musicien classique et scientifique génétique pokémon. »

« Euh … Wow … Je ne m’attendais pas à ces choix, je dois t’avouer. C’est vraiment toi qui a écrit ça, Ryusuke ? Ou Sirénai t’as aidé ? Pour moi, c’est moins compliqué, hahaha ! »

« Qu’est-ce que tu as mis exactement ? Que je puisse avoir le sourire au moins. »

« Tout simplement Eleveuse pokémon, je pensais aussi à artiste, comme toi, mais dans les gravures. Tu sais, les statues, toutes ces choses. Et enfin ? Hmmm … Plutôt classique mais mère au foyer. Je ne sais pas ce que mon professeur va dire quand il verra cette réponse. »

« Mère au foyer ? Même si ce n’est pas un « faux » métier, je suis sûr qu’il risque de faire une sacrée tronche. Mais pourquoi pas ? Cela pourrait te convenir. »

Il en était même sûr et certain à ce sujet. C’est pourquoi il laissait alors l’adolescente sans la déranger sur ce point. C’était ses ambitions et il la voyait bien mère de famille. Même si bon les cheveux verts et les yeux rouges, ce n’était pas le plus aisé.

« Hey ! Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça au visage ? J’ai quelque chose ? »

« Non non, pas du tout hein ? Tu n’as rien du tout, ne t’en fait pas ! Pas du tout ! Je me disais juste que … même si je te vois mère au foyer, j’aurais du mal à t’imaginer dans une autre tenue. Enfin une tenue de mère de famille. »

« Je n’arrive pas à savoir si tu m’insultes ou si c’est un compliment. »

« Dans le doute, prends donc les deux, hahaha ! »

Voilà qu’il se met à rire franchement en voyant la petite moue de Kasiopé. Au moins, avec elle, il n’a pas l’impression de déranger, loin de là. Du moins, il se sent bien. Une petite pensée traverse son esprit. Il se met à la place de la personne qui allait épouser Kasiopé, rentrant à la maison. Il imagine alors Kasiopé, avec un charme plus adulte, couverte d’un tablier par-dessus ses vêtements qui lui murmure :

« Bonjour mon amour. Est-ce que veux manger ? Est-ce que tu veux prendre un bain ? Ou est-ce que … tu … me … veux ? »

PFIOU ! Il a une bouffée de chaleur avant de tomber en arrière, dans l’herbe. Kasiopé le regarde en clignant des yeux, lui demandant si ça va bien mais une pomme tombe malheureusement sur le visage de l’adolescent, lui arrachant un cri de douleur.

« Aie ! Mais d’où elle tombe cette pomme ? On est même pas au-dessous d’un pommier ! »

Et surtout, il voit que la pomme est déjà à moitié épluchée ! Il regarde à gauche et à droite mais ils sont seuls ! Il voit aussi le visage de Sirénia qui se détourne. AH ! Il a la responsable de tout cela ! Bien entendu qu’il s’agit d’elle ! Comment est-ce qu’il pourrait penser autrement ? Il se relève avant de se préparer à courir vers elle.

« RYUSUKE ! Assis ! Tout de suite ! Tu n’es pas encore en état pour ça ! »

« Oh que tu ne perds rien pour attendre, petite Kirlia ! »

Celle-ci lui tire la langue alors qu’Eleanor bronze un peu à côté des deux humains. Tout ce petit groupe ne remarque pas l’étrange buisson qui gigote au loin. Ce n’est pas une paire de jumelles mais un objet de haute technologie qui les observe.

« Qui est cette adolescente ? Qu’est-ce qu’elle fait là ? »

Tant de questions qui trottent dans la tête de la personne qui est en train de contrôler cet objet miniature. Mais le plus important était l’adolescent accompagné de cette Kirlia. Ils avaient bien retrouvés leurs traces … après toutes ces années. Enfin !

Chapitre 30 : Une soirée en tête à tête

Chapitre 30 : Une soirée en tête à tête

« Oh … Tiens donc ! Mais je connais cet endroit … Enfin, ça n’a pas changé en plusieurs années. C’est l’endroit où tu habites non ? Enfin … La partie du royaume où tu habites. »

« C’est exact, princesse Terria. Néanmoins, je ne crois pas que vous emmenez chez mes parents soit la meilleure chose à faire. Je pense même que ça finirait très très mal s’ils savaient ce que je viens de faire. » répondit le jeune garçon aux cheveux blonds.

« T’en fais pas … Si on se fait repéré, je serai là pour te protéger verbalement. Ils n’oseront pas s’en prendre à la princesse des insectes ! »

Elle remarqua le petit tic qui anima les lèvres d’Earnos lorsqu’elle avait prononcé le mot « protéger ». Oups … Elle venait encore de commettre une bêtise. Mais quelle idiote ! Pardon, pardon, pardon ! Elle allait devoir s’excuser encore une fois. Mais avec lui, c’était difficile de comprendre comment réagir correctement. Elle ne savait pas s’il allait mal le prendre ou non … si elle tentait de s’excuser. Pfff … Elle voulut néanmoins essayer mais ce fut lui le plus rapide à prendre la parole :

« Je sais où nous allons nous rendre … si vous le voulez bien. »

« Oh ? Surprends-moi ! C’est tout ce que je te demandais hein ? » répondit-elle aussitôt en lui souriant. Voilà … Si elle était gentille, alors, elle était sûre qu’il le serait aussi.

« Nous allons nous rendre chez Douély. Là-bas … Il n’y aura personne. »

Chez Douély ? C’était cette Munja ? Elle ne savait pas pourquoi mais … ça l’énervait un peu. Enfin bon, c’était à lui de la guider comme elle le lui avait annoncé. Sans aucune réticence, elle décida de le suivre, le jeune garçon aux yeux rubis comme les siens vint l’emmener jusqu’au quartier des Munjas. A cette heure tardive, même eux dormaient visiblement.

« C’est calme … Vraiment très calme. Tu crois qu’on a le droit d’être là ? Enfin … De s’inviter chez Douély alors qu’il n’y a personne ? »

« J’ai besoin d’aller la voir … Enfin … Je crois en avoir besoin. »

Il croyait en avoir le besoin ? C’était quoi ce genre de phrases ? Elle était maintenant plus que perplexe alors qu’ils arrivaient devant la maison de Douély. Avec lenteur, il toqua deux fois, espérant une réponse qui ne vint pas. Il poussa un petit soupir, pénétrant dans la demeure de la Munja. Bizarrement, rien n’était recouvert par la poussière mais elle évita d’en faire la remarque. Elle attendit qu’Earnos soit dans la cuisine pour jeter un regard autour d’elle. Bizarre … Cet endroit était encore plus bizarre que dans ses souvenirs.

« Euh … Princesse Terria ? Auriez-vous faim ? Il y a de quoi se nourrir si vous le voulez. Enfin … Je ne sais que très peu cuisiner … Enfin, pas assez bien. » dit Earnos dans la cuisine. Elle eut un petit rire amusé avant de lui répondre :

« Earnos ! Tu sais quelle heure il est ? Tu crois vraiment que j’ai faim à cette heure ? Et toi ? Si tu as faim, tu peux manger, ça ne me dérange pas du tout hein ? Tu n’as pas à te forcer de ne pas manger parce que je suis là, Earnos ! »

« Je n’ai pas faim du tout à la base. Bon … Par contre, le sentiment de liberté que vous vouliez avoir, je ne suis pas sûr que ça soit celui-là que vous désiriez … »

« J’ai enfin pu quitter ma chambre … C’est pourquoi je trouve que c’est déjà beaucoup trop ce que tu as fait … Et c’est pour ça que je te remercie ! »

« Il n’y a pas de quoi, princesse Terria. » murmura Earnos avant de sortir de la cuisine. Elle était assise sur le canapé de Douély, bien trop grand pour une seule personne. Lui ? Il restait debout, croisant les bras alors qu’il se tenait près d’un mur.


