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Chapitre 58 : Le Bien contre le Mal

Chapitre 58 : Le Bien contre le Mal

« Je m’occupe de cette fille qui change de couleur de cheveux ! »

« Tu n’en feras rien… C’est moi ton adversaire. »

Frizy se positionna devant Bal, un petit sourire dessiné sur ses lèvres. Lentement, elle passa une main dans la manche droite de son long kimono aux couleurs hivernales, sortant un masque entièrement blanc avec deux cristaux bleus logés sur son front. Le masque laissait la bouche non-cachée tandis que les deux yeux jaunes de Frizy se posaient sur Bal. Elle déposa le masque devant son visage, reprenant la parole :

« Je pense que passer de la dimension des morts à celle des vivants est ton petit jeu habituel, n’est-ce pas ? »

« Tsss ! Je ne t’ai pas oublié Frizy, tu étais la seule qui pouvait poser un problème. Je peux créer des failles dimensionnelles, aller dans les dimensions des autres mais je suis le seul… normalement à pouvoir passer du monde des morts à celui des vivants. »

« Sauf si une personne comme moi existe aussi… Tu préfères aller dans celle des morts ? Cela t’évitera de mourir ridiculisé. »

Elle en avait de la confiance alors qu’elle ne savait rien de ce qu’il était devenu depuis tout ce temps. Il fut un temps où il était resté simplement le seizième Atout mais maintenant… Depuis l’arrivée de Xano dans le monde de Gigana, tout avait changé !

« Hey ma donzelle, ne te fais pas de soucis. Je suis là pour t’épauler si il faut ! On visitera à deux ce monde si y a besoin ! »

Elle émit un petit sourire, Loxen posant sa main sur son épaule. Voilà déjà un combat qui allait être lancé, il fallait voir ce qui allait en être des autres personnes. Terranuelle ne semblait pas avoir apprécier ce que Paria avait fait à son fils et elle s’écria :

« Toi la gamine qui change de perruque, je vais t’écraser pour ce que… »

« Ronyl… Est-ce que je peux… combattre ? S’il te plaît. »

« D’après les dires de cette femme… qui se prétend être une déesse, nos adversaires sont bien plus forts qu’un humain normal ou un pokémon devenu humain. Je ne devrais pas croire en de telles paroles, les Dieux, tout ça… Ce n’est pas très scientifique mais depuis quand je laisse mes croyances prendre le dessus ? Je refuse de te laisser combattre… pas sans moi. »

Il retira ses deux gants, montrant ses mains avec ses sept doigts avant de les faire craquer. Contrairement à ce qu’on pensait, ses deux doigts en trop n’étaient pas simplement des morceaux de chair mais bien des appendices supplémentaires. Il les bougea avant de faire un grand sourire. Lentement, il faisait apparaître une sphère au bout de chaque doigt. Les sphères avaient toutes une couleur différente : Rouge, bleue, jaune, bleue ciel, noire, violette et verte. Terranuelle sembla surprise par le petit jeu de Ronyl tandis que Paria eût un petit rire, reprenant sa forme de base qui consistait à avoir sa chevelure brune. Malgré sa bosse, Ronyl semblait vivre bien mieux maintenant.

Et enfin pour les deux filles… Il ne restait plus qu’Iny et Rek. Celui-ci poussa un léger soupir, appuyant sur sa console avant de la tendre à Oria pour qu’elle la mette dans son sac rouge. La jeune femme déposa ensuite dans les mains de Miviari, lui demandant de prendre la plus extrême précaution au sujet de ce dernier, prétextant que Rek en colère était invivable si sa console avait quelques dégâts.

« Rek, tu t’occupes de celle avec les cheveux roses. »

« Ouais, ouais… Plus vite c’est terminé, plus vite je peux reprendre ma partie. »

« Et si nous inversions ? Pourquoi ne pas me laisser combattre le jeune homme ? »

Helena pointa du doigt Rek, passant une main dans sa frange violette. Elle observa le jeune homme à la mèche rouge pour attendre une réponse alors qu’Elena se tournait vers sa sœur, légèrement surprise par ce qu’elle venait de dire. C’était la première fois qu’elle proposait une telle chose. Rek haussa les épaules en reprenant :

« L’une ou l’autre, moi, je m’en fiche. »

« Bon et bien… Je vais m’occuper de l’autre demoiselle. Oria ? »

« Oui… Je vais rester ici mais je ne sais pas ce que vont faire ces deux femmes. »

« Miviari et moi-même, Heyrisi, nous allons rester là pour soigner ceux qui sont blessés de notre côté. Vous êtes avec Juperus, nous sommes donc avec vous. »

Voilà qui était fait. Les nombreux combats allaient avoir lieu : Frizy contre Bal, Paria contre Terranuelle, Rek contre Helena et Iny contre Elena. Oria, Heyrisi et Miviari s’éloignaient de plusieurs pas pour éviter d’être prises dans le feu de la bataille. En fait, le combat entre Frizy et Bal avait déjà commencé, Loxen restant en retrait.

La femme en kimono disparaissait pour réapparaître derrière Bal mais celui-ci n’avait aucun problème à esquiver ses coups, s’enfonçant dans ses failles alors que de nombreuses bandelettes rouges sortaient de son dos pour foncer vers Frizy. Celle-ci eut un petit sourire en les regardant, fermant les yeux alors que le sol se gelait autour d’elle. Les bandelettes se figèrent au-dessus du sol, s’écrasant en éclatant en morceaux.

Hum… Elle était plutôt résistante pour une simple pokémon sur-évoluée. Heureusement qu’il avait bien mieux que ça pour s’en sortir. Il ferma son poing droit, donnant un puissant coup dans le sol, celui-ci se fissurant pour laisser sortir plusieurs pieux de terre. Frizy passa d’un corps physique à un corps composé de gaz, rappelant par là les aspects fantomatiques dont elle était issue à la base.

« Ca, c’est ma cocotte ! Vas y Frizy ! Tu peux l’éclater le mioche ! »

« Loxen… Je pensais que tu voulais m’aider. »

« Tu en as pas vraiment besoin ! Regarde comme tu gères ce combat ! Il peut rien faire le pauvre ! Il ne sait même pas ce qui va lui tomber dessus. »

« Ou plutôt ce qui va tomber sur la tête de ta copine ! »

Bal s’était dirigé vers une faille qu’il venait de créer. Il se trouvait au-dessus de Frizy, ses bandelettes se liquéfiant pour prendre la forme de nombreux fouets constitués d’eau. La jeune femme au masque blanc parut surprise mais se demanda si il plaisantait ou non en faisant une telle chose. Elle posa une main sur le premier fouet d’eau qui venait s’approcher d’elle, le gelant instantanément. La suite logique fut que le reste des fouets subirent la même chose mais elle ne s’attendait pas à ce que les fouets gelés éclatent en morceaux et vinrent se planter en elle. Elle poussa un petit rictus de douleur, Loxen arrêtant de sourire.

« Tu vois ? Je me suis bien amélioré depuis ! Tu n’es qu’une simple pokémon. »

« Toujours aussi grande bouche. Tu es peut-être un être vieux de plusieurs millénaires, tu resteras toujours qu’un gamin. »

« Tiens donc… Ca ne t’a pas suffit ? Je vais peut-être devoir mettre les bouchées doubles alors héhéhé ! Tu vas comprendre à quel point la différence de niveau est visible entre nous. »

Rapidement, les cheveux bruns du jeune garçon se tortillèrent dans tous les sens, rappelant des serpents avant de venir s’allonger, entourant et ligotant Frizy avec ces derniers. La jeune femme cria sous le coup : C’est vrai qu’il n’avait jamais été capable d’une telle chose auparavant alors pourquoi maintenant ?! Loxen recouvrit son poing droit de glace, venant frapper Bal au niveau du visage, le jeune garçon étant légèrement repoussé par le coup sans pourtant subir de blessures apparentes. Cela suffit à Frizy pour se libérer de l’étreinte, la jeune femme venant se positionner à côté de Loxen.

« Merci… Je ne m’attendait pas à ceci de sa part. »

« De rien ma douce ! On va dire que le gamin a de la ressource ! Ca rend les choses plus intéressantes héhéhé ! »

« Tiens donc… Loxen. Tu as décidé d’abandonner l’idée d’utiliser les pokémons pour manipuler leurs âmes pendant tes symbioses ? Dommage, c’était là ta seule chance de pouvoir t’en tirer avec seulement quelques graves blessures. »

« T’inquiète pas, je ne manipulerais plus jamais un pokémon de toute mon existence ! La seule pour laquelle je vis, c’est celle qui se trouve à mes côtés ! »

« Tsssss ! Tomber amoureux de sa pokémon, c’est vraiment une pure idiotie imaginée par Juperus. Comme si il était possible d’une telle chose ! Je vais vous montrer à quel point toutes vos pensées sont inutiles ! »

Il allait leur montrer d’autres techniques dont ils n’allaient pas se relever ! Il se mit à ouvrir la bouche mais disparu subitement dans une faille qu’il venait de créer. Rapidement, de nombreuses flammes violettes se mirent à entourer Frizy et Loxen. La jeune femme tenta une première fois de les éteindre en les coffrant dans un cercueil de glace mais elle remarqua que c’était inutile. Ce n’était pas des flammes… ordinaires. C’était autre chose… Des flammes liées à la force colossale des dragons ?! Comment Bal était-il capable d’une telle chose ?! C’était impossible ! Il n’avait jamais pu faire ça auparavant !

« Fais attention, Paria ! Un simple constat me fait dire qu’elle frappe fort, très fort ! »

« Merci, Ronyl. Je l’ai remarquée en voyant le tremblement de terre qu’elle vient de créer. »

La jeune femme aux cheveux bruns rigola tendrement alors qu’elle atterrissait à côté de Ronyl. Terranuelle était puissante, beaucoup trop puissante mais il savait déjà à quel pokémon elle semblait lier. Une étude minutieuse des personnes autour de lui avait appris que chaque Atout était relié à un pokémon. Dans le cas de Terranuelle, c’était :

« Leviator… L’un des pokémons les plus dangereux et monstrueux qui existe. »

« De quoi Ronyl ? Qu’est-ce qu’il y avec ce pokémon ? »

« Tssss ! C’est un sacré malin à ce que je vois ! Tu n’as pas remarqué ma longue queue bleue et jaune ? Oui, je tire ma force des Leviators et c’est même pour ça que je suis bien trop puissante. Tu as peur maintenant ? »

« Nullement. Paria, prend donc ta forme électrique. »

« Comme tu le désires, Ronyl. »

La jeune femme aux cheveux bruns s’exécuta, sa chevelure passant à de nombreux pics de couleur blonde alors que sa tenue changeait. Elle avait maintenant un pantalon orange et un pull jaune qui moulait ses formes. Elle claqua des doigts, un arc électrique apparaissant juste devant elle alors qu’elle souriait :

« Ca te convient, Ronyl ? »

« C’est parfait. Tu sais ce qu’il te reste à faire. Je vais faire de même. »

A son tour, il faisait apparaître une sphère électrique dans ses mains alors que Terranuelle s’était mise à reculer. Saleté… Ce type était intelligent, très intelligent. Des humains comme ça, c’était très difficile à en trouver. Et dire qu’il avait plusieurs doigts et une bosse dans son dos. Qu’un homme comme ça existe… montrait bien que l’évolution des humains était présente ! BAH ! Si c’était comme ça ! Elle allait faire de son mieux pour les éliminer ! Elle avait une mission mais elle devait surveiller Bal, Elena et Helena.

« La perte de concentration en plein combat peut engendrer la perte de ce dernier. »

Quoi ?! Ronyl était déjà arrivé à sa hauteur alors que Paria se trouvait dans son dos ! Saleté ! Ils se débrouillaient très bien ! Beaucoup trop pour être un simple et une pokémon devenue humaine ! Qu’est-ce qu’ils avaient vécus pour être aussi doués ?! Elle poussa un cri de rage, frappant dans le sol avant de créer un geyser d’eau tout autour d’elle. Elle était ainsi protégée pour quelques secondes des coups électriques qu’elle allait recevoir. Maintenant, elle devait rapidement réfléchir à ce qu’elle allait faire après tout ça. Bon… Ils étaient deux contre elle et cet homme était diablement intelligent. La jeune femme à ses côtés était capable d’utiliser différents pouvoirs comme une… Evoli ? Oui ! Elle ressemblait à une Evoli mais normalement, elle ne devrait pas être capable de changer d’élément de la sorte. Ce combat allait s’avérer plus difficile que prévu.

« J’ai affaire à qui, dis dis ? »

« Je m’appelle Iny. »

« Et moi, c’est Elena ! Je suis Elena, la Troisième Atout ! Même si ce n’est pas voulu, je dois te tuer pour rejoindre le reste de ma famille ! »

« Aucun souci à cela. C’est ainsi que ça que se passe n’est-ce pas ? »

La femme aux longs cheveux bruns remit correctement ses lunettes avant de faire apparaître deux ailes brunes dans son dos, s’envolant devant Elena. Celle-ci eut un petit rire, tendant ses deux mains vers Iny alors que des racines sortaient d’elles pour ligoter ses deux jambes. Celles-ci se transformèrent en deux serres, déchiquetant les racines. Elena arrêta de sourire tout en disant d’une voix surprise :

« AH ! Mais tu es un ancien oiseau ?! »

« Je suis une Roucarnage si tu veux tout savoir. Et toi… D’après ce que je vois, tu es liée aux plantes. Cela s’annonce très mal parti pour toi. »

« C’est à voir… C’est à voir… J’ai des petites surprises moi aussi ! »

Elle se mit à rire alors qu’elle faisait apparaître une graine dans sa main droite. Avec frivolité, elle envoya la graine dans le ciel, juste au-dessus d’elle et d’Iny alors que le ciel se recouvrait… pour former une tempête ?! La pluie s’abattit sur les deux personnes tandis qu’Elena créait une sphère composée d’eau entre ses mains. Iny fronça les sourcils alors qu’Elena vint envoyer la sphère en sa direction. Cette vitesse… était surprenante ! Elle n’avait pas imaginé un seul instant que la jeune fille pouvait utiliser les forces de la nature contre elle ! Elle atterrit sur le sol, poussant un petit gémissement plaintif en observant son manteau orange légèrement déchiré par le coup qu’elle venait de recevoir.

« Et ce n’est pas tout hihihi ! Là, ce n’était qu’une simple tempête. Changeons pour un blizzard, d’accord ? Je vais te montrer ça ! »

« Comment ça ? Un blizzard ? »

Ca s’annonçait mal. Si elle était capable de créer un blizzard, la jeune fille allait avoir légèrement mal mais c’était surtout elle qui allait souffrir. Les gouttes de pluie se transformèrent en grêle, venant s’abattre sur Iny et Elena. La jeune fille se recouvrait le visage de l’une de ses mains, quelques entailles apparaissant sur elle. De son autre main, elle fit apparaître une sphère entièrement blanche de laquelle émanait un souffle glacial.

« Voilà mon petit cadeau ! Que le froid hivernal s’abatte sur toi ! »

Elle inséra la sphère dans le sol, une ligne faite de glace s’approchant dangereusement d’Iny pour venir l’entourer. Soudainement, une bouche faite de glace sortie du sol, venant se refermer sur la jeune femme aux cheveux bruns. Tout avait été si… rapide et violent. Et dire qu’Elena arrivait à maîtriser les éléments pour les utiliser à sa façon. Cette petite fille était loin d’être ordinaire, il fallait l’avouer.

« Je m’appelle Helena et je suis très heureuse de vous combattre… monsieur… ? »

« Rek. Ouais, ouais, moi aussi, je suis content… Si on peut se dépêcher de se mettre une raclée, ça me fera aller plus vite sur ma console. »

La jeune fille à la frange violette tapa dans ses mains, faisant apparaître une longue flûte dans ses mains. Pour une surprise, c’en était une. Il ne s’attendait pas à une telle arme de la part d’Helena. Celle-ci se mit à fermer les yeux, prenant la flûte dans ses mains pour la porter à sa bouche. Entièrement faite en herbe, la flûte faisait émaner une douce mélodie :

« Je vais simplement t’endormir. Tu ne te réveilleras pas. »

« C’est plutôt apaisant mais… Ce n’est pas une musique tirée d’un jeu vidéo ! »

Hum ? Elle s’était mise à jouer de la flûte, haussant un sourcil alors que le jeune homme bougeait son doigt pour suivre le rythme qu’elle imposait avec sa flûte. Pourquoi ne s’endormait-il pas ? Est-ce que sa musique ne marchait pas ? Pendant trois minutes, elle continua de jouer de la flûte avant que Rek ne soupire :

« Non, ce n’est même pas une musique tirée d’un OST. Sincèrement, ça ne fonctionnera pas contre moi. J’ai l’habitude de passer des journées entières sur un jeu vidéo alors pour m’endormir, je te conseille de m’assommer. »

« Les jeux vidéo… Toujours les jeux vidéo. Tu es exactement comme ma mère. »

Elle faisait un petit sourire, ce dernier contrastant avec son corps de jeune fille. C’est vrai qu’en y réfléchissant, elle avait plusieurs milliers d’années devant elle. Si il voulait qu’elle l’assomme, ce n’était pas impossible même si elle aurait préféré qu’il dorme tranquillement. Elle déposa sa flûte sur le sol, des racines apparaissant devant elle pour former un marteau d’une hauteur de deux mètres.

« Hey mais… Je ne suis pas une taupe ! »

« Nous allons jouer tous les deux, d’accord ? Si je t’écrase, tu as perdu et tu deviens mon petit ami, d’accord ? Qu’en penses-tu ? »

« Hein ? D’habitude, c’est le héros qui vient sauver la princesse et l’épouse. C’est pas la princesse qui fait du chantage au héros. Désolé mais je suis pas d’accord. »

« Le jeu commence maintenant. »

Le premier coup de marteau alla frapper à quelques centimètres devrant Rek. Celui-ci fit apparaître ses ailes dans son dos, s’envolant pour éviter que le marteau ne s’abatte sur lui. C’était quoi cette idée de vouloir le faire devenir son petit ami ?! Elle n’avait que onze ou douze ans ! Il en avait presque le double ! Vraiment, les Atouts étaient des cas à part ! La quadruple bataille venait de commencer et chacun dominait l’autre ou alors était à égalité avec ce dernier mais au final… Qui allait l’emporter ? Les envoyés de Juperus ? Ou alors les sbires de Giradès ? Aucun ne semblait s’être donner à son maximum pour l’instant et nul ne pouvait savoir la fin de la bataille à l’heure actuelle.

Chapitre 57 : De l’aide venue d’ailleurs

Chapitre 57 : De l’aide venue d’ailleurs

« J’ai mal aux pieds. Porte moi sur ton dos. »

Il soupira en écoutant les paroles de Tyrania, se mettant accroupi pour qu’elle puisse grimper sur son dos, passant ses deux mains autour de son cou. Vraiment, quelle gamine elle pouvait faire dans certains moments. Enfin bon… Cela faisait bien trois ou quatre jours qu’ils marchaient dans ce désert de beauté. Ils n’avaient trouvée aucune personne dans ce lieu et il se demandait intérieurement si il y avait vraiment quelqu’un.

« Pffff ! On n’y sera jamais arrivés ! On ne sait même pas où on va ! »

« Ce n’est pas en se plaignant que l’on avancera, Tyrania. »

« De toute façon, tu me transportes donc je peux me reposer. »

« Dès que tu auras repris des forces, je te déposerais. »

« Oui, oui, bien sûr ! C’est normal. »

Elle se mit à siffloter, posant sa tête sur le dos de Xano avec un petit sourire. Il était facilement tombé dans son piège. Puisqu’il ne comprenait pas comment gérer ses sentiments, autant profiter de la gentillesse du jeune homme pour lui faire comprendre qu’elle l’aimait plus que tout. Luna préféra ne rien dire tandis que les autres femmes semblaient ne pas s’intéresser à toute cette scène.

« Personne n’a d’indices sur l’endroit où aller ? Car à force, on doit commencer à tourner en rond n’est-ce pas ? Ou alors, je n’ai rien compris. »

« Je ne pense pas que Giradès nous donnera la possibilité d’arriver dans son antre comme ça. Par contre, elle semblait différente de Malar. »

« Je ne sais pas ce qu’elle veut… enfin si… Elle me veut mais dans quel sens ? »

Il préférait ne pas imaginer que ça serait le sens physique car là… Elle risquerait de ne pas apprécier son refus dans l’histoire. C’était dommage mais il ne se voyait pas coucher avec sa pire ennemie, celle qui était responsable de tous ses malheurs. Non, non et non ! Il ne fallait quand même pas fabuler hein ?!

Finalement, après une nouvelle heure passée où Tyrania s’était endormie sur son dos, ils arrivaient dans une vaste plaine remplie d’herbe blanche. Deux minutes passèrent et une ombre gigantesque vint obscurcir la vue du groupe. Xano leva les yeux en l’air, ouvrant la bouche alors qu’aucun cri ne sortait de celle-ci. Les femmes autour de lui firent pareil alors qu’ils voyaient… un gigantesque château volant ?! La voix de Giradès se fit entendre :

« Finalement… Tu es arrivé jusque là. Voilà mon domaine mais pour y arriver, il te faudra réussir à passer outre mes quatre Cavaliers. Mais avant tout ça… J’ai une dernière épreuve à te faire passer. Dévoreur, présente toi donc face à eux. »

« Dévoreur ? Qui est-ce ? »

« Devine donc un peu héhéhé… »

Ce rire… et cette voix juvénile… Il fit subitement un saut en arrière, créant une onde de choc pour repousser toutes les femmes autour de lui alors qu’une vague d’acide venait s’abattre à l’endroit où ils se trouvaient. Lentement, le décor se mit à fumer à cause de l’acide alors que se présentait devant lui le jeune garçon aux yeux rubis et aux cheveux bruns.

« Heureux de me retrouver ? »

« C’était quoi ce petit rire, Bal ? Tu te comportes toujours comme ça devant des étrangers ? »

« Hein ?! Mais non ! Simplement, ce ne sont pas des étrangers ! »

La voix avait radicalement changée pour laisser place à une voix un peu gênée. Il était accompagné ? De trois femmes ? L’une d’entre elles devait bien avoir vingt voir vingt-cinq ans tandis que les deux autres avaient l’âge de Bal. Ces deux filles… Est-ce qu’elles étaient qui il pensait ? Il prit la parole, légèrement surpris de voir que Tyrania n’était pas encore réveillée par tout ça :

« Qui est-ce ? Depuis quand tu as de la compagnie, Bal ? »

« Ne parle pas comme ça à mon fils comme si tu le connaissais depuis longtemps ! »

Bal se donna une petite claque sur le front alors que Terranuelle venait de hausser la voix. La femme aux cheveux bleus se positionna devant le jeune garçon, sa longue et grosse queue bleue venant fouetter le sol avec rage alors qu’elle reprenait :

« Je suis Terranuelle, la mère de Bal et je vois que c’est donc toi qui a causé tant de soucis à mon cadet ! Je vais te montrer toute la rage que j’ai en moi ! »

« Helena… et voilà ma sœur Elena. Je suis la quatrième Atout et ma sœur est la troisième Atout. Quand à notre mère, elle est la huitième Atout. »

« Cela veut dire que… »

Il arrêta de parler, réfléchissant très rapidement aux chiffres des Atouts liés par rapport aux personnes qu’il connaissait. Pendant une bonne minute, il tenta de remettre de l’ordre dans ses idées mais à son grand désarroi, tout était chamboulé et il poussa un soupir. Il savait pertinemment que Bal n’était pas le dixième Atout mais alors…

« Bal est le seizième Atout. Un Atout Supérieur si tu préfères. »

« Ah ! Merci beaucoup Nelya. »

Heureusement qu’elle était là pour réfléchir à sa place car bon… Il n’avait pas vraiment le temps de se poser la question. Et Tyrania qui continuait de dormir paisiblement sur son dos, bien tranquille et pépère comme si rien ne pouvait venir la déranger. Le plus inquiétant restait Bal… C’était le dernier Atout Supérieur en vie… avec Miviari ! Il ne l’avait pas oubliée cette fois-ci mais est-ce que la jeune femme savait se battre ?

« Et alors ? Ca vous dérange ? Aujourd’hui, on va mettre un terme à tout ça ! Je vais vous montrer ce qu’il en coûte de vous en prendre au Dévoreur ! »

« Hmmm ? Keskisepase ? Xano ? On est arrivés ? »

« Enfin réveillée, Tyrania ? On a des petits soucis. »

Des petits soucis ? Comment ça ? Elle ouvrit lentement son œil gauche violet, remarquant la trace d’acide au sol puis les quatre personnes en face de Xano et enfin le gigantesque château au-dessus de sa tête. Elle bâilla longuement, refermant son œil avant de murmurer :

« Réveille moi si c’est vraiment important, Xano. »

« MAIS CA L’EST ! Te rendors pas ! »

« Les animaux ne comprennent pas le sens du danger. »

Animaux ? Héhéhé… Il y avait vraiment des fous pour l’appeler encore ainsi. Elle rouvrit son œil, retirant une main autour du cou de Xano avant de faire apparaître une boule de feu. Elle l’envoya sans ménagement en direction de Bal avec un grand sourire. Elle descendit du jeune homme aux longs cheveux blancs, s’étirant alors que la boule de feu disparaissait à cause d’un jet d’eau envoyé pour la contrer.

« Mais je ne savais pas qu’il existait des lilliputiens parmi les Atouts. »

« Te moque pas de la taille de mon fils ! »

« T’as un problème, la vieille ? »

Vieille ? Non mais pour qui elle se prenait cette garce ! Elle allait l’exploser avant même qu’elle n’ait le temps de réagir mais les deux filles retinrent Terranuelle alors que Bal éclata de rire en regardant ses huit ennemis.

« Toujours la bouche grande ouverte hein ? Pourtant, tu faisais moins la fière quand Gigana et Xano se combattaient. C’est triste non ? »

« Ohhhh ! Mais je crois que je vais devoir t’éclater pour que tu comprennes la leçon ! »

« Si tu en es seulement capable. »

Les six autres femmes du groupe de Xano restaient muettes, observant la petite discussion entre le jeune garçon et Tyrania. Celle-ci était passée maîtresse dans l’art de provoquer ses ennemis et aussi de ne pas s’énerver lorsqu’elle recevait quelques pics. Quand à Xano, il continuait d’observer le ciel et le château qui s’y trouvait. Il n’avait pas de temps à perdre cette fois-ci ! Il devait partir et retrouver Giradès pour terminer cette histoire !

« Ca ne sert à rien, Joker Blanc. Je t’en empêcherais ! »

« Nous t’en empêcherons tous ! »

Oui… Il y avait le problème des quatre derniers Atouts devant lui… Le pire était le fait qu’ils soient tous des ennemis d’après ce qu’il remarquait. Le plus étrange était aussi que Bal soit avec eux, d’après ce qu’il avait cru entendre, il était le fils de Terranuelle ? Et ses deux filles étaient donc ses sœurs ? Jamais, il ne l’aurait vu de la sorte. Bal remarqua le regard incrédule de Xano, prenant la parole :

« Qu’est-ce qu’il y a ? Tu ne crois pas que ces personnes sont de ma famille ? Tu as tout à fait raison. Ces femmes ne sont pas de ma famille ! Elles ne l’ont jamais été ! »

« Sympathique tout ça… Et elles en pensent quoi ? »

« Vous inquiétez pas, il plaisante… CONTRAIREMENT A MOI ! »

Terranuelle venait de sauter dans les airs, tournoyant sur elle-même avant de projeter plusieurs vagues d’eau en direction de Xano et de Tyrania. Le jeune homme aux cheveux blancs prit la main de l’ancienne Feunard, sautant en arrière tout en la tirant vers lui. Les vagues furent inefficaces tandis qu’il poussait un soupir :

« Ce n’est pas bon l’excès de zèle. »

« C’est toujours meilleur que de rester complètement stoïque ! Tu n’arriveras jamais à mettre un seul pied dans le château de Giradès ! »

« Désolé mais il a des choses plus importantes à faire. »

« Iny ! »

Luna venait de crier ce nom par rapport à la voix qui venait de prendre la parole. Elle pointa quelque chose derrière Xano, celui-ci se retournant pour être stupéfait par ce spectacle. Comment c’était possible ? Qu’est-ce qu’ils faisaient là et pourquoi ?

« Bordelllll ! Plus le temps passe, plus il a de femmes autour de lui ! »

« Loxen… Calme toi. Tu es en public. »

Loxen et Frizy ? Les deux personnes se tenaient devant lui… Le corps de la jeune femme aux cheveux blancs était en parfait état mais celui de Loxen l’était tout autant. Il avait un grand sourire aux lèvres alors qu’il observait le château dans le ciel. L’homme à la coupe afro blonde passa un bras autour de Frizy alors que trois autres personnes apparaissaient derrière eux. Luna poussa un nouveau cri de joie avant de courir vers une femme aux longs cheveux bruns, un homme à la mèche bleue l’accompagnant ainsi qu’une femme aux cheveux rouges. Oria, Iny et Rek ? Celui-ci jouait à sa console portable, les yeux rubis de Terranuelle se posant instinctivement sur cette dernière.

« Ca fait longtemps, Xano ! Comme tu peux le voir… »

« Ils sont redevenus des humains ? Mais c’est une bonne nouvelle. Et pourquoi… »

« Arrête donc de poser des questions. Nous ne sommes pas là pour toi. »

Et cette dernière voix ? C’était une voix masculine mais il s’en rappelait parfaitement. Ca avait été un adversaire redoutable… Peut-être le pire de tous les Taisos. Oria haussa les épaules alors que se présentait derrière elle… un homme aux cheveux noirs ? Des lunettes devant ses yeux jaunes, il portait deux gants aux mains alors qu’une femme aux cheveux bruns l’accompagnait. Contrairement aux autres personnes, il ne semblait pas fou de joie d’être en ce lieu. La femme à ses côtés prit la parole en le réprimandant :

« Ce n’est pas vrai, Ronyl ! Nous sommes… »

« Là car elle nous l’a demandé et car il y a une chance que je puisse vivre plus longtemps et que tous nos problèmes soient réglés. Ce n’est donc pas pour lui que je suis là. »

« Heureux de te revoir Paria et… Ronyl. »

Ronyl détourna le regard alors que le quatuor des Atouts s’était mis à reculer devant le nombre bien plus impressionnant de personnes qui se trouvaient présentes. Ils étaient maintenant une quinzaine contre eux ? Elena et Helena reculèrent un peu mais Bal ne bougeait pas d’un poil, son sourire s’accentuant sur ses lèvres :

« Je vois que c’est bien plus intéressant si il y a plus de monde ! Peut-être qu’au final, je pourrais TOUT récupérer en ce lieu ! Super… Vraiment super ! »

« Cet enfant te pose problème, Xano ? Tu t’es bien affaibli depuis. »

« Ronyl… Si tu savais tout ce que cet enfant est capable de faire… Enfin bon, ce n’est pas le sujet de la conversation ! Pourquoi vous êtes là ?! »

« Ca ne se voit pas, Xano ? Nous sommes venus t’aider ! »

« Mais Oria… Comment… vous avez fait pour venir… »

« Je les ai aidés. »

Il s’immobilisa subitement, le sourire de Bal dessinant un rictus avant de disparaître complètement sur les lèvres du jeune garçon. Il n’était pas prêt… Loin de là… Il n’était pas du tout prêt à l’affronter maintenant ! Mais pourquoi était-elle là ?! Une femme de trois mètres de hauteur à la longue robe blanche se présentait au-dessus de toutes les personnes en ce lieu. Et ses cheveux argentés… Juperus… se tenait devant lui. Celle qui gérait le monde d’où venait Xano et la majorité de ses compagnons. Bal s’écria :

« Qu’est-ce qu’elle fait là ?! »

« Dès l’instant où les trois clefs ont briser la protection entourant le domaine de Giradès, j’ai décidée de faire une telle chose. Il est temps de mettre un terme à la folie de ma sœur jumelle. Je vais terminer toute cette histoire avec elle. »

« Et elle ne sera pas seule. Je serais là aussi. »

« MAMANNNNNNNNNNNNN ! »

AIE ! Xano se boucha les oreilles comme la majorité des personnes alors que Luna criait de toutes ses forces. Elle quitta Iny pour s’enfoncer dans les bras d’une femme aux cheveux rouges lui allant jusqu’au dos. Celle-ci avait un cristal sur son front ressemblant à un rubis tandis qu’elle portait une longue robe avec des lignes noires et rouges. Etait-ce… Teli ? La mère de Luna ? C’est vrai qu’il ne l’avait jamais revu depuis. Elle avait bien changé.

« Tu vas bien ma fille ? Tu es devenue drôlement jolie depuis tout ce temps. »

« Je tiens ça de ma mère, hihi ! Tu es là pour nous aider aussi ? »

« Et oui mais toi… Tu ne vas pas rester ici. »

« Comment ça ? Qu’est-ce que tu veux dire ? »

Soudainement, une sphère blanche entoura Luna, celle-ci regardant sa mère avec stupéfaction. Ses yeux se posèrent autour d’elle et elle remarqua que Xano, Tyrania, Nelya, Shala et Juperus avaient la même chose. Celle-ci prit la parole en murmurant :

« Je vais les emmener avec moi. Nous allons retrouver Giradès. Je te laisse t’occuper des derniers Atouts avec ces personnes. »

« Aucun souci. Ca sera vite terminé et dès que ça sera fait, nous irons vous rejoindre. »

Oui… C’était exactement ça qu’ils devaient faire. Scinder le groupe en deux pour laisser Xano et les autres s’en prendre à Giradès. Les six sphères s’envolèrent en direction du château qui lévitait dans les nuages alors que Bal faisait apparaître une faille pour s’y enfoncer. Il ressortit subitement au beau milieu des sphères :

« Comme si j’allais vous laisser rentrer dans le château ! »

Une centaine de bandelettes apparaissait tout autour de lui mais tout s’immobilisa alors que les sphères passaient à côté de lui. Il tenta de bouger mais il ne comprenait pas ce qui se passait ! Baissant son regard, il remarqua que Paria venait de changer physiquement pour laisser place à une chevelure violette… et ses yeux étaient devenus roses ?! Il se retrouva subitement allongé sur le sol par une puissante force psychique alors que Terranuelle et les deux filles s’approchaient de lui pour voir son état. Saleté ! Ils allaient le payer ! Dans le château de Giradès, l’homme aux cheveux blonds et aux yeux rouges observa la situation en poussant un léger soupir. Il se mit à bâiller alors qu’une voix féminine sortit de lui sans qu’il n’ouvre pour autant la bouche correctement :

« Ma sœur est ainsi venue… Elle a donc certainement fait ce que je pense. »

« C’est une bonne chose non ? »

« Une très bonne chose. Elle est l’une des dernières choses à le retenir. »

Malar se mit subitement à rire alors que deux personnes étaient devant lui, un genou au sol. Il restait les deux plus fidèles Cavaliers de Giradès avec lui. Il n’avait rien à craindre, rien du tout même ! L’apothéose du plan de Giradès allait prendre forme.

Chapitre 56 : Le Dévoreur

Chapitre 56 : Le Dévoreur

« HIIIIIIIIIII ! Ne nous tue pas ! Nous n’avons rien fait de mal ! »

« Je m’en fous ! Vous êtes toutes seules et bien trop faibles ! Ca va être un régal ! »

« Toi… Je peux savoir ce que tu fais ?! »

« Quoi ?! ENCORE ! »

Il se redressa dans son lit, haletant tout en remarquant la sueur qui s’écoulait de son front. Ses cheveux bruns étaient trempés et il n’appréciait pas ça. Il ne s’était jamais dans cet état auparavant. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Que c’était sa dernière chance ? Il ne lui restait plus grand-chose de toute façon ! Il n’avait plus le choix ! Giradès semblait avoir comprise son petit manège.

« J’y arriverais… coûte que coûte héhéhé. »

Il se donna une légère contenance, sautant du lit pour se diriger vers la salle de bain. Il avait mauvaise mine… Une très mauvaise mine… Ses yeux rouges étaient… C’était quoi ça ?! Il passa une main sur les gouttes qui s’écoulaient de ses yeux.

« Des larmes ? Tssss ! Je ne suis pas comme elles ! »

Non ! Il ne l’était pas ! Il n’aimait pas cet endroit ! Il détestait même l’idée d’habiter ici ! Il retourna dans sa chambre, observant un cadre avec une photo à l’intérieur. Il serra les dents de rage, soulevant le cadre avant de le jeter en direction de la fenêtre. Il poussa un petit cri quasiment inaudible avant de faire apparaître une faille juste devant la fenêtre. Le cadre s’enfonça dans la faille avant de réapparaître quelques secondes après sur la table de chevet.

« Pfiou… J’ai eu de la chance. Encore un peu et la fenêtre explosait. Je devrais peut-être aller me recoucher… ou alors partir. »

Oui, c’était la meilleure solution. Il devait peut-être laisser un mot comme quoi, il n’avait jamais réussi à les apprécier, chose totalement véridique. Oui, c’était la meilleure solution ! Il quitta la chambre, se dirigeant vers la cuisine en observant le décor autour de lui. Les murs étaient bleus, quelques tableaux étaient exposés et il eut un léger tic en les regardant. Ces tableaux… étaient les siens.

« Bon… Où se trouve le papier et de quoi écrire ? »

« Tu es déjà réveillé ? Il n’est que cinq heures… »

Il sursauta sur le coup, regardant la jeune fille qui se frottait les yeux comme si elle avait du mal à les garder ouverts. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Elle s’approcha de lui, passant à côté comme si il n’existait pas avant d’aller se servir un verre d’eau. C’était Elena. Elle semblait presque somnambule et elle repassa à côté de lui. Elle ne le voyait pas ? Hahaha ! Elle était tellement endormie qu’elle ne le remarquait pas.

« Bonne nuit, Bal. Tu devrais te recoucher. »

Il arrêta de sourire alors qu’elle se dirigeait vers sa chambre dans laquelle elle dormait avec sa sœur jumelle. Aie… Elle savait donc très bien que c’était lui ! Bon ! Il devait se dépêcher avant qu’il ne soit trop tard ! Un morceau de papier, un stylo et zou, il écrivit une explication vaseuse et complètement incohérente comme quoi, il ne devait pas rester ici. Il déposa le papier sur la table, se dirigeant vers la porte d’entrée avant de l’ouvrir. Il la referma avec délicatesse, s’éloignant de la petite maisonnette. Il n’y avait personne à part eux à plus d’un kilomètre, c’était un petit coin paisible et tranquille. Ils mangeaient principalement des fruits et des légumes mais il ne demandait jamais de viande de toute façon. Bahhhh ! Ca n’allait pas lui manquer tout ça ! Un brouillard noir se positionna devant lui alors qu’il marchait depuis cinq à dix minutes. Une partie du brouillard laissa place à deux yeux rouges, une voix féminine sortant de la masse de fumée noire :

« Je peux savoir ce que tu fais ? »

« Je vais m’occuper moi-même de Xano et des autres. Je n’ai pas besoin de ces trois personnes. Je peux facilement les terrasser sans elles. »

« En es tu sûr ? Je croyais pourtant t’avoir donner des consignes précises. »

« Mais je… Je suis capable de les tuer ! Il n’y a pas vraiment besoin ! »

« Qu’importe. Je t’ai demandé de les prendre avec toi ou alors… Tu penses qu’elles sont trop faibles et donc je pourrais aller les tuer sans ménagement. »

« NON ! »

Il s’écria de toutes ses forces, se mettant à trembler avant de poser un genou au sol, la tête baissée. Ses longs cheveux bruns cachaient son visage alors que la voix féminine reprenait :

« Ceci est un ordre. Est-ce que tu essayerais de me désobéir, Bal ? Je ne m’oblige pas être à pareille que Malar mais si cela s’avère nécessaire, je pourrais être très cruelle. »

« Vous… Vous n’avez vraiment pas à vous en faire, je vous promets… que je peux les tuer sans avoir besoin d’elles. »

« Et elles… Sont-elles d’accord ? Je vous ai donner la possibilité de vivre dans le domaine céleste et de retourner dans ce monde crée par ma sœur quand vous le désirez. Je crois avoir été assez gentille depuis le départ. Il est temps de me rembourser. Terranuelle, Elena, Helena, faites donc votre apparition. »

Quoi ?! Non ! Elle n’avait pas hésité à les réveiller et à les faire apparaître devant lui ! Tout son plan était tombé à l’eau ! Les trois femmes étaient présentes, un petit sourire dessinée sur leurs lèvres. Les deux jeunes filles s’approchèrent de Bal, Elena lui murmurant qu’elle s’était relevée après avoir entendue la porte se refermer. Dès qu’elle avait vu le message, elle avait tout de suite prévenue sa sœur et Terranuelle. En parlant de celle-ci, elle s’écria :

« Alors comme ça, on se réveille pendant la nuit et on décide de partir ! BAL ! Je croyais pourtant t’avoir dit de ne jamais faire une telle chose ! Pardonnez le, maîtresse Giradès, il n’écoute rien à chaque fois ! »

« Je lui pardonne… si vous en terminez avec le Joker Blanc et ses derniers alliés. »

« Ca sera fait comme vous le désirez ! Vous n’avez pas à vous en faire ! Quand à toi… »

La femme aux longs cheveux bleus et aux yeux rouges s’était tournée vers Bal, levant son poing droit en sa direction. Vu la façon dont elle le serrait, cela allait faire très mal. Il se prit un petit coup sur le sommet du crâne alors qu’elle murmura :

« C’est la dernière fois que tu me fais un coup pareil ! Dorénavant, tu dormiras avec moi dans ma chambre. Est-ce que j’ai été claire, Bal ?! »

« Oui Ma… Terranuelle. »

« Je vois que toute cette affaire est réglée. Je vais donc vous laisser mais auparavant… Bal… Tu as toujours les deux âmes ? »

Les âmes ? Il se mit à trembler, Elena et Helena ne comprenant pas la raison d’une telle réaction alors que les deux filles venaient le serrer dans ses bras. Les yeux rouges accompagnant le brouillard noir reprirent :

« Je parle des âmes de Riza et de Drimali. »

« AH ! Oui… Oui… Je les possède. Pourquoi ? »

« Dès que tu retrouveras le Joker Blanc, tu les lui donneras. »

« Hein ? Mais… »

« Ces deux âmes te sont inutiles. Rappelles toi qui tu es… Je sais très bien ce que tu es… Ne l’oublie pas, d’accord ? »

« D’ac… D’accord. Je ferais comme vous le désirez, maîtresse Giradès. »

« Avant de partir, Terranuelle, Elena, Helena, je vais vous confier une partie de mon pouvoir. Cela vous aidera à tenir le coup face au Joker Blanc. »

« Merci beaucoup, maîtresse Giradès. »

Les trois femmes s’inclinèrent devant le brouillard, les deux yeux rouges disparaissant peu à peu tandis que le brouillard se dissipait à son tour. Voilà une bonne chose de faite. Soudainement, les trois femmes furent entourées d’une aura noire pendant plusieurs secondes avant que celle-ci ne disparaisse. Terranuelle s’écria :

« AHHHHH ! Je me sens en pleine forme ! Et il n’est que cinq heures et demie ! »

« C’est vraiment… une puissance surprenante. Ca n’a rien à voir avec ce que nous avions auparavant. Là… Nous avons l’intelligence et la force. »

« C’est vrai que c’est complètement différent ! On va les éclater ! »

Visiblement, elles le prenaient très bien… Dommage qu’elles soient aussi stupides, elles ne comprenaient pas du tout les enjeux d’une telle chose. Giradès venait de confier une partie de sa force aux trois dernières Atouts, cela ne présageait donc rien de bon. Pourquoi maintenant ?! Elles étaient restées tranquilles pendant des siècles !