Un silence s’installa pendant plusieurs minutes, personne ne prenant la parole. Elle le regardait et le fixait sans tourner le visage tandis qu’il avait les yeux fermés et le visage tourné vers le sol. A quoi est-ce qu’il pensait ? Et surtout, il n’avait pas mal à force de rester debout sans rien faire ? Généralement, quand c’était elle, elle souffrait un peu car les minutes s’écoulaient sans bouger et c’était tout simplement horrible.

« Euh … Earnos, si tu veux, tu peux venir t’asseoir hein ? »

« Je ne crois pas que ça soit une bonne chose. Vous êtes déjà assise sur le canapé. »

« Earnos. C’est un ordre. » dit-elle soudainement, un peu étonnée de sa propre réaction alors qu’Earnos ouvrait ses yeux rubis. Elle venait de lui donner un ordre ? C’était … la première fois depuis longtemps ? Et encore, c’était à se demander si c’était … pas la première fois depuis longtemps. D’habitude, elle lui demandait quelque chose … mais un ordre ?

« Suis-je réellement obligé d’y obéir, princesse Terria ? »

« Puisque c’est un ordre, tu n’as même pas à poser la question, Earnos. »

Elle tremblait un peu à l’idée d’avoir ordonné une chose aussi futile. Mais il était quand même très énervant à parler de la sorte ! C’est pourquoi elle avait décidé de réagir de la sorte. Le garçon aux cheveux blonds vint s’asseoir à l’autre côté du canapé.

« Pardonnez-moi, princesse Terria. Vous pensiez sûrement à aller ailleurs … ou du moins, à bouger beaucoup plus. Douély n’était pas le genre de femmes à avoir beaucoup d’activités. »

« Pourquoi tu n’arrêtes pas de parler d’elle ? Elle n’est plus là ! C’est dommage car elle avait des pouvoirs vraiment très intéressants mais on ne peut rien y faire. »

« Douély me manque beaucoup quand même. Je me demande si elle va bien. Mais elle a sûrement pris peur de votre père, le roi. Elle n’aimait pas utiliser ses pouvoirs, elle l’avait dit … C’est pourquoi elle a sûrement préféré s’enfuir. »

« Dis … Earnos ? Tu parles souvent d’autres filles quand il y en a une à côté de toi ? » demanda-t-elle alors qu’il hochait la tête négativement.

« C’est simplement que je n’ai aucun sujet de conversation avec vous, princesse Terria. Je ne vois pas de quoi je pourrais parler sans vous offenser ou paraître idiot. Je ne suis qu’un Coconfort, vous une Apireine, n’est-ce pas ? »

« Et alors ? On peut parler de n’importe quoi aussi ! Je ne suis qu’une fille normale lorsque je quitte le château ! Tu n’as pas à te poser ce genre de question. »

« Si seulement c’était aussi simple … Mais … Par ma faute, vous êtes en danger. Je n’aurai pas dû accepter cela. Je suis responsable de votre sécurité. »

Pourquoi ça tournait toujours autour de sa sécurité et de sa protection ? Earnos n’avait que ce mot en tête dès qu’il s’agissait d’elle ! Elle cria soudainement :

« Tu es juste un imbécile, Earnos ! Je sais me débrouiller ! »

Elle s’était levée du canapé mais revint s’asseoir aussitôt. Elle posa une main sur son front, commençant à bailler. Qu’ils le désiraient ou non, ils étaient en fait tout aussi fatigués l’un que l’autre. Il se leva à son tour, restant debout sans pour autant répondre à l’insulte de la princesse. Il tendit sa main vers elle.

« Je vais vous emmener dans la chambre de Douély. Là-bas, vous pourrez dormir, princesse Terria. Ca sera la meilleure chose à faire. »

« On ferait mieux de rentrer au château … puisque c’est juste ma sécurité qui t’intéresse. » dit-elle avec un peu d’ironie entrecoupé par quelques bâillements. Pourtant, il vint la soulever avec facilité, la prenant dans ses bras alors qu’elle se laissait faire. Il pénétra dans la chambre de Douély, déposant la jeune fille aux cheveux blonds.

« Tu pourrais quand même répondre quand on te parle, Earnos. » reprit la princesse Terria après quelques minutes dans le lit. Elle voyait Earnos qui était adossé contre le mur, juste à côté du lit, les yeux clos. « Comment tu fais pour dormir debout ? T’es vraiment bizarre. »

Mais de toute façon, elle n’attendait pas de réponses de la part du Coconfort. Elle ouvrit le lit correctement. Elle tira ensuite un peu sur le vêtement d’Earnos, celui-ci tombant sur le côté avant d’atterrir sur le lit. Elle commença à le placer correctement dans le lit avant de remonter la couverture sur lui. Elle se plaça de l’autre côté du lit.

« Ca fait le chevalier protecteur mais en fait, c’est même pas capable de tenir aussi longtemps que moi avant de tomber de sommeil. » murmura-t-elle.

Pourtant, elle ne faisait pas du tout la fière elle aussi. Elle était fatiguée … Quelle idée d’avoir voulu s’enfuir en pleine nuit. Ils avaient été aussi fatigués l’un que l’autre. Mais bon … Ce n’était pas une mauvaise idée. Sans manipuler Earnos, elle savait que le Coconfort était toujours prêt à tout faire pour qu’elle soit heureuse. C’était bien ça qu’elle devait lui reconnaître. Il se préoccupait trop d’elle.

« Beaucoup plus qu’Holikan qui est toujours en train de se crêper le chignon avec Olistar. D’ailleurs … Oh … Non … Demain, ça peut attendre. »

Elle allait réfléchir à tout ça demain. Elle était trop exténuée pour penser correctement. Elle se tourna vers Earnos. Pourquoi est-ce qu’il n’avait pas ce visage si serein avec elle ? Elle était quand même … triste à cause de lui. Il était toujours si stoïque et neutre à son égard. Il faisait souffrir la princesse de son royaume ! Elle vint se déplacer près de lui avant de dormir.

Chapitre 29 : Enfermée

Chapitre 29 : Enfermée

« Encore un mort ! Mais ça ne s’arrêtera jamais ? »

« Et dire qu’il était proche du roi … Ce n’est pas possible … Le royaume est devenu impossible à vivre depuis ces attentats … Ca ne peut plus durer. Quand est-ce que le roi décidera de purger complètement le royaume ? »

Comme à son habitude, il écoutait discrètement les conversations des autres alors que cela faisait maintenant deux semaines qu’il était retourné travailler comme les autres. Ce n’était guère joyeux, loin de là même mais bon … Il ne pouvait pas s’empêcher d’écouter les paroles des autres. Un peu comme Olistar et Férast. Par contre, Hérakié n’était pas revenue contrairement à ses dires. Son père avait sûrement refusé qu’elle rejoigne l’armée après ce qui s’était passé. Il n’avait pas envie de perdre la seule famille qui lui restait.

« Bon … C’était plus comestible que d’habitude ! Je dois m’en aller. J’ai une affaire plus qu’importante. » murmura Olistar, se levant de table alors qu’il quittait la cantine. Rapidement, Earnos remarqua qu’Holikan sortit à son tour, des cris fusant au-dehors.

« MAIS QU’EST-CE QUE … DISPARAISSEZ ! »

« Des assassins ? Ils en ont du courage de se présenter ici ! »

Et en moins d’une minute, tout le monde était déjà dehors, prêt à commenter ce qui venait de passer. Il fallait dire qu’un tel évènement était rare … très rare … Olistar était blessé à l’épaule gauche, une longue plaie dessinée dessus. Holikan avait du sang au visage tandis qu’au sol, on pouvait remarquer des traces de sang. Les traces de sang allaient même sur les toits ! Qu’est-ce qui s’était passé exactement ?

« Tsss … Ils ont osé s’en prendre au représentant des Rapions et des Drascores. » murmura Holikan avant de soulever Olistar. La première chose que l’adolescent remarqua fut le poids anormalement léger du Rapion.