« Vous ne savez même pas dans quoi vous vous enfoncez ! Vous n’êtes pas faites pour vous battre ! C’est mon rôle ça ! »

« Bal, tu vas encore me sortir l’histoire du Dévoreur, c’est ça ? »

« JE SUIS LE DEVOREUR TERRANUELLE ! Est-ce que c’est clair ?! »

La femme aux longs cheveux bleus tiqua légèrement aux cris de Bal. Celui-ci avait serré les dents en la regardant de ses yeux rubis alors qu’elle s’avançait vers lui. Elle lui donna une violente gifle sur la joue avant de crier aussi fort que lui :

« NE ME PARLES PAS COMME CA ! C’est clair ?! Tu n’as pas oublié qui tu es ?! »

« Je viens de te le dire ! »

« NON ! Je ne parle pas de ton statut de Dévoreur des Âmes ! Qu’est-ce que tu es d’autre mais pour nous ?! »

« Je suis… Je suis… Vous n’êtes rien pour moi ! »

Elena et Helena baissèrent leurs visages, semblants déçues par les paroles de Bal alors qu’il passait une main sur sa joue. Terranuelle n’avait pas été de main morte sur la claque qu’elle lui avait donné ! Tsss ! Il poussa un petit gémissement, s’apprêtant à s’éloigner alors que la main de Terranuelle se pose sur son épaule :

« Je peux savoir où tu vas ? »

« Je compte m’occuper de Xano tout seul ! Vous êtes inutiles ! »

« Toi, tu ne bouges plus sans nous ! Je suis quand même ta mère que je sache ! »

« Tu n’es pas ma mère et elles ne sont pas mes sœurs ! Arrêtez de croire tout ça ! Vous n’avez jamais été importantes ! »

« RETIRE CES PAROLES TOUT DE SUITE ! »

« JAMAIS ! Toujours ensembles… Les Atouts ont toujours été ensembles ! Ca se passe TOUJOURS comme ça ! Je n’ai jamais réussi ! »

« Car PERSONNE ne peut vivre seul dans son coin ! »

« JE LE PEUX ET JE LE MONTRERAIS ! »

« ARRÊTE UN PEU DE FAIRE L’IDIOT ! »

Elena et Helena ne dirent rien, laissant le jeune garçon et la femme se disputer entre eux. Visiblement, cela semblait une chose des plus habituelles pour elles et les deux personnes en allèrent rapidement aux mains. Bal sautait sur Terranuelle, celle-ci ayant transformée sa robe bleue en une queue pour avoir les jambes libres. Elle souleva Bal, le jetant au-dessus d’elle alors que celui-ci atterrissait sur le sol derrière elle.

« Nous devrions les arrêter ? »

« Seulement quand ils commenceront à utiliser leurs pouvoirs ! Vas y Maman ! Mord lui le noeil ! Vas y Petit Frère, fauche lui les pieds ! »

Elles étaient un peu comme le jour et la nuit. L’une était souvent excitée et très joyeuse tandis que l’autre était calme et discrète. Les deux filles continuèrent d’observer le combat qui se déroulait entre Terranuelle et Bal. Celui-ci n’avait pas utilisé ses bandelettes tandis que Terranuelle ne semblait pas avoir recours à sa queue.

« Espèce de fausse femme ! »

« Gamin pourri gâté ! »

« Garçon manqué ! Tu te crois intelligente ?! »

« Ersatz d’homme ! Tu te crois puissant ?! »

« JE SUIS PUISSANT ! »

« ET JE SUIS INTELLIGENTE ! »

Visiblement, cela ne semblait pas être sur le point de s’arrêter et pourtant… Au bout de dix minutes, ils étaient tous les deux allongés sur le sol, chacun prenant une respiration assez rapide, se parlant dans un souffle :

« C’est bon ? Tu es calmé maintenant ? »

« Tu n’es pas une femme… Tu es un monstre ! »

« Et encore, je n’ai pas utilisé la force que Giradès m’a confiée ! »

« Vous pouvez venir… mais je vous aurais prévenues. »

« On n’aura aucun problème contre eux, par contre… Excuse toi envers Elena et Helena. »

« Ce n’est rien, je lui ai déjà pardonnée. »

« Pareil pour moi ! Je vais vous soigner tous les deux ! »

La jeune fille aux cheveux roses demanda de l’aide à celle aux cheveux violets, les deux enfants s’occupant de disperser une petite poudre sur Bal et Terranuelle, les quelques égratignures sur leurs deux corps disparaissant peu à peu. Quelques secondes après, les deux personnes se relevèrent, Bal ayant l’air des mauvais jours dessiné sur le front.

« Je vous ai prévenues… Vous ne m’en voudrez pas après ça ! »

« Comme je te l’ai dit, c’est notre problème ! On est une famille non ?! »

« Si tu le dis, si tu le dis. J’ai jamais prétendu que c’était le cas avec vous ! »

« Tu es un vilain menteur Bal ! »

Il poussa un profond soupir à la phrase prononcée par Elena. Ils devaient maintenant se mettre en route et trouver le groupe du Joker Blanc.Ca n’allait pas être trop difficile. Le domaine de Giradès n’équivalait pas à un monde donc c’était bien moins difficile à voyager. Il fit apparaître une faille devant lui tout en disant :

« Plongez dedans. Je vais nous transporter comme ça. »

« A chaque fois, ça m’étonne ces petits tours de passe-passe ! »

« Ce n’est pas un tour de passe-passe ! C’est une faille dimensionnelle ! Ca ressemble à de la téléportation mais ce n’est pas totalement vrai ! »

« Je blaguais mon fils ! Je sais très bien que ce n’est pas de la magie ! »

« Pffff ! Ce n’était pas drôle ! Plongez dedans ! »

Terranuelle passa la première à l’intérieur de la faille, suivie d’Elena et Helena. Il regarda la faille, se disant qu’il était encore temps de la refermer et de les emmener autre part. Néanmoins, Giradès ne serait pas contente et il était sûr qu’elle serait capable de les tuer. Il valait mieux ne pas prendre le risque. Si il y a une personne qui devait les tuer…

« Il n’y aura pas besoin de ça. Je vais m’occuper définitivement du Joker Blanc mais avant… Je dois tuer ses Reines ! »

Oui… Il devait les tuer d’abord avant de s’en prendre à Xano. Ensuite, dès qu’il en aurait terminé avec elles, il tuerait Xano… ensuite… Ensuite… Oui… Il allait faire ça ! Il s’enfonça dans la faille, celle-ci se refermant complètement derrière lui.

« Pauvre enfant complètement stupide… Suivez le. »

Le brouillard noir avec deux yeux rouges se forma à quelques mètres de l’endroit où s’était trouvé Bal, celui-ci n’ayant pas remarqué la présence de ce dernier. Deux personnes apparurent du brouillard.

« Nous allons le surveiller. »

« Et si on voit la preuve par nos yeux. »

« Vous pourrez en faire ce que vous voulez. »

Chapitre 55 : Réveil difficile

Chapitre 55 : Réveil difficile

« Pfff… Toute cette histoire est trop compliquée. C’était bien beau de faire semblant d’être heureuse hier… quand il a dit ça mais maintenant… »

« Et il paraîtrait que ce sont nous les femmes qui sommes complexes. »

« Comparé à Xano, tout a l’air très simple. »

« Il est où ? »

« Il dort… Et Tyrania dort elle aussi. »

« J’aimerais bien réussir à lire dans les rêves de Tyrania des fois. »

Les trois femmes poussèrent chacune à son tour un soupir alors que Galpha, Miviari et Heyrisi discutaient entre elles. Xano et Tyrania avaient décidé de faire de la grasse matinée, du moins c’est ce qu’elles pensaient. Le jeune homme était couché dans la tente, regardant la toile de cette dernière en poussant un léger soupir.

« Je devrais me lever… »

Il murmurait ça mais il n’avait pas envie de bouger. Tyrania avait logé sa tête contre son torse, dormant paisiblement contre Xano. C’était ainsi que ça se passait des fois… Elle comprenait ses soucis, elle lui criait dessus dès qu’elle le pouvait et après… Elle était aussi belle et douce qu’un ange. Il passa une main dans ses cheveux dorés, reprenant :

« Bon… Je vais me relever… »

Il se parlait à lui-même pour se donner une légère conviction et surtout éviter de réveiller Tyrania en bougeant. Il tenta par un petit geste de se libérer mais elle l’agrippa dans son sommeil, l’immobilisant complètement. Vraiment… Et maintenant… Il faisait quoi ? Il attendait qu’elle se réveille ? Ca pouvait prendre des heures ! Heureusement qu’elle ne bavait pas ou ne gémissait pas dans son rêve.

« Mais qu’est-ce que je vais faire de toi ? »

C’est vrai… Elle était irrécupérable au final. Elle lui avait demandé plusieurs fois de l’aimer mais il avait toujours trouvé une excuse. Peut-être qu’après tout, il n’était vraiment pas capable d’aimer une personne à sa juste valeur. Il tenta de bouger à nouveau mais elle serrait avec insistance, un sourire aux lèvres, les yeux fermés.

« Tyrania… Je sais que tu ne dors pas. Est-ce que tu peux me lâcher ? »

Aucune réponse. Peut-être qu’elle dormait réellement ? Il pouvait toujours essayer de lui tirer sur la joue mais ça serait stupide de sa part si elle dormait. Et puis, il ne voulait pas la voir de mauvaise humeur, c’était principalement pour ça qu’il hésitait. Mais à part ça… Hum… POURQUOI ?! Pourquoi n’arrivait-il pas à… Et puis zut ! C’était bon ! Il en avait marre ! Il se redressa subitement, la tête de Tyrania percutant le sol. Elle poussa un petit gémissement plaintif, ne comprenant pas ce qui se passait. Lentement, son œil violet s’ouvrit :

« Qu’est-ce qui se… passe ? »

« Hein ? Oh désolé, Tyrania. Je ne voulais pas. »

« Qu’est-ce que tu as… fait ? Tu m’as réveillée… brutalement. »

« Je m’excuse, je m’excuse vraiment. »

« Pourquoi… tu as fait ça ? »

Elle passa une main dans ses cheveux dorés, redressant sa tête alors qu’il reculait un peu. Il avait peur de l’avoir énervée et ce n’était absolument pas dans son intention. Il se calla contre la tente, attendant de voir quelle serait la réaction de Tyrania. Celle-ci renifla un petit coup pour voir si son nez ne la faisait plus souffrir alors qu’elle semblait encore à moitié ensommeillée. Néanmoins, elle murmura :

« Ca te prend souvent de réveiller les jeunes femmes de cette façon ? »

« Je tiens à signaler que je me suis excusé. »

« Je n’ai pas dit que je te pardonnais, je crois. Je dormais tranquillement. »

« Mais sur moi ! Je ne pouvais pas me lever ! »

« Et alors ?! Rien ne t’empêchait de me caresser et de me déposer délicatement à côté ! »

Comment lui expliquer que sur le coup, il n’avait pas eut le temps de la déposer délicatement à côté de lui ! Elle était furieuse et cela se voyait dans son regard. Quand elle était en colère, elle était vraiment très mignonne… Ca lui allait bien. A force d’essayer de ne plus rien ressentir d’amoureux pour elle, il se faisait du mal.

« Qu’est-ce que tu as à me regarder comme ça ?! »

« Mais rien ! C’est bon ! Arrête de me crier dessus ! »

« Je ne te cries pas dessus, je te poses une question ! C’est différent ! Saisis un peu les nuances au lieu de toujours voir le mal ! »

« C’est bon… Je laisse tomber. »

Il se redressa, posant sa main sur son front. Il avait un peu chaud avec toute cette histoire et il était assez en sueur avec Tyrania qui avait dormi contre lui pendant toute la nuit. En parlant de sueur… La tenue rouge et bleue de Tyrania moulait son corps. Et voilà qu’il apercevait sa poitrine… du moins…

« Aller… Je m’en vais. Dès que tu seras mieux réveillée, tu pourras sortir de la tente aussi. Je vais aller préparer le petit-déjeuner. »

« Ouais, ouais… Si tu ne foires pas tout comme d’habitude ! »

C’était quoi ça ? Elle lui en voulait pour autre chose ? Il n’avait fait que la réveiller assez brutalement et sans le vouloir réellement. Ce n’était pas de sa faute non plus ! On n’allait pas tout lui mettre sur le dos quand même hein ?! Il sortit de la tente, saluant les six femmes qui étaient déjà debout. A son grand désarroi, il remarqua que le repas avait déjà été servi et lorsqu’il demanda l’heure qu’il était, on lui expliqua qu’il était environ onze heures. Il avait autant dormi que ça ?! Il s’installa à côté de Luna, celle-ci rougissant avec un petit sourire.

« Tu as bien dormi alors ? Pour te lever aussi tard… »

« Disons que c’était principalement à cause de Tyrania que je n’ai pas pû… »

« LA FERME CRETIN ! C’est de ta faute ! »

Aie ! La voix criarde de Tyrania résonna en-dehors de la tente, Xano se bouchant les oreilles alors que Luna tiqua sur les paroles. Les autres femmes ne semblaient pas s’en affecter plus que ça alors que Luna reprit :

« Je ne te demanderais même… »

« Je l’ai réveillé d’une manière assez… violente dira t-on. »

« Lorsque j’ai ouvert mes yeux, elle s’agrippait presque à toi. »

« Voilà où est le problème. Je n’ai pas réussi à lui échapper et sa tête a rencontré le sol. »

Luna poussa un petit rire mais le glapissement de colère qu’elle entendit dans la tente l’arrêta subitement. Pfiou… Fallait pas la mettre de mauvaise humeur, elle ! Enfin bon… Même si elle était heureuse d’être assise à côté de Xano, elle savait pertinemment que ça ne servait à rien de parler d’autre chose que de la mission.

« Qu’allons nous faire aujourd’hui ? »

« Nous allons nous mettre en route pour trouver l’antre de Giradès. »

« Est-ce que tu crois… que nous sommes assez forts pour la battre ? »

« Nous le verrons bien… J’ai tellement de … »

Il ne termina pas sa phrase, posant une main sur son cœur. Son âme… était maintenant accompagnée par six autres personnes. Ce n’était pas n’importe lesquelles… Ces âmes étaient si importantes pour lui… En parlant d’elles, il avait oublié quelque chose.

« Avant de partir à la recherche de Giradès, nous devons retrouver les âmes de Riza et de Drimali. J’irais les récupérer et ensuite… Nous pourrons alors partir en quête de Giradès. »

« Si c’est ce que tu penses devoir faire, moi, je te suis ! Ca sera de même pour nous toutes ! Nous n’avons pas d’autres choix au final ! »

« Et dire qu’au départ… Je n’étais qu’un enfant avec quatre pokémons… »

« Au départ, tu n’avais que MOI ! »

Tyrania sortie de la tente, furibarde comme la majorité de son temps avant de poser son œil violet sur Xano pour lui montrer clairement la vérité. Qu’il n’oublie pas ça ! Qu’il ne l’oublie surtout pas ! Avant, il n’y avait pas de Shala, de Luna ou de Nelya, il n’y avait qu’ELLE ! QU’ELLE ! Sans elle, il ne serait jamais devenu un dresseur, sans elle, il n’aurait jamais réussi sa première symbiose, sans elle, il n’aurait jamais appris à parler pendant la symbiose ! Sans elle, il ne serait JAMAIS devenu ce qu’il était maintenant !

« Ce n’est pas une raison pour me regarder de la sorte. »

« Je fais ce que je veux, tête d’abruti. »

« Tu as faim sinon ? »

Radical, le changement de conversation. Elle ne l’avait pas vu venir et il lui fallût quelques secondes pour réagir à la question de Xano. Elle s’installa à côté de lui, Luna s’éloignant un peu pour les laisser tranquilles avant de se mettre à manger sans lui répondre. Il reprit :

« Comme je le disais, si tu n’as pas entendu… »

« J’ai bien entendu, je ne suis sourde non plus ! Ne me prends pas pour… »

« Tu n’es pas une imbécile. Je pensais simplement que tu n’étais pas au courant. »

Ca lui prenait souvent dernièrement de lui couper la parole comme si il se sentait capable de lire dans ses pensées ?! Elle allait l’écraser comme un vulgaire insecte si il continuait à cette allure ! Elle n’appréciait pas du tout qu’il se croit doué au point de lui dire ce qu’elle pensait à chaque instant ! Elle se renfrogna sur elle-même, ne lui adressant plus la parole.

« Si vous êtes tous prêtes, nous allons pouvoir partir au plus tôt. »

« Tu es pressé ? »

« Nullement… Simplement… Plus vite nous serons sur la route, mieux ce sera. »

« Si tu veux… Si tu veux… »

Il termina de parler à Shala, s’enfonçant dans la tente pour y sortir les quelques sacs. Quelques minutes plus tard, il commençait à ranger les deux tentes dans les sacs, les prenant sur son dos. Il se retourna vers les femmes, disant d’une voix lente :

« Je vais mettre un peu d’avance pour vérifier les alentours. Nous partons vers le Nord. »

« On te rattraperas dès qu’on en a terminé avec tout ça. »

Oui. C’était comme ça que ça marchait. Il hocha la tête pour leur dire qu’il n’y avait aucun problème, un petit sourire aux lèvres. Il s’éloigna sans jeter un regard vers Tyrania qui s’était relevée pour prendre la parole. Elle était tiraillée entre deux sentiments : Le bouder et donc ne plus lui parler ou alors lui signaler qu’elle ne le laisserait jamais partir tout seul à nouveau ! Finalement, elle décida de le rejoindre sans se soucier du nettoyage de son plat. Elle se positionna à ses côtés, sans ouvrir la bouche. Il ne disait rien mais au bout de trente secondes, il lui demanda :

« Tu me fais encore la tête ? »

Aucune réponse… Le regard qu’elle lui lançait montrait néanmoins qu’il avait raison. Il soupira en tapotant légèrement le dos du crâne de Tyrania, un nouveau sourire aux lèvres. Il reprit sur un ton un peu plus joyeux :

« Tu sais… Ce n’était pas du tout mon intention de te réveiller comme ça. Je ne sais plus vraiment comment faire… J’ai l’habitude que tu dormes près de moi mais avec nos dernières discussions, c’est peut-être malsain. »

« C’est toi qu’est malsain… »

Elle lui parlait finalement ? Néanmoins sa phrase était un peu dite sur un ton gamin et il pouffa légèrement. Elle s’était mise à rougit, ouvrant la bouche pour commencer à lui crier dessus mais déjà, les autres venaient les rejoindre. Finalement, ils étaient toujours dans un groupe… Ils étaient huit… Il restait combien d’adversaires ? Bal…Giradès… Et les quatre cavaliers non ? Ils avaient l’avantage mais il savait pertinemment que ce n’était pas là-dessus qu’il fallait se baser pour vaincre Giradès.