« Je peux savoir ce que tu fais ici ? Je pense que je mérite bien des explications non ? »

« Hum ? C’est pourtant bien simple. Je t’espionnais habituellement. Tu devrais t’en douter. Tu es un Rapion … Tu es l’un des ennemis héréditaires du royaume. Je ne peux pas baisser ma garder un seul instant avec toi. Mais pour l’instant, je vais t’emmener à l’infirmerie. Avec ton bras, tu n’iras pas bien loin. » répondit Holikan calmement.

« Tu sais qu’avoir un bras invalide ne m’empêche pas de marcher correctement ? De même, il faut vraiment que tu arrêtes avec cette obsession de m’observer hein ? »

« Débrouille-toi tout seul donc. » annonça sèchement Holikan avant de le relâcher.
Le Rapion poussa un cri de douleur, atterrissant sur les fesses alors que le Yanma s’éloignait sans plus s’intéresser au sort d’Olistar. Celui-ci eut un petit sourire, teinté de tristesse alors qu’Earnos arrivait à sa hauteur. Il lui demande si ça allait, n’ayant aucun problème pour venir l’accompagner à l’infirmerie. Il fallait faire soigner tout ça. Ces assassins … Ils n’hésitaient plus maintenant ! Ils n’avaient aucune réticence !

« Dis … Tu as entendu au sujet de la princesse Terria ? Avec ce qui vient de se passer, c’est clairement pas joyeux pour elle. »

« Ouais … A qui le dis-tu … Je n’arriverai pas à vivre en restant enfermé toute la journée. Son père a même décidé de refuser qu’elle s’éloigne pour aller faire son rôle d’ambassadrice chez les Rapions et les Drascores. C’est clairement pas pour nous aider. »

Encore une journée à écouter ces hommes qui parlaient maintenant de la princesse Terria. Depuis l’agression sur Olistar, tout le monde était sur le qui-vive et lui-même … devait avouer qu’il ne dormait plus que d’un œil avec Olistar. C’était une simple mesure de précaution … Il ne voulait pas qu’on le blesse, voilà tout.

« Hum ? J’ai quelque chose sur la joue, Earnos ? Tu m’observes bizarrement depuis deux minutes. » annonça Olistar alors qu’il était vrai qu’il le fixait depuis autant de temps.

« Oh … Rien de bien important … Enfin … Je crois … Je ne suis pas sûr. Ton bras ne te fait pas trop mal après tout ce temps ? Ca fait quand même une semaine. »

« Le bandage n’est pas là pour faire joli, Earnos. Bon … Au moins, lorsque l’on s’entraînera, tu auras plus de chances de réussir à me battre. » répondit Olistar en rigolant.

Mais bizarrement, il ne se sentait pas d’humeur à sourire. Olistar avait été blessé … Sans Holikan, il y aurait eu des chances qu’il … qu’il soit mort … Qu’il soit mort ! Il n’y avait rien de drôle dans tout ça ! Maintenant, il n’avait plus faim.
Lorsqu’il partit s’entraîner, il accepta avec réticence qu’Olistar se batte avec lui. Il aurait préféré Férast qui, décidément était toujours imperturbable. Mais voilà … L’entraînement ne dura qu’une dizaine de minutes, Olistar étant obligé de s’arrêter alors que la douleur le paralysait. Earnos prit une profonde respiration, disant avec agacement :

« Tu vois ? Pourquoi est-ce que tu as continué si tu savais que tu ne pouvais pas ? »

« Et toi donc, Earnos ? Pourquoi est-ce que tu as continué d’être le chevalier de Terria alors que tu avais décidé d’abandonner ? C’est pour les mêmes raisons que toi … Je ne peux pas penser à laisser de côté tout ce que j’ai fait. J’ai décidé de t’entraîner … et même si tu es devenu un sacré roc, je ne compte pas m’arrêter là. »

« Tu es bête, Olistar. Tu n’as pas besoin de t’exploser le bras pour venir m’aider. Y a différents moyens … pour ça. Férast, tu nous accompagnes ? » demanda Earnos alors que le Pomdepik hochait la tête positivement. Il répondit :

« Je n’ai aucun problème à vous accompagner tous les deux. »

« Hum … Tant mieux alors. Olistar ? Olistar ? Hey ! » s’écria Earnos alors qu’il voyait déjà le Rapion qui s’était éloigné. Ils allaient venir l’aider ! Pourtant, le regard d’Olistar semblait distant, comme s’il réfléchissait à quelque chose. A quoi est-ce que l’adolescent pouvait penser ? Sûrement à quelque chose d’important ou bien différent de lui. Il n’était qu’un simple Aspicot … ou plutôt Coconfort maintenant. Et c’était pourquoi il ne sentait pas capable de comprendre Olistar. Loin de là même …

Et la journée s’était terminée tranquillement. Mais contrairement à d’habitude, Olistar avait décidé de laisser la fenêtre ouverte. Il n’avait pas peur de se faire agresser ? C’était tout simplement … stupide de sa part. Et à cause de ça, lui-même n’arrivait pas à dormir. Il ne pouvait pas dormir avec la fenêtre grande ouverte !

« … … … Dis … … … Est-ce que tu dors, Olistar ? »

Il avait posé finalement cette question après trois quart d’heure. La nuit était tombée depuis longtemps et il n’arrivait toujours pas à dormir. Comment faire ? Mais comment faire ? Ce n’était pas possible d’être aussi complexé à cause de tout ça. Ah … Bon … Il devait juste se calmer et tout irait plus que bien plus tard.

« Earnos ? Earnos ? » murmura faiblement une voix féminine.
Il se redressa dans le lit, regardant autour de lui. Il n’avait pas rêvé hein ? Il avait bien cru entendre … la voix de la princesse Terria ? Comment était-ce possible ? Par quelle … magie pouvait-il l’entendre ? D’ailleurs, ça devait être une illusion car il apercevait la princesse … dans l’ouverture de la fenêtre. Elle était debout, souriante mais un peu inquiète aussi. Il s’approcha de la fenêtre, touchant doucement le bras de la jeune fille.

« Ce n’est pas un rêve … mais princesse … Qu’est-ce que vous faites … là ? »

« Earnos ? Tu es mon chevalier non ? Je ne peux demander ça qu’à toi. S’il te plaît … Accompagne-moi pendant que je sors du château pour une journée. »

« Mais princesse, l’interdiction de votre père et … » commença à dire le jeune garçon aux cheveux blonds, regardant les yeux rubis de la princesse. Et zut … Il voyait à quel point elle était triste de rester enfermée pendant des journées entières. Il reprit : « D’accord … Je veux bien vous accompagner, princesse Terria. Et il vaut mieux que ça soit avec moi que toute seule. Mais pour Olistar ? Il n’y a que peu de chances que j’arrive à le tromper. »

« Oh ! Ne t’en fait donc pas …Olistar dort profondément. Ses blessures le fatiguent bien plus rapidement que tu ne le crois. Tu viens ? » demanda-t-elle en tendant sa main vers Earnos.
Il la récupéra avant de passer par la fenêtre à son tour. Lorsqu’ils furent à la même hauteur, il la regarda pendant quelques secondes. Finalement, il lui dit :

« Princesse, où allons-nous alors ? »

« Et bien … Tout d’abord, on va quitter le château. Et ensuite … Ben, tu peux m’impressionner non ? Comme tu le fais souvent ! » dit la princesse Terria en rigolant.

« Vous impressionner … Je ne suis pas sûr d’y arriver. »

Elle fait une petite moue, écoutant encore le ton monotone d’Earnos. Pourquoi à chaque fois, il lui parlait avec distance ? Avec les autres, il pouvait rire ou alors s’énerver. Avec elle, c’était toujours comme ça. Elle ne comprenait vraiment pas … mais elle savait qu’elle pouvait lui faire confiance. Pendant qu’ils partaient, Olistar avait ses deux yeux grands ouverts, le dos tourné à la fenêtre. Il se leva quelques secondes après pour la refermer.