« Bal… Nous devons parler. »

« Héhéhé ! Que voulez-vous, maître Malar ? »

« Je ne suis pas Malar… »

Le jeune garçon aux cheveux bruns s’arrêta de sourire, se mettant à trembler alors qu’une longue chevelure blonde apparaissait devant lui. Euh… Malar était où ? Comment ça se faisait qu’il entendait cette voix… Malar…

« Malar n’est pas mort mais le clone que j’avais crée l’a été. Il doit se reposer… J’ai pris possession de son corps pour quelques temps. »

« Maî… Maîtresse Giradès ! Qu’est-ce … »

« Je suis au courant… de tes petites échauffourées avec le Joker Blanc mais surtout… de tes jeux dimensionnels. Sache que les pouvoirs que j’ai conférés à l’Arme du Dieu Originel dont j’avais pris l’âme m’ont indiqué ce qui se passait… »

« Je ne recommencerais plus, je vous le promets ! »

« Vas simplement éliminer le Joker Blanc maintenant qu’il a repris une nuit de sommeil. Il ne reste plus beaucoup d’Atouts en vie, c’est dommage pour toi qu’ils ne soient pas avec toi. »

« Il m’en reste toujours trois, Maîtresse Giradès. »

« Prends les avec toi et partez maintenant. »

« Comme… Comme vous le désirez. »

Finalement, il n’avait vu que la longue chevelure blonde de cette femme mais celui lui avait suffit à le faire trembler. Contrairement à Malar qui ne restait qu’un humain au final, Giradès était bien plus intelligente que ce dernier. Si elle apprenait la raison de ces nombreux combats contre le Joker Blanc, tout allait être gâché ! Il ne pouvait pas arrêter maintenant ! Le jeune garçon disparu dans une faille dimensionnelle, celle-ci se refermant après son départ. Lorsqu’il sortit d’une nouvelle faille, une voix féminine se fit entendre :

« Tu es de retour, Bal ? »

« Oh ! Il est de retour ! Ca n’a pas l’air d’aller ?! »

« FAIS CHIERRRRRRRRRRRRRRR ! »

Une première voix, puis une seconde et enfin une troisième plus forte que les autres. Toutes étaient féminines mais Bal ne semblait même pas s’y intéresser plus que ça. Il poussa un petit cri d’énervement s’alliant à celui qui était sorti en dernier avant de dire :

« Non, ça ne va pas, Elena et Helena. »

« Qu’est-ce qu’il y a ? Raconte nous. »

« Oui… Raconte nous tout ! On va t’aider ! »

Elles étaient bien gentilles mais elles ne pouvaient pas l’aider. Enfin si… Mais maintenant, elles allaient être de la partie. Il soupira, allant s’installer sur les jambes d’une femme portant une longue robe bleue qui se transforma en une queue de même couleur. Sur une partie, elle était jaune alors que ses jambes étaient nues maintenant.

« Installes toi ! Ca ne va pas être long, je vais éclater ces types, je termine ma partie et je t’écoute ! Y a pas de problèmes ! »

« D’accord Ma… Terranuelle. »

« Alors, tu veux bien nous raconter ?! »

« Si vous le désirez… Mais ça ne va pas être réjouissant. »

Deux filles qui devaient avoir son âge voir une année ou deux de plus que lui se mirent à genoux devant le jeune garçon. L’une avait une longue chevelure violette, celle-ci cachant une partie de son visage pour ne laisser apparaître que son œil rouge alors qu’elle portait un petit chapeau vert avec un bout rose qui dépassait. Elle portait une jupe rose, de longues bottes de même couleur et il était possible de voir que l’autre fille avait la même tenue qu’elle. La seule différence résidait dans la coiffure de la seconde fille. Celle-ci avait des cheveux roses et portait de nombreux ornements roses qui lui donnaient l’impression d’être une fleur à cinq pétales. Il n’était pas difficile de deviner qu’elles étaient sœurs… sœurs jumelles. Les trois personnes se mirent à écouter ce que Bal avait à leur dire. C’était à leur tour.

Chapitre 54 : Réactions

Chapitre 54 : Réactions

« Je sais que c’est assez surprenant mais… »

« Nelya, est-ce que tu peux lire ? »

« Oui… Je le fais tout de suite. »

Les trois Reines tournèrent leurs visages vers lui. La femme aux cheveux bleus ferma ses yeux saphir avant de les rouvrir, ses pupilles étant devenues roses. Pendant plusieurs secondes, pas un souffle ne se fit entendre.

« Alors ? Nelya ? Est-ce qu’il… »

« Non, il est troublé mais il ne ment pas. »

« Mon dieu… Mon dieu, mon dieu… Il le pense vraiment alors. »

Luna semblait effarée alors que Shala et Nelya hochèrent la tête en concert. Heyrisi et Miviari ne disaient rien tandis que Galpha avait un petit sourire aux lèvres. Tant mieux pour elle ! Elle dit d’une voix amusée :

« Moi, ça ne me gêne pas ! Je suis contente de t’avoir comme grand frère. Ca veut dire que maintenant, j’ai une famille. »

« Au moins, il y en a une qui le prend bien dans le lot. Je te l’avais dit que c’était une mauvaise idée mais tu ne me m’écoutes jamais ! »

« Tais toi un peu, Tyrania. Il faut simplement qu’elles digèrent la nouvelle. »

« Pour notre part… Je parle au nom d’Heyrisi et moi… »

La femme au visage pâle avait pris la parole alors que les trois Reines arrêtaient de discuter entre elles. C’était assez rare que Miviari parle aux restes des personnes à part Heyrisi alors maintenant… Xano posa ses yeux vairons sur elle, attendant qu’elle continue :

« Nous ne nous connaissons pas plus que cela. C’est pourquoi nous estimons que cela ne va pas nous causer de problèmes. »

« C’est toujours mieux que d’avoir affaire à un type qui veut vous sauter dessus pour faire des choses non ? Comme tu n’es pas de ce genre… »

« Ca, c’était avant le charme. Maintenant, il s’est un peu calmé là-dessus. »

« La ferme, Tyrania… Vraiment, arrête de parler. »

« Enfin, tout ça pour te dire que nous n’avons aucun soucis à ce que tu nous considères comme des membres de ta famille. Cela nous rappellera un peu ce que nous vivions avec les Rois. Bon, tout le monde semble plus âgé et vous n’êtes plus des enfants à part Galpha mais à part ça, ça ne peut être qu’une chose positive dans l’ensemble. »

« Merci… Heyrisi et aussi Miviari bien entendu. Shala ? Luna ? Nelya ? »

C’était à elles de s’exprimer maintenant. Il voulait savoir ce que pensaient les trois femmes de ce qu’il venait de dire. C’était bien différent de l’époque où il couchait avec chacune d’entre elles. Maintenant, les années avaient passées et de nombreuses aventures avaient eu lieues entre temps. Shala fut la première à parler :

« Même si tu ne te moques pas de moi… Je ne sais pas comment le prendre. Il y a moins d’une journée, j’étais si heureuse… Je venais d’apprendre que j’avais une petite sœur. Et puis après… J’ai appris que j’avais une grande sœur. Et toute cette histoire a fait que j’ai perdu ces deux personnes que je ne connaissais pas. »

« Oui… Je sais que c’était très dur… et j’aurais aimé qu’Aliréna nous en parle plus tôt. »

« Non… Ce n’est pas ça. Disons simplement… que te considérer comme quelqu’un de ma famille est vraiment bizarre. Nous avons le même âge, nous avons eu des rapports… sexuels ensemble. Nous étions même les premiers à coucher il y a quelques années. Que ça soit à cause du charme ou non, nous l’avons fait. Est-ce que tu penses vraiment que ça soit une bonne chose que de t’imaginer comme mon frère ? »

« Il est vrai… que je ne pourrais pas vous considérer comme mes filles. Je suis trop peu âgé pour ça et puis nous… Ah… Je ne sais pas… »

Il était aussi confus qu’elle par tout ce qu’elle venait de lui dire. Il baissa la tête, jouant entre ses doigts sans rougir pour autant. Tyrania soupira longuement en se disant que tout ce charabia n’allait mener à rien de bon.

« Enfin… Pour que tu sois mon frère, c’est un peu bizarre de penser une telle chose non ? Est-ce que j’ai l’air vraiment d’être une sœur pour toi ? »

« Ce n’est pas exactement ça mais simplement… Disons que j’imagine que vous faites partie de ma famille, que vous êtes tous de mon sang et pour ça… J’ai envie de vous protéger et d’éviter que vous soyez blessées dans toute cette histoire. »

« Je vois… Je vois… Peut-être qu’au final… J’aurais dû m’excuser bien plus tôt. Xano, même si je trouve ça irréaliste comme scène, je crois que je peux accepter tes sentiments. »

« Je serais toujours là pour chacune d’entre vous. »

« Je le sais bien… Je le sais très bien. Tu l’as toujours été. A cause de la fin de ce charme, nous avons presque brisés cette chose qui nous réunissait depuis toutes ces années. »

Ah ?! Elle avait tant changé depuis qu’elle savait au sujet de Pandora et Aliréna. Elle se leva de sa place, venant s’asseoir à côté de Xano avec un petit sourire. Elle l’embrassa sur la joue avant de se diriger vers sa tente.

« Je vais aller me coucher. Je crois que j’ai besoin de dormir moi aussi. »

« D’accord… Fais comme tu le veux. Bonne nuit. »

Elle salua les différentes personnes, s’enfonçant dans sa tente alors que Luna et Nelya gardaient leurs yeux fixés sur Xano. Il ne savait pas à qui c’était de s’exprimer mais il attendit que l’une d’entre elles prenne la parole. Ce fut le cas avec Nelya :

« Xano… Est-ce tu sais que ce tu viens de dire relève d’un grave problème ? »

« Hein ? Co… Comment ça ? »

« Tu nous considères comme tes sœurs. Je sais d’après ce que nous avons vécus ensemble que tu n’as guère eu de famille et je peux te pardonner. Néanmoins, tu passes d’un extrême à un autre. Auparavant, tu avais plusieurs femmes et tu ne te souciais pas réellement de l’amour. »

« Mais j’avais mon charme, Nelya. »

« Oui mais soyons lucides. T’imaginer que tout le monde appartient à ta famille va te bloquer sur de nombreux points : Tu seras trop gentil avec tout le monde, tu ne pourras jamais être réellement amoureux, tu n’envisageras même pas de fonder ta propre famille puisque tu auras l’impression d’épouser ta sœur. »

« C’est vrai que… sur ces point… »

« Tu vois ? Tu n’as pas de chance, mais cela n’est pas dramatique. Il faut simplement que tu évites de te bloquer sur cette idée de famille. »

« C’est ce que tu penses de tout ça ? »

« Non, c’est ce que je dis. Ce que je pense est bien différent. »

« Mais alors, qu’est-ce que tu penses de cette histoire ?! »

Elle se releva, ne montrant même pas un sourire au jeune homme. Elle passa une main sur son épaule avec tendresse et il se mit à trembler. Cette sensation… Il s’en rappelait… Il s’en rappelait maintenant. Ce que Nelya représentait un peu pour elle.

« Le charme s’est peut-être terminé mais ce n’est pas pour ça que j’ai oublié ce que nous avons dit lors de cette nuit dans la grotte. »

« Oui… Je comprends… J’aurais dû m’en douter. »

« Je vais aller rejoindre Shala dans la tente. Je vais me coucher. »

Elle se pencha en avant, venant déposer un petit baiser sur sa joue avant de se redresser. Il était confus… vraiment très confus par toute cette histoire. Que ça soit d’une manière ou d’une autre, Nelya et Shala avaient accepté ses sentiments.

« Bonne nuit, Xano. Dors bien et si ce n’est pas le cas… »

« Oui… Je sais ce que je ferais. Bonne nuit à toi aussi. »

Voilà… Nelya venait de rentrer dans la tente à son tour et il ne restait plus que Luna qui n’avait pas encore parlé depuis qu’il avait posé cette question. La jeune femme aux cheveux blancs se mit subitement à rougir en observant Xano.

« Je… Et bien… Puisque tu parles de tes sentiments… Je… »

« Oui, Luna ? Je sais que c’est bizarre de parler de ça mais… »

« Non ! Je… Je voulais te dire que même si le charme a disparu, tu n’as pas tellement changé au final… Ce sont simplement nos sentiments qui sont différents non ? »

« Exactement mais pourquoi cette question ? »

« Car rien n’est différent pour moi. Voilà… Je… Je crois que malgré tout ce qui s’est passé et bien que… le charme… Voilà… Je… »

Elle murmura d’une voix à peine audible que personne ne pût entendre ce qu’elle avait dit. Heyrisi et Miviari se levèrent à leurs tours, signalant qu’elles allaient se coucher plutôt que de rester ici. Ce n’était pas qu’elles s’ennuyaient mais elles préféraient les laisser seuls. Il ne restait plus que Galpha, Tyrania, Luna et Xano.

« Qu’est-ce que tu as dit ? »

« D’après ma mère… Nous sommes toujours fiancés non ? »

« Hein ? Que ? Cette histoire… Elle date depuis plusieurs années ! »

« Oui mais voilà… C’était simplement pour te dire que… Mes sentiments sont toujours les mêmes au final. Je t’ai… aime… toujours. »

Tyrania poussa un profond glapissement en écoutant les dernières paroles de Luna alors que celle-ci détournait la tête en rougissant. Galpha eut un petit rire, souhaitant la bonne nuit à Xano et aux deux autres femmes, disant que cela ne la concernait pas.

« Lu…Luna ! Tu as du culot de dire ça devant moi ! »

« Tyrania ! Je ne vais pas te le voler ! C’est à lui de décider ! »

« Je ne déciderais rien du tout. Au final, même si nous sommes fiancés dans les paroles, nous ne le sommes pas par écrit MAIS… Je t’apprécie énormément Luna sinon… Je ne me serais pas occupé de toi après ta première tentative pour boire. »

« Première et dernière tentative ! Sinon pour te répondre… Disons que même si je peux pas être celle que tu aimeras… »

« Je vous aime toutes… mais comme si vous étiez de ma famille. »

« Ca me suffit amplement au final. Je vais aller me coucher à mon tour, je crois que Tyrania ne me supportera pas une minute de plus. »

Elle passait de la gêne à l’amusement avec une telle facilité que c’en était déconcertant. Elle se releva, s’approchant de Xano mais le glapissement que Tyrania débutait dans sa bouche lui signala qu’il valait mieux pour elle qu’elle évite de faire une telle chose.

« Bon et bien… Même si ce n’est pas physique, tiens. »

Elle embrassa sa main droite avant de souffler dessus comme pour transporter le baiser jusqu’à la joue de Xano. Les lèvres de celui-ci dessinèrent un sourire alors qu’elle disait :

« Bonne nuit, Xano. Je vais réchauffer la place ! »

« JE VAIS LA… »

« Bonne nuit, Luna. Dors bien. »

Elle eut un petit rire alors que Xano mettait une main devant la bouche de Tyrania pour éviter qu’elle s’emporte une nouvelle fois. Lorsque Luna disparu à l’intérieur de la tente, il retira finalement sa main, la femme aux cheveux dorés s’écriant :

« Ben voilà ! T’es content ! Maintenant, tu l’as balancé à tout le monde ! »

« Oui… Je suis très heureux… Bien plus que tu ne le crois… »

« Et l’autre avec ses gros seins qui te balance qu’elle t’aime malgré la fin du charme ! »

« Tu n’es pas la seule à m’aimer… Rien n’est impossible. »

« XANO ! Je vais t’égorger ! »

La jeune femme vint lui prendre sa main droite, la serrant avec force jusqu’à extirper un cri à Xano. Malheureusement pour elle, il ne sembla même pas ressentir la douleur alors qu’il reprenait d’une voix lente :

« Pourquoi tu t’énerves autant ? Tu n’as pas à être jalouse. J’ai annoncé que je t’aimais… auparavant. Maintenant, c’est différent. »

« Je t’ai déjà pourtant bien expliqué ce que je pensais de toute cette foutue affaire ! »

« Et je t’ai déjà répondu. Je vais aller me coucher à mon tour. Bonne nuit, Tyrania. »

Il retira sa main de la sienne comme si de rien n’était. Il alla l’embrasser sur la joue, Tyrania se mettant à trembler sur le moment. Elle le regarda partir dans la tente en murmurant :

« Bonne nuit Xano. »

« Fais de beaux rêves, Tyrania. Tu sais… Même si Luna m’aime réellement… et que toi aussi, c’est le cas… »

« Tu ne prendras aucune d’entre nous, c’est bon, c’est bon. »

Elle ne voulait plus l’écouter. A chaque fois qu’il faisait un geste tendre vers elle, elle perdait en grande partie sa colère et son énervement. Elle le regarda aller dans la tente, se remettant à trembler en imaginant Luna qui venait l’enlacer. Elle donna un violent coup de queue dans les flammes, sachant pertinemment qu’elle n’allait pas se brûler.

« Pourquoi je n’ai rien de spécial au final ? L’une est l’Arme du Dieu Originel, l’autre est sa fiancée et la fille d’une nouvelle Déesse… La troisième faisait partie d’un clan très proche des Dieux. Moi, je ne suis qu’une simple Feunard. »

Elle admettait sa normalité… Elle était banale et basique. A force, elle se trouvait toujours des défauts mais elle savait pertinemment qu’elle avait raison. C’était dans ses gênes et dans son histoire : Peut-être que la mort de leurs familles avait rapproché le jeune homme d’elle mais c’était tout… et avec cette histoire… C’était encore pire.

« L’Amour… C’est trop compliqué des fois. »

Oui… Beaucoup trop compliqué à son goût ! Elle resta assise devant le feu pendant une vingtaine de minutes, observant le ciel étoilé. On voyait bien mieux les étoiles ici. Etait-ce un nouveau monde ? Ou alors le domaine céleste était une partie de la planète où elle était née ? Elle devait arrêter de se poser des questions.

« Bon… Il est temps d’aller le rejoindre. Au final, les autres savent tout maintenant. Ce n’est même plus un secret entre lui et moi. »

Oui… Il aurait pu éviter d’en parler. Elle aurait été bien plus heureuse ainsi. Enfin, était-elle déjà heureuse à la base ? Comme Xano ne l’aimait plus réellement, ce n’était plus le cas. Elle alla dans la tente, poussant un petit grognement préventif.

« Non… C’est bon… »

Oui… Luna ne dormait pas avec Xano en le serrant dans ses bras. Le jeune homme s’était installé dans son coin, laissant Galpha et Luna dormir ensemble tandis qu’il avait le bras droit tendu sur le côté, celui de gauche posé sur son torse.

« Je te jure… Des fois… »

Elle alla se coucher sur le côté gauche du jeune homme, le regardant dormir pendant plusieurs minutes en rougissant comme une enfant. Il s’endormait si facilement… et si paisiblement…Pourquoi avait-il mis un frein à ses relations ?

« Stupide garçon… Vraiment trop stupide… »

Elle se redressa, allant maintenant à sa droite. Alors qu’elle déposait sa tête quelques centimètres au-dessus du bras droit de Xano, celui-ci se referma sur le dos de Tyrania, la ramenant vers le jeune homme aux longs cheveux blancs. Elle eut un petit soupir de plaisir, refermant son œil violet. Pendant que Xano dormait, il n’y avait aucune chose qui lui interdisait de rester aussi près de lui non ?

« Pauvre fille normale. Tu fais tout pour le garder. »

Elle se parlait à elle-même, sombrant le sommeil en restant contre lui.

Chapitre 53 : Tout leur expliquer

Chapitre 53 : Tout leur expliquer

« On fait quoi maintenant ? »

« Que veux-tu que l’on fasse ? On monte nos deux tentes et on va chercher de quoi se nourrir. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Alors… »

« Non mais quand même, tu pourrais… »

« Heyrisi et Miviari, vous dormirez avec Shala et Nelya. Galpha, tu dormiras avec moi, Tyrania et Luna. Voilà comment on fera pour les deux tentes. »

Tyrania haussa les épaules, se disant que ça ne servait à rien de parler avec lui pour l’instant. Les deux tentes furent rapidement installées tandis que Xano et Luna partaient chercher de quoi se nourrir et s’abreuver pour la journée. Sur le chemin, le jeune homme murmura :

« Luna… Il faudra que l’on discute toi et moi. C’est au sujet de mes sentiments… »

« Hein ? Que quoi ? Qu’est-ce… Xano ?! »

De ses sentiments ? Il n’allait pas… quand même pas… Non ! Elle s’était mise à rougir subitement, rappelant là la demoiselle qu’elle était il y a quelques années.