Chapitre 28 : Abandonner son rôle

Chapitre 28 : Abandonner son rôle

« Ah … Mon fils … Te voir dans cette armure, ça me rappelle à quel point ce fut difficile pour moi lorsque j’étais un simple Coconfort. Mais regarde-moi, maintenant, je suis un Dardargnan et bientôt, tu seras aussi un Dardargnan. »

« Oui, papa. » murmura le garçon aux cheveux blonds alors qu’il avait eu le droit à une autorisation d’une semaine pour se reposer. Bien entendu, seuls les enfants avaient une telle permission alors que les adultes devaient juste se reposer à la caserne. Mais bon … Bien qu’il était heureux d’avoir pu rentrer chez lui, il lui restait une chose plus qu’importante à faire. Mais avant, il s’était tenu au courant de tout ce qui s’était passé.

Comme la situation militaire, les problèmes, toutes ces choses qui importaient bien plus qu’on ne le croyait. Mais en même temps, il y avait autre chose … de plus personnel. Et il n’était pas sûr qu’il puisse le faire s’il mettait trop de temps à faire cela. Du courage, c’était tout simplement du courage. Il murmura à ses parents :

« Papa … Maman … Je vais retourner au château tout de suite. »

« Mais tu as une semaine de repos. Tu l’as très bien méritée ! De même, tu n’as fait que … Bon, je ne discuterai pas à ce sujet, tu es libre de tes choix, Earnos. » annonça sa mère calmement en voyant le regard de son père sur la question. Oui … Il était assez grand et responsable pour cela. Son père reprit :

« Fais donc ce que tu as à faire. Tu nous as montré que même à onze ans, tu savais te débrouiller. Tu n’as plus besoin d’être chaperonné par tes parents … tant que tu ne commets pas de méfaits bien entendu hein ? »

« Papa … Tu sais très bien que je ne suis pas du tout comme ça hein ? » répondit le jeune garçon aux cheveux blonds alors qu’il se levait de table. Il embrassa ses trois sœurs sur les joues, sa mère lui signalant rapidement :

« Au passage, n’oublies pas de passer chez ta grande sœur hein ? Le parrain doit quand même voir son neveu de temps à autres. Tu ne crois pas ? »

« AH ! D’accord ! C’était donc un garçon ? Je n’étais même pas au courant ! » s’écria t-il avant de sourire à sa mère. Il quitta la boutique de fleurs, le sourire disparaissant aussitôt. Il n’avait pas à penser à ça … pour l’instant. « Direction le château. J’espère que je pourrais voir la voir car sinon … Non. »


Il ne devait pas penser à la mauvaise chose … Il était possible de la voir. Il n’avait pas à s’inquiéter à ce sujet. Il avait quelque chose d’important à lui dire. Avec rapidité malgré le fait qu’il portait son imposante armure dorée, il se dirigea vers le château du roi. Là-bas, on le laissa pénétrer à l’intérieur. Il passa à côté de la zone où les personnes s’entraînaient, plusieurs d’entre elles le saluant d’un geste de la main.

« Bon entraînement ! » cria-t-il après les salutations, passant à côté de la zone pour se diriger dans les couloirs. Malgré sa petite taille, certaines personnes étaient impressionnées par l’imposante armure qu’il avait sur le corps. Pourtant, il évitait de s’en vanter. Ah … Plus le temps d’y réfléchir … Il se trouvait finalement devant l’endroit où il devait se rendre.

Ah … Bon … Quatre gardes se trouvaient devant la double porte. Des gardes parmi les plus entraînés … Des Yanmegas et des Cizayox … Que l’élite … Rien que pour elle. Il s’approcha d’eux, l’un des soldats prenant aussitôt la parole :

« Que viens-tu faire ici ? Ce sont les quartiers de la princesse. Par ordre du roi, personne n’est apte à venir la déranger, qu’importe la raison, qu’elle soit importante ou non. »

« Même si je suis l’un de ces chevaliers personnels ? » demanda-t-il calmement.

« Même si tu es l’un de ces chevaliers … Désolé, petit … Mais ce sont les ordres. »

« Qui est-ce ? » questionna une voix de l’autre côté de la double porte alors que celle-ci s’ouvrait. La jeune fille avait elle aussi commencé à grandir. Ses longs cheveux couleur miel étaient maintenus attachés en deux belles nattes alors qu’elle avait toujours le magnifique rubis incrusté dans son front, signe qu’elle était une véritable Apireine. Quant à sa robe, elle époussetait maintenant ses formes naissantes. Ses yeux rubis se posèrent sur le garçon en armure dorée tandis qu’elle reprenait la parole : « Pardon … Mais qui est-ce ? »

« Nous ne le connaissons pas, mademoiselle Terria. Vous ne devriez pas sortir de votre chambre. Ce sont les ordres du roi. »

« Princesse Terria. C’est moi … Earnos. J’ai quelque chose d’important à vous dire. »

« Earnos ? C’est toi ? Dans cette armure ? Mais qu’est-ce … Ah ! Laissez-le rentrer tout de suite ! » s’écria la jeune fille aux cheveux blonds avec un peu de zèle dans la voix.

Elle prit le bras recouvert d’or du jeune garçon, le tirant vers elle pour l’emmener à l’intérieur de la chambre. Que les soldats le voulaient ou non, ils n’avaient pas le choix ! Elle allait discuter avec lui ! Ca faisait quand même pas mal de temps qu’ils ne s’étaient pas vus. Mais d’abord, la question la plus importante qui lui brûlait les lèvres :

« Pourquoi est-ce que tu portes une armure aussi lourde, Earnos ? »

« Hum ? Hein ? Ah … Euh … C’est parce que je suis maintenant quelqu’un qui sert de rempart pour les autres. J’ai juste besoin de me positionner devant les autres pour les protéger. Mais … En même temps, je ne sais toujours pas me battre. »

« Elle est plutôt jolie comme armure … Tu es donc devenu un Coconfort, c’est ça ? Toutes mes félicitations, Earnos ! C’est une très bonne nouvelle non ? »

« Euh … Je ne sais pas vraiment, princesse Terria. » murmura le jeune garçon. Elle s’approcha de lui, lui retirant son casque à la visière noire avant de faire un petit sourire.

« Ca sera déjà bien mieux comme ça non ? Mais pourquoi est-ce que tu étais là ? Tu devais me dire quelque chose d’important alors ? »

« … … … Oui, princesse Terria. C’est concernant mon rôle de chevalier. J’ai pu remarquer pendant les mois où j’ai été au beau milieu des batailles … que je ne pourrai jamais vous protéger correctement. C’est pourquoi je tenais à vous annoncer que je quitte la chevalerie. Je suis vraiment désolé … Mais je ne pourrai pas tenir ma promesse dans ces conditions. »

« Hein quoi ? Mais mais mais … Attends un peu, Earnos ? Tu pars pendant des mois, tu ne m’as même pas envoyé ne serait-ce qu’une simple lettre en tant que chevalier, et là, tu reviens pour me dire que tu ne veux plus être à mon service ? Mais pourquoi ? Est-ce que j’ai fait quelque chose de mal, Earnos ? Tu peux me le dire hein. »

« Non non … Princesse Terria, vous n’avez rien fait de mal. Loin de là même … C’est plutôt le contraire. C’est bien parce que je ne sais rien faire correctement que je préfère  … »

« Mais attends un peu ! De quoi est-ce que tu me parles ? Tu racontes n’importe quoi ! Tu es très très bien comme chevalier ! Personne n’a rien à te reprocher ! » dit-elle alors que le jeune garçon détournait le regard pour ne l’avoir en face de lui. « Et c’est très impoli de ne pas regarder la personne à qui on s’adresse, Earnos. »