« Xano… On… On ne peut pas ! Tu es avec Tyrania maintenant ! »

« De quoi parles-tu ? Je ne suis avec aucune d’entre vous. Je suis assez grand pour prendre mes décisions tout seul. »

« Mais mais mais… Tu aimes Tyrania ! »

« Il est vrai… que je l’aime… mais d’une façon un peu spéciale. »

« Et co… Comment ça ? Tu ne dois pas avoir de relation adultère avec une autre ! »

« J’en ai jamais eu avec Tyrania à la base. »

Mais elle rêvait ou alors il lui faisait une proposition ?! Elle ne savait pas où se mettre. Elle bredouillait, cherchant ses mots tout en se triturant les doigts. Pendant ce temps, Xano prenait de nombreux fruits, les faisant léviter au-dessus du sol.

« Qu’est-ce que je dois faire ? Qu’est-ce que je dois faire ? »

« De quoi parles-tu Luna ? Tu sembles troublée. »

« Mais je le suis ! Tu ne sais pas ce que tes paroles représentent pour moi ! »

« Ce soir, j’annoncerais toute la vérité aux personnes présentes. Je vous raconterais tout à ce sujet… au sujet de Tyrania, de mes sentiments et autres… Il vaut mieux que tout le monde soit au courant, cela évitera les ennuis. »

« Hein ? Euh… Si tu veux… On fait comme tu le désires. »

Elle ne comprenait plus vraiment les propos de Xano. Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Où est-ce qu’il voulait en venir ? Vraiment, des fois, le jeune homme était un véritable mystère pour elle. Peut-être qu’elle s’était faite des idées. Une demie-heure passa et ils retournèrent auprès des autres femmes, Luna ayant toujours son visage rougi. Instinctivement, Tyrania s’écria avec véhémence :

« TOI ! Qu’est-ce que tu as fait à Luna ?! »

« Je n’ai rien fait. »

« Mon œil ! Pourquoi elle rougie alors ?! »

« Ty… Tyrania. J’ai simplement un peu chaud. Je suis désolée… Tous ces évènements me donnent un peu mal à la tête. »

« Mouais… Alors vas te reposer, on prépare le repas. »

Même si elle ne semblait pas convaincue, les petits yeux rubis de Luna lui montraient qu’elle semblait réellement épuisée. La jeune femme aux cheveux blancs remercia Tyrania, pénétrant dans la tente avant de se coucher à l’intérieur. De son côté, Xano déposa les nombreux fruits trouvés en se tournant vers Galpha. Il demanda à l’adolescente aux cheveux bruns de créer de l’eau pour remplir les bouteilles.

« Les filles… Heyrisi, Miviari et Galpha, même si cela ne fait quelques jours que l’on se connaît, j’aimerais vous dire quelque chose à vous toutes ce soir. Lorsque nous serons tous réunis autour du feu, je vous raconterais quelque chose. »

« Comme tu le veux. »

« Il y a un souci ? Ta voix est bien sérieuse. »

« Si il y a un problème, tu peux… »

« TOI ! TU ME SUIS ! MAINTENANT ! »

Tyrania prit Xano par le col, l’éloignant du reste du groupe. Le jeune homme allait faire une bêtise, elle le sentait. Elle avait un radar naturel dès qu’il allait commettre une embrouille et là, elle sentait ça gros comme une maison ! Alors qu’ils étaient à une bonne cinquantaine de mètres, elle le plaqua contre un arbre, son œil violet posé sur lui :

« Qu’est-ce que tu vas foutre comme connerie ?! »

« Aucune… Tu te fais du mal pour rien. »

« Non, je vais te faire mal si tu ne m’annonces pas la vérité maintenant ! »

« Tu veux connaître la vérité ? Je vais leur dire la vérité justement… Je vais leur annoncer ce que je pense d’elles… ce problème. »

Ce problème ? Celui dont elle était la seule au courant depuis qu’Aliréna avait disparue ? A quoi ça allait lui servir de dire une telle chose ?! Elle retira sa main du col de Xano, passant une main sur sa joue en reprenant la parole :

« Arrête tes stupidités une bonne fois pour toutes ! Tu n’es pas fait pour être toujours joyeux et heureux mais tu n’es pas fait non plus pour être un mur de glace sérieux et rigide ! »

« Et qu’est-ce que tu veux que je sois alors ? »

« Sois toi-même, est-ce que c’est trop compliqué ? Je sais bien ce que tu ressens mais… »

« Non tu ne sais rien à ce sujet, Tyrania. »

« Je te rappelle que j’ai perdu ma famille ! »

« Mais lorsque tu étais une enfant… On ne réfléchis pas de la même façon… »

Réfléchir ? Réfléchir ?! Elle allait lui donner envie de réfléchir ! Son crâne percuta celui de Xano, le jeune homme rencontrant l’écorce de l’arbre en gémissant de douleur. Qu’il n’aimait pas quand elle se mettait dans cet état. Il ne savait jamais comment réagir avec elle.

« Et ma mère ?! J’étais une enfant à ce moment là ?! »

« Non… Il est vrai que lorsque tu as… »

« Je t’ai dit d’arrêter de parler comme ça ! Exprime toi correctement ! »

« Mais qu’est-ce que tu veux que je te dises ?! Je vais leur annoncer que je m’imagine chaque femme comme ma sœur ou ma fille, chaque être vivant comme une personne de ma famille et ça, que ça se te plaise ou non ! C’est-ce que tu voulais entendre ?! »

« C’est bien mieux. Au moins, tu me cries dessus. »

Elle alla se coller contre lui, un sourire sur ses lèvres alors qu’il n’arrivait pas à cerner le caractère de Tyrania dans toute cette histoire. Avant, elle lui criait dessus, maintenant, c’était à son tour mais au final, il n’allait pas abandonner son idée !

« Serre moi dans tes bras, Xano. Même si tu es… bizarre, rien ne t’en empêche. »

« Tyrania, je leur dirais tout… à mon sujet. »

« Fais comme tu veux, je serais TOUJOURS de ton côté. »

Pffff ! Oui… Elle allait toujours être de son côté et c’était ce qui l’inquiétait le plus dans cette histoire. Avec toutes ces morts, l’angoisse qu’il ressentait envers ces Reines s’accroissait de plus en plus. Il passa une main dans les cheveux dorés de Tyrania, allant l’embrasser sur le front alors qu’elle poussait un petit glapissement caractéristique de son ancienne forme de Feunard. Vraiment… Heureusement qu’elle était là. Elle releva son visage, faisant un petit sourire tout en lui tendant les lèvres.

« Tyrania… Je t’ai pourtant dit… »

« Ca me manque… Ca me manque vraiment, Xano. »

« On ne peut pas. Cela ne se fait pas entre gens de la même famille. »

« Bon Xano… Je ne voulais pas en arriver là mais tu exagères… C’est ton problème ! »

« Mais je ne … »

Elle ne lui laissait pas le choix ! Elle alla l’embrasser longuement, joignant leurs deux langues en maintenant son visage au plus proche du sien. Il tenta de s’échapper mais il n’y arrivait pas, elle faisait tout pour l’empêcher de s’enfuir. Pendant une bonne minute, elle resta contre lui, retirant finalement sa langue en disant :

« Tu vois…Avant d’arriver dans le monde de Gigana, j’étais très énervée contre toi. Je t’en voulais car tu couchais avec les autres Reines et même Shymi. Ensuite, quand nous sommes arrivés dans ce monde, j’ai décidé de profiter de ces moments pour me rapprocher de toi. Cela a échoué puisqu’au final, tu m’as lâchement abandonnée. »

« Ty… Tyra… Tu m’as encore… malgré… »

« Je n’ai pas terminé. Ensuite, nous nous sommes retrouvés et il y a eu le petit souci avec la fin de ton charme crée par Aliréna. Là, c’était la délivrance, tu pouvais être tout à moi et nous nous sommes embrassés tendrement sans aller plus loin que ça. Je pensais que maintenant, nous pourrions vivre heureux tous les deux mais toi, tu m’as sorti l’excuse que tu me considérais comme ta sœur. Je suis sensé le prendre comment ?! Que tu n’as aucun sentiment pour moi ?! J’en ai marre Xano ! A chaque fois que je tente un rapprochement avec toi, faut toujours qu’il y ait une magouille pour m’en empêcher ! J’ai le droit de t’aimer hein ?! »

« Oui mais… Pas… Pas tant que j’ai ce problème. »

« MAIS JE L’EMMERDE TON PROBLEME ! »

Elle fit flamber son poing droit, Xano s’éloignant juste à temps avant que le poing ne frappe l’arbre derrière lui, l’abattant sur le coup. Voilà qu’elle faisait réapparaître ses neuf queues de Feunard et ses deux oreilles. Elle était à nouveau en colère et il tenta de se donner une contenance. Lentement, il reprit :

« S’il te plaît… Ne refais plus ça. »

« Je le fais SI JE VEUX ! »

« Arrête de faire l’enfant. »

Il n’arrivait pas à comprendre que plus il la considérait comme sa sœur, plus il la faisait souffrir ?! A quoi ça lui servait de penser à cette foutue morale qui consistait à ne pas coucher avec sa sœur ou une personne de sa famille ?! La morale, elle avait bon dos ! Elle s’en fichait pas mal à ce moment ! Elle le regarda partir avec énervement.

« C’est terminé ? Est-ce qu’elle s’est calmée ? »

« Non, c’est même pire. Bon, mangeons ensemble. »

Il s’éloigna à nouveau, allant prendre de nombreuses bûches avant de les déposer entre les femmes, créant un petit souffle de feu. Le brasier préparé, ils allaient pouvoir commencer à manger et à s’abreuver comme ils en avaient l’habitude. Heyrisi mangeait avec peu d’appétit, encore chamboulée par la mort des Rois. Elle demanda :

« Dans le domaine céleste… Est-ce que Giradès ne pourrait-elle pas nous attaquer quand elle le veut ? C’est peut-être une ruse… »

« Je ne pense pas. Que ça soit Juperus ou Giradès, elles ne sont pas capables de se téléporter comme elles le désirent. Elles peuvent parler à qui elles veulent mais elles ne peuvent pas se déplacer aussi rapidement. Nous n’avons rien à craindre de ce côté. »

« Comment est-ce que tu es au courant ? »

« J’étais au service de l’une… puis de l’autre. »

« Ca me fait penser : Comment c’était quand tu étais au service de Giradès ? »

« Là n’est pas la question, Heyrisi. Mangez toutes… Je vais voir si Luna va mieux. »

Une assiette en carton en main, il pénétra dans la tente alors que Tyrania revenait finalement, ses deux mains légèrement égratignées. Aucune femme ne posa de questions à ce sujet. Luna sortit de la tente, souriant faiblement en expliquant qu’elle allait mieux tandis que Xano sortait à son tour. Remarquant Tyrania, il tendit une assiette vers elle :

« Tsss… Tu peux te faire pardonner mais ça ne marche pas comme ça. »

« Mange donc, nous devons être au mieux de notre forme. »

« Mouais. Si tu le dis. Je vais manger dans la tente. »

« Comme tu le désires, Tyrania. »

Il la regarda s’enfoncer dans la tente avec son assiette alors que Luna observait Xano d’un air gêné. Est-ce qu’il lui avait parlé de ses sentiments en rapport avec elle ? Nelya et Shala discutaient entre elles, Heyrisi et Miviari faisant de même tandis que Galpha tentait de parler avec Luna. Xano mangea tranquillement, sans se soucier le moins du monde de ce qui se passait autour de lui.

Après une quinzaine de minutes, il se releva, déposant son assiette avant d’aller dans la tente. Quelques cris se firent entendre, surtout ceux de Tyrania qui ne semblait pas vouloir se laisser faire. Néanmoins, il semblait qu’elle avait perdu la bataille puisqu’elle sortie de la tente avec Xano. La jeune femme avait ses cheveux dorés en bataille et on se demandait si il n’y avait pas eut un affrontement entre eux. Elle croisa les bras au niveau de sa poitrine, se mettant à bouder alors que Xano prit la parole sur un ton impérial :

« Bon vous voilà… Nous sommes tous réunis. A part Tyrania, je… »

« Balance tout au lieu et qu’on aille se coucher ! »

« Tyrania… Tais toi s’il te plaît. Enfin bon… Je vous dois quelques explications au sujet de mes sentiments. Attention, je ne parle pas de mes sentiments amoureux mais de ceux en général. Certaines d’entre vous… avaient sûrement remarquées mais je suis assez affecté par les morts qui nous entourent. »

« Mais c’est normal, Xano. C’est comme avec Riza : Les Rois n’étaient pas nos ennemis à la base… Ils ne pensaient pas qu’à la destruction ou autre… »

Il hocha la tête pour remercier Luna qui venait de lui adresser la parole. Tyrania tira la langue en faisant une petite mine de dégoût alors que les autres filles restaient immobiles. Il reprit en toussant légèrement :

« Non, c’est bien plus poussé que ça et ça vous concerne aussi… Voilà, après la fin de mon charme crée par Aliréna, j’ai commencé à ressentir réellement quelque chose pour Tyrania. Ce n’est pas une surprise pour vous mais je tenais à le signaler… J’aime Tyrania. Du moins, c’est que je pensais au départ mais plus nous avancions contre les Rois et plus un nouveau sentiment venait en moi. »

« Et ce type prétend m’aimer ! »

« Tyrania… S’il te plaît, ne complique pas tout. »

« Je ne complique rien du tout ! C’est toi qui t’embrouilles tout seul ! Vas y ! Dis leur que tu me considères comme ta sœur ! Que tu considères chaque personne comme quelqu’un de ta famille ! Je suis sûre que ça va leur faire plaisir ! Tu veux éviter l’inceste ! »

« Hein ? Que quoi ? »

Même Nelya semblait surprise par les paroles de Tyrania alors que Xano se tournait vers elle, serrant les dents. Sympathique son coup dans le dos, il n’allait pas l’oublier ! Il voulait leur expliquer d’une manière plus édulcorée mais elle ne lui avait pas laissé le choix.

« C’est… C’est vrai, Xano ? »

« Oui Luna, elle ne ment pas. Voilà, je ne sais pas comment l’expliquer mais je vous imagine toutes comme une personne de ma famille. Attention, ce n’est pas parce que nous avons vécu pendant plusieurs années ensemble pour certaines d’entre vous, c’est bien plus compliqué que ça. Je ne peux pas penser à embrasser l’une d’entre vous ou faire un geste sans m’imaginer que vous êtes mes sœurs ou mes filles. Il en était de même pour les Atouts des Rois et surtout ces derniers alors quand Gigana est morte, je… »

Il ne termina pas sa phrase : Son silence était des plus éloquents. Les femmes ne savaient pas comment réagir : Tyrania s’en fichait, elle était au courant, Shala, Nelya et Miviari restaient muettes tandis qu’Heyrisi, Luna et Galpha discutaient entre elles. Voilà, il avait tout dit… Elles étaient au courant mais quelles allaient être leurs réactions ?

Chapitre 52 : Sans coeur

Chapitre 52 : Sans coeur

« Et cela te procure du plaisir ? »

« Une joie immense. Que penses-tu de ma petite surprise ? »

Sa surprise ? Tyrania et les autres femmes couraient en direction de Xano mais celui-ci tendit son bras pour leur demander de s’arrêter et de ne rien faire. Ce fut Luna qui s’écria :

« Malar, tu n’es qu’un sale connard ! Tu sais très bien qu’il… »

« Qu’il s’en veut de les avoir laisser mourir ? Exactement. »

Malar gardait son sourire, passant une main dans les longs cheveux verts de Shymi. Celle-ci posa sa tête sur l’épaule du jeune homme aux cheveux blonds devant les yeux de Xano. Quand à Elis, la femme ouvrait ses bras, comme attendant que Xano vienne dans ces derniers.

« Bon ! Xano, laisse moi faire ! Je vais vite nous débarrasser de ces deux femmes ! Tu sais très bien que ce n’est pas Elis ! Ni que l’autre avec ses gros seins, c’est Shymi ! »

« Tyrania, Tyrania, Tyrania. Je vois que les puces ont réussies à arriver jusqu’à atteindre ton cerveau hein ? Je suis Shymi, que tu le veuilles ou non. Je vais t’en faire une démonstration. »

Lentement, des racines sortaient du sol, rappelant celles qu’Aliréna utilisait pour se battre. Dans ce cas précis, les racines étaient recouvertes d’épines. Elles se dirigèrent vers Tyrania, fonçant vers elle à une vitesse démesurée tandis que l’ancienne Feunard faisait déjà apparaître quelques flammes pour les brûler.

« Tyrania n’a rien à voir dans cette affaire. Laisse la tranquille. »

Xano positionna son bras pour stopper les racines, celles-ci s’enroulant autour de son membre alors qu’il gardait ses yeux posés sur Elis et Shymi. Celles-ci avaient un sourire ressemblant à celui de Malar : Malsain et mauvais. Les racines se consumèrent dans une flamme blanche alors que quelques gouttes de sang tombaient au sol, un sang d’une couleur dorée. Xano passa sa main sur les blessures causées par les épines, celles-ci disparaissant quelques secondes après. Shymi cria en sa direction :

« Tu penses toujours à elle ! Jamais à moi ! Pourtant, c’est moi qui avais ton enfant ! Nous l’avons fait alors que tu faisais semblant de la réconforter ! Comment une fausse femme pourrait-elle te donner ce plaisir que je t’ai procuré cette nuit ?! »

Malgré ses cris et ses paroles, elle gardait son sourire malveillant comme si tout ceci avait été programmé pour le faire souffrir. Pourtant, il réagissait à peine aux dires de Shymi. Il resta parfaitement immobile, prenant la parole :

« Il est vrai que… Cette nuit a été spéciale à mes yeux. Même si je ne t’aimais pas de la même façon que j’aimais mes pokémons… Et même si… Tout cela était à cause d’un charme… Tu étais quand même la première fille que j’ai aimé… lorsque nous avions douze ans. »

« Tu vois ! Tu n’as pas à protéger cette Feunard ! Viens avec moi ! Nous pourrons avoir des enfants aussi beaux que toi et moi ! »

« JE VAIS L’EGORGER CETTE SAL… »

« Calme toi, Tyrania. Tu n’as pas besoin de t’emporter. »

Elle s’arrêta aussitôt, se demandant pourquoi Xano n’était pas plus que ça en colère. Pourtant, Malar venait d’utiliser les âmes de deux personnes plus qu’importantes à ses yeux. Heyrisi, Miviari et Galpha restaient muettes, cela ne concernait pas les trois femmes. C’était autour de Shymi d’ouvrir ses bras, sa tête ayant quittée l’épaule de Malar.

« Tu vois… Elle ne fait que crier, crier, crier… Ce n’est pas une femme faite pour toi. Ce charme dont tu parles, qu’importe qu’il ait disparu, je t’aimerais comme au premier jour. Tu te rappelles de la première fois où nous avons dormis ensemble ? »

Il hocha la tête d’un air positif, ne se préoccupant plus du reste. Il gardait ses yeux fixés sur elle alors que Tyrania tremblait de tous ses membres. Cette impression… Elle détestait cette impression ! Xano était en train de s’éloigner d’elle ! Comment pouvait-il aller vers cette greluche alors qu’il avait son soi-disant problème ?!

« C’est même là où tu as tenter de découvrir mon corps. Tu étais un peu précoce mais je l’étais aussi, n’est-ce pas ? Tyrania est si différente de toi. Elle ne correspond pas au type de femme que tu recherches. »

« C’est vrai… qu’elle ne change guère malgré les années. Toujours à me crier dessus, toujours à m’enguirlander… toujours à rester la même. »

Il fit un premier pas en direction de Shymi. Il avait fait son choix. Il était décidé et ses yeux restaient posés sur elle. Malar s’éloigna un peu de la jeune femme, Elis faisant de même bien qu’elle ne semblait pas ressentir ne serait-ce qu’une émotion tendre devant ce moment.

« Xano ! NON ! S’il… »

Luna posa une main sur l’épaule de Tyrania, la faisant se taire avant qu’elle ne termine sa phrase. Comment les Reines pouvaient-elles laisser cette chose se passer ?! A chaque pas que Xano faisait vers Shymi, c’était une distance qui s’accentuait entre lui et ses Reines !