« Pardonnez-moi, princesse Terria. Mais ma décision est prise. Tant que je ne serai pas capable de me battre convenablement, il vaut mieux que je ne vous protège plus. Du moins, pas de la sorte. Je continuerai … sans être votre chevalier. Je ne suis pas assez bien pour cela, princesse Terria. »

« … … … Donc je ne te verrais plus du tout, Earnos ? Et la promesse que tu as faite à ma mère ? Tu l’oublies comme ça ? Tu n’en as plus rien à faire ? » chuchota la jeune fille aux cheveux blonds miels. Il hocha la tête négativement avant de répondre :

« Pas du tout … Mais je ne suis pas assez bien pour vous, princesse Terria. Pensez-vous vraiment que je suis capable de vous défendre si vous vous faites agressée ? »

« Je le pense. Tu parles de me défendre, pas d’attaquer les autres ! Et c’est pour ça que tu es parfait dans ce rôle, Earnos ! »

… … … A l’entendre, elle croyait vraiment en ses capacités. Peut-être qu’il avait réagi un peu trop rapidement ? Mais non ! Comment était-ce possible ? Il avait décidé … cela pendant plusieurs mois et là, ses convictions fondaient comme neige au soleil ! Non, non et non ! Il ne devait pas … Il ne devait pas …

« Pardonnez-moi, princesse Terria. Je suis tout simplement un idiot. Je ne devrai pas penser à ce dont je ne suis pas capable … pour vous servir. Mais je devrais plutôt penser à ce que je suis … » commença-t-il à dire avant de se faire arrêter par Terria. Celle-ci avait fait un simple geste de la main, lui chuchotant doucement :

« Ce n’est pas grave du tout. Au moins, tu es venu me parler. C’est le plus important. »

« Permettez-moi de me retirer alors, princesse Terria. »

Hein ? Pourquoi ça ? Elle parut surprise de la rapidité du jeune garçon aux cheveux blonds à réagir ainsi. Maintenant qu’il avait fini de lui parler, il s’en allait comme ça ? Et avec toujours cet air froid … Elle avait vraiment l’impression qu’il ne pensait jamais à rien d’autre qu’au travail. Ou alors, peut-être qu’il ne l’appréciait pas, voilà tout. Les années défilaient … mais ils restaient les mêmes. C’est ça … qu’il voulait lui dire en partant.

Chapitre 27 : Dans une carapace dorée

Chapitre 27 : Dans une carapace dorée

« Dis … Tu as entendu au sujet du royaume ? Les citoyens n’osent même plus sortir de chez eux, de peur de se faire agresser dans la rue. »

« Ouais … Ca me plait moyen pour ma famille si tu veux tout savoir … Mais bon … En même temps, on est plus trop loin du royaume. Purée … Ca fait combien de temps déjà ? »

« J’ai arrêté de compter les mois de mon côté. »

Les soldats discutaient une nouvelle fois entre eux tandis qu’il ne faisait que les écouter. Le lourd bruit métallique qui venait suivre ses pas se faisait entendre à fois qu’il marchait. Oui … Il n’arrivait toujours pas à croire que … Il venait de faire ça … Enfin, qu’il avait passé … son anniversaire, loin de sa famille. Il avait maintenant douze ans … douze ans …
Et les seules personnes à lui avoir … Non, ce n’était pas ça. Les soldats comme ses amis lui avaient souhaité un joyeux anniversaire. Ils faisaient cela quotidiennement, ça mettait un peu de baume au cœur des soldats. Même si ce n’était pas du tout suffisant pour tout le monde. Ils avaient besoin de revoir ceux qu’ils aimaient.

« Aller … Ne t’en fait pas … D’après les dernières lettres, même si la situation est assez dangereuse, ils vont bien non ? » murmura Olistar en passant à côté de lui.

« Si seulement il n’y avait que ça … Mais je ne suis pas sûr qu’ils me mentent … pour que je sois rassuré. » répondit Earnos faiblement, plus en proie au doute qu’il ne le faisait croire.

« Ne dit pas ça ! Si tu commences à penser de la sorte, ça n’ira pas bien du tout. Compris ? Bref … Tu n’as pas à t’en faire à ce sujet. Et puis bon … Il est temps de montrer la magnifique armure dorée que tu portes à tes parents, n’est-ce pas ? D’habitude, les Coconfort ne portent qu’une armure ressemblant à de l’or, fait dans un métal bien moins précieux. Mais avec tout ce que l’on a récupéré et les quelques forgerons que l’on a avec nous, c’est vraiment remarquable ce qu’ils ont pu faire. En plus, tu es sûrement le seul à pouvoir la porter. »

« Est-ce que tu tentes de me remonter le moral, Olistar ? » demanda-t-il.

« Un petit peu … Il faut l’avouer. Mais je ne retire pas ce que j’ai dit. Tu es vraiment très bien dans cette armure dorée, mon petit Coconfort ? »

« Arrête ça … Je n’ai pas vraiment l’impression d’être un Coconfort. »

« Toi ? Tu n’as pas cette impression ? Demande donc à Férast ce qu’il en pense ! S’il décide de parler un jour … Ou alors tout simplement à tes deux amies. »

« Pfff … Tu sais bien ce qu’il en est réellement. Bon … Je vais arrêter de me plaindre. » termina de dire Earnos alors qu’ils continuaient de marcher.

Oui … Depuis le temps, il n’avait de cesse que de voir le mauvais côté des choses. Il fallait dire que … depuis le début, il ne servait à rien pour attaquer les mercenaires. Alors, ils avaient décidé de se servir de lui comme bouclier. Dis comme ça, ça pouvait paraître monstrueux de faire qu’un enfant protège des adultes mais … Il avait maintenant une lourde armure faite d’or sur le corps. Réellement constituée d’or, il n’y avait que le casque qui avait une partie noire translucide, laissant voir ses yeux bien qu’il était impossible de deviner la couleur de ces derniers. Et bien qu’elle était plus que lourde, il n’y avait que très peu de personnes capable de l’utiliser correctement.
Ces années à forer sans cesse le sol, à travailler ses muscles alors qu’il n’était encore qu’un enfant … Tout cela avait fini par payer … Mais à quel prix ? Comment pouvait-il protéger la princesse s’il ne pouvait pas la défendre ? Olistar lui répliquerait une nouvelle fois qu’avant de s’en prendre à ceux qui tenteraient d’attenter à la vie de la princesse, il fallait d’abord la mettre en sécurité. Et qu’avec lui dans les parages, il n’y avait que peu de chances qu’une personne puisse ne toucher qu’un cheveu blond de Terria.

Il ne savait pas s’il devait s’en vanter ou être heureux … mais il savait juste que ça ne lui faisait aucun effet personnellement. Mais avant tout cela, ils devaient retourner au royaume le plus rapidement possible. Comme ils étaient plus que bien accompagnés, ils n’avaient aucun problème à traverser les lignes ennemies … mais ces dernières étaient aussi toujours plus nombreuses. Ce n’était qu’une question de jours avant qu’ils ne puissent retourner à l’intérieur même du royaume et qu’enfin, il puisse voir ce qui se passait réellement.

« D’après les Ninjask, on sera là-bas dans moins d’une semaine. »

Olistar s’était adressé à lui, comme capable de lire dans ses pensées inquiètes. Il hocha la tête en réponse au Rapion tandis que Férast murmurait :

« S’il n’y a pas d’autres problèmes … ou alors un mur impénétrable qui nous empêche de rentrer. De toute façon, cela continuera jusqu’à ce que l’une des deux armées soit détruite … si elle n’obtient pas de renforts. »

« Merci pour ces paroles très encourageantes. » répondit avec ironie Olistar. Le garçon en armure dorée se tourna vers Herakié et Lisian. Les deux filles étaient toujours ennemies mais maintenant, cela ne s’entendait et ne se voyait plus … C’était juste une certaine rancœur gardée au fond de chacune.
Il voulait rentrer … et le plus vite possible. Malgré les heures qui s’écoulaient, il ne pouvait pas passer une journée sans penser à sa famille dont il était plus qu’inquiet. Et comment est-ce qu’allait son neveu ou sa nièce ? Car il n’avait … toujours pas pu la ou le voir. Il ne savait même pas si c’était un garçon ou une fille en fait !