« Il est vrai que Tyrania est vraiment très embêtante… parfois casse-bonbons à un tel point que l’envie de lui donner des claques me passe par l’esprit mais vois-tu… Il y a une différence avec toi. Je vais te l’expliquer… »

Il arriva à la hauteur de Shymi, celle-ci posant ses deux mains dans le dos du jeune homme pour le serrer contre elle. Affectueusement, Xano passa sa main droite dans les cheveux verts de Shymi, un petit sourire dessiné sur ses lèvres :

« Avec ou sans charme… Tyrania est une personne des plus formidables… Shymi l’est aussi… Chacun a ses qualités et ses défauts… Tu n’as énumérés que ses défauts. Elle est très forte et courageuse, elle sait se battre et elle prendrait des risques insensés pour m’aider et me sauver… Si tu étais la véritable Shymi, tu le saurais. Elle a déjà accepté ma décision. Adieu. »

Adieu ? Le sourire de Shymi se transforma en rictus alors que la main droite de Xano traversait son corps au niveau du ventre. Sans même un soupçon d’hésitation, il retira sa main ternie de sang argenté, quittant les bras de Shymi. Du sang s’écoulant sur ses lèvres, celle-ci poussa un cri haineux :

« SALOPARD ! Je t’ai donné ta chance ! Je t’ai permis de rester avec moi ! »

« Sauf que tu as été pervertie par l’âme impure de Malar mais ne t’inquiète pas… Dorénavant… Tu resteras avec moi. »

Le rictus s’arrêta, la jeune femme aux cheveux verts se penchant en avant, un trou béant à la place du ventre. Malar resta impassible, les bras croisés. Finalement… Il n’avait eut aucun remord à abattre une femme de son passé. Shymi s’écroula au sol, du moins, c’est ce qui aurait dû arriver si Xano ne l’avait pas rattrapé.

« J’ai été heureuse… de te revoir quelques minutes. »

Elle était revenue à son état initial… Celle de la jeune femme qu’il connaissait depuis des années. Une sphère verte sortit du corps de Shymi, Xano la récupérant rapidement avant de l’avaler devant le regard médusé des personnes autour de lui. Même Malar ne semblait pas avoir prévu une telle chose.

« Qu’est-ce… Qu’est-ce que… »

« Aliréna avait raison : Giradès ou toi… Vous faites de plus en plus d’erreurs. »

Shymi disparaissait dans les bras du jeune homme, celui-ci se relevant avant de se mouvoir avec vélocité en direction de l’homme aux cheveux blonds. Son poing alla le frapper au niveau du visage, l’envoyant à plusieurs mètres au loin tandis que Xano posait ses yeux sur la femme qui était sa mère.

« Toi aussi… Je vais te libérer… et te récupérer. Je n’aurais jamais dû te laisser seule dans ce champ de fleurs. »

« Si tu penses en être capable mon fils ! »

Le sol se fissura entre Elis et Xano, des geysers sortant pour créer un barrage. Soudainement, les geysers furent gelés, le jeune homme aux cheveux blancs passant à travers le mur de glace qu’il venait de créer. Il reprit :

« Tu es bien trop faible dorénavant, maman. Tu étais une humaine… »

« J’ai les pouvoirs de Giradès en moi ! Ne pense même… »

« Trop tard. Je suis déjà là. Maman… Je te ramènerais à la vie… comme je te l’ai promis. »

« IDIOT ! Tu pensais qu’un coup aussi faible pourrait m’abattre ?! »

Malar s’était relevé, du sang doré tombant au sol alors qu’il s’enfonçait dans le sol comme si il se faisait avaler par ce dernier. Xano avait fait apparaître une sphère blanche dans sa main droite, celle-ci se trouvant à proximité du cœur d’Elis.

« Je t’arrêterais avant ! »

« Malar… A force… de te voir… Tu deviens de plus en plus lassant. Disparais. »

Xano se tourna subitement, Malar étant apparu derrière lui. La boule blanche pénétra le corps de l’homme aux cheveux blonds, l’envoyant au loin une nouvelle fois. Xano fit un petit pas sur la droite, une lame d’eau lui déchirant sa tenue au niveau de la hanche gauche. Voilà qu’Elis s’en prenait à lui.

« Il ne faut jamais tourner le dos à un adversaire ! »

« Qui a dit que tu en étais une ? Maman, je vais te garder près de moi. »

Il se retourna, posant sa main sur le visage de sa mère, un violent courant d’air entaillant la totalité du corps de la femme aux cheveux bleus. Du sang s’écoula entre les doigts de Xano, celui-ci retirant sa main pour voir le visage abasourdi d’Elis. Encore une fois… Il n’avait pas hésité à frapper une personne chère.

« Xa…Xano… Tu… Tu… »

« Je te ramènerais à la vie… Ne t’inquiète pas. Nos corps sont éphémères mais nos âmes sont éternelles. Bonne nuit… Maman. »

Elle eut un petit sourire, passant avec difficultés sa main droite sur la joue de son enfant. Il… avait si bien grandi depuis le temps. Il était devenu… un vrai jeune homme. Il était magnifique… C’était le plus bel enfant à qui elle pouvait donner le jour.

« Xano… Mon en… »

« NONNNN ! NOOONNNNN ! »

Malar venait de crier de toutes ses forces alors qu’une boule blanche sortait du corps d’Elis, venant dans la bouche de Xano qui l’avala sans ménagements. Comme avec Shymi, le corps de la femme se mit à disparaître peu à peu tandis que Xano se retournait pour faire face à Malar. Celui-ci courait en sa direction, la rage peinte sur son visage.

« Rend moi ces âmes ! Elles sont… »

« Tu m’as l’air bien différent… de celui que je connaissais. Quand à ces âmes… Je suis désolé mais vois-tu, je ne vais pas te les rendre car… »

Xano prit appui sur son pied gauche, une boule de feu blanche jaillissant de sa main gauche pour venir percuter de plein fouet Malar, le jeune homme se mettant à se consumer en se roulant sur le sol. Une petite œuvre personnelle : Des flammes éternelles qui ne pouvaient s’éteindre que si lui le désirait. Il observa Malar du coin de l’œil, se remémorant tout ce qui s’était passé à cause de lui.

« SALETE ! Saleté de flammes ! Elles ne veulent pas s’éteindre ! »

« Depuis quand… Xano est-il devenu comme ça ? »

Tyrania posa la question aux autres Reines, son œil fixé sur Xano qui restait parfaitement immobile en voyant Malar à ses pieds. Ce n’était pas une question de caractère mais au sujet de cette puissance… Les quatre Rois, Elis, Shymi… Tout ceci devait avoir une liaison ou un rapport avec ce qu’il était en train de devenir.

« Redonne moi les âmes de Drimali et de Riza… et j’arrêterais ces flammes. »

« JAMAIS ! Je vais t’étriper Xano Likan ! »

« Si tu en es seulement capable… Depuis que Gigana est morte… Je me sens bien plus puissant… ou alors tu es devenu bien plus faible ? Mettons un terme à tout ça. »

Oui… Aujourd’hui était le jour où il allait se débarrasser définitivement de cet homme. Alors que Malar restait au sol, Xano chargea toute son énergie dans ses deux mains, une forte lumière s’échappant de celles-ci. Personne n’allait l’interrompre : Les sept femmes restaient éloignées de ce combat. C’était SON combat ! C’était à LUI d’en terminer !

« Encore un pathétique clone de gâché. »

Cette voix ? Il avait entendu une voix féminine alors qu’une explosion se produisait à l’endroit où Malar se trouvait il y a encore quelques secondes. Xano avait sauté dans les airs, atterrissant devant les femmes.

« Vous n’avez rien entendu ? »

« Non, je ne crois pas. Et toi Nelya ? »

« Nullement. Xano, tu as réussi à l’éliminer ? »

« Si seulement, c’était aussi simple. »

Le nuage de fumée disparu peu à peu… laissant apparaître le corps de Malar allongé sur le sol. Il ne bougeait plus et n’avait même pas un spasme d’après-mort. Tout s’était terminé aussi rapidement ? Il avait vraiment gagné ? Il s’approcha en demandant aux femmes de ne pas faire de même.

« Pfff… Si tout pouvait se résoudre sans cette violence… »

« Et pourtant, elle ne fait que commencer ! »

Le corps de Malar se transforma en une sphère noire d’un mètre de diamètre, explosant en plusieurs petites bulles de même couleur tandis que Xano se protégeait. Ainsi, cette voix n’avait pas été une illusion. Une voix féminine et pourtant loin d’être inconnue venait encore de lui adresser la parole. Cette voix… Celle qui était vraiment à l’origine de tous ses malheurs… avant qu’il soit Xano Likan.

« Cela doit te rappeler quelques souvenirs non ? »

« Qui… C’est à qui cette voix ? »

« Giradès… Elle est finalement sortie de son trou. »

Les sept femmes se réunissaient entre elles, chacune tournant le dos à une autre pour éviter une attaque en traître. Seul Xano était isolé, son regard se dirigeant vers le ciel alors que la voix féminine reprenait de son ton impérial :

« Des copies… Des pâles copies à chaque fois. Voilà ce que le monde est… Tout n’est qu’illusion. Aliréna t’a confié un message pour moi, n’est-ce pas ? »

« Tu veux vraiment le connaître ? »

« Nullement… Il ne m’intéresse pas. En fait… Seule ta personne m’attire. Bientôt, je vais pouvoir te reconstruire à nouveau de mes propres mains mais cette fois-ci, je ne commettrais pas l’idiotie de te laisser retourner dans le monde des humains. »

« Pour ça, il faudra déjà réussir à me capturer, Joker Noir. »

« Malar est le Joker Noir. Ce que tu as tué n’était qu’une copie de ce dernier. Moi-même, je suis au-dessus de tout ça. »

« Tant mieux. Heureux de l’apprendre, tu ne veux pas te présenter à moi ? J’ai quelque chose à te dire et à te montrer. »

Comme si un voile translucide venait de disparaître, un visage se dessina devant Xano. D’abord deux yeux rouges, puis une sorte de croissant de lune doré posé sur le front. Tout ceci était accompagné d’un visage aux allures divines, rappelant la prestance qu’avait Juperus, une prestance que nulle autre personne ne pouvait avoir avant aujourd’hui. Enfin, une chevelure blonde vint rejoindre le croissant de lune alors que Giradès reprenait :

« Que me veux-tu ? Je ne suis pas devant toi… alors cela ne sert à rien d’espérer me blesser… si tu en es seulement capable. »

« Non en fait, je n’avais rien à te dire. Simplement, maintenant, j’ai récupéré les âmes de toutes ces personnes à qui je tenais. Tu es la prochaine. »

« Il te manque les âmes de Riza et Drimali. Contrairement à celui qui m’héberge, je ne les ai pas ramenées à la vie. Tu pourras les reprendre… si tu les trouves. Seul ton parcours me suffit. Tu es sur la bonne voie… Quand tu te sentiras capable… Peut-être pourras-tu me rejoindre à sur le mont Fisia. Tu ne devrais avoir aucun mal à te nourrir et à vivre ici. C’est un peu comme le domaine de Juperus. »

Que… Elle ne lui laissait même pas le temps de répliquer que déjà son visage disparaissait. Les yeux rubis de Giradès avaient réussi à insérer un trouble qu’il pensait avoir perdu depuis qu’il avait rejoint Juperus. Cette femme… le mettait mal à l’aise. Mais maintenant, il savait qu’ils étaient au bon endroit : Le domaine de Giradès.

Chapitre 51 : Domaine céleste

Chapitre 51 : Domaine céleste

« Je n’aime pas cet endroit… Ca ressemble trop au domaine de Juperus. »

Tyrania avait la remarque, passant une main dans ses cheveux dorés en les tortillant du doigt. Maintenant qu’Heyrisi et Miviari étaient mises au courant par rapport aux derniers évènements, les deux femmes avaient décidées de rejoindre le groupe. Ce n’était pas une mauvaise chose, cela donnait l’impression d’être bien plus puissants ensemble. Cette impression était renforcée par l’allure qu’avait Xano. Les cheveux blancs volant au vent et un regard des plus sérieux dans lequel elle pouvait lire une grande tristesse. Pourtant, il ne semblait pas vouloir lui répondre et elle n’aimait pas ça.

« Normalement, nous devrions connaître un peu les horizons. Par contre, si le fait de rejoindre le domaine céleste était aussi simple que ça… Juperus aurait déjà dû nous contacter depuis plusieurs minutes. C’est une Déesse quand même. »

« Malheureusement… Ce domaine céleste est coupé en deux parties : L’une dirigée par Juperus, l’autre par Giradès. Nous sommes dans la seconde partie. »

Miviari posa ses yeux sur la globalité du groupe, l’observant longuement. Elle semblait être assez au courant de l’histoire… Même si elle n’avait pas les connaissances d’Aliréna, il fallait s’en douter. Le groupe s’immobilisa, tout le monde se réunissant en cercle, Xano prenant finalement la parole :

« Nous sommes huit. Nous avons les quatre Reines renforcées par le pouvoir de deux Atouts, nous avons aussi l’Excuse, une Atout Supérieure et… la seconde Atout. »

« Xano Likan, si tu juges la puissance d’une Atout par rapport à son num… »

« Je ne juges rien du tout. D’après ce que j’ai compris, vous avez été blessées par cette pâle copie de Shala. Que tu sois encore vivante montre bien que ton numéro n’est pas représentatif de ta force. Tu dois être une femme des plus tenaces, simplement, je préfère prendre mes précautions. Galpha, il en est de même pour toi, je ne sais pas vraiment ce que tu vaux en puissance. Tu es l’Excuse, tu n’as donc pas de comparatif. »

« Je devais me débrouiller toute seule… lorsque j’étais dans le monde de Rocagiri. »

« Donc tu sais affronter des ennemis et puisque tu peux cracher de l’eau et utiliser la puissance de la pierre, tu restes quelqu’un dont on aura besoin. »

« Joker… Xano Likan, si je peux vous appelez comme ça. Vous avez les âmes des quatre Rois en vous, n’est-ce pas ? Est-ce que vous êtes cap… »

Il hocha la tête alors que Miviari tentait de terminer sa phrase. Lentement, il pointa la paume de sa main droite en direction du ciel, fermant ses yeux vairons. Quelques secondes après, un pieu de glace fit son apparition, explosant en morceaux. Puis il continua de la même façon, créant une lame de terre et une sphère faite de métal liquide. Oui, il avait bel et bien récupéré les pouvoirs des quatre Rois même si il n’avait pas montré ceux issus de Gigana. Pourtant, il ne semblait pas très heureux par ce gain plus que considérable de puissance. Pire, il était bien trop calme et réservé. Tyrania lui tira la joue :

« Arrête de faire cette tête ! Elle m’énerve encore plus que les autres, espèce d’idiot ! »

« Aie, aie, aie ! Tu peux arrêter ça s’il te plaît ? Si on se met en colère inuti… »

« Je ne me met pas en colère inutilement ! Je t’explique sincèrement que se morfondre sur soi-même, ce n’est pas le bon plan ! »

« Se morfondre ? Je ne suis pas triste ! Je réfléchis simplement. »

La jeune femme aux cheveux dorés lui donna un léger coup de tête sans qu’il n’en sache la raison. Il pouffa sur le coup, la regardant quitter le cercle pour s’éloigner de quelques mètres et observer les alentours. Sans être choqué par ce geste, il reprit :

« Miviari… Est-ce que tu connais assez cet endroit pour nous guider ? »

« Nullement… Cela n’est que purement théorique. »

« Bon, nous ne sommes pas tirés d’affaire donc ce n’est pas une bonne idée. »

« Et si nous avancions au lieu de rester plantés là ? »

Luna venait de prendre la parole, croisant les bras au niveau de sa poitrine avec un grand sourire. Depuis qu’elle avait récupéré les âmes des deux Atouts, elle était devenue encore plus impressionnante et sûre d’elle. Elle reprit :

« Ce n’est pas en déblatérant pendant des heures que nous pourrons trouver une réponse à nos questions. On se met tous en route ? »

« Bon… Tu prends les commandes, Luna. »

« Comme tu le veux, Xano ! De toute façon, niveau orientation, je suis la meilleure à ce rôle. Par contre, Nelya, tu peux venir à mes côtés ? »

« Comme tu le désires… »

La jeune femme aux cheveux bleus s’avança lentement en direction de Luna, marchant en suivant ses pas sans rien dire. La discussion était plus mentale que verbale, les mimiques sur le visage de Luna montrant ses sentiments. Elle semblait s’être rapprochée bien plus qu’elle ne le montrait de Nelya.

« Xano… Je me disais… Au passage… »

Hum ? C’était au tour de Shala de s’adresser à lui ? Qu’est-ce qu’elle lui voulait ? Vu son regard, elle semblait être aussi joyeuse que lui et cela inquiéta un peu le jeune homme aux cheveux blancs. Pourquoi rougissait-elle ?

« Je tenais à m’excuser au sujet de … »

« Si c’est pour cette affaire dans l’autre monde, c’est oublié. »

« Mais arrête ça ! Ne fais pas semblant d’ignorer les sentiments des personnes qui t’entourent ! Pendant les quelques instants où j’ai su qu’elle était ma sœur, j’avais l’impression de… de… d’avoir fait… »

« Une immense bêtise à mon sujet. Je le sais bien. »

« NON ! Tu ne sais rien du tout ! Tu te crois capable de lire dans mon cœur pour dire ça ?! Pandora voulait que je te pardonne et surtout que je vienne m’excuser pour t’avoir parlé comme ça pendant des semaines ! »

« Et maintenant… C’est le cas non ? Tu m’as pardonné… et tu me parles. »

Mais qu’est-ce qui se passait avec cet idiot ?! Il parlait avec une telle nonchalance, un tel… éloignement ! Elle avait l’impression de parler à un mur ou à un parfait inconnu. Pourtant, c’était bien Xano qui se tenait devant elle ! Et elle était sûre qu’il n’était pas si différent d’avant ! Ce n’était quand même pas la mort de…

« Laisse tomber, je ne le reconnais pas. Ca n’a pris que quelques minutes mais c’est bon, j’ai affaire à un type que j’ai jamais vu. »

Tyrania venait de s’adresser à elle avec un soupir dans la voix. C’est vrai… La jeune femme aux cheveux dorés était celle qui aimait réellement Xano et voir un tel changement chez lui… devait lui faire bien plus de mal qu’à n’importe quelle autre femme ici présente. Shala poussa un soupir à son tour, les deux femmes restant proches l’une de l’autre pour parler entre elles. Galpha était restée à côté de Miviari et Heyrisi, tentant de parler avec elles.

De son côté, Xano marchait seul, les mains dans les poches, le regard perdu dans la vague. Il ne semblait pas se soucier un seul instant de Tyrania et des femmes autour de lui. Il était conscient… que le danger était omniprésent en ce lieu. Ce décor rappelait celui du domaine de Juperus, ses fleurs, ses temples vides et à découvert, cette odeur si particulière qui lui titillait les narines… Vraiment… Il était revenu… et il savait que c’était différent.

Sa main gauche quitta la poche pour se diriger au niveau de son cœur. Peut-être que ce soir… Si ils avaient la possibilité de dormir, il irait voir dans sa dimension… si elles étaient bien arrivées. Après… Là-bas, il serait sûr qu’elles seraient en tranquillité. Gigana… La jeune adolescente aux cheveux blancs avait déjà pris une place très importante dans son cœur, TROP importante. Lui qui pensait que toutes les personnes autour de lui étaient de sa famille, dans le cas de Gigana, cette sensation était décuplée.

« Xano… Xano… XANO ! »

Quoi ? Quoi encore ?! Il se tourna juste à temps pour voir la main de Tyrania qui alla se poser au niveau de sa gorge, venant la serrer une seule seconde. Lorsqu’elle se retira, ce fut pour donner une violente claque au jeune homme.

« Quand je te parle, j’aimerais quand même que tu m’écoutes d’accord ?! »

« Oui oui… Je t’écoutais, je te le promets mais tu n’étais pas obligée d’être aussi violente hein ? Tu avais seulement à me… »

« A te quoi ? A attendre que tes deux neurones dans ton cerveau comprennent que quelqu’un te parle ? Te fous pas de moi et je te foutrai pas ma main dans ta face ! »

Il lui fit un sourire, la jeune femme s’arrêtant subitement d’être en colère. Il était heureux ? Ou alors il se moquait d’elle ? Elle ne savait pas comprendre ce sourire et pourtant…Elle voulait y croire. Comme hypnotisée, elle passa sa main sur la joue rouge de Xano, fermant lentement son œil gauche en rapprochant ses lèvres. Oui, sur le moment, elle avait envie de l’embrasser, de goûter à ses lèvres et d’être plongée dans ses bras pour sentir sa chaleur. Elle tituba en avant, la voix de Xano se faisant entendre :

« Nous n’avons pas de temps à perdre avec ça. »

Du temps perdu ?! Le fait de s’embrasser et de montrer qu’ils s’aimaient était du temps perdu ?! Non, elle n’avait pas oublié son petit problème personnel et psychologique mais ce n’était pas une raison pour la traiter ainsi ! Elle se dirigea vers lui, serrant sa main droite dans la sienne avec énervement.