Rentrer … Rentrer … Il n’avait que cette idée en tête alors qu’il était imperturbable lorsqu’il se déplaçait dans son armure dorée. Tel un rempart impénétrable, il avançait à travers les lignes ennemies, celles-ci étant incapables de passer outre son armure dorée. Oui … Même s’il ne voulait pas le reconnaître, il était devenu quelqu’un sur qui on pouvait compter pour défendre. Mais ça … Il fallait d’abord assumer ce que l’on était.
Et lorsqu’il voyait les personnes autour de lui combattre avec ardeur, il se sentait plus inutile qu’autre chose. Un mur ne servait à rien … à ses yeux. Pourtant, il n’était pas le seul à ne servir que de défense pour les autres … Mais voilà, en tant que l’un des rares enfants à servir de remparts, il n’avait pas un complexe de supériorité. Loin de là même. Il devait juste continuer à faire son travail … mais lorsqu’il rentrerait … Il avait quelque chose à dire à la princesse Terria. C’était plus qu’important.

Ah … Ah … Ah … C’était … terminé … C’était finalement terminé. Il posa un genou au sol, alors qu’un peu de sang s’écoulait au travers des petites failles de son armure dorée. Ils venaient … d’arriver à passer outre les barrières des Scorvols et des Scorplanes.

« Bravo Earnos ! Tu vois, sans toi, on n’aurait jamais réussi ! » cria Olistar en lui donnant une petite tape dans le dos. Le garçon aux cheveux blonds retira son casque, transpirant fortement au visage et sûrement à l’intérieur de l’armure.

« Si tu le dis … Mais maintenant qu’on a réussi à passer, est-ce que tu crois que … »

« Vas-y. Si ça pose un problème, t’inquiète pas que je discuterai avec eux. Tu es pressé … et je ne crois pas que tu sois le seul. Regarde autour de toi. » annonça Olistar.

C’était la débandade … s’ils avaient été en plein combat. Mais après la victoire, de nombreux soldats et soldates étaient parties en courant, empruntant les nombreux tunnels du royaume des insectes pour se rendre chez leurs familles, voir si elles allaient bien.

« Qu’est-ce que tu attends alors ? Ne perd pas de temps au lieu. »

« Euh … D’accord. J’y vais alors si ça ne dérange personne. »

Et malgré sa lourde armure dorée, il s’était mis à courir. Qu’importe la fatigue qui envahissait son corps, les douleurs aux bras et aux jambes, il voulait retourner auprès des siens. Être sûr que tout allait bien … pour eux. Malgré l’épuisement, il arrivait à la boutique de fleurs. Il ouvrit la porte, pénétrant à l’intérieur avant de dire :

« Maman … Papa … Jiane ? Olly ? Je suis de retour. »

Aucune réponse ? Peut-être qu’ils étaient partis se mettre à l’abri en laissant la boutique toute seule ? Non … Si cela avait été le cas, elle aurait été ravagée. Il déglutit, continuant d’avancer dans la boutique pour se rapprocher du comptoir. Il reprit :

« Papa ? Maman ! Répondez-moi ! Jiane ? Olly ? Cassina ? »

Il n’était quand même pas arrivé quelque chose de grave hein hein ? Il commença à trembler, passant dans l’arrière-boutique avant de voir les cheveux rouges de sa mère … Elle lui tournait le dos, préparant à manger pour Cassina et elle. Ah … Ah … L’adolescente et sa mère se retournèrent pour voir le jeune garçon aux cheveux blonds. Celui-ci renifla un grand coup, commençant à pleurer avant de bafouiller :

« Pourquoi vous m’avez pas répondu, j’étais terrifié, moi ! »

« Earnos ? C’est … C’est toi ? » murmura sa mère, arrêtant aussitôt de cuisiner alors que Cassina se levait de sa chaise.

Elles vinrent aussitôt l’enlacer et l’embrasser sur le visage, aussi heureuses que lui de le revoir. Elles lui expliquèrent qu’elles n’avaient pas entendu quelqu’un rentrer dans la boutique avant de s’excuser de l’avoir ignoré. Mais maintenant qu’il était là, elles étaient plus que soulagées de le savoir en vie et en bonne santé … comme lui pour sa famille.

Chapitre 26 : La foule qui se soulève

Chapitre 26 : La foule qui se soulève

« Les nouvelles ne sont pas bonnes, pas du tout même. »

C’était ce que les Ninjask annonçaient … Du moins, les rares qui arrivaient à faire la communication entre eux et l’intérieur même du royaume … et des villages à l’intérieur. Enfin … On appelait cela un village mais au final, quand il y pensait plus sérieusement, c’était juste une gigantesque … ruche à plusieurs étages … avec des zones d’habitation où vivaient différentes races … En fait, le royaume lui-même était juste une gigantesque ville décomposée en plusieurs parties elles-mêmes séparées par plusieurs chemins. Il s’en rappelait puisqu’à la base, c’était quand même son métier.

« Comment est-ce que j’ai pu oublier ce que j’étais auparavant ? »

« Hum ? De quoi est-ce que tu parles encore ? » murmura Olistar en s’approchant de lui, le garçon aux cheveux blonds haussant les épaules.

« Rien de bien grave, y a pas vraiment à s’en faire à ce sujet. »

« Hum … Maintenant, je suis encore plus intrigué. Alors, je te conseille de me dire tout de suite ce qui ne va pas avant que je devienne méchant, Earnos. »

« Bon … C’est juste au sujet de ce que je faisais avant d’être … là … Au moins, cette vie était bien tranquille et calme. En même temps … Je … Je ne sais pas comment dire cela … J’étais doué … Là-bas. Ici, je suis plus pitoyable qu’autre chose, voilà tout. »

« Arrête de te dévaloriser ! Tu n’es pas plus nul qu’un autre ! Quand est-ce que tu comprendras ça hein ? » marmonna le Rapion avec un peu d’énervement.

Quand est-ce qu’il allait comprendre ça ? Peut-être jamais … Oui … C’était sûrement ça … Jamais … Car il n’en avait pas l’attitude. Voilà tout … C’était ainsi … Et on ne pouvait pas le changer. Il ne répondit pas à Olistar, ne faisant que pousser un soupir. Néanmoins, ce soupir ne plu guère au Rapion qui reprit :

« Tu demandes à Férast de changer de comportement mais toi-même, tu ne fais aucun effort. Ne demande pas à des personnes ce que toi-même, tu ne fais guère. »

« Oui … Bien entendu, Olistar. Je ne crois pas que j’ai envie de parler avec toi à ce sujet. Je suis vraiment désolé … mais ça sera sans moi pour cette fois. »

« Oh … Ca risque d’être sans toi définitivement si tu continues comme ça. Je te déconseille de dormir ce soir, Earnos. Tu risquerais de ne plus te réveiller. » murmura doucement Olistar.

« Hein ? Comment ça ? Qu’est-ce que tu veux dire … par-là ? » osa demander Earnos, un peu intrigué mais surtout apeuré par le ton utilisé.

« Oh … Rien de bien grave, n’est-ce pas ? Tu ne fais aucun effort, tu es alors obsolète, qu’est-ce que tu en penses ? Il vaut mieux se débarrasser de toi. » termina de dire le Rapion avec un grand sourire aux lèvres qui était bien plus terrifiant qu’autre chose. Le jeune garçon aux cheveux blonds déglutit avant de baisser la tête. Il valait mieux … ne rien dire.

« Nous n’avançons que très peu car nous nous faisons attaqués bien trop souvent par les Scorvols et les Scorplanes. » murmura Férast, coupant le silence.