« Tu me prends la main ! »

« Si c’est ce que tu veux… »

« Non, c’est ce que TU VEUX ! J’ai été claire ?! Ou je dois m’expliquer ?! »

« Non, c’est bon… Je veux bien te prendre la main droite. »

Si elle ne voulait que ça, c’était bon. Shala avait rejointe Luna et Nelya, se mettant à discuter avec elles au sujet de la protection de Xano. Celui-ci préféra ne rien dire, se rappelant qu’il n’avait plus vraiment besoin de ça depuis qu’il avait récupéré les âmes des quatre Rois. Ces petites filles… AHHHHHH ! Il ne le montrait pas mais il restait bouleversé par leurs morts. Si seulement il avait une idée sur l’identité du Dieu Originel. Les paroles d’Aliréna lui revenaient en mémoire…

Réveiller de son sommeil mental le Dieu Originel. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il n’arrivait pas à comprendre tout ce qui se passait autour de lui ! Surtout que ça avait l’air d’être bien moins simple qu’il n’y paraissait ! La main de Tyrania le serrait avec moins d’insistance alors qu’ils avançaient sur une route faite de pavés noirs. Tout le monde était revenu pour entourer le jeune homme, celui-ci murmurant :

« Mieux vaut rester groupés dorénavant. Je ne veux pas que l’une d’entre vous parte seule dans son coin et se fasses tuée. »

« Aucun problème, tu nous prends pour qui ?! »

« Pour personne. C’est bon… Je n’ai fais que vous prévenir. »

Tout de suite, elle l’agressait verbalement. Ca devenait fatiguant à la langue mais il ne semblait pas s’en soucier. Maintenant, les sept femmes étaient proches de lui et c’était tout ce qui importait. Surtout que… le décor s’assombrissait subitement devant eux, deux yeux rouges les regardant longuement avant qu’une voix malsaine ne se fasse entendre :

« Bienvenu dans mon antre, Joker Blanc. Heureux de savoir que tu es bien plus résistant que ces misérables cafards féminins. »

« Quand tu parles de cafards… Est-ce que tu parles de Gigana ? »

« De qui d’autres pourrais-je donc parler ? »

Les yeux rouges étaient maintenant accompagnés de la chevelure blonde et du reste du visage de Malar. Celui-ci avait un grand sourire aux lèvres, son corps faisant peu à peu son apparition devant le groupe. Il inclina le haut de son corps avant de reprendre :

« Et dire que depuis le début, les Rois ne combattaient nullement pour moi. Cela ne te donne pas l’impression d’une même et unique boucle qui se répète ? Les Taisos n’étaient pas véritablement au service de Riza. Oh… Riza… Cette femme aux cheveux blonds… Il est dommage que Ryusuke et elle aient choisis deux chemins différents. »

“Qu’est ce que tu es venu faire ici ? »

« Oh… Simplement accueillir un valeureux adversaire qui mérite toute mon estime pour avoir survécu à l’une des plus puissantes entités crée par le Dieu Originel. »

« Et tu te sens fier de tes paroles ? »

Xano se tenait maintenant à quelques pas du reste du groupe, l’intimant d’un geste de la main de rester en arrière. Maintenant, il avait de plus en plus de personnes à venger à cause de cet imbécile qui se tenait devant lui.

« Je n’appellerais pas ça de la fierté mais plutôt de l’amusement. Savoir qu’à chaque être que tu tues, tu t’enfonces de plus en plus mentalement, c’est une victoire que j’aime savourée à chaque instant. Qu’en penses-tu ? »

« Que j’ai une folle envie… de t’apprendre le sens du mot « responsabilité ». »

« Oh ? Responsabilité ? Moi ? Que je sache… Je n’ai jamais levé la main sur un humain. La seule chose dont je me souviens, c’est d’avoir tué quelques ridicules petites créatures qui étaient soi-disant des Dieux. »

Il ne regardait plus Xano dans les yeux mais Tyrania, son sourire s’agrandissant alors que la jeune femme aux cheveux dorés s’était mise à trembler de peur. Cet homme… lui faisait toujours le même effet ! Elle arrivait à combattre sa peur lorsqu’il s’agissait de Xano, lorsqu’elle avait dû le sauver mais maintenant… Tout son courage avait disparu comme auparavant ! Elle détourna son œil violet tandis que Xano reprenait :

« Laisser tes larbins faire le travail à ta place. »

« Exactement ! Pourquoi me salir les mains alors que d’autres le font si bien à ma place ? Au passage, tu sembles un peu en colère, me tromperais-je ? »

Xano ? En colère ? Les femmes posèrent leurs yeux sur le jeune homme aux cheveux blancs mais pourtant, il n’y avait ni tremblement, ni regard énervé. Non… Il semblait pourtant particulièrement calme alors que se trouvait en face de lui la raison de tous ses malheurs. Pourtant, Xano s’adressa à lui d’une voix lente :

« Pourquoi je serais en colère ? Car tu as tué ma mère ? Car tu as tué Ryusuke et Riza ? Car tu es responsable de… »

« Non non ! Moi ? Je ne suis pas responsable de la mort de Gigana et de tout ce monde crée par le Dieu Originel. TU es le seul fautif ! »

« Je n’avais pas le choix ! Ne te moque pas de moi ! »

« Le choix ? Mais si… Tu l’avais… Simplement tu as fait le mauvais. Qu’est-ce qui t’empêchait de te laisser mourir tranquillement ? Gigana aurait été heureuse… Elle aurait attendu son prince charmant… Oh non ! Je voulais dire… Une chimère. Elle croyait vraiment que le Dieu Originel allait revenir un jour ? Pauvre petite gamine avec ses illusions ! »

« TOI… »

Là, c’était bon. Il voulait le voir en colère, il allait le voir ! Gigana une gamine avec ses illusions ?! Il allait lui montrer les pouvoirs issus de la gamine ! La route pavée se fissura subitement alors que Xano disparaissait de la vue du groupe et de Malar, l’homme aux cheveux blonds éclatant de rire avant de reprendre :

« Et bien… Tu es vraiment sûr de vouloir me tuer ? Ou plutôt… la tuer ? »

La tuer ? De qui parlait-il ? Le jeune homme aux cheveux blancs était réapparut à quelques centimètres de Malar, sa main devenue entièrement blanche et scintillante. Lentement, Malar se dissipa dans un nuage de fumée. En parlant de chose blanche…Cette sphère qui lévitait devant ses yeux… Qu’est-ce que…

« Il est plus facile de tuer un ennemi qu’un inconnu. Il est plus facile de tuer un inconnu qu’une personne chère. Est-ce que tu t’en sens capable ? »

La sphère blanche fut soudainement enveloppée de chair, prenant la forme d’une femme dans une longue robe couleur grise. Des cheveux bleus assez courts, des yeux dorés, la femme devait avoir une trentaine d’années au maximum. Ses yeux dorés se posèrent sur Xano et elle eut un grand sourire tendre en sa direction. Il ne rêvait pas… C’était elle… C’était… Le sourire se figea tel un masque alors qu’une puissante vague d’eau frappa Xano de plein fouet.

« Tu ne veux pas me serrer dans tes bras ? »

« Xano… Ton enfant est mort… Est-ce que tu veux bien m’en faire un second ? »

Les quatre Reines se statufièrent alors qu’apparaissait à côté de la femme aux cheveux bleus… une autre personne ? Elle avait de longs cheveux verts, une robe blanche et ses deux mains étaient posées sur son ventre comme pour le protéger. La jeune femme aux cheveux verts avait le même sourire que l’autre personne, ses yeux posés sur Xano. Celui-ci comprenait parfaitement qui étaient ces personnes devant lui : Shymi… et Elis ?

Chapitre 50 : Encore des adieux

Chapitre 50 : Encore des adieux

« Sa… SALETE ! »

La Shala aux cheveux bleus éjecta les restes du pilier autour d’elle, se relevant avec colère. Elle n’avait jamais pensé se faire avoir de la sorte par le Joker Blanc. Celui-ci ne semblait même pas l’entendre, restant de dos par rapport au groupe.

« Aliréna ? »

« Oui ? Qu’est-ce qu’il y a, Xano ? »

« Pourquoi tu as décidé de ne rien nous dire ? »

« Ce genre de futilités sont à annoncer seulement à la fin. »

« CES FUTILITES ?! Pour toi, mourir, c’est une chose futile ?! »

Le sourire sur les lèvres d’Aliréna disparu aussi vite qu’il était venu lorsque Xano était sorti de sa dimension avec Gigana dans ses bras. Ainsi, l’adolescente l’avait mise au courant. Est-ce qu’au final, il avait fait la liaison ?

« Disons simplement que j’avais mes priorités or celle-ci n’en était pas une. »

« Tu es l’Armure du Dieu Originel et tu es l’une des trois Clés. Si… Si… Tu es l’une des trois Clés et que tu es l’Armure… Cela veut dire que Shala et Pandora sont aussi des Clés mais surtout qu’elles sont tes sœurs. »

Les deux nommées se tournèrent vers Aliréna, la regardant d’un air étonné. Comment ça ? Comment était-ce possible que cette femme soit l’Armure ? Elle n’avait pas résisté à Tyrania alors que celle-ci s’était énervée contre elle. Mais surtout… Elle était…

« Je suis une Clé, je suis l’Aînée des trois Sœurs, je suis l’Armure du Dieu Originel, je suis la Vingtième Atout. Je suis beaucoup de choses. J’ai aussi un rôle bien plus important dans mon cœur mais rares sont les personnes à le savoir. »

« Et c’est quoi ce rôle ? »

Aliréna posa une main au niveau de son cœur, prenant une profonde respiration avant d’émettre un nouveau sourire. La seconde Shala ne semblait pas apprécier le fait qu’elle soit ignorée mais de nombreuses lianes et racines vinrent la ligoter alors qu’elle se jetait sur Xano. Elle retomba avec violence sur le sol, poussant un cri de douleur alors qu’Aliréna murmura d’une voix très faible :

« Ce n’est vraiment pas si important… Ca ne concerne que moi. »

« Tu penses vraiment être capable de m’arrêter ?! »

« Je le suis. Même si tu as les pouvoirs de Giradès avec toi, tu n’es rien d’autre qu’un ersatz de la réelle Arme du Dieu Originel. »

« ERSATZ ?! Nous allons voir ça ! »

Les lianes se déchirèrent, la seconde Shala se relevant, ouvrant la bouche en direction d’Aliréna. Une aura noire s’était mise à apparaître autour d’elle alors qu’un puissant jet de glace se dirigeait vers la femme aux cheveux blonds. Xano se positionna devant elle, donnant un coup de pied dans le menton de Shala avant de terminer ce geste par un coup dans la nuque pour la faire rejoindre le sol une nouvelle fois.

« Dis moi… tout. Qu’est-ce que tu es réellement ? »

« C’est risible mais… Ce titre est bien plus important pour moi que le reste. Je suis simplement… la première femme que Charkrowos ait aimée. Même si… Ce n’est pas totalement vrai… Simplement… C’était son premier essai. Il voulait combattre son mal… mais il n’y est jamais arrivé au final. Même moi, je n’ai rien pu faire pour lui venir en l’aide. »

« Le sentiment de vouloir aimer sans être aimé en retour. »

« En quelque sorte, c’est ça. Il ne m’a pas rendu dépendant de lui, il m’a crée comme n’importe quelle femme. J’ai mes pensées, mon existence, mes secrets mais… Même si il est parti, je l’aime toujours autant car un homme comme lui est voué à être triste jusqu’à la fin de sa non-vie. L’éternité… C’est vraiment laid. »

« Mais… Ce n’est pas une raison pour trouver ça futile ! »

« Tu tiens… à tout le monde. Le regard que tu portais sur Gigana était des plus éloquents. Je ne suis pas idiote et je sais ce que tu pensais d’elle… Tyrania n’a pas à être jalouse puisque ce n’est pas ce qu’elle pense. »

« AH ! JE TE TIENS ! »

La seconde Shala venait d’attraper le pied de Xano mais celui-ci pesta, énervé par la situation. Sans ménagement, il alla écraser la main de la seconde Shala, les os se brisant facilement alors qu’il faisait de même avec l’autre. Le groupe restait muet à part Pandora, Galpha et Shala qui discutaient entre elles. L’adolescente aux yeux verts restait dans les bras de sa grande sœur, semblant en sanglots bien qu’elle avait un sourire.

« Mais tu vois… Je vais te montrer à quel point Giradès est une imbécile. Contrairement à ce qu’elle pensait faire en utilisant l’âme de Shala, elle vient de me donner la possibilité de sauver cette dernière. »

« Comment ça ? Où est-ce que tu veux en venir ? »

« Brise lui les deux jambes et arrache les ailes à cette fausse Shala. »

Ce n’était pas un ordre mais il ne rechigna pas à la tâche. En fait, c’était bizarre, très bizarre. Il ne pensait pas être capable d’une telle barbarie mais il le fit sans aucun souci. Des nouveaux craquements se firent entendre en même temps que les cris de la femme aux longs cheveux bleus. Elle… Elle était la plus forte des Atouts ! Elle avait les pouvoirs de Giradès en elle alors pourquoi n’y arrivait-elle pas ?!

« Pandora… Shala… Mes sœurs… Voudriez vous vous approcher de moi ? J’ai quelque chose à vous dire… en privé. Ca ne sera pas long. »

Elle regarda de ses yeux bleus Xano, celui-ci hochant la tête pour se diriger en direction de Tyrania et Luna. Shala et Pandora s’approchèrent d’Aliréna, celle-ci se mettant à leur parler sous le ton du secret. La seconde Shala était entourée de lianes, paralysée, n’arrivant plus à s’exprimer et à bouger. Le décor se fissurait tout autour d’eux, de nombreux morceaux de pierre s’écroulant sur eux bien que Xano ne faisait qu’un simple geste de la main pour créer un champ de force protecteur. Il était devant Tyrania, ses yeux vairons posés sur elle :

« J’espère que tu ne t’ai pas fait de soucis… pour moi. Nous allons partir… vers le domaine céleste… et mettre un terme à tout ça. Est-ce… Que tu voudras aller chercher avec moi le Dieu Originel ? Je l’ai promis à Gigana. »

« Pourquoi le ferais-je ? Cela ne concerne que toi dans cette promesse. »

« C’est comme tu le désires, Tyrania mais tu seras en sécurité après tout ça. »

« Imbécile. Tu n’arrives même pas à comprendre quand je fais de l’ironie. »

Il haussa les épaules en émettant un petit sourire, se tournant vers le quatuor qui parlait entre elles. Pandora venait de se diriger dans les bras d’Aliréna, se faisant serrer par la jeune femme aux cheveux blonds. Shala avait une main posée sur ses yeux comme si elle s’empêchait de pleurer tandis que Galpha ne savait pas où se mettre. Ce n’était pas très réjouissant comme spectacle. Nelya quand à elle s’était mise de côté, réfléchissant à tout ce qu’elle venait d’apprendre :

« Il ne reste plus que cinq à dix minutes. Les Clés vont être positionnées. »

« Shala… Pandora… Vous savez quoi faire ? »

« Aliréna… Je te déteste vraiment… »

La femme aux yeux améthyste s’était adressée à Aliréna avec quelques trémolos dans la voix avant de se réfugier dans ses bras. Voir Shala dans cet état avait quelque chose d’irréel comme si tout cela n’était qu’un mirage et pourtant… Aliréna reprit la parole :

« Nous sommes prêtes, Xano. Je vais commencer à créer le portail. »

« Tu ne veux même pas nous dire au revoir ? Tu n’as rien à nous dire ? »

« Nous n’avons pas le temps… mais le temps que je me mette en position, tu peux dire tes dernières paroles à Pandora et Shala. »

L’adolescente aux yeux verts s’approcha de Xano timidement, la tête baissée tandis que Shala faisait de même. L’ancienne Arme du Dieu Originel était rouge de gêne alors que Xano parlait sur un ton gentil tout en serrant les deux filles contre lui :

« Je ne serais pas long… Je ne serais pas long du tout… Je vais simplement vous dire que je trouverais ce Dieu Originel… que je le forcerais à vous faire revenir. Il doit en être capable puisqu’il nous a tous crées. Je le ramènerais et je vous ferais revivre. Au final, Giradès n’est qu’une étape dans mon existence… Je ne vous oublierais jamais… Je vous emmènerais dans ma dimension lorsque tout sera terminé. »

Pandora et Shala ne lui répondirent pas tandis qu’il tapotait leurs dos. Le ciel commençait à être parcouru de nombreux éclairs, Xano posant ses yeux sur ce dernier. Tout allait être terminé… encore une fois. Il détestait ça. Shala avait un petit sourire alors qu’Aliréna appelait les deux femmes. Celles-ci se dirigèrent vers elle, la jeune femme aux cheveux blonds soulevant la seconde Shala dans les airs avec un sourire démoniaque :

« Voilà l’incarnation de la stupidité de Giradès. »

« Qu’est… Qu’est-ce que tu vas faire de moi ?! »

« Pour ouvrir le portail, il nous faut les trois Clés… Or… Nous avons les trois Clés. Je suis présente… Pandora l’est tout autant… et tu es là aussi. »

Hein ?! Cette femme… Cette femme… ELLE ALLAIT SE SERVIR D’ELLE ?! Elle n’arrivait plus à bouger mais elle s’égosillait alors qu’Aliréna changeait de sourire, se tournant vers Shala qui retournait vers Xano. Celui-ci ne montra pas sa surprise tandis que Luna, Tyrania, Nelya et Galpha s’approchaient de lui.

« Bon et bien… Xano… Je te fais confiance. Tu te dois de surveiller ma petite sœur. Lorsque tu retrouveras Giradès, dis lui clairement qu’elle est une imbécile de ma part. Elle n’arrivera jamais à obtenir ce qu’elle voulait tant et que c’est une raison pathétique et risible d’en être arrivé à là pour ça. Pour ma part… Je vais déjà faire taire cette copie. »

« NONNNNNNNNNNNNNNNNN ! »

Une liane étouffa le cri de la seconde Shala alors que son corps s’était mis à briller, éclatant en diverses bulles de lumière tandis qu’une petite sphère violette lévitait au-dessus du sol. Celle-ci alla se loger en Shala qui toussa de surprise tandis que Xano ouvrait en grand ses yeux. Si… Les corps explosaient…

« Pandora … A ton tour… »

L’adolescent hocha la tête, fermant ses yeux verts alors qu’elle se mettait en position de prière devant Aliréna. Lentement, son corps se mit à disparaître dans un flot de bulles de lumière, un petit sourire dessiné sur ses lèvres alors qu’elle pleurait. Le sol commençait déjà à se désagréger, la foudre s’abattant tout autour du groupe de Xano alors qu’une sphère orange tournoya autour de Shala, venant s’insérer en elle.

« C’est à mon tour maintenant… Dès le moment où la troisième Clé disparaîtra… »

« Attends un peu Aliréna ! Si vos corps ne sont plus… »

« Je t’ai dit que je n’aimais pas parler inutilement, Xano. Adieu… et réveille le Dieu Originel de son sommeil mental. Je sais… que tu prendras toujours les bonnes décisions. »

Le corps d’Aliréna devenait à son tour des bulles de lumière alors qu’elle fit un clin d’œil à Tyrania avec un grand sourire. Lentement, elle ouvrait la bouche comme pour lui parler, la jeune femme aux cheveux dorés se mettant à rougit subitement. Toutes les bulles se réunirent en demi-sphère blanche qui devait faire dans les quatre mètres de diamètre. Une sphère verte se mit à tournoyer autour de Shala avant de se déposer sur sa main droite.

« Dire que je ne pensais… jamais avoir une famille. »

« Des fois, elle est bien plus proche que l’on ne pense. Pénétrez en premières. Je vous rejoindrais, j’ai une dernière chose à faire. »

« Xano, tu vas faire quoi ?! Je reste ! »

Il souleva Tyrania avec facilité, l’envoyant dans la demie-sphère alors qu’elle poussait un cri de rage. Elle disparue à l’intérieur alors que les autres filles marchaient d’un pas sûr en direction de la demie-sphère. Le Bilan ? Encore une fois… Giradès avait gagné sur toute la ligne… Il n’y avait qu’avec Shala qu’elle avait échouée… Il ne restait plus que Galpha qui n’avait pas encore franchie la demie-sphère.

« Heu… Même… Si je ne suis pas très forte, je ferais de mon mieux. Pardon ! »

« Tu n’as pas à t’excuser pour ça, Galpha. Toute aide sera la bienvenue. »

Il fit un petit geste pour lui dire de continuer, la jeune fille aux cheveux bruns pénétrant dans la demie-sphère en disparaissant. Il ne restait plus que lui… et ce monde devenu chaos. Ce si joli monde… avec ses îles… ses personnes… ses fleurs… ses… Rois…

« Je devrais… tout abandonner. »

« Ah… Ah… Ah… Nous arrivons… trop tard ? Où sont les Rois ? »

Cette voix ?! Il ne rêvait pas ?! Il tourna sur lui-même, ses yeux se posant sur les deux femmes qu’il voyait. Heyrisi et Miviari étaient légèrement blessées mais elles avaient tellement de mal à avancer… Elles étaient encore vivantes ?! Il courut vers elles, les aidant en leur disant de se tenir sur lui.