« Il marque un point à ce sujet. Nous n’avons pas eu de répit depuis plus d’un mois et demi. Avec tout ce temps qui se passe, plus on en perd, moins ça nous arrange. »

Lui ? Il ne répondait pas. Il n’en avait pas la motivation. Il observa Herakié qui lui fit un petit sourire discret, tout en rougissant. Après tous ces derniers mois … Elle n’avait pas eu vraiment la possibilité de lui parler … et il se sentait un peu mal pour elle. Il en était de même pour Lisian, qui était forcée de rester auprès des autres Chenitis et Cheniselles. Vraiment, cette vie était bien plus compliquée qu’il ne le croyait.

« Si tu veux leur parler … Je pense que tu as l’autorisation. Il faut juste que tu évites de trop en faire … Et je pense que ça leur fera plaisir. »

« Tu ne m’en veux plus, Olistar ? » murmura le jeune garçon aux cheveux blonds alors que le Rapion s’était adressé à lui.

« Je t’en veux toujours … Je ne change pas d’avis en cinq minutes. »

« D’accord … Désolé, Olistar. » murmura le jeune garçon avant d’aller vers Herakié. Celle-ci vint rougir en le remarquant, cherchant à dire quelque chose. Ce n’était pas qu’elle était forcément gênée ou timide mais … qu’elle n’avait plus l’habitude de parler avec lui. Lorsqu’il arriva vers elle, elle chuchota :

« Coucou, Earnos … Ca faisait longtemps hein ? »

« Oui … Ca faisait longtemps … très longtemps. Comment est-ce que tu vas ? Ce n’est pas trop dur non ? Enfin … Pardon pour ce qui s’est passé. »

Elle hocha la tête négativement bien qu’elle gardait son sourire aux lèvres. Il se sentait un peu mal pour elle … Vraiment très mal même. Elle reprit la parle avec amusement :

« Et puis … En même temps, il y a beaucoup de personnes très fortes ici. C’est amusant de s’entraîner avec elles. D’ailleurs, mon père a accepté que je rejoigne réellement l’armée. »

« Rejoindre l’armée ? Tu vas donc réellement rejoindre l’armée ? »

« Bien sûr ! Je suis sûre que je peux devenir une grande soldate comme toi ! »

« Je ne suis pas si grand que ça … » marmonna-t-il en détournant le regard.

« Pour moi, tu restes toujours … Enfin … Quelqu’un de grand. Toujours volontaire … et motivé. » termina-t-elle de dire.

Il déglutit, ne disant plus rien alors qu’il restait à côté d’elle pendant une dizaine de minutes. Après, il irait voir aussi du côté de Lisian. Elles étaient toutes les deux de gentilles filles, de très gentilles filles même. Mais lui … Il ne voulait pas qu’elles croient quelque chose à son sujet. Il n’avait rien d’exceptionnel contrairement à ce qu’elles pensaient.

« Peuple des insectes ! Veuillez nous écouter ! »

Ailleurs, dans de nombreuses villes, plusieurs citoyens se réunissaient autour de différents hommes et femmes. Ces derniers portaient de longues blouses blanches, des lunettes vertes devant leurs yeux. Ils avaient de nombreux papiers à la main.

« Nous, Ningales, avons le devoir de vous informer de ce qui se passe réellement dans le royaume ! Cessez donc de croire aux chimères que le roi et ses suivants vous disent ! Non ! Le royaume ne va pas bien ! Non, le royaume n’est pas en sécurité ! Tout autour de nous, de nombreux Scorvols et Scorplanes attendent le bon moment pour nous attaquer ! Pensez-vous réellement qu’ils sont les seuls ? NON ! Le royaume est aussi attaqué de l’intérieur ! Conspiration, trahison, rébellion, toutes ces choses vous paraissent invraisemblables et pourtant, c’est la réalité ! La dure réalité ! »

Des murmures, de nombreux murmures se firent entendre autour des Ningales. Quelques passants s’éloignèrent, d’autres arrivèrent. Certains les prenaient pour des fous, d’autres les écoutaient attentivement. Il était si rare que les Ningales se présentent en public. L’un d’entre eux désigna les documents qu’il avait en main, reprenant la parole :

« Avec cette noblesse complètement pervertie par la puissance et la richesse qu’elle a acquiert au fil des décennies, notre royaume court à sa perte ! Savez-vous ce qu’est la croûte céleste de ce notre royaume ? C’est celle qui nous protège de toutes agressions extérieures. Mais avec tous ces fléaux qui se déroulent au sein-même du royaume, nous n’avons même pas à nous inquiéter de l’extérieur … mais surtout de l’intérieur. »

« Et que devons-nous faire alors ? »

« Agir par vous-mêmes ! Arrêtez d’obéir aux ordres ! Arrêtez d’écouter et de faire ce que les autres vous demandent ! Vous n’êtes pas plus bête qu’un autre ! »

« Désobéir au roi alors que notre royaume est attaqué ? C’est simplement de la folie ! Vous êtes complètement fous ! Retournez-donc sous terre ! »

Voilà que la foule s’éloignait une nouvelle fois, sans pour autant que d’autres personnes n’arrivent. Néanmoins, les Ningales ne quittèrent pas la place alors que d’autres personnes se présentaient peu à peu. Que des hommes … Uniquement des hommes … de différents âges.

Mais surtout, ils ne portaient que des haillons comme vêtements, semblant bien plus misérables qu’autre chose. Des enfants, des adolescents et de jeunes hommes … Le plus vieux d’entre eux avait sûrement une trentaine d’années, pas plus. Ils semblaient hébétés et étonnés, comme s’ils ne comprenaient pas ce qui se passait.

« Papilords … Vous voilà donc … Vous … Vous savez ce qu’est la vérité … Vous … Vous n’avez rien à perdre … car vous ne possédez rien. Veuillez nous écouter … et une nouvelle vie s’offrira à vous … Nous sommes les Ombres … Les Ombres Ningales. »

« Vous suivre ? Vous … nous donnerez à manger ? » murmura un enfant qui ne devait pas avoir plus de dix ans, sali par la terre et la crasse sur son corps. L’un des hommes en blanc hocha la tête positivement, un sourire peint sur son visage.

Chapitre 25 : Aux abords

Chapitre 25 : Aux abords

« Olistar ? Qui sont ces personnes masquées ? » demanda Earnos en désignant plusieurs personnes, certaines ayant des cheveux blonds. Sur leurs visages, ils portaient un étrange masque jaune bien qu’au niveau des yeux, on aurait pu croire à une paire de lunettes rouges avec une couleur noir dans l’espace entre les deux yeux.

« Des Ninjasks … Des assassins au service du royaume. Du moins, c’est l’une de leurs fonctions. Mais ils ont aussi d’autres atouts tout aussi utiles. Je pense qu’ils sont là pour qu’on les utilise tous. Tu as un message à faire envoyer, Earnos ? » demanda calmement Olistar avant de s’approcher d’une Ninjask. Malgré qu’elle ait un masque, il était facile de deviner un sourire sur ses lèvres puisque celles-ci bougeaient sous le masque.

« Oui ? Que puis-je pour vous deux ? Malheureusement, notre service actuel ne nous permet pas de transmettre jusqu’aux Rapions et Drascores bien que nous l’ayons déjà fait. »

« Oh … De mon côté, il n’y a aucun souci. Je n’ai rien du tout à faire … Vous n’avez pas à vous en faire … Mais peut-être qu’Earnos veut écrire un petit quelque chose ? »

« Hein ? Euh … Je sais à peine écrire … J’ai continué depuis que je n’ai plus vu … Douély mais sinon… Peut-être que oui ? Je vais le faire dans la journée ! »

« Earnos est à moi ! Rentre-toi ça dans le crâne ! C’est pourtant bien clair ? »

« Non mais pauvre fille ! Earnos est avec moi ! Rentre-toi ça dans le crâne ! »

Aie … Visiblement, elles n’allaient pas arrêter. Il poussa un profond soupir … Plus que ça même. Il n’avait clairement pas envie que ça continue. Pourtant, Olistar eut un petit rire, le forçant à la regarder. Le Rapion murmura avec calme :

« Et bien … On dirait que tu as une certaine popularité envers le filles fortes non ? »

« Filles fortes ? Tellement plus fortes que moi … Je ne suis pas un petit insecte qu’on dorlote.  Enfin … J’essaye d’éviter d’en être un … »

« Oh … Ca risque d’être dur par contre tout ça hein ? » répliqua Olistar, gardant son sourire, plus qu’amusé par la situation alors qu’il prenait une profonde respiration. Les deux filles étaient encore en train de se battre jusqu’à ce qu’une voix féminine plus que forte se fasse entendre, stoppant net le combat entre les deux filles :

« ASSEZ ! LISIAN ! Je pensais que tu étais bien plus éduquée que ça ! C’est quoi ce comportement ? Si ta mère apprenait ce qui se passe ici, tu veux vraiment lui faire honte ? »

« J’essaie juste d’expliquer à cette pauvre fille qu’elle n’a pas à essayer de prendre mon homme ! C’est tout ! Ce n’est pas si difficile ! »

« QUE DALLE ! Tu n’auras pas Earnos ! Va kidnapper un autre garçon ! Lui, il reste avec moi, c’est pourtant simple à comprendre ! »

« Elles me fatiguent toutes les deux. » marmonna Earnos. Il n’était pas un morceau de viande.

La solution fut des plus déplaisantes … pour les deux jeunes filles. Rapidement, elles furent séparées et avec une interdiction de s’approcher d’Earnos. Malgré tout ce qu’elles disaient, quitte à utiliser la force, Herakié et Lisian durent se plier aux règles en vigueur.

Et voilà … Une histoire qui fut réglée … et qui dura … Car oui, il ne s’était pas attendu à tout ce temps qui allait s’écouler sans même le remarquer. D’abord, ce fut quelques jours … Puis ce fut deux semaines … On arriva à un mois sans même qu’il ne voit la différence. Ils se faisaient attaquer par les Scorvols et les Scorplanes mais rien de bien dangereux maintenant qu’ils étaient accompagnés par des Cheniselles.


Et puis finalement … Contrairement à tout ce qu’il croyait, ça faisait déjà bientôt trois mois qu’ils marchaient quotidiennement autour du royaume, mais surtout en explorant les différentes montagnes dans les alentours. Pourtant, il y avait un gros souci. Le constat et le bilan de cette opération étaient plus que mitigés. Aucune trace du gros des troupes des Scorvols et des Scorplanes … Comme si … Ils n’étaient pas présents.

« C’est intriguant … Il faut le reconnaître … Mais aussi, plutôt inquiétant. »

« Olistar … Toi aussi, tu te poses des questions à ce sujet ? Je me disais … bien … »

« Oui … Ce n’est pas normal, loin de là même. Il faudrait voir si on peut essayer d’avoir plus d’informations. Le problème, c’est que nous ne sommes que des enfants … Je ne suis pas sûr qu’ils veulent nous en donner. Quand tu écris tes lettres à tes parents, ils te disent quoi ? »

« Euh … Là … Ils ne disent rien de spécial. Juste qu’il y a toujours des petits soucis avec Raor et Cassina mais que ce n’est pas si important que ça. Enfin … Sinon, tout va bien, les filles deviendront de bonnes mineuses. »

« Hum … Tant mieux alors … Et pour ta sœur aînée ? Qu’est-ce que ça donne ? »

« J’aimerai juste bien la revoir … Ca m’embête un peu. Je n’ai même pas pu voir mon neveu … Tu entends ? Je suis parrain quand même ! » dit Earnos en souriant de toutes ses dents.

« Tu as un très beau sourire, Earnos. » murmura Olistar avec tendresse, le garçon aux cheveux blonds s’arrêtant aussitôt. Une vive rougeur vint l’envahir tandis qu’il bredouillait :

« Euh ! Ca se dit pas à un autre garçon, ça ! »

« Oh ? Zut alors… Dire que j’étais pourtant sincère dans mes paroles, c’est quand même dommage. Pourquoi est-ce que tu ne souris pas plus souvent ? Je suis sûr que tu ferais tomber encore plus de filles dans tes bras. »

« Je ne suis pas habitué à sourire, c’est tout. » murmura Earnos, haussant les épaules tout en évitant de montrer une quelconque émotion sur son visage.

« Hum ? Je me demande ce que ça ferait comme effet sur la princesse ? »

« Mon but n’est pas de sourire à la princesse … juste de la protéger. Et pour l’heure … » chuchota Earnos, se frottant le bras droit avec insistance.

« … … Hum. Ca fait quand même trois mois bientôt, Earnos. » répondit Olistar tandis que Férast était toujours aussi transparent et muet, ne faisant que marcher à côté d’eux.

« Ca ne change rien du tout. En trois mois, on a eu plusieurs combats … Et à chaque fois … »

« A chaque fois ? Tu t’es défendu comme un beau diable ! Tu n’es peut-être pas doué pour attaquer mais tu n’es pas pourtant aussi faible que ça ! »

« Et tu penses que c’est juste en me prenant des coups qu’on défend quelqu’un ? »

« Pour toi qui est le chevalier personnel de la princesse Terria, je dirai qu’avec toi, tu n’hésiterais pas un instant à faire rempart de ton corps pour qu’elle soit indemne. Quand tu comprendras que tu as autant ta place qu’un autre, je pense que tu sauras réellement que tu es quelqu’un de très fort … peut-être pas de la façon dont tu le penses. »

« Je n’oublierai pas l’idée que j’ai eu … lorsque nous reviendrons. » marmonna Earnos.

« Hum ? De quelle idée tu parles ? Je n’aime pas le ton que tu emploies quand tu dis ça. »

Il ne fit qu’hausser les épaules sans répondre à Olistar. Ce qu’il pensait … Cela devait alors attendre lorsqu’il reviendrait au palais royal … Oui … Ca concernait la princesse et lui. Mais bon … Les autres n’avaient pas besoin de savoir. Et il sentait aussi qu’Olistar serait furieux contre lui s’il apprenait ce à quoi il pensait. Mais bon … Pour l’heure, ils n’étaient pas encore prêt de rentrer, n’est-ce pas ?

« QUOI ? QU’EST-CE QUE VOUS DITES ?! »

Il sortit de ses pensées, aussi surpris qu’Olistar et Férast par le cri. C’était l’un des chefs de l’armée … Du moins, l’un de ceux qui dirigeaient les troupes. Il se trouvait en face de trois Ninjask, dont un qui était salement touché au bras droit d’après le sang qu’il voyait.

« Qu’est-ce qui se passe ? » demanda l’un des capitaines de l’armée.

« On doit absolument rentrer et plus vite que ça ! Les Scorvols et les Scorplanes entourent le royaume et attaquent de partout. Ils ont profité de l’affaiblissement de l’armée pour s’installer ! Et maintenant, c’est à peine sir les Ninjask peuvent faire leur travail. Mais ce n’est pas le plus important. Le royaume est en danger ! »

Le royaume était en danger ? Mais avec tout le chemin parcouru et surtout les nombreux combats qu’ils allaient avoir sur le retour … Ils allaient mettre autant de mois pour revenir vers le royaume ! AH ! Il commença à trembler, serrant les poings avant de dire à Olistar :

« Il n’y a pas un moyen d’accélérer tout ça ? »

« Pas le moins du monde … Il va falloir que l’on se dépêche mais … Il y a peu de chances qu’on arrive avant au minimum deux mois … Du moins qu’on soit retourné là-bas avant deux mois. Comptes environ trois s’ils nous bloquent le chemin. »

ZUT, ZUT ET ZUT ! Ils s’étaient faits piégés !