« Joker Blanc, qu’est-ce qui est arrivé ? Le monde… Ce monde, il souffre. Il a l’impression d’être délaissé. Tu peux… »

« Gigana et les Rois sont mortes… Je vous expliquerais tout après. Venez avec moi… »

Ils devaient partir au plus tôt possible. Là, ils n’avaient plus de temps à perdre ! Faisant apparaître ses deux ailes de coton dans son dos, il s’envola en direction de la demie-sphère, se dirigeant vers elle alors que les deux femmes accusaient la nouvelle qu’elles venaient d’apprendre. Gigana était morte ? L’adolescente était vraiment… décédée. C’était si difficile à croire et pourtant, si ce monde se détruisait de l’intérieur, c’était la vérité. Xano avait un petit sourire triste alors qu’ils pénétraient dans la demie-sphère :

« Merci… d’êtres arrivés à temps, vous deux. »

La demie-sphère se referma une trentaine de secondes après que Xano, Miviari et Heyrisi eurent pénétré à l’intérieur. Des cris, des plaintes, des sanglots, des bâtiments qui s’écroulent, des îles qui s’effondrent, tout n’était plus qu’apocalypse. Les éclairs s’abattirent de plus en plus sur le monde, le néant engloutissant tout sur son passage. Certaines personnes étaient à genoux, murmurant en tremblant :

« Ô Rois, venez nous en aide ! »

« Nous n’avons jamais contestés vos ordres. »

« Nous n’avons jamais essayés de vous contredire. »

« Où êtes-vous ? Que se passe t-il ? S’il vous plaît… Apparaissez ! »

Mais rien n’y faisait… Malgré les suppliques, aucune personne n’allait venir les sauver. Les premières îles se désagrégèrent, emportant avec elles des milliers de personnes. Et ainsi de suite, peu à peu, tout ce monde qu’avait sauvegardé Gigana n’existait plus… Si cet endroit avait été une planète, à l’instant où plus aucune voix ne se faisait entendre, où aucun souffle ne se faisait sentir… Elle était morte.

« AH ! Le voilà ! »

« Il est arrivé ! Mais attendez … C’est qui ? »

« Heyrisi et Miviari ?! »

Les cinq femmes s’agglutinaient autour de Xano qui était couché sur le sol, Heyrisi et Miviari à ses côtés. Il tenait les deux femmes dans ses bras alors qu’il ouvrait les yeux pour regarder où il se trouvait. La première chose qu’il vit était le visage énervé de Tyrania. D’abord éloigné, il ne remarqua pas la main qui le soulevait du sol en le tenant par le col. Là… Elle était tout de suite plus proche.

« Alors comme ça, on pense m’envoyer de force dans un autre monde ?! »

« J’avais une bonne explication… Je n’avais pas le temps et puis… »

« Toi, j’ai suivi l’intégralité de ton combat contre Gigana. Tu vas devoir t’expliquer ! »

« On peut… éviter de se battre ? Et de se chamailler… maintenant ? S’il te plaît. Je dois déjà tout raconter à Heyrisi et Miviari. »

Les deux femmes se faisaient soignées par Nelya tandis que Tyrania retira sa main du col pour venir prendre celle de Xano. Elle paraissait en colère et sa voix elle-même exprimait de l’énervement mais elle était surtout inquiète… qu’il fasse une bêtise en les laissant ici sans venir les rejoindre. C’était tout… Elle ne voulait pas le perdre et les paroles d’Aliréna restaient gravées dans sa tête. Même si la femme aux cheveux blonds n’avait rien dit, elle avait compris ce qu’elle voulait dire. Lire sur ses lèvres n’avaient pas été très difficile mais pourquoi… lui dire ça maintenant ? Elle observa longuement le jeune homme aux cheveux blancs, celui-ci se dirigeant vers Heyrisi et Miviari pour leur parler.

Chapitre 49 : Chaleur

Chapitre 49 : Chaleur

« Où… Où est-ce que nous sommes ? »

« Dans ta dimension. »

Tout était blanc… si blanc… autour de lui… Il était couché sur le sol mais il ne ressentait plus aucune blessure, comme si il n’avait jamais été affecté par les coups de Gigana. Mais était-il vraiment dans sa dimension ? Elle était si différente du vide cosmique dans lequel il se plongeait habituellement. Et Gigana ? Elle était où ?

« Ceci… n’est pas ma dimension. »

« Et pourtant… C’est le cas… Xano Likan. »

Il releva le haut de son corps, ses yeux vairons étudiant les environs. Il n’y avait rien… Rien du tout à part une forme couchée sur le sol. De longs cheveux blancs, de très longs cheveux blancs. Gigana ?! Il se redressa complètement, se relevant avant de gémir de douleur. Il ne saignait pas… mais au final, son corps n’était pas guérit ?!

« Ne viens pas. Tout est terminé. »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? Je ne suis pas mort, tu n’es pas morte. »

Il se dirigea vers elle malgré ses paroles. Elle était couchée sur le sol, les yeux clos, les mains en croix au niveau de la poitrine. Elle ressemblait vraiment à un ange, ses cheveux blancs faisant penser aux plumes de ses ailes. Il posa un genou au sol, l’adolescente murmurant :

« Pourquoi tu ne m’écoutes pas ? »

« Qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce qui… Ce n’est pas ma dimension. »

« Si… C’est le cas… Simplement… Elle est réduite à ce qui se trouve au-dessus de nous. »

Au-dessus d’eux ? Il leva son regard, remarquant de quoi elle parlait. Une petite sphère de quarante centimètres était en lévitation. Composée d’étoiles et d’espace, elle semblait contenir toute sa dimension. Soudainement, la sphère se mit à grossir d’une dizaine de centimètres sous le regard surpris de Xano.

« Peu à peu… Elle reprend la place qui lui est due… »

« Mais… Qu’est-ce qui s’est passé ? Tu allais me porter un coup… non ? »

Il ne savait plus où il en était. Girana et lui-même ne semblaient pas blessés mais pourquoi ne voulait-elle pas se relever ? Lui, il en avait été capable mais elle… Pourquoi ne se relevait-elle pas ? Il approcha une main de Gigana mais celle-ci la repoussa.

« J’ai simplement arrêté mon attaque… avant qu’elle ne te touche. »

« Pourquoi ? Même si nous ne sommes pas des ennemis, nous devions… »

« Car c’est ainsi que je l’ai décidé. »

Elle ouvrit finalement ses yeux. L’éclat doré était maintenant terni de rouge, des larmes de sang s’écoulant de ses yeux. Elle pleurait ? Il ne pouvait pas la laisser comme ça ! Il voulu approcher sa main d’elle mais encore une fois, elle la refusait :

« Gigana, explique moi… Je t’en prie. »

« Je suis stupide. A cause de moi, je n’ai pas respecté sa promesse. »

« Mais quelle promesse ? A qui ? Au dieu Originel ? »

« Oui… A mon… père : Au dieu Originel. Nous sommes tous issus de lui… Mais il nous considère comme ses enfants. Dans notre cas… Nous étions réellement ses enfants. Nous ne sommes pas des adultes. Il était là pour nous, il aimait notre présence et c’était réciproque. Il… Il nous a demandé… ce jour là de surveiller ce monde pendant son départ. Il n’est jamais revenu… mais nous avons respectée sa promesse. »

« Je peux… t’aider ? »

« Tu m’aides depuis le départ. Depuis que j’ai rencontré ce jeune homme aux longs cheveux blancs, j’ai senti que tu étais quelqu’un d’important et puis… Je ne me rappelle plus de son visage… de ses yeux… de tout. Seul… quelques souvenirs… sont encore en moi. Ce jour là… Je me rappelle simplement d’une lumière blanche. Juperus et Giradès se combattaient l’une contre l’autre et Pè… le dieu Originel a décidé de les arrêter. Ensuite… Il a disparu… en emportant tout avec lui. »

Elle parlait avec une telle mélancolie qu’il prenait une longue respiration. Cette fois-ci, il ne se laissa pas faire, forçant sa main à toucher la joue de Gigana pour essuyer les larmes de sang. Elle trembla au contact de Xano, refermant ses yeux.

« Ton énigme… m’a fait penser à lui. Si il… disparaissait complètement de nos mémoires, est-ce que le Dieu Originel n’aurait jamais existé ? »

« Appelle le Père, ça ne me gêne pas. Et je suis désolé… de t’avoir fait penser à une telle chose. Mais repose toi… Ce combat… On va le mener tous les deux… ensemble. »

« Contre Giradès ? Il est déjà trop tard… Mes sœurs vont sûrement mourir ou le sont déjà. Bal et cette fausse Shala savent si je suis vivante… ou non… et… et… »

Elle cracha du sang, obligeant Xano à retirer sa main. Pourquoi une telle chose arrivait-elle ? La sphère continuait de grandir mais il s’en fichait pas mal. Seule Gigana l’importait à ce moment et l’adolescente était visiblement dans un sale état.

« Ce… monde… Je n’ai pas tenu… sa promesse. Je devais protéger mes sœurs et ce monde. Sans moi et elles… Ce monde va se détruire… Tu as les trois clés… Tu pourras quitter cet endroit avant qu’il soit détruit. »

« Détruit ? Comment ça ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ? »

« Avec ma mort… Ce monde n’existera plus. J’étais responsable de ce dernier, j’ai tout échoué. Il… Il ne va plus m’aimer hein ? Toi qui semble connaître… à ce sujet. »

Ce monde n’existera plus ? Est-ce qu’elle voulait dire que… Toutes ces personnes, ces îles flottant au-dessus des unes par rapport aux autres, tout … allait disparaître ? Gigana rouvrit ses yeux, voyant le visage alarmé de Xano qui comprenait ce qui allait se passer par sa faute. C’était à son tour de lui caresser le visage mais cette fois-ci avec fébrilité :

« Non… Tu n’es pas responsable de ça. Ce n’est pas de ta faute… Tu n’es en rien coupable de ce qui va se dérouler, Xano. »

« Mais mais mais… Attend un peu, tu ne vas pas me laisser ! »

« Je peux lire… dans ton cœur. Je suis capable de ça avec les personnes qui sont proches de moi. Je crois… qu’au final… Nous étions bien… plus proches que je ne le pensais. C’est pour ça… que j’ai annulé… mon attaque… et que tout ça à causer ma perte. Xano… Est-ce que tu pourrais répondre à ma question ? Est-ce que Père… sera mécontent ? Car je n’ai… pas tenu sa promesse ? Car je… »

Il s’était mis à sangloter. Il détestait ces moments là…Pire ! Il haïssait tout ce qui se passait. La perte de sa mère biologique, le fait qu’il soit le Joker Blanc, la mort de Ryusuke et les autres, puis maintenant… son ennemie. NON ! Ce n’était pas son ennemie, c’était simplement une adolescente à qui il manquait… un amour paternel.

« Je… Je crois… que si… ton père… t’en veut… Il ne mériterait pas de t’avoir comme fille. TU… TU… es vraiment un ange. »

Elle eut un faible sourire, rabaissant sa main. Les étoiles réapparaissaient peu à peu autour de lui, sa dimension reprenant ses droits. Et elle ? Dans tout ça ? Il devait partir… mais il n’y arrivait pas ! Comme si il était bloqué dans sa propre dimension !

« Tu es trop fatigué… Xano. Tu dois attendre que… ta dimension soit à nouveau… en place et ensuite… tu partiras. »

« Pas sans toi, Gigana ! Je vais essayer de te soigner ! J’en suis capable ! »

« Tu n’y arriveras pas. Tu es affaibli mais… ce que tu peux faire… pour moi… est-ce que tu peux… me donner ta main ? »

Elle lui demandait une telle chose à ce moment ? Mais il ne pouvait pas refuser ça ! Pas alors que l’adolescente était en train de succomber ! Prise de nombreux tremblements, la main droite de Xano alla chercher celle de Gigana, la serrant avec délicatesse.

« Cette chaleur… Je l’apprécie… Elle est douce… et protectrice. Xano… Cette promesse… Tu iras chercher le Dieu Originel ? »

« Oui… Oui je le ferais ! Je te le jure ! »

« Tu lui diras de me par… »

« MAIS TU N’AS PAS A TE FAIRE PARDONNER ! »

Il était maintenant en pleurs, prenant la seconde main de Gigana pour la serrer. Pourquoi était-il dans tous ces états avec elle ? C’était une ennemie… mais une adolescente admirable. Il… Il ne pouvait pas lui faire ça.

« Si… Si… Père… n’était plus là… J’aimerais… que tu… le remplaces. »

« Je le ferais, je serais ton Père, ton Grand Frère, tout ce que tu veux mais… mais… »

« Je peux te… demander autre chose ? »

« TOUT CE QUE TU VEUX ! »

« Prends moi… dans tes bras. »

Il s’exécuta sans une once d’hésitation, soulevant la jeune fille aux cheveux blancs, lui déposant sa tête contre son torse. Les deux mains de Gigana étaient posées sur les épaules de Xano et elle gardait son petit sourire tendre. Elle venait de fermer les yeux, sa respiration se faisant de plus en plus lente. Il sentait ses battements de cœur irréguliers.

« J’ai… chaud… contre toi… J’aime beaucoup cette chaleur. »

« Alors reste… Reste y. »

« Mes sœurs… Je suis une mauvaise grande sœur… Je n’ai pas réussi… à les sauver. Ce monde… ne sera plus… et moi… je fais mon enfant. »

« Tu es une enfant… et les enfants n’ont pas à prendre de telles responsabilités. »

« Xano… Xano… Tu y arriveras… Sans moi… J’en suis sûre… Tu es… peut-être trop… gentil… mais… au final, tu es quelqu’un… »

« Chut Gigana… Ne parle plus… Ne parle plus… »

Il lui caressa ses longs cheveux blancs, lui murmurant de se taire alors qu’il lui disait qu’il allait s’occuper de tout ça. Elle devait ne plus émettre ne serait-ce qu’une seule parole. Elle était trop faible pour ça. Au fur et à mesure des minutes qui s’écoulaient, le décor redevenait celui qu’il connaissait depuis le début. C’était sa dimension… Il l’avait imaginé comme ça mais il voulait la changer…

« J’aurais… aimé te connaître plus, Gigana. Tout ce que tu as crée est magnifique. »

« Je n’ai fais… que m’occuper de ce monde… Ces fleurs, ces bâtiments, je n’ai fais que les entretenir, rien d’autre. Tout est l’œuvre de… »

« Toi et tes sœurs, vous êtes quatre remarquables fleurs. Vous n’avez pas eut la chance… de vous épanouir, c’est tout. »

« Pourquoi… Père a-t-il disparu ? Comment… est-ce que ça a pu arriver ? »

« Allons calme toi, Gigana. Ne te fais plus de soucis… Ne pense plus à rien, je suis là. »

« Oui… Tu veilleras… sur moi ? »

De plus en plus lentement, elle ouvrait ses yeux dorés, rougissant comme l’adolescente qu’elle était. C’était bien la première fois qu’il voyait une telle réaction de la part de Gigana. Avec un léger sourire, il hocha la tête avant de coller celle de l’adolescente contre son torse. Il souffrait… Il souffrait énormément de tout ça mais… Il ne le montrait plus. Il gardait Gigana contre lui, la réconfortant dans ses derniers moments. Il voulait retarder l’instant où… elle ne serait plus là. Pourquoi s’être attaché à une telle personne ?

« Je… commence… à avoir un peu froid. »

« Ce n’est rien… rien du tout. Restes près de moi. »

« J’aime cette chaleur… vraiment… Je l’aime… »

Elle… Elle ne savait pas comment l’expliquer mais le corps de Xano était si chaleureux… si tendre… si délicat. Elle arrivait à lire dans son cœur blessé mais elle n’en parlait pas. Avec elle, tout était terminé. Tout allait s’achever dans ce monde qui allait disparaître.

« Aliréna… Aliréna… Elle sait… au sujet du Dieu… Originel. Elle sait au sujet de Père… mais elle n’a jamais rien… voulu dire. »

« Ne parle pas d’elle. Tu ne dois pas te soucier des autres. »

« Elle est… la clé… La dernière clé… Aliréna est l’Armure… Les trois clés… permettront de rejoindre… le domaine céleste mais en échange… Elles disparaîtront. »

« Non… S’il te plaît, ne me dit pas que… »

Il sentait le liquide rouge qui s’écoulait le long de sa tenue, elle s’était mise à pleurer. Il allait encore… souffrir ? Encore ? Ca n’allait donc jamais s’arrêter ? Il ne devait pas penser… à Shala… et Pandora… et Aliréna. Gigana ne disait pas ça pour le rendre malheureux mais pour le préparer. Encore des sacrifices, toujours des sacrifices, il n’y avait que ça autour de lui. Il posa une main sur le front de l’adolescente :

« Ne t’en fais pas… J’ai tout compris. Je… Gigana… Repose toi. Tu en as tant fait pour tout le monde. Gigana ? Gigana ? »

« Je t’entend… Je t’écoute Xano. Je voulais juste… que tu ne sois plus triste. »

« Je ne le suis pas… J’ai été très heureux de te connaître, Gigana. »

« Moi aussi, Xano. Moi aussi… J’espère que… je peux te nommer comme ça même à la… fin. Je n’aime pas… ce nom de Joker Blanc. »

« Moi non plus, moi non plus, Gigana. »

« Je suis contente… »

La dimension avait enfin repris sa place. Ils étaient à nouveau plongés dans l’immensité cosmique et étoilée. Mais… Il trouvait ce décor laid… tellement laid. Il manquait quelque chose… Quelque chose qui correspondrait parfaitement à Gigana. Il avait parlé de fleurs… Peut-être qu’elle aimait les fleurs ? Dans sa dimension, il était son Dieu donc il pouvait faire apparaître ce qu’il voulait. Pour la première fois, une petite graine tomba devant lui, se plantant dans un sol inexistant. Lentement, un lys blanc prenait toute son ampleur, grandissant pour arriver à la hauteur du jeune homme accroupi. Celui-ci découpa délicatement d’une lame d’air la petite fleur blanche, venant la déposer dans les cheveux de l’adolescente. C’était déjà terminé… Les battements s’étaient arrêtés. Il avait un sourire aux lèvres mais les soubresauts qui parcouraient son corps étaient la réalité de ses sentiments. Il ne voulait plus de ça… Il en avait assez de toute cette histoire ! Il voulait en terminer dès maintenant, achever Giradès et… arrêter ce massacre. Lentement, de nombreuses fleurs apparaissaient autour de lui et du corps sans vie de Gigana alors qu’il disparaissait avec elle de cette dimension. Dorénavant… En son souvenir, il allait fleurir cet endroit.

« Héhéhé… Il est revenu ! Tu peux les tuer ! »

La seconde Shala s’exécuta sans sourciller, les trois cocons fait de plumes se refermant. Quelques secondes plus tard, des lames faites de plumes de coton s’enfoncèrent de toutes parts dans les trois cocons, du sang doré atterrissant sur le sol alors qu’une faille s’ouvrait pour laisser apparaître Xano. Celui-ci avait gardé l’adolescente dans ses bras, le visage baissé vers elle. Elle avait toujours sa tête posée contre son torse, la fleur de lys blanc dans ses cheveux. Personne ne parlait avant qu’un tremblement se produise, de nombreuses fissures apparaissant tout autour d’eux. Aliréna murmura :

« Tout s’effondre… Les Rois sont morts… Cet endroit est dorénavant sans vie. »

« Super ! Super ! Super ! Un monde en moins, plus qu’un héhéhé ! On s’en va, Shala ! »

« Ma mission est de tuer le Joker Blanc si Gigana n’y arrive pas. »

« Fais comme tu le veux, moi j’en ai rien à foutre hihihi ! Je disparais ! »

Le jeune garçon aux cheveux bruns se tourna vers Xano, l’applaudissant avec fierté pour l’acte qu’il venait de commettre avant de disparaître dans sa faille dimensionnelle. Quatre sphères sortirent des cadavres des filles : Rouge pour Rocagiri, bleue pour Iglaré, grise pour Sterivia et enfin blanche pour Gigana. Celles-ci pénétrèrent le corps de Xano qui n’avait toujours pas fait un seul mouvement, ne semblant même pas réagir à ce qui venait de se passer. La femme aux longs cheveux bleus fit apparaître ses deux ailes de coton dans son dos, prenant la parole sur un ton neutre :

« Joker Blanc, puisque les Rois ont échoué dans leur mission, moi Shala, Arme du Dieu Originel, je vais mettre fin à ton existence. Tu seras anéanti avec ce monde. »

Xano ne semblait pas l’entendre, murmurant quelque chose dans l’oreille de Gigana. Sans qu’on ne le sache, il se retrouva derrière la seconde Shala, celle-ci se retournant trop tard avant de se faire envoyer contre un pilier qui s’écroula sur elle. Les quatre Rois étaient réunis… Il pouvait faire ça. Les quatre filles qui avaient attendu simplement pendant des millénaires la venue d’un Père qui ne se montrait plus. Les quatre corps disparurent devant les yeux de Xano. Elles allaient se reposer pour l’éternité… chez lui.